Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-03-31
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 31 mars 1934 31 mars 1934
Description : 1934/03/31 (A28,N7721)-1934/04/02 (A28,N7723). 1934/03/31 (A28,N7721)-1934/04/02 (A28,N7723).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7647942k
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
546-150, Avenue des Champs-Elysées
Téléphone: Elyséea 88-81 à 88
lia nuit: Passy 00>80
JEAN- DE ROVERA
Ditecteuz
1 ample comédie à cent actes divers
Et-doDt' lascèn.. est 1-univerq.
(LÀ FONTAINE^
Paris, Seine, Seine-et-Oise: 0.25
2Se iSIÉE - SAMEDI 31 MARS, DIMANCHE 1er el LUNDI 2 AVRIL 1934 - r 7.721, 7.722, 7.723
Départements et étranger : 0 fr. 30
Ses jaits du Jour
.+-
* A Dijon, on recherche les,
traces du passage Jans. cette ville
des trois « gangsters », le baron de
Lussatz, Venture et Spirito. Rien ne
semblait, hier, à minuit, donner quel-
ques nouvelles précisions. On affir-
mait cependant que l'enquête de
l'inspecteur Bonny allait conduire
aux arrestations de Jeux individus
que l'on croii sur la Côte d'Azur.
* Une convention commerciale a
été heureusement conclue entre la
Suisse et la France.
* M. Hitler a déclaré a une
agence de presse américaine, qu'une
armée de 300.000 hommes était né-
cessaire à la sûreté du Reich, qu'il
était personnellement partisan du
désarmement, mais qu'il craignait
qu'on ne lui déclarât une guerre
préventive.
★ On aurait découvert aux Etats-
Unis des formations armées d'Amé-
ricains d'origine allemande.
* Hier matin, à Aulcuil, une
métisse indochinoise tue son mari,
René Lallcmand, 31 ans, lieutenant
d'artillerie, puis tente de se suicider.
Sa figure du Jour
M. WASHBURG-CHILD
ent de désigner pour être son envoyé
çpécïal ( n Europe pour Vexamen de tous les problèmes économi-
ques internationaux. Il visitera successivement l Angleterre, la
France, VItalie et l'Allemagne.
PIETA PAR LEON DRIVIER
Cet admirable groupe qui témoigne d':'ne façon tout à fait personnelle de
la renaissance de l'art religieux contemporain figurera à l'Exposition do
Ja Passion du Christ dans l'Art français qui s'ouvrira le 27 avril pro-
chain au Musée de Sculpture comparée du Trocadéro selon le vœu de
Comœdia,et qui sera le principal événement artistique de Vannée.
LA FAMILLE DE DEMAIN?
La femme ne sera-t-elle plus tenue
de suivre son mari ?
par Blanche VOGT.
,.,
i e
qui occupe iiin 'certain rang social,
ice: commentaire d'iun récent arrêt
jde la Cour d'appel! de Lyon:
Le 22 novembre 1933, ta Cour
rappel de Lyon décidait' qu'un
père de famille q'uL ,availt b, -,
îrement transféré de domicile con-
jugal de Paris à Lyon, où il avait
obtenu un engagement avanta-
Igeux d'iuigénieur. d:ans -utne-giriande■
usine d'a e ,avaÎ'L commis
là l'égard de -sa femme tune injure
grave, en1 lui enjoignant de le- sui-
IVre à Lyo.n avec, ses deux enfants,
au nouveau dbmiicilei. ;
Pour ce rde;
Lyon a prononcé le divorce- au
profit de la femme et rejeté la de-
mande principale du mari, en con-.
idamnant re.ni-ci au • paiement
ld!'une pen?ion .alimentaire et à
tous les dépens.
Quand nous eûmes lu cet extrait
jde jugement, nous nous somimes
(demandé lîdut d'abord (avec le
tm a ri' qui ne doit faire qu'un avec
notre corre^pondan!). 'noUiS nous
•sommes demandé si cet arrêt, qui
est Ic'o.nÜnmat:j!f d'un jugement de
première instance, marquait'" le
ipréluide d'une jurisprudence, nou-
yeilfle destinée a préparer fouit sim-
plement la suppression de farti-
cle 214 diu Code civil français et
napoléonien:
4 La femme est tenue de suivre
son mari partout » •'
MÚs, tout id^abordj nous avons
pensé qu'une fraction de jugement
ne suffisait pas pour nous éclairer
sur les raisons 'Profondes qui ont1
motivé l'arrêt des juges. Et nous
lavons bravement téléphoné au
mari - plaignant, au mari - con-
damné. Nous nous somïmes ingé-
¡flJÍ,Ié!e à Lui poserquelques indiscrè-.
tes quesitio-s:
'MoiiS' r, dites-nous si. ce
n'était "pas -uniquement pour ,en-
'-il'uyer Madame que vous êtes parU
pour Lyon ?
- !Non, c'était pour répondre à
une;, offre ■ heureuse de situation.
,. — Madame n'a-t-etle pas sup-
posé que vous vous rendiez à Lyon
pour
Naturellement, nous avions .fou-
..chié jaisite. Madame a refuse, de sui-
vre son mari après iliui avoir fait
tenir la lettre suivante que Mon-
sieur inouïs récite par coeur (si l'on
peut dire):
sMti{n cher Pierre, je ne te rejoin-
drai pas à Lyon parce que je suis
que depuis tin mois ht y vis avec
cette maudite f emme. Tu l'as gardée
auprès de toi jusqu'au dernier jour
et tu ne l'as réexpédiée à Paris que
rparce que tu craignais un scan-
dale.
Nous prenons notre voix pour
condoléances distinguée s :
—' Monsieur,^ il fallait donc vous
aftenidire 'à. etc., etc. -.,-
Blanche Vocr.
• (L'ire, la suite en 41 page.)
ENTRE NOUS
ta mode des croisières
- Où aNez..vous passer ces Vacances
de Pâques ?
- — Je Vais faire une croisière.
Voilà une conversation qu'on a beau-
coup entendu tous ces jours-ci.
Les croisières, en effet, sont devenues
à la mode. On Va plus ou moins loin,
on reste en mer plus au moins longtemps,
pais tout le monde veut faire sa croisière.
Jusqu'ici, la croisière était le luxe, le
grand luxe, d'un particulier, soit qu'il pos-
sédât son yacht, sait qu'il s'embarquât sur
quelque bateau. Aujourd'hui, les Compa-
gnies de navigation ont vulgarisé les croi-
sières. Elles en organisent toutes, dans
fous les sens, pour tous pays, et de durées
diverses. Les prix ne sont pas exagérés.
J'ai eu l'occasion, iout récemment, au
Havre, de visiter des paquebots de la Com-
pagnie Transatlantique accessibles, peut-
on dire, aux bourses moyennes. J'ai été
réellement stupéfait des prix qui vous per-
mettaient de voir du pays en jouissant
d'un confort qui ne laisse rien à désirer.
Un fait qui montre bien la vogue des
croisières, c'est qu'il en est qui sont orga- j
pisées par des sodé/tés diverses, lesquel-
les arrivent, en faisant appel à leurs adhé-
rents,. à pouvoir fréter un paquebot pour
elles seules.
On comprend facilement ce goût qui
se répand pour les croisières. Il n'est pas
de plus belle distraction ni de plus grand
repos. C'est là vraiment qiî « on se 'laisse
vivre », car on y est débarrassé de tout
souci. Et peut-être pourrqit-on expliquer
précisément cet engouement nouveau par le
désir d'échapper pendant quelque temps
aux embarras, aux ennuis, aux fatigues
multipliées de la vie, telle qu'elle nous est
faite actuellement, et par le besoin encore
de sortir de la pénible atmosphère créée
par les luttes politiques, l'agitation de la
rue, les scandales, enfin, par la soif qu'on
a de l'air pur et des larges horizons. La
croisière, c'est la fuite vers la lumière, vers
la paix. La course aux mirages peut-être,
mais la course est si belle!
Jules VÉRAN.
« COMŒDIA »
rappelle à ses fidèles lecteurs
qu'en vertu d'un usage depuis
longtemps établi, il ne paraîtra :
ni le dimanche 1" ni le lundi
2 avril.
TREVES DE PAQUES
NOTRE KALEIDOSCOPE
ne nous offre
que tristes visages
mais aussi le sourire
de Mme Rosange
Après le suicide, le crime crapuleux !
Malgré l'insistance avec laquelle on
a, tenté d'accréditer la première thèse,
le bon public n'a pas marché ! Il a donc
fallu songer à autre chose.
On essaye du crime crapuleux. A un
de nos confrères qui lui demandait dans
quel but avaient agi les trois individus
appréhendés jeudi matin, M. Monda-
nel a fait cette réponse:
— Je présume qu'ils auraient fait cela
pour se procurer de l'argent !
C'est admirable ! Je présume. Il faut
bien, n'est-ce pas, chercher à étayer
une hypothèse, si absurde qu'elle appa-
raisse. Déjà, néanmoins, on se montre
moins affirnwtij. On nous dit mainte-
nant que Venture, de Lussats et Spirito
ne seraient pas les auteurs de l'atten-
tat, mais qu'ils l'auraient préparé. Et
l'on annonce de nouvelles arrestations !
Le comble du ridicule, c'est que cer-
tains confrères, qui n'étaient pas les
derniers à planter lesurs banderilles
dans le dos de Bonny, s'apprètent au-
jourd'hui à lui tresser des couronnes 1
Le Palais ne ressentait pas, hier, cette
agitation. Ses galeries étaient désertes,
à l'exception de quelques touristes venus
admirer notre Sainte Chapelle.
Une apparition printanière surgissait
pourtant, dans ICi matinée, dans les cou-
loirs de l'instruction. Le canotier sur
l'oreille, enveloppée de léopard, Mme
Rosange souriait aux photographes.
— Je suis ravie de cette publicité,
Mous confiait-elle en quittant le cabi-
net de M. Delgay. Maintenant je suis
hors de cause.
— Qu'avez-vous raconté ag magis-
trat ?
Cest Me Guy Cupfer, qui l'accompa-
gne, qui nous répond:
— Sur commission rogatoire de M.
Hude, M. Delgay devait examiner les
livres de ma cliente; Mme Rosange a
facilement démontré qu'elle n'était
com-manditée par personne, son chif-
fre d'affaires suffirait à le prouver.
— On m'a demandé aussi d'où je te-
nais mes bijoux. Mais tous mes amis
peuvent témoigner que je porte les mê-
mes depuis plus de dix ans. Ils - sont
d'ailleurs assurés depuis, six ans par
une compagnie anglaise.
— Vous avez connu. Staviski et ses
amies.
— J'étais surtout l'habilleuse de ces
dames: Mmes Hayotte, Staviski, Bon-
naure, del Gado se fournissaient chez
moi, Ma soeur les coiffait.
— Comment les connaissiez-vous ?
— Je les avais rencontrées à Saint-
Jean-de-Luz. Par elles, j'ai été amenée
à habiller l'opérette Katin&a.
— Et maintenant ?
— Maintenant, je suis familiarisée
dans ces couloirs. Et puis, je vous le
répète, je suis hors de cauçe. Mais au
début, ce fut un sale coup porté à ma
maison ! Sans compter l'argent que j'ai
perdu avec ces clientes dépossédées au-
jourd'hui.
Henry HUGAULT.
(Lire la suite en deuxième page.)
Mort du financier Otto Kahn
On vient d'annoncer la mort subite
du grand financier Otto Kahn, qui a
succombé, à l'âge de 67 ans. à une
embolie soudaine. Bien qu'il fût lui-
-rnème le fils d'un banquier, il ne
semblait point dans sa jeunesse
orienté vers l'étude des questions
financières. Les arts et plus parti-
culièrement la poésie et la musique
requéraient toutes ses préférences.'
Après de longs voyages d'étude en
Europe, à travers l'Allemagne, la
France et l'Angleterre, il revint ce-
pendant aux Etats-Unis pour y oc-
cuper un poste dans 'la banque pa-
ternelle. Mais les préférences de son
esprit et de son cœur étaient dès
cette époque nettement orientées
vers la France. Quand surgit la
grande guerre, il fut des premiers à
aider de toutes ses forces l'entrée de
i l'Amérique du Nord dans la lutte
M. Otto H. Kahn
libératrice. On sait assez combien'
son action nous fut précieuse et
comment plus tard, Otto Kahn, in-
tervenant dans la question des det-
tes, préconisa ouvertement un plan
financier qui réservait Les plus
grandes faveurs aux débiteurs fran-
çais.
Toute sa vie, Otto Kahn demeura
un fervent adepte des arts et des
œuvres d'art. Il s'intéressa beau-
coup au Metropolitan Opéra de New-
York, dont il fut un des plus géné-
reux donateurs. Il resta dix ans l'ani-
mateur de la Société Philharmoni-
que et Symphonique de New-York,
car il était amateur passionné de mu-
sique. Il l'était aussi de peinture et
l'estimation de sa galerie serait dif-
ficile à faire. On y cite des chefs-
d'œuvre de Botticelli, de Rowney, de
Rembrandt et,-parmi les contempo-
rains, de Matisse.
LA MAIl^pSSE.
Françoise Bosay dans La Bête noire.
où elle vient de reprendre, au Théà -
ire des Ambassadeurs, le rôle créé
jxrr Mme S ],inelly.
(Photo G.- T.J Manuel frères.)
ECIHOS
D'Annunzio et F « arzente ».
u
ne fabrique de cognac de
Parme, suivant 'le conseil
donne par Uabrie:é dAnnunzio,
avait, par patriotisme, substitué au
nom de cognac celui ci'« arzente »,
jadis donné en Italie à l'esprit de
vin. Quelque temps après, une firme
de Turin adoptait, elle aussi, la
suggestion du poète. L'industriel de
Parme intenta à son concurrent un
procès pour « contrefaçon de mar-
que de fabrique ». Le tribunal vient
de le débouter de sa demande, en ar-
guant que 'le vocable « arzente »
était une propriété collective et
qu'il était d'usage courant dans. les
temps anciens pour désigner un
« produit italianissime ».
La Charente française n'aurait-
eIiIe pas aussi son mot à dire à pro-
pos de ce cognac ?
Décorations tardiveà, I
0
n se rappelé le cas, car, si l'on
peut ainsi dire, du grand his-
torien de la Gorce, de l'Académie
française, dont on apprenait, en
janvier dernier, la nomination au
grade d'officier de la Légion d'hon-
neur au titre du ministère de l'Edu-
cation nationale, en même temps que
parvenait la nouvelle de sa mort.
Le ministère de l'Education na-
tionale n'a guère de chance avec ses
promotions puisque, hier, en même
temps que nous pouvions lire l'éléva-
tion au grade de commandeur de la
Légion d'honneur de Joseph Loth,
de 'l'Institut, nous apprenions, d'au-
tre part, que 'la santé de l'illustre
celtisant, âgé de 87 ans, donnait les
plue graves inquiétudes.
C'est Blondel.
A
propos des restaurations, exé-
cutées à la Porte Saint-
Denis, on remarquait dernièrement
que se nom de l'architecte de ce mo-
nument était inconnu des, Parisiens.
M. Paul Piél, le nouvel élu. du quar-
tier de la Porte-Saint-Deniis, s'est
inquiété de la cho:se et a découvert
que le nom de l'architecte était Blon-
dél.
C'est même pourquoi on donna son
nom à une rue voisine.
Malheureusement, cette rue Blon-
del n'est pas très bien famée (à
moins que l'on orthographie diffé-
remment cet adjectif).
M. Paul Piel, nous dit Le Chari-
vari, trouve que François Blonde 1
mérite mieux que cela et il propose,,
que son nom' figure sur une plaque,
apposée sur le monument même.
De quel dessinateur léger, ou
d'historiographe libertin donnera-t-
on alors le' nom à cette rue Biondel,
comme on le fit naguère pour la
rue Bréda, devenue rue Henri-Mon-
nier ?
Fausse alerte. 1
D
ans ce café des Boulevards, un
homme se tenait assis dans
un coin, son feutre rabaisse sur les
yeux, inspectant à droite et à gau-
che d'un air soupçonneux.
Il ne tarda pas à syndiquer la
curiosité des voisins et ceme du gar-
çon, qui avertit le gérant, lequel
alerta le patron, lequel prévint dou-
cement un agent en bourgeois qui
se trouvait là et qu'il connaissait.
L'agent s'inquiéta à son tour, vit
en ce personnage quelque comparse,
voire la dlef d'une des affaires en
cours et, profitant de ce que la table
à côté devenait libre, y commanda
un bock et entama la conversation
avec l'individu.
Alors, l'individu, tapant sur la
tabile, s'emporta.
- F.-moi donc la' paix ! Vous
aléznje la faire rater.
- Qui donc !
— Ma femme. Je sais qu'elle va
venir ici retrouver Léonce.
- Léonce ?
— Ben oui, mon copain, avec qui
elle me fait des traits.
Tout le café respira.
HORATIO.
(Lire la suite en troisième page.)
AUTOUR DE L'AFFAIRE
LE VRAI MILIEU
renie le taui « m!Heu »
des gangsters de l'Etoile
Une nuit avec des gars
qui apprécient à sa vàleur r
Jo-les-Gros-Bras
et ont leur opinion sur la police
par SERGE.
I! y. a que^ues , semaines, lors de
mon reportage sur Paris la nuit, - .je.
vous indiquais que le secteur le plus
dangereux de la' capitale était situé
entre Barbes >1 -Clichy. Les Ternes
et «l'Etoile, la Bastille et Montpar-
nasse ii pas. Il n'y a pour
ainsi dire aucun « mac » dans ce
coin. l's sont à peine six ou sept aux
Ternes à faire une 0-u jouer
au billard russe. E! encore ce sont
pour la plupart des « demi-sels n,
com.m:'' ils disent dans le milieu :
•chaûJTeurs ou garçons de café vivant
de la prostitution.
C'est pourquoi en quittant hier
soir mon rédacteur en chef je lui
annonça i :
Il - Je descends dans le milieu:.. Si
je ne suis pas demain au journal,
vous savez où me retrouver.
- Où ça? répondit-il avec un sou-
frire.
— A la Morgue.
— Parfait! A un de ces jours.
Je filai vers la gare Saint-Lazare
où je dînai dans un petit bistro de
la rue de ITs'ly, bourré de trafiquants
de femmes.
Ces messieurs ne se gênèrent nul-
lement pour discuter à haute voix de
leurs « affaires.».
- Alors? ça s'arrange. ton truc.
— Oui! ça gaze. j'ai un bon avo-
cat.
— Fais attention qu'il ne devienne
pas dingo -comme Raymond Hubert.
- Pas de danger.
Iout ce ,jo'i monde était. :a en la-
miMe à siroter du beaujoia.* et à
grignoter des châteaubrjand. L'un
d'eux, qui avait les cheveux blancs,
câiipail, puis embrassait à pleine
Louche une gamine de dix-sept ans
qu'il) appelait Mignonne. Je les sui-
vis du regard jusqu'au dessert. Pas
un mot sur .l'affaire Staviski et Cle.
Et pour cause. - - -
Les hommes du milieu s ont des
gens qui recherchent avant tout la
tranquillité et ne laissent à:.p ; es onne
le soin de -mettre le nez dans Heurs
affaires. Pas de danger qu'ilt .se
« mouillent » pour des êscrocs de
cet. acabit.
Ce qui les intéresse, c'est que les
femmes leur rapportent et qu'ils
puissent un jour être « bourrés »,
c'est-à-dire en avoir plein !les po-
ches; de quoi" aMer vivre * en père
peinard dans une viMa de ,1a vallée
de Chevreuse ou en péchant l'ablette
eL le gardon à Xogeirt - s u r-M.a r ne.
Je quittai le restaurant de la rue |
de- ilsly et les bourgeois du « mi- :
lieu » qui terminaient leur repas en
absorbant, du vieil armagnac.
Je retrouvai dans un bar de la
place Clichy mon « ami » Milord, un
ip -liu gars qui n'a pas froid aux yeux
,et, {luj venait de tirer quatre mois à
la Santé pour trafic de stupéfiants.
— Tu comprends, c'est arriva tout..
seul. J'ai éUé fait'et condamné à trois
mois avec sursis et cinq cents francs
d'amende. -Cinq cents balles d'amen-
de, ça va chercher -sept mille francs.
'Comme j'ai pas pu les payer, ils
m'ont filé quatre mois en tôle.
Milord jouait ave-c sa bague sur
laquelle était gravé un minuscule
blason.
— Tu vois. avec ce système- ils mé-
prennent tous pour un aristocrate.
- Tu étais ÜanquiJIe -là-bas?"
l l a is à ~la cui-
- Tu penses. J'étais à ')& cui-
isine. J'avais bien des ennuis avec
« l'aboyeur ». le capitaine de la cuis-
lance, mais à part céda tout allait
bien.
« J'ai rencontré 'là-bas Monsieur
Alexandre à Ja première division,
soixante-et-onzième cellule. C'est- of-
ficiel.
s *
(Lire la suite en deuxième page.)
« Parce que je t'aime )} au Théâtre Albert-I r
Capsive et Paul Camto
Pa1d CatU1>o. (Filoto Prauce Pileuse.)
): LE DIMANCHE DE PAQUES A PARIS
Sdon la tradition les œufs de Pâques 011t fait leur apparition chez tout
les confiseurs. Il en est en sucre ou en chocolat. En voici un remarquable
spécimen qui pourrait faire la joie de tout un pejisionnat.
(Photo France Presse.)
Fernand Neuray
directeur
de "La Nation Belge"
est mort
M. Fernand Neuray. directeur de
la Xation belge, -est- mort subitement
dans la nuit de jeudi à vendredi, à
bord d'un bateau sur lequel il faisait
une croisière à travers - 'la Méditerra-
née. -
Fernand Neuray, un des maîLres du
journalisme belge, à la fois poiemiste
redoutable et écrivain du plus solide
talent, avait su donner à la Nation
,belge un ton original, qui. tout en
le. maintenant sur Je plan de la.
grande information, en faisait, un or-
gane d'une doctrine vivante et auto-
ritaire.. aux tendances nationalistes.
Et tojit cela avec une habileté et/une
modération clairvoyantes. Celait l'a.
marque du latent de Neuray, journa-
liste. -
On sait combien il aimait la r ran-
C'C qu'il apprit à connaître pendant 5a
guerre. Il- fut de ceux.qui1, en Bel-
gique. soutinrent, toujours avec opi-
'llià.treté'e Li un 'désin-tétriessement exem-
plaires l'étroite solidarité d'intérêts
et de' sentiments qui unit la France
et, Ip, Belgique.. -
Né en 1874, à Etales, oans ies Aa-
deimes -belges, il était, commandeur
de l'Ordre de la Couronne et officier
de ia Légion d'honneur. -
AUJOURD'HUI
HUIT PAGES
AU THEATRE ALBERT-l"
«Parce que je l'aime»
pièce en quatre tableaux
de M. André de Chatellus
Mme Cassive, dans ce spectacle,
reparaît en scène
Ce :sjpecj-ae!e.. dit «peci'acCe Yves
Renaud, .fui ,donné au Théâtre
Àlbert_-I" devant- une salle combla
lEst-ce le môim, longtemps si (pres-
tigieux. de Mme. A r nia mie Casisive.
qui provoqua'celte aii'f.lu en-ce? Est-
ce celui de M. André de Ghateàllue,
auteur de Mon ami Philippe, pièce
curieuse, bien faite, et qui connut
un succès ';llliéirHè?' J '¡a'Ün e:' à penser
que celle nombreuse assistance te-
nartfà dire ,par sa ni e.
Castsive : ,« 'Si nous somme s si
nombreux, c'est parce.qu'on vous
'3JÍlill'e. t) • 7
Et Mme Cassive tint'à justifia ■
cette '«lyirâpatlï'ie'' en 'colorant la ,
moindre de ses répliques, en am-
ImiRùÆ le 'moindl'-e-de' ses gestes- dé- •
rte/DIe façon que l'on revit"5a Cassive -
des grands soirs,,avec -son iimhÊ-d •
'nasal,' son débit syncopé .si plai-
sant, ses mines, volontairement
(naïves, n'excluant pas. ici. }a j'l1f;1[e
émotion, et .'trouvant des cris siim- ;
ples et vrais de mère lorsqu'elle ]
icroit sûn.Ji!Jis coi^pable. Que ne re-
ivoyons-nous -pllus souvent Cia.-~iA-e, :
qui reste une grande comédienne
de métier? - • i
Son rôle ne ia sert pas beaucoup
ieit il apparaît ;que ■ c,!est (pjlus à son
inom qu'à son 'art que l'ont fut sou-
icieu'x de faire-appel. Aussi bien
cette pièce.- qui; a; isuibii la' conta-g-fou
de (lia dramaturgie policière ês^-elle x
ûoitante en'sa ligrie. et en son in-
triguie et est loin d'être de'la même
veine que Mon ami Phileppe..
Un Brave garçon • est follement 1
épris "d'une jeune fille, mais celle-
-ci aime ailleurs. Elle est l'amante
tfuin "lioimime marié à une femme
voia.ge. Au cours: d'une réunion où
l'on joue au bridge, le sac de cette
dernière .a. été pris; l'on s'est em-
paré des cllefis de ,s-a villa. Et dans
IceNe villa elie e-sit t-rou-vée morte- le
lendemain, tuée d'une baMe de re-
volver, Qui a tiré? Qui a ¡tué? IL
s'agit, selon la. règle de ce genre
- lies soupçons.
Est-ce le mari, désirant se venger
de sa. femme? Est-ce le père de la
jeune fille qui courtisait la jolie
personne, jaloux d'eille.? Bien en-
tendu, un détective inquiétant sur-
git au milieu des hypothèses. Dès
le troisième tabieilau on est d'ail-
leurs fixé; la jeune fille, faiof au"
jeune homme qui l'aime et. qu'un,
ami commun a averti de sa pré-
sence à la. villa du crime le jour
même.l'aveu.quec'est elle qui a tué.
Ene amie le tmad et voulut se ci é-
barrasser d'une rivage, pourtant,
assez peu gênante. Mais pourquoi
fait-eMc cet aveu au jeune homme
qui, l'aime, ouais qu'elle n'aime
pas? II songe, du reisr[,e, à 1a. livrer,
un de ses anciens domestiques ve-
nant'd'être arrêté comme îe meur-
trier présumé. Elle use alors des
sentiments qu'elle lui in-àpire, et
1 LI, ye jorsqu'è laâsaèr croire à sa.
Téléphone: Elyséea 88-81 à 88
lia nuit: Passy 00>80
JEAN- DE ROVERA
Ditecteuz
1 ample comédie à cent actes divers
Et-doDt' lascèn.. est 1-univerq.
(LÀ FONTAINE^
Paris, Seine, Seine-et-Oise: 0.25
2Se iSIÉE - SAMEDI 31 MARS, DIMANCHE 1er el LUNDI 2 AVRIL 1934 - r 7.721, 7.722, 7.723
Départements et étranger : 0 fr. 30
Ses jaits du Jour
.+-
* A Dijon, on recherche les,
traces du passage Jans. cette ville
des trois « gangsters », le baron de
Lussatz, Venture et Spirito. Rien ne
semblait, hier, à minuit, donner quel-
ques nouvelles précisions. On affir-
mait cependant que l'enquête de
l'inspecteur Bonny allait conduire
aux arrestations de Jeux individus
que l'on croii sur la Côte d'Azur.
* Une convention commerciale a
été heureusement conclue entre la
Suisse et la France.
* M. Hitler a déclaré a une
agence de presse américaine, qu'une
armée de 300.000 hommes était né-
cessaire à la sûreté du Reich, qu'il
était personnellement partisan du
désarmement, mais qu'il craignait
qu'on ne lui déclarât une guerre
préventive.
★ On aurait découvert aux Etats-
Unis des formations armées d'Amé-
ricains d'origine allemande.
* Hier matin, à Aulcuil, une
métisse indochinoise tue son mari,
René Lallcmand, 31 ans, lieutenant
d'artillerie, puis tente de se suicider.
Sa figure du Jour
M. WASHBURG-CHILD
ent de désigner pour être son envoyé
çpécïal ( n Europe pour Vexamen de tous les problèmes économi-
ques internationaux. Il visitera successivement l Angleterre, la
France, VItalie et l'Allemagne.
PIETA PAR LEON DRIVIER
Cet admirable groupe qui témoigne d':'ne façon tout à fait personnelle de
la renaissance de l'art religieux contemporain figurera à l'Exposition do
Ja Passion du Christ dans l'Art français qui s'ouvrira le 27 avril pro-
chain au Musée de Sculpture comparée du Trocadéro selon le vœu de
Comœdia,et qui sera le principal événement artistique de Vannée.
LA FAMILLE DE DEMAIN?
La femme ne sera-t-elle plus tenue
de suivre son mari ?
par Blanche VOGT.
,.,
i e
qui occupe iiin 'certain rang social,
ice: commentaire d'iun récent arrêt
jde la Cour d'appel! de Lyon:
Le 22 novembre 1933, ta Cour
rappel de Lyon décidait' qu'un
père de famille q'uL ,availt b, -,
îrement transféré de domicile con-
jugal de Paris à Lyon, où il avait
obtenu un engagement avanta-
Igeux d'iuigénieur. d:ans -utne-giriande■
usine d'a e ,avaÎ'L commis
là l'égard de -sa femme tune injure
grave, en1 lui enjoignant de le- sui-
IVre à Lyo.n avec, ses deux enfants,
au nouveau dbmiicilei. ;
Pour ce rde;
Lyon a prononcé le divorce- au
profit de la femme et rejeté la de-
mande principale du mari, en con-.
idamnant re.ni-ci au • paiement
ld!'une pen?ion .alimentaire et à
tous les dépens.
Quand nous eûmes lu cet extrait
jde jugement, nous nous somimes
(demandé lîdut d'abord (avec le
tm a ri' qui ne doit faire qu'un avec
notre corre^pondan!). 'noUiS nous
•sommes demandé si cet arrêt, qui
est Ic'o.nÜnmat:j!f d'un jugement de
première instance, marquait'" le
ipréluide d'une jurisprudence, nou-
yeilfle destinée a préparer fouit sim-
plement la suppression de farti-
cle 214 diu Code civil français et
napoléonien:
4 La femme est tenue de suivre
son mari partout » •'
MÚs, tout id^abordj nous avons
pensé qu'une fraction de jugement
ne suffisait pas pour nous éclairer
sur les raisons 'Profondes qui ont1
motivé l'arrêt des juges. Et nous
lavons bravement téléphoné au
mari - plaignant, au mari - con-
damné. Nous nous somïmes ingé-
¡flJÍ,Ié!e à Lui poserquelques indiscrè-.
tes quesitio-s:
'MoiiS' r, dites-nous si. ce
n'était "pas -uniquement pour ,en-
'-il'uyer Madame que vous êtes parU
pour Lyon ?
- !Non, c'était pour répondre à
une;, offre ■ heureuse de situation.
,. — Madame n'a-t-etle pas sup-
posé que vous vous rendiez à Lyon
pour
Naturellement, nous avions .fou-
..chié jaisite. Madame a refuse, de sui-
vre son mari après iliui avoir fait
tenir la lettre suivante que Mon-
sieur inouïs récite par coeur (si l'on
peut dire):
sMti{n cher Pierre, je ne te rejoin-
drai pas à Lyon parce que je suis
que depuis tin mois ht y vis avec
cette maudite f emme. Tu l'as gardée
auprès de toi jusqu'au dernier jour
et tu ne l'as réexpédiée à Paris que
rparce que tu craignais un scan-
dale.
Nous prenons notre voix pour
condoléances distinguée s :
—' Monsieur,^ il fallait donc vous
aftenidire 'à. etc., etc. -.,-
Blanche Vocr.
• (L'ire, la suite en 41 page.)
ENTRE NOUS
ta mode des croisières
- Où aNez..vous passer ces Vacances
de Pâques ?
- — Je Vais faire une croisière.
Voilà une conversation qu'on a beau-
coup entendu tous ces jours-ci.
Les croisières, en effet, sont devenues
à la mode. On Va plus ou moins loin,
on reste en mer plus au moins longtemps,
pais tout le monde veut faire sa croisière.
Jusqu'ici, la croisière était le luxe, le
grand luxe, d'un particulier, soit qu'il pos-
sédât son yacht, sait qu'il s'embarquât sur
quelque bateau. Aujourd'hui, les Compa-
gnies de navigation ont vulgarisé les croi-
sières. Elles en organisent toutes, dans
fous les sens, pour tous pays, et de durées
diverses. Les prix ne sont pas exagérés.
J'ai eu l'occasion, iout récemment, au
Havre, de visiter des paquebots de la Com-
pagnie Transatlantique accessibles, peut-
on dire, aux bourses moyennes. J'ai été
réellement stupéfait des prix qui vous per-
mettaient de voir du pays en jouissant
d'un confort qui ne laisse rien à désirer.
Un fait qui montre bien la vogue des
croisières, c'est qu'il en est qui sont orga- j
pisées par des sodé/tés diverses, lesquel-
les arrivent, en faisant appel à leurs adhé-
rents,. à pouvoir fréter un paquebot pour
elles seules.
On comprend facilement ce goût qui
se répand pour les croisières. Il n'est pas
de plus belle distraction ni de plus grand
repos. C'est là vraiment qiî « on se 'laisse
vivre », car on y est débarrassé de tout
souci. Et peut-être pourrqit-on expliquer
précisément cet engouement nouveau par le
désir d'échapper pendant quelque temps
aux embarras, aux ennuis, aux fatigues
multipliées de la vie, telle qu'elle nous est
faite actuellement, et par le besoin encore
de sortir de la pénible atmosphère créée
par les luttes politiques, l'agitation de la
rue, les scandales, enfin, par la soif qu'on
a de l'air pur et des larges horizons. La
croisière, c'est la fuite vers la lumière, vers
la paix. La course aux mirages peut-être,
mais la course est si belle!
Jules VÉRAN.
« COMŒDIA »
rappelle à ses fidèles lecteurs
qu'en vertu d'un usage depuis
longtemps établi, il ne paraîtra :
ni le dimanche 1" ni le lundi
2 avril.
TREVES DE PAQUES
NOTRE KALEIDOSCOPE
ne nous offre
que tristes visages
mais aussi le sourire
de Mme Rosange
Après le suicide, le crime crapuleux !
Malgré l'insistance avec laquelle on
a, tenté d'accréditer la première thèse,
le bon public n'a pas marché ! Il a donc
fallu songer à autre chose.
On essaye du crime crapuleux. A un
de nos confrères qui lui demandait dans
quel but avaient agi les trois individus
appréhendés jeudi matin, M. Monda-
nel a fait cette réponse:
— Je présume qu'ils auraient fait cela
pour se procurer de l'argent !
C'est admirable ! Je présume. Il faut
bien, n'est-ce pas, chercher à étayer
une hypothèse, si absurde qu'elle appa-
raisse. Déjà, néanmoins, on se montre
moins affirnwtij. On nous dit mainte-
nant que Venture, de Lussats et Spirito
ne seraient pas les auteurs de l'atten-
tat, mais qu'ils l'auraient préparé. Et
l'on annonce de nouvelles arrestations !
Le comble du ridicule, c'est que cer-
tains confrères, qui n'étaient pas les
derniers à planter lesurs banderilles
dans le dos de Bonny, s'apprètent au-
jourd'hui à lui tresser des couronnes 1
Le Palais ne ressentait pas, hier, cette
agitation. Ses galeries étaient désertes,
à l'exception de quelques touristes venus
admirer notre Sainte Chapelle.
Une apparition printanière surgissait
pourtant, dans ICi matinée, dans les cou-
loirs de l'instruction. Le canotier sur
l'oreille, enveloppée de léopard, Mme
Rosange souriait aux photographes.
— Je suis ravie de cette publicité,
Mous confiait-elle en quittant le cabi-
net de M. Delgay. Maintenant je suis
hors de cause.
— Qu'avez-vous raconté ag magis-
trat ?
Cest Me Guy Cupfer, qui l'accompa-
gne, qui nous répond:
— Sur commission rogatoire de M.
Hude, M. Delgay devait examiner les
livres de ma cliente; Mme Rosange a
facilement démontré qu'elle n'était
com-manditée par personne, son chif-
fre d'affaires suffirait à le prouver.
— On m'a demandé aussi d'où je te-
nais mes bijoux. Mais tous mes amis
peuvent témoigner que je porte les mê-
mes depuis plus de dix ans. Ils - sont
d'ailleurs assurés depuis, six ans par
une compagnie anglaise.
— Vous avez connu. Staviski et ses
amies.
— J'étais surtout l'habilleuse de ces
dames: Mmes Hayotte, Staviski, Bon-
naure, del Gado se fournissaient chez
moi, Ma soeur les coiffait.
— Comment les connaissiez-vous ?
— Je les avais rencontrées à Saint-
Jean-de-Luz. Par elles, j'ai été amenée
à habiller l'opérette Katin&a.
— Et maintenant ?
— Maintenant, je suis familiarisée
dans ces couloirs. Et puis, je vous le
répète, je suis hors de cauçe. Mais au
début, ce fut un sale coup porté à ma
maison ! Sans compter l'argent que j'ai
perdu avec ces clientes dépossédées au-
jourd'hui.
Henry HUGAULT.
(Lire la suite en deuxième page.)
Mort du financier Otto Kahn
On vient d'annoncer la mort subite
du grand financier Otto Kahn, qui a
succombé, à l'âge de 67 ans. à une
embolie soudaine. Bien qu'il fût lui-
-rnème le fils d'un banquier, il ne
semblait point dans sa jeunesse
orienté vers l'étude des questions
financières. Les arts et plus parti-
culièrement la poésie et la musique
requéraient toutes ses préférences.'
Après de longs voyages d'étude en
Europe, à travers l'Allemagne, la
France et l'Angleterre, il revint ce-
pendant aux Etats-Unis pour y oc-
cuper un poste dans 'la banque pa-
ternelle. Mais les préférences de son
esprit et de son cœur étaient dès
cette époque nettement orientées
vers la France. Quand surgit la
grande guerre, il fut des premiers à
aider de toutes ses forces l'entrée de
i l'Amérique du Nord dans la lutte
M. Otto H. Kahn
libératrice. On sait assez combien'
son action nous fut précieuse et
comment plus tard, Otto Kahn, in-
tervenant dans la question des det-
tes, préconisa ouvertement un plan
financier qui réservait Les plus
grandes faveurs aux débiteurs fran-
çais.
Toute sa vie, Otto Kahn demeura
un fervent adepte des arts et des
œuvres d'art. Il s'intéressa beau-
coup au Metropolitan Opéra de New-
York, dont il fut un des plus géné-
reux donateurs. Il resta dix ans l'ani-
mateur de la Société Philharmoni-
que et Symphonique de New-York,
car il était amateur passionné de mu-
sique. Il l'était aussi de peinture et
l'estimation de sa galerie serait dif-
ficile à faire. On y cite des chefs-
d'œuvre de Botticelli, de Rowney, de
Rembrandt et,-parmi les contempo-
rains, de Matisse.
LA MAIl^pSSE.
Françoise Bosay dans La Bête noire.
où elle vient de reprendre, au Théà -
ire des Ambassadeurs, le rôle créé
jxrr Mme S ],inelly.
(Photo G.- T.J Manuel frères.)
ECIHOS
D'Annunzio et F « arzente ».
u
ne fabrique de cognac de
Parme, suivant 'le conseil
donne par Uabrie:é dAnnunzio,
avait, par patriotisme, substitué au
nom de cognac celui ci'« arzente »,
jadis donné en Italie à l'esprit de
vin. Quelque temps après, une firme
de Turin adoptait, elle aussi, la
suggestion du poète. L'industriel de
Parme intenta à son concurrent un
procès pour « contrefaçon de mar-
que de fabrique ». Le tribunal vient
de le débouter de sa demande, en ar-
guant que 'le vocable « arzente »
était une propriété collective et
qu'il était d'usage courant dans. les
temps anciens pour désigner un
« produit italianissime ».
La Charente française n'aurait-
eIiIe pas aussi son mot à dire à pro-
pos de ce cognac ?
Décorations tardiveà, I
0
n se rappelé le cas, car, si l'on
peut ainsi dire, du grand his-
torien de la Gorce, de l'Académie
française, dont on apprenait, en
janvier dernier, la nomination au
grade d'officier de la Légion d'hon-
neur au titre du ministère de l'Edu-
cation nationale, en même temps que
parvenait la nouvelle de sa mort.
Le ministère de l'Education na-
tionale n'a guère de chance avec ses
promotions puisque, hier, en même
temps que nous pouvions lire l'éléva-
tion au grade de commandeur de la
Légion d'honneur de Joseph Loth,
de 'l'Institut, nous apprenions, d'au-
tre part, que 'la santé de l'illustre
celtisant, âgé de 87 ans, donnait les
plue graves inquiétudes.
C'est Blondel.
A
propos des restaurations, exé-
cutées à la Porte Saint-
Denis, on remarquait dernièrement
que se nom de l'architecte de ce mo-
nument était inconnu des, Parisiens.
M. Paul Piél, le nouvel élu. du quar-
tier de la Porte-Saint-Deniis, s'est
inquiété de la cho:se et a découvert
que le nom de l'architecte était Blon-
dél.
C'est même pourquoi on donna son
nom à une rue voisine.
Malheureusement, cette rue Blon-
del n'est pas très bien famée (à
moins que l'on orthographie diffé-
remment cet adjectif).
M. Paul Piel, nous dit Le Chari-
vari, trouve que François Blonde 1
mérite mieux que cela et il propose,,
que son nom' figure sur une plaque,
apposée sur le monument même.
De quel dessinateur léger, ou
d'historiographe libertin donnera-t-
on alors le' nom à cette rue Biondel,
comme on le fit naguère pour la
rue Bréda, devenue rue Henri-Mon-
nier ?
Fausse alerte. 1
D
ans ce café des Boulevards, un
homme se tenait assis dans
un coin, son feutre rabaisse sur les
yeux, inspectant à droite et à gau-
che d'un air soupçonneux.
Il ne tarda pas à syndiquer la
curiosité des voisins et ceme du gar-
çon, qui avertit le gérant, lequel
alerta le patron, lequel prévint dou-
cement un agent en bourgeois qui
se trouvait là et qu'il connaissait.
L'agent s'inquiéta à son tour, vit
en ce personnage quelque comparse,
voire la dlef d'une des affaires en
cours et, profitant de ce que la table
à côté devenait libre, y commanda
un bock et entama la conversation
avec l'individu.
Alors, l'individu, tapant sur la
tabile, s'emporta.
- F.-moi donc la' paix ! Vous
aléznje la faire rater.
- Qui donc !
— Ma femme. Je sais qu'elle va
venir ici retrouver Léonce.
- Léonce ?
— Ben oui, mon copain, avec qui
elle me fait des traits.
Tout le café respira.
HORATIO.
(Lire la suite en troisième page.)
AUTOUR DE L'AFFAIRE
LE VRAI MILIEU
renie le taui « m!Heu »
des gangsters de l'Etoile
Une nuit avec des gars
qui apprécient à sa vàleur r
Jo-les-Gros-Bras
et ont leur opinion sur la police
par SERGE.
I! y. a que^ues , semaines, lors de
mon reportage sur Paris la nuit, - .je.
vous indiquais que le secteur le plus
dangereux de la' capitale était situé
entre Barbes >1 -Clichy. Les Ternes
et «l'Etoile, la Bastille et Montpar-
nasse ii pas. Il n'y a pour
ainsi dire aucun « mac » dans ce
coin. l's sont à peine six ou sept aux
Ternes à faire une 0-u jouer
au billard russe. E! encore ce sont
pour la plupart des « demi-sels n,
com.m:'' ils disent dans le milieu :
•chaûJTeurs ou garçons de café vivant
de la prostitution.
C'est pourquoi en quittant hier
soir mon rédacteur en chef je lui
annonça i :
Il - Je descends dans le milieu:.. Si
je ne suis pas demain au journal,
vous savez où me retrouver.
- Où ça? répondit-il avec un sou-
frire.
— A la Morgue.
— Parfait! A un de ces jours.
Je filai vers la gare Saint-Lazare
où je dînai dans un petit bistro de
la rue de ITs'ly, bourré de trafiquants
de femmes.
Ces messieurs ne se gênèrent nul-
lement pour discuter à haute voix de
leurs « affaires.».
- Alors? ça s'arrange. ton truc.
— Oui! ça gaze. j'ai un bon avo-
cat.
— Fais attention qu'il ne devienne
pas dingo -comme Raymond Hubert.
- Pas de danger.
Iout ce ,jo'i monde était. :a en la-
miMe à siroter du beaujoia.* et à
grignoter des châteaubrjand. L'un
d'eux, qui avait les cheveux blancs,
câiipail, puis embrassait à pleine
Louche une gamine de dix-sept ans
qu'il) appelait Mignonne. Je les sui-
vis du regard jusqu'au dessert. Pas
un mot sur .l'affaire Staviski et Cle.
Et pour cause. - - -
Les hommes du milieu s ont des
gens qui recherchent avant tout la
tranquillité et ne laissent à:.p ; es onne
le soin de -mettre le nez dans Heurs
affaires. Pas de danger qu'ilt .se
« mouillent » pour des êscrocs de
cet. acabit.
Ce qui les intéresse, c'est que les
femmes leur rapportent et qu'ils
puissent un jour être « bourrés »,
c'est-à-dire en avoir plein !les po-
ches; de quoi" aMer vivre * en père
peinard dans une viMa de ,1a vallée
de Chevreuse ou en péchant l'ablette
eL le gardon à Xogeirt - s u r-M.a r ne.
Je quittai le restaurant de la rue |
de- ilsly et les bourgeois du « mi- :
lieu » qui terminaient leur repas en
absorbant, du vieil armagnac.
Je retrouvai dans un bar de la
place Clichy mon « ami » Milord, un
ip -liu gars qui n'a pas froid aux yeux
,et, {luj venait de tirer quatre mois à
la Santé pour trafic de stupéfiants.
— Tu comprends, c'est arriva tout..
seul. J'ai éUé fait'et condamné à trois
mois avec sursis et cinq cents francs
d'amende. -Cinq cents balles d'amen-
de, ça va chercher -sept mille francs.
'Comme j'ai pas pu les payer, ils
m'ont filé quatre mois en tôle.
Milord jouait ave-c sa bague sur
laquelle était gravé un minuscule
blason.
— Tu vois. avec ce système- ils mé-
prennent tous pour un aristocrate.
- Tu étais ÜanquiJIe -là-bas?"
l l a is à ~la cui-
- Tu penses. J'étais à ')& cui-
isine. J'avais bien des ennuis avec
« l'aboyeur ». le capitaine de la cuis-
lance, mais à part céda tout allait
bien.
« J'ai rencontré 'là-bas Monsieur
Alexandre à Ja première division,
soixante-et-onzième cellule. C'est- of-
ficiel.
s *
(Lire la suite en deuxième page.)
« Parce que je t'aime )} au Théâtre Albert-I r
Capsive et Paul Camto
Pa1d CatU1>o. (Filoto Prauce Pileuse.)
): LE DIMANCHE DE PAQUES A PARIS
Sdon la tradition les œufs de Pâques 011t fait leur apparition chez tout
les confiseurs. Il en est en sucre ou en chocolat. En voici un remarquable
spécimen qui pourrait faire la joie de tout un pejisionnat.
(Photo France Presse.)
Fernand Neuray
directeur
de "La Nation Belge"
est mort
M. Fernand Neuray. directeur de
la Xation belge, -est- mort subitement
dans la nuit de jeudi à vendredi, à
bord d'un bateau sur lequel il faisait
une croisière à travers - 'la Méditerra-
née. -
Fernand Neuray, un des maîLres du
journalisme belge, à la fois poiemiste
redoutable et écrivain du plus solide
talent, avait su donner à la Nation
,belge un ton original, qui. tout en
le. maintenant sur Je plan de la.
grande information, en faisait, un or-
gane d'une doctrine vivante et auto-
ritaire.. aux tendances nationalistes.
Et tojit cela avec une habileté et/une
modération clairvoyantes. Celait l'a.
marque du latent de Neuray, journa-
liste. -
On sait combien il aimait la r ran-
C'C qu'il apprit à connaître pendant 5a
guerre. Il- fut de ceux.qui1, en Bel-
gique. soutinrent, toujours avec opi-
'llià.treté'e Li un 'désin-tétriessement exem-
plaires l'étroite solidarité d'intérêts
et de' sentiments qui unit la France
et, Ip, Belgique.. -
Né en 1874, à Etales, oans ies Aa-
deimes -belges, il était, commandeur
de l'Ordre de la Couronne et officier
de ia Légion d'honneur. -
AUJOURD'HUI
HUIT PAGES
AU THEATRE ALBERT-l"
«Parce que je l'aime»
pièce en quatre tableaux
de M. André de Chatellus
Mme Cassive, dans ce spectacle,
reparaît en scène
Ce :sjpecj-ae!e.. dit «peci'acCe Yves
Renaud, .fui ,donné au Théâtre
Àlbert_-I" devant- une salle combla
lEst-ce le môim, longtemps si (pres-
tigieux. de Mme. A r nia mie Casisive.
qui provoqua'celte aii'f.lu en-ce? Est-
ce celui de M. André de Ghateàllue,
auteur de Mon ami Philippe, pièce
curieuse, bien faite, et qui connut
un succès ';llliéirHè?' J '¡a'Ün e:' à penser
que celle nombreuse assistance te-
nartfà dire ,par sa ni e.
Castsive : ,« 'Si nous somme s si
nombreux, c'est parce.qu'on vous
'3JÍlill'e. t) • 7
Et Mme Cassive tint'à justifia ■
cette '«lyirâpatlï'ie'' en 'colorant la ,
moindre de ses répliques, en am-
ImiRùÆ le 'moindl'-e-de' ses gestes- dé- •
rte/DIe façon que l'on revit"5a Cassive -
des grands soirs,,avec -son iimhÊ-d •
'nasal,' son débit syncopé .si plai-
sant, ses mines, volontairement
(naïves, n'excluant pas. ici. }a j'l1f;1[e
émotion, et .'trouvant des cris siim- ;
ples et vrais de mère lorsqu'elle ]
icroit sûn.Ji!Jis coi^pable. Que ne re-
ivoyons-nous -pllus souvent Cia.-~iA-e, :
qui reste une grande comédienne
de métier? - • i
Son rôle ne ia sert pas beaucoup
ieit il apparaît ;que ■ c,!est (pjlus à son
inom qu'à son 'art que l'ont fut sou-
icieu'x de faire-appel. Aussi bien
cette pièce.- qui; a; isuibii la' conta-g-fou
de (lia dramaturgie policière ês^-elle x
ûoitante en'sa ligrie. et en son in-
triguie et est loin d'être de'la même
veine que Mon ami Phileppe..
Un Brave garçon • est follement 1
épris "d'une jeune fille, mais celle-
-ci aime ailleurs. Elle est l'amante
tfuin "lioimime marié à une femme
voia.ge. Au cours: d'une réunion où
l'on joue au bridge, le sac de cette
dernière .a. été pris; l'on s'est em-
paré des cllefis de ,s-a villa. Et dans
IceNe villa elie e-sit t-rou-vée morte- le
lendemain, tuée d'une baMe de re-
volver, Qui a tiré? Qui a ¡tué? IL
s'agit, selon la. règle de ce genre
- lies soupçons.
Est-ce le mari, désirant se venger
de sa. femme? Est-ce le père de la
jeune fille qui courtisait la jolie
personne, jaloux d'eille.? Bien en-
tendu, un détective inquiétant sur-
git au milieu des hypothèses. Dès
le troisième tabieilau on est d'ail-
leurs fixé; la jeune fille, faiof au"
jeune homme qui l'aime et. qu'un,
ami commun a averti de sa pré-
sence à la. villa du crime le jour
même.l'aveu.quec'est elle qui a tué.
Ene amie le tmad et voulut se ci é-
barrasser d'une rivage, pourtant,
assez peu gênante. Mais pourquoi
fait-eMc cet aveu au jeune homme
qui, l'aime, ouais qu'elle n'aime
pas? II songe, du reisr[,e, à 1a. livrer,
un de ses anciens domestiques ve-
nant'd'être arrêté comme îe meur-
trier présumé. Elle use alors des
sentiments qu'elle lui in-àpire, et
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