Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-01-13
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 13 janvier 1932 13 janvier 1932
Description : 1932/01/13 (A26,N6933). 1932/01/13 (A26,N6933).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7650884p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
* .< <•
JEAN DE ROVERA
Directeur
26' ANNEE. - N° 6,933
.Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
REDACTION ADMINISTRATION
ET PUBLICITE
146-150, avenue des Champs-Elysées
Téléphone: Elysées 88-81
3 mois 6 mois i an
Paris, Seine, Seine.et.OIlI( et — — —
Seine et-Marne î0 a 40 » 80 »
Départements et Colonies ss > it a 85 »
Belgique 88 » 70 140
Etranger Autres oays 60 » 100 » «00 »
Adresse té'égraphique : COMŒOIA,PARIS
Chèque Postât; 826-72 Paria
MERCREDI
13 JANVIER
1932
0.25
9 lignes teléphoniquet
groupées sous le no
Elys. 88.81
La nuit: Trud. 92.84
Prix de- vente aq n*
pour la Belgique
Frs belges: 0 fr. 50
Adresser la correspondance sans exception
à M. le directeur de a Comœdia à
PARIS, SEINE ET S.-ET-O. : 25 CENTIMES
MERCREDI 13 JANVIER 1932
DEPARTEMENTS : 30 CENTIMES
RU THÉRTRE NATIONAL POPULAIRE
Pourquoi le Trocadéro n'offrirait-il pas asile
à des troupes de comédiens
de l'Union des Artistes?
Ce serait un moyen efficace et pratique de lutter -
contre le chômage
Dans divers entretiens avec quel-
ques-unes des personnalités qui sont
le mieux à même de mesurer l'éten-
due de la détresse des comédiens,
notre collaborateur, M. Yvon Novy,
a exposé ici la situation faite par les
¡(jiffi.cultés grandissantes aux comé-
diens. et plus particulièrement aux
artistes lyriques. Des idées ont été
exprimées, des projets énoncés pour
remédier à un état de choses qui ne
signifie en rien. comme certains dé-
faitistes ont voulu tout d'abord le
laisser entendre, que le public fran-
çais aime de moins en moins le théâ-
tre. A la vérité, il l'aime de plus en
plus, mais il lui est de jour en jour
plus difficile de se livrer à ce Plaisir
favori.
Que valent ces projets? Je n'ai
point le loisir de l'examiner ici. Je
.voudrais plus simplement, et pré-
somptueusement peut-être comme
tout le monde, aiouter une idée aux
idées déjà exprimées.
Tout le monde connaît le Théâtre
national populaire qui occupe la vaste
salle du Trocadéro. Cette institution
bénéficie de cette salle d'abord et
d'une assez copieuse subvention. Les
places n'y sont pas chères et l'on peut
à aussi bon compte et même à meil-
leur compte qu'au cinéma assister à
des spectacles aui ne se déroulent
peut-être cas dans un cadre bien
beau, bien cohérent, mais qui, du
moins, ont l'avantage d'être confiés
à des comédiens de Qualité, puisque
toutes ces représentations ne font
que transDorter sur cette scène les
• spectacles établis par nos grands
théâtres subventionnés. En sorte que
le Théâtre National Populaire vit de
l'activité de ces Subventionnés, en
offre à bon marché et à destination
de la masse une deuxième mouture
et Qu'il fait, en somme, quelque peu
concurrence aux théâtres d'origine.
ri n'v a pas lieux d'examiner jus-
qu'à Quel point cette convention est
iuste et si le Théâtre National. Popu-
laire fait un tort réel à nos Subven-
tionnés.. Je ne le J cf OIS ailleurs
point.. ,
Mais Duisau'il est facile de modi-
fier son régime, ce régime n'étant
qu'une administration de seconde
zone. pourquoi, d'accord avec l'Union
des Artistes et sous s- surveillance,
pourquoi ne transformerait-on pas le
régime du Théâtre National Ponu-
laire, pourquoi n'y ferait-on pas défi-
ler. au lieu de ces spectacles montés
par les Subventionnés et présentés
dans des conditions inférieures à la
présentation initiale, d'autres specta-
cles? Pourquoi ne constituerait-on
pas ou bien une troupe, ou bien des
groupes de comédiens réunis selon
leurs affinités particulières et qui
joueraient devant ce grand public les
mêmes œuvres classiques ou lyriques
qu'on a coutume de leur offrir?
Les cachets seraient calculés soit
selon une proportion en rapport avec
le prix des places, soit constitués par
un pourcentage sur les recettes, ou
bien encore il y aurait pour ces grou-
pes divers des mensualités établies
au minimum sous le contrôle - de
l'Union des Artistes. -
Ce serait le moyen d'occuper cha-
que mois quelques dizaines et même
quelques centaines d'artistes de tous
les genres. Assurément, cette idée
n'a rien 'd'absolu. Elle est discuta-
ble.'Elle est amendable. Je ne la don-
ne. que pour ce qu'elle vaut, mais .il
n'çst pas possible qu'on ne fasse pas,
par l'effort de tous, par les sacrifices
de certains, quelque chose pour une
corporation d artistes qui souffre en
ce moment, et plus que d'autres
peut-être, mort et misère ; ;
Je sais bien que mon vieux cama-
rade Fourtier, directeur du Théâtre
National. Populaire, va téter les hauts
cris et que je ne pourrai lur répon-
dre immédiatement puisque cet arti-
cle paraîtra en mon absence. Non
qu'il n'ait point le cœur généreux,
mais toutes les fois que l'on propose
un bouleversement de l'ordre ou de
la routine établis. la réaction, quelle
que soit l'intelligence de ceux dont
le projet chasse les habitudes, est
inévitable. Mais, à des circonstances
exceptionnelles, conviennent des me-
sures exceptionnelles.
M. Fourtier voudra-t-il compren-
dre que dans des conjonctures aussi
dramatiques sans jeu de mots,
hélas 1 - il convient que l'Etat par-
ticipe à la lutte contre le chômage
par des moyens normaux, par des
moyens différents des allocations
simplistes et dispendieuses.
Gabriel BOISSY.
La vie publique
-.
LE CABINET LAVAL
EST DEMISSIONNAIRE
en est fait: le cabinet-Laval est
démissionnaire. Cette nouvelle ne sau-
vait être une surprise pour les lecteurs
de (:omœdia,) qui avait prédit la crise
bien'avant qu'elle fût ouverte.
,\i:lle a été provoquée d'abord par
l'attitude de M. Aristide Briand, qui,
bien qu'ayant conscience de son indis-
ponibilité eu un temps où la politique
extérieure réclame du ministre des
Affaires étrangères une activité physi-
fii'e et intellectuelle de tous les ins-
tants, s'est obstiné, en dépit des plus
affectueuses insistances du président
fu Conseil, à n'abandonner son porte-
feuille qu'en compagnie de tous les
uv.nistres.
Elle a été provoquée ensuite par ie
rcfu, catégorique des radicaux de par-
ticiper au pouvoir, encore que M.
Pierre l.aval, au cours d'une entrevue
avec M. Herriot, lui ait offert la suc-
cession de M. Briand au Quai d'Orsay
et uour son parti un nombre de porte-
feuilles « proportionnel à l'importance
nurtierifiue du groupe radier ». Pour
généreuse que fut cette proposition —
M. Herriot a tenu lui-même à en souli-
gner publiquement « le caractère-cor-
dial et obligeant » — elle s'est heurtée
à l'intransigeance, à l'ostracisme des
parlementaires valoisiens peu soucieux
d assumer à moins de trois mois des
élections législatives la responsabilité
'H'une gestjon gouvernementale qui,
rv.ur triompher des tiffi-f.-ultés actuel-
les. tant intérieures qu'extérieures,
doit ne point se soucier de l'impopu-
l-irité
Au surplus la réponse radicale est
conçue en termes courtois mais d'une
telle ambiguïté qu'elle laisse le champ
libre à toute tentative de conciliation
républicaine, à la condition que l'ex-
p/rirnre soit tentée par une autre per-
sonnalité politique que M. Pierre
Laval,
Or, cette expérience, on sait que le
président de la République est ferme-
ment décidé à la tenter. Dès ce ma-
t-jî il procédera aux consultations tra-
ditionnelles en commençant, comme
l'exige le protocole, par les présidents
des deux Assemblées. parlementaires.
Mais rien ne prouve, que faisant état
rtec suggestions .contenues dans Le ma-
nifeste des radicaux, il fasse appel de
nouveau a M. Pierre Laval.
En tons cas le temps presse. Sous
quelque formule politique que s'abrite
le futur cabinet et quel qu'en soit le
chef. il importe que le gouvernement
««vit reconstitué au plus tôt et qu'il
gouverne.
Quand on pense que les ministres de
demain ne disposeront Que de quel-
ques jours pour étudier les dossiers des
réparations et du désarmement; quand
"on pense que de la durée d'une crise
ministérielle dépendent ainsi pour une
certaine part l'avenir et la sécurité de
la France, on ne peut, ma foi. se rete-
nir de trembler.
A. DELPEYROU.
(Lire en cinquième, page notre rubri-
que: « Pour vos conversations du
jour »)»
Pour les musées nationaux
M. David Weill
l* mécène bien connu four ses libéra-
lités en laveur de nos musées, vient
d'être élu président du Conseil des
Musées nationaux en remplacement de
feu M. Raviiiond Koechlin.
(Photo G.-L. Manuel frères.)
Un légitime hommage
à Maurice Ravel
Demain, la Salle Pleyel fêtera un
grand musicien français, Maurice Ra-
vel, et lui consacrera un festival. Per-
sonne, certes, ne s'avisera de décou-
vrir un compositeur dont la musique
a fait le tour des salles de concerts
du monde, y apportant sa distinction
élégante et sa sensibilité discrète. Le
r1 ogrammeade demain comportera: la
deuxième suite de Daphnis et Chloé, la
Valsé, la Rapsodie espagnole, la Pa-
vane pour une infante défunte et le
boléro.
Ces œuvres sont connues. L'attrait
du concert se concentrera sur le
Concerto pour piano dont ce sera la
première audition. Ravel a écrit de
brillantes pages pour le piano. Il s'en
ett souvenu dans son nouvel ouvrage
et il n'a pas dédaigné tout ce qui peut
mettre en valeur le talent et le savoir
faire du pianiste. C'est Mme Margue-
rite Long qui jouera la partie de so-
liste.
L'orchestre des Concerts Lamoureux
<;pra conduit, demain soir, par Maurice
Ravel et par M. de Freitas-Branco.
OFFRES D'EMPLOIS
— Pardon, m'sieur. c'est bien ici qu'on demande des ministres?
* (Dessin de Ralph Soupault.)
NOS ECHOS
1 ',
A l'occasion dit quatrième centenaire
de la fondation du Collège de France,
les professeurs ont fait graver lIlle
médaille commèmorativè. Vexécution
en a été confiée à M. P. Turin, qui a
exécuté une œuvre très remarquable de
noblesse et de pureté de ligne. Sur la
face on voit une Minerve, pensive qui
tient le flambeau du savoir; sur le re-
vers se dresse la statue grave de Guil-
laume Budé.
(Photo G.-L. Manuel frères.)
p
ositions pour jeunes filles..
La concierge d'un peintre de
nos amis se plaignait l'autre jour à
lui de ce que sa fille, une beauté de
dix-huit ans, passait ses journées à
ne Tien faire, que rêver, allongée
dans un fauteuil pliant.
— Prenez garde, madame, dit aus-
sitôt le peintre, pas trop de position
allongée pour cette petite demoiselle.
C'est comme ça qu'on devient une
horizontale.
- Et alors?
- Vous ne savez pas ce que c'est
qu'une horizontale? C'est le nom que
nos grands-pères donnaient aux dames
qu'on appelle aujourd'hui des poules.
— Je veux pas, bien sûr, que ma
fille devienne ça. Quelle position
qu'il faut donc qu'elle..prenne? .,
— A son âge, verticale de préfé-
rence. â
- Position verticale ?
— Oui.
— Et qu'est-ce que ça rapporte
une position verticale?
Le peintre n'a pas insisté.
E
pilogue aux puces savantes.
t A la suite de notre écho tou-
chant les puces savantes exigeant,
Dour être éduquées, d'appartenir à la
race lllinoris, c'est-à-dire celle des pu-
ces d'hommes, nous avons reçu la let-
tre suivante, d'un lecteur dont la
femme ambitionnait de devenir domp-
teuse d'insectes:
« Monsieur,
« Votre écho de ce matin complète
heureusement votre première infor-
mation : mais il a été terrible pour mon
foyer et c'est pour cela que je vous
écris. Ma femme, devant l'exemple de
ce domoteur, qui nourrissait ses pen-
sionnaires de son propre sang, veut,
elle aussi, employer ce moyen! C'est
terrible! Et ie ne sais que faire! D'au-
tant au'elle a de très jolis bras et que
ie ne tiens pas du tout à les voir trans-
former en vastes Dlaies comme vous
dites! Vous pensez si je vais lui dé-
fendre de s'occuper désormais des pu-
ces. Voilà la morale de l'histoire. »
N'ajoutons rien à cette lettre de
notre aimable correspondant. Souhai-
tons que madame son épouse se range
à ses excellentes raisons et lui con-
serve intacts ses beaux bras.
Puissent maintenant nos lecteurs
n'avoir pas trop envie de se gratter]
N
avigation d'hiver.
On a liquidé quelques piro-
-.
gués de i mposition coloniale. un
amateur en a fait l'acquisition de quel-
ques-unes et les a transportées dans
un étang de sa propriété privée, près
de Maisons-Lafntte.
Mais il était aussi d'amusantes pé-
rissoires, et une charmante Parisien-
ne, férue d'exotisme, se montre, par
ces journées clémentes de janvier,
parée en Tonkinoise, le long de la
Marne, à Chennovières, dans une pé-
rissoire qu 'elle manœuvre à la pagaie.
Et cela pour la joie visuelle d'un
monsieur entre deux âges, encoura-
geant ce sport hivernal, sinon d'hiver,
et résolument colonial.
Que ne voit-on pas aujourd'hui?
E
p..
r lIe aussi.
A Montmartre, en ce café très
rrequente par une clientèle aeunere-
ment composite, une jolie petite né-
gresse, très parée, très ornée de bi-
joux de toutes sortes et de toutes
tailles, fait des grâces pour un bon-
homme qui paraît « très au pèze »,
selon l'expression de l'endroit, et assez
séduit par l'enfant de couleur.
Soudain, elle lui déclare :
— Et pouis, tu zais. Moa être
aussi la reine.
- La reine d'où cela, demande-t-il
en riant.
- Pas d'oucela, la reine des noires
du quartier Pigalle.
Il paraît que, la nuit de la Saint-
Sylvestre, réunis à texdusion de tout
blanc, ces messieurs et dames de la
Louisiane ou de Mozambique - de la
colonie noire de Paris avaient élu leur-
reine en ce café, q-ui leur sert de cer-
cle, entre la Trinité et la place Pigalle.
c
es chevaux ont bien mérité.
Si on a pu dire que les mikados
entretiennent l amitié, celle que l'em-
pereur actuel du Japon porte aux plus
obscurs de ses serviteurs, même ap-
partenant à la race animale, ne laisse
pas d'être touchante.
Deux chevaux de l'escorte militaire
impériale ont été blessés lors de l'at-
tentat commis, vendredi dernier, con-
tre le Mikado.
L'empereur n'a cessé, depuis, de
demander des nouvelles de ses che-
vaux et il a ordonné que double ration
de. carottes leur fût servie pendant
quelques jours.
u
fn mandat d'arrêt centre Aristo-
phane.
Pas moinsse!
Nous avons dit la descente de po-
lice opérée dans un théâtre de Los
Angeles, au cours d'une représenta-
tion de Lysisn;ata, et l'arrestation des
comédiens et comédiennes accusés de
complicité dans une manifestation
obscure.
Après avoir arrêté les acteurs, la
police décida dans la nuit de mettre
aussi la main sur l'auteur de la pièce.
Et un mandat d'amener fut lancé
contre M. Aristophane.
Croit-on que le lendemain à midi,
ce coquin d'auteur ne s'était pas en-
core montré !
Les policiers durent renoncer à le
rechercher. Gare à lui s'il leur tom-
be sous la main!
HORATIO.
(Lire la suite en 3e page.)
ASPECTS DE L'EMPIRE, par SERGE
« The Great Carmo M, le maître du mystère comique, dans ses originales illusion*
UNE LETTRE DE M. HBNRY j3E~~E/~
Notre littérature dramatique
devant la critique française et étrangère
Nous recevons de Cannes la lettre
suivante, que notre éminent collabo-
rateur M. Henry Bernstein a adressée
à notre directeur:
Mon cher Directeur et ami,
Je tiens à vous « remercier vi-
vement de toute la place accor-
dée par Comœdia à mon inter-
view sur le cinéma, que M. Liausu
a présentée à vos lecteurs avec
beaucoup d'amabilité. Et quoi qu'il
m'ait fallu, en cette occasion, penser
et parler contre la montre — je veux
dire quelques instants avant de pren-
dre un train — mes trop longs dis-
cours d'homme pressé se trouvent
très exactement reproduits, sauf ce-
pendant en une phrase que je n'avais
point tout d'abord remarquée.
Permettez-moi, je vous prie, de dis-
siper un simple malentendu. Je n'ai
pas dit et je ne pouvais songer à dire
que la Critique française avait tué
notre Théâtre dans l'esprit de l'Etran-
ger. ç'eût été, de ma part, la décla-
ration la Dlus inexacte et la plus in-
juste.
Les critiques dramatiaues - j'en-
tends ceux de nos confrères qui -sui-
vent régulièrement le mouvement
théâtral et jugent les * œuvres nouvel-
les — sont, à de très rares exceptions
nrès. des commentateurs courtois et
loyaux, et leur constant effort, depuis
une dizaine d'années surtout, pour dis-
tinguer, protéger, imposer les œuvres
de qualité, en un mot pour servir no-
tre art dramatique, n'est pas niable.
J'aurais mauvaise grâce à ne pas
ajouter que la critique, dans son en-
semble, a été favorable à mon effort,
et que si je peux compter sur l'ani-
mosité de deux ou trois confrères, ce
aui est bien naturel après tout, j'en
suis consolé par la bienveillance de
nombreux écrivains qui, depuis de
longues années, étudient mes pièces
avec attention, avec clairvoyance, sou-
vent avec maîtrise.
Voici, je crois, ce que j'avais voulu
exprimer à un détour de cette amp'e
conversation. Je précise d'ailleurs ma
pensée.
Dans notre pays d'intelligence, d'in-
dividualisme et d'esprit critique surai-
gus, Je Théâtre est en butte à bien
des malveillances, en même temps
qu'il est intérieurement travaillé par
des haines souvent inavouables.
Nombreux, hélas, sont en France
ceux qui écrivent sur le Théâtre
avec hostilité, avec mépris, avec
envie.' Ces hommes de bonne
volonté ne manquent jamais l'oc-
casion d'abaisser le théâtre fran-
çais dans des livras, dans des pério-
diques, dans des interviews, dans des
conférences, voire dans des discours
à la tribune. Certains zélateurs de
cette grande cause se font même un
devoir de porter la bonne parole jus-
Que dais les grands centres étrangers.
Ils parlent volontiers de l'infériorité
de notre scène vis-à-vis de celle des
autres pays, ce qui est une parfaite
sottise car, j'ai eu souvent l'occa-*
sion de l'écrire, si l'Etranger pos"
sède trois ou Quatre auteurs dramati-
ques .importants, en France seule,
existe une vé-itable école dramatique;
dont on peut dire qu'elle a pris naist
sance vers 1880.
Cette hostilité n'offre guère qu'un
inconvénient. Elle nuit beaucoup à
l'expansion du théâtre français: à cet
égard, aucun doute n'est permis, pour
peu que l'on ait étudié la question.
J'en parle sans la plus petite amer-
tume, étant de ceux qui ont le -moins
souffert de cette généreuse propa-
gande à l'envers. Mais il est certain
que la critique étrangère, bien sou- ;
vent mal disposée à notre égard, se
sert couramment, pour dénigrer et.re-
pousser les pièces françaises, de iu-
gements iniques portés par des fran-
çais sur le Théâtre français de ce
temps.
Mais il serait injuste de pousser au
noir ce tableau. Notre littérature dra-
matique" compte aussi des partisans et
leur action au dehors est souvent ef-
ficace, précieuse.
Au printemps dernier, à New-York,
rien ne m'a plus touché qu'une récep-
tion à la Maison Française, organisée
à mon intention par notre bien cher
ami Fortunat Strowski -- cùi s'est
assuré aux Etats-Unis la sympathie
et la haute estime de tout ce qui
compte dans l'ordre intellectuel —
ainsi que par les professeurs français
dt- l'Université de Columbia
Dans toutes les grandes universités
américaines, il v a une ou plusieurs
chaires de littérature dramatique fran-
çaise contemporaine et- à cette réu-
nion, j'étais entouré d'étudiants et
d'étudiantes connaissant le répertoire
moderne français aussi bien que nos*
lycéens connaissent le Cid.
André Maurois, dont la parole est
si goûtée en pays anglo-saxons, ré-
serve toujours dans ses conférences,
dans ses « lectures », une place im-
portante au t1. îâtre de son pays. ,
Et je sais par expérience ce que
peuvent faire, en faveur de notre art,
les représentants de la France' à Ber-
lin. à Rome, à Vienne, à Budapest.
Croyez, mon 'cher directeur et
ami, etc.
Henry BERNSTEIN.
Entre nous
Les propriétaires
et les réparations
Il y a des propriétaires qui sont des
tupes dans le genre du chancelier Brti-
ning : ils ne veulent pas payer les répa-
rations.
Vous avez beau être des locataires
dé quinze ans, vingt ans, trente ans, et
même plus, car il y a des Parisiens plus
qu'on ne croit dans cette situation, cer-
tains propriétaires, sous prétexte qu'ils
ne peuvent vous augmenter comme ils
le voudraient, se refusent absolument à
faire la moindre réparation.
Si. vexés, vous vous en alliez -
mais où ? — quelle aubaine pour eux I
Ils pourraient enfin appliquer les gros
prix à votre successeur.
Il arrive cependant que pour brimer
leurs locataires, les propriétaires s'ex-
Dosent à de graves ennuis. C'est ce qu'a
montré un procès qui s'est plaidé, il y a
auelques jours, devant le tribunal de la
Seine.
Dans une maison, ou des locciaL-
res étaient en train de dîner, tout à
coup, un effroyable craquement se fait
entendre, le plafond s'ouvre, et ils
voient descendre chez eux par cette ou-
verture les gens du dessus avec la table
et .les chaises de leur salle à manger.
Fort heureusement, et par miracle,
les gens du dessus et ceux du dessous
s'en tirèrent sans mal. Ceux du dessus
s'excusèrent d'arriver de cette façon à
l'heure du dîner sans être invités, et ceux
du dessous, tout à fait charmants, leur
répondirent qu'ils étaient enchantés de
faire leur connaissance. Criaient, les
uns et les autres, des vieux Parisiens.
Mais les gens du dessus ont assigné
le propriétaire. Ils estiment que celui-ci
leur devait un plancher solide et que,
sous prétexte qu'il est soumis aux obli-
Rations de la loi sur les loyers, il ne
doit pas lui être permis de les exposer
il être précipités chez le voisin du des-
sous, avec lequel d'ailleurs ils n'avaient
aucune relation.
Je ne sais ce que fera le tribunal,
aui a mis l'affaire en délibéré. Vous et
moi, nous aurions jugé tout de suite.
mais les magistrats sont des délicats qui
aiment à faire durer le plaisir. Espérons
que le tribunal profitera de l'octasion
pour convaincre ces propriétaires qu'il
est de leur propre intérêt de ne pas lais-
ser leur maison tomber en capilotade.
Jules VÉRAN.
LIRE EN te PAGE:
Le mouvement littéraire et dramatique
en Allemagne
, par Jean TARVEL
Le sculpteur aveugle
qui voit avec ses doigts
- ». I
Comment René Tourneux
réussit à modeler
malgré son infirmité
Un être jeune, beau, sain et fort, de-,
vant la vie qui souriait, éveillant et
émerveillant — qui sait — un grand
homme pour demain.
Demain.
Un caisson de grenades éclate, René
Toutneux est déchiqueté ; un bras ar-
raché, le visage saccagé.
Quand, victime de l'après-guerre, il
s'éveille, sortant du chauchemar dou-
loureux, il cherche d'abord la couleur êk.,
du ciel et le soleil brillant dont il sent
la caresse tiède sur son uiiique main.
Hélas ! il est plongé dans les téne-
bies éternels, nuit terrible proche' dtl
néant. 1 -
il ne verra plus jamais ! Jamais, ré-
René Tourneux
le sulpteur aveugle aux côtés de sort
maître Félix Benneteau. (On voit au
premier plan trois des-oeuvres en cire;
de René Tourneux.)
sonne dans son âme, dans son cœur,
ébranle son corps d'un glas funèbre. Il
comprend alors ce que vaut la vie de-
vant l'éternité.
Il entretiendra comme un souvenir
sacré le tracé imprécis des formes et
leurs compléments, les couleurs.
Commence alors, pour l'homme de.
venu faible, une vie différente, on s'oc-
cupe de sa rééducation jusqu'au mo-
ment où le développement de ses sens
lui permet par le toucher et par l'ouie
de recouvrer un peu » des facultés per-
dues.
Il cultive sa mémoire, accumulant les
idées, là où hier se .pressaient les ima-
ges.
A ce moment, Jeanne Rémy, de lx
Comédie-Française, s'intéressait parti*
JEAN DE ROVERA
Directeur
26' ANNEE. - N° 6,933
.Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
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PARIS, SEINE ET S.-ET-O. : 25 CENTIMES
MERCREDI 13 JANVIER 1932
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Pourquoi le Trocadéro n'offrirait-il pas asile
à des troupes de comédiens
de l'Union des Artistes?
Ce serait un moyen efficace et pratique de lutter -
contre le chômage
Dans divers entretiens avec quel-
ques-unes des personnalités qui sont
le mieux à même de mesurer l'éten-
due de la détresse des comédiens,
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a exposé ici la situation faite par les
¡(jiffi.cultés grandissantes aux comé-
diens. et plus particulièrement aux
artistes lyriques. Des idées ont été
exprimées, des projets énoncés pour
remédier à un état de choses qui ne
signifie en rien. comme certains dé-
faitistes ont voulu tout d'abord le
laisser entendre, que le public fran-
çais aime de moins en moins le théâ-
tre. A la vérité, il l'aime de plus en
plus, mais il lui est de jour en jour
plus difficile de se livrer à ce Plaisir
favori.
Que valent ces projets? Je n'ai
point le loisir de l'examiner ici. Je
.voudrais plus simplement, et pré-
somptueusement peut-être comme
tout le monde, aiouter une idée aux
idées déjà exprimées.
Tout le monde connaît le Théâtre
national populaire qui occupe la vaste
salle du Trocadéro. Cette institution
bénéficie de cette salle d'abord et
d'une assez copieuse subvention. Les
places n'y sont pas chères et l'on peut
à aussi bon compte et même à meil-
leur compte qu'au cinéma assister à
des spectacles aui ne se déroulent
peut-être cas dans un cadre bien
beau, bien cohérent, mais qui, du
moins, ont l'avantage d'être confiés
à des comédiens de Qualité, puisque
toutes ces représentations ne font
que transDorter sur cette scène les
• spectacles établis par nos grands
théâtres subventionnés. En sorte que
le Théâtre National Populaire vit de
l'activité de ces Subventionnés, en
offre à bon marché et à destination
de la masse une deuxième mouture
et Qu'il fait, en somme, quelque peu
concurrence aux théâtres d'origine.
ri n'v a pas lieux d'examiner jus-
qu'à Quel point cette convention est
iuste et si le Théâtre National. Popu-
laire fait un tort réel à nos Subven-
tionnés.. Je ne le J cf OIS ailleurs
point.. ,
Mais Duisau'il est facile de modi-
fier son régime, ce régime n'étant
qu'une administration de seconde
zone. pourquoi, d'accord avec l'Union
des Artistes et sous s- surveillance,
pourquoi ne transformerait-on pas le
régime du Théâtre National Ponu-
laire, pourquoi n'y ferait-on pas défi-
ler. au lieu de ces spectacles montés
par les Subventionnés et présentés
dans des conditions inférieures à la
présentation initiale, d'autres specta-
cles? Pourquoi ne constituerait-on
pas ou bien une troupe, ou bien des
groupes de comédiens réunis selon
leurs affinités particulières et qui
joueraient devant ce grand public les
mêmes œuvres classiques ou lyriques
qu'on a coutume de leur offrir?
Les cachets seraient calculés soit
selon une proportion en rapport avec
le prix des places, soit constitués par
un pourcentage sur les recettes, ou
bien encore il y aurait pour ces grou-
pes divers des mensualités établies
au minimum sous le contrôle - de
l'Union des Artistes. -
Ce serait le moyen d'occuper cha-
que mois quelques dizaines et même
quelques centaines d'artistes de tous
les genres. Assurément, cette idée
n'a rien 'd'absolu. Elle est discuta-
ble.'Elle est amendable. Je ne la don-
ne. que pour ce qu'elle vaut, mais .il
n'çst pas possible qu'on ne fasse pas,
par l'effort de tous, par les sacrifices
de certains, quelque chose pour une
corporation d artistes qui souffre en
ce moment, et plus que d'autres
peut-être, mort et misère ; ;
Je sais bien que mon vieux cama-
rade Fourtier, directeur du Théâtre
National. Populaire, va téter les hauts
cris et que je ne pourrai lur répon-
dre immédiatement puisque cet arti-
cle paraîtra en mon absence. Non
qu'il n'ait point le cœur généreux,
mais toutes les fois que l'on propose
un bouleversement de l'ordre ou de
la routine établis. la réaction, quelle
que soit l'intelligence de ceux dont
le projet chasse les habitudes, est
inévitable. Mais, à des circonstances
exceptionnelles, conviennent des me-
sures exceptionnelles.
M. Fourtier voudra-t-il compren-
dre que dans des conjonctures aussi
dramatiques sans jeu de mots,
hélas 1 - il convient que l'Etat par-
ticipe à la lutte contre le chômage
par des moyens normaux, par des
moyens différents des allocations
simplistes et dispendieuses.
Gabriel BOISSY.
La vie publique
-.
LE CABINET LAVAL
EST DEMISSIONNAIRE
en est fait: le cabinet-Laval est
démissionnaire. Cette nouvelle ne sau-
vait être une surprise pour les lecteurs
de (:omœdia,) qui avait prédit la crise
bien'avant qu'elle fût ouverte.
,\i:lle a été provoquée d'abord par
l'attitude de M. Aristide Briand, qui,
bien qu'ayant conscience de son indis-
ponibilité eu un temps où la politique
extérieure réclame du ministre des
Affaires étrangères une activité physi-
fii'e et intellectuelle de tous les ins-
tants, s'est obstiné, en dépit des plus
affectueuses insistances du président
fu Conseil, à n'abandonner son porte-
feuille qu'en compagnie de tous les
uv.nistres.
Elle a été provoquée ensuite par ie
rcfu, catégorique des radicaux de par-
ticiper au pouvoir, encore que M.
Pierre l.aval, au cours d'une entrevue
avec M. Herriot, lui ait offert la suc-
cession de M. Briand au Quai d'Orsay
et uour son parti un nombre de porte-
feuilles « proportionnel à l'importance
nurtierifiue du groupe radier ». Pour
généreuse que fut cette proposition —
M. Herriot a tenu lui-même à en souli-
gner publiquement « le caractère-cor-
dial et obligeant » — elle s'est heurtée
à l'intransigeance, à l'ostracisme des
parlementaires valoisiens peu soucieux
d assumer à moins de trois mois des
élections législatives la responsabilité
'H'une gestjon gouvernementale qui,
rv.ur triompher des tiffi-f.-ultés actuel-
les. tant intérieures qu'extérieures,
doit ne point se soucier de l'impopu-
l-irité
Au surplus la réponse radicale est
conçue en termes courtois mais d'une
telle ambiguïté qu'elle laisse le champ
libre à toute tentative de conciliation
républicaine, à la condition que l'ex-
p/rirnre soit tentée par une autre per-
sonnalité politique que M. Pierre
Laval,
Or, cette expérience, on sait que le
président de la République est ferme-
ment décidé à la tenter. Dès ce ma-
t-jî il procédera aux consultations tra-
ditionnelles en commençant, comme
l'exige le protocole, par les présidents
des deux Assemblées. parlementaires.
Mais rien ne prouve, que faisant état
rtec suggestions .contenues dans Le ma-
nifeste des radicaux, il fasse appel de
nouveau a M. Pierre Laval.
En tons cas le temps presse. Sous
quelque formule politique que s'abrite
le futur cabinet et quel qu'en soit le
chef. il importe que le gouvernement
««vit reconstitué au plus tôt et qu'il
gouverne.
Quand on pense que les ministres de
demain ne disposeront Que de quel-
ques jours pour étudier les dossiers des
réparations et du désarmement; quand
"on pense que de la durée d'une crise
ministérielle dépendent ainsi pour une
certaine part l'avenir et la sécurité de
la France, on ne peut, ma foi. se rete-
nir de trembler.
A. DELPEYROU.
(Lire en cinquième, page notre rubri-
que: « Pour vos conversations du
jour »)»
Pour les musées nationaux
M. David Weill
l* mécène bien connu four ses libéra-
lités en laveur de nos musées, vient
d'être élu président du Conseil des
Musées nationaux en remplacement de
feu M. Raviiiond Koechlin.
(Photo G.-L. Manuel frères.)
Un légitime hommage
à Maurice Ravel
Demain, la Salle Pleyel fêtera un
grand musicien français, Maurice Ra-
vel, et lui consacrera un festival. Per-
sonne, certes, ne s'avisera de décou-
vrir un compositeur dont la musique
a fait le tour des salles de concerts
du monde, y apportant sa distinction
élégante et sa sensibilité discrète. Le
r1 ogrammeade demain comportera: la
deuxième suite de Daphnis et Chloé, la
Valsé, la Rapsodie espagnole, la Pa-
vane pour une infante défunte et le
boléro.
Ces œuvres sont connues. L'attrait
du concert se concentrera sur le
Concerto pour piano dont ce sera la
première audition. Ravel a écrit de
brillantes pages pour le piano. Il s'en
ett souvenu dans son nouvel ouvrage
et il n'a pas dédaigné tout ce qui peut
mettre en valeur le talent et le savoir
faire du pianiste. C'est Mme Margue-
rite Long qui jouera la partie de so-
liste.
L'orchestre des Concerts Lamoureux
<;pra conduit, demain soir, par Maurice
Ravel et par M. de Freitas-Branco.
OFFRES D'EMPLOIS
— Pardon, m'sieur. c'est bien ici qu'on demande des ministres?
* (Dessin de Ralph Soupault.)
NOS ECHOS
1 ',
A l'occasion dit quatrième centenaire
de la fondation du Collège de France,
les professeurs ont fait graver lIlle
médaille commèmorativè. Vexécution
en a été confiée à M. P. Turin, qui a
exécuté une œuvre très remarquable de
noblesse et de pureté de ligne. Sur la
face on voit une Minerve, pensive qui
tient le flambeau du savoir; sur le re-
vers se dresse la statue grave de Guil-
laume Budé.
(Photo G.-L. Manuel frères.)
p
ositions pour jeunes filles..
La concierge d'un peintre de
nos amis se plaignait l'autre jour à
lui de ce que sa fille, une beauté de
dix-huit ans, passait ses journées à
ne Tien faire, que rêver, allongée
dans un fauteuil pliant.
— Prenez garde, madame, dit aus-
sitôt le peintre, pas trop de position
allongée pour cette petite demoiselle.
C'est comme ça qu'on devient une
horizontale.
- Et alors?
- Vous ne savez pas ce que c'est
qu'une horizontale? C'est le nom que
nos grands-pères donnaient aux dames
qu'on appelle aujourd'hui des poules.
— Je veux pas, bien sûr, que ma
fille devienne ça. Quelle position
qu'il faut donc qu'elle..prenne? .,
— A son âge, verticale de préfé-
rence. â
- Position verticale ?
— Oui.
— Et qu'est-ce que ça rapporte
une position verticale?
Le peintre n'a pas insisté.
E
pilogue aux puces savantes.
t A la suite de notre écho tou-
chant les puces savantes exigeant,
Dour être éduquées, d'appartenir à la
race lllinoris, c'est-à-dire celle des pu-
ces d'hommes, nous avons reçu la let-
tre suivante, d'un lecteur dont la
femme ambitionnait de devenir domp-
teuse d'insectes:
« Monsieur,
« Votre écho de ce matin complète
heureusement votre première infor-
mation : mais il a été terrible pour mon
foyer et c'est pour cela que je vous
écris. Ma femme, devant l'exemple de
ce domoteur, qui nourrissait ses pen-
sionnaires de son propre sang, veut,
elle aussi, employer ce moyen! C'est
terrible! Et ie ne sais que faire! D'au-
tant au'elle a de très jolis bras et que
ie ne tiens pas du tout à les voir trans-
former en vastes Dlaies comme vous
dites! Vous pensez si je vais lui dé-
fendre de s'occuper désormais des pu-
ces. Voilà la morale de l'histoire. »
N'ajoutons rien à cette lettre de
notre aimable correspondant. Souhai-
tons que madame son épouse se range
à ses excellentes raisons et lui con-
serve intacts ses beaux bras.
Puissent maintenant nos lecteurs
n'avoir pas trop envie de se gratter]
N
avigation d'hiver.
On a liquidé quelques piro-
-.
gués de i mposition coloniale. un
amateur en a fait l'acquisition de quel-
ques-unes et les a transportées dans
un étang de sa propriété privée, près
de Maisons-Lafntte.
Mais il était aussi d'amusantes pé-
rissoires, et une charmante Parisien-
ne, férue d'exotisme, se montre, par
ces journées clémentes de janvier,
parée en Tonkinoise, le long de la
Marne, à Chennovières, dans une pé-
rissoire qu 'elle manœuvre à la pagaie.
Et cela pour la joie visuelle d'un
monsieur entre deux âges, encoura-
geant ce sport hivernal, sinon d'hiver,
et résolument colonial.
Que ne voit-on pas aujourd'hui?
E
p..
r lIe aussi.
A Montmartre, en ce café très
rrequente par une clientèle aeunere-
ment composite, une jolie petite né-
gresse, très parée, très ornée de bi-
joux de toutes sortes et de toutes
tailles, fait des grâces pour un bon-
homme qui paraît « très au pèze »,
selon l'expression de l'endroit, et assez
séduit par l'enfant de couleur.
Soudain, elle lui déclare :
— Et pouis, tu zais. Moa être
aussi la reine.
- La reine d'où cela, demande-t-il
en riant.
- Pas d'oucela, la reine des noires
du quartier Pigalle.
Il paraît que, la nuit de la Saint-
Sylvestre, réunis à texdusion de tout
blanc, ces messieurs et dames de la
Louisiane ou de Mozambique - de la
colonie noire de Paris avaient élu leur-
reine en ce café, q-ui leur sert de cer-
cle, entre la Trinité et la place Pigalle.
c
es chevaux ont bien mérité.
Si on a pu dire que les mikados
entretiennent l amitié, celle que l'em-
pereur actuel du Japon porte aux plus
obscurs de ses serviteurs, même ap-
partenant à la race animale, ne laisse
pas d'être touchante.
Deux chevaux de l'escorte militaire
impériale ont été blessés lors de l'at-
tentat commis, vendredi dernier, con-
tre le Mikado.
L'empereur n'a cessé, depuis, de
demander des nouvelles de ses che-
vaux et il a ordonné que double ration
de. carottes leur fût servie pendant
quelques jours.
u
fn mandat d'arrêt centre Aristo-
phane.
Pas moinsse!
Nous avons dit la descente de po-
lice opérée dans un théâtre de Los
Angeles, au cours d'une représenta-
tion de Lysisn;ata, et l'arrestation des
comédiens et comédiennes accusés de
complicité dans une manifestation
obscure.
Après avoir arrêté les acteurs, la
police décida dans la nuit de mettre
aussi la main sur l'auteur de la pièce.
Et un mandat d'amener fut lancé
contre M. Aristophane.
Croit-on que le lendemain à midi,
ce coquin d'auteur ne s'était pas en-
core montré !
Les policiers durent renoncer à le
rechercher. Gare à lui s'il leur tom-
be sous la main!
HORATIO.
(Lire la suite en 3e page.)
ASPECTS DE L'EMPIRE, par SERGE
« The Great Carmo M, le maître du mystère comique, dans ses originales illusion*
UNE LETTRE DE M. HBNRY j3E~~E/~
Notre littérature dramatique
devant la critique française et étrangère
Nous recevons de Cannes la lettre
suivante, que notre éminent collabo-
rateur M. Henry Bernstein a adressée
à notre directeur:
Mon cher Directeur et ami,
Je tiens à vous « remercier vi-
vement de toute la place accor-
dée par Comœdia à mon inter-
view sur le cinéma, que M. Liausu
a présentée à vos lecteurs avec
beaucoup d'amabilité. Et quoi qu'il
m'ait fallu, en cette occasion, penser
et parler contre la montre — je veux
dire quelques instants avant de pren-
dre un train — mes trop longs dis-
cours d'homme pressé se trouvent
très exactement reproduits, sauf ce-
pendant en une phrase que je n'avais
point tout d'abord remarquée.
Permettez-moi, je vous prie, de dis-
siper un simple malentendu. Je n'ai
pas dit et je ne pouvais songer à dire
que la Critique française avait tué
notre Théâtre dans l'esprit de l'Etran-
ger. ç'eût été, de ma part, la décla-
ration la Dlus inexacte et la plus in-
juste.
Les critiques dramatiaues - j'en-
tends ceux de nos confrères qui -sui-
vent régulièrement le mouvement
théâtral et jugent les * œuvres nouvel-
les — sont, à de très rares exceptions
nrès. des commentateurs courtois et
loyaux, et leur constant effort, depuis
une dizaine d'années surtout, pour dis-
tinguer, protéger, imposer les œuvres
de qualité, en un mot pour servir no-
tre art dramatique, n'est pas niable.
J'aurais mauvaise grâce à ne pas
ajouter que la critique, dans son en-
semble, a été favorable à mon effort,
et que si je peux compter sur l'ani-
mosité de deux ou trois confrères, ce
aui est bien naturel après tout, j'en
suis consolé par la bienveillance de
nombreux écrivains qui, depuis de
longues années, étudient mes pièces
avec attention, avec clairvoyance, sou-
vent avec maîtrise.
Voici, je crois, ce que j'avais voulu
exprimer à un détour de cette amp'e
conversation. Je précise d'ailleurs ma
pensée.
Dans notre pays d'intelligence, d'in-
dividualisme et d'esprit critique surai-
gus, Je Théâtre est en butte à bien
des malveillances, en même temps
qu'il est intérieurement travaillé par
des haines souvent inavouables.
Nombreux, hélas, sont en France
ceux qui écrivent sur le Théâtre
avec hostilité, avec mépris, avec
envie.' Ces hommes de bonne
volonté ne manquent jamais l'oc-
casion d'abaisser le théâtre fran-
çais dans des livras, dans des pério-
diques, dans des interviews, dans des
conférences, voire dans des discours
à la tribune. Certains zélateurs de
cette grande cause se font même un
devoir de porter la bonne parole jus-
Que dais les grands centres étrangers.
Ils parlent volontiers de l'infériorité
de notre scène vis-à-vis de celle des
autres pays, ce qui est une parfaite
sottise car, j'ai eu souvent l'occa-*
sion de l'écrire, si l'Etranger pos"
sède trois ou Quatre auteurs dramati-
ques .importants, en France seule,
existe une vé-itable école dramatique;
dont on peut dire qu'elle a pris naist
sance vers 1880.
Cette hostilité n'offre guère qu'un
inconvénient. Elle nuit beaucoup à
l'expansion du théâtre français: à cet
égard, aucun doute n'est permis, pour
peu que l'on ait étudié la question.
J'en parle sans la plus petite amer-
tume, étant de ceux qui ont le -moins
souffert de cette généreuse propa-
gande à l'envers. Mais il est certain
que la critique étrangère, bien sou- ;
vent mal disposée à notre égard, se
sert couramment, pour dénigrer et.re-
pousser les pièces françaises, de iu-
gements iniques portés par des fran-
çais sur le Théâtre français de ce
temps.
Mais il serait injuste de pousser au
noir ce tableau. Notre littérature dra-
matique" compte aussi des partisans et
leur action au dehors est souvent ef-
ficace, précieuse.
Au printemps dernier, à New-York,
rien ne m'a plus touché qu'une récep-
tion à la Maison Française, organisée
à mon intention par notre bien cher
ami Fortunat Strowski -- cùi s'est
assuré aux Etats-Unis la sympathie
et la haute estime de tout ce qui
compte dans l'ordre intellectuel —
ainsi que par les professeurs français
dt- l'Université de Columbia
Dans toutes les grandes universités
américaines, il v a une ou plusieurs
chaires de littérature dramatique fran-
çaise contemporaine et- à cette réu-
nion, j'étais entouré d'étudiants et
d'étudiantes connaissant le répertoire
moderne français aussi bien que nos*
lycéens connaissent le Cid.
André Maurois, dont la parole est
si goûtée en pays anglo-saxons, ré-
serve toujours dans ses conférences,
dans ses « lectures », une place im-
portante au t1. îâtre de son pays. ,
Et je sais par expérience ce que
peuvent faire, en faveur de notre art,
les représentants de la France' à Ber-
lin. à Rome, à Vienne, à Budapest.
Croyez, mon 'cher directeur et
ami, etc.
Henry BERNSTEIN.
Entre nous
Les propriétaires
et les réparations
Il y a des propriétaires qui sont des
tupes dans le genre du chancelier Brti-
ning : ils ne veulent pas payer les répa-
rations.
Vous avez beau être des locataires
dé quinze ans, vingt ans, trente ans, et
même plus, car il y a des Parisiens plus
qu'on ne croit dans cette situation, cer-
tains propriétaires, sous prétexte qu'ils
ne peuvent vous augmenter comme ils
le voudraient, se refusent absolument à
faire la moindre réparation.
Si. vexés, vous vous en alliez -
mais où ? — quelle aubaine pour eux I
Ils pourraient enfin appliquer les gros
prix à votre successeur.
Il arrive cependant que pour brimer
leurs locataires, les propriétaires s'ex-
Dosent à de graves ennuis. C'est ce qu'a
montré un procès qui s'est plaidé, il y a
auelques jours, devant le tribunal de la
Seine.
Dans une maison, ou des locciaL-
res étaient en train de dîner, tout à
coup, un effroyable craquement se fait
entendre, le plafond s'ouvre, et ils
voient descendre chez eux par cette ou-
verture les gens du dessus avec la table
et .les chaises de leur salle à manger.
Fort heureusement, et par miracle,
les gens du dessus et ceux du dessous
s'en tirèrent sans mal. Ceux du dessus
s'excusèrent d'arriver de cette façon à
l'heure du dîner sans être invités, et ceux
du dessous, tout à fait charmants, leur
répondirent qu'ils étaient enchantés de
faire leur connaissance. Criaient, les
uns et les autres, des vieux Parisiens.
Mais les gens du dessus ont assigné
le propriétaire. Ils estiment que celui-ci
leur devait un plancher solide et que,
sous prétexte qu'il est soumis aux obli-
Rations de la loi sur les loyers, il ne
doit pas lui être permis de les exposer
il être précipités chez le voisin du des-
sous, avec lequel d'ailleurs ils n'avaient
aucune relation.
Je ne sais ce que fera le tribunal,
aui a mis l'affaire en délibéré. Vous et
moi, nous aurions jugé tout de suite.
mais les magistrats sont des délicats qui
aiment à faire durer le plaisir. Espérons
que le tribunal profitera de l'octasion
pour convaincre ces propriétaires qu'il
est de leur propre intérêt de ne pas lais-
ser leur maison tomber en capilotade.
Jules VÉRAN.
LIRE EN te PAGE:
Le mouvement littéraire et dramatique
en Allemagne
, par Jean TARVEL
Le sculpteur aveugle
qui voit avec ses doigts
- ». I
Comment René Tourneux
réussit à modeler
malgré son infirmité
Un être jeune, beau, sain et fort, de-,
vant la vie qui souriait, éveillant et
émerveillant — qui sait — un grand
homme pour demain.
Demain.
Un caisson de grenades éclate, René
Toutneux est déchiqueté ; un bras ar-
raché, le visage saccagé.
Quand, victime de l'après-guerre, il
s'éveille, sortant du chauchemar dou-
loureux, il cherche d'abord la couleur êk.,
du ciel et le soleil brillant dont il sent
la caresse tiède sur son uiiique main.
Hélas ! il est plongé dans les téne-
bies éternels, nuit terrible proche' dtl
néant. 1 -
il ne verra plus jamais ! Jamais, ré-
René Tourneux
le sulpteur aveugle aux côtés de sort
maître Félix Benneteau. (On voit au
premier plan trois des-oeuvres en cire;
de René Tourneux.)
sonne dans son âme, dans son cœur,
ébranle son corps d'un glas funèbre. Il
comprend alors ce que vaut la vie de-
vant l'éternité.
Il entretiendra comme un souvenir
sacré le tracé imprécis des formes et
leurs compléments, les couleurs.
Commence alors, pour l'homme de.
venu faible, une vie différente, on s'oc-
cupe de sa rééducation jusqu'au mo-
ment où le développement de ses sens
lui permet par le toucher et par l'ouie
de recouvrer un peu » des facultés per-
dues.
Il cultive sa mémoire, accumulant les
idées, là où hier se .pressaient les ima-
ges.
A ce moment, Jeanne Rémy, de lx
Comédie-Française, s'intéressait parti*
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