Titre : Paris-soir
Éditeur : s.n. (Paris)
Date d'édition : 1933-04-08
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34519208g
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 08 avril 1933 08 avril 1933
Description : 1933/04/08 (A11,N3472,ED4). 1933/04/08 (A11,N3472,ED4).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7640861d
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-235
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 23/02/2015
P A R I S - S O I R I O O 5^
- 0
a - 1
Rêvasseries à l'Hippique
par Miguel ZAMACois
T
IOUS les ans, je vais fafre un
tour au Concours Hippique. J 3
vais un après-midi quelconque
au hasard, sans même m'infor-
mer de ce qu'il y a ce jour-là
au programme. L. essentiel pour wui,
c'est de savoir que je verrai circuler,
évoluer, courir ou sauter des chevaux
bWMX et bien portants.
Le jConcour* Hippique c'est, pen-
dant vingt jours, le cheval retrouvant
dans un tout petit coin de Paris son
importance de jadis, du jadis où nous
étions jeunes ; et comment résister
au plaisir de s'offrir chaque année, à
date fixe, à portée d'une station de
métro que l'on sait, sinon l'impossi-
ble rajeunissement effectif, du moins
l'illusion vaporeuse et fugitive don-
née par le spectacle, le décor et l'am-
biance ? ,
Notre jeunesse est inséparable du
cheval, organe essentiel de la vie pu-
blique ; alors, au Concours Hippique,
automatiquement, devant l'abondance
des quadrupèdes piaffant et caraco-
lant, le mécanisme de l'association
des idées joue, et nous avons vingt
*nS*
Dame 1 ou voit-on. à présent, des
chevaux en ville, si l'on n'a pas des
fenêtres donnant sur un quartier dç
cavalerie, sur un manège ou sur un
hippodrome ? De-ci de-là, dans Pa-
ris, on rencontre bien encore quel-
ques voitures de livraison hippomobi-
les, mais languissantes, méprisées,
honteuses au milieu des autos pres.
tes et impatientes, et qui se traînent
tristement dans une sorte d'agonie
ambulatoire. Loin de nous l'idée de
regretter à ce propos le vieux mau-
vais temps, car le malheur des che-
vaux a pu faire douter de l'existence
de Dieu, et rien ne nous empêche de
supposer que l'invention de l'automo-
bile est née du remords tardif de la
Providence.
D'aucuns, au Concours Hippique,
se délectent de la perfection des dres-
sages, des entraînements, des reprises
olympiques, des réussites de haute
école et des présentations de grand
46tyle ; ma joie essentielle à moi c'est,
ayant connu l'Enfer des chevaux
(pavé à la fois des grès pointus des
Pont et Chaussées et des mauvaises
intentions des cochers), de pouvoir
faire un tour à présent dans leur Pa-
radis.
Lorsque l'on ferme les yeux et que
l'on évoque le souvenir des haridel-
les de fiacres, chichement nourries,
blessées, couronnées, relevées à coups
de trique et d'injures du sol glissant
pour avoir à traîner derechef le far-
deau excessif ; lorsque .l'on revoit en
rêve — en cauchemar — les perche-
rons d'omnibus dans les rues mon-
tantes, et ceux des fardiers à pierres
de taille, cinglés malgré leur courage
et leur bonne volonté par le gros
fouet natté des brutes entre deux
vins, quelle délectation que le ya-et-
vient léux et élégant de ces bêtes de
même espèce, bien portantes et bien
traitées, à l'œil vif, au poil luisant.
entourées d'égards, que dis-je ?
de considération t
Quel plaisir aussi de songer que
tout * l'heure, à la sortie, on ne va
pas retrouver, comme autrefois, les
innombrables frères déshérités d<
ceux-ci, et se sentir, à chaque coin d(
rue, étreindre par la rage et le dé
goût des grandes injustices !
Certes, il y a toujours dans les
campagnes, dans les mines, dans les
arènes, de pauvres bêtes qui expient
encore abominablement les fautes
inexistantes, mais le grand soulage-
ment des coeurs pitoyables a com-
mencé : la mécanique, insensible et
infatigable, fait son œuvre de charité
involontaire, non pas, hélas ! parce
que les hommes sont devenus meil-
leurs, ni plus émotifs, mais parce
qu'ils sont devenus plus Apres au
gain et plus rapaces.
Qu'importe, après tout ! L'essen-
tiel, c'est que la somme de douleur
soit en diminution dans l'univers des
animaux innocents. Mais qu'il a
donc fallu du temps pour que le si-
lence des martyrs résignés, mille fois
plus impressionnant que les cris, par-
vienne au siège mystérieux des gran-
des revisions !
Oui, tout va bien, tout va mieux,
pour les chevaux. La collaboration
des engrenages d'acier, de l'électri-
cité et de l'essence, a déjà délivré du
supplice quotidien des millions d'ani-
maux de trait ; les nouvelles concep-
tions dans l'art de massacrer libére-
ront bientôt les chevaux dits — les
pauvres ! - « de guerre » ; et l'on
peut envisager enfin un avenir où les
chevaux, comme les chiens et comme
les oiseaux de volière, ne seront plus
que des instruments de plaisir. Alors,
n'évoquant plus dans l'esprit de leurs
maîtres l'idée du pénible labeur iné-
vitable mais celle du seul agrément,
ils se verront aimés et choyés, car,
par une étrange perversion de leur
sens moral, les hommes, en général,
témoignent plus de tendresse aux dis-
pensateurs du superflu qu'aux four-
nisseurs du nécessaire.
Quand j'ai quitté le Grand Palais,
des autos, aussi loin que la vue s'éten-
dait, étaient rangées le long du trot-
toir, comme autrefois les fiacres et
les voitures de maître à chevaux, et
je sentis s'accroître mon euphorie
sentimentale à la pensée que ces mas-
ses métalliques n'avaient ni chaud, ni
froid, ni faim. Qu'elles ne chan-
geaient pas de pied portant pour se
délasser de l'interminable attente
debout. Qu'elles étaient indifférentes
aux exaspérantes tracasseries des
mouches — quand elles ne les gril-
laient pas aux cellules de leur radia-
teur. ,
J'ajoute qu'une douce gaité me se-
coua .au spectacle d'un chauffeur fu-
rieux, désarmé devant l'insensibilité
agressive d'un moteur qui ne voulait
pas repartir. Ah ! s'il avait eu, ce
moteur, une chair dans quoi boxer,
une bouche fragile à supplicier d'un
mors cruel !. Mais le moteur et toute
la tôle environnante se fichaient éper-
dumeht des jurons et des points
crispés, et j'ai eu comme un senh-
ment que le soin de venger les mil-
lions de chevaux-martyrs défunts
était désormais confié à la mécani-
que passive,-sans âme, sans nerfs,
sans épiderme et sans poils.
Miguel ZAMACOIS.
'!- £, S ÇO NIES DE "P ARISSOIR"
.Le manteau
1
E
^ELYNE pouvait quitter le théâtre
ai) début du troisième acte, puis-
qu'elle ne paraissa t plus en scè-
ne jusqu'à la fin. Elle restait gé-
neraitrnieni pour ic. aaim. «tu pu-
blic, malgré l'insignifiance de son rôle.
Comme elle souffrait de cette insigni-
fiance, elle, artiste douée, sensible, si bien
faite pour traduire les amoureuses pas-
sionnes, tandis que Christine Vanilla, à
qui l'on confiait toujours les grands rô-
les, n'.était qu'un nom poussé par la pu-
blicité !
— Aucun tempérament personnel,
songeait Evelyne en l'écoutant jouer der-
rière un portant. De l'adresse, de la do-
cilité envers ses guides, mais aucun élan,
aucun cri sincère, rien, rien ! Et, dans
la vie privée, quelle mauvaise camarade!
Et elle songeait encore :
- Ah ! si c'était moi !
Car Evelyne avait appris le rôle, elle
était la doublure officielle, au cas, peu
prohahJe; d'un accident ou d'un empê-
chement. Inutile de pire avêc quelle
ivresse mal dissimulée à sa conscience,
elle souhaitait ce remplacement.
— Il verrait, lui, alors; ce que je peux
donner ! -
C'est qu'elle était,, en même temps,
amoureuse folle du grand artiste.Roger
Nirson, partenaire occasionnel de Chris-
tine Vantlla — peut-être aussi son amant
occasionnel ? - et qu'elle lui avait en-
tendu dire :
- Chriitine ?. Une aimable intrigan-
te, mais elle devrait faire de l'aquarelle !
Justement, Roger Nirson sortait de
scene au milieu des applaudissements :
— Ça va être votre tour, dit-il, la
voyant guetter près de la porte.
- Oui, répondit-eUe sans enthousias-
me. Pour ce que j'ai à dire 1 •
— Ça viendra. t
— Mais quand ?
- Ah 1 ça, mon petit.
- Tant que les Christine Vanilla
nous barrerontt. route, que voulez-vous
que nous fassions ?
- Je ne sais pas, moi. Mais il faut
s'aider, que diable 1 Une femme irttelli-
gente doit avoir des ressources.
Il ne pensait à rien de spéciàl. Elle
non plus. Mais à minuit, au moment de
revêtir son manteau, elle faillit prendre
celui de Christine, tout à fait par ha-
sard.
- C'est qu'ils se ressemblent beau-
coup, remarqua ^hristihe.
-i. Sauf pour l'intérieur, corrigea
Evelyne.
Toute b1 journée du lendemain, Eve-
lyne fut poursuivie par une pensée obsé-
dante. Elle tâchait de s'en débarrasser,
mais, tel un refrain, le projet revenait,
s'imposait, chaque fois avec plus de
forte. -
Brusquement, le thermomètre descen-
dit très bas. Une vague de froid s'abat-
tait sur Ja capitale, on ne partait que de
grippes, d'angines, de bronchites. Cela
durait depuis deux spirs; quand Evelyne
demanda la permission de partir dès la
ha de sa scène, prétextant un appel ur-
gent auprès d'une malade. Et, dans son
affolement simulé, elle enfila prestement
le manteau de Christine, encore en scè-
ne, ne lui laisbaht que sa pelure de drap
au col identique.
Précisément, Christine avait parlé, en
arrivant, d'un vague enrouement qui l'in-
quiétait.
Quand la vedette rentra dans sa loge,
elle chercha d'abord son manteau un peu
partout, à travers les courants d'air des
coulisses, puis, ne le-trouvant pas et in-
terrogeant l'habilleuse, elle admit la
substitution,. mais sans la soupçonner
préméditée.
En attendant, elle claqua des dente en
abordant le froid de l'extérieur. Sa voi-
ture n'étant pas là précisément, il fallut
attendre un taxi, et par une températu-
re aussi glaciale, le long trajet en pleine
nuit ne la réchauffa pas. Le lendemain,
elle avait la grippe et quarante de fiè-
vre.
C'est alors qu'Evelyne dut la rempla-
cer. Ah ! comme elle fut brillante, ma-
gnifique !.Tout ce qu'elle avait.pensé
extraire du rôle, elle y parvint sans dif-
ficulté, en se jouant, aidée, semblait-il,
par une force surnaturelle ! Cette foret
était d'une part l'amour, de l4'autre- te
sentiment fulgurant de l'occasion unique,
saisie aux cheveux, empoignée: Ayant
compris, d'ailleurs, la faiblesse d'inter-
prétation de Christine, qui jouait, au lieu
de vivre, elle, jouait en dedans, comme on
dit sur le plateau, faisait corps avec son
personnage, ne s'en pouvait séparer.
Dans la salle, quelques connaisseurs
s'aperçurent tout de suite de cette révé-
lation. ; le public, satisfait, sans mesu-
rer la qualité de l'exécutante, applaudit
pourtant, suivant l'enthousiasme des plus
avertis.
Après le dernier salut, et quand le ri-
deau se baissa complètement, Roger Nir-
son la rejoignit,-la regarda aux yeux :
.- Tu l'as fait exprès, petite scélé-
rate.?.., :
Elle tremblait :
- Quoi. que dites-vous ?
-r- Le manteau ?
Elle n'eut pas la force de mentir.. Il
la prit dans ses bras :
— Tu ne lui as pas soufflé que son
mantçau, peut-être ?.
La phrase sous-entendait : peut-être
aussi son amant ?
Elle étouffait de joie.
— Oh ! je suis trop heureuse !
Pourtant, un remords l'inquiétait, qu'il
calma aussitôt ': une Christine Vanilla
serait, sur pied dans trois jours et ne
céderait pas, sa place :
— Mais c'est moi qui ferai ta carrière,
petite scélérate.
- Alors, vous m'avez pardonné ?
-r- Je Saurais peut-être giflée ou dé-
masquée, si tu n'étais qu'une autre
Christine. mais quand on a ton âme !
Et il raiUa son émotion :
— Allons, tu n'auras plus besoin de
voler le manteau des autres, pour. avoir
chaud l
Marguerite GREPON.
DESSUNS Oie IMo STI£(F1(NIIB(E(F1
Fille de l'impératrice d'AUe JhUIJ Uf;: olt.. u-
fie-Thérèse, l'archiduchesse Marie-An-
toinette a été ilancee, pour des raisotu
politiques, au Dauphin de France qUi
regnera sous le nom de Louis XVI
Mais l'absence d'luritlfr WQUicte ta Cour
Après avoir subi une opération chirur-
gicale, ie Roi est capable delre pere et
en décembre 1778, Marie-Antoinette met
au monde une fille Quelques aeirtee-i
plus tard elle a un fils. qui sera le Dau-
phin. Mais la vie frivole de Marze-Artiot.
nette, ton inclination pour le comte
Axel de Fersen, la rendent impopulaire
La Cour même lui est hos'ile. En 17Bti
éclaté la Révolution La fureur popula,Tf
grandit peu à peu contre M flne- A 'tl (JI
nette et, les 5 et 6 octobre. les souverain
subissent un néri'abip assaut QUI mariai
de leur être fatal. Au cours de l'été 1791
ils décident de quitter la France et o
rejoindre les rmiyrps Ils sont arrrle<•.
Varennes et ramenés à Paris, où on le
garde à vue. En 1792, les armées étran
gères penetrent en France. L'efierve1
cence grandit. La famille royale est »»
carcérée d la prison du Temple
Louis XVI et Marie-Antoinette sont se
parés l'un de l'alttre. Louis XVI est guii
ratine En juillet 1793. on enlève son fil
à la reine prisonnière. Elle est transférer
à la Conciergerie pendant que se dèroui'
son procès devant le tribunal révolu
ttonnatre. Condamnée à être guillotinée
elle monte courageusement à l'échafaud
Et Fersen, loin de sa reine, vit doulou-
reusement le dernier acte de la tragédie.
TROISIEME PARTIE
XX. - Quelques jours plus tard.
Suite)
Enfin, le 5 octobre, il apprend que
Drouet, fait prisonnier à Maubeuge
est transféré à Bruxelles. Peut-être
ce scélérat pourra-t-il donner des
indications plus précises.
Le lendemain. Fersen va voir l'an-
cien maître de poste dans la cellule
où on l'a enchaîné cetnme une bête
féroce. Le Suédois, le cœur plein de
répulsion et de haine, contemple cet
homme qui est la cause de son mal-
heur. Saris lui, Marie-Antoinette se-
rait libre, le trône de France rétabli,
la face du monde aurait un aspect
de paix et de bonheur.
Avec quelle jqie Fersen lui saute-
rait à la gorge ! Ah ! sentir la vie
de cet être maudit s'éteindre peu à
peu sous ses doigts ! Mais il n'est
pns seul, la présence d-e l'abbé de
Limon et du comte Fitz-James l'obli-'
ge à se maîtriser. Il questionne ce-
pendant le prisonnier. L'autre plas-
tronne. et se donne le beau rôle.
Quand il a été commissaire auprès
de la Reine à la Conciergerie, il lui
a. fait donner une chambre moins
humide et un lit propre avec -deux
matelas; fi a été aux petits soins
pour- Elle. Fersen serre les poings :
l'infâme, comme il ment ! Il rentre
chez lui, brisé par les efforts qu'il a
dû faire pour se contraindre.
Et quelques jours plus tard, il ap-
prend la nouvelle à laquelle il a vai-
nement tenté de préparer son coeur:
le 14 octobre, Marie-Antoinette a été
traduite devant le Ttibunal révolu-
tionnaire. Il lutte de tout son amour,
de toute son espérance contre l'épou-
vantable menace que sa raison dres-
se devant lui. Non ! ils n'oseront pas.
C'est une femme, ils auront pitié, ils
la déporteront. Bientôt elle sera li-
bre. Ah quand il la recevra meur-
trie, brisée, dépouillée de sa couron-
ne, abandonnée de tous, ElUe n'en
sera que davantage à lui. Personne
ne la: lui disputera ; il l'emmènera
en Suède, et, tout le reste de sa vie,
il s'efforcera de lui faire oublier les
souffrances .dont Elle a été accablée.
Et quand bien même serait-Elle
condamnée, un mirajele peut encore
la sauver, et ce miracle se produira.
Elle a encore à Paris des amis qui
veillent sur elle, le peuple lui-même
au besoin empêchera que, ce crime
s'accomplisse.
— Non, répéte-t-il, accroché à son
dernier espoir, ce n'est pas possiblë.
j'aurai trop. perdu si je la perds..-.
.C'est le 20 octobre, un diman-
che, le ciél est d'un gris tendre et
lumineux. Au dehors, des bourgeois
paisibles se rendent à l'église. Fer-
sen est tassé dans un fauteuil,
n'osant bouger de crainte de réveil-
ler son mal. Depuis trois jours, il n'a
pas dormi, c'est à peine s'il a pris
un peu de nourriture. Chacune des
minutes qui le rapproche de l'ins-
tant où il saura charge sa poitrine.
Maintenant, il tremble, il a psur.
Il est onze heures, la porte s'ou-
vre, c'est Grandmaison, un de ses
amis. D'un bond, Fersen a sauté sur
le visiteur Tout dans son vsrge
Qran-o n - - -1 rf -, - R'A pf
supplie, les yeux brûlés par la fièvre,
les lèvres sèches, les narines frémis-
santes:
— Eh bien ?
Grandmaison est pâle, il balbutie:
— Voilà, Ackerman, le banquier,
vient de recevoir une lettre de son
correspondant de Paris. le juge-
ment de la Reine a été prononcé
dans la nuit du 15 au 16. il devait
être exécuté sur-le-champ.
— Mon Dieu ! râle Fersen com-
me-si une main l'avait saisi à la
gorge.
— Mais le peuple murmurait,.
alors, on a retardé l'exécution.
Le Suédois s'est redressé, il lampe
péniblement un peu d'air :
— Voyez que j'avais raison, dit-il.
ils n'ont pas osé.
Cependant, Grandmaison, gêné,
détourne la tête. Axel remarque son
trouble, le saisit aux épaules, le se-
coue :
— Quoi. ? que savèz-vous enco-
re ?. parlez !
- Le correspondant d'Ackerman
ajoute que c'est ce matin que Marie-
An tpinptte doit paraître à la fenêtre
nationale.
Fersen a poussé un Cri. Ce ma-
tin 1 maintenant ! tandis qu'il res-
Ait
FORT
-DE-
FRANCE
le nouveau roman de
PIERRE.
BENOÎT
La YI4 lOftS Mystère
chez je-. Stors de Hollywooo
VICKI SAUM
LES
'MARCHANDS
DE CANONS
ONT-ILS BESOIN
DE LA GUERRE ?
Grande Enquète
Internationale
PAUL ALLARD
la ..,. 2 ~Of'la
La couverture du numéro des Annales paru ce matin, dans lequel
commence le nouveau et passionnant roman de Pierre Benoit : Fort-de-
France, troublante aventure d'une amoureuse créole. Dans ce même
numéro débutent la retentissante enquête de Paul Allard sur les Marchands
de Canons et le roman des Stars d'Hollywood, par Vicki Baum. - Tous
les Vendredis, 2 francs. :','. ," ': ;, :
pire et qu'il vit, là-bas, on s'apprête
à- la tuerL Il sort de chez lui com-
me un homme qui s'échappe d'une
maison en flammes. Il veut savoir !
Dans les rues, des gens s'arrachent
des gazettes. Il en prend une, jette
les yeux dessus, chancelle et s'ap-
puie contre un mur. Il lui semble que
la feuille qu'il tient dans ses mains
s'est remplie de sang.
Il revient chez lui, monte en tré-
chant l'escaVer re cogne aux
Ses regards tombent sur la couverture de l'almanach
où-elle a elle-même brodé leur devise.
murs et s'abat sur une chaise de-
vant sa table. n est sans larmes,
sans cris, assommé et cependant
conscient de sa souffrance.
Afin que son malheur pénètre bien
en lui, il relit la gazette. C'est il y a
quatre jours, le 16, à midi, que ce
crime a été commis. Et Dieu a per-
mis cela ! Quoi ! Elle a été seule
dans ses derniers moments, sans
consolation, sans personne à qui
parler, à qui donner ses dernières
Volontés. Il vit l'agonie atroce, il en-
tend la foule qui hurle à la mort, il
voit le bourreau abattre ses mains
sur ce corps qu'il a couvert de bai-
sers.
Jamais il n'a autant senti le prix
de ce qu'il possédait, jamais il ne
l'a autant aimée. Pourquoi faut-il
l'avoir perdue ?
Ses regards tombent sur la cou-
verture de l'almanach où elle a elle-
même brodé leur devise: Foi, Amour,
Espérance. Trois unis à jetmais. A
côté est la miniature. Elle est là avec
ses douces prunelles pleines de ciel,
son beau port de tête, ses cheveux
de lumière, son teint à transparence
de fleur. Elle le contemple du fond
de leur passé heureux.
C'est fini, il ne la reverra plus.
Une blessure s'ouvre en lui qui ne se
fermera qu'avec sa mort. Il mur-
mure :
— Et maintenant, que vais-je de-
venir ? -
Il promène autour de soi des yeux
sans regards, il n'a plus de secours
à attendre ni de la terre ni du ciel.
Il écrase son f ror, tcontr? son bras
replié et, les poings fermés, il san-
glote et crie tout à la fois :
— Ah ! les monstres d'enfer !
Non, sans la vengeance, jamais mon
coeur ne sera content.
FIN
Copyrigth by Paris-soir and Pierrt
Nezeloff
Les obsèques de M. Thamin
auront lieu demain
à Saint-Sulpice
C'est demain samedi que seront célé-
brées les obsèques du père de notre ami
et collaborateur Marc Thamin, M. Ray-
mond Tiïàmin, ancien recteur des Aca-
démies de Rennes et de Bordeaux, di-
recteur honoraire de l'enseignement se-
condaire, professeur honoraire à la Sor-
bonne, membre de l'Institut, comman-
deur de la Légion d'honneur.
On se réunira à midi, à l'église Saint-
Sulpice. L'inhumation aura lieu au ci-
metière du Père-Lachaise.
Suivant la volonté de la famille, aucun
discours ne sera prononcé.
1111 Les Panamas ■■■■
LE CHAPELIER DE LA FEMME
(3. Chatissée-d'Antin (car. Haussm.)
1, rue Washington (114. Cb.-£Iysres)
k
IL A V U LILlE
Un verbe irrégulier
Voilà une formule heureuse qui, cer-
tainement, sera reprise et signée par
d'autres. Nous en citerons dès. mainte-
nant l'auteur : Edouard Herriot.
« Le verbe désarmer est un verbe
essentiellement irrégulier. C'est fort cu-
rieux : il n'a pas de passé, pas davan-
tage de présent.
» Il n'a qu'un futur. Encore ce
temps ne se conjugue-t-il qu'à la deuxiè-
me personne : tu désarmeras. »
L'ancien président du Conseil disait
cela devant une, multitude d'anciens
combattants qui applaudissaient à tout.
rompre. Complétons la pensée de M.
Herriot : le verhe désarmer tolère la
première personne. mais c'est au condi-
tionnel.
Le cornichon symbolique
Au dernier déjeuner mensuel des
« Ecrivains Combattants », autour du
président Claude Farrère, on avait pré-
vu la place de deux camarades qui tous
deux sont députés.
Aux hors-d'oeuvre, intitulés « le petit
assortiment choisi » — charcuterie
qui ne saurait se manger sans corni-
chons -, aucun des deux députés
n'était encore arrivé. Le bocal accom-
pagnant l'assortiment fut alors, après
avoir circulé, ramené devant l'une des
places vides.
Soudain, et enfin, arriva l'un des
deux parlementaires.
— Les séances de nuit se prolon-
gent donc au delà de midi ?. lui de-
manda-t-on.
Le bocal fut précipitamment retiré.
Des cornichons à la place de dépu-
tés si spirituels que soient les deux dé-
putés en cause, cela aurait pu être mal
interprété !
Tragédie patriotique
A propos de La Francerie, des criti-
ques ont évoqué Les Perses, d'Eschyle,
tableau de la psychologie des va -It-us
Eschyle lui-même avait eu un 'pré-
curseur.
I hrynichus, — qui introduisit au
théâtre les personnages féminins, —
avait, dans La prise de Milet, peint
d'une manière très émouvante les
malheurs de la cité.
II fut mis à l'amende, pour avoir ré-
veillé trop fortement le souvenir d'une
calamité nationale !
On est plus large d'idées maintenant.
En France comme en Allemagne, à la
scène ou sur l' écran, toutes les évocations
sont autorisées, — en principe.
Pour les sourds
« Entendre », qui est l'organe de
l' « Association amicale des durs
d'oreille de la région parisienne », donne
dans son premier numéro, la liste du
comité de cette association.
Le président n'est autre que le colonel
Assolant, le père de l'aviateur qui tra-
versa l'Atlantique avec Lefèvre et Lotti,
le fils de Charles Assolant, l'ami de
Rochefort, le neveu enfin d'Alfred As-
solant, le célèbre auteur du Capitaine
Corcoran. « L'Amicale des durs d'orei-
le » n'est qu'un groupement entre mille
groupements du même ordre répan-
dus à travers le monde. L'Amérique,
l'Allemagne, l'Angleterre, la Suisse, la
Hollande en possèdent beaucoup ; c'est
en Hollande notamment que les églises,
les théâtres, les cinémas sont pourvus
d'appareils multiples pour les durs
d'oreille ou les sourds. L'Association
que préside le colonel Assolant vient à
la rescousse pour mettre Paris à son
tour à la page. Aidons-la.
Le Couturier A. -
33, bd Malesherbes, vend ses modèles à
des prix adaptés aux circonstances ac-
tuelles : depuis 300 fr. Mais s'il a
su conquérir la clientèle élégante, c'est
moins par ses prix que par le chic et la
perfection de fes modèles.
Valfleuri, 11, boul. Raspail
avant fermeture solde sa collection de
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- 0
a - 1
Rêvasseries à l'Hippique
par Miguel ZAMACois
T
IOUS les ans, je vais fafre un
tour au Concours Hippique. J 3
vais un après-midi quelconque
au hasard, sans même m'infor-
mer de ce qu'il y a ce jour-là
au programme. L. essentiel pour wui,
c'est de savoir que je verrai circuler,
évoluer, courir ou sauter des chevaux
bWMX et bien portants.
Le jConcour* Hippique c'est, pen-
dant vingt jours, le cheval retrouvant
dans un tout petit coin de Paris son
importance de jadis, du jadis où nous
étions jeunes ; et comment résister
au plaisir de s'offrir chaque année, à
date fixe, à portée d'une station de
métro que l'on sait, sinon l'impossi-
ble rajeunissement effectif, du moins
l'illusion vaporeuse et fugitive don-
née par le spectacle, le décor et l'am-
biance ? ,
Notre jeunesse est inséparable du
cheval, organe essentiel de la vie pu-
blique ; alors, au Concours Hippique,
automatiquement, devant l'abondance
des quadrupèdes piaffant et caraco-
lant, le mécanisme de l'association
des idées joue, et nous avons vingt
*nS*
Dame 1 ou voit-on. à présent, des
chevaux en ville, si l'on n'a pas des
fenêtres donnant sur un quartier dç
cavalerie, sur un manège ou sur un
hippodrome ? De-ci de-là, dans Pa-
ris, on rencontre bien encore quel-
ques voitures de livraison hippomobi-
les, mais languissantes, méprisées,
honteuses au milieu des autos pres.
tes et impatientes, et qui se traînent
tristement dans une sorte d'agonie
ambulatoire. Loin de nous l'idée de
regretter à ce propos le vieux mau-
vais temps, car le malheur des che-
vaux a pu faire douter de l'existence
de Dieu, et rien ne nous empêche de
supposer que l'invention de l'automo-
bile est née du remords tardif de la
Providence.
D'aucuns, au Concours Hippique,
se délectent de la perfection des dres-
sages, des entraînements, des reprises
olympiques, des réussites de haute
école et des présentations de grand
46tyle ; ma joie essentielle à moi c'est,
ayant connu l'Enfer des chevaux
(pavé à la fois des grès pointus des
Pont et Chaussées et des mauvaises
intentions des cochers), de pouvoir
faire un tour à présent dans leur Pa-
radis.
Lorsque l'on ferme les yeux et que
l'on évoque le souvenir des haridel-
les de fiacres, chichement nourries,
blessées, couronnées, relevées à coups
de trique et d'injures du sol glissant
pour avoir à traîner derechef le far-
deau excessif ; lorsque .l'on revoit en
rêve — en cauchemar — les perche-
rons d'omnibus dans les rues mon-
tantes, et ceux des fardiers à pierres
de taille, cinglés malgré leur courage
et leur bonne volonté par le gros
fouet natté des brutes entre deux
vins, quelle délectation que le ya-et-
vient léux et élégant de ces bêtes de
même espèce, bien portantes et bien
traitées, à l'œil vif, au poil luisant.
entourées d'égards, que dis-je ?
de considération t
Quel plaisir aussi de songer que
tout * l'heure, à la sortie, on ne va
pas retrouver, comme autrefois, les
innombrables frères déshérités d<
ceux-ci, et se sentir, à chaque coin d(
rue, étreindre par la rage et le dé
goût des grandes injustices !
Certes, il y a toujours dans les
campagnes, dans les mines, dans les
arènes, de pauvres bêtes qui expient
encore abominablement les fautes
inexistantes, mais le grand soulage-
ment des coeurs pitoyables a com-
mencé : la mécanique, insensible et
infatigable, fait son œuvre de charité
involontaire, non pas, hélas ! parce
que les hommes sont devenus meil-
leurs, ni plus émotifs, mais parce
qu'ils sont devenus plus Apres au
gain et plus rapaces.
Qu'importe, après tout ! L'essen-
tiel, c'est que la somme de douleur
soit en diminution dans l'univers des
animaux innocents. Mais qu'il a
donc fallu du temps pour que le si-
lence des martyrs résignés, mille fois
plus impressionnant que les cris, par-
vienne au siège mystérieux des gran-
des revisions !
Oui, tout va bien, tout va mieux,
pour les chevaux. La collaboration
des engrenages d'acier, de l'électri-
cité et de l'essence, a déjà délivré du
supplice quotidien des millions d'ani-
maux de trait ; les nouvelles concep-
tions dans l'art de massacrer libére-
ront bientôt les chevaux dits — les
pauvres ! - « de guerre » ; et l'on
peut envisager enfin un avenir où les
chevaux, comme les chiens et comme
les oiseaux de volière, ne seront plus
que des instruments de plaisir. Alors,
n'évoquant plus dans l'esprit de leurs
maîtres l'idée du pénible labeur iné-
vitable mais celle du seul agrément,
ils se verront aimés et choyés, car,
par une étrange perversion de leur
sens moral, les hommes, en général,
témoignent plus de tendresse aux dis-
pensateurs du superflu qu'aux four-
nisseurs du nécessaire.
Quand j'ai quitté le Grand Palais,
des autos, aussi loin que la vue s'éten-
dait, étaient rangées le long du trot-
toir, comme autrefois les fiacres et
les voitures de maître à chevaux, et
je sentis s'accroître mon euphorie
sentimentale à la pensée que ces mas-
ses métalliques n'avaient ni chaud, ni
froid, ni faim. Qu'elles ne chan-
geaient pas de pied portant pour se
délasser de l'interminable attente
debout. Qu'elles étaient indifférentes
aux exaspérantes tracasseries des
mouches — quand elles ne les gril-
laient pas aux cellules de leur radia-
teur. ,
J'ajoute qu'une douce gaité me se-
coua .au spectacle d'un chauffeur fu-
rieux, désarmé devant l'insensibilité
agressive d'un moteur qui ne voulait
pas repartir. Ah ! s'il avait eu, ce
moteur, une chair dans quoi boxer,
une bouche fragile à supplicier d'un
mors cruel !. Mais le moteur et toute
la tôle environnante se fichaient éper-
dumeht des jurons et des points
crispés, et j'ai eu comme un senh-
ment que le soin de venger les mil-
lions de chevaux-martyrs défunts
était désormais confié à la mécani-
que passive,-sans âme, sans nerfs,
sans épiderme et sans poils.
Miguel ZAMACOIS.
'!- £, S ÇO NIES DE "P ARISSOIR"
.Le manteau
1
E
^ELYNE pouvait quitter le théâtre
ai) début du troisième acte, puis-
qu'elle ne paraissa t plus en scè-
ne jusqu'à la fin. Elle restait gé-
neraitrnieni pour ic. aaim. «tu pu-
blic, malgré l'insignifiance de son rôle.
Comme elle souffrait de cette insigni-
fiance, elle, artiste douée, sensible, si bien
faite pour traduire les amoureuses pas-
sionnes, tandis que Christine Vanilla, à
qui l'on confiait toujours les grands rô-
les, n'.était qu'un nom poussé par la pu-
blicité !
— Aucun tempérament personnel,
songeait Evelyne en l'écoutant jouer der-
rière un portant. De l'adresse, de la do-
cilité envers ses guides, mais aucun élan,
aucun cri sincère, rien, rien ! Et, dans
la vie privée, quelle mauvaise camarade!
Et elle songeait encore :
- Ah ! si c'était moi !
Car Evelyne avait appris le rôle, elle
était la doublure officielle, au cas, peu
prohahJe; d'un accident ou d'un empê-
chement. Inutile de pire avêc quelle
ivresse mal dissimulée à sa conscience,
elle souhaitait ce remplacement.
— Il verrait, lui, alors; ce que je peux
donner ! -
C'est qu'elle était,, en même temps,
amoureuse folle du grand artiste.Roger
Nirson, partenaire occasionnel de Chris-
tine Vantlla — peut-être aussi son amant
occasionnel ? - et qu'elle lui avait en-
tendu dire :
- Chriitine ?. Une aimable intrigan-
te, mais elle devrait faire de l'aquarelle !
Justement, Roger Nirson sortait de
scene au milieu des applaudissements :
— Ça va être votre tour, dit-il, la
voyant guetter près de la porte.
- Oui, répondit-eUe sans enthousias-
me. Pour ce que j'ai à dire 1 •
— Ça viendra. t
— Mais quand ?
- Ah 1 ça, mon petit.
- Tant que les Christine Vanilla
nous barrerontt. route, que voulez-vous
que nous fassions ?
- Je ne sais pas, moi. Mais il faut
s'aider, que diable 1 Une femme irttelli-
gente doit avoir des ressources.
Il ne pensait à rien de spéciàl. Elle
non plus. Mais à minuit, au moment de
revêtir son manteau, elle faillit prendre
celui de Christine, tout à fait par ha-
sard.
- C'est qu'ils se ressemblent beau-
coup, remarqua ^hristihe.
-i. Sauf pour l'intérieur, corrigea
Evelyne.
Toute b1 journée du lendemain, Eve-
lyne fut poursuivie par une pensée obsé-
dante. Elle tâchait de s'en débarrasser,
mais, tel un refrain, le projet revenait,
s'imposait, chaque fois avec plus de
forte. -
Brusquement, le thermomètre descen-
dit très bas. Une vague de froid s'abat-
tait sur Ja capitale, on ne partait que de
grippes, d'angines, de bronchites. Cela
durait depuis deux spirs; quand Evelyne
demanda la permission de partir dès la
ha de sa scène, prétextant un appel ur-
gent auprès d'une malade. Et, dans son
affolement simulé, elle enfila prestement
le manteau de Christine, encore en scè-
ne, ne lui laisbaht que sa pelure de drap
au col identique.
Précisément, Christine avait parlé, en
arrivant, d'un vague enrouement qui l'in-
quiétait.
Quand la vedette rentra dans sa loge,
elle chercha d'abord son manteau un peu
partout, à travers les courants d'air des
coulisses, puis, ne le-trouvant pas et in-
terrogeant l'habilleuse, elle admit la
substitution,. mais sans la soupçonner
préméditée.
En attendant, elle claqua des dente en
abordant le froid de l'extérieur. Sa voi-
ture n'étant pas là précisément, il fallut
attendre un taxi, et par une températu-
re aussi glaciale, le long trajet en pleine
nuit ne la réchauffa pas. Le lendemain,
elle avait la grippe et quarante de fiè-
vre.
C'est alors qu'Evelyne dut la rempla-
cer. Ah ! comme elle fut brillante, ma-
gnifique !.Tout ce qu'elle avait.pensé
extraire du rôle, elle y parvint sans dif-
ficulté, en se jouant, aidée, semblait-il,
par une force surnaturelle ! Cette foret
était d'une part l'amour, de l4'autre- te
sentiment fulgurant de l'occasion unique,
saisie aux cheveux, empoignée: Ayant
compris, d'ailleurs, la faiblesse d'inter-
prétation de Christine, qui jouait, au lieu
de vivre, elle, jouait en dedans, comme on
dit sur le plateau, faisait corps avec son
personnage, ne s'en pouvait séparer.
Dans la salle, quelques connaisseurs
s'aperçurent tout de suite de cette révé-
lation. ; le public, satisfait, sans mesu-
rer la qualité de l'exécutante, applaudit
pourtant, suivant l'enthousiasme des plus
avertis.
Après le dernier salut, et quand le ri-
deau se baissa complètement, Roger Nir-
son la rejoignit,-la regarda aux yeux :
.- Tu l'as fait exprès, petite scélé-
rate.?.., :
Elle tremblait :
- Quoi. que dites-vous ?
-r- Le manteau ?
Elle n'eut pas la force de mentir.. Il
la prit dans ses bras :
— Tu ne lui as pas soufflé que son
mantçau, peut-être ?.
La phrase sous-entendait : peut-être
aussi son amant ?
Elle étouffait de joie.
— Oh ! je suis trop heureuse !
Pourtant, un remords l'inquiétait, qu'il
calma aussitôt ': une Christine Vanilla
serait, sur pied dans trois jours et ne
céderait pas, sa place :
— Mais c'est moi qui ferai ta carrière,
petite scélérate.
- Alors, vous m'avez pardonné ?
-r- Je Saurais peut-être giflée ou dé-
masquée, si tu n'étais qu'une autre
Christine. mais quand on a ton âme !
Et il raiUa son émotion :
— Allons, tu n'auras plus besoin de
voler le manteau des autres, pour. avoir
chaud l
Marguerite GREPON.
DESSUNS Oie IMo STI£(F1(NIIB(E(F1
Fille de l'impératrice d'AUe JhUIJ Uf;: olt.. u-
fie-Thérèse, l'archiduchesse Marie-An-
toinette a été ilancee, pour des raisotu
politiques, au Dauphin de France qUi
regnera sous le nom de Louis XVI
Mais l'absence d'luritlfr WQUicte ta Cour
Après avoir subi une opération chirur-
gicale, ie Roi est capable delre pere et
en décembre 1778, Marie-Antoinette met
au monde une fille Quelques aeirtee-i
plus tard elle a un fils. qui sera le Dau-
phin. Mais la vie frivole de Marze-Artiot.
nette, ton inclination pour le comte
Axel de Fersen, la rendent impopulaire
La Cour même lui est hos'ile. En 17Bti
éclaté la Révolution La fureur popula,Tf
grandit peu à peu contre M flne- A 'tl (JI
nette et, les 5 et 6 octobre. les souverain
subissent un néri'abip assaut QUI mariai
de leur être fatal. Au cours de l'été 1791
ils décident de quitter la France et o
rejoindre les rmiyrps Ils sont arrrle<•.
Varennes et ramenés à Paris, où on le
garde à vue. En 1792, les armées étran
gères penetrent en France. L'efierve1
cence grandit. La famille royale est »»
carcérée d la prison du Temple
Louis XVI et Marie-Antoinette sont se
parés l'un de l'alttre. Louis XVI est guii
ratine En juillet 1793. on enlève son fil
à la reine prisonnière. Elle est transférer
à la Conciergerie pendant que se dèroui'
son procès devant le tribunal révolu
ttonnatre. Condamnée à être guillotinée
elle monte courageusement à l'échafaud
Et Fersen, loin de sa reine, vit doulou-
reusement le dernier acte de la tragédie.
TROISIEME PARTIE
XX. - Quelques jours plus tard.
Suite)
Enfin, le 5 octobre, il apprend que
Drouet, fait prisonnier à Maubeuge
est transféré à Bruxelles. Peut-être
ce scélérat pourra-t-il donner des
indications plus précises.
Le lendemain. Fersen va voir l'an-
cien maître de poste dans la cellule
où on l'a enchaîné cetnme une bête
féroce. Le Suédois, le cœur plein de
répulsion et de haine, contemple cet
homme qui est la cause de son mal-
heur. Saris lui, Marie-Antoinette se-
rait libre, le trône de France rétabli,
la face du monde aurait un aspect
de paix et de bonheur.
Avec quelle jqie Fersen lui saute-
rait à la gorge ! Ah ! sentir la vie
de cet être maudit s'éteindre peu à
peu sous ses doigts ! Mais il n'est
pns seul, la présence d-e l'abbé de
Limon et du comte Fitz-James l'obli-'
ge à se maîtriser. Il questionne ce-
pendant le prisonnier. L'autre plas-
tronne. et se donne le beau rôle.
Quand il a été commissaire auprès
de la Reine à la Conciergerie, il lui
a. fait donner une chambre moins
humide et un lit propre avec -deux
matelas; fi a été aux petits soins
pour- Elle. Fersen serre les poings :
l'infâme, comme il ment ! Il rentre
chez lui, brisé par les efforts qu'il a
dû faire pour se contraindre.
Et quelques jours plus tard, il ap-
prend la nouvelle à laquelle il a vai-
nement tenté de préparer son coeur:
le 14 octobre, Marie-Antoinette a été
traduite devant le Ttibunal révolu-
tionnaire. Il lutte de tout son amour,
de toute son espérance contre l'épou-
vantable menace que sa raison dres-
se devant lui. Non ! ils n'oseront pas.
C'est une femme, ils auront pitié, ils
la déporteront. Bientôt elle sera li-
bre. Ah quand il la recevra meur-
trie, brisée, dépouillée de sa couron-
ne, abandonnée de tous, ElUe n'en
sera que davantage à lui. Personne
ne la: lui disputera ; il l'emmènera
en Suède, et, tout le reste de sa vie,
il s'efforcera de lui faire oublier les
souffrances .dont Elle a été accablée.
Et quand bien même serait-Elle
condamnée, un mirajele peut encore
la sauver, et ce miracle se produira.
Elle a encore à Paris des amis qui
veillent sur elle, le peuple lui-même
au besoin empêchera que, ce crime
s'accomplisse.
— Non, répéte-t-il, accroché à son
dernier espoir, ce n'est pas possiblë.
j'aurai trop. perdu si je la perds..-.
.C'est le 20 octobre, un diman-
che, le ciél est d'un gris tendre et
lumineux. Au dehors, des bourgeois
paisibles se rendent à l'église. Fer-
sen est tassé dans un fauteuil,
n'osant bouger de crainte de réveil-
ler son mal. Depuis trois jours, il n'a
pas dormi, c'est à peine s'il a pris
un peu de nourriture. Chacune des
minutes qui le rapproche de l'ins-
tant où il saura charge sa poitrine.
Maintenant, il tremble, il a psur.
Il est onze heures, la porte s'ou-
vre, c'est Grandmaison, un de ses
amis. D'un bond, Fersen a sauté sur
le visiteur Tout dans son vsrge
Qran-o n - - -1 rf -, - R'A pf
supplie, les yeux brûlés par la fièvre,
les lèvres sèches, les narines frémis-
santes:
— Eh bien ?
Grandmaison est pâle, il balbutie:
— Voilà, Ackerman, le banquier,
vient de recevoir une lettre de son
correspondant de Paris. le juge-
ment de la Reine a été prononcé
dans la nuit du 15 au 16. il devait
être exécuté sur-le-champ.
— Mon Dieu ! râle Fersen com-
me-si une main l'avait saisi à la
gorge.
— Mais le peuple murmurait,.
alors, on a retardé l'exécution.
Le Suédois s'est redressé, il lampe
péniblement un peu d'air :
— Voyez que j'avais raison, dit-il.
ils n'ont pas osé.
Cependant, Grandmaison, gêné,
détourne la tête. Axel remarque son
trouble, le saisit aux épaules, le se-
coue :
— Quoi. ? que savèz-vous enco-
re ?. parlez !
- Le correspondant d'Ackerman
ajoute que c'est ce matin que Marie-
An tpinptte doit paraître à la fenêtre
nationale.
Fersen a poussé un Cri. Ce ma-
tin 1 maintenant ! tandis qu'il res-
Ait
FORT
-DE-
FRANCE
le nouveau roman de
PIERRE.
BENOÎT
La YI4 lOftS Mystère
chez je-. Stors de Hollywooo
VICKI SAUM
LES
'MARCHANDS
DE CANONS
ONT-ILS BESOIN
DE LA GUERRE ?
Grande Enquète
Internationale
PAUL ALLARD
la ..,. 2 ~Of'la
La couverture du numéro des Annales paru ce matin, dans lequel
commence le nouveau et passionnant roman de Pierre Benoit : Fort-de-
France, troublante aventure d'une amoureuse créole. Dans ce même
numéro débutent la retentissante enquête de Paul Allard sur les Marchands
de Canons et le roman des Stars d'Hollywood, par Vicki Baum. - Tous
les Vendredis, 2 francs. :','. ," ': ;, :
pire et qu'il vit, là-bas, on s'apprête
à- la tuerL Il sort de chez lui com-
me un homme qui s'échappe d'une
maison en flammes. Il veut savoir !
Dans les rues, des gens s'arrachent
des gazettes. Il en prend une, jette
les yeux dessus, chancelle et s'ap-
puie contre un mur. Il lui semble que
la feuille qu'il tient dans ses mains
s'est remplie de sang.
Il revient chez lui, monte en tré-
chant l'escaVer re cogne aux
Ses regards tombent sur la couverture de l'almanach
où-elle a elle-même brodé leur devise.
murs et s'abat sur une chaise de-
vant sa table. n est sans larmes,
sans cris, assommé et cependant
conscient de sa souffrance.
Afin que son malheur pénètre bien
en lui, il relit la gazette. C'est il y a
quatre jours, le 16, à midi, que ce
crime a été commis. Et Dieu a per-
mis cela ! Quoi ! Elle a été seule
dans ses derniers moments, sans
consolation, sans personne à qui
parler, à qui donner ses dernières
Volontés. Il vit l'agonie atroce, il en-
tend la foule qui hurle à la mort, il
voit le bourreau abattre ses mains
sur ce corps qu'il a couvert de bai-
sers.
Jamais il n'a autant senti le prix
de ce qu'il possédait, jamais il ne
l'a autant aimée. Pourquoi faut-il
l'avoir perdue ?
Ses regards tombent sur la cou-
verture de l'almanach où elle a elle-
même brodé leur devise: Foi, Amour,
Espérance. Trois unis à jetmais. A
côté est la miniature. Elle est là avec
ses douces prunelles pleines de ciel,
son beau port de tête, ses cheveux
de lumière, son teint à transparence
de fleur. Elle le contemple du fond
de leur passé heureux.
C'est fini, il ne la reverra plus.
Une blessure s'ouvre en lui qui ne se
fermera qu'avec sa mort. Il mur-
mure :
— Et maintenant, que vais-je de-
venir ? -
Il promène autour de soi des yeux
sans regards, il n'a plus de secours
à attendre ni de la terre ni du ciel.
Il écrase son f ror, tcontr? son bras
replié et, les poings fermés, il san-
glote et crie tout à la fois :
— Ah ! les monstres d'enfer !
Non, sans la vengeance, jamais mon
coeur ne sera content.
FIN
Copyrigth by Paris-soir and Pierrt
Nezeloff
Les obsèques de M. Thamin
auront lieu demain
à Saint-Sulpice
C'est demain samedi que seront célé-
brées les obsèques du père de notre ami
et collaborateur Marc Thamin, M. Ray-
mond Tiïàmin, ancien recteur des Aca-
démies de Rennes et de Bordeaux, di-
recteur honoraire de l'enseignement se-
condaire, professeur honoraire à la Sor-
bonne, membre de l'Institut, comman-
deur de la Légion d'honneur.
On se réunira à midi, à l'église Saint-
Sulpice. L'inhumation aura lieu au ci-
metière du Père-Lachaise.
Suivant la volonté de la famille, aucun
discours ne sera prononcé.
1111 Les Panamas ■■■■
LE CHAPELIER DE LA FEMME
(3. Chatissée-d'Antin (car. Haussm.)
1, rue Washington (114. Cb.-£Iysres)
k
IL A V U LILlE
Un verbe irrégulier
Voilà une formule heureuse qui, cer-
tainement, sera reprise et signée par
d'autres. Nous en citerons dès. mainte-
nant l'auteur : Edouard Herriot.
« Le verbe désarmer est un verbe
essentiellement irrégulier. C'est fort cu-
rieux : il n'a pas de passé, pas davan-
tage de présent.
» Il n'a qu'un futur. Encore ce
temps ne se conjugue-t-il qu'à la deuxiè-
me personne : tu désarmeras. »
L'ancien président du Conseil disait
cela devant une, multitude d'anciens
combattants qui applaudissaient à tout.
rompre. Complétons la pensée de M.
Herriot : le verhe désarmer tolère la
première personne. mais c'est au condi-
tionnel.
Le cornichon symbolique
Au dernier déjeuner mensuel des
« Ecrivains Combattants », autour du
président Claude Farrère, on avait pré-
vu la place de deux camarades qui tous
deux sont députés.
Aux hors-d'oeuvre, intitulés « le petit
assortiment choisi » — charcuterie
qui ne saurait se manger sans corni-
chons -, aucun des deux députés
n'était encore arrivé. Le bocal accom-
pagnant l'assortiment fut alors, après
avoir circulé, ramené devant l'une des
places vides.
Soudain, et enfin, arriva l'un des
deux parlementaires.
— Les séances de nuit se prolon-
gent donc au delà de midi ?. lui de-
manda-t-on.
Le bocal fut précipitamment retiré.
Des cornichons à la place de dépu-
tés si spirituels que soient les deux dé-
putés en cause, cela aurait pu être mal
interprété !
Tragédie patriotique
A propos de La Francerie, des criti-
ques ont évoqué Les Perses, d'Eschyle,
tableau de la psychologie des va -It-us
Eschyle lui-même avait eu un 'pré-
curseur.
I hrynichus, — qui introduisit au
théâtre les personnages féminins, —
avait, dans La prise de Milet, peint
d'une manière très émouvante les
malheurs de la cité.
II fut mis à l'amende, pour avoir ré-
veillé trop fortement le souvenir d'une
calamité nationale !
On est plus large d'idées maintenant.
En France comme en Allemagne, à la
scène ou sur l' écran, toutes les évocations
sont autorisées, — en principe.
Pour les sourds
« Entendre », qui est l'organe de
l' « Association amicale des durs
d'oreille de la région parisienne », donne
dans son premier numéro, la liste du
comité de cette association.
Le président n'est autre que le colonel
Assolant, le père de l'aviateur qui tra-
versa l'Atlantique avec Lefèvre et Lotti,
le fils de Charles Assolant, l'ami de
Rochefort, le neveu enfin d'Alfred As-
solant, le célèbre auteur du Capitaine
Corcoran. « L'Amicale des durs d'orei-
le » n'est qu'un groupement entre mille
groupements du même ordre répan-
dus à travers le monde. L'Amérique,
l'Allemagne, l'Angleterre, la Suisse, la
Hollande en possèdent beaucoup ; c'est
en Hollande notamment que les églises,
les théâtres, les cinémas sont pourvus
d'appareils multiples pour les durs
d'oreille ou les sourds. L'Association
que préside le colonel Assolant vient à
la rescousse pour mettre Paris à son
tour à la page. Aidons-la.
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