Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-12-08
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 décembre 1907 08 décembre 1907
Description : 1907/12/08 (A1,N69). 1907/12/08 (A1,N69).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76453669
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
lie Année.- N° é9 (Quotidien^
Le Numéro f 5 centimes
Dimanche 8 Décembre 1907.
Rédacteur en Chef: G» de PAWLOWSKI
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
?7, Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA-PARIS
ABONNEMENTS Î
UN AN 6 MOIS
pariset Départements. 24 fr. 12 fr.
tra°ger 40 » 20 a
?
R* RÉDACTION & ADMINISTRATION :
27,. Bouleuard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDlA..PARIS
0
ABONNEMENTS:
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements 24 ir. 12 fr.
Étranger. 40 » 20 »
I L'Affaire
des Poisons
ACTE!!
SCÈNE VII
L'abbé Griffard, échappe des galères, a
appris par Carloni, un de ses camarades de
bagne, tué en s'évadant, les différents cri-
mes de la Voisin. Il sait que la vie du Roi
est menacée et que, payée par les amis du
surintendant Fouquet, la Voisin doit em-
poisonner Louis XIV. Il a été prévenir le
lieutenant de police La Reynie, qui l'a
chargé de mener à bien l'enquête qui per-
Ta d'arrêter les coupables.
^IpFARD, MARGUERITE, puis LA VOISIN
C|,^GUERITE, courant à Griffard, pour l'empê-
Iban d'entrer. - Eh ! monsieur! monsieur! ma-
G ne reçoit plus!
\or¡ II?FARD, descendant et lui pinçant le men-
Vojj, Elle est gentille cette petite. Vous allez
r.,; Garnie, qu'elle me recevra, moi.
Q^GUERITE, même jeu. — Mais, monsieur.
t' D, à TTii-voix. — Je viens pour un hé-
îfcuERITE. — A vous ?
f/'PSARD, — A ellej.
^QUERITE. — Un héritage? Oh! alors!.
(ÈUe court vers sa mère qui rentre et lui
parle bas.)
GRIFFARD, regardant autour de lui. — Il ne
sent pas le fagot, cet antre de sorcière. Pas
même un hibou empaillé!
VOISIN, redescendant avec sa fille. - Un hé-
MARGUERITE. — Oui!
VOISIN, voyant Griffard. — Un abbé!. Je
comprends ; le legs d'un mourant ! Tout le monde
est pti. Tirez les rideaux. (Marguerite et Mar-
got tirent les rideaux, puis sortent par la cham-
bre de la e la Voisin; on voit, au dehors, le jardin
vide et la campagne éclairée par le soleil cou-
chant.) Ah 1 monsieur l'abbé? Asseyez-vous
donc, je vous en prie!. Et dites-moi vite de qui
j'hérite.
GRIFFARD, souriant. - Mais, chère madame,
vous le savez aussi bien *nue moi!
VOISIN. — Mais non !
GRIFFARD. - Vous vous moquez. Une devi-
neresse qui lit couramment, dans le miroir, le
café, la main.
VOISIN. - Oui, mais.
GRIFFARD, tendant sa main. — Allons ! allons,
lisez- là, bien vite, qui je suis, d'où je viens et
pour quelle affaire.
VOISIN- — Impossible ! du moment que cela
me concerne, je perds tout pouvoir.
GRIFFARD, riant. 1—Friponne!.
VOISIN, saisie. - Vous dites?
GRIFFARD, lui pinçant roreille. - Friponne!
Rondelette, d'ailleurs, et appétissante. 7—-•«-
me l'avait bien d i t.
aISIN. - Carton! ?
GRIFFARD. — c'est de lui, l'héritage.
VOISIN. — MORT? •
GRIFFARD. — Dans mes bras!.
VOISIN. - Au bagne?
VnIPr?ARD> - En pleins champs, évadé avec
P^jsiN - Ah! vous étiez?.
GRIFFARD. — Camarades de chaîne!
VOISIN. - Eh! dis-le donc! Alors, j'hérite?.
V IFFARD. — De la cassette.
VOISIN, feignant dé ne pas comprendre. - La
cass ett~ ?
GRIFFARD. — Là-bas, dans ton jardin, derrière
VOISIN. — Ah! tu sais?.
GRIFFARD. - Naturellement, j'hérite avec toi !
VOISIN. — Je n'ai pas tout?.
GRIFFARD. — Goulue!
VOISIN, méfiante. — Hum! tu dis ça; mais
d'abord, qu'est-ce qu'il y a dans cette cassette?.
Je na sais plus trop.
hOto,PARD. — Rafraîchissons cette mémoire!
Mille ducats en or fin!
^rt^ IN- — Et qui me prouve que tu en as ta
GRIFFARD. — La moitié, précisons! S'il te
laissait tout, bonne pièce, il ne m'aurait rien dit.
VOISIN. — Hum? Il ne t'a pas signé quelque
fN • 11(
GRIFFARD. — Sur la f"rand' route ! Faut-il
aussi te rappeler d'où vient cet argent-là?
VO ISIN. — Ma foi! Il y a si longtemps.
GRIFFARD, à son oreille. — C'est pour sa part
y J eOipoisonnement du due de Savoie 1
VOISIN, saisie. — Il t'a dit ça?
GRIFFARD. — Rien de caché pour moi, ce
bon Carloni! !
VOISIN, se remettant. — Il aurait bien pu,
S tUe même, me laisser le plus gros morceau !
itkIPI'A D. — Allons! Ne me chicane pas le
mien. (Indiquant le logis.) Tu fais d'assez bonnes
affaires!
VOISIN. - Assez. Oui!
GRIFFARD. — Quel luxe ! Madame a, paraît-il,
laquais, carrosses, table ouverte !.
VOISIN. - Il faut bien ça pour le monde, mais
aussi J ai du mal. Pense donc que tous les jours
que b leu fait, j'ai consultation, ici, de trois à
r ig Ures, et quelquefois le matin, sans comp-
ter les séances en ville.
GRIFFARD- — Pour dire la bonne aventure ?
ans, i - Le passé, l'avenir, tout ! A neuf
ans, qqJe Irais déjà les cartes sur les ponts. C'est
là que j'ai connu et épousé M. Montvoisin, qui
était mercier sur le pont Marie.
VaIPPARD. — Et où est-il, M. Montvoisin?
VO ISIN. - A Meudon, avec la goutte. C'est
un ours! Et puis, j'ai été sage-femme, et j'en
ai rendu des services dans cet état-là!.
GRIFFARD. — Je m'en doute ! Enfin, te voilà
VOISIN. - Tu peux le dire! Je lis dans les
astres ! d AAvec ça, je vends des talismans, des phil-
r e es secrets pour la toilette des femmes,
ne eau de ma façon, l'Argentine! Je ne te dis
que ça ! Et aussi des remèdes pour les maladies.
GRIFFARD. — Que tu guéris?
VOIS IN. - Oui.
GR YIJtPARD. - Ou que tu donnes.
VOI p~ SIN, gaiement. — Aussi. Il faut bien faire
un peu ce que désirent les pratiques, les femmes
surtout.
GRIFFARD. - Les bourgeoises du quartier ?
VOIS et lN. - Oh ! de partout ! Des dames de la
ville et de la Cour, donc, et des plus huppées;
duchesses, marquises!. ,.
GRIFFARD. - Par exemple ?.
VOISIN. "~T Ph ! les noms, jamais. C'est le
secret du métier. Mais, sans les nommer, si tu
les voyais de Près, comme moi, celles-là, oh! là,
et ce qu'elles demandent !.
GRIFFARD. Olsr ~- - Quoi encore?
VOISIN.— Oh! bien, d'hériter le plus vite
possible, j- 5e papa, maman, etc., de gagner au
jeu, de lever des trésors, de ne pas engraisser,
de ne pas VIeillir, de ne plus être enceintes, et
pres qlle to- "te d'être débarrassées de leurs ma-
pour épouser leurs amants!
GRIFFARD. - Et pour cela, le meilleur
moyen. n
VOISIN. — Dame!.
GRIFFARD. — Tu n'as pas peur?.
VOISIN. — De Quoi?
GRIFFARD. — SlH. I)e la police.
VOISIN. — Ah! je m'en moque bien de la po-
W a tr °P de gens intéressés à ce que.1 QA
Das Clos misèrea.
GRIFFARD. — Et puis, le diable ne te laisse-
rait pas dans l'embarras!.
VOISIN. — Tu ris, mais je compte bien aussi
sur lui.
GRIFFARD. — Tu y crois? Au diable?..,
VOISIN. — Si j'y crois!.
GRIFFARD. — Tu l'as vu?
VOISIN. — Non. Mais on ne voit pas non plus
le bon Dieu. Ça n'empêche pas d'y croire.
GRIFFARD. — Ah! tu crois aussi?.
VOISIN. — A Dieu? C'te demande! Et toi?
GRIFPARD. — Quelquefois. Mais comment fais-
tu pour être en bons termes avec les deux à la
fois !
VOISIN. - Tiens! A chacun sa part! Je vais
à la messe et à vêpres, le dimanche. Je me con-
fesse et communie deux fois l'an. Je fais maigre
le vendredi et pendant tout le carême ! Qu'est-ce
qu'il peut me demander de plus le bon Dieu?
GRIFFARD. — De ne rien faire de ce qu'il dé-
fend.
VOISIN. - Ah! bien. Si on ne faisait que ce
qu'il permet, on s'ennuierait trop. Il n'y a ou'a-
vec l'autre qu'on s'amuse et qu'on fait de bon-
nes affaires, et c'est encore lui qui est le plus
fort, va !
GRIFFARD. — Tu seras damnée !
VOISIN. — Bon! On n'a qu'à se repentir à la
dernière minute, comme la Brinvilliers, et Dieu
pardonne ! Il est là pour ça ! Mais tu me fais
jaser, là. Et toi, veux-tu boire? Pourquoi
étais-tu là-bas?.
GRIFFARD. — Pour fausse monnaie!
VOISIN. — Ça donne plus de mal que de pro-
fit.
GRIFFARD. — Aussi, j'y renonce, et je prépare
un fameux coup.
VoisiN. — Lequel ?
GRIPFARD. — C'est!. Tu le garderas pour
toi?
VOISIN. — Oui oui.
GRIFFARD, baissant la voix. —i- C'est. La
mort du roi.
VOISIN, se récriant. — Ah!. Toi aussi?
GRIFPARD. — Aussi?. On t'a proposé?
VOISIN. — Ce coup-là, oui, et richement payé !
Cent mille livres. Je n'attends que ça pour me
retirer des affaires.
GRIFFARD. — Est-ce pour les mêmes gens?.
VOISIN. — Pour qui, toi?.
GRIFFARD. — Ah! je n'en fais pas mystère.
Pour les amis de M. Fouquet..
VOISIN. — Moi aussi !
GRIFFARD. — qui renoncent à obtenir sa
grâce et ne voient plus que la mort du roi pour
le tirer de prison.
VOISIN. — C'est ça! Ils sont trois.
GRIFFARD. — Un qui a l'œil faux, faux.
VOISIN. — M. de Martroy !
GRIFFARD. - Non, pas celui-là; un plus petit.
VOISIN. — L'auditeur des comptes. Maillard!
GRIFFARD. — Maillard, oui; quant au troisiè-
me, je suis sûr qu'il se donne un faux nom.
VOISIN. — Il ne s'appelle pas La Brosse?.
GRIFFARD. — Qui sait? Je connais toujours
ces trois-là !
VOISIN. — Alors, tu les vois?.
GRIPPARD. — Tous les jours.
VOISIN. - Et ces canailles t'ont proposé?
GRIPPARD. - Oui.
VOISIN. - Après me l'avoir offert à moi?.
GRIFFARD. - Ils auront trouvé aue tu tar-
dais trop. - --'— -' .- — -
VOISIN. — C'est si facile, n'est-ce pas? A la
table du roi, les plats, les vins sont goûtés à
l'avance et son couvert est sous le cadenas dont
lui seul et l'officier de bouche ont la clef.
GRIFFARD. — Il n'y a guère qu'à lui faire ava-
ler la chose, un jour, à la chasse, par exemple,
dans quelque boisson, comme l'eau de chicorée
de Madame Henriette.
VOISIN.. - Et encore, faut-il un complice.
GRIFFARD. — Ça, je l'ai !.
VOISIN. — Oh! qui?
GRIFFARD. — Je vais te le dire, n'est-ce pas,
pour que tu me souffles cette affaire-là.
VOISIN. — Oh ! non ! entre amis ! Mais, au lieu
de nous la disputer, cette affaire-là, faisons-là
ensemble.
GRIFFARD. — Pas bête, toi! Qu'est-ce que tu
m'apportes pour ta part?
VoisiN. — Le poison!
GRIFFARD, riant. —Merci!. Quelque drogue
d'apothicaire, comme le Sublimé de Sainte-Croix,
qui s'y reprenait à dix fois.
VOISIN. —Tu as mieux?
GRIFFARD. - Moi? J'ai le meilleur de tous,
le vrai, le seul !
VOISIN.—Ah ! Lequel?
- GRIFFARD. - Celui des Borgia.
VOISIN, avec admiration. — Ah ! oui, celui-là.
GRIFFARD. — Tu m'en diras des nouvelles.
VOISIN, se rapprochant de lui. — Ah! mon
mignon ! Ce serait si gentil de nous associer.
GRIFFARD. — Peuh!
VOISIN..— Pas pour ça seulement, non ! Pour
tout. (Il la regarde.) Oui!. Je suis riche, tu
sais.
(elle s'assied sur le bras du fauteuil de Grif-
fard et, en parlant, passe son bras autour
du cou Ae l'abbé, puis finit par coller sa
joue contre la sienne.)
VOISIN. -Avec ce que j'ai mis de côté.
l'argent de cette affaire-là. et celui de la cas-
sette que je n'ai pas laissée moisir en terre, tu
penses bien, j'achète une terre en province, où
nous allons planter nos choux, toi et moi, abbé
joufflu de mon cœur, car tu me plais! Tu n'as
pas idée comme tu me plais. (Le secouant.) Mais
qu'est-ce oue tu as donc gredin, pour me plaire
tant que ça! Et nous vivons là-bas en seigneurs,
la chasse, la pêche, la table et le reste!. Elle
ne te sourit pas, cette vie-là, dis, mon gros chat
chéri?.
GRIFFARD, souriant. — Eh! mon Dieu.
VOISIN, vivement. — Alors, c'est dit?
GRIFFARD. — Laisse-moi le temps.
VOISIN. — C'est dit! Et pour commencer, tu
vas souper avec moi !
GRIFFARD, sautant, inquiet. — Souper !
VOISIN. — Qu'est-ce que t'as?
GRIFFARD. — C'est que. tu me rappelles que
j'ai justement invité à souper Martroy et Maillard,
pour causer de l'affaire.
VOISIN. — Eh bien! soupe avec eux et re-
viens coucher ici!
GRIFFARD. — Oh! nous en avons pour toute
la nuit, à préparer le Borgia. Demain, plutôt.
VoisiN. — Pour dîner ! Alors?
GRIFFARD. — Oui! oui! Oh! demain, tout ce
que tu voudras!
VOISIN. - Ah! Amour d'homme! Que tu es
donc mignon. Je vais raffoler de toi! Tiens! je
t'adore! (Elle lui colle un baiser sur la bouche,
puis se lève à la vue de Guibourg, qui entre avec
Marguerite et Margot.) Ne bouge pas! Un ami!
GRIFFARD, debout, s'essuyant la bouche. —
Euh! Euh!
Victorien SARDOU.
Nous publierons demain un article de
JACQUES MAY
Cabotinage
Dernièrement, dans un café-concert pa-
risien, un artiste se trouvant enroué, il fal-
lut pourvoir à son remplacement. Un ami
de la doublure vint l'annoncer en ces ter-
mes: « M. X., étant malade, sera rem-
placé par M. Z. Le public n'y perdra rien,
bien au contraire. »
Le public, par hasard, qui, ce soir-là,
Comprenait auelaue chose — cela ne ftli
arrive pas souvent — trouva le procède
excessif, hurla, protesta, siffla et réclama
violemment l'artiste malade, qui, du reste,
avait toute sa sympathie.
Ces procédés sont moins rares qu'on ne
le pense dans certains milieux où. les diffé-
rences de talent ne peuvent être constatées
qu'avec un microscope très puissant; et,
faute de mieux, les artistes recourent à
d'innombrables petits moyens, tout exté-
rieurs, pour se faire connaître.
Ce qui est regrettable, par exemple,
c'est que jamais ou presque jamais il ne
vienne à"l'idée de l'un d'eux qu'en taisant
de sérieux efforts pour bien chanter ou
pour chanter d'une façon amusante, le suc-
cès viendrait tout aussitôt, et cela sans
grand effort.
Mais cela serait tellement simple qu'il
vaut mieux n'y point penser.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
L
a maison hantée. 1
Depuis quelques jours, une voix ca-
verneuse parle dans les plafonds et les
murs de l'Opéra^ Elle se déplace d'étage
en étage; hier matin,.c'était dans la classe
de Mlle Rosita Mauri que la voix de l'Es-
prit mystérieux interpellait les assistants.
Les élèves étaient dans les transes; Mlle
Mauri, en bonne Espagnole, ne savait trop
si elle devait être déférente ou furieuse.
L'Esprit lui adressait, au nom de Vestris
et de Terpsichore, des remontrances assez
lugubres. On est allé prévenir successive-
ment la direction et la régie du phénomène
qui révolutionnait le foyer de la danse.
M. Gailhard, fort tranquille d'ailleurs, a
assisté au dialogue suivant:
L'ESPRIT. — Rosita!. Rosita!. C'est Terpsi-
chore qui t'appelle!
Mlle MAURI, avec le savoureux accent que l'on
sait. — Et qu'est-ce qu'elle me veut, Terpsi-
chore? Qui est-ce, d'abord?
M. GHEUSI, complaisant. - La Rosita Mauri,
du premier directeur de l'Opéra connu dans
l'histoire, Apollon.
L'ESPRIT. — Souviens-toi. Repens-toi.
Mlle MAURI. — Ah! mon Dieu!. Et de quoi
faut-il que je me repente?
L'ESPRIT. — Tu le sais bien! Repens-toi!.
M. GAILHARD, moitié figue, moitié raisin. —
A votre place, chère Mademoiselle Mauri., je
ne sais pas, moi !. Mais je me repentirais ! C'est
plus sûr.
Et le directeur s'est retiré, grave et
pensif, laissant Mlle Mauri perplexe - un
peu inquiète aussi. *
Est-ce Vestris?. Est-ce un esprit?.
Est-ce un fumiste ?. Comme dit M.
Gailhard, est-ce qu'on sait jamais?
c
onf rères! -
Le directeur d'un infime théâtre
cule se présentait l'autre jour chez le direc-
teur du plus important, du plus grave, du
plus puissant journal du soir.
Intimidé par la majesté du bureau où on
l'introduit et par l'autorité du maître de
céans, le visiteur, qui veut ressaisir son
sang-froid, commence son discours en ces
termes :
— Vous comprenez, nous autres direc-
teurs.
Tout simplement!
A
rthur Maury, qui vient de mourir, ne
fut. pas seulement le premier philaté-
liste de France; ce fut aussi un directeur
de théâtre. Un directeur malheureux, car
il laissa plus de cent mille francs dans le
« Théâtre Séraphin », qu'il fonda voici
quelque dix ans, au bout du passage de
l'Opéra.
Ce n'était qu'un tout petit guignol, mais
un guignol artistique et historique où, à
grands frais, Arthur Maury nous avait don-
né une intéressante reconstitution du poli-
chinelle turc et du gnafron lyonnais.
Pour être de bois, ses artistes, quelques-
uns du moins, lui coûtaient aussi cher
qu'un premier ténor, car c'étaient de véri-
tables pièces historiques qui attirèrent les
collectionneurs, mais le grand public ne
prit pas le chemin du « Théâtre Séraphin »
et son directeur, désabusé, retourna à ses
premières amours, le timbre-poste; plus ré-
munératrices.
T
toutes les années, notre Yvette Guilbert,
qui est bien une des femmes les plus
spirituelles de Fans, donne une représen-
tation au profit des pauvres de la commune
qu'elle habite l'été. Le curé du cru, un
excellent homme, offre une collation à tous
les artistes qui ont prêté leur concours à
l'oeuvre de charité.
La première année, la divette trouva
sous sa serviette un œuf 1 de Pâques dont
l'enveloppe fragile, en se brisant, laissa
tomber dix pièces de vingt francs.
— Ah! Monsieur le curé, fit gaiement
l'artiste, quand vous connaîtrez mieux mes
goûts, vous saurez que j'adore les œufs
à la coque, mais que je n'en mange jamais
le jaune. Permettez-moi de le laisser pour
vos orphelins!
p
|Our l'habit de couleur.
L'idée dé l'habit de couleur fait du
chemin.
Voici la description exacte du costume
que portait, avant-hier, à la Porte-Saint-
Martin, M. Pierre Wolff:
Un habit marron, sans revers, avec un
col en velours ; un gilet de taffetas blanc ;
un pantalon noir ; des bottes vernies mon-
tant jusqu'à mi-jambes et en cuir mou à
partir de la cheville.
C'est, nous déclarait l'auteur du Ruis-
seau, le costume exact de 1830.
Oui, mais dans ce temps-là, on portait
les cheveux longs. -
L
e ruban rouge.
C'est le moment des décorations.
Tous ceux que la fièvre pourpre taquine
font agir leurs influences. Comme toujours,
il y aura beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Parlons de ceux dont la nomination semble
certaine. Il y a M. Jutes Huret, qui fit de
remarquables enquêtes littéraires. Il y a
M. Gabriel Trarieux, qui a de très puis-
santes relations politiques, et dont le père
vient d'avoir sa statue. Il y a M. Max
Maurey, qui, comme auteur, compte au
théâtre les plus brillants succès, et dont
la nomination est désirée par toute la presse
en général et par la presse théâtrale en
particulier.
Les autres? Il y a M. André de Lorde,
adaptateur ingénieux, mais dont il faut at-
tendre une pièce faite sans collaboration.
Il y a M. Maurice Leblanc, le père d'Ar-
sène Lupin. Il y a M. Henri de Gorsse —
et il y a enfin tous ceux qui ne sont pas
décorés!
D
écidément, nos monarques européens
auraient tous les talents. Comœdia si-
gnaJait, il y a quelque temps, ceux qui s a-
donnent de préférence à la musique. Et les
auteurs dramatiques? Se rappelle-t-dh le
Roland que Guillaume II, déjà connu
comme sculpteur, peintre et compositeur
de musique, fit représenter à l'Opéra Royal
de Berlin, en collaboration avec Léonca-
vallo?
Un de nos spirituels confrères conseil-
lait alors à M. Fallières d'écrire une pièce
dont le titre, tout indiqué, serait : Les Ca-
prices de Marianne, Alfred de Musset n'é-
tant plus là pour en contester la priorité.
Le jeune roi d'Espagne aurait alors pré-
paré une grande comédie sensationnelle :
Monteur Alphonse.
Le sultan du Maroc, tiendrait en réserve
un drame que les événements actuels l'em-
pêchent, seuls, de donner à la scène :
L'Autre Tanger.
A quand la première?
H
ier, a la répétition générale de
L'Autre, un personnage, grand, fort,
très distingue, se prodiguait dans les cou-
loirs. Galant, gracieux et empressé auprès
des dames, on le vit tour à tour adresser
quelques mots à l'une des plus éminentes
comédiennes de la maison, saluer d'un sou-
rire une jeune ingénue, serrer la main à
M. Dujardin-Beaumetz, puis accueillir
dans sa baignoire deux actrices en vogue.
L'une triomphe en ce moment dans un
théâtre du boulevard, l'autre faillit créer
au Vaudeville un succès récent.
Et, pendant toute la représentation, le
grand-duc Alexis, car c'était lui, conversa
bruyamment avec ses jolies invitées.
La Comédie-Française n'est-elle pas, sui-
vant la formule, le dernier salon où l'on
cause!
L
'auteur! L'auteur!
1 Quand reclama-t-on l'auteur, pour la
Hfemièrç..*9.13 ma-.*setne^iwçais^
après un vif succès? --.
D'après des documents précis, cette cou-
tume paraît remonter à la première repré-
sentation de Mérope (26 février 1743).
Mlle Dumesnil, à qui Voltaire attribue la
plus grande part du succès, « fit pleurer
le public pendant trois actes ». Le parterre
réclamant l'auteur à grands cris, celui-ci,
qui s'était caché dans quelque recoin du
théâtre - cela arrive encore - fut mené
de force dans la loge de la maréchale de
Villars.
Le public enthousiasmé 'cria à la du-
chesse, belle-fille de la maréchale, d'em-
brasser Voltaire, ce qu'elle dut faire de-
vant tant d'insistance et sur la prière de
sa belle-mère elle-même. Cela n'arrive
plus.
P
an!. dans le noir!
Le délicieux ténorino Gabriel Mon-
- -
toya n a pas toujours été le hn poete et 1 a-
bondant* dramaturge qu'il s'est révélé de-
puis. Les lauriers plus sanglants du meur-
tre ont, un instant, couronné son front.
Nous n'en voulons pour preuve que les li-
gnes suivantes extraites d'un panégyrique
que lui consacra un de ses biographes au-
torisés :
« Après une pneumonie qui lui valut de
superbes notices nécrologiques et qui lui
coûta son poumon droit, Montoya parcourut
en morticole les deux hémisphères, con-
tracta la fièvre jaune à Cuba, vendit du
café à Haïti, perça de part en part, .dans un
duel à mort, un huissier nègre à Port-au-
Prince. » -
Montoya tuant un huissier nègre d'un
coup d'épée!. C'est ce qu'on peut appeler
de la pénétration européenne!
L
e Comptoir International, 44, Chaussée-
t d'Antin, achète le plus cher de tout
Fans les beaux bijoux ainsi que - uijuux
démodés, et paie les reconnaissances 100
pour 100 et plus. Ne vendez aucun bijou
sans le lui soumettre.
NOUVELLE A LA MAIN
u
n joli mot d'une de nos plus exquises
comédiennes qui fréquentent chaque
jour le Dîner des Théâtres du restaurant
Cha^peaux: ", ,
Ei.é se plaignait de vieillir et d'en-
graisser.
Un sot qui prétend à l'esprit lui dit :
— Que voulez-vous? On ne peut pas
être et avoir été!
— Quelle erreur! répond vivement la
comédienne en souriant d'une façon signi-
ficatIve, On peut avoir été et être un
imbécile.
Le Masque de Verre.
Dernière Heure
Littéraire
Une intéressante nouvelle nous parvient
en dernière heure: -
M. Victorien Sardou a décidé d'assigner
notre confrère Le Matin devant le tribunal
civil de la Seine.
Il entend reclamer à ce journal des dom-
mages-intérêts à raison du préjudice qu'il
a éprouvé par, la Publication du compte
rendu de L'Affaire des Posons AVANT LA
REPRÉSENTATION DE CETTE PIÈCE au théâ-
tre de la Porte-Saint-Martin.
Dans des conditions identiques, M. Sar-
dou a fait autrefois un procès au Gil Blas,
et a obtenu une condamnation à des dom-
mages-intérêts contre ce journal.
THEATRE DE LA PORTE-SAINT-MARTIN
L'Affaire des Poisons
Drame historique en cinq actes
et un prologue, de M. Victorien Sardou
SOMMAIRE
PROLOGUE. - Sur la côte de l'Esterel, près
de l'endroit où le Var se jette dans la mer,
deux forçats, évadés du bagne de Toulon, sont
poursuivis par des paysans. L'un de ces for-
çats, Carloni, est tué d'un coup de jeu. Avant
de mourir, il confesse à l'autre sa participa-
tion dans l'empoisonnement du duc de Savoie,
et le prix qu'il en'a touché, et que cet argent
est caché à Paris, dans le jardin de la Voisin,
devineresse et marchande de poisons. L'homme
qui reçoit cette confidence n'est pas un crimi-
M. COQUELIN Aîné
nelde profession, mais un gazetier, professeur
de belles-lettres et de philosophie, l'abbé Grif-
fard, qui a été condamné aux galères pour li-
bille' satirique. ,
ACTE I. —L'abbé Griffard, rentré à Paris,
vient offrir son secret à La Reynie, lieutenant,
de la police royale. On s'inquiète fort, juste
à ce moment, de nombreuses morts subites,
auxquelle on donne l'empoisonnement pour cau-
se; et l'on est sur la. piste de tentatives que
rêveraient contre Louis XIV en personne les
amis de Fouquet. On apprend, là aussi, que la
Cour est troublée par la lutte de la marquise
de Montespan favorite en train de décliner,
contre Mlle de Fontanges, favorite présente-
ment plus aimée, et surtout contre Mme de
Maintenon, favorite encore secrète, mais en
passe de devenir bientôt la seule triomphante.
On apprend, en outre, que Mlle d'Ormoize, fille
d'honneur de la Fontanges, en est jalouse, à
cause de son amant Hector de Tralage, qui
soupire pour la jeune favorite.
ACTE II. — Chez la Voisin, la devineresse,
viennent successivement, parmi une nombreuse
clientèle, Mlle d'Ormoize, désireuse d'un phil-
tre pour ne pas être délaissée, puis Hector et
d'autres gentilshommes, par curiosité, puis et
surtout la femme dp chambra de la Montes-
pan, annoncant la visite, ce soir, de sa maî-
tresse. Entre temps, y vient aussi l'abbé Grif-
fard, qui a promis à M. de La Reynie la dé-
couverte des empoisonneurs, organisés, pense-
t-on, en bande. Grâce aux confidences de Car-
loni, l'abbé entre tout de suite dans celles de
la Voisin, et il acquiert vite la certitude que
les amis de Fouquet complotent, en effet, d'em-
poisonner le roi. Il feint d'être lui-même un
de leurs suppôts. La Voisin et lui se partage-
ront donc l'affaire, au lieu de se la disputer.
Là-dessus, arrive la Montespan, que la Voisin
décide à célébrer la Messe Noire, pour obte-
nir un philtre, une poudre magique, grâce à
quoi Louis XIV lui reviendra complètement.
Cette poudre sera, sans que puisse s'en
douter la marquise, le poison demandé par les
amis de Fouquet. La Messe Noire est célébrée,
l'abbé Griffard y assistait comme aide, mais
sans savoir qui est la femme masquée de la
Messe Noire.
ACTE, III. — Dans la grotte de Thétis, au
cours d'une merveilleuse fête chez le roi, tan-
dis qu'on écoute la musique de Lulli, l'abbé
Griffard cherche à reconnaître laquelle de ces
grandes dames de la Cour était la femme de
la Messe Notre. Ingénieusement, il y parvient.
Voyant que c'est la marquise de Montespan, il
est épouvanté. Il. n'ira pas plus loin dans ces
recherches dangereuses.- Soudain, Mlle de Fon-
tanges s'évanouit, puis manque de mourir, après
l'absorption de lait glacé. C'est Mlle d'Ormoize
qui le, lui a. fait prendre.- Le soupçon vient à
tous d'un empoisonnement. 'On arrête Ut jeune
fille, qui est innocente. -D'autre part, le bruit
s'est répandu que la - Voisin a été mise à la
Bastille ce matin même et qu'on avait dit chez
elle, avant cet emprisonnement, la Messe Noi-
elle, L'abbé Griffard laisse comprendre à la mar-
re.
quise de Montespan qu'elle était à cette Messe
Noire, qu'il le sait, qu'elle doit proclamer l'in-
nocence de Mlle d'Ormoize, et que, si elle ne
le fait pas, lui-même s'y emptoiera. C'est -la
lutte, à mort, entre cette femme toute puis-
sante : et cet honnête homme, fort de sa seule
honnêteté.
ACTE IV. — Chez M. de la Rèynie iont en
conférence Colbert et Louvois. On y a les
aveux de la bande Voisin, d'oil il ressort, avcc
une probabilité poussant de plus én plus à la
certitude, que la marquise de Montespan a bel
et bien fréquenté chez l'empoisonneuse. et y a
laissé célébrer sur son corps la Messe Noire, :>t
a été, le sachant ou non, la complice des amis
de Fouquet, tandis que Mlle "Ormoize est par-
faitement innocente. Les dëug ministres dis
Mlle GILDA DARTHY
(Clichés Brar^cf}
iu milieu & à gauche: Mlle BERANGERE; à droite : ■ Mlle C., DE RAIS Y; en bas et à gaà*
che: M. LAROCHE; à droite: M. DORIVAL.
grand roi veulent étouffer un pareil scaniàlêf.
ruineux, pensent-ils, pour son prestige. M u s
le roi a demandé à voir lui-même cet ùbbé
Griffard qui connaît tant de choses. Au nom de
la raison d'Etat, les deux ministres demandent,
puis imposent à l'abbé le silence sur re qu'il
connaît, et le sacrifice de MUe d'Ormoize au
présage de la royauté. Au nom de lu illstice¡
l'abbé refuse, et affirme que rien ne t 'obligera
jamais à un pareil sacrifice. Il estime que lé
grand roi sortira plus grand de cette épreuve,
s'il punit les coupables, quels qu'ils soient, et
fait triompher l'innocence reconnue et procla-
mée.
ACTE V. - Louvois, dans un accès de fureurt
a eu beau donner l'ordre à La Reynie d embas- v
tiller l'abbé Griffard, le lieutenant de police,
honnête homme, a laissé évader l'abbé, qui
s'est réfugié chez Mme de Maintenon. Le roi,
seul en face des procédures et des témoigna-
ges que lui présente La Reynie, souffre et pleu-
re à l'idée que la Montespan a pu être la com-
pliée des gens qui voulaient l'empoisonner. Il
confronte la marquise et l'abbé, sur la question
de savoir si elle a vraiment assisté à ta Messe
Noire chez la Voisin. Elle nie. L'abbé ùffirne.
Comment décider entre les deux?-Mais l'.:,bbJ
a en réserve une preuve décisive. "La Montes-
pan ne voulait de la Voisin qu'un philtre pOU'
retrouver l'amour du roi. Or, on lui a fait
verser dans la tisane. du roi une poudre qui
n'est pas ce philtre, mais bien un poison mor-
tel. Cela, elle l'ignore. L'abbé le lui révèle.
Si l'abbé a menti jusqu'alors, la pouarc ist
sans danger, et le roi peut boire cette potion.
Qu'il la boive donc! Mais nonl La Montespan,
qui ne veut pas la mort de son royal amant sel
jette au-devant du geste qu'il fait pour boire,
et l'en empêche. C'est avouer qu'elle a mi,
une poudre dans la potion, et qu'elle était la
cliente de la Voisin, complice inconsciente des
amis de Fouquet, mais coupable quand même,
tandis que Mlle d'Ormoize est innocente ue
tout. Une grande et capitale scène a lieu entra
le roi et la marquise, où ils se jettent au visage
toutes leurs rancœurs. La marquise en u,rt
avec la certitude dtêtre vaincue définitiv ment.
mais d'avoir sauvé la face; car le roi étonfirrà
sûrement le scandale. D'autre part, le wi se
montrera le grand roi, en rendant justice. MUe
d'Ormoize sera proclamée innocente et donnée
en mariage, avec une belle dot, à Hector. Quant
à l'abbé Criard il reste le seul témoin de
toute la vérité; mais il déclare avoir oubli,, tout.
Il prendra une retraite bien gagnée à la Biblio-
thèque royale ou le roi lui offre une place. Et,
en attendant, il s'assied, las de s'être dépensé
si généreusement, et heureux de ne l'av nr vas
fait en vain, et il pousse un gros ouf de soula*
gement.
Je ne ferai certes .pas comme lui ; cai.
je ne me sens nullement las d'avoir ra-
conté tant bien que mal cette histoire.
fût-ce à la triple galopade. Même ainsi
résumée, presque en petit nègre, e* d.tiis
ce triste noir-sur-blanc qu'est la copie,
cette histoire m'a encore amusé ci furne
si je la revoyais se dérouler dans let ça-
Le Numéro f 5 centimes
Dimanche 8 Décembre 1907.
Rédacteur en Chef: G» de PAWLOWSKI
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Étranger. 40 » 20 »
I L'Affaire
des Poisons
ACTE!!
SCÈNE VII
L'abbé Griffard, échappe des galères, a
appris par Carloni, un de ses camarades de
bagne, tué en s'évadant, les différents cri-
mes de la Voisin. Il sait que la vie du Roi
est menacée et que, payée par les amis du
surintendant Fouquet, la Voisin doit em-
poisonner Louis XIV. Il a été prévenir le
lieutenant de police La Reynie, qui l'a
chargé de mener à bien l'enquête qui per-
Ta d'arrêter les coupables.
^IpFARD, MARGUERITE, puis LA VOISIN
C|,^GUERITE, courant à Griffard, pour l'empê-
Iban d'entrer. - Eh ! monsieur! monsieur! ma-
G ne reçoit plus!
\or¡ II?FARD, descendant et lui pinçant le men-
Vojj, Elle est gentille cette petite. Vous allez
r.,; Garnie, qu'elle me recevra, moi.
Q^GUERITE, même jeu. — Mais, monsieur.
t' D, à TTii-voix. — Je viens pour un hé-
îfcuERITE. — A vous ?
f/'PSARD, — A ellej.
^QUERITE. — Un héritage? Oh! alors!.
(ÈUe court vers sa mère qui rentre et lui
parle bas.)
GRIFFARD, regardant autour de lui. — Il ne
sent pas le fagot, cet antre de sorcière. Pas
même un hibou empaillé!
VOISIN, redescendant avec sa fille. - Un hé-
MARGUERITE. — Oui!
VOISIN, voyant Griffard. — Un abbé!. Je
comprends ; le legs d'un mourant ! Tout le monde
est pti. Tirez les rideaux. (Marguerite et Mar-
got tirent les rideaux, puis sortent par la cham-
bre de la e la Voisin; on voit, au dehors, le jardin
vide et la campagne éclairée par le soleil cou-
chant.) Ah 1 monsieur l'abbé? Asseyez-vous
donc, je vous en prie!. Et dites-moi vite de qui
j'hérite.
GRIFFARD, souriant. - Mais, chère madame,
vous le savez aussi bien *nue moi!
VOISIN. — Mais non !
GRIFFARD. - Vous vous moquez. Une devi-
neresse qui lit couramment, dans le miroir, le
café, la main.
VOISIN. - Oui, mais.
GRIFFARD, tendant sa main. — Allons ! allons,
lisez- là, bien vite, qui je suis, d'où je viens et
pour quelle affaire.
VOISIN- — Impossible ! du moment que cela
me concerne, je perds tout pouvoir.
GRIFFARD, riant. 1—Friponne!.
VOISIN, saisie. - Vous dites?
GRIFFARD, lui pinçant roreille. - Friponne!
Rondelette, d'ailleurs, et appétissante. 7—-•«-
me l'avait bien d i t.
aISIN. - Carton! ?
GRIFFARD. — c'est de lui, l'héritage.
VOISIN. — MORT? •
GRIFFARD. — Dans mes bras!.
VOISIN. - Au bagne?
VnIPr?ARD> - En pleins champs, évadé avec
P^jsiN - Ah! vous étiez?.
GRIFFARD. — Camarades de chaîne!
VOISIN. - Eh! dis-le donc! Alors, j'hérite?.
V IFFARD. — De la cassette.
VOISIN, feignant dé ne pas comprendre. - La
cass ett~ ?
GRIFFARD. — Là-bas, dans ton jardin, derrière
VOISIN. — Ah! tu sais?.
GRIFFARD. - Naturellement, j'hérite avec toi !
VOISIN. — Je n'ai pas tout?.
GRIFFARD. — Goulue!
VOISIN, méfiante. — Hum! tu dis ça; mais
d'abord, qu'est-ce qu'il y a dans cette cassette?.
Je na sais plus trop.
hOto,PARD. — Rafraîchissons cette mémoire!
Mille ducats en or fin!
^rt^ IN- — Et qui me prouve que tu en as ta
GRIFFARD. — La moitié, précisons! S'il te
laissait tout, bonne pièce, il ne m'aurait rien dit.
VOISIN. — Hum? Il ne t'a pas signé quelque
fN • 11(
GRIFFARD. — Sur la f"rand' route ! Faut-il
aussi te rappeler d'où vient cet argent-là?
VO ISIN. — Ma foi! Il y a si longtemps.
GRIFFARD, à son oreille. — C'est pour sa part
y J eOipoisonnement du due de Savoie 1
VOISIN, saisie. — Il t'a dit ça?
GRIFFARD. — Rien de caché pour moi, ce
bon Carloni! !
VOISIN, se remettant. — Il aurait bien pu,
S tUe même, me laisser le plus gros morceau !
itkIPI'A D. — Allons! Ne me chicane pas le
mien. (Indiquant le logis.) Tu fais d'assez bonnes
affaires!
VOISIN. - Assez. Oui!
GRIFFARD. — Quel luxe ! Madame a, paraît-il,
laquais, carrosses, table ouverte !.
VOISIN. - Il faut bien ça pour le monde, mais
aussi J ai du mal. Pense donc que tous les jours
que b leu fait, j'ai consultation, ici, de trois à
r ig Ures, et quelquefois le matin, sans comp-
ter les séances en ville.
GRIFFARD- — Pour dire la bonne aventure ?
ans, i - Le passé, l'avenir, tout ! A neuf
ans, qqJe Irais déjà les cartes sur les ponts. C'est
là que j'ai connu et épousé M. Montvoisin, qui
était mercier sur le pont Marie.
VaIPPARD. — Et où est-il, M. Montvoisin?
VO ISIN. - A Meudon, avec la goutte. C'est
un ours! Et puis, j'ai été sage-femme, et j'en
ai rendu des services dans cet état-là!.
GRIFFARD. — Je m'en doute ! Enfin, te voilà
VOISIN. - Tu peux le dire! Je lis dans les
astres ! d AAvec ça, je vends des talismans, des phil-
r e es secrets pour la toilette des femmes,
ne eau de ma façon, l'Argentine! Je ne te dis
que ça ! Et aussi des remèdes pour les maladies.
GRIFFARD. — Que tu guéris?
VOIS IN. - Oui.
GR YIJtPARD. - Ou que tu donnes.
VOI p~ SIN, gaiement. — Aussi. Il faut bien faire
un peu ce que désirent les pratiques, les femmes
surtout.
GRIFFARD. - Les bourgeoises du quartier ?
VOIS et lN. - Oh ! de partout ! Des dames de la
ville et de la Cour, donc, et des plus huppées;
duchesses, marquises!. ,.
GRIFFARD. - Par exemple ?.
VOISIN. "~T Ph ! les noms, jamais. C'est le
secret du métier. Mais, sans les nommer, si tu
les voyais de Près, comme moi, celles-là, oh! là,
et ce qu'elles demandent !.
GRIFFARD. Olsr ~- - Quoi encore?
VOISIN.— Oh! bien, d'hériter le plus vite
possible, j- 5e papa, maman, etc., de gagner au
jeu, de lever des trésors, de ne pas engraisser,
de ne pas VIeillir, de ne plus être enceintes, et
pres qlle to- "te d'être débarrassées de leurs ma-
pour épouser leurs amants!
GRIFFARD. - Et pour cela, le meilleur
moyen. n
VOISIN. — Dame!.
GRIFFARD. — Tu n'as pas peur?.
VOISIN. — De Quoi?
GRIFFARD. — SlH. I)e la police.
VOISIN. — Ah! je m'en moque bien de la po-
W a tr °P de gens intéressés à ce que.1 QA
Das Clos misèrea.
GRIFFARD. — Et puis, le diable ne te laisse-
rait pas dans l'embarras!.
VOISIN. — Tu ris, mais je compte bien aussi
sur lui.
GRIFFARD. — Tu y crois? Au diable?..,
VOISIN. — Si j'y crois!.
GRIFFARD. — Tu l'as vu?
VOISIN. — Non. Mais on ne voit pas non plus
le bon Dieu. Ça n'empêche pas d'y croire.
GRIFFARD. — Ah! tu crois aussi?.
VOISIN. — A Dieu? C'te demande! Et toi?
GRIFPARD. — Quelquefois. Mais comment fais-
tu pour être en bons termes avec les deux à la
fois !
VOISIN. - Tiens! A chacun sa part! Je vais
à la messe et à vêpres, le dimanche. Je me con-
fesse et communie deux fois l'an. Je fais maigre
le vendredi et pendant tout le carême ! Qu'est-ce
qu'il peut me demander de plus le bon Dieu?
GRIFFARD. — De ne rien faire de ce qu'il dé-
fend.
VOISIN. - Ah! bien. Si on ne faisait que ce
qu'il permet, on s'ennuierait trop. Il n'y a ou'a-
vec l'autre qu'on s'amuse et qu'on fait de bon-
nes affaires, et c'est encore lui qui est le plus
fort, va !
GRIFFARD. — Tu seras damnée !
VOISIN. — Bon! On n'a qu'à se repentir à la
dernière minute, comme la Brinvilliers, et Dieu
pardonne ! Il est là pour ça ! Mais tu me fais
jaser, là. Et toi, veux-tu boire? Pourquoi
étais-tu là-bas?.
GRIFFARD. — Pour fausse monnaie!
VOISIN. — Ça donne plus de mal que de pro-
fit.
GRIFFARD. — Aussi, j'y renonce, et je prépare
un fameux coup.
VoisiN. — Lequel ?
GRIPFARD. — C'est!. Tu le garderas pour
toi?
VOISIN. — Oui oui.
GRIFFARD, baissant la voix. —i- C'est. La
mort du roi.
VOISIN, se récriant. — Ah!. Toi aussi?
GRIFPARD. — Aussi?. On t'a proposé?
VOISIN. — Ce coup-là, oui, et richement payé !
Cent mille livres. Je n'attends que ça pour me
retirer des affaires.
GRIFFARD. — Est-ce pour les mêmes gens?.
VOISIN. — Pour qui, toi?.
GRIFFARD. — Ah! je n'en fais pas mystère.
Pour les amis de M. Fouquet..
VOISIN. — Moi aussi !
GRIFFARD. — qui renoncent à obtenir sa
grâce et ne voient plus que la mort du roi pour
le tirer de prison.
VOISIN. — C'est ça! Ils sont trois.
GRIFFARD. — Un qui a l'œil faux, faux.
VOISIN. — M. de Martroy !
GRIFFARD. - Non, pas celui-là; un plus petit.
VOISIN. — L'auditeur des comptes. Maillard!
GRIFFARD. — Maillard, oui; quant au troisiè-
me, je suis sûr qu'il se donne un faux nom.
VOISIN. — Il ne s'appelle pas La Brosse?.
GRIFFARD. — Qui sait? Je connais toujours
ces trois-là !
VOISIN. — Alors, tu les vois?.
GRIPPARD. — Tous les jours.
VOISIN. - Et ces canailles t'ont proposé?
GRIPPARD. - Oui.
VOISIN. - Après me l'avoir offert à moi?.
GRIFFARD. - Ils auront trouvé aue tu tar-
dais trop. - --'— -' .- — -
VOISIN. — C'est si facile, n'est-ce pas? A la
table du roi, les plats, les vins sont goûtés à
l'avance et son couvert est sous le cadenas dont
lui seul et l'officier de bouche ont la clef.
GRIFFARD. — Il n'y a guère qu'à lui faire ava-
ler la chose, un jour, à la chasse, par exemple,
dans quelque boisson, comme l'eau de chicorée
de Madame Henriette.
VOISIN.. - Et encore, faut-il un complice.
GRIFFARD. — Ça, je l'ai !.
VOISIN. — Oh! qui?
GRIFFARD. — Je vais te le dire, n'est-ce pas,
pour que tu me souffles cette affaire-là.
VOISIN. — Oh ! non ! entre amis ! Mais, au lieu
de nous la disputer, cette affaire-là, faisons-là
ensemble.
GRIFFARD. — Pas bête, toi! Qu'est-ce que tu
m'apportes pour ta part?
VoisiN. — Le poison!
GRIFFARD, riant. —Merci!. Quelque drogue
d'apothicaire, comme le Sublimé de Sainte-Croix,
qui s'y reprenait à dix fois.
VOISIN. —Tu as mieux?
GRIFFARD. - Moi? J'ai le meilleur de tous,
le vrai, le seul !
VOISIN.—Ah ! Lequel?
- GRIFFARD. - Celui des Borgia.
VOISIN, avec admiration. — Ah ! oui, celui-là.
GRIFFARD. — Tu m'en diras des nouvelles.
VOISIN, se rapprochant de lui. — Ah! mon
mignon ! Ce serait si gentil de nous associer.
GRIFFARD. — Peuh!
VOISIN..— Pas pour ça seulement, non ! Pour
tout. (Il la regarde.) Oui!. Je suis riche, tu
sais.
(elle s'assied sur le bras du fauteuil de Grif-
fard et, en parlant, passe son bras autour
du cou Ae l'abbé, puis finit par coller sa
joue contre la sienne.)
VOISIN. -Avec ce que j'ai mis de côté.
l'argent de cette affaire-là. et celui de la cas-
sette que je n'ai pas laissée moisir en terre, tu
penses bien, j'achète une terre en province, où
nous allons planter nos choux, toi et moi, abbé
joufflu de mon cœur, car tu me plais! Tu n'as
pas idée comme tu me plais. (Le secouant.) Mais
qu'est-ce oue tu as donc gredin, pour me plaire
tant que ça! Et nous vivons là-bas en seigneurs,
la chasse, la pêche, la table et le reste!. Elle
ne te sourit pas, cette vie-là, dis, mon gros chat
chéri?.
GRIFFARD, souriant. — Eh! mon Dieu.
VOISIN, vivement. — Alors, c'est dit?
GRIFFARD. — Laisse-moi le temps.
VOISIN. — C'est dit! Et pour commencer, tu
vas souper avec moi !
GRIFFARD, sautant, inquiet. — Souper !
VOISIN. — Qu'est-ce que t'as?
GRIFFARD. — C'est que. tu me rappelles que
j'ai justement invité à souper Martroy et Maillard,
pour causer de l'affaire.
VOISIN. — Eh bien! soupe avec eux et re-
viens coucher ici!
GRIFFARD. — Oh! nous en avons pour toute
la nuit, à préparer le Borgia. Demain, plutôt.
VoisiN. — Pour dîner ! Alors?
GRIFFARD. — Oui! oui! Oh! demain, tout ce
que tu voudras!
VOISIN. - Ah! Amour d'homme! Que tu es
donc mignon. Je vais raffoler de toi! Tiens! je
t'adore! (Elle lui colle un baiser sur la bouche,
puis se lève à la vue de Guibourg, qui entre avec
Marguerite et Margot.) Ne bouge pas! Un ami!
GRIFFARD, debout, s'essuyant la bouche. —
Euh! Euh!
Victorien SARDOU.
Nous publierons demain un article de
JACQUES MAY
Cabotinage
Dernièrement, dans un café-concert pa-
risien, un artiste se trouvant enroué, il fal-
lut pourvoir à son remplacement. Un ami
de la doublure vint l'annoncer en ces ter-
mes: « M. X., étant malade, sera rem-
placé par M. Z. Le public n'y perdra rien,
bien au contraire. »
Le public, par hasard, qui, ce soir-là,
Comprenait auelaue chose — cela ne ftli
arrive pas souvent — trouva le procède
excessif, hurla, protesta, siffla et réclama
violemment l'artiste malade, qui, du reste,
avait toute sa sympathie.
Ces procédés sont moins rares qu'on ne
le pense dans certains milieux où. les diffé-
rences de talent ne peuvent être constatées
qu'avec un microscope très puissant; et,
faute de mieux, les artistes recourent à
d'innombrables petits moyens, tout exté-
rieurs, pour se faire connaître.
Ce qui est regrettable, par exemple,
c'est que jamais ou presque jamais il ne
vienne à"l'idée de l'un d'eux qu'en taisant
de sérieux efforts pour bien chanter ou
pour chanter d'une façon amusante, le suc-
cès viendrait tout aussitôt, et cela sans
grand effort.
Mais cela serait tellement simple qu'il
vaut mieux n'y point penser.
G. DE PAWLOWSKI.
Échos
L
a maison hantée. 1
Depuis quelques jours, une voix ca-
verneuse parle dans les plafonds et les
murs de l'Opéra^ Elle se déplace d'étage
en étage; hier matin,.c'était dans la classe
de Mlle Rosita Mauri que la voix de l'Es-
prit mystérieux interpellait les assistants.
Les élèves étaient dans les transes; Mlle
Mauri, en bonne Espagnole, ne savait trop
si elle devait être déférente ou furieuse.
L'Esprit lui adressait, au nom de Vestris
et de Terpsichore, des remontrances assez
lugubres. On est allé prévenir successive-
ment la direction et la régie du phénomène
qui révolutionnait le foyer de la danse.
M. Gailhard, fort tranquille d'ailleurs, a
assisté au dialogue suivant:
L'ESPRIT. — Rosita!. Rosita!. C'est Terpsi-
chore qui t'appelle!
Mlle MAURI, avec le savoureux accent que l'on
sait. — Et qu'est-ce qu'elle me veut, Terpsi-
chore? Qui est-ce, d'abord?
M. GHEUSI, complaisant. - La Rosita Mauri,
du premier directeur de l'Opéra connu dans
l'histoire, Apollon.
L'ESPRIT. — Souviens-toi. Repens-toi.
Mlle MAURI. — Ah! mon Dieu!. Et de quoi
faut-il que je me repente?
L'ESPRIT. — Tu le sais bien! Repens-toi!.
M. GAILHARD, moitié figue, moitié raisin. —
A votre place, chère Mademoiselle Mauri., je
ne sais pas, moi !. Mais je me repentirais ! C'est
plus sûr.
Et le directeur s'est retiré, grave et
pensif, laissant Mlle Mauri perplexe - un
peu inquiète aussi. *
Est-ce Vestris?. Est-ce un esprit?.
Est-ce un fumiste ?. Comme dit M.
Gailhard, est-ce qu'on sait jamais?
c
onf rères! -
Le directeur d'un infime théâtre
cule se présentait l'autre jour chez le direc-
teur du plus important, du plus grave, du
plus puissant journal du soir.
Intimidé par la majesté du bureau où on
l'introduit et par l'autorité du maître de
céans, le visiteur, qui veut ressaisir son
sang-froid, commence son discours en ces
termes :
— Vous comprenez, nous autres direc-
teurs.
Tout simplement!
A
rthur Maury, qui vient de mourir, ne
fut. pas seulement le premier philaté-
liste de France; ce fut aussi un directeur
de théâtre. Un directeur malheureux, car
il laissa plus de cent mille francs dans le
« Théâtre Séraphin », qu'il fonda voici
quelque dix ans, au bout du passage de
l'Opéra.
Ce n'était qu'un tout petit guignol, mais
un guignol artistique et historique où, à
grands frais, Arthur Maury nous avait don-
né une intéressante reconstitution du poli-
chinelle turc et du gnafron lyonnais.
Pour être de bois, ses artistes, quelques-
uns du moins, lui coûtaient aussi cher
qu'un premier ténor, car c'étaient de véri-
tables pièces historiques qui attirèrent les
collectionneurs, mais le grand public ne
prit pas le chemin du « Théâtre Séraphin »
et son directeur, désabusé, retourna à ses
premières amours, le timbre-poste; plus ré-
munératrices.
T
toutes les années, notre Yvette Guilbert,
qui est bien une des femmes les plus
spirituelles de Fans, donne une représen-
tation au profit des pauvres de la commune
qu'elle habite l'été. Le curé du cru, un
excellent homme, offre une collation à tous
les artistes qui ont prêté leur concours à
l'oeuvre de charité.
La première année, la divette trouva
sous sa serviette un œuf 1 de Pâques dont
l'enveloppe fragile, en se brisant, laissa
tomber dix pièces de vingt francs.
— Ah! Monsieur le curé, fit gaiement
l'artiste, quand vous connaîtrez mieux mes
goûts, vous saurez que j'adore les œufs
à la coque, mais que je n'en mange jamais
le jaune. Permettez-moi de le laisser pour
vos orphelins!
p
|Our l'habit de couleur.
L'idée dé l'habit de couleur fait du
chemin.
Voici la description exacte du costume
que portait, avant-hier, à la Porte-Saint-
Martin, M. Pierre Wolff:
Un habit marron, sans revers, avec un
col en velours ; un gilet de taffetas blanc ;
un pantalon noir ; des bottes vernies mon-
tant jusqu'à mi-jambes et en cuir mou à
partir de la cheville.
C'est, nous déclarait l'auteur du Ruis-
seau, le costume exact de 1830.
Oui, mais dans ce temps-là, on portait
les cheveux longs. -
L
e ruban rouge.
C'est le moment des décorations.
Tous ceux que la fièvre pourpre taquine
font agir leurs influences. Comme toujours,
il y aura beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Parlons de ceux dont la nomination semble
certaine. Il y a M. Jutes Huret, qui fit de
remarquables enquêtes littéraires. Il y a
M. Gabriel Trarieux, qui a de très puis-
santes relations politiques, et dont le père
vient d'avoir sa statue. Il y a M. Max
Maurey, qui, comme auteur, compte au
théâtre les plus brillants succès, et dont
la nomination est désirée par toute la presse
en général et par la presse théâtrale en
particulier.
Les autres? Il y a M. André de Lorde,
adaptateur ingénieux, mais dont il faut at-
tendre une pièce faite sans collaboration.
Il y a M. Maurice Leblanc, le père d'Ar-
sène Lupin. Il y a M. Henri de Gorsse —
et il y a enfin tous ceux qui ne sont pas
décorés!
D
écidément, nos monarques européens
auraient tous les talents. Comœdia si-
gnaJait, il y a quelque temps, ceux qui s a-
donnent de préférence à la musique. Et les
auteurs dramatiques? Se rappelle-t-dh le
Roland que Guillaume II, déjà connu
comme sculpteur, peintre et compositeur
de musique, fit représenter à l'Opéra Royal
de Berlin, en collaboration avec Léonca-
vallo?
Un de nos spirituels confrères conseil-
lait alors à M. Fallières d'écrire une pièce
dont le titre, tout indiqué, serait : Les Ca-
prices de Marianne, Alfred de Musset n'é-
tant plus là pour en contester la priorité.
Le jeune roi d'Espagne aurait alors pré-
paré une grande comédie sensationnelle :
Monteur Alphonse.
Le sultan du Maroc, tiendrait en réserve
un drame que les événements actuels l'em-
pêchent, seuls, de donner à la scène :
L'Autre Tanger.
A quand la première?
H
ier, a la répétition générale de
L'Autre, un personnage, grand, fort,
très distingue, se prodiguait dans les cou-
loirs. Galant, gracieux et empressé auprès
des dames, on le vit tour à tour adresser
quelques mots à l'une des plus éminentes
comédiennes de la maison, saluer d'un sou-
rire une jeune ingénue, serrer la main à
M. Dujardin-Beaumetz, puis accueillir
dans sa baignoire deux actrices en vogue.
L'une triomphe en ce moment dans un
théâtre du boulevard, l'autre faillit créer
au Vaudeville un succès récent.
Et, pendant toute la représentation, le
grand-duc Alexis, car c'était lui, conversa
bruyamment avec ses jolies invitées.
La Comédie-Française n'est-elle pas, sui-
vant la formule, le dernier salon où l'on
cause!
L
'auteur! L'auteur!
1 Quand reclama-t-on l'auteur, pour la
Hfemièrç..*9.13 ma-.*setne^iwçais^
après un vif succès? --.
D'après des documents précis, cette cou-
tume paraît remonter à la première repré-
sentation de Mérope (26 février 1743).
Mlle Dumesnil, à qui Voltaire attribue la
plus grande part du succès, « fit pleurer
le public pendant trois actes ». Le parterre
réclamant l'auteur à grands cris, celui-ci,
qui s'était caché dans quelque recoin du
théâtre - cela arrive encore - fut mené
de force dans la loge de la maréchale de
Villars.
Le public enthousiasmé 'cria à la du-
chesse, belle-fille de la maréchale, d'em-
brasser Voltaire, ce qu'elle dut faire de-
vant tant d'insistance et sur la prière de
sa belle-mère elle-même. Cela n'arrive
plus.
P
an!. dans le noir!
Le délicieux ténorino Gabriel Mon-
- -
toya n a pas toujours été le hn poete et 1 a-
bondant* dramaturge qu'il s'est révélé de-
puis. Les lauriers plus sanglants du meur-
tre ont, un instant, couronné son front.
Nous n'en voulons pour preuve que les li-
gnes suivantes extraites d'un panégyrique
que lui consacra un de ses biographes au-
torisés :
« Après une pneumonie qui lui valut de
superbes notices nécrologiques et qui lui
coûta son poumon droit, Montoya parcourut
en morticole les deux hémisphères, con-
tracta la fièvre jaune à Cuba, vendit du
café à Haïti, perça de part en part, .dans un
duel à mort, un huissier nègre à Port-au-
Prince. » -
Montoya tuant un huissier nègre d'un
coup d'épée!. C'est ce qu'on peut appeler
de la pénétration européenne!
L
e Comptoir International, 44, Chaussée-
t d'Antin, achète le plus cher de tout
Fans les beaux bijoux ainsi que - uijuux
démodés, et paie les reconnaissances 100
pour 100 et plus. Ne vendez aucun bijou
sans le lui soumettre.
NOUVELLE A LA MAIN
u
n joli mot d'une de nos plus exquises
comédiennes qui fréquentent chaque
jour le Dîner des Théâtres du restaurant
Cha^peaux: ", ,
Ei.é se plaignait de vieillir et d'en-
graisser.
Un sot qui prétend à l'esprit lui dit :
— Que voulez-vous? On ne peut pas
être et avoir été!
— Quelle erreur! répond vivement la
comédienne en souriant d'une façon signi-
ficatIve, On peut avoir été et être un
imbécile.
Le Masque de Verre.
Dernière Heure
Littéraire
Une intéressante nouvelle nous parvient
en dernière heure: -
M. Victorien Sardou a décidé d'assigner
notre confrère Le Matin devant le tribunal
civil de la Seine.
Il entend reclamer à ce journal des dom-
mages-intérêts à raison du préjudice qu'il
a éprouvé par, la Publication du compte
rendu de L'Affaire des Posons AVANT LA
REPRÉSENTATION DE CETTE PIÈCE au théâ-
tre de la Porte-Saint-Martin.
Dans des conditions identiques, M. Sar-
dou a fait autrefois un procès au Gil Blas,
et a obtenu une condamnation à des dom-
mages-intérêts contre ce journal.
THEATRE DE LA PORTE-SAINT-MARTIN
L'Affaire des Poisons
Drame historique en cinq actes
et un prologue, de M. Victorien Sardou
SOMMAIRE
PROLOGUE. - Sur la côte de l'Esterel, près
de l'endroit où le Var se jette dans la mer,
deux forçats, évadés du bagne de Toulon, sont
poursuivis par des paysans. L'un de ces for-
çats, Carloni, est tué d'un coup de jeu. Avant
de mourir, il confesse à l'autre sa participa-
tion dans l'empoisonnement du duc de Savoie,
et le prix qu'il en'a touché, et que cet argent
est caché à Paris, dans le jardin de la Voisin,
devineresse et marchande de poisons. L'homme
qui reçoit cette confidence n'est pas un crimi-
M. COQUELIN Aîné
nelde profession, mais un gazetier, professeur
de belles-lettres et de philosophie, l'abbé Grif-
fard, qui a été condamné aux galères pour li-
bille' satirique. ,
ACTE I. —L'abbé Griffard, rentré à Paris,
vient offrir son secret à La Reynie, lieutenant,
de la police royale. On s'inquiète fort, juste
à ce moment, de nombreuses morts subites,
auxquelle on donne l'empoisonnement pour cau-
se; et l'on est sur la. piste de tentatives que
rêveraient contre Louis XIV en personne les
amis de Fouquet. On apprend, là aussi, que la
Cour est troublée par la lutte de la marquise
de Montespan favorite en train de décliner,
contre Mlle de Fontanges, favorite présente-
ment plus aimée, et surtout contre Mme de
Maintenon, favorite encore secrète, mais en
passe de devenir bientôt la seule triomphante.
On apprend, en outre, que Mlle d'Ormoize, fille
d'honneur de la Fontanges, en est jalouse, à
cause de son amant Hector de Tralage, qui
soupire pour la jeune favorite.
ACTE II. — Chez la Voisin, la devineresse,
viennent successivement, parmi une nombreuse
clientèle, Mlle d'Ormoize, désireuse d'un phil-
tre pour ne pas être délaissée, puis Hector et
d'autres gentilshommes, par curiosité, puis et
surtout la femme dp chambra de la Montes-
pan, annoncant la visite, ce soir, de sa maî-
tresse. Entre temps, y vient aussi l'abbé Grif-
fard, qui a promis à M. de La Reynie la dé-
couverte des empoisonneurs, organisés, pense-
t-on, en bande. Grâce aux confidences de Car-
loni, l'abbé entre tout de suite dans celles de
la Voisin, et il acquiert vite la certitude que
les amis de Fouquet complotent, en effet, d'em-
poisonner le roi. Il feint d'être lui-même un
de leurs suppôts. La Voisin et lui se partage-
ront donc l'affaire, au lieu de se la disputer.
Là-dessus, arrive la Montespan, que la Voisin
décide à célébrer la Messe Noire, pour obte-
nir un philtre, une poudre magique, grâce à
quoi Louis XIV lui reviendra complètement.
Cette poudre sera, sans que puisse s'en
douter la marquise, le poison demandé par les
amis de Fouquet. La Messe Noire est célébrée,
l'abbé Griffard y assistait comme aide, mais
sans savoir qui est la femme masquée de la
Messe Noire.
ACTE, III. — Dans la grotte de Thétis, au
cours d'une merveilleuse fête chez le roi, tan-
dis qu'on écoute la musique de Lulli, l'abbé
Griffard cherche à reconnaître laquelle de ces
grandes dames de la Cour était la femme de
la Messe Notre. Ingénieusement, il y parvient.
Voyant que c'est la marquise de Montespan, il
est épouvanté. Il. n'ira pas plus loin dans ces
recherches dangereuses.- Soudain, Mlle de Fon-
tanges s'évanouit, puis manque de mourir, après
l'absorption de lait glacé. C'est Mlle d'Ormoize
qui le, lui a. fait prendre.- Le soupçon vient à
tous d'un empoisonnement. 'On arrête Ut jeune
fille, qui est innocente. -D'autre part, le bruit
s'est répandu que la - Voisin a été mise à la
Bastille ce matin même et qu'on avait dit chez
elle, avant cet emprisonnement, la Messe Noi-
elle, L'abbé Griffard laisse comprendre à la mar-
re.
quise de Montespan qu'elle était à cette Messe
Noire, qu'il le sait, qu'elle doit proclamer l'in-
nocence de Mlle d'Ormoize, et que, si elle ne
le fait pas, lui-même s'y emptoiera. C'est -la
lutte, à mort, entre cette femme toute puis-
sante : et cet honnête homme, fort de sa seule
honnêteté.
ACTE IV. — Chez M. de la Rèynie iont en
conférence Colbert et Louvois. On y a les
aveux de la bande Voisin, d'oil il ressort, avcc
une probabilité poussant de plus én plus à la
certitude, que la marquise de Montespan a bel
et bien fréquenté chez l'empoisonneuse. et y a
laissé célébrer sur son corps la Messe Noire, :>t
a été, le sachant ou non, la complice des amis
de Fouquet, tandis que Mlle "Ormoize est par-
faitement innocente. Les dëug ministres dis
Mlle GILDA DARTHY
(Clichés Brar^cf}
iu milieu & à gauche: Mlle BERANGERE; à droite : ■ Mlle C., DE RAIS Y; en bas et à gaà*
che: M. LAROCHE; à droite: M. DORIVAL.
grand roi veulent étouffer un pareil scaniàlêf.
ruineux, pensent-ils, pour son prestige. M u s
le roi a demandé à voir lui-même cet ùbbé
Griffard qui connaît tant de choses. Au nom de
la raison d'Etat, les deux ministres demandent,
puis imposent à l'abbé le silence sur re qu'il
connaît, et le sacrifice de MUe d'Ormoize au
présage de la royauté. Au nom de lu illstice¡
l'abbé refuse, et affirme que rien ne t 'obligera
jamais à un pareil sacrifice. Il estime que lé
grand roi sortira plus grand de cette épreuve,
s'il punit les coupables, quels qu'ils soient, et
fait triompher l'innocence reconnue et procla-
mée.
ACTE V. - Louvois, dans un accès de fureurt
a eu beau donner l'ordre à La Reynie d embas- v
tiller l'abbé Griffard, le lieutenant de police,
honnête homme, a laissé évader l'abbé, qui
s'est réfugié chez Mme de Maintenon. Le roi,
seul en face des procédures et des témoigna-
ges que lui présente La Reynie, souffre et pleu-
re à l'idée que la Montespan a pu être la com-
pliée des gens qui voulaient l'empoisonner. Il
confronte la marquise et l'abbé, sur la question
de savoir si elle a vraiment assisté à ta Messe
Noire chez la Voisin. Elle nie. L'abbé ùffirne.
Comment décider entre les deux?-Mais l'.:,bbJ
a en réserve une preuve décisive. "La Montes-
pan ne voulait de la Voisin qu'un philtre pOU'
retrouver l'amour du roi. Or, on lui a fait
verser dans la tisane. du roi une poudre qui
n'est pas ce philtre, mais bien un poison mor-
tel. Cela, elle l'ignore. L'abbé le lui révèle.
Si l'abbé a menti jusqu'alors, la pouarc ist
sans danger, et le roi peut boire cette potion.
Qu'il la boive donc! Mais nonl La Montespan,
qui ne veut pas la mort de son royal amant sel
jette au-devant du geste qu'il fait pour boire,
et l'en empêche. C'est avouer qu'elle a mi,
une poudre dans la potion, et qu'elle était la
cliente de la Voisin, complice inconsciente des
amis de Fouquet, mais coupable quand même,
tandis que Mlle d'Ormoize est innocente ue
tout. Une grande et capitale scène a lieu entra
le roi et la marquise, où ils se jettent au visage
toutes leurs rancœurs. La marquise en u,rt
avec la certitude dtêtre vaincue définitiv ment.
mais d'avoir sauvé la face; car le roi étonfirrà
sûrement le scandale. D'autre part, le wi se
montrera le grand roi, en rendant justice. MUe
d'Ormoize sera proclamée innocente et donnée
en mariage, avec une belle dot, à Hector. Quant
à l'abbé Criard il reste le seul témoin de
toute la vérité; mais il déclare avoir oubli,, tout.
Il prendra une retraite bien gagnée à la Biblio-
thèque royale ou le roi lui offre une place. Et,
en attendant, il s'assied, las de s'être dépensé
si généreusement, et heureux de ne l'av nr vas
fait en vain, et il pousse un gros ouf de soula*
gement.
Je ne ferai certes .pas comme lui ; cai.
je ne me sens nullement las d'avoir ra-
conté tant bien que mal cette histoire.
fût-ce à la triple galopade. Même ainsi
résumée, presque en petit nègre, e* d.tiis
ce triste noir-sur-blanc qu'est la copie,
cette histoire m'a encore amusé ci furne
si je la revoyais se dérouler dans let ça-
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