Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-01-26
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 janvier 1908 26 janvier 1908
Description : 1908/01/26 (A2,N118). 1908/01/26 (A2,N118).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7646502c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
2° Année. — N° 118 (Quotidien)
te Nnmêm : & centimes
Dimanche 26 Janvier 1908*
*63^^ Kg-- - mrn^K B 9,. -- E |H W5(^ - K 9 i(^
ÏNBi Kjffi» H K' "^B & I K ^1 k 'H ■ 9
be H' WfrJl B&a*Mg j B 9<é^B ^P/ S |H 9 ,^ 9> B 9
rédacteur en Chef : G» de PAWLOWSKl
REDACTION & ADMINISTRATION :
2?t Boufeuara Poissonnière, PARIS
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TÉLÉPHONE : 288-07
Adress- Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
ans et Départements 24 fr. 12 fr.
Etranger. 40 » 20 »
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27, Boulevard Poissonnière, PARIS
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Adresse Télégraphique : COAUEDlA-PARIS
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UN AN 6 1*1018
: Paris et Départements 24 fr. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
**e vin, la paille
et le
confessionnal
L'abbé Grosselmince tambourina con-
tre la porte de la sacristie à grands
coups de ses galoches ferrées et avec
une telle ardeur qu'il lui en monta des
sensations désagréables de fourmis cha-
touilleuses, de la plante des pieds jus-
qu'au gras des mollet, qu'il possédait
fort gros — étant, par ailleurs, obèse.
A tambouriner ainsi, il lui vint, en
outre, au front des perles de sueur, mal-
gré la froideur de l'aube à peine es-
quiSs
La porte de la sacristie était fermée*à
l'intérieur !
L'ayant constaté par l'inutilité de ses
efforts, l'abbé Grosselmince, curé de
Sainte-Apolline, à Bourglieu-de-Tou-
raille ne douta pas un instant que la
responsabilité de cet état de choses n'in-
combat au jeune mécréant Hilarion,
dit allouille, petit de quatorze ans,
roux, futé, tapageur, sournois et co-
mique, afffecté au service de l'église en
qualité d'enfant de chœur. ,
L' abbé Grosselmince gourmanda vé-
hémentement à haute et tonitruante
voix, aussi bien pour effrayer le cou-
pable que pour s'en faire entendre à
travers dans l'huis résistant et robuste, taillé
dans du chêne de cent ans.
— Hilarion!. mauvais bougre! bâ-
tard ! fils de sorcière ! gibier de Belzé-
buth!. ouvriras-tu céans la porte, que
je te C ahe incontinent!.
Et, repr ^°mme la porte demeurait close,
il reprit.
Mon petit mignon, doux enfante-
let qui aime bien sa mère, c'est moi, le
bon abbé!. L'heure des matines ap-
proche, et je te veux récompenser d'être
si Vt nn Préparer la première messe,
Par , JolI cadeau consistant en espèces
l antes et trébuchantes!.
La porte s'ouvrit immédiatement
aprés SI honnête apologue. Elle ne fut
pas plus tôt refermée sur l'abbé qu'Hi-
krio dIt Panouille, reçut, en guise de
Prése deux claques retentissantes -
une SUr chaque joue- ce qui, d'après
Une certaine scolastique, pouvait évidem-
ment constituer le présent annoncé. '-
Hilarion ne versa que quelques lar-
mes hypocrites et salées, qu'il recueillit
sian sa bouche par une experte contor-
sion de la lèvre inférieure, car il conve-
nait de précipiter la préparation du saint
sacrifice, les événements ayant occa-
sionne du retard et les fidèles se trou-
vant d éjà au complet dans l'église : au
demeurant, il s'estimait .heureux que
Monsieur le curé, préoccupé de revêtir
ses ornements sacerdotaux, n'ait point
songé à verifier le contenu de la bouteille
de vin d e messe et, subséquemment, .à
débarrasser le postérieur dudit Hilarion
de son haut-de-chausses, à seul fin de le
[Usti
L'après dîner de cette matinée mémo- ¡
rable, il y avait, sur la grand'place du
Bourglieu, attroupement de populace;
même aux gens du vulgaire, se mêlaient
des bour geois venus de la ville voisine,
des marchands notoirement connus dans
la région et, enfin, quelques seigneurs
arrivés, qui à cheval, qui en carrosse
avec leurs dames et leur lignée, et dont
la valetaille s'évertuait à faire grand ta-
page dans les communs des hôtelleries.
C'est qu'en effet, des comédiens de
passage ayant dressé leurs tréteaux pour
la parade, se disposaient à donner un
spectacle dont l'importance, l'attrait et
la beau ?- n'allait avoir d'égal - disait
un harangeur, sorte de héraut riche-
ment vêtu - que la modicité du prix
des Places , toutes uniformément comp-
tées à raison de deux sols pour les gens
assises.
En n Phrase ambiguë qui, sans
rien permettait de tout sup-
Un avan t-goût de la réjouissance était
donné à la foule empressée au bas des
trêteaux Pcir lev-, propos d'un charlatan
qui s'offrait à vendre. un merveilleux
élixir remédiant aux maux de dents et
garantissant, d'autre part, les animaux
domestiques contre les fièvres malignes.
~on coiffé d'un long chapeau
pointu ~cevêtu d'une robe constellée
~d'être disait l'avenir aux gens
~avec leur. surance qu'il n'aurait rap-
pelé leur passé.
Deux jeunes demoiselles aux yeux
hardis dansaient sur une corde avec un
chien savant.
-çlerrl-'re les toiles tendues, d'au-
tres artistes s'évertuaient à se bien dé-
guiser pour Provoquer, lorsque com-
mencera it i a représentation, l'effroi ou
la rire la fainte ou la joie, selon le
rôle bien ntendu, qu'ils devaient inter-
préter.
Le spectacle dura si longtemps qu'on
allait l'achever aux chandelles ; mais un
évenement Imprevu précipita le dénoue-
ment.
Sous le poids de la foule nombreuse.
les iréteaux s'écroulèrent, et les spec-
taeturs s'en vinrent, pêle-mêle avec les
comédiens,souslestoilesdétenduesde
la baraque re, consiituer un inex-
tricable enchevêtrement.
Hilarion, dit Panouille était juste-
ment occupé, dans la coulisse, à ravir du
fromage mis en réserve près d'une botte
de paille par un comédien, lorsque se
produisit ce tragique incident.
Et la botte de paille ayant été, du choc,
éparpillée, le drôle s'aperçut qu'elle ne
lui dissimulait plus les grosses galoches
ferrées de Monsieur le curé, voisinant,
en allure de galanterie, avec les pieds
menus d'une des jeunes demoiselles qui
dansaient sur la corde.
Il pensa même apercevoir davantage
< * venu l'iristant 'd'aller à
Lorsque fut venu l'instant d'aller à
confesse, Hilarion éprouva quelque con-
fusion: Aussi bien, la veille s'était-il
passé, dans la sacristie, certaine aven-
ture fâcheuse qu'il importait évidem-
ment d'éclaircir au tribunal de Dieu.
A Monsieur le curé, mystérieusement
enclos dans le confessionnal, il mur-
mura:
- Mon père, je m'accuse.
Et ce fut de dix et une vétilles sans la
moindre importance qu'il s'accusa.
Mais Monsieur le curé, à Son tour,
questionna: -
-1 Mon - fils, Satan ne vous tenta-t-il
point, hier au matin?
— Mon père, il se pourrait que.
qui. ,
- Ne dérobâtes-vous point?
- Heu!. Hum!. Mon père!.
- Le vin sacré?
- Plaît-il?
— Le vin, vous dis-jee
- Le quoi?. Comment? Mon père,
on n'entend rien d'ici à votre question?
— Se peut-il vraiment, mon fils?
— Qu'il ne tienne qu'à vous, mon
père, de vous en rendre compte en ve-
nant à ma place, tandis que j'irai à la
vôtre!
L'aventure était étrange et s'en vint
incontinent le confesseur* à la place du
pénitent, qui prit aussitôt la sienne dans
le confessionnal.
— M'entendez-vous, mon père?
— Je vous entends, mon fils.
— Encore, mon père, entendez-vous
qu'il s'agit d'une botte de paille?
— Heu !. Hum !. Mon fils !.
— Derrière laquelle, mon père, un
saint homme de prêtre.
— Plaît-il?
— Baisait congrûment sur les joues.
— Mon fils, je vous entends à peine !
—. v..la: pliis heHç 4e
troupe des comédiens !
— En vérité, mon je n'entends
rien du tout, et vous aviez raison. Mais
il importe que je fasse exorciser ce con-
fessionnal où Satan, sans nul doute,
combine ses maléfices!.
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons "demain un article de
JACQUES MAY
La marche - à l'étoile
Les excellents bourgeois qui ne voient
dans les poètes chevelus que d'utiles ins-
truments éventuels pour nettoyer les che-
minées, se font une idée fausse du rôle
qu'ils sont appelés à jouer, parce qu'ils ne
comprennent pas bien à quel moment ce
rôle se joue.
Ils ont, en effet, pour habitude de juger
-le poète vivant alors qu'un inventeur
d'idées n'a d'autorité qu'après sa mort, lors-
que son influence seule subsiste en dehors
de toute personnalité.
Les hommes ont, en ^effet,' sur les- ani-
maux, cet avantage immense qu'ils vivent,
en partie, de traditions et de souvenirs et
que, l'exemple du passé dirige les neuf
dixièmes de leurs actes. Or, dès qu'il s'agit
du; passé, il n'est plus question de réalité
concrète. Qu'un ie ait été accompli réel-
lement ou qu'il alt été inventé de toutes
pièces, sa valeur d'exemple est la même
pour les générations suivantes. La civilisa-
tion s'élève sur des basés toujours plus 'éle-
vées que, seul, peut lui fournir l'idéal, et
le réalisme animal au jour le jour est con-
traire à toute idée de progrès.
On est, dès lors, en droit de se deman-
der si un littérateur n'est point dans son
tort lorsqu'il crée du laid et si son devoir
n'est point de présenter des lettons d'une
valeur toujours supérieure non seulement à
la réalité, mais encore aux fictions déjà évo-
quées avant lui.
Gustave Téry, dans une brochure écrite
avec infiniment d'esprit et de délicatesse,
soutenait, à propos, des contes de fées, une
idée charmante. Il proposait de substituer,
pour les, -enfants, au loup dit Petit Chape-
ron Rouge, un bon chien fidèle et dévoué.
Je crois qu'il disait vrai.
Si les loups et. les croquemitaines, je
veux dire le laid, nous intimide, c'est,
sans aucun doute, en raison de la situation
que lui ont faite nos poètes. Il suffirait de
n'en plus parler pour le détruire ,du même
coup et je crois que la chose pourrait s'ap-
pliquer aux croquemitaines des grandes per-
sonnes tout aussi: bien qu'à celui des très
petits enfants.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
L
-
a mort dans l'âme.
Mélancolique, sous le ciel gris,, le
gros sociétaire se promène.
Il est triste, il est bien triste. * ;
Quoi qu'on ait dit, à droite, à gauche, il
j ne sait à quoi se décider.
Certes, il s'est montré bien violent et sa
démission fut brutale..
S'il se résigne à ne la pas renouveler, il
lui faudra subir le contact presque quoti-
dien de ceux que sa colère outragea et: avec
"If> ♦
lesquels il échange, depuis longtemps, des
regards de « cabot de faïence ».
Mais s'il s'en va, il faudra donc partir!
comme eût dit jadis La Palisse.
Partir, c'est courir beaucoup. Car son
sort est marqué d'avance. Ce sont les
tournées qui l'appellent. Errant sans relâ-
che, de ville en ville, de province en pro-
vince, comme Figaro, jadis, qui faisait la
barbe à tout le monde, il explorera donc à
nouveau l'Europe, l'Asie, l'Amérique.
voire l'Amérique inconnue.
Et il songe à des étapes passées. Il se
rappelle des recettes maigres, si maigres !
Il revoit Naples, ciel édénique, mer ra-
dieuse, location amère, soixante-douze lire.
e Et, le tragédien mélancolique hésite au
carrefour.
1 Prendra-t-il la route d'Italie- Prendra-t-il
le chemin de Damas?
LE QUATRAIN DU JOUR
PLUS ÇA CHANGE.
Faust est la nouveauté qu'on prépare à cette heure
A l'Opéra. Gaflhard s'en va, Gounod demeure.
Les jeunes ont le temps d'attendre :place aux vieux
(En chœur)
Gloire immortelle de nos aïeux !
s
ictransit.
Une salle basse, à l'Hôtel des Ventes.-
Dans l obscurite naissante, on entend
clamer des chiffres. De ternes étoffes vol:
tigent entre les doigts crochus des reven-
deuses.
De plus près, on reconnaît dans ce fouil-
lis, des costumes de féeries; parfois même,
sous un vague rayon de lumière, leurs pail-
lettes scintillent une seconde. Les enchères
ne sont pas élevées; ces soiries. délicate-
ment assemblées par le grand costumier,
ces costumes prestigieux qui, il y a quel-
ques jours encore, faisaient. la joie de nos
yeux, c'est la défroque d'un music-hall.
Et les prix varient entre un et dix francs.
Les maillots couleur chair, gardant en
leurs faux-plis le souvenir des formes fé-
minines qu'ils revêtirent sont adjugés à de
grasseux auvergnats qui les palpent de
leurs mains noires.
C'est que leur règne est fini. Le cinéma-
tographe, nouveau favori du public, les a
détrônés.
.Quand reverront-ils les feux de la
rampe?.
Alas! alas! never more.
D
usausov, • joaillier expert, 4, boulevard
, des Italiens, acheté toujours comp-
tant: bijoux, (jiamants, perles et pierres
fiftesrii donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
1
--
1 n'y a pas de petites économies.
Voici un an déjà qu'est décédé un co-
'1 11 T'I'-
mique très air4 au puonc parisien, il na
pas encore le simple petit monument fu-
néraire auquel tous les morts ont droit.
Une amie qu'il amait beaucoup est ve-
nue de temps en temps déposer quelques
fleurs et des couronnes sur le coin de terre
où il repose.
Sa veuve les fit enlever. Que croyez-
vous que ces fleurs et couronnes soient de-
venues?. Elles ont été attribuées au ca-
veau de famille où reposent les parents de
Madame. (la légitime, bien entendu).
Et voilà comment on fait les grandes for-
tunes!
D
e l'histoire!.
e. Mme Cosima Wagner et. Nietzs-
che.
On ignorait que la haine professée par
Nietzsche à l'égard du célèbre compositeur
n'était pas sans alliage. Nietzche avait
conçu une passion profonde pour Mme
Wagner. En janvier 1889, nous dit Le Zeit,
Mme Cosima reçut de lui ce billet laconi-
que: « Ariane, je t'aimeï — Dionysos! »
Voici qui va éclairer d'un jour nouveau
la question si controversée des rapports de
Richard Wagner et de Nietzsche.
Avis aux amateurs ! Cherchez la femme !
M
Pierre Laffitte, l'éditeur bien connu,
prépare, en ce moment, un grand
magazine théâtral devant paraître une fois
par mois, et contenant, sur beau papier
couché, de magnifiques. illustrations : le
tout pour un prix modique. |
Ce magazine/sera divisé en deux parties :
la première contiendra, en entier, une pièce
célèbre, et la seconde sera consacrée aux
actualités des théâtres, de la musique et
dès concerts.
Mais, M. Pierre Lafitte, qui a pourtant
trouvé déjà des titres si heureux, comme
Fêmina, Je Sais Tout, La Vie, au Grand Air,
Musica, etc., n"a pas encore d'idée bien pré-.
cise en ce qui concerne le titre de ce ma-
gazine théâtral. et il demande aux direc-
teurs de Comœdia de bien vouloir l'aider
de leurs lumières.
A cet effet, il organise un petit concours
et prie toutes les personnes ayant un titre
en vue, de vouloir bien le lui envoyer avec
leur carte de visite.
L'auteur du titre adopté recevra un prix
de cent francs en espèces, et sera abonné
à .vie au nouveau magazine.
Adresser les réponses 90, avenue des
Champs-Elysées. *
c
hez Champeaux, tous les soirs, le Dî-
ner des Théâtres, si. prestement servi,
attire, place de la course, le Tout-Paris.
Artistes en vogue, clubmen, femmes du
monde, tous se donnent rendez-vous chez
Chameaux - ,
NOUVELLE A LA MAIN
L
'homme,- de lettres: est un loup pour
l'homme de lettres. Témoin ce dia-
logue. - - ,
- Tu sais, Z. vient de recevoir une
revue de X. et de Y., ces deux mufles,
ces pieds-plats, ces escrocs, ces plagiaires.
— Ce sera La Revue des Deux-Im-
mondes.
Le-Masque de Verree
La Réouverture de l'Opéra
FAUST, opéra en quatre actes
de Barbier et Carré. « Musique de Ch. Gounod
Après Méphistophélès, MM. Messager et 'Broussan ont merveilleusement rajeuni le célèbre
docteur et le chargent de présenter au public la nouvelle direction de l'Opéra.
Respectueux des lois qui protègent la
propriété artistique, je ne consentirai ja-
mais à me livrer, au lendemain d'une sim-
ple répétition générale, à la moindre indis-
crétion sur le sujet et Ja musique de l'opéra
auquel j'eus l'honneur d'assister hier soir.
D'autres confrères moins* scrupuleux vous
conteront sans doute la triste aventure de
cette jeune fille abahdonnée par son amant,
maudite, par son frère et condamnée pour
infanticide, peut-être citeront-ils quelques-
unes des pages les plus applaudies de la
partition: pour moi, je: ne mange pas de
ce pain-là! ,.
Rien ne saurait cependant m'empêcvher
de vous dire ce que je pense de la nouvelle
mise en scène réalisée par les triumvirs
qui viennent de prendre possession de no-
tre nationale Académie de musique.
Faust étant le pivot de toute saison lyri-
que en France, il était non seulement na-
turel, - mais indispensable que tout l'effet
des nouveaux directeurs portât, sur un ra-
jeunissement méthodique d'un aussi res-
pectable ancêtre. - -
Méthodique. hélas! Le mot résume à
la fois l'éloge et la critique de l'intéres-
sante tentative. Dans leur louable désir
d'épousseter les vieux tameaux et de rafraî-
chir les ors de la poussiéreuse légende,
les « restaurateurs » ont dépensé des tré-
sors d'ingéniosité et de science: emportés
par ce noble zèle, ils n'ont pas su s'arrêter
et ne se sont pas aperçus que le respect
de certaines « patines » de poussière affir-
mait plus de piété que tels irrévérencieux
coups de plumeau !
Tout d'abord, n'est-il pas un peu vain
de disserter à perte de vue sur la couleur
locale et l'exactitude des costumes d'une lé-
gende qui est et doit rester une légende?
Si agaçante que puisse être la truculence
des pourpoints écarlates que promenait Mé-
phisto jusqu'à ce jour, n'est-il pas un peu
puéril de prétendre reproduire plus exac-
tement les modes diaboliques en revêtant
La Chapelle
(Clichés Branger)
notre bon diable d'un banal costume noir?
Croit-on s'être sensiblement rapproché des
« coupes » authenti q*ues* des' tailleurs infer-
naux? « D'où vient ta surprise? Ne suis-
je pas mis à ta guise? » dit Delmas en en-
trant dans le cabinet du docteur Faust:
certes, la salle entière fut près de crier :
« Non! »
1 - FAUST--- (M. - MIIRATOPE)
LES NOUVEAUX COSTUMES DE « FAUST » 1
MARGUERITE (Mlle HATTO)
'1 (Clichés Boyer et Bert)
MEPHISTOPHELES (M. DELMAS)
Qu'il ^soit plus vraisemblable d'atténuer
sur les places publiques la virulence des
« complets » éclatants de Satan, propres à
éclipser l'élégance plus discrète des conci-
toyens de Marguerite. rien de plus légi-
LES NOUVEAUX DECORS DE « FAUST, Î)
EeçtTatSùi
time, mais, vraiment, - dans le laboratoire du
vieux savant, pareil scrupule n'était pas de
mise. Quelle déception que l'entrée bour-
geoise de cet être surnaturel ouvrant pro-
saïquement la porte de l'escalier de
vice pour offrir au désespéré un chè
un portefeuille de ministre, et enii
« trésor qui les contient tous ». Ct i
plus le diable, c'est un commis-voyageurt
ou un agent d'affaires.
Exquise, certes, l'idée de remplacer ii)
vision excitante de Marguerite au rouet
par un sentier printanier où chemine la vir-
ginale amoureuse, les mains pleines des
fleurs. Mais pourquoi avoir oublié que,
pendant cette apparition, l'orchestre cons-
ciencieux s'applique de tous les trilles de
ses violons et de toutes les notes piquées
de ses harpes à évoquer le rouet ronron-
nant de la sage fileuse ?
C'est fort bien d'avoir voulu montrer en
quelle estime la douce Marguerite était te-
nue par ses compagnes et d'avoir entouré
son eptrée d'un « mouvement » d'ensemble
de toutes les commères attentives à la féli-
citer sur sa bonne mine. Mais le salut de
Faust, arrachant la jeune fille à ses amies
suffoquées, prend aussitôt les proportions
d un scandale inouï dans la calme bour-
gade!
Vingt détails semblables prouvent que
le souci constant de rafraîchir et de rénover
peut conduire à de fâcheux mécomptes.
Mais, ces réserves faites, il faut louer
la très belle réalisation d'ensemble obtenue
par la nouvelle direction. Les décors dn jar- -
din de, Marguerite et des portes ck la
ville franchies par les soldats vainqueurs
sont réellement admirables et ont été jus-
tement remarqués. Les costumes de Ja
foule témoignent d'une recherche docu-
mentée et l' « œil du peintre » se retrouve
dans tous les éclairages et les groupements.
Bravo, le ballet !
Après que Faust et son mauvais guide aati
te Nnmêm : & centimes
Dimanche 26 Janvier 1908*
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**e vin, la paille
et le
confessionnal
L'abbé Grosselmince tambourina con-
tre la porte de la sacristie à grands
coups de ses galoches ferrées et avec
une telle ardeur qu'il lui en monta des
sensations désagréables de fourmis cha-
touilleuses, de la plante des pieds jus-
qu'au gras des mollet, qu'il possédait
fort gros — étant, par ailleurs, obèse.
A tambouriner ainsi, il lui vint, en
outre, au front des perles de sueur, mal-
gré la froideur de l'aube à peine es-
quiSs
La porte de la sacristie était fermée*à
l'intérieur !
L'ayant constaté par l'inutilité de ses
efforts, l'abbé Grosselmince, curé de
Sainte-Apolline, à Bourglieu-de-Tou-
raille ne douta pas un instant que la
responsabilité de cet état de choses n'in-
combat au jeune mécréant Hilarion,
dit allouille, petit de quatorze ans,
roux, futé, tapageur, sournois et co-
mique, afffecté au service de l'église en
qualité d'enfant de chœur. ,
L' abbé Grosselmince gourmanda vé-
hémentement à haute et tonitruante
voix, aussi bien pour effrayer le cou-
pable que pour s'en faire entendre à
travers dans l'huis résistant et robuste, taillé
dans du chêne de cent ans.
— Hilarion!. mauvais bougre! bâ-
tard ! fils de sorcière ! gibier de Belzé-
buth!. ouvriras-tu céans la porte, que
je te C ahe incontinent!.
Et, repr ^°mme la porte demeurait close,
il reprit.
Mon petit mignon, doux enfante-
let qui aime bien sa mère, c'est moi, le
bon abbé!. L'heure des matines ap-
proche, et je te veux récompenser d'être
si Vt nn Préparer la première messe,
Par , JolI cadeau consistant en espèces
l antes et trébuchantes!.
La porte s'ouvrit immédiatement
aprés SI honnête apologue. Elle ne fut
pas plus tôt refermée sur l'abbé qu'Hi-
krio dIt Panouille, reçut, en guise de
Prése deux claques retentissantes -
une SUr chaque joue- ce qui, d'après
Une certaine scolastique, pouvait évidem-
ment constituer le présent annoncé. '-
Hilarion ne versa que quelques lar-
mes hypocrites et salées, qu'il recueillit
sian sa bouche par une experte contor-
sion de la lèvre inférieure, car il conve-
nait de précipiter la préparation du saint
sacrifice, les événements ayant occa-
sionne du retard et les fidèles se trou-
vant d éjà au complet dans l'église : au
demeurant, il s'estimait .heureux que
Monsieur le curé, préoccupé de revêtir
ses ornements sacerdotaux, n'ait point
songé à verifier le contenu de la bouteille
de vin d e messe et, subséquemment, .à
débarrasser le postérieur dudit Hilarion
de son haut-de-chausses, à seul fin de le
[Usti
L'après dîner de cette matinée mémo- ¡
rable, il y avait, sur la grand'place du
Bourglieu, attroupement de populace;
même aux gens du vulgaire, se mêlaient
des bour geois venus de la ville voisine,
des marchands notoirement connus dans
la région et, enfin, quelques seigneurs
arrivés, qui à cheval, qui en carrosse
avec leurs dames et leur lignée, et dont
la valetaille s'évertuait à faire grand ta-
page dans les communs des hôtelleries.
C'est qu'en effet, des comédiens de
passage ayant dressé leurs tréteaux pour
la parade, se disposaient à donner un
spectacle dont l'importance, l'attrait et
la beau ?- n'allait avoir d'égal - disait
un harangeur, sorte de héraut riche-
ment vêtu - que la modicité du prix
des Places , toutes uniformément comp-
tées à raison de deux sols pour les gens
assises.
En n Phrase ambiguë qui, sans
rien permettait de tout sup-
Un avan t-goût de la réjouissance était
donné à la foule empressée au bas des
trêteaux Pcir lev-, propos d'un charlatan
qui s'offrait à vendre. un merveilleux
élixir remédiant aux maux de dents et
garantissant, d'autre part, les animaux
domestiques contre les fièvres malignes.
~on coiffé d'un long chapeau
pointu ~cevêtu d'une robe constellée
~d'être disait l'avenir aux gens
~avec leur. surance qu'il n'aurait rap-
pelé leur passé.
Deux jeunes demoiselles aux yeux
hardis dansaient sur une corde avec un
chien savant.
-çlerrl-'re les toiles tendues, d'au-
tres artistes s'évertuaient à se bien dé-
guiser pour Provoquer, lorsque com-
mencera it i a représentation, l'effroi ou
la rire la fainte ou la joie, selon le
rôle bien ntendu, qu'ils devaient inter-
préter.
Le spectacle dura si longtemps qu'on
allait l'achever aux chandelles ; mais un
évenement Imprevu précipita le dénoue-
ment.
Sous le poids de la foule nombreuse.
les iréteaux s'écroulèrent, et les spec-
taeturs s'en vinrent, pêle-mêle avec les
comédiens,souslestoilesdétenduesde
la baraque re, consiituer un inex-
tricable enchevêtrement.
Hilarion, dit Panouille était juste-
ment occupé, dans la coulisse, à ravir du
fromage mis en réserve près d'une botte
de paille par un comédien, lorsque se
produisit ce tragique incident.
Et la botte de paille ayant été, du choc,
éparpillée, le drôle s'aperçut qu'elle ne
lui dissimulait plus les grosses galoches
ferrées de Monsieur le curé, voisinant,
en allure de galanterie, avec les pieds
menus d'une des jeunes demoiselles qui
dansaient sur la corde.
Il pensa même apercevoir davantage
< * venu l'iristant 'd'aller à
Lorsque fut venu l'instant d'aller à
confesse, Hilarion éprouva quelque con-
fusion: Aussi bien, la veille s'était-il
passé, dans la sacristie, certaine aven-
ture fâcheuse qu'il importait évidem-
ment d'éclaircir au tribunal de Dieu.
A Monsieur le curé, mystérieusement
enclos dans le confessionnal, il mur-
mura:
- Mon père, je m'accuse.
Et ce fut de dix et une vétilles sans la
moindre importance qu'il s'accusa.
Mais Monsieur le curé, à Son tour,
questionna: -
-1 Mon - fils, Satan ne vous tenta-t-il
point, hier au matin?
— Mon père, il se pourrait que.
qui. ,
- Ne dérobâtes-vous point?
- Heu!. Hum!. Mon père!.
- Le vin sacré?
- Plaît-il?
— Le vin, vous dis-jee
- Le quoi?. Comment? Mon père,
on n'entend rien d'ici à votre question?
— Se peut-il vraiment, mon fils?
— Qu'il ne tienne qu'à vous, mon
père, de vous en rendre compte en ve-
nant à ma place, tandis que j'irai à la
vôtre!
L'aventure était étrange et s'en vint
incontinent le confesseur* à la place du
pénitent, qui prit aussitôt la sienne dans
le confessionnal.
— M'entendez-vous, mon père?
— Je vous entends, mon fils.
— Encore, mon père, entendez-vous
qu'il s'agit d'une botte de paille?
— Heu !. Hum !. Mon fils !.
— Derrière laquelle, mon père, un
saint homme de prêtre.
— Plaît-il?
— Baisait congrûment sur les joues.
— Mon fils, je vous entends à peine !
—. v..la: pliis heHç 4e
troupe des comédiens !
— En vérité, mon je n'entends
rien du tout, et vous aviez raison. Mais
il importe que je fasse exorciser ce con-
fessionnal où Satan, sans nul doute,
combine ses maléfices!.
Pierre SOUVESTRE.
Nous publierons "demain un article de
JACQUES MAY
La marche - à l'étoile
Les excellents bourgeois qui ne voient
dans les poètes chevelus que d'utiles ins-
truments éventuels pour nettoyer les che-
minées, se font une idée fausse du rôle
qu'ils sont appelés à jouer, parce qu'ils ne
comprennent pas bien à quel moment ce
rôle se joue.
Ils ont, en effet, pour habitude de juger
-le poète vivant alors qu'un inventeur
d'idées n'a d'autorité qu'après sa mort, lors-
que son influence seule subsiste en dehors
de toute personnalité.
Les hommes ont, en ^effet,' sur les- ani-
maux, cet avantage immense qu'ils vivent,
en partie, de traditions et de souvenirs et
que, l'exemple du passé dirige les neuf
dixièmes de leurs actes. Or, dès qu'il s'agit
du; passé, il n'est plus question de réalité
concrète. Qu'un ie ait été accompli réel-
lement ou qu'il alt été inventé de toutes
pièces, sa valeur d'exemple est la même
pour les générations suivantes. La civilisa-
tion s'élève sur des basés toujours plus 'éle-
vées que, seul, peut lui fournir l'idéal, et
le réalisme animal au jour le jour est con-
traire à toute idée de progrès.
On est, dès lors, en droit de se deman-
der si un littérateur n'est point dans son
tort lorsqu'il crée du laid et si son devoir
n'est point de présenter des lettons d'une
valeur toujours supérieure non seulement à
la réalité, mais encore aux fictions déjà évo-
quées avant lui.
Gustave Téry, dans une brochure écrite
avec infiniment d'esprit et de délicatesse,
soutenait, à propos, des contes de fées, une
idée charmante. Il proposait de substituer,
pour les, -enfants, au loup dit Petit Chape-
ron Rouge, un bon chien fidèle et dévoué.
Je crois qu'il disait vrai.
Si les loups et. les croquemitaines, je
veux dire le laid, nous intimide, c'est,
sans aucun doute, en raison de la situation
que lui ont faite nos poètes. Il suffirait de
n'en plus parler pour le détruire ,du même
coup et je crois que la chose pourrait s'ap-
pliquer aux croquemitaines des grandes per-
sonnes tout aussi: bien qu'à celui des très
petits enfants.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
L
-
a mort dans l'âme.
Mélancolique, sous le ciel gris,, le
gros sociétaire se promène.
Il est triste, il est bien triste. * ;
Quoi qu'on ait dit, à droite, à gauche, il
j ne sait à quoi se décider.
Certes, il s'est montré bien violent et sa
démission fut brutale..
S'il se résigne à ne la pas renouveler, il
lui faudra subir le contact presque quoti-
dien de ceux que sa colère outragea et: avec
"If> ♦
lesquels il échange, depuis longtemps, des
regards de « cabot de faïence ».
Mais s'il s'en va, il faudra donc partir!
comme eût dit jadis La Palisse.
Partir, c'est courir beaucoup. Car son
sort est marqué d'avance. Ce sont les
tournées qui l'appellent. Errant sans relâ-
che, de ville en ville, de province en pro-
vince, comme Figaro, jadis, qui faisait la
barbe à tout le monde, il explorera donc à
nouveau l'Europe, l'Asie, l'Amérique.
voire l'Amérique inconnue.
Et il songe à des étapes passées. Il se
rappelle des recettes maigres, si maigres !
Il revoit Naples, ciel édénique, mer ra-
dieuse, location amère, soixante-douze lire.
e Et, le tragédien mélancolique hésite au
carrefour.
1 Prendra-t-il la route d'Italie- Prendra-t-il
le chemin de Damas?
LE QUATRAIN DU JOUR
PLUS ÇA CHANGE.
Faust est la nouveauté qu'on prépare à cette heure
A l'Opéra. Gaflhard s'en va, Gounod demeure.
Les jeunes ont le temps d'attendre :place aux vieux
(En chœur)
Gloire immortelle de nos aïeux !
s
ictransit.
Une salle basse, à l'Hôtel des Ventes.-
Dans l obscurite naissante, on entend
clamer des chiffres. De ternes étoffes vol:
tigent entre les doigts crochus des reven-
deuses.
De plus près, on reconnaît dans ce fouil-
lis, des costumes de féeries; parfois même,
sous un vague rayon de lumière, leurs pail-
lettes scintillent une seconde. Les enchères
ne sont pas élevées; ces soiries. délicate-
ment assemblées par le grand costumier,
ces costumes prestigieux qui, il y a quel-
ques jours encore, faisaient. la joie de nos
yeux, c'est la défroque d'un music-hall.
Et les prix varient entre un et dix francs.
Les maillots couleur chair, gardant en
leurs faux-plis le souvenir des formes fé-
minines qu'ils revêtirent sont adjugés à de
grasseux auvergnats qui les palpent de
leurs mains noires.
C'est que leur règne est fini. Le cinéma-
tographe, nouveau favori du public, les a
détrônés.
.Quand reverront-ils les feux de la
rampe?.
Alas! alas! never more.
D
usausov, • joaillier expert, 4, boulevard
, des Italiens, acheté toujours comp-
tant: bijoux, (jiamants, perles et pierres
fiftesrii donne presque toujours une plus-
value sur le prix offert par n'importe quelle
maison.
1
--
1 n'y a pas de petites économies.
Voici un an déjà qu'est décédé un co-
'1 11 T'I'-
mique très air4 au puonc parisien, il na
pas encore le simple petit monument fu-
néraire auquel tous les morts ont droit.
Une amie qu'il amait beaucoup est ve-
nue de temps en temps déposer quelques
fleurs et des couronnes sur le coin de terre
où il repose.
Sa veuve les fit enlever. Que croyez-
vous que ces fleurs et couronnes soient de-
venues?. Elles ont été attribuées au ca-
veau de famille où reposent les parents de
Madame. (la légitime, bien entendu).
Et voilà comment on fait les grandes for-
tunes!
D
e l'histoire!.
e. Mme Cosima Wagner et. Nietzs-
che.
On ignorait que la haine professée par
Nietzsche à l'égard du célèbre compositeur
n'était pas sans alliage. Nietzche avait
conçu une passion profonde pour Mme
Wagner. En janvier 1889, nous dit Le Zeit,
Mme Cosima reçut de lui ce billet laconi-
que: « Ariane, je t'aimeï — Dionysos! »
Voici qui va éclairer d'un jour nouveau
la question si controversée des rapports de
Richard Wagner et de Nietzsche.
Avis aux amateurs ! Cherchez la femme !
M
Pierre Laffitte, l'éditeur bien connu,
prépare, en ce moment, un grand
magazine théâtral devant paraître une fois
par mois, et contenant, sur beau papier
couché, de magnifiques. illustrations : le
tout pour un prix modique. |
Ce magazine/sera divisé en deux parties :
la première contiendra, en entier, une pièce
célèbre, et la seconde sera consacrée aux
actualités des théâtres, de la musique et
dès concerts.
Mais, M. Pierre Lafitte, qui a pourtant
trouvé déjà des titres si heureux, comme
Fêmina, Je Sais Tout, La Vie, au Grand Air,
Musica, etc., n"a pas encore d'idée bien pré-.
cise en ce qui concerne le titre de ce ma-
gazine théâtral. et il demande aux direc-
teurs de Comœdia de bien vouloir l'aider
de leurs lumières.
A cet effet, il organise un petit concours
et prie toutes les personnes ayant un titre
en vue, de vouloir bien le lui envoyer avec
leur carte de visite.
L'auteur du titre adopté recevra un prix
de cent francs en espèces, et sera abonné
à .vie au nouveau magazine.
Adresser les réponses 90, avenue des
Champs-Elysées. *
c
hez Champeaux, tous les soirs, le Dî-
ner des Théâtres, si. prestement servi,
attire, place de la course, le Tout-Paris.
Artistes en vogue, clubmen, femmes du
monde, tous se donnent rendez-vous chez
Chameaux - ,
NOUVELLE A LA MAIN
L
'homme,- de lettres: est un loup pour
l'homme de lettres. Témoin ce dia-
logue. - - ,
- Tu sais, Z. vient de recevoir une
revue de X. et de Y., ces deux mufles,
ces pieds-plats, ces escrocs, ces plagiaires.
— Ce sera La Revue des Deux-Im-
mondes.
Le-Masque de Verree
La Réouverture de l'Opéra
FAUST, opéra en quatre actes
de Barbier et Carré. « Musique de Ch. Gounod
Après Méphistophélès, MM. Messager et 'Broussan ont merveilleusement rajeuni le célèbre
docteur et le chargent de présenter au public la nouvelle direction de l'Opéra.
Respectueux des lois qui protègent la
propriété artistique, je ne consentirai ja-
mais à me livrer, au lendemain d'une sim-
ple répétition générale, à la moindre indis-
crétion sur le sujet et Ja musique de l'opéra
auquel j'eus l'honneur d'assister hier soir.
D'autres confrères moins* scrupuleux vous
conteront sans doute la triste aventure de
cette jeune fille abahdonnée par son amant,
maudite, par son frère et condamnée pour
infanticide, peut-être citeront-ils quelques-
unes des pages les plus applaudies de la
partition: pour moi, je: ne mange pas de
ce pain-là! ,.
Rien ne saurait cependant m'empêcvher
de vous dire ce que je pense de la nouvelle
mise en scène réalisée par les triumvirs
qui viennent de prendre possession de no-
tre nationale Académie de musique.
Faust étant le pivot de toute saison lyri-
que en France, il était non seulement na-
turel, - mais indispensable que tout l'effet
des nouveaux directeurs portât, sur un ra-
jeunissement méthodique d'un aussi res-
pectable ancêtre. - -
Méthodique. hélas! Le mot résume à
la fois l'éloge et la critique de l'intéres-
sante tentative. Dans leur louable désir
d'épousseter les vieux tameaux et de rafraî-
chir les ors de la poussiéreuse légende,
les « restaurateurs » ont dépensé des tré-
sors d'ingéniosité et de science: emportés
par ce noble zèle, ils n'ont pas su s'arrêter
et ne se sont pas aperçus que le respect
de certaines « patines » de poussière affir-
mait plus de piété que tels irrévérencieux
coups de plumeau !
Tout d'abord, n'est-il pas un peu vain
de disserter à perte de vue sur la couleur
locale et l'exactitude des costumes d'une lé-
gende qui est et doit rester une légende?
Si agaçante que puisse être la truculence
des pourpoints écarlates que promenait Mé-
phisto jusqu'à ce jour, n'est-il pas un peu
puéril de prétendre reproduire plus exac-
tement les modes diaboliques en revêtant
La Chapelle
(Clichés Branger)
notre bon diable d'un banal costume noir?
Croit-on s'être sensiblement rapproché des
« coupes » authenti q*ues* des' tailleurs infer-
naux? « D'où vient ta surprise? Ne suis-
je pas mis à ta guise? » dit Delmas en en-
trant dans le cabinet du docteur Faust:
certes, la salle entière fut près de crier :
« Non! »
1 - FAUST--- (M. - MIIRATOPE)
LES NOUVEAUX COSTUMES DE « FAUST » 1
MARGUERITE (Mlle HATTO)
'1 (Clichés Boyer et Bert)
MEPHISTOPHELES (M. DELMAS)
Qu'il ^soit plus vraisemblable d'atténuer
sur les places publiques la virulence des
« complets » éclatants de Satan, propres à
éclipser l'élégance plus discrète des conci-
toyens de Marguerite. rien de plus légi-
LES NOUVEAUX DECORS DE « FAUST, Î)
EeçtTatSùi
time, mais, vraiment, - dans le laboratoire du
vieux savant, pareil scrupule n'était pas de
mise. Quelle déception que l'entrée bour-
geoise de cet être surnaturel ouvrant pro-
saïquement la porte de l'escalier de
vice pour offrir au désespéré un chè
un portefeuille de ministre, et enii
« trésor qui les contient tous ». Ct i
plus le diable, c'est un commis-voyageurt
ou un agent d'affaires.
Exquise, certes, l'idée de remplacer ii)
vision excitante de Marguerite au rouet
par un sentier printanier où chemine la vir-
ginale amoureuse, les mains pleines des
fleurs. Mais pourquoi avoir oublié que,
pendant cette apparition, l'orchestre cons-
ciencieux s'applique de tous les trilles de
ses violons et de toutes les notes piquées
de ses harpes à évoquer le rouet ronron-
nant de la sage fileuse ?
C'est fort bien d'avoir voulu montrer en
quelle estime la douce Marguerite était te-
nue par ses compagnes et d'avoir entouré
son eptrée d'un « mouvement » d'ensemble
de toutes les commères attentives à la féli-
citer sur sa bonne mine. Mais le salut de
Faust, arrachant la jeune fille à ses amies
suffoquées, prend aussitôt les proportions
d un scandale inouï dans la calme bour-
gade!
Vingt détails semblables prouvent que
le souci constant de rafraîchir et de rénover
peut conduire à de fâcheux mécomptes.
Mais, ces réserves faites, il faut louer
la très belle réalisation d'ensemble obtenue
par la nouvelle direction. Les décors dn jar- -
din de, Marguerite et des portes ck la
ville franchies par les soldats vainqueurs
sont réellement admirables et ont été jus-
tement remarqués. Les costumes de Ja
foule témoignent d'une recherche docu-
mentée et l' « œil du peintre » se retrouve
dans tous les éclairages et les groupements.
Bravo, le ballet !
Après que Faust et son mauvais guide aati
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