Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1921-01-08
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 janvier 1921 08 janvier 1921
Description : 1921/01/08 (A15,N2945). 1921/01/08 (A15,N2945).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646666n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/05/2015
Directeur: GEORGES CASELLA1
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UN AN 6 MOIS 3 MOIS
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SAMEDI 8 JANVIER 1921
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LE RAMEAU D'OLIVIER -
I. » Lerici : La pipe
Les soirs d'été, la joie populaire se ré-
pand dans le bourg : sur les balcons, les
guitares s'émeuvent; des voix passion-
nées se lamentent vers la « donna » dont
la beauté fait souffrir et mourir. Un pho-
nographe nasille, les danseurs se bouscu-
lent dans les cabarets. Et les joueurs de
mourre lancent dans la nuit des chiffres
véhéments.
Puis tout s'apaise. Des pas s'éloignent.
Les fenêtres se ferment. Les lampes s'é-
teignent une à une. Je n'entends que ma
plume qui grince et mon horloge qui bat.
A minuit, les heures s'épanchent de
toutes les tours et glissent sur la mer. Le
golfe se remplit de musiques vermeilles.
Quand elles se taisent, les étoiles s'é-
largissent au milieu du silence.
C'est alors que je fume dans cette pipe
d'un ami très cher que je ne reverrai plus
jamais, parce que la guerre me l'a tué.
II. Pegli : Le jardin ridicule
Tout le parc est semé de surprises, et
l'allée qui serpente par les bosquet d'yeu-
ses en révèle toujours de plus étrange.
Le pavillon persan à coupole de plâ-
tre, flanqué de minarets sommaires,
ajouré de moucharabies et d'inscriptions
coraniques, renferme, pour l'étonne-
ment du visiteur, un atrium de style pom-
péien, avec peintures mythologiques:
Léda et Niobé, Atalante, Omphale et son
amant fourbu. Ainsi,, le classique de pa-
cotille se conjugue à l'exotisme de bazar.
On défile, non loin de là, sous un arc
triomphal orné de bas-reliefs, d'allégo-
ries et de trophées; et l'on découvre à
son revers une chaumière en ruine avec
^'inscription : Sic transit., pour signifier
aux promeneurs la vanité de la gloire.
Devant Andromède captive et dont le
corps fluet se détache en rose-maillot sur
les rocailles de la fontaine, un crocodile
empaillé représente le monstre neptu-
nien: ses mâchoires, .par un mécanisme
secret, s'ouvrent et se ferment en mesu-
re, sans doute pour terrifier Pensée qu'on
ne voit point.
On passe sur un pont chinois, on tra-
verse un labyrinthe, on aperçoit des gno-
mes de terre cuite forger de l'or au fond
d'une grotte. Un escalier vous mène au
ras de l'eau. On s'embarque, sous les
stalactites de ciment, dans une nacelle
chamarrée : elle se détache toute seule de
la rive, évolue un instant sous les voûtes,
passe par un tunnel rocheux et débouche
dans la lumière, sur un lac minuscule,
dont les ondes reflètent les monuments
rassemblés sur ses bords: un obélisque,
une stèle funéraire, une chapelle gothi-
que, un temple Trianon, un zodiaque tol-
tèque et une balançoire en fer forgé. On
s'émerveille de voir les pays, les religions
et les chronologies combinées avec tant
d'à-propos.
L'on débarque à l'entrée d'un jardin
anglais. Des berceaux attirent le flâneur :
son poids met en action des jets d'eau qui
l'aspergent ; sur sa déroute, des ondines
font jaillir leurs mamelles, tandis qu'un
enfant de bronze l'arrose d'un geyser
sans p'udeur.
Mais le plateau révèle la tragédie. La
tour gothique qui le surmonte a des cré-
neaux comme brisés par les boule'ts. Sur
la plate-forme, un canon de bois peint
tend la gueule vers une métairie que l'on
découvre au loin, de l'autre côté du val-
lon, et dont la façade imite le bastion
d'une forteresse ruinée.
Non loin de là, se dresse le tombeau
du général imaginaire qui commandait
l'artillerie ; autour du sépulcre gisent des
torses mutilés de statues antiques qui fi-
gurent les héros morts dans le combat.
III. Maralunga : Les cigales
Sole sub ardenti resonant arbusta cicadis.
(Virg. Egl. II.) -
En août, le soleil s'établit jusque sous
la roche. Il brûle à longs jets les pentes
que touche la mer. Il pénètre les oliviers,
imbibe leur écorce, coule avec la sève au
noyau de leurs fûts ; le feuillage délié
semble, lui aussi, distiller de la lumière.
L'herbe se couche sous les rayons bru-
taux. La résine des pins s'évapore, et
ses nappas odorantes planent dans l'air
immobile. La mer est roide sous la pesée
de la chaleur; elle réverbère l'unité de
ce vaste flamboiement.
Armide sort du bain. Sa chair miroite
de sueur et d'eau marine. Elle se couche
sur la rive, les cheveux répandus. Le so-
leil l'enveloppe et la prosterne, s'étend
sur ce corps fleuri dont toutes les lignes
se rassemblent amoureusement. Les ra-
yons passionnés la pénètrent. Un frisson
passe sur la peau qui se grène de l'ais-
selle à la hanche. Sous la caresse du midi
victorieux, un souffle court soulève le
jeune sein.
C'est l'heure des cigales. Elles remplis-
sent de leur chant rauque les rives en-
soleillées. Leur bruit monotone se mêle
si étroitement à la lumière qu'elle paraît
devenir sensible à l'oreille.
Armide vaincue, s'abandonne à l'im-
mense accablement. Les bras étalés, les
genoux rompus, la tête renversée parmi
les cheveux humides, elle est une chose
de la terre, immobile et passive, comme
la roche, comme la plante. Défaillante,
sous l'éblouissement qui la domine, elle
ferme les yeux et s'endort.
Une cigale vient se poser entre les
seins.
A. t'SERSTEVENS.
LA POULE AUX ŒUFS D'OR
.i. -
Les Directeurs se Voient imposer
''m , Mn nouveau droitt de timbre
Y -1 ——<~~——
Il y a quelques semaines, M. Alphonse Franck,
Président de l'Association des directeurs de
théâtres, reçut une visite et le visiteur lui tint à
peu près ce langage
-, Monsieur, veuillez avoir l'obligeance de
me aire si ks coupons que les directeurs de
theatres délivrent à leurs clients indiquent le
montant de la somme versée par eux à la bu-
raliste.
— Oui, monsieur.
— Alors, .monsieur, j'ai l'avantage et le re-
gret de vous informer qu'en vertu d'une loi du
K. 1871, ce coupon, pouvant être assimilé à
un reçu, il devient de ce fait passible d'un droit
timbre de vingt-cinq centimes.
- Mais, monsieur.
J'ajoute que l'administration vous accorde
vingt-quatre heures.
- Pour maudire mes juges?
Pour prévenir vos collègues et vous mettre
en règle avec la loi. Chaque billet non timbré
&era passible d'une contravention.-
- Fort bien, — répondit M. Franck, qui ne
se démonte point pour si peu. — comme nous
autres, directeurs, nous considérons que ce cou-
pon n'est pas un reçu, mais un papier indiquant
au spectateur le numéro de la place qu'il doit
occuper, nous allons faire confectionner des
tâtons métalliques numérotés. Ainsi, nous se-
rons tout à fait en règle avec la loi et. nous
ne , paierons point le timbre.
Le monsieur du fisc eut un petit sourire en-
tendu.
- S'il en est ainsi, monsieur, ma démarche
devient inutile, et s'inclinant très bas, il décou-
vrit un autre monsieur, son compère.
- Pardon, monsieur, vos démêlés avec le fisc
ne M-e regardent pas. En ma qualité de délégué
de l'Assistance publique, je me dois de vous
rappeler qu'un décret vous oblige à tenir un
c-arnet à souches numérotées, et chaqué ticket
dehvreau spectateur doit porter le prix de la
place- J'e vous avertis qu'en cas d'infraction à
ce droit, vous êtes passible d'une contravention.
1 - j
¡ Dura lex. sed lex. ,et force fut aux di;rec-
teurs de se SOumettre et de coller un timbre de
25 centimes sur chaque billet, en exécution
dune loi datant de 1871, ici qui se trouve enfin
apphquee cinquante ans après sa promulgation !
Voila un des tours de la Il finasserie •> ad-
ministrative.
Vouant une haine implacable et inexplicable
- ux théâtres, ces messieurs s'ingénient à dé-
couvrir, dans le maquis des lois et des décrets,
interprétation qui puisse justifier leurs exi-
séances et leurs vexations.
Reste à savoir si le Conseil d'Etat les suivra
SUr ce terrain.
Les directeurs de théâtres sont des commer-
c.a. mcomme les autres, et ils ont le droit
£rc®? h® commerce en toute liberté Les
conditions nouvelles de la vie ont rendu leurs
charges particulièrement lourdes et difficiles.
Avant que de les contraindre à fermer leurs
portes, il faudrait songer que le théâtre fait
vivre un monde de travailleurs. Le sort de ceux-
ci est subordonné à la prospérité de l'entre-
prise.
Cet été, nous avons eu l'occasion de voir un
des principaux fonctionnaires de l'Assistance pu-
blique, et ce personnage, imprégné de l'impor-
tance de ses fonctions, nous a dit : — Croyez-
vous que nos clients ne soient pas intéressants ?
Nos clients sont les pauvres,, et c'est notre
devoir de veiller à ce que la dime prélevée. sur
les plaisirs leur soit intégralement versée. »
C'est très juste et personne n'a jamais prétendu
s'y opposer, mais est-ce une raison pour mani-
gancer des petites « rosseries » dans, le genre
de celle de la loi de 1871. Nous savons que
l'A. P. répond : c'est le fisc. Le fisc, à son
tour, répond.
Lorsque le ministère a fait appel aux directeurs
pour favoriser l'emprunt, ceux-ci ne se sont
point fait prier et ils ont donné gratuitement leur
publicité.
On a voulu probablement les en remercier.
, Comme les directeurs n'ont point tous la foi
évangélique, il est certain qu'ils ne tendront
point la joue gauche après avoir reçu le soufflet
sur la joue droite. Ils se contenteront, peut-être,
de se faire tirer l'oreille.
Pourrait-on les en .blâmer?
L. ROBERT DE THIAC.
Nos Étrennes
à nos abonnés, à nos lecteurs
Nous avons pu obtenir dans des conditions
exceptionnelles un assez grand nombre de ma-
gnifiques boîtes, présentées avec un goût pçtrfait
dans un cartonnage d'art, et contenant da choco-
lat de la célèbre maison Klaus.
Ces boîtes sont 1actuellement d'une valeur
marchande de 25 francs.
A l'occasion des étrennes, et pendant quelques
jours encore, nous offrons :
1° Gratuitement une boîte à tout nouvel
abonné ou à tout ancien abonné, prolongeant
son abonnement d'une année.
2° Au prix de douze francs, une ou plusieurs
boîtes, à tout abonné quelle que soit la durée
de son abonnement.
3° -Au prix de quinze francs, une on plusieurs
1 boîtes, à tout lecteur présentant cinq exemptai-
res différents de Comœdia.
Ces boîtes sont exposées dms les bureaux de
l'Administration du Journal. Les abonnés pour-
ront, en les retirant, prendre en même temps :
Leur ticket d'assurance
1 Leurs coupons de réduction dans les théâtres.
Les Matinées poétiques
de la Comédie= Française
Saint-Georges de Bouhélier
L'art de M. Saint-Georges de Bouhélier est
égal aux plus hautes et aux plus nobles tenta-
tives. La Tragédie Royale, Le Carnaval-des En*
fants, Le Roi sans couronne, CEdtipe, entre auJ
tres belles oeuvres jalonnent une carrière de
poète tragique singulièrement émouvant et nova-
teur. Alors que, dès ses vingt ans, Saint-Geor-
ges de Bouhélier était reconnu par des esprits
d'élite comme un guide, en fondant le naturisme,
il se proposait d'ériger sur les ruines des ba-
nalités et des conventions l'étude émue de ce
tragique de tous les jours, de ce poignant lacis
de causes et d'effets où se débat l'homme mo-
derne.
« Il appartient, a-t-il dit, au poète d'exprimer
la beauté hermétiquement cachée, dont tout être
est, à son insu, le mystique dépositaire. » Il
faut, pour réaliser cette conception, infiniment
de pénétration, un sens profond du mystère de
la vie, un amour sincère de ces manifestations
et surtout une rare qualité d'évocation. Ce sont
ces puissances subtiles qui donnent aux poèmes
de Saint-Georges de Bouhélier, comme à ses
tragédies, comme à ses romans, ce don de per-
suasion pénétrante, cette souplesse qui, par le
détail familier, réalise la grandeur, cette impres-
sion, profonde d'altruisme généreux, d'admira-
tion et de pitié devant lé spectacle du monde
et de son protagoniste, l'Homme, cette impé-
rieuse sensation de grand art.
-- GUSTAVE KAHN.
(Mme Weber dira : Ce qu'ont dit les mobilises ;
Mlle Colonna Romano: Pourquoi c'est vous que
j'aime encore. et Le Cahier, de M. Saint-
Georges de Bouhélier.)
Paul Verlaine
n y' a vingt-cinq ans, le 8 janvier 1896, dans
une étroite chambre d'un modeste logement de
la rue Descartes, presque abandonné de tous,
mourait un pauvre homme.
Après une longue maladie et de douloureuses
stations dans les hôpitaux parisiens, Paul Ver-
laine rendait son âme à ce Dieu, vers lequel
il s'était si passionnément éleve et qui, a cette
heure funèbre, la lui rachetait magnifiquement.
Depuis lors, en effet, épurée, ennoblie, toute
baignée d'une auréole: mystique, offrant comme
pour un acte de contrition candide, A le spectacle
sincère de ses pèches, de ses dégoûts et de ses
remords, l'âme du « Pauvre Lélian » n'a cessé
de rayonner d'un éclat toujours plus attirant el
toujours plus parfait. ■
C'est en commémoration de ce jour, où la
souffrance sacra définitivement Paul Verlaine,
que M. Jean Hervé t'a dire deux de ses poèmes.
Louis PAYEN.
La tylaûnêe gratuite -f
du Gymnase
Nous avons dit le geste généreux de M. Henry
Bernstein, qui, en l'honneur du centenaire du
Gymnase offrira au public une matinée gratuite
de La Rafale.
Précisant certains détails de notre interview
de mercredi à ce sujet, l'éminent auteur drama-
tique nous écrit: „
Mon cher Directeur,
Une erreur s'est glissée dans l'article de M.
A. d'Esparbès.
La matinée de La Rafale que le Gymnase, a
l'occasion de ses cent années d'existence, of-
frira mardi prochain, onze janvier, à 14 h. 30,
au public parisien et aux professionnels du théâ-
tre, sera une représentation absolument gratuite.
Les spectateurs en seront dispensés de toui
paiement. Ils seront exonérés même des droits
et taxes : j'en ai reçu l'assurance de M. Mau-
rier, directeur de l'Assistance publique.
J'avais dit à votre collaborateur avec quel plai-
sir mes 'admirables interprètes et moi, nous
avions saisi cette occasion d'inviter — d'inviter
complètement — à une représentation de mon
œuvre, cette intéressante fraction du public qu'a
privée jusqu'ici de ce spectacle, comme de bien
d'autres, le prix actuel des places, — prix im-
posé aux directeurs par l'augmentation formi-
dable et incessante de tous les frais.
Cordialement à vous,
HENRY BERNSTEIN.
Nous publierons demain un article de
MARCEL BOULENGER
et « La Semaine Littéraire » de
BINET-VALMER
.1 Échos
8 Janvier 1876. — A l'Odéon, première représen-
tation des Danicheff, de Pierre Newski.
La
i popularité de Don Juan.
L'autre soir, à une représentation de
L'Homme à la Rose, on remarquant quiei-
qpes spectateurs, placés aux premiers rangs
des fauteuils d'orchestre, et qui prenaient
fiévreusement des notes. C'étaient des ar-
tistes, peintres et dessinateurs étrangers,qsui
copiaient, avec ou sans l'autorisation de M.
Vokerra, et tant bien que mal, les costu-
mee. die M. Po-iret. Car ces costumes orn-t
été reconstitués sur des modèles ainciens,
à peu près introuvables, et ils achèvent
admirablement l'atmosphère de L'Homme à
la Rose, l'une des œuvres les plus hautes
er les plus puissantes de M. Henry Batail-
le. Assez souvent des artistes anglais, es-
pagnols, américains, polona.is, viennent
ainsi au Théâtre de Paris alimenter leurs
carnets die silhouettés caractéristiques.L'un
,d'eux eut ce mot, tout à l'honneur de Po.i-
ret: « rai copié la ligne de ces costumes,
---mais je n'en emporterai jamais la cou-
leur! » Et L'Homme à la Rose poursuit sa
belle carrière, qui sera Longue aussi, —
car c'est dans un avenir encore lointain que
lui succédera la pièce nouvelle de MM.
Tristan Bernard et Charles-Henry Hirsch :
Cœur de Lilas.
1
1 y a uin an.
Nous perdions- en Paul Adam, le re-
marquable écrivain de L'Enfant d'Auster-
litz. de La Ruse, des Mouettes et de tant
de chefs-d'œuvre, un des plus puissants
remueurs d'idées et romanciers de mœurs,
que nous ayons eus depuis longtemps.
Les amis, les admirateurs de l'écrivam
n'ont pas oublié sa mémoire et hier en l'é-
glise Notre-Dame de Grâce de Passy, une
assistance émue évoquait la mémoire de
'1 'hsmme incomparable, d'e l'ami fidèle que
fut Paul Adam.
]
1 n'était pas revenu à Paris depuis
1914. et n'a obtenu, paraît-il, qu'à
grand peine un passeport. Nous 1 avons
revu hier soir, toujours enthousiaste et vi-
branLEr sur la question que nous lui po-
sions: « Quels sont vos projets? le poète
futuriste F.-T. Mairinetti nous répondit:
k J.e prépare une conférence, dans laquelle
}~ révélerai au public patrisient une décou-
vSerte que j'ai faite et dont on parlera, j'en
spa,s'certa,in. ))
Comœdia aura l'occasion d'en parler et
4'e«i repayer. -
ï
1
1 serait si simple, nou's écrit Willy. de
ne pas faire de citations latines lors-
qu'on ignore la langue de Cicéron, ou qu'on
lia oubliée!
> Au cours de son éloquente protestation
centre 1-a reprise des relations de la Fran-
ce avec le Vatican, M. Herriot (mais chez
ce normalien, c'est pure inadvertance) a
cité un verset du de Profundis en lui fai-
sant dire précisément le contraire de ce
que le passage signifie.
Et dans les récentes tablettes de la Scho-
la, on trouve encore cette expression ma-
camonique contre laquelle l' « Ouvreuse »
s'est si souvent escrimée: vulgum (?)
pecus.
S'appeler « Schola Cantorum » et com-
mettre des barbarismes latins, c'est raide!
A
la manière de Franc-Nohain.
Un humi()lni'ste -
Qui n esit pas un ahemste -
Guérit l'aphonie des .grandeurs
En qiùeilquies heures.
Aux embues il ordonne
Les fameuses EAUX-BONNES.
Moralité:"}
Il faut toujours remonter à la source.
Le Masque de Verre.
(Photo Comœdia.}
LA PLAQUE CQMMEMORATIVE
Cet après-midi à l'Association des Artistes dramatiques, 42, rue de Bondy, sera
inaugurée la plaque c-onimémorative aipposée en l'honneur des membres d;e l'Associa-
tion, morts au champ d'honneur.
Un grand nombre d'auteurs dramatiques, d'artistes,«de littérateurs; tiendront à as-
sister à cette émouvante cérémoniÍJet.
A L'OPÉRA
Le Travail de l'Année
Malgré les deux grèves qui interrompirent les
études et retardèrent la parution de certains ou-
vrages nouveaux, comme Antar, l'Opéra a fourni
un effort très sérieux et le bilan artistique de
l'année est appréciable.
En dehors des représentations du répertoire
courant, l'Opéra a repris huât ouvrages et huit
œuvres nouvelles y ont été créées.
(Photo Sabourin, anc' Bert)
M. Jacques ROUCHË
La première grève ne dura que 18 jours. D'il
1er au 18 janvier 1920, le théâtre fut feirmé.
Il rouvrit lle 19, avec Thaïs, et, le lendemain,
reprenait la première saison russe, commencée
le 24 décembre.
Les saisons russes de 1920 font partie des re-
présentations ordinaires de l'Opéra, qui avail
engagé régulièrement la troupe de M. de Dia-
ghilev.
Au cours de cette premiers saison, on cfonns
les ballets déjà connus: Carnaval, Les Jemme<
de bonne humeur, Contes russes, Petrouchka
Soleil de Nuit, Papillons, les danses du Prina
Igor, etc. acquêts vinrent s'ajouter trois ou
virages nouveaux : La boutique fantasque, créét
le 24 décembre ; Le Tricorne (23 janvier), e
Le Chant du Rossignol (2 février).
On continue à jouer, dans le courant de Jan.
vier, Goyescas .et Sylvia, dont la première avai
eu lreu le 16 décembre 1919.
La seconde saison russe débuta le 8 mai
avec .une œuvre nouvelle, Pulcinella; le 27 mai
on créa encore un opéra-ballet, Astuce féminine,
On joua lie répertoire déjà donné au cours de
La première Saison, avec en plus, Shéhérazade,
qui n'avait pas été repris depuis 1917.
Au cours d'une soirée de gala, donnée le
4 mai, au profit des Russes réfugiés en France,
l'Opéra créa le charmant ballet de M. Fumet
Bren'iiano, Taglioni chez Musette. Le 6 juin,
eut lieu la répétition générale de La Légende
de Saint-Christophe, dont la première fut don-
née le 9. Jusqu'à ta fin de l'année, l'oeuvre de
M. Vincent d'indy a eu 12 représentations sans
que son succès ait faibli un seul instant, el
fait partie désormais du répertoire de l'Opéra.
C'est lia un résultat des plus heureux pour \z
musique française et qui n'avait pas été obtenu,
depuis bien des années, pour les œuvres neuf
velles montées dans ce théâtre.
Parmi les reprises, citons celles de Monnc
Vanna, lie 5 juiiMet, repris pour les représenta-
tions de M. Muratore; Hamlet, le 26 juillet;
Les Huguenots, le 10 septembre; Guillaume
Tell, Le 24 septembre. La seconde grève inter-
rompit cette série de reprises qui se continua,
la paix revenue, par Suite de Danses, le 5 dé-
cembre, et Castor et Pollux, le 24 décembre,
soirée du Réveillon.
Indépendamment de cela, l'Opéra joua uni
grand nombre d'oeuvres du répertoire courant,
Faust détient le record, avec 28 représentations:
puis viennent : Thaïs (23 représentations) 1<
ballet de Coppélia, Aïda, Samson et Dalila (2(
représentations) ; Roméo et Juliette (17 repré-
sentations) ; Rigoletto et Sylvia (15 représenta-
tiens) ; La Damnation de Faust (14 représenta-
tions), etc.
Signalons le gala du 4 mai, dont nous avons
parlé, lies concerts Damrosch qM eurent lieu
les 6, 8 et 9 mai, le gala du 3 juin d'onné par
les anciens élèves de l'Ecole Centrale, les cinq
représentations d'Antoine et Cléopâtre, données
par Mme Ida Rubinstein, du 14 au 19 juin, et le
gala du 1er juillet, donné par la reine de Rou-
manie, où les élèves de Loïe Fuller dansèrent
Le Lis de la Vie, ballet composé par la reine
cire-mêrne. -
Les représentations, interrompues par la se-
conde grève du 12 octobre au 3 décembre, re-
prirent. Cette grève retarda la création d'Antar,
qui devait passer à la fin du mois de novembre,
et qui paraîtra bientôt à îa scène.
Enfin, pendant les derniers mois, on répétt
l'e ballet de Maimouna, de M. Gabriel Grovlez,
et La Walkyrie, qui a été donnée le 5 janvier
avec le succès que l'on sait.
On travaille toujours activement et l'Opéra
bourdonne d'une fiévreuse activité ; l'année
1921 sera fertile en créations et en reprises, et
il est bien improbable qju'une grève vienne cette
fois arrêter les études ; le personnel semble peu
dispose à reprendre l'a lutte.
Citons enfin les trois recettes-record de l'an-
née. Le 8 mai, jour de la reprise des ballets
russes, l'Opéra fit 43.463 fr. de recettes, le 24
décembre, soir de l'a reprise, de Castor et Pol-
lux, 42.429, et le lendemain, avec Faust, 40.751.
Il coûtent cependant de faire observer que,
pOur les représentations des ballets russes et die
Castor et Pollux, te tarif des places avait élté
a'utgimenté à titre exceptionnel. Quant à la re-
présentation de Faust du 25 décembre, elle avait
lieu un samedi, c'est-à-dire en dehors de l'abon-
nement. Le maximum est en effet plus élevé
à l'Opéras lés .jours où il n'y a pas d'abonne-
ment pjareë que les places d'abonnement sont
liOuélès à, un tarif moins élevé que le tarif ordi-
Mure. G.'est. aiinsi que la représentation de La
tyfalkyrie, diu mercredi 5 janvier, pour laquelle
il ne testait —comme on sait — pas un stra-
pontin disponible, n'a pourtant produit que
(Photo Henri Manuel)
M. Vincent d'INDY
Auteur de « La Légende de Saint-Christophe »
36.000 fr., le mercredi étant un jour d'abonne-
ment.
De ce chiffre, H fa,ut encore déduire les droits
et taxes qui s'élèvent à 8.000 fr. Ces frais sont
de 32.700 fr. en moyenne, d'où une perte assu-
rée de 4.700 fr. Si la subvention est augmentée
de 700.000 fr., comme il faut l'espérer, la perte
sera encore en pareil cas de 2.000 fr.
On voit dbnc combien la tâche est difficile
et combien les résultats obtenus sont méri-
toires.
ANDRÉ RIGAUD.
A L'ODÉON
Reprise de "Fantasio"
Fantasio n'est sans doute pas le chef-d'œuvre
du théâtre d'Alfred de Musset; mais entre toutes
ses comédies, n'est-ce pas la plus irrésistible-
ment séduisante dans toute la valeur et la signi-
I (Dessin. de Pol Bert)
| M. BERTIN
fication vraie du terme? Le poète - le seul
peut-être après Shakespeare — a su renouveler
assez' complètement sa manière de pièce en
pièce pour que chacune d'elles constitue à elle
seule une nouvelle formule dramatique et que
nous y goûtions une saveur qu'aucune autre ne
nous donne semblable ? Fantasio porte un mas-
que de folie et d'extravagance: mais quelle clar-
té d'esprit et quelle lucidité dans le regard que
celui-ci nous cache: c'est la vision d'un sage
dont une Légère griserie aurait, un soir de car-
naval, avivé l'imagination, excité l'ironie, et ai-
guisé, sans la brouiller, la- finesse observatrice.
Jamais nous n'eûmes une image plus fidèle de la
vie dans sa ligne mobiLe et capricieuse, dans
son morne déroutement coupé des plus étonnants
imprévus que dans cette comédie si cohérente, si
logique, malgré ses constantes brisures, la min-
ceur de sa trame, le pêle-mêle de ses épisodes
et l'apparente négligence de sa construction.
Jamais nous ne vîmes personnages nous don-
nant mieux qu'ici l'impression de ce que le plus
généralement nous sommes tous: des êtres incer-
tains dans nos désirs, instables dans notre ligne
de conduite, rêvant des entreprises et des éva-
sions les plus hardies, mais bientôt réenchaînés
à une piètre réalité: jamais le ton d'une œuvre
ne se plia avec plus de souplesse à la multipli-
cité des états d'âme humains que dans Fantasio
où, dans un incessant ondoiement, it passe par
toutes, les nuances, de l'ironie, de la joie, de
l'amertume, de la sensibilité, de la tendresse et
de l'idéalisme.
Cette œuvre a été très applaudie hier en mati-
née, bien qu'elle n'ait pas pris, semble-t-il, son
vrai caractère. Les deux principaux interprètes
qui déployèrent — empressons-nous de le dire
— de brillantes qualités, eurent, me #emble-t-il.
le tort de vouloir dessiner des figures de S(yle..
des figures situées (malgré l'imprécision poéti-
que du cadre) plutôt que de faire jaillir de
t œuvre ce qu'elle contient d'humanité large et
directe. M. P. Bertin nous a surtout plu quand,
dans la première partie, il exprima la mélanco-
lie désœuvrée de Fantasio. Sa jolie voix eut alors
des accents de lyrisme, d'émotion, de désolation.
sincères er prenantes. Mais dès l'instant qu'il
revêtit le costume du bouffon, il s'appliqua trop
a composer ; nous eussions mieux compris la
vague attirance d'Elsbeth vers lui s'il lui avait
témoigne une bonté plus directe, plus humaine,
S'il avait montré une fantaisie plus spontané
plus variée. M. P. Bertin distilla alors son texte
avec intelligence certes, mais avec une frivolité
constante et un peu sèche.
Mlle Sergyl exprima avec beaucoup de déJicâ-
tesse et de finesse t'emouon, Ja fierté, la tris-
(Photo Comœdta.J
Mlle SERCYL
fesse de la jeune princesse: tout était nuancé
et cependant restai froid, à cause du ton d'ih?
génue qu'employa la ravissante comédienne, smx
Directeur: GEORGES CASELLN
15* ANNEE - N° 2945 — Quotidien
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UN AN 6 MOIS 3 MOIS
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SAMEDI 8 JANVIER 1921
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LE RAMEAU D'OLIVIER -
I. » Lerici : La pipe
Les soirs d'été, la joie populaire se ré-
pand dans le bourg : sur les balcons, les
guitares s'émeuvent; des voix passion-
nées se lamentent vers la « donna » dont
la beauté fait souffrir et mourir. Un pho-
nographe nasille, les danseurs se bouscu-
lent dans les cabarets. Et les joueurs de
mourre lancent dans la nuit des chiffres
véhéments.
Puis tout s'apaise. Des pas s'éloignent.
Les fenêtres se ferment. Les lampes s'é-
teignent une à une. Je n'entends que ma
plume qui grince et mon horloge qui bat.
A minuit, les heures s'épanchent de
toutes les tours et glissent sur la mer. Le
golfe se remplit de musiques vermeilles.
Quand elles se taisent, les étoiles s'é-
largissent au milieu du silence.
C'est alors que je fume dans cette pipe
d'un ami très cher que je ne reverrai plus
jamais, parce que la guerre me l'a tué.
II. Pegli : Le jardin ridicule
Tout le parc est semé de surprises, et
l'allée qui serpente par les bosquet d'yeu-
ses en révèle toujours de plus étrange.
Le pavillon persan à coupole de plâ-
tre, flanqué de minarets sommaires,
ajouré de moucharabies et d'inscriptions
coraniques, renferme, pour l'étonne-
ment du visiteur, un atrium de style pom-
péien, avec peintures mythologiques:
Léda et Niobé, Atalante, Omphale et son
amant fourbu. Ainsi,, le classique de pa-
cotille se conjugue à l'exotisme de bazar.
On défile, non loin de là, sous un arc
triomphal orné de bas-reliefs, d'allégo-
ries et de trophées; et l'on découvre à
son revers une chaumière en ruine avec
^'inscription : Sic transit., pour signifier
aux promeneurs la vanité de la gloire.
Devant Andromède captive et dont le
corps fluet se détache en rose-maillot sur
les rocailles de la fontaine, un crocodile
empaillé représente le monstre neptu-
nien: ses mâchoires, .par un mécanisme
secret, s'ouvrent et se ferment en mesu-
re, sans doute pour terrifier Pensée qu'on
ne voit point.
On passe sur un pont chinois, on tra-
verse un labyrinthe, on aperçoit des gno-
mes de terre cuite forger de l'or au fond
d'une grotte. Un escalier vous mène au
ras de l'eau. On s'embarque, sous les
stalactites de ciment, dans une nacelle
chamarrée : elle se détache toute seule de
la rive, évolue un instant sous les voûtes,
passe par un tunnel rocheux et débouche
dans la lumière, sur un lac minuscule,
dont les ondes reflètent les monuments
rassemblés sur ses bords: un obélisque,
une stèle funéraire, une chapelle gothi-
que, un temple Trianon, un zodiaque tol-
tèque et une balançoire en fer forgé. On
s'émerveille de voir les pays, les religions
et les chronologies combinées avec tant
d'à-propos.
L'on débarque à l'entrée d'un jardin
anglais. Des berceaux attirent le flâneur :
son poids met en action des jets d'eau qui
l'aspergent ; sur sa déroute, des ondines
font jaillir leurs mamelles, tandis qu'un
enfant de bronze l'arrose d'un geyser
sans p'udeur.
Mais le plateau révèle la tragédie. La
tour gothique qui le surmonte a des cré-
neaux comme brisés par les boule'ts. Sur
la plate-forme, un canon de bois peint
tend la gueule vers une métairie que l'on
découvre au loin, de l'autre côté du val-
lon, et dont la façade imite le bastion
d'une forteresse ruinée.
Non loin de là, se dresse le tombeau
du général imaginaire qui commandait
l'artillerie ; autour du sépulcre gisent des
torses mutilés de statues antiques qui fi-
gurent les héros morts dans le combat.
III. Maralunga : Les cigales
Sole sub ardenti resonant arbusta cicadis.
(Virg. Egl. II.) -
En août, le soleil s'établit jusque sous
la roche. Il brûle à longs jets les pentes
que touche la mer. Il pénètre les oliviers,
imbibe leur écorce, coule avec la sève au
noyau de leurs fûts ; le feuillage délié
semble, lui aussi, distiller de la lumière.
L'herbe se couche sous les rayons bru-
taux. La résine des pins s'évapore, et
ses nappas odorantes planent dans l'air
immobile. La mer est roide sous la pesée
de la chaleur; elle réverbère l'unité de
ce vaste flamboiement.
Armide sort du bain. Sa chair miroite
de sueur et d'eau marine. Elle se couche
sur la rive, les cheveux répandus. Le so-
leil l'enveloppe et la prosterne, s'étend
sur ce corps fleuri dont toutes les lignes
se rassemblent amoureusement. Les ra-
yons passionnés la pénètrent. Un frisson
passe sur la peau qui se grène de l'ais-
selle à la hanche. Sous la caresse du midi
victorieux, un souffle court soulève le
jeune sein.
C'est l'heure des cigales. Elles remplis-
sent de leur chant rauque les rives en-
soleillées. Leur bruit monotone se mêle
si étroitement à la lumière qu'elle paraît
devenir sensible à l'oreille.
Armide vaincue, s'abandonne à l'im-
mense accablement. Les bras étalés, les
genoux rompus, la tête renversée parmi
les cheveux humides, elle est une chose
de la terre, immobile et passive, comme
la roche, comme la plante. Défaillante,
sous l'éblouissement qui la domine, elle
ferme les yeux et s'endort.
Une cigale vient se poser entre les
seins.
A. t'SERSTEVENS.
LA POULE AUX ŒUFS D'OR
.i. -
Les Directeurs se Voient imposer
''m , Mn nouveau droitt de timbre
Y -1 ——<~~——
Il y a quelques semaines, M. Alphonse Franck,
Président de l'Association des directeurs de
théâtres, reçut une visite et le visiteur lui tint à
peu près ce langage
-, Monsieur, veuillez avoir l'obligeance de
me aire si ks coupons que les directeurs de
theatres délivrent à leurs clients indiquent le
montant de la somme versée par eux à la bu-
raliste.
— Oui, monsieur.
— Alors, .monsieur, j'ai l'avantage et le re-
gret de vous informer qu'en vertu d'une loi du
K. 1871, ce coupon, pouvant être assimilé à
un reçu, il devient de ce fait passible d'un droit
timbre de vingt-cinq centimes.
- Mais, monsieur.
J'ajoute que l'administration vous accorde
vingt-quatre heures.
- Pour maudire mes juges?
Pour prévenir vos collègues et vous mettre
en règle avec la loi. Chaque billet non timbré
&era passible d'une contravention.-
- Fort bien, — répondit M. Franck, qui ne
se démonte point pour si peu. — comme nous
autres, directeurs, nous considérons que ce cou-
pon n'est pas un reçu, mais un papier indiquant
au spectateur le numéro de la place qu'il doit
occuper, nous allons faire confectionner des
tâtons métalliques numérotés. Ainsi, nous se-
rons tout à fait en règle avec la loi et. nous
ne , paierons point le timbre.
Le monsieur du fisc eut un petit sourire en-
tendu.
- S'il en est ainsi, monsieur, ma démarche
devient inutile, et s'inclinant très bas, il décou-
vrit un autre monsieur, son compère.
- Pardon, monsieur, vos démêlés avec le fisc
ne M-e regardent pas. En ma qualité de délégué
de l'Assistance publique, je me dois de vous
rappeler qu'un décret vous oblige à tenir un
c-arnet à souches numérotées, et chaqué ticket
dehvreau spectateur doit porter le prix de la
place- J'e vous avertis qu'en cas d'infraction à
ce droit, vous êtes passible d'une contravention.
1 - j
¡ Dura lex. sed lex. ,et force fut aux di;rec-
teurs de se SOumettre et de coller un timbre de
25 centimes sur chaque billet, en exécution
dune loi datant de 1871, ici qui se trouve enfin
apphquee cinquante ans après sa promulgation !
Voila un des tours de la Il finasserie •> ad-
ministrative.
Vouant une haine implacable et inexplicable
- ux théâtres, ces messieurs s'ingénient à dé-
couvrir, dans le maquis des lois et des décrets,
interprétation qui puisse justifier leurs exi-
séances et leurs vexations.
Reste à savoir si le Conseil d'Etat les suivra
SUr ce terrain.
Les directeurs de théâtres sont des commer-
c.a. mcomme les autres, et ils ont le droit
£rc®? h® commerce en toute liberté Les
conditions nouvelles de la vie ont rendu leurs
charges particulièrement lourdes et difficiles.
Avant que de les contraindre à fermer leurs
portes, il faudrait songer que le théâtre fait
vivre un monde de travailleurs. Le sort de ceux-
ci est subordonné à la prospérité de l'entre-
prise.
Cet été, nous avons eu l'occasion de voir un
des principaux fonctionnaires de l'Assistance pu-
blique, et ce personnage, imprégné de l'impor-
tance de ses fonctions, nous a dit : — Croyez-
vous que nos clients ne soient pas intéressants ?
Nos clients sont les pauvres,, et c'est notre
devoir de veiller à ce que la dime prélevée. sur
les plaisirs leur soit intégralement versée. »
C'est très juste et personne n'a jamais prétendu
s'y opposer, mais est-ce une raison pour mani-
gancer des petites « rosseries » dans, le genre
de celle de la loi de 1871. Nous savons que
l'A. P. répond : c'est le fisc. Le fisc, à son
tour, répond.
Lorsque le ministère a fait appel aux directeurs
pour favoriser l'emprunt, ceux-ci ne se sont
point fait prier et ils ont donné gratuitement leur
publicité.
On a voulu probablement les en remercier.
, Comme les directeurs n'ont point tous la foi
évangélique, il est certain qu'ils ne tendront
point la joue gauche après avoir reçu le soufflet
sur la joue droite. Ils se contenteront, peut-être,
de se faire tirer l'oreille.
Pourrait-on les en .blâmer?
L. ROBERT DE THIAC.
Nos Étrennes
à nos abonnés, à nos lecteurs
Nous avons pu obtenir dans des conditions
exceptionnelles un assez grand nombre de ma-
gnifiques boîtes, présentées avec un goût pçtrfait
dans un cartonnage d'art, et contenant da choco-
lat de la célèbre maison Klaus.
Ces boîtes sont 1actuellement d'une valeur
marchande de 25 francs.
A l'occasion des étrennes, et pendant quelques
jours encore, nous offrons :
1° Gratuitement une boîte à tout nouvel
abonné ou à tout ancien abonné, prolongeant
son abonnement d'une année.
2° Au prix de douze francs, une ou plusieurs
boîtes, à tout abonné quelle que soit la durée
de son abonnement.
3° -Au prix de quinze francs, une on plusieurs
1 boîtes, à tout lecteur présentant cinq exemptai-
res différents de Comœdia.
Ces boîtes sont exposées dms les bureaux de
l'Administration du Journal. Les abonnés pour-
ront, en les retirant, prendre en même temps :
Leur ticket d'assurance
1 Leurs coupons de réduction dans les théâtres.
Les Matinées poétiques
de la Comédie= Française
Saint-Georges de Bouhélier
L'art de M. Saint-Georges de Bouhélier est
égal aux plus hautes et aux plus nobles tenta-
tives. La Tragédie Royale, Le Carnaval-des En*
fants, Le Roi sans couronne, CEdtipe, entre auJ
tres belles oeuvres jalonnent une carrière de
poète tragique singulièrement émouvant et nova-
teur. Alors que, dès ses vingt ans, Saint-Geor-
ges de Bouhélier était reconnu par des esprits
d'élite comme un guide, en fondant le naturisme,
il se proposait d'ériger sur les ruines des ba-
nalités et des conventions l'étude émue de ce
tragique de tous les jours, de ce poignant lacis
de causes et d'effets où se débat l'homme mo-
derne.
« Il appartient, a-t-il dit, au poète d'exprimer
la beauté hermétiquement cachée, dont tout être
est, à son insu, le mystique dépositaire. » Il
faut, pour réaliser cette conception, infiniment
de pénétration, un sens profond du mystère de
la vie, un amour sincère de ces manifestations
et surtout une rare qualité d'évocation. Ce sont
ces puissances subtiles qui donnent aux poèmes
de Saint-Georges de Bouhélier, comme à ses
tragédies, comme à ses romans, ce don de per-
suasion pénétrante, cette souplesse qui, par le
détail familier, réalise la grandeur, cette impres-
sion, profonde d'altruisme généreux, d'admira-
tion et de pitié devant lé spectacle du monde
et de son protagoniste, l'Homme, cette impé-
rieuse sensation de grand art.
-- GUSTAVE KAHN.
(Mme Weber dira : Ce qu'ont dit les mobilises ;
Mlle Colonna Romano: Pourquoi c'est vous que
j'aime encore. et Le Cahier, de M. Saint-
Georges de Bouhélier.)
Paul Verlaine
n y' a vingt-cinq ans, le 8 janvier 1896, dans
une étroite chambre d'un modeste logement de
la rue Descartes, presque abandonné de tous,
mourait un pauvre homme.
Après une longue maladie et de douloureuses
stations dans les hôpitaux parisiens, Paul Ver-
laine rendait son âme à ce Dieu, vers lequel
il s'était si passionnément éleve et qui, a cette
heure funèbre, la lui rachetait magnifiquement.
Depuis lors, en effet, épurée, ennoblie, toute
baignée d'une auréole: mystique, offrant comme
pour un acte de contrition candide, A le spectacle
sincère de ses pèches, de ses dégoûts et de ses
remords, l'âme du « Pauvre Lélian » n'a cessé
de rayonner d'un éclat toujours plus attirant el
toujours plus parfait. ■
C'est en commémoration de ce jour, où la
souffrance sacra définitivement Paul Verlaine,
que M. Jean Hervé t'a dire deux de ses poèmes.
Louis PAYEN.
La tylaûnêe gratuite -f
du Gymnase
Nous avons dit le geste généreux de M. Henry
Bernstein, qui, en l'honneur du centenaire du
Gymnase offrira au public une matinée gratuite
de La Rafale.
Précisant certains détails de notre interview
de mercredi à ce sujet, l'éminent auteur drama-
tique nous écrit: „
Mon cher Directeur,
Une erreur s'est glissée dans l'article de M.
A. d'Esparbès.
La matinée de La Rafale que le Gymnase, a
l'occasion de ses cent années d'existence, of-
frira mardi prochain, onze janvier, à 14 h. 30,
au public parisien et aux professionnels du théâ-
tre, sera une représentation absolument gratuite.
Les spectateurs en seront dispensés de toui
paiement. Ils seront exonérés même des droits
et taxes : j'en ai reçu l'assurance de M. Mau-
rier, directeur de l'Assistance publique.
J'avais dit à votre collaborateur avec quel plai-
sir mes 'admirables interprètes et moi, nous
avions saisi cette occasion d'inviter — d'inviter
complètement — à une représentation de mon
œuvre, cette intéressante fraction du public qu'a
privée jusqu'ici de ce spectacle, comme de bien
d'autres, le prix actuel des places, — prix im-
posé aux directeurs par l'augmentation formi-
dable et incessante de tous les frais.
Cordialement à vous,
HENRY BERNSTEIN.
Nous publierons demain un article de
MARCEL BOULENGER
et « La Semaine Littéraire » de
BINET-VALMER
.1 Échos
8 Janvier 1876. — A l'Odéon, première représen-
tation des Danicheff, de Pierre Newski.
La
i popularité de Don Juan.
L'autre soir, à une représentation de
L'Homme à la Rose, on remarquant quiei-
qpes spectateurs, placés aux premiers rangs
des fauteuils d'orchestre, et qui prenaient
fiévreusement des notes. C'étaient des ar-
tistes, peintres et dessinateurs étrangers,qsui
copiaient, avec ou sans l'autorisation de M.
Vokerra, et tant bien que mal, les costu-
mee. die M. Po-iret. Car ces costumes orn-t
été reconstitués sur des modèles ainciens,
à peu près introuvables, et ils achèvent
admirablement l'atmosphère de L'Homme à
la Rose, l'une des œuvres les plus hautes
er les plus puissantes de M. Henry Batail-
le. Assez souvent des artistes anglais, es-
pagnols, américains, polona.is, viennent
ainsi au Théâtre de Paris alimenter leurs
carnets die silhouettés caractéristiques.L'un
,d'eux eut ce mot, tout à l'honneur de Po.i-
ret: « rai copié la ligne de ces costumes,
---mais je n'en emporterai jamais la cou-
leur! » Et L'Homme à la Rose poursuit sa
belle carrière, qui sera Longue aussi, —
car c'est dans un avenir encore lointain que
lui succédera la pièce nouvelle de MM.
Tristan Bernard et Charles-Henry Hirsch :
Cœur de Lilas.
1
1 y a uin an.
Nous perdions- en Paul Adam, le re-
marquable écrivain de L'Enfant d'Auster-
litz. de La Ruse, des Mouettes et de tant
de chefs-d'œuvre, un des plus puissants
remueurs d'idées et romanciers de mœurs,
que nous ayons eus depuis longtemps.
Les amis, les admirateurs de l'écrivam
n'ont pas oublié sa mémoire et hier en l'é-
glise Notre-Dame de Grâce de Passy, une
assistance émue évoquait la mémoire de
'1 'hsmme incomparable, d'e l'ami fidèle que
fut Paul Adam.
]
1 n'était pas revenu à Paris depuis
1914. et n'a obtenu, paraît-il, qu'à
grand peine un passeport. Nous 1 avons
revu hier soir, toujours enthousiaste et vi-
branLEr sur la question que nous lui po-
sions: « Quels sont vos projets? le poète
futuriste F.-T. Mairinetti nous répondit:
k J.e prépare une conférence, dans laquelle
}~ révélerai au public patrisient une décou-
vSerte que j'ai faite et dont on parlera, j'en
spa,s'certa,in. ))
Comœdia aura l'occasion d'en parler et
4'e«i repayer. -
ï
1
1 serait si simple, nou's écrit Willy. de
ne pas faire de citations latines lors-
qu'on ignore la langue de Cicéron, ou qu'on
lia oubliée!
> Au cours de son éloquente protestation
centre 1-a reprise des relations de la Fran-
ce avec le Vatican, M. Herriot (mais chez
ce normalien, c'est pure inadvertance) a
cité un verset du de Profundis en lui fai-
sant dire précisément le contraire de ce
que le passage signifie.
Et dans les récentes tablettes de la Scho-
la, on trouve encore cette expression ma-
camonique contre laquelle l' « Ouvreuse »
s'est si souvent escrimée: vulgum (?)
pecus.
S'appeler « Schola Cantorum » et com-
mettre des barbarismes latins, c'est raide!
A
la manière de Franc-Nohain.
Un humi()lni'ste -
Qui n esit pas un ahemste -
Guérit l'aphonie des .grandeurs
En qiùeilquies heures.
Aux embues il ordonne
Les fameuses EAUX-BONNES.
Moralité:"}
Il faut toujours remonter à la source.
Le Masque de Verre.
(Photo Comœdia.}
LA PLAQUE CQMMEMORATIVE
Cet après-midi à l'Association des Artistes dramatiques, 42, rue de Bondy, sera
inaugurée la plaque c-onimémorative aipposée en l'honneur des membres d;e l'Associa-
tion, morts au champ d'honneur.
Un grand nombre d'auteurs dramatiques, d'artistes,«de littérateurs; tiendront à as-
sister à cette émouvante cérémoniÍJet.
A L'OPÉRA
Le Travail de l'Année
Malgré les deux grèves qui interrompirent les
études et retardèrent la parution de certains ou-
vrages nouveaux, comme Antar, l'Opéra a fourni
un effort très sérieux et le bilan artistique de
l'année est appréciable.
En dehors des représentations du répertoire
courant, l'Opéra a repris huât ouvrages et huit
œuvres nouvelles y ont été créées.
(Photo Sabourin, anc' Bert)
M. Jacques ROUCHË
La première grève ne dura que 18 jours. D'il
1er au 18 janvier 1920, le théâtre fut feirmé.
Il rouvrit lle 19, avec Thaïs, et, le lendemain,
reprenait la première saison russe, commencée
le 24 décembre.
Les saisons russes de 1920 font partie des re-
présentations ordinaires de l'Opéra, qui avail
engagé régulièrement la troupe de M. de Dia-
ghilev.
Au cours de cette premiers saison, on cfonns
les ballets déjà connus: Carnaval, Les Jemme<
de bonne humeur, Contes russes, Petrouchka
Soleil de Nuit, Papillons, les danses du Prina
Igor, etc. acquêts vinrent s'ajouter trois ou
virages nouveaux : La boutique fantasque, créét
le 24 décembre ; Le Tricorne (23 janvier), e
Le Chant du Rossignol (2 février).
On continue à jouer, dans le courant de Jan.
vier, Goyescas .et Sylvia, dont la première avai
eu lreu le 16 décembre 1919.
La seconde saison russe débuta le 8 mai
avec .une œuvre nouvelle, Pulcinella; le 27 mai
on créa encore un opéra-ballet, Astuce féminine,
On joua lie répertoire déjà donné au cours de
La première Saison, avec en plus, Shéhérazade,
qui n'avait pas été repris depuis 1917.
Au cours d'une soirée de gala, donnée le
4 mai, au profit des Russes réfugiés en France,
l'Opéra créa le charmant ballet de M. Fumet
Bren'iiano, Taglioni chez Musette. Le 6 juin,
eut lieu la répétition générale de La Légende
de Saint-Christophe, dont la première fut don-
née le 9. Jusqu'à ta fin de l'année, l'oeuvre de
M. Vincent d'indy a eu 12 représentations sans
que son succès ait faibli un seul instant, el
fait partie désormais du répertoire de l'Opéra.
C'est lia un résultat des plus heureux pour \z
musique française et qui n'avait pas été obtenu,
depuis bien des années, pour les œuvres neuf
velles montées dans ce théâtre.
Parmi les reprises, citons celles de Monnc
Vanna, lie 5 juiiMet, repris pour les représenta-
tions de M. Muratore; Hamlet, le 26 juillet;
Les Huguenots, le 10 septembre; Guillaume
Tell, Le 24 septembre. La seconde grève inter-
rompit cette série de reprises qui se continua,
la paix revenue, par Suite de Danses, le 5 dé-
cembre, et Castor et Pollux, le 24 décembre,
soirée du Réveillon.
Indépendamment de cela, l'Opéra joua uni
grand nombre d'oeuvres du répertoire courant,
Faust détient le record, avec 28 représentations:
puis viennent : Thaïs (23 représentations) 1<
ballet de Coppélia, Aïda, Samson et Dalila (2(
représentations) ; Roméo et Juliette (17 repré-
sentations) ; Rigoletto et Sylvia (15 représenta-
tiens) ; La Damnation de Faust (14 représenta-
tions), etc.
Signalons le gala du 4 mai, dont nous avons
parlé, lies concerts Damrosch qM eurent lieu
les 6, 8 et 9 mai, le gala du 3 juin d'onné par
les anciens élèves de l'Ecole Centrale, les cinq
représentations d'Antoine et Cléopâtre, données
par Mme Ida Rubinstein, du 14 au 19 juin, et le
gala du 1er juillet, donné par la reine de Rou-
manie, où les élèves de Loïe Fuller dansèrent
Le Lis de la Vie, ballet composé par la reine
cire-mêrne. -
Les représentations, interrompues par la se-
conde grève du 12 octobre au 3 décembre, re-
prirent. Cette grève retarda la création d'Antar,
qui devait passer à la fin du mois de novembre,
et qui paraîtra bientôt à îa scène.
Enfin, pendant les derniers mois, on répétt
l'e ballet de Maimouna, de M. Gabriel Grovlez,
et La Walkyrie, qui a été donnée le 5 janvier
avec le succès que l'on sait.
On travaille toujours activement et l'Opéra
bourdonne d'une fiévreuse activité ; l'année
1921 sera fertile en créations et en reprises, et
il est bien improbable qju'une grève vienne cette
fois arrêter les études ; le personnel semble peu
dispose à reprendre l'a lutte.
Citons enfin les trois recettes-record de l'an-
née. Le 8 mai, jour de la reprise des ballets
russes, l'Opéra fit 43.463 fr. de recettes, le 24
décembre, soir de l'a reprise, de Castor et Pol-
lux, 42.429, et le lendemain, avec Faust, 40.751.
Il coûtent cependant de faire observer que,
pOur les représentations des ballets russes et die
Castor et Pollux, te tarif des places avait élté
a'utgimenté à titre exceptionnel. Quant à la re-
présentation de Faust du 25 décembre, elle avait
lieu un samedi, c'est-à-dire en dehors de l'abon-
nement. Le maximum est en effet plus élevé
à l'Opéras lés .jours où il n'y a pas d'abonne-
ment pjareë que les places d'abonnement sont
liOuélès à, un tarif moins élevé que le tarif ordi-
Mure. G.'est. aiinsi que la représentation de La
tyfalkyrie, diu mercredi 5 janvier, pour laquelle
il ne testait —comme on sait — pas un stra-
pontin disponible, n'a pourtant produit que
(Photo Henri Manuel)
M. Vincent d'INDY
Auteur de « La Légende de Saint-Christophe »
36.000 fr., le mercredi étant un jour d'abonne-
ment.
De ce chiffre, H fa,ut encore déduire les droits
et taxes qui s'élèvent à 8.000 fr. Ces frais sont
de 32.700 fr. en moyenne, d'où une perte assu-
rée de 4.700 fr. Si la subvention est augmentée
de 700.000 fr., comme il faut l'espérer, la perte
sera encore en pareil cas de 2.000 fr.
On voit dbnc combien la tâche est difficile
et combien les résultats obtenus sont méri-
toires.
ANDRÉ RIGAUD.
A L'ODÉON
Reprise de "Fantasio"
Fantasio n'est sans doute pas le chef-d'œuvre
du théâtre d'Alfred de Musset; mais entre toutes
ses comédies, n'est-ce pas la plus irrésistible-
ment séduisante dans toute la valeur et la signi-
I (Dessin. de Pol Bert)
| M. BERTIN
fication vraie du terme? Le poète - le seul
peut-être après Shakespeare — a su renouveler
assez' complètement sa manière de pièce en
pièce pour que chacune d'elles constitue à elle
seule une nouvelle formule dramatique et que
nous y goûtions une saveur qu'aucune autre ne
nous donne semblable ? Fantasio porte un mas-
que de folie et d'extravagance: mais quelle clar-
té d'esprit et quelle lucidité dans le regard que
celui-ci nous cache: c'est la vision d'un sage
dont une Légère griserie aurait, un soir de car-
naval, avivé l'imagination, excité l'ironie, et ai-
guisé, sans la brouiller, la- finesse observatrice.
Jamais nous n'eûmes une image plus fidèle de la
vie dans sa ligne mobiLe et capricieuse, dans
son morne déroutement coupé des plus étonnants
imprévus que dans cette comédie si cohérente, si
logique, malgré ses constantes brisures, la min-
ceur de sa trame, le pêle-mêle de ses épisodes
et l'apparente négligence de sa construction.
Jamais nous ne vîmes personnages nous don-
nant mieux qu'ici l'impression de ce que le plus
généralement nous sommes tous: des êtres incer-
tains dans nos désirs, instables dans notre ligne
de conduite, rêvant des entreprises et des éva-
sions les plus hardies, mais bientôt réenchaînés
à une piètre réalité: jamais le ton d'une œuvre
ne se plia avec plus de souplesse à la multipli-
cité des états d'âme humains que dans Fantasio
où, dans un incessant ondoiement, it passe par
toutes, les nuances, de l'ironie, de la joie, de
l'amertume, de la sensibilité, de la tendresse et
de l'idéalisme.
Cette œuvre a été très applaudie hier en mati-
née, bien qu'elle n'ait pas pris, semble-t-il, son
vrai caractère. Les deux principaux interprètes
qui déployèrent — empressons-nous de le dire
— de brillantes qualités, eurent, me #emble-t-il.
le tort de vouloir dessiner des figures de S(yle..
des figures situées (malgré l'imprécision poéti-
que du cadre) plutôt que de faire jaillir de
t œuvre ce qu'elle contient d'humanité large et
directe. M. P. Bertin nous a surtout plu quand,
dans la première partie, il exprima la mélanco-
lie désœuvrée de Fantasio. Sa jolie voix eut alors
des accents de lyrisme, d'émotion, de désolation.
sincères er prenantes. Mais dès l'instant qu'il
revêtit le costume du bouffon, il s'appliqua trop
a composer ; nous eussions mieux compris la
vague attirance d'Elsbeth vers lui s'il lui avait
témoigne une bonté plus directe, plus humaine,
S'il avait montré une fantaisie plus spontané
plus variée. M. P. Bertin distilla alors son texte
avec intelligence certes, mais avec une frivolité
constante et un peu sèche.
Mlle Sergyl exprima avec beaucoup de déJicâ-
tesse et de finesse t'emouon, Ja fierté, la tris-
(Photo Comœdta.J
Mlle SERCYL
fesse de la jeune princesse: tout était nuancé
et cependant restai froid, à cause du ton d'ih?
génue qu'employa la ravissante comédienne, smx
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