Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1935-01-11
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 11 janvier 1935 11 janvier 1935
Description : 1935/01/11 (A29,N8007). 1935/01/11 (A29,N8007).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7649569g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
COMŒDIA
146-150, Avenue des Champs-Elysée^
Téléphone : Elyséee 88-81 à 86 1
I* nuit : Passy 00-80
JEAN DE ROVERA
Directeur
Une ample comédie à cent actes divers -
Et dont la eçène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
I Paris, Seine, Seine-et-Oise: 0.25
29e ANNEE — VENDREDI 11 JANVIER 1935 — N° 8.007
Départements et étranger: 0 fr. 30 1
.res jails du Jour
, Procès Hauptmann. Hier, con..
k, nuaiion de la déposition accablante
POur l'inculpé, du docteur Condon.
Cependant, il semble que le témoin
&e livre à une singulière comédie qui
donne barre à l'avocat de la dé-
fense.
* Hier, à Malakoff, dans une
Grise de jalousie, une femme tire six
COUPs de revolver sur son mari, et
tyrès ïavoir aveuglé avec du poivre,
a frappe sur la tête à coups de
Ttlarteau. L'homme est à l'hôpital
u
* Sir Eric Phipps, ambassadeur
de Grande-Bretagne à Berlin, a
fait une démarche à la Wilhem-
sfrasae pour faire remarquer l'impor-
lance pour elle de se faire représen-
ter à la session du Conseil de ht
S. D. N. qui doit s'occuper des ques-
lions de la Sarre. Le gouvernement
< ——•——
du Reich a répondu par un refus
formel de principe à cette sugges-
tion.
* Un incendie de proportions
gigantesques a détruit presque entiè-
rement un quartier de Grenoble, au
centre de la oiMe.
j Sa figure du jour
Mlle Renée BARTOUT
(Photo G.-L. Manuel frères.)
qui, remplaçant au pied levé Mme Alice Cocéa, malade, dans son
rôle d? « Une femme libre » au Théâtre de l'Œuvre, vient d'y
obtenir un succès qui a fait sensation et qui atteste qu'il existe
nombre de comédiens et de comédiennes de haute valeur que les
directeurs de théâtres ne savent pas toujours, comme ce fut le cas
cette fois, découvrir.
ESPERANCES
L'Exposition de 1937 verra-t-elle
renaître la sculpture monumentale ?
par R-ENÉ-JEAN.
e Malgré que certains architectes
li?. alelnt., une grande responsabi-
ch leur incombe. Ils ont laissé
a 0lr la sculpture monumentale
Point où elle est à présent,
ç,^ s^-dire à peu près à rien. Hyp-
a '~s par les caisses en ciment
sue où le snobisme contemporain
* le dernier mot de l'architec-
re ont oubLié tout ce qu'un
te u relief, ou une heureuse mo-
J0n peut conférer de vie a
e. Ils l'ont oublié depuis
10 déjà ; je 'ne connais
c déjà ; je ine connais
guère autour de nous d'emploi ju-
Cleux de la sculpture sur une
niuraille une muraille laïque au
lns, que celui que fit BourdeHe
à j[.appel d'Auguste Perret sur la
façade d u Théâtre des Champs-
EiS. du Théâtre des Champs-
dehees. D'ailleurs, depuis la mort
Ur^e^e) Perret -n'a pas réci-
IV-e 1.. d Il
l'b ce Qui laisse à Boundelle
l'h^*n' neur entier de la réussite.
kJ; Exposition de 1937 marquera-
Goii sur ce point une tendance
cor e ou ac,centuera"t-elle ern-
Core le rnal de la sculpture monu-
tale? Il semble, d'après les di-
've rsje-ts qui furent publiés, que
la sculpture soit le dernier souci
dp s ai*cihitectes. Pourtant, l'heure
c: veJnue pour eux de réagir. Pour
du moins qui aspireint à ce
t: les générations futures s'imité-
d'e "tent à leur œuvre et cOiUsidè-
'd' nd ses débris comme dignes
arnlratiOln.
aintena,nt que la décoration
aire a disparu de l'esfehéti-
qu(\ contemporaine, on mesure sans
;'ne le mal qu'elle a causé. Sa
in.®tention agaçante l'a fait hon-
çiV Peu à peu, avec arrogance,
e - tout. Elle prenait
tom e.s places. Par l'a, le sculpteur
p ( la responsabilité de l'ar-
LchiulC*'c&te e dans la décadence orne-
s entate. Pour n'avoir pas su tenir
3 n rang, il l'a perdu. Il a glisse
tr s°cle où l'avait hissé son alncê-
1ieval et il patauge dans la
O'cU.g~
'Le jour où l'architecte et le
JPteur ne eurent plus avoir
t¡; ,tte eux qu'union matérielle d'in-
l^re,^, le divorce était inévitable.
jj ets, 1-e divorce était inévitable.
-,~ aujourd'hui consommé.
s^,architecte d'abord a gagné à
Ve. Überté. Il a recherché et sou-
Prouvé le seins de l'équili-
lige et du rythme qui conduit les
d'une bâtisse à tracer dans
]'e« "Pace des images expressives en
i eur abstraction. Mais il ne s'est
,pFu souvenu que l'art est fait d'iill-
les nuances, que la lumière
(lj'0.,1. Jouer sur le matériau comme
a chet sur la corde d'un violon. Il
do oublié -a leçon des cathédrales
dom les modulations savent être
u, 5, calmes ou ardelutes comme
Gfe. VlValnte musique. Il n'a pas su
erencier pauvreté et simplicité,
salué presque toujours la pre-
du nom vénéré de la se-,
tre
Aussi, peu à peu, se sont assé-
chées des sources de poésie. Notre
époque Me sait plus ce que c'est
qu'un chapiteau autour de quoi
tourne urne histoire que deman-
dent à connaître les petits enfants.
Nul ne s'arrête à la porte d'un édi-
fice moderne pour déchiffrer les
indications de personnages placés
là afin d'accueillir celui qui vient.
Partout, c'est la nudité, cette nu-
dité dont cependant nous sommes
fiers comme d'une conquête, sains
nous dire qu'elle m'est que le reflet
d'une désespérance qui a tout vu
sombrer autour de soi et me sait
plus communier en la splendeur
immense de l'éternel univers.
L'homme étant - le seul but de
l'homme, la sculpture - n'excelle
plus que dans le portrait-buste et
dans des bibelots d'étagère. Ceux
de ses prêtres qui veulent s'asso-
cier au frisson ardent de la vie et
en noter les multiples nuances
sont l'objet dé sarcasmes. On à
peu près inanimié satisfait un pu-
blic qui se gargarise du mot de
style et croit que la nature doit
être épurée pour être admirée.
Hélas! on n'épure pas, on émas-
cule! Chaque visite à un salon en
apporte la certitude.
Ce n'est d'ailleurs pas dans les
salons que l'ou verra réapparaître
la sculpture monumentale, mais
sur les édifices. Messieurs les ar-
chitectes, ne l'oubliez pas! L'ar-
tiste qui nous apportera un beau
relief ne l'exécutera, s'il est vrai-
ment artiste, qu'à l'endroit où il
devra prendre place. Car on ne
sculpte pas de même sorte des
usures placées dams une rue
étroite ou sur une large avenue ;
la même composition s'exprime
différemment selon qu'elle est sur
une façade orientée au nord ou
orientée au sud. Ici, la lumière
commande, l'artiste doit se plier à
sa volonté souveraine, et cette sou-
mission! ne le diminue pas, mais
au contraire le grandit.
Cette renaissance de la statuaire
monumentale que tant, parmi nos
contemporains, appellent de tous
leurs vœux, ne se fera pas en un
jour. Elle viendra lentement, sans
qu'on s'en aperçoive presque. Elle
aura ses tâtonneme'n t'uses erreurs,
ses hérésies, mais elle ne se déve-
loppera pas sans l'aide de l'archi-
tecture, pas plus d'ailleurs que ne
saurait vivre sans elle une noble
et souriante architecture. Si i937
pouvait enregistrer les prodromes
d'une renaissance de cet ordre, on
pourrait se déclarer satisfait. Et,
par contre-coup, le problème de
l'art décoratif serait proche d'une
solution car unie architecture riche
— qui n'est pas forcément une ar-
chitecture chargée — ne laisserait
pas vivre près d'elle un art déco-
ratif anémié et hésitant.
RENÉ-JEAN.
L'OPERA-COMIQUE ET LE PARLEMENT
.«Mogm»
Un exposé du représentant
des. artistes associés sur la gestion
de la Salle Favart ,
t
Le groupe parlementaire de l'Art
musical, le groupe de la protection
du spectacle et,. le groupe de l'Art,
réunies sous la présidence de M. Paul
Perrin, député de Pans, poursuivant
leurs investigations sur la gestion de
l'Opéra-Comique, gestion qui fit, on
s'en souvient l'objet de diverses
interventions à la tribune de la Cham-
bre lors du débat budgétaire, ont
entendu hier M. Hirsch, secrétaire
al des Artistes Associés.
On saH, que M. Hirsch avait été
récemment mis en cause par M.
Gheusi au cours d'une récente audi-
tion du directeur de l'Opéra-Comi-
que. Le secrétaire général des Artis-
S'0cié's' s'est attaché' à montrer,
à l'a i3rie de chiffres, que, si un ceT-
tain nombre d'artistes de l'Opéra-
Comique ont quitté le théâtre, c'est
en raison des diminutions considé-
rables d'appointements imposées aux
chanteurs. Restant sur !e domaine
artistique, notre confrère a fait un
parallèle entre notre seconde scène
lyrique et d'autres scènes musicales
qui restent prospères, bien que ne
receva nt aucune subvention.
- du Groupe de l'ATt
de la Chambre a remercié le délégué
du Groupement des Artistes Asso-
ciés 1 lui rappela que, de 1760 à
1 un groupement d'artistes as-
sura la bonne marche du théâtre, et
que, en 1832, ce fut encore un autre
groupement qui sauva le théâtre,
après les faillites de cinq directeurs
sifs.
Après cet exposé, e't en réponse à
diverses questions des commissaires,
Hirsch a fait. une critique de la
situation Matérielle faite à la quasi-
- es artistes de l'Opé-ra-Gonii-
que. Il a rappel que les mêmes pro-
portions de gestions par le.s soins des
Artistes Associes avaient fait l'objet,
l'été dernier, d'une lettre au minis-
tre des Beaux-Arts.
En réponse à certaines observa-
tions des commissaires sur l'impor-
tance du groupement qu'il repré-
sente, M. Hirsch a rappelé qu'au
nombre des membres de ce groupe-
ment figurent soixante artistes dont
la qualité de pensionnaires de
l'Op'éra-Oomique est justifiée par un
long séjour dans ce théâtre. Et il a
cité les noms des plus notoires d'en-
tre eux.
Sur intervention de M. Henry
CLerc qui, sans méconnaître l'intérêt
des propositions des Artistes Asso-
ciés faisait - ressortir que de telles
propositions risquaient de n'avoir
aucune portée efficace si la di-rection
de rOpéra-Cotmique, quelle qu'elle
fût, se trouvait devant une véritable
pénurie d'oeuvres nouvelles de réelle
valeur musicale et susceptibles d'at-
tirer le public.
M. Hirsch répondit que tel n'était
pas le cas, à son avis, un ce-rtaln
nombre d'oeuvres nouvelles lui pa-
raissant dignes d'assurer le succès
de la Salle Favart.
De même qu'après l'audition de
M. Gheusi, aucun vote n'a été émis
après celle du secrétaire général des
Artistes Associés.
Ajoutons que la gestion financière
de l'Opéra-Comique n'a pas été exa-
minée par les membres des groupes
intéressés, qui ont estimé ne pas
avoir à s'immiscer dans un ordre de
quest.ions qui concernent seul le
ministre des Beaux-Arts.
- - A. DELPEYROU.
Au vent
des jours
Les châteaux au pillage.
Les incendies. les vols, le pillage det
châteaux célèbres de France soulèvent
une très vive inquiétude parmi ceux qUi
les possèdent, parmi les familiers des
propriétaires, parmi les personnes sen-
sibles à la beauté de ces édifices et qui
trouvent dans cette beauté une raison
supérieure à tout.
Là-dessus M. Carvalho, l'actif propa-
gandiste de « la Demeure historique »
et nombre d'autres seigneurs intéresséi
ont multiplié les démarches auprès dei
pouvoirs publics. « Protégez nos châ-
teaux !. Que la police, que la gendar-
merie veillent !. Créez une surveil-
lance ! », etc.
Et comme les châteaux continueni
de brûler ou d'être pillés, « ces mes-
sieurs », comme on dit dans les pro-
vinces, se sont fâchés. Ils ont rédigé unE
adresse véhémente au gouvernement;
« Si ça continue, ils n'ouvriront plus
leurs châteaux au public, na ! »
Parole enfantine, parole peut-être
malheureuse. Car on a l'impression très
vive que tout ce beau monde ne se rend
pas bien compte de la vraie situation,
Les châteaux ne correspondent plus,
plus du tout à la société qui se constitue
lentement mais sûrement. Le fait est là,
fâcheux peut-être, mais implacable.
Si les châteaux sont trop souvent « vi-
sités » ou détruits, v'est parce qu'ils , ne
sont plus, en général, réellement occu-
pés et par suite naturellement protégés,
Même pour leurs propriétaires ils ne cor-
respondent plus aux possibilités et à la
façon de vivre.
Cela, le grand public le sent fort bien.
Et je crains que tout en admirant ces
demeures comme de beaux souvenirs il
ne soit guère contristé par leurs mésa-
ventures. Les gens du commun même ne
doivent pas collaborer très fort à leur
protection. Ils ne verraient même pas
d'un bon oeil dépenser des sommes im-
portantes pour la garde de ces vestiges.
C'est dur à dire mais positif. Et d'ail-
leurs cela pose la question des monu-
ments historiques, de nos trop nombreux
« monuments historiques » qu'il faudra
bien aborder un jour.
Il y attrait un moyen de sauvegarder
nombre de ces châteaux. Seulement il
faudrait que leurs propriétaires n'eus-
sent pas d'exigences, qu'ils comprissent
que ce qu'ils croient être un capital pour
eux n'est plus, en somme, qu'une charge
pour le pays. A partir du jour où ils se
sentent incapables non seulement dç les
entretenir mais de les utiliser réelle-
ment, ces châteaux ne leur appartien-
nent plus toue à fqit, De même Musso-
lini substitue aux propriétaires préten-
dus de terres en friches, les vrais pro-
priétaires, c'est-à-dire ceux qui les met-
tent en valeur. La propriété existe mais
comme toute chose elle est relative à
l'ordre général.
Un moyen de tout pallier, ce serait de
concéder ceux qu'on délaisse à certaines
institutions publiques de choix, lesquel-
les gagneraient à cela des immeubles et,
avec un peu de discipline artistique, les
entretiendraient sans effort. Ainsi et
ainsi seulement ils redeviendraient vi-
vants et normaux.
Ce pauvre Ullmo !.
Le voilà donc reparti pour Cayenne
cet Ullmo ! Il fut niais dans son crime.
Il est candide devant notre société dé-
saxée. Ce fait-divers me paraît considé-
rable et symbolique.
Je sais ! On dira : ce n'est qu'un illu-
miné qui s'attendait à répandre facile-
ment sa doctrine. Je répondrai : rien
ne s'est fait dans le monde que par des
illuminés. On dira aussi : il n'a pas
trouvé d'emploi et s'en va reprendre ce-
lui qu'il a laissé. Evidemment, tout s'est
fermé devant lui. Notre belle société est
implacable à qui, une seule fois et fût-
ce par douleur ou révolte, s'est trompé.
M. Rollin veut réformer le bagne' et re-
lever les natures saines une fois éga-
rées. Je doute qu'il y réussisse. Car cela
supposerait une charité immense dont
nous perdons chaque jour la semence.
UUmo, quelle qu'en soit la raison, est
reparti, et c'est lui le réprouvé qui se-
coue la cendre de ses sandales sur ce
monde pourri qui, gorgé de son bien-
être, de sa vitesse et de ses mécaniques,
« se croit intelligent, supérieur et heu-
reux ». Cela rappelle le départ pour le
désert du jeune patricien, écœuré par
les mœurs romaines, qui devint saint Jé-
rôme. Ullmo, qui a goûté de la vie inté-
rieure, a compris que les cités la détrui-
sent et qu'elles posent tellement de pro-
blèmes insolubles, tellement de sollicita-
tions insatisfaites qu'elles sont devenues
un tourment plus tourmenteur que la
honte du bagne et la violence des tro-
piques. On souriait d'Ullmo quand il
nous revint avec un évangile; on peut
maintenant cesser de rire.
Fêtes de Paris.
On s'occupe de la grande « saison de
Paris ». Dans quelques semaines, nous
dit-on, le programme sera prêt. Il n'y
aura plus qu'à le réaliser. Et il paraîtrait
qu'empruntant (peut-être sans autorisa-
tion ?) un projet que nourrissaient pour
1937 des conseillers municipaux de Pa-
ris, on se dispose à représenter sur le
parvis de Notre-Dame le Mystère de la
Passion.
Gabriel BOISSY.
(Lire la suite en deuxième page)
La tentation - Je Saint-Antoine
S par KARZOU.
9 # ■ m m m m m m m m m m m m m m
ECHOS
Pour l'apothéose
de Pirandello.
0
n annonce qu'à l'occasion d'une
représentation privée au Théâ-
tre des Mathurins, de la nouvelle
pièce de Pirandello : Ce soir on im-
provise, tous les artistes qui firent
connaître en France l'œuvre du
grand auteur dramatique italien se-
ront réunis ce soir-là et se joindront
pour cet hommage, qu'on n'a proba-
blement jamais rendu à aucun autre
auteur dramatique français ou
étranger, aux comédiens de la Com-
pagnie Pitoëff. ;'
Il faut souhaiter que, sinon parmi
les comédiens, tout au moins parmi
les invités qui assisteront à ce gala,
on aperçoive en ce soir d'apothéose,
celui grâce auquel l'œuvre de Piran-
dello, du moins la principale de ses
œuvres : Six personnes en quête
d'auteur, fut révélé aux Parisiens,
M. Jacques Hébertot, l'ex-directeur
des trois théâtres des Champs-Ely-
sées de l'avenue Montaigne.
À travers le POlit des Arts.
0
! n racontait hier qu'une lettre
était un iour narvprme f~ifx
Molière, adressée à M. Hanotaux,
« de la Comédie-Française ». Elle
fut immédiatement portée de l'autre
côté du pont des Arts.
Jules Claretie montrait des en-
veloppes qui lui étaient ainsi adres-
sées : « M. Jules Claretie, « de
l'Académie et à la Comédie-Fran-
çaises. »
Mais la plus jolie histoire est celle
de Léon Dierx, à qui Emile Berge-
rat avait fait écrire une lettre dont
l'enveloppe était ainsi libellée :
« Pour l'aveugle du pont des Arts,
Pont des Arts (Seine) », lui pariant
qu'elle n'arriverait jamais à son des-
tinataire.
Le surlendemain, Bergerat arri-
vait chez Léon Dierx :
— Tu sais, je me suis trompé.
Voici la réponse.
Et il lut : « M. Léon Dierx n'est
pas des nôtres parce qu'il n'a ja-
mais demandé à en être. Signé :
Le Secrétaire perpétuel. »
Le facteur avait déposé la lettre
chez le concierge de l'Institut.
Le va-et-vient transatlantique.
L
'Ile-de-Frtwee a quitté le Havre 1
le 9 janvier. Parmi ses passa-
gers se trouvent : l'artiste Eddie
Cantor et sa famille, M. André Co-
quillat, M. B.-E. Lévy, le sénateur
Georges Portman, M. Forthomme,
chargé d'affaires du Gouvernement
belge ; M. Jacques Rouvier, le capi-
taine Gervais, Mrs. Constance God-
sol, Mrs. France Moore, Mrs. Cyril
Turner, etc., etc., et, enfin, M. Fedor
Chaliapine, l'illustre chanteur, qui
se rend aux Etats-Unis.
C'est le 30 janvier que Y Ile-de-
France inaugurera le nouvel itiné-
raire des paquebots de la Compa-
gnie Générale Transatlantique dans
le sens Le Havre-New-York ; cet
itinéraire comportera escale à
Southampton et, dans le sens con-
traire, l'escale à Plymouth comme
précédemment.
Ajoutons que le premier voyage du
Normandie est fixé au 31 mai.
HORATIO.
(Lire la suite en troisième page.)
=0 0=0 0=0
Un vif incident
au Théâtre Albert Ier
Hier soir, avant le lever du
rideau, auteur, acteurs et
directeurs se prennent vio-
lemment à partie.
La répétition générale de Haya
n'a pas lieu!!!
Un vif incident, qui s'est produit,
hier soir, au Théâtre Albert-1er, bien
symptomatique du désordre et de la
confusion qui règne dans le monde,
vient d'illustrer par un exemple pris
sur le vif la thèse défendue par
M. H.-R. Lenormand dans son admi-
rable Crépuscule du Théâtre. -
La critique avait été convoquée
hier, en soirée, à assister dans le petit
théâtre de la rue du Rocher, à la
répétition générale de Haya, comé-
die en quatre actes du jeune auteur
belge Herman Grégoire et, jadis,
représentée à Parils par les soins de
M. Gaston Baty. Or, à vingt et une
heure trente le rideau n'était pas
levé et une certaine nervosité ré-
gnait dans l'assistance où l'on chu-
chotait que, d'accord avec Fauteur,
et estimant que la pièce n'était pas
au point, les deux principaux inter-
prètes, Mlle Alite Dufrène et M. Abel
Jacqu.in, par un souci de conscience
professionnelle digne d'éloges, refu-
saient de jouer.
En effet-, quelques minutes plus
tard, on tapait lest-rois coups et une
annonce était faite au public ; celui-
ci, aussitôt, manifesta, et, au milieu
du désarroi général, tous les inter-
prètes et le directeur, apparaissant
brusquement devant le rideau, M.
Edmond Sée, président de la Criti-
que dramatique, demanda à l'auteur
de s'expliquer. C'est alors que, sou-
tenu par Mlle Alice Dufrène et M.
Abel Jaequin, M. Herman Grégoire
vint dire comment sa pièce, n'ayant
pas été suffisamment répétée et les
éclairages pas encore au point, il
avait, vainement, demandé à M. Hu-
guene't de retarder sa répétition gé-
nérale de quelques jours. M. Herman
Grégoire demanda même, paraît-il,
à un grand quotidien du soir, d'in-
sérer un avis à la oriitique, avis que
la direction du quotidien aurait re-
fusé d'insérer parce que n'émanant
point de l'administration du théâtre.
A ce moment, l'excitation générale
était à son comble et, comme tou-
jours en pareil cas, les hiirondelles
qui se glissent chaque fois parmi les
ayants droit, n'étaient point les plus
réservées.
Alors, M. Herman Grégoire, ayant
déclaré que sa pièce devait être don-
née sous le patronage du Comité
Franco-Belge et ajouté « car je suis
Belge ! » et M. Huguenet répondu
solto voce et de façon assez dépla-
cée : « Ça se voit ! », M. Herman
Grrégoire, se jugeant offensé, parut.
tout à coup, hors de luit-même. Il
devait nous apprendre quelques mi-
nutes plus tard qu'il avait envoyé ses
témoins' à M. Huguenot. Enfin, le
calme finit par se rétablir et l'assis-
tance vida la salle non sans com-
menter avec une particulière sévérité
pour la direction du Théâtre Al-
beI't.J¡er cet incident pénible sur le-
quel nous reviendrons plus longue-
ment demain, car il dépasse singuliè-
rement le cadre étroit d'un conflit
particulier entre un auteur et ses
interprètes, d'une part. et un direc-
teur, de l'autre, et doit se placer,
sans doute, sur le plan plus large de
l'éternel conflit entre l'Art et ceux
qui l'exploitent.
Pierre BARLATIER.
1 LIRE:
EN QUATRIEME PAGE :
RADIO-COMŒDIA
CAMPBELL BATTRA-:_T-IL SON PROPRE RECORD? 1
Sir Malcolm Campbell, le célèbre couneur automobiliste anglais, a l'intcnlion de s'attaquer prochaine-
ment à son propre record (272 milles à l'heure) à bord de cet obus roulant, surnommé i'Oiseau-Bleu, revisé
et modifié. C'est en Amérique, sur la plage de Daytona, que Campbell tentera de dépasser 272 milles à l'heure.
SOIRS DE PARIS.
Le XIIe Dîner de Gala
des
Saisons de Paris
Titre charmani, si poétiquement évocateuT :
lIes a SaiKms de Paris. C est une idée déli-
aile et heureuse que de symboliser la suite
des mois, la fuite des jours par le caprice des
modes et la divine versatilité des robes pari-
siennes.
Le t riautemps en ïeger, clair et empesé
comme une jupe de coton bien repas sée. L Eté
se gonfle et s'épîoie, telle 'la robe de mousse-
line blanche de Mimi Pinson. L'Automne ré-
fléchit et songe dam une wlftJique de crêpe
feuille-morte. Mais l'Hiver en chatoyant-tru-
tilant, diapré. L'Hiver connaît la valeur du
temps et conseille les plaiisi'rs et les ris. L'Hiver
est plus et mieux que philosophe : il est Poète
et Magicien. 14 est donc un peu Couturier.
On s'en doutait bien en admirant S'autre
soir les tables fleuries du Café de l'a Paix
groupant, autour d'un nom connu d'une amitié
fidèle les plus jolies femmes de Paris et de
la colonie étrangère en robes éclatantes. Car
,parmi îles réunions mondaines régnent les
« affinités instinctives », suivant île mot de M.
Guy de Pourtalès. Il y a la table du matquis
de Poligmac, Il:a table de la princesse de Bro-
glie, le guéridon du comte Maval de Fiers,
le coin du baron de Villiers, :!ia table ponde
de Mme Jane Larevin, le fer-à-dheval du
comte de Rouigemont, lia table du vicomte de
J'Epinay, celle de M. E. Michel, de Mme
Koechlin -Schw-a-rtz, de M. Chaboulin.
Chère exquise, musique a!langwie, propos
courtois. Parfums discrets, sourires. Paris fê-
tait ce so-i'r-.IIà, toutes ses sympathies interna-
tionales : américaines, italiennes, argentines,
scandiina/ves. Vokj Mme et M. (jairrier d ries-
troy, ambassadeur de Beiligique, Mrs Freemen,
M. Guiililerma Matos, M. R. S. Pacheco, qui
représente l'Amérique Centrée à Genève, le
comte Moërner aux côtés d'une délicieuse brune
au décolleté paradisiaque, les aigrettes fines
de cet oiseau féerique encadrant des bras
charmants.
Le marquis de Vatellesiki était entouré de
deux jeunes femmes délicieuses, lune parée de
tdlle blanc vaporeux, l'autre opposait la ma-
tité d'une peau suavement ambrée au rosé
velouté d'un crêpe-satin merveilleux.
M. Merlin oubliait la solitude des « sin-
gles » que sa valeur conquit avec un « douWé »
ravivant. A droite urne brune vêtue de vert-
bleu, à gauche, une Monde parée, — affi-
nité élective — d'une robe de filet rose-écru
d'un ton juste au-dessous du camée ancien qui
ornai t sa main aux ongles carminés.
Une robe magnifique, c'est déjà bien beau
pour illustrer un gala. Mais que penser de
la vision de deux robes semblables d'un in-
descriptible satin « aiguë-marine » dont les
plis harmonieux PS vêlaient deux déoolîletés
également splendvdes, deux robes somptueuses,
portées par Mme de Sédouy et Mme de Mont-
jou. Il est vrai que ces deux charmantes Pa-
risiennes sont cousines, bruines toutes deux,
Joues toutes deux et que, pour éviter toute
confusion, Mme de Sédouy portait des pen-
dants d'oreille rarissimes, Mme de Moetiou,
dans sa main fine, un bouquet de violettes de
Parme.
Les danses commencèrent bien avant l'heure
du champagne. Qui donc assurait que la danse
avait cessé de nous plaire? C'est une tradi-
tion bien française que nul ne songe à renier.
M. Fabry danse excellemment et le comte
de Lenomcourt et M. Stanislas de Castil-
lane.
Tangos, blues, valses. « Les couples s'en-
roulaient autour d'un axe imaginaire, tordant
la valse comme un chiffon d'où ruisselle la
mélodie. »
La rumba a, depuis longtemps, acquis ses
lettres de grande naturalisation. Eble s'est tem-
pérée, assagie — sans quitter sa fièvre et sa
langueur ardente.
Mme Firézier accordait au rythme des tan-
gos sa jolie grâce fléchissante tandis que Mlle
d'Oral éclairait ila demi-pénombre des « paso-
doible » de l'éclat des paillette» argentées de
sa robe rouge. Cair lies paillettes semaient leur
scintillement au long de ces heures enchantées.
Crêpes blancs aux drapés antiques, tondues
■redingotes-cosaques de velours pourpre, tu-
bes métalliques, failles, dentelles associes au
tulle. Comment prédire le style futur des
modes?
La baronne d'Almeireda-Samtos rehaussant
sa beauté d'une robe v iollet-sombre, Mlle Jac-
queline de Custades préfère le vert-émerauide,
Mme de Beauichamp le blanc-ivoire. La ba-
ronne Fouqu'ier ennuageart sa grâce de tulle
blanc.
Mais lIes robes de Paris ne varient-elles pas
comme son deI, ses nuages, ses saisons? Pri-
vilège unique! Paris, seu l, possède cette force
mystérieuse qui est ll'essente même. des Avis
et de l'Amour : ba Fantaisie.
Pierre de TRÉVIÈRES.
L'Académie Française
9
offrira nn exemplaire
de son Dictionnaire
a l'Académie d'Italie
Deux nouveaux candidats
aux fauteuils de Louis Barthou
et de l'abbé Brémond
En déclarant presque 'simultané"*
ment la vacance de trois fau'teujlsï
sous la Coupole. l'Académie fran-».
çaise n'a soulevé qu'un médiocre in-f
térêt parmi les « caïmans » — le
mot est d'un Immortel féroce - qui
songent à l'habit vert.
A part le fauteuil de Raymond
Poincaré que réclame M. Jacques
Bainvitle avec deux concurrent..
celui de l'abbé Brémonrl n'a recueilli
que deux candidatures, celles dp!
M. André Bell essor t et de M. Jeanj
Royère, ce dernier inscrit d'hier t
seulement. On ne compta également
que deux candidats pour la. succe,*-
sion de Louis Barthou : M. P3nl:
Claudel et M. Claude Fnrrère. C"'st(
croyons-nous, le record de la ca-
rence.
La date des scrutins n'est toujours
pas fixée. Mois de juin disent les
augures.
En attendant, les Quarante tra-'!'
vaillent avec un zèle admirable à
l'achèvement du Dictionnaire dont
un exemplaire sera sans doute offert:
à l'Académie royale d'Italie à l'or-.
'casion de la commémoration du Iroioo4
si,ème centenaire de l'Académie.
- L- A.
PEINTRE ET ECRIVAIN
Virginie DEMONT-BRETON
est morte hier, à Paris
Une femme peintre qui eut. son!
heure de notoriété vient de s'étein-
dre., emportant - avec elle un peu du:
',s,ûU\'{'uir de deux autres peintres ;.L
Jules Breton, son père, et Adrien.
Demont, son mari. :
Mime Virginie Demont-Bref on es#
morte hier matin à Paris. Née à
Courrières. dans le Pas-de-Calais, le
26 juillet 1859, elle débuta dans i'arb
de peindre sous la direction de son
père. Toute jeune elle exposa au'
Salon des Artistes Français et y ob-
tint successivement une. mention1
honorable en 1860. une médaille de'
3" classe l'année suivante, dé 2' clas-
se en 1883, des médailles d'or aux
expositions universelles de 1889 et1
de 1900.
Elle fut l'une des premières fern-i
mes peintres décorées, chevalier de
la Légion d'honneur en 1894, c!fe
fut même promue officier en 191L
Elle était également officier de la
Couronne de Belgique.
Loin d'avoir le talent de son père
qui peignit des choses charmanles
— souvenons-nous de son Arc-én-
Ciel du Petit-Palais — Mme Virgi-
nie Demont-Breton pratiqua néan-
moins son art avec beaucoup d'hon-
nêteté et de douceur. Paysagiste et
peintre de compositions plus ou
moins agrest'es, elle contribua à
maintenir les méthodes qui sont de
mi.se chez les Artistes Français.
Présidente d'honneur de la Socié-
té des Femmes Peintre;s, membre Vfe
l'Académie Royale dE\;;; Beaux-Art s
d'Anvers, Mme DenKj-nt-Breton fai-
sait également partie de la -
des Gens de (Lettres.
Car elle était écrivain et poêle,;
Collaboratrice de la RenI" des Re-
vues et du Magasin pittoresque. ctl'
publia un recdei! de poèmes : Ten-
dresses dans la tourmente, et quatre
volumes : Les Maisons que j'ai, eon-
nues, où elle évoque son pays >nalal,
les artistes et les savant- quVHcv
connut, et les Flandres pour les-
quelles elle avait uiic
Ces volumes furent cunronnps pru*
l'Académie Française.
C'est, à la générosité de 'Mme De-
mont-Breton que l'Académip de
Douai peut annuellement venir en
aide à de jeunes peintres, sculpteurs
et musliciens.
- - Gaston POULAIN.
Un quart de Siècle.
Ce qu'on lisait dans Comœdia
le Il janvier 1910
* On apprend la mort de Pauline
Gary, qui connut à l'Odéon et aux Fo-
lies-Dramatiques de brillants succès.
Elle était la femme d'Alexandre Guyon,
de Guyon-fils; la grand'mère deM. Jean
Guyon et de MUe Cécile Guyon. (Une
beflle famille de théâtre.)
* Un comité vient de se former dans
le' but d'élever, au cimetière Montmar-
tre, un monument à Francis Thomé.
* M. Billard, comédien mis en cause
à propos des indiscrétions commises sur
Chantecler, envoie ses témoins à M. Do-
rival qui ne paraît pas autrement ému.
(M. Billard. s'illustra par la suite en
« descendant » le premier un des avions
allemands qui bombardaient Paris.)
* Marie Delaporte, qui avait débuté
à quatorze ans et devint une des inter-
prètes favorites de Dumas fils et qui fut
la coqueluche du Théâtre Michel de
Saint-Pétesbourg où eUe gagnait 55.000
francs par an et qui se retira en 1878
pour s'adonner au professorat, vient de
mourir, âgée de 82 ans.
* Mmes Jeanne Granier et Marie Le-
conte interpréteront ce soir leur char-
mant succès, Gros Chagrin, au Palais de
la Bourse pour la fête des agents de
change. (On n'a pas revu, croyons-nous,
de pareilles fêtes au Palais de Ha Bourse.)
La France doit s'associer
aux fêtes qui vont avoir
lieu en Belgique
pour le bi-centenaire
du Prince de Ligne
Ce grand seigneur extraordi..
naire fut au XVIIIe siècle,
l'incarnation de l'esprit fran-
çais en Europe.
Sous la présidence de M. Henri
Pirenne, un comité est. en formation
pour commémorer, en 19,35, le bi.;
centenaire de la naissance du Prin-
ce de Ligne. Voilà une commémo-
ration à laquelle la France voudra
s'associer, car ce prince extraordi-
naire fut littéralement l'incarnation
de J'esprit français en Europe.
Le comité de patronage est com-
posé de hautes personnalités, parmi
lesquelles on remarque : MiM. Pon-
cetet, président de la Chambre;.Lip-
pe ns, président du Sénat; les minis-
tres Hymans. Devèze, Hiernaux; les
ambassadeurs de France, d'Autriche.
de Pologne à Bruxelles; les minis-
tres de Belgique à Paris, à Vienne, à.
Varsovie; MM. Nens, Damoiseaux,
146-150, Avenue des Champs-Elysée^
Téléphone : Elyséee 88-81 à 86 1
I* nuit : Passy 00-80
JEAN DE ROVERA
Directeur
Une ample comédie à cent actes divers -
Et dont la eçène est l'univers.
(LA FONTAINE.)
I Paris, Seine, Seine-et-Oise: 0.25
29e ANNEE — VENDREDI 11 JANVIER 1935 — N° 8.007
Départements et étranger: 0 fr. 30 1
.res jails du Jour
, Procès Hauptmann. Hier, con..
k, nuaiion de la déposition accablante
POur l'inculpé, du docteur Condon.
Cependant, il semble que le témoin
&e livre à une singulière comédie qui
donne barre à l'avocat de la dé-
fense.
* Hier, à Malakoff, dans une
Grise de jalousie, une femme tire six
COUPs de revolver sur son mari, et
tyrès ïavoir aveuglé avec du poivre,
a frappe sur la tête à coups de
Ttlarteau. L'homme est à l'hôpital
u
* Sir Eric Phipps, ambassadeur
de Grande-Bretagne à Berlin, a
fait une démarche à la Wilhem-
sfrasae pour faire remarquer l'impor-
lance pour elle de se faire représen-
ter à la session du Conseil de ht
S. D. N. qui doit s'occuper des ques-
lions de la Sarre. Le gouvernement
< ——•——
du Reich a répondu par un refus
formel de principe à cette sugges-
tion.
* Un incendie de proportions
gigantesques a détruit presque entiè-
rement un quartier de Grenoble, au
centre de la oiMe.
j Sa figure du jour
Mlle Renée BARTOUT
(Photo G.-L. Manuel frères.)
qui, remplaçant au pied levé Mme Alice Cocéa, malade, dans son
rôle d? « Une femme libre » au Théâtre de l'Œuvre, vient d'y
obtenir un succès qui a fait sensation et qui atteste qu'il existe
nombre de comédiens et de comédiennes de haute valeur que les
directeurs de théâtres ne savent pas toujours, comme ce fut le cas
cette fois, découvrir.
ESPERANCES
L'Exposition de 1937 verra-t-elle
renaître la sculpture monumentale ?
par R-ENÉ-JEAN.
e Malgré que certains architectes
li?. alelnt., une grande responsabi-
ch leur incombe. Ils ont laissé
a 0lr la sculpture monumentale
Point où elle est à présent,
ç,^ s^-dire à peu près à rien. Hyp-
a '~s par les caisses en ciment
sue où le snobisme contemporain
* le dernier mot de l'architec-
re ont oubLié tout ce qu'un
te u relief, ou une heureuse mo-
J0n peut conférer de vie a
e. Ils l'ont oublié depuis
10 déjà ; je 'ne connais
c déjà ; je ine connais
guère autour de nous d'emploi ju-
Cleux de la sculpture sur une
niuraille une muraille laïque au
lns, que celui que fit BourdeHe
à j[.appel d'Auguste Perret sur la
façade d u Théâtre des Champs-
EiS. du Théâtre des Champs-
dehees. D'ailleurs, depuis la mort
Ur^e^e) Perret -n'a pas réci-
IV-e 1.. d Il
l'b ce Qui laisse à Boundelle
l'h^*n' neur entier de la réussite.
kJ; Exposition de 1937 marquera-
Goii sur ce point une tendance
cor e ou ac,centuera"t-elle ern-
Core le rnal de la sculpture monu-
tale? Il semble, d'après les di-
've rsje-ts qui furent publiés, que
la sculpture soit le dernier souci
dp s ai*cihitectes. Pourtant, l'heure
c: veJnue pour eux de réagir. Pour
du moins qui aspireint à ce
t: les générations futures s'imité-
d'e "tent à leur œuvre et cOiUsidè-
'd' nd ses débris comme dignes
arnlratiOln.
aintena,nt que la décoration
aire a disparu de l'esfehéti-
qu(\ contemporaine, on mesure sans
;'ne le mal qu'elle a causé. Sa
in.®tention agaçante l'a fait hon-
çiV Peu à peu, avec arrogance,
e - tout. Elle prenait
tom e.s places. Par l'a, le sculpteur
p ( la responsabilité de l'ar-
LchiulC*'c&te e dans la décadence orne-
s entate. Pour n'avoir pas su tenir
3 n rang, il l'a perdu. Il a glisse
tr s°cle où l'avait hissé son alncê-
1ieval et il patauge dans la
O'cU.g~
'Le jour où l'architecte et le
JPteur ne eurent plus avoir
t¡; ,tte eux qu'union matérielle d'in-
l^re,^, le divorce était inévitable.
jj ets, 1-e divorce était inévitable.
-,~ aujourd'hui consommé.
s^,architecte d'abord a gagné à
Ve. Überté. Il a recherché et sou-
Prouvé le seins de l'équili-
lige et du rythme qui conduit les
d'une bâtisse à tracer dans
]'e« "Pace des images expressives en
i eur abstraction. Mais il ne s'est
,pFu souvenu que l'art est fait d'iill-
les nuances, que la lumière
(lj'0.,1. Jouer sur le matériau comme
a chet sur la corde d'un violon. Il
do oublié -a leçon des cathédrales
dom les modulations savent être
u, 5, calmes ou ardelutes comme
Gfe. VlValnte musique. Il n'a pas su
erencier pauvreté et simplicité,
salué presque toujours la pre-
du nom vénéré de la se-,
tre
Aussi, peu à peu, se sont assé-
chées des sources de poésie. Notre
époque Me sait plus ce que c'est
qu'un chapiteau autour de quoi
tourne urne histoire que deman-
dent à connaître les petits enfants.
Nul ne s'arrête à la porte d'un édi-
fice moderne pour déchiffrer les
indications de personnages placés
là afin d'accueillir celui qui vient.
Partout, c'est la nudité, cette nu-
dité dont cependant nous sommes
fiers comme d'une conquête, sains
nous dire qu'elle m'est que le reflet
d'une désespérance qui a tout vu
sombrer autour de soi et me sait
plus communier en la splendeur
immense de l'éternel univers.
L'homme étant - le seul but de
l'homme, la sculpture - n'excelle
plus que dans le portrait-buste et
dans des bibelots d'étagère. Ceux
de ses prêtres qui veulent s'asso-
cier au frisson ardent de la vie et
en noter les multiples nuances
sont l'objet dé sarcasmes. On à
peu près inanimié satisfait un pu-
blic qui se gargarise du mot de
style et croit que la nature doit
être épurée pour être admirée.
Hélas! on n'épure pas, on émas-
cule! Chaque visite à un salon en
apporte la certitude.
Ce n'est d'ailleurs pas dans les
salons que l'ou verra réapparaître
la sculpture monumentale, mais
sur les édifices. Messieurs les ar-
chitectes, ne l'oubliez pas! L'ar-
tiste qui nous apportera un beau
relief ne l'exécutera, s'il est vrai-
ment artiste, qu'à l'endroit où il
devra prendre place. Car on ne
sculpte pas de même sorte des
usures placées dams une rue
étroite ou sur une large avenue ;
la même composition s'exprime
différemment selon qu'elle est sur
une façade orientée au nord ou
orientée au sud. Ici, la lumière
commande, l'artiste doit se plier à
sa volonté souveraine, et cette sou-
mission! ne le diminue pas, mais
au contraire le grandit.
Cette renaissance de la statuaire
monumentale que tant, parmi nos
contemporains, appellent de tous
leurs vœux, ne se fera pas en un
jour. Elle viendra lentement, sans
qu'on s'en aperçoive presque. Elle
aura ses tâtonneme'n t'uses erreurs,
ses hérésies, mais elle ne se déve-
loppera pas sans l'aide de l'archi-
tecture, pas plus d'ailleurs que ne
saurait vivre sans elle une noble
et souriante architecture. Si i937
pouvait enregistrer les prodromes
d'une renaissance de cet ordre, on
pourrait se déclarer satisfait. Et,
par contre-coup, le problème de
l'art décoratif serait proche d'une
solution car unie architecture riche
— qui n'est pas forcément une ar-
chitecture chargée — ne laisserait
pas vivre près d'elle un art déco-
ratif anémié et hésitant.
RENÉ-JEAN.
L'OPERA-COMIQUE ET LE PARLEMENT
.«Mogm»
Un exposé du représentant
des. artistes associés sur la gestion
de la Salle Favart ,
t
Le groupe parlementaire de l'Art
musical, le groupe de la protection
du spectacle et,. le groupe de l'Art,
réunies sous la présidence de M. Paul
Perrin, député de Pans, poursuivant
leurs investigations sur la gestion de
l'Opéra-Comique, gestion qui fit, on
s'en souvient l'objet de diverses
interventions à la tribune de la Cham-
bre lors du débat budgétaire, ont
entendu hier M. Hirsch, secrétaire
al des Artistes Associés.
On saH, que M. Hirsch avait été
récemment mis en cause par M.
Gheusi au cours d'une récente audi-
tion du directeur de l'Opéra-Comi-
que. Le secrétaire général des Artis-
S'0cié's' s'est attaché' à montrer,
à l'a i3rie de chiffres, que, si un ceT-
tain nombre d'artistes de l'Opéra-
Comique ont quitté le théâtre, c'est
en raison des diminutions considé-
rables d'appointements imposées aux
chanteurs. Restant sur !e domaine
artistique, notre confrère a fait un
parallèle entre notre seconde scène
lyrique et d'autres scènes musicales
qui restent prospères, bien que ne
receva nt aucune subvention.
- du Groupe de l'ATt
de la Chambre a remercié le délégué
du Groupement des Artistes Asso-
ciés 1 lui rappela que, de 1760 à
1 un groupement d'artistes as-
sura la bonne marche du théâtre, et
que, en 1832, ce fut encore un autre
groupement qui sauva le théâtre,
après les faillites de cinq directeurs
sifs.
Après cet exposé, e't en réponse à
diverses questions des commissaires,
Hirsch a fait. une critique de la
situation Matérielle faite à la quasi-
- es artistes de l'Opé-ra-Gonii-
que. Il a rappel que les mêmes pro-
portions de gestions par le.s soins des
Artistes Associes avaient fait l'objet,
l'été dernier, d'une lettre au minis-
tre des Beaux-Arts.
En réponse à certaines observa-
tions des commissaires sur l'impor-
tance du groupement qu'il repré-
sente, M. Hirsch a rappelé qu'au
nombre des membres de ce groupe-
ment figurent soixante artistes dont
la qualité de pensionnaires de
l'Op'éra-Oomique est justifiée par un
long séjour dans ce théâtre. Et il a
cité les noms des plus notoires d'en-
tre eux.
Sur intervention de M. Henry
CLerc qui, sans méconnaître l'intérêt
des propositions des Artistes Asso-
ciés faisait - ressortir que de telles
propositions risquaient de n'avoir
aucune portée efficace si la di-rection
de rOpéra-Cotmique, quelle qu'elle
fût, se trouvait devant une véritable
pénurie d'oeuvres nouvelles de réelle
valeur musicale et susceptibles d'at-
tirer le public.
M. Hirsch répondit que tel n'était
pas le cas, à son avis, un ce-rtaln
nombre d'oeuvres nouvelles lui pa-
raissant dignes d'assurer le succès
de la Salle Favart.
De même qu'après l'audition de
M. Gheusi, aucun vote n'a été émis
après celle du secrétaire général des
Artistes Associés.
Ajoutons que la gestion financière
de l'Opéra-Comique n'a pas été exa-
minée par les membres des groupes
intéressés, qui ont estimé ne pas
avoir à s'immiscer dans un ordre de
quest.ions qui concernent seul le
ministre des Beaux-Arts.
- - A. DELPEYROU.
Au vent
des jours
Les châteaux au pillage.
Les incendies. les vols, le pillage det
châteaux célèbres de France soulèvent
une très vive inquiétude parmi ceux qUi
les possèdent, parmi les familiers des
propriétaires, parmi les personnes sen-
sibles à la beauté de ces édifices et qui
trouvent dans cette beauté une raison
supérieure à tout.
Là-dessus M. Carvalho, l'actif propa-
gandiste de « la Demeure historique »
et nombre d'autres seigneurs intéresséi
ont multiplié les démarches auprès dei
pouvoirs publics. « Protégez nos châ-
teaux !. Que la police, que la gendar-
merie veillent !. Créez une surveil-
lance ! », etc.
Et comme les châteaux continueni
de brûler ou d'être pillés, « ces mes-
sieurs », comme on dit dans les pro-
vinces, se sont fâchés. Ils ont rédigé unE
adresse véhémente au gouvernement;
« Si ça continue, ils n'ouvriront plus
leurs châteaux au public, na ! »
Parole enfantine, parole peut-être
malheureuse. Car on a l'impression très
vive que tout ce beau monde ne se rend
pas bien compte de la vraie situation,
Les châteaux ne correspondent plus,
plus du tout à la société qui se constitue
lentement mais sûrement. Le fait est là,
fâcheux peut-être, mais implacable.
Si les châteaux sont trop souvent « vi-
sités » ou détruits, v'est parce qu'ils , ne
sont plus, en général, réellement occu-
pés et par suite naturellement protégés,
Même pour leurs propriétaires ils ne cor-
respondent plus aux possibilités et à la
façon de vivre.
Cela, le grand public le sent fort bien.
Et je crains que tout en admirant ces
demeures comme de beaux souvenirs il
ne soit guère contristé par leurs mésa-
ventures. Les gens du commun même ne
doivent pas collaborer très fort à leur
protection. Ils ne verraient même pas
d'un bon oeil dépenser des sommes im-
portantes pour la garde de ces vestiges.
C'est dur à dire mais positif. Et d'ail-
leurs cela pose la question des monu-
ments historiques, de nos trop nombreux
« monuments historiques » qu'il faudra
bien aborder un jour.
Il y attrait un moyen de sauvegarder
nombre de ces châteaux. Seulement il
faudrait que leurs propriétaires n'eus-
sent pas d'exigences, qu'ils comprissent
que ce qu'ils croient être un capital pour
eux n'est plus, en somme, qu'une charge
pour le pays. A partir du jour où ils se
sentent incapables non seulement dç les
entretenir mais de les utiliser réelle-
ment, ces châteaux ne leur appartien-
nent plus toue à fqit, De même Musso-
lini substitue aux propriétaires préten-
dus de terres en friches, les vrais pro-
priétaires, c'est-à-dire ceux qui les met-
tent en valeur. La propriété existe mais
comme toute chose elle est relative à
l'ordre général.
Un moyen de tout pallier, ce serait de
concéder ceux qu'on délaisse à certaines
institutions publiques de choix, lesquel-
les gagneraient à cela des immeubles et,
avec un peu de discipline artistique, les
entretiendraient sans effort. Ainsi et
ainsi seulement ils redeviendraient vi-
vants et normaux.
Ce pauvre Ullmo !.
Le voilà donc reparti pour Cayenne
cet Ullmo ! Il fut niais dans son crime.
Il est candide devant notre société dé-
saxée. Ce fait-divers me paraît considé-
rable et symbolique.
Je sais ! On dira : ce n'est qu'un illu-
miné qui s'attendait à répandre facile-
ment sa doctrine. Je répondrai : rien
ne s'est fait dans le monde que par des
illuminés. On dira aussi : il n'a pas
trouvé d'emploi et s'en va reprendre ce-
lui qu'il a laissé. Evidemment, tout s'est
fermé devant lui. Notre belle société est
implacable à qui, une seule fois et fût-
ce par douleur ou révolte, s'est trompé.
M. Rollin veut réformer le bagne' et re-
lever les natures saines une fois éga-
rées. Je doute qu'il y réussisse. Car cela
supposerait une charité immense dont
nous perdons chaque jour la semence.
UUmo, quelle qu'en soit la raison, est
reparti, et c'est lui le réprouvé qui se-
coue la cendre de ses sandales sur ce
monde pourri qui, gorgé de son bien-
être, de sa vitesse et de ses mécaniques,
« se croit intelligent, supérieur et heu-
reux ». Cela rappelle le départ pour le
désert du jeune patricien, écœuré par
les mœurs romaines, qui devint saint Jé-
rôme. Ullmo, qui a goûté de la vie inté-
rieure, a compris que les cités la détrui-
sent et qu'elles posent tellement de pro-
blèmes insolubles, tellement de sollicita-
tions insatisfaites qu'elles sont devenues
un tourment plus tourmenteur que la
honte du bagne et la violence des tro-
piques. On souriait d'Ullmo quand il
nous revint avec un évangile; on peut
maintenant cesser de rire.
Fêtes de Paris.
On s'occupe de la grande « saison de
Paris ». Dans quelques semaines, nous
dit-on, le programme sera prêt. Il n'y
aura plus qu'à le réaliser. Et il paraîtrait
qu'empruntant (peut-être sans autorisa-
tion ?) un projet que nourrissaient pour
1937 des conseillers municipaux de Pa-
ris, on se dispose à représenter sur le
parvis de Notre-Dame le Mystère de la
Passion.
Gabriel BOISSY.
(Lire la suite en deuxième page)
La tentation - Je Saint-Antoine
S par KARZOU.
9 # ■ m m m m m m m m m m m m m m
ECHOS
Pour l'apothéose
de Pirandello.
0
n annonce qu'à l'occasion d'une
représentation privée au Théâ-
tre des Mathurins, de la nouvelle
pièce de Pirandello : Ce soir on im-
provise, tous les artistes qui firent
connaître en France l'œuvre du
grand auteur dramatique italien se-
ront réunis ce soir-là et se joindront
pour cet hommage, qu'on n'a proba-
blement jamais rendu à aucun autre
auteur dramatique français ou
étranger, aux comédiens de la Com-
pagnie Pitoëff. ;'
Il faut souhaiter que, sinon parmi
les comédiens, tout au moins parmi
les invités qui assisteront à ce gala,
on aperçoive en ce soir d'apothéose,
celui grâce auquel l'œuvre de Piran-
dello, du moins la principale de ses
œuvres : Six personnes en quête
d'auteur, fut révélé aux Parisiens,
M. Jacques Hébertot, l'ex-directeur
des trois théâtres des Champs-Ely-
sées de l'avenue Montaigne.
À travers le POlit des Arts.
0
! n racontait hier qu'une lettre
était un iour narvprme f~ifx
Molière, adressée à M. Hanotaux,
« de la Comédie-Française ». Elle
fut immédiatement portée de l'autre
côté du pont des Arts.
Jules Claretie montrait des en-
veloppes qui lui étaient ainsi adres-
sées : « M. Jules Claretie, « de
l'Académie et à la Comédie-Fran-
çaises. »
Mais la plus jolie histoire est celle
de Léon Dierx, à qui Emile Berge-
rat avait fait écrire une lettre dont
l'enveloppe était ainsi libellée :
« Pour l'aveugle du pont des Arts,
Pont des Arts (Seine) », lui pariant
qu'elle n'arriverait jamais à son des-
tinataire.
Le surlendemain, Bergerat arri-
vait chez Léon Dierx :
— Tu sais, je me suis trompé.
Voici la réponse.
Et il lut : « M. Léon Dierx n'est
pas des nôtres parce qu'il n'a ja-
mais demandé à en être. Signé :
Le Secrétaire perpétuel. »
Le facteur avait déposé la lettre
chez le concierge de l'Institut.
Le va-et-vient transatlantique.
L
'Ile-de-Frtwee a quitté le Havre 1
le 9 janvier. Parmi ses passa-
gers se trouvent : l'artiste Eddie
Cantor et sa famille, M. André Co-
quillat, M. B.-E. Lévy, le sénateur
Georges Portman, M. Forthomme,
chargé d'affaires du Gouvernement
belge ; M. Jacques Rouvier, le capi-
taine Gervais, Mrs. Constance God-
sol, Mrs. France Moore, Mrs. Cyril
Turner, etc., etc., et, enfin, M. Fedor
Chaliapine, l'illustre chanteur, qui
se rend aux Etats-Unis.
C'est le 30 janvier que Y Ile-de-
France inaugurera le nouvel itiné-
raire des paquebots de la Compa-
gnie Générale Transatlantique dans
le sens Le Havre-New-York ; cet
itinéraire comportera escale à
Southampton et, dans le sens con-
traire, l'escale à Plymouth comme
précédemment.
Ajoutons que le premier voyage du
Normandie est fixé au 31 mai.
HORATIO.
(Lire la suite en troisième page.)
=0 0=0 0=0
Un vif incident
au Théâtre Albert Ier
Hier soir, avant le lever du
rideau, auteur, acteurs et
directeurs se prennent vio-
lemment à partie.
La répétition générale de Haya
n'a pas lieu!!!
Un vif incident, qui s'est produit,
hier soir, au Théâtre Albert-1er, bien
symptomatique du désordre et de la
confusion qui règne dans le monde,
vient d'illustrer par un exemple pris
sur le vif la thèse défendue par
M. H.-R. Lenormand dans son admi-
rable Crépuscule du Théâtre. -
La critique avait été convoquée
hier, en soirée, à assister dans le petit
théâtre de la rue du Rocher, à la
répétition générale de Haya, comé-
die en quatre actes du jeune auteur
belge Herman Grégoire et, jadis,
représentée à Parils par les soins de
M. Gaston Baty. Or, à vingt et une
heure trente le rideau n'était pas
levé et une certaine nervosité ré-
gnait dans l'assistance où l'on chu-
chotait que, d'accord avec Fauteur,
et estimant que la pièce n'était pas
au point, les deux principaux inter-
prètes, Mlle Alite Dufrène et M. Abel
Jacqu.in, par un souci de conscience
professionnelle digne d'éloges, refu-
saient de jouer.
En effet-, quelques minutes plus
tard, on tapait lest-rois coups et une
annonce était faite au public ; celui-
ci, aussitôt, manifesta, et, au milieu
du désarroi général, tous les inter-
prètes et le directeur, apparaissant
brusquement devant le rideau, M.
Edmond Sée, président de la Criti-
que dramatique, demanda à l'auteur
de s'expliquer. C'est alors que, sou-
tenu par Mlle Alice Dufrène et M.
Abel Jaequin, M. Herman Grégoire
vint dire comment sa pièce, n'ayant
pas été suffisamment répétée et les
éclairages pas encore au point, il
avait, vainement, demandé à M. Hu-
guene't de retarder sa répétition gé-
nérale de quelques jours. M. Herman
Grégoire demanda même, paraît-il,
à un grand quotidien du soir, d'in-
sérer un avis à la oriitique, avis que
la direction du quotidien aurait re-
fusé d'insérer parce que n'émanant
point de l'administration du théâtre.
A ce moment, l'excitation générale
était à son comble et, comme tou-
jours en pareil cas, les hiirondelles
qui se glissent chaque fois parmi les
ayants droit, n'étaient point les plus
réservées.
Alors, M. Herman Grégoire, ayant
déclaré que sa pièce devait être don-
née sous le patronage du Comité
Franco-Belge et ajouté « car je suis
Belge ! » et M. Huguenet répondu
solto voce et de façon assez dépla-
cée : « Ça se voit ! », M. Herman
Grrégoire, se jugeant offensé, parut.
tout à coup, hors de luit-même. Il
devait nous apprendre quelques mi-
nutes plus tard qu'il avait envoyé ses
témoins' à M. Huguenot. Enfin, le
calme finit par se rétablir et l'assis-
tance vida la salle non sans com-
menter avec une particulière sévérité
pour la direction du Théâtre Al-
beI't.J¡er cet incident pénible sur le-
quel nous reviendrons plus longue-
ment demain, car il dépasse singuliè-
rement le cadre étroit d'un conflit
particulier entre un auteur et ses
interprètes, d'une part. et un direc-
teur, de l'autre, et doit se placer,
sans doute, sur le plan plus large de
l'éternel conflit entre l'Art et ceux
qui l'exploitent.
Pierre BARLATIER.
1 LIRE:
EN QUATRIEME PAGE :
RADIO-COMŒDIA
CAMPBELL BATTRA-:_T-IL SON PROPRE RECORD? 1
Sir Malcolm Campbell, le célèbre couneur automobiliste anglais, a l'intcnlion de s'attaquer prochaine-
ment à son propre record (272 milles à l'heure) à bord de cet obus roulant, surnommé i'Oiseau-Bleu, revisé
et modifié. C'est en Amérique, sur la plage de Daytona, que Campbell tentera de dépasser 272 milles à l'heure.
SOIRS DE PARIS.
Le XIIe Dîner de Gala
des
Saisons de Paris
Titre charmani, si poétiquement évocateuT :
lIes a SaiKms de Paris. C est une idée déli-
aile et heureuse que de symboliser la suite
des mois, la fuite des jours par le caprice des
modes et la divine versatilité des robes pari-
siennes.
Le t riautemps en ïeger, clair et empesé
comme une jupe de coton bien repas sée. L Eté
se gonfle et s'épîoie, telle 'la robe de mousse-
line blanche de Mimi Pinson. L'Automne ré-
fléchit et songe dam une wlftJique de crêpe
feuille-morte. Mais l'Hiver en chatoyant-tru-
tilant, diapré. L'Hiver connaît la valeur du
temps et conseille les plaiisi'rs et les ris. L'Hiver
est plus et mieux que philosophe : il est Poète
et Magicien. 14 est donc un peu Couturier.
On s'en doutait bien en admirant S'autre
soir les tables fleuries du Café de l'a Paix
groupant, autour d'un nom connu d'une amitié
fidèle les plus jolies femmes de Paris et de
la colonie étrangère en robes éclatantes. Car
,parmi îles réunions mondaines régnent les
« affinités instinctives », suivant île mot de M.
Guy de Pourtalès. Il y a la table du matquis
de Poligmac, Il:a table de la princesse de Bro-
glie, le guéridon du comte Maval de Fiers,
le coin du baron de Villiers, :!ia table ponde
de Mme Jane Larevin, le fer-à-dheval du
comte de Rouigemont, lia table du vicomte de
J'Epinay, celle de M. E. Michel, de Mme
Koechlin -Schw-a-rtz, de M. Chaboulin.
Chère exquise, musique a!langwie, propos
courtois. Parfums discrets, sourires. Paris fê-
tait ce so-i'r-.IIà, toutes ses sympathies interna-
tionales : américaines, italiennes, argentines,
scandiina/ves. Vokj Mme et M. (jairrier d ries-
troy, ambassadeur de Beiligique, Mrs Freemen,
M. Guiililerma Matos, M. R. S. Pacheco, qui
représente l'Amérique Centrée à Genève, le
comte Moërner aux côtés d'une délicieuse brune
au décolleté paradisiaque, les aigrettes fines
de cet oiseau féerique encadrant des bras
charmants.
Le marquis de Vatellesiki était entouré de
deux jeunes femmes délicieuses, lune parée de
tdlle blanc vaporeux, l'autre opposait la ma-
tité d'une peau suavement ambrée au rosé
velouté d'un crêpe-satin merveilleux.
M. Merlin oubliait la solitude des « sin-
gles » que sa valeur conquit avec un « douWé »
ravivant. A droite urne brune vêtue de vert-
bleu, à gauche, une Monde parée, — affi-
nité élective — d'une robe de filet rose-écru
d'un ton juste au-dessous du camée ancien qui
ornai t sa main aux ongles carminés.
Une robe magnifique, c'est déjà bien beau
pour illustrer un gala. Mais que penser de
la vision de deux robes semblables d'un in-
descriptible satin « aiguë-marine » dont les
plis harmonieux PS vêlaient deux déoolîletés
également splendvdes, deux robes somptueuses,
portées par Mme de Sédouy et Mme de Mont-
jou. Il est vrai que ces deux charmantes Pa-
risiennes sont cousines, bruines toutes deux,
Joues toutes deux et que, pour éviter toute
confusion, Mme de Sédouy portait des pen-
dants d'oreille rarissimes, Mme de Moetiou,
dans sa main fine, un bouquet de violettes de
Parme.
Les danses commencèrent bien avant l'heure
du champagne. Qui donc assurait que la danse
avait cessé de nous plaire? C'est une tradi-
tion bien française que nul ne songe à renier.
M. Fabry danse excellemment et le comte
de Lenomcourt et M. Stanislas de Castil-
lane.
Tangos, blues, valses. « Les couples s'en-
roulaient autour d'un axe imaginaire, tordant
la valse comme un chiffon d'où ruisselle la
mélodie. »
La rumba a, depuis longtemps, acquis ses
lettres de grande naturalisation. Eble s'est tem-
pérée, assagie — sans quitter sa fièvre et sa
langueur ardente.
Mme Firézier accordait au rythme des tan-
gos sa jolie grâce fléchissante tandis que Mlle
d'Oral éclairait ila demi-pénombre des « paso-
doible » de l'éclat des paillette» argentées de
sa robe rouge. Cair lies paillettes semaient leur
scintillement au long de ces heures enchantées.
Crêpes blancs aux drapés antiques, tondues
■redingotes-cosaques de velours pourpre, tu-
bes métalliques, failles, dentelles associes au
tulle. Comment prédire le style futur des
modes?
La baronne d'Almeireda-Samtos rehaussant
sa beauté d'une robe v iollet-sombre, Mlle Jac-
queline de Custades préfère le vert-émerauide,
Mme de Beauichamp le blanc-ivoire. La ba-
ronne Fouqu'ier ennuageart sa grâce de tulle
blanc.
Mais lIes robes de Paris ne varient-elles pas
comme son deI, ses nuages, ses saisons? Pri-
vilège unique! Paris, seu l, possède cette force
mystérieuse qui est ll'essente même. des Avis
et de l'Amour : ba Fantaisie.
Pierre de TRÉVIÈRES.
L'Académie Française
9
offrira nn exemplaire
de son Dictionnaire
a l'Académie d'Italie
Deux nouveaux candidats
aux fauteuils de Louis Barthou
et de l'abbé Brémond
En déclarant presque 'simultané"*
ment la vacance de trois fau'teujlsï
sous la Coupole. l'Académie fran-».
çaise n'a soulevé qu'un médiocre in-f
térêt parmi les « caïmans » — le
mot est d'un Immortel féroce - qui
songent à l'habit vert.
A part le fauteuil de Raymond
Poincaré que réclame M. Jacques
Bainvitle avec deux concurrent..
celui de l'abbé Brémonrl n'a recueilli
que deux candidatures, celles dp!
M. André Bell essor t et de M. Jeanj
Royère, ce dernier inscrit d'hier t
seulement. On ne compta également
que deux candidats pour la. succe,*-
sion de Louis Barthou : M. P3nl:
Claudel et M. Claude Fnrrère. C"'st(
croyons-nous, le record de la ca-
rence.
La date des scrutins n'est toujours
pas fixée. Mois de juin disent les
augures.
En attendant, les Quarante tra-'!'
vaillent avec un zèle admirable à
l'achèvement du Dictionnaire dont
un exemplaire sera sans doute offert:
à l'Académie royale d'Italie à l'or-.
'casion de la commémoration du Iroioo4
si,ème centenaire de l'Académie.
- L- A.
PEINTRE ET ECRIVAIN
Virginie DEMONT-BRETON
est morte hier, à Paris
Une femme peintre qui eut. son!
heure de notoriété vient de s'étein-
dre., emportant - avec elle un peu du:
',s,ûU\'{'uir de deux autres peintres ;.L
Jules Breton, son père, et Adrien.
Demont, son mari. :
Mime Virginie Demont-Bref on es#
morte hier matin à Paris. Née à
Courrières. dans le Pas-de-Calais, le
26 juillet 1859, elle débuta dans i'arb
de peindre sous la direction de son
père. Toute jeune elle exposa au'
Salon des Artistes Français et y ob-
tint successivement une. mention1
honorable en 1860. une médaille de'
3" classe l'année suivante, dé 2' clas-
se en 1883, des médailles d'or aux
expositions universelles de 1889 et1
de 1900.
Elle fut l'une des premières fern-i
mes peintres décorées, chevalier de
la Légion d'honneur en 1894, c!fe
fut même promue officier en 191L
Elle était également officier de la
Couronne de Belgique.
Loin d'avoir le talent de son père
qui peignit des choses charmanles
— souvenons-nous de son Arc-én-
Ciel du Petit-Palais — Mme Virgi-
nie Demont-Breton pratiqua néan-
moins son art avec beaucoup d'hon-
nêteté et de douceur. Paysagiste et
peintre de compositions plus ou
moins agrest'es, elle contribua à
maintenir les méthodes qui sont de
mi.se chez les Artistes Français.
Présidente d'honneur de la Socié-
té des Femmes Peintre;s, membre Vfe
l'Académie Royale dE\;;; Beaux-Art s
d'Anvers, Mme DenKj-nt-Breton fai-
sait également partie de la -
des Gens de (Lettres.
Car elle était écrivain et poêle,;
Collaboratrice de la RenI" des Re-
vues et du Magasin pittoresque. ctl'
publia un recdei! de poèmes : Ten-
dresses dans la tourmente, et quatre
volumes : Les Maisons que j'ai, eon-
nues, où elle évoque son pays >nalal,
les artistes et les savant- quVHcv
connut, et les Flandres pour les-
quelles elle avait uiic
Ces volumes furent cunronnps pru*
l'Académie Française.
C'est, à la générosité de 'Mme De-
mont-Breton que l'Académip de
Douai peut annuellement venir en
aide à de jeunes peintres, sculpteurs
et musliciens.
- - Gaston POULAIN.
Un quart de Siècle.
Ce qu'on lisait dans Comœdia
le Il janvier 1910
* On apprend la mort de Pauline
Gary, qui connut à l'Odéon et aux Fo-
lies-Dramatiques de brillants succès.
Elle était la femme d'Alexandre Guyon,
de Guyon-fils; la grand'mère deM. Jean
Guyon et de MUe Cécile Guyon. (Une
beflle famille de théâtre.)
* Un comité vient de se former dans
le' but d'élever, au cimetière Montmar-
tre, un monument à Francis Thomé.
* M. Billard, comédien mis en cause
à propos des indiscrétions commises sur
Chantecler, envoie ses témoins à M. Do-
rival qui ne paraît pas autrement ému.
(M. Billard. s'illustra par la suite en
« descendant » le premier un des avions
allemands qui bombardaient Paris.)
* Marie Delaporte, qui avait débuté
à quatorze ans et devint une des inter-
prètes favorites de Dumas fils et qui fut
la coqueluche du Théâtre Michel de
Saint-Pétesbourg où eUe gagnait 55.000
francs par an et qui se retira en 1878
pour s'adonner au professorat, vient de
mourir, âgée de 82 ans.
* Mmes Jeanne Granier et Marie Le-
conte interpréteront ce soir leur char-
mant succès, Gros Chagrin, au Palais de
la Bourse pour la fête des agents de
change. (On n'a pas revu, croyons-nous,
de pareilles fêtes au Palais de Ha Bourse.)
La France doit s'associer
aux fêtes qui vont avoir
lieu en Belgique
pour le bi-centenaire
du Prince de Ligne
Ce grand seigneur extraordi..
naire fut au XVIIIe siècle,
l'incarnation de l'esprit fran-
çais en Europe.
Sous la présidence de M. Henri
Pirenne, un comité est. en formation
pour commémorer, en 19,35, le bi.;
centenaire de la naissance du Prin-
ce de Ligne. Voilà une commémo-
ration à laquelle la France voudra
s'associer, car ce prince extraordi-
naire fut littéralement l'incarnation
de J'esprit français en Europe.
Le comité de patronage est com-
posé de hautes personnalités, parmi
lesquelles on remarque : MiM. Pon-
cetet, président de la Chambre;.Lip-
pe ns, président du Sénat; les minis-
tres Hymans. Devèze, Hiernaux; les
ambassadeurs de France, d'Autriche.
de Pologne à Bruxelles; les minis-
tres de Belgique à Paris, à Vienne, à.
Varsovie; MM. Nens, Damoiseaux,
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