Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1914-05-06
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 06 mai 1914 06 mai 1914
Description : 1914/05/06 (A8,N2408). 1914/05/06 (A8,N2408).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7653003d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 08/06/2015
t *-
Rédacteur en Chef: o. do PAWLOWSKI
Iè AN'NÉE:: No' 24ÔS — te N° 5 céhh
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
e7, Boulevard Poissonnière, PARIS
■ D*C
ABONNEMENTS
UN AN e MO"
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
ttranger 40 d 20.
- Il
j&iïotm&j, — MERCREDI 6 MAI V914
- - ~O'
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
1
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE
2 lignes
Rédaction. CENTRAL 88-07
Administration. LOUVRE 18-06
Adresse Télégraphique : C0MŒD1 A.PARIS
*^eetje Oldema
QUATORZIÈME RÉCIT
î^e différence de vie!. J'allais tous
rS POser, mais, après, j'entrais dans
notre aPPartement bien tenu, où j'étais
seule. Pas de bruit autour de moi. et où
le pUVa^s ^re sans être distraite. Alors,
je m'en donnais, de la lecture.
dîner Six heures, on me montait mon petit
dîner s!jr un plateau couvert d'une ser-
Viette. .11 me coûtait un franc cinquante.
Les Jours que je ne posais pas, je dé-
jeu éflais àidi de deux petites tasses de
£Qf , qu-e jeme préparais dans une ma-
ChI, rle nnoise, de deux petits pains et de
viangt. centimes de jambon ou de fro-
tïagç ers trois heures, dans ma plus belle
.toRi, ette -,allais me promener Montagne de
l r.
drojf ^°ntagne de la Cour d'alors était l'en-
droit mOu, en hiver, les femmes de tous
mn~ et de toutes les conditions se
Paient aux mêmes heures, entre trois
tt cinq POur faire leurs emplettes ou pour
Prom ner et se dévisager. Les hommes
la f P Us rares.
U fmrne y était chez elle. Tous les
^SasirS^e robes, de chapeaux, de linge-
ileght de fourrures, de bijouterie, les ma-
raussures de luxe, étaient agglo-
i^és a"s cette vieille rue en pente. On
\desC(i. cette vieille rue en pente. On
tsce ait, et, par la rue de la Made-
Q n Passait jusqu'au « Passage » ;
un remontait. Prendre le thé était
inco rinu L?n allait tout au Plus manger un
tttt e pouce chez B.-ias, au Can-
pou,, n, et encore. Moi, surtout, je ne le
v y et encore. Moi, surtout, je ne le
» tre Pas, n'ayant pas assez d'argent. Il
o etait nte ans, à Bruxelles, quand on ne
.,a 'toit £D *s Promené Montagne de la Cour,
J et P
Je jjjL^ Pas sorti.
- ^s' quand, jeune, jolie et bien
te, je me baladais dans ce milieu élé-
et lnt'me î car, intime, elle l'était, la
sait sa.nne de la Cour, et on se reconnais-
SaU se connaître.
y°s cette petite, avec ses cheveux
tndule.s, elle doit être étrangère, disaient des
pHies en me dévisageant. On baisse peu
a voix en me dévisageant. On baisse peu
tour erl Belgique.
IOllrrur h! voilà cette dame avec ses belles
bedescees, Pensais-je, et l'on remontait et
eUres ndalt inlassablement, jusqu'à cinq
h Plus tard.
, Je n-a
r qu' à fermer les yeux pour revoir
^bul er> frivoles et épaisses, en leurs
°bes »
j6s caDf.§r°sse tournure et avec leurs peti-
nouées de côté sous le menton,
■ ^raîches et replètes, le regard
• s- la bouche gonflée vers les plus
:es et s JOUissances. Leurs silhouettes frus-
|6S et Coureuses passent et repassent. Je
îw Vois entrer dans des magasins que je
- dans des magasins que je
r^ais ^numérer, des deux côtés de la i
dpn s la Place Royale jusqu'au Can.
J altlten --'
a t, tôut est démoh.
J'ai et u aussi grandir et vieillir des hom-
çs et des femmes que je n'ai jamais
QOntrés Htrement que pour les avoir ren-
d es tres ans la ville. La petite fille, avec
enir je ses SUr le dos, je la voyais de-
sur ^os' v°yais de-
r ieu fille, puis se promener avec
&a ^èrç e.^ le fiancé de l'autre côté, puis-
jj l jfie jh
~e rnariée. enceinte. ensuite avec des
bebés plus tard, la taille élégante s'épais-
SÎ Ssait et les cheveux grisonnaient : je la
trOVais r les cheveux grisonnaient : je la
noncer à la coquetterie et se
tt4 sfor er a la bonne franquette.
t les h
bil ierlt F10165 Qui- presque gosses, m'ad-
it Cs en me disant des ama-
Jbiijjés e assant, j'ai vu pousser leur pre-
ba Puis leur ventre. Il en est
Prpu*s ^eur ventre- Il en est
te eSsion d ant quinze ans, avaient une ex-
essi°n
rec°ntrai e contentement quand ils me
~~aicp et qui, tout doucement, ont
Q' 'ai Côté de moi sans plus me voir.
CU ainsi de la vie de beaucoup
re an de Bruxelles, sans cependant
e tios , natures aient fusionné; je suis
A de rangère à leurs goûts et à leur
e. de sentir, et eux ne m'ont jamais
D'Us ersor'Ill n'a aimé Bruxelles d'une façon 1
~Ol1\1ern claIe que moi. J'aimais la ville, son
xih D§ et ses rues, jusqu'à ses petits
mais, dès que je faisais la
ance de gens de n'importe quel
si surprise. Nous nous sen-
ti¡ St fait Irérents que jamais le contact ne
1 alt' 1-es rares amies que j'ai eues ne
t ea'tlient pas comme leurs amies bel-
iw et Mo* je n'ai jamais su me donner,
tté :nOI, Je n'ai jamais su me donner,
cei ê to désir que j'en ai eu, car
vOir U e le grand désir de ma vie,
ne a
t °>r ,Ultne amie.
(a
'1 ~\t' soir * *
je nous restions chez nous; nous
)e l<>ns a' cun besoin de sortir, et, quand
1a s'une ISais de la bière chaude avec des
la s> une
une rlcette nationale d'Eitel, il avait
no<îtDi^tre dans son pays, disait-il,
fle- passait dans ses beaux
CeHiflins V" a's> vite, pour dissiper cette
gr. àttais des deux mains dou-
Q tir ses cheveux blond lin, et,
?® un p °d chat, il soupirait et fermait
les Paupières, de bien-être. Lui me
l1 Peu Ude.chatteries.
C maintenant la plupart des
n?es c6Z des amis. Alors, je retapais
Sl,rtQ Ut ie iio
ttraju tDU refaisais mes robes, mais
vlisais.
Pas^3?^^ a la propriétaire si elle
ait pas e livres à me prêter. Elle me
du ~p des journaux de modes
de du p fnier des journaux de modes
il n ioçi à 1865, et presque tout
rWi«?e- Moii- lfre! je l'ai lu d'un trait, et
ÎSt t cOm lettre morte pour moi. Je le
XBVlS' corrim un cerveau de vingt ans
6;.]e sentis, sous la for-
k le/an§e poilr mOI, la vie et la vérité.
ancien!i l°Urnâux de modes m'ont
^ent ren.
%ait rnent je r Un grand service. Quand,
uard- ie us les Goncourt, j'ai vu
leur be_ proï, es se rIlOuvoir dans leur atours;
ceps K, ^ENÉE M mouvoir dans leur atours;
j, QI , 'Vu ~enee mauperin, dans sa robe de
âNinrnc qui hon robe de
res«: autoûr d'elle. Le
6®- Denn; m'a toujours vivement
qu'il ..-
;ft?rce r,il faj s, } ai compris que c'est
d. Partie de notre mentalité,
le d* let2 nosoestes et nos atti-
î e r es paysa nDs gestes et nos atti-
~e? coiffes tnes zélandaises, à cause
'd leUrs coi ffes, tournent la tête comme les
tableau' chiques, et leur mas-
2Up0ns leç °buh.ge à se retourner
tn KPlètment Pcur regarder derrière elles.
,- derrière elles.
P0ur av°'r des livres à ma disposition,
çh re 6 s des ^C0uvertes étonnantes.
aborin a, de lecture : là
fce étonnantes.
ler, * dernàand,des livres sérieux; je dois
4bi« "^-o«un I L1,eCoyt a?uui' me comprit si
, Pfaî §râce si
tar,, eut m initier à ce
rn en écrivons
pendant le dix-neuvième siècle, et comme,
en lecture ainsi qu'en musique, je vois réel-
lement, avec des couleurs et des parfums,
les gens et les choses, j'ai vécu, en com-
pagnie des duchesses de Balzac, des après-
midi de dimanche somptueux. j'allais jus-
qu'à respirer l'air confiné de leurs appar-
tements.
Ceux que je n'ai pas compris où goû-
tés alors, je les ai goûtés plus tard. A
tous, je dois une partie de l'évolution lente,
mais sûre, qui s'est accomplie en moi.
Je n'avais d'autre guide que cet employé.
— Voilà, Madame, Les Filles de Feu; ou
« Je vous ai gardé Mauprat »; ou « Voici
La Cousine Bette. Vous n'allez pas en
dormir. »
Les dimanches matin, je me rendais sou-
vent au Vieux-Marché. Les étals de livres
me retenaient surtout, et voilà qu'un jour,
je trouve-Les Confessions, de Jean-Jacques,
J'en lus une page devant l'étal.
— Combien ce livre?
— Un franc cinquante, parce que c'est
vous.
Je prends le bouquin, et, en marchant,
commence à le lire ; arrivée au Parc, je
m'assieds sur un banc. Je rentrai une heure
trop tard pour le dîner.
Jamais aucun livre ne m'a tant remuée.
Il avait eu de la misère comme moi; il
avait été mercenaire comme moi ; il avait
vécu de charité comme moi. et chez Mme
de Warens, n'avait-il pas dû tout accepter
de ses mains?.
Il y avait donc eu des misérables qui
avaient osé parler et ne pas cacher leurs
souffrances et leur avilissement volontaire!
Puis, est-ce un avilissement, quand on a été
contraint? Est-ce que l'avilissement ne vient
pas d'actes volontaires et choisis?
Je marchais de long en large dans mon
appartement, le bouquin pressé sur ma poi-
trine, divaguant, et lui demandant si, moi,
j'avais mal fait en donnant mon corps en
pâture pour nourrir les petits chez nous.
Quand mon ami rentra, vers minuit, il
me trouva la fièvre au visage.
Tu te fausses à tant lire, et ce Jean-
Jacques était un cynique d'étaler ainsi ses
hontes.
— Imbécile, murmurai-je, et vous donc,
qui m'avez dit tout crûment que vous ne
me preniez que comme un jouet!.
Neel DOFF
Nous publierons demain un article de
ERNEST GAUBERT
Échos
Voir, en tête des informations, Jet Spectacles
nouveaux de la tournée.
s
~s projets:
M. Emile Fabre qui a été ai copieu-
sement interviewé au début die l'a crise
odéonienne, n'a du moins pas interrompu
pour cela ses travaux d'auteur dramatique.
L'auteur des Ventres dorés .travaille ac-
tuellement à une pièce nouvelUe. Mais on
sait avec quel souci de précision et quelle
louable volonté de ne rien baisser au hasard
M. Emile Fabre accumule ses documents
et poursuit ses enquêtes : La Vie publique,
Les Sauterelles en sont d'éclatants témoi-
gnages.
Son œuvre nouvelle va iui coûter un la-
beur patient et obstiné.
Et voilà pourquoi il n'espère pas qu'eUe
pounra être jouée avant deux années au
moins.
L
'Odéon et les étudiants.
La sympathie qui unit l,a jeunesse
studieuse du Quartier Latin au grand théâ-
tre de la rive gauche est traditionnelle: à
preuve la courtoisie dont usa un des prédé-
cesseurs de MM. Antoine et Paul Gavault
en 1830.
L'Odéon avait représente Christine à
Fontainebleau, drame sensationnel de Fré-
déric SouNé. Est-ce à cause du nom, cher
aux X, de la ville où la reine Christine pas-
sa des jours agités? Toujours est-il que les
polytechniciens avaient témoigné une grandie
envie de voir la pièce mouveUe.
Et comme l'heure de rentrée à l'Ecole
n'eût ipas permis aux Pipos de rester jusqu'à
la fin, une députation d'élèves vint deman-
der au directeur de commencer à six heu-
res au lieu de sept.
Celui-ci. se fit un plaisir de s'exécuter.
p
our des prudçs.
Il y a, de temps à autre, au théâ-
tre comme en littérature, une vague de
pudeur, qui vient on ne sait d'où, mena-
çante, implacable ; elle semble devoir tout
emporter, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive,
après qu'elle est passée, qu'elle n'a, en
somme, rien bouleversé, et qu'il ne reste
de sa grande colère qu'un peu d'écume.
Un des plus curieux phénomènes de ce
genre qu'il fut permis d'observer, se place
en 1773, époque qui ne se recommande
pourtant pas comme un temps voué spécia-
lement à la pudibonderie.
Il était question de donner à la Cour,
pendant certain voyage à Fontainebleau, Le
Cocu imaginaire. Mais le titre apparut tout
à coup infiniment choquant pour.les oreilles
chastes des nobles dames, les mêmes qui,
d'ailleurs, dans les théâtres de société, se
divertissaient sans vergogne aux .polisson-
neries de M. Collé.
Par ordre du roi, Le Cocu imaginaire fut
affiché sous le titre de Fausses allarmes
(sic), et, ainsi, encore une fois, la morale
fut sauvée.
Louis XV s'était trouvé là pour mettre
une feuille de vigne à Molière. On ne s'at-
tendait tout de même pas à le trouver dans
cette affaire.
L
a vie chère!
Pendant les premiers mois de son
installation, le musée Jacquemarr-Anare ne
reçut guère de visiteurs. C'est que, pour
aller admirer les chefs-d'œuvre légués à
l'Institut de France, il fallait se familia-
riser avec le chemin du boulevard Hauss-
mann.
Maintenant; on le connaît! Dimanche,
jour de visite gratuite, quantité d automo-
biles ont amené devant l'ancienne résidence
(Je Mme André de nombreuses élégances
parisiennes ret beaucoup d'étrangers.
On ne paie rien en entrant. Pourtant, on
ne peut apprécier toutes les merveilles ex-
posées sans posséder un catalogue, lequel
coûte deux francs.
Chaque visiteur fait. cette acquisition ;
c'est indispensable. Mais, dans ce public
d'apparence si aristocratique, il y a des gens
qui trouvent certainement que la vie -est
si chère que deux francs ne se trouvent pas
toujours sous le pneu de leur auto!.
Alors, leur visite. finie, ils essaient de re-
vendre leur catalogue aux nouveaux arri-
vants. moins cher qu'au bureau'
Les temps sont si durs!
L
a légende de l'escalope.
A-t-on assez répété que Mme Lina
^.avaheri conseillait, pour perpétuer la
beauté du visage, de s'appliquer, la nuit,
des escalopes sur la figure?
Méthode économique, d'ailleurs!. On
pouvait manger les escalopes le lendemain.
Eh bien, tout ça, c'est des boniments
de journalistes! Mme Cavalieri déclarait
hier à un de nos amis qu'elle n'avait ja-
mais écrit pareille absurdité, propagée sans
doute à l'instigation de la Chambre syn-
dicale de la Boucherie, et que c'étaient les
journalistes américains qui étaient les grands
coupables. Et Mme Cavalieri déplore avec
quelle facilité certains publicistes forgent de
toutes pièces des légendes qui poursuivent
ensuite leurs victimes avec ténacité.
Immolons donc avec énergie la légende
de l'escalope sur l'autel de la vérité!
— Voyons, mon -entant,- vous paraissez triste,..
Qu'avez-vous ?
- Des dettes.
— Et si je vous les paie, qu'aurai-je, moi ?.
— Des dattes ;
M
uguet joli.
Le rid'eau vient de tomber sur le
dermer acte de Polyeucte. Ce ne sont qu ac-
clamations et rappels. Mme Segond-Weber,
Mounèt-Sully, Silvain, A. Lambert saluent,
souriant, et voici que les bouquets die mu-
guet ipLeuivent sur la scène. Sévère et Félix
se précipitent, se bousculent ; c'est à qui
offrira les premières fleurs à l'admirable
Pauline qu'on applaudit furieusement, et
qui remercie, remercie, très émue.
Ce fut dimanche, à la Comédie-Française,
une délicieuse petite scène très intime.
L
'école des directeurs.
On a profité de la reprise de Psyché
à l'Odéon, pour nous rappeler que cette
féerie avait été commandée par Louis XIV.
Mais,, ce que l'on sait moins, c'est
qu'une condition particulière imposait aux
auteurs l'emploi d'un, « Enfer », que le
grand Roi tenait en réserve dans son gar-
de-meuble, et qu'il voulait absolument uti-
liser.
N'est-il pas piquant de comparer le geste
d'Antoine, achevant sa ruine avec la mise
en scène de Psyché, et celui du roi ma-
gnifique faisant fabriquer une pièce pour
arriver à caser un vieux décor.
Racine proposa le sujet d'Orphée; Qui-
nault, celui de L'Enlèvement de Proserpine;
Molière s'attacha à celui de Psyché, qui
obtint la préférence. Mais l'idée de Ra-
cine fut recueillie. La Grange-Chancel ayant
souvent entendu son illustre confrère dire
à quel point le sujet d'Orphée lui parais-
sait propre au développement d'une pièce à
grand spectacle, sut s'en souvenir plus
tard, quand,il traita le sujet, à l'occasion
des fêtes du mariage de Louis XV.
Ce thème n'a pas laissé, .d'ailleurs, d'être
fréquemment exploité par les dramaturges,
à ce point que nous pourrions citer environ
une dizaine de pièces issues de l'histoire
d'Orphée. Ah! si Louit XIV avait pu savoir
que, de moutures en moutures, Orphée
était, capable d'user son Enfer jusqu'au
châssis, ce n'est pas Psyché qu'il eût
choisie !
E
légante « trois places ».
Le succès toujours croissant des voi-
tures « trots ipilaioes » si bien denommees
par les Usines Clémemt-Bayard : modèle de
« Monsieur, Madame et Bébé ». ont ame-
né celles-ci à créer sur le nouveau châssis
9 HP un élégant torpédo sportif à trois pla-
ces spacieuses. Renseignements aux Usines
de Levallois-Paris.
NOUVELLE A LA MAIN
Paupau a un ami qui est marguillier de-
sa paroisse.
— J'ai entendu dire qu'il est maquille
dans son église.
Le Masque de Verre.
Lire en troisième page :
LE THEATRE ET LES LETTRES
par Henri BACHEL'M.
Nous publierons lundi prochain le texte complet de
LA CHAINETTE -
Çoméfye en un acte, en vers,
de M. G. Dococois
LiCS AVANT-PREMIÈRES ('Palais=Royal.)
1
M. Georges Berr et "J'ose pas!"
La farce de caractère est à la comédie de caractère ce que la
caricature est au dessin M Les timides à la scène M De
Labiche à Georges Berr M Des mênies à la Ville.
M. Georges Berr est vaudevilliste, et
comme nul; mieux que lui, ne connaît ni
n'admire la comédie de caractère, il ne fait
pas, de ses quiproquos, le fond même
de ses pièces. Sans doute ne les repousse-
t-il pas ; mais il les admet comme moyens
de réjouissance et de gaieté. En un mot,
M. Georges Berr aime la farce et la base
sur le caractère.
Comment pourrait-il ne pas aimer le
vaudeville ainsi conçu? A la Comédie-Fran-
çaise, il excelle dans les rôles gais, dont
il a fait de remarquables créations. Il sut,
en lettré, apprécier le classique, où se ren-"
contrent des personnages comme Monsieur
de Pourceaugnac. Il a lui-même composé,
avec Gavault, ou Guillemaud, ou tout seul,
eorfibre de comédies bouffes. Il relit par-
fois Labiche, qui n'a cessé de fournir, sa
vie durant, aux théâtres de son époque, des
actes joyeux et parfois des comédies bouf-
fes de caractère.
Le Voyage de M. Perrichon, Le Merle
blanc, vingt autres pièces, sont burlesques,
et pourtant issues d'un personnage nette-
jfnejjt posé, réel, indiscutable, prêt à se lais-
ser développer aussi bien en comédie et en
drame qu'en farce.
On peut évidemment tout faire avec un
point de départ exact, avec une observation
réussie. Il y a quelques jours, la Comédie-
Française a décidé de mettre au répertoire
L'Indiscret, d'Edmond Sée, qui est bien
l'une de ses œuvres les plus solides.et qui
sera l'une des plus appréciées de son temps.
C'est la pièce type de caractère. *Son au-
teur l'a écrite en comédie pure. Il a joué
la difficulté. On ne peut comparer une piè-
ce faite de vérité, de mesure, de" tact lit-
téraire, d'intérêt subtil et de sobres lignes,
à un vaudeville. Pourtant son point de
départ, le caractère de l'Irrésolu, aurait pu
apparaître à un vaudevilliste comme une
raison de provoquer le rire par les résultats
inattendus qu'il en aurait tirés. Le vaude-
ville est plus facile. Il emprunte des moyens
factices, des trucs joyeux, des accessoires
mobiles et amusants; mais, par le seul fait
qu'il, est basé, lui aussi, sur une observa-
tion initiale exacte, il peut acquérir une va-
leur propre et même une réelle importance.
Il est, ainsi conçu, à la comédie, ce que la
caricature est au dessin.
La caricature est un art, soit lorsqu'elle
-devant une satire redoutable — une satire
vengeresse, comme on disait autréfois
soit lorsqu'elle met en lumière nos infirmi-
tés, physiques. Le théâtre a cet avantage
de pouvoir exposer nos infirmités morales,
telles que la timidité.
Le pièce de M. Georges Berr s'appelle :
J'ose pas!
Ce n'est pas la première fois qu'un timide
est mis à la scène. Labiche en a place
deux, à la fois, dans le même acte, qui, du
reste, a pour titre Les Deux Timides.
Il en a tiré des effets qui peuvent nous
paraître un peu vieillots, mais qui prouvent
qu'on peut, sous cette forme poussée et
tellement bouffe, faire de la comédie de ca-
caractère. J'en veux citer deux passages,
pour prouver par les textes l'exactitude de
mon appréciation, car il se trouvera beau-
coup de lecteurs pour affirmer qu'un vaude-
ville ne peut être autre chose qu'un vaude-
ville, au sens aujourd'hui classique .du mot:
D'abord, ce récit de l'avocat timide:
— Vous allez voir si je l'ai défendu! Le
grand JOUir arriva. Tous mes camarades étaient
à l'audience. J'avais préparé une plaidoirie
brillante. Je la savais par coeur. Tout à coup
un grand silence se fait. et le président me
dit, en m'adressant un geste bienveillant: —
« Avocat, vous avez la parole. » Je me lève,
je veux parler. impossible! Rien, pas un
mot! Pas un son ! Le tribunal me regardait, le
président' me répétait: — « Vous avez la pa-
role. » Je ne l'avais pas du tout ! Mon client
me criait : — « Allez donc, allez donc ! » En-
fin je fais un effort! Quelque chose d'inarti-
culé sort de mon gosier : — « Messieurs, je re-
commande le prévenu, à. toute La sévérité du
tribunal. » Et je retombe sur mon banc.
C'est de la comédie farce. Elle a été
vécue souvent. J'ai entendu un avocat, un
vrai, et aussi, je dois le dire un jeune,
perdre la tête, et terminer des explications
confuses, en disant:
— Car, dans ces conditions, messieurs,
que je m'assois dans mes conclusions!
Simple erreur. Il voulait évidemment ex-
primer cette idée qu'il persistait dans ses
conclusions. Mais l'effet de théâtre avait été
par lui trouvé.
Seulement, la pièce de Labiche devient
tout de même vaudeville, parce qu'un des
personnages se trouve être justement, et
d'une façon arbitraire, cet accusé que l'avo-
cat timide avait si curieusement défendu.
L'autre extrait que je cite est ce court
et rapide dialogue :
PRÉMISSIN
Je suis possédé d'une infirmée déplorable.
Je suds timide.
CÉCILE
Vous aussi ?
PRÉMISSIN
Mais timide jusqu'à l'idiotisme, jusqu'à l'im-
bécillité. Ainsi on me tuerait plutoî que de me
faire dire tout haut ce que je me dis tout bas
depuis trois mois. C'est-à-dire que je vous
aime! Que je vous adore! Que vous êtes un
ange.
CÉCILE
Mais il me semble que vous me le dites très
bien. -
PRÉMISSIN
Je vous l'ai dit! Oh pardon! Ça ne compte
fpas, ça m'a échappé. Je ne vous le dirai plus.
jamais. je vous le jure.
C'est une scène qui tient de la satire,
qui ridiculise le' travers du timide. C'est
aussi, il faut le reconnaître, une simplifi-
cation. La caricature n'a jamais fait autre
chose. Elle laisse dans l'ombre les détails
qui constituent pour chacun leur part de
vérité. Elle ne s'occupe que d'un ou deux
traits principaux ; elle les grossit démesu-
rément, elle les rend amusants et adonne
l'illusion d'une peinture totale, parce que
les demi-teintes, pourtant indispensables au
portrait, s'il devait être exact, sont oubliées
sans que rien les rappelle. La caricature et
avec elle le vaudeville de caractère, don-
nent un véritable schéma, spirituel et facile,
qui tient lieu de signalement.
M. Georges BERF
Ulern-f Marnu] 1
Cette farce basée sur le caractère que
M. Georges Berr tente une fois dt rki*
dans J'ose pas! après l'avoir mise en scène
dans tant d'autres pièces, telles que Le
Jeune Homme qui se tlle, on la rer<. entre
parmi les œuvres du dix-huitième qui al-
laient jusqu'à l'outrance souvent. C'est là
que l'on trouve à souhait des distrais des
menteurs, des glorieux, et des irrésolus,
qui tantôt ont donné, dans l'histoire de-la
littérature dramatique française, des comé-
dies de caractère, tantôt des farces 'c es
ractère dont ont été friandes les généra-
tions passées.
Celle d'aujourd'hui: la nôtre ne l'esr pas
moins. 'Elle aime le répertoire du Palais-
Royal, où M. Georges Berr aime aussi :
se retrouver.
Au fond, je crois bien que, s'il est vaude-
villiste, c'est aussi par timidité. Cet ex-
cellent artiste a trop connu les grands rôles
du répertoire, et les œuvres puissantes dont
il a été un des représentants sur scène.
Il n'a Pflsvoulu se risquer à atteindre-les
sommets. Il est resté sur le versant fleuri
de là colline. Et comme il y a réussi, il n'a
pas été plus avant. ,"
Ne.nous en plaignons pas. Les vaudevilles
de M. Georges Berr-sont empreints dlun
grand bon sens théâtral. Il connaît à mer-
veille l'art difficile de mouvoir des per
sennages dans le ridicule et la joie, parfois
aussi dans la note sentimentale et légère.
J'ose pas! met en scène un timide qui com-
plique tout ce qu'il touche, parce qu'il
n'ose pas. Dans la vie, on en rencontre
beaucoup qui font ainsi. Le malheur c'est
qu'ils sont beaucoup moins drôles que celui
dont M. Georges Berr va nous. omer
l'histoire.
PaulaAdi'ien Schayé.
A CA COMÉDIE DES CHAMPS-ÊLYSÊES
La Revue cordiale"
Trois actes de MM. Battaille=Henri, Jean Bastia et Jean 7Jeyrmon
Malgré quelques longueurs, cette revue
est intéressante, souvent bien écrite, et elle
a ce grand avantage de nous offrir quelques
visions esthétiques tout à fait remarquables.
Nous n'avons P.ilS eu le couplet vengeur
que nous attendions sur Caillaux, avec le
refrain qui semblait tout indiqué, de
Oi-a'ie Mamers,
par contre. le couturier Poiret nous a pré-
senté quelques costumes fantaisistes, d'une
valeur artistique véritablement surprenante.
Il s'agissait de mettre en scène, un enfer de
la mode. où se rencontraient le vice. le mau-
vais goût, la luxure, et d'autres personnes
de mœurs discutables pour qui notre cou-
turier à la mode a imaginé des costumes
de style qui réalisent une véritable inter-
prétation d'art.
M Ht 8PINILLV Ma,uuel;pbOt,)
•* • • Ifasraèi;. •*&«.)
C'est beaucoup mieux que les excentri-
cités habituelles que la mode nous offre, et
son « sadisme » vaut les plus curieuses
compositions de l'école anglaise d'il y a
vingt ans.
Il faudrait aussi vous parler de Vilbert,
qui a été étonnant dans certains rôles de
composition ; son imitation de Quinson est
déroutante; je ne sais pas si demain on ne
prendra pas Quinson pour Vilbert.
Mais tout cela concerne plutôt l'interpré-
tation que la critique, c'est le sort de la
plupart des revues.
Je me bornerai donc à vous énumérer les
scènes les plus amusantes:
Au premier acte, ce sera le railleur, en-
tendez le poseur de rails, qui viendra
exercer sa coupable industrie place Ven-
dôme, et creuser des trous en chantant une
tyrolienne appropriée. L'Arlésienne nous
parlera de l'Odéon et ce sera pour nous
une occasion de connaître enfin ce célèbre
personnage, inconnu au théâtre.
Nous reverrons avec plaisir une scène que
l'on nous a donnée déjà plusieurs fois, sur
les commis reproducteurs des grands ma-
gasins, et les soeurs du « petit enfant tout
nu » du savon Cadum, nous décriront leurs
malheurs familiaux, avec beaucoup de verve.
C'est enfin un pastiche de l'Aiglon, nous
montrant l'enfant du prince Victor élevé par
les Belges, malgré les efforts du gendarme
FJambart.
1 J faut citer encore l'Institut de Bonté,
qui nous montre Mirbeau, Thalamas. Balthy,
Abel Hermant. devenus bons, grâce à des
pilules merveiHeuses. et Emilienme d'Alen-
çon non .moins douce, parce qu'elle devient
bonne.
Au deuxième acte, un paywi dira son
fait à son député. Saint-Médard remerciera,
au nom de l'agriculture, une célèbre canta-
trice; le Greuze des boîtes d'allumettes re-
trouvera l'Indifférent de Waitfeau, et une
garden-party à l'Elysée en 1950 (H^brekorn
étant premier consul) nous permettra d'ad-
mirer une fois encore. de jolies innovations
de mode.
L'ambassadeur de Turquie nous appren-
dra que son pays. reculant toujours, s'est
réfugié en Guyane hollandaise.
Les Isola seront directeurs de l'Académie
hationaie de plastique, située au Moulin-
Rouge.
On n'oubliera pas enfin, ni Bergson, ni
Enghien, ni le roi George.
Tout cela est amusant, écrit avec esprit
et présente avec un luxe d'interprétation et
de costumas tourl lait exceptionnel.
P.w~~L
M VILBERT
i Pliotc- Bert, Parl5 }
L'interprétation
te soin avec lequel les moindres rotes d«
cette spirituelle revue furent distribuées •' fai'
honneur à M. Henri Beauliiem* Paris appifiudirs
longtemps un spectacle ■ où tant d'nnferprpremier ordre se trouvent réunis.
Le grand attrait, c'était 'hier lie ,retvu,r été
dieux transfuges au genre qui fit leur succès :
,Viil,bert. et Sipinelly. Mads il y avait encore- l irhfé-
fêt que: présentait la transforrnarim invendue
de comédiens, voire de tragédiens en ■? :-:isres
de music-hall. Le résultat de l'épreuve f)~ sur-
prenant. Et la troupe de ,la Cornée, des
Champs-EJysees fit valoir avec entrain ".»uvre
malicieuse de trois hommes d'esprit.
Vilbert fut étonnant. Dès la première >c-.:-ne,
il donna l'exemple de ce que peuvent i, h.-IiEer
l'aisance et la sûreté d'un artiste tel que lui.
Sa fantaisie alerte, sa gaîté débordante e: ,'£nv-
Jière, sa verve méridionale et bon en fan», wi-
mèrent le tableau satirioue du diueii-réclame Par
ses gestes, ses attitudes, ce brio taipageuc q.'ii
lui est personnel, il créa une aitmosphène- ae
joie. 11 faut le louer, en outre, d'avoir su
si 'bien (pastiiteher le .personnage q u'il imi tai r La
copie est surprenante. Après avoir vu un M.
Quinson qui ressemble tellement au vrai que
l'on eût pu s'y méprendre, noMs avons applaudi
lune rpamid-ie de Guittrs); dans Péta-rd. le
,fant.a.iS'ie. de Vilbert se donne surtout libre cours
dans les rôLes de Flambeau, sergot d!>i:n cimi-
viinisme lyriKjue et savoureux, et de Ph v: :?srdek
.larbin féru de bergsondsme et qui trayj«tii les
termes complexes du langage philosophai*.-, «vec
une imajginatèon) qari rendmit Pauipau ajouse.
Sa diamse fiooWe, en compagnie de Mie SpineUy,
est d'une drôlerie irrésistible.
Mlle Sipineàliy nous est rfevemue un .peu Jm-
presséemoée de son dramaîi4u«e voyage &1; rwvs
du Ttaogo. Bitte t: joué ce&sûnes ècèocé jntf
Rédacteur en Chef: o. do PAWLOWSKI
Iè AN'NÉE:: No' 24ÔS — te N° 5 céhh
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
e7, Boulevard Poissonnière, PARIS
■ D*C
ABONNEMENTS
UN AN e MO"
Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
ttranger 40 d 20.
- Il
j&iïotm&j, — MERCREDI 6 MAI V914
- - ~O'
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
1
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE
2 lignes
Rédaction. CENTRAL 88-07
Administration. LOUVRE 18-06
Adresse Télégraphique : C0MŒD1 A.PARIS
*^eetje Oldema
QUATORZIÈME RÉCIT
î^e différence de vie!. J'allais tous
rS POser, mais, après, j'entrais dans
notre aPPartement bien tenu, où j'étais
seule. Pas de bruit autour de moi. et où
le pUVa^s ^re sans être distraite. Alors,
je m'en donnais, de la lecture.
dîner Six heures, on me montait mon petit
dîner s!jr un plateau couvert d'une ser-
Viette. .11 me coûtait un franc cinquante.
Les Jours que je ne posais pas, je dé-
jeu éflais àidi de deux petites tasses de
£Qf , qu-e jeme préparais dans une ma-
ChI, rle nnoise, de deux petits pains et de
viangt. centimes de jambon ou de fro-
tïagç ers trois heures, dans ma plus belle
.toRi, ette -,allais me promener Montagne de
l r.
drojf ^°ntagne de la Cour d'alors était l'en-
droit mOu, en hiver, les femmes de tous
mn~ et de toutes les conditions se
Paient aux mêmes heures, entre trois
tt cinq POur faire leurs emplettes ou pour
Prom ner et se dévisager. Les hommes
la f P Us rares.
U fmrne y était chez elle. Tous les
^SasirS^e robes, de chapeaux, de linge-
ileght de fourrures, de bijouterie, les ma-
raussures de luxe, étaient agglo-
i^és a"s cette vieille rue en pente. On
\desC(i. cette vieille rue en pente. On
tsce ait, et, par la rue de la Made-
Q n Passait jusqu'au « Passage » ;
un remontait. Prendre le thé était
inco rinu L?n allait tout au Plus manger un
tttt e pouce chez B.-ias, au Can-
pou,, n, et encore. Moi, surtout, je ne le
v y et encore. Moi, surtout, je ne le
» tre Pas, n'ayant pas assez d'argent. Il
o etait nte ans, à Bruxelles, quand on ne
.,a 'toit £D *s Promené Montagne de la Cour,
J et P
Je jjjL^ Pas sorti.
- ^s' quand, jeune, jolie et bien
te, je me baladais dans ce milieu élé-
et lnt'me î car, intime, elle l'était, la
sait sa.nne de la Cour, et on se reconnais-
SaU se connaître.
y°s cette petite, avec ses cheveux
tndule.s, elle doit être étrangère, disaient des
pHies en me dévisageant. On baisse peu
a voix en me dévisageant. On baisse peu
tour erl Belgique.
IOllrrur h! voilà cette dame avec ses belles
bedescees, Pensais-je, et l'on remontait et
eUres ndalt inlassablement, jusqu'à cinq
h Plus tard.
, Je n-a
r qu' à fermer les yeux pour revoir
^bul er> frivoles et épaisses, en leurs
°bes »
j6s caDf.§r°sse tournure et avec leurs peti-
nouées de côté sous le menton,
■ ^raîches et replètes, le regard
• s- la bouche gonflée vers les plus
:es et s JOUissances. Leurs silhouettes frus-
|6S et Coureuses passent et repassent. Je
îw Vois entrer dans des magasins que je
- dans des magasins que je
r^ais ^numérer, des deux côtés de la i
dpn s la Place Royale jusqu'au Can.
J altlten --'
a t, tôut est démoh.
J'ai et u aussi grandir et vieillir des hom-
çs et des femmes que je n'ai jamais
QOntrés Htrement que pour les avoir ren-
d es tres ans la ville. La petite fille, avec
enir je ses SUr le dos, je la voyais de-
sur ^os' v°yais de-
r ieu fille, puis se promener avec
&a ^èrç e.^ le fiancé de l'autre côté, puis-
jj l jfie jh
~e rnariée. enceinte. ensuite avec des
bebés plus tard, la taille élégante s'épais-
SÎ Ssait et les cheveux grisonnaient : je la
trOVais r les cheveux grisonnaient : je la
noncer à la coquetterie et se
tt4 sfor er a la bonne franquette.
t les h
bil ierlt F10165 Qui- presque gosses, m'ad-
it Cs en me disant des ama-
Jbiijjés e assant, j'ai vu pousser leur pre-
ba Puis leur ventre. Il en est
Prpu*s ^eur ventre- Il en est
te eSsion d ant quinze ans, avaient une ex-
essi°n
rec°ntrai e contentement quand ils me
~~aicp et qui, tout doucement, ont
Q' 'ai Côté de moi sans plus me voir.
CU ainsi de la vie de beaucoup
re an de Bruxelles, sans cependant
e tios , natures aient fusionné; je suis
A de rangère à leurs goûts et à leur
e. de sentir, et eux ne m'ont jamais
D'Us ersor'Ill n'a aimé Bruxelles d'une façon 1
~Ol1\1ern claIe que moi. J'aimais la ville, son
xih D§ et ses rues, jusqu'à ses petits
mais, dès que je faisais la
ance de gens de n'importe quel
si surprise. Nous nous sen-
ti¡ St fait Irérents que jamais le contact ne
1 alt' 1-es rares amies que j'ai eues ne
t ea'tlient pas comme leurs amies bel-
iw et Mo* je n'ai jamais su me donner,
tté :nOI, Je n'ai jamais su me donner,
cei ê to désir que j'en ai eu, car
vOir U e le grand désir de ma vie,
ne a
t °>r ,Ultne amie.
(a
'1 ~\t' soir * *
je nous restions chez nous; nous
)e l<>ns a' cun besoin de sortir, et, quand
1a s'une ISais de la bière chaude avec des
la s> une
une rlcette nationale d'Eitel, il avait
no<îtDi^tre dans son pays, disait-il,
fle- passait dans ses beaux
CeHiflins V" a's> vite, pour dissiper cette
gr. àttais des deux mains dou-
Q tir ses cheveux blond lin, et,
?® un p °d chat, il soupirait et fermait
les Paupières, de bien-être. Lui me
l1 Peu Ude.chatteries.
C maintenant la plupart des
n?es c6Z des amis. Alors, je retapais
Sl,rtQ Ut ie iio
ttraju tDU refaisais mes robes, mais
vlisais.
Pas^3?^^ a la propriétaire si elle
ait pas e livres à me prêter. Elle me
du ~p des journaux de modes
de du p fnier des journaux de modes
il n ioçi à 1865, et presque tout
rWi«?e- Moii- lfre! je l'ai lu d'un trait, et
ÎSt t cOm lettre morte pour moi. Je le
XBVlS' corrim un cerveau de vingt ans
6;.]e sentis, sous la for-
k le/an§e poilr mOI, la vie et la vérité.
ancien!i l°Urnâux de modes m'ont
^ent ren.
%ait rnent je r Un grand service. Quand,
uard- ie us les Goncourt, j'ai vu
leur be_ proï, es se rIlOuvoir dans leur atours;
ceps K, ^ENÉE M mouvoir dans leur atours;
j, QI , 'Vu ~enee mauperin, dans sa robe de
âNinrnc qui hon robe de
res«: autoûr d'elle. Le
6®- Denn; m'a toujours vivement
qu'il ..-
;ft?rce r,il faj s, } ai compris que c'est
d. Partie de notre mentalité,
le d* let2 nosoestes et nos atti-
î e r es paysa nDs gestes et nos atti-
~e? coiffes tnes zélandaises, à cause
'd leUrs coi ffes, tournent la tête comme les
tableau' chiques, et leur mas-
2Up0ns leç °buh.ge à se retourner
tn KPlètment Pcur regarder derrière elles.
,- derrière elles.
P0ur av°'r des livres à ma disposition,
çh re 6 s des ^C0uvertes étonnantes.
aborin a, de lecture : là
fce étonnantes.
ler, * dernàand,des livres sérieux; je dois
4bi« "^-o«un I L1,eCoyt a?uui' me comprit si
, Pfaî §râce si
tar,, eut m initier à ce
rn en écrivons
pendant le dix-neuvième siècle, et comme,
en lecture ainsi qu'en musique, je vois réel-
lement, avec des couleurs et des parfums,
les gens et les choses, j'ai vécu, en com-
pagnie des duchesses de Balzac, des après-
midi de dimanche somptueux. j'allais jus-
qu'à respirer l'air confiné de leurs appar-
tements.
Ceux que je n'ai pas compris où goû-
tés alors, je les ai goûtés plus tard. A
tous, je dois une partie de l'évolution lente,
mais sûre, qui s'est accomplie en moi.
Je n'avais d'autre guide que cet employé.
— Voilà, Madame, Les Filles de Feu; ou
« Je vous ai gardé Mauprat »; ou « Voici
La Cousine Bette. Vous n'allez pas en
dormir. »
Les dimanches matin, je me rendais sou-
vent au Vieux-Marché. Les étals de livres
me retenaient surtout, et voilà qu'un jour,
je trouve-Les Confessions, de Jean-Jacques,
J'en lus une page devant l'étal.
— Combien ce livre?
— Un franc cinquante, parce que c'est
vous.
Je prends le bouquin, et, en marchant,
commence à le lire ; arrivée au Parc, je
m'assieds sur un banc. Je rentrai une heure
trop tard pour le dîner.
Jamais aucun livre ne m'a tant remuée.
Il avait eu de la misère comme moi; il
avait été mercenaire comme moi ; il avait
vécu de charité comme moi. et chez Mme
de Warens, n'avait-il pas dû tout accepter
de ses mains?.
Il y avait donc eu des misérables qui
avaient osé parler et ne pas cacher leurs
souffrances et leur avilissement volontaire!
Puis, est-ce un avilissement, quand on a été
contraint? Est-ce que l'avilissement ne vient
pas d'actes volontaires et choisis?
Je marchais de long en large dans mon
appartement, le bouquin pressé sur ma poi-
trine, divaguant, et lui demandant si, moi,
j'avais mal fait en donnant mon corps en
pâture pour nourrir les petits chez nous.
Quand mon ami rentra, vers minuit, il
me trouva la fièvre au visage.
Tu te fausses à tant lire, et ce Jean-
Jacques était un cynique d'étaler ainsi ses
hontes.
— Imbécile, murmurai-je, et vous donc,
qui m'avez dit tout crûment que vous ne
me preniez que comme un jouet!.
Neel DOFF
Nous publierons demain un article de
ERNEST GAUBERT
Échos
Voir, en tête des informations, Jet Spectacles
nouveaux de la tournée.
s
~s projets:
M. Emile Fabre qui a été ai copieu-
sement interviewé au début die l'a crise
odéonienne, n'a du moins pas interrompu
pour cela ses travaux d'auteur dramatique.
L'auteur des Ventres dorés .travaille ac-
tuellement à une pièce nouvelUe. Mais on
sait avec quel souci de précision et quelle
louable volonté de ne rien baisser au hasard
M. Emile Fabre accumule ses documents
et poursuit ses enquêtes : La Vie publique,
Les Sauterelles en sont d'éclatants témoi-
gnages.
Son œuvre nouvelle va iui coûter un la-
beur patient et obstiné.
Et voilà pourquoi il n'espère pas qu'eUe
pounra être jouée avant deux années au
moins.
L
'Odéon et les étudiants.
La sympathie qui unit l,a jeunesse
studieuse du Quartier Latin au grand théâ-
tre de la rive gauche est traditionnelle: à
preuve la courtoisie dont usa un des prédé-
cesseurs de MM. Antoine et Paul Gavault
en 1830.
L'Odéon avait représente Christine à
Fontainebleau, drame sensationnel de Fré-
déric SouNé. Est-ce à cause du nom, cher
aux X, de la ville où la reine Christine pas-
sa des jours agités? Toujours est-il que les
polytechniciens avaient témoigné une grandie
envie de voir la pièce mouveUe.
Et comme l'heure de rentrée à l'Ecole
n'eût ipas permis aux Pipos de rester jusqu'à
la fin, une députation d'élèves vint deman-
der au directeur de commencer à six heu-
res au lieu de sept.
Celui-ci. se fit un plaisir de s'exécuter.
p
our des prudçs.
Il y a, de temps à autre, au théâ-
tre comme en littérature, une vague de
pudeur, qui vient on ne sait d'où, mena-
çante, implacable ; elle semble devoir tout
emporter, jusqu'à ce qu'on s'aperçoive,
après qu'elle est passée, qu'elle n'a, en
somme, rien bouleversé, et qu'il ne reste
de sa grande colère qu'un peu d'écume.
Un des plus curieux phénomènes de ce
genre qu'il fut permis d'observer, se place
en 1773, époque qui ne se recommande
pourtant pas comme un temps voué spécia-
lement à la pudibonderie.
Il était question de donner à la Cour,
pendant certain voyage à Fontainebleau, Le
Cocu imaginaire. Mais le titre apparut tout
à coup infiniment choquant pour.les oreilles
chastes des nobles dames, les mêmes qui,
d'ailleurs, dans les théâtres de société, se
divertissaient sans vergogne aux .polisson-
neries de M. Collé.
Par ordre du roi, Le Cocu imaginaire fut
affiché sous le titre de Fausses allarmes
(sic), et, ainsi, encore une fois, la morale
fut sauvée.
Louis XV s'était trouvé là pour mettre
une feuille de vigne à Molière. On ne s'at-
tendait tout de même pas à le trouver dans
cette affaire.
L
a vie chère!
Pendant les premiers mois de son
installation, le musée Jacquemarr-Anare ne
reçut guère de visiteurs. C'est que, pour
aller admirer les chefs-d'œuvre légués à
l'Institut de France, il fallait se familia-
riser avec le chemin du boulevard Hauss-
mann.
Maintenant; on le connaît! Dimanche,
jour de visite gratuite, quantité d automo-
biles ont amené devant l'ancienne résidence
(Je Mme André de nombreuses élégances
parisiennes ret beaucoup d'étrangers.
On ne paie rien en entrant. Pourtant, on
ne peut apprécier toutes les merveilles ex-
posées sans posséder un catalogue, lequel
coûte deux francs.
Chaque visiteur fait. cette acquisition ;
c'est indispensable. Mais, dans ce public
d'apparence si aristocratique, il y a des gens
qui trouvent certainement que la vie -est
si chère que deux francs ne se trouvent pas
toujours sous le pneu de leur auto!.
Alors, leur visite. finie, ils essaient de re-
vendre leur catalogue aux nouveaux arri-
vants. moins cher qu'au bureau'
Les temps sont si durs!
L
a légende de l'escalope.
A-t-on assez répété que Mme Lina
^.avaheri conseillait, pour perpétuer la
beauté du visage, de s'appliquer, la nuit,
des escalopes sur la figure?
Méthode économique, d'ailleurs!. On
pouvait manger les escalopes le lendemain.
Eh bien, tout ça, c'est des boniments
de journalistes! Mme Cavalieri déclarait
hier à un de nos amis qu'elle n'avait ja-
mais écrit pareille absurdité, propagée sans
doute à l'instigation de la Chambre syn-
dicale de la Boucherie, et que c'étaient les
journalistes américains qui étaient les grands
coupables. Et Mme Cavalieri déplore avec
quelle facilité certains publicistes forgent de
toutes pièces des légendes qui poursuivent
ensuite leurs victimes avec ténacité.
Immolons donc avec énergie la légende
de l'escalope sur l'autel de la vérité!
— Voyons, mon -entant,- vous paraissez triste,..
Qu'avez-vous ?
- Des dettes.
— Et si je vous les paie, qu'aurai-je, moi ?.
— Des dattes ;
M
uguet joli.
Le rid'eau vient de tomber sur le
dermer acte de Polyeucte. Ce ne sont qu ac-
clamations et rappels. Mme Segond-Weber,
Mounèt-Sully, Silvain, A. Lambert saluent,
souriant, et voici que les bouquets die mu-
guet ipLeuivent sur la scène. Sévère et Félix
se précipitent, se bousculent ; c'est à qui
offrira les premières fleurs à l'admirable
Pauline qu'on applaudit furieusement, et
qui remercie, remercie, très émue.
Ce fut dimanche, à la Comédie-Française,
une délicieuse petite scène très intime.
L
'école des directeurs.
On a profité de la reprise de Psyché
à l'Odéon, pour nous rappeler que cette
féerie avait été commandée par Louis XIV.
Mais,, ce que l'on sait moins, c'est
qu'une condition particulière imposait aux
auteurs l'emploi d'un, « Enfer », que le
grand Roi tenait en réserve dans son gar-
de-meuble, et qu'il voulait absolument uti-
liser.
N'est-il pas piquant de comparer le geste
d'Antoine, achevant sa ruine avec la mise
en scène de Psyché, et celui du roi ma-
gnifique faisant fabriquer une pièce pour
arriver à caser un vieux décor.
Racine proposa le sujet d'Orphée; Qui-
nault, celui de L'Enlèvement de Proserpine;
Molière s'attacha à celui de Psyché, qui
obtint la préférence. Mais l'idée de Ra-
cine fut recueillie. La Grange-Chancel ayant
souvent entendu son illustre confrère dire
à quel point le sujet d'Orphée lui parais-
sait propre au développement d'une pièce à
grand spectacle, sut s'en souvenir plus
tard, quand,il traita le sujet, à l'occasion
des fêtes du mariage de Louis XV.
Ce thème n'a pas laissé, .d'ailleurs, d'être
fréquemment exploité par les dramaturges,
à ce point que nous pourrions citer environ
une dizaine de pièces issues de l'histoire
d'Orphée. Ah! si Louit XIV avait pu savoir
que, de moutures en moutures, Orphée
était, capable d'user son Enfer jusqu'au
châssis, ce n'est pas Psyché qu'il eût
choisie !
E
légante « trois places ».
Le succès toujours croissant des voi-
tures « trots ipilaioes » si bien denommees
par les Usines Clémemt-Bayard : modèle de
« Monsieur, Madame et Bébé ». ont ame-
né celles-ci à créer sur le nouveau châssis
9 HP un élégant torpédo sportif à trois pla-
ces spacieuses. Renseignements aux Usines
de Levallois-Paris.
NOUVELLE A LA MAIN
Paupau a un ami qui est marguillier de-
sa paroisse.
— J'ai entendu dire qu'il est maquille
dans son église.
Le Masque de Verre.
Lire en troisième page :
LE THEATRE ET LES LETTRES
par Henri BACHEL'M.
Nous publierons lundi prochain le texte complet de
LA CHAINETTE -
Çoméfye en un acte, en vers,
de M. G. Dococois
LiCS AVANT-PREMIÈRES ('Palais=Royal.)
1
M. Georges Berr et "J'ose pas!"
La farce de caractère est à la comédie de caractère ce que la
caricature est au dessin M Les timides à la scène M De
Labiche à Georges Berr M Des mênies à la Ville.
M. Georges Berr est vaudevilliste, et
comme nul; mieux que lui, ne connaît ni
n'admire la comédie de caractère, il ne fait
pas, de ses quiproquos, le fond même
de ses pièces. Sans doute ne les repousse-
t-il pas ; mais il les admet comme moyens
de réjouissance et de gaieté. En un mot,
M. Georges Berr aime la farce et la base
sur le caractère.
Comment pourrait-il ne pas aimer le
vaudeville ainsi conçu? A la Comédie-Fran-
çaise, il excelle dans les rôles gais, dont
il a fait de remarquables créations. Il sut,
en lettré, apprécier le classique, où se ren-"
contrent des personnages comme Monsieur
de Pourceaugnac. Il a lui-même composé,
avec Gavault, ou Guillemaud, ou tout seul,
eorfibre de comédies bouffes. Il relit par-
fois Labiche, qui n'a cessé de fournir, sa
vie durant, aux théâtres de son époque, des
actes joyeux et parfois des comédies bouf-
fes de caractère.
Le Voyage de M. Perrichon, Le Merle
blanc, vingt autres pièces, sont burlesques,
et pourtant issues d'un personnage nette-
jfnejjt posé, réel, indiscutable, prêt à se lais-
ser développer aussi bien en comédie et en
drame qu'en farce.
On peut évidemment tout faire avec un
point de départ exact, avec une observation
réussie. Il y a quelques jours, la Comédie-
Française a décidé de mettre au répertoire
L'Indiscret, d'Edmond Sée, qui est bien
l'une de ses œuvres les plus solides.et qui
sera l'une des plus appréciées de son temps.
C'est la pièce type de caractère. *Son au-
teur l'a écrite en comédie pure. Il a joué
la difficulté. On ne peut comparer une piè-
ce faite de vérité, de mesure, de" tact lit-
téraire, d'intérêt subtil et de sobres lignes,
à un vaudeville. Pourtant son point de
départ, le caractère de l'Irrésolu, aurait pu
apparaître à un vaudevilliste comme une
raison de provoquer le rire par les résultats
inattendus qu'il en aurait tirés. Le vaude-
ville est plus facile. Il emprunte des moyens
factices, des trucs joyeux, des accessoires
mobiles et amusants; mais, par le seul fait
qu'il, est basé, lui aussi, sur une observa-
tion initiale exacte, il peut acquérir une va-
leur propre et même une réelle importance.
Il est, ainsi conçu, à la comédie, ce que la
caricature est au dessin.
La caricature est un art, soit lorsqu'elle
-devant une satire redoutable — une satire
vengeresse, comme on disait autréfois
soit lorsqu'elle met en lumière nos infirmi-
tés, physiques. Le théâtre a cet avantage
de pouvoir exposer nos infirmités morales,
telles que la timidité.
Le pièce de M. Georges Berr s'appelle :
J'ose pas!
Ce n'est pas la première fois qu'un timide
est mis à la scène. Labiche en a place
deux, à la fois, dans le même acte, qui, du
reste, a pour titre Les Deux Timides.
Il en a tiré des effets qui peuvent nous
paraître un peu vieillots, mais qui prouvent
qu'on peut, sous cette forme poussée et
tellement bouffe, faire de la comédie de ca-
caractère. J'en veux citer deux passages,
pour prouver par les textes l'exactitude de
mon appréciation, car il se trouvera beau-
coup de lecteurs pour affirmer qu'un vaude-
ville ne peut être autre chose qu'un vaude-
ville, au sens aujourd'hui classique .du mot:
D'abord, ce récit de l'avocat timide:
— Vous allez voir si je l'ai défendu! Le
grand JOUir arriva. Tous mes camarades étaient
à l'audience. J'avais préparé une plaidoirie
brillante. Je la savais par coeur. Tout à coup
un grand silence se fait. et le président me
dit, en m'adressant un geste bienveillant: —
« Avocat, vous avez la parole. » Je me lève,
je veux parler. impossible! Rien, pas un
mot! Pas un son ! Le tribunal me regardait, le
président' me répétait: — « Vous avez la pa-
role. » Je ne l'avais pas du tout ! Mon client
me criait : — « Allez donc, allez donc ! » En-
fin je fais un effort! Quelque chose d'inarti-
culé sort de mon gosier : — « Messieurs, je re-
commande le prévenu, à. toute La sévérité du
tribunal. » Et je retombe sur mon banc.
C'est de la comédie farce. Elle a été
vécue souvent. J'ai entendu un avocat, un
vrai, et aussi, je dois le dire un jeune,
perdre la tête, et terminer des explications
confuses, en disant:
— Car, dans ces conditions, messieurs,
que je m'assois dans mes conclusions!
Simple erreur. Il voulait évidemment ex-
primer cette idée qu'il persistait dans ses
conclusions. Mais l'effet de théâtre avait été
par lui trouvé.
Seulement, la pièce de Labiche devient
tout de même vaudeville, parce qu'un des
personnages se trouve être justement, et
d'une façon arbitraire, cet accusé que l'avo-
cat timide avait si curieusement défendu.
L'autre extrait que je cite est ce court
et rapide dialogue :
PRÉMISSIN
Je suis possédé d'une infirmée déplorable.
Je suds timide.
CÉCILE
Vous aussi ?
PRÉMISSIN
Mais timide jusqu'à l'idiotisme, jusqu'à l'im-
bécillité. Ainsi on me tuerait plutoî que de me
faire dire tout haut ce que je me dis tout bas
depuis trois mois. C'est-à-dire que je vous
aime! Que je vous adore! Que vous êtes un
ange.
CÉCILE
Mais il me semble que vous me le dites très
bien. -
PRÉMISSIN
Je vous l'ai dit! Oh pardon! Ça ne compte
fpas, ça m'a échappé. Je ne vous le dirai plus.
jamais. je vous le jure.
C'est une scène qui tient de la satire,
qui ridiculise le' travers du timide. C'est
aussi, il faut le reconnaître, une simplifi-
cation. La caricature n'a jamais fait autre
chose. Elle laisse dans l'ombre les détails
qui constituent pour chacun leur part de
vérité. Elle ne s'occupe que d'un ou deux
traits principaux ; elle les grossit démesu-
rément, elle les rend amusants et adonne
l'illusion d'une peinture totale, parce que
les demi-teintes, pourtant indispensables au
portrait, s'il devait être exact, sont oubliées
sans que rien les rappelle. La caricature et
avec elle le vaudeville de caractère, don-
nent un véritable schéma, spirituel et facile,
qui tient lieu de signalement.
M. Georges BERF
Ulern-f Marnu] 1
Cette farce basée sur le caractère que
M. Georges Berr tente une fois dt rki*
dans J'ose pas! après l'avoir mise en scène
dans tant d'autres pièces, telles que Le
Jeune Homme qui se tlle, on la rer<. entre
parmi les œuvres du dix-huitième qui al-
laient jusqu'à l'outrance souvent. C'est là
que l'on trouve à souhait des distrais des
menteurs, des glorieux, et des irrésolus,
qui tantôt ont donné, dans l'histoire de-la
littérature dramatique française, des comé-
dies de caractère, tantôt des farces 'c es
ractère dont ont été friandes les généra-
tions passées.
Celle d'aujourd'hui: la nôtre ne l'esr pas
moins. 'Elle aime le répertoire du Palais-
Royal, où M. Georges Berr aime aussi :
se retrouver.
Au fond, je crois bien que, s'il est vaude-
villiste, c'est aussi par timidité. Cet ex-
cellent artiste a trop connu les grands rôles
du répertoire, et les œuvres puissantes dont
il a été un des représentants sur scène.
Il n'a Pflsvoulu se risquer à atteindre-les
sommets. Il est resté sur le versant fleuri
de là colline. Et comme il y a réussi, il n'a
pas été plus avant. ,"
Ne.nous en plaignons pas. Les vaudevilles
de M. Georges Berr-sont empreints dlun
grand bon sens théâtral. Il connaît à mer-
veille l'art difficile de mouvoir des per
sennages dans le ridicule et la joie, parfois
aussi dans la note sentimentale et légère.
J'ose pas! met en scène un timide qui com-
plique tout ce qu'il touche, parce qu'il
n'ose pas. Dans la vie, on en rencontre
beaucoup qui font ainsi. Le malheur c'est
qu'ils sont beaucoup moins drôles que celui
dont M. Georges Berr va nous. omer
l'histoire.
PaulaAdi'ien Schayé.
A CA COMÉDIE DES CHAMPS-ÊLYSÊES
La Revue cordiale"
Trois actes de MM. Battaille=Henri, Jean Bastia et Jean 7Jeyrmon
Malgré quelques longueurs, cette revue
est intéressante, souvent bien écrite, et elle
a ce grand avantage de nous offrir quelques
visions esthétiques tout à fait remarquables.
Nous n'avons P.ilS eu le couplet vengeur
que nous attendions sur Caillaux, avec le
refrain qui semblait tout indiqué, de
Oi-a'ie Mamers,
par contre. le couturier Poiret nous a pré-
senté quelques costumes fantaisistes, d'une
valeur artistique véritablement surprenante.
Il s'agissait de mettre en scène, un enfer de
la mode. où se rencontraient le vice. le mau-
vais goût, la luxure, et d'autres personnes
de mœurs discutables pour qui notre cou-
turier à la mode a imaginé des costumes
de style qui réalisent une véritable inter-
prétation d'art.
M Ht 8PINILLV Ma,uuel;pbOt,)
•* • • Ifasraèi;. •*&«.)
C'est beaucoup mieux que les excentri-
cités habituelles que la mode nous offre, et
son « sadisme » vaut les plus curieuses
compositions de l'école anglaise d'il y a
vingt ans.
Il faudrait aussi vous parler de Vilbert,
qui a été étonnant dans certains rôles de
composition ; son imitation de Quinson est
déroutante; je ne sais pas si demain on ne
prendra pas Quinson pour Vilbert.
Mais tout cela concerne plutôt l'interpré-
tation que la critique, c'est le sort de la
plupart des revues.
Je me bornerai donc à vous énumérer les
scènes les plus amusantes:
Au premier acte, ce sera le railleur, en-
tendez le poseur de rails, qui viendra
exercer sa coupable industrie place Ven-
dôme, et creuser des trous en chantant une
tyrolienne appropriée. L'Arlésienne nous
parlera de l'Odéon et ce sera pour nous
une occasion de connaître enfin ce célèbre
personnage, inconnu au théâtre.
Nous reverrons avec plaisir une scène que
l'on nous a donnée déjà plusieurs fois, sur
les commis reproducteurs des grands ma-
gasins, et les soeurs du « petit enfant tout
nu » du savon Cadum, nous décriront leurs
malheurs familiaux, avec beaucoup de verve.
C'est enfin un pastiche de l'Aiglon, nous
montrant l'enfant du prince Victor élevé par
les Belges, malgré les efforts du gendarme
FJambart.
1 J faut citer encore l'Institut de Bonté,
qui nous montre Mirbeau, Thalamas. Balthy,
Abel Hermant. devenus bons, grâce à des
pilules merveiHeuses. et Emilienme d'Alen-
çon non .moins douce, parce qu'elle devient
bonne.
Au deuxième acte, un paywi dira son
fait à son député. Saint-Médard remerciera,
au nom de l'agriculture, une célèbre canta-
trice; le Greuze des boîtes d'allumettes re-
trouvera l'Indifférent de Waitfeau, et une
garden-party à l'Elysée en 1950 (H^brekorn
étant premier consul) nous permettra d'ad-
mirer une fois encore. de jolies innovations
de mode.
L'ambassadeur de Turquie nous appren-
dra que son pays. reculant toujours, s'est
réfugié en Guyane hollandaise.
Les Isola seront directeurs de l'Académie
hationaie de plastique, située au Moulin-
Rouge.
On n'oubliera pas enfin, ni Bergson, ni
Enghien, ni le roi George.
Tout cela est amusant, écrit avec esprit
et présente avec un luxe d'interprétation et
de costumas tourl lait exceptionnel.
P.w~~L
M VILBERT
i Pliotc- Bert, Parl5 }
L'interprétation
te soin avec lequel les moindres rotes d«
cette spirituelle revue furent distribuées •' fai'
honneur à M. Henri Beauliiem* Paris appifiudirs
longtemps un spectacle ■ où tant d'nnferpr
Le grand attrait, c'était 'hier lie ,retvu,r été
dieux transfuges au genre qui fit leur succès :
,Viil,bert. et Sipinelly. Mads il y avait encore- l irhfé-
fêt que: présentait la transforrnarim invendue
de comédiens, voire de tragédiens en ■? :-:isres
de music-hall. Le résultat de l'épreuve f)~ sur-
prenant. Et la troupe de ,la Cornée, des
Champs-EJysees fit valoir avec entrain ".»uvre
malicieuse de trois hommes d'esprit.
Vilbert fut étonnant. Dès la première >c-.:-ne,
il donna l'exemple de ce que peuvent i, h.-IiEer
l'aisance et la sûreté d'un artiste tel que lui.
Sa fantaisie alerte, sa gaîté débordante e: ,'£nv-
Jière, sa verve méridionale et bon en fan», wi-
mèrent le tableau satirioue du diueii-réclame Par
ses gestes, ses attitudes, ce brio taipageuc q.'ii
lui est personnel, il créa une aitmosphène- ae
joie. 11 faut le louer, en outre, d'avoir su
si 'bien (pastiiteher le .personnage q u'il imi tai r La
copie est surprenante. Après avoir vu un M.
Quinson qui ressemble tellement au vrai que
l'on eût pu s'y méprendre, noMs avons applaudi
lune rpamid-ie de Guittrs); dans Péta-rd. le
,fant.a.iS'ie. de Vilbert se donne surtout libre cours
dans les rôLes de Flambeau, sergot d!>i:n cimi-
viinisme lyriKjue et savoureux, et de Ph v: :?srdek
.larbin féru de bergsondsme et qui trayj«tii les
termes complexes du langage philosophai*.-, «vec
une imajginatèon) qari rendmit Pauipau ajouse.
Sa diamse fiooWe, en compagnie de Mie SpineUy,
est d'une drôlerie irrésistible.
Mlle Sipineàliy nous est rfevemue un .peu Jm-
presséemoée de son dramaîi4u«e voyage &1; rwvs
du Ttaogo. Bitte t: joué ce&sûnes ècèocé jntf
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