Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-01-23
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 23 janvier 1932 23 janvier 1932
Description : 1932/01/23 (A26,N6943). 1932/01/23 (A26,N6943).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76508942
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
JEAN DE ROVERA
Directeur
26* ANNEE, — N° 6.943
Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
REDACTION ADMINISTRATION
ET PUBLICITE
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SAMEDI 23 JANVIER 1932
DEPARTEMENTS : 30 CENTIMES
A L'OPÉRA
Le souvenir de Pavlova
et la reprise de « Giselle»
On ne saurait imaginer requiem
plus mélodieux pour une étoile dé-
funte que la reprise de Giselle; il
s'en est fallu de deux jours à peine
pour que cet événement — car c'en
est un — coïncidât avec le premier
anniversaire de la mort d'Anna Pav-
lova. Le cortège des voiles sem-
glait, panmi le deuil blanc des tutus,
accomplir le rite funèbre; et quand
la corps de ballet, un genou à terre,
tour à tour se prosternait et cambrait
les tailles flexibles en levant les bras,
cette muette oraison paraissait invo-
quer l'ombre de celle qui avait chéri
entre tous ce rôle de l'amoureuse
morte, comme elle allait mourir, pour
ne pas avoir voulu s'arrêter de dan-
ser. Tout au long de ce spectacle
d'une inspiration si haute et si rare,
on croyait ressentir la présence réelle
de Pavlova qui nous quitta pour un
séjour plus beau. La dernière fois que
je la vis vivante — ce fut dans cette
même Giselle — elle s'était enfoncée
dans le lit d'herbes et de feuillage et
sa main avait salué d'un dernier geste
d'adieu les choses de ce monde. Mais,
à plus d'une reprise, le coup d'aile
invisible du cygne d'autrefois aura
effleuré Olga Spessivtzeva, qui don-
na à ses temps d'adage l'ineffable
suavité d'une élégie fauréenne. Seule
digne, seule capable de succéder à
La Pavlov*
Pavlova, la plus grande danseuse d'au-
jourd'hui tira de ce poème de danse,
qui est dans ses cordes comme pas
un autre, des accents qui, à plus d'un
instant, touchèrent au sublime. Se-
rait-elle l'égale de Pavlova? Je suis
sûr que cette question lui eût semblé
sacrilège: cette épiphanie du divin
dans un être fragile fut un miracle
unique ! Mais Spessivtzeva, dernière
survivante parmi nous de sa race, se
montre comme l'héritière légitime de
ce qui survit d'elle. D'autres que moi
auront été frappés de cet air de fa-
mille, ressemblance plus spirituelle
encore que matérielle, entre les deux
Giselle, issues de la même lignée.
J'ai trop souvent tenté, dans ces
colonnes, l'analvse de cet ouvrage qui
nous dispense d'inépuisables voluptés
intellectuelles et sentimentales pour
en reprendre l'examen. Nul n'ignore
parmi nos lecteurs la donnée de ce
ballet, qui mêle une poésie immarces-
sible à un romantisme désuet: la pos-
torale allemande avec ses jeux rus-
tiaues et divins, la partie de chasse
moyenâgeuse, la scène de la folie
par amour, où les thèmes de l'idylle
reparaissent hésitants, chancelants,
tragiquement mutilés. Le prétexte ain-
si fourni, l'aube spirituelle se lève
sur le deuxième tableau où les per-
sonnages renaissent transfigurés et où
le ballet blanc trace ses cercles magi-
ques. Cette merveilleuse composition,
Qui a pour leitmotiv ou module régu-
lateur Varabesque sous toutes ses for-
mes : relevé, piqué, soubresauts, tours
en arabesque (la plus noble con-
quête du romantisme saltatoire, écha-
faudage ajouré à claire voie, équili-
bre plein d'âme où deux parallèles
coudent obliquement la verticale de
l'aplomb avant de se perdre dans l'es-
pace). nous a été transmise telle,
dans ses traits généraux, que Coralv
la conçut pour la Grisi, il y a quatre-
vingt-dix ans. Ce qui confère à ce
concerto plastique son incalculable
portée, c'est que les enchaînements
de pas les plus usuels, lieux communs
de la technique scolaire, s'y emprei-
gnent d'une haute signification humai-
ne, je dirai même ésotérique. Ce n'est
plus un drame, c'est un dialogue de
purs esprits quand, au cours de l'en-
trevue nocturne des amants sur les li-
mites des deux mondes, celui terres-
tre et celui idéal — que dommage que
ce rendez-vous dans l'absolu soit plon-
gé dans l'obscurité et qu'une machi-
nerie antédiluvienne nous fasse trem-
bler pour le salut de l'étoile! Mlle
SDessivtzeva et M. Serge Lifar, dres-
sés chacun sur les orteils tendus aux
deux extrémités de deux lignes paral-
lèles. laissent leurs torses chavirer
latéralement en reversant l'aplomb,
prennent du champ en glissant, s'en-
lèvent et retombent sur le ressort plié
de leurs souples jarrets. Cinquième
sur les pointes, glissade, assemblé :
il n'y a là rien qui puisse troubler
une élève des petites classai Mais
si parfaite est l'utilisation poétique de
cette séquence de pas si simple, que
nous nous sentons envahis d'une dou-
ce et déchirante exaltation.
J'ai nommé M. Serge Lifar; ses dé-
buts éclatants dans le rôle d'Albert
Loys, le prince déguisé et l'amoureux
félon qui devient, au deuxième acte,
« le ténébreux, le veuf, l'inconsolé »,
traînant le manteau noir parmi les
tombes, ont doté le spectacle de l'Opé-
ra du protagoniste qui lui manquait
pour approcher de la perfection. Je
vais jusqu'à estimer que la version de
1932 égale — et par moments dé-
passe — celle que les « Ballets rus-
ses » présentèrent en 1911, sur le
même plateau, que le couple Spes-
sivtzeva-Lifar, admirablement assorti,
n'a rien à envier au duo Karsavina-
Nijinsky (dont ce rôle ne fut jamais
le triomphe), même pas le succès !
Mercredi dernier, une chambrée bril-
lante et enthousiaste faisait aller Gi-
selle aux nues. En 1911, ce fut un
succès d'estime qui ressemblait assez
à un échec. Ce paradoxe s'explique:
les orgies persanes et pyrrhiques po-
iovtsiennes des premières saisons rus-
ses. les coloris rutilants de Bakst
avaient ébranlé le prestige et relégué
dans l'ombre les grâces plus discrètes
du style classique. Ayant ouvert les
écluses, Diaghilew ne parvenait plus
à remonter le courant. Mais que signi-
fie la victoire complète de l'autre soir?
L'éducation du public serait-elle en-
fin faite? S'il en était ainsi, ce journa1
et son critique pourraient prétendre
— j'aime à le supposer, sans fausse
modestie, après avoir fait campagne
pendant dix ans — à y avoir été pour
quelaue chose. Pourvu que le direc-
teur de l'Opéra tire de cette réussite
les conclusions qui s'imposent et ne
fasse Das mauvaise mine au bon jeu !
Pour en revenir à M. Lifar, dont le
« métier » se perfectionne et le stvle
s'éDure littéralement à vue d'oeil, il
a calqué son personnage sur l'inter-
ptétation. qu'en donnait M. Pierre Vla-
dimiroff, admirable artiste de l'équi-
pé formée par Fokine, sur la scène
impériale de Saint-Pétersbourg; si le
jeune danseur doit beaucoup à l'exem-
ple et aux conseils de son aîné qui
imprima à sa manière ce cachet ini-
mitable, unique, du Théâtre Marie, il
a par certains côtés dépassé son maî-
tre, qui n'est pas un Polonais félin et
câlin comme Nijinsky, mais, sous le
maillot du prince charmant, un impé-
tueux cosaque. Plus délié de ligne,
plus vif, il enleva sa variation avec
un brio étonnant, et ses triples tours
en l'air avec les bras en couronne
furent de toute beauté.
Mais je reviendrai longuement sur
le ballet et la distribution (j'aimerais
rédiger un « journal » de Giselle, à
la manière de M. Emile Mas), je me
réserve aussi de parler du Spectre de
Mlle Spessivtzeva
(Photo Henri Manuel.)
la rose, qui m'a fait éprouver un plai-
sir très mélangé de regrets. Et c'est
aussi avec regret — il convient de le
dire sans tarder — que j'ai vu le rôle
de la mère confié, avec des coupures
qui le privent de sens, à une sorte de
morne figurante ignorant tout-de la
mime. Combien aurions-nous préféré
y revoir Mme Blanche Kerval, qui y
mettait beaucoup de bonhomie! Cela
nous aurait permis de rendre l'hom-
mage qui lui est dû, au moment de sa
retraite, à un membre probe et utile de
la troupe de l'Opéra qui s'en va quitter
la maison après cinquante ans de ser-
vices.
André LEVINSON.
La vie publique
Le Cabinet Laval
conserve sa majorité
Après quatre séances de très laborieux
débats, où les interpellateurs déchaînèrent
contre le gouvernement le maximum de
leur opposition, M. Pierre Laval, en un
magnifique discours, a défini la politique
générale du ministère. Et il a gagné la
partie. Deux scrutins successifs lui don-
nèrent la victoire; le premier, par 38 voix
sur la priorité de l'ordre du jour; le se-
cond, par 51 voix sur la confiance.
Rallier devant une telle assemblée
312 voix contre 261, c'était une tâche
malaisée, tant l'opposition s'était déchaî-
née. Cela suffit à avertir l'Allemagne que
le second ministère Laval a retrouvé sa
majorité constante et sans doute accrue
demain, après cette bataille gagnée. Nous
reviendrons d'ailleurs sur ce vote.
- - -- -- 7 -:- - À. DELPEYROU*
LES CONCOURS DE BEAUTÉ
*
4
Mlle Euterpe Lampsa
vient d'être élue
miss Grèce à Athènes
A la suite d'une première sélection qui désigna douze jeunes filles venues des
diverses provinces helléniques, Mlle Eu terpe Lampsa âgée de 18 ans, fille d'un
notaire du Pirée, a été désignée par tin jury d'artistes et d'hommes de lettres
comme « Miss Grèce 1932 ». Elle par ticipera à la grande compétition de
Nice que prépare M. Maurice de Wa leffe.
Dans les Académies
Le glorieux passé
de la Villa Médicis
M. Ferdinand Boyer, professeur
d'histoire au (Lycée Voltaire, a fait
hier à l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres une intéressante lecture
sur les antiques et le musée des por-
traits du cardinal Ricci qui construi-
sit la villa Médicis à Rome.
Les joyaux de cette collection furent
les fameux bas-reliefs de l'Ara Pacis
Augustae, vendus en 1566 par Camiîlo
Bologuino; le cardinal ne les offrit au
grand-duc de Toscane, d'ailleurs sans
succès, que trois ans plus tard. D'au-
tre part la ville contenait plus de 250
portraits d'hommes célèbres suivant la
mode lancée par Paul Jove.
La famille des Médicis était repré-
sentée par dix-sept portraits qui avaient
été généreusement payés quatre écus
chacun.
La villa et les œuvres d'art furent
vendues en 1576 au cardinal de Médi-
cis ; le musée des Offices possède au-
jourd'hui les bas-reliefs de l'Ara Pacis
e' bon nombre des portraits.
Actuellement, la villa ne possède
qu'un seul bas-relief du prélat artis-
te qui avait failli être pape et qui
se consola de son échec en réunissant
dans son palais la plus prestigieuse
collection de son temps.
Le comte de Saint-Perier a présenté
un os gravé, taillé en forme de lame,
qu'il a découvert dans les grottes d'Is-
turitz (Basses-Pyrénées). Sur l'une des
faces est gravé un bison blessé ; sur
l'autre, deux figures humaines, une
femme nue aux formes massives et un
homme qui tend vers elle des mains
suppliantes. Il s'agit, semble-t-il, d'un
symbole de conquête destiné dans l'es-
prit de celui qui l'a tracé à faciliter la
prise de possession d'une femme. On
sait, par l'ethnographie, que les popu-
lations primitives actuelles ont recours
à de nombreuses pratiques de magie
dans leurs entreprises amoureuses.
Enfin, le prix Bardin a été ainsi
partagé: M. Delage, 1.000 francs ;
M. Descroix, 500 francs ; M. de La-
briolle, 500 francs. Le comte Lefebre
des Noettes s'est vu attribuer une
mention honorable pour son curieux
Duvrage sur L'Attelage du cheval de
selle. - L. A.
"NOS ÉCHOS
T
'emps difficiles.
Deux peintres montmartrois
s'étaient arrêtés, hier matin, place
du Tertre, et se lamentaient sur la
crise.
- Je crève de faim, disait l'un.
- ioi aussi, faisait l'autre, tu ne
vends plus rien.?
— Si mes cadres. sans les toiles.
— Ah !.
— Et je déjieune d'un bout de
chocolat et d'un morceau de main.
— Moi, d'un bout de fromage et
de pain, et, en ce moment, le soir,
d'un croissant.
- Tu vas jusqu'au croissant?
- Oui. le croissant de la lune.
Un autre peintre racontait qu'il
avait l'autre jour mangé des sardines
à l'huile, en gardant l'huile pour sa
peinture. ajoutant qu'on ne pouvait
plus se payer le luxe de peindre en
pleine pâte.
Triste, triste.
Ah! quand partira-t-il ce temps de
la crise?
E
ntrée originale.
Prié d'assister à une soirée
costumée chez des amis, cet aima-
ble Parisien ne songea pas à s'affu-
bler d'une perruque ou à se dé-
guiser.
D'autant plus que chaque déguise-
ment devait être symbolique.
Il se contenta de se faire une cou-
ronne en carton, sur laquelle il écri-
vir Deutschland et de dévaliser,
l'après-midi, une brave marchande
de ballons d'enfants aux Tuileries. Il
mit sa perruque et, au moment d'en-
trer dans le salon où se tenait le bal,
il se fit attacher un peu partout les
.petits ballons
Il fut accueilli par un vaste éclat
de rire. Mais la maîtresse de maison
avoua :
—, Je ne comprends rien.
Alors il dut s'expliquer :
- Je représente l'Allemagne avec
ses ballons d'essai.
Le mot eut son succès.
A
ccueil.
Un pauvre vieux grelottait de
froid dans a nuit quand cette bande
joyeuse, qui s'en allait souper dans
un atelier ami eut l'idée d'emmener
ce mendiant.
On le mit dans un coin, près du
poêle, après lui avoir donné à man-
ger et à boire.
-Le pauvre vieux s'endormit drapé
dans une couverture que deux jeu-
nes femmes lui donnèrent.
Ce n'est que le lendemain matin
que le pauvre diable se réveilla.
— J'ai cru que j'étais au para-
dis, dit-il. Ces anges — il montrait
les jeunes femmes — votre musi-
que. tant de bontés, messieurs.
'Et c'est en pleurant qu'il prit congé
de ses hôtes, muni d'argent et de
vêtements., ',' -
L
a rosette au « Père des ty-
phons ».
Tout récemment, nous l'avons dit,
le général Weygand remettait la ro-
sette au R. P. Poidebard, le célèbre
archéologue aviateur. A la cérémonie,
tout intime, assistait entre autres le
Père Froc, qui dirigea, de 1872 à
l'an dernier, un observatoire établi
près de Shanghai par les missionnai-
res, où fonctionne un service d'infor-
mation pour les marins.
Pendant cinquante ans, le Père
Froc décela la marche des cyclones par
ses observations, et prévit et suivit
plus de mille typhons.
On peut imaginer le nombre des
vies humaines préservées par lui de
la sorte.
Ses travaux valurent au Père Froc
les surnoms de « Père des typhons »
et de « Père tourne le vent ».
Or, comme le Père rentrait chez
lui après avoir félicité son ami le
R P. Poidebard, il eut la surprise de
trouver à son couvent -un garde répu-
blicain qui lui apportait un message
de M. Doumer, lui conférant, à lui
aussi, la rosette.
M. Doumer n'avait pas oublié qu'é-
tant gouverneur général de l'Indo-
chine, il avait confié au Père Froc la
mission de choisir remplacement de
l'observatoire où il devant rendre tant
de services.
Ainsi, dans la même journée, deux
Pères qui firent beaucoup pour la
France, furent récompensé^
p
ostes clandestins en coulisses
Lors d'une retransmission ra-
diophonique de pièce, certain artiste
qui y prenait part, avait prévenu ses
amis qu'ils pourraient, ce soir-là, l'en-
tendre par sans-fil. Tous lui firent ob-
sei ver ensuite que ses paroles avaient
été souvent couvertes par d'étranges
bruits. Le coupable sans le savoir
était le régisseur, créant une vérita-
ble émission clandestine autant que
parasitaire, en faisant fonctionner au
milieu des actes, la sonnette d'avertis-
sement aux artistes restés dans leurs
loges.
Devant cet imprévu de la radio,
faudra-t-il renoncer à la sonnerie pour
recourir à l'aboyeur de jadis? Ce se-
rait peut-être tomber de Charybde en
Scylla, la voix de l'annonceur risquant
de se confondre à l'audition avec celle
du jeune premier débitant sa tirade
d'amour.
L
'alpinisme en Afrique.
Le terme d'alpinisme ayant pris
dans la langue française un sens gé-
néral dépassant les Alpes, nous n'hé-
siterons pas à dire que miss Bingham
est une grande alpiniste. Cette jeune
Anglaise, fille d'un négociant, vient
de réussir l'ascension du Kiliman-
giaro, la montagne la plus élevée
d'Afrique, haute de 5.930 mètres.
Elle est parvenue à 600 mètres du
sommet, et toute seule, les hommes
de son escorte ayant été pris du mal
de montagne et ayant dû s'arrêter à
5.100 mètres d'altitude, ce qui n'était
d'ailleurs pas mal.
Gageons que miss Bingham dut
s'entraîner dans les Alpes, d'où ce
qualificatif de grande alpiniste que
nous lui donnons.
HORATIO.
(Lire la .,uite en troisième page)
LIRE :
En page 3 :
Le vernissage du Salon
des Indépendants
En page 4 :
Les Elégances et les Mondanités
Madeleine Rolland et Vera Sergine
dans Bérénice, de Racine, au Théâtre
Antoine
(Lire l'article en deuxième page)
tfhoto G.«L. Manuel ûèresJ,
Jean Wall et Mme Régina-Camier,
ans Amitié, au Théâtre des Nouveautés
(Photo G.-L. Manuel frères.)
1 ILiifl l'article ci-contre.)
A L'ATHÉNÉE
« Les Evénements de Béotie»
comédie en 3 actes de MM. Georges Berr et Louis Verneuil
Lorsque, dans ce restaurant de la
Côte d'Azur, nous avons vu plusieurs
souverains détrônés assis .à des tables-
voisines, et accepter gaiement leur in-
fortune, nous avons cru que les au-
teurs tenaient enfin un vrai sujet.
Rappelez-vous le souper des rois, à
Venise, dans Candide. Je ne repro-
cherai pas à M. Georges Berr et à
M. Louis Verneuil de ne pas avoir au-
tant d'esprit que Voltaire. Mais enfin
la réalité offre depuis une quinzaine
d'années, une succession d'événe-
ments si cruels, si comiques, si pit-
toresques pour les anciennes familles
régnantes de divers pays d'Europe,
que deux auteurs pouvaient puiser là
la matière d'une pièce satirique et
fantaisiste, dans le ton, par exemple,
de La Grande-Duchesse et le garçon
d'étage d'Alfred Savoir.
Mais le souper des rois de MM.
Georges Berr et Louis Verneuil n'ar-
rive qu'au troisième acte; il est trop
tard. et ils n'ont pu en tirer grand'-
chosé. Et toute leur pièce, au lieu de
s'appuyer solidement sur la réalité,
qui pourtant les y invitait, s'est réfu-
giée dans le domaine banal, conven-
tionnel. de ce que j'appellerai l'opé-
rette balkanique — avec cette aggra-
vation que c'est une opérette- sans
musique. Ouelle erreur! Et comme
c'est dommage!
Voici une Dièce bien faite, adroite-
ment dosée Dar des hommes d'un mé-
tier éprouvé, qui savent tous les élé-
ments d'un succès. Et pourtant, hier,
elle n'a réussi Qu'à accrocher faible-
ment l'intérêt. Réussira-t-elle mieux
devant le vrai public? C'est possible,
car, au théâtre, il faut distinguer di-
vers public, et les exemDles ne sont
cas rares d'œuvres n'ayant pas plu à
la sénérale et Qui font cependant de
brllantes carrières. Dans ces cas-là.
les auteurs et les directeurs maudis-
sent les générales et les critiques. En
ce moment, aui peut Drévoir les évé-
nements, y compris Les Evénements
de Béotie ? Je réserve donc mon opi-
nion sur le sort de la pièce.
Mais pour la pièce elle-même, je
dirai franchement que je ne l'aime qu'à
moitié. Le genre est trop artinciel,
et on en a terriblement abusé. La
preuve me semble faite que la date
est passée des souverainetés d'opé-
rette. La musique masque d'habi-
tude les pauvretés du sujet, mais quand
ce secours manque, on n'en aper-
çoit plus que les faussetés, et il y a
trop de conventions, sans véritable
fantaisie, dans ces idylles princières,
où les jeux de l'amour et de la poli-
tique donnent l'impression d'un oon-
cif rococo.
Le roi Alexandre IX. souverain de
Béotie, passe ses troupes en revue,
inaugure des ponts et des monuments,
et néglige la reine, d'origine fran-
çaise, qui s'ennuie et étouffe dans sa
cour, réglée par l'étiquette. Un jeu-
ne peintre français, Michel Pommier,
M. Lucien Rozenberg
(Vu par Georges Bastia.)
travaille dans le palais, et seul peut
distraire la reine par sa gentillesse
et ses chansons. Mais il s'est enrôlé
dans le parti communiste, et un cons-
pirateur, Fouchard, le fait entrer mal-
gré lui dans un complot qui veut dé-
clencher la révolution en enlevant
d'abord le roi. Le complot est décou-
vert par le ministre de la po'ice: Fou-
chard et Michel sont arrêtés, et vont
sans doute être exécutés. La reine
obtient du premier ministre, Deloïoti,
la faveur de s'entretenir quelques ins-
tants avec Michel; dès qu'ils sont
seuls, elle ouvre une porte dérobée
— oui, une porte dérobée, qui aboutit
à un souterrain! — qui sera pour lui
la porte de la liberté. Mais elle songe
à s'évader aussi: le roi la délaisse. la
vie devient impossible pour elle ; alors
@lle se sauve avec le jeune peintre
— amoureux comme de juste — et
qui voit dans cette fuite la promesse
d'un bonheur merveilleux. Quelle
singulière aventure!
Et nous voici sur les hauteurs de
Montmartre, dans le petit apparte-
ment de Michel, qui n'était peintre que
d'occasion, mais qui, en réalité, est
un chansonnier montmartrois. La rei-
ne a accepté l'hospitalité chez lui.
Il s'imagine qu'elle est près de l'ai-
mer. au 'elle sera bientôt sa maîtresse.
Ces chansonniers ne doutent de rien.
Mais voici Alexandre IX qui rappli-
aue. suivi de Deloïoti. Après le dé-
part de la reine, qui a fait scandale,
la révolution a éclaté en Béotie, le
roi a été chassé de ses Etats. Il vient
demander des exoIications à sa fem-
me sur sa conduite. N'étant plus pris.
par ses obligations royales, il décou-
vre ses torts envers la reine; dans
l'exil, il saura mieux l'aimer et s'en
faire aimer. Il remercie Michel de
l'avoir protégée, et il prend cour lui
et pour elle les billets pour la Côte
d'Azur, aue le chansonnier était allé
retenir dans T'espoir qu'ils serviraient
à son idylle. La reine part, le laissant
tout déconfit, n'ayant plus, pour se
consoler, que Toche, sa maîtresse
communiste.
A Nice, le roi, parmi d autres sou-
verains détrônés, mène une vie fort
agréable, et ne regrette pas, au con-
traire, la royauté. Il a remis la main
sur la reine, et il flirte en même
temps avec une dangereuse Améri-
caine qui veut l'emmener aux Baléa-
res sur son yacht. Mais Michel repa-
raît, accompagné de Deloïoti; il re-
vient de Béotie; il a formé le projet
de renverser la République et de ré-
tablir Alexandre IX sur son trône. Ne
sera-ce pas le meilleur moyen de
l'éloigner de la reine? L'heure est
venue, lui dit-il, d'aller se montra à
ses partisans; la restauration se fera
sans difficultés. Mais le roi ne veut
rien savoir. Mais la reine a deviné le
péril que lui fait courir l'Américaine.
M. Siblot
(Vu par Georges Bastit.)
Elle aime encore mieux retourner en
Béotie. Le roi ne sera plus pour elle
ce qu'il était auparavant. L'exil les
a rapprochés l'un de l'autre. Elle per-
suade Alexandre IX que son devoir
est de rentrer aussitôt pour rétablir
la royauté. Tous les deux partent en
avion. Il n'y a que le pauvre chan-
sonnier de floué. Mais il mettra son
beau rêve en chansons.
Je le dis encore une-fois, cet inno-
cent conte bleu réclamait des cou-
plets, des refrains, et une musique lé-
gère. Ou bien alors, il eût fallu racon-
ter une histoire vraie, peindre la vie
des souverains en exil, écrire une
pièce satirique. MM. Verneuil et
Georges Berr avaient assez de talent
et d'esprit peur l'écrire. Mais ils ont
fait une erreur d'aiguillage.
Etienne REY.
(Lire lu suite en deuxième page)
Aux Nouveautés
.--
« AMITIÉ
comédie en 3 actes et 4 tableaux
de M. Michel Mourguet
Cette pièce d'un jeune auteur-ao-
teur — on sait que Michel Mourguet
est le pseudonyme de M. Michel Du-
ran — a remporté un succès d'une
jolie qualité. Elle ne ressemble en
rien aux pièces habituelles d'acteurs,
qui pèchent trop souvent par un excès
de métier, et par l'abus des trucs et
des ficelles. On dirait plutôt Tœuvre
d'un romancier d'analyse s'essayant
à l'art dramatique. Il y a peu de « si-*
tuations » de théâtre, de péripéties
plus ou moins artificielles, d'exagéra-
tions scéniques. Elle est toute en
nuances de sentiments, en notations
délicates, en observations justes et
fines. La vérité des sentiments, 1*
vérité des personnages, avec quelle
foie on les salue quand on les ren-
contre! Et comme « les petits faits
vrais », dont parle Stendhal, qifand
ils peuvent, au théâtre, être bien mis
en place, paraissent supérieurs à tout
ls reste !
Le ton dans lequel est écrit la pièce
de M. Mourguet est, d'autre part, fort
agréable, allègre, jeune; sincère, avec
une pointe de gaminerie et d'humour.,
Que manque-t-il à l'œuvre de M.,
Mourguet pour être tout à fait réussie-a
Peut-être sent-on certains flottements
dans la conduite même de la pièce ;
on y voudrait parfois plus de sûreté
dans l'analyse psychologique, et que
les grandes lignes se détachent des
détails avec plus de relief. Mais, ne
soyons pas trop exigeants. Voilà un
début qui fait mieux que d'offrir des
promesses, qui les réalise déjà en
grande partie, et qui est orienté net.
tement vers ce théâtre de qualité, quf
finira, espérons-le, par gagner du ter-
rain sur tant de productions médio-
cres dont nous avons été inondés de*
puis quinze ans.
l'amitié! C'est un sujet qui passe
pour ingrat, et qui a de la peine à
se faire sa place au soleil, parce que.,
depuis des siècles, l'amour l'a prisa
tout entière pour lui.; Il est vrai auç
Directeur
26* ANNEE, — N° 6.943
Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
REDACTION ADMINISTRATION
ET PUBLICITE
146-150, avenue des Champs-Elyséel
Téléphone: Elysées 88-81
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A L'OPÉRA
Le souvenir de Pavlova
et la reprise de « Giselle»
On ne saurait imaginer requiem
plus mélodieux pour une étoile dé-
funte que la reprise de Giselle; il
s'en est fallu de deux jours à peine
pour que cet événement — car c'en
est un — coïncidât avec le premier
anniversaire de la mort d'Anna Pav-
lova. Le cortège des voiles sem-
glait, panmi le deuil blanc des tutus,
accomplir le rite funèbre; et quand
la corps de ballet, un genou à terre,
tour à tour se prosternait et cambrait
les tailles flexibles en levant les bras,
cette muette oraison paraissait invo-
quer l'ombre de celle qui avait chéri
entre tous ce rôle de l'amoureuse
morte, comme elle allait mourir, pour
ne pas avoir voulu s'arrêter de dan-
ser. Tout au long de ce spectacle
d'une inspiration si haute et si rare,
on croyait ressentir la présence réelle
de Pavlova qui nous quitta pour un
séjour plus beau. La dernière fois que
je la vis vivante — ce fut dans cette
même Giselle — elle s'était enfoncée
dans le lit d'herbes et de feuillage et
sa main avait salué d'un dernier geste
d'adieu les choses de ce monde. Mais,
à plus d'une reprise, le coup d'aile
invisible du cygne d'autrefois aura
effleuré Olga Spessivtzeva, qui don-
na à ses temps d'adage l'ineffable
suavité d'une élégie fauréenne. Seule
digne, seule capable de succéder à
La Pavlov*
Pavlova, la plus grande danseuse d'au-
jourd'hui tira de ce poème de danse,
qui est dans ses cordes comme pas
un autre, des accents qui, à plus d'un
instant, touchèrent au sublime. Se-
rait-elle l'égale de Pavlova? Je suis
sûr que cette question lui eût semblé
sacrilège: cette épiphanie du divin
dans un être fragile fut un miracle
unique ! Mais Spessivtzeva, dernière
survivante parmi nous de sa race, se
montre comme l'héritière légitime de
ce qui survit d'elle. D'autres que moi
auront été frappés de cet air de fa-
mille, ressemblance plus spirituelle
encore que matérielle, entre les deux
Giselle, issues de la même lignée.
J'ai trop souvent tenté, dans ces
colonnes, l'analvse de cet ouvrage qui
nous dispense d'inépuisables voluptés
intellectuelles et sentimentales pour
en reprendre l'examen. Nul n'ignore
parmi nos lecteurs la donnée de ce
ballet, qui mêle une poésie immarces-
sible à un romantisme désuet: la pos-
torale allemande avec ses jeux rus-
tiaues et divins, la partie de chasse
moyenâgeuse, la scène de la folie
par amour, où les thèmes de l'idylle
reparaissent hésitants, chancelants,
tragiquement mutilés. Le prétexte ain-
si fourni, l'aube spirituelle se lève
sur le deuxième tableau où les per-
sonnages renaissent transfigurés et où
le ballet blanc trace ses cercles magi-
ques. Cette merveilleuse composition,
Qui a pour leitmotiv ou module régu-
lateur Varabesque sous toutes ses for-
mes : relevé, piqué, soubresauts, tours
en arabesque (la plus noble con-
quête du romantisme saltatoire, écha-
faudage ajouré à claire voie, équili-
bre plein d'âme où deux parallèles
coudent obliquement la verticale de
l'aplomb avant de se perdre dans l'es-
pace). nous a été transmise telle,
dans ses traits généraux, que Coralv
la conçut pour la Grisi, il y a quatre-
vingt-dix ans. Ce qui confère à ce
concerto plastique son incalculable
portée, c'est que les enchaînements
de pas les plus usuels, lieux communs
de la technique scolaire, s'y emprei-
gnent d'une haute signification humai-
ne, je dirai même ésotérique. Ce n'est
plus un drame, c'est un dialogue de
purs esprits quand, au cours de l'en-
trevue nocturne des amants sur les li-
mites des deux mondes, celui terres-
tre et celui idéal — que dommage que
ce rendez-vous dans l'absolu soit plon-
gé dans l'obscurité et qu'une machi-
nerie antédiluvienne nous fasse trem-
bler pour le salut de l'étoile! Mlle
SDessivtzeva et M. Serge Lifar, dres-
sés chacun sur les orteils tendus aux
deux extrémités de deux lignes paral-
lèles. laissent leurs torses chavirer
latéralement en reversant l'aplomb,
prennent du champ en glissant, s'en-
lèvent et retombent sur le ressort plié
de leurs souples jarrets. Cinquième
sur les pointes, glissade, assemblé :
il n'y a là rien qui puisse troubler
une élève des petites classai Mais
si parfaite est l'utilisation poétique de
cette séquence de pas si simple, que
nous nous sentons envahis d'une dou-
ce et déchirante exaltation.
J'ai nommé M. Serge Lifar; ses dé-
buts éclatants dans le rôle d'Albert
Loys, le prince déguisé et l'amoureux
félon qui devient, au deuxième acte,
« le ténébreux, le veuf, l'inconsolé »,
traînant le manteau noir parmi les
tombes, ont doté le spectacle de l'Opé-
ra du protagoniste qui lui manquait
pour approcher de la perfection. Je
vais jusqu'à estimer que la version de
1932 égale — et par moments dé-
passe — celle que les « Ballets rus-
ses » présentèrent en 1911, sur le
même plateau, que le couple Spes-
sivtzeva-Lifar, admirablement assorti,
n'a rien à envier au duo Karsavina-
Nijinsky (dont ce rôle ne fut jamais
le triomphe), même pas le succès !
Mercredi dernier, une chambrée bril-
lante et enthousiaste faisait aller Gi-
selle aux nues. En 1911, ce fut un
succès d'estime qui ressemblait assez
à un échec. Ce paradoxe s'explique:
les orgies persanes et pyrrhiques po-
iovtsiennes des premières saisons rus-
ses. les coloris rutilants de Bakst
avaient ébranlé le prestige et relégué
dans l'ombre les grâces plus discrètes
du style classique. Ayant ouvert les
écluses, Diaghilew ne parvenait plus
à remonter le courant. Mais que signi-
fie la victoire complète de l'autre soir?
L'éducation du public serait-elle en-
fin faite? S'il en était ainsi, ce journa1
et son critique pourraient prétendre
— j'aime à le supposer, sans fausse
modestie, après avoir fait campagne
pendant dix ans — à y avoir été pour
quelaue chose. Pourvu que le direc-
teur de l'Opéra tire de cette réussite
les conclusions qui s'imposent et ne
fasse Das mauvaise mine au bon jeu !
Pour en revenir à M. Lifar, dont le
« métier » se perfectionne et le stvle
s'éDure littéralement à vue d'oeil, il
a calqué son personnage sur l'inter-
ptétation. qu'en donnait M. Pierre Vla-
dimiroff, admirable artiste de l'équi-
pé formée par Fokine, sur la scène
impériale de Saint-Pétersbourg; si le
jeune danseur doit beaucoup à l'exem-
ple et aux conseils de son aîné qui
imprima à sa manière ce cachet ini-
mitable, unique, du Théâtre Marie, il
a par certains côtés dépassé son maî-
tre, qui n'est pas un Polonais félin et
câlin comme Nijinsky, mais, sous le
maillot du prince charmant, un impé-
tueux cosaque. Plus délié de ligne,
plus vif, il enleva sa variation avec
un brio étonnant, et ses triples tours
en l'air avec les bras en couronne
furent de toute beauté.
Mais je reviendrai longuement sur
le ballet et la distribution (j'aimerais
rédiger un « journal » de Giselle, à
la manière de M. Emile Mas), je me
réserve aussi de parler du Spectre de
Mlle Spessivtzeva
(Photo Henri Manuel.)
la rose, qui m'a fait éprouver un plai-
sir très mélangé de regrets. Et c'est
aussi avec regret — il convient de le
dire sans tarder — que j'ai vu le rôle
de la mère confié, avec des coupures
qui le privent de sens, à une sorte de
morne figurante ignorant tout-de la
mime. Combien aurions-nous préféré
y revoir Mme Blanche Kerval, qui y
mettait beaucoup de bonhomie! Cela
nous aurait permis de rendre l'hom-
mage qui lui est dû, au moment de sa
retraite, à un membre probe et utile de
la troupe de l'Opéra qui s'en va quitter
la maison après cinquante ans de ser-
vices.
André LEVINSON.
La vie publique
Le Cabinet Laval
conserve sa majorité
Après quatre séances de très laborieux
débats, où les interpellateurs déchaînèrent
contre le gouvernement le maximum de
leur opposition, M. Pierre Laval, en un
magnifique discours, a défini la politique
générale du ministère. Et il a gagné la
partie. Deux scrutins successifs lui don-
nèrent la victoire; le premier, par 38 voix
sur la priorité de l'ordre du jour; le se-
cond, par 51 voix sur la confiance.
Rallier devant une telle assemblée
312 voix contre 261, c'était une tâche
malaisée, tant l'opposition s'était déchaî-
née. Cela suffit à avertir l'Allemagne que
le second ministère Laval a retrouvé sa
majorité constante et sans doute accrue
demain, après cette bataille gagnée. Nous
reviendrons d'ailleurs sur ce vote.
- - -- -- 7 -:- - À. DELPEYROU*
LES CONCOURS DE BEAUTÉ
*
4
Mlle Euterpe Lampsa
vient d'être élue
miss Grèce à Athènes
A la suite d'une première sélection qui désigna douze jeunes filles venues des
diverses provinces helléniques, Mlle Eu terpe Lampsa âgée de 18 ans, fille d'un
notaire du Pirée, a été désignée par tin jury d'artistes et d'hommes de lettres
comme « Miss Grèce 1932 ». Elle par ticipera à la grande compétition de
Nice que prépare M. Maurice de Wa leffe.
Dans les Académies
Le glorieux passé
de la Villa Médicis
M. Ferdinand Boyer, professeur
d'histoire au (Lycée Voltaire, a fait
hier à l'Académie des Inscriptions et
Belles-Lettres une intéressante lecture
sur les antiques et le musée des por-
traits du cardinal Ricci qui construi-
sit la villa Médicis à Rome.
Les joyaux de cette collection furent
les fameux bas-reliefs de l'Ara Pacis
Augustae, vendus en 1566 par Camiîlo
Bologuino; le cardinal ne les offrit au
grand-duc de Toscane, d'ailleurs sans
succès, que trois ans plus tard. D'au-
tre part la ville contenait plus de 250
portraits d'hommes célèbres suivant la
mode lancée par Paul Jove.
La famille des Médicis était repré-
sentée par dix-sept portraits qui avaient
été généreusement payés quatre écus
chacun.
La villa et les œuvres d'art furent
vendues en 1576 au cardinal de Médi-
cis ; le musée des Offices possède au-
jourd'hui les bas-reliefs de l'Ara Pacis
e' bon nombre des portraits.
Actuellement, la villa ne possède
qu'un seul bas-relief du prélat artis-
te qui avait failli être pape et qui
se consola de son échec en réunissant
dans son palais la plus prestigieuse
collection de son temps.
Le comte de Saint-Perier a présenté
un os gravé, taillé en forme de lame,
qu'il a découvert dans les grottes d'Is-
turitz (Basses-Pyrénées). Sur l'une des
faces est gravé un bison blessé ; sur
l'autre, deux figures humaines, une
femme nue aux formes massives et un
homme qui tend vers elle des mains
suppliantes. Il s'agit, semble-t-il, d'un
symbole de conquête destiné dans l'es-
prit de celui qui l'a tracé à faciliter la
prise de possession d'une femme. On
sait, par l'ethnographie, que les popu-
lations primitives actuelles ont recours
à de nombreuses pratiques de magie
dans leurs entreprises amoureuses.
Enfin, le prix Bardin a été ainsi
partagé: M. Delage, 1.000 francs ;
M. Descroix, 500 francs ; M. de La-
briolle, 500 francs. Le comte Lefebre
des Noettes s'est vu attribuer une
mention honorable pour son curieux
Duvrage sur L'Attelage du cheval de
selle. - L. A.
"NOS ÉCHOS
T
'emps difficiles.
Deux peintres montmartrois
s'étaient arrêtés, hier matin, place
du Tertre, et se lamentaient sur la
crise.
- Je crève de faim, disait l'un.
- ioi aussi, faisait l'autre, tu ne
vends plus rien.?
— Si mes cadres. sans les toiles.
— Ah !.
— Et je déjieune d'un bout de
chocolat et d'un morceau de main.
— Moi, d'un bout de fromage et
de pain, et, en ce moment, le soir,
d'un croissant.
- Tu vas jusqu'au croissant?
- Oui. le croissant de la lune.
Un autre peintre racontait qu'il
avait l'autre jour mangé des sardines
à l'huile, en gardant l'huile pour sa
peinture. ajoutant qu'on ne pouvait
plus se payer le luxe de peindre en
pleine pâte.
Triste, triste.
Ah! quand partira-t-il ce temps de
la crise?
E
ntrée originale.
Prié d'assister à une soirée
costumée chez des amis, cet aima-
ble Parisien ne songea pas à s'affu-
bler d'une perruque ou à se dé-
guiser.
D'autant plus que chaque déguise-
ment devait être symbolique.
Il se contenta de se faire une cou-
ronne en carton, sur laquelle il écri-
vir Deutschland et de dévaliser,
l'après-midi, une brave marchande
de ballons d'enfants aux Tuileries. Il
mit sa perruque et, au moment d'en-
trer dans le salon où se tenait le bal,
il se fit attacher un peu partout les
.petits ballons
Il fut accueilli par un vaste éclat
de rire. Mais la maîtresse de maison
avoua :
—, Je ne comprends rien.
Alors il dut s'expliquer :
- Je représente l'Allemagne avec
ses ballons d'essai.
Le mot eut son succès.
A
ccueil.
Un pauvre vieux grelottait de
froid dans a nuit quand cette bande
joyeuse, qui s'en allait souper dans
un atelier ami eut l'idée d'emmener
ce mendiant.
On le mit dans un coin, près du
poêle, après lui avoir donné à man-
ger et à boire.
-Le pauvre vieux s'endormit drapé
dans une couverture que deux jeu-
nes femmes lui donnèrent.
Ce n'est que le lendemain matin
que le pauvre diable se réveilla.
— J'ai cru que j'étais au para-
dis, dit-il. Ces anges — il montrait
les jeunes femmes — votre musi-
que. tant de bontés, messieurs.
'Et c'est en pleurant qu'il prit congé
de ses hôtes, muni d'argent et de
vêtements., ',' -
L
a rosette au « Père des ty-
phons ».
Tout récemment, nous l'avons dit,
le général Weygand remettait la ro-
sette au R. P. Poidebard, le célèbre
archéologue aviateur. A la cérémonie,
tout intime, assistait entre autres le
Père Froc, qui dirigea, de 1872 à
l'an dernier, un observatoire établi
près de Shanghai par les missionnai-
res, où fonctionne un service d'infor-
mation pour les marins.
Pendant cinquante ans, le Père
Froc décela la marche des cyclones par
ses observations, et prévit et suivit
plus de mille typhons.
On peut imaginer le nombre des
vies humaines préservées par lui de
la sorte.
Ses travaux valurent au Père Froc
les surnoms de « Père des typhons »
et de « Père tourne le vent ».
Or, comme le Père rentrait chez
lui après avoir félicité son ami le
R P. Poidebard, il eut la surprise de
trouver à son couvent -un garde répu-
blicain qui lui apportait un message
de M. Doumer, lui conférant, à lui
aussi, la rosette.
M. Doumer n'avait pas oublié qu'é-
tant gouverneur général de l'Indo-
chine, il avait confié au Père Froc la
mission de choisir remplacement de
l'observatoire où il devant rendre tant
de services.
Ainsi, dans la même journée, deux
Pères qui firent beaucoup pour la
France, furent récompensé^
p
ostes clandestins en coulisses
Lors d'une retransmission ra-
diophonique de pièce, certain artiste
qui y prenait part, avait prévenu ses
amis qu'ils pourraient, ce soir-là, l'en-
tendre par sans-fil. Tous lui firent ob-
sei ver ensuite que ses paroles avaient
été souvent couvertes par d'étranges
bruits. Le coupable sans le savoir
était le régisseur, créant une vérita-
ble émission clandestine autant que
parasitaire, en faisant fonctionner au
milieu des actes, la sonnette d'avertis-
sement aux artistes restés dans leurs
loges.
Devant cet imprévu de la radio,
faudra-t-il renoncer à la sonnerie pour
recourir à l'aboyeur de jadis? Ce se-
rait peut-être tomber de Charybde en
Scylla, la voix de l'annonceur risquant
de se confondre à l'audition avec celle
du jeune premier débitant sa tirade
d'amour.
L
'alpinisme en Afrique.
Le terme d'alpinisme ayant pris
dans la langue française un sens gé-
néral dépassant les Alpes, nous n'hé-
siterons pas à dire que miss Bingham
est une grande alpiniste. Cette jeune
Anglaise, fille d'un négociant, vient
de réussir l'ascension du Kiliman-
giaro, la montagne la plus élevée
d'Afrique, haute de 5.930 mètres.
Elle est parvenue à 600 mètres du
sommet, et toute seule, les hommes
de son escorte ayant été pris du mal
de montagne et ayant dû s'arrêter à
5.100 mètres d'altitude, ce qui n'était
d'ailleurs pas mal.
Gageons que miss Bingham dut
s'entraîner dans les Alpes, d'où ce
qualificatif de grande alpiniste que
nous lui donnons.
HORATIO.
(Lire la .,uite en troisième page)
LIRE :
En page 3 :
Le vernissage du Salon
des Indépendants
En page 4 :
Les Elégances et les Mondanités
Madeleine Rolland et Vera Sergine
dans Bérénice, de Racine, au Théâtre
Antoine
(Lire l'article en deuxième page)
tfhoto G.«L. Manuel ûèresJ,
Jean Wall et Mme Régina-Camier,
ans Amitié, au Théâtre des Nouveautés
(Photo G.-L. Manuel frères.)
1 ILiifl l'article ci-contre.)
A L'ATHÉNÉE
« Les Evénements de Béotie»
comédie en 3 actes de MM. Georges Berr et Louis Verneuil
Lorsque, dans ce restaurant de la
Côte d'Azur, nous avons vu plusieurs
souverains détrônés assis .à des tables-
voisines, et accepter gaiement leur in-
fortune, nous avons cru que les au-
teurs tenaient enfin un vrai sujet.
Rappelez-vous le souper des rois, à
Venise, dans Candide. Je ne repro-
cherai pas à M. Georges Berr et à
M. Louis Verneuil de ne pas avoir au-
tant d'esprit que Voltaire. Mais enfin
la réalité offre depuis une quinzaine
d'années, une succession d'événe-
ments si cruels, si comiques, si pit-
toresques pour les anciennes familles
régnantes de divers pays d'Europe,
que deux auteurs pouvaient puiser là
la matière d'une pièce satirique et
fantaisiste, dans le ton, par exemple,
de La Grande-Duchesse et le garçon
d'étage d'Alfred Savoir.
Mais le souper des rois de MM.
Georges Berr et Louis Verneuil n'ar-
rive qu'au troisième acte; il est trop
tard. et ils n'ont pu en tirer grand'-
chosé. Et toute leur pièce, au lieu de
s'appuyer solidement sur la réalité,
qui pourtant les y invitait, s'est réfu-
giée dans le domaine banal, conven-
tionnel. de ce que j'appellerai l'opé-
rette balkanique — avec cette aggra-
vation que c'est une opérette- sans
musique. Ouelle erreur! Et comme
c'est dommage!
Voici une Dièce bien faite, adroite-
ment dosée Dar des hommes d'un mé-
tier éprouvé, qui savent tous les élé-
ments d'un succès. Et pourtant, hier,
elle n'a réussi Qu'à accrocher faible-
ment l'intérêt. Réussira-t-elle mieux
devant le vrai public? C'est possible,
car, au théâtre, il faut distinguer di-
vers public, et les exemDles ne sont
cas rares d'œuvres n'ayant pas plu à
la sénérale et Qui font cependant de
brllantes carrières. Dans ces cas-là.
les auteurs et les directeurs maudis-
sent les générales et les critiques. En
ce moment, aui peut Drévoir les évé-
nements, y compris Les Evénements
de Béotie ? Je réserve donc mon opi-
nion sur le sort de la pièce.
Mais pour la pièce elle-même, je
dirai franchement que je ne l'aime qu'à
moitié. Le genre est trop artinciel,
et on en a terriblement abusé. La
preuve me semble faite que la date
est passée des souverainetés d'opé-
rette. La musique masque d'habi-
tude les pauvretés du sujet, mais quand
ce secours manque, on n'en aper-
çoit plus que les faussetés, et il y a
trop de conventions, sans véritable
fantaisie, dans ces idylles princières,
où les jeux de l'amour et de la poli-
tique donnent l'impression d'un oon-
cif rococo.
Le roi Alexandre IX. souverain de
Béotie, passe ses troupes en revue,
inaugure des ponts et des monuments,
et néglige la reine, d'origine fran-
çaise, qui s'ennuie et étouffe dans sa
cour, réglée par l'étiquette. Un jeu-
ne peintre français, Michel Pommier,
M. Lucien Rozenberg
(Vu par Georges Bastia.)
travaille dans le palais, et seul peut
distraire la reine par sa gentillesse
et ses chansons. Mais il s'est enrôlé
dans le parti communiste, et un cons-
pirateur, Fouchard, le fait entrer mal-
gré lui dans un complot qui veut dé-
clencher la révolution en enlevant
d'abord le roi. Le complot est décou-
vert par le ministre de la po'ice: Fou-
chard et Michel sont arrêtés, et vont
sans doute être exécutés. La reine
obtient du premier ministre, Deloïoti,
la faveur de s'entretenir quelques ins-
tants avec Michel; dès qu'ils sont
seuls, elle ouvre une porte dérobée
— oui, une porte dérobée, qui aboutit
à un souterrain! — qui sera pour lui
la porte de la liberté. Mais elle songe
à s'évader aussi: le roi la délaisse. la
vie devient impossible pour elle ; alors
@lle se sauve avec le jeune peintre
— amoureux comme de juste — et
qui voit dans cette fuite la promesse
d'un bonheur merveilleux. Quelle
singulière aventure!
Et nous voici sur les hauteurs de
Montmartre, dans le petit apparte-
ment de Michel, qui n'était peintre que
d'occasion, mais qui, en réalité, est
un chansonnier montmartrois. La rei-
ne a accepté l'hospitalité chez lui.
Il s'imagine qu'elle est près de l'ai-
mer. au 'elle sera bientôt sa maîtresse.
Ces chansonniers ne doutent de rien.
Mais voici Alexandre IX qui rappli-
aue. suivi de Deloïoti. Après le dé-
part de la reine, qui a fait scandale,
la révolution a éclaté en Béotie, le
roi a été chassé de ses Etats. Il vient
demander des exoIications à sa fem-
me sur sa conduite. N'étant plus pris.
par ses obligations royales, il décou-
vre ses torts envers la reine; dans
l'exil, il saura mieux l'aimer et s'en
faire aimer. Il remercie Michel de
l'avoir protégée, et il prend cour lui
et pour elle les billets pour la Côte
d'Azur, aue le chansonnier était allé
retenir dans T'espoir qu'ils serviraient
à son idylle. La reine part, le laissant
tout déconfit, n'ayant plus, pour se
consoler, que Toche, sa maîtresse
communiste.
A Nice, le roi, parmi d autres sou-
verains détrônés, mène une vie fort
agréable, et ne regrette pas, au con-
traire, la royauté. Il a remis la main
sur la reine, et il flirte en même
temps avec une dangereuse Améri-
caine qui veut l'emmener aux Baléa-
res sur son yacht. Mais Michel repa-
raît, accompagné de Deloïoti; il re-
vient de Béotie; il a formé le projet
de renverser la République et de ré-
tablir Alexandre IX sur son trône. Ne
sera-ce pas le meilleur moyen de
l'éloigner de la reine? L'heure est
venue, lui dit-il, d'aller se montra à
ses partisans; la restauration se fera
sans difficultés. Mais le roi ne veut
rien savoir. Mais la reine a deviné le
péril que lui fait courir l'Américaine.
M. Siblot
(Vu par Georges Bastit.)
Elle aime encore mieux retourner en
Béotie. Le roi ne sera plus pour elle
ce qu'il était auparavant. L'exil les
a rapprochés l'un de l'autre. Elle per-
suade Alexandre IX que son devoir
est de rentrer aussitôt pour rétablir
la royauté. Tous les deux partent en
avion. Il n'y a que le pauvre chan-
sonnier de floué. Mais il mettra son
beau rêve en chansons.
Je le dis encore une-fois, cet inno-
cent conte bleu réclamait des cou-
plets, des refrains, et une musique lé-
gère. Ou bien alors, il eût fallu racon-
ter une histoire vraie, peindre la vie
des souverains en exil, écrire une
pièce satirique. MM. Verneuil et
Georges Berr avaient assez de talent
et d'esprit peur l'écrire. Mais ils ont
fait une erreur d'aiguillage.
Etienne REY.
(Lire lu suite en deuxième page)
Aux Nouveautés
.--
« AMITIÉ
comédie en 3 actes et 4 tableaux
de M. Michel Mourguet
Cette pièce d'un jeune auteur-ao-
teur — on sait que Michel Mourguet
est le pseudonyme de M. Michel Du-
ran — a remporté un succès d'une
jolie qualité. Elle ne ressemble en
rien aux pièces habituelles d'acteurs,
qui pèchent trop souvent par un excès
de métier, et par l'abus des trucs et
des ficelles. On dirait plutôt Tœuvre
d'un romancier d'analyse s'essayant
à l'art dramatique. Il y a peu de « si-*
tuations » de théâtre, de péripéties
plus ou moins artificielles, d'exagéra-
tions scéniques. Elle est toute en
nuances de sentiments, en notations
délicates, en observations justes et
fines. La vérité des sentiments, 1*
vérité des personnages, avec quelle
foie on les salue quand on les ren-
contre! Et comme « les petits faits
vrais », dont parle Stendhal, qifand
ils peuvent, au théâtre, être bien mis
en place, paraissent supérieurs à tout
ls reste !
Le ton dans lequel est écrit la pièce
de M. Mourguet est, d'autre part, fort
agréable, allègre, jeune; sincère, avec
une pointe de gaminerie et d'humour.,
Que manque-t-il à l'œuvre de M.,
Mourguet pour être tout à fait réussie-a
Peut-être sent-on certains flottements
dans la conduite même de la pièce ;
on y voudrait parfois plus de sûreté
dans l'analyse psychologique, et que
les grandes lignes se détachent des
détails avec plus de relief. Mais, ne
soyons pas trop exigeants. Voilà un
début qui fait mieux que d'offrir des
promesses, qui les réalise déjà en
grande partie, et qui est orienté net.
tement vers ce théâtre de qualité, quf
finira, espérons-le, par gagner du ter-
rain sur tant de productions médio-
cres dont nous avons été inondés de*
puis quinze ans.
l'amitié! C'est un sujet qui passe
pour ingrat, et qui a de la peine à
se faire sa place au soleil, parce que.,
depuis des siècles, l'amour l'a prisa
tout entière pour lui.; Il est vrai auç
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