Titre : Comoedia / rédacteur en chef : Gaston de Pawlowski
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-10-02
Contributeur : Pawlowski, Gaston de (1874-1933). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32745939d
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 02 octobre 1907 02 octobre 1907
Description : 1907/10/02 (A1,N2). 1907/10/02 (A1,N2).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7645300j
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-123
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/04/2015
Première Année. — N° 2.
&e Numéro : 5 centimes
- , A i
t
Mercredis Octobre 1907.
1
rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
-
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA*PARÏS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements ; 24 fr, 12 fr.
Étranger 40 0 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
$7* Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA. PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN e mole
JParis et Départements -24 fr. 12 fr.
@ Ëtranger.. o t, 40 » 20 e
i
Napoléon
au théâtre
(SOUVENIRS)
Le vent de démence, non seulement
antimilitariste, mais antipatriotique, qui
souffle, depuis quelque temps, et qui
fait tourner comme des girouettes cer-
taines têtes peu solides, n'a guère at-
teint le théâtre. Les plis rigides du ri-
deau d'avant-scène n'ont point bougé,
malgré sa violence, et les pièces les
plus parisiennes sont demeurées, à ce
point de vue, en dehors de l'actualité.
Que M. Hervé, le professeur de lâ-
cheté qui invite les soldats à planter le
drapeau du régiment dans le fumier des
casernes, puisse tirer de sa rhétorique
au picrate des succès de réunion publi-
que, les jours de meeting révolution-
naire, je n'en disconviens pas. Mais, sur
les planches, ses théories abominables
— et d'ailleurs absurdes — auraient
toutes les chances d'être outrageuse-
ment sifflées.
A peine quelques exceptions à cette
règle : un public spécial a, cet hiver,
applaudi une pièce pittoresquement in-
titulée Biribi, où, sous prétexte de pro-
tester contre certains excès de sévérité
commis dans les compagnies de disci-
pline, on nous montrait — que dis-je?
— on nous proposait en exemple des
soldats couchant en joue leurs officiers.
Car il n'est pas douteux, n'est-ce pas,
qu'un homme qui porte des galons sur
sa manche et Quelquefois la croix
d'honneur sur sa poitrine ne peut être
qu'un misérable, tandis qu'un mauvais
troupier condamné pour des « farces »
souvent sinistres est, assurément; une
victime contre qui s'est liguée la société
toute entière. Mais, passons.
En somme, le théâtre contemporain
n'est pas antimilitariste. Si l'on se re-
porte aux productions de ces vingt der-
nières années, on constate, au contraire,
une affluence singulière de pièces mar-
tiales. Jamais, peut-être, on ne s'y oc-
cupa davantage de l'empereur Napo-
léon et de son extraordinaire épopée.
Jamais les ouvrages restituant des scè-
nes de cette époque n'obtinrent plus de
succès.
- Aax heures sans gloire que nous vi-
vons, je trouve cela consolant, je
l'avoue, et ce n'est pas le ridicule dé-
dain de quelques snobs qui m'influen-
cera.
*
L'Epopée impériale! On sait la place
énorme qu'elle occupe dans la littéra-
ture du XIXe siècle. L'histoire, la poé-
sie en ont nourri leurs pages les plus
émouvantes.
Au lendemain de la chute du titan
foudroyé, c'est, d'abord, un silence de
tombeau. Pas un mot, pas une allusion.
Il semble qu'une menace suprême
plane sur la pensée française, si redou-
table que personne n'ose parler. Hier
tout puissant, Napoléon, aujourd'hui,
n'existe plus, n'a même jamais existé!
Ses soldats, ses victoires et le tumulte
de ses armes à travers l'Europe, ses ai-
gles planant sur les capitales, les rois
tremblants, l'oreille au guet, dans l'ef-
froi d'entendre le galop de son cheval,
les peuples, tremblants aussi, mais d'es-
poir, prêts à l'acclamer, rien de toui
cela n'exista. La Restauration avait
biffé ce chapitre de l'histoire de France
et enfoui le prodigieux trésor de gloire
que nous avait légué le Maître des ba-
tailles.
Puis, brusquement, après la révolu-
tion de 1830, une explosion se produit.
Ah! ce que l'on se venge du silence, de
[ la contrainte imposés! On ne parlait
| que de Lui. On ne parlera plus que de
Lui. La veille, le directeur qui se serait
hasardé à revêtir l'un de ses pension-
naires du traditionnel uniforme des
chasseurs de la Garde aurait échangé
r sans doute son fauteuil contre je ne sais
t quel escabeau dans une prison. Aujour-
u nui, le grand acteur Frederick Le-
Maître porte la redingote grise dans un
drame d'Alexandre Dumas, œuvre bâ-
clée, improvisée, mais où l'on trouve
encore bien des scènes pittoresques, et,
çà et là, de puissants effets de théâtre.
Le drame ne suffit pas. Le vaudeville
va s'en nl'ler- Déjazet, la piquante et
spirituelle Déjazet, qui conquit et laissa
unse si persistante réputation et excellait
dans les roles travestis, représente un
jour — un soir, plutôt - Bonaparte à
Brienne, le jeune Bonaparte préludant
à ses batailles futures par des combats
à coup de boules de neige entre éco-
tiers.
Par un artifice audacieux — mais le
Ihéâtre n'est-il pas le lieù de tous les
subterfuges? - 1 auteur supposait le
jeune, Bonaparte en possession des se-
Prtts de son avenir, et l'enfant prodi-
gieux, penché sur une carte de la Haute
kalie, désignait à ses camarades les
points où il triompherait plus tard
quand il serait général en chef, leur
mOntrait Lodi, Arcole, Rivoli, Millesi-
41(), et songeant aux ennemis qu'il au-
rait à vaincre, posait son doigt sur la
Çûrte, tout en chantant ce refrain :
Je les battrai là,
U» là, là!
Le ridicule de cet enthousiasme de
titis n'échappe plus à personne. Mais à
de certains moments, les grandes cho-
ses ont une si puissante influence sur
l'âme humaine qu'elles submergent
tout.
Dans un autre vaudeville : M. Morin
ou le Curé patriote, un digne ecclésias-
tique, insulté par de jeunes étourdis,
provoquait l'un d'eux, et sur le lieu du
duel, retirant sa soutane, apparaissait
revêtu de l'uniforme de capitaine des
dragons de la Garde impériale, décoré
de la Légion d'honneur et, toujours
dans un couplet, légitimait sa transfor-
mation par ces deux vers :
Ayant servi Napoléon.,
Je n'ai voulu que Dieu pour maître !
Le gouvernement de Juillet, qui cher-
cha un élément de popularité dans le
souvenir des gloires impériales, qui ré-
tablit au sommet de la colonne Ven-
dôme l'image en bronze de l'homme
au petit chapeau et ramena solennelle-
ment aux Invalides le cercueil dé
Sainte-Hélène, vit avec complaisance
cette floraison de littérature tricolore.
Au théâtre, ce genre de pièces pul-
lula. Un acteur du nom de Gobert se
fit une réputation et la maintint pen-
dant longtemps sur la scène, sans repré-
senter un autre personnage que l'Em-
pereur. Il est vrai qu'il réalisait ex-
traordinairement, au physique, son hé-
roïque modèle.
Est-il besoin de dire qu'après la
tourmente de 48, lorsque le prince
Louis-Napoléon devint président de la
République, puis empereur, le théâfre
bonapartiste obtint tous les encourage-
ments du pouvoir. Ce furent alors, sur
ce boulevard du Temple, où sept ou
huit théâtres se coudoyaient, les beaux
jours du Cirque Olympique, transformé
en Cirque Impérial, subventionné par
l'Etat et qui avait pour but et pour pro-
gramme de monter des pièces militai-
res.
Je me le rappelle, ce Cirque Impé-
rial. J'y suis allé dans mon enfance; et
j'en garde encore un souvenir précis.
Oh! les glorieuses fins (d'actes, quand
nos soldats victorieux défilaient, après
la bataille, dans le roulement des tam-
bours et dans le fracas enivré des mu-
siques militaires, devant le général
d'Arcole ou des Pyramides, le Consul
de Marengo ou l'Empereur d'Auster-
lilz, et quand la salle du théâtre*-même
après la chute du rideau, restait obscur-
cie par la fumée de la poudre et im-
prégnée de son odeur belliqueuse!
Sans doute, les ouvrages que l'on y
offrait au public manquaient de littéra-
ture, mlais ils ayaient le mérite de don-
ner aux spectateurs une idée assez
exacte dç la formidable chevauchée que
la France accomplit à travers l'Europe,
chevauchée qui porta non seulement la
bravoure, \mais les idées françaises aux
quatre coins de notre vieux monde.
Ainsi, cet art rudimentaire — non
sans analogie avec l'imagerie d'Epinal
— fut, un instant, comme une sorte de
cours populaire où la foule applaudis-
sait — et avec quel enthousiasme! —
le commentaire animé des plus glorieu-
ses pages de notre histoire contempo-
raine. 1
La personne de l'Empereur se trou-
vait naturellement mêlée à l'action ima-
ginée par l'auteur, mais, toujours, d'une
façon épisodique. Dans tous les cas, on
avait soin de choisir les paroles qu'il
prononçait parmi Celles dont la chroni-
que s'était emparée. Les actes mêmes
qu'il accomplissait n'étaient jamais in-
ventés à plaisir, mais exacts, histori-
ques ou, tout au moins, consacrés par
la légende. Par exemple, il montait la
faction du soldat endormi, saluait le
convoi des prisonniers de guerre, ti-
rait l'oreille d'un vétéran en lui remé-
morant quelque rencontre en Italie ou
en Egypte, décorait sur le champ de ba-
taille le plus brave — c'était assurément
le jeune premier — ou donnait l'ordre
de fusiller le traître.
Depuis lors, les dramaturges en ont
pris certes plus à leur aise. Victorien
Sardou, notamment, dans sa Madame
Sans-Gêne, qui est une très amusante
et pittoresque comédie, nous montra,
sans vergogne, Napoléon se disputant
en patois corse avec ses sœurs ou se
colletant avec Nieperg, à la porte des
appartements de Marie-Louise.
Plus naïfs, plus respectueux et, di-
sons-le, d'un patriotisme plus scrupu-
leux, les « fournisseurs » du Cirque
Impérial se seraient bien gardés de trai-
ter le grand homme aussi légèrement.
A mon avis, ils n'avaient pas tort et,
d'ailleurs, le public de l'époque ne l'eût
pas toléré.
Voici les titres de quelques-unes de
leurs pièces les plus applaudies :
Les Premières pages - d'une grande
histoire. — Murât. — La République,
l'Empire et les Cent Jours. — Masséna
ou l'Enfant chéri de la victoire, 'et, par-
ticulièrement, un drame de d'Ennery
dont les représentations furent très nom-
breuses, Y Histoire d'un drapeau.
L'une de ces pièces — je ne peux
plus dire laquelle — - se terminait par
un dernier tableau qui m'émut, alors,
profondément. Gloire, victoire! Tel
avait été le refrain de la soirée. Mais
l'orchestre commençait à exécuter tout
à coup, sur le mode mineur, une sorte
de marche funèbre, tandis que, lente-
ment, le rideau se levait laissant- voir
le paysage affreux et désolé de Sainte-
Hélène. Au premier plan, un soldat an-
glais, l'arme au bras, promène sa fac-
tion du côté cour au côté jardin et vice
versâ. Au fond, la maison de Long-
wood, d'où ne tardait pas à sortir l'Em-
pereur, tête basse, absorbé dans une
rêverie farouche. Descendant vers
l'avant-scène, il allait disparaître * dans
la coulisse, quand le soldat rouge bar-
rait bruquement le chemin à sa mélan-
colique promenade, baïonnette croisée.
Et la toile tombait.
Pas une ligne de texte, pas un mot!
Rien que ce geste outrageant et brutal.
Un caporal anglais lui disait: Halte-
là! a écrit Victor Hugo.
C'était comme la * matérialisation de
ce vers fameux. Et c'était poignant.
Le comique avait aussi sa part dans
ces scènes où circulaient les grognards
mâchant des jurons, les conscrits aux
mines de jocrisse, les belles cantinières
aux propos grivois.
L'un des bouffons les plus fêtés par
les habitués du Cirque se nommait Col-
brun. Figurant une sentinelle perdue,
pendant la retraite de Russie, au milieu
des neiges, sous un ciel lugubre, il se
trouvait surpris et environné par un
parti de cavaliers cosaques. L' of ficier,'
le sabre haut, le sommait de se rendrè.
Il fallait entendre alors Colbrun s'écrier
avec l'accent le plus pur — je veux dire
le plus canaille — des faubourgs pari-
siens, tandis qu'il esquissait les gestes
de l'escrime à la baïonnette : « Me ren-
dre? Si j'étais lé général Cambronne, je
sais bien ce que je vous répondrais ! »
Cet anachronisme outrancier et, sur-
tout, la voix traînante de l'acteur ne
manquaient jamais de produire un ef-
fet de fou rire qui entraînait la salle
entière.
J ai cite le nom de Gobert, tout à
l heure, en parlant des- comédiens dont
le physique se prêtait à l'incarnation de
la figure impériale. Il eut un successeur,
Maurice Coste. Mais, plus près de nous,
il faut mettre hors 'de pair un véritable
artiste de qui les créations sont encore
présentes à la mémoire d'un grand
nombre de nos contemporains. Je veux
parler de Taillade, qui débuta au Cir-
que Impérial. Quelle silhouette- il des-
sinait du Général ou'dû Consul. Et même
dorscfu'il endossait le vaste gilet @- blanc
de Wa'gram et nous montrait l'Empe-
reur engraissé, il se grimait, se « rem-
bourrait » sî "habilement "qu'il demeu-
rait encore d'une ressemblance frap-
pante. -
C'est lui qui me éonta naguère la tou-
chante anecdote par laquelle je veux
terminer: ces lignes : -
Dans sa jeunesse, beaucoup d'an-
ciens soldats de Napoléon, qu'il repré-
sentait déjà à la - scène, vivaient encorfe.
Ceux dont le passage dans la Grande
Armée datait. des dernières fournées
étaient demeurés robustes.-Or, le jeune
comédien s'était aperçu que, parmi les
figurants, certains soirs, se trouvaient
des visages inaccoutumés, ;des mousta-
ches militaires, ,des regards pétillants
d'enthousiasme et de fierté. Avec quel
entrain, quelle conviction ces figurants
remplissaient leur emploi ! Intrigué,
Taillade s'enquit auprès du régisseur et
apprit que ces braves gens avaient
servi autrefois sous les aigles et qu'ils
venaient là pour avoir l'occasion de re-
vêtir leur ancien uniforme et de crier
une fois de plus: i< Vive l'Empereur!
François COPPÊE.
Nous publierons demain une nouvelk
de
PAUL DOLLFUS.
Idées lumineuses. — Tous ceux
qui, sans être critiques de métier, ont
cependant pour habitude de suivre
attentivement les manifestations théâ-
trales, savent fort bien qu'il est, dans le
dénouement de toute œuvre dramatique,
un moment véritablement angoissant
pour le spectateur.
C'est celui où l'on se trouve brusque-
ment placé entre le désir d'entendre le
dernier mot de la pièce et celui de re-
trouver son parapluie au vestiaire.
Je ne comprends même pas que la
plupart des auteurs n'aient pas pris de-
puis longtemps l'habitude de faire pro-
noncer les paroles solennelles et définiti-
ves cinq minutes avant la fin du dernier
acte, et de terminer leur pièce par quel-
ques coupures prises au hasard dans le
Bottin des départements. Personne ne
s'en apercevrait et l'audition intégrale de
l'œuvre s'en trouverait sauvegardée.
Cette triste situation résulte, on le
sait, de l'extraordinaire difficulté que
l'on éprouve dans nos théâtres à réas-
sortir le petit carton que l'on possède à
son petit frère que détient l'ouvreuse,
ainsi que cela se pratique dans certains
jeux de salons entre dames et saint-
cy riens.
Perdu dans la foule, on se croirait vo-
Jçntters devant une loterie de la, foire
de Neuilly au moment où la grosse dame,
tenant plantés sur ses doigts vingt-qua-
tre cartons graisseux, s'apprête à décer-
ner à l'heureux gagnant le lapin vivant
ou le vase en sucre de pomme.
Nos amis bruxellois du théâtre des Ga-
leries - car c'est du Nord que nous vient
la lumière en matière de vestiaire — se
sont décidés à apporter sur ce point une
amélioration particulièrement heureuse
et pratique.
Leur vestiaire est partagé en trois par-
ties éclairées par des lampes électriques
de couleurs différentes et le specta-
teur, suivant la couleur de son carton,
réclame, sans hésitation possible, ses ef-
fets qui nagent dans le rouge, dans le
vert ou dans le bleu. C'est simple et
cela ne coûte: que quelques ampoules —
des ampoules électriques s'entend — qui
n'exigent pour naître aucun effort ma-
nuel.
Je crois que, pour une somme mo-
deste, un directeur de théâtre pourrait
aisément se créer, à Paris une intéres-
sante petite popularité en adoptant cette
simple mesure.
Il serait toujours temps, pJ.ui., tard.,,
de l'étendre à l'intelligence même de la
pièce et, par un jeu de lumière appro-
prié, de faire comprendre aux specta-
teurs primitifs que tel passage souligné
de vert doit être pris dans le sens hu-
moristique, et tel autre, souligné de
rouge, dans le genre mélodramatique.
Cela nous éviterait,, comme cela n'ar-
rive que trop souvent, hélas! de voir
des spectateurs rire aux larmes au mo-
ment.d'un assassinat ou se mettre à pleu-
rer lorsqu'on leur fait entendre un mot
d'esprit. — G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, aux Nouveautés, première
représentation de Cabotine.
Nos -grands tribuns, nos orateurs les
J~L plus en vedette, ceux du barreau,
comme ceux des Folies-Bourbon, ne se dé-
sintéressent, un instant, des luttes de la
barre ou du forum, que pour les choses
du théâtre. Très bien!
Parmi les grands maîtres de l'Université
qui se sont succédé, rue de Grenelle, de-
puis trente ans, Jules Ferry; René Goblet,
*
-
i Au Royalty - Theater
i —
L'influence de l'entente cordiale amène pour deux mois
à Londres une pleïade d'artistes français
Indéniablement, la fameuse entente cor-
diale conquiert tous les terrains. Après la
politique, l'art, et voici que débute aujour-
d'hui, à Londres, une troupe française qui,
au Royalty-Theater — dont M. Gaston
Mayer est le Claretie — donnera, durant
» -,-
Mlle RENÉE VILLARS Mlle CÉCILE DIDIER
deux mois, plusieurs pièces d'un répertoire
bien parisien.
Cette troupe, dont M. Henry Beaulieu est
le très habile administrateur et metteur en
scène, se compose de M. Le Bargy, qui va
se produire dans le Duel, le Gendre de M.
Poirier et le Marquis de Priola ; de notre
collaborateur Galipaux, qu'on verra dans le
Contrôleur des Wagons-Lits, la Famille
Pont-Biquet, JUédoT, Champignol; de Mlle
Thomassin, dans Margot, Pépa, Madame-
Flirt.
A côté de ces noms, citons Mmes Irma
Perrot, des Capucines; Franquet, de l'O-
déon; Cécile. Didier, de l'Odéon; la déli-
cieuse Mauricette, de Jeunesse, qui se fit
si justement applaudir dans Psyché, Glati-
gny, etc.; Fonteney, du Gymnase; Renée
Villars, du Vaudeville, qui fut la charmante
pensionnaire de Réjane, avec Heureuse, du-
rant deux ans; de Decken, Cabanel, Guéret,
Bertal, etc. MM. Marquet, de l'Odéon ; La-
mothe, des Bouffes; Lambert père, de l'O-
déon; Beaudoin, de l'Athénée; Collen, du
Gymnase, etc.
Rouzier-Oorcières.
Berthelot, l'illustre. chimiste, ne fréquen-
taient pas les coulisses de l'Opéra ou de
la maison de Molière. Ils étaient austères
comme des jansénistes. Très mal!
M. Charles Dupuy et M. Emile Combes
se bornèrent à assister à quelques premiè-
res, là-bas, en Odéonie.
Par contre, M. Georges Leygues daigna
sourire à de simples coryphées, légères
comme des fauvettes d'Afrique.
Disséminé parmi les abonnés de l'Opéra,
barbes vénérables ou moustaches naissan-
tes, l'on vit, particulièrement, M. Edouard
Lockroy, oublier la danse de Saint-Guy et
féliciter, avec esprit, Rosita Mauri, à la
grande joie de feu Antonin Proust, qui avait
été surintendant des Beaux-Arts et connais-
sait tous les méandres et toutes les sinuosi-
tés des coulisses de nos théâtres nationaux.
Notre actuel ministre, M. Aristide Briand,
souple et svelte, assiste souvent à quatre re-
présentations dans la même soirée. C'est un
record.. < »
s
ouvent femme varie.
Mme Réjane avait promis de faire
succéder à Raffles, la comédie tirée par
M. Vanderem des archives de M. Lenôtre,
la Timbale. -
Or, elle jouera le drame tiré par M. De-
courcelle du roman de Mme Mathilde Serao,
Après le Pardon.
Pourtant, on ne saurait accuser M. Van-
derem d'exigeancôs intransigeantes, - com-
me certains l'ont prétendu, puisque après
avoir demandé, pour le principal rôle, un
comique violent, genre Baron, il a télégra-
phié à Mme Réjane ces jours-ci: « Enga-
gez n'importe qui, mais jouez notre pièce. »
u
ne actrice d'imitation, encore jeune
et déjà insupportable, Miss Alice
rierce, qui se donne beaucoup de mal sans
réussir à dégeler le public anglais, fait pla-
carder, à la porte du théâtre où elle opère,
d'impressionnantes affiches informant les
foules, en caractères énormes, qu'elle fut ja-
dis blessed (bénie) by Madame Bernhardt.
A cette bénédiction, notre glorieuse com-
patriote ajouta une prédiction. Les affiches
assurent qu'elle aurait dit : « Mlle Pierce
aura du génie. » -» v
Ne forçons point notre talent. Comme ar-
tiste, Sarah Bernhardt est inattaquable;
comme diseuse de bonne aventure, il y a
mieux.
L
a Timbale est la pièce de MM. G. Le-
nôtre et Fernand Vandérem que de-
vait jouer Rejane dans quelque temps, après
Rafles, qui tient encore l'affiche. ,
Le eonununiqjié Q~~L.a~-oincieu~ a
raconte que Réjane renonçait à jouer la
Timbale, faute d'une interprète.
Ce communiqué est incomplet r c'est
« faute d'une interprète qui a ri ou sim-
plement souri » que la Timbale a été remise
aux calendes grecques.
Au surplus, voici l'histoire:
La scène représente. la scène du Théâ-
tre-Réjane.
En rond sont les futurs interprètes de la
Timbale; sur un bon fauteuil réside Ré-
jane; devant une table sont. arc-boutés MM.
Lenôtre et Vandérem avec leur manuscrit.
L'un des auteurs lit le premier acte.
Silence glacial!
Il lit le second acte.
Silence de mort !
Il lit le troisième, le quatrième. Mêmes
effets de morne tristesse.
Réjane alors, de son ton le plus affable,
dit aux deux auteurs ces simples mots :
— Vous voyez, Messieurs.
Puis, elle disparaît avec eux dans sa
logo; Quand ces messieurs ressortirent,
leur pièce était ajournée.
Ils vont y travailler à nouveau; et ce
qui est différé ne-sera pas perdu.
01
n connaît, au théâtre, cette chose mer-
veilleuse qui s'appelle : « Le Regis-
tre de Lagrange », tellement merveilleuse
que la Comédie-Française la jugea digne de
la grande publicité en décidant de son im-
pression.
Ce qu'on connaît moins, c'est, dans le
même genre, les mémoires des braves et
honnêtes régisseurs dont trois manuscrits
— trois — sont déposés à la Bibliothèque
historique de la Ville de Paris.
Il y a quelques jours, il nous était donné
de feuilleter l'un d'eux: celui d'un incon-
nu - le pôvre — qui fut régisseur à
l'Ambigu, de 1871 à 1873, sous la direc-
tion de l'harpagonnesque Billion.
Ce brave régisseur écrivait, sans aucun
artifice de style, mais avec une conscience
à laquelle il faut rendre hommage, ces mots
textuels :
— « 9 janvier 1872. M..Alexandre, chef
des comparses, qui riait en entrant en scè-
ne, a été atteint d'une congestion cérébrale
à neuf heures du soir. Pas de médecin de
service dans la salle. On a pris le bran-
card de la mairie pour transporter M.
Alexandre à son domicile, »
Et le lendemain, qui était la centièni î de
VArticle 47, de Belot, on lit sur les tablet-
tes de l'honnête régisseur:
— « Avec l'autorisation de M. le 1 ■
teur, Mmes Rousseil, Thaïs Petit, ¡',';;;;Z¡r:: „
Grandet, Marie Leroux, accompagnées de
MM. Régnier, Pàui Clèves, Vollet et Mau-
gin, font, dans la salle, au profit de la fa-
mille de M. Alexandre, une quête qui rap-
porte 352 francs. »
L
imprésario Baret prépare un réet de
f ses campagnes théâtrales. Il l 'isite
entre deux titres : C/est ma « tournée '), Ott
encore : Cabotinage au long cours.
J
amais on n'a tant parlé de langues étran
- gères que cette année sur les 5 es
londoniennes.
Au Gaiety Theater, The Girls of G' iten-
berg servent de prétexte à une avalnche
de phrases allemandes où règne le barba-
risme, où le solécisme s'ébat en neutre-.
Il faut entendre la jolie Mây de Souza
chanter « Meine Kleine Moedel» avec une
voix au-dessus de tout éloge (et du ton).
Au Daly, The merry Widow triomphe,
après avoir fanatisé l'Allemagne; vous la
verrez peut-être à Paris, mais, hélas, expur-
gée des couplets invraisemblables où ar
personnage qui se targue d'être « Quite
Parisian », vante tous les mérites de nos
grands restaurants: ",
A Paris, I can eat
A la mode petite marmite
Bœuf à la Chicago
Suprême de veau
And that lovely stuff
Tarte à la pomme de truffe.
Après les satisfactions de l'estoma". cel.
les du cœur. Il est question d'une i résis..
tible lady de chez Maxim:
So chic and dernier cri
Kicking up lingerie. ;
Quite épatant, Hé what ? *;
C'est joliment cocotte l
Tels sont les résultats de ce que h ; Al-
lante Gartie Millar dénomme judic se-
ment « l'ongtonte cordial ».t f
Quant aux soupeuses parisiennes, Loîc.
Joujou, Dodo, etc., elles détaillent quel-
ques vers savoureux, toujours en fn .1çais,
si j'ose m'exprimer ainsi: -
Hé ! voilà qu'elle est si belle,
Ritantou, ritantourelle 1
La plus belle de Paris
Ritantou, ritantouri l
On voit tout de suite que la confection
d'une poésie (?) de cette espèce r'exige
pas une dépense cérébrale bien considéra-
ble. Si j'essayais. |
-a- * A Paris comme en province
Ritantou ritantoufince
Chacun lit Comœdia,
Ritantou, ritantouria 1
L
es amendes.
On peut relever au tableau 3 ser-
vice a un établissement de la rive gai ne
« M. G., un franc d'amende.
A donné, pendant la répétition, un coup
de pied dans le trou du souffleur, ce qui
l'a fait fermer! »,
Et cet autre, dans un concert de Mon
martre :
« Mlle H., deux francs d'amende ,
A manqué le cours facultatif du lui Ji i
J8»
Oui, nous savons tous qu'il est er endtt
que les pianos à queue coûtent to jour.r,
très cher et ne sont pas toujours j'une
sonorité parfaite.
C'est pour cela que MM. Couesr. n er
Cie, 94, rue d'Angoulême, se sont déci
dés à nous doter d'un instrument parf. iî
Du reste Comœdia qui s'y connaît ï ::..,
empressé de leur en commander un • ik
ses salons de réception.
Les artistes qui appartiennent à ut*
opposé au mien sont toutes d'ado t'i«-
femmes, mais ce n'est pas leur faire .)Un
que d'avancer qu'en matière de méc. niqin
automobile, elles n'y entendent rien.
En revanche, dès qu'elles sont sur l
pitre des carrosseries, elles devienne!
péfiantes d'ingéniosité, de goût parfa
premier désir qu'elles affirment est :
— Je veux une carrosserie signée Vé-
drine.
Ah, oui! qu'elles s'y connaissent! Apr :.
tout, c'est peut-être parce que dans c >.r-r.
serie, il y a rosserie' j
Passant près de Belle-Ile, une jeune
de Sarah entend soudain la voix d'
l'Enchanteresse. f *
Elle court et se trouve en face d'un -
Phono ! v*
Seule, la marque bleue peut réalis v
tel prodige.
Le Masque de Ver"'et
Comédie=Française f
*
L'AMOUR VEILLE
Comédie en quatre actes
de MM. Robert de Fiers ô G. A. de Caillavet
Ce fut, devant le public des premiè-
res, et sans l'ombre d'un doute cela res-
tera, devant le public, un très gros suc-
cès.
Il sied d'en féliciter la Comédie, qui
n'a pas eu assez de chances la saison
passée, et qui a besoin de prendre quel-
ques heureuses revanches cette saison.
Avec deux bons départs en moins d'un
mois, la voilà qui semble, comme eût dit
Sarcey, vouloir marcher du pied gau-
che dans la série des vaches crasses.
C'est une série dont ne sont jamr*b
sortis les auteurs de l'Amour veille: et
ils méritaient bien que leur continue de as-
cension de victoire en victoire eût pour
plateau suprême celui de l'illusti *
son. Ils sont charmants, spirituel: vin-
pathiques. On est donc très joyaux
leur joie.
Ces constatations faites, et une ':': ;
pièce analysée, peut-être y aura-
de noter quelques aigres féflexic ':n f
tendues, à rencontre de ce joli l
1 w
&e Numéro : 5 centimes
- , A i
t
Mercredis Octobre 1907.
1
rédacteur en Chef : G. de PAWLOWSKl
RÉDACTION & ADMINISTRATION:
27, Boulevard Poissonnière, PARIS
-
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA*PARÏS
ABONNEMENTS :
UN AN 6 MOIS
Paris et Départements ; 24 fr, 12 fr.
Étranger 40 0 » 20 »
RÉDACTION & ADMINISTRATION :
$7* Boulevard Poissonnière, PARIS
TÉLÉPHONE : 288-07
Adresse Télégraphique : COMŒDIA. PARIS
ABONNEMENTS:
UN AN e mole
JParis et Départements -24 fr. 12 fr.
@ Ëtranger.. o t, 40 » 20 e
i
Napoléon
au théâtre
(SOUVENIRS)
Le vent de démence, non seulement
antimilitariste, mais antipatriotique, qui
souffle, depuis quelque temps, et qui
fait tourner comme des girouettes cer-
taines têtes peu solides, n'a guère at-
teint le théâtre. Les plis rigides du ri-
deau d'avant-scène n'ont point bougé,
malgré sa violence, et les pièces les
plus parisiennes sont demeurées, à ce
point de vue, en dehors de l'actualité.
Que M. Hervé, le professeur de lâ-
cheté qui invite les soldats à planter le
drapeau du régiment dans le fumier des
casernes, puisse tirer de sa rhétorique
au picrate des succès de réunion publi-
que, les jours de meeting révolution-
naire, je n'en disconviens pas. Mais, sur
les planches, ses théories abominables
— et d'ailleurs absurdes — auraient
toutes les chances d'être outrageuse-
ment sifflées.
A peine quelques exceptions à cette
règle : un public spécial a, cet hiver,
applaudi une pièce pittoresquement in-
titulée Biribi, où, sous prétexte de pro-
tester contre certains excès de sévérité
commis dans les compagnies de disci-
pline, on nous montrait — que dis-je?
— on nous proposait en exemple des
soldats couchant en joue leurs officiers.
Car il n'est pas douteux, n'est-ce pas,
qu'un homme qui porte des galons sur
sa manche et Quelquefois la croix
d'honneur sur sa poitrine ne peut être
qu'un misérable, tandis qu'un mauvais
troupier condamné pour des « farces »
souvent sinistres est, assurément; une
victime contre qui s'est liguée la société
toute entière. Mais, passons.
En somme, le théâtre contemporain
n'est pas antimilitariste. Si l'on se re-
porte aux productions de ces vingt der-
nières années, on constate, au contraire,
une affluence singulière de pièces mar-
tiales. Jamais, peut-être, on ne s'y oc-
cupa davantage de l'empereur Napo-
léon et de son extraordinaire épopée.
Jamais les ouvrages restituant des scè-
nes de cette époque n'obtinrent plus de
succès.
- Aax heures sans gloire que nous vi-
vons, je trouve cela consolant, je
l'avoue, et ce n'est pas le ridicule dé-
dain de quelques snobs qui m'influen-
cera.
*
L'Epopée impériale! On sait la place
énorme qu'elle occupe dans la littéra-
ture du XIXe siècle. L'histoire, la poé-
sie en ont nourri leurs pages les plus
émouvantes.
Au lendemain de la chute du titan
foudroyé, c'est, d'abord, un silence de
tombeau. Pas un mot, pas une allusion.
Il semble qu'une menace suprême
plane sur la pensée française, si redou-
table que personne n'ose parler. Hier
tout puissant, Napoléon, aujourd'hui,
n'existe plus, n'a même jamais existé!
Ses soldats, ses victoires et le tumulte
de ses armes à travers l'Europe, ses ai-
gles planant sur les capitales, les rois
tremblants, l'oreille au guet, dans l'ef-
froi d'entendre le galop de son cheval,
les peuples, tremblants aussi, mais d'es-
poir, prêts à l'acclamer, rien de toui
cela n'exista. La Restauration avait
biffé ce chapitre de l'histoire de France
et enfoui le prodigieux trésor de gloire
que nous avait légué le Maître des ba-
tailles.
Puis, brusquement, après la révolu-
tion de 1830, une explosion se produit.
Ah! ce que l'on se venge du silence, de
[ la contrainte imposés! On ne parlait
| que de Lui. On ne parlera plus que de
Lui. La veille, le directeur qui se serait
hasardé à revêtir l'un de ses pension-
naires du traditionnel uniforme des
chasseurs de la Garde aurait échangé
r sans doute son fauteuil contre je ne sais
t quel escabeau dans une prison. Aujour-
u nui, le grand acteur Frederick Le-
Maître porte la redingote grise dans un
drame d'Alexandre Dumas, œuvre bâ-
clée, improvisée, mais où l'on trouve
encore bien des scènes pittoresques, et,
çà et là, de puissants effets de théâtre.
Le drame ne suffit pas. Le vaudeville
va s'en nl'ler- Déjazet, la piquante et
spirituelle Déjazet, qui conquit et laissa
unse si persistante réputation et excellait
dans les roles travestis, représente un
jour — un soir, plutôt - Bonaparte à
Brienne, le jeune Bonaparte préludant
à ses batailles futures par des combats
à coup de boules de neige entre éco-
tiers.
Par un artifice audacieux — mais le
Ihéâtre n'est-il pas le lieù de tous les
subterfuges? - 1 auteur supposait le
jeune, Bonaparte en possession des se-
Prtts de son avenir, et l'enfant prodi-
gieux, penché sur une carte de la Haute
kalie, désignait à ses camarades les
points où il triompherait plus tard
quand il serait général en chef, leur
mOntrait Lodi, Arcole, Rivoli, Millesi-
41(), et songeant aux ennemis qu'il au-
rait à vaincre, posait son doigt sur la
Çûrte, tout en chantant ce refrain :
Je les battrai là,
U» là, là!
Le ridicule de cet enthousiasme de
titis n'échappe plus à personne. Mais à
de certains moments, les grandes cho-
ses ont une si puissante influence sur
l'âme humaine qu'elles submergent
tout.
Dans un autre vaudeville : M. Morin
ou le Curé patriote, un digne ecclésias-
tique, insulté par de jeunes étourdis,
provoquait l'un d'eux, et sur le lieu du
duel, retirant sa soutane, apparaissait
revêtu de l'uniforme de capitaine des
dragons de la Garde impériale, décoré
de la Légion d'honneur et, toujours
dans un couplet, légitimait sa transfor-
mation par ces deux vers :
Ayant servi Napoléon.,
Je n'ai voulu que Dieu pour maître !
Le gouvernement de Juillet, qui cher-
cha un élément de popularité dans le
souvenir des gloires impériales, qui ré-
tablit au sommet de la colonne Ven-
dôme l'image en bronze de l'homme
au petit chapeau et ramena solennelle-
ment aux Invalides le cercueil dé
Sainte-Hélène, vit avec complaisance
cette floraison de littérature tricolore.
Au théâtre, ce genre de pièces pul-
lula. Un acteur du nom de Gobert se
fit une réputation et la maintint pen-
dant longtemps sur la scène, sans repré-
senter un autre personnage que l'Em-
pereur. Il est vrai qu'il réalisait ex-
traordinairement, au physique, son hé-
roïque modèle.
Est-il besoin de dire qu'après la
tourmente de 48, lorsque le prince
Louis-Napoléon devint président de la
République, puis empereur, le théâfre
bonapartiste obtint tous les encourage-
ments du pouvoir. Ce furent alors, sur
ce boulevard du Temple, où sept ou
huit théâtres se coudoyaient, les beaux
jours du Cirque Olympique, transformé
en Cirque Impérial, subventionné par
l'Etat et qui avait pour but et pour pro-
gramme de monter des pièces militai-
res.
Je me le rappelle, ce Cirque Impé-
rial. J'y suis allé dans mon enfance; et
j'en garde encore un souvenir précis.
Oh! les glorieuses fins (d'actes, quand
nos soldats victorieux défilaient, après
la bataille, dans le roulement des tam-
bours et dans le fracas enivré des mu-
siques militaires, devant le général
d'Arcole ou des Pyramides, le Consul
de Marengo ou l'Empereur d'Auster-
lilz, et quand la salle du théâtre*-même
après la chute du rideau, restait obscur-
cie par la fumée de la poudre et im-
prégnée de son odeur belliqueuse!
Sans doute, les ouvrages que l'on y
offrait au public manquaient de littéra-
ture, mlais ils ayaient le mérite de don-
ner aux spectateurs une idée assez
exacte dç la formidable chevauchée que
la France accomplit à travers l'Europe,
chevauchée qui porta non seulement la
bravoure, \mais les idées françaises aux
quatre coins de notre vieux monde.
Ainsi, cet art rudimentaire — non
sans analogie avec l'imagerie d'Epinal
— fut, un instant, comme une sorte de
cours populaire où la foule applaudis-
sait — et avec quel enthousiasme! —
le commentaire animé des plus glorieu-
ses pages de notre histoire contempo-
raine. 1
La personne de l'Empereur se trou-
vait naturellement mêlée à l'action ima-
ginée par l'auteur, mais, toujours, d'une
façon épisodique. Dans tous les cas, on
avait soin de choisir les paroles qu'il
prononçait parmi Celles dont la chroni-
que s'était emparée. Les actes mêmes
qu'il accomplissait n'étaient jamais in-
ventés à plaisir, mais exacts, histori-
ques ou, tout au moins, consacrés par
la légende. Par exemple, il montait la
faction du soldat endormi, saluait le
convoi des prisonniers de guerre, ti-
rait l'oreille d'un vétéran en lui remé-
morant quelque rencontre en Italie ou
en Egypte, décorait sur le champ de ba-
taille le plus brave — c'était assurément
le jeune premier — ou donnait l'ordre
de fusiller le traître.
Depuis lors, les dramaturges en ont
pris certes plus à leur aise. Victorien
Sardou, notamment, dans sa Madame
Sans-Gêne, qui est une très amusante
et pittoresque comédie, nous montra,
sans vergogne, Napoléon se disputant
en patois corse avec ses sœurs ou se
colletant avec Nieperg, à la porte des
appartements de Marie-Louise.
Plus naïfs, plus respectueux et, di-
sons-le, d'un patriotisme plus scrupu-
leux, les « fournisseurs » du Cirque
Impérial se seraient bien gardés de trai-
ter le grand homme aussi légèrement.
A mon avis, ils n'avaient pas tort et,
d'ailleurs, le public de l'époque ne l'eût
pas toléré.
Voici les titres de quelques-unes de
leurs pièces les plus applaudies :
Les Premières pages - d'une grande
histoire. — Murât. — La République,
l'Empire et les Cent Jours. — Masséna
ou l'Enfant chéri de la victoire, 'et, par-
ticulièrement, un drame de d'Ennery
dont les représentations furent très nom-
breuses, Y Histoire d'un drapeau.
L'une de ces pièces — je ne peux
plus dire laquelle — - se terminait par
un dernier tableau qui m'émut, alors,
profondément. Gloire, victoire! Tel
avait été le refrain de la soirée. Mais
l'orchestre commençait à exécuter tout
à coup, sur le mode mineur, une sorte
de marche funèbre, tandis que, lente-
ment, le rideau se levait laissant- voir
le paysage affreux et désolé de Sainte-
Hélène. Au premier plan, un soldat an-
glais, l'arme au bras, promène sa fac-
tion du côté cour au côté jardin et vice
versâ. Au fond, la maison de Long-
wood, d'où ne tardait pas à sortir l'Em-
pereur, tête basse, absorbé dans une
rêverie farouche. Descendant vers
l'avant-scène, il allait disparaître * dans
la coulisse, quand le soldat rouge bar-
rait bruquement le chemin à sa mélan-
colique promenade, baïonnette croisée.
Et la toile tombait.
Pas une ligne de texte, pas un mot!
Rien que ce geste outrageant et brutal.
Un caporal anglais lui disait: Halte-
là! a écrit Victor Hugo.
C'était comme la * matérialisation de
ce vers fameux. Et c'était poignant.
Le comique avait aussi sa part dans
ces scènes où circulaient les grognards
mâchant des jurons, les conscrits aux
mines de jocrisse, les belles cantinières
aux propos grivois.
L'un des bouffons les plus fêtés par
les habitués du Cirque se nommait Col-
brun. Figurant une sentinelle perdue,
pendant la retraite de Russie, au milieu
des neiges, sous un ciel lugubre, il se
trouvait surpris et environné par un
parti de cavaliers cosaques. L' of ficier,'
le sabre haut, le sommait de se rendrè.
Il fallait entendre alors Colbrun s'écrier
avec l'accent le plus pur — je veux dire
le plus canaille — des faubourgs pari-
siens, tandis qu'il esquissait les gestes
de l'escrime à la baïonnette : « Me ren-
dre? Si j'étais lé général Cambronne, je
sais bien ce que je vous répondrais ! »
Cet anachronisme outrancier et, sur-
tout, la voix traînante de l'acteur ne
manquaient jamais de produire un ef-
fet de fou rire qui entraînait la salle
entière.
J ai cite le nom de Gobert, tout à
l heure, en parlant des- comédiens dont
le physique se prêtait à l'incarnation de
la figure impériale. Il eut un successeur,
Maurice Coste. Mais, plus près de nous,
il faut mettre hors 'de pair un véritable
artiste de qui les créations sont encore
présentes à la mémoire d'un grand
nombre de nos contemporains. Je veux
parler de Taillade, qui débuta au Cir-
que Impérial. Quelle silhouette- il des-
sinait du Général ou'dû Consul. Et même
dorscfu'il endossait le vaste gilet @- blanc
de Wa'gram et nous montrait l'Empe-
reur engraissé, il se grimait, se « rem-
bourrait » sî "habilement "qu'il demeu-
rait encore d'une ressemblance frap-
pante. -
C'est lui qui me éonta naguère la tou-
chante anecdote par laquelle je veux
terminer: ces lignes : -
Dans sa jeunesse, beaucoup d'an-
ciens soldats de Napoléon, qu'il repré-
sentait déjà à la - scène, vivaient encorfe.
Ceux dont le passage dans la Grande
Armée datait. des dernières fournées
étaient demeurés robustes.-Or, le jeune
comédien s'était aperçu que, parmi les
figurants, certains soirs, se trouvaient
des visages inaccoutumés, ;des mousta-
ches militaires, ,des regards pétillants
d'enthousiasme et de fierté. Avec quel
entrain, quelle conviction ces figurants
remplissaient leur emploi ! Intrigué,
Taillade s'enquit auprès du régisseur et
apprit que ces braves gens avaient
servi autrefois sous les aigles et qu'ils
venaient là pour avoir l'occasion de re-
vêtir leur ancien uniforme et de crier
une fois de plus: i< Vive l'Empereur!
François COPPÊE.
Nous publierons demain une nouvelk
de
PAUL DOLLFUS.
Idées lumineuses. — Tous ceux
qui, sans être critiques de métier, ont
cependant pour habitude de suivre
attentivement les manifestations théâ-
trales, savent fort bien qu'il est, dans le
dénouement de toute œuvre dramatique,
un moment véritablement angoissant
pour le spectateur.
C'est celui où l'on se trouve brusque-
ment placé entre le désir d'entendre le
dernier mot de la pièce et celui de re-
trouver son parapluie au vestiaire.
Je ne comprends même pas que la
plupart des auteurs n'aient pas pris de-
puis longtemps l'habitude de faire pro-
noncer les paroles solennelles et définiti-
ves cinq minutes avant la fin du dernier
acte, et de terminer leur pièce par quel-
ques coupures prises au hasard dans le
Bottin des départements. Personne ne
s'en apercevrait et l'audition intégrale de
l'œuvre s'en trouverait sauvegardée.
Cette triste situation résulte, on le
sait, de l'extraordinaire difficulté que
l'on éprouve dans nos théâtres à réas-
sortir le petit carton que l'on possède à
son petit frère que détient l'ouvreuse,
ainsi que cela se pratique dans certains
jeux de salons entre dames et saint-
cy riens.
Perdu dans la foule, on se croirait vo-
Jçntters devant une loterie de la, foire
de Neuilly au moment où la grosse dame,
tenant plantés sur ses doigts vingt-qua-
tre cartons graisseux, s'apprête à décer-
ner à l'heureux gagnant le lapin vivant
ou le vase en sucre de pomme.
Nos amis bruxellois du théâtre des Ga-
leries - car c'est du Nord que nous vient
la lumière en matière de vestiaire — se
sont décidés à apporter sur ce point une
amélioration particulièrement heureuse
et pratique.
Leur vestiaire est partagé en trois par-
ties éclairées par des lampes électriques
de couleurs différentes et le specta-
teur, suivant la couleur de son carton,
réclame, sans hésitation possible, ses ef-
fets qui nagent dans le rouge, dans le
vert ou dans le bleu. C'est simple et
cela ne coûte: que quelques ampoules —
des ampoules électriques s'entend — qui
n'exigent pour naître aucun effort ma-
nuel.
Je crois que, pour une somme mo-
deste, un directeur de théâtre pourrait
aisément se créer, à Paris une intéres-
sante petite popularité en adoptant cette
simple mesure.
Il serait toujours temps, pJ.ui., tard.,,
de l'étendre à l'intelligence même de la
pièce et, par un jeu de lumière appro-
prié, de faire comprendre aux specta-
teurs primitifs que tel passage souligné
de vert doit être pris dans le sens hu-
moristique, et tel autre, souligné de
rouge, dans le genre mélodramatique.
Cela nous éviterait,, comme cela n'ar-
rive que trop souvent, hélas! de voir
des spectateurs rire aux larmes au mo-
ment.d'un assassinat ou se mettre à pleu-
rer lorsqu'on leur fait entendre un mot
d'esprit. — G. DE PAWLOWSKI.
Échos
Ce soir, aux Nouveautés, première
représentation de Cabotine.
Nos -grands tribuns, nos orateurs les
J~L plus en vedette, ceux du barreau,
comme ceux des Folies-Bourbon, ne se dé-
sintéressent, un instant, des luttes de la
barre ou du forum, que pour les choses
du théâtre. Très bien!
Parmi les grands maîtres de l'Université
qui se sont succédé, rue de Grenelle, de-
puis trente ans, Jules Ferry; René Goblet,
*
-
i Au Royalty - Theater
i —
L'influence de l'entente cordiale amène pour deux mois
à Londres une pleïade d'artistes français
Indéniablement, la fameuse entente cor-
diale conquiert tous les terrains. Après la
politique, l'art, et voici que débute aujour-
d'hui, à Londres, une troupe française qui,
au Royalty-Theater — dont M. Gaston
Mayer est le Claretie — donnera, durant
» -,-
Mlle RENÉE VILLARS Mlle CÉCILE DIDIER
deux mois, plusieurs pièces d'un répertoire
bien parisien.
Cette troupe, dont M. Henry Beaulieu est
le très habile administrateur et metteur en
scène, se compose de M. Le Bargy, qui va
se produire dans le Duel, le Gendre de M.
Poirier et le Marquis de Priola ; de notre
collaborateur Galipaux, qu'on verra dans le
Contrôleur des Wagons-Lits, la Famille
Pont-Biquet, JUédoT, Champignol; de Mlle
Thomassin, dans Margot, Pépa, Madame-
Flirt.
A côté de ces noms, citons Mmes Irma
Perrot, des Capucines; Franquet, de l'O-
déon; Cécile. Didier, de l'Odéon; la déli-
cieuse Mauricette, de Jeunesse, qui se fit
si justement applaudir dans Psyché, Glati-
gny, etc.; Fonteney, du Gymnase; Renée
Villars, du Vaudeville, qui fut la charmante
pensionnaire de Réjane, avec Heureuse, du-
rant deux ans; de Decken, Cabanel, Guéret,
Bertal, etc. MM. Marquet, de l'Odéon ; La-
mothe, des Bouffes; Lambert père, de l'O-
déon; Beaudoin, de l'Athénée; Collen, du
Gymnase, etc.
Rouzier-Oorcières.
Berthelot, l'illustre. chimiste, ne fréquen-
taient pas les coulisses de l'Opéra ou de
la maison de Molière. Ils étaient austères
comme des jansénistes. Très mal!
M. Charles Dupuy et M. Emile Combes
se bornèrent à assister à quelques premiè-
res, là-bas, en Odéonie.
Par contre, M. Georges Leygues daigna
sourire à de simples coryphées, légères
comme des fauvettes d'Afrique.
Disséminé parmi les abonnés de l'Opéra,
barbes vénérables ou moustaches naissan-
tes, l'on vit, particulièrement, M. Edouard
Lockroy, oublier la danse de Saint-Guy et
féliciter, avec esprit, Rosita Mauri, à la
grande joie de feu Antonin Proust, qui avait
été surintendant des Beaux-Arts et connais-
sait tous les méandres et toutes les sinuosi-
tés des coulisses de nos théâtres nationaux.
Notre actuel ministre, M. Aristide Briand,
souple et svelte, assiste souvent à quatre re-
présentations dans la même soirée. C'est un
record.. < »
s
ouvent femme varie.
Mme Réjane avait promis de faire
succéder à Raffles, la comédie tirée par
M. Vanderem des archives de M. Lenôtre,
la Timbale. -
Or, elle jouera le drame tiré par M. De-
courcelle du roman de Mme Mathilde Serao,
Après le Pardon.
Pourtant, on ne saurait accuser M. Van-
derem d'exigeancôs intransigeantes, - com-
me certains l'ont prétendu, puisque après
avoir demandé, pour le principal rôle, un
comique violent, genre Baron, il a télégra-
phié à Mme Réjane ces jours-ci: « Enga-
gez n'importe qui, mais jouez notre pièce. »
u
ne actrice d'imitation, encore jeune
et déjà insupportable, Miss Alice
rierce, qui se donne beaucoup de mal sans
réussir à dégeler le public anglais, fait pla-
carder, à la porte du théâtre où elle opère,
d'impressionnantes affiches informant les
foules, en caractères énormes, qu'elle fut ja-
dis blessed (bénie) by Madame Bernhardt.
A cette bénédiction, notre glorieuse com-
patriote ajouta une prédiction. Les affiches
assurent qu'elle aurait dit : « Mlle Pierce
aura du génie. » -» v
Ne forçons point notre talent. Comme ar-
tiste, Sarah Bernhardt est inattaquable;
comme diseuse de bonne aventure, il y a
mieux.
L
a Timbale est la pièce de MM. G. Le-
nôtre et Fernand Vandérem que de-
vait jouer Rejane dans quelque temps, après
Rafles, qui tient encore l'affiche. ,
Le eonununiqjié Q~~L.a~-oincieu~ a
raconte que Réjane renonçait à jouer la
Timbale, faute d'une interprète.
Ce communiqué est incomplet r c'est
« faute d'une interprète qui a ri ou sim-
plement souri » que la Timbale a été remise
aux calendes grecques.
Au surplus, voici l'histoire:
La scène représente. la scène du Théâ-
tre-Réjane.
En rond sont les futurs interprètes de la
Timbale; sur un bon fauteuil réside Ré-
jane; devant une table sont. arc-boutés MM.
Lenôtre et Vandérem avec leur manuscrit.
L'un des auteurs lit le premier acte.
Silence glacial!
Il lit le second acte.
Silence de mort !
Il lit le troisième, le quatrième. Mêmes
effets de morne tristesse.
Réjane alors, de son ton le plus affable,
dit aux deux auteurs ces simples mots :
— Vous voyez, Messieurs.
Puis, elle disparaît avec eux dans sa
logo; Quand ces messieurs ressortirent,
leur pièce était ajournée.
Ils vont y travailler à nouveau; et ce
qui est différé ne-sera pas perdu.
01
n connaît, au théâtre, cette chose mer-
veilleuse qui s'appelle : « Le Regis-
tre de Lagrange », tellement merveilleuse
que la Comédie-Française la jugea digne de
la grande publicité en décidant de son im-
pression.
Ce qu'on connaît moins, c'est, dans le
même genre, les mémoires des braves et
honnêtes régisseurs dont trois manuscrits
— trois — sont déposés à la Bibliothèque
historique de la Ville de Paris.
Il y a quelques jours, il nous était donné
de feuilleter l'un d'eux: celui d'un incon-
nu - le pôvre — qui fut régisseur à
l'Ambigu, de 1871 à 1873, sous la direc-
tion de l'harpagonnesque Billion.
Ce brave régisseur écrivait, sans aucun
artifice de style, mais avec une conscience
à laquelle il faut rendre hommage, ces mots
textuels :
— « 9 janvier 1872. M..Alexandre, chef
des comparses, qui riait en entrant en scè-
ne, a été atteint d'une congestion cérébrale
à neuf heures du soir. Pas de médecin de
service dans la salle. On a pris le bran-
card de la mairie pour transporter M.
Alexandre à son domicile, »
Et le lendemain, qui était la centièni î de
VArticle 47, de Belot, on lit sur les tablet-
tes de l'honnête régisseur:
— « Avec l'autorisation de M. le 1 ■
teur, Mmes Rousseil, Thaïs Petit, ¡',';;;;Z¡r:: „
Grandet, Marie Leroux, accompagnées de
MM. Régnier, Pàui Clèves, Vollet et Mau-
gin, font, dans la salle, au profit de la fa-
mille de M. Alexandre, une quête qui rap-
porte 352 francs. »
L
imprésario Baret prépare un réet de
f ses campagnes théâtrales. Il l 'isite
entre deux titres : C/est ma « tournée '), Ott
encore : Cabotinage au long cours.
J
amais on n'a tant parlé de langues étran
- gères que cette année sur les 5 es
londoniennes.
Au Gaiety Theater, The Girls of G' iten-
berg servent de prétexte à une avalnche
de phrases allemandes où règne le barba-
risme, où le solécisme s'ébat en neutre-.
Il faut entendre la jolie Mây de Souza
chanter « Meine Kleine Moedel» avec une
voix au-dessus de tout éloge (et du ton).
Au Daly, The merry Widow triomphe,
après avoir fanatisé l'Allemagne; vous la
verrez peut-être à Paris, mais, hélas, expur-
gée des couplets invraisemblables où ar
personnage qui se targue d'être « Quite
Parisian », vante tous les mérites de nos
grands restaurants: ",
A Paris, I can eat
A la mode petite marmite
Bœuf à la Chicago
Suprême de veau
And that lovely stuff
Tarte à la pomme de truffe.
Après les satisfactions de l'estoma". cel.
les du cœur. Il est question d'une i résis..
tible lady de chez Maxim:
So chic and dernier cri
Kicking up lingerie. ;
Quite épatant, Hé what ? *;
C'est joliment cocotte l
Tels sont les résultats de ce que h ; Al-
lante Gartie Millar dénomme judic se-
ment « l'ongtonte cordial ».t f
Quant aux soupeuses parisiennes, Loîc.
Joujou, Dodo, etc., elles détaillent quel-
ques vers savoureux, toujours en fn .1çais,
si j'ose m'exprimer ainsi: -
Hé ! voilà qu'elle est si belle,
Ritantou, ritantourelle 1
La plus belle de Paris
Ritantou, ritantouri l
On voit tout de suite que la confection
d'une poésie (?) de cette espèce r'exige
pas une dépense cérébrale bien considéra-
ble. Si j'essayais. |
-a- * A Paris comme en province
Ritantou ritantoufince
Chacun lit Comœdia,
Ritantou, ritantouria 1
L
es amendes.
On peut relever au tableau 3 ser-
vice a un établissement de la rive gai ne
« M. G., un franc d'amende.
A donné, pendant la répétition, un coup
de pied dans le trou du souffleur, ce qui
l'a fait fermer! »,
Et cet autre, dans un concert de Mon
martre :
« Mlle H., deux francs d'amende ,
A manqué le cours facultatif du lui Ji i
J8»
Oui, nous savons tous qu'il est er endtt
que les pianos à queue coûtent to jour.r,
très cher et ne sont pas toujours j'une
sonorité parfaite.
C'est pour cela que MM. Couesr. n er
Cie, 94, rue d'Angoulême, se sont déci
dés à nous doter d'un instrument parf. iî
Du reste Comœdia qui s'y connaît ï ::..,
empressé de leur en commander un • ik
ses salons de réception.
Les artistes qui appartiennent à ut*
opposé au mien sont toutes d'ado t'i«-
femmes, mais ce n'est pas leur faire .)Un
que d'avancer qu'en matière de méc. niqin
automobile, elles n'y entendent rien.
En revanche, dès qu'elles sont sur l
pitre des carrosseries, elles devienne!
péfiantes d'ingéniosité, de goût parfa
premier désir qu'elles affirment est :
— Je veux une carrosserie signée Vé-
drine.
Ah, oui! qu'elles s'y connaissent! Apr :.
tout, c'est peut-être parce que dans c >.r-r.
serie, il y a rosserie' j
Passant près de Belle-Ile, une jeune
de Sarah entend soudain la voix d'
l'Enchanteresse. f *
Elle court et se trouve en face d'un -
Phono ! v*
Seule, la marque bleue peut réalis v
tel prodige.
Le Masque de Ver"'et
Comédie=Française f
*
L'AMOUR VEILLE
Comédie en quatre actes
de MM. Robert de Fiers ô G. A. de Caillavet
Ce fut, devant le public des premiè-
res, et sans l'ombre d'un doute cela res-
tera, devant le public, un très gros suc-
cès.
Il sied d'en féliciter la Comédie, qui
n'a pas eu assez de chances la saison
passée, et qui a besoin de prendre quel-
ques heureuses revanches cette saison.
Avec deux bons départs en moins d'un
mois, la voilà qui semble, comme eût dit
Sarcey, vouloir marcher du pied gau-
che dans la série des vaches crasses.
C'est une série dont ne sont jamr*b
sortis les auteurs de l'Amour veille: et
ils méritaient bien que leur continue de as-
cension de victoire en victoire eût pour
plateau suprême celui de l'illusti *
son. Ils sont charmants, spirituel: vin-
pathiques. On est donc très joyaux
leur joie.
Ces constatations faites, et une ':': ;
pièce analysée, peut-être y aura-
de noter quelques aigres féflexic ':n f
tendues, à rencontre de ce joli l
1 w
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