Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1930-01-15
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 15 janvier 1930 15 janvier 1930
Description : 1930/01/15 (A24,N6208). 1930/01/15 (A24,N6208).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76481654
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
, » *
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24' ANNEE. — N" 6208.. • • '51, Rue Sainl-Georges. — Tél. Trudalne 92-80 h 92-?4.- MERCREDI 15 JANVIER 1930
COMŒDIA
Gabriel ALPHAUD,
Directeur
.Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univera.
(LA Fontaine.)
REDACTION ADMINISTRATION
bi. rue Saint George3, Parts (90)
TV!inihf>n»- : | rn lairif ,,■> fi? o-> "S nt-RA
Le Numéro : CINQUANTE CentiMeS.
Ahomkemenib 3 01018 6 moia i ut
France et Colonies 36 Il 66 n 125 »
Etranger. 56 Il 104 » 200 »
Adresse télégraphique : COMCEDIA PARIS
Chèque postal : 316 -72 Paris
Adresser la coi respondance sans exception
a M. le directeur de « Comœdia *
Doctrine soviétique : -
La faiblesse amène la guerre
(rapporté par G. Le Fèvre).
Doctrine romaine :
« Si vis pacem para hélium, a.
La Vie publique
La réélection
de M: Fernand Bouisson
La Chambre des députés - de ces
députés dont on dit à juste titre tant
de mal lorsqu'ils manœuvrent mal,
mais dont on ne dit' jamais de bien
lorsqu'ils manœuvrent bien — a sa-
gement agi hier en réélisant à la,
présidence de la Chambre M. Fer-
nand Bouisson.
Le scrutin est moins beau que
l'an dernier, où l'honorable député
des Bouches-du-Rhône avait été élu
par 414 voix sans concurrent. Cette
année, M. Fernand Bouisson n'a
obtenu que 336 voix et il a failli
avoir plusieurs concurrents.
Il ne les a pas eus. C'est très
bien ; et c'est là qu'est la sagesse
de la Chambre, en même temp. que
la sagesse des partis. ,
En rendant à M. Fernand Bouis-
son un hommage personnel - de
plus en plus mérite d'ailleurs - la
Chambre a voulu surtout ne pas in-
terrompre le chef du gouvernement,
M. André Tardieu, dans la tâche
ardue qu'il poursuit à La Haye et
qu'il précisera le 21 janvier prochain
à Londres.
Malgré les nuances différentes
de certains bulletins de vote,
les 336 voix de M. Fernand Bouis-
son ressemblent d'ailleurs comme
j
M. FERNAND BOUISSON v*
.-. ,, - président de la Chambre J :• S
des sœurs aux 336 voix,- qui &Ont;
précisément la moyenne des scru-
tins de confiance obtenus par le
ministère André Tardieu.
La situation est donc stable et so-
lide.
'A La Haye, le front unique des
anciens alliés S'est reformé pour ob-
tenir de l'Allemagne la reconnais-
sance définitive d'un état de choses,
qui doit être moins nouveau que du-
rable et sûr..
Au Palais Bourbon, l'apaisement
s'est fait autour de l'œuvre diploma-
tique entreprise. La trêve des par
tis est la plus simple' et la plus di-
gne des attitudes, lorsque l'étranger
est là et que lès circonstances con-
traignent un gouvernement au jeu
le plus serré et le plus net, le plus
âpre et h -plus décisif qui fut ja-
mais.
Bonne tournée hier.
Dans le déchaînement des pas-
sions, cette tournée eût pu être, con-
tre toute justice, si différente!!!
Gabriel Alphaud.
Le bureau de la Chambre.
Après l'élection de M. Fernand Bouis-
son, on procéda à l'élection des vice-pré-
sidents. Ce ne fut qu'à 17 h. 30 que, le
scrutin clos, les députés connurent le
résultat de leur vote. Le voici : M. Ri-
Lolfi fut élu avec 434 voix; M. Bouilloux-
L-ctont avec 414; M. Léo Bouyssou
avec 353 et enfin M. Cautru avec 290.
M. Moncelle avait obtenu également
29L voix, mais M. Cautru fut élu au béné-
fice de l'âge.
Un article de M. Poincaré.
Les vacances de M. Poincaré n'auront
pas été longues. De la Côte d'Azur, où
5:1 le croyait mollement étendu au soleil,
il suit les événements et notre confrère
Lxcelsior publie ce matin un article de
l'ancien président du Conseil, dans le-
quel celui-ci examine la situation délicate
créée aux représentants de la France à
La Haye. Nous publions ci-dessous les
conclusions de cet article que notre con-
frère a bien voulu nous communiquer :
« Voici qu'à La Haye nous nous trou-
vons en race de délégués allemands qui
multiplient les inciJents et recommen-
cent toute la discussion qui s'était dérou-
lée à Paris, sous la présidence de M.
Owen Young. Les jours passant. M.
Briand, appelé à Genève, est obligé de
partir. M. lardieu lui-même est forcé
de reveni. à Paris pour la rentrée des
Chambres. M. Curtius a des devoirs à
remplir en Allemagne. La date de la
conférence navale de Londres approche.
Tous les négociateurs vont se débander.
Il serait déplorable que l'imminence de
cette dispersion précipitât des décisions
qui auront sur l'avenir une influence in-
calculable.
« Jamais la réflexion et le sang-froid
n'ont été plus nécessaires; jamais 1 ac-
complissement d'une œuvre humaine n'a
réclamé plus impérieusement la cailabo-
ration du temps. Méfions-nous' des impro-
visateurs. Méfions-nous surtout des for-
mules ambiguës qui servent si fréquem-
ment à résumer et à publier de prétendus
accords et qui cachent, en réalité, des
divergences inavouées, génératrices de
conflits ultérieurs. Les véritables Ouvriers
de la paix. ont pu être, jusqu'ici, ceux
"L *
qui en ont le plus parlé avec le plus d'en-
thousiasme. Il fallait préparer les esprits
à la considérer comme une possibilité pro-
chaine et à secouer de tragiques souve-
nirs. Mais, maintenant que nous avons à
élever une construction durable, ne reti-
rons pas trop tôt les échafaudages et lais-
sons le .ciment frais sécher dans ses arma-
tures »,
ACUKA.
Pour- les Enfants
du Spectacle
La fêle est remise
au jeudi 23 janvier
L'absence de Paris de M. Leredu,
sénateur de Seine-et-Oise et ancien
ministre et l'inlassable bonne grâce de
M. François-Poncet, sous-secrétaire
d'Etat aux Beaux-Arts, permettent de
renvoyer au jeudi 23 janvier prochain
la fête annuelle des Enfants du Spec-
tacle primitivement fixée à demain.
Cette fête n'en sera pas moins belle.
Les dons continuent à affluer.
Nous avons à remercier aujourd'hui
particulièrement M. Pierre Humble,¡
directeur du Théâtre du Petit-Monde,
des cent francs qu'il a b'en voulu nous
adresser.
Mme Gabrielle Rouzaud a multiplié
d'autre part les délicatesses et ce sont
les meilleurs produits de la « Mar-
quise de Sévigné » que les Enfants du
Spectacle goûteront et apprécieront le
jeudi 23 janvier.
Les écrivains vus par leurs amis
Les écrivains vus par eux-mêmes, et
par leurs amis, ainsi s'intitule l'expo-
sition qui s'est ouverte hier à la Li-
brairie des Trois Magots, 60, avenue
de la Bourdonnais.
Il y a beaucoup de choses à cette
exposition, et des choses plus spirituel-
les que méchantes, malgré ce qu'on
aurait pu croire, d'après le titre. Sans
nul douie, Mlle Mariette Lydis est du
groupe des artistes, la personnalité la
plus intéressante. Elle voisine pourtant
avec M. André Favory, qui a peint M.
Maurice Martin du Gard, tandis qu'elle
portraiturait M. Joseph Delteil, M.
Henry Jacques, etc. M. Carlo Rim a
durement traité divers augustes visages,
prouvant ainsi une fois de plus et son
talent, et son intelligence. Quant aux
croquis de Becan, ils sont étonnants.
Notons, par ailleurs, les portraits de
MM. Pierre Benoit, Tristan Bernard,
Carco, Chanlaine, F. de Croisset,
Crommelynck, Dorgelès, Gide, Girau-
doux, Armand Godoy, Paul Haurigot,
Kessel, Montherlant, Paulhan, Simonne
Ratel, André Salmon, Paul Valéry,
qui sont signés de divers noms parmi
lesquels nous retrouvons ceux de Mme
G. Granger, Foujita, Pavil, Sacha Gui-
try, Beltran Masses, Vértès, Pascin,
etc. Il ne faut pas oublier, non plus,
que la comtesse de Noailles a fait le
portrait de M. René Benjamin. Mais
cette exposition est fort intéressante.
Nous'y reviendrons bientôt.
Entre qous
Pour les sociétés ('e musique
Le groupe de l'Art musical, qu'a
fondé et que préside à la Chambre
M. Gaston Gérard, ne reste pas inac-
tif. Réuni ces jours derniers, il a dé-
cidé de proposer à la Chambre la Sup-
pression de la taxe de luxe sur les ins-
truments de musique, ainsi que l' exoné-
ration des taxes et droits sur les concerts
populaires.
Il faut souhaiter que ces concerts
soient dégrevés, car ils servent non seu-
lement à la distraction, mais à l' éduca-
tion du peuple. Cependant cette mesure
serait peut-être moins importante et
moins urgente que la suppression de la
taxe de luxe sur les instruments.
Pour faire des concerts, il faut
d' abord, n' est-ce pas, avoir des musi-
ciens, et pour avoir des musiciens, il
faut des instruments. Or ceux-ci sont
devenus très chers, et leur prix élevé
est un obstacle très sérieux à la forma-
tion et au maintien des sociétés musi-
cales.
Dans cette question, c' est surtout aux
campagnes qu'il faut penser. Par des
subventions dss municipalités et des
membres honoraires, les' sociétés musi-
cales des villes peuvent encore se tirer
d'affaire. Dans les campagnes, les sub-
ventions n'existent pas, ou rarement, et
en tout cas elles ne sont pas élevées,
et les membres honoraires sont peu nom-
breux. Qui ne comprend pourtant l'uti-
lité de ces sociétés, qui représentent Un
des meilleurs moyens de maintenir les
jeunes gens dans leur village?
Or, c'est tout un problème que de
procurer des instruments aux musiciens
de bonne volonté, qui passent des soi-
rées à faire du solfège ou à répéter des
morceaux, lorsqu' ils savent qu'il ne
leur en faudra pas moins se lever de
grand matin pour les travaux de la cam-
pagne. -
J en parle par expérience. car j al
l'honneur d'être le président d'une fan-
fare de village : c'est même le seul
titre que j'aie pour être le collaborateur
de Comœdia. Elle ne fait pas concur-
rence à la musique de la Garde, ma
fanfare, mais enfin elle joue, comme
elle sait, et, pour les grandes fêtes, le
village est content d'entendre sa musi-
que sur la place, et les musiciens, qui
ont une belle casquette, sont heureux de
parader devant leurs compatriotes.
Mais, encore une fois. il faut pouvoir
leur donner des instruments!
Il y aurait même peut-être à orga-
niser à cet effet un service national de
prêts. Il faudra que je demande à
M. Gaston Gérard de vouloir bien y
songer.
Jules VÉRAN.
Les catafalques par - Henri de Groux 1
Voici une composition récente du célèbre peintre, auteur du Christ aux outrages qui vient de. s'éteindre à
Marseille (lire notre article de la troisième page). Ce dessin fait partie des collections du musée de la Guerre.
CAUSERIE MEDICALE
L'indiscipline morbide
Nous avons appris récemment que M. B., jeune
agrégé de physique, incorporé comme élève-officier,
avait fait la grève de la faim pour protester contre
l'obligation même du service militaire. Un médecin
a été justement chargé de l'examiner au point de
vue mental, et il a conclu à sa réforme, devant l'im-
possibilité où se trouvait cet universitaire de s'adap-
ter à la vie de régiment.
M. Clément Vautel a consacré un film spirituel à
cette « nouveauté » qu'est, dans les cas de réforme,
l' « objection de conscience ».
« Nouveauté » très vieille et qui paraît fort banale
aux experts spécialisés.
Dans la médecine légale militaire, la partie psy-
chiatrique, déjà quelques années avant la tourmente,
avait pris une importance de plus en plus grande.
On s'étonnait de là sévérité inintelligente des con-
seils de guerre; on s£ choquait de la fréquence des
aliénés méconnus, frappés comme coupables.
La notion de l'indiscipline morbide prit corps.
Elle évita le. peloton d'exécution, aux Armées, à
bien des délinquants que les psychiatres firent consi-
dérer, non comme des révoltés ou des lâches, mais
comme des malades; mieux, des « blessés » du sys-
tème nerveux.
Aide-major d'un régiment d'infanterie, j'avais si
bien, sur mes camarades les plus modestes et sur
moi, noté les effets des fatigues et des émotions —
sans parler des commotions et des blessures qui en-
traînaient souvent des troubles mentaux graves, —
j'avais si nettement constaté les variations de notre
potentiel nerveux et de notre capacité de courage,
j'en avais si souvent causé à la popote du bataillon,
que le Commissaire du Gouvernement de ma Division
fut un des premiers à solliciter le plus fréquemment
possible., l'examen mental des poi-lus défaillants.
Presque toujours je concluais à l'indulgence. Une
tare ancienne ou des causes morbides récentes expli-
quaient l'acte incriminé; et ceci, en même temps
qu'une excuse pour l'inculpé, était un honneur pour
le « Français moyen », héroïque par tradition, non
qu'il se grisât de mots mais parce qu'il acceptait une
nécessité. L'avocat le plus couru, M6 Torrès, alors
sergent au 2206 R. I-, gagnait si facilement ses cau-
ses, que le général, un jour, m'appela, s'étonnant.
J'expliquai, j'insistai. et je continuai. Devant
une conviction, mon caractère fut toujours peu mal-
léable. Un jour cependant, je conclus le soldat
X. n'a d'autre stigmate mental que son immora-
lité ». Torrès, têtu - a-t-il changé depuis? - demanda
une contre-expertise.. Nous sommes restés les meil-
leurs camarades par la suite, et je fus chargé —
','en souvient-il? - de lui faire porter la médaille
militaire, avec mission de faire hâte, car il était.
in extremis. L'homme est aussi solide que sa voix.
N'opérant pas dans les centres de neuro-psychia-
trie, continuant à observer de très près,, dans leurs
tranchées, les aristocrates du risque, je fus ainsi a
même — en dehors de l'aliénation mentale confirmée
qui imposait l'évacuation immédiate — d'établir
tous les petits signes de la peur; morbide acquise,
dont, au cours de permissions, je fis rapport, d'abord
à la Société Médico-Psychologique, ensuite à la So-
ciété de Médecine régale. On éleva, ici, l'objection
qui est naturellement venue sous la plume du jour-
naliste-à propos de l'agrégé B. ,
- a Mais vous allez favoriser les désertions des
lâches. y
- ( Non, répondit-je, le diagnostic de la lâcheté
et de la peur morbide se fait facilement entre cama-
rades de section. C'est un diagnostic de caporal. »
J'en appelle à mes amis de l'A. E. C. et à leur
président Roland Dorgelès.
On a parfaitement établi dans les « fugues » et
dans certains.« refus d'obéissance », la part des bles-
sures, des chocs commotionnels et émotionnels, des
fatigues et même des appoints extérieurs sur des 1
organismes en état de réceptivité. Le « cafard » ga-
gnait beaucoup plus à être soigné, surtout préven-
tivement, comme le fit si bien ce parfait thérapeute
que fut le maréchal Pétain, qu'à être pénalisé. Un
cbs titres de gloire de la psychiatrie française, qui
fut toujours à la tête de sa spécialité,. sera d'avoir
utilement collaboré à la culture de l'énergétique guer-
rière. L'indulgence est le fruit le plus précieux de
la compréhension. Qu'eût-on gagné à laisser un
< idéalisme passionné » mourir de faim par entête-
ment morbide ? De tels exemples ne sont nocifs que
pour les sujets atteints du même mal. On n'attrape
ici que ce qu'on a. M. B. est peut-être un physicien
émment, et son intelligence, par ailleurs, infiniment
plus vive que la mienne. Je ne lui donnerais cer-
tainement pas ma fille, en mariage.
Et je profite de l'occasion pour rappeler que notre
seul critérium de la folie est l'impossibilité d'adap-
tation. Il n'est pas fameux. Je n'ai pas mieux à
vous offrir
Les effets nocifs de la guerre sur le système ner-
veux eurent leur répercussion sur la discipline des
dernières classes, qui demeuraient mobilisées en 1919.
Encore sous le costume militaire, j'eus à examiner,
cette année-là, un des principaux meneurs de la « ré-
volte » d'un régiment d'artillerie de ma ville. Son
cas était d'une gravité exceptionnelle. Il avait excité,
dirigé ses camarades et frappé un officier. Magnifi-
que soldat, il avait gagné une citation admirable. Je
trouvai des signes de fatigue cérébrale, l'influence
indiscutable du paludisme sur son émotivité. Au
cours de ma déposition, je sentais - peut-être ;.
tort — si bien que mes arguments ne portaient pas
sur un jury qui n'avait peut-être pas comme je l'au-
rais désiré l'habitude de; la bataille, je craignais
tellement qu'on voulût « faire un exemple », que.
mes conclusions exprimées, rapidement, avant que
quiconque eût le temps de souffler, je m'avançai vers
l'accusé et lui serrai la main. Quel raffût ! j'étais
« arrêtable ». Le Commissaire du Gouvernement.
très a énergique », m'agonit pour mes quatre ficel-
les. Et le poilu s'en tira convenablement. Mon Dieu!
ce que fis n'était pas Ci réglementaire n. Je n'en rou-
gis pas. et peut-être! que, si c'était à recommen-
cer
Actuellement, l'indiscipline morbide est connue
dans toutes ses manifestations. Une série de recher-
ches et de circulaires ont abouti à un état de choses
qui les limite de plus en plus. Le professeur Régis
par ses travaux personnels, par les nombreuses thè-
ses qu'il inspira, par les-discussions qu'il sollicita.
fut un incomparable animateur. Le livre du médecin-
major Haury, sur les Anormaux et les malades men-
taux au régiment; quoique paru en 1913, résume con
venablement la question: On connaît les « actes de
mauvaise volonté » et leurs associations, l'entête-
ment du débile mental, les « répondeurs »,' le négati-
visme de tel candidat à l'aliénation, le refus sans
motif du mélancolique, du persécuté, du maniaque,
l'objection de conscience de l'idéaliste, etc. On dia-
gnostique la cause des violences. On éduque les
chefs.
On fait correctement le dépistage préventif : au
Conseil de revision et surtout à la visite dxincorpo-
ration. On se sert de. tests commodes :à manier, sui-
vant que l'homme porte : a), une étiquette sociale
(condamné, illettré, assisté) b) une étiquette mili-
taire (bon absent, engagé volontaire, insoumis);
c) une étiquette physique (malformations, stigmates,
asymétrie, etc.).
Ici encore l'action sociale de la médecine, si en-
cline à l'indulgence, est salutaire.
1 N'est-ce pas que c'est un joli métier!
Docteur Paul Voivenel.
LES DOUZIEMES A LA COMEDIE-FRANÇAISE
Après le» augmentations statutaires
de fin d année, voici pour l'année 1930
le tableau des douzièmes à la Comédie-
Française:
Les sociétaires à part entière, c'est-
à-dire avant 12 douzièmes sont : MM.
Albert Lambert, André Brtfnot, Léon
Bernard, Alexandre, Denis d'Inès et
Desjardins; Mmes Cécile Sorel, Ma-
rie-Thérèse Piérat, Berthe Cerny, Ma-
deleine Roch et Berthe Bovv.
Puis viennent MM. Siblot (9), Des.
sonnes (8), Croué (8 t/2), Georges Le
Roy (6 1/2), Charles Granval (8), Ro-
ger, Monteaux (6 1/2), Jean Hervé (6).
Jacques Guilhène (4), Yonnel (4).
Mmes Delvair (7), Devoyod (S 1/2)
Emiliemie Dux (7) Dussane (6 1/2)
Marie Ventura (9 1/2), Gabrielle R07
bînjie (6), Colonna-Romano (5 1/2)
Madeleine Renaud (5), Marie Bell (5),
Mary Marquet (5), Andrée de Chauve
ron (4) et Brettv (4), Soit 26? domiè.
mes et demi.
Avant, l'action
Le Cartel des Quatre
donne son adhésion
pour la grève du Spectacle
Le mouvement en faveur de la fer-
meture générale des Xhéâtres, si les
taxes abusives dont le spectacle meurt
ae sont pas l'objet d'une revision, s'af-
firme chaque jour.
Nous laissions prévoir, hier, l'adhé-
;ion du Cartel des Quatre (MM. Baty,
Dullin, Pitoeff, Jouvet). * Cette adhé-
sion est désormais acquise.
Nos scènes d'avant-garde entrent
Jans le jeu et voici complète l'una-
ciimité des scènes de Paris.
Nos lecteurs se souviendront que,
dès le début de cette campagne, l'As-
sociation de la Critique dramatique et
musicale fit connaître à M. Max Mau-
rey ses sentiments. Rappelons cette
lettre qui était signée de M. Paul Gi-
nisty, président de l'Association, et de
MM. A. Boschot et Edmond Sée, vice-
présidents :
w Les intérêts supérieurs du théâtre
se trouvant liés à la question des taxes,
VAssociation de la Critique dramatique
et musicale appouve l'attitude éner-
gique de l'Association des Directeurs
et décide de lui Prêter son appui dans
ses protestations contre lg régimo, fis-
cal auquel est soumis le spectacle. »
M. Max Maurey a répondu en ces
fermes :
« L'adhésion publique de votre As-
sociation à notre cause nous est le plus
précieux des encouragements, elle dé-
montre à tous que la crise actuelle du
Spectacle n'atteint pas seulement le
théâtre dans ses intérêts matériels,
mais encore qu'elle met en piril cette
pensée française dont vous êtes par-
mi les plus vigilaNts défenseurs.
« Avec tous nos remerciements,
zgréez" mes chers présidents, au nom
le l'Association des Directeurs de
Théâtres de Paris, l'assurance de nos
sentiments les plus cordialement dé-
voués. »
D'autres témoignages de cette una-
limité parfaite du spectacle devant les
Pouvoirs publics viendront s'ajouter à
ous ceux que nous avons déjà pu-
bliés, mais ils n'auront plus la même
mporjance. Seuls les directeurs de
province ont leur mot à dire. Or, ils
)nt déjà fait connaître leur idées.
Dans toutes les provinceb on se dis-
Dose à' suivre les directeurs de Paris.
Il faut attendre leur adhésion offi-
:ielle et les pourparlers qui seront en-
gagés avec les Pouvoirs publics.
LES TOURNEES
S'ARRETERAIENT
Réunis sous la présidence de M.
ioul Audier, codirecteur des tour-
nées Ch. Baret et directeur de la Poti-
tlière, les membres de -l'Association
syndicale des Directeurs de tournées
théâtrales viennent de voter l'ordre du
jour suivant:
La Chambre syndicale des Directeurs
de tournées théâtrales de France re-
grette que depuis le Congrès de Nice
les démarches faites (en ce qui con-
cerne une amélioration des taxes qui
tuent le Théâtre), tant auprès du Par-
lement que du gouvernement, par la
Fédération parisienne et par celle de
province soient restées sans effet:
s'émeut de voir nos élus considérer le
spectacle comme un amusement de
foire; s"étonne que les dégrèvements
votés par la majorité de la Commission
des Finances dans l'a réunion du jeudi
-
26 décembre n'aient pas été maintenus
le lendemain matin, à quinze heures
d'intervalle, par les mêmes parlemen-
taires: renouvelle toutefois sa confiance
au président de sa Fcdéràtion. M. Mau-
ret-Ldtage; se déclare prête à la fer-
meture de toutes ses salles de specta-
cles, ainsi qu'à l'arrêt de ses tournées,
mais limite cet engagement au l'r
avril 1930, entendant, si satisfaction
n'a pas été donnéè à cette date extre-
me aux légitimes réclamations des en-
trepreneurs de spectacles, recouv, er
soez.etière liberté d'action pour prendre
telle détermination qui lui conviendra.
On remarquera cette date limitative
du i'1' avril. Ceux des « tourneurs » à
qui nous avons pu demander sa signi-
fication nous ont répondu que si Ifs
théâtres de Paris ne fermaient pas, le*
tourneurs agiraient seuls.
Comment ?
Par un arrêt général des tournées.
A r n:ttut de Miisiqitorisnîale de Paris
Une députation de l'Institut de la
Musique Orientale du Caire que pré
side Moustapha pacha Reda a été 1 e-
çuc dernièrement p-t S. M. le Roi.
Âloustcpha bey Reda a exprimé au Roi
toute la reconnaissance de l'Institut
pour la sollicitude qu'il n'a cessé, de
témoigner à la musique orientale.
Le souverain, mélomane averti c:,
éclairé, a remercié et a proposé de fon-
der près de l'Institut une école de
musique qui fût plus adéquate.
Sous les auspices du souverain, un
congrès de musique orientale sera orga-
nisé au Caire en 1931.
te Bai des cc Petits lits Blancs »
C'est le mardi 4 février qu'aura lieu,
à l'Opéra, le Bal des Petits Lits
Blancs.
La plus belle nuit de toute l'année
à Paris. La joie et la bonne humeui
dans l'élégance et la lumière pour la
charité et la bienfaisance.
Ile dîner qui précédera le bal réu-
nira toutes les notoriétés. A la tomber
sont inscrits un collier de perles de
50.000 fr,, -un crédit de 30.000 fr. à
utiliser au gré du gagnant, quatre voi-
tures Donnet, 7 ÇV. conduite inté
rieure, soixante robes offertes par les
grandes maisons de couture parisienne;
700.000 francs de cadeaux seront dis-
tribués au cours du bal et sur le Pont
d'Argent les vedettes les plus célèbres,
les plus aimées, dans un programma
sans pareil.
5.000 billets seulement sont émis
pour le bal. On les trouve dès à pré
sent à 200 francs, à l'Opéra, à Lin
transigeant, dans toutes les neenccs et
les grands hôtels.
A I"Opéra-Comique
"Le Roi d'Yveïot'
«
Opéra-comique en 4 actes
de MM. Jean Limozin
et André de la Tourrasse
Musique de M. Jacques Ibert
- La création du Roi d'Yvetot aûra
eu lieu le même jour que la reprise
des Huguenots. Coïncidence amu-
sante : il est impossible de trouver
deux ouvrages-qui s'opposent davan-
tage par la conception dramatique, par
l'esthétique musicale et par les
moyens d'expression.
Il y avait, dans le. sujet qu'ont
choisi MM. Jean Limozin et André
de la Tourrasse, un postulat qui eût
pu faire un excellent libretto; je crois
que les deux collaborateurs-l'entrevi-
rent au début. Le Roi d'Yvetot. ce
pouvait être la satire de la politique
ae clocher; on eût alors compris qué
l'action se déroulât, ainsi que les
auteurs l'ont écrit, à une époque in-
déterminée, entre l'invention de la
poudre à canon et nos jours, puisqu'en
France cette étroitesse de l'esprit po-
pulaire exista de tous temps; l'im-
portance donnée aux deux cabaretiers
S£-fût de j^ême justifiée si le6-4iffé-
rents tableaux nous eussent montré
què leurs opinions évoluaient » selon
leurs intérêts et que les mastroquets,
responsables de tant de votes, son-
gent bien moins au salut de leur pays
qu'au profit immédiat qu'ils tirent-de
ces aventures.
Soit timidité, soit défaut de logi-
que, les librettistes n'ont fait que sug-
gérer ce thème et, l'abandonnant dès
Mlle EMMA LUART
de l'Opérft'Caraique
le deuxième acte, ils ne nous ont plus
piésenté qu'une aventure banale, qui
tombe parfois dans la farce, une idylle
longuette au cours de laquelle nous
ne nous intéressons vraiment à au..
cun personnage, car tous sont des
fantoches, enfin un dénouement hà-
tif et factice, qui n'explique pas la
brusque fin de cette rivalité entre les
deux cabaretiers ni le soudain revire-
ment d'une partit de la populace.
Jeanneton aime en secret le bon
roi d'Yvetot; celui-ci a de graves sou-
cis : les gens de Rocanville envahis-
sent chaque jour certain pré de Belle-
rive, sis sur le territoire d'Yvetot, et
ils en gaulent les pommes. Le Roi,
les ayant voulu pourchasser, fut pris
par eux, rossé, puis contraint de si-
gner un traité Icüft concédant cè lopin
de terre.
Le pré de Bellerive ne mérite pas
que deux chats s'entregrirfent pour
lui; d'ailleurs avec quoi les Yveto-
tais feraient ils ia guerre? H s n'ortt
ni armée, ni munitions, ni argent. Le
Roi, 'naturellement débonnaire et pa-
cifique, en convient: mais le peuple,
excité par les rhéteurs de cabaret,
veut la guerre : il l'aura donc.
Battus, les Yvetotais s'en prennent
au Roi. Le cabaretier gras, qui fut
ie premier à crier : « Sauve qui
peut! » et pactisa peut-être avec, !e.::
Rocanvillais. accuse le rrrona/que de
tes avoir jpal commandés et traita.
I. réclame puis f btient sa déchéance.
Le cabaretier gras devenant repu-
biicain, le cabaretier maigre, son ri-
val, s'affirme moraichiste. Avec la
complicité de Jeanneton, il s'efforce
de faire rentrer le Roi dans son psvs,
où chacun le regrette bientôt, où l'ar-
bre Ade la liberté a tôt fait, planic
symbolique, de s'étioler et de-mou
r~
Le Roi revient en secret, pendant
la nuit. Surpris; il se cache dans une
futaille, pendant que les'deux partis
s'affrontent à woups de raves et de
carottes. Un potiron lancé confre ia
barrique en fait éclater les douves et
le Roi paraît. Le peuple l'acclame ;
les deux cahareîi?rs s'embrassent ;
hanneton deviendra - Reine d'Yvetot.
Quelle impression le publie
éprouvera-t-il en écoutant la parti-
tion de M. Jacques Ibert ? Je l'ima-
gine ainsi
Du temps que j'étais lycéen, nos
classes de lettres étaient occupées,
le soir, par les candidats à Saint-
Cyr. à Polytechnique ou à Centrale.
le lendemain matin, nous trouvions
le grand tableau noir couvert 'de fi-
gures géométriques, accompagnées
d? démonstrations où les intégrales,
l'es cosinus, les asymptotes et les
hyperboles alternaient, résolues en
de savantes équations. Nous regar-
dions ces figures et ce bel assem-
blage de lettres romaines ou grec
ques qui, pour nous, n'avaient point
de sens. Nous nous disions, saisis
de respect : « C'est rudement ca-
lé ! ». puis, j'.avance rebutés par
ce casîî tête algébrique, laissant à
Quelques initiés ce mystérieux plai-
sir, nous nous plongions avec délices
0
24' ANNEE. — N" 6208.. • • '51, Rue Sainl-Georges. — Tél. Trudalne 92-80 h 92-?4.- MERCREDI 15 JANVIER 1930
COMŒDIA
Gabriel ALPHAUD,
Directeur
.Une ample comédie aux cent actes divers
et dont la scène est l'univera.
(LA Fontaine.)
REDACTION ADMINISTRATION
bi. rue Saint George3, Parts (90)
TV!inihf>n»- : | rn lairif ,,■> fi? o-> "S nt-RA
Le Numéro : CINQUANTE CentiMeS.
Ahomkemenib 3 01018 6 moia i ut
France et Colonies 36 Il 66 n 125 »
Etranger. 56 Il 104 » 200 »
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Chèque postal : 316 -72 Paris
Adresser la coi respondance sans exception
a M. le directeur de « Comœdia *
Doctrine soviétique : -
La faiblesse amène la guerre
(rapporté par G. Le Fèvre).
Doctrine romaine :
« Si vis pacem para hélium, a.
La Vie publique
La réélection
de M: Fernand Bouisson
La Chambre des députés - de ces
députés dont on dit à juste titre tant
de mal lorsqu'ils manœuvrent mal,
mais dont on ne dit' jamais de bien
lorsqu'ils manœuvrent bien — a sa-
gement agi hier en réélisant à la,
présidence de la Chambre M. Fer-
nand Bouisson.
Le scrutin est moins beau que
l'an dernier, où l'honorable député
des Bouches-du-Rhône avait été élu
par 414 voix sans concurrent. Cette
année, M. Fernand Bouisson n'a
obtenu que 336 voix et il a failli
avoir plusieurs concurrents.
Il ne les a pas eus. C'est très
bien ; et c'est là qu'est la sagesse
de la Chambre, en même temp. que
la sagesse des partis. ,
En rendant à M. Fernand Bouis-
son un hommage personnel - de
plus en plus mérite d'ailleurs - la
Chambre a voulu surtout ne pas in-
terrompre le chef du gouvernement,
M. André Tardieu, dans la tâche
ardue qu'il poursuit à La Haye et
qu'il précisera le 21 janvier prochain
à Londres.
Malgré les nuances différentes
de certains bulletins de vote,
les 336 voix de M. Fernand Bouis-
son ressemblent d'ailleurs comme
j
M. FERNAND BOUISSON v*
.-. ,, - président de la Chambre J :• S
des sœurs aux 336 voix,- qui &Ont;
précisément la moyenne des scru-
tins de confiance obtenus par le
ministère André Tardieu.
La situation est donc stable et so-
lide.
'A La Haye, le front unique des
anciens alliés S'est reformé pour ob-
tenir de l'Allemagne la reconnais-
sance définitive d'un état de choses,
qui doit être moins nouveau que du-
rable et sûr..
Au Palais Bourbon, l'apaisement
s'est fait autour de l'œuvre diploma-
tique entreprise. La trêve des par
tis est la plus simple' et la plus di-
gne des attitudes, lorsque l'étranger
est là et que lès circonstances con-
traignent un gouvernement au jeu
le plus serré et le plus net, le plus
âpre et h -plus décisif qui fut ja-
mais.
Bonne tournée hier.
Dans le déchaînement des pas-
sions, cette tournée eût pu être, con-
tre toute justice, si différente!!!
Gabriel Alphaud.
Le bureau de la Chambre.
Après l'élection de M. Fernand Bouis-
son, on procéda à l'élection des vice-pré-
sidents. Ce ne fut qu'à 17 h. 30 que, le
scrutin clos, les députés connurent le
résultat de leur vote. Le voici : M. Ri-
Lolfi fut élu avec 434 voix; M. Bouilloux-
L-ctont avec 414; M. Léo Bouyssou
avec 353 et enfin M. Cautru avec 290.
M. Moncelle avait obtenu également
29L voix, mais M. Cautru fut élu au béné-
fice de l'âge.
Un article de M. Poincaré.
Les vacances de M. Poincaré n'auront
pas été longues. De la Côte d'Azur, où
5:1 le croyait mollement étendu au soleil,
il suit les événements et notre confrère
Lxcelsior publie ce matin un article de
l'ancien président du Conseil, dans le-
quel celui-ci examine la situation délicate
créée aux représentants de la France à
La Haye. Nous publions ci-dessous les
conclusions de cet article que notre con-
frère a bien voulu nous communiquer :
« Voici qu'à La Haye nous nous trou-
vons en race de délégués allemands qui
multiplient les inciJents et recommen-
cent toute la discussion qui s'était dérou-
lée à Paris, sous la présidence de M.
Owen Young. Les jours passant. M.
Briand, appelé à Genève, est obligé de
partir. M. lardieu lui-même est forcé
de reveni. à Paris pour la rentrée des
Chambres. M. Curtius a des devoirs à
remplir en Allemagne. La date de la
conférence navale de Londres approche.
Tous les négociateurs vont se débander.
Il serait déplorable que l'imminence de
cette dispersion précipitât des décisions
qui auront sur l'avenir une influence in-
calculable.
« Jamais la réflexion et le sang-froid
n'ont été plus nécessaires; jamais 1 ac-
complissement d'une œuvre humaine n'a
réclamé plus impérieusement la cailabo-
ration du temps. Méfions-nous' des impro-
visateurs. Méfions-nous surtout des for-
mules ambiguës qui servent si fréquem-
ment à résumer et à publier de prétendus
accords et qui cachent, en réalité, des
divergences inavouées, génératrices de
conflits ultérieurs. Les véritables Ouvriers
de la paix. ont pu être, jusqu'ici, ceux
"L *
qui en ont le plus parlé avec le plus d'en-
thousiasme. Il fallait préparer les esprits
à la considérer comme une possibilité pro-
chaine et à secouer de tragiques souve-
nirs. Mais, maintenant que nous avons à
élever une construction durable, ne reti-
rons pas trop tôt les échafaudages et lais-
sons le .ciment frais sécher dans ses arma-
tures »,
ACUKA.
Pour- les Enfants
du Spectacle
La fêle est remise
au jeudi 23 janvier
L'absence de Paris de M. Leredu,
sénateur de Seine-et-Oise et ancien
ministre et l'inlassable bonne grâce de
M. François-Poncet, sous-secrétaire
d'Etat aux Beaux-Arts, permettent de
renvoyer au jeudi 23 janvier prochain
la fête annuelle des Enfants du Spec-
tacle primitivement fixée à demain.
Cette fête n'en sera pas moins belle.
Les dons continuent à affluer.
Nous avons à remercier aujourd'hui
particulièrement M. Pierre Humble,¡
directeur du Théâtre du Petit-Monde,
des cent francs qu'il a b'en voulu nous
adresser.
Mme Gabrielle Rouzaud a multiplié
d'autre part les délicatesses et ce sont
les meilleurs produits de la « Mar-
quise de Sévigné » que les Enfants du
Spectacle goûteront et apprécieront le
jeudi 23 janvier.
Les écrivains vus par leurs amis
Les écrivains vus par eux-mêmes, et
par leurs amis, ainsi s'intitule l'expo-
sition qui s'est ouverte hier à la Li-
brairie des Trois Magots, 60, avenue
de la Bourdonnais.
Il y a beaucoup de choses à cette
exposition, et des choses plus spirituel-
les que méchantes, malgré ce qu'on
aurait pu croire, d'après le titre. Sans
nul douie, Mlle Mariette Lydis est du
groupe des artistes, la personnalité la
plus intéressante. Elle voisine pourtant
avec M. André Favory, qui a peint M.
Maurice Martin du Gard, tandis qu'elle
portraiturait M. Joseph Delteil, M.
Henry Jacques, etc. M. Carlo Rim a
durement traité divers augustes visages,
prouvant ainsi une fois de plus et son
talent, et son intelligence. Quant aux
croquis de Becan, ils sont étonnants.
Notons, par ailleurs, les portraits de
MM. Pierre Benoit, Tristan Bernard,
Carco, Chanlaine, F. de Croisset,
Crommelynck, Dorgelès, Gide, Girau-
doux, Armand Godoy, Paul Haurigot,
Kessel, Montherlant, Paulhan, Simonne
Ratel, André Salmon, Paul Valéry,
qui sont signés de divers noms parmi
lesquels nous retrouvons ceux de Mme
G. Granger, Foujita, Pavil, Sacha Gui-
try, Beltran Masses, Vértès, Pascin,
etc. Il ne faut pas oublier, non plus,
que la comtesse de Noailles a fait le
portrait de M. René Benjamin. Mais
cette exposition est fort intéressante.
Nous'y reviendrons bientôt.
Entre qous
Pour les sociétés ('e musique
Le groupe de l'Art musical, qu'a
fondé et que préside à la Chambre
M. Gaston Gérard, ne reste pas inac-
tif. Réuni ces jours derniers, il a dé-
cidé de proposer à la Chambre la Sup-
pression de la taxe de luxe sur les ins-
truments de musique, ainsi que l' exoné-
ration des taxes et droits sur les concerts
populaires.
Il faut souhaiter que ces concerts
soient dégrevés, car ils servent non seu-
lement à la distraction, mais à l' éduca-
tion du peuple. Cependant cette mesure
serait peut-être moins importante et
moins urgente que la suppression de la
taxe de luxe sur les instruments.
Pour faire des concerts, il faut
d' abord, n' est-ce pas, avoir des musi-
ciens, et pour avoir des musiciens, il
faut des instruments. Or ceux-ci sont
devenus très chers, et leur prix élevé
est un obstacle très sérieux à la forma-
tion et au maintien des sociétés musi-
cales.
Dans cette question, c' est surtout aux
campagnes qu'il faut penser. Par des
subventions dss municipalités et des
membres honoraires, les' sociétés musi-
cales des villes peuvent encore se tirer
d'affaire. Dans les campagnes, les sub-
ventions n'existent pas, ou rarement, et
en tout cas elles ne sont pas élevées,
et les membres honoraires sont peu nom-
breux. Qui ne comprend pourtant l'uti-
lité de ces sociétés, qui représentent Un
des meilleurs moyens de maintenir les
jeunes gens dans leur village?
Or, c'est tout un problème que de
procurer des instruments aux musiciens
de bonne volonté, qui passent des soi-
rées à faire du solfège ou à répéter des
morceaux, lorsqu' ils savent qu'il ne
leur en faudra pas moins se lever de
grand matin pour les travaux de la cam-
pagne. -
J en parle par expérience. car j al
l'honneur d'être le président d'une fan-
fare de village : c'est même le seul
titre que j'aie pour être le collaborateur
de Comœdia. Elle ne fait pas concur-
rence à la musique de la Garde, ma
fanfare, mais enfin elle joue, comme
elle sait, et, pour les grandes fêtes, le
village est content d'entendre sa musi-
que sur la place, et les musiciens, qui
ont une belle casquette, sont heureux de
parader devant leurs compatriotes.
Mais, encore une fois. il faut pouvoir
leur donner des instruments!
Il y aurait même peut-être à orga-
niser à cet effet un service national de
prêts. Il faudra que je demande à
M. Gaston Gérard de vouloir bien y
songer.
Jules VÉRAN.
Les catafalques par - Henri de Groux 1
Voici une composition récente du célèbre peintre, auteur du Christ aux outrages qui vient de. s'éteindre à
Marseille (lire notre article de la troisième page). Ce dessin fait partie des collections du musée de la Guerre.
CAUSERIE MEDICALE
L'indiscipline morbide
Nous avons appris récemment que M. B., jeune
agrégé de physique, incorporé comme élève-officier,
avait fait la grève de la faim pour protester contre
l'obligation même du service militaire. Un médecin
a été justement chargé de l'examiner au point de
vue mental, et il a conclu à sa réforme, devant l'im-
possibilité où se trouvait cet universitaire de s'adap-
ter à la vie de régiment.
M. Clément Vautel a consacré un film spirituel à
cette « nouveauté » qu'est, dans les cas de réforme,
l' « objection de conscience ».
« Nouveauté » très vieille et qui paraît fort banale
aux experts spécialisés.
Dans la médecine légale militaire, la partie psy-
chiatrique, déjà quelques années avant la tourmente,
avait pris une importance de plus en plus grande.
On s'étonnait de là sévérité inintelligente des con-
seils de guerre; on s£ choquait de la fréquence des
aliénés méconnus, frappés comme coupables.
La notion de l'indiscipline morbide prit corps.
Elle évita le. peloton d'exécution, aux Armées, à
bien des délinquants que les psychiatres firent consi-
dérer, non comme des révoltés ou des lâches, mais
comme des malades; mieux, des « blessés » du sys-
tème nerveux.
Aide-major d'un régiment d'infanterie, j'avais si
bien, sur mes camarades les plus modestes et sur
moi, noté les effets des fatigues et des émotions —
sans parler des commotions et des blessures qui en-
traînaient souvent des troubles mentaux graves, —
j'avais si nettement constaté les variations de notre
potentiel nerveux et de notre capacité de courage,
j'en avais si souvent causé à la popote du bataillon,
que le Commissaire du Gouvernement de ma Division
fut un des premiers à solliciter le plus fréquemment
possible., l'examen mental des poi-lus défaillants.
Presque toujours je concluais à l'indulgence. Une
tare ancienne ou des causes morbides récentes expli-
quaient l'acte incriminé; et ceci, en même temps
qu'une excuse pour l'inculpé, était un honneur pour
le « Français moyen », héroïque par tradition, non
qu'il se grisât de mots mais parce qu'il acceptait une
nécessité. L'avocat le plus couru, M6 Torrès, alors
sergent au 2206 R. I-, gagnait si facilement ses cau-
ses, que le général, un jour, m'appela, s'étonnant.
J'expliquai, j'insistai. et je continuai. Devant
une conviction, mon caractère fut toujours peu mal-
léable. Un jour cependant, je conclus le soldat
X. n'a d'autre stigmate mental que son immora-
lité ». Torrès, têtu - a-t-il changé depuis? - demanda
une contre-expertise.. Nous sommes restés les meil-
leurs camarades par la suite, et je fus chargé —
','en souvient-il? - de lui faire porter la médaille
militaire, avec mission de faire hâte, car il était.
in extremis. L'homme est aussi solide que sa voix.
N'opérant pas dans les centres de neuro-psychia-
trie, continuant à observer de très près,, dans leurs
tranchées, les aristocrates du risque, je fus ainsi a
même — en dehors de l'aliénation mentale confirmée
qui imposait l'évacuation immédiate — d'établir
tous les petits signes de la peur; morbide acquise,
dont, au cours de permissions, je fis rapport, d'abord
à la Société Médico-Psychologique, ensuite à la So-
ciété de Médecine régale. On éleva, ici, l'objection
qui est naturellement venue sous la plume du jour-
naliste-à propos de l'agrégé B. ,
- a Mais vous allez favoriser les désertions des
lâches. y
- ( Non, répondit-je, le diagnostic de la lâcheté
et de la peur morbide se fait facilement entre cama-
rades de section. C'est un diagnostic de caporal. »
J'en appelle à mes amis de l'A. E. C. et à leur
président Roland Dorgelès.
On a parfaitement établi dans les « fugues » et
dans certains.« refus d'obéissance », la part des bles-
sures, des chocs commotionnels et émotionnels, des
fatigues et même des appoints extérieurs sur des 1
organismes en état de réceptivité. Le « cafard » ga-
gnait beaucoup plus à être soigné, surtout préven-
tivement, comme le fit si bien ce parfait thérapeute
que fut le maréchal Pétain, qu'à être pénalisé. Un
cbs titres de gloire de la psychiatrie française, qui
fut toujours à la tête de sa spécialité,. sera d'avoir
utilement collaboré à la culture de l'énergétique guer-
rière. L'indulgence est le fruit le plus précieux de
la compréhension. Qu'eût-on gagné à laisser un
< idéalisme passionné » mourir de faim par entête-
ment morbide ? De tels exemples ne sont nocifs que
pour les sujets atteints du même mal. On n'attrape
ici que ce qu'on a. M. B. est peut-être un physicien
émment, et son intelligence, par ailleurs, infiniment
plus vive que la mienne. Je ne lui donnerais cer-
tainement pas ma fille, en mariage.
Et je profite de l'occasion pour rappeler que notre
seul critérium de la folie est l'impossibilité d'adap-
tation. Il n'est pas fameux. Je n'ai pas mieux à
vous offrir
Les effets nocifs de la guerre sur le système ner-
veux eurent leur répercussion sur la discipline des
dernières classes, qui demeuraient mobilisées en 1919.
Encore sous le costume militaire, j'eus à examiner,
cette année-là, un des principaux meneurs de la « ré-
volte » d'un régiment d'artillerie de ma ville. Son
cas était d'une gravité exceptionnelle. Il avait excité,
dirigé ses camarades et frappé un officier. Magnifi-
que soldat, il avait gagné une citation admirable. Je
trouvai des signes de fatigue cérébrale, l'influence
indiscutable du paludisme sur son émotivité. Au
cours de ma déposition, je sentais - peut-être ;.
tort — si bien que mes arguments ne portaient pas
sur un jury qui n'avait peut-être pas comme je l'au-
rais désiré l'habitude de; la bataille, je craignais
tellement qu'on voulût « faire un exemple », que.
mes conclusions exprimées, rapidement, avant que
quiconque eût le temps de souffler, je m'avançai vers
l'accusé et lui serrai la main. Quel raffût ! j'étais
« arrêtable ». Le Commissaire du Gouvernement.
très a énergique », m'agonit pour mes quatre ficel-
les. Et le poilu s'en tira convenablement. Mon Dieu!
ce que fis n'était pas Ci réglementaire n. Je n'en rou-
gis pas. et peut-être! que, si c'était à recommen-
cer
Actuellement, l'indiscipline morbide est connue
dans toutes ses manifestations. Une série de recher-
ches et de circulaires ont abouti à un état de choses
qui les limite de plus en plus. Le professeur Régis
par ses travaux personnels, par les nombreuses thè-
ses qu'il inspira, par les-discussions qu'il sollicita.
fut un incomparable animateur. Le livre du médecin-
major Haury, sur les Anormaux et les malades men-
taux au régiment; quoique paru en 1913, résume con
venablement la question: On connaît les « actes de
mauvaise volonté » et leurs associations, l'entête-
ment du débile mental, les « répondeurs »,' le négati-
visme de tel candidat à l'aliénation, le refus sans
motif du mélancolique, du persécuté, du maniaque,
l'objection de conscience de l'idéaliste, etc. On dia-
gnostique la cause des violences. On éduque les
chefs.
On fait correctement le dépistage préventif : au
Conseil de revision et surtout à la visite dxincorpo-
ration. On se sert de. tests commodes :à manier, sui-
vant que l'homme porte : a), une étiquette sociale
(condamné, illettré, assisté) b) une étiquette mili-
taire (bon absent, engagé volontaire, insoumis);
c) une étiquette physique (malformations, stigmates,
asymétrie, etc.).
Ici encore l'action sociale de la médecine, si en-
cline à l'indulgence, est salutaire.
1 N'est-ce pas que c'est un joli métier!
Docteur Paul Voivenel.
LES DOUZIEMES A LA COMEDIE-FRANÇAISE
Après le» augmentations statutaires
de fin d année, voici pour l'année 1930
le tableau des douzièmes à la Comédie-
Française:
Les sociétaires à part entière, c'est-
à-dire avant 12 douzièmes sont : MM.
Albert Lambert, André Brtfnot, Léon
Bernard, Alexandre, Denis d'Inès et
Desjardins; Mmes Cécile Sorel, Ma-
rie-Thérèse Piérat, Berthe Cerny, Ma-
deleine Roch et Berthe Bovv.
Puis viennent MM. Siblot (9), Des.
sonnes (8), Croué (8 t/2), Georges Le
Roy (6 1/2), Charles Granval (8), Ro-
ger, Monteaux (6 1/2), Jean Hervé (6).
Jacques Guilhène (4), Yonnel (4).
Mmes Delvair (7), Devoyod (S 1/2)
Emiliemie Dux (7) Dussane (6 1/2)
Marie Ventura (9 1/2), Gabrielle R07
bînjie (6), Colonna-Romano (5 1/2)
Madeleine Renaud (5), Marie Bell (5),
Mary Marquet (5), Andrée de Chauve
ron (4) et Brettv (4), Soit 26? domiè.
mes et demi.
Avant, l'action
Le Cartel des Quatre
donne son adhésion
pour la grève du Spectacle
Le mouvement en faveur de la fer-
meture générale des Xhéâtres, si les
taxes abusives dont le spectacle meurt
ae sont pas l'objet d'une revision, s'af-
firme chaque jour.
Nous laissions prévoir, hier, l'adhé-
;ion du Cartel des Quatre (MM. Baty,
Dullin, Pitoeff, Jouvet). * Cette adhé-
sion est désormais acquise.
Nos scènes d'avant-garde entrent
Jans le jeu et voici complète l'una-
ciimité des scènes de Paris.
Nos lecteurs se souviendront que,
dès le début de cette campagne, l'As-
sociation de la Critique dramatique et
musicale fit connaître à M. Max Mau-
rey ses sentiments. Rappelons cette
lettre qui était signée de M. Paul Gi-
nisty, président de l'Association, et de
MM. A. Boschot et Edmond Sée, vice-
présidents :
w Les intérêts supérieurs du théâtre
se trouvant liés à la question des taxes,
VAssociation de la Critique dramatique
et musicale appouve l'attitude éner-
gique de l'Association des Directeurs
et décide de lui Prêter son appui dans
ses protestations contre lg régimo, fis-
cal auquel est soumis le spectacle. »
M. Max Maurey a répondu en ces
fermes :
« L'adhésion publique de votre As-
sociation à notre cause nous est le plus
précieux des encouragements, elle dé-
montre à tous que la crise actuelle du
Spectacle n'atteint pas seulement le
théâtre dans ses intérêts matériels,
mais encore qu'elle met en piril cette
pensée française dont vous êtes par-
mi les plus vigilaNts défenseurs.
« Avec tous nos remerciements,
zgréez" mes chers présidents, au nom
le l'Association des Directeurs de
Théâtres de Paris, l'assurance de nos
sentiments les plus cordialement dé-
voués. »
D'autres témoignages de cette una-
limité parfaite du spectacle devant les
Pouvoirs publics viendront s'ajouter à
ous ceux que nous avons déjà pu-
bliés, mais ils n'auront plus la même
mporjance. Seuls les directeurs de
province ont leur mot à dire. Or, ils
)nt déjà fait connaître leur idées.
Dans toutes les provinceb on se dis-
Dose à' suivre les directeurs de Paris.
Il faut attendre leur adhésion offi-
:ielle et les pourparlers qui seront en-
gagés avec les Pouvoirs publics.
LES TOURNEES
S'ARRETERAIENT
Réunis sous la présidence de M.
ioul Audier, codirecteur des tour-
nées Ch. Baret et directeur de la Poti-
tlière, les membres de -l'Association
syndicale des Directeurs de tournées
théâtrales viennent de voter l'ordre du
jour suivant:
La Chambre syndicale des Directeurs
de tournées théâtrales de France re-
grette que depuis le Congrès de Nice
les démarches faites (en ce qui con-
cerne une amélioration des taxes qui
tuent le Théâtre), tant auprès du Par-
lement que du gouvernement, par la
Fédération parisienne et par celle de
province soient restées sans effet:
s'émeut de voir nos élus considérer le
spectacle comme un amusement de
foire; s"étonne que les dégrèvements
votés par la majorité de la Commission
des Finances dans l'a réunion du jeudi
-
26 décembre n'aient pas été maintenus
le lendemain matin, à quinze heures
d'intervalle, par les mêmes parlemen-
taires: renouvelle toutefois sa confiance
au président de sa Fcdéràtion. M. Mau-
ret-Ldtage; se déclare prête à la fer-
meture de toutes ses salles de specta-
cles, ainsi qu'à l'arrêt de ses tournées,
mais limite cet engagement au l'r
avril 1930, entendant, si satisfaction
n'a pas été donnéè à cette date extre-
me aux légitimes réclamations des en-
trepreneurs de spectacles, recouv, er
soez.etière liberté d'action pour prendre
telle détermination qui lui conviendra.
On remarquera cette date limitative
du i'1' avril. Ceux des « tourneurs » à
qui nous avons pu demander sa signi-
fication nous ont répondu que si Ifs
théâtres de Paris ne fermaient pas, le*
tourneurs agiraient seuls.
Comment ?
Par un arrêt général des tournées.
A r n:ttut de Miisiqitorisnîale de Paris
Une députation de l'Institut de la
Musique Orientale du Caire que pré
side Moustapha pacha Reda a été 1 e-
çuc dernièrement p-t S. M. le Roi.
Âloustcpha bey Reda a exprimé au Roi
toute la reconnaissance de l'Institut
pour la sollicitude qu'il n'a cessé, de
témoigner à la musique orientale.
Le souverain, mélomane averti c:,
éclairé, a remercié et a proposé de fon-
der près de l'Institut une école de
musique qui fût plus adéquate.
Sous les auspices du souverain, un
congrès de musique orientale sera orga-
nisé au Caire en 1931.
te Bai des cc Petits lits Blancs »
C'est le mardi 4 février qu'aura lieu,
à l'Opéra, le Bal des Petits Lits
Blancs.
La plus belle nuit de toute l'année
à Paris. La joie et la bonne humeui
dans l'élégance et la lumière pour la
charité et la bienfaisance.
Ile dîner qui précédera le bal réu-
nira toutes les notoriétés. A la tomber
sont inscrits un collier de perles de
50.000 fr,, -un crédit de 30.000 fr. à
utiliser au gré du gagnant, quatre voi-
tures Donnet, 7 ÇV. conduite inté
rieure, soixante robes offertes par les
grandes maisons de couture parisienne;
700.000 francs de cadeaux seront dis-
tribués au cours du bal et sur le Pont
d'Argent les vedettes les plus célèbres,
les plus aimées, dans un programma
sans pareil.
5.000 billets seulement sont émis
pour le bal. On les trouve dès à pré
sent à 200 francs, à l'Opéra, à Lin
transigeant, dans toutes les neenccs et
les grands hôtels.
A I"Opéra-Comique
"Le Roi d'Yveïot'
«
Opéra-comique en 4 actes
de MM. Jean Limozin
et André de la Tourrasse
Musique de M. Jacques Ibert
- La création du Roi d'Yvetot aûra
eu lieu le même jour que la reprise
des Huguenots. Coïncidence amu-
sante : il est impossible de trouver
deux ouvrages-qui s'opposent davan-
tage par la conception dramatique, par
l'esthétique musicale et par les
moyens d'expression.
Il y avait, dans le. sujet qu'ont
choisi MM. Jean Limozin et André
de la Tourrasse, un postulat qui eût
pu faire un excellent libretto; je crois
que les deux collaborateurs-l'entrevi-
rent au début. Le Roi d'Yvetot. ce
pouvait être la satire de la politique
ae clocher; on eût alors compris qué
l'action se déroulât, ainsi que les
auteurs l'ont écrit, à une époque in-
déterminée, entre l'invention de la
poudre à canon et nos jours, puisqu'en
France cette étroitesse de l'esprit po-
pulaire exista de tous temps; l'im-
portance donnée aux deux cabaretiers
S£-fût de j^ême justifiée si le6-4iffé-
rents tableaux nous eussent montré
què leurs opinions évoluaient » selon
leurs intérêts et que les mastroquets,
responsables de tant de votes, son-
gent bien moins au salut de leur pays
qu'au profit immédiat qu'ils tirent-de
ces aventures.
Soit timidité, soit défaut de logi-
que, les librettistes n'ont fait que sug-
gérer ce thème et, l'abandonnant dès
Mlle EMMA LUART
de l'Opérft'Caraique
le deuxième acte, ils ne nous ont plus
piésenté qu'une aventure banale, qui
tombe parfois dans la farce, une idylle
longuette au cours de laquelle nous
ne nous intéressons vraiment à au..
cun personnage, car tous sont des
fantoches, enfin un dénouement hà-
tif et factice, qui n'explique pas la
brusque fin de cette rivalité entre les
deux cabaretiers ni le soudain revire-
ment d'une partit de la populace.
Jeanneton aime en secret le bon
roi d'Yvetot; celui-ci a de graves sou-
cis : les gens de Rocanville envahis-
sent chaque jour certain pré de Belle-
rive, sis sur le territoire d'Yvetot, et
ils en gaulent les pommes. Le Roi,
les ayant voulu pourchasser, fut pris
par eux, rossé, puis contraint de si-
gner un traité Icüft concédant cè lopin
de terre.
Le pré de Bellerive ne mérite pas
que deux chats s'entregrirfent pour
lui; d'ailleurs avec quoi les Yveto-
tais feraient ils ia guerre? H s n'ortt
ni armée, ni munitions, ni argent. Le
Roi, 'naturellement débonnaire et pa-
cifique, en convient: mais le peuple,
excité par les rhéteurs de cabaret,
veut la guerre : il l'aura donc.
Battus, les Yvetotais s'en prennent
au Roi. Le cabaretier gras, qui fut
ie premier à crier : « Sauve qui
peut! » et pactisa peut-être avec, !e.::
Rocanvillais. accuse le rrrona/que de
tes avoir jpal commandés et traita.
I. réclame puis f btient sa déchéance.
Le cabaretier gras devenant repu-
biicain, le cabaretier maigre, son ri-
val, s'affirme moraichiste. Avec la
complicité de Jeanneton, il s'efforce
de faire rentrer le Roi dans son psvs,
où chacun le regrette bientôt, où l'ar-
bre Ade la liberté a tôt fait, planic
symbolique, de s'étioler et de-mou
r~
Le Roi revient en secret, pendant
la nuit. Surpris; il se cache dans une
futaille, pendant que les'deux partis
s'affrontent à woups de raves et de
carottes. Un potiron lancé confre ia
barrique en fait éclater les douves et
le Roi paraît. Le peuple l'acclame ;
les deux cahareîi?rs s'embrassent ;
hanneton deviendra - Reine d'Yvetot.
Quelle impression le publie
éprouvera-t-il en écoutant la parti-
tion de M. Jacques Ibert ? Je l'ima-
gine ainsi
Du temps que j'étais lycéen, nos
classes de lettres étaient occupées,
le soir, par les candidats à Saint-
Cyr. à Polytechnique ou à Centrale.
le lendemain matin, nous trouvions
le grand tableau noir couvert 'de fi-
gures géométriques, accompagnées
d? démonstrations où les intégrales,
l'es cosinus, les asymptotes et les
hyperboles alternaient, résolues en
de savantes équations. Nous regar-
dions ces figures et ce bel assem-
blage de lettres romaines ou grec
ques qui, pour nous, n'avaient point
de sens. Nous nous disions, saisis
de respect : « C'est rudement ca-
lé ! ». puis, j'.avance rebutés par
ce casîî tête algébrique, laissant à
Quelques initiés ce mystérieux plai-
sir, nous nous plongions avec délices
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