Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1920-10-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 octobre 1920 02 octobre 1920
Description : 1920/10/02 (A15,N2847). 1920/10/02 (A15,N2847).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76477669
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
2 ;
a COMŒDIÀ !
2-10-20
La Soirée
Sacré Poulbot va, je le cherche partout et ne
le trouve pas. Est-il seulement venu? Je vou-
drais m'émouvoir avec lui de cette réalisation
merveilleusement vivante de ses plus célèbres
« pages ».
♦ Ah! ces marmots, quels cabots épatants!
Lorsque — il y a quelques années — un au-
teur, aujourd'hui notoire, était venu me parler
d'une adaptation possible du Père Gigogne à
la scène, j'avais tout de suite objecté la diffi-
ciïlîé de l'interprétation enfantine. Je n'avais
pas vu La Maternelle. Il est vrai que notre
Père Gigogne avait procréé quelques millIers
Mais je suis convaincu à présent que tous
les enfants sont de remarquables comédiens. Ils
>0Ht même d'Un naturel. effrayant.
Ces sacrés momichards singent des douleurs,
jfes affections, se jettent au cou de mères qui
je sont pas leurs mères, répondent à des noms
gui ne sont pas leurs noms, possèdent leurs rô-
(Dessin de Bib)
Mme Louise MARION
les sur le bout du doigt et crânent, face au
ptfbliic qute c'en est à vous donner la chair de
poule et la peur du « Poulbot ». Les voilà bien
les enfants maîtres.
Que seront dans dix ans tous ces petits ac-
teurs? Ils seront syndiqués et rénoveront l'art
dramatique, me répond-on. Moi, je veux bien.
'AHez-y donc les gosses!
Le roman de La Maternelle fut le second
grix décerné par l'Académie Goncourt (1904).
Ça ne nous rajeunit pas. Que sont devenus, au-
jourd'hui, -les écoliers qui inspirèrent ce ro-
jnan? U serait curieux de l'aller demander à
Léon Frapié s'il n'était, sur le .plateau., occupé
y caresser et à bourrer de friandises ces jeunes
Messieurs et dames, premiers rôles et figura-
tion iirëetligente. Oh! combien !
Tout Paris montera au Moncey voir la pièce
îles mômes.
Seulement, vioilà, il n'y en a que pour eux.
Dès qu'ils sortent de scène, l'intérêt des conflits
Wïtire les grandes personnes faiblit' fatalement,
malgré le grand talent et la belle sobriété qui
s'y démêlent.
Heureusement, Ils sont là presque tout le
Jemps.
Dessin de Tor)
M. René M AUPRÉ
Et que TFexpressions amusantes ! Que de mots
aussi dans leurs bouches, que de « Légendes »
pour les dessinateurs ?
— Ma maman est concierge. Moi, plus tard,
je veux être locataire !
- Tout le petit monde proteste comme un seul
homme contre l'hypothèse de la mort de l'a-
gneau, même pouf des raisons alimentaires. Il
alla paru, tact ici les applaudissements de la
eaflfe furent nourris, qu'il devait y avoir dans
te public un certain nombre de végétariens.
Le végétarisme et l'humanitarisme, ça va
(Tailleurs ensemble.
Les couloirs, ou, plus exactement : le couloir
était on ne peut plus sympathique à' l'ouvrage.
On .y était à peu près aussi serré que dans
le métro à sept heures diu soir. Que d'ayants
jiroit, Seigneur, que d'. « ayants droit » !
On apercevait, louant des. coudes dans la
cohue : MM. Adolphe* Brisson, Paul Ginisty,
Paul. Souiiay, Adolphe Aderer, Mpth-ias Mor-
WcSt, Régis Gignoux, Robert de 'Beauplan, Al-
fred Savoir, Léo Claretie, Daniel Riche, No-
)ière, Gustave FréjaviMe, Charles Oulmont.
.f\nd-ré Waraodi, D. Cohen, André Dumas. Paul
Dranet.
Mmes Tristan Bernard, Ollendorff.
M. et Mme Bing, Mme Jane Catulle-Mendès.
Et M. et Mme Georges Courteline, les dessi-
nateurs Ibels, Barrère ; les caricaturistes Tor,
tktkeroy ; les écrivains Ch.-Henry Hirsch, Tim-
)nory, en ru-ban rouge, Jules Rateau, idem, Max
iet'Alex Fischer, Elie de Bassan, C.-A. Traversi,
Géo London, Alexandre Meunier, Edmond Teu-
let, Guillot dte (Mu) Saix, Georges Bine, A. d,a
Moulin, récemmeiirt « paternel M, Ricciotto
Caaudo, Pascal Bonetti, Pierre Thomas, lé pein-
tre Bloomfield, le sculpteur Fayard, le docteur
Henriquez de Zubi-ria.
Et M. et Mme Alfred Machard qui s'y con-
naissent sur le chapitre des gosses.
MM. Choisy, Néblis, Varna étaient venus re-
présenter près de l'enfance la direction ou l'ad-
ministration théâtrale.
Le socialiste Léo Poldès l'honorait par le
port d'un smoking. M. Alexandre Duval par
celui de son petit chapeau gris gri (karabi).
Parmi les comédiens, je reconnus MM. Abel
Tarride, Lorrain, Gildès, Martinelli, Bouibouro-
che die la veille, Vallée, Pizani, Carpentier, Ro-
ger Picquard, Marc Roland, Robert Ancelin, Bil-
lard, Pierre Mamès, Jean Derblay et le bary-
ton Burnier.
Parmi les comédiennes- : Gina Barbieri, Mady-
Berry, Suzanne Gal'istein, Juliette Deprësle,
Magdeleine Damiroflf, Lucienne Givry, Mary
Dubas, Denyse Réal, Juliette Clarel, Ginette
Rierny. Janik Leonnec.
Et la brune Juaniita de Frézia, et la brune
Marianne Hugues, entre lesquelles passait la
toison claire die Mlle Suizy Dubert, tandis que
Mme C.-A. Fontanges, malicieusement, block-
notait. -,
Bien entendu, tout le monde s'interpellait pué-
rilement, s'appelant: « Mon gosse, ma poupée,
mion bébé, ma toute mignonne, mon mignon,
ma p'tite môme, mon gas, mon joli, mon pou-
let, etc., etc. »
*
Acclamé et réclamé, M. Léon Frapié se laissa
amener sur la scène au milieu dies petits, avec
lesquels l'auteur de La Maternelle se montrait
si paternel.
Et l'on s'en fuit, à la sortie, chez les abreu-
vants du quartier, boire sur le zinc ce qu'il est
encore convenu d'appeler une momi nette.
ARMORY.
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précédente. Remercions nos anciens et nos
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piration de celui-ci — jusqu'au 15 octobre.
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Anciens et nouveaux abonnés bénéficie-
ront d'ailleurs d'avantages tels que le prix
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ainsi qu'ils auront droit à des places gia-.
tuites ou à 50 pour 100 de réduction sur
le prix de ces places (suivant le cas) pen-
dant nos fêtes, nos conférences et nos con-
cours.
"Coluœdia" sous la Coupole
M. Merlin, directeur du Service des AntiquP
tés de la Tunisie, a étudié, à l'Académie des
inscriptions, une mosaïque récemment décou-
verte à Carthage.
Cette mosaïque, qui doit dater du cinquième
siècle de notre ère,- comprend trois registres
superposés qui représentent un grand domaine
africain.
Au centre se dresse la villa du maître : avec
ees tours et ses murs massifs, où seules les
arcades d'une galerie mettent au premier étage
fr.3 note d'élégance, cette vi'l'a a déjà presque
l'aspect d'un château-fort.
Derrière cette villa s'étend un parc et s'élè-
vent des dépendances, écuries et thermes pri-
vés.
Sur le reste du tableau se dévelonnent des
scènes qui dépeignent ta vie du domaine aux
diverses saisons ; récolte des olives et capture
des canards sauvages en-hiver, épis qui mûris-
sent et troupeaux ou pâturage en été, cueillette
des roses au printemps, vendanges à l'automne.
Ces seèrjis se groupent autour des images
des châtelains qu'elles nous m'entrent dans leurs
occupai or.G favorites.
Bien réussi au point de vue artistique, cet
ensemble est d'une valeur documentaire de pre-
mier ordre : cette mosaïque vient heureusement
compléter les renseignements que nous fournis-
saient dé^à* des vestiges identiques découverts
soit en Tunisie, soit dans la province de Cons-
tantine.
M. Antoine Thomas a exposé les raisons qui
le portent à croire quî la petite ville d'Avaux,
dans la. Creuse, a toujours fait partie du terri-
toire des Lemovices et non de celui des Bi-
turiges. A. G.
Erratum
Dans l'article de Mme Marguerite Coleman,
Le Jardin de Racine, un accident matériel ayant
provoqué la chute de plusieurs lignes, et ces li-
gnes ayant été rétablies après coup, le nom de
la Champmeslé a été remplacé par celui d'A-
drienne Lecouvreur, qui avait sept ans lorsque
mourut l'auteur d'Andromaque. D'où confusion
entre la première et la seconde partie de l'ar-
ticle, et confusion entre des personnages vivant
les uns au XVlIo et les autres au XVIIP siè-
cle ! NC3 lecteurs, qui nous excuseront, auront
d'ailleurs rectifié d'eux-mêmes.
* - DANS LA LÉGION D'HONNEUR ,
t' , ——- 1 i :
La Promotion exceptionnelle
tÎ uMînist "ère de l'Instruction K
-- Publique et des Beaux=Arts
Nous relevons, dans cette promotion eïcep.
tionnelle les noms suivants, chers a tous les
lettrés et à tous les artistes.
Parmi les commandeurs: MM. François Fla-
meng, membre de l'Institut, professeur à l'E-
cole des Beaux-Arts, président de la « Firater-
nelle des Artistes ».
Parmi les officiers : M. Elie Berger, membre
de l'Institut, professeur à l'école des Chartes*
MM. Perdreau, chef de bureau au ministère dé
>
l'instruction publique et des beaux-arts, adjoint
au directeur des beaux-arts; Arsène Alexandre,
inspecteur générât des beaux-arts et des musées ;
Sa-rradin, - conservateur du château de Compiè-
gne; Champier. administrateur de l'école natio-
nale des arts industriels de Roubaix; SinQIs,
inspecteur principal du dessin de la Ville de Pa-
ris; Gémier, directeur de théâtre à Paris ; Théo*
dore Reinach, membre de l'Institut; de Gra-
mont, membre de l'Institut, membre de la com-
mission supérieure des inventions; Branly,mem-
bre de l'Académie des sciences ; Camille Blocà4
inspecteur général des bibliothèques et des ar-
chives, directeur de la bibliothèque et musée dç
la guerre ; Omont, conservateur de la. Bibliothè-
que nationale; Ernest Denis, professeurs la
faculté des lettres de Paris; Pe.tit-Dutaillis, Qins-
pecterur général de l'instruction publique, direc-
teur de l'Office national des universités; Ferté,
proviseur du lycée Louis4e-Grand ; Rousselet,
proviseur du lycée de Nancy ; Lefebvre, ins-
pecteur d'académie, directeur de l'enseignement
primaire de la Seine ; Bernard, directeur, de
l'Ecole normale d'instituteurs de la Seine.
Parmi les chevaliers : MM. Vitry, conservateur
des musées nationaux; Hubert, conservateur ad-
joint du musée des antiquités nationales de St-
Germain ; Georges Daudet, inspecteur général
adjoint des monuments historiques ; Emile
Boyard, inspecteur de l'enseignement du dessin
et des musées ; Granger, professeur de chimie
et de technologie à l'école de céramique de Sè-
vres; Théodore, conservateur général des nau-
sées du palais des beaux-arts de Lille ; Roze,
conservateur du musée d'Amiens; Brunet, ar-
chitecte en chef des monuments historiques;
Ventre, architecte en chef des monuments his-
toriques ; Mougooot, architecte en chef de la
ville d'Epinal, membre de la Société des Ar-
tistes français ; Ratez, directeur de la succursale
de Lille du conservatoire national de musique
et de déclamation ; Arnould Galopin, Jean Tha-
raud, Pierre Benoit, Albéric Cahuet. Akar,
hommes de lettres; Marie, homme de lettres et
auteur dramatique ; Mac Orlan, directeur litté-
raire de l'Edition française illustrée; Marguil-
Her, secrétaire de la rédaction de la Gazette
d-es beaux-arts; Poulbot, dessinateur; Baneux,
dit Barrère, dessinateur; Simon, peintre ver-
rier; Victor Charpentier, compositeur de musi-
que; Pollain, violoncelliste; Mme Webel, .so-
ciétaire de la Comédie-Française ; Laloy, sècré-
taire général du théâtre national de l'Opéra.
chargé de cours à l'institut des hautes études
chinoises de l'Université de Paris; Bourrelier,
éditeur à Paris ; Mme Rachel Boyer, présidente
fondatrice de l'Union des arts.
MM. Bonglé, Verrier, Martinencne, profes-
seurs à la Faculté des lettres de Paris; le Bre-
ton, maître de conférences à. la même faculté;
Pariset, professeur à la Faculté des lettres de
Strasbourg; Marsan, professeur à la Faculté des
lettres de Toulouse ; abbé Rousselot, prépara-
teur au Collège de France ; Beaulieux, secré-
taire de l'école des langues orientales ; Parodi,
inspecteur général de l'instruction publique;
Roustan, inspecteur d'académie à Paris; Bruet,
censeur du lycée Louis-le-Grand. ';/
M. FRANÇOIS FLAMENG ;
Commandeur de la Légion d'Honneur
La décoration que M. François Flameng, qui
reçut la cravate de commandeur, fit pour l'Opé-
ra-Comique, est parmi les meilleures de re théâ-
tre. Quand on l'inaugura, en 1898, M. Flamgnft
avait déjà doté la Sorbonne de six panneaux
portants où il retraçait l'histoire de l'Université
de Paris. Il avait, fils du grand graveur Léopold
Flanteng, débute au Salon de 1877, après avoir
passé par !'atelier de Cabanel et de M. Jean-
Paul Laurens. Depuis, sa route se jalonne d'oeu-
vres que popularisa la gravure et dont le seul
titre frit image: L'Appel des Girondins, Les
Vainqueurs" de la Bastille. Camille Desmoulins,
Marie-Antoinette allant au supplice; Les Joueurs
de Boule; toute une suite où il évoque la haute
figure de l'Enupereur ; et des portraits, dont quel-
ques-uns seront parmi les pjus remarquables de
notre époque. Membre de l'Institut, professeur
à l'Ecole des Beaux-Arts, président de la Socié-
té des Artistes Français, M. François Flameng
fut, de naine grande guerre, un des plus exacts
et des plus braves évocateurs. Car souvent il
alla chercher ses épisodes sous le feu même de
- -« t-
(Photos Henirl-Mamiel)
En liant, (i.B. gauche à droite : MM. Jean TKtîtr.tra, Edouartf 6ARRADIW, Victor CHARPENTIER
Au centre, de ga:U!Coo à droite : MM. CEMIER, Arsène ALEXANDRE
En bas, de gauche à droite : MM. Georges OAUD ET, Dominique BONNAUD, Albéric CAHUET
l'ennemi. Tout.cela devait être dit pour la gloire
de ce galant homme qui, à toutes les oeuvres
de solidarité Artistique, a su apporter l'expé-
rience d'un esprit généreux, toujours prêt à
servir la cause de l'art et des artistes.
M. FIRMIN GÉMIER T
Officier de la Légion d'Honneur
C'est avec la joie la plus grande que Comœdia
enregistre l'élévation de M. Firmin Gémier au
grade d'oflicier de la Légion d'honneur.
Avec M. Antoine, M. Gémier est la person-
nalité théâtrale la plus intéressante et la plus
originale. Nous ne voulons pas retracer ici la
carrure du directeur du Théâtre Antoine. Com-
me acteur, comme directeur, comme metteur en
scène, comme innovateur en matière d'art dra-
matique, Gémier a droit à notre entière admi-
ration, à notre reconnaissance.
En décernait la rosette à M. Gémier, Je gou-
vernement a voulu couronner les efforts artisti-
ques de l'homme qu'i, par son activité, sa cons-
cience professionnelle, son intelligence, contri-
bue le plus au relèvement du prestige de l'aft
dramatique français.
D'aucuns ne voient dans Gémier qu'un pres-
tigieux metteur en scène. Avec Butors et la
Finette, de François Porche, avec les -beaux
spectacles de la Société shakespearienne, An-
toine et Cléopâtre. Le Marchand de Venise, La
Mégère apprivoisée; avec la mise en scène nou-
velle du. Bourgeois gentilhomme, avec Œdipe
roi de Thèbes, de M. Saint-Georges de Bouhé-
lier, Gémier a, en effet, prouvé ses vastes et
intéressantes conceptions scéniques; mais il est
aussi un admirable artiste, d'une culture éten-
due et d'une grande érudition. Rien de ce qui
touche au théâtre ne lui est étranger. Aussi,
son opinion fait-elle autorité.
Les auteurs dramatiques qui ont été révélés
par Gémier sont unanimes à rendre hommage
à sa bienveillante cordialité; ses pensionnaires,
son personnel parlent de lui avec l'amicale dé-
férence due au « patron » le plus indulgent qui
soit.
M. ARSÈNE ALEXANDRE
Officier de la Légion d'Honneur
voit, par la rosette, récompensée toute une vie
4loblement vouée à l'art dans ce qu'il u d'ar-
'dent, de combatif et de moderne. Critiqué du
Figaro, collaborateur à de nombreuses revues,
il est, agissant et toujours debout, de toutes les
manifestations de notre art contemporain. Mais
il ne faut pas oublier que M. Arsène Alexandre,
quand il fonda Le Rire, avec M. Félix Juven.
donna un nouvel essor à l'art humoristique fran-
çais, et que toute une génération d'artistes, au-
jourd'hui illustre, lui dut, à ce moment, la no-
toriété.
Les livres de M. Arsène Alexandre - qui
forment une bibliothèque — portent la marque
d'un esprit averti de toutes les grandes ques-
tions artistiques; ils évoquent les plus belles
figures de l'art de tous les pays et de tous les
temps. Conservateur du château de Compiègne,
M. Arsène Alexandre revient à Paris comme
inspecteur des monuments historiques ; il ap-
porte dans ses fonctions, avec cette parfaite con-
naissance des œuvres à laquelle nous venons de
rendre hommage, une urbanité qui lui a fait de
nombreux amis.
M. EDOUARD SARRADIN
Officier de la Légion d'Honneur
Conservateur du château de Compiègne, col-
laborateur du Journal des Débats depuis plus
le vingt-cinq ans, M. Edouard Sarradin a donné
des soirées parisiennes où il n'a cessé d'affir-
mer un sens profond et un esprit de justice dont
ont toujours bénéficié les manifestations les
plus modernes de notre temps; le critique d'art
est chez lui à la hauteur du critique dramati-
que, et tout le monde loua le ministre qui, de
cet excellent journaliste, fit un conservateur du
ïMSee de Pau. Mais à ce moment, mobilisé, il
rendait de précieux services à la section d'In-
formation du ministère de la guerre, et tous
nos confrères conservent le souvenir de son
amabilité souriante et de son inépuisable obli-
geance. C'est du ministère qu'il passa à la
conservation du musée de Compiègne; il y ar-
riva en 1918, en une heure tragique, sous un
bombardement de jour et de nuit, où, avec les
obus, alternaient les bombes d'avions. M.
Edouard Sarradin organisa la protection du châ-
teau; il expédia en lieu sûr les meubles histo-
riques. La guerre terminée, il s'occupa de ré-
parer les désastres; il s'y emploie encore, et
la réalisation de ses projets donnera une vie
nouvelle à ce château de Compiègne, un des
joyaux de notre domaine artistique. M. Edouard
Sarradin collabore également à de nombreuses
revues; il est l'auteur d'un livre sur Car-
peaux.
MME RACHEL BOYER
Chevalier de la Légion d'Honneur
Mme Rachel Boyer, qui est toujours pension-
naire de la Comédie-Française. ne lui appar-
tient plus guère effectivement. Elle a cessé d'y
paraître de façon régulière et on ne la voit
guère qu'à l'occasion des « cérémonies ». Elle
est toujours (c de la Maison ».
Elle y jouait avec une rayonnante et plantu-
reuse gaîté les grandes soubrettes de Molière.
Elle fut Martine, Toinette, Donne, etc. Sa ru-
desse paysanne, sa bonne humeur faisaient plai-
sir à voir.
Mais ce que ia distinction. QJ;i lui est remise
aujourd'hui consacre surtout, c'est son admira-
ble, son inlassable bonté, son zèle constant, quo-
tidien, passionné pour soulager les misères, se-
courir les malheureux, combiner l'aide mutuelle,
afin de sauver des enfants ou d'éviter à des
vieillards la mort solitaire.
Présidente fondatrice de l'Union des Arts. elle
a constitué cet Orphelinat des Arts qui a per-
mis d'élever tant dç petits déshérités. Elle s'est
occupée ds nombre d'autres œuvres. On ne
compte plus les fêtes qu'elle a organisées avant,
pendant et depuis la guerre pour trouver des
prétextes et des aides à sa charité agissante.
Tou;-Pa-ris par elle a fait un bien qu'il ignore,
et ce fut sa grande joie et sa grande activité que
de transfigurer ainsi les plus frivoles plaisirs en
bonté, en générosité. Des milliers d'humbles, des
milliers de pauvres gens aujourd'hui seront heu-
reux de savoir ce grand cœur récompensé.
L. H.
M. Louis LALOY
Chevalier de la Légion d'Honneur
Entre toutes, la distinction accordée au se-
crétaire général de l'Opéra sera vivement ap-
préciée. Il n'est pas nécessaire de faire ici l'é-
loge de M. Lcuis Laloy. Sa haute compétence,
la valeur littéraire de ses écrits lui ont, depuis
longtemps, acquis une situation hors de pair
dans l'universalité du monde artistique. Agré-
gé des lettres, polyglotte, professeur, musicien,
M. Louis Laloy n'est étranger à aucune des ma-
nifestations de la pensée. Sa thèse de doctorat :
Aristoxène de Tarente l'avait d'emblée placée
parmi les plus fins érudits. Aussi, moins de
deux ans après, était-il chargé du cours de
l'histoire de l'art à la Faculté des lettres.
Il publia des livres : Rameau, Claude Debus-
sy, La Musique chinoise, qui firent sensation,
et, à la scène, Le Chagrin dans' te palais de
Han reçut l'accueil te plus chaleureusement
sympathique.
Pendant la guerre, M. Louis Laloy fut mo-
bilisé au bureau des Informations militaires au
ministère de la guerre. Tâche infiniment déli-
cate que celle qui lui fut confiée et qu'il rem-
plit avec un tact et une virtuosité remarquables.
Comœdia se réjouit de 'cette distinction ac-
colée à un éminent critique musical, et je
M. Louis LALOY
suis personnellement heureux d'adresser à mon
cher confrère et ami Louis Laloy, mes félici-
tations les plus chaleureuses.
RAYMOND CHARPENTIER.
M. ARNOULD GALOPIN
Chevalier de la Légion d'Honneur
Ancien reporter, puis secrétaire de rédaction
du journal Le Soir, M. Arnould Galopin est de-
venu un feuilletoniste intéressant et captivant.
Ses romans ont quelque chose de scientifique
qui rappelle Jules Verne, et sont en même temps
mouvementée et pleins d'action. Son dernier ro-
man Les Poilus de la neuvième a obtenu un
fort légitime succès, popularisé par le cinéma-
tographe.
M. VICTOR CHARPENTIER
Chevalier de la Légion d'Honneur
est le frère de Gustave Charpentier. Dévoué à
là cause de la musique qu'il sert avec ardeur,
il dirige depuis de nombreuses années des con-
certs symphoniques populaires qui sont vive-
ment appréciés du gros publ'ic.
(à suivre.
Nous croyons savoir qu'une promotion supplé-
mentaire, comprenant un certain nombre d'offi-
ciers et de chevaliers, sera publiée dans quel-
que jours.
LES CONFLITS DU TRAVAl1
L'Association des DiïeCf
de Théâtres de P~
et la Fédération du SpeC
La lutte reprend
- -,
LW pourparlers continuent dans -J
théâtres sans que les résultats obtefl
dignes d'être signalés. ,
Le refus par les directeurs d aC (¡jcI
clause n° 1 et de reconnaître lf o
auteurs va probablement faire naître d)
les querelles. Le Comité intelfsy' le,
n.ira pour examiner la situation..
Le Syndicat des auteurs s'est réu®1 0
à la Bourse du Travail. à 1"
L'ordre du jour suivant a été voté t Jl
mitte:
Le Conseil syndical des Auteurs ~dramati
dans sa réuiîiian hebdomadaire du 1 ,
devant le refus de l'Association des -nirec®1
théâtres de Paris de reconaïaître le Sy CIl":
Auteurs dramatiques, accorde toute g~'
au Comité Intersyndical Parisien „ ■ grfj
afin de faire respecter le droit ,
teurs. - ~f V
D'autre part, enregistrant la lettre
René Fauchais, tout en restant s-ylld' iw-
sa démission de secrétaire général, Ie
dical des Auteurs dramatiques décla^'jétv
entièrement l'action menée pa.r le
joint André Colomer, qui n'a fait qU né 1""
lement le mandait qui lui avait été dan r.
Conseil ; t1 11";,
Fixe l'assemblée générale ordinai. re « 11
6 octobre, à cinq heures, Bourse du Travail
en attendant l'élection du nouveau s** j»
néral, propose aux votes de rassemuiec^
des camarades H.-R. Lanormanid. Staje
Maurice de Faramond, Maurice Mag^* je»*
tia, A. Villeroy. 4
Le trésorier Alphonse Séché accepta
d'ici là l'intérim du Secrétariat genêt" .,
A l'Opéra-Comique, on va vers
tente ; à l'Opéra, on marche vers 11
, A L'OPERA
La situation reste tendue. Les $
porations maintiennent intégralement
vendications.
M. Rouché est encore absent de dit)
il ne semble pas, d'après ce que 1 on
péra, qu'il ait l'intention de céder. l~'
Le contrat se termine dans qtl-140,1
Tout fait prévoir un conflit. £
A L'OPERA-COMIQ^
A l'Opéra-Comique, au contraire)
se calment, les habilleurs, les cO
petit personnel ont obtenu satisfacu05^jrf|
Les chorégraphes se sont réunis, .{j?
Bourse du Travail. Les directeurs Il ,1
150 fr. par mois d'augmentation del
Nous croyons savoir que les p^v^iK
ce qui concerne les chœurs, sont en #
restent les artistes lyriques. Au ~~t de
réunion, les chorégraphes, bien q Su 'as
satisfaction, ont cependant déclaré qu' ,gs
prêts à un mouvement de solidarité-
On discuta également la question de Ailé
ment des danseuses et les modale ,
mens de danse. -«il#!!
M. Albert Carré recevra les délégli"
mité intersyndical mardi prochain 5
ANDRÉ S
Erratum. — Par suite d'une e
ragraphe de l'ordre du. jour de l'A6^ r
directeurs de théâtre que nous a
hi,er, a été oublié. Le voici : (c<'
« Les artistes engagés à la plece fIlSIÍ
trente francs par représentations,
soirées. » J
De plus il a été imprimé : 'r
te Les artistes engagés, à l' avenl ,
650 fr. par mois. » Il faut lire ; - Il. Il
« Les artistes engagés à l'année-- "y
Tablettes synclico
Chez les machinistes. — L'écOle
nelle syndicale des machinistes ~nc~
annoncé la fondation ouvrira le 15 j~
cours théoriques seront faites à 4
Travail. Les cours pratiques auron ,.
suite dans un théâtre qui n'est P;
signé.
Le Théâtre Syndical. — Fondé el'J J.
le théâtre syndical, après avoir y
banlieue, gagne Paris. Dimanche à 'JO
de la Bellevilloise, 23, rue BOye\o' s
aura lieu la troisième représenta
organisée sous le patronage de la soir.-
Spectacle. Le programme de cette 50*1
même qu'à Levai lois.
Une partie de concert y a s~, ':n~t.n~
concours de M. Zocchi, de l'OP I
Mme Bonnet-Baron, de l'Opéra, (jeOcP'
Durand de l'Opéra-Comique, ~M.
Jane Florian, M. Norcel. cD
Orchestre sous la direction dU çfr
Guittard.
Le Baiser, de Théodore de Ban mi)
Delferrière et Mlle Anita Soler.
Régisseur général: M. Saint-C^
places: 2 fr. 50. f
Chez tes chorégraphes. — Les $ cole professionnelle syndicale des Ty
ont été réunis hier à la Beerse r1(9'
on leur a fait connaître le Pr 0
cours. , , '00 p
- - âu
Lundi prochain, une « repe-itii+1i' ofl V
de l'ouverture de l'école aura lIe. j
de la Gaîté à 9 h. 30. trp
On distribuera leurs cartes au: 001'
ves, on leur indiquera leurs ,IOgegppre
sentera aux professeurs et l'on appf*
débutantes à s'habiller en dans
L'école ouvrira mardi ou mère
Les Conférence 1
A LA SORBONNE (amphithéâ. t^ y
- Samedi 2 octobre: 10 h. éusel r
Moret: Etudes d'archéologie Le,
14 h. 30-15 h. 30, M. Redslûb: it
litique de l'Alsace-Lorraine sous A P
allemande. — 15 h. 45-16 h. 4 f.
Basch: Esthétique dramatique : J
drame. -
"Comœdia au J'B
Aujourd'hui 2 octobre, à ~- ~M
cours et tribunaux..
Les Petites Expositions
Exposition Nadelmann (Galerie Dernheim jeune)
-n n'est pas indifférent que l'une des premiè-
res exportions de cette année soit une exposi-
tion, de sculpture. Il faut donner à la sculpture
.,ta place à laquelle elle a droit dans nos préoccu-
pations artistiques, la mettre sur le même plan
que la peintu.re et lui accorder pareille attention
et pareil intérêt. Je ne me tasserai pas de le
répéter. Il ne faut pas oublier que la sculpture
est, dans nos pays, l'élément principal de notre
ornementation monumentale et que si la France
est une terre de peintres, elle est peut-être, plus
Sun pays de soulpteurs, et rien encore n'a égalé
Ja floraison de pierre qui, du XIIe siècle à nos
Jours, a paré tous les édifices religieux ou ci-
vils dont nous sommes fiers à juste titre. Aussi
n'y a-t-il rien. d'étonnant qu'à l'exemple des
peintres, les sculpteurs de l'étranger viennent
puiser à nos sources, se réclamer de notre école
et travailler à Paris. Si j'en juge d'après son
nom, M. Nadelmann n'est pas Français, bien
que ses œuvres se rattachent à notre art et doi-
vent à notre ambiance Le meilleur de leur ex-
pression. „
Les figures que nous présente M. Nadelmann
sont d'intéressantes recherches d'attitudes pour-
suivies avec un désir d'être concis et de ne dire
que le nécessaire. Il souligne le geste, sans at-
teindre à la caricature et sans viser à la charge.
C'est, en quelque sorte, du croquis sculptural,
tht croquis volontaire et hardi qui va droit au
but, ce que seraient, par exemple, des dessina
ïe Toulouse-LauArftç et de Degas, transcrits en
rondebosse, avec quelque naïveté et sans autre
souci qu'une apparence fugitive des êtres pris
pour modèles.
Taillés ou modelés dans le plâtre, animés par
de légers rehauts de couleur, ses figures ne se
soucient pas d'un modèle précis qui évoque la
vie par une étude méticuleuse et volontaire, une
étude qui fasse pour la lumière comme une ca-
resse immatérielle, destinée à éveiller les fré-
missements de l'épiderme. Elles suggèrent. Elles
sont créées sous une sorte d'obsession d'un im-
pressionnisme de la forme qui ne fixe d'elle
que ce que l'œil en voit et en retient, d'un ra-
pide regard. Voici, par exemple, un homme
assis. Il n'y faut pas chercher les différents
membres du corps, analysés attentivement, puis
recréés par une synthèse qui se préoccupe de
l'armature naturelle; les bras arrondis, le torse
en modelé sommaire, les jambes tombantes sont
indiquées dans l'aspect immédiat qu'ils pren-
nent lorsque nous regardons un personnage dans
pareille attitude. Les peintres nous ont préparé
à goûter ces apparences vivantes que Nadelmann
transcrit en sculpture. Comme certains d'entre
eux, il vise à exprimer la vie par la seule élo-
qiicnce d'une ligne bien tracée, d'une lumière
jouant aux bonnes places. Ses figurines appor-
tent quelque chose de spécial. On ne peut parler
d'esquisses, car nous sommes loin des esquisses
que font les sculpteurs pour aider leur mémoire.
Le seul terme qui me paraît convenir est un
terme de peintre, celui d» croquis. Et c'est plus
aux peintres qu'aux sculpteurs- qu'empnunte
l'art ds Nadelmann. je dirais plus haut : Tou-
louse-Lautrec et Degas. M. Henri ratisse lui
aussi, doit être cité ; certains de ses dessins sont
de ceux qui ont pu inciter M. Nad-elman , à -
poursuivre ses intéressantes tentatives. On en
pourrait dire autant de bien des croquis con-
temporains, ceux, par exemple, de M. Manquet
qui donnent tant de charme au livre publié, par
M. Besson. Ce n'est pas à dire que le sculpteur
soit parvenu au degré de maturité artistique,
de MM. Matisse ou Marquet. Ses efforts se.
poursuivent dans une même voie de complica--
tions, et en cela il marque son souci de moder-
nité.. j ti- y
Il y a, au Pavillon de Marsan, dans cette ex-
position du Musée de la Guerre qui sera bien-
tôt terminée, deux petits cadres sur lesquels je
voudrais attirer l'attention. Il est peut-être 'dé-
licat de les signaler, car ils contiennent' des
œuvrés qui sont, sans contestation possible, très
supérieures à ce qui a été fait, à ce qui se
fait encore actuellement, en France, sur le
même sujet. J'estime cependant qu'il faut lais-
ser à la seule autruche le privilège de cacher sa
tête dans le sable pour ne pas voir, autour de
soi, les choses désagréables ! Et je' demande la
permission de parler des quelques spécimens de
papier-monnaie allemands qui sont placés la,
sous le yeux du public. Tirés, la plupart, par
les soins des municipalités, ils sont composes
aveç un louable souci esthétique et avec des
procédés d'impression excellents. La moindre
bourgade eut, ou a. les siens, gravés en plu-
sieurs tons, sur un papier choisi. Qu on les
compare avec ceux de la Chambre de com-
merce de Paris, dont la hideur rivalise main-
tenant avec la saleté, ou même avec nos biliat-s
de cinq francs, et, hélas! il faudra bien cm-
fesser que la supériorité n'est pas de notre cote.
C'est une constatation désagréable. Il ne ser-
virait à rien de ne pas la faire. Ce qui peut,
dana une certaine mesure, en adoucir l'âcreté,
c'est que cette différence n'implique en rien
une infériorité ni chez nos graveurs, ni chez
nos imprimeurs. Nous avons, tant chez les pre-
miers que chez les seconds, des artistes qui ne
craignent aucune rivalité. On eût pu deman-
der aux uns des dessins qui eussent été dignes
de notre renommée, on peut citer des autres
maints tirages qui atteignent à la perfection.
Le -temps n'est plus où certains s'imaginaient,
à Paris même, que Berlin seul pouvait fournir
des trichromies de premier ordre. Mieux, ces
fac-similé de dessins, d'aquarelles et de pastels
par lesquels on tend, dans des ouvrages de grand
luxe, qui ne sont malheureusement qu'à la por-
tée d'un petit nombre de favorisés, de répan-
dre l'œuvre des grands artistes, sortent de cer-
tains ateliers parisiens, celui de M. Martin ou
celui de M. Clot, par exemple, avec un fini,
un velouté dignes des originaux. Nous pouvons
dire, sans craindre un démenti, que tous avons
des artistes, graveurs ou imprimeurs, capables
de donner aux produits les plus courants cette
marque d'élégance et de distinction, par quoi les
produits français devraient rallier tous les. suf-
frages. Nous avons ces artistes. Seulement, ce
n'est pas à eux qu'on s'adresse.
On a publié ces derniers temps l'image de
la pièce en bronze d'aluminium que s'apprête
à fra,p,per la Monnaie de Paris. Rien de plus
niaisement banal que la figure qui y est gra-
vée. Elle date, dans l'esprit comme dans la com-
position, d'un demi-siècle au moins. Rien de
changé depuis le temps, c'était en 1892, où Ro-
ger Marx écrivait : « En ce qui regarde l'admi-
nistration des Monnaies, elle témoigne, à l'en-
droit des artistes, une parfaite indifférence ; ma-
nufacture d'espèces, si elle vit, c'est à l'écart
du présent ; si elle produis c'est en recommen-
çant le passé. » Cependant, nous avons d'ex-
cellents médailkurs et, si on avait même, à cet-
te occasion, voulu joindre la sentimentalité au
mérite, certains qui ont fait la campagne tout
entière dans les conditions les plus pénibles et
s'y sonit distingués, eussent pu fournir un mo-
dèle digne de notre temps. Seulement, on ne
s'est pas adressé à eux. Ainsi, municipalités,
chambres de commerce, Banque de France.Mon-
naie, sans s'être concertées, ont mis en circu-
lation billets et monnaies — sans parler des
affiches — qui déconcertent et "'ui donne une
idée fâcheuse du goût de la grande bourgeoisie
commerçante, industrielle ou financière, qui en
a choisi les types.
Cela tient à ce que, en matière d'art, chacun
s'^ imagine avoir du goût et veut imposer ses pré-
férences. Il est facile de juger si un commer-
çant eu un banquier sont heureux en affaires,
les chiffres se chargent de l'indiquer avec une
suffisante précision. L'artiste échappe à des ju-
gements aussi sommaires et aussi aisés. La per-
sonm-lité de son expression indispose contre lui
les jugements acquis et lui aliène toutes les
routines. Ceux-là seuls qui apportent des lieux
communs, des formules établies, sans rien qui
choque rien qui étonne, ceux-là sont desti-
nes à l'emporber dtans la plupart des cas et nous
assistons ainsi au triomphe de la banale médio-
crité.
Il n'est cependant pas indifférent que les vi-
gnettes qui passent sous tous les yeux, les piè-
ces de menue monnaie qui doivent circuler entre
tous les doigts, les timbres que chacun colle
sur les enveloppes, soient des oeuvres d'art. Ce
sont, parmi les productions contemporaines les
seules qui soient accessibles à tous, celles qui
devraient contribuer à l'éducation artistique des
masses et répandre partout une vision de beau-
te. Le goût général y gagnerait, car il y a, dans
sa formation, mille éléments impondérables. Ce-
lui dont nous nous réclamons, ce 9 kJ
qui dira quelles en sont les soU 1
subtile de l'atmosphère de ~<'~
de certains de ses coins, oorntI1 0
parable place de la Concorde ,que » e" jj/i
sée au centre, ne réussit P01 Wf
puis, même les étalages de
est te-l petit fruitier qui est, da", 5
remarquable artiste. Il est te1 p#V,
nue Montaigne, devant chez qul jes
jour et qui me procure des J rs
par l'arrangement subtil des ~fleurs coupés
qui ont vu les étalages de la P biett,
villes européennes, savent, CO' biet"
de vue, Paris leur est superîetii'-jl y
dans les rues de Londres en fj
jet. Et ia régularité mathétnaK
des vitrines berlinoises ou bot' tf je .Ii
guerre, accusait nettement Jfo,1
fantaisie de nos étalagistes. d'fttf,
Il n'est pas en cette ati c1'oWC '.Â
riorité. Il faut conserver P,
les que nous possédons. 0,
dustriel qui soigne la pi-e , e
pectus et de son papier à 1 2^4* di
l'applaudisse. Ici encore, 11. L
à faire dans nos administra» ^4 vi.
l'on songe aux vignettes ce j% j r;
nent des en-têtes officiels de 10 df
L'exemple sur ce point, Cool j
autres, nous fut donné p ar los fféc'
en combien d'endroits E,,C ni b1
ne semblent-elles pas p f,
raître désireux d'économisé pltlS t t~
admettre les caractères les Il ^5 7
l'arrangement le plus bana -^ et ,
officiels qui courent les P06t tft
qui est un crime de lèse-begilté.-,
ne dit rien. ct~
a COMŒDIÀ !
2-10-20
La Soirée
Sacré Poulbot va, je le cherche partout et ne
le trouve pas. Est-il seulement venu? Je vou-
drais m'émouvoir avec lui de cette réalisation
merveilleusement vivante de ses plus célèbres
« pages ».
♦ Ah! ces marmots, quels cabots épatants!
Lorsque — il y a quelques années — un au-
teur, aujourd'hui notoire, était venu me parler
d'une adaptation possible du Père Gigogne à
la scène, j'avais tout de suite objecté la diffi-
ciïlîé de l'interprétation enfantine. Je n'avais
pas vu La Maternelle. Il est vrai que notre
Père Gigogne avait procréé quelques millIers
Mais je suis convaincu à présent que tous
les enfants sont de remarquables comédiens. Ils
>0Ht même d'Un naturel. effrayant.
Ces sacrés momichards singent des douleurs,
jfes affections, se jettent au cou de mères qui
je sont pas leurs mères, répondent à des noms
gui ne sont pas leurs noms, possèdent leurs rô-
(Dessin de Bib)
Mme Louise MARION
les sur le bout du doigt et crânent, face au
ptfbliic qute c'en est à vous donner la chair de
poule et la peur du « Poulbot ». Les voilà bien
les enfants maîtres.
Que seront dans dix ans tous ces petits ac-
teurs? Ils seront syndiqués et rénoveront l'art
dramatique, me répond-on. Moi, je veux bien.
'AHez-y donc les gosses!
Le roman de La Maternelle fut le second
grix décerné par l'Académie Goncourt (1904).
Ça ne nous rajeunit pas. Que sont devenus, au-
jourd'hui, -les écoliers qui inspirèrent ce ro-
jnan? U serait curieux de l'aller demander à
Léon Frapié s'il n'était, sur le .plateau., occupé
y caresser et à bourrer de friandises ces jeunes
Messieurs et dames, premiers rôles et figura-
tion iirëetligente. Oh! combien !
Tout Paris montera au Moncey voir la pièce
îles mômes.
Seulement, vioilà, il n'y en a que pour eux.
Dès qu'ils sortent de scène, l'intérêt des conflits
Wïtire les grandes personnes faiblit' fatalement,
malgré le grand talent et la belle sobriété qui
s'y démêlent.
Heureusement, Ils sont là presque tout le
Jemps.
Dessin de Tor)
M. René M AUPRÉ
Et que TFexpressions amusantes ! Que de mots
aussi dans leurs bouches, que de « Légendes »
pour les dessinateurs ?
— Ma maman est concierge. Moi, plus tard,
je veux être locataire !
- Tout le petit monde proteste comme un seul
homme contre l'hypothèse de la mort de l'a-
gneau, même pouf des raisons alimentaires. Il
alla paru, tact ici les applaudissements de la
eaflfe furent nourris, qu'il devait y avoir dans
te public un certain nombre de végétariens.
Le végétarisme et l'humanitarisme, ça va
(Tailleurs ensemble.
Les couloirs, ou, plus exactement : le couloir
était on ne peut plus sympathique à' l'ouvrage.
On .y était à peu près aussi serré que dans
le métro à sept heures diu soir. Que d'ayants
jiroit, Seigneur, que d'. « ayants droit » !
On apercevait, louant des. coudes dans la
cohue : MM. Adolphe* Brisson, Paul Ginisty,
Paul. Souiiay, Adolphe Aderer, Mpth-ias Mor-
WcSt, Régis Gignoux, Robert de 'Beauplan, Al-
fred Savoir, Léo Claretie, Daniel Riche, No-
)ière, Gustave FréjaviMe, Charles Oulmont.
.f\nd-ré Waraodi, D. Cohen, André Dumas. Paul
Dranet.
Mmes Tristan Bernard, Ollendorff.
M. et Mme Bing, Mme Jane Catulle-Mendès.
Et M. et Mme Georges Courteline, les dessi-
nateurs Ibels, Barrère ; les caricaturistes Tor,
tktkeroy ; les écrivains Ch.-Henry Hirsch, Tim-
)nory, en ru-ban rouge, Jules Rateau, idem, Max
iet'Alex Fischer, Elie de Bassan, C.-A. Traversi,
Géo London, Alexandre Meunier, Edmond Teu-
let, Guillot dte (Mu) Saix, Georges Bine, A. d,a
Moulin, récemmeiirt « paternel M, Ricciotto
Caaudo, Pascal Bonetti, Pierre Thomas, lé pein-
tre Bloomfield, le sculpteur Fayard, le docteur
Henriquez de Zubi-ria.
Et M. et Mme Alfred Machard qui s'y con-
naissent sur le chapitre des gosses.
MM. Choisy, Néblis, Varna étaient venus re-
présenter près de l'enfance la direction ou l'ad-
ministration théâtrale.
Le socialiste Léo Poldès l'honorait par le
port d'un smoking. M. Alexandre Duval par
celui de son petit chapeau gris gri (karabi).
Parmi les comédiens, je reconnus MM. Abel
Tarride, Lorrain, Gildès, Martinelli, Bouibouro-
che die la veille, Vallée, Pizani, Carpentier, Ro-
ger Picquard, Marc Roland, Robert Ancelin, Bil-
lard, Pierre Mamès, Jean Derblay et le bary-
ton Burnier.
Parmi les comédiennes- : Gina Barbieri, Mady-
Berry, Suzanne Gal'istein, Juliette Deprësle,
Magdeleine Damiroflf, Lucienne Givry, Mary
Dubas, Denyse Réal, Juliette Clarel, Ginette
Rierny. Janik Leonnec.
Et la brune Juaniita de Frézia, et la brune
Marianne Hugues, entre lesquelles passait la
toison claire die Mlle Suizy Dubert, tandis que
Mme C.-A. Fontanges, malicieusement, block-
notait. -,
Bien entendu, tout le monde s'interpellait pué-
rilement, s'appelant: « Mon gosse, ma poupée,
mion bébé, ma toute mignonne, mon mignon,
ma p'tite môme, mon gas, mon joli, mon pou-
let, etc., etc. »
*
Acclamé et réclamé, M. Léon Frapié se laissa
amener sur la scène au milieu dies petits, avec
lesquels l'auteur de La Maternelle se montrait
si paternel.
Et l'on s'en fuit, à la sortie, chez les abreu-
vants du quartier, boire sur le zinc ce qu'il est
encore convenu d'appeler une momi nette.
ARMORY.
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précédente. Remercions nos anciens et nos
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veulent bien adresser.Nous sommes très sen-
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est une juste observation qui nous a été
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giatures d'été et n'ont pu bénéficier du prix
réduit du renouvellement
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eu le temps d'être avertis des avantages qui
leur étaient offerts. Prévenons donc nos
anciens abonnés que nous accepterons ex-
oopti
piration de celui-ci — jusqu'au 15 octobre.
Ce qui est vrai pour nos abonnés n'est
pas moins exact pour nos lecteurs absents
de Paris. Pour ceux-ci nous attendrons jus-
qu'au 7 octobre à midi.
Après ces délais aucun abonnement ne
sera accepté ou renouvelé aux prix anciens.
ON PEUT DONC ENCORE SOUSCRIRE DE
NOUVEAUX ABONNEMENTS AU PRIX DE 50
FRANCS PAR AN JUSQU'AU 7 OCTOBRE COU-
RANT ET RENOUVELER LES ABONNEMENTS
EN COURS JUSQLFAU 15 OCTOBRE INCLUS.
Anciens et nouveaux abonnés bénéficie-
ront d'ailleurs d'avantages tels que le prix
de leur abonnement leur sera totalement
remboursé dans le courant de l'année. C'est
ainsi qu'ils auront droit à des places gia-.
tuites ou à 50 pour 100 de réduction sur
le prix de ces places (suivant le cas) pen-
dant nos fêtes, nos conférences et nos con-
cours.
"Coluœdia" sous la Coupole
M. Merlin, directeur du Service des AntiquP
tés de la Tunisie, a étudié, à l'Académie des
inscriptions, une mosaïque récemment décou-
verte à Carthage.
Cette mosaïque, qui doit dater du cinquième
siècle de notre ère,- comprend trois registres
superposés qui représentent un grand domaine
africain.
Au centre se dresse la villa du maître : avec
ees tours et ses murs massifs, où seules les
arcades d'une galerie mettent au premier étage
fr.3 note d'élégance, cette vi'l'a a déjà presque
l'aspect d'un château-fort.
Derrière cette villa s'étend un parc et s'élè-
vent des dépendances, écuries et thermes pri-
vés.
Sur le reste du tableau se dévelonnent des
scènes qui dépeignent ta vie du domaine aux
diverses saisons ; récolte des olives et capture
des canards sauvages en-hiver, épis qui mûris-
sent et troupeaux ou pâturage en été, cueillette
des roses au printemps, vendanges à l'automne.
Ces seèrjis se groupent autour des images
des châtelains qu'elles nous m'entrent dans leurs
occupai or.G favorites.
Bien réussi au point de vue artistique, cet
ensemble est d'une valeur documentaire de pre-
mier ordre : cette mosaïque vient heureusement
compléter les renseignements que nous fournis-
saient dé^à* des vestiges identiques découverts
soit en Tunisie, soit dans la province de Cons-
tantine.
M. Antoine Thomas a exposé les raisons qui
le portent à croire quî la petite ville d'Avaux,
dans la. Creuse, a toujours fait partie du terri-
toire des Lemovices et non de celui des Bi-
turiges. A. G.
Erratum
Dans l'article de Mme Marguerite Coleman,
Le Jardin de Racine, un accident matériel ayant
provoqué la chute de plusieurs lignes, et ces li-
gnes ayant été rétablies après coup, le nom de
la Champmeslé a été remplacé par celui d'A-
drienne Lecouvreur, qui avait sept ans lorsque
mourut l'auteur d'Andromaque. D'où confusion
entre la première et la seconde partie de l'ar-
ticle, et confusion entre des personnages vivant
les uns au XVlIo et les autres au XVIIP siè-
cle ! NC3 lecteurs, qui nous excuseront, auront
d'ailleurs rectifié d'eux-mêmes.
* - DANS LA LÉGION D'HONNEUR ,
t' , ——- 1 i :
La Promotion exceptionnelle
tÎ uMînist "ère de l'Instruction K
-- Publique et des Beaux=Arts
Nous relevons, dans cette promotion eïcep.
tionnelle les noms suivants, chers a tous les
lettrés et à tous les artistes.
Parmi les commandeurs: MM. François Fla-
meng, membre de l'Institut, professeur à l'E-
cole des Beaux-Arts, président de la « Firater-
nelle des Artistes ».
Parmi les officiers : M. Elie Berger, membre
de l'Institut, professeur à l'école des Chartes*
MM. Perdreau, chef de bureau au ministère dé
>
l'instruction publique et des beaux-arts, adjoint
au directeur des beaux-arts; Arsène Alexandre,
inspecteur générât des beaux-arts et des musées ;
Sa-rradin, - conservateur du château de Compiè-
gne; Champier. administrateur de l'école natio-
nale des arts industriels de Roubaix; SinQIs,
inspecteur principal du dessin de la Ville de Pa-
ris; Gémier, directeur de théâtre à Paris ; Théo*
dore Reinach, membre de l'Institut; de Gra-
mont, membre de l'Institut, membre de la com-
mission supérieure des inventions; Branly,mem-
bre de l'Académie des sciences ; Camille Blocà4
inspecteur général des bibliothèques et des ar-
chives, directeur de la bibliothèque et musée dç
la guerre ; Omont, conservateur de la. Bibliothè-
que nationale; Ernest Denis, professeurs la
faculté des lettres de Paris; Pe.tit-Dutaillis, Qins-
pecterur général de l'instruction publique, direc-
teur de l'Office national des universités; Ferté,
proviseur du lycée Louis4e-Grand ; Rousselet,
proviseur du lycée de Nancy ; Lefebvre, ins-
pecteur d'académie, directeur de l'enseignement
primaire de la Seine ; Bernard, directeur, de
l'Ecole normale d'instituteurs de la Seine.
Parmi les chevaliers : MM. Vitry, conservateur
des musées nationaux; Hubert, conservateur ad-
joint du musée des antiquités nationales de St-
Germain ; Georges Daudet, inspecteur général
adjoint des monuments historiques ; Emile
Boyard, inspecteur de l'enseignement du dessin
et des musées ; Granger, professeur de chimie
et de technologie à l'école de céramique de Sè-
vres; Théodore, conservateur général des nau-
sées du palais des beaux-arts de Lille ; Roze,
conservateur du musée d'Amiens; Brunet, ar-
chitecte en chef des monuments historiques;
Ventre, architecte en chef des monuments his-
toriques ; Mougooot, architecte en chef de la
ville d'Epinal, membre de la Société des Ar-
tistes français ; Ratez, directeur de la succursale
de Lille du conservatoire national de musique
et de déclamation ; Arnould Galopin, Jean Tha-
raud, Pierre Benoit, Albéric Cahuet. Akar,
hommes de lettres; Marie, homme de lettres et
auteur dramatique ; Mac Orlan, directeur litté-
raire de l'Edition française illustrée; Marguil-
Her, secrétaire de la rédaction de la Gazette
d-es beaux-arts; Poulbot, dessinateur; Baneux,
dit Barrère, dessinateur; Simon, peintre ver-
rier; Victor Charpentier, compositeur de musi-
que; Pollain, violoncelliste; Mme Webel, .so-
ciétaire de la Comédie-Française ; Laloy, sècré-
taire général du théâtre national de l'Opéra.
chargé de cours à l'institut des hautes études
chinoises de l'Université de Paris; Bourrelier,
éditeur à Paris ; Mme Rachel Boyer, présidente
fondatrice de l'Union des arts.
MM. Bonglé, Verrier, Martinencne, profes-
seurs à la Faculté des lettres de Paris; le Bre-
ton, maître de conférences à. la même faculté;
Pariset, professeur à la Faculté des lettres de
Strasbourg; Marsan, professeur à la Faculté des
lettres de Toulouse ; abbé Rousselot, prépara-
teur au Collège de France ; Beaulieux, secré-
taire de l'école des langues orientales ; Parodi,
inspecteur général de l'instruction publique;
Roustan, inspecteur d'académie à Paris; Bruet,
censeur du lycée Louis-le-Grand. ';/
M. FRANÇOIS FLAMENG ;
Commandeur de la Légion d'Honneur
La décoration que M. François Flameng, qui
reçut la cravate de commandeur, fit pour l'Opé-
ra-Comique, est parmi les meilleures de re théâ-
tre. Quand on l'inaugura, en 1898, M. Flamgnft
avait déjà doté la Sorbonne de six panneaux
portants où il retraçait l'histoire de l'Université
de Paris. Il avait, fils du grand graveur Léopold
Flanteng, débute au Salon de 1877, après avoir
passé par !'atelier de Cabanel et de M. Jean-
Paul Laurens. Depuis, sa route se jalonne d'oeu-
vres que popularisa la gravure et dont le seul
titre frit image: L'Appel des Girondins, Les
Vainqueurs" de la Bastille. Camille Desmoulins,
Marie-Antoinette allant au supplice; Les Joueurs
de Boule; toute une suite où il évoque la haute
figure de l'Enupereur ; et des portraits, dont quel-
ques-uns seront parmi les pjus remarquables de
notre époque. Membre de l'Institut, professeur
à l'Ecole des Beaux-Arts, président de la Socié-
té des Artistes Français, M. François Flameng
fut, de naine grande guerre, un des plus exacts
et des plus braves évocateurs. Car souvent il
alla chercher ses épisodes sous le feu même de
- -« t-
(Photos Henirl-Mamiel)
En liant, (i.B. gauche à droite : MM. Jean TKtîtr.tra, Edouartf 6ARRADIW, Victor CHARPENTIER
Au centre, de ga:U!Coo à droite : MM. CEMIER, Arsène ALEXANDRE
En bas, de gauche à droite : MM. Georges OAUD ET, Dominique BONNAUD, Albéric CAHUET
l'ennemi. Tout.cela devait être dit pour la gloire
de ce galant homme qui, à toutes les oeuvres
de solidarité Artistique, a su apporter l'expé-
rience d'un esprit généreux, toujours prêt à
servir la cause de l'art et des artistes.
M. FIRMIN GÉMIER T
Officier de la Légion d'Honneur
C'est avec la joie la plus grande que Comœdia
enregistre l'élévation de M. Firmin Gémier au
grade d'oflicier de la Légion d'honneur.
Avec M. Antoine, M. Gémier est la person-
nalité théâtrale la plus intéressante et la plus
originale. Nous ne voulons pas retracer ici la
carrure du directeur du Théâtre Antoine. Com-
me acteur, comme directeur, comme metteur en
scène, comme innovateur en matière d'art dra-
matique, Gémier a droit à notre entière admi-
ration, à notre reconnaissance.
En décernait la rosette à M. Gémier, Je gou-
vernement a voulu couronner les efforts artisti-
ques de l'homme qu'i, par son activité, sa cons-
cience professionnelle, son intelligence, contri-
bue le plus au relèvement du prestige de l'aft
dramatique français.
D'aucuns ne voient dans Gémier qu'un pres-
tigieux metteur en scène. Avec Butors et la
Finette, de François Porche, avec les -beaux
spectacles de la Société shakespearienne, An-
toine et Cléopâtre. Le Marchand de Venise, La
Mégère apprivoisée; avec la mise en scène nou-
velle du. Bourgeois gentilhomme, avec Œdipe
roi de Thèbes, de M. Saint-Georges de Bouhé-
lier, Gémier a, en effet, prouvé ses vastes et
intéressantes conceptions scéniques; mais il est
aussi un admirable artiste, d'une culture éten-
due et d'une grande érudition. Rien de ce qui
touche au théâtre ne lui est étranger. Aussi,
son opinion fait-elle autorité.
Les auteurs dramatiques qui ont été révélés
par Gémier sont unanimes à rendre hommage
à sa bienveillante cordialité; ses pensionnaires,
son personnel parlent de lui avec l'amicale dé-
férence due au « patron » le plus indulgent qui
soit.
M. ARSÈNE ALEXANDRE
Officier de la Légion d'Honneur
voit, par la rosette, récompensée toute une vie
4loblement vouée à l'art dans ce qu'il u d'ar-
'dent, de combatif et de moderne. Critiqué du
Figaro, collaborateur à de nombreuses revues,
il est, agissant et toujours debout, de toutes les
manifestations de notre art contemporain. Mais
il ne faut pas oublier que M. Arsène Alexandre,
quand il fonda Le Rire, avec M. Félix Juven.
donna un nouvel essor à l'art humoristique fran-
çais, et que toute une génération d'artistes, au-
jourd'hui illustre, lui dut, à ce moment, la no-
toriété.
Les livres de M. Arsène Alexandre - qui
forment une bibliothèque — portent la marque
d'un esprit averti de toutes les grandes ques-
tions artistiques; ils évoquent les plus belles
figures de l'art de tous les pays et de tous les
temps. Conservateur du château de Compiègne,
M. Arsène Alexandre revient à Paris comme
inspecteur des monuments historiques ; il ap-
porte dans ses fonctions, avec cette parfaite con-
naissance des œuvres à laquelle nous venons de
rendre hommage, une urbanité qui lui a fait de
nombreux amis.
M. EDOUARD SARRADIN
Officier de la Légion d'Honneur
Conservateur du château de Compiègne, col-
laborateur du Journal des Débats depuis plus
le vingt-cinq ans, M. Edouard Sarradin a donné
des soirées parisiennes où il n'a cessé d'affir-
mer un sens profond et un esprit de justice dont
ont toujours bénéficié les manifestations les
plus modernes de notre temps; le critique d'art
est chez lui à la hauteur du critique dramati-
que, et tout le monde loua le ministre qui, de
cet excellent journaliste, fit un conservateur du
ïMSee de Pau. Mais à ce moment, mobilisé, il
rendait de précieux services à la section d'In-
formation du ministère de la guerre, et tous
nos confrères conservent le souvenir de son
amabilité souriante et de son inépuisable obli-
geance. C'est du ministère qu'il passa à la
conservation du musée de Compiègne; il y ar-
riva en 1918, en une heure tragique, sous un
bombardement de jour et de nuit, où, avec les
obus, alternaient les bombes d'avions. M.
Edouard Sarradin organisa la protection du châ-
teau; il expédia en lieu sûr les meubles histo-
riques. La guerre terminée, il s'occupa de ré-
parer les désastres; il s'y emploie encore, et
la réalisation de ses projets donnera une vie
nouvelle à ce château de Compiègne, un des
joyaux de notre domaine artistique. M. Edouard
Sarradin collabore également à de nombreuses
revues; il est l'auteur d'un livre sur Car-
peaux.
MME RACHEL BOYER
Chevalier de la Légion d'Honneur
Mme Rachel Boyer, qui est toujours pension-
naire de la Comédie-Française. ne lui appar-
tient plus guère effectivement. Elle a cessé d'y
paraître de façon régulière et on ne la voit
guère qu'à l'occasion des « cérémonies ». Elle
est toujours (c de la Maison ».
Elle y jouait avec une rayonnante et plantu-
reuse gaîté les grandes soubrettes de Molière.
Elle fut Martine, Toinette, Donne, etc. Sa ru-
desse paysanne, sa bonne humeur faisaient plai-
sir à voir.
Mais ce que ia distinction. QJ;i lui est remise
aujourd'hui consacre surtout, c'est son admira-
ble, son inlassable bonté, son zèle constant, quo-
tidien, passionné pour soulager les misères, se-
courir les malheureux, combiner l'aide mutuelle,
afin de sauver des enfants ou d'éviter à des
vieillards la mort solitaire.
Présidente fondatrice de l'Union des Arts. elle
a constitué cet Orphelinat des Arts qui a per-
mis d'élever tant dç petits déshérités. Elle s'est
occupée ds nombre d'autres œuvres. On ne
compte plus les fêtes qu'elle a organisées avant,
pendant et depuis la guerre pour trouver des
prétextes et des aides à sa charité agissante.
Tou;-Pa-ris par elle a fait un bien qu'il ignore,
et ce fut sa grande joie et sa grande activité que
de transfigurer ainsi les plus frivoles plaisirs en
bonté, en générosité. Des milliers d'humbles, des
milliers de pauvres gens aujourd'hui seront heu-
reux de savoir ce grand cœur récompensé.
L. H.
M. Louis LALOY
Chevalier de la Légion d'Honneur
Entre toutes, la distinction accordée au se-
crétaire général de l'Opéra sera vivement ap-
préciée. Il n'est pas nécessaire de faire ici l'é-
loge de M. Lcuis Laloy. Sa haute compétence,
la valeur littéraire de ses écrits lui ont, depuis
longtemps, acquis une situation hors de pair
dans l'universalité du monde artistique. Agré-
gé des lettres, polyglotte, professeur, musicien,
M. Louis Laloy n'est étranger à aucune des ma-
nifestations de la pensée. Sa thèse de doctorat :
Aristoxène de Tarente l'avait d'emblée placée
parmi les plus fins érudits. Aussi, moins de
deux ans après, était-il chargé du cours de
l'histoire de l'art à la Faculté des lettres.
Il publia des livres : Rameau, Claude Debus-
sy, La Musique chinoise, qui firent sensation,
et, à la scène, Le Chagrin dans' te palais de
Han reçut l'accueil te plus chaleureusement
sympathique.
Pendant la guerre, M. Louis Laloy fut mo-
bilisé au bureau des Informations militaires au
ministère de la guerre. Tâche infiniment déli-
cate que celle qui lui fut confiée et qu'il rem-
plit avec un tact et une virtuosité remarquables.
Comœdia se réjouit de 'cette distinction ac-
colée à un éminent critique musical, et je
M. Louis LALOY
suis personnellement heureux d'adresser à mon
cher confrère et ami Louis Laloy, mes félici-
tations les plus chaleureuses.
RAYMOND CHARPENTIER.
M. ARNOULD GALOPIN
Chevalier de la Légion d'Honneur
Ancien reporter, puis secrétaire de rédaction
du journal Le Soir, M. Arnould Galopin est de-
venu un feuilletoniste intéressant et captivant.
Ses romans ont quelque chose de scientifique
qui rappelle Jules Verne, et sont en même temps
mouvementée et pleins d'action. Son dernier ro-
man Les Poilus de la neuvième a obtenu un
fort légitime succès, popularisé par le cinéma-
tographe.
M. VICTOR CHARPENTIER
Chevalier de la Légion d'Honneur
est le frère de Gustave Charpentier. Dévoué à
là cause de la musique qu'il sert avec ardeur,
il dirige depuis de nombreuses années des con-
certs symphoniques populaires qui sont vive-
ment appréciés du gros publ'ic.
(à suivre.
Nous croyons savoir qu'une promotion supplé-
mentaire, comprenant un certain nombre d'offi-
ciers et de chevaliers, sera publiée dans quel-
que jours.
LES CONFLITS DU TRAVAl1
L'Association des DiïeCf
de Théâtres de P~
et la Fédération du SpeC
La lutte reprend
- -,
LW pourparlers continuent dans -J
théâtres sans que les résultats obtefl
dignes d'être signalés. ,
Le refus par les directeurs d aC (¡jcI
clause n° 1 et de reconnaître lf o
auteurs va probablement faire naître d)
les querelles. Le Comité intelfsy' le,
n.ira pour examiner la situation..
Le Syndicat des auteurs s'est réu®1 0
à la Bourse du Travail. à 1"
L'ordre du jour suivant a été voté t Jl
mitte:
Le Conseil syndical des Auteurs ~dramati
dans sa réuiîiian hebdomadaire du 1 ,
devant le refus de l'Association des -nirec®1
théâtres de Paris de reconaïaître le Sy CIl":
Auteurs dramatiques, accorde toute g~'
au Comité Intersyndical Parisien „ ■ grfj
afin de faire respecter le droit ,
teurs. - ~f V
D'autre part, enregistrant la lettre
René Fauchais, tout en restant s-ylld' iw-
sa démission de secrétaire général, Ie
dical des Auteurs dramatiques décla^'jétv
entièrement l'action menée pa.r le
joint André Colomer, qui n'a fait qU né 1""
lement le mandait qui lui avait été dan r.
Conseil ; t1 11";,
Fixe l'assemblée générale ordinai. re « 11
6 octobre, à cinq heures, Bourse du Travail
en attendant l'élection du nouveau s** j»
néral, propose aux votes de rassemuiec^
des camarades H.-R. Lanormanid. Staje
Maurice de Faramond, Maurice Mag^* je»*
tia, A. Villeroy. 4
Le trésorier Alphonse Séché accepta
d'ici là l'intérim du Secrétariat genêt" .,
A l'Opéra-Comique, on va vers
tente ; à l'Opéra, on marche vers 11
, A L'OPERA
La situation reste tendue. Les $
porations maintiennent intégralement
vendications.
M. Rouché est encore absent de dit)
il ne semble pas, d'après ce que 1 on
péra, qu'il ait l'intention de céder. l~'
Le contrat se termine dans qtl-140,1
Tout fait prévoir un conflit. £
A L'OPERA-COMIQ^
A l'Opéra-Comique, au contraire)
se calment, les habilleurs, les cO
petit personnel ont obtenu satisfacu05^jrf|
Les chorégraphes se sont réunis, .{j?
Bourse du Travail. Les directeurs Il ,1
150 fr. par mois d'augmentation del
Nous croyons savoir que les p^v^iK
ce qui concerne les chœurs, sont en #
restent les artistes lyriques. Au ~~t de
réunion, les chorégraphes, bien q Su 'as
satisfaction, ont cependant déclaré qu' ,gs
prêts à un mouvement de solidarité-
On discuta également la question de Ailé
ment des danseuses et les modale ,
mens de danse. -«il#!!
M. Albert Carré recevra les délégli"
mité intersyndical mardi prochain 5
ANDRÉ S
Erratum. — Par suite d'une e
ragraphe de l'ordre du. jour de l'A6^ r
directeurs de théâtre que nous a
hi,er, a été oublié. Le voici : (c<'
« Les artistes engagés à la plece fIlSIÍ
trente francs par représentations,
soirées. » J
De plus il a été imprimé : 'r
te Les artistes engagés, à l' avenl ,
650 fr. par mois. » Il faut lire ; - Il. Il
« Les artistes engagés à l'année-- "y
Tablettes synclico
Chez les machinistes. — L'écOle
nelle syndicale des machinistes ~nc~
annoncé la fondation ouvrira le 15 j~
cours théoriques seront faites à 4
Travail. Les cours pratiques auron ,.
suite dans un théâtre qui n'est P;
signé.
Le Théâtre Syndical. — Fondé el'J J.
le théâtre syndical, après avoir y
banlieue, gagne Paris. Dimanche à 'JO
de la Bellevilloise, 23, rue BOye\o' s
aura lieu la troisième représenta
organisée sous le patronage de la soir.-
Spectacle. Le programme de cette 50*1
même qu'à Levai lois.
Une partie de concert y a s~, ':n~t.n~
concours de M. Zocchi, de l'OP I
Mme Bonnet-Baron, de l'Opéra, (jeOcP'
Durand de l'Opéra-Comique, ~M.
Jane Florian, M. Norcel. cD
Orchestre sous la direction dU çfr
Guittard.
Le Baiser, de Théodore de Ban mi)
Delferrière et Mlle Anita Soler.
Régisseur général: M. Saint-C^
places: 2 fr. 50. f
Chez tes chorégraphes. — Les $
ont été réunis hier à la Beerse r1(9'
on leur a fait connaître le Pr 0
cours. , , '00 p
- - âu
Lundi prochain, une « repe-itii+1i' ofl V
de l'ouverture de l'école aura lIe. j
de la Gaîté à 9 h. 30. trp
On distribuera leurs cartes au: 001'
ves, on leur indiquera leurs ,IOgegppre
sentera aux professeurs et l'on appf*
débutantes à s'habiller en dans
L'école ouvrira mardi ou mère
Les Conférence 1
A LA SORBONNE (amphithéâ. t^ y
- Samedi 2 octobre: 10 h. éusel r
Moret: Etudes d'archéologie Le,
14 h. 30-15 h. 30, M. Redslûb: it
litique de l'Alsace-Lorraine sous A P
allemande. — 15 h. 45-16 h. 4 f.
Basch: Esthétique dramatique : J
drame. -
"Comœdia au J'B
Aujourd'hui 2 octobre, à ~- ~M
cours et tribunaux..
Les Petites Expositions
Exposition Nadelmann (Galerie Dernheim jeune)
-n n'est pas indifférent que l'une des premiè-
res exportions de cette année soit une exposi-
tion, de sculpture. Il faut donner à la sculpture
.,ta place à laquelle elle a droit dans nos préoccu-
pations artistiques, la mettre sur le même plan
que la peintu.re et lui accorder pareille attention
et pareil intérêt. Je ne me tasserai pas de le
répéter. Il ne faut pas oublier que la sculpture
est, dans nos pays, l'élément principal de notre
ornementation monumentale et que si la France
est une terre de peintres, elle est peut-être, plus
Sun pays de soulpteurs, et rien encore n'a égalé
Ja floraison de pierre qui, du XIIe siècle à nos
Jours, a paré tous les édifices religieux ou ci-
vils dont nous sommes fiers à juste titre. Aussi
n'y a-t-il rien. d'étonnant qu'à l'exemple des
peintres, les sculpteurs de l'étranger viennent
puiser à nos sources, se réclamer de notre école
et travailler à Paris. Si j'en juge d'après son
nom, M. Nadelmann n'est pas Français, bien
que ses œuvres se rattachent à notre art et doi-
vent à notre ambiance Le meilleur de leur ex-
pression. „
Les figures que nous présente M. Nadelmann
sont d'intéressantes recherches d'attitudes pour-
suivies avec un désir d'être concis et de ne dire
que le nécessaire. Il souligne le geste, sans at-
teindre à la caricature et sans viser à la charge.
C'est, en quelque sorte, du croquis sculptural,
tht croquis volontaire et hardi qui va droit au
but, ce que seraient, par exemple, des dessina
ïe Toulouse-LauArftç et de Degas, transcrits en
rondebosse, avec quelque naïveté et sans autre
souci qu'une apparence fugitive des êtres pris
pour modèles.
Taillés ou modelés dans le plâtre, animés par
de légers rehauts de couleur, ses figures ne se
soucient pas d'un modèle précis qui évoque la
vie par une étude méticuleuse et volontaire, une
étude qui fasse pour la lumière comme une ca-
resse immatérielle, destinée à éveiller les fré-
missements de l'épiderme. Elles suggèrent. Elles
sont créées sous une sorte d'obsession d'un im-
pressionnisme de la forme qui ne fixe d'elle
que ce que l'œil en voit et en retient, d'un ra-
pide regard. Voici, par exemple, un homme
assis. Il n'y faut pas chercher les différents
membres du corps, analysés attentivement, puis
recréés par une synthèse qui se préoccupe de
l'armature naturelle; les bras arrondis, le torse
en modelé sommaire, les jambes tombantes sont
indiquées dans l'aspect immédiat qu'ils pren-
nent lorsque nous regardons un personnage dans
pareille attitude. Les peintres nous ont préparé
à goûter ces apparences vivantes que Nadelmann
transcrit en sculpture. Comme certains d'entre
eux, il vise à exprimer la vie par la seule élo-
qiicnce d'une ligne bien tracée, d'une lumière
jouant aux bonnes places. Ses figurines appor-
tent quelque chose de spécial. On ne peut parler
d'esquisses, car nous sommes loin des esquisses
que font les sculpteurs pour aider leur mémoire.
Le seul terme qui me paraît convenir est un
terme de peintre, celui d» croquis. Et c'est plus
aux peintres qu'aux sculpteurs- qu'empnunte
l'art ds Nadelmann. je dirais plus haut : Tou-
louse-Lautrec et Degas. M. Henri ratisse lui
aussi, doit être cité ; certains de ses dessins sont
de ceux qui ont pu inciter M. Nad-elman , à -
poursuivre ses intéressantes tentatives. On en
pourrait dire autant de bien des croquis con-
temporains, ceux, par exemple, de M. Manquet
qui donnent tant de charme au livre publié, par
M. Besson. Ce n'est pas à dire que le sculpteur
soit parvenu au degré de maturité artistique,
de MM. Matisse ou Marquet. Ses efforts se.
poursuivent dans une même voie de complica--
tions, et en cela il marque son souci de moder-
nité.. j ti- y
Il y a, au Pavillon de Marsan, dans cette ex-
position du Musée de la Guerre qui sera bien-
tôt terminée, deux petits cadres sur lesquels je
voudrais attirer l'attention. Il est peut-être 'dé-
licat de les signaler, car ils contiennent' des
œuvrés qui sont, sans contestation possible, très
supérieures à ce qui a été fait, à ce qui se
fait encore actuellement, en France, sur le
même sujet. J'estime cependant qu'il faut lais-
ser à la seule autruche le privilège de cacher sa
tête dans le sable pour ne pas voir, autour de
soi, les choses désagréables ! Et je' demande la
permission de parler des quelques spécimens de
papier-monnaie allemands qui sont placés la,
sous le yeux du public. Tirés, la plupart, par
les soins des municipalités, ils sont composes
aveç un louable souci esthétique et avec des
procédés d'impression excellents. La moindre
bourgade eut, ou a. les siens, gravés en plu-
sieurs tons, sur un papier choisi. Qu on les
compare avec ceux de la Chambre de com-
merce de Paris, dont la hideur rivalise main-
tenant avec la saleté, ou même avec nos biliat-s
de cinq francs, et, hélas! il faudra bien cm-
fesser que la supériorité n'est pas de notre cote.
C'est une constatation désagréable. Il ne ser-
virait à rien de ne pas la faire. Ce qui peut,
dana une certaine mesure, en adoucir l'âcreté,
c'est que cette différence n'implique en rien
une infériorité ni chez nos graveurs, ni chez
nos imprimeurs. Nous avons, tant chez les pre-
miers que chez les seconds, des artistes qui ne
craignent aucune rivalité. On eût pu deman-
der aux uns des dessins qui eussent été dignes
de notre renommée, on peut citer des autres
maints tirages qui atteignent à la perfection.
Le -temps n'est plus où certains s'imaginaient,
à Paris même, que Berlin seul pouvait fournir
des trichromies de premier ordre. Mieux, ces
fac-similé de dessins, d'aquarelles et de pastels
par lesquels on tend, dans des ouvrages de grand
luxe, qui ne sont malheureusement qu'à la por-
tée d'un petit nombre de favorisés, de répan-
dre l'œuvre des grands artistes, sortent de cer-
tains ateliers parisiens, celui de M. Martin ou
celui de M. Clot, par exemple, avec un fini,
un velouté dignes des originaux. Nous pouvons
dire, sans craindre un démenti, que tous avons
des artistes, graveurs ou imprimeurs, capables
de donner aux produits les plus courants cette
marque d'élégance et de distinction, par quoi les
produits français devraient rallier tous les. suf-
frages. Nous avons ces artistes. Seulement, ce
n'est pas à eux qu'on s'adresse.
On a publié ces derniers temps l'image de
la pièce en bronze d'aluminium que s'apprête
à fra,p,per la Monnaie de Paris. Rien de plus
niaisement banal que la figure qui y est gra-
vée. Elle date, dans l'esprit comme dans la com-
position, d'un demi-siècle au moins. Rien de
changé depuis le temps, c'était en 1892, où Ro-
ger Marx écrivait : « En ce qui regarde l'admi-
nistration des Monnaies, elle témoigne, à l'en-
droit des artistes, une parfaite indifférence ; ma-
nufacture d'espèces, si elle vit, c'est à l'écart
du présent ; si elle produis c'est en recommen-
çant le passé. » Cependant, nous avons d'ex-
cellents médailkurs et, si on avait même, à cet-
te occasion, voulu joindre la sentimentalité au
mérite, certains qui ont fait la campagne tout
entière dans les conditions les plus pénibles et
s'y sonit distingués, eussent pu fournir un mo-
dèle digne de notre temps. Seulement, on ne
s'est pas adressé à eux. Ainsi, municipalités,
chambres de commerce, Banque de France.Mon-
naie, sans s'être concertées, ont mis en circu-
lation billets et monnaies — sans parler des
affiches — qui déconcertent et "'ui donne une
idée fâcheuse du goût de la grande bourgeoisie
commerçante, industrielle ou financière, qui en
a choisi les types.
Cela tient à ce que, en matière d'art, chacun
s'^ imagine avoir du goût et veut imposer ses pré-
férences. Il est facile de juger si un commer-
çant eu un banquier sont heureux en affaires,
les chiffres se chargent de l'indiquer avec une
suffisante précision. L'artiste échappe à des ju-
gements aussi sommaires et aussi aisés. La per-
sonm-lité de son expression indispose contre lui
les jugements acquis et lui aliène toutes les
routines. Ceux-là seuls qui apportent des lieux
communs, des formules établies, sans rien qui
choque rien qui étonne, ceux-là sont desti-
nes à l'emporber dtans la plupart des cas et nous
assistons ainsi au triomphe de la banale médio-
crité.
Il n'est cependant pas indifférent que les vi-
gnettes qui passent sous tous les yeux, les piè-
ces de menue monnaie qui doivent circuler entre
tous les doigts, les timbres que chacun colle
sur les enveloppes, soient des oeuvres d'art. Ce
sont, parmi les productions contemporaines les
seules qui soient accessibles à tous, celles qui
devraient contribuer à l'éducation artistique des
masses et répandre partout une vision de beau-
te. Le goût général y gagnerait, car il y a, dans
sa formation, mille éléments impondérables. Ce-
lui dont nous nous réclamons, ce 9 kJ
qui dira quelles en sont les soU 1
subtile de l'atmosphère de ~<'~
de certains de ses coins, oorntI1 0
parable place de la Concorde ,que » e" jj/i
sée au centre, ne réussit P01 Wf
puis, même les étalages de
est te-l petit fruitier qui est, da", 5
remarquable artiste. Il est te1 p#V,
nue Montaigne, devant chez qul jes
jour et qui me procure des J rs
par l'arrangement subtil des ~fleurs coupés
qui ont vu les étalages de la P biett,
villes européennes, savent, CO' biet"
de vue, Paris leur est superîetii'-jl y
dans les rues de Londres en fj
jet. Et ia régularité mathétnaK
des vitrines berlinoises ou bot' tf je .Ii
guerre, accusait nettement Jfo,1
fantaisie de nos étalagistes. d'fttf,
Il n'est pas en cette ati c1'oWC '.Â
riorité. Il faut conserver P,
les que nous possédons. 0,
dustriel qui soigne la pi-e , e
pectus et de son papier à 1 2^4* di
l'applaudisse. Ici encore, 11. L
à faire dans nos administra» ^4 vi.
l'on songe aux vignettes ce j% j r;
nent des en-têtes officiels de 10 df
L'exemple sur ce point, Cool j
autres, nous fut donné p ar los fféc'
en combien d'endroits E,,C ni b1
ne semblent-elles pas p f,
raître désireux d'économisé pltlS t t~
admettre les caractères les Il ^5 7
l'arrangement le plus bana -^ et ,
officiels qui courent les P06t tft
qui est un crime de lèse-begilté.-,
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