Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1927-09-07
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 septembre 1927 07 septembre 1927
Description : 1927/09/07 (A21,N5358). 1927/09/07 (A21,N5358).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7651218x
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
J-1*ANNEE. — N° 5358. Il LE NUMÉRO : C.lNQUANTE. ÇMTIVEB 51, rue ^ainUCreorge^ jél.: Trudame 70-00, 01, 02 --- MERCREDI 7 SEPTEMBRE 1927.
Gabriel ALPHAUO
Directeur
•..MB* ample comédie à cent actes divers
Et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
Tout lecteur de COMŒDIA
contractant ou renouvelant
dès aujourd'hui
UN ABONNEMENT D'UN AN
aura droit à 1 une des
PRIMES MAGNIFIQUES
dOlit nous donnerons bientôt le détail
Tout lecteur de COMOEDIA
contractant ou renouvelant
dès aujourd'hui
UN ABONNEMENT D'UN AN
aura droit à 1 une des
PRIMES MAGNIFIQUES
dont nous donnerons bientôt le détail
d'Athènes j
Le "Céramique" et l'Agora
vont ressurpir du soi athénien
(jP^ûœdia. annonçait récemment qu'un ac-
tord venait d'inter'Z-'enir entre le gouverne-
Xew .hellénique et un groupe archéologique
'er,
Pour entreprendre enfin dans toute
S cnes antique des touilles méthodiques,
~C~~ ~M;' /<7!~7~ ~O ~M~J.
Sur cette importante entreprise, la plus
fais derable depuis celles que l'école fran-
Fais, d'AtIiièizes a si brillamment menées et
IL I'lle poursuit. un des plus éminents archéo-
logue, hellèllesy M. Alexandre Philadelpheus,
lit czen éphore des antiquités, nous adresse
zcle qui suit :
J* grand rêve va se réaliser bientôt à
ènes; on va mettre au jour le fameux
Cé ran gue, ce centre illustre, où se con-
Ce ce centre illustre, où se con-
!"~t toute la vie publique de cette ville
ni %rteiie, dont le nom seul évoque tout
frj le génie humain a créé de plus
le' beau et noble !
Lt Céramique était un quartier im-
Ion Se de l'ancienne Athènes qui devait
jai n°rri aux potiers (kérameis), qui exer-
~t leur métier dans cette région de la
Pere. De nos jours encore la tradition s'est
Pit,tr eétuée et, tout le long de la route
leusis, l'ancienne « voie sacrée », on
Ù
UH ruelle du vieux quartier d'Athènes
Q7Ie "'se dans le plan de l'expropriation en
q,beu r des fouilles nouvelles qui doivent dé-
\tger l'ancienne Agora d' Athènes.
•eut VOir de nombreuses poteries qui rap-
lej. ltL.t"-- A rI"1
it anrAtrgs fj'il y a 2.500 ans.
l^iourd'hui encore leurs modestes pro-
14I. ts suscitent l'admiration de tout le
bû A~ais ce grand et, illustre quartier
!tQitde, Mais ce grand * illustre quartier
■'ait coupé au milieu par l'enceinte de la
Hlie enceinte hâtivement construite par
lstocle, réparée ensuite à maintes re-
)riSgPar l'orateur Lycurgue et le géné-
p Onon » enfin entièrement détruite au
l®r siècle avant notre ère par Syller,
brs du siège d'Athènes. Depuis cette épo-
£ )He 'Uneste, le Céramique n'a plus connu
jrs glorieux. Au contraire, il a été
Veli avec tous ses monuments somp-
:etre et magnifiques sous un amas de
e* de décombres. Et comme le Fo-
%uTOî]}o.in, qui était devenu pendant le
4 Yet, âge et jusqu'au commencement du
kfn ler siècle, « une prairie où paissaient
Ît,, rraches » (il campo vaccino), de même
aniique d'Athènes était enseveli sous
iiflç C°Ucbe de terre jusqu'à une profon-
d^e nr, de sept à huit mètres sous le niveau
~.) Ville actuelle. On devine à quelles
~tés et à quels frais se heurte la
W,0n du déblaiement complet d'un si
espace !
bé1, e162, la Société archéologique
tit es avait découvert par des fouilles
tyq^Sées une très grande partie du Céra-
mais seulement celle qui est en
if)Pel] des murs et que les anciens auteurs
IDPtIl -nt « Céramique extérieur ». Or, cette
hrti était utilisée par les Athéniens, dès
1-C.% tenlp, les plus reculés, comme cime-
i- car il est bien connu que les an-
'ensevelissaient jamais leurs morts
l'é Intérieur de l'enceinte (du moins
ue historique), mais toujours en
ors ecelle-ci. Ainsi se constituait près
4comme sur la via Appia de Rome
1 VIa dei Sepolcri, à Pompéi et ail
Srs des voies sacrées, ornées de super
Vm^umems funéraires et des mauso-
en ^ut de même à Athènes, au sor
de l°utes les portes de l'enceinte. Der
Dtise .ent n'a-t-on pas eu l'heureuse sur
!t¡el1t RS trouvailles faites lors du déblaie
hclu grand terrain des Ecuries royales,
Itiste ent on a fouillé à cette occasion
q~ til l d'un tronçon de l'ancienne muraille
la ville. l'emDlacement d'un cimetière
ue
i% le Céramique « intra muros », qui
WlUuait le centre même de la cité anti-
et 1. Agora d'Athènes, comme nous
*vûn dIt plus haut, n'a jamais été ex
tRV S'stérnatiquement. Au contraire, com-
depuis la délivrance d'Athènes, en
la garnison turque, qui occupait
'Cr oPOle dans le plan de la ville nou-
.qt¡e'uI1 a été toujours habité et s'étend
fiien errient sur des quartiers entiers Qui
t n rq ptent des centaines de maisons, d'in-
~fà ^hraKi rnasures et taudis, comme on
beu t ? masures et taudis, comme on
h•Ut le vOir sur la photographie reproduite
le e, Vue prise du haut de l'Acro-
et Plus précisément, du côté de
C élon
est Précisément dans ces quartiers
D'e Pfécisément dans ces quartiers
Rirltenan t excessivement populeux que
%t êtr e effectuées les fouilles de l'Ecole
Rtntrl, eaine 1 laquelle vient de contracter.
r Suit gouvernement, une convention
CoIJer te de laquelle elle aura le droit d'ex..
CQ1, er Oute cette région sous la condition
^er ta ute cette région sous la condition
on P?ye les frais de l'expropriation de
e/fç t ~Otsons ef ~rr~ns compns dan~
mQisons et terrains compris dans
QU Q fers.
l' Prij '! s'agit d'une belle somme, car
E' ))l'¡'e S agit d'une belle somme, car
j s maisons s'est considérablement
\t l'èce. durant ces dernières années en
^Ce- InRt fOIs plus élevé environ qu'a-
vt>a* la guerre! Et l'on n'ignore plus en
Pr, nct ceque fut l'exode formidable des
rEt U Zié S d'Asie Mineure. Il s'est posé dr,
6 ^'neure- Ï1 s est posé do
S?' chez nous, la question du toit, aues
très - firosse. Ainsi risque-t-on, en ex-
---~ =
propriant une maison, d'exposer les loca-
taires à la belle étoile.
Ce sont ces difficultés qui ont incité le
gouvernement hellénique à céder ces fouil-
les à une école étrangère. Décision toute
nouvelle à Athènes, l'amour-propre de la
nation grecque ayant toujours tenu à réser-
ver à elle-même l'exploration du sol sacré
de la ville de Périclès. Mais, après le
désastre de l'Asie Mineure, l'Etat ne pou-
vait songer à trouver les sommes considé-
rables pour indemniser les 450 expropria-
tions qui couvrent l'ancien sol du Céra-
mique.
Lorsoue moi, en ma qualité de directeur
des fouilles de l'Acropole, le 9 avril 1921,
j'eus adressé un appel à notre IIIe Assem-
blée nationale en lui proposant d'entre-
prendre cette œuvre grandiose, je ne pen-
sais jamais qu'une année après, une des
plus grandes catastrophes déracinerait toute
une population de sa terre natale, la chas-
serait des lieux, où depuis près de 4.000
ans elle développait une civilisation, dont
l'éclat a ébloui l'humanité, pour la jeter
enfin sur un pays déjà épuisé par plus
de dix ans de guerres continuelles 1
Pourtant mon appel avait trouvé un vif
écho dans l'Assemblée qui remit la ques-
tion au ministère des Cultes et c'est alors
que le Conseil archéologique dont je faisais
partie, rédigea le plan d'expropriation.
A la vérité, l'intervention de l'Ecole
américaine tira notre gouvernement d'une
véritable impasse. Ainsi, après huit mois.
les fouilles vont commencer juste en con-
tre-bas du Théséïon et dans une aire limi-
tée d'un côté par l'Aréopage et, de l'autre
côté, par la ligne souterraine du chemin
de fer d'Athènes au Pirée et la station
de Monastiraki. Là était la plus ancienne
agora des Athéniens, là était le Prytanée,
la Tholos (rotonde), le Boulentérion, le
Portique royal (Basileios Stad) et d'autres
magnifiques constructions publiques, que
nous décrit Plutarque, l'unique périégète
de la Grèce antique dont l'ouvrage se soit
conservé jusqu'à nos jours et qui a vécu au
ne siècle de notre ère. En dehors des édi-
fices, il s'y trouve également toute une
forêt de statues, d'ex-voto, d'autels et
d'autres précieux et historiques monuments
qu'il serait trop long d'énumérer ici. La
moisson sera donc considérable malgré le
pillage, les dévastations et les catastrophes
multiples qu'a soufferts Athènes et princi-
palement ce quartier. Que nous soyons
à la veille de trouvailles de valeur et pro-
venant de la plus glorieuse époque, il n'y
a pas de dottte. Nous en avons déjà la
preuve grâce aux fouilles partielles opérées
à maintes reprises sur ce point, et surtout
à l'occasion des fondations pour différen-
tes maisons et hôtels privés.
Tout près de cette région n'a-t-on pas
mis au jour, il y a une trentaine d'années.
deux portiques entiers : celui d'Attale et
des Géants et, plus loin, le Marché des
temps romains avec la moitié de sa colon-
nade! Dans ces fouilles on a trouvé des
centaines de statues, des sculptures de tout
genre, des inscriptions et grand nombre
d'autres objets. Il y a à peine cinq ans,
tout près du Théséïon, nous -avons décou-
vert un tronçon du mur de Thémistocle,
où étaient encastrées deux bases ornées de
bas-reliefs d'un style admirable et qui foni
à présent l'orgueil du Musée National
d'Athènes.
Mais les fouilles futures seront d'autant
plus intéressantes qu'elles découvriront
tout le rocher du versant Nord, de l'Acro-
pole, enseveli sous des maisonnettes d'ou-
vriers insulaires venus des Cyclades.
Ainsi, après ce déblaiement, l'Acropole
présentera une vue beaucoup plus belle du
côté de la ville qu'elle ne l'est à présent
Elle se détachera du sol même de l'Attique
sous un aspect plus grandiose. Le champ
des fouilles sera planté d'un grand boule
vard qui fera le tour de la glorieuse cita-
delle que les nombreux pèlerins pourront
Autre ruelle dans le quartier du vieil Athè-
nes située au versant Nord de VAcropole et
qui va être démolie par la mission améri-
caine pour aider aux fouilles de l'Agora.
contempler désormais circulairement sous
tous ses aspects.
Il serait injuste de ne pas dire quelques
mots sur les humbles masures qui vont
bientôt disparaître sous le coup de la pio-
che archéologique et dont quelques-unes
ont une importance historique et un inté-
rêt artistique tout particulier, car elles con-
servent ce type des maisons byzantines et
orientales si pittoresque et d'un si curieux
contraste avec nos grands hôtels et immeu-
bles en béton. Combien n'est-il pas émou-
vant en parcourant ces petites ruelles étroi
tes qui rappellent celles des villes médié-
vales, d'apprendre que, dans telle maison,
habitait un des archontes (kotzambassis)
d'Athènes sous la domination turque, dans
telle autre le consul de France et archéolo-
gue Fauvel et qu'une autre, très vaste et
à plusieurs étages, — une ruine actuel.
lement, — abritait jadis, au temps du pre-
mier roi, pthon" l'Université d'Athènes:
Cette vue panoramique d'Athènes représente la vieille ville et le rocher de l'Acro pôleJ vus de haut et par un avion. On voit
le Parthénon et ses colonnes brisées couchveST sur le sol, VErechteion et les Propylées. On remarque encore les théâtres de Diony-
sios (.z droite) et celui d'Herode Atticus (il gauchc]. C'est au nord que s'étend le quartier du « Céramique » et les maisons qui
vont disparaître.
Un magnat du cinéma 1
Marcus Lœw
Nous avons annoncé hier en 6e page la
mort de cet homme, resté modeste malgré
une éclatante situation matérielle et morale.
L'homme qui s'en va mérite mieux que
quelques lignes, le cinéma perd en lui un
de ses plus éminents représentants, la
France un de ses plus chands partisans,
un de ses meilleurs amis, et la croix de la
Légion d'honneur, récemment accordée à
Marcus Lœw, avait été favorablement
accueillie des deux côtés de l'Atlantique.
Le président de la Métro Goldwyn Mayer
était né en 1872 de parents pauvres. Il dé-
buta comme petit commis dans un magasin
de nouveautés, où certes il eût fait son che-
min si un hasard étrange n'eût fait bifur-
quer le jeune homme, intelligent et actif,
vers l'exploitation théâtrale et cinématogra-
phique.
Il y a une vingtaine d'années, il avait
acheté un immeuble à New-York avec ses
économies, ce qui constituait entre ses
mains un placement avantageux. L'immeu-
ble voisin, mal géré par son propriétaire,
l'acteur David Warneld, ne rapportait que
des déboires. Marcus Lœw, sur les instan-
Marcus Lœw
ces de David Warfield, accepta de gérer les
deux immeubles, c'est ainsi qu'il fut mis
pour la première fois en relations avec un
homme de théâtre.
Le cinéma était encore dans l'enfance, on
le considérait comme une attraction de
dernier-ordre et on l'exploitait simultané-
ment avec des appareils automatiques, pho-
nographes plus ou moins perfectionnés.
Marcus Lœw résolut d'arracher le futur art
muet à cette tutelle et d'en faire un per-
sonnage indépendant. Il loua des salles et
des films et, pour alimenter ses program.
mes, il en arriva tout naturellement à s'oc-
cuper de la production.
Ainsi se forma peu à peu un des plus
formidables groupes de sociétés cinémato-
graphiques du monde, qui sous des noms
divers, Métro Goldwyn Mayer et Lœw
Incorporated, fabriquent et exploitent leurs
films dans le monde entier. Marcus Lœw,
the king of montes, était le chef d'une
énorme firme, maîtresse de centaines de ci-
némas et en contrôlant près de mille.
L'ancien petit commis, qui avait lâché
le rayon de la nouveauté et qui avait amassé
des millions, s'était fait construire aux en-
virons de New-York, à Long Island, un
château splendide. On l'y voyait moins que
dans ses bureaux de Broadway.
Marcus Lœw, que j'ai eu le plaisir de voir
à plusieurs reprises lors de ses visites à
Paris, était un homme d'une extrême cour-
toisie. Il s'en va, en pleine force, en plein
travail, laissant derrière lui une belle
œuvre. — J.-L. C.
Est-ce le tombeau d'Attila
En creusant des tranchées d'irrigation
a Zeiselmuehle, près de Sopron (Hongrie;),
des ouvriers ont découvert un ancien cime-
tière romain, où l'on croit que doit; se trou-
ver la tombe d'Attila, roi des Huns, qui, sui-
vant la coutume locale, doit être enterré dans
un triple cercueil de fer, d'argent et d'or.
Mais encore plus charmantes sont les pe-
tites chapelles byzantines, des véritables
émaux attachés sur le rocher de l'Acro-
pole, et que respectera sans doute la pio-
che des archéologues, car nous sommes
loin de l'époque où ceux-ci méprisaient tout
ce qui n'était pas purement classique.
Seuls les vestiges romains trouvaient
alors un peu de grâce devant ces ennemis
du romantisme !
Athènes, le 25 août 1927.
Alexandre Philadelpheus.
1 Au Théâtre de la Michodtère )
L'Enlèvement"
Comédie en trois actes de MM. Gerbidon et Armont
De la convention, de la convention ai-1
mable, facile; de l'arbitraire charmant. Des
rôles taillés par des coupeurs dramatiques
de talent et de beaucoup d'esprit que les
comédiens n'ont eu qu'à endosser pour s'y
trouver aussitôt à l'aise comme dans ces
gracieux vêtements d'été de nos grandes
maisons de confection. La pièce honnête
pt « jolie n par excellence.
Nous ne manquons point du reste de de-
viner dès la première scène, et devant
même que les épisodes de l'action ne
Soient connus de nous, quelle en sera l'is-
sue. Il nous suffit de voir arriver un beau
yachtman dans l'âge de la force, riche, sé-
duisant, célibataire, s'informant près de la
bonne d'une fillette, devenue une jeune
fille depuis qu'il ne la vît, pour que nous
soyons assurés que cette jeune personne
tombera dans les bras de ce beau garçon
sympathique avant qu'il soit minuit.
Christiàne Fargan est une maman trop
volontiers colibri; entendez qu'elle est à
l'âgé dangereux, celui où la femme que les
ans n'ont pas outragée sent en elle com-
me un retour de flamme et, follement, se
prêterait à l'outrage des hommes — des
jeunes de préférence — dans un furieux
appétit de plaire encore. Elle a jeté son
dévolu sur un jeune imbécile, greluchon de
plage — nous sommes à Biarritz — déjà
taré et sans scrupules dont l'audace même
l'illusionne. Ce flirt inquiète son mari assez
justement et d'autant plus que Gérard Le
Fréhel, ce riche et sympathique yachtman,
l'a mis en garde contre le gigolo. Malheu-
reusement Fargan doit s'absenter, ses af-
faires le réclamant à Paris. Alors il confie
sa femme à sa fille, lui recommandant de
veiller sur sa mère, paradoxe d'un effet
sûr et opposant l'enfant charmante et sage
à la maman Quadragénaire en fleurs. Que
fera Simone, son père parti, pour empê-
cher sa mère d'aller faire avec le fâcheux
jeune homme une promenade en automo-
bile dont, à des signes trop évidents, elle
redoute,- en vierge avertie qu'elle est, le
but coupable ? N'ayant pu décider sa mère
r. "l'emmener avec elle, mais sachant com-
bien reste forte chez l'incurable coquette
l'affection maternelle, elle l'exploitera en
mettant cette affection à la plus rude épreu-
ve. Elle s'enfuira le soir même, syndiquant
ainsi les préoccupations de sa mère au dé-
triment du galant.
Cela ne va pas sans quelques difficultés.
Elle n'arrive pas à persuader à un bon
jeune homme rangé, dont elle est la fian-
cée. de l'enlever. Ce fiancé s'effare et
redoute l'opinion du monde. Elle se déci-
dera donc pour Le Fréhel dont elle sait la
terrible réputation de Don Juan et elle va
le rejoindre à bord de son yacht, laissant
à sa mère une lettre qui avoue son amour
pour cet homme. Et allez donc !
Le Fréhèl n'est pas dupe. Il soupçonne
tout de suite les raisons de ce coup de tête
car, jouant la séduction brutale, il a effa-
rouché la candide enfant. De plus il a à
son bord sa maîtresse, la belle cantatrice
Linda Palladini, qui confesse aussi la jeune
fille. Simone devra-t-elle donc renoncer à
cet enlèvement, annoncé dans sa lettre, et
qui doit sauver sa mère ? Non. Le Fréhel
imagine un compromis : le yacht lèvera
l'ancre mais il n'y aura à bord que Linda
et Simone; lui se rendra à terre chez des
amis et pourra en temps voulu réhabiliter
ainsi l'enfant prête à se perdre à jamais
pour le bonheur conjugal de ses parents.
Tout ceci est un peu spécieux mais suf-
fisamment posé. Nous sommes dans la fan-
taisie où tous les postulats sont admis.
Naturellement Le Fréhel reparaît chez les
Fargan quelques instants avant que son ba-
teau n'apparaisse dans les eaux de Biar-
ritz. Christiane Fargan, qui ne-vit plus
depuis qu'elle trouva la lettre de Simone,
n'a pas fait la promenade en auto avec le 1
greluchon dont l'insistance lui est désor-
mais si odieuse qu'elle le congédie. M. Far-
gan, de retour, applaudit à cette conclu-
sion. Il est moins. inquiet connaissant le
caractère de sa fille. Le fiancé, qui voulut
un instant se dégager devra l'avouer à
Simone qui lui rendra du coup sa parole
et la belle Linda rompt avec Le Fréhel, à
seule fin qu'il puisse épouser cette jeune
fille dont elle apprécia le cœur en cours de
voyage et voulant que son amant soit heu-
reux, tandis qu'indépendante, elle poursui-
vra, elle, sa route. L'exquise Simone et
Le Fréhel, qui ne porte pas en vain le nom
d'un cap de Bretagne, pays dont la devise
est « Plutôt mourir que trahir », n'ont
plus qu'à être heureux ensemble.
L'Interprétation
Le rôle de Simone fut-il écrit pour Mme
Alice Cocéa ? Vraisemblablement. En tout
cas il lui va comme un gant. Elle y est
toute grâce, toute fraîcheur avec, par en-
droits, une émotion d'un beau calibre et
même des qualités de force qu'on ne lui
soupçonnait pas. Son s-ucces fut d'autant
plus vif qu'on savait l'effort qu'elle venait
"de faire, relevant de maladie et combien,
au début, elle avait dû prendre sur elle.
Mme .Fernande Albany est plus amante que
mère de par son tempérament. Elle a néan-
moins traduit avec un égal bonheur les co-
quetteries d'une jolie femme et les angois-
ses d'une maman à laquelle sa fille vient
de jouer un tour pas ordinaire. Mlle Véra
Korène est la belle Linda Palladini, justi-
fiant remarquablement l'adjectif et domp-
tant sans cesse, non moins remarquable-
ment, une nature qui l'emporterait vers des
situations plus tragiques.. Peut-être a-t-elle
trop de ligne, le style demeure de qualité.
Mme. Germaine Michel tient avec finesse
un rôle classique de vieille servante fami-
liale; M. Maurice Escande a montré beau-
coup de talent et d'aisance dans celui de
Le Fréhel, particulièrement risqué à tenir,
malgré toutes les séductions dont les au-
teurs l'ont paré. M. Jean Garat se tient
dans la convention des pères non moins
sympathiques ; il a de l'élégance et de la
correction. M. Serge Nadaud a composé
avec beaucoup de vérité un type de jeune
homme moderne, léger, cynique mi améri-
cain, ni montmartrois; il amusa. M. Ro-
bert-Arnoux fut le timide bon jeune homme
esclave des opinions mondaines; il a le
physique de l'emploi et sait jouer cet
atout. Citons encore MM. Gaston Ougier,
plaisant capitaine de yacht ; Hervouet, Hel-
vet, et la très adroite mise en scène de
M. Charles Granval.
Armory.
De gauche à droite .: M. Robert Arnoux, Mmes Alice Cocéa et Fernande Albany.
(Photo Henri Manuel.)
Anniversaire
II y a vingt ans
mourait Sully Prudhojnme
Une conversation avec Bf. Auguste Dorchain •
sur le poète des" Vaincs Tendresses"
Le 7 septembre 1907, Sully Prudhomme
était mort. Reportons-nous au 23 mars de la
même année : ses amis, ses admirateurs cé..
lébraient son « vingt-cinquième anniver*
saire de présence à l'Académie française B.
A cette occasion, ils avaient décidé de lui
remettre non seulement une médaille,, mais
une sorte de livre d'or, portant des hom-
mages autographes.
Ce livre d'or, M. Auguste Dorchain nous 1'8
aimablement communiqué et nous y avons
lu des textes bien touchants. On sait que
M. Auguste Dorchain est, avec MM. Lp.
merre, Camille Hémon, Albert-Emile Sorel,
l'héritier littéraire du grand poète.
Il nous ouvrit donc le livre d'or, -pré-
cieuse relique parmi d'autres, et nous
lûmes, par exemple, cette adresse de Fran-
çois Coppée à Sully Prudhomme :
L'élite de vos amis a fait un honneur in.
signe à M. Boutroux et à moi-même en noua
choisissant pour vous remettre cette mé.
daille d'or où de sa main florentine le mal..
tre graveur Chaplain' a fixé votre pur et
doux profil.
Et encore :
Vous seul, dans la dernière partie de ca
XIXe siècle qui a donné à la France une
prodigieuse moisson de lyrisme, vous seul
méritez le nom de grand poète.
Emile Boutroux. lui, disait à l'auteur des
Vaines Tendresses :
Poète, vous êtes en même temps p'f¡i:,)-
sophe, semblable en cela à un Xénophane,
un Parménide, un Empédocle, un Lj -èce,
dont notre pays salue en vous, avec ;ierfét
l'héritier authentique par excellence
M. Georges Lafenestre, Emile Bi-mont,
M. Albert-Emile Sorel avaient sijjné Ica
hommages qui suivaient..
Nous pourrions enregistrer l'hommage
parlé de M. Auguste Dorchain, qui nous
a dit toute sa vénération pour l'œuvre et
pour la personne de Sully Prudhomme. Les
reliques qu'on voit chez lui attestent de sa
fidélité au souvenir du disparu : voici la
portrait du poète par Henner, les livres,
tous les livres de celui dont on aurait tort
de retenir seulement Le Vase brisé. Mais
quel est ce buste d'une bonne vieille dame
au sourire futé ? M. Auguste Dorchain
possède là l'image charmante de la maman
du poète. Et le sculpteur, c'était ce der-
nier. Sully Prudhomme a touché au ciseau,
et M. Auguste Dorchain nous fait ifuiar-
Cfuer un médaillon d'une tante du porte, —
Mme Gerbault, la mère de M. Henr:. aer,
bauît, le caricaturiste. Autre médaillon :
Sully Prudhomme par lui-même.
Nous savons un autre Sully Prudhomme
par lui-même. Un témoignage écrit cette
fois. Comment ne pas citer ces nol» > bio-
Sully Prudhomme
graphiques, de la main du poète, au mo-
ment du vingtième anniversaire de sa
mort ?
« Je suis né, disait le poète~ dans une fa-
mille dont quelques ancêtres étaient remar-
quablement doués pour la peinture, mais
aucun membre ne s'y était distingué dana
les lettres. Mon père, toutefois, écrivait
avec élégance et tournait assez bien les
vers. Ma mère était très rêveuse, étrangère
aux intérêts matériels de la vie. Voilà tous
les éléments un peu poétiques que j'ai trou-
vés dans mon milieu.
a J'ai fait mes études au lycée Bonaparte
avec beaucoup de zèle, car j'y ai eu le prix
d'excellence dans toutes les classes, excepté
toutefois la dernière année. On inaugurait
alors le système de la bifurcation, c'est-à-
dire qu'à partir de la troisième, l'élève
optait pour les lettres ou pour les sciences,
et dès lors son instruction était spécialise.
c Malgré mes succès dans les classes de
grammaire, je choisis les sciences, dans
l'espoir d'entrer à l'Ecole polytechnique.
Cette décision, qui fixa la nature et ;3 mé-
thode de mes premières études, eut la plus
grande influence sur ma carrière liH.' "'aire.
car elle détermina le caractère de mes
poésies. Les sciences avaient beaucoup d'at-
trait pour moi, j'y réussissais très bien,
mais plutôt par mon application que par
une véritable aptitude. Je les aimais pour
la jouissance qu'elles procurent d'atteindre
et de formuler le vrai; mais les vérités
qu'elles enseignent n'étaient pas celles qu;
m'intéressaient le plus. »
En effet, les questions de philosophie, de
métaphysique surtout, étaient pour Sully
Prudhomme les plus attachantes. Mais il
reconnut assez vite « l'inanité des spécula.
tiens ontologiques », et il s'en tint à la
psychologie, dont il conserva toujours le
goût. Il ajoutait :
« Je crois qu'un critique doit pouvoir ex-
pliquer les défauts et certaines qualités de
mes poésies par ma préparation scientifi-
que, qui m'a toujours fait préférer l'enten-
dement à l'imagination, la solidité à la cou-
leur, et par ma passion pour la philosophie,
qui m'a tou j ours fait préférer philosoptue,
récit et à la description. J'était même porté,
dans mes premiers essais poétiques, à atta-
cher moins d'importance à la forme qu'au
fond, mais j'aimais le vers pour lui-même
car je me suis exercé à la versification de
très bonne heure; aussi loin qu'il me sou-
vienne. je trouve en moi la préoccupation
de rimer. »
Et des rimes, sans doute, s'enlaçaient
dans les marges des cahiers de l'élève Sully
Prudhomme, au lycée Bonaparte. En ce
lycée — tantôt lycée, tantôt collège, qu'on
baptisa des noms dé Bourbon, Fourcroy,
Fontanes, Condorcet — le poète devait-re-
venir, membre de l'Académie française,
Gabriel ALPHAUO
Directeur
•..MB* ample comédie à cent actes divers
Et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
Tout lecteur de COMŒDIA
contractant ou renouvelant
dès aujourd'hui
UN ABONNEMENT D'UN AN
aura droit à 1 une des
PRIMES MAGNIFIQUES
dOlit nous donnerons bientôt le détail
Tout lecteur de COMOEDIA
contractant ou renouvelant
dès aujourd'hui
UN ABONNEMENT D'UN AN
aura droit à 1 une des
PRIMES MAGNIFIQUES
dont nous donnerons bientôt le détail
d'Athènes j
Le "Céramique" et l'Agora
vont ressurpir du soi athénien
(jP^ûœdia. annonçait récemment qu'un ac-
tord venait d'inter'Z-'enir entre le gouverne-
Xew .hellénique et un groupe archéologique
'er,
Pour entreprendre enfin dans toute
S cnes antique des touilles méthodiques,
~C~~ ~M;' /<7!~7~ ~O ~M~J.
Sur cette importante entreprise, la plus
fais derable depuis celles que l'école fran-
Fais, d'AtIiièizes a si brillamment menées et
IL I'lle poursuit. un des plus éminents archéo-
logue, hellèllesy M. Alexandre Philadelpheus,
lit czen éphore des antiquités, nous adresse
zcle qui suit :
J* grand rêve va se réaliser bientôt à
ènes; on va mettre au jour le fameux
Cé ran gue, ce centre illustre, où se con-
Ce ce centre illustre, où se con-
!"~t toute la vie publique de cette ville
ni %rteiie, dont le nom seul évoque tout
frj le génie humain a créé de plus
le' beau et noble !
Lt Céramique était un quartier im-
Ion Se de l'ancienne Athènes qui devait
jai n°rri aux potiers (kérameis), qui exer-
~t leur métier dans cette région de la
Pere. De nos jours encore la tradition s'est
Pit,tr eétuée et, tout le long de la route
leusis, l'ancienne « voie sacrée », on
Ù
UH ruelle du vieux quartier d'Athènes
Q7Ie "'se dans le plan de l'expropriation en
q,beu r des fouilles nouvelles qui doivent dé-
\tger l'ancienne Agora d' Athènes.
•eut VOir de nombreuses poteries qui rap-
lej. ltL.t"-- A rI"1
it anrAtrgs fj'il y a 2.500 ans.
l^iourd'hui encore leurs modestes pro-
14I. ts suscitent l'admiration de tout le
bû A~ais ce grand et, illustre quartier
!tQitde, Mais ce grand * illustre quartier
■'ait coupé au milieu par l'enceinte de la
Hlie enceinte hâtivement construite par
lstocle, réparée ensuite à maintes re-
)riSgPar l'orateur Lycurgue et le géné-
p Onon » enfin entièrement détruite au
l®r siècle avant notre ère par Syller,
brs du siège d'Athènes. Depuis cette épo-
£ )He 'Uneste, le Céramique n'a plus connu
jrs glorieux. Au contraire, il a été
Veli avec tous ses monuments somp-
:etre et magnifiques sous un amas de
e* de décombres. Et comme le Fo-
%uTOî]}o.in, qui était devenu pendant le
4 Yet, âge et jusqu'au commencement du
kfn ler siècle, « une prairie où paissaient
Ît,, rraches » (il campo vaccino), de même
aniique d'Athènes était enseveli sous
iiflç C°Ucbe de terre jusqu'à une profon-
d^e nr, de sept à huit mètres sous le niveau
~.) Ville actuelle. On devine à quelles
~tés et à quels frais se heurte la
W,0n du déblaiement complet d'un si
espace !
bé1, e162, la Société archéologique
tit es avait découvert par des fouilles
tyq^Sées une très grande partie du Céra-
mais seulement celle qui est en
if)Pel] des murs et que les anciens auteurs
IDPtIl -nt « Céramique extérieur ». Or, cette
hrti était utilisée par les Athéniens, dès
1-C.% tenlp, les plus reculés, comme cime-
i- car il est bien connu que les an-
'ensevelissaient jamais leurs morts
l'é Intérieur de l'enceinte (du moins
ue historique), mais toujours en
ors ecelle-ci. Ainsi se constituait près
4comme sur la via Appia de Rome
1 VIa dei Sepolcri, à Pompéi et ail
Srs des voies sacrées, ornées de super
Vm^umems funéraires et des mauso-
en ^ut de même à Athènes, au sor
de l°utes les portes de l'enceinte. Der
Dtise .ent n'a-t-on pas eu l'heureuse sur
!t¡el1t RS trouvailles faites lors du déblaie
hclu grand terrain des Ecuries royales,
Itiste ent on a fouillé à cette occasion
q~ til l d'un tronçon de l'ancienne muraille
la ville. l'emDlacement d'un cimetière
ue
i% le Céramique « intra muros », qui
WlUuait le centre même de la cité anti-
et 1. Agora d'Athènes, comme nous
*vûn dIt plus haut, n'a jamais été ex
tRV S'stérnatiquement. Au contraire, com-
depuis la délivrance d'Athènes, en
la garnison turque, qui occupait
'Cr oPOle dans le plan de la ville nou-
.qt¡e'uI1 a été toujours habité et s'étend
fiien errient sur des quartiers entiers Qui
t n rq ptent des centaines de maisons, d'in-
~fà ^hraKi rnasures et taudis, comme on
beu t ? masures et taudis, comme on
h•Ut le vOir sur la photographie reproduite
le e, Vue prise du haut de l'Acro-
et Plus précisément, du côté de
C élon
est Précisément dans ces quartiers
D'e Pfécisément dans ces quartiers
Rirltenan t excessivement populeux que
%t êtr e effectuées les fouilles de l'Ecole
Rtntrl, eaine 1 laquelle vient de contracter.
r Suit gouvernement, une convention
CoIJer te de laquelle elle aura le droit d'ex..
CQ1, er Oute cette région sous la condition
^er ta ute cette région sous la condition
on P?ye les frais de l'expropriation de
e/fç t ~Otsons ef ~rr~ns compns dan~
mQisons et terrains compris dans
QU Q fers.
l' Prij '! s'agit d'une belle somme, car
E' ))l'¡'e S agit d'une belle somme, car
j s maisons s'est considérablement
\t l'èce. durant ces dernières années en
^Ce- InRt fOIs plus élevé environ qu'a-
vt>a* la guerre! Et l'on n'ignore plus en
Pr, nct ceque fut l'exode formidable des
rEt U Zié S d'Asie Mineure. Il s'est posé dr,
6 ^'neure- Ï1 s est posé do
S?' chez nous, la question du toit, aues
très - firosse. Ainsi risque-t-on, en ex-
---~ =
propriant une maison, d'exposer les loca-
taires à la belle étoile.
Ce sont ces difficultés qui ont incité le
gouvernement hellénique à céder ces fouil-
les à une école étrangère. Décision toute
nouvelle à Athènes, l'amour-propre de la
nation grecque ayant toujours tenu à réser-
ver à elle-même l'exploration du sol sacré
de la ville de Périclès. Mais, après le
désastre de l'Asie Mineure, l'Etat ne pou-
vait songer à trouver les sommes considé-
rables pour indemniser les 450 expropria-
tions qui couvrent l'ancien sol du Céra-
mique.
Lorsoue moi, en ma qualité de directeur
des fouilles de l'Acropole, le 9 avril 1921,
j'eus adressé un appel à notre IIIe Assem-
blée nationale en lui proposant d'entre-
prendre cette œuvre grandiose, je ne pen-
sais jamais qu'une année après, une des
plus grandes catastrophes déracinerait toute
une population de sa terre natale, la chas-
serait des lieux, où depuis près de 4.000
ans elle développait une civilisation, dont
l'éclat a ébloui l'humanité, pour la jeter
enfin sur un pays déjà épuisé par plus
de dix ans de guerres continuelles 1
Pourtant mon appel avait trouvé un vif
écho dans l'Assemblée qui remit la ques-
tion au ministère des Cultes et c'est alors
que le Conseil archéologique dont je faisais
partie, rédigea le plan d'expropriation.
A la vérité, l'intervention de l'Ecole
américaine tira notre gouvernement d'une
véritable impasse. Ainsi, après huit mois.
les fouilles vont commencer juste en con-
tre-bas du Théséïon et dans une aire limi-
tée d'un côté par l'Aréopage et, de l'autre
côté, par la ligne souterraine du chemin
de fer d'Athènes au Pirée et la station
de Monastiraki. Là était la plus ancienne
agora des Athéniens, là était le Prytanée,
la Tholos (rotonde), le Boulentérion, le
Portique royal (Basileios Stad) et d'autres
magnifiques constructions publiques, que
nous décrit Plutarque, l'unique périégète
de la Grèce antique dont l'ouvrage se soit
conservé jusqu'à nos jours et qui a vécu au
ne siècle de notre ère. En dehors des édi-
fices, il s'y trouve également toute une
forêt de statues, d'ex-voto, d'autels et
d'autres précieux et historiques monuments
qu'il serait trop long d'énumérer ici. La
moisson sera donc considérable malgré le
pillage, les dévastations et les catastrophes
multiples qu'a soufferts Athènes et princi-
palement ce quartier. Que nous soyons
à la veille de trouvailles de valeur et pro-
venant de la plus glorieuse époque, il n'y
a pas de dottte. Nous en avons déjà la
preuve grâce aux fouilles partielles opérées
à maintes reprises sur ce point, et surtout
à l'occasion des fondations pour différen-
tes maisons et hôtels privés.
Tout près de cette région n'a-t-on pas
mis au jour, il y a une trentaine d'années.
deux portiques entiers : celui d'Attale et
des Géants et, plus loin, le Marché des
temps romains avec la moitié de sa colon-
nade! Dans ces fouilles on a trouvé des
centaines de statues, des sculptures de tout
genre, des inscriptions et grand nombre
d'autres objets. Il y a à peine cinq ans,
tout près du Théséïon, nous -avons décou-
vert un tronçon du mur de Thémistocle,
où étaient encastrées deux bases ornées de
bas-reliefs d'un style admirable et qui foni
à présent l'orgueil du Musée National
d'Athènes.
Mais les fouilles futures seront d'autant
plus intéressantes qu'elles découvriront
tout le rocher du versant Nord, de l'Acro-
pole, enseveli sous des maisonnettes d'ou-
vriers insulaires venus des Cyclades.
Ainsi, après ce déblaiement, l'Acropole
présentera une vue beaucoup plus belle du
côté de la ville qu'elle ne l'est à présent
Elle se détachera du sol même de l'Attique
sous un aspect plus grandiose. Le champ
des fouilles sera planté d'un grand boule
vard qui fera le tour de la glorieuse cita-
delle que les nombreux pèlerins pourront
Autre ruelle dans le quartier du vieil Athè-
nes située au versant Nord de VAcropole et
qui va être démolie par la mission améri-
caine pour aider aux fouilles de l'Agora.
contempler désormais circulairement sous
tous ses aspects.
Il serait injuste de ne pas dire quelques
mots sur les humbles masures qui vont
bientôt disparaître sous le coup de la pio-
che archéologique et dont quelques-unes
ont une importance historique et un inté-
rêt artistique tout particulier, car elles con-
servent ce type des maisons byzantines et
orientales si pittoresque et d'un si curieux
contraste avec nos grands hôtels et immeu-
bles en béton. Combien n'est-il pas émou-
vant en parcourant ces petites ruelles étroi
tes qui rappellent celles des villes médié-
vales, d'apprendre que, dans telle maison,
habitait un des archontes (kotzambassis)
d'Athènes sous la domination turque, dans
telle autre le consul de France et archéolo-
gue Fauvel et qu'une autre, très vaste et
à plusieurs étages, — une ruine actuel.
lement, — abritait jadis, au temps du pre-
mier roi, pthon" l'Université d'Athènes:
Cette vue panoramique d'Athènes représente la vieille ville et le rocher de l'Acro pôleJ vus de haut et par un avion. On voit
le Parthénon et ses colonnes brisées couchveST sur le sol, VErechteion et les Propylées. On remarque encore les théâtres de Diony-
sios (.z droite) et celui d'Herode Atticus (il gauchc]. C'est au nord que s'étend le quartier du « Céramique » et les maisons qui
vont disparaître.
Un magnat du cinéma 1
Marcus Lœw
Nous avons annoncé hier en 6e page la
mort de cet homme, resté modeste malgré
une éclatante situation matérielle et morale.
L'homme qui s'en va mérite mieux que
quelques lignes, le cinéma perd en lui un
de ses plus éminents représentants, la
France un de ses plus chands partisans,
un de ses meilleurs amis, et la croix de la
Légion d'honneur, récemment accordée à
Marcus Lœw, avait été favorablement
accueillie des deux côtés de l'Atlantique.
Le président de la Métro Goldwyn Mayer
était né en 1872 de parents pauvres. Il dé-
buta comme petit commis dans un magasin
de nouveautés, où certes il eût fait son che-
min si un hasard étrange n'eût fait bifur-
quer le jeune homme, intelligent et actif,
vers l'exploitation théâtrale et cinématogra-
phique.
Il y a une vingtaine d'années, il avait
acheté un immeuble à New-York avec ses
économies, ce qui constituait entre ses
mains un placement avantageux. L'immeu-
ble voisin, mal géré par son propriétaire,
l'acteur David Warneld, ne rapportait que
des déboires. Marcus Lœw, sur les instan-
Marcus Lœw
ces de David Warfield, accepta de gérer les
deux immeubles, c'est ainsi qu'il fut mis
pour la première fois en relations avec un
homme de théâtre.
Le cinéma était encore dans l'enfance, on
le considérait comme une attraction de
dernier-ordre et on l'exploitait simultané-
ment avec des appareils automatiques, pho-
nographes plus ou moins perfectionnés.
Marcus Lœw résolut d'arracher le futur art
muet à cette tutelle et d'en faire un per-
sonnage indépendant. Il loua des salles et
des films et, pour alimenter ses program.
mes, il en arriva tout naturellement à s'oc-
cuper de la production.
Ainsi se forma peu à peu un des plus
formidables groupes de sociétés cinémato-
graphiques du monde, qui sous des noms
divers, Métro Goldwyn Mayer et Lœw
Incorporated, fabriquent et exploitent leurs
films dans le monde entier. Marcus Lœw,
the king of montes, était le chef d'une
énorme firme, maîtresse de centaines de ci-
némas et en contrôlant près de mille.
L'ancien petit commis, qui avait lâché
le rayon de la nouveauté et qui avait amassé
des millions, s'était fait construire aux en-
virons de New-York, à Long Island, un
château splendide. On l'y voyait moins que
dans ses bureaux de Broadway.
Marcus Lœw, que j'ai eu le plaisir de voir
à plusieurs reprises lors de ses visites à
Paris, était un homme d'une extrême cour-
toisie. Il s'en va, en pleine force, en plein
travail, laissant derrière lui une belle
œuvre. — J.-L. C.
Est-ce le tombeau d'Attila
En creusant des tranchées d'irrigation
a Zeiselmuehle, près de Sopron (Hongrie;),
des ouvriers ont découvert un ancien cime-
tière romain, où l'on croit que doit; se trou-
ver la tombe d'Attila, roi des Huns, qui, sui-
vant la coutume locale, doit être enterré dans
un triple cercueil de fer, d'argent et d'or.
Mais encore plus charmantes sont les pe-
tites chapelles byzantines, des véritables
émaux attachés sur le rocher de l'Acro-
pole, et que respectera sans doute la pio-
che des archéologues, car nous sommes
loin de l'époque où ceux-ci méprisaient tout
ce qui n'était pas purement classique.
Seuls les vestiges romains trouvaient
alors un peu de grâce devant ces ennemis
du romantisme !
Athènes, le 25 août 1927.
Alexandre Philadelpheus.
1 Au Théâtre de la Michodtère )
L'Enlèvement"
Comédie en trois actes de MM. Gerbidon et Armont
De la convention, de la convention ai-1
mable, facile; de l'arbitraire charmant. Des
rôles taillés par des coupeurs dramatiques
de talent et de beaucoup d'esprit que les
comédiens n'ont eu qu'à endosser pour s'y
trouver aussitôt à l'aise comme dans ces
gracieux vêtements d'été de nos grandes
maisons de confection. La pièce honnête
pt « jolie n par excellence.
Nous ne manquons point du reste de de-
viner dès la première scène, et devant
même que les épisodes de l'action ne
Soient connus de nous, quelle en sera l'is-
sue. Il nous suffit de voir arriver un beau
yachtman dans l'âge de la force, riche, sé-
duisant, célibataire, s'informant près de la
bonne d'une fillette, devenue une jeune
fille depuis qu'il ne la vît, pour que nous
soyons assurés que cette jeune personne
tombera dans les bras de ce beau garçon
sympathique avant qu'il soit minuit.
Christiàne Fargan est une maman trop
volontiers colibri; entendez qu'elle est à
l'âgé dangereux, celui où la femme que les
ans n'ont pas outragée sent en elle com-
me un retour de flamme et, follement, se
prêterait à l'outrage des hommes — des
jeunes de préférence — dans un furieux
appétit de plaire encore. Elle a jeté son
dévolu sur un jeune imbécile, greluchon de
plage — nous sommes à Biarritz — déjà
taré et sans scrupules dont l'audace même
l'illusionne. Ce flirt inquiète son mari assez
justement et d'autant plus que Gérard Le
Fréhel, ce riche et sympathique yachtman,
l'a mis en garde contre le gigolo. Malheu-
reusement Fargan doit s'absenter, ses af-
faires le réclamant à Paris. Alors il confie
sa femme à sa fille, lui recommandant de
veiller sur sa mère, paradoxe d'un effet
sûr et opposant l'enfant charmante et sage
à la maman Quadragénaire en fleurs. Que
fera Simone, son père parti, pour empê-
cher sa mère d'aller faire avec le fâcheux
jeune homme une promenade en automo-
bile dont, à des signes trop évidents, elle
redoute,- en vierge avertie qu'elle est, le
but coupable ? N'ayant pu décider sa mère
r. "l'emmener avec elle, mais sachant com-
bien reste forte chez l'incurable coquette
l'affection maternelle, elle l'exploitera en
mettant cette affection à la plus rude épreu-
ve. Elle s'enfuira le soir même, syndiquant
ainsi les préoccupations de sa mère au dé-
triment du galant.
Cela ne va pas sans quelques difficultés.
Elle n'arrive pas à persuader à un bon
jeune homme rangé, dont elle est la fian-
cée. de l'enlever. Ce fiancé s'effare et
redoute l'opinion du monde. Elle se déci-
dera donc pour Le Fréhel dont elle sait la
terrible réputation de Don Juan et elle va
le rejoindre à bord de son yacht, laissant
à sa mère une lettre qui avoue son amour
pour cet homme. Et allez donc !
Le Fréhèl n'est pas dupe. Il soupçonne
tout de suite les raisons de ce coup de tête
car, jouant la séduction brutale, il a effa-
rouché la candide enfant. De plus il a à
son bord sa maîtresse, la belle cantatrice
Linda Palladini, qui confesse aussi la jeune
fille. Simone devra-t-elle donc renoncer à
cet enlèvement, annoncé dans sa lettre, et
qui doit sauver sa mère ? Non. Le Fréhel
imagine un compromis : le yacht lèvera
l'ancre mais il n'y aura à bord que Linda
et Simone; lui se rendra à terre chez des
amis et pourra en temps voulu réhabiliter
ainsi l'enfant prête à se perdre à jamais
pour le bonheur conjugal de ses parents.
Tout ceci est un peu spécieux mais suf-
fisamment posé. Nous sommes dans la fan-
taisie où tous les postulats sont admis.
Naturellement Le Fréhel reparaît chez les
Fargan quelques instants avant que son ba-
teau n'apparaisse dans les eaux de Biar-
ritz. Christiane Fargan, qui ne-vit plus
depuis qu'elle trouva la lettre de Simone,
n'a pas fait la promenade en auto avec le 1
greluchon dont l'insistance lui est désor-
mais si odieuse qu'elle le congédie. M. Far-
gan, de retour, applaudit à cette conclu-
sion. Il est moins. inquiet connaissant le
caractère de sa fille. Le fiancé, qui voulut
un instant se dégager devra l'avouer à
Simone qui lui rendra du coup sa parole
et la belle Linda rompt avec Le Fréhel, à
seule fin qu'il puisse épouser cette jeune
fille dont elle apprécia le cœur en cours de
voyage et voulant que son amant soit heu-
reux, tandis qu'indépendante, elle poursui-
vra, elle, sa route. L'exquise Simone et
Le Fréhel, qui ne porte pas en vain le nom
d'un cap de Bretagne, pays dont la devise
est « Plutôt mourir que trahir », n'ont
plus qu'à être heureux ensemble.
L'Interprétation
Le rôle de Simone fut-il écrit pour Mme
Alice Cocéa ? Vraisemblablement. En tout
cas il lui va comme un gant. Elle y est
toute grâce, toute fraîcheur avec, par en-
droits, une émotion d'un beau calibre et
même des qualités de force qu'on ne lui
soupçonnait pas. Son s-ucces fut d'autant
plus vif qu'on savait l'effort qu'elle venait
"de faire, relevant de maladie et combien,
au début, elle avait dû prendre sur elle.
Mme .Fernande Albany est plus amante que
mère de par son tempérament. Elle a néan-
moins traduit avec un égal bonheur les co-
quetteries d'une jolie femme et les angois-
ses d'une maman à laquelle sa fille vient
de jouer un tour pas ordinaire. Mlle Véra
Korène est la belle Linda Palladini, justi-
fiant remarquablement l'adjectif et domp-
tant sans cesse, non moins remarquable-
ment, une nature qui l'emporterait vers des
situations plus tragiques.. Peut-être a-t-elle
trop de ligne, le style demeure de qualité.
Mme. Germaine Michel tient avec finesse
un rôle classique de vieille servante fami-
liale; M. Maurice Escande a montré beau-
coup de talent et d'aisance dans celui de
Le Fréhel, particulièrement risqué à tenir,
malgré toutes les séductions dont les au-
teurs l'ont paré. M. Jean Garat se tient
dans la convention des pères non moins
sympathiques ; il a de l'élégance et de la
correction. M. Serge Nadaud a composé
avec beaucoup de vérité un type de jeune
homme moderne, léger, cynique mi améri-
cain, ni montmartrois; il amusa. M. Ro-
bert-Arnoux fut le timide bon jeune homme
esclave des opinions mondaines; il a le
physique de l'emploi et sait jouer cet
atout. Citons encore MM. Gaston Ougier,
plaisant capitaine de yacht ; Hervouet, Hel-
vet, et la très adroite mise en scène de
M. Charles Granval.
Armory.
De gauche à droite .: M. Robert Arnoux, Mmes Alice Cocéa et Fernande Albany.
(Photo Henri Manuel.)
Anniversaire
II y a vingt ans
mourait Sully Prudhojnme
Une conversation avec Bf. Auguste Dorchain •
sur le poète des" Vaincs Tendresses"
Le 7 septembre 1907, Sully Prudhomme
était mort. Reportons-nous au 23 mars de la
même année : ses amis, ses admirateurs cé..
lébraient son « vingt-cinquième anniver*
saire de présence à l'Académie française B.
A cette occasion, ils avaient décidé de lui
remettre non seulement une médaille,, mais
une sorte de livre d'or, portant des hom-
mages autographes.
Ce livre d'or, M. Auguste Dorchain nous 1'8
aimablement communiqué et nous y avons
lu des textes bien touchants. On sait que
M. Auguste Dorchain est, avec MM. Lp.
merre, Camille Hémon, Albert-Emile Sorel,
l'héritier littéraire du grand poète.
Il nous ouvrit donc le livre d'or, -pré-
cieuse relique parmi d'autres, et nous
lûmes, par exemple, cette adresse de Fran-
çois Coppée à Sully Prudhomme :
L'élite de vos amis a fait un honneur in.
signe à M. Boutroux et à moi-même en noua
choisissant pour vous remettre cette mé.
daille d'or où de sa main florentine le mal..
tre graveur Chaplain' a fixé votre pur et
doux profil.
Et encore :
Vous seul, dans la dernière partie de ca
XIXe siècle qui a donné à la France une
prodigieuse moisson de lyrisme, vous seul
méritez le nom de grand poète.
Emile Boutroux. lui, disait à l'auteur des
Vaines Tendresses :
Poète, vous êtes en même temps p'f¡i:,)-
sophe, semblable en cela à un Xénophane,
un Parménide, un Empédocle, un Lj -èce,
dont notre pays salue en vous, avec ;ierfét
l'héritier authentique par excellence
M. Georges Lafenestre, Emile Bi-mont,
M. Albert-Emile Sorel avaient sijjné Ica
hommages qui suivaient..
Nous pourrions enregistrer l'hommage
parlé de M. Auguste Dorchain, qui nous
a dit toute sa vénération pour l'œuvre et
pour la personne de Sully Prudhomme. Les
reliques qu'on voit chez lui attestent de sa
fidélité au souvenir du disparu : voici la
portrait du poète par Henner, les livres,
tous les livres de celui dont on aurait tort
de retenir seulement Le Vase brisé. Mais
quel est ce buste d'une bonne vieille dame
au sourire futé ? M. Auguste Dorchain
possède là l'image charmante de la maman
du poète. Et le sculpteur, c'était ce der-
nier. Sully Prudhomme a touché au ciseau,
et M. Auguste Dorchain nous fait ifuiar-
Cfuer un médaillon d'une tante du porte, —
Mme Gerbault, la mère de M. Henr:. aer,
bauît, le caricaturiste. Autre médaillon :
Sully Prudhomme par lui-même.
Nous savons un autre Sully Prudhomme
par lui-même. Un témoignage écrit cette
fois. Comment ne pas citer ces nol» > bio-
Sully Prudhomme
graphiques, de la main du poète, au mo-
ment du vingtième anniversaire de sa
mort ?
« Je suis né, disait le poète~ dans une fa-
mille dont quelques ancêtres étaient remar-
quablement doués pour la peinture, mais
aucun membre ne s'y était distingué dana
les lettres. Mon père, toutefois, écrivait
avec élégance et tournait assez bien les
vers. Ma mère était très rêveuse, étrangère
aux intérêts matériels de la vie. Voilà tous
les éléments un peu poétiques que j'ai trou-
vés dans mon milieu.
a J'ai fait mes études au lycée Bonaparte
avec beaucoup de zèle, car j'y ai eu le prix
d'excellence dans toutes les classes, excepté
toutefois la dernière année. On inaugurait
alors le système de la bifurcation, c'est-à-
dire qu'à partir de la troisième, l'élève
optait pour les lettres ou pour les sciences,
et dès lors son instruction était spécialise.
c Malgré mes succès dans les classes de
grammaire, je choisis les sciences, dans
l'espoir d'entrer à l'Ecole polytechnique.
Cette décision, qui fixa la nature et ;3 mé-
thode de mes premières études, eut la plus
grande influence sur ma carrière liH.' "'aire.
car elle détermina le caractère de mes
poésies. Les sciences avaient beaucoup d'at-
trait pour moi, j'y réussissais très bien,
mais plutôt par mon application que par
une véritable aptitude. Je les aimais pour
la jouissance qu'elles procurent d'atteindre
et de formuler le vrai; mais les vérités
qu'elles enseignent n'étaient pas celles qu;
m'intéressaient le plus. »
En effet, les questions de philosophie, de
métaphysique surtout, étaient pour Sully
Prudhomme les plus attachantes. Mais il
reconnut assez vite « l'inanité des spécula.
tiens ontologiques », et il s'en tint à la
psychologie, dont il conserva toujours le
goût. Il ajoutait :
« Je crois qu'un critique doit pouvoir ex-
pliquer les défauts et certaines qualités de
mes poésies par ma préparation scientifi-
que, qui m'a toujours fait préférer l'enten-
dement à l'imagination, la solidité à la cou-
leur, et par ma passion pour la philosophie,
qui m'a tou j ours fait préférer philosoptue,
récit et à la description. J'était même porté,
dans mes premiers essais poétiques, à atta-
cher moins d'importance à la forme qu'au
fond, mais j'aimais le vers pour lui-même
car je me suis exercé à la versification de
très bonne heure; aussi loin qu'il me sou-
vienne. je trouve en moi la préoccupation
de rimer. »
Et des rimes, sans doute, s'enlaçaient
dans les marges des cahiers de l'élève Sully
Prudhomme, au lycée Bonaparte. En ce
lycée — tantôt lycée, tantôt collège, qu'on
baptisa des noms dé Bourbon, Fourcroy,
Fontanes, Condorcet — le poète devait-re-
venir, membre de l'Académie française,
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