Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1912-01-29
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 29 janvier 1912 29 janvier 1912
Description : 1912/01/29 (A6,N1582). 1912/01/29 (A6,N1582).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7647532t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
COMŒDM — LUNDI 29 JANVIER 1912
jr 1
VISITES
W Gaby Deslys
nous donne
Ses , impressions de retour
Epousera-t-elle te roi oax vte daMeucf?
- 'p.as'mê.n:te le oaLcuSaiteur, Monsieur!
< bans son charmant satan toue ocre et vert,-
-Gaby Deslys est mollement étendlue sur
'lit de reipos.
:Ii: Sa main mux dcSigts roses et fusses 3case avec
ctedrbtiuire faste die lctatls dtJrmars, cadeaui rap-
'>0!rî® d'Améîàqiue.
se'- Je n'épouse personne, Comœdia a heureu-
Qrçieat dtémenitd la nouveMe ce matin. Je tra-
~'-''e. Et surtout j'ai travaffiïé. Di&'b~e! Otii ga-
sR>e (Je l'argent en Amérique. Mais jamais Plus
111 là-bas je n'ai "apprécié la .stgndÊca-lâoii) du
« gagner ». Il faut jouer douze lois pair
^aèjie et se débattre sur une scène immense
mii'lle, quinze cents et quelquefois deux
J;1'- personnages. A l'hiippodirome de Lonidires,
S avons eù cinq cents brebis en scène.
Qu'avez-vous joué?
jjp Un sketch, diix sketches, vingt sketches,
scènes quieleoniquios où l'on a pLus à
„^se
~3 Vera-Violetta. Je nfe safis plus atui .juste ce
te cela veut dire. J'aî pris part à toutes sortes
aUfeies spectacles, les minstrels-how par exern-
àe et qui sont, en quelque sorte des concerts
j e ntgres, J'ai dancé lie Ray-time.
- ???
— C'est lia danse de l'Ours. Je la créerai à
Paris M: GeorgeSnMdchei doit faire une conte-
rence et j'exécuterai le Ray-time à cette coulé-
rence. Voyez-vous, c'est comme ceci: t
Mlle Gaby Deslys se lève. Et c'est un déhian.
chement à fla fois burltesquie et gmckux, une
de dé aardculation des épaulâtes, uni pdétiine-
m très doux, un peu lourd.
C'est charmant, surtout dansé par Mlle Galby
Deslys.
Et lfc charmante Ulhisœ s'écuSe
Je Lancerai cette danse là Paris ! !
Louis HANDLER.
Alliances littéraires
La réunion hebdomadaire de M. et Mme de
Pomairols a eu hier un éclat particulier, dû à
la Présence de LL. ÂA. RR. le duc et la du-
chesse de Vendôme, venus pour présider la
00 et cimenter l'alliance de l'Association
d6 la « Littérature Spiritualiste » et des « Amis
de * Art Dramatique », S. A. R. la duchesse
de Vendôme étant bienfaitrice de la première
association et présidente d'honneur de la se-
conde. M. de Pomairols et M. Maurice de Ron-
seray ont exposé les tendances communes de,
leurs Sociétés. Puis Mlle Valsamachi a dit des
vers de M. de Pomairols sur S. A. R. la du-
chesse d'Atençon; MJie Dumos, Ides vers de
M. Maurice Briand et de Mlle Vignon, .Mme
Marguerite Jules-Martin, de MM. Nouët et
R. Vallery.Radot; M. Gauley, de la duchesse
de Robin et de MM. :M!wrer et de Pomaiinols.
.'-es honneurs du thé étaient faits par Mme
Jaijre, fille de Mme de Pomairols.
Dans l'assistance :
Princesse L. de Croy, vicomte, vicomtesse et Mlle
de Reiset, M. Fernand Laudet, Mme Webb, comte et
comtesse de la Bédoyère, Mme Valsamachi, Mme
Le Roy Liberge, M. Chérapiy, comte d'Elva, ba-
ronne de Léautaud, M. et Mme Paul Souday, mar-
quise de Villehermosa, M. Ed. Schuré, Mme C. En-
lart, Mme de Calmels-Puutis, Mme Gouraud d'A-
blancourt, M et Mme wèncker, Mme du Tartre,
(justesse de Coral, Mme J. Martin, comtesse d'An-
dlau, M. et Mme Richard Feuller, marquis et mar-
ise d'Argenson, M. et Mme M Briand, comte et
comtesse de la Jonquière, M. et Mme Georges Jacob,
Mme Parin de la Monardière, Mme Pottier de Cy-
prey, l'abbé de la Valette, duc de Rarécourt Pimo-
dan, Emile Cottiïiet, prince de Leca-Colonna, Mlle
Suzanne Meyer, comte d'Heculais, R. Vallery Radot,
marquise et Mlle de Vasselot, Mme Judith Gautier,
Mlle Gompertz de Voys, comtesse G. des Etangs,
général et Mme Kirkpatrick de Closeburn, Mme le
Tourneur d'Ison, comtesse de Magallon, Mme -L,..G;
arquise de Ranst de Saint-Brisson, Mlle
Rosalie Bernard, comte et comtesse de Nion, vicomte
et vicomtesse de la Baume, M. G. Lemaire, l'abbé
jy.., °^tesç«> de la Teillais, M. et Mme V. Guion-
Mu6 .îWifTiouse, comtesse de 4a Valette; M., Mine
Af" leurigny, Mme Constantin Isaïloff, ba-
ronne Alex. de Geiger, comte, comtesse B. de la
Forest Divonne, M. Pringné, marquise et Mlles de
Valcarlos, Mme A. Rigaud, marquise de Multedo,
Mme Masson, comte du Suan de la Croix, Mme Gul-
f:l¡a: * comte E. de Gabriac, Mme Ch. de Beaumar-
chais, comtesse et Mlle Chauveau d'Aulst, Mme
Mme de Montgolfier, Mlle Arnould, comtesse
et Mlle de la Fare, marquise Mistiattelli, comtesse
Aymar de Montbron, Mme Larson, marquise Siridot
de Bons, Mme de Lagrana. Mme Labovary. mar-
de Muribar, M. et Mme Ferris Thompson, Mme
de Lanribar, M et Mme Ferris Thompson, Mme
Chenu, Abel Léger, Mlle de Montigny, colonel et
vico orntesse de Courson, Mme Jeanriot, Mme et Mlles
de Ribier de Cheyssac, P. Feuillette, baron J. de
Parrel, Noël Nouët, comte et comtesse M. de Lou-
vencourt, G. Sylvain, comte et comtesse de Job.
Mme Papasogloce, comte J. Bedel du Tertre, M. Dis-
Mme de Villepin, M. Clermont Ganneau,
comte et comtesse de Briche, Mme de Preux, M. de
Villemandy, ^lle I» Dreusy, comtesse de Vaux
Saint-Cyr, comtesse Ce Vaugiraud, marquise d'Har-
et Mlle de Sardent, Musuriis-Bey, ba.
AUb e P1errebourg, baronne de Molembaia, M.
G. Aubray, M. Jacques Duval, Mme G. Dufaure,
etc
Oans le Monde
Suite , de réceptions, ces demies vendredis,
chez Mme Ferdinand Blumenthal.
Mme Iswofeky recevra, de iquiaitirie i sept heaif-
res, les quatre mercredis de février.
ù~ ***
et 5* 061* ce soir dans l'intimité, chez le marquis
tt Itfla marquise de Ganay.
Thé dans l'intimité, cet après-midi, chez la
comtesse d'Haussonville, en l'honneur de la du-
chesse de Vendôme.
Hier, a été représentée, au Cercle du Lyceum.
un aacte de la duchesse d'Uzès douairière ir:titu-
lée Un cas. L'assistance lui fit grand succès.
On annonce la mort de M Maurice Juven,
père de notre confrère, M. Félix Juven, et celle
~e Marguerite Meunier, fille de M. Henri-
^îoi■ s Meuniier, l'înd.ustrîeil connu.
AU THÉÂTRE DES ARTS
"MA MÈRE L'OYE"
Ballet en un acte, livret et musique de M. Ravel
Le haïlet de M. Maurice Ravel accomplit un
dessein puéril et merveilleux. Je vous jure qu'il
ne m'est pas du tout "indifférent qu'une fée ait
suscité, pour consoler et parer le sommeil de la
princesse Florine, qui tant dansa et si peu se
piqua, de jolis rêves au visage de légende. C'est
qu'ils sont un peu de nous-mêmes, étant du
royaume si doucement "fol de Charles Perrault et
de la Mère.l'Oye. L'âme française s'y reposera
longtemps encore; et c'est un grand bonheur:.
car les légendes où communient les tout petits
nous consolent de l'histoire .des hommes. Vous
devinez bien que, lorsque la Princesse endormie
s'est complu à la Belle et la Bête, au Petit
Poucet, à Laideronette impératrice des Pagodes,
à ces poétiques personnes où le meiHeur de
notre sagesse ou de notre espérance sourit à
notre insu , il n'y aurait plus, pour elle, que
luttes, disgrâces et ténèbres: — que la vie,
si vous aimez mieux? — si ne survenait le
Prince Charmant. Ce philanthrope n'a garde de
se faire attendre : il réveille la Princesse, et
c'est éternellement, sans doute, qu'ils s'aime-
ront, dans un jardin féerique comme eux.
M. Maurice Ravel, qui nous a fait ce loisir
comme d'avril, est un musicien exceptionnel.
Comprenez par ces mots qu'il a voulu, dès
l'éveil, que son œuvre fût conforme à sa sensi-
bilité comme à l'idéal qu'il sé fait- de la mu-
sique. Le désir, toujours bas, de plaire quand
même, ne s'impatiente pas sous son énergie. On
peut résister à son art, s'en agacer parfois, s'en
irriter même ; son exemple impose le respect.
Il eût pu épuiser, et jusqu'au triomphe, les
belles et nobles influences qui, sans doute, lui
éclairèrent l'éveil: celle de Gabriel Fauré et
celle de Claude Debussy = il eût pu s'assimiler
adroitement l'invention prodigieuse des Russes.
Comme tant d'autres, il eût pu subir la dis-
cipline non moins belle et non moins noble, de
M. Vincent d'Indy. 'Imiter sur les sommets, per-
pétuer une tradition grandiose ou miraculeuse-
ment simple, c'est faire encore oeuvre d'artiste.
Je n'envisage même pas qu'il eut pu imiter plus
bas, plus bas, si bas! Qu'il eût pu s'inté-
grer au troupeau de braves gens — tziganes ou
manœuvres — que l'inspirateur, M. Paul de
Choudens, iparangon du Lieu Commun, du duo
d'amour à la mode sirop, et d'.un tas de choses
égales en placement de père de famille, mène
paître à tous les, livrets où la poésie ne pousse
point, où la syntaxe pousse mal. Il faut toujours
savoir gré à un compositeur de ne pas subsister
des restes de- M. Massenet, de n'avoir pas-rîvg,
d'égaler M. Puccini, de n'avoir pas rêvé d'ac-
croître, pour notre disgrâce, une musique ladre
aux grâces de hernie. Quo Vadïs ? « Vers Mau-
rice Ravel ! » a répondu, certainement, M. Mau-
rice Ravel. Une si fière indépendance eût dû
lui épargner d'être prématurément considéré à
l'instar d'un chef d'école. Mais allez donc em-
pêcher - les moutons de suivre!. M. Maurice
Ravel mérite de n'être consdiéré que pour soi-
même ; son influence, féconde ou stérilisante,
n'est plus dans son pouvoir.
C'est un grand sensible et, même, un grand
sensuel de la musique. Il doit lui importer peu,
je crois, qu'elle soit apte à la métaphysique. Si
je cherchais à M. Ravel un correspondant Sans
la poésie et dans la littérature, je trouverais
Aloysius Bertrand. Il est naturellement spiri-
tuel, et l'esprit abonde, chez lui, en inventions.
Une invention vraiment étonnante, déconcertante
parfois, gênante même, tant M. Ravel semble
s'y complaire. Il en est de certaines des sono-
rités qu'il a créées, comme de l'abus du néoJo"
gisme chez certains écrivains. On se prend à
penser, pour les sonorités, comme pour les néo-
logismes, que, — selon le bon avis de Renan
— tout peut être dit, et complètement ait,
dans la langue restreinte et parfaite des dieux
maîtres. Je précise ainsi, je crois, la faiblesse
de cet art si volontaire, et comme farouchement
indépendant dans son. constant sourire.
(PhQto Bert, Paris)
Laideronnette, Impératrice des Pagode
tIen résulte une minntie excessive, un ame-
nuisement, fréquent du lyrisme, trop de raffine-
ment sur la nouveauté, sur la curiosité sonore ;
une précision trop ostensible, dans la fantaisie
et le pittoresque ; pour me résumer : trop d'es-
prit contre là pauvre émotion' humaine, qui a,
peut-être, raison de ne point rêver la complica-
tion. C'est là, à: mon humlbe avis, la faiblesse.
de l'heure espagnole, des Hisfoires naturelles.
Elle n'altère point l'admirable Quatuor, la Pa-
vane pour une infante défunte, Le Gibet, d'au..
très compositions: encore de M. Ravel.
(Photo Bert, Paris)
Le Petit Poucet et ses frères
Quelque sensation qu'on en ait, il n'est pas
douteux que les oeuvres de M. Maurice Ravel
composent un moment inoubliable de la musi-
que, de la vraie musique. Nf, Ravel résignera,
sans doute, certaines coquetteries — une puSeur
exagérée, peut-être — qui lui mesurent, parfois,
trop strictement l'expansion. Il est trop sensible,
trop divinateur de la magie, de l'infini orchestral,
pour ne pas nous émouvoir simplement Il ne
lui manque, je crois, que de se subordonner à
un vaste dessein, de se'donner\pluâ généreusé-
ment, que de monter, lui qui, pour gravir, se
peut appuyer sur tant de certitudes. L'artiste est
pleinement, exceptionnellement, affirmé; on at-
tend le poète.
Potuir le présent Ma Mère l'Oye, qui n'a pats
de grandes prétendions, est d'unie délectation
charmanfe e rare. La maïiière m'en était con-e
nue : de -brèves 'pièces de piano qui furent jouées
dans un concert die la Société Musical Indiépen
.1 (Photo Bert, Paris)
La Belle et la Bêtè
danlte. Une orchestration très nonisbreuise et,
pourtant, d'une itrès claire (harmonie épanouit
lleur grâce précieuse, spiMtusMe et comme at-
tendrie de son propre esprùt. Un prélude, quel-
ques futures faîtes de danse complètent ce
biaillfet propre à décevoir ceux quii sont friands
de certaines singularités où excella M. Ravel.
Tout au plus le trop curieux « frottement •» de
deux petites flûtes dans le Préluide leur donnera-
t-il régaL. Mais je crois bien que tout le monde
sériai comblé : car voici un Loisir de musique
pudiquement pané d'émotion et parmi lequel
l'esprit se renouvelle comme un sourire heu-
reux.
Geitte musique, matérialisée par la chorégra-
phie la plus ingénieuse et la pilus dlé'litcate —
elle test l'ouvrage de Mme Jane Hugand, -
est parfaitement diansée par Mlles Arian Hugoe,
Ritla, Hugo, Andck, Bilitis, ZQtiIrrua, MM. H.
Quiimaullt, Sardimi, etc. Un décor et trois toNies
de fond de M. Dresa composent lie caidire le
çlus simplement fastueux, le plius aintistique que
(Photo Bert, Paris) 1
Le Prince Charmant conduit vers le jardin féerique la Princesse Florine qu'il vient ce ; éveiller
l'on puisse rêver. :La musique se.ressent dé l'adr-
milirablie .ctisciipiline imprimée par M.- Jacques
Rouché à son théâtre : ceu qui aiuna accompli,
en ce temps, l'œuvre la plus originale. Et M.
Grovliez, chef d'orchestre habité diun composi-
teur de grand mérite, diom'ilne arvec une maî-
trise affectueuse, et pteimemenit exaucée, l'or-
chestre le plus juvénile et le plus cohési'f.
GEORGES PIOCH.
9
ON ÉCRIT
Nous insérons volontiers ces deux intéressantes
lettres adressées, à notre collaborateur Jean
prudhomme:
Au sujet de la reprise de a Zampa »
Cher Monsieur,
J'étais, il v a quelque vingt ans, habitué de
l'Opéra-Comique' : j'ai vu jouer tout le répertoire
et je ne me rappelle pas sais une certaine émotJ JO
les remarquables artistes qui l'interprétaient. Avec
beaucoup de cœur. vous aimez évoquer leur souve-
nir à l'occasion des reprises des rôles qu'ils illus-
trèrent
Puisaue, prochainement, on doit donner Zampa
pour làs abonnés du jeudi, je serais heureux que
vous consacriez quelques lignes au remarquable
chanteur qui marqua ce rôle d'une einpreinte
ineffaçable j'ai nommé Soulacroix. On n'a jamais
d'ailleurs repris la pièce depuis qu'il est mOTv, car
il eût été difficile de trouver un baryton pouvant
chanter le rôle avec avance. Soulacroix y é ait
merveilleux. OK se sentait pénétré par utte Nc-ix
chaude, vibrante, étoffée qui n'effrayait aucune-
ment la tessiture du rôle.
C'était l'époque du bel canto. Le répertoire était
toujours remarquablement interprété. C'était Les
Noces de Jeannette avec Fugère ou Soulacroix et
Merguillier ; plus tard Mlle Durand. Mme Ber-
naërt, Le Maitre de Chapelle; Le nouveau Seigneur
du Village avec Soulacroix, interprète Idéal de
Blondel. Bélamy, Figaro, d'.Orbel.
Puis c'était une reprise sensationnelle de Lakme
avec Mlles Horwitz. Deschamps, Jehin, Gibert;
Renaud dans Nilakanta et Soulacroix dans Frédé-
rie; des Noces de Figaro avec Mmes Isaac, Simon-
net, Lanctouzy. MM. Taskinet Fugère: Esclarmonde
avec Sybil-Sanderson, Nardi, Gibert, Taskin et
Bouvet remarquable dans l'évëque. — Carvalho ne
S'Î mettait pas en frais pour la mise en scène ni
pour le décor; il faut même reconnaître qu'il les
négligeait par trop, mais quelle pléiade de chan-
teurs et de chanteuses il nous présentait !
Je renls hommage aux éminent'es qualités de
M. Albert Carré, mais comme vous le disiez avec
juste raison, il n'y a plus de chanteurs pour inter-
préter le répertoire qui parait raturellement dé-.
suet. A ce moment, il fallait gagner ses galons et,
avant d'être sacré ténor di primo cartello, Clément
n'a-t-il pas joué le petit rôle d'Hadji dans Lakmé,
Vincent de Mireille qui lui servit de début, Daniel
dn. Chalet, Tonio de La Fille du Régiment,etc.
C est dans l'interprétation du répertoire qu'il a
acquis cet art du bel canto dans lequel il est
supérieur.
Pardonnez-moi cette longue digression et croyez.
jue je vous suis toujours très reconnaissant lors-
que vous évoquez lé souvenir des disparus qui
contribuèrent autrefois à la gloiTe de notrè seconde
scène lyrique.
PRUGNAT,
Directeur de l'Usine à gaz de Guétel,
Au sujet des « Contes d'Hoffman »
Monsieur,
Voici enfin, à l'Opéra-Comique, que, par la force
des choses, se réalise partiellement le désir exprimé
par un certain nombre de spectateurs des Contes
d'Hoffmann, Mlle Tissier chante actuellement les
deux rôles de Giulietta et de Stella.
Cette, remarque, d'ailleurs, au seul point de vue
du principe, et tout en souhaitant bien sincèrement
un prompt rétablissement à la charmante Mme
Eliane Peltier
J'ai déjà signalé la trop grande variété, à mon
avis, des personnages présentés par MM. Jean Périer
et Mesmaecker ; ne faudrait-il pas pousser encore
plus loin cette théorie d'unité des personnages, pen-
dant les différents actes des Contes. Au même valet
de la même femme ne faut-il pas ajouter le même
père et le même amant? Je veax dire que je me
demande si, dans la pensée des auteurs (et malgré
la différence entre le ténor et la basse), Spalanzani
et Crespel ne sont pas deux incarnations d'un seul
personnage? De même pour Nathanaël. amoureux
d'une « courtisane au front d'airain ». N'est-ce pas
sous une autre forme, Schlemil ? Et une très légère
modification de distribution (échange de rôles, au
premier acte, entre MM. Pasquier et Andal), n'aug-
menterait-elle pas l'intérêt de la pièce, en lui faisant
gagner en cohésion ?
En parlant de l'Opéra-Comique, Je ne puis m'em-
pêclier de m'étonner de la variété (au point de vue
vocal) des titulaires successifs de certains rôles.
Que doit être le comte, de Manon? Baryton ou
basse chantante ? Pourquoi, depuis quelques années,
avons-nous ehtendu alternativement., dans ce rôle,
MM Fugère, Allard, Ghasne, Gilles, — et MM.
Vieuille et Azéma ? Même question pour Nilakantha,
de Lahmé, qui, en province, est presque toujours
réservé à une basse, et qu'interprétèrent cependant,
à l'Opéra-Comique, MM. Dufranne, Ghasne, Boulo-
gne. Et le père, de Louise, créé par M. Fugère
(baryton), chanté aujourd'hui par M. Vieuille (bas-
se)? Et Brétigny (depuis 1907: MM. Corpait, Caze-
neuVe, Dumontier, ténors, M. Vigneau, baryton?)
MM. Périer et Albers chantent la Tosca (rôle de
Scarpia). et. j'ai. sous les yeux une photographie
de M. Vanni-Marcoux dans es rôle. Il ne semble
donc plus y avoir de délimitation bien nette entre
les deux emplois de baryton et de basse chantante.
puisque nous parlons de barytons, permettez-moi
de vous signaler le texte bizarre chanté par Esr.a-
millo au deuxième acte de Carmen :
« Et songe en combattant
« Qu'un œil noir te regarde JI..,
L'œil noir existe-t-il? Pour ma part, j'ai cherché
en vain, dans les prunelles des femmes les plus
brunes que je connaisse. Etant donné les résultats
de cette petite enquête, je serais presque tenté d'ex-
cuser le chanteur légendaire qui croyait qu'il s'a-
gissait de l'œil du taureau
Je vous prie, Monsieur, de croire à mes senti-
ments les plus distingués.
Maurice CHARPENTIER.
Nécrologie
Nous apprenons la mort du comte Louis de
Romain qui vient de succomber à Fribourg
(Suisse).
Compositeur de talent, il a £crit de nombreu-
ses romances et des morceaux symphonies, et
fonda les concerts populaires.
Il créa pour les défendre un organe Angers'
Artiste où il publia d'innombrables études musi-
cales. -
Sur la tombe de Coquelin
Le comité de l'Association des Artistes Dra-
matiques s'est rendu hier à Pont-aux-Dames et
a déposé des gerbes de fleurs sur la tombe de
Coquelin aîné.
Un déjeuner leur a été offert à la Maison
de Retraite des vieux comédiens.
'RIEN N'EST CHANGQ
Le Musée
du Luxembourg
ira à ât-Sulpice
Le transfert du! Musée du Luxembourg au sé-
minaire de Saint-Sulpice, est-il abandonné? *
On aurait pu le supposer d'après la note suîv
vante, publiée par un de nos confrères :
Il Paraît que le transfert du musée du Luxem-
bourg au séminaire de Saint-Sulpice pourrait bien
ne pas se faire.
En effet, malgré toutes les transformations déjà
subies depuis la spoliation scélérate des congré-
gations, l'ancien séminaire resterait toujours ,'
sentiellement inapte à ses nouvelles destinées.
Quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse, il serait-
toujours et surtout le musée sombre par exceuen-
ce, le Inusée-cave, le musée-tombeau.
Il paraît que l'on reviendrait au projet de. M..
Henri Marcel, et que l'on reconstruirait, sur de
nouvelles bases, le hangar en briques du jardin de
Catherine de Médicis.
Outre l'emplacement des bâtisses actuelles, on:
empiétrerait sur la bordure du parc contigu à la
rue de Vaugirard, de façon à créer une surface de
trois mille mètres d'exposition.
Le nouveau musée comprendrait onze salles
de peinture et la sculpture posséderait trois salles
nouvelles. Au premier étage des futurs bâtiments,
les estampes, les gravures, les médailles; au sous-
sol, les services et la manutention. Et, cinUllS-
tance séduisante au possible au lieu de onze mil-
lions, on en dépenserait deux à peine. Mais tout
cela n'est qu'un projet. évidemmentr
Cette note est inexacte. C'est M. Léon 5e:
directeur des Monuments historiques qui le dé-
clare.
« Je n'ai aucunement entendu parler de- l'a-*
bandon du projet de transfert du Musée du
Luxembourg à l'ancien séminaire de Saint-Sulpice,
rous dit-il, et la nouvelle publiée est pour moi
une surprise. Si elle était vraie, j'en serais le,
premier informé.
« Le projet, tel que vous l'avez annoncé à
deux reprises, existe toujours. L'aménagement
sera fait selon les indications qui vous ont été
données, et il n'y a rien de changé à ce que vous
avez publié.
« Il ne nous manque plus que les crédits. »
Donc, acte.
t, BORGBX.
THEATRE MONCEY
"Carot Coupe=Tête..
drame inédit en cinq actes, dont un prololu8
de M. Maurice Landay
On sait le grand, le très grand succès du
roman de M. Maurice Landay Carot Coupe-
Tête. L'ouvrage, dès son apparMon* s'est en-
levé à un nombre énorme d'exemplaires, et la
vente continue toujours avec le même entrain.
Tout fait supposer qu'il en sera de même pour
la puissante pièce que l'auteur a tirée de son
roman, et dont il a réservé la primeur au Théâ-
tre Moncey; après le triomphal accueil du pre-
mier soir, on peut être assuré que les specta-*
teurs qui viendront l'applaudir au théâtre seront
aussi nombreux que les lecteurs du livre.
Les cinq actes de Carot Coupe-Tête sont
tous d'un intérêt soutenu qui se répartit en des
scènes variées et d'une facture irréprochable
qui tiennent sans relâche l'attention en éveil.
Les types de Saint-Just, de Louis d'Estrang^s,
de Brutus Muller et d'Olympe sont tracés avec
une sûreté de touche, ou l'on reconnaît la main
4u dramaturge averti si légitimement applaudi
de La Loi de Pardon. C'est là du bon et beaM
théâtre qui s'impose au public toujours avide
d'émotions vraies.
La direction a voulu contribuer au succès de
la nouvelle pièce en l'encadrant dans de pit-
toresques décors de Hackspill et en confiant au
maître costumier Çranier le soin d'habiller ses
personnâgesi Quant à l'interprétation, elle est
de tout premier ordre, et véritablement digne
des.plus. grandes scènes avec Mmes Rosa Meur-
ville, Lucile Rysler, Rainville et MM. Fabre,
Bourdel, Gontier, G. Jacques, Bender, H. Mar-
tin.
Il faut féliciter encore M. Fabre qui, avec uni
art véritable, a mis en scène Carot Coupe-Tête
que le Théâtre Moncey inscrira au premier rang
de ses plus grands et plus légitimes succès.
A. M.
Le Mi=Carême au Quartier
Nous avons annonce qute le comité OIes fêtes
de lia rive gauche avait organisé un concours de
projets pour le cortège qui se déroulera te jiaur
die la Mili-Careme dans les nues de la rliive gauche
et du quartier Latin.
De nombreux envois ont été faits au comité
par des artistes et des élèves des beaux-arts.
Il a été décidé que rexposit,ion en sérail publi-
que. Elle se fera à la mairie du VIe arrondisse-
ment (salle des examens), et sera ouverte aux
visiteurs le jeudi 1er et le vendredi 2 février, de
midi à six-heures, et le samedi 3, de dix heures
à six heures.
La distribution des prix aux lauréats du con-
cours aura lieu à la mairie du Ve arrondisse-
ment (salle des mariages), le dimanche 4 fé-
vrier, à 2 heures et demie, de l'après-midi, sain
la présidence de M. Pierrotet, maire du V.
C'est à cette même cérémonie que se teât
l'élection des Roses des six arrondissements
qui composent la rive gauche, et de la Rose des
Roses, qui sera la reine de la fête.
On exige des candidates d'avoir une profes-
sion, d'être âgées de 18 à 25 ans, et d'être jo-
lies. Une reine doit être jolie, et tout le monde
sait que la rose est la reine des fleurs. -
Toute demande de changement
d'adresse doit être 'accompagnée de la
dernière bande du- journal et de cin-
quante centimes en timbres-poste.
La Semaine Musicale
Peu de premières auditions. Une seule
même 1 De celle-ci, nous louerons donc
M. Camille Chevillard et l'Association des
Concerts Lamoureux. A vrai dire, Eros
Vainqueur n'est point totalement inconnu
des musiciens puisqu'un grand nombre
d'entre eux en proclamèrent la valeur lors
de sa création au Théâtre de la Monnaie,
le 7 mars 1910. De plus, les Concerts La-
moureux accueillirent déjà quelques frag-
ments de cette partition. Le Ballet-Panto-
mime et l'air d'Eros, interprétés, hier,
Sa He Gaveau, eurent donc pour effet d'ini-
tier plus avant le public aux charmes de
la musique Brévillienne ! Ils sont grands.
M. Pierre de Bréville, artiste de race, a
le rare mérite d'allier à la spontanéité mé-
lod lclue, le souci d'harmonies élégantes, de
sonorités délicates. Chaleureuse, expres-
%I,ve , pleine de jeunesse et comme poétisée
une force d'évocation constante, sa musi-
que chante, vibre et séduit. Elle ne tolère,
en OUtre, ni faiblesse ni banalité.
011 goûla beaucoup ce ballet-Pantomime,
t, léger, bien joué par l'orchestre, et
çlo11 moins l'air d'Eros, chanté par Mme
§r°iza, créatrice de l'ouvrage, à Bruxelles.
Orl talent est connu et justement estimé.
x? façon dont elle sut dire le récit de la
fjjlpsagère d'Or/éo et l'air de Pâris et
TV.ne» affirme l'exact sentiment que Mme
* °iza a des œuvres classiques et du style
^iculier gu'elles exigent. -
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de
vanter à nouveau la joliesse orchestrale du
prélude d'Hanse! et Grétel non plus que
la grave beauté de la Symphonie en ré mi-
neur de Schumann, maître auquel M. Ca-
mille Chevillard se plaît à témoigner de
très tendres égards. Qu'il a donc raison!
Pour ce qui est de Scheherazade, la sj
pittoresque Suite Symphoniqae de Rimsky-
Korsakow, comblée par l'orchestre d'un
luxe rythmique de bon aloi, elle obtint son
succès accoutumé auquel mérita de parti-
ciper M. Quesnot, éloquent soliste.
La société des Concerts se reposait nier
de trop modernes audaces. L'ouverture de
Geneviève, de Schumann, insuffisamment
prisée des chefs d'orchestre, la Symphonie
en la; de Mendelssohn, dite italienne, dont
le charme persiste en dépit des années; le
Scherzo prestigieux mais connu de la Reine
Mab et la Fête chez Capulet — qu'on n'i-
gnore point — assurèrent à l'orchestre au-
tant qu'à son chef, M. Messager, l'unani-
mité des suffrages. De 3a lyre et la harpe,
nous dirons seulement quelques mots. -
La huitième partie en semble, par le
charme musical et la perfection de la fac-
ture, assez nettement supérieure aux autres.
La neuvième, par exemple, plus théâtrale,
plus factice, moins intime; la dixième, d'une
inspiration quelque peu banalisée par la
1 présence d'airs à danser sans grand carac-
tète, n'ajoutent que modérément aux.jgflÉcé*
dentés. Ce serait cependant être injuste que
ne point reconnaître la vivacité spirituelle
de l'instrumentation. Au total, l'impres-
sion donnée par l'œuvre aussi bien que par
ses interprètes fut identique en ce sens que
si l'on eut, en maints endroits, le senti-
ment de la perfection réalisée, une sorte de
froideur n'en persista pas moins dans l'en-
semble. Et pourtant, jeunes et généreuses
sonnent les voix de Mlles Gall et Lapey-
rette. de MM. Paulet et Duclos,
Le coryza ayant consenti à la trêve, M.
Heinrich Knote parut enfin aux Concerts
Colonne. Voici un très bel artiste, chanteur
wagnérien et conscient. On lui fit une large
part dans le succès général, dans le grand
succès ,devrais-je dire. Au troisième acte de
Siegfried, des fleurs churent des galeries
supérieures. Oui da! Ovations à Paul Vi-
dal, kapellmeister intérimaire et pourvu
d'une infaillibilité déjà célébrée. L'associa-
tion se dresse comme un seul homme et,
modestement, — selon le protocole — re-
çoit de mérités hommages.
Si l'assistance semble écouter avec assez
d'indifférence le Prélude de Lohengrin, en
revanche, le délire est à son comble au der-
nier accord de Tristan. Quant à l'ouverture
des Maîtres Chanteurs, le public, gavé, ne
voulut la considérer pour cette fois que
comme le monceau des paletots. Inconve-
nance évidente, point nouvelle, mais excusa-
ble si l'on songe à la longueur fatigante
d'un tel programme. Aux côtés de M. Hein-
rich Knote, j'allais oublier da vous dire
que Mme Burckard-Leffier ne faiblit point.
Vous devinez, qu'à 1 entr acte les fidèles
t n:étai.nt troint .Qan$ se préoccuger de
santé de M. Gabriel Pierné, chef d orches-
tre d'un grand mérite, mais pédestrian
malheureux. Condamné par la Faculté à ne
point bougea la jambe durant une ou deux
semaines, il ne saurait agiter les bras avant
trois autres au moins. Ce laps de temps
passé le chef naturel des Concerts Colonne
reprendra sa place au pupitre et l'on assure
qu'en signe de réjouissance,' Paul Vidal. et
lui, unis sous les applaudissements, condui-
ront à <( quatre mains » quelque morceau
de l'Enfant Prodigue!
Que de concerts! Enfin. procédons.
S. M. I. — Réouverture solennellement
effectuée. Comprenez que soucieuse de se
placer sous l'égide de maîtres vénérés, la
Société Musicale Indépendante a consacré
la plus grande part de son programme à
Edouard Lalo, Rimsky-Korsakow, Saint-
Saëns et Gabriel Fauré. MM. Geloso, Ter-
gis et Léon Moreau, assemblés en trio —
et gens de talent, n'est-ce pas? - Mme
Paule de Lestang, chanteuse très musi-
cienne dont les récitals de lieder ultra-
modernes commencent lundi, avec le con-
cours de huit ieunes compositeurs notoires.
—Mlle Madeleine Bonnard, dont la voix est
jolie; M. Chadeigne, dont l'accompagne-
ment est impeccable, officièrent à la satis-
faction générale. Il convient d'ajouter que
les mélodies de M. Paul Ladmirault —
l'Aubépine surtout — sont d'un artiste
probe et savant, et que Mlle Germaine Pel-
letier, l'une des plus accomplies violoncel-
listes de Paris, joue en virtuose et en par-
faite musicienne la tendre Elégie de Ga-
briel Fauré. Pour ce qui est de Cortot,
vous A'altendez pas que je célèbre -cet ar-j
tiste exceptionnel. Il triompha dans les neuf
Préludes de Gabriel Fauré dont certains
cotoient exquisement la somptueuse Chan-
son d'Ere. v
Aux Concerts Touche, les conférences
de M. Paul Landormy continuent d'attirer
les masses. A la Sorbonne, M. Paul de
Saulnières effectue une appréciée « re-
prise » des quatres premières Béatitudes.
Salle Erard, Mlle Germaine Chevalet, par
sa rare conscience, sa jolie voix de mezzo,
et l'heureux choix des œuvres interprétées
obtient un gros succès. Mlle Rose Lands-
mann, pianiste, douée d'une éblouissante
virtuosité triomphe et bisse la Fileuse de
Moniusyko-Malcer. M. Jean Werd accompa-
gne, impassible et habile. Les Chanteurs
de la Renaissance donnent, sous la direc-
tion de M. Henry Expert, directeur enthou-
siaste, un deuxieme concert sensationnel.
MM. Brunold et Taine y sont applaudis. Les
vieux auteurs aussi. Des bijoux, je vous le
dis, des bijoux que ces pièces vocales de
Josquin des Prés, de Passereau, de Jane-
quin.
Salle des quatuors Gaveau, les élèves
de Léon Moreau et de André Salomon riva-
lisent, et je vous prie de croire qu'en cette
« séance d'élèves » on entendit de la mu-
sique. Aux concerts Dandelot de la Salle
Beethoven. Mlles Lapie et Dalliès Ba-
baian. MM. Lazare Levy, Delacroix et le
baryton Jules Tordo font sensation, ce qui
ne saurait étonner personne.
Mlle Antoinette Veluard est une pianiste
délicieuse au jeu musical et fin. Mme Ba-
thori et M. Engel sont -deux artistes intré-
pides. Ignoriez-vous tout cela? A la Schola
Cantorum on donne avec piété le Freichutz,
avec tellement de piété même que la ver-
sion française choisie est celle faite « en
vue du théâtre » et inédite, de l'érudit
Georges Servières, auteur d'un Chabrier
peu conforme aux idées de M. Arthur Pou-
gin. Le mérite ne va qu'à M. Georges Ser.
vières.
Salle Gaveau, le premier février, audi-
tion plus centrale du chef-d'œuvre de We-
ber. Qu'on se le dise.
Honneur à la main gauche du pianiste
Vernon Werner. Seriabine l'avait prévue!
Paul Goldschmidt — encore un des rois
du clavier — revient cinq fois au bord de
la « scène » Erard. Il consent à se rasseoir
au piano et à recommencer. Joie. Toujours
plus unies, les Femmes professeurs et com-
positeurs de musique, évoluent symphoni-
quement sous la direction de l'ex Angevin
et futur Bordelais Rhené-Breton.
Eh bien! — croyez-m'en — il en reste.
Oui, encore! Je vous le prouverai la pro-
chaine fois. Pour aujourd'hui, nous allons.
si vous le voulez bien, accrocher ies vo-
lets, n'est-ce pas? On ferme? Et pourtant
il eut été décent de vous dire les prouesse
de Jacques Thibaut et de Armand Ferté à
Grenoble. Voilà un chef d'orchestre ardent
et utile que cet ami Ferté ! Il sème et ça
pousse! A Nancy, la belle exécution do
fragments de la Forêt et de l'Or du Rhin,
et à Marseille les acclamations adressées
avec une méridionale ferveur à Mlle Agnès
Borgo, Isolde et Brunnhilde, vaillantes et
très en voix ainsi qu'au kappelmeister Ga"
briel Marie, très en baguette. Public trépi-.
dant. Soleil admirable. Température printftt
mère. Bouillabaisse. inouïe'
Louis VUILLEMIN.
jr 1
VISITES
W Gaby Deslys
nous donne
Ses , impressions de retour
Epousera-t-elle te roi oax vte daMeucf?
- 'p.as'mê.n:te le oaLcuSaiteur, Monsieur!
< bans son charmant satan toue ocre et vert,-
-Gaby Deslys est mollement étendlue sur
'lit de reipos.
:Ii: Sa main mux dcSigts roses et fusses 3case avec
ctedrbtiuire faste die lctatls dtJrmars, cadeaui rap-
'>0!rî® d'Améîàqiue.
se'- Je n'épouse personne, Comœdia a heureu-
Qrçieat dtémenitd la nouveMe ce matin. Je tra-
~'-''e. Et surtout j'ai travaffiïé. Di&'b~e! Otii ga-
sR>e (Je l'argent en Amérique. Mais jamais Plus
111 là-bas je n'ai "apprécié la .stgndÊca-lâoii) du
« gagner ». Il faut jouer douze lois pair
^aèjie et se débattre sur une scène immense
mii'lle, quinze cents et quelquefois deux
J;1'- personnages. A l'hiippodirome de Lonidires,
S avons eù cinq cents brebis en scène.
Qu'avez-vous joué?
jjp Un sketch, diix sketches, vingt sketches,
scènes quieleoniquios où l'on a pLus à
„^se
~3 Vera-Violetta. Je nfe safis plus atui .juste ce
te cela veut dire. J'aî pris part à toutes sortes
aUfeies spectacles, les minstrels-how par exern-
àe et qui sont, en quelque sorte des concerts
j e ntgres, J'ai dancé lie Ray-time.
- ???
— C'est lia danse de l'Ours. Je la créerai à
Paris M: GeorgeSnMdchei doit faire une conte-
rence et j'exécuterai le Ray-time à cette coulé-
rence. Voyez-vous, c'est comme ceci: t
Mlle Gaby Deslys se lève. Et c'est un déhian.
chement à fla fois burltesquie et gmckux, une
de dé aardculation des épaulâtes, uni pdétiine-
m très doux, un peu lourd.
C'est charmant, surtout dansé par Mlle Galby
Deslys.
Et lfc charmante Ulhisœ s'écuSe
Je Lancerai cette danse là Paris ! !
Louis HANDLER.
Alliances littéraires
La réunion hebdomadaire de M. et Mme de
Pomairols a eu hier un éclat particulier, dû à
la Présence de LL. ÂA. RR. le duc et la du-
chesse de Vendôme, venus pour présider la
00 et cimenter l'alliance de l'Association
d6 la « Littérature Spiritualiste » et des « Amis
de * Art Dramatique », S. A. R. la duchesse
de Vendôme étant bienfaitrice de la première
association et présidente d'honneur de la se-
conde. M. de Pomairols et M. Maurice de Ron-
seray ont exposé les tendances communes de,
leurs Sociétés. Puis Mlle Valsamachi a dit des
vers de M. de Pomairols sur S. A. R. la du-
chesse d'Atençon; MJie Dumos, Ides vers de
M. Maurice Briand et de Mlle Vignon, .Mme
Marguerite Jules-Martin, de MM. Nouët et
R. Vallery.Radot; M. Gauley, de la duchesse
de Robin et de MM. :M!wrer et de Pomaiinols.
.'-es honneurs du thé étaient faits par Mme
Jaijre, fille de Mme de Pomairols.
Dans l'assistance :
Princesse L. de Croy, vicomte, vicomtesse et Mlle
de Reiset, M. Fernand Laudet, Mme Webb, comte et
comtesse de la Bédoyère, Mme Valsamachi, Mme
Le Roy Liberge, M. Chérapiy, comte d'Elva, ba-
ronne de Léautaud, M. et Mme Paul Souday, mar-
quise de Villehermosa, M. Ed. Schuré, Mme C. En-
lart, Mme de Calmels-Puutis, Mme Gouraud d'A-
blancourt, M et Mme wèncker, Mme du Tartre,
(justesse de Coral, Mme J. Martin, comtesse d'An-
dlau, M. et Mme Richard Feuller, marquis et mar-
ise d'Argenson, M. et Mme M Briand, comte et
comtesse de la Jonquière, M. et Mme Georges Jacob,
Mme Parin de la Monardière, Mme Pottier de Cy-
prey, l'abbé de la Valette, duc de Rarécourt Pimo-
dan, Emile Cottiïiet, prince de Leca-Colonna, Mlle
Suzanne Meyer, comte d'Heculais, R. Vallery Radot,
marquise et Mlle de Vasselot, Mme Judith Gautier,
Mlle Gompertz de Voys, comtesse G. des Etangs,
général et Mme Kirkpatrick de Closeburn, Mme le
Tourneur d'Ison, comtesse de Magallon, Mme -L,..G;
arquise de Ranst de Saint-Brisson, Mlle
Rosalie Bernard, comte et comtesse de Nion, vicomte
et vicomtesse de la Baume, M. G. Lemaire, l'abbé
jy.., °^tesç«> de la Teillais, M. et Mme V. Guion-
Mu6 .îWifTiouse, comtesse de 4a Valette; M., Mine
Af" leurigny, Mme Constantin Isaïloff, ba-
ronne Alex. de Geiger, comte, comtesse B. de la
Forest Divonne, M. Pringné, marquise et Mlles de
Valcarlos, Mme A. Rigaud, marquise de Multedo,
Mme Masson, comte du Suan de la Croix, Mme Gul-
f:l¡a: * comte E. de Gabriac, Mme Ch. de Beaumar-
chais, comtesse et Mlle Chauveau d'Aulst, Mme
Mme de Montgolfier, Mlle Arnould, comtesse
et Mlle de la Fare, marquise Mistiattelli, comtesse
Aymar de Montbron, Mme Larson, marquise Siridot
de Bons, Mme de Lagrana. Mme Labovary. mar-
de Muribar, M. et Mme Ferris Thompson, Mme
de Lanribar, M et Mme Ferris Thompson, Mme
Chenu, Abel Léger, Mlle de Montigny, colonel et
vico orntesse de Courson, Mme Jeanriot, Mme et Mlles
de Ribier de Cheyssac, P. Feuillette, baron J. de
Parrel, Noël Nouët, comte et comtesse M. de Lou-
vencourt, G. Sylvain, comte et comtesse de Job.
Mme Papasogloce, comte J. Bedel du Tertre, M. Dis-
Mme de Villepin, M. Clermont Ganneau,
comte et comtesse de Briche, Mme de Preux, M. de
Villemandy, ^lle I» Dreusy, comtesse de Vaux
Saint-Cyr, comtesse Ce Vaugiraud, marquise d'Har-
et Mlle de Sardent, Musuriis-Bey, ba.
AUb e P1errebourg, baronne de Molembaia, M.
G. Aubray, M. Jacques Duval, Mme G. Dufaure,
etc
Oans le Monde
Suite , de réceptions, ces demies vendredis,
chez Mme Ferdinand Blumenthal.
Mme Iswofeky recevra, de iquiaitirie i sept heaif-
res, les quatre mercredis de février.
ù~ ***
et 5* 061* ce soir dans l'intimité, chez le marquis
tt Itfla marquise de Ganay.
Thé dans l'intimité, cet après-midi, chez la
comtesse d'Haussonville, en l'honneur de la du-
chesse de Vendôme.
Hier, a été représentée, au Cercle du Lyceum.
un aacte de la duchesse d'Uzès douairière ir:titu-
lée Un cas. L'assistance lui fit grand succès.
On annonce la mort de M Maurice Juven,
père de notre confrère, M. Félix Juven, et celle
~e Marguerite Meunier, fille de M. Henri-
^îoi■ s Meuniier, l'înd.ustrîeil connu.
AU THÉÂTRE DES ARTS
"MA MÈRE L'OYE"
Ballet en un acte, livret et musique de M. Ravel
Le haïlet de M. Maurice Ravel accomplit un
dessein puéril et merveilleux. Je vous jure qu'il
ne m'est pas du tout "indifférent qu'une fée ait
suscité, pour consoler et parer le sommeil de la
princesse Florine, qui tant dansa et si peu se
piqua, de jolis rêves au visage de légende. C'est
qu'ils sont un peu de nous-mêmes, étant du
royaume si doucement "fol de Charles Perrault et
de la Mère.l'Oye. L'âme française s'y reposera
longtemps encore; et c'est un grand bonheur:.
car les légendes où communient les tout petits
nous consolent de l'histoire .des hommes. Vous
devinez bien que, lorsque la Princesse endormie
s'est complu à la Belle et la Bête, au Petit
Poucet, à Laideronette impératrice des Pagodes,
à ces poétiques personnes où le meiHeur de
notre sagesse ou de notre espérance sourit à
notre insu , il n'y aurait plus, pour elle, que
luttes, disgrâces et ténèbres: — que la vie,
si vous aimez mieux? — si ne survenait le
Prince Charmant. Ce philanthrope n'a garde de
se faire attendre : il réveille la Princesse, et
c'est éternellement, sans doute, qu'ils s'aime-
ront, dans un jardin féerique comme eux.
M. Maurice Ravel, qui nous a fait ce loisir
comme d'avril, est un musicien exceptionnel.
Comprenez par ces mots qu'il a voulu, dès
l'éveil, que son œuvre fût conforme à sa sensi-
bilité comme à l'idéal qu'il sé fait- de la mu-
sique. Le désir, toujours bas, de plaire quand
même, ne s'impatiente pas sous son énergie. On
peut résister à son art, s'en agacer parfois, s'en
irriter même ; son exemple impose le respect.
Il eût pu épuiser, et jusqu'au triomphe, les
belles et nobles influences qui, sans doute, lui
éclairèrent l'éveil: celle de Gabriel Fauré et
celle de Claude Debussy = il eût pu s'assimiler
adroitement l'invention prodigieuse des Russes.
Comme tant d'autres, il eût pu subir la dis-
cipline non moins belle et non moins noble, de
M. Vincent d'Indy. 'Imiter sur les sommets, per-
pétuer une tradition grandiose ou miraculeuse-
ment simple, c'est faire encore oeuvre d'artiste.
Je n'envisage même pas qu'il eut pu imiter plus
bas, plus bas, si bas! Qu'il eût pu s'inté-
grer au troupeau de braves gens — tziganes ou
manœuvres — que l'inspirateur, M. Paul de
Choudens, iparangon du Lieu Commun, du duo
d'amour à la mode sirop, et d'.un tas de choses
égales en placement de père de famille, mène
paître à tous les, livrets où la poésie ne pousse
point, où la syntaxe pousse mal. Il faut toujours
savoir gré à un compositeur de ne pas subsister
des restes de- M. Massenet, de n'avoir pas-rîvg,
d'égaler M. Puccini, de n'avoir pas rêvé d'ac-
croître, pour notre disgrâce, une musique ladre
aux grâces de hernie. Quo Vadïs ? « Vers Mau-
rice Ravel ! » a répondu, certainement, M. Mau-
rice Ravel. Une si fière indépendance eût dû
lui épargner d'être prématurément considéré à
l'instar d'un chef d'école. Mais allez donc em-
pêcher - les moutons de suivre!. M. Maurice
Ravel mérite de n'être consdiéré que pour soi-
même ; son influence, féconde ou stérilisante,
n'est plus dans son pouvoir.
C'est un grand sensible et, même, un grand
sensuel de la musique. Il doit lui importer peu,
je crois, qu'elle soit apte à la métaphysique. Si
je cherchais à M. Ravel un correspondant Sans
la poésie et dans la littérature, je trouverais
Aloysius Bertrand. Il est naturellement spiri-
tuel, et l'esprit abonde, chez lui, en inventions.
Une invention vraiment étonnante, déconcertante
parfois, gênante même, tant M. Ravel semble
s'y complaire. Il en est de certaines des sono-
rités qu'il a créées, comme de l'abus du néoJo"
gisme chez certains écrivains. On se prend à
penser, pour les sonorités, comme pour les néo-
logismes, que, — selon le bon avis de Renan
— tout peut être dit, et complètement ait,
dans la langue restreinte et parfaite des dieux
maîtres. Je précise ainsi, je crois, la faiblesse
de cet art si volontaire, et comme farouchement
indépendant dans son. constant sourire.
(PhQto Bert, Paris)
Laideronnette, Impératrice des Pagode
tIen résulte une minntie excessive, un ame-
nuisement, fréquent du lyrisme, trop de raffine-
ment sur la nouveauté, sur la curiosité sonore ;
une précision trop ostensible, dans la fantaisie
et le pittoresque ; pour me résumer : trop d'es-
prit contre là pauvre émotion' humaine, qui a,
peut-être, raison de ne point rêver la complica-
tion. C'est là, à: mon humlbe avis, la faiblesse.
de l'heure espagnole, des Hisfoires naturelles.
Elle n'altère point l'admirable Quatuor, la Pa-
vane pour une infante défunte, Le Gibet, d'au..
très compositions: encore de M. Ravel.
(Photo Bert, Paris)
Le Petit Poucet et ses frères
Quelque sensation qu'on en ait, il n'est pas
douteux que les oeuvres de M. Maurice Ravel
composent un moment inoubliable de la musi-
que, de la vraie musique. Nf, Ravel résignera,
sans doute, certaines coquetteries — une puSeur
exagérée, peut-être — qui lui mesurent, parfois,
trop strictement l'expansion. Il est trop sensible,
trop divinateur de la magie, de l'infini orchestral,
pour ne pas nous émouvoir simplement Il ne
lui manque, je crois, que de se subordonner à
un vaste dessein, de se'donner\pluâ généreusé-
ment, que de monter, lui qui, pour gravir, se
peut appuyer sur tant de certitudes. L'artiste est
pleinement, exceptionnellement, affirmé; on at-
tend le poète.
Potuir le présent Ma Mère l'Oye, qui n'a pats
de grandes prétendions, est d'unie délectation
charmanfe e rare. La maïiière m'en était con-e
nue : de -brèves 'pièces de piano qui furent jouées
dans un concert die la Société Musical Indiépen
.1 (Photo Bert, Paris)
La Belle et la Bêtè
danlte. Une orchestration très nonisbreuise et,
pourtant, d'une itrès claire (harmonie épanouit
lleur grâce précieuse, spiMtusMe et comme at-
tendrie de son propre esprùt. Un prélude, quel-
ques futures faîtes de danse complètent ce
biaillfet propre à décevoir ceux quii sont friands
de certaines singularités où excella M. Ravel.
Tout au plus le trop curieux « frottement •» de
deux petites flûtes dans le Préluide leur donnera-
t-il régaL. Mais je crois bien que tout le monde
sériai comblé : car voici un Loisir de musique
pudiquement pané d'émotion et parmi lequel
l'esprit se renouvelle comme un sourire heu-
reux.
Geitte musique, matérialisée par la chorégra-
phie la plus ingénieuse et la pilus dlé'litcate —
elle test l'ouvrage de Mme Jane Hugand, -
est parfaitement diansée par Mlles Arian Hugoe,
Ritla, Hugo, Andck, Bilitis, ZQtiIrrua, MM. H.
Quiimaullt, Sardimi, etc. Un décor et trois toNies
de fond de M. Dresa composent lie caidire le
çlus simplement fastueux, le plius aintistique que
(Photo Bert, Paris) 1
Le Prince Charmant conduit vers le jardin féerique la Princesse Florine qu'il vient ce ; éveiller
l'on puisse rêver. :La musique se.ressent dé l'adr-
milirablie .ctisciipiline imprimée par M.- Jacques
Rouché à son théâtre : ceu qui aiuna accompli,
en ce temps, l'œuvre la plus originale. Et M.
Grovliez, chef d'orchestre habité diun composi-
teur de grand mérite, diom'ilne arvec une maî-
trise affectueuse, et pteimemenit exaucée, l'or-
chestre le plus juvénile et le plus cohési'f.
GEORGES PIOCH.
9
ON ÉCRIT
Nous insérons volontiers ces deux intéressantes
lettres adressées, à notre collaborateur Jean
prudhomme:
Au sujet de la reprise de a Zampa »
Cher Monsieur,
J'étais, il v a quelque vingt ans, habitué de
l'Opéra-Comique' : j'ai vu jouer tout le répertoire
et je ne me rappelle pas sais une certaine émotJ JO
les remarquables artistes qui l'interprétaient. Avec
beaucoup de cœur. vous aimez évoquer leur souve-
nir à l'occasion des reprises des rôles qu'ils illus-
trèrent
Puisaue, prochainement, on doit donner Zampa
pour làs abonnés du jeudi, je serais heureux que
vous consacriez quelques lignes au remarquable
chanteur qui marqua ce rôle d'une einpreinte
ineffaçable j'ai nommé Soulacroix. On n'a jamais
d'ailleurs repris la pièce depuis qu'il est mOTv, car
il eût été difficile de trouver un baryton pouvant
chanter le rôle avec avance. Soulacroix y é ait
merveilleux. OK se sentait pénétré par utte Nc-ix
chaude, vibrante, étoffée qui n'effrayait aucune-
ment la tessiture du rôle.
C'était l'époque du bel canto. Le répertoire était
toujours remarquablement interprété. C'était Les
Noces de Jeannette avec Fugère ou Soulacroix et
Merguillier ; plus tard Mlle Durand. Mme Ber-
naërt, Le Maitre de Chapelle; Le nouveau Seigneur
du Village avec Soulacroix, interprète Idéal de
Blondel. Bélamy, Figaro, d'.Orbel.
Puis c'était une reprise sensationnelle de Lakme
avec Mlles Horwitz. Deschamps, Jehin, Gibert;
Renaud dans Nilakanta et Soulacroix dans Frédé-
rie; des Noces de Figaro avec Mmes Isaac, Simon-
net, Lanctouzy. MM. Taskinet Fugère: Esclarmonde
avec Sybil-Sanderson, Nardi, Gibert, Taskin et
Bouvet remarquable dans l'évëque. — Carvalho ne
S'Î mettait pas en frais pour la mise en scène ni
pour le décor; il faut même reconnaître qu'il les
négligeait par trop, mais quelle pléiade de chan-
teurs et de chanteuses il nous présentait !
Je renls hommage aux éminent'es qualités de
M. Albert Carré, mais comme vous le disiez avec
juste raison, il n'y a plus de chanteurs pour inter-
préter le répertoire qui parait raturellement dé-.
suet. A ce moment, il fallait gagner ses galons et,
avant d'être sacré ténor di primo cartello, Clément
n'a-t-il pas joué le petit rôle d'Hadji dans Lakmé,
Vincent de Mireille qui lui servit de début, Daniel
dn. Chalet, Tonio de La Fille du Régiment,etc.
C est dans l'interprétation du répertoire qu'il a
acquis cet art du bel canto dans lequel il est
supérieur.
Pardonnez-moi cette longue digression et croyez.
jue je vous suis toujours très reconnaissant lors-
que vous évoquez lé souvenir des disparus qui
contribuèrent autrefois à la gloiTe de notrè seconde
scène lyrique.
PRUGNAT,
Directeur de l'Usine à gaz de Guétel,
Au sujet des « Contes d'Hoffman »
Monsieur,
Voici enfin, à l'Opéra-Comique, que, par la force
des choses, se réalise partiellement le désir exprimé
par un certain nombre de spectateurs des Contes
d'Hoffmann, Mlle Tissier chante actuellement les
deux rôles de Giulietta et de Stella.
Cette, remarque, d'ailleurs, au seul point de vue
du principe, et tout en souhaitant bien sincèrement
un prompt rétablissement à la charmante Mme
Eliane Peltier
J'ai déjà signalé la trop grande variété, à mon
avis, des personnages présentés par MM. Jean Périer
et Mesmaecker ; ne faudrait-il pas pousser encore
plus loin cette théorie d'unité des personnages, pen-
dant les différents actes des Contes. Au même valet
de la même femme ne faut-il pas ajouter le même
père et le même amant? Je veax dire que je me
demande si, dans la pensée des auteurs (et malgré
la différence entre le ténor et la basse), Spalanzani
et Crespel ne sont pas deux incarnations d'un seul
personnage? De même pour Nathanaël. amoureux
d'une « courtisane au front d'airain ». N'est-ce pas
sous une autre forme, Schlemil ? Et une très légère
modification de distribution (échange de rôles, au
premier acte, entre MM. Pasquier et Andal), n'aug-
menterait-elle pas l'intérêt de la pièce, en lui faisant
gagner en cohésion ?
En parlant de l'Opéra-Comique, Je ne puis m'em-
pêclier de m'étonner de la variété (au point de vue
vocal) des titulaires successifs de certains rôles.
Que doit être le comte, de Manon? Baryton ou
basse chantante ? Pourquoi, depuis quelques années,
avons-nous ehtendu alternativement., dans ce rôle,
MM Fugère, Allard, Ghasne, Gilles, — et MM.
Vieuille et Azéma ? Même question pour Nilakantha,
de Lahmé, qui, en province, est presque toujours
réservé à une basse, et qu'interprétèrent cependant,
à l'Opéra-Comique, MM. Dufranne, Ghasne, Boulo-
gne. Et le père, de Louise, créé par M. Fugère
(baryton), chanté aujourd'hui par M. Vieuille (bas-
se)? Et Brétigny (depuis 1907: MM. Corpait, Caze-
neuVe, Dumontier, ténors, M. Vigneau, baryton?)
MM. Périer et Albers chantent la Tosca (rôle de
Scarpia). et. j'ai. sous les yeux une photographie
de M. Vanni-Marcoux dans es rôle. Il ne semble
donc plus y avoir de délimitation bien nette entre
les deux emplois de baryton et de basse chantante.
puisque nous parlons de barytons, permettez-moi
de vous signaler le texte bizarre chanté par Esr.a-
millo au deuxième acte de Carmen :
« Et songe en combattant
« Qu'un œil noir te regarde JI..,
L'œil noir existe-t-il? Pour ma part, j'ai cherché
en vain, dans les prunelles des femmes les plus
brunes que je connaisse. Etant donné les résultats
de cette petite enquête, je serais presque tenté d'ex-
cuser le chanteur légendaire qui croyait qu'il s'a-
gissait de l'œil du taureau
Je vous prie, Monsieur, de croire à mes senti-
ments les plus distingués.
Maurice CHARPENTIER.
Nécrologie
Nous apprenons la mort du comte Louis de
Romain qui vient de succomber à Fribourg
(Suisse).
Compositeur de talent, il a £crit de nombreu-
ses romances et des morceaux symphonies, et
fonda les concerts populaires.
Il créa pour les défendre un organe Angers'
Artiste où il publia d'innombrables études musi-
cales. -
Sur la tombe de Coquelin
Le comité de l'Association des Artistes Dra-
matiques s'est rendu hier à Pont-aux-Dames et
a déposé des gerbes de fleurs sur la tombe de
Coquelin aîné.
Un déjeuner leur a été offert à la Maison
de Retraite des vieux comédiens.
'RIEN N'EST CHANGQ
Le Musée
du Luxembourg
ira à ât-Sulpice
Le transfert du! Musée du Luxembourg au sé-
minaire de Saint-Sulpice, est-il abandonné? *
On aurait pu le supposer d'après la note suîv
vante, publiée par un de nos confrères :
Il Paraît que le transfert du musée du Luxem-
bourg au séminaire de Saint-Sulpice pourrait bien
ne pas se faire.
En effet, malgré toutes les transformations déjà
subies depuis la spoliation scélérate des congré-
gations, l'ancien séminaire resterait toujours ,'
sentiellement inapte à ses nouvelles destinées.
Quoi que l'on dise et quoi que l'on fasse, il serait-
toujours et surtout le musée sombre par exceuen-
ce, le Inusée-cave, le musée-tombeau.
Il paraît que l'on reviendrait au projet de. M..
Henri Marcel, et que l'on reconstruirait, sur de
nouvelles bases, le hangar en briques du jardin de
Catherine de Médicis.
Outre l'emplacement des bâtisses actuelles, on:
empiétrerait sur la bordure du parc contigu à la
rue de Vaugirard, de façon à créer une surface de
trois mille mètres d'exposition.
Le nouveau musée comprendrait onze salles
de peinture et la sculpture posséderait trois salles
nouvelles. Au premier étage des futurs bâtiments,
les estampes, les gravures, les médailles; au sous-
sol, les services et la manutention. Et, cinUllS-
tance séduisante au possible au lieu de onze mil-
lions, on en dépenserait deux à peine. Mais tout
cela n'est qu'un projet. évidemmentr
Cette note est inexacte. C'est M. Léon 5e:
directeur des Monuments historiques qui le dé-
clare.
« Je n'ai aucunement entendu parler de- l'a-*
bandon du projet de transfert du Musée du
Luxembourg à l'ancien séminaire de Saint-Sulpice,
rous dit-il, et la nouvelle publiée est pour moi
une surprise. Si elle était vraie, j'en serais le,
premier informé.
« Le projet, tel que vous l'avez annoncé à
deux reprises, existe toujours. L'aménagement
sera fait selon les indications qui vous ont été
données, et il n'y a rien de changé à ce que vous
avez publié.
« Il ne nous manque plus que les crédits. »
Donc, acte.
t, BORGBX.
THEATRE MONCEY
"Carot Coupe=Tête..
drame inédit en cinq actes, dont un prololu8
de M. Maurice Landay
On sait le grand, le très grand succès du
roman de M. Maurice Landay Carot Coupe-
Tête. L'ouvrage, dès son apparMon* s'est en-
levé à un nombre énorme d'exemplaires, et la
vente continue toujours avec le même entrain.
Tout fait supposer qu'il en sera de même pour
la puissante pièce que l'auteur a tirée de son
roman, et dont il a réservé la primeur au Théâ-
tre Moncey; après le triomphal accueil du pre-
mier soir, on peut être assuré que les specta-*
teurs qui viendront l'applaudir au théâtre seront
aussi nombreux que les lecteurs du livre.
Les cinq actes de Carot Coupe-Tête sont
tous d'un intérêt soutenu qui se répartit en des
scènes variées et d'une facture irréprochable
qui tiennent sans relâche l'attention en éveil.
Les types de Saint-Just, de Louis d'Estrang^s,
de Brutus Muller et d'Olympe sont tracés avec
une sûreté de touche, ou l'on reconnaît la main
4u dramaturge averti si légitimement applaudi
de La Loi de Pardon. C'est là du bon et beaM
théâtre qui s'impose au public toujours avide
d'émotions vraies.
La direction a voulu contribuer au succès de
la nouvelle pièce en l'encadrant dans de pit-
toresques décors de Hackspill et en confiant au
maître costumier Çranier le soin d'habiller ses
personnâgesi Quant à l'interprétation, elle est
de tout premier ordre, et véritablement digne
des.plus. grandes scènes avec Mmes Rosa Meur-
ville, Lucile Rysler, Rainville et MM. Fabre,
Bourdel, Gontier, G. Jacques, Bender, H. Mar-
tin.
Il faut féliciter encore M. Fabre qui, avec uni
art véritable, a mis en scène Carot Coupe-Tête
que le Théâtre Moncey inscrira au premier rang
de ses plus grands et plus légitimes succès.
A. M.
Le Mi=Carême au Quartier
Nous avons annonce qute le comité OIes fêtes
de lia rive gauche avait organisé un concours de
projets pour le cortège qui se déroulera te jiaur
die la Mili-Careme dans les nues de la rliive gauche
et du quartier Latin.
De nombreux envois ont été faits au comité
par des artistes et des élèves des beaux-arts.
Il a été décidé que rexposit,ion en sérail publi-
que. Elle se fera à la mairie du VIe arrondisse-
ment (salle des examens), et sera ouverte aux
visiteurs le jeudi 1er et le vendredi 2 février, de
midi à six-heures, et le samedi 3, de dix heures
à six heures.
La distribution des prix aux lauréats du con-
cours aura lieu à la mairie du Ve arrondisse-
ment (salle des mariages), le dimanche 4 fé-
vrier, à 2 heures et demie, de l'après-midi, sain
la présidence de M. Pierrotet, maire du V.
C'est à cette même cérémonie que se teât
l'élection des Roses des six arrondissements
qui composent la rive gauche, et de la Rose des
Roses, qui sera la reine de la fête.
On exige des candidates d'avoir une profes-
sion, d'être âgées de 18 à 25 ans, et d'être jo-
lies. Une reine doit être jolie, et tout le monde
sait que la rose est la reine des fleurs. -
Toute demande de changement
d'adresse doit être 'accompagnée de la
dernière bande du- journal et de cin-
quante centimes en timbres-poste.
La Semaine Musicale
Peu de premières auditions. Une seule
même 1 De celle-ci, nous louerons donc
M. Camille Chevillard et l'Association des
Concerts Lamoureux. A vrai dire, Eros
Vainqueur n'est point totalement inconnu
des musiciens puisqu'un grand nombre
d'entre eux en proclamèrent la valeur lors
de sa création au Théâtre de la Monnaie,
le 7 mars 1910. De plus, les Concerts La-
moureux accueillirent déjà quelques frag-
ments de cette partition. Le Ballet-Panto-
mime et l'air d'Eros, interprétés, hier,
Sa He Gaveau, eurent donc pour effet d'ini-
tier plus avant le public aux charmes de
la musique Brévillienne ! Ils sont grands.
M. Pierre de Bréville, artiste de race, a
le rare mérite d'allier à la spontanéité mé-
lod lclue, le souci d'harmonies élégantes, de
sonorités délicates. Chaleureuse, expres-
%I,ve , pleine de jeunesse et comme poétisée
une force d'évocation constante, sa musi-
que chante, vibre et séduit. Elle ne tolère,
en OUtre, ni faiblesse ni banalité.
011 goûla beaucoup ce ballet-Pantomime,
t, léger, bien joué par l'orchestre, et
çlo11 moins l'air d'Eros, chanté par Mme
§r°iza, créatrice de l'ouvrage, à Bruxelles.
Orl talent est connu et justement estimé.
x? façon dont elle sut dire le récit de la
fjjlpsagère d'Or/éo et l'air de Pâris et
TV.ne» affirme l'exact sentiment que Mme
* °iza a des œuvres classiques et du style
^iculier gu'elles exigent. -
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de
vanter à nouveau la joliesse orchestrale du
prélude d'Hanse! et Grétel non plus que
la grave beauté de la Symphonie en ré mi-
neur de Schumann, maître auquel M. Ca-
mille Chevillard se plaît à témoigner de
très tendres égards. Qu'il a donc raison!
Pour ce qui est de Scheherazade, la sj
pittoresque Suite Symphoniqae de Rimsky-
Korsakow, comblée par l'orchestre d'un
luxe rythmique de bon aloi, elle obtint son
succès accoutumé auquel mérita de parti-
ciper M. Quesnot, éloquent soliste.
La société des Concerts se reposait nier
de trop modernes audaces. L'ouverture de
Geneviève, de Schumann, insuffisamment
prisée des chefs d'orchestre, la Symphonie
en la; de Mendelssohn, dite italienne, dont
le charme persiste en dépit des années; le
Scherzo prestigieux mais connu de la Reine
Mab et la Fête chez Capulet — qu'on n'i-
gnore point — assurèrent à l'orchestre au-
tant qu'à son chef, M. Messager, l'unani-
mité des suffrages. De 3a lyre et la harpe,
nous dirons seulement quelques mots. -
La huitième partie en semble, par le
charme musical et la perfection de la fac-
ture, assez nettement supérieure aux autres.
La neuvième, par exemple, plus théâtrale,
plus factice, moins intime; la dixième, d'une
inspiration quelque peu banalisée par la
1 présence d'airs à danser sans grand carac-
tète, n'ajoutent que modérément aux.jgflÉcé*
dentés. Ce serait cependant être injuste que
ne point reconnaître la vivacité spirituelle
de l'instrumentation. Au total, l'impres-
sion donnée par l'œuvre aussi bien que par
ses interprètes fut identique en ce sens que
si l'on eut, en maints endroits, le senti-
ment de la perfection réalisée, une sorte de
froideur n'en persista pas moins dans l'en-
semble. Et pourtant, jeunes et généreuses
sonnent les voix de Mlles Gall et Lapey-
rette. de MM. Paulet et Duclos,
Le coryza ayant consenti à la trêve, M.
Heinrich Knote parut enfin aux Concerts
Colonne. Voici un très bel artiste, chanteur
wagnérien et conscient. On lui fit une large
part dans le succès général, dans le grand
succès ,devrais-je dire. Au troisième acte de
Siegfried, des fleurs churent des galeries
supérieures. Oui da! Ovations à Paul Vi-
dal, kapellmeister intérimaire et pourvu
d'une infaillibilité déjà célébrée. L'associa-
tion se dresse comme un seul homme et,
modestement, — selon le protocole — re-
çoit de mérités hommages.
Si l'assistance semble écouter avec assez
d'indifférence le Prélude de Lohengrin, en
revanche, le délire est à son comble au der-
nier accord de Tristan. Quant à l'ouverture
des Maîtres Chanteurs, le public, gavé, ne
voulut la considérer pour cette fois que
comme le monceau des paletots. Inconve-
nance évidente, point nouvelle, mais excusa-
ble si l'on songe à la longueur fatigante
d'un tel programme. Aux côtés de M. Hein-
rich Knote, j'allais oublier da vous dire
que Mme Burckard-Leffier ne faiblit point.
Vous devinez, qu'à 1 entr acte les fidèles
t n:étai.nt troint .Qan$ se préoccuger de
santé de M. Gabriel Pierné, chef d orches-
tre d'un grand mérite, mais pédestrian
malheureux. Condamné par la Faculté à ne
point bougea la jambe durant une ou deux
semaines, il ne saurait agiter les bras avant
trois autres au moins. Ce laps de temps
passé le chef naturel des Concerts Colonne
reprendra sa place au pupitre et l'on assure
qu'en signe de réjouissance,' Paul Vidal. et
lui, unis sous les applaudissements, condui-
ront à <( quatre mains » quelque morceau
de l'Enfant Prodigue!
Que de concerts! Enfin. procédons.
S. M. I. — Réouverture solennellement
effectuée. Comprenez que soucieuse de se
placer sous l'égide de maîtres vénérés, la
Société Musicale Indépendante a consacré
la plus grande part de son programme à
Edouard Lalo, Rimsky-Korsakow, Saint-
Saëns et Gabriel Fauré. MM. Geloso, Ter-
gis et Léon Moreau, assemblés en trio —
et gens de talent, n'est-ce pas? - Mme
Paule de Lestang, chanteuse très musi-
cienne dont les récitals de lieder ultra-
modernes commencent lundi, avec le con-
cours de huit ieunes compositeurs notoires.
—Mlle Madeleine Bonnard, dont la voix est
jolie; M. Chadeigne, dont l'accompagne-
ment est impeccable, officièrent à la satis-
faction générale. Il convient d'ajouter que
les mélodies de M. Paul Ladmirault —
l'Aubépine surtout — sont d'un artiste
probe et savant, et que Mlle Germaine Pel-
letier, l'une des plus accomplies violoncel-
listes de Paris, joue en virtuose et en par-
faite musicienne la tendre Elégie de Ga-
briel Fauré. Pour ce qui est de Cortot,
vous A'altendez pas que je célèbre -cet ar-j
tiste exceptionnel. Il triompha dans les neuf
Préludes de Gabriel Fauré dont certains
cotoient exquisement la somptueuse Chan-
son d'Ere. v
Aux Concerts Touche, les conférences
de M. Paul Landormy continuent d'attirer
les masses. A la Sorbonne, M. Paul de
Saulnières effectue une appréciée « re-
prise » des quatres premières Béatitudes.
Salle Erard, Mlle Germaine Chevalet, par
sa rare conscience, sa jolie voix de mezzo,
et l'heureux choix des œuvres interprétées
obtient un gros succès. Mlle Rose Lands-
mann, pianiste, douée d'une éblouissante
virtuosité triomphe et bisse la Fileuse de
Moniusyko-Malcer. M. Jean Werd accompa-
gne, impassible et habile. Les Chanteurs
de la Renaissance donnent, sous la direc-
tion de M. Henry Expert, directeur enthou-
siaste, un deuxieme concert sensationnel.
MM. Brunold et Taine y sont applaudis. Les
vieux auteurs aussi. Des bijoux, je vous le
dis, des bijoux que ces pièces vocales de
Josquin des Prés, de Passereau, de Jane-
quin.
Salle des quatuors Gaveau, les élèves
de Léon Moreau et de André Salomon riva-
lisent, et je vous prie de croire qu'en cette
« séance d'élèves » on entendit de la mu-
sique. Aux concerts Dandelot de la Salle
Beethoven. Mlles Lapie et Dalliès Ba-
baian. MM. Lazare Levy, Delacroix et le
baryton Jules Tordo font sensation, ce qui
ne saurait étonner personne.
Mlle Antoinette Veluard est une pianiste
délicieuse au jeu musical et fin. Mme Ba-
thori et M. Engel sont -deux artistes intré-
pides. Ignoriez-vous tout cela? A la Schola
Cantorum on donne avec piété le Freichutz,
avec tellement de piété même que la ver-
sion française choisie est celle faite « en
vue du théâtre » et inédite, de l'érudit
Georges Servières, auteur d'un Chabrier
peu conforme aux idées de M. Arthur Pou-
gin. Le mérite ne va qu'à M. Georges Ser.
vières.
Salle Gaveau, le premier février, audi-
tion plus centrale du chef-d'œuvre de We-
ber. Qu'on se le dise.
Honneur à la main gauche du pianiste
Vernon Werner. Seriabine l'avait prévue!
Paul Goldschmidt — encore un des rois
du clavier — revient cinq fois au bord de
la « scène » Erard. Il consent à se rasseoir
au piano et à recommencer. Joie. Toujours
plus unies, les Femmes professeurs et com-
positeurs de musique, évoluent symphoni-
quement sous la direction de l'ex Angevin
et futur Bordelais Rhené-Breton.
Eh bien! — croyez-m'en — il en reste.
Oui, encore! Je vous le prouverai la pro-
chaine fois. Pour aujourd'hui, nous allons.
si vous le voulez bien, accrocher ies vo-
lets, n'est-ce pas? On ferme? Et pourtant
il eut été décent de vous dire les prouesse
de Jacques Thibaut et de Armand Ferté à
Grenoble. Voilà un chef d'orchestre ardent
et utile que cet ami Ferté ! Il sème et ça
pousse! A Nancy, la belle exécution do
fragments de la Forêt et de l'Or du Rhin,
et à Marseille les acclamations adressées
avec une méridionale ferveur à Mlle Agnès
Borgo, Isolde et Brunnhilde, vaillantes et
très en voix ainsi qu'au kappelmeister Ga"
briel Marie, très en baguette. Public trépi-.
dant. Soleil admirable. Température printftt
mère. Bouillabaisse. inouïe'
Louis VUILLEMIN.
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