Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1932-01-09
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 09 janvier 1932 09 janvier 1932
Description : 1932/01/09 (A26,N6929). 1932/01/09 (A26,N6929).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76508801
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
JEAN DE ROVERA
Directeur.
26' ANNEE. — N° 6,929
t.. Urne ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.,
/T t
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ET PUBLICITE
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SAMEDI 9 JANVIER 1932
DEPARTEMENTS : 30 CENTIMES
PROMENADES ET VISITES
Une récente visite ,
au « Victoria! » de Gabriele d'Annunzio
Par une lumineuse journée d'été à
Gardone, sur les rives du lac de
Garde, nous gravissons de nouveau la
colline où, parmi les oliviers, couleur
de cendres, les noirs cyprès et les ro-
ses, se dresse la maison du poète :
de Gabriele d'Annunzio.
A l'entrée du Vittoriale, au poste
de garde, un carabinier nous arrête
et réclame notre nom; mais voici
qu'un homme de taille élevée, au vi-
sage de christ, au regard bleu, très
doux, qu'encadrent une épaisse che-
velure et une barbe noire vient à no-
tre rencontre. Le carabinier s'efface
et nous pénétrons dans le domaine
du « Prince de Monténévoso ». L'ar-
chitecte Gian Carlo Maroni,, l'homme
au visage de christ, compagnon fidèle
du « Commandant » et artiste de
grand talent, est sans aucun doute le
personnage le plus qualifié après le
poète pour nous faire visiter l'inté-
rieur du Vittoriale. Nous traversons
avec notre guide une longue avenue
peuplée d'arcades de granit rosé, et
nous arrivons sur la petite place oui
se trouve devant l'entrée de la villa.
A notre gauche s'élèvent de nouvel-
les constructions à peine achevées,
les loggia et le musée du Quatrocento.
L'architecte Maroni s'éloigne quel-
ques instants et nous avons le loisir
de méditer au seuil de la maison, de
détailler ses attributs michélangesques
sculptés dans sa façade et de lire la
devise écrite sur le bois de sa porte:
« Clausura silentium, fin che non
s'apra, fin che non parli. » Une in-
quiétude nous étreint en songeant
aux nombreux admirateurs qui ont
tant espéré et désespéré en contem-
plant cette porte. Allons-nous subir le
même sort? Le Commandant reste-
ra-t-il sourd à nos appels, car nul ne
la franchit sans son autorisation ?
Mais soudain, la porte s'ouvre sans
bruit et notre guide, en souriant, nous
fait signe d'avancer. « Le Comman-
dant est souffrant et se repose, mais
vous allez visiter la casa, suivez-
"moi. » Nous entrons dans le sanc-
tuaire. L'intérieur de cette maison,
au premier aspect, ressemble à une
église. Dès le vestibule étroit, des
images saintes frappent le regard ; à
gauche, au rez-de-chaussée, nous nous
trouvons dans « l'oratorio », sorte de
petite chapelle ornée aussi d'images
pietlses, de ciboires, de candélabres
anciens. Les sièges des stalles des
prieurs sont recouverts de coussins
en damas rouge et jaune. Dans un
angle de la pièce, il y a une coupe
contenant de la terre de Dalmatie, à
côté, une veilleuse brille jour et nuit
en mémoire de la mère du poète.
Une clarté diffuse tombe d'en haut,
pareille à un fil de soie blonde, et
donne à l'oratorio, parfumé d'encens,
une coloration dorée. Au plafond,
l'hélice qui servit à Pinédo dans son
voyage transe .janique, avec ses pales
luisantes, jette quelques éclairs. Nous
passons ensuite dans différentes piè-
ces qui sont, comme les corridors qui
y conduisent, garnies de rayonnages
jusqu'au faîte. Par milliers, des livres
rares, aux reliures précieuses, dor-
ment en attendant le bon plaisir du
maître. D'Annunzio, lecteur infatiga-
ble, a tout lu, et sa bibliothèque du
Vittoriale est une des plus belles du
monde. Une des pièces, du reste, est
consacrée aux œuvres françaises, une
collection des poètes maudits voisine
avec des livres de Barrés, d'Henrv de
Régnier, de Gide, de Colette, de Mar-
cel Boulenger et de Montherlant.
Tous les livres d'Arcachon, de la villa
« Saint-Dominique », ancienne re-
traite française de d'Annunzio, où il
composa Le Martyre de saint Sébas-
tien, sont réunis ici, et il s'exhale en-
core de leurs feuillets comme un va-
gue parfum de nos landes résineuses.
A pas feutrés, car les tapis sont
ériais et innombrables, nous pénétrons
dans la salle de musique : « Une
pièce pour ne pas entendre », a dé-
claré le poète avec malice, nous dit
l'architecte Maroni. En effet, elle est
tendue entièrement de draperies noi-
res et vieil or. L'atmosphère est très
baudelairienne dans ce lieu dédié à
l'harmonie. Des colonnes torses sup-
portai des verres de Murano, se
dressant dans chaque angle et près
de deux pianos, dont l'un fut touché
parles doigts de Liszt. A un mur, le
masque du musicien et le profil aigu
d---» sa fille Cosima Wagner. Des di-
vans profonds garnissent cette salle
et l'éclairée y est changeant, suivant
l'heure et la musique. Souvent, Mali-
piéro, qui est un des grands compo-
siteurs italiens de l'époque et un fa-
milier de d'Annunzio, vient donner
-quelques concerts au Vittoriale. On y
joue des quatuors surtout de la mu-
sique classique de Montéverdi,
- d'Hadyn, de Beethoven, ou bien des
sonates de Debussy. Le Claude
de France, l'ami disparu, si cher au
cœur du poète. Nous traversons en-
suite le grand salon de réception qui,
à vrai dire, n'est qu'une bibliothèque
vaste et somptueuse. Nos yeux se po-
sent sur une édition originale et ines-
timable des poèmes des Laudi, l'œu-
vre immortelle de Gabriele d'Annun-
zio. Çà et là, piqués aux bords des
rayons, quelques masques antiques et
modernes, de plâtre, de marbre ou
de bronze. Un magnifique tableau de
Dante donne à cette pièce son carac-
tère d'austère grandeur. Un lustre de
Murano l'éclairé en étendant ses bras
multiples. Une immense table de tra-
vail surchargée de livres, de revues.
de .brochures et de lettres d'admira-
teurs, s'allonge au milieu du salon.
Nous pénétrons maintenant dans la
« Cénacolo », la salle peut-être la
plus curieuse, la plus originale du
Vittoriale. Dans cette salle, le poète
a réuni tous ses souvenirs d'homme
d'armes. Elle est décorée d'étoffes ad-
mirables, .de brocarts, de tapis per-
sans, de statues. Au plafond, la ban-
dière de Fiume et le lion de Massurig,
drapeau offert par la ville de Gênes.
Sur un autel, une collection d'anges,
de saints, de reliquaires rappelant au
Commandant un fait de guerre, un
exploit d'aviation, une blessure ou
une victoire. Sur une table, des sta-
tuettes innombrables d'idoles, de
bouddhas de tous les pays, de toutes
les religions, et émergent de cette
multitude un buste de poverello d'As-
sise. Des devises sur des meubles.
sur des tentures, retiennent l'atten-
tion. Le poète, latiniste éminent, en
a mis partout dans sa maison. A l'en-
trée de cette salle, il y a un vitrail
splendide représentant une vision que
le Commandant eut durant la guerre :
sainte Cécile pose ses mains sur un
orgue, au-dessous d'elle, deux jeunes
soldats morts sont étendus côte à côte.
L'architecte Maroni nous déclare qu'il
a servi de modèle pour l'un d'entre
eux.
En quittant le « Cénacolo », nous
sommes conduits dans la grande salle
à manger décorée de laque rouge de
Venise. Des vitraux anciens illumi-
nent cette pièce, où le Commandant
vient quelquefois prendre ses repas
avec ses invités. Sur un socle, près de
la table étroite, couverte d'orfèvrerie,
un bouddha, au crâne chauve et ivoi-
rin, semble nous fixer en ricanant.
l «
Une cour intérieure du Victorial
(Photo Meurisse.)
Son œil droit est voilé par un morceau
d'étoffe. « Le Commandant l'a rendu
borgne comme lui, voyez si sa res-
semblance avec le poète est saisis-
sante », nous fait remarquer l'archi-
tecte Maroni.
Jean CHACHUAT.
(Lire la suite en deuxième page^
La vie publique
Au-dessus de la crise -
Ce n'est un secret pour personne que
le président de la République, interprète
eh cela du sentiment général de la nation,
vise à constituer un gouvernement de
large union républicaine. La crise minis-
térielle qui va s'ouvrir mardi prochain est
La première de son septennat. Lui four-
nira-t-elle l'occasion de réaliser une ambi-
tion qui, pour louable et salutaire qu'elle
paraisse, se heurte à un obstacle que les
politiciens déclarent a priori infranchissa-
ble : la proximité des élections législa-
tives ?
Je le dis comme je le pense : même en
désespoir de cause, cette expérience doit
être tentée.
A la veille de la conférence des répara-
tions et de la conférence du désarmement
où le sort de la France, son avenir ef sa
sécurité vont être en jeu, alors qu'à l'inté-
rieur le malaise commercial et financier,
la crise économique et le chômage pren-
nent des proportions angoissantes, alors
qu'à l'extérieur, en dépit de nos plus mé-
«ritoire# efforts, de nos plus généreuses con-
cessions, de nos plus douloureux sacrifi-
""es. la situation demeure si confuse que
tout danger de guerre n' est pourtant pas
écarté, le pays a besoin de savoir si ceux
«n qui il a placé sa confiance en sont en-
core dignes lorsque, face à face avec des
périls imminents, ils hésitent à mettre un
terme à leurs chicanes, à leur intransi-
geance de partisans, à leur frinaale réélec-
torale. 4 »
Le pays a besoin de savoir si devant le
oéril commun, ses mandants sont ou non
caoables de faire front commun, si, sous
la pression d'événements graves pour ne
pas dire tragiques, les intérêts généraux
de la nation vont ou non l'emporter sur
les intérêts particuliers de législateurs en
roal de candidature.
Si oui, c-est peut-être le salut. Sinon.
c'est à désespérer du parlementarisme.
L'expérience que s'apprête à tenter, en
plein accord avec M. Pierre Laval, le pré-
sident de la République, aura du moins le
merite d'éclairer l'opinion française sur le
bon sens ou la sottise, le courage ou la
lâcheté de ceux qui ont en moins les des-
tinées du pays.
A. DELPEYROU.
(Lire, en cinquième page, notre rubri-
cu« : t Pour vos conversations du jour »).
- lUNE VUE INTERIEURE DÛ * VICTORIAL «
ceue curieuse photographie représenté la salle à manger d'été de la belle et secrète demeure ott, sur le lac de Carde,
s'est retiré le grand Poète Gabriele d Annunzio, et dans laquelle il a groupé d'inappréciables œuvres d'art.
NOS ÉCHOS
Entre nous ,
- Le geste de Toulouse
Comœdia a déjà parlé de l'article de
La Dépêche de Toulouse dans lequel on
lisait que la France devrait renoncer aux
réparations dues par l'Allemagne. Oui,
mais Comœdia n'en aurait point parlé,
ni Le Temps, ni les Débats, ni L'Echo
de Paris, ni L'Ere Nouvelle, ni Le Po-
pulaire, ni L'Action Française, ni les
autres journaux, si l'article avait paru
ailleurs qu'à Toulouse, dans La Dépê-
che, et voilà qui est à remarquer. c
- J'ajoute qu'aucun autre journal de
province ne se serait senti l'audace de
prendre une initiative de ce genre. L'idée
ne lui en serait même pas venue, et l'au-
rait-il evprimée, personne ne l'aurait
su.
En laissant de côté le fond de la ques-
tion, qu'a donc fait La Dépêche ? Un
acte de décentralisation politique.
Le fait est assez rare pour qu'on le
signale. Une initiative venant de pro-
vince qui fait du bruit à Paris, qui s'im-
frose à l'attention de la dresse oarisienne.
qui est discutée dans les milieux politi-
ques, l'avez-vous vu souvent 2
La Drovince demande toujours à Pa-
ris de lui apporter la décentralisation,
mais elle ne sait pas se décentraliser
elle-même.
Les faits de décentralisation économi-
que sont nombreux et importants : des
villes comme Lille, Nancy, Marseille et
d'autres ont entrepris, sans le concours
de l'Etat et sans que l'idée leur en ait
été donnée de Paris, de grandes œuvres.
Les faits de décentralisation littérairé
ec bornent. et c'est d'ailleurs bien auel-
flue chose, aux productions en proven-
col. en breton, en catalan, la littérature
française en brovince n'étant aue de la
littérature « à l'instar. »
Les faits de décentralisation poLitique
te chiffreraient par zéro, s'il n'y avait
La Dépêche de Toulouse, le seul jour-
nal dont l'influence se fasse sentir à
Pari.l-
Il u a d'autres srands journaux régio-
naux, qui ont un tirase considérable
pour Paris, ils n'existent pas,
Quand on n'appartient pas au parti
que représente La DéDêche. on peut re-
gretter quelle n'exerce pas autrement
son Douvoir. mais qu'elle jouisse d'un
nouvoir. c'est ce qui est certain. et c'est
ce qui fait d'elle la seule force ùrovin-
ciale aui existe.
Pour admirer l'étrangeté de celle si-
tuation, ne suffit-il pas de se rappeler
au'en Allemagne, en Angleterre, en
Italie, aux Etats-Unis, les journaux des
grandes villes comptent tout autant et
Parfois davantage dans l'opinion mon-
diale Que ceux des capitales de cm
paus ?
Et le plus amusant, c'est que le ré-
dacteur en chef de La Dépêche,
M. Huc, qui a dépassé, je crois, les
80 ans. n'est, pour ainsi dire, jamais
sorti de Toulouse, et que le directeur
politique, M. Maurice Sarmut, qui au-
rait pu si facilement être ministre, prési-
dent du Conseil et même président de la
République, s'est toujours contenté d'être
sénateur, et le plus aimable et le plus
dévoué des confrères.
luies VÉRAN.
L
<* tombeau de La Malibran.
Nous avons signalé l'état
d'abandon dans lequel se trouve la
tombe de La Alalibran, au cimetière
de Laeken, à Bruxelles.
Un journal bruxellois, Le Pourquoi
Pas ? a ouvert une souscription. La
somme recueillie, 2.180 francs, per-
mettra de faire exécuter les travaux
nécessaires: réfection des murs, pein-
ture, polissage ces rrarties, répara-
tion de la toiture. etc.
Soulignons avec satisfaction les li-
gnes suivantes dans le de\is de l'en-
trepreneur: « Ne pas toucher à la
statue en marbre blanc, les années
lui ont donné une patine qui, loin de
nuire au caractère de cette oeuvre,
l'avantage au contraire. <•
P
oursuite.
Une auto débouchant l'autre
soir çomme un bolide d'une des ave-
nues avoisinant la place d'Italie, ren-
trait dans un bec de gaz et s'y écra-
bouillait.
On se précipita, on ramassa le con-
ducteur, en assez fâcheux état. On
put l'interroger quand même.
— Pourquoi cette vitesse ?
— Je fuyais.
— Vous aviez commis un délit ?
— Non, jé fuyais une femme.
- Si vite ! :
— Elle avait elle-même sa voi-
ture. J'ai pu la dépister. .1
— Que lui aviez-vous donc fait?
— Une infidélité. Elle venait de
me surprendre. J'ai craint qu'elle ne
fût armée.
— Et votre complice ?
Cependant une petite conduite in-
térieure arrivait.
Il y avait dedans deux femmes :
l'amie et. la complice et qui se tor-
daient de rire.
c
hez M. Raymond Poincaré.
En apprenant la mort de M.
André Maginot, bien des gens ont
pensé à la peine que la nouvelle avait
dû faire à M. Raymond Poincaré.
Plusieurs de nos confrères se sont
présentés au « Clos », à Sampigny,
où la consigne donnée par les méde-
cins de l'illustre homme d'Etat est
formelle: toute visite lui est inter-
dite.
Mme Poincaré ne reçoit pas non
plus, pour ne pas être tentée de com-
muniquer à son mari des impressions
de nature à le préoccuper.
M. Raymond Poincaré, en compa-
gnie d'un infirmier, fait chaque jour
une promenade dans son parc; il tra-
vaille un peu à ses mémoires, se re-
pose, lit un peu et médite beaucoup.
L'objet de ses méditations ne doit pas
être bien gai en ce moment.
L'annonce de la mort de son ami
fer compatriote André Maginot a dû
l'attrister grandement.
Mais notre grand ex-premier ob-
serve, lui aussi, une consigne: se
taire. -
0
ù passera l'enfant.
Place Saint-Augustin.- il v a
files et files de voitures; l'agent - ne
sait littééralement plus où donner du
bâton. Sur un trottoir, des gens at-
tendent, se lassent d'attendre.
Et l'on voit brusquement une ro-
buste nurse prendre la tête du groupe
en poussant bravement devant elle la
voiture du bébé ; ce qui contraint tou-
tes les voitures à stopper du coup.
L'agent se précipite, pas content de
cette initiative, résolument privée,..
Mais la nurse a traversé ; tout le grou-
pe aussi, et la raison du représentant
de la force publique n'est, ici, pas la
plus forte.
Quant à bébé, on ne lui a pas de-
mandé son impression.
Si ses parents avaient vu ça !"')
G
.rosclaude et Albert Wolff.,
Notre célèbre collaborateur.
dont nous disons d'autre part la mort,
était, on le sait, plein d'esprit.
Se souvient-on de ce qu'il écrive
un jour sur Albert Wolff, le critique
de l'époque.
Rappelons-le car cela ne date pas
d'hier.
Albert Wolff, cet éminent criti-
que d'art, qui a passé son existence
dans la contemplation de deux- ta-
bleaux. celui de droite, et celui de
gauche. au baccara 1
Combien de critiques d'art, ou qui
se disent tels, n'ont-ils même pas vu
ces deux tableaux là ?
Q
uand les hirondelles s'y mettent!
Ce compositeur de musique,
délibérément amateur, mais non
exempt d'ingéniosité, se rendait, l'au-
tre jour, dans le Midi. Il arriva que
des réparations sur la voie firent ra-
lentir son train dans la Camargue. Le
musicien, qui regardait par la portière,
en fumant sa cigarette, aperçut alors
sur les fils télégraphiques plusieurs
hirondelles qui s'étaient postées en
quelque sorte par étage.
Il vit là comme une portée et, ces
.notes vivantes il eut l'idée de les en-
registrer sur une feuille de papier.
Cela formait le début d'une phrase
assez mélodique. Il n'y avait plus
qu'à continuer.
t IlORATIO.
i (Lire la suite en 38 pçzge.),
Choses de Paris
-.
En cherchant la fève
avec les rois
de la raquette et du jazz
Dans cette « Boîte à Matelots » si mont-
martroise et parisienne, les bateaux en
bouteille, sous l'influence du whisky, com-
mencent ù chavirer. Au ., son de l'accor-
déon manié par un tatoué, des couples
a'enlacent pour une java toulonnaise. Der-
rière une table, bien tranquille, un per-
sonnage frisotant grignote une galette. A
ses côtés, un grand brun, genre toréador,
en fait autant. Ce soir, l'on tire les rois.
Et le blond Jack Hylton et Henri Cochet
le brunet essaient de trouver la fève. >
- Dites-moi, monsieur Jack, je profite
du grignotage de la galette afin de vous
demander vos projets pour la saison pro-
chaine.
- Comme la politique sera triste, je pré-
pare une musique très gaie.
— Vous êtes aussi ironiste dans la vie
qu'avec votre jazz.
— Tenez. je vais aussi jouer au tennis
avec Cochet. Un grand match. La Coupe
Davis, tout le monde attend c»Ja. Mais
ce championnat c'est un secret Deman-
dez à Cochet?.
L'homme à l'allure de toréro, notre ten-
nisman national, Henri Cochet. est dans
la joie. -
— Cette rencontre compte plus pour
moi que n'importe quelle compétition.
— N'êtes-vous pas trop ému, en pen-
sant lever la raquette contre un garçon
aussi nerveux que son jazz?.
— Jack Hylton est certain de gagner,
parce qu'il va arriver sur le court avec un
trombone. Il fera' note à chaque balle.
Mais, au vestiaire, je me vengerai en lui
jouant de la grosse caisse.
Les galettes sont grignotées, aucun des
deux n'a trouvé la fève. Cela n'a aucune
importance, ne sont-ils pas déjà rois du
iazz et de la raquette.
Jgxtfi si dessin de :
SERGE.
En Sorbonne
.a
Une thèse originale
sur Marie Lenéru
Elle ne sera pas unique, paraît-il;
des étrangers aussi s'occupent du
« cas » de Marie Lenéru qui, devenue
sourde à l'âge de quatorze ans et gra-
vement atteinte plus tard dans sa vue,
eut l'énergie de se développer intellec-
tuellement au point d'en arriver à pro-
duire cette œuvre si passionnément
discutée lors de sa création à l'Odéon
ouais qui fut une date: Les Affranchis.
La thèse, qui fut soutenue hier, en
Sorbonne, eut ceci de particulier que
son auteur, Mlle Suzanne Lavaud, est
elle-même sourde et fut longtemps
muette avant d'apprendre à parler sans
«'entendre et à lire (ayant, elle,
conservé ses yeux) d'après le mouve-
ment des lèvres. Mlle Suzanne La-
vaud s'attacha à étudier la vie et l'œu-
vre de Marie Lenéru comme celle-ci
s'était attachée à une autre infirme de
son espèce, Helen Keller.
Tandis que Mlle Suzanne Lavaud,
précédée de sa mère, la distinguée di-
rectrice du. lycée Victor-Duruy, pre-
nait place à la table des candidats au
doctorat, dans la salle Liard, les oro-
f--.ïseurs Baldeuspergçr, Gaiffe et Mor-
cet occupaient le bureau du jury.
Une assistance nombreuse ou beau-
coup de gens du monde, de littérateurs
P.' d'étudiants se pressaient, ainsi que
des journalistes français et étrangers,
nreta l'oreille à la voix forcément un
peu « ouatée » mais étonanoment pré-
cise de Mlle Suzanne Lavaud. Quel-
ques accents un peu rauques, comme
<9.Q avait Marie Lenéru, ayant perdu
le contrôle de son timbre et la mémoire
de la graduation des sons, n'em-
oêchèrent pas la Ccftididate d'entrer
dans le vif de son sujet et de retracer
la vie de l'écrivain, aujourd'hui son
héroïne, relevant certaines erreurs.
«"mmunes naguère par la critique et
la nécrologie lors du. décès de Marie
1 enéru dans l'éDouvantuble épidémie
ds grippe espagnole qui ravagea la
ville de Lorient, où, cruelle ironie du
sort, elle s'était réfugiée avec sa mère
infirme elle-même, hors de l'atteinte
des gothas et des berthas. 1
Mlle Lavaud analysa l'œuvre dra-
Marie Lenéru
(Photo Reutlinger.) ,
matique et le fameux journal de Marie
Lenéru, montrant une vive intelligence
de son sujet et aussi une émouvante
sympathie de « congénère », qui gagna
1 assistance.
On ne pouvait s'empêcher d'admirer
l'énorme, le patient labeur que repré-
sente cette thèse.
M. Baldensperger en félicita vive-
ment l'auteur, insistant sur les condi-
tions particulièrement difficultueuses
dans lesquelles elle l'avait faite et du
beau courage qu'elle apportait en ve-
nant ainsi la défendre, donnant par
cela même un magnifique exemple
-l'éner,llie et de preuve de ce que à quoi
l'on peut atteindre à force de volonté
Êi de ténacité contre le sort qui vous
frappa.
Par là, l'auteur de cette thèse, qui
fera elle-même époque, atteint son mo-
dèle et mérite les félicitations que lui
prodigua son jury, la proclamant doc-
teur de l'Université, aux acclamations
dun public: acclamations dont Mlle
Suzanne Lavaud ne perçut, hélas, si
l'on peut dire, que le dessin.
Ainsi que nous l'avons dit, des
extraits de cette thèse sur « Marie Le-
néru et son théâtre » doivent paraître
dans La Revue de France. Nous
reviendrons alors plus longuement.
C. D
Une nouvelle pièce
de M. Paul Raynal
sera créée
au Théâtre de l'Œuvre
C'est au Théâtre de l'Œuvre que
Rera créée la nouvelle pièce de M.
Paul Raynal : Au Soleil de l'Instinct.
Les interprètes en seront Mlle An-
nie Ducaux, MM. Hubert Prélier et
Mmé-Clariond.
M. Iorga est élu par *
l'Académie des inscriptions
L'Académie des inscriptions et bel-
les-lettres a procédé, hier, à l'élection
d'un associé étranger, en remplacement
du regretté savant Nyrop, de Copenha-
gue. C'est M. Iorga, président du
Conseil des ministres de Roumanie, qui
a été élu.
., M. Adrien Blanchet a communiqué
ensuite, au nom de la Société académi-
que du Puy, les derniers résultats des
fouilles effectuées par cette Société à
Saint-Ponlieu. On a découvert, en par-
ticulier, une mosaïque ornée d'oiseaux
et de dauphins. C'est la première fois
qu'une mosaïque romaine est décou-
verte dans le Yeliay,, - * -
La souscription de "Commdii
pour '*
les Enfants du Spectacle
Hier, au Tennis-Golf Turgot, & en
lieu la fête sportive organisée par Co-
mœdia pour les Enfants du Spectacle.
Elle fut charmante et fort réussie ; on
trouvera le compte rendu dans la
page 3. -
Notre souscription s'établit ainsi à
la suite de ce iour :
M. Mario Roustaw, ministre
de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts '500 tt*
M. Jean de Rovéra, direc-
teur de Comœdia.. j.oôo g
M. Yves de Beaurepaire,
président du Conseil d'ad-
ministration de Comœdia 1.000 <
M. Jean Bichelberger, ad-
ministrateur de Comœdia SOO."
Le Conseil d'administration
de 'Comœdia. 1.000 t
Mme Marcelle Chantai. 1.000 »
Société df.s Films Osso. 500 *
M. Gaston Manuel. 200
Mme Langton 1.000 n
\f Il e Brett y 100.
Mme Gabrielle du Mesnil.:. 50 g
Cercle de la Marionnette,
Robert Desarthis, premier
versement .,. 100 g
M. Grünebaum-BaU'n. 50 »
Anonvme 50.
Jean Mercanton jjo q
M. Gustave Quinson 500 »
Mlle Jane Renouardt aco »
Journée des Artistes 1.000 m
MM. Vandal et Delac 300 »
M. Emile Baës 200 *
Chambre syndicale de la
Cinématographie française 30* 9
M. Robert Trébor, directeur
des théâtres de la Made-
laine et Miche! 400 Ji
Mme Vve Bichelbersrèr.: JOO »
Docteur Lacapère 100 »
Mme Hertz "," JOo m
Union des Artistes çoo »
M. Pierre Humble Dr Th. -
du Petit-Monde 100 Jé
M. Maurice Petsche, s.-s.
Etat aux Beaux-Arts. 200 »
Mme Massot, attachée au
sous-secrétariat d'Etat.. 50 »
Mme Rachel Leurquin-Baës ioo e
[M..Francis SalaLert. 200 »
M. Pierre Lambert 50 »
Association des Comédiens
anciens Combattants * 500 »
M. Louis Maurel 50 »
Mme Lottie Yorska 300 »
Mlle Alice Gentil 200 »
L'Union des Arts (fondation
Rachel-Boyer) .;. 500 - »
M. Pachot, commissaire aùx
Délégations judiciaires zoo w
Mme Georges Eiser ioo é
M. Victor Boucher 500 m
Mme Raquel Meller 200 n
Anonyme 300 »
Mlle Josiane Lacaille 50 »
Mlle Alice Dufrêne ,. lOÔ"
MM. Durand Villette et •,
Pioche .," 100 i
Association de Secours mu- *
tuels, artistes dramati-
ques (Fond.. Taylor) el 500.
Mme Cécile Sorel 300 »
M. Max Fischer 100 »
La Direction du Théâtre
de l'Odéon 500 w
Association de's Administra-
teurs de théâtre 100 »
M. Gustave Charpentier.. 500 »
Théâtre des Variétés. 250 »
M Max Maurey 250 »
M. Fernand Rooman 200 »
René Rocher, directeur du
Théâtre Antoine 4 200 »
Poupoute Chariot 100 M
Automobile Club des Artis-
tes 300 *
M. Le Fraper, directeur du
Courrier cinématographi-
que 100"
Compagnie cinématographi-
que Canadienne. M. Ro-
bert Hurel $ 50, environ 1.250 3
Olympe Bradna et la Boî-
te à joujoux 1.000 »
Total 19.750 H,
Nous publierons demain la recette
exacte du Tennis-Golf Turgot qui doit Il
s'ajouter à ce total. ;
Au Théâfre Fontaine
« PAT »
Pièce en 3 actes et 5 tableaux
de M. Louis Daquin
*t. Saint-Georges 4e * Bouhélier ai
écrit La Vie d'une Femme. M.. Daquitt
a écrit Pat qui est tout simplement
La Vie d'un Homme, bien que son
héros, Pat; ne meure pas à la fin de sa
pièce; mais il nous montre près de
vingt ans de Pat. C'est la seule com.
paraison que l'on puisse faire entre les
deux œuvres. Pat est loin d'avoir la
poésie et le pittorèsque de La Vie d'un.
Femme. M. Louis Daquin conte cette -
biographie sans grande originalité,
mais non pas sans adresse. M: Louis
Daquin emploie un peu le procédé tant
de fois utilisé de l'histoire racontée* *
Pomance est ainsi construit. Toutefois,
dans Pat, le récit ne tient que deux ta-
bleaux sur cinq ; au troisième tableau,
nous retrouvons Pat à l'âge qu'il avait
au premier. M. Daquin aurait dû éviter
c«; cliché qui est superflu et qui est bien'
démodé. Il reste que M. Daquin a des
qualités certaines d'auteur dramatique.
Dans chaque scène et dans chaque aCte
it a le sens d'es proportions ; toujours
ses développements progressent avec
sûreté et habileté; ce qui est mieux
encore, c'est que le dialogue est bon ;:'
il est naturel, il a de la vie; son mou-
vement ne faiblit qu'à de rares- ins-
tants ; encore n'est-on pas sûr que ce
soit la seule faute de l'auteur; car il
y a parmi ses interprètes quelques ac-
teurs tout à fait insuffisants.
Avec ces dons intéressants, M. Da-
quin se doit d'avoir une pensée plus
neuve. La psychologie de ses personna-
ges est bonne mais on la voudrait plus
curieuse, interprétée avec plus de force
et de sensibilité personnelle. Que M*.
Daquin fasse également attention de no
pas succomber à la tentation des çoun
Directeur.
26' ANNEE. — N° 6,929
t.. Urne ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univers.,
/T t
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PROMENADES ET VISITES
Une récente visite ,
au « Victoria! » de Gabriele d'Annunzio
Par une lumineuse journée d'été à
Gardone, sur les rives du lac de
Garde, nous gravissons de nouveau la
colline où, parmi les oliviers, couleur
de cendres, les noirs cyprès et les ro-
ses, se dresse la maison du poète :
de Gabriele d'Annunzio.
A l'entrée du Vittoriale, au poste
de garde, un carabinier nous arrête
et réclame notre nom; mais voici
qu'un homme de taille élevée, au vi-
sage de christ, au regard bleu, très
doux, qu'encadrent une épaisse che-
velure et une barbe noire vient à no-
tre rencontre. Le carabinier s'efface
et nous pénétrons dans le domaine
du « Prince de Monténévoso ». L'ar-
chitecte Gian Carlo Maroni,, l'homme
au visage de christ, compagnon fidèle
du « Commandant » et artiste de
grand talent, est sans aucun doute le
personnage le plus qualifié après le
poète pour nous faire visiter l'inté-
rieur du Vittoriale. Nous traversons
avec notre guide une longue avenue
peuplée d'arcades de granit rosé, et
nous arrivons sur la petite place oui
se trouve devant l'entrée de la villa.
A notre gauche s'élèvent de nouvel-
les constructions à peine achevées,
les loggia et le musée du Quatrocento.
L'architecte Maroni s'éloigne quel-
ques instants et nous avons le loisir
de méditer au seuil de la maison, de
détailler ses attributs michélangesques
sculptés dans sa façade et de lire la
devise écrite sur le bois de sa porte:
« Clausura silentium, fin che non
s'apra, fin che non parli. » Une in-
quiétude nous étreint en songeant
aux nombreux admirateurs qui ont
tant espéré et désespéré en contem-
plant cette porte. Allons-nous subir le
même sort? Le Commandant reste-
ra-t-il sourd à nos appels, car nul ne
la franchit sans son autorisation ?
Mais soudain, la porte s'ouvre sans
bruit et notre guide, en souriant, nous
fait signe d'avancer. « Le Comman-
dant est souffrant et se repose, mais
vous allez visiter la casa, suivez-
"moi. » Nous entrons dans le sanc-
tuaire. L'intérieur de cette maison,
au premier aspect, ressemble à une
église. Dès le vestibule étroit, des
images saintes frappent le regard ; à
gauche, au rez-de-chaussée, nous nous
trouvons dans « l'oratorio », sorte de
petite chapelle ornée aussi d'images
pietlses, de ciboires, de candélabres
anciens. Les sièges des stalles des
prieurs sont recouverts de coussins
en damas rouge et jaune. Dans un
angle de la pièce, il y a une coupe
contenant de la terre de Dalmatie, à
côté, une veilleuse brille jour et nuit
en mémoire de la mère du poète.
Une clarté diffuse tombe d'en haut,
pareille à un fil de soie blonde, et
donne à l'oratorio, parfumé d'encens,
une coloration dorée. Au plafond,
l'hélice qui servit à Pinédo dans son
voyage transe .janique, avec ses pales
luisantes, jette quelques éclairs. Nous
passons ensuite dans différentes piè-
ces qui sont, comme les corridors qui
y conduisent, garnies de rayonnages
jusqu'au faîte. Par milliers, des livres
rares, aux reliures précieuses, dor-
ment en attendant le bon plaisir du
maître. D'Annunzio, lecteur infatiga-
ble, a tout lu, et sa bibliothèque du
Vittoriale est une des plus belles du
monde. Une des pièces, du reste, est
consacrée aux œuvres françaises, une
collection des poètes maudits voisine
avec des livres de Barrés, d'Henrv de
Régnier, de Gide, de Colette, de Mar-
cel Boulenger et de Montherlant.
Tous les livres d'Arcachon, de la villa
« Saint-Dominique », ancienne re-
traite française de d'Annunzio, où il
composa Le Martyre de saint Sébas-
tien, sont réunis ici, et il s'exhale en-
core de leurs feuillets comme un va-
gue parfum de nos landes résineuses.
A pas feutrés, car les tapis sont
ériais et innombrables, nous pénétrons
dans la salle de musique : « Une
pièce pour ne pas entendre », a dé-
claré le poète avec malice, nous dit
l'architecte Maroni. En effet, elle est
tendue entièrement de draperies noi-
res et vieil or. L'atmosphère est très
baudelairienne dans ce lieu dédié à
l'harmonie. Des colonnes torses sup-
portai des verres de Murano, se
dressant dans chaque angle et près
de deux pianos, dont l'un fut touché
parles doigts de Liszt. A un mur, le
masque du musicien et le profil aigu
d---» sa fille Cosima Wagner. Des di-
vans profonds garnissent cette salle
et l'éclairée y est changeant, suivant
l'heure et la musique. Souvent, Mali-
piéro, qui est un des grands compo-
siteurs italiens de l'époque et un fa-
milier de d'Annunzio, vient donner
-quelques concerts au Vittoriale. On y
joue des quatuors surtout de la mu-
sique classique de Montéverdi,
- d'Hadyn, de Beethoven, ou bien des
sonates de Debussy. Le Claude
de France, l'ami disparu, si cher au
cœur du poète. Nous traversons en-
suite le grand salon de réception qui,
à vrai dire, n'est qu'une bibliothèque
vaste et somptueuse. Nos yeux se po-
sent sur une édition originale et ines-
timable des poèmes des Laudi, l'œu-
vre immortelle de Gabriele d'Annun-
zio. Çà et là, piqués aux bords des
rayons, quelques masques antiques et
modernes, de plâtre, de marbre ou
de bronze. Un magnifique tableau de
Dante donne à cette pièce son carac-
tère d'austère grandeur. Un lustre de
Murano l'éclairé en étendant ses bras
multiples. Une immense table de tra-
vail surchargée de livres, de revues.
de .brochures et de lettres d'admira-
teurs, s'allonge au milieu du salon.
Nous pénétrons maintenant dans la
« Cénacolo », la salle peut-être la
plus curieuse, la plus originale du
Vittoriale. Dans cette salle, le poète
a réuni tous ses souvenirs d'homme
d'armes. Elle est décorée d'étoffes ad-
mirables, .de brocarts, de tapis per-
sans, de statues. Au plafond, la ban-
dière de Fiume et le lion de Massurig,
drapeau offert par la ville de Gênes.
Sur un autel, une collection d'anges,
de saints, de reliquaires rappelant au
Commandant un fait de guerre, un
exploit d'aviation, une blessure ou
une victoire. Sur une table, des sta-
tuettes innombrables d'idoles, de
bouddhas de tous les pays, de toutes
les religions, et émergent de cette
multitude un buste de poverello d'As-
sise. Des devises sur des meubles.
sur des tentures, retiennent l'atten-
tion. Le poète, latiniste éminent, en
a mis partout dans sa maison. A l'en-
trée de cette salle, il y a un vitrail
splendide représentant une vision que
le Commandant eut durant la guerre :
sainte Cécile pose ses mains sur un
orgue, au-dessous d'elle, deux jeunes
soldats morts sont étendus côte à côte.
L'architecte Maroni nous déclare qu'il
a servi de modèle pour l'un d'entre
eux.
En quittant le « Cénacolo », nous
sommes conduits dans la grande salle
à manger décorée de laque rouge de
Venise. Des vitraux anciens illumi-
nent cette pièce, où le Commandant
vient quelquefois prendre ses repas
avec ses invités. Sur un socle, près de
la table étroite, couverte d'orfèvrerie,
un bouddha, au crâne chauve et ivoi-
rin, semble nous fixer en ricanant.
l «
Une cour intérieure du Victorial
(Photo Meurisse.)
Son œil droit est voilé par un morceau
d'étoffe. « Le Commandant l'a rendu
borgne comme lui, voyez si sa res-
semblance avec le poète est saisis-
sante », nous fait remarquer l'archi-
tecte Maroni.
Jean CHACHUAT.
(Lire la suite en deuxième page^
La vie publique
Au-dessus de la crise -
Ce n'est un secret pour personne que
le président de la République, interprète
eh cela du sentiment général de la nation,
vise à constituer un gouvernement de
large union républicaine. La crise minis-
térielle qui va s'ouvrir mardi prochain est
La première de son septennat. Lui four-
nira-t-elle l'occasion de réaliser une ambi-
tion qui, pour louable et salutaire qu'elle
paraisse, se heurte à un obstacle que les
politiciens déclarent a priori infranchissa-
ble : la proximité des élections législa-
tives ?
Je le dis comme je le pense : même en
désespoir de cause, cette expérience doit
être tentée.
A la veille de la conférence des répara-
tions et de la conférence du désarmement
où le sort de la France, son avenir ef sa
sécurité vont être en jeu, alors qu'à l'inté-
rieur le malaise commercial et financier,
la crise économique et le chômage pren-
nent des proportions angoissantes, alors
qu'à l'extérieur, en dépit de nos plus mé-
«ritoire# efforts, de nos plus généreuses con-
cessions, de nos plus douloureux sacrifi-
""es. la situation demeure si confuse que
tout danger de guerre n' est pourtant pas
écarté, le pays a besoin de savoir si ceux
«n qui il a placé sa confiance en sont en-
core dignes lorsque, face à face avec des
périls imminents, ils hésitent à mettre un
terme à leurs chicanes, à leur intransi-
geance de partisans, à leur frinaale réélec-
torale. 4 »
Le pays a besoin de savoir si devant le
oéril commun, ses mandants sont ou non
caoables de faire front commun, si, sous
la pression d'événements graves pour ne
pas dire tragiques, les intérêts généraux
de la nation vont ou non l'emporter sur
les intérêts particuliers de législateurs en
roal de candidature.
Si oui, c-est peut-être le salut. Sinon.
c'est à désespérer du parlementarisme.
L'expérience que s'apprête à tenter, en
plein accord avec M. Pierre Laval, le pré-
sident de la République, aura du moins le
merite d'éclairer l'opinion française sur le
bon sens ou la sottise, le courage ou la
lâcheté de ceux qui ont en moins les des-
tinées du pays.
A. DELPEYROU.
(Lire, en cinquième page, notre rubri-
cu« : t Pour vos conversations du jour »).
- lUNE VUE INTERIEURE DÛ * VICTORIAL «
ceue curieuse photographie représenté la salle à manger d'été de la belle et secrète demeure ott, sur le lac de Carde,
s'est retiré le grand Poète Gabriele d Annunzio, et dans laquelle il a groupé d'inappréciables œuvres d'art.
NOS ÉCHOS
Entre nous ,
- Le geste de Toulouse
Comœdia a déjà parlé de l'article de
La Dépêche de Toulouse dans lequel on
lisait que la France devrait renoncer aux
réparations dues par l'Allemagne. Oui,
mais Comœdia n'en aurait point parlé,
ni Le Temps, ni les Débats, ni L'Echo
de Paris, ni L'Ere Nouvelle, ni Le Po-
pulaire, ni L'Action Française, ni les
autres journaux, si l'article avait paru
ailleurs qu'à Toulouse, dans La Dépê-
che, et voilà qui est à remarquer. c
- J'ajoute qu'aucun autre journal de
province ne se serait senti l'audace de
prendre une initiative de ce genre. L'idée
ne lui en serait même pas venue, et l'au-
rait-il evprimée, personne ne l'aurait
su.
En laissant de côté le fond de la ques-
tion, qu'a donc fait La Dépêche ? Un
acte de décentralisation politique.
Le fait est assez rare pour qu'on le
signale. Une initiative venant de pro-
vince qui fait du bruit à Paris, qui s'im-
frose à l'attention de la dresse oarisienne.
qui est discutée dans les milieux politi-
ques, l'avez-vous vu souvent 2
La Drovince demande toujours à Pa-
ris de lui apporter la décentralisation,
mais elle ne sait pas se décentraliser
elle-même.
Les faits de décentralisation économi-
que sont nombreux et importants : des
villes comme Lille, Nancy, Marseille et
d'autres ont entrepris, sans le concours
de l'Etat et sans que l'idée leur en ait
été donnée de Paris, de grandes œuvres.
Les faits de décentralisation littérairé
ec bornent. et c'est d'ailleurs bien auel-
flue chose, aux productions en proven-
col. en breton, en catalan, la littérature
française en brovince n'étant aue de la
littérature « à l'instar. »
Les faits de décentralisation poLitique
te chiffreraient par zéro, s'il n'y avait
La Dépêche de Toulouse, le seul jour-
nal dont l'influence se fasse sentir à
Pari.l-
Il u a d'autres srands journaux régio-
naux, qui ont un tirase considérable
pour Paris, ils n'existent pas,
Quand on n'appartient pas au parti
que représente La DéDêche. on peut re-
gretter quelle n'exerce pas autrement
son Douvoir. mais qu'elle jouisse d'un
nouvoir. c'est ce qui est certain. et c'est
ce qui fait d'elle la seule force ùrovin-
ciale aui existe.
Pour admirer l'étrangeté de celle si-
tuation, ne suffit-il pas de se rappeler
au'en Allemagne, en Angleterre, en
Italie, aux Etats-Unis, les journaux des
grandes villes comptent tout autant et
Parfois davantage dans l'opinion mon-
diale Que ceux des capitales de cm
paus ?
Et le plus amusant, c'est que le ré-
dacteur en chef de La Dépêche,
M. Huc, qui a dépassé, je crois, les
80 ans. n'est, pour ainsi dire, jamais
sorti de Toulouse, et que le directeur
politique, M. Maurice Sarmut, qui au-
rait pu si facilement être ministre, prési-
dent du Conseil et même président de la
République, s'est toujours contenté d'être
sénateur, et le plus aimable et le plus
dévoué des confrères.
luies VÉRAN.
L
<* tombeau de La Malibran.
Nous avons signalé l'état
d'abandon dans lequel se trouve la
tombe de La Alalibran, au cimetière
de Laeken, à Bruxelles.
Un journal bruxellois, Le Pourquoi
Pas ? a ouvert une souscription. La
somme recueillie, 2.180 francs, per-
mettra de faire exécuter les travaux
nécessaires: réfection des murs, pein-
ture, polissage ces rrarties, répara-
tion de la toiture. etc.
Soulignons avec satisfaction les li-
gnes suivantes dans le de\is de l'en-
trepreneur: « Ne pas toucher à la
statue en marbre blanc, les années
lui ont donné une patine qui, loin de
nuire au caractère de cette oeuvre,
l'avantage au contraire. <•
P
oursuite.
Une auto débouchant l'autre
soir çomme un bolide d'une des ave-
nues avoisinant la place d'Italie, ren-
trait dans un bec de gaz et s'y écra-
bouillait.
On se précipita, on ramassa le con-
ducteur, en assez fâcheux état. On
put l'interroger quand même.
— Pourquoi cette vitesse ?
— Je fuyais.
— Vous aviez commis un délit ?
— Non, jé fuyais une femme.
- Si vite ! :
— Elle avait elle-même sa voi-
ture. J'ai pu la dépister. .1
— Que lui aviez-vous donc fait?
— Une infidélité. Elle venait de
me surprendre. J'ai craint qu'elle ne
fût armée.
— Et votre complice ?
Cependant une petite conduite in-
térieure arrivait.
Il y avait dedans deux femmes :
l'amie et. la complice et qui se tor-
daient de rire.
c
hez M. Raymond Poincaré.
En apprenant la mort de M.
André Maginot, bien des gens ont
pensé à la peine que la nouvelle avait
dû faire à M. Raymond Poincaré.
Plusieurs de nos confrères se sont
présentés au « Clos », à Sampigny,
où la consigne donnée par les méde-
cins de l'illustre homme d'Etat est
formelle: toute visite lui est inter-
dite.
Mme Poincaré ne reçoit pas non
plus, pour ne pas être tentée de com-
muniquer à son mari des impressions
de nature à le préoccuper.
M. Raymond Poincaré, en compa-
gnie d'un infirmier, fait chaque jour
une promenade dans son parc; il tra-
vaille un peu à ses mémoires, se re-
pose, lit un peu et médite beaucoup.
L'objet de ses méditations ne doit pas
être bien gai en ce moment.
L'annonce de la mort de son ami
fer compatriote André Maginot a dû
l'attrister grandement.
Mais notre grand ex-premier ob-
serve, lui aussi, une consigne: se
taire. -
0
ù passera l'enfant.
Place Saint-Augustin.- il v a
files et files de voitures; l'agent - ne
sait littééralement plus où donner du
bâton. Sur un trottoir, des gens at-
tendent, se lassent d'attendre.
Et l'on voit brusquement une ro-
buste nurse prendre la tête du groupe
en poussant bravement devant elle la
voiture du bébé ; ce qui contraint tou-
tes les voitures à stopper du coup.
L'agent se précipite, pas content de
cette initiative, résolument privée,..
Mais la nurse a traversé ; tout le grou-
pe aussi, et la raison du représentant
de la force publique n'est, ici, pas la
plus forte.
Quant à bébé, on ne lui a pas de-
mandé son impression.
Si ses parents avaient vu ça !"')
G
.rosclaude et Albert Wolff.,
Notre célèbre collaborateur.
dont nous disons d'autre part la mort,
était, on le sait, plein d'esprit.
Se souvient-on de ce qu'il écrive
un jour sur Albert Wolff, le critique
de l'époque.
Rappelons-le car cela ne date pas
d'hier.
Albert Wolff, cet éminent criti-
que d'art, qui a passé son existence
dans la contemplation de deux- ta-
bleaux. celui de droite, et celui de
gauche. au baccara 1
Combien de critiques d'art, ou qui
se disent tels, n'ont-ils même pas vu
ces deux tableaux là ?
Q
uand les hirondelles s'y mettent!
Ce compositeur de musique,
délibérément amateur, mais non
exempt d'ingéniosité, se rendait, l'au-
tre jour, dans le Midi. Il arriva que
des réparations sur la voie firent ra-
lentir son train dans la Camargue. Le
musicien, qui regardait par la portière,
en fumant sa cigarette, aperçut alors
sur les fils télégraphiques plusieurs
hirondelles qui s'étaient postées en
quelque sorte par étage.
Il vit là comme une portée et, ces
.notes vivantes il eut l'idée de les en-
registrer sur une feuille de papier.
Cela formait le début d'une phrase
assez mélodique. Il n'y avait plus
qu'à continuer.
t IlORATIO.
i (Lire la suite en 38 pçzge.),
Choses de Paris
-.
En cherchant la fève
avec les rois
de la raquette et du jazz
Dans cette « Boîte à Matelots » si mont-
martroise et parisienne, les bateaux en
bouteille, sous l'influence du whisky, com-
mencent ù chavirer. Au ., son de l'accor-
déon manié par un tatoué, des couples
a'enlacent pour une java toulonnaise. Der-
rière une table, bien tranquille, un per-
sonnage frisotant grignote une galette. A
ses côtés, un grand brun, genre toréador,
en fait autant. Ce soir, l'on tire les rois.
Et le blond Jack Hylton et Henri Cochet
le brunet essaient de trouver la fève. >
- Dites-moi, monsieur Jack, je profite
du grignotage de la galette afin de vous
demander vos projets pour la saison pro-
chaine.
- Comme la politique sera triste, je pré-
pare une musique très gaie.
— Vous êtes aussi ironiste dans la vie
qu'avec votre jazz.
— Tenez. je vais aussi jouer au tennis
avec Cochet. Un grand match. La Coupe
Davis, tout le monde attend c»Ja. Mais
ce championnat c'est un secret Deman-
dez à Cochet?.
L'homme à l'allure de toréro, notre ten-
nisman national, Henri Cochet. est dans
la joie. -
— Cette rencontre compte plus pour
moi que n'importe quelle compétition.
— N'êtes-vous pas trop ému, en pen-
sant lever la raquette contre un garçon
aussi nerveux que son jazz?.
— Jack Hylton est certain de gagner,
parce qu'il va arriver sur le court avec un
trombone. Il fera' note à chaque balle.
Mais, au vestiaire, je me vengerai en lui
jouant de la grosse caisse.
Les galettes sont grignotées, aucun des
deux n'a trouvé la fève. Cela n'a aucune
importance, ne sont-ils pas déjà rois du
iazz et de la raquette.
Jgxtfi si dessin de :
SERGE.
En Sorbonne
.a
Une thèse originale
sur Marie Lenéru
Elle ne sera pas unique, paraît-il;
des étrangers aussi s'occupent du
« cas » de Marie Lenéru qui, devenue
sourde à l'âge de quatorze ans et gra-
vement atteinte plus tard dans sa vue,
eut l'énergie de se développer intellec-
tuellement au point d'en arriver à pro-
duire cette œuvre si passionnément
discutée lors de sa création à l'Odéon
ouais qui fut une date: Les Affranchis.
La thèse, qui fut soutenue hier, en
Sorbonne, eut ceci de particulier que
son auteur, Mlle Suzanne Lavaud, est
elle-même sourde et fut longtemps
muette avant d'apprendre à parler sans
«'entendre et à lire (ayant, elle,
conservé ses yeux) d'après le mouve-
ment des lèvres. Mlle Suzanne La-
vaud s'attacha à étudier la vie et l'œu-
vre de Marie Lenéru comme celle-ci
s'était attachée à une autre infirme de
son espèce, Helen Keller.
Tandis que Mlle Suzanne Lavaud,
précédée de sa mère, la distinguée di-
rectrice du. lycée Victor-Duruy, pre-
nait place à la table des candidats au
doctorat, dans la salle Liard, les oro-
f--.ïseurs Baldeuspergçr, Gaiffe et Mor-
cet occupaient le bureau du jury.
Une assistance nombreuse ou beau-
coup de gens du monde, de littérateurs
P.' d'étudiants se pressaient, ainsi que
des journalistes français et étrangers,
nreta l'oreille à la voix forcément un
peu « ouatée » mais étonanoment pré-
cise de Mlle Suzanne Lavaud. Quel-
ques accents un peu rauques, comme
<9.Q avait Marie Lenéru, ayant perdu
le contrôle de son timbre et la mémoire
de la graduation des sons, n'em-
oêchèrent pas la Ccftididate d'entrer
dans le vif de son sujet et de retracer
la vie de l'écrivain, aujourd'hui son
héroïne, relevant certaines erreurs.
«"mmunes naguère par la critique et
la nécrologie lors du. décès de Marie
1 enéru dans l'éDouvantuble épidémie
ds grippe espagnole qui ravagea la
ville de Lorient, où, cruelle ironie du
sort, elle s'était réfugiée avec sa mère
infirme elle-même, hors de l'atteinte
des gothas et des berthas. 1
Mlle Lavaud analysa l'œuvre dra-
Marie Lenéru
(Photo Reutlinger.) ,
matique et le fameux journal de Marie
Lenéru, montrant une vive intelligence
de son sujet et aussi une émouvante
sympathie de « congénère », qui gagna
1 assistance.
On ne pouvait s'empêcher d'admirer
l'énorme, le patient labeur que repré-
sente cette thèse.
M. Baldensperger en félicita vive-
ment l'auteur, insistant sur les condi-
tions particulièrement difficultueuses
dans lesquelles elle l'avait faite et du
beau courage qu'elle apportait en ve-
nant ainsi la défendre, donnant par
cela même un magnifique exemple
-l'éner,llie et de preuve de ce que à quoi
l'on peut atteindre à force de volonté
Êi de ténacité contre le sort qui vous
frappa.
Par là, l'auteur de cette thèse, qui
fera elle-même époque, atteint son mo-
dèle et mérite les félicitations que lui
prodigua son jury, la proclamant doc-
teur de l'Université, aux acclamations
dun public: acclamations dont Mlle
Suzanne Lavaud ne perçut, hélas, si
l'on peut dire, que le dessin.
Ainsi que nous l'avons dit, des
extraits de cette thèse sur « Marie Le-
néru et son théâtre » doivent paraître
dans La Revue de France. Nous
reviendrons alors plus longuement.
C. D
Une nouvelle pièce
de M. Paul Raynal
sera créée
au Théâtre de l'Œuvre
C'est au Théâtre de l'Œuvre que
Rera créée la nouvelle pièce de M.
Paul Raynal : Au Soleil de l'Instinct.
Les interprètes en seront Mlle An-
nie Ducaux, MM. Hubert Prélier et
Mmé-Clariond.
M. Iorga est élu par *
l'Académie des inscriptions
L'Académie des inscriptions et bel-
les-lettres a procédé, hier, à l'élection
d'un associé étranger, en remplacement
du regretté savant Nyrop, de Copenha-
gue. C'est M. Iorga, président du
Conseil des ministres de Roumanie, qui
a été élu.
., M. Adrien Blanchet a communiqué
ensuite, au nom de la Société académi-
que du Puy, les derniers résultats des
fouilles effectuées par cette Société à
Saint-Ponlieu. On a découvert, en par-
ticulier, une mosaïque ornée d'oiseaux
et de dauphins. C'est la première fois
qu'une mosaïque romaine est décou-
verte dans le Yeliay,, - * -
La souscription de "Commdii
pour '*
les Enfants du Spectacle
Hier, au Tennis-Golf Turgot, & en
lieu la fête sportive organisée par Co-
mœdia pour les Enfants du Spectacle.
Elle fut charmante et fort réussie ; on
trouvera le compte rendu dans la
page 3. -
Notre souscription s'établit ainsi à
la suite de ce iour :
M. Mario Roustaw, ministre
de l'Instruction publique
et des Beaux-Arts '500 tt*
M. Jean de Rovéra, direc-
teur de Comœdia.. j.oôo g
M. Yves de Beaurepaire,
président du Conseil d'ad-
ministration de Comœdia 1.000 <
M. Jean Bichelberger, ad-
ministrateur de Comœdia SOO."
Le Conseil d'administration
de 'Comœdia. 1.000 t
Mme Marcelle Chantai. 1.000 »
Société df.s Films Osso. 500 *
M. Gaston Manuel. 200
Mme Langton 1.000 n
\f Il e Brett y 100.
Mme Gabrielle du Mesnil.:. 50 g
Cercle de la Marionnette,
Robert Desarthis, premier
versement .,. 100 g
M. Grünebaum-BaU'n. 50 »
Anonvme 50.
Jean Mercanton jjo q
M. Gustave Quinson 500 »
Mlle Jane Renouardt aco »
Journée des Artistes 1.000 m
MM. Vandal et Delac 300 »
M. Emile Baës 200 *
Chambre syndicale de la
Cinématographie française 30* 9
M. Robert Trébor, directeur
des théâtres de la Made-
laine et Miche! 400 Ji
Mme Vve Bichelbersrèr.: JOO »
Docteur Lacapère 100 »
Mme Hertz "," JOo m
Union des Artistes çoo »
M. Pierre Humble Dr Th. -
du Petit-Monde 100 Jé
M. Maurice Petsche, s.-s.
Etat aux Beaux-Arts. 200 »
Mme Massot, attachée au
sous-secrétariat d'Etat.. 50 »
Mme Rachel Leurquin-Baës ioo e
[M..Francis SalaLert. 200 »
M. Pierre Lambert 50 »
Association des Comédiens
anciens Combattants * 500 »
M. Louis Maurel 50 »
Mme Lottie Yorska 300 »
Mlle Alice Gentil 200 »
L'Union des Arts (fondation
Rachel-Boyer) .;. 500 - »
M. Pachot, commissaire aùx
Délégations judiciaires zoo w
Mme Georges Eiser ioo é
M. Victor Boucher 500 m
Mme Raquel Meller 200 n
Anonyme 300 »
Mlle Josiane Lacaille 50 »
Mlle Alice Dufrêne ,. lOÔ"
MM. Durand Villette et •,
Pioche .," 100 i
Association de Secours mu- *
tuels, artistes dramati-
ques (Fond.. Taylor) el 500.
Mme Cécile Sorel 300 »
M. Max Fischer 100 »
La Direction du Théâtre
de l'Odéon 500 w
Association de's Administra-
teurs de théâtre 100 »
M. Gustave Charpentier.. 500 »
Théâtre des Variétés. 250 »
M Max Maurey 250 »
M. Fernand Rooman 200 »
René Rocher, directeur du
Théâtre Antoine 4 200 »
Poupoute Chariot 100 M
Automobile Club des Artis-
tes 300 *
M. Le Fraper, directeur du
Courrier cinématographi-
que 100"
Compagnie cinématographi-
que Canadienne. M. Ro-
bert Hurel $ 50, environ 1.250 3
Olympe Bradna et la Boî-
te à joujoux 1.000 »
Total 19.750 H,
Nous publierons demain la recette
exacte du Tennis-Golf Turgot qui doit Il
s'ajouter à ce total. ;
Au Théâfre Fontaine
« PAT »
Pièce en 3 actes et 5 tableaux
de M. Louis Daquin
*t. Saint-Georges 4e * Bouhélier ai
écrit La Vie d'une Femme. M.. Daquitt
a écrit Pat qui est tout simplement
La Vie d'un Homme, bien que son
héros, Pat; ne meure pas à la fin de sa
pièce; mais il nous montre près de
vingt ans de Pat. C'est la seule com.
paraison que l'on puisse faire entre les
deux œuvres. Pat est loin d'avoir la
poésie et le pittorèsque de La Vie d'un.
Femme. M. Louis Daquin conte cette -
biographie sans grande originalité,
mais non pas sans adresse. M: Louis
Daquin emploie un peu le procédé tant
de fois utilisé de l'histoire racontée* *
Pomance est ainsi construit. Toutefois,
dans Pat, le récit ne tient que deux ta-
bleaux sur cinq ; au troisième tableau,
nous retrouvons Pat à l'âge qu'il avait
au premier. M. Daquin aurait dû éviter
c«; cliché qui est superflu et qui est bien'
démodé. Il reste que M. Daquin a des
qualités certaines d'auteur dramatique.
Dans chaque scène et dans chaque aCte
it a le sens d'es proportions ; toujours
ses développements progressent avec
sûreté et habileté; ce qui est mieux
encore, c'est que le dialogue est bon ;:'
il est naturel, il a de la vie; son mou-
vement ne faiblit qu'à de rares- ins-
tants ; encore n'est-on pas sûr que ce
soit la seule faute de l'auteur; car il
y a parmi ses interprètes quelques ac-
teurs tout à fait insuffisants.
Avec ces dons intéressants, M. Da-
quin se doit d'avoir une pensée plus
neuve. La psychologie de ses personna-
ges est bonne mais on la voudrait plus
curieuse, interprétée avec plus de force
et de sensibilité personnelle. Que M*.
Daquin fasse également attention de no
pas succomber à la tentation des çoun
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