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Mardi i Octobre 19"
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PÉDAl"!': * ADMI' KÂTIU
.Jû"':t;;iJttrû rUlb;:¡UIIlIlt;;(fJ, rtfFÜ8
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1
Rédacteur en Chef : G. de PA WLOWSKI
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UN AN 6 MOIS
i Paris «t 1) ",tlt-' aents ; 21 fr. 12 fr.
Étranger 40 » 20 »
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UN AN 6 MÔtq
Paris et Départements 24* fr. 1J5 fr.
franger. 40 » 2 > 4
Sonnes
au
A Public !
-
n y a, pOU); les auteurs dramatiques,
dont moment : ^écialement charmant, et
ngoisst "est assez délicieuse :
-est le jour de la répétition générale,
! instant où, le décor étant posé, on com-
mence à pacer les meubles. Dans un
quart d'heure à peine, on lèvera le ri-
deau.
L'auteur vague dans les coulisses,
frne u- sr^onnage -ncomorant; au-
tOUr de lui, les machinistes et les acces-
soiristes, lame tranquille, font leur ser-
vice avec activité. Pour lui, c'est une
grande journée ; pour eux, c'est une
tournée presque pareille aux autres. Il se
fait l'effet l'un jeune marié, qui va chan-
ger sa vie, au milieu des employés de
mairie, qu continuent la leur.
Certain: auteurs se contraignent à al-
ler sur « b plateau » aux côtés du direc-
teur. Et h, ils examinent le décor avec
une attention exagérée, et donnent des
conseils dégagés, si lcç change le place-
ment d'un meuble. Il est bien visible,
est-ce pas? qu'ils n'ont aucune émo-
noq et que, seuls, les détails de métier
les préoccupent. D'autres semblent diri-
ger leurs pas errants vers quelque loge
û actrice. On leur montre une toilette
qu'ils ne connaissent pas, car il arrive
qu'on change une toilette après la répéti-
tion des couturiers, quand on a vu
qu,elle s'assortissait mal avec le décor.
fauteur admire la robe, avec des pa-
roles distraites et hyperboliques. Il se
« qu'il reste' au milieu du second acte
Une scène qu'il aurait bien dû couper. Il
.7 ^| a pas fait parce qu'en la .coupant il
jminuait encore le rôle de telle artiste,
M se plaignait déjà. Pourquoi n'a-t-il
;8 obéi, selon son devoir, à son égoïsme
auteur, qui doit tout sacrifier au succès
j 3e sa pièce? Il quitte, sans s'en aperce-
voir, la loge de .l'actrice, et se trouve en
présence d'un domestique en culotte
tourte, qui lui tend la main.
-- Le patron a préféré que je le joue
CI livrée. Qu'en pensez-vous?
, Ce domestique a à dire, au premier
fttte : lIOn vient dechez ie rlfcuriste. »
auteur l'écoute ave: politesse ; il ne
Mit d'ailleurs pas où Eller.
Il s'était promis de l'arriver au théâ-
te qu'au moment où ça commencerait.
1. est parti de chez bi de très bonne
h,,ure avec l'idée, conme l'après-midi
et 4 beau, d'aller faire un tour au Bois.
il est venu directement au théâtre,
sir le lieu de son crine. Il se persuade
qèil avait des recommmdations urgentes
à laire au contrôle, fin qu'on trouve
de; places à deux anis imprévus qui
n'., tt pas eu de billet, mais un simple
,Ino; sur une carte.
n a déjà vu, devait le théâtre, des
journalistes de sa cOlmissance, qui lui
OIi fait un signe aiuiible. Comme ils
sont bien disposés!;.. Il les préférerait
hostiles ou défiants. 1 :ait très bien que,
dîme façon générale es bonnes ou les
Mauvaises dispositiors ne signifient rien,
l et qu'au bout de citq minutes de spec-
tacle il n'y a plus en présence que l'au-
teur et le public, unt bête fauve dans la
Salle, et, sur la scèrt, un dompteur ou
charmeur. Si le dompteur manque
* énergie, si le chameur manque de
Marine, -ils finiront par être mangés,
- que soit l'hureur du fauve.
Aussi quand, âmten peine dans les
couiisses, l'auteur enend le directeur ou
le tégisseur crier, c'une voix claire :
Montez au public ! c' st comme si on di-
sait te faire entrer ians la cage prin-
Cioale, te fprnp.ty -. +«r'e rov" 1ffa;j:
v j .-uuei;>, terrer au Bengale
ju l'^keetg
**
C ,uste, au point de
1 i, que cette bête
ért:', rieuse qu'on appelle le
':, J. ,, m
uco,:* gena s'imaginent le con-
; de fois ~e~~
- de thare » iiïc~tiïre ave
• *tfc r
- ne connuisçz jias le public. •
de ces cutters s'imaginent
cor' >îL - le Public parce que, nés dans
le > 'Ir'" t"- _L sorfit'
-*cnmm* •• n'en soint JamaIS sortis,
rïorflnr iiu sont '.A-mêmes d'une
*
hS* disent volontiers:
.perdra pas cela. *
^^J|ffcns',Çepei dant, le vieux rou-
-
- .7 -'lement qu'il ne connaît
* ,- te publ_ie ; -il vtut dire par là que,
-- expérimenté, il - perdu son ingé-
- première. Alofe ce n'est plus leur
i eux qu ils içus imposent, mats
- personne de leur entourgge,
; Vieille mère 1e r petite beHc-sœur
ou Pif inoijrrice sèl- de leur enfant.
y connait mais elle est
t
Laoi?.. personne r donné une iOt un
!'ronf'Stc que l'évéî ment s'est trouvé
n*"ÎVne: Depuis tic sert -.de ',oY'Üllc.
On l' amène à la répétition dans un pe-
tit panier .d'osier, e: on recueille pieu-
sement SOn oracle, aussitôt la toile bais-
sée.
Malhellreusement. cette voyante a
été S~é€ depuis 1e bur même où elle a
~K,';. PO"~ îa p.'tiïu? fc-ts.
~î nt «es pi délies,
elle les soigne; elle né îéJse'ékhale plus
naturellement.
Quelle belle mais funeste anecdote
que l'histoire célèbre de Molière lisant
ses pièces à sa servante Laforêt! De-
puis deux cent et des années, beau-
coup d'auteurs, qui n'étaient pas Mo-
lière, ont lu leurs pièces à d'humbles
créatures, qui valaient peut-être Lafo-
rêt. La servante Laforêt est devenue un
critique intolérable. Elle a maintenant
le pédantisme de son ignorance.
Ce qu'il faut dire, je pense, c'est que,
pour connaître le public, le bon moyen
n'est pas de prélever sur la lie de cette
masse obscure n'importe quel échantil-
lon. Même si le public d'une salle se
composait de mille personnes d'une sot-
tise ou d'une délicatesse égales, une
d'entre elles, que l'on prendrait au ha-
sard, serait peut-être pareille à chacune
des autres, mais pas du tout à la masse
des gens assemblés.
Le public des répétitions générales
est assez homogène. Parfois son ver-
dict est assez difficile à rendre. D'au-
tres fois il ne le trouve pas tout de
suite. Alors les,couloirs sont pleins de
spectateurs indécis, qui cherchent le
vent; qui tâchent de rencontrer des im-
pressions de renfort, et qui n'ont en face
d'eux que d'autres hésitants. Hé bien!
de cet ensemble de gens « pas fixés »
finit par sortir un jugement précis et
décisif, on n'a jamais su comment.
Je me souviendrai toujours de ce que
m'a répondu un champion du jeu de da-
mes, à qui je disais qu'il devait con-
naître toutes les combinaisons:
— Oh ! monsieur ! Le jeu est plus
fort que nous.
Le public, c'est notre jeu à nous, au-
teurs dramatiques.
Il est absurde de prétendre que le pu-
blic soit bête ou intelligent. On ne sait
pas ce qu'il est. Il est visible et insai-
sissable, docile et difficile, raisonnable
et capricieux. Ce. qu'il y a de sûr, c'est
qu'il est plus fort que nous.
Et c'est parce que nous avons un tel
adversaire que le sport de la Dramatur-
gie, glorieusement incertain, est parfois
un très noble sport.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain une chronique de
FRANÇOIS COPPEE
de l'Académie Française
Comœdia. — Les -colonnes de nos
grands journaux étant aujourd'hui con-
sacrées au sevrage des veaux, à la re-
constitution du boulevard Raspail coupé
en morceaux et à la recherche de son
assassin, plusieurs habitants de notre
pays, entre autres tous les Français, se
sont imaginé que les lettres n'étaient plus
suffisamment représentées dans la presse
quotidienne.
Ils se sont dit souvent que si le livre
trouvait parfois encore une critique dis-
crète dans certaines revues hebdomadai-
res, le théâtre, lui, menaçait, faute d'un
appui suffisant, de disparaître à tout ja-
mais dans le bas commerce.
Et, suivant nos us nationaux, ils ont
longuement déploré cet avilissement
sans chercher à le combattre.
Le remède nécessaire, Comœdia se
propose de le donner, en groupant d'une
façon définitive toutes les bonnes volon:
tés, en suscitant dans nos moindres villes
une renaissance active et efficace du seul
éducateur des foules qui vaille qu'on
s'en occupe, je veux dire du Théâtre.
L'immortel metteur en scène du
drame d'Elseneur disait: « Le but de la
ComéiHp dàs l'origine comme aujour-
d'hui. rut ei est encore de présenter,
pour ainsi c 'e, le miroir de la nature,
de montrer à la vertu ses propres traits,
au Y'ce sa propre image, et, à la figure
du siècle se n aspect et sa physiono-
mie. »
Les imbécii îs — c est dire si cette opi-
nion est répsiidue — se figurent volon-
tiers que le r éâtre est faux parce qu'il
vit de fictions En vertu de leur raison-
nement, il va de soi que la Joconde ou
la Vénus de Milo ne sont que d'absur-
des mensong! ; dès que l'on s'aperçoit
au toucher q, il n'y a là que de vaines
illusions de couleur et de marbre. Les
dernières découvertes scientifiques de
M. Homais fortifient du reste ce juge-
ment.
Eh bien! si l'on ne veut point que la
civilisation sombre définitivement dans
le ridicule/ nous pensons qu'il serait
temps de remettre un peu les choses au
noim. -
Puisqu'il fat t encore le dire, nous di-
rons donc que l'idée seule est réelle et
que c'est en t hafaudant le progrès sur
des fictions t: ujours plus élevées que
Von arrive à p rfectienner le monde.
Nous dirons que, dans notre société
moderne, le oestre seul peut mener à
bien cette lom de, tâche d'éducation et
de moralisation quotidienne de foules
ahairées.
Nous montrerons enfin que, par l'in-
termédiaire seul d'un grand quotidien
spécial, cette collaboration journalière
du public, des auteurs et de leurs inter-
prètes peut s'établir d'une façon vérita-
blement forte et féconde.
*•> fgro riro peut-e*re, mai'-
oas très ionisteuios, en publiant Coma;
dia, nous prouverons que si le théâtrs
sincère est une nécessité, un journal
honnête était une possibilité qu'il suffi-
sait en France de vouloir réaliser pour
qu'elle fût tout aussitôt très popu-
laire. — G. DE PAWLOWSKI.
Échos
u
ne des plus jolies pensionnaires de la
Comédie-Française, depuis qu'elle a
pénétré dans l'auguste maison, ne veut plus
avoir de commerce qu'avec les génies du
plus haut bord.
Elle rendait visite, cette semaine, à l'un
de nos confrères qui possède une fort belle
esquisse de toréador par Zuloaga.
— Tiens, s'écria-t-elle, Shakespeare!
N
'e piétinons pas sur les ruines d'une
catastrophe déjà - oubliée. Mais, fout
de même, il serait racheux quun aussi
joli mot de mère — mère non point d'ac-
trice, mais d'auteur! — fût perdu pour la
postérité qui nous jugera tous.
Ceci se passait, le soir de la première de
Joujou Tragique, au Pi^nière '>o.
fut. une dernière, hélas! Or, après le
« deux », dans la loge de Mlle Polaire, in-
terprète infortunée ( « Zut ! une pièce en
carafe! » songeait Polaire!) Mlle Jehanne
d'Orlhiac, l'auteur, se demandait encore si
le grand public — pas celui des répétitions
générales qui emboîte les amateurs! mais
le vrai! le seul! le payant! — n'allait pas
se prendre aux magies annunziesques de sa
gondolante Venise.
La mère de Mlle Jehanne d'Orlhiac appa-
rut. Elle venait de la salle.
— Eh bien? — demanda anxieusement
l'auteur angoissée de ce Joujou Tragique,
où il ne retourne que du sang, des larmes
et des frissons douloureux.
— Eh bien! — répondit la bonne dame
avec une sérénité charmante; — Le public
n'est pas mauvais. Ça ne va pas mal : on rit
tout le temps!
L
e Théâtre de la Monnaie vient de re-
✓ monter Salammbô avec un luxe dont
s'indignent les wagnériens belges qui trai-
tent notre compatriote, trop enclin aux gros
effets mélodramatiques, de « Reyerbeer ».
Que ces intransigeants ne cherchent pas
querelle au vieux compositeur; il a la dent
dure.
Ses querelles avec Hâ'lanzîëf, au cours
des répétitions de Sigurd, faisaient la joie
de l'Opéra; un jour, ce directeur timoré, qui
trouvait trop rocailleux les noms Scandina-
ves de la pièce, proposa de modifier en
« Bilda » celui de « Hilda », vierge au
pâle sourire. -
— Bilda? rugit Reyer, vous êtes fou!
Est-ce que je vous appelle « Balanzier » ?
C
omœdia, 1er octobre 1907 !
Compagnie - de M. J.-B. Poquelin,
dit Molière, r octobre 16b3!
Il y a aujourd'hui 244 ans que Molière
et sa femme, revenant de Versailles, où
leur troupe joua huit jours devant le Roy,
réintégraient leur bonne ville de Paris pour
y donner Vinceslas et les Fascheux.
La recette de cette soirée fut de 165 li-
vres, et « la part d'acteur » de 5 livres
10 sols, pour chaque pensionnaire de la
maison de Molière.
Ce fut, ce soir-là, une grande gaieté,
partout, au foyer des artistes et à celui de
chaque artiste. La Compagnie revenait de
Versailles, où l'on avait joué devant Sa
Majesté Louis, le Prince Jaloux, l'Ecole
des Maris, le Dépit amoureux et l'Impromp-
tu, et, pour ce, M. Bontemps, premier va-
let de chambre — ce sont les chiffres de
son livre .:.. versait au sieur Poquelin 3.300
livres, lesquelles donnèrent à chaque ar-
tiste 231 livres de bénéfice.
0
n a beau être grand seigneur: on n'en
est pas joué plus aisément dans nos
théâtres.
L'œuvre de ce noble gentleman attendait
depuis des années. Un directeur, enfin, veut
i
bien l'accepter. Mais avec la pièce, il vou-
drait bien. des pièces — des billets, plu-
tôt : « pour les frais de mise en scène ».
- Il faut quarante mille balles, déclara-
t-il.
Notre auteur s'en ouvre à son fils, qui a
de belles relations. Et le fils trouve trente
mille francs; il revient rayonnant.
— Tu sais, quarante mille, c'est Jourd.
Mais j'ai pu en avoir'vingt!
Effusion. Le papa blasonné court au
théâtre. 1
— Parlons sérieusement. Impossible,
n'est-ce pas, quarante. Du reste, je ne tiens
pas à trop d'éclat. Soyons moins brillant.
Voici dix mille francs. Et vous pourrez en-
core me jouer de façon honorable.
Je ne vous dirai pas que le directeur re-
fusa : vous ne me croiriez pointa Effecti-
vement, il accepte et convoque ses action-
naires.
— J'ai le plaisir, messieurs, de vous ap-
prendre que j'ai pu me procurer cinq mille
francs.
Et l'on joue le drame — trois fois.
Tout dernièrement, à Vierzon (Cher), les
principaux acteurs d'une troupe de passage,
engagés dans une tournée connue, man-
quèrent le train de 4 h. 55 de l'après-
midi se dirigeant sur Issoudun. C'était le
~krrni.r l'x 'a journée puui assurer ia repré-
sentation du soir. Que faire? 1
On se précipite à l'usine d'automobiles
Brouhot, qui met trois voitures à la dispo-
sition de nos comédiens et tout le monde
arrive à Issoudun avant sept heures du
soir.
On rendit hommage aux vaillantes voi-
tures qui s'illustrèrent, il y a quelques se-
maines, au Mont-Ventoux et Cabotinville
décida que l'automobile avait du bon.
La mode veut que la femme, comme les
conspirateurs de Madame Angot, arbore per-
ruque blonde; suivez donc la mode, mes-
dames, et n'oubliez pas que les teintures à
base de henné, de H. Chabrier, 48, pas-
sage Jouffroy, ont le double mérite de sem-
bler naturelles à s'y méprendre, et d'être
absolument inoffensives.
Toutes nos jolies Parisiennes, sans les-
quelles Paris semble vide, reviennent une
à une, et, dès leur rentrée, s'empressent
d'aller voir chez le maître posticheur Marius
Heng, 33, rue Bergère, les délicieuses
créations imaginées par ce merveilleux ar-
tiste, dont toutes nos élégantes connaissent
l'art de bien coiffer.
L'Espéranto est une bien remarquable
invention qui permet à des peuples de lan-
ques différentes et qui ne se comprennent
pas de continuer à ne pas se comprendre.
Dites-moi, en revanche, en quel pays du
monde, lorsque l'on voit passer une belle
automobile silencieuse, souple, élégante,
dites-moi si quelqu'un ne dit pas aussitôt:
<( C'est une Renault ».
Une indiscrétion nous permet d'annon-
cer à nos lecteurs la très imminente baisse
des prix du pneu Samson, à un niveau qui
le rendra le moins cher des antidérapants.
Pour en donner une idée, disons simple-
ment que le 920X120 Samson qui coûtait
392 francs ne coûtera plus que 283 francs,
dans son type unique calculé pour tous les
poids et pour toutes les vitesses; tous les
autres prix sont baissés dans les mêmes
proportions.
Aux nombreux avantages qu'il possédait
déjà sur les autres antidérapants, le Sam-
son va ajouter désormais celui d'être à la
portée de toutes les bourses.
Bayard ! Ce nom n'est-il pas synonyme
de perfection.
C'est très justement de ce nom qu'a bap-
tisé ses automobiles M. Clément, l'un de
nos plus grands et de nos plus compétents
constructeurs d'automobiles. Les voitures
Bavard (A. Clément, constructeur) sont
cotées partout pour des modèles inégalés
et, il faut le dire, inégalables.
Le Masque de Verre.
A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
L'AMOUR VEILLE
r; lillag rT ApeTig
IAdmi,,"f;.irateur de la COmédic-Frandisê
~,ft!~-<~~E'rT;pq 1\;f," ~~r'OtT~'r-fn
Lc s wa r-e
Délita rentre au théâtvè
Après quatre ans d'absence. == Un bon mari n'es pas
un maître. == A propos de monuments. La me ?e
de famille et l'artiste. - Elle nous revient
pour trois mois, puis. qui sait ???
Avec un cordial sourire, Delna m'ac-
cueille et dit :
- « Nous sommes deux qui débutons :
Comœdia et moi ; puisse l'un porter chance
à l'autre. »
De Delna! nous n'en sommes pas in-
quiets!. Et, à tout dire. de Comœdia non
plus. Ce grand quotidien de théâtre s'im-
posait véritablement et puis. mais pas-
sons.
.C'était en 1903. La Vivandière récol-
tait, chaque soir, les hommages des foules
extasiées que justifiait sa voix enchante-
resse. Un hommage plus discret et plus ten-
dre vint un jour, qui toucha l'artiste et aussi
la femme.
Le bruit se répandit que Delna allait se
marier. C'était exact. M. Prié de Saulne, ad-
mirateur de la grande cantatrice, lui passait
la bague au doigt.
Et, dès lors, Delna, tout à son bonheur
conjugal, rompait avec le théâtre, partait
vivre à Bruxelles,..
Nous n'avions plus de Vivandière!
Ce fut la vie paisible de famille. Delna
dans son petit Paris, si près. et si loin de
nos Boulevards, devint, selon son expres-
MARIE DELNA
sion, c( bourgeoise », oui, tout à fait bour-
geoise.
.Et la jolie petite Marie naquit un ma-
tin d'août 1904, de cette bourgeoisie!.
Mais qui a chanté, chantera.
- « C'est toute une évolution, nous di-
sait hier l'aimable cantatrice, que nous
étions allé troubler dans sa coquette re
traite lointaine. à Passy.
» Il y a dix-huit mois environ, nous nous
trouvions à Marseille, où mon mari compte
de nombreux amis — c'est même là que
nous nous sommes connus.
» Les musiciens du théâtre de Marseille
organisaient une représentation au bénéfice
de leur société de retraite : L'Orchestre
prévoyant. Je fus sollicitée,de. prêter mon
« gracieux concours » et l'accueil qu'on me
réserva me transporta d'aise! Mon mari en
fut profondément touché et comme il y
avait désormais un « précédent », je parus
encore à l'occasion de quelques galas et
représentations à bénéfices-
» Pour le monument Godard; au bénéfice
de Mme veuve Vizentini, où je chantai le
troisième acte de 1 Oj^jagan, tandis que
Bruneau dirigeait l'orchestre; puis aa gaH
de Beethoven, dont le monument va ftre
incessamment érigé au Ranelagh.
»' Nos amis, les directeurs di la. Mor
naie, disaient à mon mari:
7— « Inventez-nous donc un n ^miment
à élever pour que nous puission eVna:
der à Mme Delna de se faire ei anc à
cette occasion!. »
» Je ne chantai cependant point Bras?'
les, et puis, ma foi. je recomn ence
soir, et dans La Vivandière. »
Mais ce que ne nous ont dit ni oeil *
qui nous l'enleva, ni celle qui nous rt
vient, il faut le raconter:
On accablait le mari de sympathiques
remontrances ; on gourmandait la f rnme de
sa disparition prématurée : Elle s * devait.
En présence de semblables instances,
d'aussi chaleureuses invites, on ne l' .,:.:,.
que céder. Elle céda..
— Oht pour trois mois seulement,
nous fait observer Delna. Je chan-com-
ment dirai-je. en amateur! La Visindit 'Q
d'abord, puis peut-être Orphée, ensuite
L'Attaque du Moulin.
- » Puis après?
- « Après, nous retournerons l ftçnxd
les!.
— », Çà. c'est à voir.: Paris s ; or
posera. »
Delna a un joli geste de modesiï dént
gation.
— « Et vos sensations d'aveu pr'
mière?
— « Que vous dire? Je me « reti ave
comme avant, mais émue, croyez-If Mer
On me fait si bon accueil que j',
troublée, inquiète. Si j'allais ne p ■ i et;
à la hauteur de ma tâche?. H^ureas
ment que je suis bien SI" >nae.. Feue
ces chœurs de la Gaîté, sont admir;
bles, exceptionnels d'ensernoli; tous c
jeunes gens ont de l'entrain*.'de ri, itiati-"
des voix. Et t'orchestre ! trente-cnq pr,
miers prix sur cinquante exécutaif. : »
L'heure passe, l'auto ronfle à PMte.
Il y a encore le photographe, la rtséy.u
le dernier essai des costumer, L, fièvr
dévorante de ces veillées d'armées
Ah! le bon petit nid tranquille d
Bruxelles! Où est-il?
PIERRE SOUVESTIAV,
Carte liminaire
Ces quelques lignes devant être
comme ma carte déposée sous les yeux
de nos lecteurs, je n'en abuserai ni
pour faire une profession de foi ni pour
étudier l'état du théâtre, contemporain.
J'aurais à rédigea- toutes les feuilles
de Comœ'dia, que j'agirais de même.
D'abord, parce que je manque absolu-
ment d'esprit sectaire, en théâtre ainsi
qu'en tout le reste. Puis, parce que je
suis et tiens à demeurer dans une igno-
rance complète touchant le susdit état.
En pleine bataille, où nous sommes,
il n'est loisible et possible de juger, me
semble-t-il, que les individus, et s'ils
sont vaincus ou vainqueurs. Cela, je le
dirai très net, en toute sincérité, d'a-
près le verdict même du public, maître
souverain du jeu.
Rien ne m'empêchera pourtant de dire
si je trouve la défaite ou la victoire im-
mentee, et pourquoi je le trouve, en con-
-*" *' *
t
".ssus, je Si. rtai- ne ait
tromper, ayant un critérium infaillible
Ce critérium, c'est le mot de Ban-
ville : -
u Il y a deux sortes de gens : rrima,
cet- qui aiment Shakespeare; SKiindo,
les mouchards. »
C'est qu'en effet le théâtre est à la
fois le plus haut des arts et Je plus
infâme des métiers. Il est ceci quand
l'auteur dramatique se rivale au goût
du public et en flatte la bassesse. Il est
le plus haut des arts qutnd 1 autet" dra-
matique fait vraiment oeuvre de b eauté,
de vie, élève à lui le public, dans 4uel
que genre que ce soit, d'ai!!eu.~
selon les formulé les plus divises.
Car toutes me srilt bonnes, si le résul-
tat est du beau, 4ue ce beau soit lyrique,
réaliste, fantaisie, classique, ro'i»i»tJ-
que, symbole ou n'importequis e.
A Fautes dramatique faisant couvre
ainsi, je trerai respectueusement mon
bonnet.
A l'être, fût-il triomphalement à
cheva) sur - un veau d'or, je ;'ccai.
jo.Ve&hement les oreilles.
IEAK R'~J~~L
+'?'ç.u»it;jne A' N' AI
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-est le jour de la répétition générale,
! instant où, le décor étant posé, on com-
mence à pacer les meubles. Dans un
quart d'heure à peine, on lèvera le ri-
deau.
L'auteur vague dans les coulisses,
frne u- sr^onnage -ncomorant; au-
tOUr de lui, les machinistes et les acces-
soiristes, lame tranquille, font leur ser-
vice avec activité. Pour lui, c'est une
grande journée ; pour eux, c'est une
tournée presque pareille aux autres. Il se
fait l'effet l'un jeune marié, qui va chan-
ger sa vie, au milieu des employés de
mairie, qu continuent la leur.
Certain: auteurs se contraignent à al-
ler sur « b plateau » aux côtés du direc-
teur. Et h, ils examinent le décor avec
une attention exagérée, et donnent des
conseils dégagés, si lcç change le place-
ment d'un meuble. Il est bien visible,
est-ce pas? qu'ils n'ont aucune émo-
noq et que, seuls, les détails de métier
les préoccupent. D'autres semblent diri-
ger leurs pas errants vers quelque loge
û actrice. On leur montre une toilette
qu'ils ne connaissent pas, car il arrive
qu'on change une toilette après la répéti-
tion des couturiers, quand on a vu
qu,elle s'assortissait mal avec le décor.
fauteur admire la robe, avec des pa-
roles distraites et hyperboliques. Il se
« qu'il reste' au milieu du second acte
Une scène qu'il aurait bien dû couper. Il
.7 ^| a pas fait parce qu'en la .coupant il
jminuait encore le rôle de telle artiste,
M se plaignait déjà. Pourquoi n'a-t-il
;8 obéi, selon son devoir, à son égoïsme
auteur, qui doit tout sacrifier au succès
j 3e sa pièce? Il quitte, sans s'en aperce-
voir, la loge de .l'actrice, et se trouve en
présence d'un domestique en culotte
tourte, qui lui tend la main.
-- Le patron a préféré que je le joue
CI livrée. Qu'en pensez-vous?
, Ce domestique a à dire, au premier
fttte : lIOn vient dechez ie rlfcuriste. »
auteur l'écoute ave: politesse ; il ne
Mit d'ailleurs pas où Eller.
Il s'était promis de l'arriver au théâ-
te qu'au moment où ça commencerait.
1. est parti de chez bi de très bonne
h,,ure avec l'idée, conme l'après-midi
et 4 beau, d'aller faire un tour au Bois.
il est venu directement au théâtre,
sir le lieu de son crine. Il se persuade
qèil avait des recommmdations urgentes
à laire au contrôle, fin qu'on trouve
de; places à deux anis imprévus qui
n'., tt pas eu de billet, mais un simple
,Ino; sur une carte.
n a déjà vu, devait le théâtre, des
journalistes de sa cOlmissance, qui lui
OIi fait un signe aiuiible. Comme ils
sont bien disposés!;.. Il les préférerait
hostiles ou défiants. 1 :ait très bien que,
dîme façon générale es bonnes ou les
Mauvaises dispositiors ne signifient rien,
l et qu'au bout de citq minutes de spec-
tacle il n'y a plus en présence que l'au-
teur et le public, unt bête fauve dans la
Salle, et, sur la scèrt, un dompteur ou
charmeur. Si le dompteur manque
* énergie, si le chameur manque de
Marine, -ils finiront par être mangés,
- que soit l'hureur du fauve.
Aussi quand, âmten peine dans les
couiisses, l'auteur enend le directeur ou
le tégisseur crier, c'une voix claire :
Montez au public ! c' st comme si on di-
sait te faire entrer ians la cage prin-
Cioale, te fprnp.ty -. +«r'e rov" 1ffa;j:
v j .-uuei;>, terrer au Bengale
ju l'^keetg
**
C ,uste, au point de
1 i, que cette bête
ért:', rieuse qu'on appelle le
':, J. ,, m
uco,:* gena s'imaginent le con-
; de fois ~e~~
- de thare » iiïc~tiïre ave
• *tfc r
- ne connuisçz jias le public. •
de ces cutters s'imaginent
cor' >îL - le Public parce que, nés dans
le > 'Ir'" t"- _L sorfit'
-*cnmm* •• n'en soint JamaIS sortis,
rïorflnr iiu sont '.A-mêmes d'une
*
hS* disent volontiers:
.perdra pas cela. *
^^J|ffcns',Çepei dant, le vieux rou-
-
- .7 -'lement qu'il ne connaît
* ,- te publ_ie ; -il vtut dire par là que,
-- expérimenté, il - perdu son ingé-
- première. Alofe ce n'est plus leur
i eux qu ils içus imposent, mats
- personne de leur entourgge,
; Vieille mère 1e r petite beHc-sœur
ou Pif inoijrrice sèl- de leur enfant.
y connait mais elle est
t
Laoi?.. personne r donné une iOt un
!'ronf'Stc que l'évéî ment s'est trouvé
n*"ÎVne: Depuis tic sert -.de ',oY'Üllc.
On l' amène à la répétition dans un pe-
tit panier .d'osier, e: on recueille pieu-
sement SOn oracle, aussitôt la toile bais-
sée.
Malhellreusement. cette voyante a
été S~é€ depuis 1e bur même où elle a
~K,';. PO"~ îa p.'tiïu? fc-ts.
~î nt «es pi délies,
elle les soigne; elle né îéJse'ékhale plus
naturellement.
Quelle belle mais funeste anecdote
que l'histoire célèbre de Molière lisant
ses pièces à sa servante Laforêt! De-
puis deux cent et des années, beau-
coup d'auteurs, qui n'étaient pas Mo-
lière, ont lu leurs pièces à d'humbles
créatures, qui valaient peut-être Lafo-
rêt. La servante Laforêt est devenue un
critique intolérable. Elle a maintenant
le pédantisme de son ignorance.
Ce qu'il faut dire, je pense, c'est que,
pour connaître le public, le bon moyen
n'est pas de prélever sur la lie de cette
masse obscure n'importe quel échantil-
lon. Même si le public d'une salle se
composait de mille personnes d'une sot-
tise ou d'une délicatesse égales, une
d'entre elles, que l'on prendrait au ha-
sard, serait peut-être pareille à chacune
des autres, mais pas du tout à la masse
des gens assemblés.
Le public des répétitions générales
est assez homogène. Parfois son ver-
dict est assez difficile à rendre. D'au-
tres fois il ne le trouve pas tout de
suite. Alors les,couloirs sont pleins de
spectateurs indécis, qui cherchent le
vent; qui tâchent de rencontrer des im-
pressions de renfort, et qui n'ont en face
d'eux que d'autres hésitants. Hé bien!
de cet ensemble de gens « pas fixés »
finit par sortir un jugement précis et
décisif, on n'a jamais su comment.
Je me souviendrai toujours de ce que
m'a répondu un champion du jeu de da-
mes, à qui je disais qu'il devait con-
naître toutes les combinaisons:
— Oh ! monsieur ! Le jeu est plus
fort que nous.
Le public, c'est notre jeu à nous, au-
teurs dramatiques.
Il est absurde de prétendre que le pu-
blic soit bête ou intelligent. On ne sait
pas ce qu'il est. Il est visible et insai-
sissable, docile et difficile, raisonnable
et capricieux. Ce. qu'il y a de sûr, c'est
qu'il est plus fort que nous.
Et c'est parce que nous avons un tel
adversaire que le sport de la Dramatur-
gie, glorieusement incertain, est parfois
un très noble sport.
Tristan BERNARD.
Nous publierons demain une chronique de
FRANÇOIS COPPEE
de l'Académie Française
Comœdia. — Les -colonnes de nos
grands journaux étant aujourd'hui con-
sacrées au sevrage des veaux, à la re-
constitution du boulevard Raspail coupé
en morceaux et à la recherche de son
assassin, plusieurs habitants de notre
pays, entre autres tous les Français, se
sont imaginé que les lettres n'étaient plus
suffisamment représentées dans la presse
quotidienne.
Ils se sont dit souvent que si le livre
trouvait parfois encore une critique dis-
crète dans certaines revues hebdomadai-
res, le théâtre, lui, menaçait, faute d'un
appui suffisant, de disparaître à tout ja-
mais dans le bas commerce.
Et, suivant nos us nationaux, ils ont
longuement déploré cet avilissement
sans chercher à le combattre.
Le remède nécessaire, Comœdia se
propose de le donner, en groupant d'une
façon définitive toutes les bonnes volon:
tés, en suscitant dans nos moindres villes
une renaissance active et efficace du seul
éducateur des foules qui vaille qu'on
s'en occupe, je veux dire du Théâtre.
L'immortel metteur en scène du
drame d'Elseneur disait: « Le but de la
ComéiHp dàs l'origine comme aujour-
d'hui. rut ei est encore de présenter,
pour ainsi c 'e, le miroir de la nature,
de montrer à la vertu ses propres traits,
au Y'ce sa propre image, et, à la figure
du siècle se n aspect et sa physiono-
mie. »
Les imbécii îs — c est dire si cette opi-
nion est répsiidue — se figurent volon-
tiers que le r éâtre est faux parce qu'il
vit de fictions En vertu de leur raison-
nement, il va de soi que la Joconde ou
la Vénus de Milo ne sont que d'absur-
des mensong! ; dès que l'on s'aperçoit
au toucher q, il n'y a là que de vaines
illusions de couleur et de marbre. Les
dernières découvertes scientifiques de
M. Homais fortifient du reste ce juge-
ment.
Eh bien! si l'on ne veut point que la
civilisation sombre définitivement dans
le ridicule/ nous pensons qu'il serait
temps de remettre un peu les choses au
noim. -
Puisqu'il fat t encore le dire, nous di-
rons donc que l'idée seule est réelle et
que c'est en t hafaudant le progrès sur
des fictions t: ujours plus élevées que
Von arrive à p rfectienner le monde.
Nous dirons que, dans notre société
moderne, le oestre seul peut mener à
bien cette lom de, tâche d'éducation et
de moralisation quotidienne de foules
ahairées.
Nous montrerons enfin que, par l'in-
termédiaire seul d'un grand quotidien
spécial, cette collaboration journalière
du public, des auteurs et de leurs inter-
prètes peut s'établir d'une façon vérita-
blement forte et féconde.
*•> fgro riro peut-e*re, mai'-
oas très ionisteuios, en publiant Coma;
dia, nous prouverons que si le théâtrs
sincère est une nécessité, un journal
honnête était une possibilité qu'il suffi-
sait en France de vouloir réaliser pour
qu'elle fût tout aussitôt très popu-
laire. — G. DE PAWLOWSKI.
Échos
u
ne des plus jolies pensionnaires de la
Comédie-Française, depuis qu'elle a
pénétré dans l'auguste maison, ne veut plus
avoir de commerce qu'avec les génies du
plus haut bord.
Elle rendait visite, cette semaine, à l'un
de nos confrères qui possède une fort belle
esquisse de toréador par Zuloaga.
— Tiens, s'écria-t-elle, Shakespeare!
N
'e piétinons pas sur les ruines d'une
catastrophe déjà - oubliée. Mais, fout
de même, il serait racheux quun aussi
joli mot de mère — mère non point d'ac-
trice, mais d'auteur! — fût perdu pour la
postérité qui nous jugera tous.
Ceci se passait, le soir de la première de
Joujou Tragique, au Pi^nière '>o.
fut. une dernière, hélas! Or, après le
« deux », dans la loge de Mlle Polaire, in-
terprète infortunée ( « Zut ! une pièce en
carafe! » songeait Polaire!) Mlle Jehanne
d'Orlhiac, l'auteur, se demandait encore si
le grand public — pas celui des répétitions
générales qui emboîte les amateurs! mais
le vrai! le seul! le payant! — n'allait pas
se prendre aux magies annunziesques de sa
gondolante Venise.
La mère de Mlle Jehanne d'Orlhiac appa-
rut. Elle venait de la salle.
— Eh bien? — demanda anxieusement
l'auteur angoissée de ce Joujou Tragique,
où il ne retourne que du sang, des larmes
et des frissons douloureux.
— Eh bien! — répondit la bonne dame
avec une sérénité charmante; — Le public
n'est pas mauvais. Ça ne va pas mal : on rit
tout le temps!
L
e Théâtre de la Monnaie vient de re-
✓ monter Salammbô avec un luxe dont
s'indignent les wagnériens belges qui trai-
tent notre compatriote, trop enclin aux gros
effets mélodramatiques, de « Reyerbeer ».
Que ces intransigeants ne cherchent pas
querelle au vieux compositeur; il a la dent
dure.
Ses querelles avec Hâ'lanzîëf, au cours
des répétitions de Sigurd, faisaient la joie
de l'Opéra; un jour, ce directeur timoré, qui
trouvait trop rocailleux les noms Scandina-
ves de la pièce, proposa de modifier en
« Bilda » celui de « Hilda », vierge au
pâle sourire. -
— Bilda? rugit Reyer, vous êtes fou!
Est-ce que je vous appelle « Balanzier » ?
C
omœdia, 1er octobre 1907 !
Compagnie - de M. J.-B. Poquelin,
dit Molière, r octobre 16b3!
Il y a aujourd'hui 244 ans que Molière
et sa femme, revenant de Versailles, où
leur troupe joua huit jours devant le Roy,
réintégraient leur bonne ville de Paris pour
y donner Vinceslas et les Fascheux.
La recette de cette soirée fut de 165 li-
vres, et « la part d'acteur » de 5 livres
10 sols, pour chaque pensionnaire de la
maison de Molière.
Ce fut, ce soir-là, une grande gaieté,
partout, au foyer des artistes et à celui de
chaque artiste. La Compagnie revenait de
Versailles, où l'on avait joué devant Sa
Majesté Louis, le Prince Jaloux, l'Ecole
des Maris, le Dépit amoureux et l'Impromp-
tu, et, pour ce, M. Bontemps, premier va-
let de chambre — ce sont les chiffres de
son livre .:.. versait au sieur Poquelin 3.300
livres, lesquelles donnèrent à chaque ar-
tiste 231 livres de bénéfice.
0
n a beau être grand seigneur: on n'en
est pas joué plus aisément dans nos
théâtres.
L'œuvre de ce noble gentleman attendait
depuis des années. Un directeur, enfin, veut
i
bien l'accepter. Mais avec la pièce, il vou-
drait bien. des pièces — des billets, plu-
tôt : « pour les frais de mise en scène ».
- Il faut quarante mille balles, déclara-
t-il.
Notre auteur s'en ouvre à son fils, qui a
de belles relations. Et le fils trouve trente
mille francs; il revient rayonnant.
— Tu sais, quarante mille, c'est Jourd.
Mais j'ai pu en avoir'vingt!
Effusion. Le papa blasonné court au
théâtre. 1
— Parlons sérieusement. Impossible,
n'est-ce pas, quarante. Du reste, je ne tiens
pas à trop d'éclat. Soyons moins brillant.
Voici dix mille francs. Et vous pourrez en-
core me jouer de façon honorable.
Je ne vous dirai pas que le directeur re-
fusa : vous ne me croiriez pointa Effecti-
vement, il accepte et convoque ses action-
naires.
— J'ai le plaisir, messieurs, de vous ap-
prendre que j'ai pu me procurer cinq mille
francs.
Et l'on joue le drame — trois fois.
Tout dernièrement, à Vierzon (Cher), les
principaux acteurs d'une troupe de passage,
engagés dans une tournée connue, man-
quèrent le train de 4 h. 55 de l'après-
midi se dirigeant sur Issoudun. C'était le
~krrni.r l'x 'a journée puui assurer ia repré-
sentation du soir. Que faire? 1
On se précipite à l'usine d'automobiles
Brouhot, qui met trois voitures à la dispo-
sition de nos comédiens et tout le monde
arrive à Issoudun avant sept heures du
soir.
On rendit hommage aux vaillantes voi-
tures qui s'illustrèrent, il y a quelques se-
maines, au Mont-Ventoux et Cabotinville
décida que l'automobile avait du bon.
La mode veut que la femme, comme les
conspirateurs de Madame Angot, arbore per-
ruque blonde; suivez donc la mode, mes-
dames, et n'oubliez pas que les teintures à
base de henné, de H. Chabrier, 48, pas-
sage Jouffroy, ont le double mérite de sem-
bler naturelles à s'y méprendre, et d'être
absolument inoffensives.
Toutes nos jolies Parisiennes, sans les-
quelles Paris semble vide, reviennent une
à une, et, dès leur rentrée, s'empressent
d'aller voir chez le maître posticheur Marius
Heng, 33, rue Bergère, les délicieuses
créations imaginées par ce merveilleux ar-
tiste, dont toutes nos élégantes connaissent
l'art de bien coiffer.
L'Espéranto est une bien remarquable
invention qui permet à des peuples de lan-
ques différentes et qui ne se comprennent
pas de continuer à ne pas se comprendre.
Dites-moi, en revanche, en quel pays du
monde, lorsque l'on voit passer une belle
automobile silencieuse, souple, élégante,
dites-moi si quelqu'un ne dit pas aussitôt:
<( C'est une Renault ».
Une indiscrétion nous permet d'annon-
cer à nos lecteurs la très imminente baisse
des prix du pneu Samson, à un niveau qui
le rendra le moins cher des antidérapants.
Pour en donner une idée, disons simple-
ment que le 920X120 Samson qui coûtait
392 francs ne coûtera plus que 283 francs,
dans son type unique calculé pour tous les
poids et pour toutes les vitesses; tous les
autres prix sont baissés dans les mêmes
proportions.
Aux nombreux avantages qu'il possédait
déjà sur les autres antidérapants, le Sam-
son va ajouter désormais celui d'être à la
portée de toutes les bourses.
Bayard ! Ce nom n'est-il pas synonyme
de perfection.
C'est très justement de ce nom qu'a bap-
tisé ses automobiles M. Clément, l'un de
nos plus grands et de nos plus compétents
constructeurs d'automobiles. Les voitures
Bavard (A. Clément, constructeur) sont
cotées partout pour des modèles inégalés
et, il faut le dire, inégalables.
Le Masque de Verre.
A LA COMÉDIE-FRANÇAISE
L'AMOUR VEILLE
r; lillag rT ApeTig
IAdmi,,"f;.irateur de la COmédic-Frandisê
~,ft!~-<~~E'rT;pq 1\;f," ~~r'OtT~'r-fn
Lc s wa r-e
Délita rentre au théâtvè
Après quatre ans d'absence. == Un bon mari n'es pas
un maître. == A propos de monuments. La me ?e
de famille et l'artiste. - Elle nous revient
pour trois mois, puis. qui sait ???
Avec un cordial sourire, Delna m'ac-
cueille et dit :
- « Nous sommes deux qui débutons :
Comœdia et moi ; puisse l'un porter chance
à l'autre. »
De Delna! nous n'en sommes pas in-
quiets!. Et, à tout dire. de Comœdia non
plus. Ce grand quotidien de théâtre s'im-
posait véritablement et puis. mais pas-
sons.
.C'était en 1903. La Vivandière récol-
tait, chaque soir, les hommages des foules
extasiées que justifiait sa voix enchante-
resse. Un hommage plus discret et plus ten-
dre vint un jour, qui toucha l'artiste et aussi
la femme.
Le bruit se répandit que Delna allait se
marier. C'était exact. M. Prié de Saulne, ad-
mirateur de la grande cantatrice, lui passait
la bague au doigt.
Et, dès lors, Delna, tout à son bonheur
conjugal, rompait avec le théâtre, partait
vivre à Bruxelles,..
Nous n'avions plus de Vivandière!
Ce fut la vie paisible de famille. Delna
dans son petit Paris, si près. et si loin de
nos Boulevards, devint, selon son expres-
MARIE DELNA
sion, c( bourgeoise », oui, tout à fait bour-
geoise.
.Et la jolie petite Marie naquit un ma-
tin d'août 1904, de cette bourgeoisie!.
Mais qui a chanté, chantera.
- « C'est toute une évolution, nous di-
sait hier l'aimable cantatrice, que nous
étions allé troubler dans sa coquette re
traite lointaine. à Passy.
» Il y a dix-huit mois environ, nous nous
trouvions à Marseille, où mon mari compte
de nombreux amis — c'est même là que
nous nous sommes connus.
» Les musiciens du théâtre de Marseille
organisaient une représentation au bénéfice
de leur société de retraite : L'Orchestre
prévoyant. Je fus sollicitée,de. prêter mon
« gracieux concours » et l'accueil qu'on me
réserva me transporta d'aise! Mon mari en
fut profondément touché et comme il y
avait désormais un « précédent », je parus
encore à l'occasion de quelques galas et
représentations à bénéfices-
» Pour le monument Godard; au bénéfice
de Mme veuve Vizentini, où je chantai le
troisième acte de 1 Oj^jagan, tandis que
Bruneau dirigeait l'orchestre; puis aa gaH
de Beethoven, dont le monument va ftre
incessamment érigé au Ranelagh.
»' Nos amis, les directeurs di la. Mor
naie, disaient à mon mari:
7— « Inventez-nous donc un n ^miment
à élever pour que nous puission eVna:
der à Mme Delna de se faire ei anc à
cette occasion!. »
» Je ne chantai cependant point Bras?'
les, et puis, ma foi. je recomn ence
soir, et dans La Vivandière. »
Mais ce que ne nous ont dit ni oeil *
qui nous l'enleva, ni celle qui nous rt
vient, il faut le raconter:
On accablait le mari de sympathiques
remontrances ; on gourmandait la f rnme de
sa disparition prématurée : Elle s * devait.
En présence de semblables instances,
d'aussi chaleureuses invites, on ne l' .,:.:,.
que céder. Elle céda..
— Oht pour trois mois seulement,
nous fait observer Delna. Je chan-com-
ment dirai-je. en amateur! La Visindit 'Q
d'abord, puis peut-être Orphée, ensuite
L'Attaque du Moulin.
- » Puis après?
- « Après, nous retournerons l ftçnxd
les!.
— », Çà. c'est à voir.: Paris s ; or
posera. »
Delna a un joli geste de modesiï dént
gation.
— « Et vos sensations d'aveu pr'
mière?
— « Que vous dire? Je me « reti ave
comme avant, mais émue, croyez-If Mer
On me fait si bon accueil que j',
troublée, inquiète. Si j'allais ne p ■ i et;
à la hauteur de ma tâche?. H^ureas
ment que je suis bien SI" >nae.. Feue
ces chœurs de la Gaîté, sont admir;
bles, exceptionnels d'ensernoli; tous c
jeunes gens ont de l'entrain*.'de ri, itiati-"
des voix. Et t'orchestre ! trente-cnq pr,
miers prix sur cinquante exécutaif. : »
L'heure passe, l'auto ronfle à PMte.
Il y a encore le photographe, la rtséy.u
le dernier essai des costumer, L, fièvr
dévorante de ces veillées d'armées
Ah! le bon petit nid tranquille d
Bruxelles! Où est-il?
PIERRE SOUVESTIAV,
Carte liminaire
Ces quelques lignes devant être
comme ma carte déposée sous les yeux
de nos lecteurs, je n'en abuserai ni
pour faire une profession de foi ni pour
étudier l'état du théâtre, contemporain.
J'aurais à rédigea- toutes les feuilles
de Comœ'dia, que j'agirais de même.
D'abord, parce que je manque absolu-
ment d'esprit sectaire, en théâtre ainsi
qu'en tout le reste. Puis, parce que je
suis et tiens à demeurer dans une igno-
rance complète touchant le susdit état.
En pleine bataille, où nous sommes,
il n'est loisible et possible de juger, me
semble-t-il, que les individus, et s'ils
sont vaincus ou vainqueurs. Cela, je le
dirai très net, en toute sincérité, d'a-
près le verdict même du public, maître
souverain du jeu.
Rien ne m'empêchera pourtant de dire
si je trouve la défaite ou la victoire im-
mentee, et pourquoi je le trouve, en con-
-*" *' *
t
".ssus, je Si. rtai- ne ait
tromper, ayant un critérium infaillible
Ce critérium, c'est le mot de Ban-
ville : -
u Il y a deux sortes de gens : rrima,
cet- qui aiment Shakespeare; SKiindo,
les mouchards. »
C'est qu'en effet le théâtre est à la
fois le plus haut des arts et Je plus
infâme des métiers. Il est ceci quand
l'auteur dramatique se rivale au goût
du public et en flatte la bassesse. Il est
le plus haut des arts qutnd 1 autet" dra-
matique fait vraiment oeuvre de b eauté,
de vie, élève à lui le public, dans 4uel
que genre que ce soit, d'ai!!eu.~
selon les formulé les plus divises.
Car toutes me srilt bonnes, si le résul-
tat est du beau, 4ue ce beau soit lyrique,
réaliste, fantaisie, classique, ro'i»i»tJ-
que, symbole ou n'importequis e.
A Fautes dramatique faisant couvre
ainsi, je trerai respectueusement mon
bonnet.
A l'être, fût-il triomphalement à
cheva) sur - un veau d'or, je ;'ccai.
jo.Ve&hement les oreilles.
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