Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-02-20
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 20 février 1920 20 février 1920
Description : 1920/02/20 (A14,N2622). 1920/02/20 (A14,N2622).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7653389z
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
2
COMCEDlA
20 - 2 - 20
- Monsieur le directeur, soyez loué pour ce
geste généreux; notre plus cher désir estde
rester 1-e plus longtemps possible auprès de vous.
M. Rouehé prend alors-la papote:
— Ma présidence va so trouver très simplifiée
par 1-e discours que vous vendez d'entendre ; je
n'ai pas a vous présenter les héros do la journée,
l»ntoque oU V-p. tal(..; il ne me reste osa'à ajouter
les 'fn!ii (fat-Ions du patron.
Je '•:ts heuTeux de voir les hauts foncti.onnai-
res du Commerce et fies Beaux-Arts, les plus fi-
dèles -i.ona^s. !p¡; artistes et tous ceuX qui ai-
Hkt'-nl ». miistli, *«»!»• uous a-ppnrter ¡ei}j'::; vœux
et kui> » c
Et i" lois av: rappeler de loi;»<.v-as souvenue
que. c'en.- m&UUUle lkHl! on vn \'(>U', (iworer me
»u!sw>rc. J'HMs alors au ministère à celte épo-
que. la m&da.iUe rt'honne.ur "du travai.-i était fort
peu connue hl rha<:;ue rüisqll 'on la r., il
au vVei; employé. mou 3 étions - Je ques-
tions.
On n,qJIi di.viil : - ls cJjr.cw.rgtt d'une nsire
pi-ut-v'i ''!b'e (iA'.nif ! ijp ,')C!¡cr cf '1.1.0 officier cloP-
la îd'hoiuirsur. a-t-U la droit lui aussi à
tilt r «iî*.n • ':
lii J.' rccvav.!,iô des lettres ?.nn;mc5 (presque au-
tant dopais j.. s M.» i4irrtrt*i r-<.«ï t'Opéra),
H no is paibstous sur .:c:, graves p nh^trics.
,\i¡';:t je vous parle, do teûtps J" wfyt tues. le
« hn:l!<'va,rc! » faisait alors tes tn&*s (i:¡: s» sou-
Fi:)it.f. peu d'être justes, pourvu eu*i4s turent
ai»>u.>-aii.t.s On disait alors: q Ce n'est pas rem-
ployé qu'on devrait décorer, c'est, le patron iitri
a su garder s-i longtemps do bons serviteurs. »
Maintenant. Inr médaille d'honne-tw du Travail
pst cou mu-, elle représente la fidélité et le décx'e-
mpn< ce sont des qualités essentiellemerat fr»n
;aise9, et c'est pourquoi on a ajouté'à cetie raé
faUte un ruban tricolore. Réjouissez-vous ,l,. fa
porter, car vows serez parmi le* rares Fr:. >
ayant le droit d'orner leur boutonnière âco cou-
leurs de la Patrie. »
- M. Dautret, représentant du ministre du Com-
merce, félicite M. Rouché en quelques mots et
procède à la remise des diplômes.
Un enfant apparaît afors sur l'estrade, c'est
le petit Faivre, élève de l'école de danse. Il Ut
lie compliment suivant:
Madame We-t-ier, Madame Coqtteret,
Monsieur CoLJin.
Permettez à un tout petit débitant de vohs re
mettre ce souvenir au nom de fout te personnel
artistique et du personnel des eostaaaes de r'().
péra.
Que cette gravure dessinée à votre itrtemioo.
voua soit an gage de la sympathie cleo toù* ceux
qui soor. ici.
Puisse votre exempte de dévoilement à la Mai-
a(m nous servir de leçon et BOUS aider & contri-
huer toujours mms aussi à la gloire et à la pros-
périté de 1 Académie nationale de musique.
Au milieu de l'allégresse générale, on débar-
rasse l'estrade présidentielle qui se transforme
en scène. De grands artistes sont venus prêter
leur concours pour remercier ceux qui furent
leutrs habilleurs et leurs humbles aides.
M. Tisserand présente tes artistes.
C'est Mlle Y. DMlnt, qui danse une mazurka
de Chopin; M. Firmin Touche. violott solo de
l'Opéra, qui joue la Berceuse d'e Fattré et ttne
mazurka de concert;' M. Huberty, qui chante
t.'Omgue, de G. Fabre.
On applaudit ensttitle Mite Madeleine Bugg,
dans le Secret, de Fauré; M. Franz, dans un
air de Sigurd; Mlle Lapeyrette, dans J'ai par-
donné. de SehumamT, et doas La Vivandière,
de B. Godard ; M. Del mas, dans la Romance de
Maître ■Wolfram, de Reyer, et dans le Flibustier.
d'Alexandre 'Georges. Puis, le maître Henry
Busser accompagne lui-même au piano Miles
Matta et Courbières, qui chantent en duo deux
de sas oeuvrics: La belle Rosemonée et Dans
le jardin d'amour. Il est acclamé.
Enfin, la derujère, la petite Loutse Teinturier,
apprentie de l'atelier des costumes, chante très
gentiment une romance de Wachs, Les Ramiers.
Les grands artistes que l'on venait d'applaudir
- fui ftfent un succès.
Et lorsque M. Albert Huberty eut entonné
la Marseillaise, que l'assistewice reprit en chœur
au refrain, ce tut le ltinch, offert par la maison
Cornuché, où tout le monde fratecttisj.
Nous sommes déjà bien loin des heures- de
grève et l'on ne par,le plus que d'union, de
concorde ef de solidarité.
La fête a pleinement réussi et les organisa-
teurs, MM. Bouffort et Sauvageot, assisres. de
M!I-es EJéoncre Rudnika et Germaine Boana-
fous, peuvent en être fiers. -
AMBRÉ RIGAUD.
APRÈS HUIT JOURS.
..:. le plaisir des habitués des dîners dansants
de THOTEL CONTINENTAL est ravivé d'ua
attrait nouveau. C'est ce soir, en effet-, que se
réunit, comme chaque vendredi, dans la belle
Salle" des Fêtes de cet élégant Hôtel, l'élite
mondaine de la capitale, qui a adopté, comme
lieu de réunion chic, ses dîners dansants aux-
quels participent Mlle DELMARÈS, -de l'Opéra-
Comique, et MM. SANDRINI, de l'Opéra, et Dît:
BOUT.. -
Pour retenir ses places, téléphoner au Lou-
vre 40-00 à 40-11.
"Gomcedia" sous la Coupole
Au débat de la séance que terrait hier l'Aca-
démie française, leéture fut donnée d'une lettre
par laquelle le vicomte d'Avenel déclare retirer
la candidature qu'il avait posée au fauteuil laissé
vacant par le déçès du marquis de. Ségur. C'est
ce fauteuil 'qui était brigué par-M. ^bel Hermaflt
et qui donna- lieu, l'année derni#rtè^ au scrutin
sans résultat que l'on sait. »
Par suite'de ce désistement, il ne reste plus
en présence, pour ce fauteuil, que MM. le vi-
comte de Reiset, Valéry-Radot et Robert de.
Fiers.
Cette élection n'aura lieu d'ailleurs qu'en
mai ou Cft juin, après deu® réceptions que l'on
prévoit: celle de M. Henry Bordeaux. cet du
général Lyautey.. •
D'autre part:, l'illustre compagnie a accepté
provisoirement un legs universel qui lui est raft
à' charge de fonder deux prix qui, sous le nom
de « Prix Charles Expilly » et « Prix Marthe
Expilly. » seront attribués chaque année à un
homme et à une femme qui auront, accompli
« un acte de dévouement ou une série d'actes
de dévouement ». Le généreux testateur spéci-
fie que ces 'actes devront avoir été accompli
« à l'ombre .et sans bruit » et il tient- essen-
tiellement à ce que « la hideuse âsvettr soit
tbaahtment écartée ». A. G.
UNE ENQUETE DE « COMŒDIA »
Les cinq pièces
que Vous préférez
D'Ange Cliai-peaatier, de Saiot-Dwais, directeur
du Théâtre du Peuple (Nièvre) :
L'Enquête, Chantecler, Sœur Philomene, Citai
terton. Le Grillon du follei,.
M. BlaciiAre, reccveuf-contrôleuT de l'Enregistre-
ment, à Lyon :
Le Bourgeois gentilhomme, Le Détour, Primerose,
Louise, Le Petit {fUC,
J! Y. Gecbot, étudiant, 35, rue de l'Asbalète r
le Misanthrope, Pelle as et Melisande, Ulm rui.
l.c mamelles de Tiresiits. Le T Fallsl de Gœthe
A; Rftié Pilzer, 90, boulevard Flandrin :
Carmen, Méphistophélfs, Mireille, Chantecler, Cy-
1'(11/ () , , »
M. Denis Mascaret, 45, boulevard Beaumarchais ;
f.c Mnaiithrope, Phèdre, f.c Mariaye de Fiual'o,
Lr Cid, Cyrano.
M. 11. ChatchtM, à Paris :
Cyrano. L'A ; lés tenue, Les Petits, Manon, La Co-
carde dé Mimi Pinson.
M Charte Bories. Saint-Genies (Haute-Garonne) :
Carmen, Samson et Dalila, Manon, L'Artésienne,
Les Cloches de Cnr/icvitte.
H. Léon Sciiaefer. colaborateur à Paris-Revue :
On ne badine pas, r/Aiglon. Marte Tudor. Le
Voile déchiré, Il ne faut jurer de rien.
M. Th. lovialis. rue Viete, t3
c.tvrndolme. Les Deux pificonq. Mtarka. La Ha-
iHiricru. Ut Rôtisserie de ta reine Pédauqite.
M. Jai'
r.a Damnation de Faust, Chantecler, L'Ame en
folie, L'Oiseau bleu, Kismet.
M. Ma nric-a Hès, 64. rue des Martyrs :
En plongée. Le Paladin du monde occidental,
f.r.t M!aires sont les affaires, Le Misanthrope, Les
Uberlê.
M E Vilar s. a Paris :
Le Jll);, La Belle aventure. La Grande duchesse
de GeHJIsltÍll, Les Brigands, OUlfpe-toi tt'Ame
lie.
M. -Tearv-Emile Bayard, critique théâtral au Con-
seiller municipal (arricre-neveu du collaborateur
lie ScriN») :
Les Premières armes de Richeliett. Le mari à
la campagne, Le Misanthrope, Cyrano, Chante-
cler. -
M. Pierre Yoiccnt, élève E. C. P., rite de Tu-
renne, 92 :
Samson et Dalila, La Rôtisserie de la reine Pc-
dmtaue, Qeetrpe-tol d'Amélie. Lysistrata, Tartufe.
Me: Chantes Ba-vemtfrrc, booUJleYaird Baille, Mar-
seille :
Menol et Kérttrd, Le Cilt, Le Fils du traître, La
Pendule. Toratotn.
Mille Yvonoe Adler, rue Allards, 18, Saint-Man-
dé
Cyrano, Bérénice, Amoureuse, Manon. Mon père
avait raison,
M. Ali Héritier. 94, rue Bonaparte. Paris :
Le Misanthrope,- La Marche nuptiale, Amou-
reuse, Paileur, Ptllcas et Mélisande.
M. PL-Pre Kofc, auteur dramatique, à Nantis :
Cyrano, Les Bouffons. Le Misanthrope, Le Flam-
beau, Le Marquis de Priola.
M. Arthur Boccar. à Nainur :
Cyrano. Hernani, Le Monde où l'on s'ennuie,
L'Aventurière, Les Affaires sont les affaires.
M. Robert delle Donee, rue Boissy-d A ncç 1 a s, 15
Pelle as et Mellsande, Polyphème, La Nouvelle
idole. Il ne (ma jurer de rien. ChanteCle-r.
M. Lucien ôgliastro, rue Pilando, 2, à Asniè-
res :
Othello, Le Cid, Britannicus, L'Avare, La Robe
rouge.
M. Laurent Vial, 12, rue de Crimée :
L'assaut, Le Phalène, La Belte aventure, La
Veillée d'armes, La Race.
M. Lucien Boulant, rue Laugier, 60 :
La Tosca, Werther, La Dame auxr camélias, Ma-
non, La Cocarde de Mimi Pinson.
M. Eugène Chichery, 15, rue du Parc-Momsou-
rls ;
Wërther, Manon, Cyrano, Polueucre, Carmen.
M. H. Sonnino, 67, ruQ Condorcet. Paris :
Carmen, L'Homme qui assassina, La l'iergî
folle, TSArtésienne. Au téléphone.
M. Lon.t.s, Richa.rd, 34, rue de la République,
Marseille :
Le' Marquis de Priola, Amoureuse, Cyrano. Le
Vieux marcheur, Le Roi.
Mme Grange. 9, rue Pierre-Lffvéo :
Les Huqllenôts. Carmen, Cyranq, Ruy lilas, La
Fille de Mme Angot.
M. Hennin, attaché à la Banque de Prartre :
Les Sœurs d'amour, L'Hérodienne, Les Marion-
nettes. Notre image, Cyrano.
M. R. Gafflot, étudiant, 240, boulevard Raspall. :
Conte d'avril. La Dame aux camélias, L'Aiglon
Aux j'arduis de Muvcie, Œdipe, roi lie TftèVes.
M. Marcel Manchez, avenue Wagram le -
Le Misanthrope Le Mariage de Figaro, On ne
badine Pas, Boulmuroche, Cyrano.
M. Gillet, rue du Grand-Bois-, 7 :
Le Pè"e Lel)Onlïai'd Le. Misanthrope, Androma-
que, Cyrano, Esope.
Chaque courrier nous apporte de nombreuses
lettres relatives au Concours des Cinq Pièces;
nous rappelons à nos lecteurs que ce concours
est clos, définitivement et qu'il est désormais
inutile de nous écrire à son sujet.
ÇA 6 LA
Le Comité du 8e arrondissement de la Ligue
des Chefs de Section donnera le dimanche 22
février à 20 h. 30, sous le haut patronage de
M. l'amiral Guépratte, député du Finistère, en
la Salie des Agriculteurs, rue d'Athènes, une
soirée artistique au profit de sa caisse de se-
cours.
Les cartes et le programme sont en vente
salle des Agriculteurs, et au siège de la Ligue,
17 ter, avenue Beaucour.
PolYHznid, dont l'œuvre de rénovation néces-
saire s'est déjà acquis la bienveillance des pou-
voirs publics, organise son premier spectacle
en l'honneur de Victor Hug® Toutes les per-
sennes qui désireraient frarticiper à cette mani-
festation sont criées de le faire savoir d'urgen-
ce : 15, rue Poulet (XVIIP.)
Le Pierrot Montmartrois (9, rue de Valois),
rappelle que les envdîs pour le tournoi litté-
raire (poésies et chansons), seront reçus jus-
qu'au 20 février.
Le Pierrot Montmartrois, groupe artistique,
se met à la disposition des auteurs, vaudevillis-
tes et chansonniers pour créer leurs oeuvres.
*
Notre excellent confrère C.-A. Traversi, le
sympathique secrétaire gênerai du Grand-Gui-
gnol, va faire représenter une pièce en trois
actes. Les Tripoteurs, qu'il a écrits en colla-
boration avec M. Gaston Derys. -
Catte pièce, qui mettra en scène l'es profi-
teurs de guerre, va partir en tournée, mais
avant le répart, deux représentations en seront
dhmré.es- (100, rue Rîcheileui)' te dfmaacke 22 ?-
Vicier; eir matinée et eir soirée. *
AUJOURD'HUI I
'A l'UNIVERSITÉ DES ANNALES (51, rue Saint-
Georges), à 14 h. 30: Le ptonde nouveau :
L'éveil de l'Extrême-Orient. Conférence par M.
Edouard Herriot, maire de Lyon. -
Opéra
- L'Opéra annonce pour demain Aida, inter-
prété par Mlles Demougeot, Lapeyrette, AIMf.
Franz, Rouard, Gresse, Narçon, dans les prin-
cipaux rôles, Miles H. Laugier et C., Bos
dans le ballet, sous la direction de M. Arturo
Vignav Pour LbndiSalammbô, avec MUe Che-
nal, MM. Franz, Delmas, Rouard, sous' la di-
rection de M. Ruhlmann.
A propos du décor d'Horace, à propos du
■premâeir décor de Cinna, que l'on a donné hier
en matinée, je voudrais signaler une tlransfor-
mation qui serait facile et, je crois, relative-
ment peu coûteuse.
Ces deux décors extrêmement sobres, que
l'on pourrait concevoir da.ns heurs lignes géné-
rales avec plus d'ampleur, répondent assez bien
dans ces mêmes lignes générais au véritable
décor de tragédie, qui doit être infiniment sim-
ple, évoeatetir d'une époque, non descripteur,
archaïque non archéologique.
Une seule chose rend ces deux décors -
de même le second de Cinna — minables, vieil-
lots, défaisants: leur aspect. Ils sont décré-
pits; les couleurs en sont délavées. Enfin, et
c'est le - principal, ils font, surtout celui de
Cinna, agrémentés d'une décoratàon du plus
mauvais goût : festons, colonnefctes, figuriries,
toute cette lyre vulgaire ohère aux trescatort-
des villas de la Riviera., Oh! je te sais bien,
que tout cela c'est très exact. Je .connais, com-
me tout le monde, la maison des Vettii. Mais
pour les ouvrages de grand art théâtral il faut,
de même qu'ils sont en vers, des. évocations
de poésie plastique plutôt que de la reconstitu-
tion. Entourons nos tragédiens d'une atmosphère
impressionnante par son unité et par sa simpli-
cité au lieu de les environner d'un tas d ac-
cessoires et de détails vains, d'ordinaire du
goût le plus banal.
Veut-on un exempte parallèle et frappant?
Voyez les protagonistes de ces tragédies. De
quelle façon se vêtent-ils? Ep¡fCiUve.nt"¿.!s (je.
parle des meilleurs) le besoin d'avoir sur leurs
costumes les mille colifichets qui ornaient alo-rs
les vêturcs somptueuse?? Ont-ils toutes ces bro-
deries, ces parures, ces orfèvreries qui, cepen-
dant, seraient l'exactitude même, mais qui gêne-
raient la ligne simplifiée, typique, éloquente
qu'ils recherchent? Non..
Eh! bien, il doit en aller de même pour les
décors. Qu'on ne les surcharge pas d'One dé-
coration banale, qui rappelle davantage la vida
moderne ou la décoration d'hôtel que la Pla-
jesté tragique. Des tons haeinonic>usement't-t
audùcieusement. oixwsis, peints par grandes mas-
ses, sur'les mêmes toiles-et tes mêmes châsses
(,pltlisqu'H faut écooomiser), voilà qui rajeu-
nirai, qui ranimerait même sans trop de dé-
penses, des décors qui nous font trop souvenir
du style penduie ou empire-abâtardi qui domina
à la fin du siècLe dernier.
Ce serait là *u&e réforme simple, plus im-
portante qu'elle n'apparaît "d'abord, et ainsi
transformé, le décor du premier acte de Cinna,
avec son vase et ses fleurs Solitaires (il ne
faudrait pas-un vase en CaJriton, serait vérita-
blement beau. Je termine en signalant au pas-
sage la fort belle représentation de Cinna, hier.
Mme Weber est une .incomparable Emilie ; M.
Albert Lambert a eu de manifiques moments au
premier acte que le public ne m'a point paru
apprécier assez. M. Silvain est un Auguste qui,
sans perdre ses qualités, perd chaque jour un
peu de cette bourgeoisie qui diminuait jadis sa
grandeur. On sait que, d'autre part, M. Des-
jardins a joué récemment lie rôle avec beau-
coup d'autorité et de pénétration, que. le Maxime
de M. Jean Hervé, encore un peu trop exté-
rieur au deuxième acte, n'est pas sans intérêt.
Voilà une tragédie en bonnes mains.
Mme Octave Mirbe,au veut bien prendre la
peine de me faire remarquer que la. date de la
naissance et celle de la mont d'Octave Mirbeau.
étant la même, la Comédie a donc fêté sa nais-
sance et non commémoré sa mort. Je n'y ai
plus du tout songé; la bévue est complète et
je ne puis que m'en accuser grandement.
GABRIEL BOISSY.
La Comédie-Française donnera lundi la pre-
mière représentation de Le premier Couple,
en un acte, en vers, de M. André Dumas, dont
la mise en scène a été réglée par M. Albert
Lambert.
Il n' y aura pas de répétition générale, mais
les critiques recevront un service pour la pre-
mière.
Gymnase
M. Henri Çollen, du Gymnase, vient d'avoir
la douleur de perdre sa mère. L'inhumatioq aura
lieu aujourd'hui au cimetière du Père-Lachaîse.
(Départ à 2 heures 30 de la maison de santé
Dubois, faubourg Saint-Denis).
VaudeVille
La répétition générale de Miousic, la revue
de MM. Rip et Gignoux, sera donnée, au théâ-
tre" du Vaudeville, irrévocablement le lundi 23,
sr 20 Ir. 45..
DEMAIN
nA là COMÉDIE DES CHAMPS-ELYSÉES, à 16 h.30,
répétition, privée de Le Bœuf sur le Toit, pan-
tomime réglée par M. Jean Cocteau, musique
de Darius Milhaud, et Adieu New-York, fox-
trot de Georges Auric. Cocardes, tour de chant
de Koubitzky.
..- Opéra=Comique —
Mlle Mérentié fera sa rentrée sur la scène
de l'Opéra-Comique, lundi, dans le rôle de
Carmen, qu'elle interprète avec une puissance et
une originalité remarquables. MM. Ch. Friant,
Vigneau et Mlle Vaultier tiendront, aux côtés
de Mlle Mérentié, les principaux rôles de
Carmen.
Odêon
Vieilles chansons.
M. Destrey jeune, artiste récemment engagé
et doué, en dehors de son talent de comédien,
d'une fort jolie voix, se fait applaudir dans
l'intermède du 4° acte de la Vie de Bohème,
où il chante Ma Normandie. Cet intermède est
d'ailleurs composé avec assez d'éclectisme pour
nous donner une impression complète du genre
de chansons en faveur à l'époque. Mlle Briey
détaillait avec infiniment de goût le légendaire
Temps des Cerises. Mlle Sergyl fait apprécier
sa voix déjà connue des Odéoniens dans La
Jolie fille de Parthenay. Mlle Nivette n'est pas
moins goûtée dans La Peureuse et Mlle Esca-
laïs dans les Hussards de la Garde. N'oublions
pas M. Duard qui dit avec beaucoup d'art les
Stances à Ninon, de Musset, ni surtout Mlle
Denise Hébert, exquisement fine, spirituelle et
souple dans le duo de la Demande en manage
dont elle et M. P. Bertin font un délice.
Les reprises.
C'est jeudi prochain qu'aura lieu en matinée
classique la reprise d'Athalie, avec Mmes Mar-
celle Frappa (en représentation), Odette de Fehl,
Mag. Aiidri- et Courtal, M. Chambreuil, Maxu-
dan et Drain.
Théâtre des Champs-Élvsées
e
IJ « Voilà du bon théâtre, du vrai théâtre ! n
C'est ce qu'a dit de Quo Vadis ? un grand criti-
que ; l'événement lui donne raison puisque
4,000 représentations dans les deux mondes ont
consacré le succès de l'opéra écrit par Nou-
guès sur le célèbre roman de Sienkiewicz.
Le livret d'Henri Cain est un drame puis-
sant. La musique est émotionnante au possi-
ble ; certaines pages, comme le chœur des
Chrétiens marchant au supplice et le récit de
l'Apôtre à qui le Christ est apparu sont em-
preintes du mysticisme le plus pur.
Le théâtre des Champs-Elysées est bien le
Temple de la musique et de la beauté.
Renaissance
Faites le pont avec. « La Passerelle ».
N'oubliez pas que demain samedi il y aura
matinée à la Renaissance, du grand succès
Lw^dsserelle, la pièce bien parisienne de Fred
G ressac ef Francis de Croisset et que, tout
compte fait, il n'est pas de meilleur moyen de
faiM- le pont,: du samedi au lundi, qu'en pas-
sant par. la Passerelle toujours admirable-
ment jouée par Mme Cora Laparcerie, délicate
et spirituelle Jacqueline, par M. Georges Co-
lin, remarquable dans le rôle de l'amoureux Ro-
ger de Gardannes et par l'élégante Marcelle
Praince.
Prochaine première.
jb'C'est dans la pretai^e quinzaine de mars que
Mme Cora Laparcerie donnera la répétition gé-
nérale de Monôme, la pièce de MM. André Pi-
card et Carco.
Athénée
C'est mercredi soir 25 février Qu'aura lieu
la répétition générale de l'Alcôve de Marianne,
la comédie en 3 actes de M. Félix Gandéra.
Première représentation le lendemain soir.
;: Théâtre Femina
Triplepatte quittera l'affiche du théâtre Fé-
mina le dimanche 22 février, après la repré-
sentation du soir. Lundi 23, relâche, Mardi 24,
à 20 h. 30, répétition générale (à bureaux ou-
verts) de Mademoiselle ma mère, comédie en
trois actes, de Louis Verneuil, jouée par Gali-
paux, André Lefaur, Alarme, Gaby Morlay,
Made Andral, G. de Brysse, et Louis Verneuil.
Mercredi 25, première représentation.
Théâtre Michel
Après les merveilleuses journées dont nous
jouissons depuis quelque temps, nous aspirons
à des soirées gaies. Or, il n'est pas de soirée
plus gaie que celle du théâtre Michel où Y Ange
du foyer, joué par Le Gallo, Parisvs, Louis
Maurel avec Gaston Dubosc et Blanche Toutain
déchaîne chaque soir le fou rire. — (Commu-
niqué).
Théâtre des Mathurins
Au Théâtre de Sacha Guitry, chaque soir,
tour à tour enjouée, rieuse, émue, troublée,
ironique ou amoureuse, Betty Daussmond, dans
le rôle si complexe de La Danseuse Eperdue,
se,.fait applaudir, et avec elle: MM. Candé,
Pierre Juvenet, Gildès, G. Lemairè et Pierre
Etchepeare. Mmes Ellen-Andrée, Y. Villeroy,
Antoinette Payen et M. Montel.
On loue par téléphone : Louvre 49-66.
Vendredi 27 février, à 3 heures, Récital de
Piano: Adolphe Borchard.
A l'Université des Annales
M. FERNAND CRECH PARLE Dl c ALFRED DE
-
Un poète comme M. Fernand Gregh ne pou-
vait être mieux qualifié pour parler d'un autre
poète comme Alfred de Vigny. Il l'a fait avec
une autorité, une clarté et une précision qui.
attribuent définitivement à l'auteur des « Desti-
nées » le rang qu'il doit occuper dans la poésie
française du dix-neuvième siècle.
Nul, plus- qu'Alfred de Vigny ne mérite le
titre de Grand Semeur d'Idées. Celles-ci,, ré-
pandues à profusion dans ses œuvres ont un
double caractère esthétique ïéf philosophique.
Au point de vue esthétique, on peut dire
qu'Alfred de Vigny a été en partiè un inventeur
malgré les attaques injustes de Sainte-$euVe à
son égard. Son œuvre a "etf ^ne influence énor-
me sur les poètes romantiques et principalement
sur Victor Hugo, qui s'est inspiré plusieurs fois
de ses poèmes. Alfred de Vigny a été en effet
le premier poète qui ait développé des sujets
bibliques. Avec son Moïse, il a préparé la Lé-
gende des Siècles. En lisant la Chute d'un Ange
on constate que Victor Hugo s'est directement
inspiré d'Eloa, la conception de l'intrigue est
analogue et certains vers semblent presque être
transposés. Eloa,. en effet, est de 1824, la.
Chute d'un Ange date de 1836. Chez Vigny,
Eloa est une larme du Christ, devenue ange ;
chez. Hugo, une plume échappée de l'aile de
Satan donne naissance à la liberté. L'analogie
est frappante. Seulement, si. Hugo fait plus
grandiose, Vigny fait peut-être plus grand.
Ce n'est pas seulement sur Hugo qu'Alfred
de Vigny a exercé son influence qu'on retrouve
également chez Baudelaire, Mallarmé et même
chez Verlaine. Musset, en écrivant Rolla, s'est
vraisemblablement souvenu des Amants de
Montmorency.
Au point de vue philosophique, Alfred de
Vigny a été' le poète du stoïcisme qui est la re-
ligion de la résignation. Il a développé ses
idées à ce sujet dans La Mort du Loup qui est
un poème stoïque, mais également fraternel.
« Vigny, nous dit M. Fernand Gregh. est un
homme qui serre les dents avec des larmes dans
les yeux. »
Dans Servitude et grandeur militaires, le poète
développe sa conception de l'honneur. Enfin, il
chante la forme consolatrice dans la Maison du
Berger. -
Sans doute, conclut t'éminent conférencier,
on peut relever parfois dans l'œuvre d'Alfred
de Vigny certaines étourderies et certaines ma-
ladresses, mais, lorsqu'il est bon, il est alors
d'une pureté racinienne qui obtient aux plus
hauts degrés de la perfection. Hugo est unique,
total, mais Vigny a plus de recherche et de
concision. Avec l'âge, on s'éloigne de Rome et
l'on se rapproche de la Grèce. Alfred de Vigny
est le plus classique des romantiques.
Au cours de cette remarquable conférence,
nous avons applaudi Mlle Roch dans Moïse et
la Mort du Loup, ainsi que M. Roger Gaillard
dans des fragments de la Chute d'un Ange,
d'Eloa et dans la Maison du Berger.
EDOUARD REVERAND.
Conferencia publie toutes tes conférences qui
sont faites à ! Université des Annales, 51, rue
Saint-Georges. •
'--
Théâtre Marigny
La direction du Théâtre Marigny rappelle une
fois pour toutes que Le Marché d'Amour, l'o-
pérette à succès est jouée tous les soirs et en
matinée les samedis, dimanches et fêtes. Il n'y
a donc pas de matinée le jeudi.
Empirezj Théâtre
Fidèle au programme, empreint de l'éciectis-
me le plus pur, qu'elle s'est proposé de suivre,
la direction de l'Empire interrompt cette se-
maine les représentations des chefs-d'œuvre du
répertoire lyrique pour donner une opérette mo-
derne. dont le succès est aussi vif qu'au pre-
mier jour : La Demoiselle du Printemps, qui
plaira, et grâce à l'exquise partition du compo-
siteur Henri Goublier fils et grâce à la qualité
remarquable de l'interprétation que M. Combes
a su réunir pour la circonstance. Dès ce soir,
on applaudira, dans les divers rôles, Mmes Cé-
cile Rex, Dambre et Mary Théry, MM. Ram-
baud, Marjolle, Jean Monet et Pgul Saint. Il y
aura matinée dimanche et jeudi à 14 h. 30.
Théâtre des BouleVards
(Nollelty)
Les Petites Curieuses, l'exquise comédie en
trois actes de M. Tristan Bernard, continuent
d'attirer au Théâtre des Boulevards, 19, rue Le
Peletier, les personnalités les plus marquantes
du Tout-Paris.
Le spectacle commence par Le Cabinet noir,
un acte délicieux de M. Lucien Besnard, inter-
prété tregistralernent par Gildes. Les Petites
Curieuses passent à 9 h. 45 avec l'interpréta-
tion de premier ordre que l'on sait et qui réunit
les noms de André Calmettes, Clara Tambour,
Germaine Risse et de Guingand.
Téléphonez à Gutenberg 59-79 pour retenir
vos places.
Théâtre du Vieux:8Colombier
Lecture. ,
M. Georges Duhamel a lu hier une nouvelle
pièce que va représenter M. Jacques Copeau
au théâtre du Vieux-Colurhbier.
Cluny
A la suite des engagements que nous avons
cités hier, nous devons ajouter ceux de Mlles
Clary Monthal, Colas Bruna, Marny, Forlyns
et MM.. René Marzel, Vessière et Wagmann.
Le Carnet des Lettres
- - et des Arts
IL NE FAUT PAS L'OUBLIER
■ Dans Là Connaissance, qui, dès son premie
numéif), affirme de magnifiques- qualités dt
combativité littéraire, un article m'arrête: Det
origines de la poésie cubisme, par, M. Andrt
Malraux. Et je lis ceci, au début:
Lorsqque de symbolisme, devenu un mouvement
littéraire sénile, ,harbott.a dans le clapotement pré-
curseur d'e sa. üéfinÜivc dissolution. les jeunes
gens, peu désireux do publier des poèmes fias
ques (mai» couron-nables), fanfreluches de gloses
mirobolantes, partirent il la recherche d'un ar-
liste capable de produire une œuvre dont une es-
Uiét.iquc nouvelle pût s'extirper sans plagiat.
Et fort logiquement, M. André Malraux nous
fait assister au développement de-ce qu'il ap-
pelle la poésie cubiste. Je ne referai pas son
historique.
Je n'en retiens que son invectisme au sym-
bolisme. Ingratitude littéraire! Comme si le
symbolisme n'avait pas été le grand libérateur
du vers et de la poésie poétique. Oublie-t-or,
déjà que les symbolistes ont multiplié nos moyens
d'expression et élargi la vision du poète. UJ,
preuve, nous la trouverons après plus de vingi
ans dans La Darne à la Faulx, de M. Saint-Pol-
Roux. que l'on surnommait Le Magnifique;
dans Le Livre d'Images, de M. Gustave Kahn.
Il ne faut tout de même pas l'oublier. et biew
d'autres choses encore.
J. VALMY-BAYSSE
LES LETTRES.
— Une erreur, qui n'est pas imputable à noe
amis typographes, je vous 1e jure, m'a fait
omettre, hier, le titre du roman de M. Edmond
Jaloux dans la trop courte notice que je lui ai
consacré ici même. Mais tous mes lecteurs
ont déjà compris qu'il s'agissait de l'oeuvre la
plus récente de oe rare écrivain : Au-dessus de
la Ville.
— M. Josepovitch, l'un des auteurs de Goha
le Simple, aura l''honneu-r de recevoir M. Cld-j
ntenceau à Alexandrie.
- M. Pierre M:ilc-Orlan écrit, dans La Man-
dragore, roman aHemand, une préface comba-
tive où il répond victorieusement d'avance aux
objections touchant l'opposrtiisnité de cette pu-
blication. (Cette information, et la précédente,
nous ont été communiquées par l'Agence Litté-
raire Française.)
— M. Jean Mauclaire va faire paraître un
nouveau roman : Fées blondes.
— Le prochain recueM de poèmes de M.
Christian Frogé s'intitulera : Les Porte-Glaives.
— L'Agence Littéraire Française (MM. Mar-
cel Berger et Fred Causse-Maël, di,recteurs),
,recevra ses amis 10, pflacé de la Madeleine,
demain samedi, à 4 h. 30. Mme Lucie Delarue-
Mardrus fera une causerie sur les chansons
arabes..
Verhaeren Grand ami, sage ami, noble ami!
Vous regardiez au loin luire les vastes plaines.
Vous écoutiez le vent qui porte en ses haleines
La puissante rumeur du travail affermi..
Ainsi commence le très émouvant poème que
M. A.-Ferdimand Herald dédie à la mémoire de
Verhaeren. Nous le lisons dans le Mercure, de
France du 15 février, qui publie également 13
fin de La Pécheresse, la belle histoire d'amour
de M. He-vivi de Régnier.
— M. André Lebey donne, dans La Connais-
sance, un beau poème impressionniste : Prin-
, temps Normand:
La mer est forte, le vent dur
Le soleil rare, intermittent :
I.es feu 1Mes tardent ; le ciel pur
Lavé d'orage à tout instant.
Et voici encore, de M. Emile Cottinet, ua
frissonnant Crépuscule de Novembre:
Titches d'ombre autour des peupliers d'of, :..
Les. pies.
Ecoute au fond de toi, s'éteindre un dernier cri.
— Règle de Trois naguère, Les Orgues de
Fribourg, puis Le Père Cigogne — ce dernier
ilivire écrit en coMaboraiion avec M. A. Achau-
me, nous avait fait connaître le talent souple
et divers de M. Armory, qui s'était déjà im-
posé comme chroniqueur du parisianisme le plus
averti ; puis ce fut Le Monsieur aux Chry-
santhèmes, comédiie étrange et nerveuse, jouée
au Nouveau Théâtre d'Art. Une Figure de
Ghirlandajo, le dernier livre de M. Armory,
participe d-e toutes ses œuvres précédentes. Ly-
rique, passionné, il exalte le cadre de Florence,
et les esthètes et les amoureux du passé. Livre
curieux d'un artiste et d'un lettré; livre rare.
(Société anonyme d'édition et de librairie.)
LES ARTS
- Au Salon des Indépendants (Grand Palais
des Champs-Elysées), aujourd'hui, à 2 h. 30,
séance de musique moderne ; demain samedi, à
la même heure, Festival Florent Schmitt; di-
manche, séance de musique, de littérature et de
danses organisée par la revue Les Lettres Pa-
risiennes.
— A la Galerie Saint-Florentin, sont exposées
des peintures et des dessins de A. Plauzeau,
mont pour la France; M. RouiMdàre y montre
également quelques soudures.
— Les élèves, amis et admirateurs du sta-
tuaire Jean Boucher fêteront sa nomination de
professeur à l'Ecole des Beaux-Arts en un ban-
quet. Pour les adhésions, s'adresser au massier
de l'atelier, M. Elie Ottavy, 11, rue du Ban-
quier (13e). -»
J. V.-B.
XVII
a PROPOS DE MAURICE RAVEL rn — OEUVRES
BE EUGEN-ES COOLS (2) ET MftttfHCE BELLE-
COUR. — L.'ŒUVRE' INEIMTE.
Nous avouons notre penchant vers les musi-
ques polyphoniques du XVf sièefe auxquelles
nous avons consacré plusieurs ouvrages, et qui
nous paraissent supérieures par la forme et la
richesse tonale à celles. qui ont suivi. Aucun
choral de Baeh lui-même ne nous semble égaler
tel ensemble vocal de ces œuvres géniales con-
çues par les Josquin, Orlande de Lassus, Pa-
lestrina ef'Victoria. Et le final de la neuvième
symphonie beethovénienne, si sublime soit-il,
nous a toujours, déçu, parce que nous le compa-
rions malgré nous à ces apothéoses sonores du
grand siècle (le seizième et non le dix-septiè-
me !), dont le style est une merveille de plé-
nitude.
- Wagner a le premier retrouvé les formes ma-
giques de l'époque dite palestinienne. Et cer-
tains chœurs de Parsifal sont divins parce qu'ils
relèvent de l'esthétique polyphoniste. Au reste,
il connaissait fort bien l'œuvre de Palestnna,
yoire celle de Victoria. Mon illustre ami Pe-
drell, éditeur de Victoria, m'a affirmé avoir re-
levé le nom de Wagner parmi ceux des sous-
cripteurs à une anthologie victorienne. Il est
certain que Parsifal ne peut s'expliquer sans la
polyphonie de la Renaissance. Or, il marque un
indéniable progrès-Sur le style des Maîtres
Chanteurs qui s'apparente à celui de Bach.
Revenir au seizième siècle n'est donc point faire
un. pas en arrière, mais bien avancer dans la
voie moderne.
C'est ce que comprirent, après Wagner,les te-
nants de l'école dite impressionniste dont De-
bussy fut le chef. Chacun de nous connaît les
chœurs délicieux où l'auteur de Peltéas est en-
core horizontal. Le quatuor à cordes, si célè-
tiré. tient des mêmes principes qui régissent la
-polyphonie du grand siècle. Ce n'est que par
m Durand, éditeur, Paris. *'*"
**«,* iischig, éditeur, Paxt-
la suite que Debussy abandonna. F écriture poly-
mélodique: pour affirmer, en des cltef!:Hi"œuvre,.
le triomphe de l'écriture verticale- ou harmoni-
que pure-.
Maurice Ravel s'est toujours défendu d'avoir
été influencé par Debussy, et il a parfaitement
raison. Le style de Ravel et celui de Debussy
diffèrent essentiellement. L'un est contraponti-
que et l'autre harmonique. Le premier garde
jusque dans les plus extrêmes audaces harmo-
niques du Trio le souci du développement mé-
lique et la Passacaille est un exemple remar-
quable de ce dualisme. Le second supprime dé-
libérément la, mélodie au profit des successions
d'accords. Debussy et Ravel sont donc bien
deux grands maîtres dissemblables de notre mu-
sique moderne française. Et seuls les amateurs
superficiels ont pu les confondre.
Nous n'avons pas, à notre regret, sous les
yeux le Tombeau dé Couperin de Maurice Ra-
vel, qui illustrerait mieux que toute autre ma-
nifestation du génie de cet artiste, l'exactitude
des observations précédentes. « Mesuré dans le
goût et l'équilibre comme une tragédie de Ra-
cine, une fable de La Fontaine ou L'Embar-
quement pour Cythère de Watteau, le Tombeau.
de Couperin sera classique avant qu'il soit bien
longtemps », écrivait Marc Delmas dans Le
Monde Musical.
Cette impression de classicisme est donnée
pair la noblesse des lignes, par conséquent du
contrepoint.
La même impression est produite en nous par
la lecture de ces Trois chansons pour chœur
mixte sans accompagnement, datée de 1916, et
dont Maurice Ravel est à la fois l'exquis poète
et l'exquis musicien. Nicolette, où l'auteur re-
prend à la française le sujet du Bouc, de Mous-
sorgsky ; Trois beaux oiseaux du Paradis, qu'une
belle (soprano solo) interroge au sujet de son
ami en guerre, et qui composent par leur plu-
mage un planant et tricolore étendard, appor-
tent à la pauvrette un regard couleur d'azur,
un baiser plus pur que la neige et un joli coeur
tout erâsraaai. ; enfin, Ronde dont l'idée pre-
mière fut peut-être inspirée à l'artiste alors sol-
dat par une célèbre chanson de troupe invitant
tes jeunes filles à ne point aller au bois où
guette Guipidon, et qui leur enjoint en effet de
ne pas aller au bais d'Ormoade, où il y a plein
de satyres* die centaures, de malins- sorciers, des
farfadets et des incubes, des ogres, tfes lutins,
des faunes, dies follets, des larmes, diables, dia-
Mots, diablotins, des chèvre-pieds, dies gnomes,
des démons, des loups-garous, des elfes, des
BEFynmdcns, des enchanteurs- et des mages, des
staryges, des syfphes, des moines-bourrus, des
eyclopes, des djinns,, gobe lins., korrigans, né-
cromans, fcoboltik.. Que si après cela elles en
avaient envie!.
M-ais, de leur côté, tes jeunes garçons ne
doivent pas aller à ce terrible bois d'Ormondé,
plein de rsuinesses, de bacchantes et de males
fées, de satyresses, d'ogresses et de babaïagas,
de centauresses et de diablesses, de goules sor-
tant du. sabbat, de farfadettes et de démones, de
larves-, de nymphes, de myrmidones, d'hamadrya-
dses, dryades, naïades, ménades, thyades, follet-
tes, lémures, gnomides, succubes, gorgones, go-
belines. Auraient-ils le courage d'affronter tant
d'horreurs?
Mais fiLles et garçons peu-vent être bien tran-
quilles ! Le bois d'Ormondè est débarrassé de
ses hôtes incommodes, car les « malavisées
vieilles et les malavisés vieux les ont effaroar
chés. Ah! »
Sur ces trois chants dissemblables, Maurice
RaiVet a composé un adorable triptyque musi-
cal où il se montre le continuateur progressif
des Jannequin et des Costeley. Nicolette en est
le premier temps «allegro moderato » ; les Trois
beaux oiseaux du Paradis en constituent l'émou-
vant « andante ». Et la Ronde forme un finaJ
éblouissant de verve.
Le style en est d'une aisance et d'une pureté
inégalables. Avec une grande Liberté rythmique
(alternance fréquente de rythmes binaires et
ternaires), l'auteur traite cependant chacun de
ses morceaux avec ta plus sobre simplicité li-
néaires. Les harmonies savoureuses naissent des
rencontres du contrepoint, surtout dans la se-
conde chanson où tes soli émergent de la masse
chorale fondue en un murmure monosyllabique,
acheva à bouche fermée.
C'est la polyphonie souveraine du Jardin fée-
rique de Ma Mère l'Oye, avec ces lointains
vocaux quo le plus suave orohestae n'atteindfa
jamais.
Pour ce panadisiamte eaaomMe, Maurice Ra-
vel a bien mélritÓ dk la oatoiej et devrait peoe-,
voir plus que le !simple ruban irouge. Mais
notre pays croit fermement, comme celui qui
donna naissance à Platon, que l'artiste est le
dernier des serviteurs de la .chose publique.
Heureux qu'il 'ne le bannisse point de la cité
comme le proposait froidement il'énergumàne
qu!i n'était, en somme, quie le sténographe de
Socrate.
Et à propos de Socrate, auquel Erik Satie
consacre une oeuvre importante, nous aimons
beaucoup l'avis que publie Satie en première
page du Guide du Concert: « Ceux qui ne
comprendront pas sont priés par moi d'observer
le plus respectueux silence, et de faire montre
d'u'ne attitude toute de soumission, toute d'in-
fériorité. »
Comme ciela est jusre et à méditer pair notre
public tout entier! Humilité, soumission, décla-
ration d'infériorité, ne sont-ce pas là les atti-
tudes nécessaires devait une oeuvre toujours en
avance et qui dépasse par sa seule valeur tech-
nique la capacité réceptive du public composé
d'amateurs, ou de très petits musiciens? A quoi
nous servit de -siffler Wagner et plus tard De-
bussy? N'eut-il ipas mieux valu, puisque l'on
ne comprenait pas, observer, comme le deman-
de Satie, le plus respectueux silence et faire
montre d'une attitude - toute de soumission, toute
d'infériorité?
Les Allemands ont, à cet égard, fait preuve
de plus de tact. Us ont tout avalé, parmi les
productions modernes, avec une .remarquable (pla-
cidité. 'Ce faisant, Sis ont permis aux Strauss
et aux Schœnberg d'accomplir en paix leur
tâche. A nous, Français, le soin de tes dis-
eut,er.
Maurice Ravel est aujourd'hui au-dessus des
discussions. Au reste, même à l'aurore de sa
triomphale carrière, on le dénigra moins qu'un
Debussy, par exemple. Il bénéficia, dans une
certaine .mesure, de la campagne menée en fa-
veur de son aîné, bien que ce fût à contre-
sens, puisque, ainsi que nous l'avons établi,
Ravel aroaraît toitalememt distinct die Debussy!
Mais on a pu lui découvrir, par ailleurs, un
certain exotisme auquel nous avons fait nous-
même récemmeni allusion, en citant un cu-
rieux article d'une revue étrangère sur le ca-
ractère japonais de telles musiques die Ravel.
Disons bien haut que par Ma Mère l'Oye, le
Tombeau de Couperin ou les Trois Consens,
qui font l'objet cire oetite chronique, Maurice
Ravel nous revient très Français de France, par
l'humanité élargie, la technique épurée, la li-
gne classique. Que ne s'attaque-t-il enfin, sg-
tisfait 4e L'Heute. EspagnoleL À uft£ belle et
noMe tragédie française ? Lui seul. pourrait ten-
ter maintenant une pareille entreprise, puisque
Debussy n'est plus, et puisque Gabriel Fauré
se remet à la musique de chambre. Je lui pro-
poserais la sublime tragédie de Théophile: Py-
rame et Thisbé. -
Nous avons sous les yeux des œuvres inté-
ressantes d'Eugène Gools.
Cet auteur est placé par mon confrère M. Ju-
lien Tiersot entre lies symphonistes renommés :
MM. Wiitkowski et Thirion. De. fait, une Sym-
phonie en ut mineur obtint le prix Cressent en
1906. On lui doit encore deux poèmes sympho-
niques : La Mort de Chénier et Hop-Frog, une
Ouverture Symphoniqwe, une pastorale, un bal-
let, une Fantaisie pour piano et orchestre, des
Paysages pour orchestre, la Musique pour Ham-
let, le Prélude pour la Mort de Tintagiles, un
quintette, un quatuor à cordes, deux sonates,
des pièces de toutes sortes. Et 11 prépare deux
ouvrages de théâtre.
La réduction pour piano de l'Hamlet ne peut
donner une idée exacte du minutieux et poi-
gnant commentaire orchestral de la pièce. Tou-
tefois, l'on appréciera le beau travail sympho-
nique tissé autour du thème initial, apparenté
à celui d'un des plus émouvantJieder de Du-
parc.
Le prélude du 3e acte, avec ses montées
chromatiques des violons est plus difficile à
rendre au piano que la Marche funèbre. dont
le thème exposé en sol mineur dans un en-
semble vigoureux, produit grand effet.
Le Prélude à la mort de Tintagiles, avec son
rythme binaire et ses enchaînements harmoni-
ques toujours rares, ne se traduit pas bien au
piano.
En revanche, le recueil purement pianistique
intitulé Nos filles reçoivent est une fête pour
l'oreille et les doigts. Nul doute qu'il ne con-
naisse rapidement le succès. C'est une suite
de sept pièces unies par la communauté des
thèmes traités avec la plus ingénieuse fantaisie,
déformés ou transformés rythmiquement et to-
nalement suivant les nécessités du texte. L'œu-
vre commence et s'achève en un joyeux et
affectueux » mi majeur.. Le style en est
d une remarquable tenue.
Et cela tombe naturellement sous les doigts.
En vérité, l'on peut prédire une heureuse car-
rière à cette anthologie d'un artiste qui aime
certainement ses filles et s'amuse de leurs pe-
tites manières nue trouble la joie bruyante des
garçons.
L Œuvre Inédite a consacré sa dernière séan-
ce a des compositions de M. Gennaro, Rollo
H. Myers, Marcel Bernheim, Marguerite Gau-
thier-Viirars, ainsi que du signataire de ces
lignes. Qu'il me soit permis de remercier cor-
dialement MM. Bilewski, Joachim Nin, Bar-
dout, Choinet et Mlle, Cerceau, admirables inter-
prètes de ma suite espagnole pour quintette in-
titulée Castellanas.
Je goûte particulièrement les Pièces en trio
de Marguerite Gauthier-Villars si bien cons-
truites et d'une jolie sonorité. Elles révèlent
à coup sûr une fine nature de musicienne. Et
elles mettent en valeur les instruments, ce -qui
est rare à une époque où l'on semble ne se.
préoccuper que de priver ceux-ci de leurs plus
chers attraits, par une aberration analogue à
celle de certaines peintures qui bannissent de
parti-pris toute nuance de la couleur. Aussi
bien nous leur souhaitons d'être enfin éditées.
Un sort pareil nous désirons à de fort cu-
rieuses compositions manuscrites que nous
adresse M. Maurice Bellecour. Sous le titre de
Pantomimes Païennes, l'auteur a écrit de sédui-
sants poèmes dansés où tout apparaît nouveau :
fprmoe, tonalité et rythme. Ou plutôt tout est an-
cien, le compositeur ayant sans doute (quoi-
que je n'en sache rien !) parcouru le monde et
puisé aux sources mêmes des mélopées orien-
tales, à moins qu'érudit musicologue (il fut en-
couragé, m'écrit-oh, par M. Bourgault-Ducou-
dray et Maurice Emmanuel) il n'ait simplement
tiré sa sapience des anthologies.
Pourtant l'émouvante mélopée écrite sur une
poésie arabe et intitulée Les Larmes, est trop
vraie pour ne pas avoir été entendue là-bas.
Quoi qu'il en soit, ce qui est intéressant
chez M. Maurice Bellecour, c'est qu'il ne se
contente pas d'harmoniser de savoureuses mé-
lodies orientales, mais qu'il cherche pour ellea
une forme originale et réussit à la trouver.
A cet égard, les Hiéroglyphes présentés d'à-
bord en de courtes notations qui font présage*'
par les interversions des rythmes et des énon-
cés mélodiques, le parti que l'auteur veut tirer
de la matière, sont caractéristiques. Tous ces
éléments sont ensuite mis en œuvre sous la
forme de mélodies accompagnées d'un délicieux
orchestre de flûtes, clarinettes, cor et harpe.
avec adjonction, quand il convient, de triangle
cymbale et timbale.
Il faudra entendre ces œuvres de M. Maurice
Bellecour,.
HENRI COLLET. :
COMCEDlA
20 - 2 - 20
- Monsieur le directeur, soyez loué pour ce
geste généreux; notre plus cher désir estde
rester 1-e plus longtemps possible auprès de vous.
M. Rouehé prend alors-la papote:
— Ma présidence va so trouver très simplifiée
par 1-e discours que vous vendez d'entendre ; je
n'ai pas a vous présenter les héros do la journée,
l»ntoque oU V-p. tal(..; il ne me reste osa'à ajouter
les 'fn!ii (fat-Ions du patron.
Je '•:ts heuTeux de voir les hauts foncti.onnai-
res du Commerce et fies Beaux-Arts, les plus fi-
dèles -i.ona^s. !p¡; artistes et tous ceuX qui ai-
Hkt'-nl ». miistli, *«»!»• uous a-ppnrter ¡ei}j'::; vœux
et kui> » c
Et i" lois av: rappeler de loi;»<.v-as souvenue
que. c'en.- m&UUUle lkHl! on vn \'(>U', (iworer me
»u!sw>rc. J'HMs alors au ministère à celte épo-
que. la m&da.iUe rt'honne.ur "du travai.-i était fort
peu connue hl rha<:;ue rüisqll 'on la r., il
au vVei; employé. mou 3 étions - Je ques-
tions.
On n,qJIi di.viil : - ls cJjr.cw.rgtt d'une nsire
pi-ut-v'i ''!b'e (iA'.nif ! ijp ,')C!¡cr cf '1.1.0 officier cloP-
la îd'hoiuirsur. a-t-U la droit lui aussi à
tilt r «iî*.n • ':
lii J.' rccvav.!,iô des lettres ?.nn;mc5 (presque au-
tant dopais j.. s M.» i4irrtrt*i r-<.«ï t'Opéra),
H no is paibstous sur .:c:, graves p nh^trics.
,\i¡';:t je vous parle, do teûtps J" wfyt tues. le
« hn:l!<'va,rc! » faisait alors tes tn&*s (i:¡: s» sou-
Fi:)it.f. peu d'être justes, pourvu eu*i4s turent
ai»>u.>-aii.t.s On disait alors: q Ce n'est pas rem-
ployé qu'on devrait décorer, c'est, le patron iitri
a su garder s-i longtemps do bons serviteurs. »
Maintenant. Inr médaille d'honne-tw du Travail
pst cou mu-, elle représente la fidélité et le décx'e-
mpn< ce sont des qualités essentiellemerat fr»n
;aise9, et c'est pourquoi on a ajouté'à cetie raé
faUte un ruban tricolore. Réjouissez-vous ,l,. fa
porter, car vows serez parmi le* rares Fr:. >
ayant le droit d'orner leur boutonnière âco cou-
leurs de la Patrie. »
- M. Dautret, représentant du ministre du Com-
merce, félicite M. Rouché en quelques mots et
procède à la remise des diplômes.
Un enfant apparaît afors sur l'estrade, c'est
le petit Faivre, élève de l'école de danse. Il Ut
lie compliment suivant:
Madame We-t-ier, Madame Coqtteret,
Monsieur CoLJin.
Permettez à un tout petit débitant de vohs re
mettre ce souvenir au nom de fout te personnel
artistique et du personnel des eostaaaes de r'().
péra.
Que cette gravure dessinée à votre itrtemioo.
voua soit an gage de la sympathie cleo toù* ceux
qui soor. ici.
Puisse votre exempte de dévoilement à la Mai-
a(m nous servir de leçon et BOUS aider & contri-
huer toujours mms aussi à la gloire et à la pros-
périté de 1 Académie nationale de musique.
Au milieu de l'allégresse générale, on débar-
rasse l'estrade présidentielle qui se transforme
en scène. De grands artistes sont venus prêter
leur concours pour remercier ceux qui furent
leutrs habilleurs et leurs humbles aides.
M. Tisserand présente tes artistes.
C'est Mlle Y. DMlnt, qui danse une mazurka
de Chopin; M. Firmin Touche. violott solo de
l'Opéra, qui joue la Berceuse d'e Fattré et ttne
mazurka de concert;' M. Huberty, qui chante
t.'Omgue, de G. Fabre.
On applaudit ensttitle Mite Madeleine Bugg,
dans le Secret, de Fauré; M. Franz, dans un
air de Sigurd; Mlle Lapeyrette, dans J'ai par-
donné. de SehumamT, et doas La Vivandière,
de B. Godard ; M. Del mas, dans la Romance de
Maître ■Wolfram, de Reyer, et dans le Flibustier.
d'Alexandre 'Georges. Puis, le maître Henry
Busser accompagne lui-même au piano Miles
Matta et Courbières, qui chantent en duo deux
de sas oeuvrics: La belle Rosemonée et Dans
le jardin d'amour. Il est acclamé.
Enfin, la derujère, la petite Loutse Teinturier,
apprentie de l'atelier des costumes, chante très
gentiment une romance de Wachs, Les Ramiers.
Les grands artistes que l'on venait d'applaudir
- fui ftfent un succès.
Et lorsque M. Albert Huberty eut entonné
la Marseillaise, que l'assistewice reprit en chœur
au refrain, ce tut le ltinch, offert par la maison
Cornuché, où tout le monde fratecttisj.
Nous sommes déjà bien loin des heures- de
grève et l'on ne par,le plus que d'union, de
concorde ef de solidarité.
La fête a pleinement réussi et les organisa-
teurs, MM. Bouffort et Sauvageot, assisres. de
M!I-es EJéoncre Rudnika et Germaine Boana-
fous, peuvent en être fiers. -
AMBRÉ RIGAUD.
APRÈS HUIT JOURS.
..:. le plaisir des habitués des dîners dansants
de THOTEL CONTINENTAL est ravivé d'ua
attrait nouveau. C'est ce soir, en effet-, que se
réunit, comme chaque vendredi, dans la belle
Salle" des Fêtes de cet élégant Hôtel, l'élite
mondaine de la capitale, qui a adopté, comme
lieu de réunion chic, ses dîners dansants aux-
quels participent Mlle DELMARÈS, -de l'Opéra-
Comique, et MM. SANDRINI, de l'Opéra, et Dît:
BOUT.. -
Pour retenir ses places, téléphoner au Lou-
vre 40-00 à 40-11.
"Gomcedia" sous la Coupole
Au débat de la séance que terrait hier l'Aca-
démie française, leéture fut donnée d'une lettre
par laquelle le vicomte d'Avenel déclare retirer
la candidature qu'il avait posée au fauteuil laissé
vacant par le déçès du marquis de. Ségur. C'est
ce fauteuil 'qui était brigué par-M. ^bel Hermaflt
et qui donna- lieu, l'année derni#rtè^ au scrutin
sans résultat que l'on sait. »
Par suite'de ce désistement, il ne reste plus
en présence, pour ce fauteuil, que MM. le vi-
comte de Reiset, Valéry-Radot et Robert de.
Fiers.
Cette élection n'aura lieu d'ailleurs qu'en
mai ou Cft juin, après deu® réceptions que l'on
prévoit: celle de M. Henry Bordeaux. cet du
général Lyautey.. •
D'autre part:, l'illustre compagnie a accepté
provisoirement un legs universel qui lui est raft
à' charge de fonder deux prix qui, sous le nom
de « Prix Charles Expilly » et « Prix Marthe
Expilly. » seront attribués chaque année à un
homme et à une femme qui auront, accompli
« un acte de dévouement ou une série d'actes
de dévouement ». Le généreux testateur spéci-
fie que ces 'actes devront avoir été accompli
« à l'ombre .et sans bruit » et il tient- essen-
tiellement à ce que « la hideuse âsvettr soit
tbaahtment écartée ». A. G.
UNE ENQUETE DE « COMŒDIA »
Les cinq pièces
que Vous préférez
D'Ange Cliai-peaatier, de Saiot-Dwais, directeur
du Théâtre du Peuple (Nièvre) :
L'Enquête, Chantecler, Sœur Philomene, Citai
terton. Le Grillon du follei,.
M. BlaciiAre, reccveuf-contrôleuT de l'Enregistre-
ment, à Lyon :
Le Bourgeois gentilhomme, Le Détour, Primerose,
Louise, Le Petit {fUC,
J! Y. Gecbot, étudiant, 35, rue de l'Asbalète r
le Misanthrope, Pelle as et Melisande, Ulm rui.
l.c mamelles de Tiresiits. Le T Fallsl de Gœthe
A; Rftié Pilzer, 90, boulevard Flandrin :
Carmen, Méphistophélfs, Mireille, Chantecler, Cy-
1'(11/ () , , »
M. Denis Mascaret, 45, boulevard Beaumarchais ;
f.c Mnaiithrope, Phèdre, f.c Mariaye de Fiual'o,
Lr Cid, Cyrano.
M. 11. ChatchtM, à Paris :
Cyrano. L'A ; lés tenue, Les Petits, Manon, La Co-
carde dé Mimi Pinson.
M Charte Bories. Saint-Genies (Haute-Garonne) :
Carmen, Samson et Dalila, Manon, L'Artésienne,
Les Cloches de Cnr/icvitte.
H. Léon Sciiaefer. colaborateur à Paris-Revue :
On ne badine pas, r/Aiglon. Marte Tudor. Le
Voile déchiré, Il ne faut jurer de rien.
M. Th. lovialis. rue Viete, t3
c.tvrndolme. Les Deux pificonq. Mtarka. La Ha-
iHiricru. Ut Rôtisserie de ta reine Pédauqite.
M. Jai'
r.a Damnation de Faust, Chantecler, L'Ame en
folie, L'Oiseau bleu, Kismet.
M. Ma nric-a Hès, 64. rue des Martyrs :
En plongée. Le Paladin du monde occidental,
f.r.t M!aires sont les affaires, Le Misanthrope, Les
Uberlê.
M E Vilar s. a Paris :
Le Jll);, La Belle aventure. La Grande duchesse
de GeHJIsltÍll, Les Brigands, OUlfpe-toi tt'Ame
lie.
M. -Tearv-Emile Bayard, critique théâtral au Con-
seiller municipal (arricre-neveu du collaborateur
lie ScriN») :
Les Premières armes de Richeliett. Le mari à
la campagne, Le Misanthrope, Cyrano, Chante-
cler. -
M. Pierre Yoiccnt, élève E. C. P., rite de Tu-
renne, 92 :
Samson et Dalila, La Rôtisserie de la reine Pc-
dmtaue, Qeetrpe-tol d'Amélie. Lysistrata, Tartufe.
Me: Chantes Ba-vemtfrrc, booUJleYaird Baille, Mar-
seille :
Menol et Kérttrd, Le Cilt, Le Fils du traître, La
Pendule. Toratotn.
Mille Yvonoe Adler, rue Allards, 18, Saint-Man-
dé
Cyrano, Bérénice, Amoureuse, Manon. Mon père
avait raison,
M. Ali Héritier. 94, rue Bonaparte. Paris :
Le Misanthrope,- La Marche nuptiale, Amou-
reuse, Paileur, Ptllcas et Mélisande.
M. PL-Pre Kofc, auteur dramatique, à Nantis :
Cyrano, Les Bouffons. Le Misanthrope, Le Flam-
beau, Le Marquis de Priola.
M. Arthur Boccar. à Nainur :
Cyrano. Hernani, Le Monde où l'on s'ennuie,
L'Aventurière, Les Affaires sont les affaires.
M. Robert delle Donee, rue Boissy-d A ncç 1 a s, 15
Pelle as et Mellsande, Polyphème, La Nouvelle
idole. Il ne (ma jurer de rien. ChanteCle-r.
M. Lucien ôgliastro, rue Pilando, 2, à Asniè-
res :
Othello, Le Cid, Britannicus, L'Avare, La Robe
rouge.
M. Laurent Vial, 12, rue de Crimée :
L'assaut, Le Phalène, La Belte aventure, La
Veillée d'armes, La Race.
M. Lucien Boulant, rue Laugier, 60 :
La Tosca, Werther, La Dame auxr camélias, Ma-
non, La Cocarde de Mimi Pinson.
M. Eugène Chichery, 15, rue du Parc-Momsou-
rls ;
Wërther, Manon, Cyrano, Polueucre, Carmen.
M. H. Sonnino, 67, ruQ Condorcet. Paris :
Carmen, L'Homme qui assassina, La l'iergî
folle, TSArtésienne. Au téléphone.
M. Lon.t.s, Richa.rd, 34, rue de la République,
Marseille :
Le' Marquis de Priola, Amoureuse, Cyrano. Le
Vieux marcheur, Le Roi.
Mme Grange. 9, rue Pierre-Lffvéo :
Les Huqllenôts. Carmen, Cyranq, Ruy lilas, La
Fille de Mme Angot.
M. Hennin, attaché à la Banque de Prartre :
Les Sœurs d'amour, L'Hérodienne, Les Marion-
nettes. Notre image, Cyrano.
M. R. Gafflot, étudiant, 240, boulevard Raspall. :
Conte d'avril. La Dame aux camélias, L'Aiglon
Aux j'arduis de Muvcie, Œdipe, roi lie TftèVes.
M. Marcel Manchez, avenue Wagram le -
Le Misanthrope Le Mariage de Figaro, On ne
badine Pas, Boulmuroche, Cyrano.
M. Gillet, rue du Grand-Bois-, 7 :
Le Pè"e Lel)Onlïai'd Le. Misanthrope, Androma-
que, Cyrano, Esope.
Chaque courrier nous apporte de nombreuses
lettres relatives au Concours des Cinq Pièces;
nous rappelons à nos lecteurs que ce concours
est clos, définitivement et qu'il est désormais
inutile de nous écrire à son sujet.
ÇA 6 LA
Le Comité du 8e arrondissement de la Ligue
des Chefs de Section donnera le dimanche 22
février à 20 h. 30, sous le haut patronage de
M. l'amiral Guépratte, député du Finistère, en
la Salie des Agriculteurs, rue d'Athènes, une
soirée artistique au profit de sa caisse de se-
cours.
Les cartes et le programme sont en vente
salle des Agriculteurs, et au siège de la Ligue,
17 ter, avenue Beaucour.
PolYHznid, dont l'œuvre de rénovation néces-
saire s'est déjà acquis la bienveillance des pou-
voirs publics, organise son premier spectacle
en l'honneur de Victor Hug® Toutes les per-
sennes qui désireraient frarticiper à cette mani-
festation sont criées de le faire savoir d'urgen-
ce : 15, rue Poulet (XVIIP.)
Le Pierrot Montmartrois (9, rue de Valois),
rappelle que les envdîs pour le tournoi litté-
raire (poésies et chansons), seront reçus jus-
qu'au 20 février.
Le Pierrot Montmartrois, groupe artistique,
se met à la disposition des auteurs, vaudevillis-
tes et chansonniers pour créer leurs oeuvres.
*
Notre excellent confrère C.-A. Traversi, le
sympathique secrétaire gênerai du Grand-Gui-
gnol, va faire représenter une pièce en trois
actes. Les Tripoteurs, qu'il a écrits en colla-
boration avec M. Gaston Derys. -
Catte pièce, qui mettra en scène l'es profi-
teurs de guerre, va partir en tournée, mais
avant le répart, deux représentations en seront
dhmré.es- (100, rue Rîcheileui)' te dfmaacke 22 ?-
Vicier; eir matinée et eir soirée. *
AUJOURD'HUI I
'A l'UNIVERSITÉ DES ANNALES (51, rue Saint-
Georges), à 14 h. 30: Le ptonde nouveau :
L'éveil de l'Extrême-Orient. Conférence par M.
Edouard Herriot, maire de Lyon. -
Opéra
- L'Opéra annonce pour demain Aida, inter-
prété par Mlles Demougeot, Lapeyrette, AIMf.
Franz, Rouard, Gresse, Narçon, dans les prin-
cipaux rôles, Miles H. Laugier et C., Bos
dans le ballet, sous la direction de M. Arturo
Vignav Pour LbndiSalammbô, avec MUe Che-
nal, MM. Franz, Delmas, Rouard, sous' la di-
rection de M. Ruhlmann.
A propos du décor d'Horace, à propos du
■premâeir décor de Cinna, que l'on a donné hier
en matinée, je voudrais signaler une tlransfor-
mation qui serait facile et, je crois, relative-
ment peu coûteuse.
Ces deux décors extrêmement sobres, que
l'on pourrait concevoir da.ns heurs lignes géné-
rales avec plus d'ampleur, répondent assez bien
dans ces mêmes lignes générais au véritable
décor de tragédie, qui doit être infiniment sim-
ple, évoeatetir d'une époque, non descripteur,
archaïque non archéologique.
Une seule chose rend ces deux décors -
de même le second de Cinna — minables, vieil-
lots, défaisants: leur aspect. Ils sont décré-
pits; les couleurs en sont délavées. Enfin, et
c'est le - principal, ils font, surtout celui de
Cinna, agrémentés d'une décoratàon du plus
mauvais goût : festons, colonnefctes, figuriries,
toute cette lyre vulgaire ohère aux trescatort-
des villas de la Riviera., Oh! je te sais bien,
que tout cela c'est très exact. Je .connais, com-
me tout le monde, la maison des Vettii. Mais
pour les ouvrages de grand art théâtral il faut,
de même qu'ils sont en vers, des. évocations
de poésie plastique plutôt que de la reconstitu-
tion. Entourons nos tragédiens d'une atmosphère
impressionnante par son unité et par sa simpli-
cité au lieu de les environner d'un tas d ac-
cessoires et de détails vains, d'ordinaire du
goût le plus banal.
Veut-on un exempte parallèle et frappant?
Voyez les protagonistes de ces tragédies. De
quelle façon se vêtent-ils? Ep¡fCiUve.nt"¿.!s (je.
parle des meilleurs) le besoin d'avoir sur leurs
costumes les mille colifichets qui ornaient alo-rs
les vêturcs somptueuse?? Ont-ils toutes ces bro-
deries, ces parures, ces orfèvreries qui, cepen-
dant, seraient l'exactitude même, mais qui gêne-
raient la ligne simplifiée, typique, éloquente
qu'ils recherchent? Non..
Eh! bien, il doit en aller de même pour les
décors. Qu'on ne les surcharge pas d'One dé-
coration banale, qui rappelle davantage la vida
moderne ou la décoration d'hôtel que la Pla-
jesté tragique. Des tons haeinonic>usement't-t
audùcieusement. oixwsis, peints par grandes mas-
ses, sur'les mêmes toiles-et tes mêmes châsses
(,pltlisqu'H faut écooomiser), voilà qui rajeu-
nirai, qui ranimerait même sans trop de dé-
penses, des décors qui nous font trop souvenir
du style penduie ou empire-abâtardi qui domina
à la fin du siècLe dernier.
Ce serait là *u&e réforme simple, plus im-
portante qu'elle n'apparaît "d'abord, et ainsi
transformé, le décor du premier acte de Cinna,
avec son vase et ses fleurs Solitaires (il ne
faudrait pas-un vase en CaJriton, serait vérita-
blement beau. Je termine en signalant au pas-
sage la fort belle représentation de Cinna, hier.
Mme Weber est une .incomparable Emilie ; M.
Albert Lambert a eu de manifiques moments au
premier acte que le public ne m'a point paru
apprécier assez. M. Silvain est un Auguste qui,
sans perdre ses qualités, perd chaque jour un
peu de cette bourgeoisie qui diminuait jadis sa
grandeur. On sait que, d'autre part, M. Des-
jardins a joué récemment lie rôle avec beau-
coup d'autorité et de pénétration, que. le Maxime
de M. Jean Hervé, encore un peu trop exté-
rieur au deuxième acte, n'est pas sans intérêt.
Voilà une tragédie en bonnes mains.
Mme Octave Mirbe,au veut bien prendre la
peine de me faire remarquer que la. date de la
naissance et celle de la mont d'Octave Mirbeau.
étant la même, la Comédie a donc fêté sa nais-
sance et non commémoré sa mort. Je n'y ai
plus du tout songé; la bévue est complète et
je ne puis que m'en accuser grandement.
GABRIEL BOISSY.
La Comédie-Française donnera lundi la pre-
mière représentation de Le premier Couple,
en un acte, en vers, de M. André Dumas, dont
la mise en scène a été réglée par M. Albert
Lambert.
Il n' y aura pas de répétition générale, mais
les critiques recevront un service pour la pre-
mière.
Gymnase
M. Henri Çollen, du Gymnase, vient d'avoir
la douleur de perdre sa mère. L'inhumatioq aura
lieu aujourd'hui au cimetière du Père-Lachaîse.
(Départ à 2 heures 30 de la maison de santé
Dubois, faubourg Saint-Denis).
VaudeVille
La répétition générale de Miousic, la revue
de MM. Rip et Gignoux, sera donnée, au théâ-
tre" du Vaudeville, irrévocablement le lundi 23,
sr 20 Ir. 45..
DEMAIN
nA là COMÉDIE DES CHAMPS-ELYSÉES, à 16 h.30,
répétition, privée de Le Bœuf sur le Toit, pan-
tomime réglée par M. Jean Cocteau, musique
de Darius Milhaud, et Adieu New-York, fox-
trot de Georges Auric. Cocardes, tour de chant
de Koubitzky.
..- Opéra=Comique —
Mlle Mérentié fera sa rentrée sur la scène
de l'Opéra-Comique, lundi, dans le rôle de
Carmen, qu'elle interprète avec une puissance et
une originalité remarquables. MM. Ch. Friant,
Vigneau et Mlle Vaultier tiendront, aux côtés
de Mlle Mérentié, les principaux rôles de
Carmen.
Odêon
Vieilles chansons.
M. Destrey jeune, artiste récemment engagé
et doué, en dehors de son talent de comédien,
d'une fort jolie voix, se fait applaudir dans
l'intermède du 4° acte de la Vie de Bohème,
où il chante Ma Normandie. Cet intermède est
d'ailleurs composé avec assez d'éclectisme pour
nous donner une impression complète du genre
de chansons en faveur à l'époque. Mlle Briey
détaillait avec infiniment de goût le légendaire
Temps des Cerises. Mlle Sergyl fait apprécier
sa voix déjà connue des Odéoniens dans La
Jolie fille de Parthenay. Mlle Nivette n'est pas
moins goûtée dans La Peureuse et Mlle Esca-
laïs dans les Hussards de la Garde. N'oublions
pas M. Duard qui dit avec beaucoup d'art les
Stances à Ninon, de Musset, ni surtout Mlle
Denise Hébert, exquisement fine, spirituelle et
souple dans le duo de la Demande en manage
dont elle et M. P. Bertin font un délice.
Les reprises.
C'est jeudi prochain qu'aura lieu en matinée
classique la reprise d'Athalie, avec Mmes Mar-
celle Frappa (en représentation), Odette de Fehl,
Mag. Aiidri- et Courtal, M. Chambreuil, Maxu-
dan et Drain.
Théâtre des Champs-Élvsées
e
IJ « Voilà du bon théâtre, du vrai théâtre ! n
C'est ce qu'a dit de Quo Vadis ? un grand criti-
que ; l'événement lui donne raison puisque
4,000 représentations dans les deux mondes ont
consacré le succès de l'opéra écrit par Nou-
guès sur le célèbre roman de Sienkiewicz.
Le livret d'Henri Cain est un drame puis-
sant. La musique est émotionnante au possi-
ble ; certaines pages, comme le chœur des
Chrétiens marchant au supplice et le récit de
l'Apôtre à qui le Christ est apparu sont em-
preintes du mysticisme le plus pur.
Le théâtre des Champs-Elysées est bien le
Temple de la musique et de la beauté.
Renaissance
Faites le pont avec. « La Passerelle ».
N'oubliez pas que demain samedi il y aura
matinée à la Renaissance, du grand succès
Lw^dsserelle, la pièce bien parisienne de Fred
G ressac ef Francis de Croisset et que, tout
compte fait, il n'est pas de meilleur moyen de
faiM- le pont,: du samedi au lundi, qu'en pas-
sant par. la Passerelle toujours admirable-
ment jouée par Mme Cora Laparcerie, délicate
et spirituelle Jacqueline, par M. Georges Co-
lin, remarquable dans le rôle de l'amoureux Ro-
ger de Gardannes et par l'élégante Marcelle
Praince.
Prochaine première.
jb'C'est dans la pretai^e quinzaine de mars que
Mme Cora Laparcerie donnera la répétition gé-
nérale de Monôme, la pièce de MM. André Pi-
card et Carco.
Athénée
C'est mercredi soir 25 février Qu'aura lieu
la répétition générale de l'Alcôve de Marianne,
la comédie en 3 actes de M. Félix Gandéra.
Première représentation le lendemain soir.
;: Théâtre Femina
Triplepatte quittera l'affiche du théâtre Fé-
mina le dimanche 22 février, après la repré-
sentation du soir. Lundi 23, relâche, Mardi 24,
à 20 h. 30, répétition générale (à bureaux ou-
verts) de Mademoiselle ma mère, comédie en
trois actes, de Louis Verneuil, jouée par Gali-
paux, André Lefaur, Alarme, Gaby Morlay,
Made Andral, G. de Brysse, et Louis Verneuil.
Mercredi 25, première représentation.
Théâtre Michel
Après les merveilleuses journées dont nous
jouissons depuis quelque temps, nous aspirons
à des soirées gaies. Or, il n'est pas de soirée
plus gaie que celle du théâtre Michel où Y Ange
du foyer, joué par Le Gallo, Parisvs, Louis
Maurel avec Gaston Dubosc et Blanche Toutain
déchaîne chaque soir le fou rire. — (Commu-
niqué).
Théâtre des Mathurins
Au Théâtre de Sacha Guitry, chaque soir,
tour à tour enjouée, rieuse, émue, troublée,
ironique ou amoureuse, Betty Daussmond, dans
le rôle si complexe de La Danseuse Eperdue,
se,.fait applaudir, et avec elle: MM. Candé,
Pierre Juvenet, Gildès, G. Lemairè et Pierre
Etchepeare. Mmes Ellen-Andrée, Y. Villeroy,
Antoinette Payen et M. Montel.
On loue par téléphone : Louvre 49-66.
Vendredi 27 février, à 3 heures, Récital de
Piano: Adolphe Borchard.
A l'Université des Annales
M. FERNAND CRECH PARLE Dl c ALFRED DE
-
Un poète comme M. Fernand Gregh ne pou-
vait être mieux qualifié pour parler d'un autre
poète comme Alfred de Vigny. Il l'a fait avec
une autorité, une clarté et une précision qui.
attribuent définitivement à l'auteur des « Desti-
nées » le rang qu'il doit occuper dans la poésie
française du dix-neuvième siècle.
Nul, plus- qu'Alfred de Vigny ne mérite le
titre de Grand Semeur d'Idées. Celles-ci,, ré-
pandues à profusion dans ses œuvres ont un
double caractère esthétique ïéf philosophique.
Au point de vue esthétique, on peut dire
qu'Alfred de Vigny a été en partiè un inventeur
malgré les attaques injustes de Sainte-$euVe à
son égard. Son œuvre a "etf ^ne influence énor-
me sur les poètes romantiques et principalement
sur Victor Hugo, qui s'est inspiré plusieurs fois
de ses poèmes. Alfred de Vigny a été en effet
le premier poète qui ait développé des sujets
bibliques. Avec son Moïse, il a préparé la Lé-
gende des Siècles. En lisant la Chute d'un Ange
on constate que Victor Hugo s'est directement
inspiré d'Eloa, la conception de l'intrigue est
analogue et certains vers semblent presque être
transposés. Eloa,. en effet, est de 1824, la.
Chute d'un Ange date de 1836. Chez Vigny,
Eloa est une larme du Christ, devenue ange ;
chez. Hugo, une plume échappée de l'aile de
Satan donne naissance à la liberté. L'analogie
est frappante. Seulement, si. Hugo fait plus
grandiose, Vigny fait peut-être plus grand.
Ce n'est pas seulement sur Hugo qu'Alfred
de Vigny a exercé son influence qu'on retrouve
également chez Baudelaire, Mallarmé et même
chez Verlaine. Musset, en écrivant Rolla, s'est
vraisemblablement souvenu des Amants de
Montmorency.
Au point de vue philosophique, Alfred de
Vigny a été' le poète du stoïcisme qui est la re-
ligion de la résignation. Il a développé ses
idées à ce sujet dans La Mort du Loup qui est
un poème stoïque, mais également fraternel.
« Vigny, nous dit M. Fernand Gregh. est un
homme qui serre les dents avec des larmes dans
les yeux. »
Dans Servitude et grandeur militaires, le poète
développe sa conception de l'honneur. Enfin, il
chante la forme consolatrice dans la Maison du
Berger. -
Sans doute, conclut t'éminent conférencier,
on peut relever parfois dans l'œuvre d'Alfred
de Vigny certaines étourderies et certaines ma-
ladresses, mais, lorsqu'il est bon, il est alors
d'une pureté racinienne qui obtient aux plus
hauts degrés de la perfection. Hugo est unique,
total, mais Vigny a plus de recherche et de
concision. Avec l'âge, on s'éloigne de Rome et
l'on se rapproche de la Grèce. Alfred de Vigny
est le plus classique des romantiques.
Au cours de cette remarquable conférence,
nous avons applaudi Mlle Roch dans Moïse et
la Mort du Loup, ainsi que M. Roger Gaillard
dans des fragments de la Chute d'un Ange,
d'Eloa et dans la Maison du Berger.
EDOUARD REVERAND.
Conferencia publie toutes tes conférences qui
sont faites à ! Université des Annales, 51, rue
Saint-Georges. •
'--
Théâtre Marigny
La direction du Théâtre Marigny rappelle une
fois pour toutes que Le Marché d'Amour, l'o-
pérette à succès est jouée tous les soirs et en
matinée les samedis, dimanches et fêtes. Il n'y
a donc pas de matinée le jeudi.
Empirezj Théâtre
Fidèle au programme, empreint de l'éciectis-
me le plus pur, qu'elle s'est proposé de suivre,
la direction de l'Empire interrompt cette se-
maine les représentations des chefs-d'œuvre du
répertoire lyrique pour donner une opérette mo-
derne. dont le succès est aussi vif qu'au pre-
mier jour : La Demoiselle du Printemps, qui
plaira, et grâce à l'exquise partition du compo-
siteur Henri Goublier fils et grâce à la qualité
remarquable de l'interprétation que M. Combes
a su réunir pour la circonstance. Dès ce soir,
on applaudira, dans les divers rôles, Mmes Cé-
cile Rex, Dambre et Mary Théry, MM. Ram-
baud, Marjolle, Jean Monet et Pgul Saint. Il y
aura matinée dimanche et jeudi à 14 h. 30.
Théâtre des BouleVards
(Nollelty)
Les Petites Curieuses, l'exquise comédie en
trois actes de M. Tristan Bernard, continuent
d'attirer au Théâtre des Boulevards, 19, rue Le
Peletier, les personnalités les plus marquantes
du Tout-Paris.
Le spectacle commence par Le Cabinet noir,
un acte délicieux de M. Lucien Besnard, inter-
prété tregistralernent par Gildes. Les Petites
Curieuses passent à 9 h. 45 avec l'interpréta-
tion de premier ordre que l'on sait et qui réunit
les noms de André Calmettes, Clara Tambour,
Germaine Risse et de Guingand.
Téléphonez à Gutenberg 59-79 pour retenir
vos places.
Théâtre du Vieux:8Colombier
Lecture. ,
M. Georges Duhamel a lu hier une nouvelle
pièce que va représenter M. Jacques Copeau
au théâtre du Vieux-Colurhbier.
Cluny
A la suite des engagements que nous avons
cités hier, nous devons ajouter ceux de Mlles
Clary Monthal, Colas Bruna, Marny, Forlyns
et MM.. René Marzel, Vessière et Wagmann.
Le Carnet des Lettres
- - et des Arts
IL NE FAUT PAS L'OUBLIER
■ Dans Là Connaissance, qui, dès son premie
numéif), affirme de magnifiques- qualités dt
combativité littéraire, un article m'arrête: Det
origines de la poésie cubisme, par, M. Andrt
Malraux. Et je lis ceci, au début:
Lorsqque de symbolisme, devenu un mouvement
littéraire sénile, ,harbott.a dans le clapotement pré-
curseur d'e sa. üéfinÜivc dissolution. les jeunes
gens, peu désireux do publier des poèmes fias
ques (mai» couron-nables), fanfreluches de gloses
mirobolantes, partirent il la recherche d'un ar-
liste capable de produire une œuvre dont une es-
Uiét.iquc nouvelle pût s'extirper sans plagiat.
Et fort logiquement, M. André Malraux nous
fait assister au développement de-ce qu'il ap-
pelle la poésie cubiste. Je ne referai pas son
historique.
Je n'en retiens que son invectisme au sym-
bolisme. Ingratitude littéraire! Comme si le
symbolisme n'avait pas été le grand libérateur
du vers et de la poésie poétique. Oublie-t-or,
déjà que les symbolistes ont multiplié nos moyens
d'expression et élargi la vision du poète. UJ,
preuve, nous la trouverons après plus de vingi
ans dans La Darne à la Faulx, de M. Saint-Pol-
Roux. que l'on surnommait Le Magnifique;
dans Le Livre d'Images, de M. Gustave Kahn.
Il ne faut tout de même pas l'oublier. et biew
d'autres choses encore.
J. VALMY-BAYSSE
LES LETTRES.
— Une erreur, qui n'est pas imputable à noe
amis typographes, je vous 1e jure, m'a fait
omettre, hier, le titre du roman de M. Edmond
Jaloux dans la trop courte notice que je lui ai
consacré ici même. Mais tous mes lecteurs
ont déjà compris qu'il s'agissait de l'oeuvre la
plus récente de oe rare écrivain : Au-dessus de
la Ville.
— M. Josepovitch, l'un des auteurs de Goha
le Simple, aura l''honneu-r de recevoir M. Cld-j
ntenceau à Alexandrie.
- M. Pierre M:ilc-Orlan écrit, dans La Man-
dragore, roman aHemand, une préface comba-
tive où il répond victorieusement d'avance aux
objections touchant l'opposrtiisnité de cette pu-
blication. (Cette information, et la précédente,
nous ont été communiquées par l'Agence Litté-
raire Française.)
— M. Jean Mauclaire va faire paraître un
nouveau roman : Fées blondes.
— Le prochain recueM de poèmes de M.
Christian Frogé s'intitulera : Les Porte-Glaives.
— L'Agence Littéraire Française (MM. Mar-
cel Berger et Fred Causse-Maël, di,recteurs),
,recevra ses amis 10, pflacé de la Madeleine,
demain samedi, à 4 h. 30. Mme Lucie Delarue-
Mardrus fera une causerie sur les chansons
arabes..
Verhaeren Grand ami, sage ami, noble ami!
Vous regardiez au loin luire les vastes plaines.
Vous écoutiez le vent qui porte en ses haleines
La puissante rumeur du travail affermi..
Ainsi commence le très émouvant poème que
M. A.-Ferdimand Herald dédie à la mémoire de
Verhaeren. Nous le lisons dans le Mercure, de
France du 15 février, qui publie également 13
fin de La Pécheresse, la belle histoire d'amour
de M. He-vivi de Régnier.
— M. André Lebey donne, dans La Connais-
sance, un beau poème impressionniste : Prin-
, temps Normand:
La mer est forte, le vent dur
Le soleil rare, intermittent :
I.es feu 1Mes tardent ; le ciel pur
Lavé d'orage à tout instant.
Et voici encore, de M. Emile Cottinet, ua
frissonnant Crépuscule de Novembre:
Titches d'ombre autour des peupliers d'of, :..
Les. pies.
Ecoute au fond de toi, s'éteindre un dernier cri.
— Règle de Trois naguère, Les Orgues de
Fribourg, puis Le Père Cigogne — ce dernier
ilivire écrit en coMaboraiion avec M. A. Achau-
me, nous avait fait connaître le talent souple
et divers de M. Armory, qui s'était déjà im-
posé comme chroniqueur du parisianisme le plus
averti ; puis ce fut Le Monsieur aux Chry-
santhèmes, comédiie étrange et nerveuse, jouée
au Nouveau Théâtre d'Art. Une Figure de
Ghirlandajo, le dernier livre de M. Armory,
participe d-e toutes ses œuvres précédentes. Ly-
rique, passionné, il exalte le cadre de Florence,
et les esthètes et les amoureux du passé. Livre
curieux d'un artiste et d'un lettré; livre rare.
(Société anonyme d'édition et de librairie.)
LES ARTS
- Au Salon des Indépendants (Grand Palais
des Champs-Elysées), aujourd'hui, à 2 h. 30,
séance de musique moderne ; demain samedi, à
la même heure, Festival Florent Schmitt; di-
manche, séance de musique, de littérature et de
danses organisée par la revue Les Lettres Pa-
risiennes.
— A la Galerie Saint-Florentin, sont exposées
des peintures et des dessins de A. Plauzeau,
mont pour la France; M. RouiMdàre y montre
également quelques soudures.
— Les élèves, amis et admirateurs du sta-
tuaire Jean Boucher fêteront sa nomination de
professeur à l'Ecole des Beaux-Arts en un ban-
quet. Pour les adhésions, s'adresser au massier
de l'atelier, M. Elie Ottavy, 11, rue du Ban-
quier (13e). -»
J. V.-B.
XVII
a PROPOS DE MAURICE RAVEL rn — OEUVRES
BE EUGEN-ES COOLS (2) ET MftttfHCE BELLE-
COUR. — L.'ŒUVRE' INEIMTE.
Nous avouons notre penchant vers les musi-
ques polyphoniques du XVf sièefe auxquelles
nous avons consacré plusieurs ouvrages, et qui
nous paraissent supérieures par la forme et la
richesse tonale à celles. qui ont suivi. Aucun
choral de Baeh lui-même ne nous semble égaler
tel ensemble vocal de ces œuvres géniales con-
çues par les Josquin, Orlande de Lassus, Pa-
lestrina ef'Victoria. Et le final de la neuvième
symphonie beethovénienne, si sublime soit-il,
nous a toujours, déçu, parce que nous le compa-
rions malgré nous à ces apothéoses sonores du
grand siècle (le seizième et non le dix-septiè-
me !), dont le style est une merveille de plé-
nitude.
- Wagner a le premier retrouvé les formes ma-
giques de l'époque dite palestinienne. Et cer-
tains chœurs de Parsifal sont divins parce qu'ils
relèvent de l'esthétique polyphoniste. Au reste,
il connaissait fort bien l'œuvre de Palestnna,
yoire celle de Victoria. Mon illustre ami Pe-
drell, éditeur de Victoria, m'a affirmé avoir re-
levé le nom de Wagner parmi ceux des sous-
cripteurs à une anthologie victorienne. Il est
certain que Parsifal ne peut s'expliquer sans la
polyphonie de la Renaissance. Or, il marque un
indéniable progrès-Sur le style des Maîtres
Chanteurs qui s'apparente à celui de Bach.
Revenir au seizième siècle n'est donc point faire
un. pas en arrière, mais bien avancer dans la
voie moderne.
C'est ce que comprirent, après Wagner,les te-
nants de l'école dite impressionniste dont De-
bussy fut le chef. Chacun de nous connaît les
chœurs délicieux où l'auteur de Peltéas est en-
core horizontal. Le quatuor à cordes, si célè-
tiré. tient des mêmes principes qui régissent la
-polyphonie du grand siècle. Ce n'est que par
m Durand, éditeur, Paris. *'*"
**«,* iischig, éditeur, Paxt-
la suite que Debussy abandonna. F écriture poly-
mélodique: pour affirmer, en des cltef!:Hi"œuvre,.
le triomphe de l'écriture verticale- ou harmoni-
que pure-.
Maurice Ravel s'est toujours défendu d'avoir
été influencé par Debussy, et il a parfaitement
raison. Le style de Ravel et celui de Debussy
diffèrent essentiellement. L'un est contraponti-
que et l'autre harmonique. Le premier garde
jusque dans les plus extrêmes audaces harmo-
niques du Trio le souci du développement mé-
lique et la Passacaille est un exemple remar-
quable de ce dualisme. Le second supprime dé-
libérément la, mélodie au profit des successions
d'accords. Debussy et Ravel sont donc bien
deux grands maîtres dissemblables de notre mu-
sique moderne française. Et seuls les amateurs
superficiels ont pu les confondre.
Nous n'avons pas, à notre regret, sous les
yeux le Tombeau dé Couperin de Maurice Ra-
vel, qui illustrerait mieux que toute autre ma-
nifestation du génie de cet artiste, l'exactitude
des observations précédentes. « Mesuré dans le
goût et l'équilibre comme une tragédie de Ra-
cine, une fable de La Fontaine ou L'Embar-
quement pour Cythère de Watteau, le Tombeau.
de Couperin sera classique avant qu'il soit bien
longtemps », écrivait Marc Delmas dans Le
Monde Musical.
Cette impression de classicisme est donnée
pair la noblesse des lignes, par conséquent du
contrepoint.
La même impression est produite en nous par
la lecture de ces Trois chansons pour chœur
mixte sans accompagnement, datée de 1916, et
dont Maurice Ravel est à la fois l'exquis poète
et l'exquis musicien. Nicolette, où l'auteur re-
prend à la française le sujet du Bouc, de Mous-
sorgsky ; Trois beaux oiseaux du Paradis, qu'une
belle (soprano solo) interroge au sujet de son
ami en guerre, et qui composent par leur plu-
mage un planant et tricolore étendard, appor-
tent à la pauvrette un regard couleur d'azur,
un baiser plus pur que la neige et un joli coeur
tout erâsraaai. ; enfin, Ronde dont l'idée pre-
mière fut peut-être inspirée à l'artiste alors sol-
dat par une célèbre chanson de troupe invitant
tes jeunes filles à ne point aller au bois où
guette Guipidon, et qui leur enjoint en effet de
ne pas aller au bais d'Ormoade, où il y a plein
de satyres* die centaures, de malins- sorciers, des
farfadets et des incubes, des ogres, tfes lutins,
des faunes, dies follets, des larmes, diables, dia-
Mots, diablotins, des chèvre-pieds, dies gnomes,
des démons, des loups-garous, des elfes, des
BEFynmdcns, des enchanteurs- et des mages, des
staryges, des syfphes, des moines-bourrus, des
eyclopes, des djinns,, gobe lins., korrigans, né-
cromans, fcoboltik.. Que si après cela elles en
avaient envie!.
M-ais, de leur côté, tes jeunes garçons ne
doivent pas aller à ce terrible bois d'Ormondé,
plein de rsuinesses, de bacchantes et de males
fées, de satyresses, d'ogresses et de babaïagas,
de centauresses et de diablesses, de goules sor-
tant du. sabbat, de farfadettes et de démones, de
larves-, de nymphes, de myrmidones, d'hamadrya-
dses, dryades, naïades, ménades, thyades, follet-
tes, lémures, gnomides, succubes, gorgones, go-
belines. Auraient-ils le courage d'affronter tant
d'horreurs?
Mais fiLles et garçons peu-vent être bien tran-
quilles ! Le bois d'Ormondè est débarrassé de
ses hôtes incommodes, car les « malavisées
vieilles et les malavisés vieux les ont effaroar
chés. Ah! »
Sur ces trois chants dissemblables, Maurice
RaiVet a composé un adorable triptyque musi-
cal où il se montre le continuateur progressif
des Jannequin et des Costeley. Nicolette en est
le premier temps «allegro moderato » ; les Trois
beaux oiseaux du Paradis en constituent l'émou-
vant « andante ». Et la Ronde forme un finaJ
éblouissant de verve.
Le style en est d'une aisance et d'une pureté
inégalables. Avec une grande Liberté rythmique
(alternance fréquente de rythmes binaires et
ternaires), l'auteur traite cependant chacun de
ses morceaux avec ta plus sobre simplicité li-
néaires. Les harmonies savoureuses naissent des
rencontres du contrepoint, surtout dans la se-
conde chanson où tes soli émergent de la masse
chorale fondue en un murmure monosyllabique,
acheva à bouche fermée.
C'est la polyphonie souveraine du Jardin fée-
rique de Ma Mère l'Oye, avec ces lointains
vocaux quo le plus suave orohestae n'atteindfa
jamais.
Pour ce panadisiamte eaaomMe, Maurice Ra-
vel a bien mélritÓ dk la oatoiej et devrait peoe-,
voir plus que le !simple ruban irouge. Mais
notre pays croit fermement, comme celui qui
donna naissance à Platon, que l'artiste est le
dernier des serviteurs de la .chose publique.
Heureux qu'il 'ne le bannisse point de la cité
comme le proposait froidement il'énergumàne
qu!i n'était, en somme, quie le sténographe de
Socrate.
Et à propos de Socrate, auquel Erik Satie
consacre une oeuvre importante, nous aimons
beaucoup l'avis que publie Satie en première
page du Guide du Concert: « Ceux qui ne
comprendront pas sont priés par moi d'observer
le plus respectueux silence, et de faire montre
d'u'ne attitude toute de soumission, toute d'in-
fériorité. »
Comme ciela est jusre et à méditer pair notre
public tout entier! Humilité, soumission, décla-
ration d'infériorité, ne sont-ce pas là les atti-
tudes nécessaires devait une oeuvre toujours en
avance et qui dépasse par sa seule valeur tech-
nique la capacité réceptive du public composé
d'amateurs, ou de très petits musiciens? A quoi
nous servit de -siffler Wagner et plus tard De-
bussy? N'eut-il ipas mieux valu, puisque l'on
ne comprenait pas, observer, comme le deman-
de Satie, le plus respectueux silence et faire
montre d'une attitude - toute de soumission, toute
d'infériorité?
Les Allemands ont, à cet égard, fait preuve
de plus de tact. Us ont tout avalé, parmi les
productions modernes, avec une .remarquable (pla-
cidité. 'Ce faisant, Sis ont permis aux Strauss
et aux Schœnberg d'accomplir en paix leur
tâche. A nous, Français, le soin de tes dis-
eut,er.
Maurice Ravel est aujourd'hui au-dessus des
discussions. Au reste, même à l'aurore de sa
triomphale carrière, on le dénigra moins qu'un
Debussy, par exemple. Il bénéficia, dans une
certaine .mesure, de la campagne menée en fa-
veur de son aîné, bien que ce fût à contre-
sens, puisque, ainsi que nous l'avons établi,
Ravel aroaraît toitalememt distinct die Debussy!
Mais on a pu lui découvrir, par ailleurs, un
certain exotisme auquel nous avons fait nous-
même récemmeni allusion, en citant un cu-
rieux article d'une revue étrangère sur le ca-
ractère japonais de telles musiques die Ravel.
Disons bien haut que par Ma Mère l'Oye, le
Tombeau de Couperin ou les Trois Consens,
qui font l'objet cire oetite chronique, Maurice
Ravel nous revient très Français de France, par
l'humanité élargie, la technique épurée, la li-
gne classique. Que ne s'attaque-t-il enfin, sg-
tisfait 4e L'Heute. EspagnoleL À uft£ belle et
noMe tragédie française ? Lui seul. pourrait ten-
ter maintenant une pareille entreprise, puisque
Debussy n'est plus, et puisque Gabriel Fauré
se remet à la musique de chambre. Je lui pro-
poserais la sublime tragédie de Théophile: Py-
rame et Thisbé. -
Nous avons sous les yeux des œuvres inté-
ressantes d'Eugène Gools.
Cet auteur est placé par mon confrère M. Ju-
lien Tiersot entre lies symphonistes renommés :
MM. Wiitkowski et Thirion. De. fait, une Sym-
phonie en ut mineur obtint le prix Cressent en
1906. On lui doit encore deux poèmes sympho-
niques : La Mort de Chénier et Hop-Frog, une
Ouverture Symphoniqwe, une pastorale, un bal-
let, une Fantaisie pour piano et orchestre, des
Paysages pour orchestre, la Musique pour Ham-
let, le Prélude pour la Mort de Tintagiles, un
quintette, un quatuor à cordes, deux sonates,
des pièces de toutes sortes. Et 11 prépare deux
ouvrages de théâtre.
La réduction pour piano de l'Hamlet ne peut
donner une idée exacte du minutieux et poi-
gnant commentaire orchestral de la pièce. Tou-
tefois, l'on appréciera le beau travail sympho-
nique tissé autour du thème initial, apparenté
à celui d'un des plus émouvantJieder de Du-
parc.
Le prélude du 3e acte, avec ses montées
chromatiques des violons est plus difficile à
rendre au piano que la Marche funèbre. dont
le thème exposé en sol mineur dans un en-
semble vigoureux, produit grand effet.
Le Prélude à la mort de Tintagiles, avec son
rythme binaire et ses enchaînements harmoni-
ques toujours rares, ne se traduit pas bien au
piano.
En revanche, le recueil purement pianistique
intitulé Nos filles reçoivent est une fête pour
l'oreille et les doigts. Nul doute qu'il ne con-
naisse rapidement le succès. C'est une suite
de sept pièces unies par la communauté des
thèmes traités avec la plus ingénieuse fantaisie,
déformés ou transformés rythmiquement et to-
nalement suivant les nécessités du texte. L'œu-
vre commence et s'achève en un joyeux et
affectueux » mi majeur.. Le style en est
d une remarquable tenue.
Et cela tombe naturellement sous les doigts.
En vérité, l'on peut prédire une heureuse car-
rière à cette anthologie d'un artiste qui aime
certainement ses filles et s'amuse de leurs pe-
tites manières nue trouble la joie bruyante des
garçons.
L Œuvre Inédite a consacré sa dernière séan-
ce a des compositions de M. Gennaro, Rollo
H. Myers, Marcel Bernheim, Marguerite Gau-
thier-Viirars, ainsi que du signataire de ces
lignes. Qu'il me soit permis de remercier cor-
dialement MM. Bilewski, Joachim Nin, Bar-
dout, Choinet et Mlle, Cerceau, admirables inter-
prètes de ma suite espagnole pour quintette in-
titulée Castellanas.
Je goûte particulièrement les Pièces en trio
de Marguerite Gauthier-Villars si bien cons-
truites et d'une jolie sonorité. Elles révèlent
à coup sûr une fine nature de musicienne. Et
elles mettent en valeur les instruments, ce -qui
est rare à une époque où l'on semble ne se.
préoccuper que de priver ceux-ci de leurs plus
chers attraits, par une aberration analogue à
celle de certaines peintures qui bannissent de
parti-pris toute nuance de la couleur. Aussi
bien nous leur souhaitons d'être enfin éditées.
Un sort pareil nous désirons à de fort cu-
rieuses compositions manuscrites que nous
adresse M. Maurice Bellecour. Sous le titre de
Pantomimes Païennes, l'auteur a écrit de sédui-
sants poèmes dansés où tout apparaît nouveau :
fprmoe, tonalité et rythme. Ou plutôt tout est an-
cien, le compositeur ayant sans doute (quoi-
que je n'en sache rien !) parcouru le monde et
puisé aux sources mêmes des mélopées orien-
tales, à moins qu'érudit musicologue (il fut en-
couragé, m'écrit-oh, par M. Bourgault-Ducou-
dray et Maurice Emmanuel) il n'ait simplement
tiré sa sapience des anthologies.
Pourtant l'émouvante mélopée écrite sur une
poésie arabe et intitulée Les Larmes, est trop
vraie pour ne pas avoir été entendue là-bas.
Quoi qu'il en soit, ce qui est intéressant
chez M. Maurice Bellecour, c'est qu'il ne se
contente pas d'harmoniser de savoureuses mé-
lodies orientales, mais qu'il cherche pour ellea
une forme originale et réussit à la trouver.
A cet égard, les Hiéroglyphes présentés d'à-
bord en de courtes notations qui font présage*'
par les interversions des rythmes et des énon-
cés mélodiques, le parti que l'auteur veut tirer
de la matière, sont caractéristiques. Tous ces
éléments sont ensuite mis en œuvre sous la
forme de mélodies accompagnées d'un délicieux
orchestre de flûtes, clarinettes, cor et harpe.
avec adjonction, quand il convient, de triangle
cymbale et timbale.
Il faudra entendre ces œuvres de M. Maurice
Bellecour,.
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