Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1934-11-03
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 novembre 1934 03 novembre 1934
Description : 1934/11/03 (N15357). 1934/11/03 (N15357).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7631025t
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 24/11/2014
2
-1
2i
LE JOURNAL
3
4
5 m
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3-11-34
7
LE CONTE DU "JOURNAL"
Le stand cTAnthelme
M
me ROB LOT avouait
trente-neuf ans ; elle
; les avouait même de-
puis cinq ans. Au phy-
sique, quatre - vingts
kilos deux cent cin-
quante. Au moral, sen-
siblement le même poids. Des ba-
joiles, mais une coquetterie tenace.
Elle avait gardé de beaux yeux, de
ces beaux yeux liquides de sotte dont
aucune pensée ne troublera jamais
l'eau profonde, et elle s'en servait
sans aucune discrétion.
Elle disait « moi » tous les troi~
mètres, un « moi » à tel point dilaté
que cela ressemblait à un croasse-
ment. Elle s'étalait dans la vie com-
me dans un fauteuil et s'imposait
d'autant plus qu'on la recherchait
moins. Elle n'avait jamais trompé
son mari, car elle était douée d'ar-
deur sensuelle à peu près autant
qu'une machine à coudre. Cette ver-
tu lui devenait, la quarantaine pas-
sée, un prétexte à écraser le mal-
heureux Roblot de panégyriques
amers.
Roblot ressemblait assez exacte-
ment à ces petits bergers de crèches
qui disent merci en inclinant la tête
quand on a glissé deux sous dans le
tronc qu'ils présentent. Il en avait
la calvitie, les épaules rentrées, les
vêtements de couleur incertaine et
surtout la nuque cassée par l'assen-
timent. Il était devenu comme dé-
capité à force de dire : « Amen ! >
Ils possédaient une voiture encore
jeune et de carrosserie honorable. Il
va de soi que Mme Roblot condui-
sait, car Roblot n'avait point appris
à conduire. Il avait été décidé, une
fois pour toutes, qu'il en était in-
capable. Mais il savait remplacer
une roue, vidanger l'huile, souffler
dans le gicleur, laver la carrosserie.
En récompense de ces menus ser-
vices, il était admis aux côtés de
Mme Roblot et faisait sa partie dans
le concert de malédictions dont elle
accablait les usagers de la" route,
aucun n'étant, à son gré, digne de
tenir un volant. Roblot ne man-
quait point d'affirmer, à chaque vi-
rage, à chaque croisement, à cha-
que voiture rencontrée qu'à son
épouse sîule appartenait la dexté-
rité, le sang-froid et le réflexe vif,
et que toutes ces qualités venaient,
une fois de plus, d'éviter une cata-
strophe.
Mme Roblot l'emmena au Salon.
Elle ne cherchait dans l'occasion
qu'une nouvelle affirmation de sa
compétence mécanique. Elle eût
promené Roblot de stand en stand
en l'abrutissant d'explications, et les
dégâts se seraient bornés la si ie
destin ne l'avait-mise soudàin; au
stand de l'Ultra Super Fourgonia,
trace à face avec Anthelmè Maré-
chal..
C'était un jeune homme qui,
quoique voué au commerce de l'au-
tomobile, distinguait mal un car-
burateur d'une magnéto et, pour
cette raison, totalisait un nombre
impressionnant de renvois. Fort joli
garçon, très-élégant,-il semblait- pou-
-voir -faire un vendeur* passable, mais
la fantaisie qu'il'déployait dans les
explications techniques scandalisait
, vite les clients et lui attirait des en-
, nuis. Il en était à sa quinzième fir-
5'me quand le succès était venu, im-
prévu, étourdissant. Au Salon, il
vendait des Ultra Super Fourgonia
-. comme des petits pâtés, et cela tout
simplement parce..qu'il avait décou-
vert une. clientèle. Sa clientèle.
Il regarda venir Mme Roblot et
le regard qu'il. attachait sur elle
; était un regard à la fois extasié et
; -timide, surpris et. eharmé, fervent
i et craintif, comme si lui, Aiithelme
- Maréchal, se fût demandé par quel
prodige cette créature , céleste atter-
rissait dans son stand. Une femme
qui reçoit de ces regards-là ne s'y
trompe pas, et Mme Roblot tressail-
lit ; puis son cœur battit très fort
parce que le beau jeune homme,
- semblant prendre un parti héroïque
et désespéré, marchait droit vers
elle, s'inclinait :
— Madame, excusez-moi d'oser
vous arrêter, mais j'aurais une gran-
de faveur à vous 'demander. Con-
sentiriez-vous à vous asseoir quel-
ques secondes dans oe. cabriolet,
juste le temps de prendre une pho-
tographie. Nous ne cherchons pas
seulement, comme tous les construc-
teurs, à. présenter nos modèles avec
une jolie femme assise au volant,
nous tenons à ce que l'élégance de
la conductrice s'accorde, en quel-
que sorte, à celle de la voiture. Pour
ce cabriolet corail, j'ai attendu toute
.la journée. Ce n'est qu'en vous
voyant que j'ai enfin découvert celle
.pour qui la voiture, notre plus belle
voiture, semble faite. Voilà pour-
quoi, madame, j'ose implorer de vo-
tre bonne grâce quelques secondes
de pose.
— Mais, monsieur ! balbutia Mme
Roblot, toute rougissante.
Le regard - d'Anthelme chavira
dans une adoration qui ne cherchait
plus à se dissimuler.
.-. — Madame, vous me rendriez tel-
lement heureux !
Il offrait son bras, ouvrait la por-
tière, installait Mme Roblot au vo-
lant ; puis courait à son appareil
photographique, qu'il pointait avec
de petits cris émerveilles :
- Oh ! oh ! ravissant !. La 11-
gne de votre épaule, madame, ac-
compagne si divinement la courbe
de la portière. Et le mouvement du
bras, parfait. Vraiment, il semble
que notre modèle ait été fait à vo-
tre mesure tant vous y prenez na-
turellement l'attitude la plus char-
mante.. Un instant encore, mada-
me, je vous en prie ! Je n'ai fait que
cinq poses !.
Dix minutes plus tard, Mme Ro-
blot donnait à son mari l'ordre de
signer le bon de commande. En la
reconduisant jusqu'aux frontières
du stand, Anthelme Maréchal mur-
mura :
— Laissez-moi espérer, madame,
que cet achat me vaudra le bonheur
de vous revoir.
Mme Roblot sourit sans répondre,
et quand elle se fut éloignée, An-
thelme Maréchal, se tournant vers
le second vendeur, expliqua :
t- Quand on a la manière, il n'y
a rien de plus facile à faire que les
vieilles biques.
Mme Roblot, cependant, acheva
impatiemment le tour du Salon,
ainsi que les convenances l'exi-
geaient, mais vingt minutés plus
tard, elle revenait au stand de l'Ul-
tra Super Fourgonia. Là, elle resta
clouée au tapis en voyant dans le
cabriolet corail une maigre et sèche
femme pencher à la portière un "sou-
rire acide, tandis qu'une voix déjà
chère s'exclamait :
— C'est irrésistible, madame; votre
charme dans ce cadre Oh ! votre
teint et cet éjnàil 1. Mais c'est mi-
raculeux !
Mme Roblot abaissa son regard
sur son mari :
- Tu vas aller annuler ce bon de
commande.
Le petit* Roblot -frémit:
- Mais, ma chère amie.
- C'est bon', dit-elle. J'y vais
moi-même ! •
Mais Anthelme était prémuni
contre les pires surprises. 'En -la
voyant approcher • de sofipas ven-
geur, il comprit et se précipita :
— Je suis tout à vous dans uh ins-
tant, madame.
et plus bas, en confidence : *
— La femme du patron qui a
tenu à se faire photographier dans
votre, coupé avant 'qu'il ne soit li-
vré. Une corvée ! Mais c'est un
hommage involontaire qu'elle rend
à votre goût excellent. Toutefois,
-après vous avoir vue auréolée par
cette portière, quand on a encore
dans les yeux votre sourire, être
obligé de clicher cette pauvre fem-
me. Les exigences - du métier ! Je
ne", puis pas le maudire, puisqu'il
m'a permis de vous connaître.
Vous désirez, chère petite'madame ?
'- Prendre. votre avis pour la
couleur des housses, murmura Mme
Roblot 'avec un sourire déjà meurtri.
ROGER VERCEL.
1. -, 1 e1000 1 à &. lm 1 t
e -4 '1 ;,
¡ri Àe
1, 1
Bicyclette moderne
Proposa.
Un gosse est mis en quàrantaine. A-
t-il manqué à la loi de la clgfse, cette
jungle miniature, moucharajJr trahi un
de ses camarades ? jSa-t^rjait tomber
traitreusement, battu ? Non. C'est un
petit enfant ni meilleur ni pire que d'au-
tres, plutôt tranquille. Mai», voilà, on
a beaucoup parlé de son père dans les
journaux. Il n'y est pour rien ? Tant
pis ! Depuis, il ne revient plus guère
chez lui qu'en larmes. C'est le fils de'
l'inspecteur Bonny.
Cruauté de l'enfance. Rien ne sau-
rait être plus triste, pour un petit, que
d'être tenu à l'écart, d'être exclu des
conversations, des jeux. S'il y veut pren-
dre part, on le chasse. « Pas toi 1 »
S'il s'approche, on s'éloigne de lui
comme d'un pestiféré. Il est des moins
de sept ans, sensibles à l'opinion du
monde en herbe ou ils bivent et que
rien ne peut consoler du mépris public
de gamins de leur âge. L'hostilité, la
méchanceté sont, hélas ! trop lourdes à
porter pour leurs frêles épaules, ils les
ressentent jusqu'au désespoir. Se sou-
vient-on encore de cet écolier des Ar-
dennes, paria des récréations -— l'his-
toire m'avait frappée — qui, à la sortie
d? récole, un jour, alla se noyer dans
l'étang ?
Il n'arrive que trop souvent qu'on
reporte, sur un enfant, l'aversion, justi-
fiée ou non, que son père inspire. Si
l'homme est un loup pour l'homme,
l'enfant, pour l'enfant, est également
impitoyable. Les organisateurs de qua-
rantaine n'ont-ils ni maître ni famille ?
Rien ne paraît plus amer que cette pa-
role de l'Ecriture : « .jusqu'à la cin-
quième génération. »
HUGUETTE GARNIER.
Le téléhoroscope
Sur cette bicyclette, d'un modèle nou-
veau, miss Hamilton a couvert sans
fatigue 3.000 kilomètres. Voici l'en-
gin et sa propriétaire arrivant après cet
exploit au siège de la IVe exposition
du vélo. à Londres.
R
appelez-vous que.
malgré ses prix très bas, la Maison
des « 100.000-Chemises » continue
plus que jamais l'application des prin-
cipes qui ont fait sa renommée : Tou-
jours des marchandises de très belle
qualité et de la meilleure fabrication.
Maison principale: 69, rue Lafayette et
surccursales à Paris, Lille, Bordeaux.
M
Herriot est allé, mercredi, ren-
dre visite à M. Albert Lebrun.
Est-il besoin de dire qu à sa sortie
de l'Elysée, il fut littéralement harpon-
né par les journalistes.
Bien que, d'ordinaire,' il soit leur
providence et que les aimables confi-
dences ne lui coûtent guère, il fut dis-
cret comme une tombe.
1 — Alors, rien ? implora-t-on.. Pas
un mot ?
Et le président du parti jradical, un
doigt sur la bouche :
— Mes amis, en période de Tous-
saint, le recueillement est de mise !
D
e M. Georges Biessy, Grenoble.
C'est quand l'automne vient joncher
1 bois et jardins, de feuilles mortes,
C'est quand l'hiver frappe à nos portes
1 Qu'on bénit le «'Cherry-Rocher ».•
M
aster Slade est' établi coiffeur à!
- Londres. Comme tous ses com-
patriotes, il est sportif. et comme tous
les barbiers du monde, grand amateur
de courses hippiques. Il n'eût point fait
pourtant le chemin de Dublin pour as-
sister au sweepstake, et comme il mé-
prise les loteries, auxquelles il reproche
de ne point faire appel aux mérites
personnels, et particulièrement au juge-
ment du joueur, sans doute n'aurait-il
poist risqué sa chance.
Mais un marchand de journaux de
West Dilwich veillait. Vendredi der-
nier. à la veille du. tirage, lorsque M.
Watford vit venir à lui M. Slade, son
client, il lui dit : « Je n'ai plus qu'un
ticket, prenez-le. C'est le bon ! »
Le ton impératif impressionna-t-il
M. Slade ? Sans doute, car il acheta
le billet.
Samedi; au tirage, le numéro était
attribué à Wychwood Abbot. et rap-
portait 29.999 livres 1Q shillings ai son
propriétaire.
— C'est bien la première fois que
je gagne aux courses ! a., conclu M..
Slade. -'
L
e café des Planteurs de. Sao Paulo
provient des meilleurs plants du
Brésil. *Dégustez-ie .dans nos bars :
carrefour Richelieu-Drouot et 32, ave-
nue Wagram. Pour obtenir le même
café, exigez la marque F.B. en rouge
sur le paquet vert et jaune.
YVONNE CHABAS
PORTRAIT DE JEUNE FILLE
roman
Marthe ne veut pas
savoir qu'elle possède
une âme. Elle ne connaît
que son corps dont elle
a fait une œuvre d'art.
La liberté qu'on lui lais-
se favorise ses goûts de
jouissance. Ce roman
frais, cynique, ressem-
ble à son héroïne. (Flam-
marion 12 /r.).
c
est une toute petite gare méridio-
nale accrochée pourtant, sans que
1 on sache très bien pourquoi, à une
ligne importante. Seuls, les trains om-
nibus y font une courte station.
Il y a quelques jours, comme l'un
de ceux-ci repartait, un brusque coup
de frein le « stoppa ». Intrigués, les
quelques voyageurs qu'il transportait se
mirent à la portière. *
L'affaire n'était pas grave. Un coq
magnifique,, ornement du poulailler du
chef de gare, s'était engagé sous le
convoi, entre les rails, et, affolé par tout
le vacarme,, se refusait obstinément à
s'en aller.
Jusque-là l'histqire n'avait rien que
d'assez banal.
Ce qui lui donnait une saveur toute
particulière c'était l'attitude du chef de
gare lui-même qui, oublieux pour un
instant des exigences du trafic et de ses
devoirs, apostrophait à la cantonade,
avec le plus bel accent de par là :
« Fada, qu'il est ce coq, je vous
dis, fada. »
RICHELIEU
par
AUGUSTE BAILLY
A l'heure
où tous les
Français
recherchent
des formu-
les nouvel-
les, des
plans, des
méthodes,
il n'est pas
de livre
plus riche
en ensei-
gnements
que , cette
étude ma-
gnifique sur l'un des plus grands ou-
vriers de la Nation française. Il n'en
a guère été fait de plus vivante et sûre-
ment pas de plus subtile. C'est un nou-
veau succès de la Collection des Gran-
des Etudes Historiques. Un vol. de 350
pages : 15 frs. A. Fayard et C", Paris.
La fête foraine s'est élèctrifiée. Ses
attractions les plus populaires sont filles
du progrès. Seul, le classique « ther-
momètre de l'amour » continuait à dis-
tribuer ses horoscopes polycopies aux
couples tendres. Mais voici qu'à son
tour il se modernise et qu'il susurre.
par téléphone ses petits secrets..
N
oxa, bonnetier de luxe, présente avec
ses nouveaux prix la plus jolie col-
lection d'hiver de robes et ensembles
sport et ville en lainages « indéforma-
bles ». 200 modèles à 95, 100, 150
et 275 francs. Sweaters, pull overs, 29,
39 et 59 francs. Noxa, Galerie de
Nemours (près Théâtre-Français).
M
a:rie-Louise, 52, Champs-Elysées.
Aujourd'hui, 500 manteaux gar-
nis fourrure, valeur 1.000 à 3.000
francs seront soldés 300 à 800 francs.
Manteaux réclame à 125 francs.
A
h ! qu'il est doux de ne rien faire !
Il y a dans ce vieux refrain tout
un programme de vie sociale plus tacite
à établir qu'à réaliser. Ce serait cepen-
dant une erreur de croire que cette dou-
ceur, de vivre sera, dans de fort loin-
taines années, l'apanage d'une humanité
supérieure. Une tribu nègre de l'Ouest
africain pratique déjà avec une virtuo-
sité sans égale l'art de la fainéantise.
Pour avoir du poissçn, ces indigènes
empoisonnent les rivières ; pour avoir
des fruits, ils abattent les arbres ; pour
avoir du 'gibier, ils mettent le feu à des
carrés de brousse. Et c'est vraiment le
cas de dire que les alouettes leur tom-
bent du ciel toutes rôties.
Mais n'est-ce pas la fin suprême de
beaucoup de systèmes politiques ?.
T
issus de haute couture.
Sous cette désignation, le Prin-
temps réunit dans un rayon - spécial, la
collection la plus complète, et sans cesse
renouvelée de toutes les dernières créa-
tions en lainages, soieries, etc. Vous
trouverez également dans ce même
rayon, un certain nombre de tissus
exclusivement créés pour le Printemps
par les meilleurs fabricants de France.
M
eubles modernes de goût personnel
à des prix surprenants.
Venez les voir chez : Le Mardelé
frères, 115, faubourg Saint-Antoine,
vous ne perdrez pas votre temps..
L
a Brasserie Maxéville,14, boulevard
Montmartre, entièrement transfor-
mée, a fait, mardi, sa réouverture. Prix
fixe, 25 francs (vin et café compris, sans
suppléments). Carte rapide.
P
routez des conditions magnifiques
que le Louvre vous offre pour son
Exposition de rourrure, Bonneterie,
Chaussures, Soieries des 3, 5, 6 novem-
bre. Vous bénéficierez de l'énorme
baisse sur la soie que le Louvre applique
à fond en faveur de sa clientèle sur tous
les genres de soieries.
-
Carnet mondain 1
Le prince héritier de Suède, accom-
pagné de la princesse Ingrid, et du prince
Bertil, est arrivé dans 'la capitale de l'Irak.
Il est l'hôte du ghazi.
— Sous le haut patronage de la grande
duchesse Héjèpe de Russie, princesse Ni-
colas de Grèce, et de la princesse Marina
de Grèce, un concert de bienfaisance sera
donné le vendredi 16 novembre, à 21.,h .30,
au Cercle Interallié.
NECROLOGIE
— Mme Crippa et sa famille ont la dou-
leur de faire part de la mort de M. A nqe
Crippa, survenue le 31 octobre. Les obse-
ques ont eu lieu dans la plus stricte in-
timité..
— Nous apprenons le décès de M. Julien
Georges Massing, négociant en vins de
Champagne, survenu à Ay (Marne) le
lor novembre 1934. Les obsèques auront
lieu à Ay le lundi 5 courant, à 9 h. 30.
Réunion rue Jeanson, numéro 17 bis.
- Les obsèques de Lucien Garniel
la dernière victime du 6 février
seront célébrées ce matin
C'est à 11 h. 30 ce matin, que seront
célébrées en l'église Saint-Philippe du
Roule, les obsèques du jeune Lucien
Garniel — dernière victime du 6 février
-dont nous avont dit le long martyre.
Dès les premières heures de la mati-
née d'hier la salle des reconnaissances
à Beaujon, où reposait le cadavre de
l'adolescent avait été décorée de dra-
peries funèbres et les fleurs s'amonce-
laient autour du petit lit d'hôpital dont'
ont avait fait un catafalque.
A 16 heures, on procéda à la mise en
bière : scène déchirante dont on dut
éloigner les vieux parents, les jeunes
sœurs et le frère de la plus touchante
des victimes de la journée sanglante.
L'hommage de la Ville de Paris
La Ville de Paris a pris à sa charge
l'organisation de ces obsèques, sera re-
présentée, par une nombreuse délégation
ayant à sa -tête M. Coutenot, président
du Conseil municipal. ?
Une conférence a eu lieu hier, dans
le cabinet du président, à laquelle par-
ticipaient les délégués de diverses asso-
ciations patriotiques. Il a été décidé
qu'après la cérémonie religieiise le cor-
tège rejoindrait la gare du Nord par
la rue de La Boétie, le boulevard Hauss-
mann et la rue Lafayette.
L'inhumation aura lieu au cimetière
de Sevran-Livry.' ville natale de Lucien
Garniel.
Convocation
Le groupe des Avocats à la cour des
6 et 7 février assistera aux obsèques.
Des places seront réservées aux membres
du groupe. - - -
Un don pour les pauvres de Paris
M. Achille Villey, préfet de la Seine,
a reçu de la Banque de Paris et des
Pays-Bas une somme de 5.000 francs
destinée à être répartie entre les Bureaux
de bienfaisance des arrondissements les
plus nécessiteux de Paris, à l'exception
du 2', qui a reçu directement les libéra-
lités du donateur.
M. Lamoureux
va se rendre à Moscou
M. Lamoureux, ministre du commerce
et de l'industrie, partira la semaine pro-
chaine pour Moscou, où il se rendra
à l'invitation du gouvernement de
l'U.R.S.S.
Le séjour du ministre à Moscou sera
de courte durée.
Un bal au profit
du foyer des artistes
-_., La,.société de^saurs mutuels, ,Cb.,ez tnOl
organise, le 10 novembre proenaan, au
gymnase Japy, une grande fête de nuit au
profit de 1 œuvre du foyer des artistes
Chez mol. -
La production
des houillères françaises
en septembre 1934
Les houillères français ont produit,
pendant le mois de septembre 1934,
3.913.356 tonnes de houille et de lignite
pour 25 jours ouvrables, au lieu de
3.918.839 en août pour 26 jours ouvra-
bles et de 3.979.214 en septembre 1933
pour 26 jours ouvrables.
La production moyenne pair jour ou-
vrable a été de 156.534 tonnes en sep-
tembre au lieu de ,150.725 en août et de
153.047 en septembre 1933.
L'effectif ouvrier inscrit est tombé de
233.606 unîtes fin août à 232.192 fin
septembre, contre 246.753 fin septem-
bre 1933.
Dans le bassin du Nord et du Pas-de-
Calais, la production moyenne par jouir
ouvrable a été de 98.006 tonnes au lieu
de 94.979 en août et 94.940 en septembre
1933. Pour le bassin de Lorraine elle est
passée de 16.514 tonnes en août à 18.029
tonnes en septembre, contre 17.893 en
septembre 1933. Dans le Centre et le
Midi il a été extrait 40.499 tonnes au
lieu de 39.232 le mois précédent et 40.314
en septembre 1933.
La production de coke métallurgique
a été de 329.734 tonnes. Elle avait été
die 343.058 le r.xris précédent et de 328.593
en septembre 1933. „ ,
La production d'aggtomérés (y compris
celles des semd-cokes ou charbons semi
distillés du Pas-de-Calais) s'est élevée de
452.739 tonnes en août à 477.722 tonnes
en septembre. Elile avait été de 445.068
en septembre 1933.
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Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
NUMERO 4 FEUILLETON DU JOURNAL 3 NOVEMBRE 19341
ina
La Peau
d'Orange
Roman inédit
PAR
FRÉDÉRIC. BOUTET
A trente-deux ans, Eve Saulnier est dans
l'éclat de son été. Elle est très adulée,
màis sérieuse Mariée elle a un petit
, garçon, Jean iiettl., ans. Son mari,
; accapare par sa banque lui laisse
beaucoup de liberté.
Zu cours d'une promenade au Bois, Eve
rencontre un ami de son mari, le pein-
tre Daniel Le Bracy. qui a commencé
ton portrait! Mais Eve a interrompu
les séances de pose, car Daniel s'est
montré très empressé. Celui-ci la sup-
plie de revenir à l'atelier.
Voici Eve, en famille, entre son fils et
son mari Philrpve un « d'rand bour-
geois », qui a des ambitions ',polit iqu e&.
Philippe engage Eve à retourner chez
Le Bracy pour qtie l'artiste achève son
portrait..
- J'ai 'eu tort, soupira Eve à nou-
veau. Mais je lui ai presque promis
de venir aujourd'hui.
— C'est parfait. N'y manque pas.
Le Bracy est un' de nos meilleurs
amis et, je le répète, un peintre cé-
lèbre et qui. sera illustre, qui comp-
tera au premier rang dans l'histoire
de l'art moderne, -au même titre que
Delacroix, Manet, Millet, Puvis dé
Chavannes, Degas, Claude Monet,
acheva d'un ton pénétré M. Saulnier,
qui avait une tendance quelque peu
mégalomane à magnifier, "à mettre
en exaltation, si l'on peut dire, tout
ce qui, d'une façon ou d'une autre,
était relié à lui. Du reste, il n'était
pas fâché de iaire montre d'une éru-
dition picturale fraîchement acquise
— encore un peu sommaire il est
vrai.
Il réfléchit un moment et reprit :
- C'est curieux, les hagards de la
vie. Daniel Le Bracy et moi, nous
passons dix ans d'enfance et d'ado-
lescence sur les bancs du même ly--
cée. Nous nous lions d'amitié mal-
gré nos caractères différents, lui,
dissipé, capricieux, mauvais élève,
brillant esprit et, dès sa jeunesse,
épris d'art, d'aventure, cherchant
toujours du nouveau, — moi, plus
sérieux, plus appliqué, plus pondé-
le, aimant les sciences, l'histoire,
mordant bien à la philosophie, ce
qui ne veut pas dire que je ne sa-
vais pas, à mes moments, me dis-
traire. Bon. La sortie du lycée nous
sépare. Nous restons éloignés l'un
de l'autre pendant vingt ans. Nous
ne cherchons pas à nous revoir bien
que, chacun dans notre sphère, nous
devenions des hommes connus et
que nous sachions mutuellement le
développement de notre carrière.
Chose curieuse même, nous habitions
a proximité l'un .de l'autre, lui, Au-
tcuil, moi, Passy, nous le savons par
les annuaires et ni l'un ni l'autre
nous ne songeons à franchir les
quelques pas qui nous séparent et à
trapper à une porte pour, la main
tendue, dire : « C'est moi. Comment
vas-tu ?» Le temps écoulé nous sé-
pare plus que la distance. La pa-
resse .de l'initiative à prendre, d'un
geste pourtant naturel, nous para-
lyse. Et soudain le hasard d'un sou-
per de Noël. La rencontre : « C'est
toi ? » — « C'est toi ? » Et l'étincelle
jaillit, les jours d'autrefois s'évo-
.quent, les souvenirs d'enfance re-
naissent, l'intimité se renoue. Deux
amis se sont retrouvés pour ne plus
se séparer. Ah 1 oui, la vie est cu-
rieuse.
« Oui, curieuse, en effet, son-
geait Eve, qui avait écouté poliment, -
bien qu'assez distraitement, ce long
discours, très curieuse. Ah ! s'il sa-
vait pour quel motif Daniel Le Bra-
cy ce vieil ami, a renoué avec lui ?.»
Cependant M. Saulnier qui s'était,
lui, écouté parler avec plaisir, car
il se trouvait éloquent, écrasa dans
un cendrier son cigare achevé et se
mit debout.
- Allons, voici l'heure de repren-
dre le collier. A ce soir, ma petite
chatte.
Eve n'aimait pas cette appella-
tion que M. Saulnier avait pris l'ha-
bitude de lui donner depuis qu'il af-
fectait volontiers un ton paternel.
Mais elle se leva souriante et tendit
son visage à M. Saulnier, qui em-
brassa avec tendresse le front char-
mant.
— Et ne manque pas d'aller chez
Le Bracy, dit-il, comme elle le re-
conduisait jusque dans le vestibule.
Eve remonta dans sa chambre
pour s'apprêter à loisir.
Elle ne manquerait pas d'aller
chez Le Bracy.
III -
Quand elle était entrée pour la
première fois chez Daniel Le Bracy,
Eve, que son mari accompagnait,
avait éprouvé de la curiosité mais
aucune émotion.
Le peintre leur avait fait visiter
son installation. C'était dans la pe-
tite rue de l'Yvette, au milieu d'un
petit jardin touffu, une maison —
un grand pavillon plutôt, — en pier-
res grises tapissées d'un lierre à
l'aspect romantique.
En haut d'un double perron de
sept marches, Eve, en posant le pied
dans le vestibule, avait cru entrer
dans un musée ou, mieux, dans un
magasin particulièrement somptueux
d'antiquaire. Dans le vestibule,
dans une pièce qui pouvait être une
chambre à coucher, dans une pièce
qui pouvait être un salon, dans une
pièce qui pouvait être une salle à
manger, la jeune femme avait vu
le plus étonnant choix de tentures,
de meubles, d'étains, d'ivoires, de
bois, de faïences, de grès, de laques,
de livres, aux reliures flambantes ou
sombres, de curiosités de toutes sor-
tes, de tous les temps et de tous les
pays. Le tout, strictement authen-
tique et de grande valeur, présentait
aux yeux un désordre méthodique
et pittoresque, surprenant, un peu
déconcertant, finalement harmo-
nieux.
Un escalier de bois gothique con-
duisait au premier et unique étage.
Et ce premier étage tout entier, les
cloisons ayant été enlevées, consti-
tuait un très vaste atelier qu'entou-
raient des divans profonds, qu'éclai-
rait une verrière en pente et que
décoraient des meubles, des armes,
des brocarts, des choses de toutes
sortes qui avaient, comme au rez-
de-chaussée, donné à Eve l'impres-
sion de visiter un musée.
Et partout, surtout dans la pièce
du bas qui lui avait paru être la
chambre à coucher, Eve, avec une
curiosité dissimulée, avait cherché
à retrouver du regard les marques
du passage d'une femme. Elle con-
naissait la réputation de séducteur
de Daniel Le Bracy ; elle savait qu'il
avait eu des aventures d'amour
nombreuses, certaines scandaleuses,
une presque dramatique ; elle ren-
contrait dans le monde quelques-
unes des femmes qui avaient été,
disait-on, ses maîtresses. Tout cela
l'intéressait vivement.
Quand elle était revenue seule,
pour poser, chez Daniel Le Bracy,
elle n'avait plus éprouvé la curio-
sité de son installation, qu'elle con-
r,aissait, — elle avait éprouvé la cu-
riosité de l'attitude qu'il aurait à son
égard. A leur première rencontre,
du premier coup d'œil, elle avait
compris qu'elle l'impressionnait,
qu'il la désirait. Elle avait l'habi-
tude de ce genre de constatation ;
tous les hommes, plus ou moins,
étaient impressionnés par elle et la
désiraient. Jusqu'à présent, elle ne
s'en était guère préoccupée : c'était
si naturel. elle était si habituée à
paraître et à charmer sur-le-champ.
Mais avec Daniel Le Bracy qui, à
tous les points de vue, était excep-
tionnel comme homme, ainsi qu'elle
l'était comme femme, la chose pre-
nait plus de valeur, méritait d'être
remarquée, appréciée, mise à part.
Pendant les quatre premières
séances de pose, elle avait attendu,
presque de minute en minute, une
déclaration de Le Bracy. Il n'en avait
pas fait et elle avait été obscuré-
ment déçue, presque choquée, pres-
que humiliée.
Le cinquième jour, il avait parlé,
à la fin de la séance. Le coeur bat-
tant, beaucoup plus émue qu'elle ne
l'aurait- cru, intimidée, en désarroi,
sans rien répondre, elle était partie.
Aujourd'hui elle revenait. Elle re-
venait attirée par un sentiment
qu'elle ne précisait pas elle-même:
Elle ne voulait pas se demander ce
qui allait se passer, mais au fond
d'elle-même elle ne pouvait pas
l'ignorer. L'étrange trouble qui, le
matin, l'avait laissée sans force de-
vant Daniel Le Bracy, qui l'avait
contrainte à acquiescer à sa de-
mande, la reprendrait, elle le savait,
et lui de son côte le savait. Leurs
yeux les avaient mutuellement ren-
seignés. Un accord, une promesse ta-
cite étaient entre eux. Elle revenait,
- elr -';israit.
Pressa j tremblante d'une émotion
qu'elle n'avait jamais encore éprou-
vée, Eve sonna à la grille du jardin.
Le valet de chambre de Le Bracy
qui, avec sa femme, lingère et cui-
sinière, occupait un petit pavillon à
l'entrée du jardin, lui ouvrit.
Eve traversa, le cœur battant, une
allée sablée, bordée de buissons ver-
dissants, elle monta le perron, poussa
la porte entr'ouverte du vestibule.
Cette porte -fut refermée 'derrière
elle. Elle se sentit étreinte par des
bras forts et doux qui l'entraînèrent,
la portant presque.
1 Comme Mme Bovary après qu'elle
se fut donnée, dans un bois nor-
mandj à M. Rodolphe Boulanger de
la Huchette, Eve Saulnier, sortant
du pavillon de la rue de l'Yvette, où
elle n'avait rien refusé d'elle-même
au peintre Daniel Le Bracy. se ré-
pétait : «. J'ai un amant. j'ai un
amant. »
Le ciel, clair le matin, s'était cou-
vert. Dans le soir immobile le cré-
puscule proche s'alanguissait pres-
que d'une tiédeur d'été. Eve, mar-
chant à petits pas pour rentrer chez
elle, se sentait encore une fois à
l'unisson du temps ; elle éprouvait
un alanguissement endormeur et
comme ouaté ; elle était lasse et heu-
reuse des heures qu'elle venait de
vivre. -
Elle les évoquait, ces heures, dans
sa pensée paresseuse, avec la sensa-
tion de les vivre encore. Elle sentait
à ses épaules l'étreinte de Daniel
quand, dès son entrée, il l'avait en-
traînée sans qu'elle eût la volonté
ni la force de résister ; elle sentait
sur ses lèvres l'ardeur du premier
baiser qu'il lui avait donné. Elle re-
voyait, au rez-de-chaussée, la cham-
bre-musée (décidément, c'était bien
une chambre à coucher) où il l'avait
dévêtue avec tant de magique
adresse qu'elle ne s'en était aperçue
qu'en se retrouvant, nue, auprès de
lui.
Ensuite. ,
CA suivre)
» Copyright by Frédéric Botetet, 1034. -
Toua droits de reproduction, de traduc-
tion et d'adaptation réservés pour tout
les pays.
-1
2i
LE JOURNAL
3
4
5 m
6
3-11-34
7
LE CONTE DU "JOURNAL"
Le stand cTAnthelme
M
me ROB LOT avouait
trente-neuf ans ; elle
; les avouait même de-
puis cinq ans. Au phy-
sique, quatre - vingts
kilos deux cent cin-
quante. Au moral, sen-
siblement le même poids. Des ba-
joiles, mais une coquetterie tenace.
Elle avait gardé de beaux yeux, de
ces beaux yeux liquides de sotte dont
aucune pensée ne troublera jamais
l'eau profonde, et elle s'en servait
sans aucune discrétion.
Elle disait « moi » tous les troi~
mètres, un « moi » à tel point dilaté
que cela ressemblait à un croasse-
ment. Elle s'étalait dans la vie com-
me dans un fauteuil et s'imposait
d'autant plus qu'on la recherchait
moins. Elle n'avait jamais trompé
son mari, car elle était douée d'ar-
deur sensuelle à peu près autant
qu'une machine à coudre. Cette ver-
tu lui devenait, la quarantaine pas-
sée, un prétexte à écraser le mal-
heureux Roblot de panégyriques
amers.
Roblot ressemblait assez exacte-
ment à ces petits bergers de crèches
qui disent merci en inclinant la tête
quand on a glissé deux sous dans le
tronc qu'ils présentent. Il en avait
la calvitie, les épaules rentrées, les
vêtements de couleur incertaine et
surtout la nuque cassée par l'assen-
timent. Il était devenu comme dé-
capité à force de dire : « Amen ! >
Ils possédaient une voiture encore
jeune et de carrosserie honorable. Il
va de soi que Mme Roblot condui-
sait, car Roblot n'avait point appris
à conduire. Il avait été décidé, une
fois pour toutes, qu'il en était in-
capable. Mais il savait remplacer
une roue, vidanger l'huile, souffler
dans le gicleur, laver la carrosserie.
En récompense de ces menus ser-
vices, il était admis aux côtés de
Mme Roblot et faisait sa partie dans
le concert de malédictions dont elle
accablait les usagers de la" route,
aucun n'étant, à son gré, digne de
tenir un volant. Roblot ne man-
quait point d'affirmer, à chaque vi-
rage, à chaque croisement, à cha-
que voiture rencontrée qu'à son
épouse sîule appartenait la dexté-
rité, le sang-froid et le réflexe vif,
et que toutes ces qualités venaient,
une fois de plus, d'éviter une cata-
strophe.
Mme Roblot l'emmena au Salon.
Elle ne cherchait dans l'occasion
qu'une nouvelle affirmation de sa
compétence mécanique. Elle eût
promené Roblot de stand en stand
en l'abrutissant d'explications, et les
dégâts se seraient bornés la si ie
destin ne l'avait-mise soudàin; au
stand de l'Ultra Super Fourgonia,
trace à face avec Anthelmè Maré-
chal..
C'était un jeune homme qui,
quoique voué au commerce de l'au-
tomobile, distinguait mal un car-
burateur d'une magnéto et, pour
cette raison, totalisait un nombre
impressionnant de renvois. Fort joli
garçon, très-élégant,-il semblait- pou-
-voir -faire un vendeur* passable, mais
la fantaisie qu'il'déployait dans les
explications techniques scandalisait
, vite les clients et lui attirait des en-
, nuis. Il en était à sa quinzième fir-
5'me quand le succès était venu, im-
prévu, étourdissant. Au Salon, il
vendait des Ultra Super Fourgonia
-. comme des petits pâtés, et cela tout
simplement parce..qu'il avait décou-
vert une. clientèle. Sa clientèle.
Il regarda venir Mme Roblot et
le regard qu'il. attachait sur elle
; était un regard à la fois extasié et
; -timide, surpris et. eharmé, fervent
i et craintif, comme si lui, Aiithelme
- Maréchal, se fût demandé par quel
prodige cette créature , céleste atter-
rissait dans son stand. Une femme
qui reçoit de ces regards-là ne s'y
trompe pas, et Mme Roblot tressail-
lit ; puis son cœur battit très fort
parce que le beau jeune homme,
- semblant prendre un parti héroïque
et désespéré, marchait droit vers
elle, s'inclinait :
— Madame, excusez-moi d'oser
vous arrêter, mais j'aurais une gran-
de faveur à vous 'demander. Con-
sentiriez-vous à vous asseoir quel-
ques secondes dans oe. cabriolet,
juste le temps de prendre une pho-
tographie. Nous ne cherchons pas
seulement, comme tous les construc-
teurs, à. présenter nos modèles avec
une jolie femme assise au volant,
nous tenons à ce que l'élégance de
la conductrice s'accorde, en quel-
que sorte, à celle de la voiture. Pour
ce cabriolet corail, j'ai attendu toute
.la journée. Ce n'est qu'en vous
voyant que j'ai enfin découvert celle
.pour qui la voiture, notre plus belle
voiture, semble faite. Voilà pour-
quoi, madame, j'ose implorer de vo-
tre bonne grâce quelques secondes
de pose.
— Mais, monsieur ! balbutia Mme
Roblot, toute rougissante.
Le regard - d'Anthelme chavira
dans une adoration qui ne cherchait
plus à se dissimuler.
.-. — Madame, vous me rendriez tel-
lement heureux !
Il offrait son bras, ouvrait la por-
tière, installait Mme Roblot au vo-
lant ; puis courait à son appareil
photographique, qu'il pointait avec
de petits cris émerveilles :
- Oh ! oh ! ravissant !. La 11-
gne de votre épaule, madame, ac-
compagne si divinement la courbe
de la portière. Et le mouvement du
bras, parfait. Vraiment, il semble
que notre modèle ait été fait à vo-
tre mesure tant vous y prenez na-
turellement l'attitude la plus char-
mante.. Un instant encore, mada-
me, je vous en prie ! Je n'ai fait que
cinq poses !.
Dix minutes plus tard, Mme Ro-
blot donnait à son mari l'ordre de
signer le bon de commande. En la
reconduisant jusqu'aux frontières
du stand, Anthelme Maréchal mur-
mura :
— Laissez-moi espérer, madame,
que cet achat me vaudra le bonheur
de vous revoir.
Mme Roblot sourit sans répondre,
et quand elle se fut éloignée, An-
thelme Maréchal, se tournant vers
le second vendeur, expliqua :
t- Quand on a la manière, il n'y
a rien de plus facile à faire que les
vieilles biques.
Mme Roblot, cependant, acheva
impatiemment le tour du Salon,
ainsi que les convenances l'exi-
geaient, mais vingt minutés plus
tard, elle revenait au stand de l'Ul-
tra Super Fourgonia. Là, elle resta
clouée au tapis en voyant dans le
cabriolet corail une maigre et sèche
femme pencher à la portière un "sou-
rire acide, tandis qu'une voix déjà
chère s'exclamait :
— C'est irrésistible, madame; votre
charme dans ce cadre Oh ! votre
teint et cet éjnàil 1. Mais c'est mi-
raculeux !
Mme Roblot abaissa son regard
sur son mari :
- Tu vas aller annuler ce bon de
commande.
Le petit* Roblot -frémit:
- Mais, ma chère amie.
- C'est bon', dit-elle. J'y vais
moi-même ! •
Mais Anthelme était prémuni
contre les pires surprises. 'En -la
voyant approcher • de sofipas ven-
geur, il comprit et se précipita :
— Je suis tout à vous dans uh ins-
tant, madame.
et plus bas, en confidence : *
— La femme du patron qui a
tenu à se faire photographier dans
votre, coupé avant 'qu'il ne soit li-
vré. Une corvée ! Mais c'est un
hommage involontaire qu'elle rend
à votre goût excellent. Toutefois,
-après vous avoir vue auréolée par
cette portière, quand on a encore
dans les yeux votre sourire, être
obligé de clicher cette pauvre fem-
me. Les exigences - du métier ! Je
ne", puis pas le maudire, puisqu'il
m'a permis de vous connaître.
Vous désirez, chère petite'madame ?
'- Prendre. votre avis pour la
couleur des housses, murmura Mme
Roblot 'avec un sourire déjà meurtri.
ROGER VERCEL.
1. -, 1 e1000 1 à &. lm 1 t
e -4 '1 ;,
¡ri Àe
1, 1
Bicyclette moderne
Proposa.
Un gosse est mis en quàrantaine. A-
t-il manqué à la loi de la clgfse, cette
jungle miniature, moucharajJr trahi un
de ses camarades ? jSa-t^rjait tomber
traitreusement, battu ? Non. C'est un
petit enfant ni meilleur ni pire que d'au-
tres, plutôt tranquille. Mai», voilà, on
a beaucoup parlé de son père dans les
journaux. Il n'y est pour rien ? Tant
pis ! Depuis, il ne revient plus guère
chez lui qu'en larmes. C'est le fils de'
l'inspecteur Bonny.
Cruauté de l'enfance. Rien ne sau-
rait être plus triste, pour un petit, que
d'être tenu à l'écart, d'être exclu des
conversations, des jeux. S'il y veut pren-
dre part, on le chasse. « Pas toi 1 »
S'il s'approche, on s'éloigne de lui
comme d'un pestiféré. Il est des moins
de sept ans, sensibles à l'opinion du
monde en herbe ou ils bivent et que
rien ne peut consoler du mépris public
de gamins de leur âge. L'hostilité, la
méchanceté sont, hélas ! trop lourdes à
porter pour leurs frêles épaules, ils les
ressentent jusqu'au désespoir. Se sou-
vient-on encore de cet écolier des Ar-
dennes, paria des récréations -— l'his-
toire m'avait frappée — qui, à la sortie
d? récole, un jour, alla se noyer dans
l'étang ?
Il n'arrive que trop souvent qu'on
reporte, sur un enfant, l'aversion, justi-
fiée ou non, que son père inspire. Si
l'homme est un loup pour l'homme,
l'enfant, pour l'enfant, est également
impitoyable. Les organisateurs de qua-
rantaine n'ont-ils ni maître ni famille ?
Rien ne paraît plus amer que cette pa-
role de l'Ecriture : « .jusqu'à la cin-
quième génération. »
HUGUETTE GARNIER.
Le téléhoroscope
Sur cette bicyclette, d'un modèle nou-
veau, miss Hamilton a couvert sans
fatigue 3.000 kilomètres. Voici l'en-
gin et sa propriétaire arrivant après cet
exploit au siège de la IVe exposition
du vélo. à Londres.
R
appelez-vous que.
malgré ses prix très bas, la Maison
des « 100.000-Chemises » continue
plus que jamais l'application des prin-
cipes qui ont fait sa renommée : Tou-
jours des marchandises de très belle
qualité et de la meilleure fabrication.
Maison principale: 69, rue Lafayette et
surccursales à Paris, Lille, Bordeaux.
M
Herriot est allé, mercredi, ren-
dre visite à M. Albert Lebrun.
Est-il besoin de dire qu à sa sortie
de l'Elysée, il fut littéralement harpon-
né par les journalistes.
Bien que, d'ordinaire,' il soit leur
providence et que les aimables confi-
dences ne lui coûtent guère, il fut dis-
cret comme une tombe.
1 — Alors, rien ? implora-t-on.. Pas
un mot ?
Et le président du parti jradical, un
doigt sur la bouche :
— Mes amis, en période de Tous-
saint, le recueillement est de mise !
D
e M. Georges Biessy, Grenoble.
C'est quand l'automne vient joncher
1 bois et jardins, de feuilles mortes,
C'est quand l'hiver frappe à nos portes
1 Qu'on bénit le «'Cherry-Rocher ».•
M
aster Slade est' établi coiffeur à!
- Londres. Comme tous ses com-
patriotes, il est sportif. et comme tous
les barbiers du monde, grand amateur
de courses hippiques. Il n'eût point fait
pourtant le chemin de Dublin pour as-
sister au sweepstake, et comme il mé-
prise les loteries, auxquelles il reproche
de ne point faire appel aux mérites
personnels, et particulièrement au juge-
ment du joueur, sans doute n'aurait-il
poist risqué sa chance.
Mais un marchand de journaux de
West Dilwich veillait. Vendredi der-
nier. à la veille du. tirage, lorsque M.
Watford vit venir à lui M. Slade, son
client, il lui dit : « Je n'ai plus qu'un
ticket, prenez-le. C'est le bon ! »
Le ton impératif impressionna-t-il
M. Slade ? Sans doute, car il acheta
le billet.
Samedi; au tirage, le numéro était
attribué à Wychwood Abbot. et rap-
portait 29.999 livres 1Q shillings ai son
propriétaire.
— C'est bien la première fois que
je gagne aux courses ! a., conclu M..
Slade. -'
L
e café des Planteurs de. Sao Paulo
provient des meilleurs plants du
Brésil. *Dégustez-ie .dans nos bars :
carrefour Richelieu-Drouot et 32, ave-
nue Wagram. Pour obtenir le même
café, exigez la marque F.B. en rouge
sur le paquet vert et jaune.
YVONNE CHABAS
PORTRAIT DE JEUNE FILLE
roman
Marthe ne veut pas
savoir qu'elle possède
une âme. Elle ne connaît
que son corps dont elle
a fait une œuvre d'art.
La liberté qu'on lui lais-
se favorise ses goûts de
jouissance. Ce roman
frais, cynique, ressem-
ble à son héroïne. (Flam-
marion 12 /r.).
c
est une toute petite gare méridio-
nale accrochée pourtant, sans que
1 on sache très bien pourquoi, à une
ligne importante. Seuls, les trains om-
nibus y font une courte station.
Il y a quelques jours, comme l'un
de ceux-ci repartait, un brusque coup
de frein le « stoppa ». Intrigués, les
quelques voyageurs qu'il transportait se
mirent à la portière. *
L'affaire n'était pas grave. Un coq
magnifique,, ornement du poulailler du
chef de gare, s'était engagé sous le
convoi, entre les rails, et, affolé par tout
le vacarme,, se refusait obstinément à
s'en aller.
Jusque-là l'histqire n'avait rien que
d'assez banal.
Ce qui lui donnait une saveur toute
particulière c'était l'attitude du chef de
gare lui-même qui, oublieux pour un
instant des exigences du trafic et de ses
devoirs, apostrophait à la cantonade,
avec le plus bel accent de par là :
« Fada, qu'il est ce coq, je vous
dis, fada. »
RICHELIEU
par
AUGUSTE BAILLY
A l'heure
où tous les
Français
recherchent
des formu-
les nouvel-
les, des
plans, des
méthodes,
il n'est pas
de livre
plus riche
en ensei-
gnements
que , cette
étude ma-
gnifique sur l'un des plus grands ou-
vriers de la Nation française. Il n'en
a guère été fait de plus vivante et sûre-
ment pas de plus subtile. C'est un nou-
veau succès de la Collection des Gran-
des Etudes Historiques. Un vol. de 350
pages : 15 frs. A. Fayard et C", Paris.
La fête foraine s'est élèctrifiée. Ses
attractions les plus populaires sont filles
du progrès. Seul, le classique « ther-
momètre de l'amour » continuait à dis-
tribuer ses horoscopes polycopies aux
couples tendres. Mais voici qu'à son
tour il se modernise et qu'il susurre.
par téléphone ses petits secrets..
N
oxa, bonnetier de luxe, présente avec
ses nouveaux prix la plus jolie col-
lection d'hiver de robes et ensembles
sport et ville en lainages « indéforma-
bles ». 200 modèles à 95, 100, 150
et 275 francs. Sweaters, pull overs, 29,
39 et 59 francs. Noxa, Galerie de
Nemours (près Théâtre-Français).
M
a:rie-Louise, 52, Champs-Elysées.
Aujourd'hui, 500 manteaux gar-
nis fourrure, valeur 1.000 à 3.000
francs seront soldés 300 à 800 francs.
Manteaux réclame à 125 francs.
A
h ! qu'il est doux de ne rien faire !
Il y a dans ce vieux refrain tout
un programme de vie sociale plus tacite
à établir qu'à réaliser. Ce serait cepen-
dant une erreur de croire que cette dou-
ceur, de vivre sera, dans de fort loin-
taines années, l'apanage d'une humanité
supérieure. Une tribu nègre de l'Ouest
africain pratique déjà avec une virtuo-
sité sans égale l'art de la fainéantise.
Pour avoir du poissçn, ces indigènes
empoisonnent les rivières ; pour avoir
des fruits, ils abattent les arbres ; pour
avoir du 'gibier, ils mettent le feu à des
carrés de brousse. Et c'est vraiment le
cas de dire que les alouettes leur tom-
bent du ciel toutes rôties.
Mais n'est-ce pas la fin suprême de
beaucoup de systèmes politiques ?.
T
issus de haute couture.
Sous cette désignation, le Prin-
temps réunit dans un rayon - spécial, la
collection la plus complète, et sans cesse
renouvelée de toutes les dernières créa-
tions en lainages, soieries, etc. Vous
trouverez également dans ce même
rayon, un certain nombre de tissus
exclusivement créés pour le Printemps
par les meilleurs fabricants de France.
M
eubles modernes de goût personnel
à des prix surprenants.
Venez les voir chez : Le Mardelé
frères, 115, faubourg Saint-Antoine,
vous ne perdrez pas votre temps..
L
a Brasserie Maxéville,14, boulevard
Montmartre, entièrement transfor-
mée, a fait, mardi, sa réouverture. Prix
fixe, 25 francs (vin et café compris, sans
suppléments). Carte rapide.
P
routez des conditions magnifiques
que le Louvre vous offre pour son
Exposition de rourrure, Bonneterie,
Chaussures, Soieries des 3, 5, 6 novem-
bre. Vous bénéficierez de l'énorme
baisse sur la soie que le Louvre applique
à fond en faveur de sa clientèle sur tous
les genres de soieries.
-
Carnet mondain 1
Le prince héritier de Suède, accom-
pagné de la princesse Ingrid, et du prince
Bertil, est arrivé dans 'la capitale de l'Irak.
Il est l'hôte du ghazi.
— Sous le haut patronage de la grande
duchesse Héjèpe de Russie, princesse Ni-
colas de Grèce, et de la princesse Marina
de Grèce, un concert de bienfaisance sera
donné le vendredi 16 novembre, à 21.,h .30,
au Cercle Interallié.
NECROLOGIE
— Mme Crippa et sa famille ont la dou-
leur de faire part de la mort de M. A nqe
Crippa, survenue le 31 octobre. Les obse-
ques ont eu lieu dans la plus stricte in-
timité..
— Nous apprenons le décès de M. Julien
Georges Massing, négociant en vins de
Champagne, survenu à Ay (Marne) le
lor novembre 1934. Les obsèques auront
lieu à Ay le lundi 5 courant, à 9 h. 30.
Réunion rue Jeanson, numéro 17 bis.
- Les obsèques de Lucien Garniel
la dernière victime du 6 février
seront célébrées ce matin
C'est à 11 h. 30 ce matin, que seront
célébrées en l'église Saint-Philippe du
Roule, les obsèques du jeune Lucien
Garniel — dernière victime du 6 février
-dont nous avont dit le long martyre.
Dès les premières heures de la mati-
née d'hier la salle des reconnaissances
à Beaujon, où reposait le cadavre de
l'adolescent avait été décorée de dra-
peries funèbres et les fleurs s'amonce-
laient autour du petit lit d'hôpital dont'
ont avait fait un catafalque.
A 16 heures, on procéda à la mise en
bière : scène déchirante dont on dut
éloigner les vieux parents, les jeunes
sœurs et le frère de la plus touchante
des victimes de la journée sanglante.
L'hommage de la Ville de Paris
La Ville de Paris a pris à sa charge
l'organisation de ces obsèques, sera re-
présentée, par une nombreuse délégation
ayant à sa -tête M. Coutenot, président
du Conseil municipal. ?
Une conférence a eu lieu hier, dans
le cabinet du président, à laquelle par-
ticipaient les délégués de diverses asso-
ciations patriotiques. Il a été décidé
qu'après la cérémonie religieiise le cor-
tège rejoindrait la gare du Nord par
la rue de La Boétie, le boulevard Hauss-
mann et la rue Lafayette.
L'inhumation aura lieu au cimetière
de Sevran-Livry.' ville natale de Lucien
Garniel.
Convocation
Le groupe des Avocats à la cour des
6 et 7 février assistera aux obsèques.
Des places seront réservées aux membres
du groupe. - - -
Un don pour les pauvres de Paris
M. Achille Villey, préfet de la Seine,
a reçu de la Banque de Paris et des
Pays-Bas une somme de 5.000 francs
destinée à être répartie entre les Bureaux
de bienfaisance des arrondissements les
plus nécessiteux de Paris, à l'exception
du 2', qui a reçu directement les libéra-
lités du donateur.
M. Lamoureux
va se rendre à Moscou
M. Lamoureux, ministre du commerce
et de l'industrie, partira la semaine pro-
chaine pour Moscou, où il se rendra
à l'invitation du gouvernement de
l'U.R.S.S.
Le séjour du ministre à Moscou sera
de courte durée.
Un bal au profit
du foyer des artistes
-_., La,.société de^saurs mutuels, ,Cb.,ez tnOl
organise, le 10 novembre proenaan, au
gymnase Japy, une grande fête de nuit au
profit de 1 œuvre du foyer des artistes
Chez mol. -
La production
des houillères françaises
en septembre 1934
Les houillères français ont produit,
pendant le mois de septembre 1934,
3.913.356 tonnes de houille et de lignite
pour 25 jours ouvrables, au lieu de
3.918.839 en août pour 26 jours ouvra-
bles et de 3.979.214 en septembre 1933
pour 26 jours ouvrables.
La production moyenne pair jour ou-
vrable a été de 156.534 tonnes en sep-
tembre au lieu de ,150.725 en août et de
153.047 en septembre 1933.
L'effectif ouvrier inscrit est tombé de
233.606 unîtes fin août à 232.192 fin
septembre, contre 246.753 fin septem-
bre 1933.
Dans le bassin du Nord et du Pas-de-
Calais, la production moyenne par jouir
ouvrable a été de 98.006 tonnes au lieu
de 94.979 en août et 94.940 en septembre
1933. Pour le bassin de Lorraine elle est
passée de 16.514 tonnes en août à 18.029
tonnes en septembre, contre 17.893 en
septembre 1933. Dans le Centre et le
Midi il a été extrait 40.499 tonnes au
lieu de 39.232 le mois précédent et 40.314
en septembre 1933.
La production de coke métallurgique
a été de 329.734 tonnes. Elle avait été
die 343.058 le r.xris précédent et de 328.593
en septembre 1933. „ ,
La production d'aggtomérés (y compris
celles des semd-cokes ou charbons semi
distillés du Pas-de-Calais) s'est élevée de
452.739 tonnes en août à 477.722 tonnes
en septembre. Elile avait été de 445.068
en septembre 1933.
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Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus
NUMERO 4 FEUILLETON DU JOURNAL 3 NOVEMBRE 19341
ina
La Peau
d'Orange
Roman inédit
PAR
FRÉDÉRIC. BOUTET
A trente-deux ans, Eve Saulnier est dans
l'éclat de son été. Elle est très adulée,
màis sérieuse Mariée elle a un petit
, garçon, Jean iiettl., ans. Son mari,
; accapare par sa banque lui laisse
beaucoup de liberté.
Zu cours d'une promenade au Bois, Eve
rencontre un ami de son mari, le pein-
tre Daniel Le Bracy. qui a commencé
ton portrait! Mais Eve a interrompu
les séances de pose, car Daniel s'est
montré très empressé. Celui-ci la sup-
plie de revenir à l'atelier.
Voici Eve, en famille, entre son fils et
son mari Philrpve un « d'rand bour-
geois », qui a des ambitions ',polit iqu e&.
Philippe engage Eve à retourner chez
Le Bracy pour qtie l'artiste achève son
portrait..
- J'ai 'eu tort, soupira Eve à nou-
veau. Mais je lui ai presque promis
de venir aujourd'hui.
— C'est parfait. N'y manque pas.
Le Bracy est un' de nos meilleurs
amis et, je le répète, un peintre cé-
lèbre et qui. sera illustre, qui comp-
tera au premier rang dans l'histoire
de l'art moderne, -au même titre que
Delacroix, Manet, Millet, Puvis dé
Chavannes, Degas, Claude Monet,
acheva d'un ton pénétré M. Saulnier,
qui avait une tendance quelque peu
mégalomane à magnifier, "à mettre
en exaltation, si l'on peut dire, tout
ce qui, d'une façon ou d'une autre,
était relié à lui. Du reste, il n'était
pas fâché de iaire montre d'une éru-
dition picturale fraîchement acquise
— encore un peu sommaire il est
vrai.
Il réfléchit un moment et reprit :
- C'est curieux, les hagards de la
vie. Daniel Le Bracy et moi, nous
passons dix ans d'enfance et d'ado-
lescence sur les bancs du même ly--
cée. Nous nous lions d'amitié mal-
gré nos caractères différents, lui,
dissipé, capricieux, mauvais élève,
brillant esprit et, dès sa jeunesse,
épris d'art, d'aventure, cherchant
toujours du nouveau, — moi, plus
sérieux, plus appliqué, plus pondé-
le, aimant les sciences, l'histoire,
mordant bien à la philosophie, ce
qui ne veut pas dire que je ne sa-
vais pas, à mes moments, me dis-
traire. Bon. La sortie du lycée nous
sépare. Nous restons éloignés l'un
de l'autre pendant vingt ans. Nous
ne cherchons pas à nous revoir bien
que, chacun dans notre sphère, nous
devenions des hommes connus et
que nous sachions mutuellement le
développement de notre carrière.
Chose curieuse même, nous habitions
a proximité l'un .de l'autre, lui, Au-
tcuil, moi, Passy, nous le savons par
les annuaires et ni l'un ni l'autre
nous ne songeons à franchir les
quelques pas qui nous séparent et à
trapper à une porte pour, la main
tendue, dire : « C'est moi. Comment
vas-tu ?» Le temps écoulé nous sé-
pare plus que la distance. La pa-
resse .de l'initiative à prendre, d'un
geste pourtant naturel, nous para-
lyse. Et soudain le hasard d'un sou-
per de Noël. La rencontre : « C'est
toi ? » — « C'est toi ? » Et l'étincelle
jaillit, les jours d'autrefois s'évo-
.quent, les souvenirs d'enfance re-
naissent, l'intimité se renoue. Deux
amis se sont retrouvés pour ne plus
se séparer. Ah 1 oui, la vie est cu-
rieuse.
« Oui, curieuse, en effet, son-
geait Eve, qui avait écouté poliment, -
bien qu'assez distraitement, ce long
discours, très curieuse. Ah ! s'il sa-
vait pour quel motif Daniel Le Bra-
cy ce vieil ami, a renoué avec lui ?.»
Cependant M. Saulnier qui s'était,
lui, écouté parler avec plaisir, car
il se trouvait éloquent, écrasa dans
un cendrier son cigare achevé et se
mit debout.
- Allons, voici l'heure de repren-
dre le collier. A ce soir, ma petite
chatte.
Eve n'aimait pas cette appella-
tion que M. Saulnier avait pris l'ha-
bitude de lui donner depuis qu'il af-
fectait volontiers un ton paternel.
Mais elle se leva souriante et tendit
son visage à M. Saulnier, qui em-
brassa avec tendresse le front char-
mant.
— Et ne manque pas d'aller chez
Le Bracy, dit-il, comme elle le re-
conduisait jusque dans le vestibule.
Eve remonta dans sa chambre
pour s'apprêter à loisir.
Elle ne manquerait pas d'aller
chez Le Bracy.
III -
Quand elle était entrée pour la
première fois chez Daniel Le Bracy,
Eve, que son mari accompagnait,
avait éprouvé de la curiosité mais
aucune émotion.
Le peintre leur avait fait visiter
son installation. C'était dans la pe-
tite rue de l'Yvette, au milieu d'un
petit jardin touffu, une maison —
un grand pavillon plutôt, — en pier-
res grises tapissées d'un lierre à
l'aspect romantique.
En haut d'un double perron de
sept marches, Eve, en posant le pied
dans le vestibule, avait cru entrer
dans un musée ou, mieux, dans un
magasin particulièrement somptueux
d'antiquaire. Dans le vestibule,
dans une pièce qui pouvait être une
chambre à coucher, dans une pièce
qui pouvait être un salon, dans une
pièce qui pouvait être une salle à
manger, la jeune femme avait vu
le plus étonnant choix de tentures,
de meubles, d'étains, d'ivoires, de
bois, de faïences, de grès, de laques,
de livres, aux reliures flambantes ou
sombres, de curiosités de toutes sor-
tes, de tous les temps et de tous les
pays. Le tout, strictement authen-
tique et de grande valeur, présentait
aux yeux un désordre méthodique
et pittoresque, surprenant, un peu
déconcertant, finalement harmo-
nieux.
Un escalier de bois gothique con-
duisait au premier et unique étage.
Et ce premier étage tout entier, les
cloisons ayant été enlevées, consti-
tuait un très vaste atelier qu'entou-
raient des divans profonds, qu'éclai-
rait une verrière en pente et que
décoraient des meubles, des armes,
des brocarts, des choses de toutes
sortes qui avaient, comme au rez-
de-chaussée, donné à Eve l'impres-
sion de visiter un musée.
Et partout, surtout dans la pièce
du bas qui lui avait paru être la
chambre à coucher, Eve, avec une
curiosité dissimulée, avait cherché
à retrouver du regard les marques
du passage d'une femme. Elle con-
naissait la réputation de séducteur
de Daniel Le Bracy ; elle savait qu'il
avait eu des aventures d'amour
nombreuses, certaines scandaleuses,
une presque dramatique ; elle ren-
contrait dans le monde quelques-
unes des femmes qui avaient été,
disait-on, ses maîtresses. Tout cela
l'intéressait vivement.
Quand elle était revenue seule,
pour poser, chez Daniel Le Bracy,
elle n'avait plus éprouvé la curio-
sité de son installation, qu'elle con-
r,aissait, — elle avait éprouvé la cu-
riosité de l'attitude qu'il aurait à son
égard. A leur première rencontre,
du premier coup d'œil, elle avait
compris qu'elle l'impressionnait,
qu'il la désirait. Elle avait l'habi-
tude de ce genre de constatation ;
tous les hommes, plus ou moins,
étaient impressionnés par elle et la
désiraient. Jusqu'à présent, elle ne
s'en était guère préoccupée : c'était
si naturel. elle était si habituée à
paraître et à charmer sur-le-champ.
Mais avec Daniel Le Bracy qui, à
tous les points de vue, était excep-
tionnel comme homme, ainsi qu'elle
l'était comme femme, la chose pre-
nait plus de valeur, méritait d'être
remarquée, appréciée, mise à part.
Pendant les quatre premières
séances de pose, elle avait attendu,
presque de minute en minute, une
déclaration de Le Bracy. Il n'en avait
pas fait et elle avait été obscuré-
ment déçue, presque choquée, pres-
que humiliée.
Le cinquième jour, il avait parlé,
à la fin de la séance. Le coeur bat-
tant, beaucoup plus émue qu'elle ne
l'aurait- cru, intimidée, en désarroi,
sans rien répondre, elle était partie.
Aujourd'hui elle revenait. Elle re-
venait attirée par un sentiment
qu'elle ne précisait pas elle-même:
Elle ne voulait pas se demander ce
qui allait se passer, mais au fond
d'elle-même elle ne pouvait pas
l'ignorer. L'étrange trouble qui, le
matin, l'avait laissée sans force de-
vant Daniel Le Bracy, qui l'avait
contrainte à acquiescer à sa de-
mande, la reprendrait, elle le savait,
et lui de son côte le savait. Leurs
yeux les avaient mutuellement ren-
seignés. Un accord, une promesse ta-
cite étaient entre eux. Elle revenait,
- elr -';israit.
Pressa j tremblante d'une émotion
qu'elle n'avait jamais encore éprou-
vée, Eve sonna à la grille du jardin.
Le valet de chambre de Le Bracy
qui, avec sa femme, lingère et cui-
sinière, occupait un petit pavillon à
l'entrée du jardin, lui ouvrit.
Eve traversa, le cœur battant, une
allée sablée, bordée de buissons ver-
dissants, elle monta le perron, poussa
la porte entr'ouverte du vestibule.
Cette porte -fut refermée 'derrière
elle. Elle se sentit étreinte par des
bras forts et doux qui l'entraînèrent,
la portant presque.
1 Comme Mme Bovary après qu'elle
se fut donnée, dans un bois nor-
mandj à M. Rodolphe Boulanger de
la Huchette, Eve Saulnier, sortant
du pavillon de la rue de l'Yvette, où
elle n'avait rien refusé d'elle-même
au peintre Daniel Le Bracy. se ré-
pétait : «. J'ai un amant. j'ai un
amant. »
Le ciel, clair le matin, s'était cou-
vert. Dans le soir immobile le cré-
puscule proche s'alanguissait pres-
que d'une tiédeur d'été. Eve, mar-
chant à petits pas pour rentrer chez
elle, se sentait encore une fois à
l'unisson du temps ; elle éprouvait
un alanguissement endormeur et
comme ouaté ; elle était lasse et heu-
reuse des heures qu'elle venait de
vivre. -
Elle les évoquait, ces heures, dans
sa pensée paresseuse, avec la sensa-
tion de les vivre encore. Elle sentait
à ses épaules l'étreinte de Daniel
quand, dès son entrée, il l'avait en-
traînée sans qu'elle eût la volonté
ni la force de résister ; elle sentait
sur ses lèvres l'ardeur du premier
baiser qu'il lui avait donné. Elle re-
voyait, au rez-de-chaussée, la cham-
bre-musée (décidément, c'était bien
une chambre à coucher) où il l'avait
dévêtue avec tant de magique
adresse qu'elle ne s'en était aperçue
qu'en se retrouvant, nue, auprès de
lui.
Ensuite. ,
CA suivre)
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