Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1938-04-26
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 26 avril 1938 26 avril 1938
Description : 1938/04/26 (N16625). 1938/04/26 (N16625).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76341750
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/12/2014
ÉDITION DE 5 HEURES
LE JOURNAL
030
(N° 16625)
PARIS, 100, RUE DE RICHELIEU
HTéléph. : Richelieu 81 -54 et la suite
Mardi 26 Avril 1938
Le Bureau de Tourisme du JOURNAL
organise tous voyages
en groupes ou individuels
Joignez-vous à ses Circuits vers
L'ITALIE. LA COTE D'AZUR
L'AFRIQIJE DU NORD
NOTICES ET RENSEIGNEMENTS
102, rue de Richelieu - Paris
AU POSTE DE L'ILE-DE-FRANCE
ÉCOUTEZ
CHAQUE JOUR A MIDI 5, ET 19 HEURES 5
A LE QUART D'HEURE
1 W DU" JOURNAL
IV
A l'unanimité le gouvernement approuve :
Le plan général de
redressement financier et
de rénovation économique
SON BUT ESSENTIEL :
Accroître la production
SON APPLICATION :
Par décrets-lois dont les premiers
paraîtront à "l'Officiel" du 3 mai
UNE DÉCLARATION DE M. DALADIER
L'idée centrale qui inspire le plan d'action
que le gouvernement de défense nationale
veut mettre en œuvre est l'accroissement de
la production française.
Dans presque tous les domaines, en effet,
elle est notablement inférieure à celle de la
plupart des puissances européennes. L'équi-
libre nécessaire de la balance des comptes
et celui du budget ne peuvent être obtenus
que par le travail. Le plan dozt donc écarter
tout ce qui est de Mature à entraver cet ac-
croissement indispensable de la production
sans lequel il n'y a pas de salut.
Enfin, le plan s'inscrit dans le maintien de
la liberté monétaire, de l'accord tripartite et
de la défense du franc, indispensables à la
rentrée des capitaux et à la fin de la thé-
saurisation.
Les mesures suivantes doivent donc être
réalisées :
Assainissement financier et rétablissement
de l'équilibre budgétaire par un effort fis-
cal n'entravant pas la production ;
Rénovation de l'outillage et aménage-
ment du travail dans le cadre légal en vue
d'un meilleur rendement ;
Soutien de l'artisanat ;
Plan de travaux ayant pour but notam-
ment la destruction des taudis ;
Développement du crédit pour l'industrie
et le commerce ;
Amélioration du financement et des con-
ditions de paiement des marchés publics ;
Mise en valeur des richesses de notre em-
pire colonial ;
Facilités données au progrès du tourisme,
véritable industrie nationale.
Ce plan, sur lequel s'est affirmé l'accord
unanime du gouvernement, sera exécuté
par un ensemble de décrets-lois qui, con-
formément aux décisions antérieures, se-
ront soumis, à partir du 1er mai, au conseil
des ministres. Les premiers décrets-lois se-
ront promulgués le 3 mai au « Journal
officiel ».
LIRE EN 3e PAGE LES DETAILS SUR LES CONSEILS GOUVERNEMENTAUX
Le mariage du roi Zog
Jeune souverain
d'un pays de légen-
de, il installe une
comtesse magyare
sur le trône qu'il a
lui-même construit.
Les noces de Tirana ! Le roi des Skipetars épouse
une comtesse magyare ! Vous pensez au titre d'un
livret d'opérette avec musique de l'auteur de l'Amour
Tzigane, et nous sommes en pleine actualité. Quelle
époque fut plus fertile en fantaisie que la nôtre !
Quel pays plus évocateur pour les imaginations que
ces montagnes albanaises illustrées par Skanderbeg
et par Ali, de Tebelen! Quelle carrière plus romanes-
que que celle du jeune souverain qui, après avoir
construit un trône, y fait asseoir la comtesse Géral-
dine Apponyi !
Tous ceux 'qui ont connu à Genève le comte Ap-
ponyi, un des plus remarquables artistes qui se soient
jamais produits sur les tréteaux de la S.D.N., le type
du grand seigneur, hautain mais sans morgue, aussi
fin diplomate que prestigieux orateur, héritier d'une
longue lignée de magnats très occidentalisés, se de-
mandent ce qu'il doit penser dans sa tombe quand une
de ses nièces n'hésite pas à convoler en justes noces
avec un chef de clan albanais promu, il y a dix ans
à peine, roi d'une nation qui nous apparaît comme
une sorte d'avant-garde de l'Asie aux bords de
l'Adriatique.
Certes, il est de fort bonne souche, cet Ahmed
Zogou, dont le père et le grand-père ont été pachas
turcs, qui compte même, paraît-il, parmi ses ancê-
tres un grand-vizir et dont la mère appartenait à
l'illustre famille des Toptan. Mais quelle différence
de race, de civilisation, de religion surtout ! Combien
éloquent le silence du Vatican avant une union dont
la descendance paraît devoir poser un problème en-
core plus scabreux que celui qui a conduit l'ancien
roi Ferdinand de Bulgarie à l'excommunication !
Aussi bien, n'y aura-t-il pas, à Tirana, de mariage
religieux. L'Eglise catholique ne peut l'admettre et
l'Islam l'ignore. Suivant la tradition islamique, le
fiancé achète son épouse aux parents de celle-ci.
Ancien élève du lycée de Gatala Séraï, à
Constantinople, le jeune Ahmed Zogou a tout
juste vingt ans quand, pendant les guerres bal-
kaniques, les Serbes envahissent l'Albanie. La rési-
dence de ses parents est réduite en cendres. Du coup,
il se range du côté des Autrichiens avec qui il fait
la grande guerre. Rentré dans son pays à la fin des
hostilités, il y trouve un vague conseil de régence
composé d'un musulman, d'un catholique et d'un
orthodoxe qui s'est installé après l'effondrement du
trône éphémère érigé par les puissances en l'hon-
neur du prince de Wied. Gouvernement sans auto-
rité pour contenir les ambitions d'Essad Pacha.
L'ancien défenseur de Scutari, qui devait trouver
à Paris une mort tragique, avait, dès 1912, rêvé, lui
aussi, de devenir roi d'Albanie. En dépit de liens de
parenté assez étroits, car Essad appartient au clan
Toptan, Ahmed Zogou se met à la disposition du
conseil de régence. Il en est récompensé par le
portefeuille de l'intérieur dans le premier ministère
régulier qui se forme. Les cabinets tombent comme
des châteaux de cartes. Ahmed Zogou reste. Il s'est
révélé comme un homme à poigne.
Au début de 1922, Ahmed Zogou, premier minis-
tre, est victime d'une cabale montée par les mem-
bres de son propre parti, les anciens féodaux. Le
chef du parti rival, le parti des avocats, en profite
pour organiser une révolution. Mgr Fan-Noli est lui
aussi un personnage peu banal, un ancien débardeur,
jongleur, écuyer de cirque, qui est devenu évêque de
Scutari et l'homme des Italiens. Il l'emporte au
mois de mai 1924. Son triomphe est bref. Quelques
mois plus tard, Ahmed Zogou rentre, soutenu par
les Serbes, réforme la Constitution sur le modèle
américain et se fait élire président pour sept ans.
Ici se place un des revirements les plus curieux
de la carrière. Ahmed Zogou abandonne les Serbes
pour chercher l'appui du régime fasciste. Il conclut
les pactes de 1926 et 1927 qui assurent l'influence
dominante de M. Mussolini en Albanie.
Dès ce moment, le jeune chef songe à perpétuer
son pouvoir. Il guette l'occasion favorable. Il n'a pas
longtemps à attendre. Le rr septembre 1928, le nou-
veau roi des Albanais monte sur le trône.
Depuis dix ans, celui qui s'appelle maintenant le
roi Zog, a montré qu'il est bien à la hauteur de sa
tâche.
Il y a bien encore une ombre au tableau. Le pre-
mier soin du fondateur d'une dynastie ne doit-il pas
être d'assurer la descendance ? Le roi Zog a-t-il eu
d'Autres préoccupations, ou bien n'a-t-il pas été
heureux dans ses projets matrimoniaux ? La seconde
version peut invoquer au moins un épisode. En 1931,
le jeune souverain s'est rendu à Vienne où l'attiraient
les beaux yeux d'une jeune baronne autrichienne.
Un soir, au sortir de l'Opéra, deux gaillards mitrail-
lent sa voiture à coups de revolver, et son aide
de camp tombe mort.
On ne compte pas les fiancées qui ont été attri-
buées au roi Zog. Une princesse égyptienne. Une
sœur du roi d'Afghanistan. Celle qui va devenir la
reine Géraldine n'est même pas, dit-on, la première
jeune fille de l'aristocratie hongroise qui ait attiré
l'attention du roi.
Seule elle a su fixer le cours du destin assez
longtemps pour recevoir la couronne. Il y a un an
environ que l'idylle a commencé au Lido. Elle s'est
développée au cours d'un voyage que la jeune
comtesse, ardente sportive, a fait en Albanie. En
vraie descendante d'une race habituée à la do-
mination, la gracieuse jeune fille ne s'est pas con-
tentée de gagner le cœur de ses futurs sujets. Elle
s'est mise résolument à l'étude de la langue alba-
naise. Généreuse autant que belle, elle a décidé de
consacrer à une œuvre charitable les quelque neuf
millions de francs qui lui ont été offerts par une
souscription populaire.
Ce n'est pas la seule largesse de la fête. La jour-
née du 27 avril verra célébrer, en même temps que
les noces royales, cent un mariages dont toutes
les épousées ont été dotées par le roi Zog. Heureuse
évocation des traditions féodales, qui complète bien
le décor d'une cérémonie à la fois moyenâgeuse
et très moderne.
SAINT-BRICE.
Au passage à niveau de Noyant (Maine-et-Loire)
UN AUTOCAR
chargé de pèlerins
est pris en écharpe
par un rapide
SEPT MORTS - DIX BLESSÉS
Le garde-barrière, auxiliaire, peu au courant du service
oubliant qu'un train était dédoublé avait ouvert le passage
Voici, par téléphoto, un aspect du car après l'accident, dont on
lira les détails en 3* page, 2* colonne.
DES BIJOUX
valant plus
d' un million
*
disparaissent
mystérieusement
DE L'HOTEL PARTICULIER
DU BARON DE NEUFLIZE
A NEUILLY-SUR-SEINE
Des bijoux dont la valeur dépasse
un million de francs ont mystérieu-
sement disparu, l'autre nuit, à
Neuilly.
La baronne de Neuflize, qui habite
avec son mari un hôtel particulier,
36, boulevard Maillot, avait, en se
couchant, déposé ses bijoux, comme
elle le fait tous les soirs, sur la che-
minée de sa chambre. Hier matin
ils ne s'y trouvaient plus !
— Il y avait là, déclare la baronne,
tous mes bijoux de famille : plusieurs
colliers, des bagues, dont une surtout,
un gros solitaire, avait une valeur con-
sidérable. J'estime que l'ensemble ne
valait pas moins de 1.300.000 francs.
Elle ajouta que les fenêtres de la
chambre qu'elle occupe avec son
mari étaient toujours ouvertes.
Avait-on escaladé le mur ?
Les enquêteurs, le commissaire de
police de Neuilly, M. Cassius et son
secrétaire, M. Leca, secondés par les
inspecteurs de la P. J. cherchèrent
en vain des traces d'escalade.
Le chien qui couche dans la cham-
bre de sa maîtresse n'a pas aboyé.
Est-ce donc un familier de la mai-
son qui s'est introduit dans la pièce ?
Mais l'animal est très vieux et les
parquets sont couverts d'épais tapis.
il est possible qu'il n'ait rien entendu.
L'affaire, quoi qu'il en soit, est
singulièrement mystérieuse.
MON FILM: i-'universelle parlote
Deux grandes épreuves ont été
disputées dimanche dernier :
1° La course cycliste Paris-
Bruxelles ;
2° Le tournoi d'éloquence qu'or-
ganise chaque année la Ligue des
droits du religieux ancien combat-
tant (D.R.A.C.) et qui met aux
prises des jeunes élèves de l'ensei-
gnement libre.
« Paris-Bruxelles » a obtenu des
comptes rendus infiniment plus co-
pieux — avec photographies à la
clé-- que la « Coupe de l'éâo»
quenCé ». Le nom du champioo/de
la pédale est devenu populaire -:
il me faut cependant avouer que je
l'ignore totallement — mais les fou-
les ne se soucient guère de savoir
comment s'appelle le jeune athlète
de la tribune : je dis « athlète »,
parce que l' éloquence est un sport
aussi. Un tournoi d'orateurs figu-
rait au programme des jeux
d'Olympie : ce n'est pas le cas, si
je suis bien renseigné, du cyclisme
sur route, ni même sur piste.
Je veux réparer, dans la mesure
de mes moyens, l'inj ustice dont est
victime notre tribun en herbe. Il
s'appelle Robert Ducos et a triom-
phé — après une série d'élimina-
toires — dans un discours impro-
visé sur ce thème : « Un jeune
parle devant le monument élevé à
la mémoire des 4.820 prêtres et
religieux morts pour la France ».
Voilà un sujet que devrait re-
prendre un des champions de l'élo-
quence parlementaire : peut - être
obtiendrait-il — l'anticléricalisme
le cède aujourd'hui au principe dé
la « main tendue », — l'abrogation
des lois qui ont obligé les religieux
à quitter la France mais n'ont pas
pu les empêcher de venir la défen-
dre et de mourir pour elle.
Cela dit, constatons que si on
peut aller très loin quand on est un
-as de la bicyclette, on peut aller
plus loin encore quand on est un
virtuose de la tribune.
Qui sait parler en public -
même sans rivaliser avec les grands
orateurs — peut arriver à tout.
Car le monde moderne est une im-
mense parlote : observez que les
régimes démocratiques et les régi-
mes fascistes ont ceci de commun
que les rôles principaux y sont ré-
servés aux teneurs du crachoir.
Roosevelt est devenu président de
la République américaine en pro-
nonçant d'innombrables discours ;
Mussolini bègue ou bafouilileur
n'aurait pas vécu sa prodigieuse
existence et Hitler, sans ses dons
de tribun, serait sans doute encore
peintre en bâtiment. L'éloquence ne
garantit pas les grandes réussites,
mais à notre époque de verbalisme
intensif, qui ne sait pas phraser sur
quelque tréteau doit renoncer aux
grandes ambitions.
Au commencement était le
Verbe, soit, mais aujourd'hui il est
aussi au milieu, à la fin, partout.
Et cette inflation sonore — avec ses
clichés, ses chiqués, ses cabotina-
ges — ne me paraît pas produire
d'heureux effets : jamais l'existence
des peuples n'a été si troublée.
Nous avons grand besoin d'une cure
de silence. — CLÉMENT VAUTEL.
EN 2° PAGE :
ARTICLES DE PARIS
Coquette. en herbe
par ALICE COCÉA.
EN 38 PAGE, 4E COLONNE :
Paris sera-t-il privé de spectacles
le 1er mai, en matinée.
N'ayant pu remettre leur auto en
route, cinq agresseurs nocturnes
sont arrêtés à Marly-la-Ville.
EN 5e PAGE, 1 re COLONNE T
Les négociations franco-italiennes:
M. Blondel vient à Paris s'en-
tretenir avec M. Bonnet.
EN 58 PAGE, 48 COLONNE :
Les revendications de Conrad
Henlein ont l'appui du Reich.
PETITES CAUSES, GRANDS EFFETS
— Jusqu'à nouvel ordre, il n'y aura pas de discours minis-
tériels en province, le dimanche.
— Et immédiatement, tout va beaucoup mieux !
=EN 2e PAGE :
Météore 39
A la future
"Etoile du Journal"
Par Maurice DEKOBRA
Les frères Simkow
ont-ils été enlevés?
Leur père a reçu hier un
message qui lui donnait
rendez-vous au Bois.
MAIS PERSONNE N'EST VENU
Cinq jours se sont écoulés et
le mystère qui enveloppe la dis-
parition des frères Simkow de-
meure entier.
L'hypothèse de l'accident
n'étant plus retenue et celle de
la fugue apparaissant improba-
ble, il ne reste que l'éventualité
d'un criminel enlèvement. Mais,
là encore, que d'invraisemblan-
ces sautent aux yeux des enquê-
teurs qui examinent cet aspect
du problème. On n'escamote pas
comme ça, en plein jour, deux
jeunes garçons pleins de santé,
dont l'un est âgé de 18 ans. Et
dans quel but ? Ils n'appartien-
nent pas à une très riche
famille et en cas de kidnapping
quel risque pour les malfaiteurs
en regard d'un profit bien
aléatoire 1
Le père des disparus a bien
reçu, hier, le message de person-
nages inconnus qui lui don-
naient un rendez-vous — où ils
se sont bien gardés de venir —
au bois de Boulogne, mais la
récente affaire de Koven nous
a appris que de mauvais plai-
sants ou des maniaques n'hési-
taient pas à jouer avec la dou-
leur des parents dès qu'une his-
toire dramatique de ce genre
prenait un caractère sensation-
nel.
L'enquête, très serrée, menée
par la brigade mobile, n'a en-
core recueilli en tout cas aucun
YVAN MALANO
élément permettant d'orienter
les recherches de façon certaine
vers l'éventualité d'un rapt, qui
reste aussi problématique qu'au
premier jour. En vérité, rare-
ment les policiers eurent à ré-
soudre une énigme aussi tragi-
quement angoissante tant elle
s'avère complètement impéné-
trable.
LES DETAILS DANS NOTRE ENQUETE EN 38 PAGE, 4' COLONNE
e
DÉTENTION!
À la petite semaine
Passez votre
week-end
.en prison
EN ANGLETERRE, ON ENVISAGE D'AUTORISER
CERTAINS CONDAMNÉS A PURGER LEUR PEINE
PAR ACOMPTES DEUX JOURS PAR SEMAINE
L'Angleterre est un pays de tradition, de gravité,
facilement choqué par les extravagances du Conti-
nent.
Aussi, malgré ses apparences fantaisistes, convenait-
il d'attacher quelque intérêt à la nouvelle répandue
outre-Manche, par les gazettes les plus sérieuses, les
moins enclines à l'humour.
Il ne. s'agit rien de moins,, à les entendre, que
d'une réforme d'ordre social qui rencontre dans les
milieux les plus compétents et singulièrement dans
les milieux judiciaires, la plus grande faveur.
Le Parlement britannique va être saisi d'une pro-
position de loi permettant aux condamnés de droit
commun n'ayant à subir que de courtes peines de
ne les purger que par acomptes, chaque week end.
Ce système permettrait à ces condamnés de de-
meurer libres toute la semaine et de continuer à
vaquer à leurs occupations. Ce n'est que le samedi
après-midi (on travaille encore le samedi matin en
Angleterre) qu'ils se constitueraient prisonniers pour
être relâchés le lundi matin à temps pour se retrou-
ver, comme si rien d'insolite ne s'était passé dans
leur vie, à leur bureau, à leur comptoir, à leur
usine ou à leur atelier. jusqu'au samedi suivant où
ils retourneraient en prison.
Les initiateurs de cette réforme, qui paraissent
très confiants dans ses bienfaits éventuels, font ob-
server qu'ainsi' un condamné ne courrait plus le ris-
que si fréquent d'être par surcroît condamné au chô-
mage en sortant de prison et qu'il ne serait plus sé-
paré des siens, ce qui, parfois, impose un châtiment
immérité à des innocents privés de leur soutien ou
simplement d'urr mari, d'un père ou d'un fils (voire
d'une épouse, d'une mère ou d'une fille) qu'ils ché-
rissent.
L2 projet vise surtout ce que nous appelons en
France les délinquants de la correctionnelle, passibles
de courtes peines. Pour l'application pratique de la
réforme, ses initiateurs suggèrent que ces peines
soient toujours formulées en jours et non en mois.
Bénéficieraient également de la réforme (dont le
condamné serait libre de refuser le bénéfice s'il pré-
férait effectuer sa peine de la manière classique,
c'est-à-dire d'une seule traite) : les personnes em-
prisonnées pour contrainte par corps en cas de non-
paiement d'amendes ou de sommes dues au Tré-
sor.
Ce système de la prison du week end est-il appli-
cable en France ? En principe, plus aisément qu'en
Angleterre, puisque presque tous les travailleurs
bénéficient de deux jours pleins et consécutifs consa-
crés aux loisirs. Il semble même que la semaine de
40 heures permettrait à certains condamnés de com-
mencer leur week end pénitentiaire le vendredi soir,
effectuant ainsi un « rabiot » dont on devrait légiti-
mement leur tenir compte.
Mais, dans la pratique, autant que j'ai pu en juger
par une rapide enquête, cette innovation rencontre-
rait -de sérieuses difficultés.
Avant tout, de la part de l'administration péni-
tentiaire. Son distingué et compétent directeur, M.
Estève, à qui j'ai soumis le projet anglais, estime
que son application constituerait en France un véri-
table boulversement. -
— Il nous faudrait augmenter et le nombre des
prisons et le nombre des gardiens, m'a-t-il dit,
mi-rieur, mi-effrayé.
H est vrai que quiconque connaît les formalités
extraordinairement compliquées auxquelles donnent
lieu, au greffe d'une prison, les entrées et sorties de
pensionnaires, peut s'effarer à l'idée de ce qui se
passerait chaque samedi et chaque lundi si le week
end pénitentiaire devenait une réalité.
Il faudrait connaître l'opinion des intéressés.
Dans un bar connu où les gens du monde ne dé-
daignent pas parfois de côtoyer les gens du c mi-
lieu », un bookmaker plus élégant dans son costume
clair que dans ses propos,, m'a déclaré :
— Chaque fois que je suis c tombé », c'est sur-
tout le dimanche que j'avais c le noir ». Je pensais
à Longchamp, à Auteuil ou à Vincennes, selon le
cas et ça me donnait.
— De la nostalgie ?
— J'sais pas. En tout cas du cafard ! Aussi, vous
pouvez marquer sur Le Journal que j'aime mieux
faire ma taule d'un seul coup.
Telle est l'opinion d'un bookmaker, à laquelle
adhèrent d'ailleurs sur-le-champ (non pas de cour-
ses) deux de ses collègues présents à notre entre-
tien.
Comme je ne possédais pas sous la main des délin-
quants d'autre nature (on ne connaît pas tout le
monde dans un bar) force me fut de 'm'en tenir à
ces avis autorisés.
GEO LONDON.
M. LEBRUN INAUGURE.
.L'Exposition d'art
nationale indépendante
Le président de la République au cours ûe sa
visite, hier matin, dans la galerie parisienne, ou
se tient l'Exposition d'art nationale iîidépenàanie
LE JOURNAL
030
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A l'unanimité le gouvernement approuve :
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redressement financier et
de rénovation économique
SON BUT ESSENTIEL :
Accroître la production
SON APPLICATION :
Par décrets-lois dont les premiers
paraîtront à "l'Officiel" du 3 mai
UNE DÉCLARATION DE M. DALADIER
L'idée centrale qui inspire le plan d'action
que le gouvernement de défense nationale
veut mettre en œuvre est l'accroissement de
la production française.
Dans presque tous les domaines, en effet,
elle est notablement inférieure à celle de la
plupart des puissances européennes. L'équi-
libre nécessaire de la balance des comptes
et celui du budget ne peuvent être obtenus
que par le travail. Le plan dozt donc écarter
tout ce qui est de Mature à entraver cet ac-
croissement indispensable de la production
sans lequel il n'y a pas de salut.
Enfin, le plan s'inscrit dans le maintien de
la liberté monétaire, de l'accord tripartite et
de la défense du franc, indispensables à la
rentrée des capitaux et à la fin de la thé-
saurisation.
Les mesures suivantes doivent donc être
réalisées :
Assainissement financier et rétablissement
de l'équilibre budgétaire par un effort fis-
cal n'entravant pas la production ;
Rénovation de l'outillage et aménage-
ment du travail dans le cadre légal en vue
d'un meilleur rendement ;
Soutien de l'artisanat ;
Plan de travaux ayant pour but notam-
ment la destruction des taudis ;
Développement du crédit pour l'industrie
et le commerce ;
Amélioration du financement et des con-
ditions de paiement des marchés publics ;
Mise en valeur des richesses de notre em-
pire colonial ;
Facilités données au progrès du tourisme,
véritable industrie nationale.
Ce plan, sur lequel s'est affirmé l'accord
unanime du gouvernement, sera exécuté
par un ensemble de décrets-lois qui, con-
formément aux décisions antérieures, se-
ront soumis, à partir du 1er mai, au conseil
des ministres. Les premiers décrets-lois se-
ront promulgués le 3 mai au « Journal
officiel ».
LIRE EN 3e PAGE LES DETAILS SUR LES CONSEILS GOUVERNEMENTAUX
Le mariage du roi Zog
Jeune souverain
d'un pays de légen-
de, il installe une
comtesse magyare
sur le trône qu'il a
lui-même construit.
Les noces de Tirana ! Le roi des Skipetars épouse
une comtesse magyare ! Vous pensez au titre d'un
livret d'opérette avec musique de l'auteur de l'Amour
Tzigane, et nous sommes en pleine actualité. Quelle
époque fut plus fertile en fantaisie que la nôtre !
Quel pays plus évocateur pour les imaginations que
ces montagnes albanaises illustrées par Skanderbeg
et par Ali, de Tebelen! Quelle carrière plus romanes-
que que celle du jeune souverain qui, après avoir
construit un trône, y fait asseoir la comtesse Géral-
dine Apponyi !
Tous ceux 'qui ont connu à Genève le comte Ap-
ponyi, un des plus remarquables artistes qui se soient
jamais produits sur les tréteaux de la S.D.N., le type
du grand seigneur, hautain mais sans morgue, aussi
fin diplomate que prestigieux orateur, héritier d'une
longue lignée de magnats très occidentalisés, se de-
mandent ce qu'il doit penser dans sa tombe quand une
de ses nièces n'hésite pas à convoler en justes noces
avec un chef de clan albanais promu, il y a dix ans
à peine, roi d'une nation qui nous apparaît comme
une sorte d'avant-garde de l'Asie aux bords de
l'Adriatique.
Certes, il est de fort bonne souche, cet Ahmed
Zogou, dont le père et le grand-père ont été pachas
turcs, qui compte même, paraît-il, parmi ses ancê-
tres un grand-vizir et dont la mère appartenait à
l'illustre famille des Toptan. Mais quelle différence
de race, de civilisation, de religion surtout ! Combien
éloquent le silence du Vatican avant une union dont
la descendance paraît devoir poser un problème en-
core plus scabreux que celui qui a conduit l'ancien
roi Ferdinand de Bulgarie à l'excommunication !
Aussi bien, n'y aura-t-il pas, à Tirana, de mariage
religieux. L'Eglise catholique ne peut l'admettre et
l'Islam l'ignore. Suivant la tradition islamique, le
fiancé achète son épouse aux parents de celle-ci.
Ancien élève du lycée de Gatala Séraï, à
Constantinople, le jeune Ahmed Zogou a tout
juste vingt ans quand, pendant les guerres bal-
kaniques, les Serbes envahissent l'Albanie. La rési-
dence de ses parents est réduite en cendres. Du coup,
il se range du côté des Autrichiens avec qui il fait
la grande guerre. Rentré dans son pays à la fin des
hostilités, il y trouve un vague conseil de régence
composé d'un musulman, d'un catholique et d'un
orthodoxe qui s'est installé après l'effondrement du
trône éphémère érigé par les puissances en l'hon-
neur du prince de Wied. Gouvernement sans auto-
rité pour contenir les ambitions d'Essad Pacha.
L'ancien défenseur de Scutari, qui devait trouver
à Paris une mort tragique, avait, dès 1912, rêvé, lui
aussi, de devenir roi d'Albanie. En dépit de liens de
parenté assez étroits, car Essad appartient au clan
Toptan, Ahmed Zogou se met à la disposition du
conseil de régence. Il en est récompensé par le
portefeuille de l'intérieur dans le premier ministère
régulier qui se forme. Les cabinets tombent comme
des châteaux de cartes. Ahmed Zogou reste. Il s'est
révélé comme un homme à poigne.
Au début de 1922, Ahmed Zogou, premier minis-
tre, est victime d'une cabale montée par les mem-
bres de son propre parti, les anciens féodaux. Le
chef du parti rival, le parti des avocats, en profite
pour organiser une révolution. Mgr Fan-Noli est lui
aussi un personnage peu banal, un ancien débardeur,
jongleur, écuyer de cirque, qui est devenu évêque de
Scutari et l'homme des Italiens. Il l'emporte au
mois de mai 1924. Son triomphe est bref. Quelques
mois plus tard, Ahmed Zogou rentre, soutenu par
les Serbes, réforme la Constitution sur le modèle
américain et se fait élire président pour sept ans.
Ici se place un des revirements les plus curieux
de la carrière. Ahmed Zogou abandonne les Serbes
pour chercher l'appui du régime fasciste. Il conclut
les pactes de 1926 et 1927 qui assurent l'influence
dominante de M. Mussolini en Albanie.
Dès ce moment, le jeune chef songe à perpétuer
son pouvoir. Il guette l'occasion favorable. Il n'a pas
longtemps à attendre. Le rr septembre 1928, le nou-
veau roi des Albanais monte sur le trône.
Depuis dix ans, celui qui s'appelle maintenant le
roi Zog, a montré qu'il est bien à la hauteur de sa
tâche.
Il y a bien encore une ombre au tableau. Le pre-
mier soin du fondateur d'une dynastie ne doit-il pas
être d'assurer la descendance ? Le roi Zog a-t-il eu
d'Autres préoccupations, ou bien n'a-t-il pas été
heureux dans ses projets matrimoniaux ? La seconde
version peut invoquer au moins un épisode. En 1931,
le jeune souverain s'est rendu à Vienne où l'attiraient
les beaux yeux d'une jeune baronne autrichienne.
Un soir, au sortir de l'Opéra, deux gaillards mitrail-
lent sa voiture à coups de revolver, et son aide
de camp tombe mort.
On ne compte pas les fiancées qui ont été attri-
buées au roi Zog. Une princesse égyptienne. Une
sœur du roi d'Afghanistan. Celle qui va devenir la
reine Géraldine n'est même pas, dit-on, la première
jeune fille de l'aristocratie hongroise qui ait attiré
l'attention du roi.
Seule elle a su fixer le cours du destin assez
longtemps pour recevoir la couronne. Il y a un an
environ que l'idylle a commencé au Lido. Elle s'est
développée au cours d'un voyage que la jeune
comtesse, ardente sportive, a fait en Albanie. En
vraie descendante d'une race habituée à la do-
mination, la gracieuse jeune fille ne s'est pas con-
tentée de gagner le cœur de ses futurs sujets. Elle
s'est mise résolument à l'étude de la langue alba-
naise. Généreuse autant que belle, elle a décidé de
consacrer à une œuvre charitable les quelque neuf
millions de francs qui lui ont été offerts par une
souscription populaire.
Ce n'est pas la seule largesse de la fête. La jour-
née du 27 avril verra célébrer, en même temps que
les noces royales, cent un mariages dont toutes
les épousées ont été dotées par le roi Zog. Heureuse
évocation des traditions féodales, qui complète bien
le décor d'une cérémonie à la fois moyenâgeuse
et très moderne.
SAINT-BRICE.
Au passage à niveau de Noyant (Maine-et-Loire)
UN AUTOCAR
chargé de pèlerins
est pris en écharpe
par un rapide
SEPT MORTS - DIX BLESSÉS
Le garde-barrière, auxiliaire, peu au courant du service
oubliant qu'un train était dédoublé avait ouvert le passage
Voici, par téléphoto, un aspect du car après l'accident, dont on
lira les détails en 3* page, 2* colonne.
DES BIJOUX
valant plus
d' un million
*
disparaissent
mystérieusement
DE L'HOTEL PARTICULIER
DU BARON DE NEUFLIZE
A NEUILLY-SUR-SEINE
Des bijoux dont la valeur dépasse
un million de francs ont mystérieu-
sement disparu, l'autre nuit, à
Neuilly.
La baronne de Neuflize, qui habite
avec son mari un hôtel particulier,
36, boulevard Maillot, avait, en se
couchant, déposé ses bijoux, comme
elle le fait tous les soirs, sur la che-
minée de sa chambre. Hier matin
ils ne s'y trouvaient plus !
— Il y avait là, déclare la baronne,
tous mes bijoux de famille : plusieurs
colliers, des bagues, dont une surtout,
un gros solitaire, avait une valeur con-
sidérable. J'estime que l'ensemble ne
valait pas moins de 1.300.000 francs.
Elle ajouta que les fenêtres de la
chambre qu'elle occupe avec son
mari étaient toujours ouvertes.
Avait-on escaladé le mur ?
Les enquêteurs, le commissaire de
police de Neuilly, M. Cassius et son
secrétaire, M. Leca, secondés par les
inspecteurs de la P. J. cherchèrent
en vain des traces d'escalade.
Le chien qui couche dans la cham-
bre de sa maîtresse n'a pas aboyé.
Est-ce donc un familier de la mai-
son qui s'est introduit dans la pièce ?
Mais l'animal est très vieux et les
parquets sont couverts d'épais tapis.
il est possible qu'il n'ait rien entendu.
L'affaire, quoi qu'il en soit, est
singulièrement mystérieuse.
MON FILM: i-'universelle parlote
Deux grandes épreuves ont été
disputées dimanche dernier :
1° La course cycliste Paris-
Bruxelles ;
2° Le tournoi d'éloquence qu'or-
ganise chaque année la Ligue des
droits du religieux ancien combat-
tant (D.R.A.C.) et qui met aux
prises des jeunes élèves de l'ensei-
gnement libre.
« Paris-Bruxelles » a obtenu des
comptes rendus infiniment plus co-
pieux — avec photographies à la
clé-- que la « Coupe de l'éâo»
quenCé ». Le nom du champioo/de
la pédale est devenu populaire -:
il me faut cependant avouer que je
l'ignore totallement — mais les fou-
les ne se soucient guère de savoir
comment s'appelle le jeune athlète
de la tribune : je dis « athlète »,
parce que l' éloquence est un sport
aussi. Un tournoi d'orateurs figu-
rait au programme des jeux
d'Olympie : ce n'est pas le cas, si
je suis bien renseigné, du cyclisme
sur route, ni même sur piste.
Je veux réparer, dans la mesure
de mes moyens, l'inj ustice dont est
victime notre tribun en herbe. Il
s'appelle Robert Ducos et a triom-
phé — après une série d'élimina-
toires — dans un discours impro-
visé sur ce thème : « Un jeune
parle devant le monument élevé à
la mémoire des 4.820 prêtres et
religieux morts pour la France ».
Voilà un sujet que devrait re-
prendre un des champions de l'élo-
quence parlementaire : peut - être
obtiendrait-il — l'anticléricalisme
le cède aujourd'hui au principe dé
la « main tendue », — l'abrogation
des lois qui ont obligé les religieux
à quitter la France mais n'ont pas
pu les empêcher de venir la défen-
dre et de mourir pour elle.
Cela dit, constatons que si on
peut aller très loin quand on est un
-as de la bicyclette, on peut aller
plus loin encore quand on est un
virtuose de la tribune.
Qui sait parler en public -
même sans rivaliser avec les grands
orateurs — peut arriver à tout.
Car le monde moderne est une im-
mense parlote : observez que les
régimes démocratiques et les régi-
mes fascistes ont ceci de commun
que les rôles principaux y sont ré-
servés aux teneurs du crachoir.
Roosevelt est devenu président de
la République américaine en pro-
nonçant d'innombrables discours ;
Mussolini bègue ou bafouilileur
n'aurait pas vécu sa prodigieuse
existence et Hitler, sans ses dons
de tribun, serait sans doute encore
peintre en bâtiment. L'éloquence ne
garantit pas les grandes réussites,
mais à notre époque de verbalisme
intensif, qui ne sait pas phraser sur
quelque tréteau doit renoncer aux
grandes ambitions.
Au commencement était le
Verbe, soit, mais aujourd'hui il est
aussi au milieu, à la fin, partout.
Et cette inflation sonore — avec ses
clichés, ses chiqués, ses cabotina-
ges — ne me paraît pas produire
d'heureux effets : jamais l'existence
des peuples n'a été si troublée.
Nous avons grand besoin d'une cure
de silence. — CLÉMENT VAUTEL.
EN 2° PAGE :
ARTICLES DE PARIS
Coquette. en herbe
par ALICE COCÉA.
EN 38 PAGE, 4E COLONNE :
Paris sera-t-il privé de spectacles
le 1er mai, en matinée.
N'ayant pu remettre leur auto en
route, cinq agresseurs nocturnes
sont arrêtés à Marly-la-Ville.
EN 5e PAGE, 1 re COLONNE T
Les négociations franco-italiennes:
M. Blondel vient à Paris s'en-
tretenir avec M. Bonnet.
EN 58 PAGE, 48 COLONNE :
Les revendications de Conrad
Henlein ont l'appui du Reich.
PETITES CAUSES, GRANDS EFFETS
— Jusqu'à nouvel ordre, il n'y aura pas de discours minis-
tériels en province, le dimanche.
— Et immédiatement, tout va beaucoup mieux !
=EN 2e PAGE :
Météore 39
A la future
"Etoile du Journal"
Par Maurice DEKOBRA
Les frères Simkow
ont-ils été enlevés?
Leur père a reçu hier un
message qui lui donnait
rendez-vous au Bois.
MAIS PERSONNE N'EST VENU
Cinq jours se sont écoulés et
le mystère qui enveloppe la dis-
parition des frères Simkow de-
meure entier.
L'hypothèse de l'accident
n'étant plus retenue et celle de
la fugue apparaissant improba-
ble, il ne reste que l'éventualité
d'un criminel enlèvement. Mais,
là encore, que d'invraisemblan-
ces sautent aux yeux des enquê-
teurs qui examinent cet aspect
du problème. On n'escamote pas
comme ça, en plein jour, deux
jeunes garçons pleins de santé,
dont l'un est âgé de 18 ans. Et
dans quel but ? Ils n'appartien-
nent pas à une très riche
famille et en cas de kidnapping
quel risque pour les malfaiteurs
en regard d'un profit bien
aléatoire 1
Le père des disparus a bien
reçu, hier, le message de person-
nages inconnus qui lui don-
naient un rendez-vous — où ils
se sont bien gardés de venir —
au bois de Boulogne, mais la
récente affaire de Koven nous
a appris que de mauvais plai-
sants ou des maniaques n'hési-
taient pas à jouer avec la dou-
leur des parents dès qu'une his-
toire dramatique de ce genre
prenait un caractère sensation-
nel.
L'enquête, très serrée, menée
par la brigade mobile, n'a en-
core recueilli en tout cas aucun
YVAN MALANO
élément permettant d'orienter
les recherches de façon certaine
vers l'éventualité d'un rapt, qui
reste aussi problématique qu'au
premier jour. En vérité, rare-
ment les policiers eurent à ré-
soudre une énigme aussi tragi-
quement angoissante tant elle
s'avère complètement impéné-
trable.
LES DETAILS DANS NOTRE ENQUETE EN 38 PAGE, 4' COLONNE
e
DÉTENTION!
À la petite semaine
Passez votre
week-end
.en prison
EN ANGLETERRE, ON ENVISAGE D'AUTORISER
CERTAINS CONDAMNÉS A PURGER LEUR PEINE
PAR ACOMPTES DEUX JOURS PAR SEMAINE
L'Angleterre est un pays de tradition, de gravité,
facilement choqué par les extravagances du Conti-
nent.
Aussi, malgré ses apparences fantaisistes, convenait-
il d'attacher quelque intérêt à la nouvelle répandue
outre-Manche, par les gazettes les plus sérieuses, les
moins enclines à l'humour.
Il ne. s'agit rien de moins,, à les entendre, que
d'une réforme d'ordre social qui rencontre dans les
milieux les plus compétents et singulièrement dans
les milieux judiciaires, la plus grande faveur.
Le Parlement britannique va être saisi d'une pro-
position de loi permettant aux condamnés de droit
commun n'ayant à subir que de courtes peines de
ne les purger que par acomptes, chaque week end.
Ce système permettrait à ces condamnés de de-
meurer libres toute la semaine et de continuer à
vaquer à leurs occupations. Ce n'est que le samedi
après-midi (on travaille encore le samedi matin en
Angleterre) qu'ils se constitueraient prisonniers pour
être relâchés le lundi matin à temps pour se retrou-
ver, comme si rien d'insolite ne s'était passé dans
leur vie, à leur bureau, à leur comptoir, à leur
usine ou à leur atelier. jusqu'au samedi suivant où
ils retourneraient en prison.
Les initiateurs de cette réforme, qui paraissent
très confiants dans ses bienfaits éventuels, font ob-
server qu'ainsi' un condamné ne courrait plus le ris-
que si fréquent d'être par surcroît condamné au chô-
mage en sortant de prison et qu'il ne serait plus sé-
paré des siens, ce qui, parfois, impose un châtiment
immérité à des innocents privés de leur soutien ou
simplement d'urr mari, d'un père ou d'un fils (voire
d'une épouse, d'une mère ou d'une fille) qu'ils ché-
rissent.
L2 projet vise surtout ce que nous appelons en
France les délinquants de la correctionnelle, passibles
de courtes peines. Pour l'application pratique de la
réforme, ses initiateurs suggèrent que ces peines
soient toujours formulées en jours et non en mois.
Bénéficieraient également de la réforme (dont le
condamné serait libre de refuser le bénéfice s'il pré-
férait effectuer sa peine de la manière classique,
c'est-à-dire d'une seule traite) : les personnes em-
prisonnées pour contrainte par corps en cas de non-
paiement d'amendes ou de sommes dues au Tré-
sor.
Ce système de la prison du week end est-il appli-
cable en France ? En principe, plus aisément qu'en
Angleterre, puisque presque tous les travailleurs
bénéficient de deux jours pleins et consécutifs consa-
crés aux loisirs. Il semble même que la semaine de
40 heures permettrait à certains condamnés de com-
mencer leur week end pénitentiaire le vendredi soir,
effectuant ainsi un « rabiot » dont on devrait légiti-
mement leur tenir compte.
Mais, dans la pratique, autant que j'ai pu en juger
par une rapide enquête, cette innovation rencontre-
rait -de sérieuses difficultés.
Avant tout, de la part de l'administration péni-
tentiaire. Son distingué et compétent directeur, M.
Estève, à qui j'ai soumis le projet anglais, estime
que son application constituerait en France un véri-
table boulversement. -
— Il nous faudrait augmenter et le nombre des
prisons et le nombre des gardiens, m'a-t-il dit,
mi-rieur, mi-effrayé.
H est vrai que quiconque connaît les formalités
extraordinairement compliquées auxquelles donnent
lieu, au greffe d'une prison, les entrées et sorties de
pensionnaires, peut s'effarer à l'idée de ce qui se
passerait chaque samedi et chaque lundi si le week
end pénitentiaire devenait une réalité.
Il faudrait connaître l'opinion des intéressés.
Dans un bar connu où les gens du monde ne dé-
daignent pas parfois de côtoyer les gens du c mi-
lieu », un bookmaker plus élégant dans son costume
clair que dans ses propos,, m'a déclaré :
— Chaque fois que je suis c tombé », c'est sur-
tout le dimanche que j'avais c le noir ». Je pensais
à Longchamp, à Auteuil ou à Vincennes, selon le
cas et ça me donnait.
— De la nostalgie ?
— J'sais pas. En tout cas du cafard ! Aussi, vous
pouvez marquer sur Le Journal que j'aime mieux
faire ma taule d'un seul coup.
Telle est l'opinion d'un bookmaker, à laquelle
adhèrent d'ailleurs sur-le-champ (non pas de cour-
ses) deux de ses collègues présents à notre entre-
tien.
Comme je ne possédais pas sous la main des délin-
quants d'autre nature (on ne connaît pas tout le
monde dans un bar) force me fut de 'm'en tenir à
ces avis autorisés.
GEO LONDON.
M. LEBRUN INAUGURE.
.L'Exposition d'art
nationale indépendante
Le président de la République au cours ûe sa
visite, hier matin, dans la galerie parisienne, ou
se tient l'Exposition d'art nationale iîidépenàanie
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