Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1907-02-03
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 03 février 1907 03 février 1907
Description : 1907/02/03 (A16,N5239). 1907/02/03 (A16,N5239).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76258511
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 03/11/2014
y-V-w
-LE JOURNAL
T
CONTES DU a JOURNAL *
us ni mt)Mi)!LM
.Yvon avait jadis été un petit garçon
étrange qui aimait les poupées. Il pleu-
rait tous les soirs, avant de s'endormir,
pour en avoir une à côté de lui dans
l'oreiller. Or, chaque nuit, sa mère l'en-
tendait crier, se levait et s'approchait,
sachant d'avance ce qui arrivait. Yvon,,
réveillé, reculé jusqu'au fond de la
ruelle du lit, montrait du doigt son
jouet dont les yeux de verre luisaient
curieusement dans le clair-obscur de la
veilleuse, et disait en claquant des
dents :
— Ma poupée me regarde t
La puberté était venue effacer ces
choses puériles. Imbu de la supériorité,
en lui naissante, des grandes person-
nes, Yvon n'avait plus eu, pour de tels
souvenirs d'enfance, qu'un haussement
d'épaules. Et voici que maintenant, à
mesure qu'il se faisait homme, il com-
mençait à se rendre compte que son
âme ancienne de petit garçon' avait été
la plus vraie de ses âmes.
En effet, les yeux des maîtresses qui,
depuis toujours, fascinent la volonté
masculine, avaient pour lui, tous les
jours davantage, un attrait singulier.
Somme autrefois devant la petite per-
sonne de cire ou de carton aux prunel-
les fixes, il éprouvait, pour le regard
féminin, un sentiment où se mêlaient
l'amour et l'épouvante.
f Que lui demandait-il, à ce regard ? Il
se fatiguait vainement à chercher le
sens de cette anxiété. Et, de plus en
plus, comme quelqu'un qui se risque-
rait au-dessus d'un puits dangereux,
son esprit rôdait avec précaution au
bord des prunelles féminines, sans pou-
voir s'y arrêter tout à fait. De sorte que
ses amies disaient :
— C'est un être faux. Il ne regarde ja-
mais en face.
Nonobstant cette crainte, il osait, par-
fois, à la dérobée, détailler leurs yeux
alors qu'elles ne faisaient pas attention
à lui. Puis, rentré dans sa solitude,
longtemps il se repaissait l'esprit de ce
qu'il avait vu.
Son tourment augmentait. A la lon-
gue, il imagina que les iris variés de ses
amantes avaient peut-être, selon leur
couleur, un goût respectif. Son inquié-
tude, alors, n'était-elle qu'une sorte de
gourmandise mentale, une soif de con-
aaître ce goût du regard ?
Il eût voulu boire, l'une après l'au-
tre, tant de gorgées précieuses. Il pen-
sait à certains yeux bleus un peu fades,
dont la saveur était évidemment celle
d'une eau légèrement sucrée. Il pensait
k des yeux tirant sur le vert qui étaient
plus salés que deux gouttes d'eau ce
mer. Il en était d'un brun jaune qui pi-
quaient autant que le vinaigre, d'autres,
plus foncés, lourds et trop veloutés, lui
poissaient comme du sirop.
Ainsi les yeux, cette place lumineuse
du. visage humain, n'étaient pour lui
qu'un secret breuvage.
Ayant trouvé une telle explication, il
se sentit d'abord soulagé. Mais il ne
Larda pas à convenir avec lui-mê:ne que
nul regard n'avait, en réalité, le goût
qu'il souhaitait. Et dès lors, il'comprit
que de même que tant d'autres, il était
tout bonnement chercheur d'impossible.
Le goût qu'il souhaitait, c'était quel-
que chose de simple, de clair et de pro-
fond comme une source. Il voulait des
yeux pareils à l'eau qu'on prend dans le
creux de la main, au pied de certains
shênes, cette eau, sang diaphane de la
terre, qui n'est parfumée que des
odeurs du sol et des racines traversées,
des lierres et des fougères qui s'y sont
trempés ; cette eau docile, dans laquelle
se couchent les reflets des aurores et
des soirs ; cette eau informe et incolore
possédant toutes les couleurs mirées en
elle.
Oui, il désirait c«yé eau naturelle, ces
yeux naturels. Il voulait y boire les as-
pects de la divine vie. Il voulait, en s'ap-
prochant, y apercevoir, tout au fond,
son rêve de vérité, ainsi qu'une naïade
nue. Il voulait s'y désaltérer de toute
soif, y noyer délicieusement son âme.
Et aussi il voulait que cette source qu'il
cherchait, que ce regard qu'il cherchait
fût une chose à lui seul réservée. Il pré-
tendait que les yeux miraculeux de fem-
me, attendus sans y croire, n'eussent ja-
mais regardé personne avant lui.
Plusieurs années passèrent sur son
rêve. Sa mémoire, pendant ce temps,
enregistra bien * des belles prunelles
qu'il ajoutait à celles déjà connues,
comme s'il eût joint des pierres de eou-
leur à quelque invisible collier.
Or, un soir vint, un soir qui semblait
pareil à d'autres, un soir anodin de sor-
tie en ville. J
C'était quelque comédie de salon, sui-
vie d'un souper. La vraie comédie, com-
me toujours, était celle, non préparée,
de la réunion mondaine où chacun,
exhibant son meilleur sourire, réser-
vait intérieurement la. morsure secrète
de l'ironie. Parmi le coudoiement gé-
néral des habits noirs et des toilettes.
,Yvon sentait sa véridique personnalité
s'assimiler à celle des autres. Il n'était
plus qu'un chiffre quelconque dans le
nombre banal.
Il regarda le jeu des acteurs, applau-
dit, salua de-ci de-là, causa comme les
autres, résigné d'avance à son rôle de
monsieur en soirée.
Et voici qu'en prenant sà place au sou-
per, côte à côte avec des jeunes gens
qu'il connaissait à peine ou pas du tout,
ayant levé la tête, il vit, en face de lui,
son rêve.
Grandes ouvertes, les impossibles
prunelles étaient là. C'était une jeune
femme un peu pâle, mince et jolie, aux
cheveux bruns bien coiffés. Mais com-
ment Yvon eût-il distingué ces quelques
détails ? Pantelant, immobilisé comme
devant la tête qui métamorphose en
pierre, il contemplait seulement les
deux yeux immenses couler d'eau,
simples et profonds, pareils ftx sour-
ces qu'on rencontre au pied de certains
chênes.
Et, avec un frisson qui le fit soudain
terriblement blêmir, il s'aperçut que,
étrangement fixes, ils ne regardaient
absolument personne.
Elle causait pourtant avec ses voisins,
elle riait même de temps en temps. Mais
« semblait que ses iris, en se tournant
du Côté des interlocuteurs, manquaient
chaque fois leur but et se fixaient ail-
leurs, vers quelque chose d'invisible et
de merveilleux.
— Mon rêve. mon rêve. balbutiait
Yvon.
Et, seule, l'ordinaire indifférence hu-
maine de ceux qui l'entouraient, empê-
cha qu'il fût remarqué.
Cependant, à un moment, la jeune
femme ,s'étant tue, regarda devant elle.
Alors ses deux prunelles extraordinai-
res se plantèrent tout droi* dans les
yeux d'Yvon, et ce fut comice si deux
glaives le traversaient.
Il porta vivement les mains à son
cœur, retenant la syncope du bonheur
et de l'angoisse. Puis il ouvrit la bouche
pour parler, pour clamer vers les yeux
q«i le regardaient. Et enfin, simple-
ment, ayant repris un peu conscience,
il leur , fit un signe, un mince petit si-
gne qui signifiait toute son âme. Mais
déjà le regard d'eau ciaire s'était dé-
tourné.
Quand on se leva de table, De fut une
dispersion bruyante à travers Les salons.
On riait, on fumait, on attaquait les pia-
nos. Au milieu de ce tohu-bohu, Yvon,
nerveusement, s'accrocha au bras d'un
jeune homme qu'il connaissait.
— Présentez-moi. bégaya-t-il.
L'autre le regarda, effaré. Et Yvon s'é-
tonnait qu'on ne comprît pas immédia
tement qu'il s'agissait, en eette minute,
de son destin même.
Il s'expliqua, prêcha la personne dont
il voulait parler, mais en des termes tels
que le jeune homme, supposant qu'il en
était subitement amoureux, se mit à
rire :
— Ne vous emballez pas si vite, dit-
il. Ce n'est qu'une poupée, cette petite
femme-là.
Yvon tressaillit à ce mot, e4 une
inexplicable colère le secoua :
— Elle, une poupée ? gronda-t-il en
faisant le geste de quelqu'un qui va
tuer. Et il ajouta, ivre d'ihdignatKt& :
— Avec des yeux pareils ?
Alors le jeune homme, prenant un air
stupéfait puis mystérieux : ,
- CQmrnent, vous ne savez donc
pas ?
- Et, baissant encore la voix, entraînant
Yvon à l'écsrt :
— Surtout, n'ayez jamais l'air de
vous en chuter. C'est un accord tacite
entre tous ceux qui la connaissent.
Vous ave; vu qu'elle parle, rit, s'amuse
comme ane personne ordinaire ? Eh
bien ! elfe fait semblant ! N'est-ce pas là
un bel exemple de la coquetterie malgré
tout, et-de la ruse des femmes ?. Pen-
sez quon lui décrit d'avance, minutieu-
semert, les gens et les lieux, pour qu'el-
le n'tfi ait pas l'air!.
Et comme Yvon continuait à ne pas
comprendre, il se pencha et ehuGhotta
imperceptiblement :
— Elle est aveugle.
Tvon n'eut pas le temps de s'excla-
ner. Car la jolie infirme passait préci-
sément près d'eux, au bras d'une amie,
ft le jeune homme, complaisamment,
commença :
— Chère madame, permettez-moi de
vous présenter mon camarade qui est.
Il n'acheva pas. Les deux yeux clairs,
au hasard, s'étaient, une seconde fois,
enfoncés dans ceux d'Yvon. Et le mal-
heureux, chancelant, décomposée fou,
retrouvant le cri de son enfance prédest-
tinée, se mit à hurler de toutes ses for-
ces, en se reculant au milieu de la foule
terrifiée :
- Ma poupée me regarde. Ma pou-
pée me regarde !.
LUCIE DELARUE-MARDRUS.
(Traduction et reproduction interdites.)
BmjPt ■■K1, avenue de l'Opéra
ISE1 [37, b* Maleaherbeà
jb< Ma~ner~
!!' tBPB~~Ba ls 4, avenue de Ciicby
LES EXCURSIONS DU "JOURNIL"
Huit jours à la Côte d'Azur, tous Irais
compris : 208 francs.
A la demande d'un grand nombre de nos
lecteurs n'ayant pu profiter de nos deux
premiers voyages sur le littoral, au pays du
soleil et des fleurs, nous organisons, dana
les mêmes conditions de confort, un pro-
chain départ le 17 février prochain, dont le
prix est également fixé à 200 francs en
deuxième classe, tous trais compris, même
les pourboires.
Ce voyage aura une durée de huit jours
avec séjour à Nice et excursions à MONTE-
CARLO et MENTON, par la Grande Corni-
che en voiture, VINTIMILLE, SAN-REMO,
CANNES, TOULON et MARSEILLE.
Pour éviter les inconvénients des groupes
trop nombreux, nous limiterons à 50 le nom-
bre des participants, qui voyageront dans
des voitures à couloir spécialement réser-
vées pour eux au départ de Paris ; le départ
est fixé au dimanche 17 février prochain,
peur être de retour le lundi 25 au matin.
Voici le programme du voyage :
Dimanche 17 février. — Départ de la gare
de Lyon par tram express a 2 h. 40 soir.
Dîner à Dijon.
Lundi 18. — Arrivée à Nice à 9 h. 10 du
matin. Visite de la ville.
Mardi 19. — Journée de liberté à Nice.
Entrées gratuites au Casino municipal et à
la jetée. Promenade de Nice.
Mercredi 20. — Excursion en voituré par
la Grande Corniche et la Turbie, à Menton.
Retour par Monte-Carlo, dont on visitera le
Casino.
Jeudi 21. — Excursion à San-Reme par
Vintimille.
Vendredi 22. — Excursion à Cannes.
Samedi 23. — Départ le matin pour Tou-
Ion, visite de la ville, promenade dans le
port à travers l'escadre. Départ pour Mar-
seille.
Dimanche 21. — Séjour à Marseille et
visite de la ville en tramways spéciaux. Dé-
part à 6 h. 5 soir.
Lundi 25. - Arrivée à Paris à 109. 15
matin. ï *
Les inscriptions sont reçues au J(ÀurruiL
100, rue de Richelieu, ou adressées par chè-
que ou mandat à M. l'administrateur. (Bien
spécifier si l'on désire une chambre à 1 ou 2
lits pour 2 ou 3 personnes.)
Les 50 premiers inscrits pourront séduis
prendre part à ce voyage.
Le programme détaillé sera remis gratui-
tement à nos bureaux ou adressé à toute
demande contenant un timbre de 0 fr. V
pour frais d'envoi.
* les CMs de fer de rUat belge
L'ordre spécial ci-dessous vient d'être
adressé par le service de l'exploitation des
chemins de fer de l'Etat belge aux gares de
son réseau :
Par suite de J'affluence extraordinaire des
transports, l'acceptation des marchandises P. V.
(charges complètes), à diriger par les frontières
de Sterpeutch, Athus, Renonchamps - et Lamor.
teau est suspendue pendant quarante-huit heures,
à partir du 30 courant.
Cette mesure sera portée par les stations à la
connaissance du public.
<
Evian-Cachat-Opéra. — Parisiens, rete-
nez bien ces trois mots : « Evian-Cachat-
Opéra ». ILs ont pour vous une importance
capitale. C'est, en effet, 4, place de YOpéra
que se trouve le Bureau central des com-
mandes pour Paris et la banlieue de l'eau
de la Source Cachat d'Evian, l'Eau de Ta-
ble parfaite, si universellement et sî juste-
ment renommée. En vente chez tous les
pharmaciens et marchanda d'eaux minéra-
les. — CH. M.
0»tnlaOON8TIlsATION*tineeasjqBenM
VéritablesGRAINS de SANTEdU DrfRANCK
tr"- ea~M~ ~~tMM~wt~ lalaeS
Chronique des. Tribunaux
Le preeès Doyen-Croeker
La salle d'audience de la première cham-
bre du tribunal regorgeait de monde quand
hier, à midi précis, M. 1e président Bondoux
a doaaé la parole à. M. le docteur Doyen
pour achever ses explications personnelLes,
qu'il avait commencées à huitaine dernière.
Le célèbre chirurgien, toujours très mal-
tre de sa parole et parlant à ses juges com-
me s'il causait avec ses collègues ou ses
élèves, reprend sa discussion sur le cas de
Mme Crocker, qu'il avait à peine effleurée
à la précédente audience.
Mais, tout d'abord, il entend prolester
contre les déclarations -interposées de l'avo-
cat de M. Crocker :
— M' Chenu, dit-il, vient m'opposer des cablo-
frrammea récents. Si le procès durait quelques au-
diences encore, M. Crocker et sa famille télégra-
phieraient bientôt qu'ils ne m'ont jamais vu.
M. George Crocker et Mme William Crocker ont
reçu de moi. je l'affirme, toutes les explications
nécessaires avant de me taire visiter la malade, et
ce n'est que devant les exigences toujours croissan-
tes de Mme George Crocker que j'ai fixé le chiffre
des honoraires à 100,000 francs.
Vous connaissez, messieurs, le contrat qui m'a
été remis le 17 mai et que j'ai refusé de signer,
wornaoe contraire à ma dignité professionnelle.
Le chèque a été créé le 17 mai ; je ne l'ai JleÇQ
Que le lendemain.
Ma lettre du 18 mai a été écrite pour être mon-
trée à la malade.
Je vous ai démontré, après M* Desjardin, que
j'étais en droit d'écrire ces mots : « que j'espère
guérir » et je vous ai dit que sur les vingt-deux
eu favorables cités en avril 1904 à M. George
Cracker et à sa belle-sœur, dont plus de 50 0/0
étaient des cas en voie de génAraiisation à cette
époqttç, douze sont encore en vie.
J'avais donc le droit de dire à 3C, George Croc-
ker : « JlLt l'eajwir de guérir. »
L'adversaire m'a opposé également un certain
nombre de lignes, tirées du même volume, et d'où
U ressort pour lui que je n'ai jamais espéré guérir
le cancer locsqull était en voie de généralisation.
a Laisses-mol choisir dix lignes de l'écriture d'un
homme, a écrit un ancien magistrat, et je le ferai
pendre, Il
C'est ainsi que M* Chenu s'est efforcé de vous
démontrer que le cas de Mme Crocker rentrait, à
la J'éca,pltalaUon des pages 167 et 168 de mon vo-
lume. dans la quatrième catégorie, c'est-à-dire dans
la catégorie des cas dont je n'avais jamais espéré
la gaérison. Je proteste contre cette affirmation.
Le oas de Mme George Crocker, je l'ai déjà dit.
paraissait d'ailleurs moins grave que celui de
t'observation S0, et cependant cette malade, dont le
cas a été signalé tout particulièrement à M. George
Crocker et qui était en 1902 un cas de cancer en
vole de généralisa ttoa, est actuellement en parfaite
santé.
Je crois donc, messieurs, que Tous êtes convain-
cus de ma bonne foi absolue lorsque j'ai écrit :
« que j'espère guérir ». Les événements m'ont
donné raison et le temps a consacré mes affirma-
tions d'il y a trois ans..,
Le docteur Doyen réfute maintenant l'ob-
servation de la garde-malade de Mme Croc-
ker au sujet des feuilles de température :
— L'observation de -cette garde-malade a été
écrite par Coudert frères, avec la même machine et
sur le même papier que le projet de contrat du 17
mai, et n'est pas seulement ridicule par la préten-
tion de cette garde à juger et à diriger le traite-
ment. elle est de plus entachée des plus graves er-
reurs et ces erreurs prouvent qu'elle a été rédigée
tardivement, en qualité de réquisitoire.
En effet, que dit eette observation : Il La qua-
trième injection, faite le 9 mai par M. Doyen, fut
beaucoup plus puissante et comporta une plus
grande quantité de sérum. D
Or, l'observation originale prouve que la qua-
trième injection a été faite, non pas le 6 mai. mais
le 6 mai, et qu'elle a été identique aux trois pré-
cédentes.
Sur six dates qui n'ont pas été écrites sur la
feuille de température de ma propre main, l'obser-
vation de la garde-malade contient cinq erreurs.
Ce n'est pas tout : si l'on passe de la première à
la deuxième feuille, on remarque à la même date
du 8 mai soir. une erreur de température de 1°. De
37° 2, la garde a transcrit 38° 2.
Et les points de repère des 9, 11, 12, 22, 23, 24, 25,
26 mai sont si mal inscrits qu'on se figurerait les
constellations mystérieuses de la carte céleste d'un
astrologue.
Vous remarquerez aussi, messieurs, que, si vous
voulez lire cette fameuse feuille de température,
188 chiffres sont demeurés normaux jusqu'à la cin-
quième injection, et vous lirez le 14 mai (bron-
chite). Or, les deux cycles fébriles principaux ont
évolué du 5 au 13 juin, puis du 21 au 26 juin, et la
température maximum de toute la courbe, 39* 7,
s'est produite à la date du 19 juin, c'est-à-dire
vingt et va jours exactement après ma dernière
injection ! +
Les cycles fébriles n'ont dont présenté aucun rap-
port avec les injections.
M* Chenu est évidemment excusable de n'avoir
pas su lire une pareille courbe de température.
Mais il ne pourra trouver aucune excuse pour
cette parole imprudente : « Le 18 mai, il Xallait se.
hâter, car le lendemain la malade n'aurait pas
été en état de recevoir l'injection, »
Lisez l'observation de la gar*d#malade, maître
Chenu ; lisez les annotations ôv ia létale de tem-
pérature, et vous verrez que Mme Crocker a reçu
une Injection le 19 mai, le jour oh vous avez pré-
tendu qu'elle n'était pas en état de la supporter.
Vous avez passé sans l'apercevoir, dans les vingt
et une observations que vous Invoqua! contre mol,
le mot généralisation, qui s'y trouvait cependant
en toutes lettres et vous avez affirmé bien haut que
ce mot ne s'y trouvait pas. Le tribunal a pu cons-
tater, sur le document lui-même. que vous l'aviez
induit en erreur.
Vous avez fait devant le tribuual une seconde
affirmation erronée, en prétendant que Mme George
Crocker était trop souffrante le 19 mai pour rece-
voir sen injection. Vous vous êtes laissé entraîner.
maître Chenu, par voire éloquence.
Votre argumentation est réduite à néant, puis-
qu'elle n'est basée que sur des affirmations contrai-
res à la vérité.
Sur un certain nombre de points, maître Cbenu,
vous avez été trompé par des déclarations intéres-
sées et inexactes, sur (Tartres points. vous VOUS
êtes trompé.
Je m'empresse d'ajouter que voua êtes parfaite-
ment excusable et vous ayez tiré de ass documents
arides tout le parti qu'en posait tirer un homme
de votre valeur et de votre intelligence.
Je vous ai démontré, messieurs, par l'examen
des documents eux-même_% que m'opposait M* Che-
nu l'unanité de l'accusation de tromperie et e
dot-civil.
L'orateur s'explique ensuite sur l'aecusa-
tion de ci violence morale » dont il est l'ob-
jet de la part de M. Crocker :
— Cette accusation, dit-il, n'est pas mieux fon-
dée.
Le 16 mal, Mme Crocker était dans un état satis-
faisant et faisait des promenades au Bois de Bou-
logne.
C'est même à la suite d'une de ces promenades
que la congestion pulmonaire s'est produite, le 22
inai.
L'observation porte a cette date : « Malade rati-
guée après une promenade au Bois..
M° Chenu essalera-t-U cle vous faire croire, mes-
sieurs, que M. Crocker a signé le chèque du iy
mal sous une pression quelconque t
Le projet do contrat préparé par Coudert frères,
et où je devais in'engager à soigner Mme Crocker
« au mieux de mon habileté et jusqu'à ce que Mme
Crocker soit guérie ou eue sa malade prenne fin
d'une « manière fatale Prouve suffisamment que
le chiffre des honoraires était aooepté par M.
Croçker.
M* chenu a communiqué à M* Desjardin des dé.
clarations de M. George Crocker. de M. ei de Mme
W. Crocker, affirmant que j'avais exigé les iiam>
raires par violence morale.
j'espère que M' Chenu a renoncé à donner une
valeur quelconque à ces déclarations oui ont été
toutes rédigées à l'occasion du certificat du rmt
fesseur Debove, -et dont la plus importante, celle
de M. G. Crocker, a été écrite sur le mi>"M panier
avec la même machine à écrire et à la même date
que la fameuse observation de la garde-malade.
observation de ne garde-malade
Tous ces DaPiers, édlliées pour soutenir Une mlau.
vaise eause, pour donner a M* Chenu des argu-
ments qu'il lui était impossible de trouy4w dams lu
faits aux--&mes.
J'affirme devant vous que je n'ai jamaJs fan
pressentir M. Crocker que je aaîLi.
traitements s'il ne payait pas les honoraires, et je
proteste éaeralwemmt coutoe ceUe agmea~ion
abominable.
M'accuser de 1IColmce tBo?~e~ n fanait vérlt,,.
blement Q" M. CTOGim la-altpu cl'autm argu.
ments pour employer une pareille manœuvre
M° Chenu n a-t-îl pas continué à user du même
procédé en se faisant adresser. entre ksauïw
ces, des cablogrammes où M° Crocker et sa lamina
démeut"ent les paroles de M" Desjardin T
u Voici cependant deux calques £ajte cl'a^ prés wmaaroturree
et aameaés à l observation.
Ces calquas montrent une âtmtamtôoa GemâhiA
entre le 29 avril et le 26 mare des toSc
cancéreux principaux.
La dtmenston de cm noya= eg assez petite et
justifie cc qt^e J^U f dK U y a un instant w la ciarai*.
floation du cu de Mme CIIooke.r a,,-n. Là tS>Se
catégorie de ma récapitulation, parmi le *6g où
j'ai obtenu beaucoup de résuitato favorables.
Mais le professeur Debove allait intervenir et son
intervention extraordinaire, où il a violé, comm
l'a si bien expoe Me Desjardin, tontes les règlea du
devoir professionnel., allait être t'acret de SES de
la malade. -
Mme Crocfeer avait contracté une tacmchfte le
20 mal. On lit sur l'observation : « Malade fatleaée
aprèS une promenade au bois. 8 i
Elle avait reçu onze injections et te traitement
devait être interrompu huit à dix Ict".
Le calque qui montre la dimension des novaux'
cancéreux est du 25 mai, le Jour même où j'ai ap-
wh~,,a sur la demande de la malade, ge ovoetouffl
sèches que je venais de lui ordonner. Mme crocker
craignait que la garde ne lui fit mal. j'ai cédé vo-
lontiers à son désir. Je proteste avec énergie contre
l'accusation de M. Crocker que j'aurai abandonné
la malade.
Le 96 mai, on me téléphone : a Mine Crocker ne
veut pas vous voir, ni le docteur Sée ». On téléphona
les mêmes paroles le 97 mai, et le soir je reçus la
lettre par laquelle j'étais brusquement congédié.
Que devais-je faire ? J'ai fiait téléphoner tous
les jours à l'hôtel Vendôme pour demander des
nouvelles de Mme Crocker et si elle désirait me
voir. On m'a répondu invariablement : « Mme Croc-
ker va mieux. eUe ne veut pas vous voir.
Le docteur Doyen déclare donc qu'il a fait
tout ce qu'il devait, tout ce qu'à pouvait
faire sans manquer à sa dignité.
Userait-on prétendre, de l'autre côté de la barre,
me rendre responsable de l'aggravation qui ne s'est
produite, chez Mme Crocker, qu'après l'interruption
de mon traitement t
jbS tratteme~ a 6t~ i«&rrg®£u le 22 pM~ --
La 3S mai, le calque des deux noyaux prlncipa=
montre une diminution de volume d'un quart de
diamètre.
Le professeur Debove fait un premier examen Ifs
27 mai, et constate. le ia juillet, une aggravants
notable.
Cette aggravation a donc exactement eoïncïié
avec l'interruption du traitement, et le cas avait teté
prévu dans ma lettre du 18 moi où je ipécanais
la nécessité de ne pas soustraire - OMUaOe « )L,m-
fluence des injections. ',.,.,..,..
M. G. Crocker ne regrettera-t-il pas, W#s<îtt*on lui
aura laissé entrevoir l'exactitude de tOIRte» mes af-
firmations, d'avoir cédé aux influences de ty&ux qui
ont été ainsi les artisans de la motft rapide de Mme
Crocker T
Mais je ne veux pas juger M. Debove au sujet -.le
son manquement au devoir professionnel le laisse
ce soin au corps médical tout entier.
D'après le docteur Doyen, c'est le profes-
seur Debove qui serait rinsfegateua* du pro-
cès actuel.
— M. Debove a reconnu cpte M. CrocSer lui avait
demandé de certifier « que le sérum Doyen avait
causé l'aggravation ». Il savait également que « son
certificat serait produit devant les tribunaux Il.
C'est donc le professeur *Defe«ve qui est le prin-
cipal auteur du procès.
Me Desjardin vous a lu ces lignes du professeur
Brouardel : o Est-il possible, écrit le professeur
urouardel. dans la Responsabilité Médicale, d'affir-
mer absolument qu'un traitement est mauvais,
qu'un médicament e stnuisible ? Assurément non,
ce que l'on condamnera aujourd'hui sera bon de-
main. »
Un exemple récent prouve de quelle légèreté s'est
rendu coupable en cette circonstance, le professeur
Debove. Vous vous souvenez, messieurs, de J'éner-
gie avec laquelle, en 1903, MM. Dieulafoy, Le Dentu,
ÏLullooeau. Lucas-Champioimière, vinrent combat-
tre à la tribune de l'Académie le sérum antituber-
culeux de Marmoreck, Or, M. Charles Monod vient
d'apporter à cette même tribune de l'Académie, le
15 janvier 1907, des observations fndfecutables et fa-
vorables à l'emploi de ce sérum, condamné en
1903 par la même Académie de médecine.
« Cela ne veut pas dire, termine M. Monod, que
tous les tuberculeux traités par ce sérum guériropt.
Il egt des cas crû les lésions destructives sont trop
avancées poux que le mal prisse rétrocéder, mais
du moins les résultats sont encourageants et 1'&-
périence doit être poursuivie.
4 Or, le caaoer est une maladie infectieuse chroni-
que comme la tuberculose, une de ces maladies
dont on ne peut jamais dire z te maiede est ff&ériy
dans te seos absolu dn mot.
Le docteur Doyen aborde ejaTm le der-
nier grief qui lui est imputé : la fente dut
sérum considéré comme remède secret. Il
s'attache à démontrer que la loi Re Lui est
pas applicable-, Sa diaoussion est des plœe
intéressantes.
— Ie voua ai cité le cas du sémuu de Marmoreck,
je puis vous citer les séruras de Chantemesse, de
MaraglialW, de Richet, de Vlaeff, les injections de
Backer, et dix ou vingt autres sérums ou lû$iudes
Injectables actuellement en expérience.
L'autorité, qui connaît toutes ces tentatives, a-t-
elle jamais songé à les entraver ? Aucunement, et.
n'en déplaise à Me Chenu, la loi de 1895 ne s'appli-
que pas à l'emploi de nouveaux remèdes par des
médecins.
Prenons un exemple : la « cancroHie » d'Adam-
kiewicz, qui, à ma connaissance, est un remède
secret et non autorisé, se vend couramment chez
les pharmaciens, ce liquide est Injecté par les mé-
decins. La loi de 1895 permet au gouvernement de
poursuivre les -pharmaciens qui vendent la « Can-
croïne o. ce qu'on n'a jamais fait. Aucune loi ne
permet de. poursuivre les médecins qui en font
usage, à moins qu'ils ne soient accuses d'avoir
causé à -un de leurs clients un dommage réel et
qu'on pu-isse faire la -preuve d'une faute lourde.
Me Chenu Ignore sans doute les droite que con-
fère à tout médecin le diplôme de docteur ea mé-
decine : -
Tout docteur en médecine a le droit de donner à
ses malades tous les soins que réclame leur état,
de pratiquer toutes les opérations qu'il peut tuger
nécessaires.
Tout docteur en médecine a donc le droit d'in-
jecter à ses malades n'importe quelle préparation
de son invention ou de l'invention d'un autre mé-
decin, et il n'est responsable du dommage qu'il
pourrait occasionner que s'il peut être accuse d'une
faute lourde.
Le docteur Marmoreck a le droit d'injecter son
sérum à qui bon lui semble, et les médecins qui
veulent injecter ce sérum ont le droit de le faire,
sous leur propre responsabilité, il en est de même
des sêrums de Chantemesse, de Richet, de Wlaeff.
Mais Marmoreck, Chantemesse, Richet, Ylaeff tom-
beraient sous le coup de la loi de 1895 s'ils livraient
leur sérum d des pharmaciens, qui, eux-mêmes, se-
raient répréhensibles s'ils le vendaient au public.
La loi de 1895 ne peut donc s'appliquer aucune-
ment aux tentatives thérapeuthiques faites par des
docteurs en médecine.
j'ai assisté à la genèse de cette loi. J'en étais
l'un des plus chauds partisans. Il y a trois ans en-
viron, j'ai déposé une demande d'autorisation pour
un autre liquide injectable.
j'ai reçu dans mon laboratoire la visite du pro-
fesseur Netter, membre de la commission des sé-
rume, et il m'a été répondu que ce liquide ne ren-
trait pas dans la catégorie où j'avais cru' devoir
le classer. ,
Je continuerai donc, malgré la prétention de Me
Cht'nU',T'lVtrait.er les cancéreux comme bon me sem"
lilera, sans violer la loi, et les médecins qui vou-
dront expérimenter ma méthode le font et le feront
sans violer la loi.
Si mon vaccin est attsSi peu répandu, c'est pré-
cisément que je sais tes difficultés de son emploi.
Voua rappelez-vous, messieurs, l'échec retentis-
sant de la mbercuUoe du savant allemand Robert
Koch?
La tuberculine de Koch a subi cet échec parce
que Koch l'avait mise imprudemment à la dispo-
sition de tous les médecins, qui l'ont employée à
tort et à travers.
Après avoir rejeté la tubereattne .de Koch, on y
revient petit à petit.
J'ai donc observé spontanément l'esprit de la
loi, en me refusant à laisser mon vaccin à la dis-
position de tous les médecins, en évitant ce qui
est arrivé pour la tuberculine.
J'ai étudié d'abord ses effets sur moi-même, et
les lettres que Je vous ai communiquées prouvent
avec quelle prudence, avec quelle circonspection
j'ai mis ce remède, petit à petit, à la disposition
d un petit nombre de médecine, qui m'envoient
les observations de leurs malades et qui les trai-
tent sous ma direction.
Lorsque les observations favorables se seront mul-
tipliées, alors seulement je demanderai l'autorisa-
tlon conforme à la loi de 1895 et je mettrai mou
vaccin à la (disposition des pharmaciens, qui ont
le monopole lfegal de la vente.
Me Chenu, qui m'a comparé .à un entrepreneur
de maçonnerie, paraît croire que le vaccin du can-
cer s'administre comme un clystère au temps de
Molière i Détrompez-vous, maître Chenu, et souve-
nez-vous de ce Chinois qui, émerveillé à la vue d'un
clysopompe, remplit l'appareil de sa boisson favo-
rite et prit entre ses lèvres la canule destinée A
l'autre extrémité de son tube digestif.
Tous les bactériologistes peuvent Préparer le vac-
cin du cancer et ma découverte appartient à l'hu-
Inanité, mais il faut savoir remployer. Ce qui se
paye pour un milliardaire, ce n'est pas le-tube de
sérum, c'est la manière Rappliquer et de diriger
le traitement, c'est ce je ne sais quoi non pas de
« diabolicum » comme vous l'avez dit. maître Che-
nu, qui n'appartiendra jamais qu'à quelques-uns
et qui les place bien haut au-dessus de vos plai-
santeries.
M. le docteur Doyen a teïïiiné ses expli- j
cations personnelles. Avant de s'asseoir, il
adjure le trlbuafil de 4éi»«ter M. Crocker j
de sa demande.
— Que resie-t-il, messksttrs, Ues arguments sur
lesquels Me chenu a basé ses accusai ions de dot
civU, de violence morale, d'abandonner la malade,
de vente d'un remède secret?
Le traitement a été exigé, réclamé par M. Crocker
et sa famille, et il a été commencé -dans des con-
ditions extraordinaires, avce des exigences et 1W
sans-gène incroyables de la part de la malade.
Ce sont - exigences. ce sans-gène d'un client,
« qui valait 100 millions de, dollars, un demi-mil-
Uard de francs ft, Qui - motivé la oteiftoe des
honoraires.
Ce chiffre n'a éM ai contesté. m discuté, et te
chèque a été signé librement.
Le traitement a été fait conformément aux exi-
gences de la malade, et il n'a été aeseé que sur
soa ordre tonnai.
J'ai demandé plus de vina fois si la malade
voulait me revoir, et U .- répondu «égajUve-
ment.
Quelle est eette faute, amm sont cas ksrU. onw
Me Chenu souhaite de me Voir absoudre?
Ma conscience est tranquille, mesaieursw âfc si
M- CrockM se HQvèeenfait, le alaut" nas autre-
ment.
M. Croclnr a mis en Statique le vtoux précepte
français : „ Quand on veut ~af son ottÀea. an dit
qu'il est enragé. »
J'ai demandé à M. Croom de gros Honoraires,
parce que tes eootralUctiQas gai m'étaient imposées
étaient exceptionneUes. Mon tempe appartient à
l'humanité, t Je n'ai jai&aiQ hésité à sacrifier une
grande parrie de mon bénéfice annuel à mes re-
cherches scientifiques, & doulm mes soiw ries
malheureux.
Aussi ce n'est pas sejUeineitt *oa défense Que j'ai
présentée devant vous, measièias. c'est la défense
du corps médical tout entier.
Nous autres, médecin^, nous ogtatmm nos pau-
vres sans ostentation Ot nous faisons payer las ri-
ches. Noue sommes Jour et nuit à la peine.
L'exercice de la Médecine deviendra impossible
si le médecin peut être condampé à le répétition
des honoraires reçus.
Les intérêts vitaux de la profession sont en Jeu.
Le corps médical tout entier, messieurs, attend
avec confiance votre jugemeub
M. le bâtonnier Chenu, qui avait annoncé
devoir répliquer, tient en. elïet sa promesse.
Il le fait dans eette forme impeccable qui
lui est particulière et avec cet esprit en.
diablé qu'on lui connaît. Aussi raille-t-il
tour à tour, dentibus albis il est vrai, et le
docteur Doyen et son avocat, M* Deajar-
din, dont la bouche, dit-il, est « mieux
qu'une maison d'or, mata un véritable pa-
lais de féerie n.
Et d'ajouter, eu tepïo~nantt sa mordante
réplique :
Mon confrère m'a, non sans quelque intention
moqueuse, appelé à plusieurs reprises, au cours
de ces débats, le docteur Chenu. Je ne lui en veux
pas, car cela va me penmettre de donner immédia-
tement une consultation a son client. Le docteur
Doyen est un malade. Il est atteint d'une tumeur
maligne en voie de récidivé et de généralisation.
C'est la tumeur de l'honoraire exagéré. J'espère le
guérir 1 car j'espère fermement que le tribunal me
suivra dans mes conclusions et soulagera le doc-
teur en pratiquant dans cette énorme tumeur de j
Cp,%Lt .jpjiif fàw® 9*1® ft BBQfpnge mcisigu»
t Mais Me Desjardin entend répliquer éga-
lement, et avoir le dernier mot dans ce pro-
cès. ,-,. ,.
Il n'admet pas qu'on puisse hésiter un
instant entre la parole du docteur Doyen et
le cablotélégramme du banquier, et, dans
un résumé rapide de toute l'affaire, il rap-
pelle d'une part au tribunal tout le bien fait
gratuitement par son client et, d'autre part,
fimmense fortune de M. Crocker.
La véritable cause de ce procès, s'écrie l'éminent
avocat, c'est la réclame américaine : M. crvc&er,
le banquier californien, voulait absolument qu'on
sache sur le marché 'du monde que lui. Crocker,
ayant perdu sa femme, avait été assez l'lelle pour
donner cent mille francs à un médecin français.
Et pour faire durer cette réclame, rien ne valait
un bon procès puisque le procès actuel dure de-
puis trois ans ! Grâce à lui. tout le monde connaît
aujourd'hui le nom du banquier californien, et
croyez bien que ses affaires en ont largement pro-
fité.
C'est donc pure réclame, pareille à ceBe qu'on
pouvait lire dernièrement encore dans un journal
quotidien et qui faisait connaître il l'univers en-
tier que seul le banquier californien, possédant
dans sa collection de timbres, un triple exemplaire
archi-rare du timbre de deux centimes d Honolulu,
lequel avait coûté au milliardaire la coquette
somme de 12.500 francs.
Eh bien ! conclut M* Desjardin, quand on n le
'moyen de payer 12.500 francs un timbre de ëeux
rentîmes inutilisable, on est mal Venu de chicaner
le montant des honoraires d'un chirurgien tel que
le docteur Doyen.
Et,, maintenant, au tour du ministère pu-
blic
Et, d'exprimer son opinion dans ce pas-
sionnant procès.
A quinzaine, c'est-à-dire à l'audience du
16 février, M. le substitut Yyattine donnera
ses conclusions.
La vente des billets de faveur t
On sait que lo trafic des billets de nos
théâtres pari»iejès se Sait sur une vaste
échelle, en dépit de la mention écrite en
tète du bon : « La vente da billet est rigou-
reusement interdite, »
Certains directeurs ferment les "yeux.
D'autres les ouvrent. Tel par exemple M.
Albert Carré, directeur de l'Opéra.-Coinique,
qui a voaîu mettre fin à cet abus par un
exemple, e'est-à-dire en demandant aux
juges de la cinquième chambre du tribunal
de rapporter un jugement de principe.
Un jour, ayant appris que M. M., alors
secrétaire général du Théâtre-Moderne, au-
quel il avait, eur son désir, envoyé du bon
ae deux places pour la représentation de
Carmen, avait vendu ledit bon, pour la
somme de huit francs, à une marchande de
tabac de la rue Drouot, Mme B., M. Albert
Carré fit aussitôt constater le fait par mi-
nistère d'huissier. Après quoi, il adressa au
titulaire du billet et à la débitante de tabac
une assignation en paiement solidaire' de
5,000 francs de dommages-intérêts.'
Après avoir entendu les plaidoiries de
Me Maurice de Meur pour le directeur de
l'Opéra-Comique et de Me Désirez pour Mme
B., car M. M. ne résistait pas à la de-
mande, le tribunal, présidé par M. Salva-
dor, a rapporté le très intéressant jugement
que voici :
— Attendu que la délivrance d'un billet de fa-
veur, acte purement gracieux, devenait dans la cir-
constance de la part de -Carre un acte tout spécial
de courtoisie à 1 égard de M., qui l'avait souicfce,
et qui faisait en échange a Carré l'offre d'une loge
pour le cas où il se présenterait à son théâtre : que
c'était évidemment en considération de la per-
sonne de M. que Carré disposait à. son profit de
ce billet de faveur, puisqu'il portait le nom de
M. suivi de son titre de secrétaire-général : que
M., s'il ne pouvait lui-même faire usage de ce
billet, ne devait en disposer à son tour qu'à titre
gracieux et dans des mêmes conditions où il lui
avait été remis, c'est-à-dire en se conformant à
l'indication que la vente en était rigoureusement
interdite : qu'il a commis un véritable acte d'in-
délicatesse vis-à-vis de Carré, en se dessaisissant
de ce bon au profit de la dame B., qui fait com-
merce de billets do théâtre et qui l'avait porté.
ainsi que le constate l'huissier dans son protêt
verbal, sur la liste des billets mis en vente ce
jour-là :
Qu'en vain elle exciperait de sa bonne fot et de
son ignorance : que l'interdiction portée sur ce
billet était un obstacle à ce qu'elle le cêde à prix
d'argent : que son attention aurait dû être attirée
par le caractère tout personnel du billet au nom
de M., avec en plus l'indication de sa profes-
sion :
Que la vente d'un billet opérée dans ces con-
ditions à un prix inférieur de sa valeur réelle, est
de nature à porter atteinte aux intérêts d'un théâ-
tre et que Carré est en droit de demander répara-
tion du préjudice* qui a été causé à la direction de
l'Opéra-Comique, tant au point de vue matériel que
moral.
Sanction : dix louis de dommages-inté-
rêts, que devront remettra au directeur de
notre seconde scène lyrique celui et celle
qui avaient collaboré à cette opération. illi-
cite. — Ma»réaux Delà vigne.
Après sa Me, son fils
Une mère a ses deux enfants
guéris par tes pilules Pink
Il y a quelque temps, nous avons publié
il cette môme place le certificat de Mlle Ly-
die Fantouilier. Cette jeune fille, atteinte de
chloro-enémie, avait été épuisée par la crois-
sance et la formation, et il avait fallu toute
la puissance régénératrice des Pilules Pink
pour la rétablir. Chez son jeune frère Roger,
la pauvreté du sang avait eu un autre effet,
M fut atteint de la Danse de Saint-Guy, A
Ge^saye^ voMi ce qu'écrit Mme Fantouifier :
telte tyZtie mnttouSJi* - :11. Boger FanlouMer
(01. Pilou» Moderne)
te Mon fils Rogr-r Svaïfc depuis trois ans la
Danse de Saint-Guy. H étaIt si violemment
agité qu'on nous a priés de ne plus l'envoyer
à l'école. Sa maladie le fatiguait Qnormé"
ment et à Roua, parents, ca nous faisait du
mal de le voir toujours ainsi Tous les re-
mèdes restaient saas effets. Ma fille Lydie,
qui était anémique, a pris, sur des conseils
qui lui ont été donnés, les pilules Pink et
s en est excessivement bien trouvée. En li-
sant un des modes d'emploi qui avait en-
touré les boîtes de pilules Pink prises par
ma fille, j'ai vu que les pilules Pink étaient
recommandées- contre la Danse de Saint-
Guy. Vu les bons résultats qu'elles avaient
donnés à ma fille, je les ai fait prendre de
suite à mon fils. Mon pauvre Roger, qui pen-
dant trois années avait tant souffert, a été
guéri en quelques semaines par ces mer-
veilleuses pilules. n
La famiôe Fantouiiler est bien connue à
Limoges, où elle habita 45, avenue Gari-
baidi.
Les pilules Pink sont souveraines contre
l'anémie, la chlorose, la neurasthénie, la
faiblesse générale, les maux d'estomac, rhu-
matismes.
On trouve les pilules Pink dans toutes les
pharmacies et au dépôt : Pharmacie Gablin,
23, rue Ballu, Paris. 3.50 la boîte, 17.50 les
six boîtes franco.
LA PRESSE COLONIALE
Le Syndicat de la Presse coloniale don-
nera sort banquet annuel le jeudi 7 février,
au Palais d'Orsay.
M. Milliès-Lacroix:, ministre des colonies,
présidera effectivement cette solennité, as-
sisté des sénateurs et députés des colo-
nies.
CARESSE DE FLEURS
PfetttemlfOUVMU. V-XVXMiS* AV. VriSRA»PAM9
Un v Parricide -
à Villeneuve-le-Roi
« - - ,
Son père lui refusait 1,500 francs ; il le Lul
à coups de fer à repasser et prit sans 4-
remords le chemin de la prison. *
Un dfame épouvantable s'est dérÓulé;
hier, à Villeneuve-le-Roi, charmante loc&itil
de l'arrondissement de Corbeil. ;
De très vifs dissentiments existaient dev
puis fort longtemps, entre M. Guillaume
Knaudel, blanchisseur, âgé de soixante-dix
ans, et son fils, Charles-Chrétien, àgé da
trento ans, blanchisseur également, étabi^
à Villeneuve-le-Roi.
Charles-Chrétien avait pris un peu h&â.
'vement sur lui de faire construire un bel
immeuble, où il comptait bien s'installer, si-
tôt son mariage avec une charmante jeun s
fille de la contrée. --
Mais M. Guillaume Knaudel manifestait
à chacune des entrevues qu'il avait avec soi»
fils, un réel mécontentement, ajoutant q[u'i4
ne se prêterait jamais pécuniairement è !'}!o::'"
cune des combinaisons de Charles-Ch-rétian.
Hier après-midi, ce dernier se préaeflta'il
chez son père, en proie à la plus vi<*sntç
surexcitation.
— J'ai besoin de 1,500 francs pour aefrevel
ma maison ; veux-tu, oui ou non, m foi
avancer? demanda impérativement If fila
au septuagénaire. ,
— Tu n'auras rien 1 répliqua sèche r:'
Guillaume Knaudel.
A peine avait-il achevé ces mots, que Char*
les-Chrétien, s'emparant d'un fer à repasj
aer qui se trouvait à portée de sa main,
l'en frappait de trois coups mortels, de-tiA
au front et le troisième à la nuque.
L'infortuné vieillard s'abattit conatUc jT\i
masse, pour ne plus se relever. ,:
A la nouvelle de ce crime, le Parquet dal
Corbeil s'est transporté à Villeneuve-le-Roi'î
où M. Régismanset, juge d'instruction, a
chargé M. le docteur Diacre de procéder à
l'autopsie de la victime.
Le fils meurtrier a été arrêté dans, la soi.
rée ; il n'a manifeste aucun regret de sort
acte et a été écroué à la prison de Corbeil,
Cet odieux forfait a provoqué une vive et
douloureuse émotion dans toute la région da
Villeneuve, où la victime était très estimées
AUX RHUMATISANTS
Parmi les miniers de Mires de remercie*
ments adressées journellement à M. Mau^
borgne, pharmacien, et où les malades peu-
vejlt en demander communication, noue
sommes heureux de mettre sons les yeux-dl,
nos lecteurs celle-ci :
Monsieur Mauborgne,
Je suis heureux de venir vous l'efflrràell
des résultats que j'ai obtenus auprès de
nos malades, grâce au Baume Jaoul, ce mé4
dicament incom.parable et miraculeux, quij
au bout de quelques frictions sur les par..,
tics malades, font disparaître toute douleur,
Docteur -Duval. :
P.-S. — Le Baume Jaoul se trouve : Phar-
macie Dutheil, 38, r. de Rondy, Paris. -
Prix, 5 francs le pot. Poste, 5 Ir. 50. 1
f DUEL BOULENGER-GUNG'L
L'article de M. Marcel Boutenger, où i)
commentait le résultat d'un duel récent entre.
MM. del Prat et Jean Gungl, a amené urn
nouvelle rencontre à l'épée.
Avant-hier, M. Boulenger se batta r êf
M. de! Prat et était légèrement ble&,.' mh
dessus du coude ; hier, il avait affaL '-~ V
Gung'l et rcoevait une blessune plus ,,yj, <<, *.
reuse, qui a bien failli être grave. * *
Les conditions étaient les mânes qi p. *
la précédente rencontre. Mômes témt. **
part d d'autre. Le rendez-vous étai: «i
lois, à. dans la propri- ott
comte de Fontarce.
M. Gung'l a attaqué très vivement. Aprè*
des phrases d'armes très animées et ( es ; S
ripêues diverses, l'épée de M. Gung'l a ':'.-
versé la lèvre .supérieure de M. Bou.'i,,,%gen
a déplacé une dent et même a oontu. THf
le palais. - "*
Voici, d'ailleurs, les tcrwW du -procès-ver'
bal :
ti A la cinquième reprise, M. Marcel Bon*
lenger a été atteint a la lèvre supérieure
d'une plaie pénétmw.e, avec coaiusio* dtf
palais.
» Après un quart d'heure de repos,, M.
Boulenger a'est déclaré dans l'impossibilité
de continuer. » ,
MM. Rouzier-Doraèr-os et G. Br^ttmayef
ont dirigé tour à tour le combat, avec kenï
expérience habituelle. *• 1 •
Les docteurs Lavemot et Musy cure* ijstaienf
à la rencontre. - E. A. -J
, ;
-VOYEZ DONO CE RESSOR"
FAgrafe DE LONG, plus as Corsages entr'euvertbi
e d»
PARFUM LA FERIA1
Persistant et hygiénique, chez Lenth 'r?r-' -
- -----
aampagne Mont-Rolland \*s:rÉ
Le Conseil de Revisioo le la Sj:1
Le préfet de la Seine vient de fixer' comif*
suit la date des séances du cooseil die révi-
sion pour les jeunes gens de la class i 1901
et les ajournés des classes 1905 et 1904 :
181' arromlissement, ksndi 18 farter ; 2", vaatè^
19 février ; 3e, mercredi 20 février ; 4e, je eh
février : 5a, vendredi 22 février ; 6e, samedi t
vrier ; te, mercredi 27 février ; SV, jeadi 3 Z. :
vrier ; 9a, lundi 4 mars ; 10e, mardi 5 et ux ^çsedr
6 mars; He, lundi 11, mardi 12 et mesrotc-ii M
mars ; 12e, lundi 18 et rxyinii 19 mars ; 13®. v«~
dredi 22 et samedi 23 ioasrs ; 14°, lundi S et uwbtm
9 avril ; 15e, mercredi 10 fi jeudi 11 avril' 16%
vendredi 12 avril, 17e, vendredi 19 et samedi 3r
avril ; 18°, lundi 6, mardi 7 et mercredi 6 -mai^
19®, vendredi 10 et samedwll xaau 80% lundi 14
mardi 14 et meooredi 15 mai.
A Paris, ces séances commenceront à feuit
heures et demie du matin et auront lieu Ji W
mairie des arrondissements, sauf pour les
premier, huitième et dixseptième arrondisa
sements, dont les conscrits .devront se néu.
nir à la mairie du quatrième arrondisBer
ment.
Sceaux, lundi 25 février : Yauves, Hjœrdi 2G £*
vrier ; Nogewt-sur-Marne, jeudi 14 mars ; Sairuj
Maur, vendredi 15 mais; ChareQton, samedi M
mare; Ivry, mercredi 20 mars; Vitlejuif, jeudf
21 mers ; Montreuil, jeudi 16 mai ; Ytocemae,
vendredi 17 mai. 1
Pantin vendredi 8 mars; Noi^y-le-Sen, sa*
medi 9 mars ; Boulogne, samedi 13 avril ; Pu*
teaux, lundi 15 avril : Neuilly, mardi 16 avril*
Levallois-Peret, mercredi 17 avril; Courbevcxey
jeudi 18 eivm ; Asnières, mercredi 24 avril ; Clii
chy, jeudi 2 avrit ; Saiat-Ouen, vendredi 29
avril ; Saint-Denis, samedi 27 avril ; AubeariJ*
liers, lundi 29 avril.
Les. séances de régularisation, où seront
examinés les jeunes gens ayant obtenu ua-
délai pour se présenter, auront lieu à la mai.
rie du quatrième arrondissement aux da.1es.
suivantes :
Le 21 mai : P. 24. 11e ei l-j» ariwndissesmante: ;
le 22 mai : 50, 60, 13* et 14» : le 23 mai : 9e, 17«
et 18* ; le 24 mai : 10r, 7®, 109. 50, 160, tg. et 20»;
le 25 mai : cantons de F&rroociissemeot de SakiU
Demis ; le 26 mai : oamtons de rarrondissemenl
de Sceaux et clôture des opésations de la revi*
sion pour la classe 1906.
Les jeunes gens de province autorisés à st
faire examiner à Paris seront examinés le4
14, 15 et 16 février ; 1er, 2, 25, 26 et 27 mars 4
22, 23 et 30 avrils et 2 mai.
GRAINS «VICHYS
-LE JOURNAL
T
CONTES DU a JOURNAL *
us ni mt)Mi)!LM
.Yvon avait jadis été un petit garçon
étrange qui aimait les poupées. Il pleu-
rait tous les soirs, avant de s'endormir,
pour en avoir une à côté de lui dans
l'oreiller. Or, chaque nuit, sa mère l'en-
tendait crier, se levait et s'approchait,
sachant d'avance ce qui arrivait. Yvon,,
réveillé, reculé jusqu'au fond de la
ruelle du lit, montrait du doigt son
jouet dont les yeux de verre luisaient
curieusement dans le clair-obscur de la
veilleuse, et disait en claquant des
dents :
— Ma poupée me regarde t
La puberté était venue effacer ces
choses puériles. Imbu de la supériorité,
en lui naissante, des grandes person-
nes, Yvon n'avait plus eu, pour de tels
souvenirs d'enfance, qu'un haussement
d'épaules. Et voici que maintenant, à
mesure qu'il se faisait homme, il com-
mençait à se rendre compte que son
âme ancienne de petit garçon' avait été
la plus vraie de ses âmes.
En effet, les yeux des maîtresses qui,
depuis toujours, fascinent la volonté
masculine, avaient pour lui, tous les
jours davantage, un attrait singulier.
Somme autrefois devant la petite per-
sonne de cire ou de carton aux prunel-
les fixes, il éprouvait, pour le regard
féminin, un sentiment où se mêlaient
l'amour et l'épouvante.
f Que lui demandait-il, à ce regard ? Il
se fatiguait vainement à chercher le
sens de cette anxiété. Et, de plus en
plus, comme quelqu'un qui se risque-
rait au-dessus d'un puits dangereux,
son esprit rôdait avec précaution au
bord des prunelles féminines, sans pou-
voir s'y arrêter tout à fait. De sorte que
ses amies disaient :
— C'est un être faux. Il ne regarde ja-
mais en face.
Nonobstant cette crainte, il osait, par-
fois, à la dérobée, détailler leurs yeux
alors qu'elles ne faisaient pas attention
à lui. Puis, rentré dans sa solitude,
longtemps il se repaissait l'esprit de ce
qu'il avait vu.
Son tourment augmentait. A la lon-
gue, il imagina que les iris variés de ses
amantes avaient peut-être, selon leur
couleur, un goût respectif. Son inquié-
tude, alors, n'était-elle qu'une sorte de
gourmandise mentale, une soif de con-
aaître ce goût du regard ?
Il eût voulu boire, l'une après l'au-
tre, tant de gorgées précieuses. Il pen-
sait à certains yeux bleus un peu fades,
dont la saveur était évidemment celle
d'une eau légèrement sucrée. Il pensait
k des yeux tirant sur le vert qui étaient
plus salés que deux gouttes d'eau ce
mer. Il en était d'un brun jaune qui pi-
quaient autant que le vinaigre, d'autres,
plus foncés, lourds et trop veloutés, lui
poissaient comme du sirop.
Ainsi les yeux, cette place lumineuse
du. visage humain, n'étaient pour lui
qu'un secret breuvage.
Ayant trouvé une telle explication, il
se sentit d'abord soulagé. Mais il ne
Larda pas à convenir avec lui-mê:ne que
nul regard n'avait, en réalité, le goût
qu'il souhaitait. Et dès lors, il'comprit
que de même que tant d'autres, il était
tout bonnement chercheur d'impossible.
Le goût qu'il souhaitait, c'était quel-
que chose de simple, de clair et de pro-
fond comme une source. Il voulait des
yeux pareils à l'eau qu'on prend dans le
creux de la main, au pied de certains
shênes, cette eau, sang diaphane de la
terre, qui n'est parfumée que des
odeurs du sol et des racines traversées,
des lierres et des fougères qui s'y sont
trempés ; cette eau docile, dans laquelle
se couchent les reflets des aurores et
des soirs ; cette eau informe et incolore
possédant toutes les couleurs mirées en
elle.
Oui, il désirait c«yé eau naturelle, ces
yeux naturels. Il voulait y boire les as-
pects de la divine vie. Il voulait, en s'ap-
prochant, y apercevoir, tout au fond,
son rêve de vérité, ainsi qu'une naïade
nue. Il voulait s'y désaltérer de toute
soif, y noyer délicieusement son âme.
Et aussi il voulait que cette source qu'il
cherchait, que ce regard qu'il cherchait
fût une chose à lui seul réservée. Il pré-
tendait que les yeux miraculeux de fem-
me, attendus sans y croire, n'eussent ja-
mais regardé personne avant lui.
Plusieurs années passèrent sur son
rêve. Sa mémoire, pendant ce temps,
enregistra bien * des belles prunelles
qu'il ajoutait à celles déjà connues,
comme s'il eût joint des pierres de eou-
leur à quelque invisible collier.
Or, un soir vint, un soir qui semblait
pareil à d'autres, un soir anodin de sor-
tie en ville. J
C'était quelque comédie de salon, sui-
vie d'un souper. La vraie comédie, com-
me toujours, était celle, non préparée,
de la réunion mondaine où chacun,
exhibant son meilleur sourire, réser-
vait intérieurement la. morsure secrète
de l'ironie. Parmi le coudoiement gé-
néral des habits noirs et des toilettes.
,Yvon sentait sa véridique personnalité
s'assimiler à celle des autres. Il n'était
plus qu'un chiffre quelconque dans le
nombre banal.
Il regarda le jeu des acteurs, applau-
dit, salua de-ci de-là, causa comme les
autres, résigné d'avance à son rôle de
monsieur en soirée.
Et voici qu'en prenant sà place au sou-
per, côte à côte avec des jeunes gens
qu'il connaissait à peine ou pas du tout,
ayant levé la tête, il vit, en face de lui,
son rêve.
Grandes ouvertes, les impossibles
prunelles étaient là. C'était une jeune
femme un peu pâle, mince et jolie, aux
cheveux bruns bien coiffés. Mais com-
ment Yvon eût-il distingué ces quelques
détails ? Pantelant, immobilisé comme
devant la tête qui métamorphose en
pierre, il contemplait seulement les
deux yeux immenses couler d'eau,
simples et profonds, pareils ftx sour-
ces qu'on rencontre au pied de certains
chênes.
Et, avec un frisson qui le fit soudain
terriblement blêmir, il s'aperçut que,
étrangement fixes, ils ne regardaient
absolument personne.
Elle causait pourtant avec ses voisins,
elle riait même de temps en temps. Mais
« semblait que ses iris, en se tournant
du Côté des interlocuteurs, manquaient
chaque fois leur but et se fixaient ail-
leurs, vers quelque chose d'invisible et
de merveilleux.
— Mon rêve. mon rêve. balbutiait
Yvon.
Et, seule, l'ordinaire indifférence hu-
maine de ceux qui l'entouraient, empê-
cha qu'il fût remarqué.
Cependant, à un moment, la jeune
femme ,s'étant tue, regarda devant elle.
Alors ses deux prunelles extraordinai-
res se plantèrent tout droi* dans les
yeux d'Yvon, et ce fut comice si deux
glaives le traversaient.
Il porta vivement les mains à son
cœur, retenant la syncope du bonheur
et de l'angoisse. Puis il ouvrit la bouche
pour parler, pour clamer vers les yeux
q«i le regardaient. Et enfin, simple-
ment, ayant repris un peu conscience,
il leur , fit un signe, un mince petit si-
gne qui signifiait toute son âme. Mais
déjà le regard d'eau ciaire s'était dé-
tourné.
Quand on se leva de table, De fut une
dispersion bruyante à travers Les salons.
On riait, on fumait, on attaquait les pia-
nos. Au milieu de ce tohu-bohu, Yvon,
nerveusement, s'accrocha au bras d'un
jeune homme qu'il connaissait.
— Présentez-moi. bégaya-t-il.
L'autre le regarda, effaré. Et Yvon s'é-
tonnait qu'on ne comprît pas immédia
tement qu'il s'agissait, en eette minute,
de son destin même.
Il s'expliqua, prêcha la personne dont
il voulait parler, mais en des termes tels
que le jeune homme, supposant qu'il en
était subitement amoureux, se mit à
rire :
— Ne vous emballez pas si vite, dit-
il. Ce n'est qu'une poupée, cette petite
femme-là.
Yvon tressaillit à ce mot, e4 une
inexplicable colère le secoua :
— Elle, une poupée ? gronda-t-il en
faisant le geste de quelqu'un qui va
tuer. Et il ajouta, ivre d'ihdignatKt& :
— Avec des yeux pareils ?
Alors le jeune homme, prenant un air
stupéfait puis mystérieux : ,
- CQmrnent, vous ne savez donc
pas ?
- Et, baissant encore la voix, entraînant
Yvon à l'écsrt :
— Surtout, n'ayez jamais l'air de
vous en chuter. C'est un accord tacite
entre tous ceux qui la connaissent.
Vous ave; vu qu'elle parle, rit, s'amuse
comme ane personne ordinaire ? Eh
bien ! elfe fait semblant ! N'est-ce pas là
un bel exemple de la coquetterie malgré
tout, et-de la ruse des femmes ?. Pen-
sez quon lui décrit d'avance, minutieu-
semert, les gens et les lieux, pour qu'el-
le n'tfi ait pas l'air!.
Et comme Yvon continuait à ne pas
comprendre, il se pencha et ehuGhotta
imperceptiblement :
— Elle est aveugle.
Tvon n'eut pas le temps de s'excla-
ner. Car la jolie infirme passait préci-
sément près d'eux, au bras d'une amie,
ft le jeune homme, complaisamment,
commença :
— Chère madame, permettez-moi de
vous présenter mon camarade qui est.
Il n'acheva pas. Les deux yeux clairs,
au hasard, s'étaient, une seconde fois,
enfoncés dans ceux d'Yvon. Et le mal-
heureux, chancelant, décomposée fou,
retrouvant le cri de son enfance prédest-
tinée, se mit à hurler de toutes ses for-
ces, en se reculant au milieu de la foule
terrifiée :
- Ma poupée me regarde. Ma pou-
pée me regarde !.
LUCIE DELARUE-MARDRUS.
(Traduction et reproduction interdites.)
BmjPt ■■K1, avenue de l'Opéra
ISE1 [37, b* Maleaherbeà
jb< Ma~ner~
!!' tBPB~~Ba ls 4, avenue de Ciicby
LES EXCURSIONS DU "JOURNIL"
Huit jours à la Côte d'Azur, tous Irais
compris : 208 francs.
A la demande d'un grand nombre de nos
lecteurs n'ayant pu profiter de nos deux
premiers voyages sur le littoral, au pays du
soleil et des fleurs, nous organisons, dana
les mêmes conditions de confort, un pro-
chain départ le 17 février prochain, dont le
prix est également fixé à 200 francs en
deuxième classe, tous trais compris, même
les pourboires.
Ce voyage aura une durée de huit jours
avec séjour à Nice et excursions à MONTE-
CARLO et MENTON, par la Grande Corni-
che en voiture, VINTIMILLE, SAN-REMO,
CANNES, TOULON et MARSEILLE.
Pour éviter les inconvénients des groupes
trop nombreux, nous limiterons à 50 le nom-
bre des participants, qui voyageront dans
des voitures à couloir spécialement réser-
vées pour eux au départ de Paris ; le départ
est fixé au dimanche 17 février prochain,
peur être de retour le lundi 25 au matin.
Voici le programme du voyage :
Dimanche 17 février. — Départ de la gare
de Lyon par tram express a 2 h. 40 soir.
Dîner à Dijon.
Lundi 18. — Arrivée à Nice à 9 h. 10 du
matin. Visite de la ville.
Mardi 19. — Journée de liberté à Nice.
Entrées gratuites au Casino municipal et à
la jetée. Promenade de Nice.
Mercredi 20. — Excursion en voituré par
la Grande Corniche et la Turbie, à Menton.
Retour par Monte-Carlo, dont on visitera le
Casino.
Jeudi 21. — Excursion à San-Reme par
Vintimille.
Vendredi 22. — Excursion à Cannes.
Samedi 23. — Départ le matin pour Tou-
Ion, visite de la ville, promenade dans le
port à travers l'escadre. Départ pour Mar-
seille.
Dimanche 21. — Séjour à Marseille et
visite de la ville en tramways spéciaux. Dé-
part à 6 h. 5 soir.
Lundi 25. - Arrivée à Paris à 109. 15
matin. ï *
Les inscriptions sont reçues au J(ÀurruiL
100, rue de Richelieu, ou adressées par chè-
que ou mandat à M. l'administrateur. (Bien
spécifier si l'on désire une chambre à 1 ou 2
lits pour 2 ou 3 personnes.)
Les 50 premiers inscrits pourront séduis
prendre part à ce voyage.
Le programme détaillé sera remis gratui-
tement à nos bureaux ou adressé à toute
demande contenant un timbre de 0 fr. V
pour frais d'envoi.
* les CMs de fer de rUat belge
L'ordre spécial ci-dessous vient d'être
adressé par le service de l'exploitation des
chemins de fer de l'Etat belge aux gares de
son réseau :
Par suite de J'affluence extraordinaire des
transports, l'acceptation des marchandises P. V.
(charges complètes), à diriger par les frontières
de Sterpeutch, Athus, Renonchamps - et Lamor.
teau est suspendue pendant quarante-huit heures,
à partir du 30 courant.
Cette mesure sera portée par les stations à la
connaissance du public.
<
Evian-Cachat-Opéra. — Parisiens, rete-
nez bien ces trois mots : « Evian-Cachat-
Opéra ». ILs ont pour vous une importance
capitale. C'est, en effet, 4, place de YOpéra
que se trouve le Bureau central des com-
mandes pour Paris et la banlieue de l'eau
de la Source Cachat d'Evian, l'Eau de Ta-
ble parfaite, si universellement et sî juste-
ment renommée. En vente chez tous les
pharmaciens et marchanda d'eaux minéra-
les. — CH. M.
0»tnlaOON8TIlsATION*tineeasjqBenM
VéritablesGRAINS de SANTEdU DrfRANCK
tr"- ea~M~ ~~tMM~wt~ lalaeS
Chronique des. Tribunaux
Le preeès Doyen-Croeker
La salle d'audience de la première cham-
bre du tribunal regorgeait de monde quand
hier, à midi précis, M. 1e président Bondoux
a doaaé la parole à. M. le docteur Doyen
pour achever ses explications personnelLes,
qu'il avait commencées à huitaine dernière.
Le célèbre chirurgien, toujours très mal-
tre de sa parole et parlant à ses juges com-
me s'il causait avec ses collègues ou ses
élèves, reprend sa discussion sur le cas de
Mme Crocker, qu'il avait à peine effleurée
à la précédente audience.
Mais, tout d'abord, il entend prolester
contre les déclarations -interposées de l'avo-
cat de M. Crocker :
— M' Chenu, dit-il, vient m'opposer des cablo-
frrammea récents. Si le procès durait quelques au-
diences encore, M. Crocker et sa famille télégra-
phieraient bientôt qu'ils ne m'ont jamais vu.
M. George Crocker et Mme William Crocker ont
reçu de moi. je l'affirme, toutes les explications
nécessaires avant de me taire visiter la malade, et
ce n'est que devant les exigences toujours croissan-
tes de Mme George Crocker que j'ai fixé le chiffre
des honoraires à 100,000 francs.
Vous connaissez, messieurs, le contrat qui m'a
été remis le 17 mai et que j'ai refusé de signer,
wornaoe contraire à ma dignité professionnelle.
Le chèque a été créé le 17 mai ; je ne l'ai JleÇQ
Que le lendemain.
Ma lettre du 18 mai a été écrite pour être mon-
trée à la malade.
Je vous ai démontré, après M* Desjardin, que
j'étais en droit d'écrire ces mots : « que j'espère
guérir » et je vous ai dit que sur les vingt-deux
eu favorables cités en avril 1904 à M. George
Cracker et à sa belle-sœur, dont plus de 50 0/0
étaient des cas en voie de génAraiisation à cette
époqttç, douze sont encore en vie.
J'avais donc le droit de dire à 3C, George Croc-
ker : « JlLt l'eajwir de guérir. »
L'adversaire m'a opposé également un certain
nombre de lignes, tirées du même volume, et d'où
U ressort pour lui que je n'ai jamais espéré guérir
le cancer locsqull était en voie de généralisation.
a Laisses-mol choisir dix lignes de l'écriture d'un
homme, a écrit un ancien magistrat, et je le ferai
pendre, Il
C'est ainsi que M* Chenu s'est efforcé de vous
démontrer que le cas de Mme Crocker rentrait, à
la J'éca,pltalaUon des pages 167 et 168 de mon vo-
lume. dans la quatrième catégorie, c'est-à-dire dans
la catégorie des cas dont je n'avais jamais espéré
la gaérison. Je proteste contre cette affirmation.
Le oas de Mme George Crocker, je l'ai déjà dit.
paraissait d'ailleurs moins grave que celui de
t'observation S0, et cependant cette malade, dont le
cas a été signalé tout particulièrement à M. George
Crocker et qui était en 1902 un cas de cancer en
vole de généralisa ttoa, est actuellement en parfaite
santé.
Je crois donc, messieurs, que Tous êtes convain-
cus de ma bonne foi absolue lorsque j'ai écrit :
« que j'espère guérir ». Les événements m'ont
donné raison et le temps a consacré mes affirma-
tions d'il y a trois ans..,
Le docteur Doyen réfute maintenant l'ob-
servation de la garde-malade de Mme Croc-
ker au sujet des feuilles de température :
— L'observation de -cette garde-malade a été
écrite par Coudert frères, avec la même machine et
sur le même papier que le projet de contrat du 17
mai, et n'est pas seulement ridicule par la préten-
tion de cette garde à juger et à diriger le traite-
ment. elle est de plus entachée des plus graves er-
reurs et ces erreurs prouvent qu'elle a été rédigée
tardivement, en qualité de réquisitoire.
En effet, que dit eette observation : Il La qua-
trième injection, faite le 9 mai par M. Doyen, fut
beaucoup plus puissante et comporta une plus
grande quantité de sérum. D
Or, l'observation originale prouve que la qua-
trième injection a été faite, non pas le 6 mai. mais
le 6 mai, et qu'elle a été identique aux trois pré-
cédentes.
Sur six dates qui n'ont pas été écrites sur la
feuille de température de ma propre main, l'obser-
vation de la garde-malade contient cinq erreurs.
Ce n'est pas tout : si l'on passe de la première à
la deuxième feuille, on remarque à la même date
du 8 mai soir. une erreur de température de 1°. De
37° 2, la garde a transcrit 38° 2.
Et les points de repère des 9, 11, 12, 22, 23, 24, 25,
26 mai sont si mal inscrits qu'on se figurerait les
constellations mystérieuses de la carte céleste d'un
astrologue.
Vous remarquerez aussi, messieurs, que, si vous
voulez lire cette fameuse feuille de température,
188 chiffres sont demeurés normaux jusqu'à la cin-
quième injection, et vous lirez le 14 mai (bron-
chite). Or, les deux cycles fébriles principaux ont
évolué du 5 au 13 juin, puis du 21 au 26 juin, et la
température maximum de toute la courbe, 39* 7,
s'est produite à la date du 19 juin, c'est-à-dire
vingt et va jours exactement après ma dernière
injection ! +
Les cycles fébriles n'ont dont présenté aucun rap-
port avec les injections.
M* Chenu est évidemment excusable de n'avoir
pas su lire une pareille courbe de température.
Mais il ne pourra trouver aucune excuse pour
cette parole imprudente : « Le 18 mai, il Xallait se.
hâter, car le lendemain la malade n'aurait pas
été en état de recevoir l'injection, »
Lisez l'observation de la gar*d#malade, maître
Chenu ; lisez les annotations ôv ia létale de tem-
pérature, et vous verrez que Mme Crocker a reçu
une Injection le 19 mai, le jour oh vous avez pré-
tendu qu'elle n'était pas en état de la supporter.
Vous avez passé sans l'apercevoir, dans les vingt
et une observations que vous Invoqua! contre mol,
le mot généralisation, qui s'y trouvait cependant
en toutes lettres et vous avez affirmé bien haut que
ce mot ne s'y trouvait pas. Le tribunal a pu cons-
tater, sur le document lui-même. que vous l'aviez
induit en erreur.
Vous avez fait devant le tribuual une seconde
affirmation erronée, en prétendant que Mme George
Crocker était trop souffrante le 19 mai pour rece-
voir sen injection. Vous vous êtes laissé entraîner.
maître Chenu, par voire éloquence.
Votre argumentation est réduite à néant, puis-
qu'elle n'est basée que sur des affirmations contrai-
res à la vérité.
Sur un certain nombre de points, maître Cbenu,
vous avez été trompé par des déclarations intéres-
sées et inexactes, sur (Tartres points. vous VOUS
êtes trompé.
Je m'empresse d'ajouter que voua êtes parfaite-
ment excusable et vous ayez tiré de ass documents
arides tout le parti qu'en posait tirer un homme
de votre valeur et de votre intelligence.
Je vous ai démontré, messieurs, par l'examen
des documents eux-même_% que m'opposait M* Che-
nu l'unanité de l'accusation de tromperie et e
dot-civil.
L'orateur s'explique ensuite sur l'aecusa-
tion de ci violence morale » dont il est l'ob-
jet de la part de M. Crocker :
— Cette accusation, dit-il, n'est pas mieux fon-
dée.
Le 16 mal, Mme Crocker était dans un état satis-
faisant et faisait des promenades au Bois de Bou-
logne.
C'est même à la suite d'une de ces promenades
que la congestion pulmonaire s'est produite, le 22
inai.
L'observation porte a cette date : « Malade rati-
guée après une promenade au Bois..
M° Chenu essalera-t-U cle vous faire croire, mes-
sieurs, que M. Crocker a signé le chèque du iy
mal sous une pression quelconque t
Le projet do contrat préparé par Coudert frères,
et où je devais in'engager à soigner Mme Crocker
« au mieux de mon habileté et jusqu'à ce que Mme
Crocker soit guérie ou eue sa malade prenne fin
d'une « manière fatale Prouve suffisamment que
le chiffre des honoraires était aooepté par M.
Croçker.
M* chenu a communiqué à M* Desjardin des dé.
clarations de M. George Crocker. de M. ei de Mme
W. Crocker, affirmant que j'avais exigé les iiam>
raires par violence morale.
j'espère que M' Chenu a renoncé à donner une
valeur quelconque à ces déclarations oui ont été
toutes rédigées à l'occasion du certificat du rmt
fesseur Debove, -et dont la plus importante, celle
de M. G. Crocker, a été écrite sur le mi>"M panier
avec la même machine à écrire et à la même date
que la fameuse observation de la garde-malade.
observation de ne garde-malade
Tous ces DaPiers, édlliées pour soutenir Une mlau.
vaise eause, pour donner a M* Chenu des argu-
ments qu'il lui était impossible de trouy4w dams lu
faits aux--&mes.
J'affirme devant vous que je n'ai jamaJs fan
pressentir M. Crocker que je aaîLi.
traitements s'il ne payait pas les honoraires, et je
proteste éaeralwemmt coutoe ceUe agmea~ion
abominable.
M'accuser de 1IColmce tBo?~e~ n fanait vérlt,,.
blement Q" M. CTOGim la-altpu cl'autm argu.
ments pour employer une pareille manœuvre
M° Chenu n a-t-îl pas continué à user du même
procédé en se faisant adresser. entre ksauïw
ces, des cablogrammes où M° Crocker et sa lamina
démeut"ent les paroles de M" Desjardin T
u Voici cependant deux calques £ajte cl'a^ prés wmaaroturree
et aameaés à l observation.
Ces calquas montrent une âtmtamtôoa GemâhiA
entre le 29 avril et le 26 mare des toSc
cancéreux principaux.
La dtmenston de cm noya= eg assez petite et
justifie cc qt^e J^U f dK U y a un instant w la ciarai*.
floation du cu de Mme CIIooke.r a,,-n. Là tS>Se
catégorie de ma récapitulation, parmi le *6g où
j'ai obtenu beaucoup de résuitato favorables.
Mais le professeur Debove allait intervenir et son
intervention extraordinaire, où il a violé, comm
l'a si bien expoe Me Desjardin, tontes les règlea du
devoir professionnel., allait être t'acret de SES de
la malade. -
Mme Crocfeer avait contracté une tacmchfte le
20 mal. On lit sur l'observation : « Malade fatleaée
aprèS une promenade au bois. 8 i
Elle avait reçu onze injections et te traitement
devait être interrompu huit à dix Ict".
Le calque qui montre la dimension des novaux'
cancéreux est du 25 mai, le Jour même où j'ai ap-
wh~,,a sur la demande de la malade, ge ovoetouffl
sèches que je venais de lui ordonner. Mme crocker
craignait que la garde ne lui fit mal. j'ai cédé vo-
lontiers à son désir. Je proteste avec énergie contre
l'accusation de M. Crocker que j'aurai abandonné
la malade.
Le 96 mai, on me téléphone : a Mine Crocker ne
veut pas vous voir, ni le docteur Sée ». On téléphona
les mêmes paroles le 97 mai, et le soir je reçus la
lettre par laquelle j'étais brusquement congédié.
Que devais-je faire ? J'ai fiait téléphoner tous
les jours à l'hôtel Vendôme pour demander des
nouvelles de Mme Crocker et si elle désirait me
voir. On m'a répondu invariablement : « Mme Croc-
ker va mieux. eUe ne veut pas vous voir.
Le docteur Doyen déclare donc qu'il a fait
tout ce qu'il devait, tout ce qu'à pouvait
faire sans manquer à sa dignité.
Userait-on prétendre, de l'autre côté de la barre,
me rendre responsable de l'aggravation qui ne s'est
produite, chez Mme Crocker, qu'après l'interruption
de mon traitement t
jbS tratteme~ a 6t~ i«&rrg®£u le 22 pM~ --
La 3S mai, le calque des deux noyaux prlncipa=
montre une diminution de volume d'un quart de
diamètre.
Le professeur Debove fait un premier examen Ifs
27 mai, et constate. le ia juillet, une aggravants
notable.
Cette aggravation a donc exactement eoïncïié
avec l'interruption du traitement, et le cas avait teté
prévu dans ma lettre du 18 moi où je ipécanais
la nécessité de ne pas soustraire - OMUaOe « )L,m-
fluence des injections. ',.,.,..,..
M. G. Crocker ne regrettera-t-il pas, W#s<îtt*on lui
aura laissé entrevoir l'exactitude de tOIRte» mes af-
firmations, d'avoir cédé aux influences de ty&ux qui
ont été ainsi les artisans de la motft rapide de Mme
Crocker T
Mais je ne veux pas juger M. Debove au sujet -.le
son manquement au devoir professionnel le laisse
ce soin au corps médical tout entier.
D'après le docteur Doyen, c'est le profes-
seur Debove qui serait rinsfegateua* du pro-
cès actuel.
— M. Debove a reconnu cpte M. CrocSer lui avait
demandé de certifier « que le sérum Doyen avait
causé l'aggravation ». Il savait également que « son
certificat serait produit devant les tribunaux Il.
C'est donc le professeur *Defe«ve qui est le prin-
cipal auteur du procès.
Me Desjardin vous a lu ces lignes du professeur
Brouardel : o Est-il possible, écrit le professeur
urouardel. dans la Responsabilité Médicale, d'affir-
mer absolument qu'un traitement est mauvais,
qu'un médicament e stnuisible ? Assurément non,
ce que l'on condamnera aujourd'hui sera bon de-
main. »
Un exemple récent prouve de quelle légèreté s'est
rendu coupable en cette circonstance, le professeur
Debove. Vous vous souvenez, messieurs, de J'éner-
gie avec laquelle, en 1903, MM. Dieulafoy, Le Dentu,
ÏLullooeau. Lucas-Champioimière, vinrent combat-
tre à la tribune de l'Académie le sérum antituber-
culeux de Marmoreck, Or, M. Charles Monod vient
d'apporter à cette même tribune de l'Académie, le
15 janvier 1907, des observations fndfecutables et fa-
vorables à l'emploi de ce sérum, condamné en
1903 par la même Académie de médecine.
« Cela ne veut pas dire, termine M. Monod, que
tous les tuberculeux traités par ce sérum guériropt.
Il egt des cas crû les lésions destructives sont trop
avancées poux que le mal prisse rétrocéder, mais
du moins les résultats sont encourageants et 1'&-
périence doit être poursuivie.
4 Or, le caaoer est une maladie infectieuse chroni-
que comme la tuberculose, une de ces maladies
dont on ne peut jamais dire z te maiede est ff&ériy
dans te seos absolu dn mot.
Le docteur Doyen aborde ejaTm le der-
nier grief qui lui est imputé : la fente dut
sérum considéré comme remède secret. Il
s'attache à démontrer que la loi Re Lui est
pas applicable-, Sa diaoussion est des plœe
intéressantes.
— Ie voua ai cité le cas du sémuu de Marmoreck,
je puis vous citer les séruras de Chantemesse, de
MaraglialW, de Richet, de Vlaeff, les injections de
Backer, et dix ou vingt autres sérums ou lû$iudes
Injectables actuellement en expérience.
L'autorité, qui connaît toutes ces tentatives, a-t-
elle jamais songé à les entraver ? Aucunement, et.
n'en déplaise à Me Chenu, la loi de 1895 ne s'appli-
que pas à l'emploi de nouveaux remèdes par des
médecins.
Prenons un exemple : la « cancroHie » d'Adam-
kiewicz, qui, à ma connaissance, est un remède
secret et non autorisé, se vend couramment chez
les pharmaciens, ce liquide est Injecté par les mé-
decins. La loi de 1895 permet au gouvernement de
poursuivre les -pharmaciens qui vendent la « Can-
croïne o. ce qu'on n'a jamais fait. Aucune loi ne
permet de. poursuivre les médecins qui en font
usage, à moins qu'ils ne soient accuses d'avoir
causé à -un de leurs clients un dommage réel et
qu'on pu-isse faire la -preuve d'une faute lourde.
Me Chenu Ignore sans doute les droite que con-
fère à tout médecin le diplôme de docteur ea mé-
decine : -
Tout docteur en médecine a le droit de donner à
ses malades tous les soins que réclame leur état,
de pratiquer toutes les opérations qu'il peut tuger
nécessaires.
Tout docteur en médecine a donc le droit d'in-
jecter à ses malades n'importe quelle préparation
de son invention ou de l'invention d'un autre mé-
decin, et il n'est responsable du dommage qu'il
pourrait occasionner que s'il peut être accuse d'une
faute lourde.
Le docteur Marmoreck a le droit d'injecter son
sérum à qui bon lui semble, et les médecins qui
veulent injecter ce sérum ont le droit de le faire,
sous leur propre responsabilité, il en est de même
des sêrums de Chantemesse, de Richet, de Wlaeff.
Mais Marmoreck, Chantemesse, Richet, Ylaeff tom-
beraient sous le coup de la loi de 1895 s'ils livraient
leur sérum d des pharmaciens, qui, eux-mêmes, se-
raient répréhensibles s'ils le vendaient au public.
La loi de 1895 ne peut donc s'appliquer aucune-
ment aux tentatives thérapeuthiques faites par des
docteurs en médecine.
j'ai assisté à la genèse de cette loi. J'en étais
l'un des plus chauds partisans. Il y a trois ans en-
viron, j'ai déposé une demande d'autorisation pour
un autre liquide injectable.
j'ai reçu dans mon laboratoire la visite du pro-
fesseur Netter, membre de la commission des sé-
rume, et il m'a été répondu que ce liquide ne ren-
trait pas dans la catégorie où j'avais cru' devoir
le classer. ,
Je continuerai donc, malgré la prétention de Me
Cht'nU',T'lVtrait.er les cancéreux comme bon me sem"
lilera, sans violer la loi, et les médecins qui vou-
dront expérimenter ma méthode le font et le feront
sans violer la loi.
Si mon vaccin est attsSi peu répandu, c'est pré-
cisément que je sais tes difficultés de son emploi.
Voua rappelez-vous, messieurs, l'échec retentis-
sant de la mbercuUoe du savant allemand Robert
Koch?
La tuberculine de Koch a subi cet échec parce
que Koch l'avait mise imprudemment à la dispo-
sition de tous les médecins, qui l'ont employée à
tort et à travers.
Après avoir rejeté la tubereattne .de Koch, on y
revient petit à petit.
J'ai donc observé spontanément l'esprit de la
loi, en me refusant à laisser mon vaccin à la dis-
position de tous les médecins, en évitant ce qui
est arrivé pour la tuberculine.
J'ai étudié d'abord ses effets sur moi-même, et
les lettres que Je vous ai communiquées prouvent
avec quelle prudence, avec quelle circonspection
j'ai mis ce remède, petit à petit, à la disposition
d un petit nombre de médecine, qui m'envoient
les observations de leurs malades et qui les trai-
tent sous ma direction.
Lorsque les observations favorables se seront mul-
tipliées, alors seulement je demanderai l'autorisa-
tlon conforme à la loi de 1895 et je mettrai mou
vaccin à la (disposition des pharmaciens, qui ont
le monopole lfegal de la vente.
Me Chenu, qui m'a comparé .à un entrepreneur
de maçonnerie, paraît croire que le vaccin du can-
cer s'administre comme un clystère au temps de
Molière i Détrompez-vous, maître Chenu, et souve-
nez-vous de ce Chinois qui, émerveillé à la vue d'un
clysopompe, remplit l'appareil de sa boisson favo-
rite et prit entre ses lèvres la canule destinée A
l'autre extrémité de son tube digestif.
Tous les bactériologistes peuvent Préparer le vac-
cin du cancer et ma découverte appartient à l'hu-
Inanité, mais il faut savoir remployer. Ce qui se
paye pour un milliardaire, ce n'est pas le-tube de
sérum, c'est la manière Rappliquer et de diriger
le traitement, c'est ce je ne sais quoi non pas de
« diabolicum » comme vous l'avez dit. maître Che-
nu, qui n'appartiendra jamais qu'à quelques-uns
et qui les place bien haut au-dessus de vos plai-
santeries.
M. le docteur Doyen a teïïiiné ses expli- j
cations personnelles. Avant de s'asseoir, il
adjure le trlbuafil de 4éi»«ter M. Crocker j
de sa demande.
— Que resie-t-il, messksttrs, Ues arguments sur
lesquels Me chenu a basé ses accusai ions de dot
civU, de violence morale, d'abandonner la malade,
de vente d'un remède secret?
Le traitement a été exigé, réclamé par M. Crocker
et sa famille, et il a été commencé -dans des con-
ditions extraordinaires, avce des exigences et 1W
sans-gène incroyables de la part de la malade.
Ce sont - exigences. ce sans-gène d'un client,
« qui valait 100 millions de, dollars, un demi-mil-
Uard de francs ft, Qui - motivé la oteiftoe des
honoraires.
Ce chiffre n'a éM ai contesté. m discuté, et te
chèque a été signé librement.
Le traitement a été fait conformément aux exi-
gences de la malade, et il n'a été aeseé que sur
soa ordre tonnai.
J'ai demandé plus de vina fois si la malade
voulait me revoir, et U .- répondu «égajUve-
ment.
Quelle est eette faute, amm sont cas ksrU. onw
Me Chenu souhaite de me Voir absoudre?
Ma conscience est tranquille, mesaieursw âfc si
M- CrockM se HQvèeenfait, le alaut" nas autre-
ment.
M. Croclnr a mis en Statique le vtoux précepte
français : „ Quand on veut ~af son ottÀea. an dit
qu'il est enragé. »
J'ai demandé à M. Croom de gros Honoraires,
parce que tes eootralUctiQas gai m'étaient imposées
étaient exceptionneUes. Mon tempe appartient à
l'humanité, t Je n'ai jai&aiQ hésité à sacrifier une
grande parrie de mon bénéfice annuel à mes re-
cherches scientifiques, & doulm mes soiw ries
malheureux.
Aussi ce n'est pas sejUeineitt *oa défense Que j'ai
présentée devant vous, measièias. c'est la défense
du corps médical tout entier.
Nous autres, médecin^, nous ogtatmm nos pau-
vres sans ostentation Ot nous faisons payer las ri-
ches. Noue sommes Jour et nuit à la peine.
L'exercice de la Médecine deviendra impossible
si le médecin peut être condampé à le répétition
des honoraires reçus.
Les intérêts vitaux de la profession sont en Jeu.
Le corps médical tout entier, messieurs, attend
avec confiance votre jugemeub
M. le bâtonnier Chenu, qui avait annoncé
devoir répliquer, tient en. elïet sa promesse.
Il le fait dans eette forme impeccable qui
lui est particulière et avec cet esprit en.
diablé qu'on lui connaît. Aussi raille-t-il
tour à tour, dentibus albis il est vrai, et le
docteur Doyen et son avocat, M* Deajar-
din, dont la bouche, dit-il, est « mieux
qu'une maison d'or, mata un véritable pa-
lais de féerie n.
Et d'ajouter, eu tepïo~nantt sa mordante
réplique :
Mon confrère m'a, non sans quelque intention
moqueuse, appelé à plusieurs reprises, au cours
de ces débats, le docteur Chenu. Je ne lui en veux
pas, car cela va me penmettre de donner immédia-
tement une consultation a son client. Le docteur
Doyen est un malade. Il est atteint d'une tumeur
maligne en voie de récidivé et de généralisation.
C'est la tumeur de l'honoraire exagéré. J'espère le
guérir 1 car j'espère fermement que le tribunal me
suivra dans mes conclusions et soulagera le doc-
teur en pratiquant dans cette énorme tumeur de j
Cp,%Lt .jpjiif fàw® 9*1® ft BBQfpnge mcisigu»
t Mais Me Desjardin entend répliquer éga-
lement, et avoir le dernier mot dans ce pro-
cès. ,-,. ,.
Il n'admet pas qu'on puisse hésiter un
instant entre la parole du docteur Doyen et
le cablotélégramme du banquier, et, dans
un résumé rapide de toute l'affaire, il rap-
pelle d'une part au tribunal tout le bien fait
gratuitement par son client et, d'autre part,
fimmense fortune de M. Crocker.
La véritable cause de ce procès, s'écrie l'éminent
avocat, c'est la réclame américaine : M. crvc&er,
le banquier californien, voulait absolument qu'on
sache sur le marché 'du monde que lui. Crocker,
ayant perdu sa femme, avait été assez l'lelle pour
donner cent mille francs à un médecin français.
Et pour faire durer cette réclame, rien ne valait
un bon procès puisque le procès actuel dure de-
puis trois ans ! Grâce à lui. tout le monde connaît
aujourd'hui le nom du banquier californien, et
croyez bien que ses affaires en ont largement pro-
fité.
C'est donc pure réclame, pareille à ceBe qu'on
pouvait lire dernièrement encore dans un journal
quotidien et qui faisait connaître il l'univers en-
tier que seul le banquier californien, possédant
dans sa collection de timbres, un triple exemplaire
archi-rare du timbre de deux centimes d Honolulu,
lequel avait coûté au milliardaire la coquette
somme de 12.500 francs.
Eh bien ! conclut M* Desjardin, quand on n le
'moyen de payer 12.500 francs un timbre de ëeux
rentîmes inutilisable, on est mal Venu de chicaner
le montant des honoraires d'un chirurgien tel que
le docteur Doyen.
Et,, maintenant, au tour du ministère pu-
blic
Et, d'exprimer son opinion dans ce pas-
sionnant procès.
A quinzaine, c'est-à-dire à l'audience du
16 février, M. le substitut Yyattine donnera
ses conclusions.
La vente des billets de faveur t
On sait que lo trafic des billets de nos
théâtres pari»iejès se Sait sur une vaste
échelle, en dépit de la mention écrite en
tète du bon : « La vente da billet est rigou-
reusement interdite, »
Certains directeurs ferment les "yeux.
D'autres les ouvrent. Tel par exemple M.
Albert Carré, directeur de l'Opéra.-Coinique,
qui a voaîu mettre fin à cet abus par un
exemple, e'est-à-dire en demandant aux
juges de la cinquième chambre du tribunal
de rapporter un jugement de principe.
Un jour, ayant appris que M. M., alors
secrétaire général du Théâtre-Moderne, au-
quel il avait, eur son désir, envoyé du bon
ae deux places pour la représentation de
Carmen, avait vendu ledit bon, pour la
somme de huit francs, à une marchande de
tabac de la rue Drouot, Mme B., M. Albert
Carré fit aussitôt constater le fait par mi-
nistère d'huissier. Après quoi, il adressa au
titulaire du billet et à la débitante de tabac
une assignation en paiement solidaire' de
5,000 francs de dommages-intérêts.'
Après avoir entendu les plaidoiries de
Me Maurice de Meur pour le directeur de
l'Opéra-Comique et de Me Désirez pour Mme
B., car M. M. ne résistait pas à la de-
mande, le tribunal, présidé par M. Salva-
dor, a rapporté le très intéressant jugement
que voici :
— Attendu que la délivrance d'un billet de fa-
veur, acte purement gracieux, devenait dans la cir-
constance de la part de -Carre un acte tout spécial
de courtoisie à 1 égard de M., qui l'avait souicfce,
et qui faisait en échange a Carré l'offre d'une loge
pour le cas où il se présenterait à son théâtre : que
c'était évidemment en considération de la per-
sonne de M. que Carré disposait à. son profit de
ce billet de faveur, puisqu'il portait le nom de
M. suivi de son titre de secrétaire-général : que
M., s'il ne pouvait lui-même faire usage de ce
billet, ne devait en disposer à son tour qu'à titre
gracieux et dans des mêmes conditions où il lui
avait été remis, c'est-à-dire en se conformant à
l'indication que la vente en était rigoureusement
interdite : qu'il a commis un véritable acte d'in-
délicatesse vis-à-vis de Carré, en se dessaisissant
de ce bon au profit de la dame B., qui fait com-
merce de billets do théâtre et qui l'avait porté.
ainsi que le constate l'huissier dans son protêt
verbal, sur la liste des billets mis en vente ce
jour-là :
Qu'en vain elle exciperait de sa bonne fot et de
son ignorance : que l'interdiction portée sur ce
billet était un obstacle à ce qu'elle le cêde à prix
d'argent : que son attention aurait dû être attirée
par le caractère tout personnel du billet au nom
de M., avec en plus l'indication de sa profes-
sion :
Que la vente d'un billet opérée dans ces con-
ditions à un prix inférieur de sa valeur réelle, est
de nature à porter atteinte aux intérêts d'un théâ-
tre et que Carré est en droit de demander répara-
tion du préjudice* qui a été causé à la direction de
l'Opéra-Comique, tant au point de vue matériel que
moral.
Sanction : dix louis de dommages-inté-
rêts, que devront remettra au directeur de
notre seconde scène lyrique celui et celle
qui avaient collaboré à cette opération. illi-
cite. — Ma»réaux Delà vigne.
Après sa Me, son fils
Une mère a ses deux enfants
guéris par tes pilules Pink
Il y a quelque temps, nous avons publié
il cette môme place le certificat de Mlle Ly-
die Fantouilier. Cette jeune fille, atteinte de
chloro-enémie, avait été épuisée par la crois-
sance et la formation, et il avait fallu toute
la puissance régénératrice des Pilules Pink
pour la rétablir. Chez son jeune frère Roger,
la pauvreté du sang avait eu un autre effet,
M fut atteint de la Danse de Saint-Guy, A
Ge^saye^ voMi ce qu'écrit Mme Fantouifier :
telte tyZtie mnttouSJi* - :11. Boger FanlouMer
(01. Pilou» Moderne)
te Mon fils Rogr-r Svaïfc depuis trois ans la
Danse de Saint-Guy. H étaIt si violemment
agité qu'on nous a priés de ne plus l'envoyer
à l'école. Sa maladie le fatiguait Qnormé"
ment et à Roua, parents, ca nous faisait du
mal de le voir toujours ainsi Tous les re-
mèdes restaient saas effets. Ma fille Lydie,
qui était anémique, a pris, sur des conseils
qui lui ont été donnés, les pilules Pink et
s en est excessivement bien trouvée. En li-
sant un des modes d'emploi qui avait en-
touré les boîtes de pilules Pink prises par
ma fille, j'ai vu que les pilules Pink étaient
recommandées- contre la Danse de Saint-
Guy. Vu les bons résultats qu'elles avaient
donnés à ma fille, je les ai fait prendre de
suite à mon fils. Mon pauvre Roger, qui pen-
dant trois années avait tant souffert, a été
guéri en quelques semaines par ces mer-
veilleuses pilules. n
La famiôe Fantouiiler est bien connue à
Limoges, où elle habita 45, avenue Gari-
baidi.
Les pilules Pink sont souveraines contre
l'anémie, la chlorose, la neurasthénie, la
faiblesse générale, les maux d'estomac, rhu-
matismes.
On trouve les pilules Pink dans toutes les
pharmacies et au dépôt : Pharmacie Gablin,
23, rue Ballu, Paris. 3.50 la boîte, 17.50 les
six boîtes franco.
LA PRESSE COLONIALE
Le Syndicat de la Presse coloniale don-
nera sort banquet annuel le jeudi 7 février,
au Palais d'Orsay.
M. Milliès-Lacroix:, ministre des colonies,
présidera effectivement cette solennité, as-
sisté des sénateurs et députés des colo-
nies.
CARESSE DE FLEURS
PfetttemlfOUVMU. V-XVXMiS* AV. VriSRA»PAM9
Un v Parricide -
à Villeneuve-le-Roi
« - - ,
Son père lui refusait 1,500 francs ; il le Lul
à coups de fer à repasser et prit sans 4-
remords le chemin de la prison. *
Un dfame épouvantable s'est dérÓulé;
hier, à Villeneuve-le-Roi, charmante loc&itil
de l'arrondissement de Corbeil. ;
De très vifs dissentiments existaient dev
puis fort longtemps, entre M. Guillaume
Knaudel, blanchisseur, âgé de soixante-dix
ans, et son fils, Charles-Chrétien, àgé da
trento ans, blanchisseur également, étabi^
à Villeneuve-le-Roi.
Charles-Chrétien avait pris un peu h&â.
'vement sur lui de faire construire un bel
immeuble, où il comptait bien s'installer, si-
tôt son mariage avec une charmante jeun s
fille de la contrée. --
Mais M. Guillaume Knaudel manifestait
à chacune des entrevues qu'il avait avec soi»
fils, un réel mécontentement, ajoutant q[u'i4
ne se prêterait jamais pécuniairement è !'}!o::'"
cune des combinaisons de Charles-Ch-rétian.
Hier après-midi, ce dernier se préaeflta'il
chez son père, en proie à la plus vi<*sntç
surexcitation.
— J'ai besoin de 1,500 francs pour aefrevel
ma maison ; veux-tu, oui ou non, m foi
avancer? demanda impérativement If fila
au septuagénaire. ,
— Tu n'auras rien 1 répliqua sèche r:'
Guillaume Knaudel.
A peine avait-il achevé ces mots, que Char*
les-Chrétien, s'emparant d'un fer à repasj
aer qui se trouvait à portée de sa main,
l'en frappait de trois coups mortels, de-tiA
au front et le troisième à la nuque.
L'infortuné vieillard s'abattit conatUc jT\i
masse, pour ne plus se relever. ,:
A la nouvelle de ce crime, le Parquet dal
Corbeil s'est transporté à Villeneuve-le-Roi'î
où M. Régismanset, juge d'instruction, a
chargé M. le docteur Diacre de procéder à
l'autopsie de la victime.
Le fils meurtrier a été arrêté dans, la soi.
rée ; il n'a manifeste aucun regret de sort
acte et a été écroué à la prison de Corbeil,
Cet odieux forfait a provoqué une vive et
douloureuse émotion dans toute la région da
Villeneuve, où la victime était très estimées
AUX RHUMATISANTS
Parmi les miniers de Mires de remercie*
ments adressées journellement à M. Mau^
borgne, pharmacien, et où les malades peu-
vejlt en demander communication, noue
sommes heureux de mettre sons les yeux-dl,
nos lecteurs celle-ci :
Monsieur Mauborgne,
Je suis heureux de venir vous l'efflrràell
des résultats que j'ai obtenus auprès de
nos malades, grâce au Baume Jaoul, ce mé4
dicament incom.parable et miraculeux, quij
au bout de quelques frictions sur les par..,
tics malades, font disparaître toute douleur,
Docteur -Duval. :
P.-S. — Le Baume Jaoul se trouve : Phar-
macie Dutheil, 38, r. de Rondy, Paris. -
Prix, 5 francs le pot. Poste, 5 Ir. 50. 1
f DUEL BOULENGER-GUNG'L
L'article de M. Marcel Boutenger, où i)
commentait le résultat d'un duel récent entre.
MM. del Prat et Jean Gungl, a amené urn
nouvelle rencontre à l'épée.
Avant-hier, M. Boulenger se batta r êf
M. de! Prat et était légèrement ble&,.' mh
dessus du coude ; hier, il avait affaL '-~ V
Gung'l et rcoevait une blessune plus ,,yj, <<, *.
reuse, qui a bien failli être grave. * *
Les conditions étaient les mânes qi p. *
la précédente rencontre. Mômes témt. **
part d d'autre. Le rendez-vous étai: «i
lois, à. dans la propri- ott
comte de Fontarce.
M. Gung'l a attaqué très vivement. Aprè*
des phrases d'armes très animées et ( es ; S
ripêues diverses, l'épée de M. Gung'l a ':'.-
versé la lèvre .supérieure de M. Bou.'i,,,%gen
a déplacé une dent et même a oontu. THf
le palais. - "*
Voici, d'ailleurs, les tcrwW du -procès-ver'
bal :
ti A la cinquième reprise, M. Marcel Bon*
lenger a été atteint a la lèvre supérieure
d'une plaie pénétmw.e, avec coaiusio* dtf
palais.
» Après un quart d'heure de repos,, M.
Boulenger a'est déclaré dans l'impossibilité
de continuer. » ,
MM. Rouzier-Doraèr-os et G. Br^ttmayef
ont dirigé tour à tour le combat, avec kenï
expérience habituelle. *• 1 •
Les docteurs Lavemot et Musy cure* ijstaienf
à la rencontre. - E. A. -J
, ;
-VOYEZ DONO CE RESSOR"
FAgrafe DE LONG, plus as Corsages entr'euvertbi
e d»
PARFUM LA FERIA1
Persistant et hygiénique, chez Lenth 'r?r-' -
- -----
aampagne Mont-Rolland \*s:rÉ
Le Conseil de Revisioo le la Sj:1
Le préfet de la Seine vient de fixer' comif*
suit la date des séances du cooseil die révi-
sion pour les jeunes gens de la class i 1901
et les ajournés des classes 1905 et 1904 :
181' arromlissement, ksndi 18 farter ; 2", vaatè^
19 février ; 3e, mercredi 20 février ; 4e, je eh
février : 5a, vendredi 22 février ; 6e, samedi t
vrier ; te, mercredi 27 février ; SV, jeadi 3 Z. :
vrier ; 9a, lundi 4 mars ; 10e, mardi 5 et ux ^çsedr
6 mars; He, lundi 11, mardi 12 et mesrotc-ii M
mars ; 12e, lundi 18 et rxyinii 19 mars ; 13®. v«~
dredi 22 et samedi 23 ioasrs ; 14°, lundi S et uwbtm
9 avril ; 15e, mercredi 10 fi jeudi 11 avril' 16%
vendredi 12 avril, 17e, vendredi 19 et samedi 3r
avril ; 18°, lundi 6, mardi 7 et mercredi 6 -mai^
19®, vendredi 10 et samedwll xaau 80% lundi 14
mardi 14 et meooredi 15 mai.
A Paris, ces séances commenceront à feuit
heures et demie du matin et auront lieu Ji W
mairie des arrondissements, sauf pour les
premier, huitième et dixseptième arrondisa
sements, dont les conscrits .devront se néu.
nir à la mairie du quatrième arrondisBer
ment.
Sceaux, lundi 25 février : Yauves, Hjœrdi 2G £*
vrier ; Nogewt-sur-Marne, jeudi 14 mars ; Sairuj
Maur, vendredi 15 mais; ChareQton, samedi M
mare; Ivry, mercredi 20 mars; Vitlejuif, jeudf
21 mers ; Montreuil, jeudi 16 mai ; Ytocemae,
vendredi 17 mai. 1
Pantin vendredi 8 mars; Noi^y-le-Sen, sa*
medi 9 mars ; Boulogne, samedi 13 avril ; Pu*
teaux, lundi 15 avril : Neuilly, mardi 16 avril*
Levallois-Peret, mercredi 17 avril; Courbevcxey
jeudi 18 eivm ; Asnières, mercredi 24 avril ; Clii
chy, jeudi 2 avrit ; Saiat-Ouen, vendredi 29
avril ; Saint-Denis, samedi 27 avril ; AubeariJ*
liers, lundi 29 avril.
Les. séances de régularisation, où seront
examinés les jeunes gens ayant obtenu ua-
délai pour se présenter, auront lieu à la mai.
rie du quatrième arrondissement aux da.1es.
suivantes :
Le 21 mai : P. 24. 11e ei l-j» ariwndissesmante: ;
le 22 mai : 50, 60, 13* et 14» : le 23 mai : 9e, 17«
et 18* ; le 24 mai : 10r, 7®, 109. 50, 160, tg. et 20»;
le 25 mai : cantons de F&rroociissemeot de SakiU
Demis ; le 26 mai : oamtons de rarrondissemenl
de Sceaux et clôture des opésations de la revi*
sion pour la classe 1906.
Les jeunes gens de province autorisés à st
faire examiner à Paris seront examinés le4
14, 15 et 16 février ; 1er, 2, 25, 26 et 27 mars 4
22, 23 et 30 avrils et 2 mai.
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