Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1908-06-05
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 05 juin 1908 05 juin 1908
Description : 1908/06/05 (A17,N5727). 1908/06/05 (A17,N5727).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7624364m
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/09/2014
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Louis-Anthekne Grégori passe pour un
'exalté dans les milieux où il fréquente : il
Collaborait, assez irrégulièrement d'ail-
leurs, à la France militaire et au Gaulois.
Né dé parente italiens, mais naturalisé
Français, Grégori fut mêlé à une foule
d'histoires plus ou moins louches, qui lui
valurent un certain nombre de comparu-
tiens devant les tribunaux.
Il habitait, depuis quatre ans, rue de Vil-
le jus t, 44, dans un appartement du deuxiè-
me étage, et dont le bail est au nom de Mme
Gros, sa sœur. Il y a quelques jours, Gré-
gori avait envoyé celle-ci à la campagne : il
menait une existence assez tranquille, sor-
tant le matin, vers neuf heures, pour ne
rentrer régulièrement qu'à la nuit, aux en-
virons de huit heures. A l'occasion de la cé-
rémonie du Panthéon, Loui- - Grégori était
sorti une heure plus tôt que d'habitude, et
avait demandé au concierge s'il n'avait pas
de lettres à son adresse. La réponse, néga-
tive, avait paru le contrarier vivement- et
il était parti le visagê sOffibfte. l'air assom-
bri, très ennuyé et nerveux. •>
On assure qué Grégori aurait été déjà
atteint, à plusieurs reprises, d'accès d'alié-
nation mentale ; il y a quelque temps, à la
suite d'uhe de ses crises, il avait dû entrer
dans ,ÛI).& maison de santé spéciale, où les
médecins qui le soignèrent ne l'auraient
laissé sortir qu'après de Uxngaes hésita-
tions.,
A côté" fie ces premiers renseignements
recueillis à la hâte, la préfecture de po-
lice fournit sur Louis Grégûri, dit « Gre-
gor », les détails suivants recueillis par
;3tf. Mou
coes : #
Syndic de FAssoctatîma de ta presse mi-
litaire,, polJkaboraiit à diverses publications
militaires et au journal ú Gaulois, Louis-
Anthelme Grégori était connu aussi com-
me financier, homme cTaiTairea peu inté-
ressant ayant participé à diverses malveas-
sations dont le banquier Mary-Reynaud,
d'illustre mémoire, s'est rendu coupable—
On Sa montre fort étonné rue de Ville-
5ust de l'acte de Grégori. De son côté* M.
Arthur Meyer. directeur du Gantois, in-
.terviéle.au mjet de son collaboratear. a
fait les déclarations suivantes :
— Xai été très surpris, vous le pensez
bien, "djît le directeur du Gaulois, lorsque
:j'ai appris tout à l'heure, en rentrant de
promenade, que Grégori venait de tirer
deux coups «a revolver sur IL Alfred
Dreyfus.
— Quelle opicootï avdz-voru3 de .votre
collaborateur ?
Une extreOmîe optnîtm. n était de-
puis long^'imps chargé au Gaulois du grand
reportage militaire, et je n'ai jamais eu
qu'à me féliciter de sa collaboration.
— Que pensez-vous de son caractère ?
- sais qu'il étant un patriote fervent,
mêmç exalté. H remplissait ses fonctions
de syndic de la presse militaire française
avec un zèle et un remarqua-
bles. Pour toutes ces raisons, j'avais pour
lui une profonde estime.
— Yous savez que X a déclaré
qu'il vous avait donné -verbalement sa dé-
mission de collaborateur du Gaulois, et
qu'il avait rinteoition da ta. ormfhnrter par
Mcrit ?
—. Jamais M- GrCgort rre m'atiraît fait
part de cette intention. , Depuis quelques
:jours néanmoins il venait 'moins assidû-
ment au Gaulois, mais nul ne s'en étonnait
sachant qu'iL^vait perdu tout récemment
sa mère èt qu'il 811 atvaii été très affecta.
*
? Terrible éahizufïb tirée
Le premier interrogatoire cTîdçntïtê est
terminé dépura longtemps,. et l'on s'étonne
dans la foule, de plus en plus surexcitée,
que le meurtrier ne soit point extrait en-
core dujwste du Panthéon pour être diI-lgé
!sur lé Dépôt, gomme la nouvelle s'en est
répandue.
Des agents en bourgeois réquisitionnent
un fiacre, qui, sur Tordre de M. Mouquin,
va se ranger, capote soigneusement baissée,
devant une petite porte, derrière* la mairie..
C'est par là que l'on va faire « échapper »
Grégori ; mais la ruse est bientôt éventée,
et comme des manifestants entourent ce
nacre, des charges violentes sont opérées,
qui déblaient nettement la place.
On tente alors de ramener le frêle véhi-
cule aux abords du poste. Voici MM. Mon-
nier et Albanel qui sortent de la mairie au
milieu de la curiosité générale et sont l'ob-
jet d'une ovation : * Faut pas le tacher 1 »
i crient les unis. « On -.ua le L- à. l'eau 1 » hur-
lent les autres.
Il est un peu plus de mîcn. Soudain, les.
gardés républicain* massés devant la gran-
de porte de l'édifice s'écartent pour livrer
passage à un groupe de sis agents de la
Sûreté générale et de huit gardiens de la
ipaix, au milieu desquels se Ment, livide,
!<ïrégori, l'auteur de l'attentat.
_: Une immense clameur salue rapparitidu
du prisonnier que l'on jette à la hâte dans
le fiacre. En vain, Gregori avait demandé
qu'on lui rendît son chapeau et sa cravate :
« Je vous assure que ces gens vont me
prendre pour un malfaiteur.- » disait-iL
Mais on n'avait pas tenu compte de cette
réclamation.
A peine installé dans le véhicule,-que
l'on cherche à culbuter aux cris de : « A
mort 1 Assassin 1 Vive Zola I Vive la Répu-
blique 1 » Grégori reçoit encore une série
de coups de canne; mais à ce moment les
a réserves » exécutent une charge terrine,
au cours de laquelle de nombreux mani-
festants tombent la nuque ou la face rou-
gies de sang.-
Une course échevelée s'organise alors
derrière la voiture qui file à toute allure
vers le Dépôt. Mais, au milieu de la rue
Soufflot, une contré-manifestatian s'orga-
nise aux cris de : « Vive l'armée 1 A bas
Zola ! Vive la République 1 La colite. hou 1
hou ! a
Nouveaux coups de canne, nouvelles
charges. Six gardiens de la paix traînent
vers le poste un étudiant aux cheveux cré-
pas qui leur oppose une résistance déses-
pérée ; ils le traitent lamentablement sur
le pavé, ce qui provoque les protestations
des habitants du voisinage massés sur leurs
balcons. Plusieurs de ces habitants, qui
traitent les agents de a brutes » et d'as-
sassins, sont convoqués au poste, où on
leur apprend qu'ils seront l'objet de pour-
suites.
An Dépôt
Enfin,. après maints ballottages, le fiacre
de Grégori, toujours conspué, arrive en M-
sez bon état dans la cour du Dépôt: il est
midi cinquante. Comme le prisonnier Se
trouve sous mandat signé de M. Albanel,
juge d'instruction, les fonctionnaires du
Dépôt et de la Permanence refusant-de le
recevoir. Force est donc de conduire Gré-
gori à la « Souricière » par le « souter-
rain » de la Sainte-ChapeUc." Mais les
agents, les municipaux et les Inspecteurs
préposés à la garde de l'auteur de l'atten-
tat estiment que Grégori est par trop es-
cortée. ils s'éparpillent et bientôt l'hom-
me au revolver disparaît au milieu d'un
groupe de « bourgeois » d'où il pourrait
s'éclipser assez facilement
■— Et d'abord, où est-il, le prisonnier,
c'est vous ? dit un des fonctionnaires du
Dépôt, s'adressant à un agent des brigadea
Il en bourgeois » qui accompagna Grégori.
Enfin, on s'entend sur la personne, et l'un
des surveillants, après avoir déclaré qtte
a tout cela n'est pas régulier cousant à
accepter le prisonnier.
Devant le juge
Grégori ne demeura (Tailleurs pas long-
temps à la « Souricière a ; quelques ins-
tants après cet incident, où, pour un pe6,
on l'eût relâché sous prétexte « d'irrégula-
rité dans la procédure », il était conduit au
cabinet de M. Albanel, juge d'instruction.
Interrogé sommairement sur les raisons
qui ravalent poussé à titer sur le comman-
dant Dreyfus, le prisonnier répondit :
— C'est dans un moment d'énervement,
et en présence de tant d'honneurs rendus
à un individu que je considérais comme in-
digne, que j'ai accompli mon acte.
Après cette déclaration, Grégori a été
mis au secret sur l'ordre du juge d'instruc-
tion, qui procéda ensuite à l'audition des
principaux témoins de l'attentat du Pan- ,'
tbéOŒL
"', M. Mathieu Dreyfus
M. Albanel reçoit tout d'abord la déposi-
tion de M. Mathieu Dreyfus. Le témoin ne
peut affirmer si son frère a été atteint par
le premier ou le second projectile. Il croit
cependant que c'est ce dernier qui a porté.
M. Mathieu Dreyfus déclare qu'il a en-
tendu un coup de feu. 11 a aussitôt détourné
la tête et a aperçu un homme qui brandis-
sait un revoter. Il s'est élancé vers lui
pour le désarmer. *
— Malheureux 1 s'est-il écrié. Votre ar-
me était-elle charge ?
— Non, répondit linconnu..
— A ce moment, ajoute 'M. Mathieu
Dreyfus, j'ai vu que mon frère était blessé
au bras. Je n'ai pas lâché le meurtrier,
mais je l'ai de mon mieux protégé contce
la fureur des assistants, qui voulaient l'é-
charper. M. Albert Clemenceau m'a aidé
dans cette difficile besogne. Puis,, les poli-
ciers étant arrivés, je les ai laissés s'occu-
per du prisonnier et, avec M* Demange, qui
m'avait rejoint, je me suis empressé aur
près de mon frère.
1.1 lUne confrontation
Cependant M. Albanel donne ordre (rin-
troduire Grégori, qu'assiste son défenseur,
M* Decugis, et procède à une rapide con-
frontation entre le meurtrier et le témoin.
*
- M, Mathieu Dreyfus reproche avec véhé-
mence à l'inculpe devoir voulu tuer son
frère. ', ..-,
— Pourquoi m'avez-voûs dit Que votre
arate'n'était pas chargée ? Vous mentiez.
Vois voûtiez tuer mon frère ? Pourquoi,?
-L Je ne voulais pas le tuer, répond Gré-
gori, mais simplement lui faire une ér£-
fiure. J j.
Et fi répète la déclaration qu'il avait
déjà faite au poste du Panthéon, à savoir
qu i! a visé le dreyfusisme, non Dreyfus, et
qu'il à voulu seulement protester contre
mrlë* cérémonie où la France entière voit
une insulte à son patriotisme.
Il poursuit en déclarant qu'il n'appar-
tient à aucun -parti politiques qu'il a agi
seulement eommjs militariste (tic) et com-
me écrivain militaire.
Ses déclarations terminées, et comme lec-
ture lui en est faite et qu'il est invité à ap-
poser sa signature au bas du procès-ver-
bal : *
- Soit, fait-il, mais je n'ai pas mangé
depuis ce matin. La faim et la chaleur
m'ont affaibli et je ne me rends pas en-
tièrement compte de la portée de mes dé-
clarations. Il est probable que je les mo-
difierai au cours de mon prochain inter-
rogatoire.. -
Sous ces réserves, Grégori ne refuse pas
sa signature. D est ensuite conduite la
Santé, oà)el a été écroué sous l'inculpation
de tentScve d'homicide volontaire avec
préméditation sur la personne du comman-
dant Dreyfus. -
L$, juge (Pïnstrmtim entend ensuite
trois ou quatre témoins, notamment M.
Mouquin, directeur général des recherches.
Celui-ci fait une déposition dont les ter-
mes rappellent telle de M. Mathieu Drey-
fus. Lui aussi a entendu les détonations,
a vu l'homme brandissant son revolver,
s'est élancé sur le meurtrier et a dû avant
tout le protéger contre les violences des
assistante t
M. Mouqttîn ne sait pas de façon précise
si le commandant Dreyfus a été blessé par
la première ou la seconde balla.. Comme
M. Mathieu Dreyfus, il penche pour la
seconde balle. La première serait celle
qu'on a retrouvée à quelque distance du
lieu de l'attentat dans un massif de fleurs
et qui a été saisie et rémise à M. AlbaneL
D'ailleora, celle-ci a dû érafler le vête-
ment du. commandant M. Mouquin a cru
distinguer à l'épaule droite des traces pro-
duites par le passage de la balle. On ne
sera fixé sur ce point qu'ultérieurement,
car Ib vêtement est sous. scellés et sera
examiné.
Après M. Mottquîn, les antres témoins
viennent redire la même chose. A les en-
tendre, ils Ont tous désarmé le meurtrier.
Leur audition ne dure que quelques minu-
tes.
M. Aîbamel, avant de quitter le Palais,
commet les docteurs Pozzi et Balthazar
pourvisitef le blessé, et M. Gastinne-Re-
nette pour examiner le revolver.. Un qrpert
architecte, M. Dumas, fournira un rapport
sur les circonstances topographiques de
l'aftental.
t
Les lettres d'un général 1
Le magistrat adresse aussi une commis-
sion rogatoire au Parquet de Pontoise à
l'effet de procéder à une perquisition dans
la'vHia Yvonne, à Pawnain (Seine-et-Oise),
où, von le sait, Grégori à sem domicile parti-
culier. »
Au moment de son arrestation, le meur-
trier a déclaré qu'il avait dans son porte-
feuille une lettre que lui avait écrite un
général et qu'il en ^possédait d'autres chez
lui. La première a bien été retrouvée ; la
perquisition a pour objet de faire saisir
les autres. <
ReconstItution de ¥ aidentat
Un peu après trois heures de l'après-
midi, le procureur de la République et le
juge d'instruction, requis au moment
juge'
même de la cérémonie à laquelle il assisr
tait officiellement retournaient au Pan-
théon — fprmé au public — et procédaient,
en présence de quelques témoins immé-
diats, à la reconstitution de- la "scène de
l'attentat. M* Démangé, ancien avocat dé
Dreyfus, assistait également à cette opé-
ration nécessaire."
*
Les témoins déclarèrent a l'unanimité
que les deux coups de feu furent tirés à
l'instant précis où le commandant Dreyfus
se disposait à suivre le cortège, derrière
Mme Zola.
C'est au moment où il se levait que Gré-
gori, survenant brusquement par derrière,
et se faufilant dans les groupes, dirigea
son arme dans la direction de la poitrine.
La première balle transperça l'avant-
bras droit; l'intervention des assistants fit
dévier le revolver; le second projectile s'é-
tait perdu Au pied de l'estrade, où l'un des
assistants l'a retrouvé et restitué au juge
d'instruction, qui pourrait en avoir besoin
comme pièce à conviction.
Le commandant, se retournant après la
première détonation, a vu la flamme du
second coup jaillir du canon du revolver
braque sur sa poitrine. A ce moment-là,
Grégori, qui avait été refoulé par un voi-
sin, se trouvait un peu plus loin d'Alfred
Dreyfus et le visait manifestement en lui
disant : a Tiens ! tiens 1 »
L'examen radiographique de la blessure
du commandant par le professeur Pozzi a
démontre qu'elle n'avait aucun caractère
inquiétant.
> Cinq cents arrestations
Cest particulièrement aux abords de la
rue Saint-Jacques, rue Soufflot et à rangle
du boulevard Saint-Michel, que les mani-
festations ont été marquées par des scènes
de violences, sûmes de bagarres et d'arres-
tations.
Des pamphlets, des placards, des cartes
postales, admirés par les uns, furent déchi-
rés ou brûlés par les autres. On se battait un
peu sur tous les points ; le terre-plein de la
gare de Sceaux fut vers onze heures, le
théâtre d'une grave échauffourée entre les
manifestants et les gardiens de la paix du
quatorzième arrondissement. Les « muni-
cipaux » à pied et à cheval, de même que
les agents, reçurent force horions ; il y eut
parmi ces défenseurs de l'ordre, de nom-
breux blessés ; par contre, le bilan des ar-
restations opérées de neuf heures du ma-
tin à huit heures du soir, au milieu de l'a-
gitation constante, se traduit par cinq cents
arrestations : fort peu seront maintenues.
Durant toute la soirée, le quartier Latin
a gardé l'aspect de la plus vive animation,
mais on n'y signalait aucun nouvel incident
- Aumauu DUPIN.
CHEZ LE COMMAHom DREYFUS
Le commandant Dreyfus, aussitôt recon-
duit chez lui, s'est alité, et sur l'ordre des
médecins a consigné la porte de sa ebam-
oee.
En effet le professeur Pozzi et le doc-
teur Léon Bernard, médecin de la famille,
ont rédigé le bulletin suivant, qui avait été
déposé dans la loge du concierge et où las
amis de la famille Dreyfus peuvent en
prendre connaissance :
La balle de revolver a pénétré profondément
dans l'avant-bras droit mais sans atteindre les
os.
os Le blessé est parMtemcnt ealme ; pas de
fièvre.
1 Un repos complet est nécessaire.
Jeudi 4 juin. il h. 1/2.
Professeur PMzL
D' LÉON Reknjuuj.
De nombreux visiteurs se sont présen-
tés aù domicile du commandant
Parmi les premiers arrivés, il faut citer
M. Picquart- ministre de la guerre; M.
Thomson, ministre de la marine; le repré-
sentant du Président de la République, ce-
lui du président du conseil, puis M. Bar-
thou, ministre des travaux publics, etc.
Les visiteurs insistent pour être intro-
duits auprès du blessé, qui sur l'ordre des
médecins a dû s'aliter.
M. Mathieu Dreyfus, frère du comman-
dant, M. Dreyfus fils reçoivent les visi-
teurs qui se pressent dans le salon.
A tous on répond que le commandant
Dreyfus repose dans sa chambre, et que,
sur l'ordre des médecins qui ont pansé sa
blessure, le plus grand calme est prescrit
au commandant
Le frère du commandant, M. Mathieu
Dreyfus, a donné, on l'a vu d'autre part des
détails curieux sur la façon dont il s'est
saisi de l'auteur de l'attentat criminel. M.
Grégori. ,
M. Dreyfus, fils du* commandant, a d'autre
part déclaré :
— J'étais à quelques pas de mon père.
En entendant les détonations, je sautai
par-dessus un banc et me précipitai vers
lui.
n — Père, qu'as-tu.? demandai-je anxieu-
sement ?
» — Une ou deux balles dans le bras, me
répondit-il avec calme. Ne t'inquiète pas,
mon fils, ce n'est rien 1 »
— Votre père n'était nullement ému ?
lui demanda-t-on. ,
•— Monsieur, répondit le fils de Dreyfus,
avec noblesse, mon père, au cours de son
long martyre,, a appris le calme et la rési-
gnation. Il en a vu d'autres -et il ne peut
plus s'émouvoir facilement
La descente au tombeau
C'est pendant le défilé que le cercueil
d'Emile Zola a été descendu dans le caveau.
Le cercueil repose côte à côte avec celui
de Victor Hugo. Comme il est un peu grand,
on a dû faire appel à des ouvriers pour
élargir le caveau, qui contient onze places.
H reste donc encore neuf places inoccupées.
A la descente du cercueil assistaient une
quarantaine de personnes: Mme Emile Zola,
les enfants de l'écrivain, MM. Alfred Bru-
nèau, Fernand Dumoulin, le docteur La-
rat, Saint-Georges de Bouiiélier, Paul Brû-
la t, etc.
Lorsque le cercueil a été descendu, les
ouvriers ont immédiatement scellé la
pierre.
Nous commencerons prochainement
la publication de
CRUELLE TENDRESSE
roman inédit de
GASTON DERYS '1 J
Dans cette eouv-re, le jeune et brillant
écrivain traite l'éternel sentiment de la
jalousie dans l'amour sous un aspect
imprévu et avec un art des plus délicats.
Ce roman sera pour nos lectrices une
surprise et un attrait. *
LA VIE MILITAIRE
Ecole de Vincennes
Liste des sonsoUiciecs artimtw à prendre part aux
âïWBaves écrites :
Candidats du génie. - Gouvernement mflïîaîre de
Paris. — 1er régiment. — Cornet, Dumont, Lau-
rain, Mathieu, Monsel, MautallX, Vergez, Willemain.
6e régiment. — Alexandre, Barre, Boaqnin, Gallon,
Dubois {Eugène-Charles), Laugier, Levêque. Patxy,
Peillon, Séailte, Séron, Vienne, Xoch.
Bataillon de télégraphistes. — Bliqoaxd, Bonnet,.
Receveur..
Minlstèr» aes colmates (misslaa du Cameroun). —>
Lepoix.
Les cotnposîttons se resrozzt & l'Ecole du génie de
Versailles.
1er corps. 3a régiment. - AMrfn, Augé, Blot,
Dutools (Joseph-Arsène), Lisse, Loriot, Ragez.
Les compositions se Seront à l'Ecole du génieras. »
9e corps. — fie régiment. — B&anM. Mmen, Jo-
Tln, Levrand.
Les compositions se feront à ilecele du génie
d-* Angers.
Ke corps. — 4e régiment. - DdcSot, Dessert.
Hâutrive, Pradbon, Théodore.
Les compositions se teroat à FEeole da gÉnie de
orcnable.
15s corps. — Te régiment. - Baifcamrax. Gatb-
manti, Puullan.
Pour mémoire (détachés an Maroc). — Croona.
Gaby.
Les cannposmoas se fieront 4 rEeole du gignle cTA-
*lgnon.
16b corps. —' Se régtmeot. •— ATIaft-t, Amie, David,
Delibe*. Luee. Médrano. Blret. Bonge, Siret, Sou-
lage.
Les ertTTiposnioBâ se feront à rEccie da gâate de
Montpellier. ;
20e corps. — Sue bataMorL — Tîson.
Íæs eaispâxtnQOâ se feront à Escale da gttâe de
foui.
Candidats arautmt ermes. t— 5e corps. î--131*2ég.
tf'inf. — Mmief.
8e corps, — 95e reg.
Les composmonâ ce feront a riùcole da tuante fie
Versailles.
Liste des soas-orneters qat, «"l1t M déclaré ad-
missible. au concours de 1907, conservent le droit
de prendre part cette année aux examens oraux : »
Gonvermesmeut mlixtxlre de Paxis. - 5e génie» »—
Gasquet.
9e corps. — ee g-ftnle. —• Mam.
Me corps. —
15e corps. —,7s génie. — Guêrean.
16e corps. - Zoe géoia. - ErartxajoO. Garrigues,
Vergrtète.
20e corps. - Siïe hatacnon du renie. - Grafcde-
~14e corps. — 4e génie. — Juge.
LA MÂItmB *,
Promettons dans le corps tftt cmranissnriat de ta
marine. — Par décret, en date du 3 Jain. sont pro-
mus : au grade de commissaire en chef de première
classe, M. le commlisaire en chef de deuxième clas-
se Dupont ; au grade de commissaire en chef de
deuxième classe, M. le commissaire principal Gou-
bet ; au garde de commissaire principal, M. le coia-
missalre de première eJusse Thomas.
DRAME CONJUGAL 1
Depuis quelques semaines, un journalier,
Antoine Santerre, âgé de quarante-trois
ans, domicilié 97, rue de la Réunion, était
séparé de sa femme, qui avait loué un petit
logement 34, rue des Alouettes, à Belleville,
Hier, ver* midi, l'ouvrier rencontra soli
épouse à proximité de sa''demeure. Il lui
ordonna de réintégrer au plus vite le do-
micile-conjugal. Elle refusa. Alors, il sor-
tit un couteau de sa poche et,le lui plongea,
à deux reprises en pleine poitrine.
Mme Santerre, grièvement blessée, nt-
faissa en poussant des crispe couleur.
Les passants s'élancèrent à la poursuite
du mari meurtrier qui, tout en fuyant,
s'était frappé de deux coups de couteau
dans l'estomac. Il tomba enfin, épuisé. On
le transporta, ainsi que sa femme, dans
une pharmacie voisine, d'où ils furent con-
duits, en voiture d'ambulance, à l'hôpital
Saint-Louis. Leur état est grave.
M. Fagard, commissaire de pouce du
quartier d'Amérique, les a entendus dans
la soirée. Le mari déclara qu'il avait laissé
partir sa compagne à la suite de nombreu-
ses, scènes, mais que, jaloux, il n'avait pu
se faire à celle nouvelle existence et s'était
vengé.
1
INFORMATIONSI
LA TEMPÉRATURE
.., OBSERVATOIRE MUNICIPAL
La température la plus basse a été de 20°7 9
S h. 35 du matin : la plus haute de 300 à 3 heures
du soir.
Le vent a soufflé du sud-sad-est.
Probabilités : Nuageiuft Tendance orageuse. Tenn
pérature élevée. 1
r Diagrvfnme des observations
relevées a la Tour saint-Jacques 1
Qmaqum chutas de pluie se sont produites snu
sur l'ouest et le centre du continent ; en France
où quelque orages ont éclaté, on a recueilli 25 mm.
d'eau à Biarritz, 18 à Boulogne, 14 à Batle-Ile, 1 il
Dunkerque.
La température reste sensiblement la même daiM
toutes nos régions; le thermomètre marquait ce
martxi 17° à Brest, 21® à Lyon, 29® à Rouleaux es
à P&rïs. 23° A iiiee.
ART ET CURIOSITE
La vente Hélène Chauvin a été terminée
hier sur le total de 287,181 francs, et la
maîtresse de maison, probablement satis-
faite du résultat, a offert le Champagne aux
personnes présentes, délicate attention qui
a été fort goûtée. Dans cette dernière va-
cation, quatre statuettes du. vxnr siècle*
les Quatre Saisons, par P. Geenrits, ont fait
5,200 fI'_; un salon en aubusson Louis XVI*
4,800 £r.: un bure «il-cylindre époque fin
Louis XV, 5,500 fr. ; une tapisserie fla-
mande du xvnf siècle, b sujet mythologie
que, 24,000 fr- et une tenture d'Aubusson
du temps de Louis XV, comprenant plu*<
sieurs paxooeaxzx à sujets genre Watfeau, -
21^00 fr.
A rÈôtel Drouot, M" Gabriel Ci terminé
sa vente de timbres-poste sur le total de
66,259 francs. Lui aussi a compaii à la cha-
leur de l'assistance, et il 9, fait distribuer
des éventails. Cette bonne action lui a porté
bonheur, et il a obtenu pour plusieurs tim-
bres des prix très élevas. Un timbre dé 'la
Roumanie {1858), 81 para, bleu sur bleu, a
atteint 5.050 fr.; deux autres timbres de la
même émission, le 108 para, bleu sur rose,
et le 108)para. bleu sur bleu, 1,020 et 1,120
francs ; un bloc de timbres de Genève
(1843). 5 r, gros vert bleu, 1,850 fr.; deux
exemplaires du 4.0. noir et rouge de Vaud
(i849), 960 fr.; six du 2 1/2 rouge, hteu et
noir de Bâle (1845), 1,140 Ir., etc.
A la salLe 10, où M* Henri Baudoin pro-
cédait à la dispersion de la collection de
feu M. Poubelle, le Port de TroaviUe, par
Boudin, a été vendu 1,400 fr.; un Ruisseau
dans les rochers, par Courbet, 1,550 fr.; 1er
Pont Marie, V* Suùnt-JLouû, par Lépise^
1,500 fr..
Je rappeOe que M" Lafr-DUbreuU pro-^
ceds aujourd'hui, avec MM. Georges Petite
Pauîme et Lascpiin. salle 6, à la diapersion:
de la collection de, tableaux mofleraes etf
objets d'aijt de Mt dé Porto-Riche, qui y a
été si admirée depuis deux jours. - MA-
NUEL.
A la sa.:ttt\ Chauchat, 24, rue Chauchat
grand choix de meubles d'été. Chambra
pitchpin 150 fr, salon 150 fr, salle à man-t
° eèr lùmri H ciiôiie 250 fr- VTTKKS j
- Les ABcteaw - «• regîWBcrt d'infanterie ~a
rétœîTonl aajot»nrtml vendredi, à 9 h. du soir,
au siège de La Fédération des UnioN et SodéthIr,
Résriinifntaires. 19. rue des Bons-Kolanls.
HÉMORROÏDES -"
Peu de personnes ignorent quelle trista
infirmité constituent, les hémorroïdes, car
c'est une des affections les plus répandues ;
mais comme on n'aime pas à parler de ce
genre de souffrances, même à son médecin,
on sai(beaucoup moins qu'il existe un mé-
dicament, YElixir de Y ironie Dlyrdahl, qui -
les fait disparaître sans aucun danger. On
n'a qu'à écrire : Produits Nyrdahl, 20, rue.
de La Rochefoucauld, Paris, pour recevoir
franco la brochure explicative. On verrai
combien il est facile de se débarrasser de
la maladie la plus pénible et la plus dou-
loureuse. Le flacon : 4 fr. 50, franco.
Méfiez-vous des imitations 1 Il n'exista
qu'un seul Elixir de Virginie : il porte la
signatrare de garasse NyrdaJd*
FEUILLETON DU VJUIN
- 6 -' -
',
AUX BAT. D'AF.
GRAND ROMAN POPULAIRE
PAR
ARISTIDE BRUANT
j ; .', !in
lieutenant et joteux
(Suite)
= Oîi ï mon lieutenant, s'écria Pierre,
avec ûn accent de joie indicible.
- Grâcè à votre conduite irréprochable,
reprit Lejeune, il a été décidé que vous se-
riez envové dans un régiment régulier.
— Mon lieutenant, permettez que je vous
remercie "de toutes les bontés que vous 'avez
eues pour moi. ., v
— J'ai fait ce que jai dû. restime que
lorsque, nous autres officiers, nous nous
trouvons 'ici en face de coupables dont le
repentir est sincère, nous avons le devoir
de les encourager à persévérer dans le bien.
- Mop. lieutenant, je vous remercie en-
core du fond..du coeur. Et puisque vous me
témoignez tant d'indulgence, voulez-vous
me permettre.
- ,(JUof donc
f: - Cèst assez difficile à dire.- à vous
surtout mon lieutenant.
— ïîifin. qu'est-ce qp.e c'est, Morin.?
; ÎElxpliquez-vous.
- Mon lieutenant, j'ai peur.
— Comment, vous un soldat, vous avez
peur •?-"» < *
a — Cest-à-dire— non. je n'ai pas peusu.
f mais. le nouveau sergeiiC.
— Le .nouveau sergent ?
—, Oui, j'appréhende, j'ai dans l'idée que
son arrivée à la compagnie me sera .fu-
lleste. °
r --. Pourquoi ? *
l' - Parce qu'il y a une vieille histoire en-
1 tre nous.. - ,
J , 0- Uhe femme ?
I\* J - Mon lieutenants Cest plus grave en-.
il core..
',l' - Racontez-moi ça, MoriiL
l' — Eh bien, voilà, mon lieutenant A
Paris, un soir, dans un bar, on s'est cha-
maillé, le sergent et moi, parce qu'il m'a-
? vait bousculé ét qu'il n'avait pas voulu me
L demander pardon. Alors, il y a eu des gros
mots, presque des coups échangés.' Les
J Published June 5 th 1908. Privilege of-Copy-
* Ag ht in tile United States rtserved under the act
upproved March 3 rd 1»(15,; DI Aristide Bruant.
yradttqfloa réservée, ,-',:_-
Pi 7 ■ * ,. '.-"'ic
criants ont hué le sergent et le patron l'a
mis à la porte.
:-!.. Et Vous croyez que ce sous-officier
vous a reconnu ?
— Oui, mon lieutenant, j'en suis sûr !
- Et qu'il vous en veut ?-
- Hier, à l'exercice, j'ai bien vu qu*il
n'avait pas oublié.
• Le lieutenant avait pris un air grave,
préoccupé.
Pendant un instant, il .garda le silence.
Puis, se rapprochant de Morin, qui, du-
rant toute cette scène, était demeuré au
port d'arme, il lui dit, avec, un accent de
grande bonté :
— Montrez-vous très calme, très pa-
tient- Pour le reste, j'en fais mon affaire.
11 ne serait vraiment pas juste qu'un brave
garçon comme, vous reste ici, parce que le
sergent Thibaldi vient d'y arriver.
Le lieutenant Lejeune, quittant Morin, se
dirigeait vers Le camp, lorsque soudain il
se ravisa.
- Dites-moi, Morin, c'est pour une fem-
me que vous êtes au bataillon ?
— Mais-. hésita l'amant de la Pouliche-.
C'est-à-dire que. Oui, mon lieutenants
- Et c'est pour elle que vous avez volé ?
t - Volé !. Moi !. s écria Pierre, dont
les yeux s'allumèrent d'un éclair farouche.
.— Eh bien, qu'est-ce qui vous prend ?
—f Oui, mon lieutenant, fit le malheu-
reux garçon, dont la voix s'étranglait dans
la gorge. Oui. j'ai'volé. j'ai vo$.
— C'est votre maîtresse, n'est-ce pas, qui
vous y a poussé.
-r-* Oh 1 non, mon lieutenant pas ça*~»
'pas ça !.
— Si !. Je vous. connais. Je vous ni de-
viné. Vous n'êtes pas un malhonnête hom-
me. Je suis même sûr que vous êtes, au
fond, un très brave mur- Je vous porte
beaucoup d'intérêt, Morin. Aussi, promet-
tez-moi, jurez-moi,, qu'à votre retour en
France, vous ne reverrez jamais cette
femme.
■— Ça, mon lieutenant, je ne le pux pas.
Et puis, je vous assure que ce n'est pas à
cause d'elle que. Eh bien, oui. que j'ai
volé.
- Vous l'aimez 2
'- Oui !
Lejeune considéra un instant Pierre Mo-
rin très troublé. La figure du lieutenant
avait pris une expression de pitié pro-
fonde. Il s'éloigna en murmurant :
— Il est fichu !. C'est dommage !.
Morin s'en fut rejoindre les autres
Joyeux.
— Qu'est-ce qu'il te disait, le lieute-
nant. interrogea le Chacal.
— Il me disait que j'allais être yoyé
en France.
-:-. Pas possible, fit Mort aux Vaches-.
C'est ma frangine qui va être contente. Il
y a rudement longtemps que je n'en ai pas
reçu de nouvelles. Est-ce qu elle t'a écrit,
Pierre ?.
-, Oui, répondit celui-ci.
,.: Et elle»va bien ? •
- t— Elle va bien-.
«
- Et nousT demanda le Têtard, est-ce
qu'il t'a parlé de nous, Le lieutenant ?
Ma foi, non.
- Charogne ! Ça me ferait pourtant ru-
dement plaisir de retourner à la Chapelle !
Tout à coup, une voix sonore, quoique un
peu éraillée, vint interrompre la conver-
sation des quatre Joyeux.
— Tonnerre de Dieu ! à vos rangs !
C'était le sergent Thibaldi .qui s'apprêtait
à commander l'exercice.^ ,
- IX
T L'EXERCICE
Le bal allait commencer.
Sans se presser, les Joyeux se mettaient
sur deux rangs, en plein soleil, sous le re-
gard farouche de Thibaldi qui, avec une
joie âpre, sauvage, s'apprêtait à exercer
son métier de sous-off., qu'il confondait
si bien avec celui de geôlier. -
Garde à vous ! ordonna-t-il.
Mollement, les Joyeux prirent la posi-
tion commandée.
— Sale Corsico L. murmura Mort aux
Vaches, ça va barder !
— pu serait tout de même mieux sur la
place du Tertre, insinua le ChacaL
- Tu parles, grogna le Têtard.
— Silence dans les rangs, rugit Thibaldi,
dont l'accent corse faisait ressortir * encore
davantage la brutalité naturelle. Il
Et, se campant devant ses hommes, in-
solent, provocateur, l'œil rivé sur Morin,
il attaqua
- A droite, alignement !
.Les colides se levèrent. Et les Joyeux,
tournant la tête à droite, sans aucun en-
train, demeurèrent immobiles.
Au commandement de fixe, tous les bras
retombèrent dans le rang.
Quittant -pour un instant Morin du re-
gard, Thibaldi se dirigea vers le Têtard,
qu'il n'avait probablement pas encore re-
marqué, mais dont la tête hydrocéphalique
prenait sous les armes un caractère tout
spécialement comique.
— Regardez-moi donc cette grande
bourrique, fit le Corse. Et, s'adressant di-
rectement au Têtard, il ajouta, furieux,
agressif :
— Dites donc, vous, pourquoi n'avez-
vous p'as une tête comme les autres ? C'est
probablement pour faire le malin ! Eh
bien, mon garçon, ça ne prendra pas avec
moi, je vous avertis. Faudra changer, car
si vous continuez. je ne vous raterai pas.
je vous foutrai dedans.
Le Têtard, narquois, ne répondit pas.
Alors, se reculant un peu, Thibaldi lança :
— Numérotez-vous I
Ce fut épique.
Les numéros tombèrent 2
-- Un, deux, trois.
♦— Quatre ! fit le Chacal.
- Neuf ! continua le Têtard. *
- Quatre-vingt-treize ! vociféra Mort
aux Vaches.
Et la série continua jusqu'à la dernière
file..
Le Corse avait bondi.
L,
»
<— Ah ! vous vous foutez de moi, cria.-t-
iL Eh bien ! nous allons voir. Au temps 1
Cette fois, sans broncher, les Joyeux se
numérotèrent d'une façon régulière.
■— Garde à vous ! reprit Thibaldi. Por-
tez armes !
Le mouvement s'exécuta mollement et
sans précision. 1
Seul, Morin avait correctement manœu-
vré.
Alors, Thibaldi, rœil injecté, la mousta-
che hérissée sur la lèvre frémissante, vint
vers lui.
— Si vous continuez à manoeuvrer aussi
mal, hurla-t-il, je vais vous foutre dedans !
Puis, reprenant sa place, il commanda :
— Reposez armes.
Et toutes les crosses retombèrent les unes
après les autres.
— Les crosses ! s'écria Thibaldi.- Je ne
veux entendre qu'un seul coup. Je ne veux
pas entendre ce roulement. Nous allons re-
commencer. Et si vous faites les fortes tê-
tes, nous manœuvrerons en décomposant
Attention ! Portez-, armes !
» Mais c'est dégoûtant. Vous lé faites ex-
près. Eh bien, puisque vous le voulez,
nous allons décomposer. Au temps J »
Alors, sans se presser, le sergent se pro-
mena devant ses hommes, en ayant l'air'de
les narguer, les toisant les uns après les
autres, d'un regard haineux et moqueur 1
Et, se campant à nouveau devant sa sec-
tion, il jeta :
- En décomposant.- -Portez-- armes L
Un !
Contrairement à ce qu'ils avaient fait
jusqu'alors, les hommes exécutèrent ce
premier mouvement avec-assez d'ensemble.
Thibaldi tira de sa poche un journal
qu'il déploya, tout en se reculant un peu à
l'écart.
— Cinq minutes d'arrêt buffet ricana
Mort aux Vaches.
— Bon Dieu 1 quel plat I gémit le Tê-
tard.
— Orgeat, limonade, bière, bonbons aci-
dulés, miaula le Chacal.
+ Vaguement, le sergent avait entendu.
; -— Qu'est-ce que vous dites, vous ? fit-il,
en se précipitant vers le dernier qui avait
parlé.
— Pastille de menthe ! gouailla le Cha-
cal.
— Non de Dieu, hurla le sergent je vous,
défende de parler sops les armes. Ah ! vous
voulez plaisanter, m'es lascars. Je vous pré-
viens qu'avec moi ça ne prends pas ; je
vous foutrai tous dedans jusqu'à la gau-
che.
- Ta gueule, lança Mort aux Vaches.
- Vous dites ? fiL le sergent.
'— Rien 1
Et le sergent, de plus en plus irrité, com-
manda le second mouvement.
— Deux !
Les bras des hommes, visiblement fati-
gués, commençaient à trembler.
Morin, lui-même, malgré tous ses ef-
forts, s'énervait et ne manœuvrait plus
avec la même correction.
{oo-o, Morin I cria Thibaldi 1 toujours Mo-,
rin !_ Comment, vous ne savez pas encore
porter les armes L- Espèce de pignouf L-
Mais répondez-moi donc L-
Le poing tendu vers le Bat-d'ALJe sous-
officier attendait une insolence.
Mais, impassible, calme, grave, plein de
sang-froid, Morin dit simplement :
- Sergent, je ne vous répondrai pas.
■— Et moi, je vous foutrai dedans, cla-
ma Thibaldi. Ah I vous voulez crâner !_
Ici, nous ne sommes plus à Paris, au bou-
levard Clichy.
r- Saligaud I envoya Mort aux Vaches.
e— Cochon"l fit en écho le Têtard.
>— Hein ! rugit le Corse, vous m'insultez !
'- Y a pas de témoins, déclara Mort aux
Vaches.
— Il n'y a que des Joyeux, conclut le
Chacal.
Désarmé par cette réponse aussi logique
que péremptoire, le sergent s'éloigna de sa
section, tout en foudroyant du regard ceux
qui venaient de se moquer de lui aussi im-
punément, mais qu'il se promettait bien de
retrouver plus tard.
La chaleur devenait de plus en plus ac-
cablante. J
Thibaldi lui-même en ressentait les pé-
nibles effets.
Il suait à grosses gouttes. Et, tirant de sa
poche un grand mouchoir à carreaux pour
s'en essuyer le front il murmura :
- Quelle chaleur 1 Ça bout !
Puis, prenant un pliant, oublié devant
une tente d'officier, il vint s'asseoir, front,
à ses hommes, en ricanant :
Adèle J
T'es belle,
J'en pince pour tes gros aldIicIœ
T'es blonde !_ •
l'es ronda
Reprenant le ton du commandement il
gueula :
■— Trois I s
Cette fois, les hommes, éreintés par cette
immobilité, par cette chaleur de plomb,
jointe au poids du sac chargé réglementai-
rement qu'il avaient sur les épaules, lais-
sèrent tomber leurs bras avec une noncha-
lance bien excusable. -
Alors, sans quitter le pliant sur lequel
il s'était affalé, et s'éventant la figure avec
son mouchoir, le sous-on cria :
— Morin! Encore Morin! Toujours en
retard. Cette fois, nom de Dieu 1 vous au-
rez quatre jours.
A ce moment une voix sonore, métalli-
que, vibra :
a- Et vous, sergent, vous en aurez huit
pour vous être assis en commandant l'exer-
cice.
Sursautant, faisapt demi-tour, Thibaldi
se retrouva, les talons joints, au port d'ar-
mes, en face du lieutenant Lejeune qui, si-
lencieusement, derrière lui, et sans qu'il
s'en doutât, l'observait depuis quelques
instants.
Les Joyeux eurent toutes les peines du
monde à contenir leur satisfaction.
La grosse bobine du Têtard vacilla de
bonheur sur ses épaules.
Le Chacal esquissa un sourire moqueur,,
Et sans la présence de l'officier, le frèrô
de la Pouliche, dans sa joie, se fût certai-f1
nement écrié : ;
— Mort aux vaches!
Mais il se contint.
Puis, lorsque le lieutenant Lejeune eut
donné rordre à Thibaldi de faire rompre;
les hommes se hâtèrent de déguerpir, non
sans avoir discrètement taillé quelques ba-
sanes et envoyé plusieurs pieds-de-nez à
redresse de leur pied-de-banc. 4
Thibaldi allait suivre ses hommes. l
— Restez, ordonna Lejeune.
Le Corse était soumis envers ses chefj
autant qu'il était insolent envers ses subor.
donnés..
Il demeura cloué sur place.
— Sergent Thibaldi, commença roffièier.
savez-vous à qui vous commandez, ici ?
- Oui, mon lieutenant, répondit le Cor.
se, je commande à des condamnés de droit
commun.
—. C'est juste 1 observa Lejeune. Et je
vois que vous connaissez les règlements, *^
Mais, dites- moi, sergent, savez-vous pour-
qvToi on a envoyé ces gens aux bataillons
d'Afrique ?
- Mais, mon lieutenant, parce que c'est
de la fripouille, qui ne doit pas servir dans
des régiments réguliers.
— Et, selon vous, n'est-ce pas, c'est une
raison pour les traiter sévèrement dure-
ment pour leur rendre l'existence dou-
loureuse en s'enorçant d'aggraver leur sîh
[nation pour les envoyer à Biribi et dans
les pénitenciers militaires, où ils sont trai-
tés encore plus durement qu'ici ; en les
prenant à chaque instant en faute, en les
y mettant au besoin. C'est bien votre avis"
sergent ?
— Parfaitement, mon lieutenant
- Ce n est pas le mien, lit Lejeune aveG
autorité. Et j'estime, au contraire, qu'au
lieu d'encourager les révoltes, au lieu de
provoquer les colères, au lieu de mettre du
feu sur les blessures, notre rôle, notre de-
voir, à nous les; chefs, serait de nous faira
aimer de ces malheureux, pour les'rame- ,
ner. pour les sauver- Et je considérerais
la tâche accomplie, si, au lieu de précipi-
ter ces hommes dans l'enfer de Biribi, noua
en faisions de braves gens dignes d'être ra.
patriés en France-
Une voix de rogomme vint interrompra
le discours du jeune officier, qui n'avait
d'ailleurs, produit aucune impression sur
la brute à laquelle il s'adressait !
Un capitaine, à la figure rarvagée, au teinS
de brique, aux cheveux blancs coupés en
brosse, aux sourcils en broussailles, à la
moustache grise, forte et tombante, le dol-
man déboutonné, les jambes arquées efHa
képi posé sur le coin de la tête, parut, tout
en vociférant :
— Bougres de cochons! qui gaspillent
l'eau p-otable pour laver leurs chaussettes
russes. Sergent, vous allez me foutre tous
ces saligauds à la grosse. Tonnerre de
Dieu !.
C'était le capitaine Bermer qui rentrait
au csamp. ;
(A suivre J i
N ",
TS~CN~
~«asF -
•*% *
Louis-Anthekne Grégori passe pour un
'exalté dans les milieux où il fréquente : il
Collaborait, assez irrégulièrement d'ail-
leurs, à la France militaire et au Gaulois.
Né dé parente italiens, mais naturalisé
Français, Grégori fut mêlé à une foule
d'histoires plus ou moins louches, qui lui
valurent un certain nombre de comparu-
tiens devant les tribunaux.
Il habitait, depuis quatre ans, rue de Vil-
le jus t, 44, dans un appartement du deuxiè-
me étage, et dont le bail est au nom de Mme
Gros, sa sœur. Il y a quelques jours, Gré-
gori avait envoyé celle-ci à la campagne : il
menait une existence assez tranquille, sor-
tant le matin, vers neuf heures, pour ne
rentrer régulièrement qu'à la nuit, aux en-
virons de huit heures. A l'occasion de la cé-
rémonie du Panthéon, Loui- - Grégori était
sorti une heure plus tôt que d'habitude, et
avait demandé au concierge s'il n'avait pas
de lettres à son adresse. La réponse, néga-
tive, avait paru le contrarier vivement- et
il était parti le visagê sOffibfte. l'air assom-
bri, très ennuyé et nerveux. •>
On assure qué Grégori aurait été déjà
atteint, à plusieurs reprises, d'accès d'alié-
nation mentale ; il y a quelque temps, à la
suite d'uhe de ses crises, il avait dû entrer
dans ,ÛI).& maison de santé spéciale, où les
médecins qui le soignèrent ne l'auraient
laissé sortir qu'après de Uxngaes hésita-
tions.,
A côté" fie ces premiers renseignements
recueillis à la hâte, la préfecture de po-
lice fournit sur Louis Grégûri, dit « Gre-
gor », les détails suivants recueillis par
;3tf. Mou
coes : #
Syndic de FAssoctatîma de ta presse mi-
litaire,, polJkaboraiit à diverses publications
militaires et au journal ú Gaulois, Louis-
Anthelme Grégori était connu aussi com-
me financier, homme cTaiTairea peu inté-
ressant ayant participé à diverses malveas-
sations dont le banquier Mary-Reynaud,
d'illustre mémoire, s'est rendu coupable—
On Sa montre fort étonné rue de Ville-
5ust de l'acte de Grégori. De son côté* M.
Arthur Meyer. directeur du Gantois, in-
.terviéle.au mjet de son collaboratear. a
fait les déclarations suivantes :
— Xai été très surpris, vous le pensez
bien, "djît le directeur du Gaulois, lorsque
:j'ai appris tout à l'heure, en rentrant de
promenade, que Grégori venait de tirer
deux coups «a revolver sur IL Alfred
Dreyfus.
— Quelle opicootï avdz-voru3 de .votre
collaborateur ?
Une extreOmîe optnîtm. n était de-
puis long^'imps chargé au Gaulois du grand
reportage militaire, et je n'ai jamais eu
qu'à me féliciter de sa collaboration.
— Que pensez-vous de son caractère ?
- sais qu'il étant un patriote fervent,
mêmç exalté. H remplissait ses fonctions
de syndic de la presse militaire française
avec un zèle et un remarqua-
bles. Pour toutes ces raisons, j'avais pour
lui une profonde estime.
— Yous savez que X a déclaré
qu'il vous avait donné -verbalement sa dé-
mission de collaborateur du Gaulois, et
qu'il avait rinteoition da ta. ormfhnrter par
Mcrit ?
—. Jamais M- GrCgort rre m'atiraît fait
part de cette intention. , Depuis quelques
:jours néanmoins il venait 'moins assidû-
ment au Gaulois, mais nul ne s'en étonnait
sachant qu'iL^vait perdu tout récemment
sa mère èt qu'il 811 atvaii été très affecta.
*
? Terrible éahizufïb tirée
Le premier interrogatoire cTîdçntïtê est
terminé dépura longtemps,. et l'on s'étonne
dans la foule, de plus en plus surexcitée,
que le meurtrier ne soit point extrait en-
core dujwste du Panthéon pour être diI-lgé
!sur lé Dépôt, gomme la nouvelle s'en est
répandue.
Des agents en bourgeois réquisitionnent
un fiacre, qui, sur Tordre de M. Mouquin,
va se ranger, capote soigneusement baissée,
devant une petite porte, derrière* la mairie..
C'est par là que l'on va faire « échapper »
Grégori ; mais la ruse est bientôt éventée,
et comme des manifestants entourent ce
nacre, des charges violentes sont opérées,
qui déblaient nettement la place.
On tente alors de ramener le frêle véhi-
cule aux abords du poste. Voici MM. Mon-
nier et Albanel qui sortent de la mairie au
milieu de la curiosité générale et sont l'ob-
jet d'une ovation : * Faut pas le tacher 1 »
i crient les unis. « On -.ua le L- à. l'eau 1 » hur-
lent les autres.
Il est un peu plus de mîcn. Soudain, les.
gardés républicain* massés devant la gran-
de porte de l'édifice s'écartent pour livrer
passage à un groupe de sis agents de la
Sûreté générale et de huit gardiens de la
ipaix, au milieu desquels se Ment, livide,
!<ïrégori, l'auteur de l'attentat.
_: Une immense clameur salue rapparitidu
du prisonnier que l'on jette à la hâte dans
le fiacre. En vain, Gregori avait demandé
qu'on lui rendît son chapeau et sa cravate :
« Je vous assure que ces gens vont me
prendre pour un malfaiteur.- » disait-iL
Mais on n'avait pas tenu compte de cette
réclamation.
A peine installé dans le véhicule,-que
l'on cherche à culbuter aux cris de : « A
mort 1 Assassin 1 Vive Zola I Vive la Répu-
blique 1 » Grégori reçoit encore une série
de coups de canne; mais à ce moment les
a réserves » exécutent une charge terrine,
au cours de laquelle de nombreux mani-
festants tombent la nuque ou la face rou-
gies de sang.-
Une course échevelée s'organise alors
derrière la voiture qui file à toute allure
vers le Dépôt. Mais, au milieu de la rue
Soufflot, une contré-manifestatian s'orga-
nise aux cris de : « Vive l'armée 1 A bas
Zola ! Vive la République 1 La colite. hou 1
hou ! a
Nouveaux coups de canne, nouvelles
charges. Six gardiens de la paix traînent
vers le poste un étudiant aux cheveux cré-
pas qui leur oppose une résistance déses-
pérée ; ils le traitent lamentablement sur
le pavé, ce qui provoque les protestations
des habitants du voisinage massés sur leurs
balcons. Plusieurs de ces habitants, qui
traitent les agents de a brutes » et d'as-
sassins, sont convoqués au poste, où on
leur apprend qu'ils seront l'objet de pour-
suites.
An Dépôt
Enfin,. après maints ballottages, le fiacre
de Grégori, toujours conspué, arrive en M-
sez bon état dans la cour du Dépôt: il est
midi cinquante. Comme le prisonnier Se
trouve sous mandat signé de M. Albanel,
juge d'instruction, les fonctionnaires du
Dépôt et de la Permanence refusant-de le
recevoir. Force est donc de conduire Gré-
gori à la « Souricière » par le « souter-
rain » de la Sainte-ChapeUc." Mais les
agents, les municipaux et les Inspecteurs
préposés à la garde de l'auteur de l'atten-
tat estiment que Grégori est par trop es-
cortée. ils s'éparpillent et bientôt l'hom-
me au revolver disparaît au milieu d'un
groupe de « bourgeois » d'où il pourrait
s'éclipser assez facilement
■— Et d'abord, où est-il, le prisonnier,
c'est vous ? dit un des fonctionnaires du
Dépôt, s'adressant à un agent des brigadea
Il en bourgeois » qui accompagna Grégori.
Enfin, on s'entend sur la personne, et l'un
des surveillants, après avoir déclaré qtte
a tout cela n'est pas régulier cousant à
accepter le prisonnier.
Devant le juge
Grégori ne demeura (Tailleurs pas long-
temps à la « Souricière a ; quelques ins-
tants après cet incident, où, pour un pe6,
on l'eût relâché sous prétexte « d'irrégula-
rité dans la procédure », il était conduit au
cabinet de M. Albanel, juge d'instruction.
Interrogé sommairement sur les raisons
qui ravalent poussé à titer sur le comman-
dant Dreyfus, le prisonnier répondit :
— C'est dans un moment d'énervement,
et en présence de tant d'honneurs rendus
à un individu que je considérais comme in-
digne, que j'ai accompli mon acte.
Après cette déclaration, Grégori a été
mis au secret sur l'ordre du juge d'instruc-
tion, qui procéda ensuite à l'audition des
principaux témoins de l'attentat du Pan- ,'
tbéOŒL
"', M. Mathieu Dreyfus
M. Albanel reçoit tout d'abord la déposi-
tion de M. Mathieu Dreyfus. Le témoin ne
peut affirmer si son frère a été atteint par
le premier ou le second projectile. Il croit
cependant que c'est ce dernier qui a porté.
M. Mathieu Dreyfus déclare qu'il a en-
tendu un coup de feu. 11 a aussitôt détourné
la tête et a aperçu un homme qui brandis-
sait un revoter. Il s'est élancé vers lui
pour le désarmer. *
— Malheureux 1 s'est-il écrié. Votre ar-
me était-elle charge ?
— Non, répondit linconnu..
— A ce moment, ajoute 'M. Mathieu
Dreyfus, j'ai vu que mon frère était blessé
au bras. Je n'ai pas lâché le meurtrier,
mais je l'ai de mon mieux protégé contce
la fureur des assistants, qui voulaient l'é-
charper. M. Albert Clemenceau m'a aidé
dans cette difficile besogne. Puis,, les poli-
ciers étant arrivés, je les ai laissés s'occu-
per du prisonnier et, avec M* Demange, qui
m'avait rejoint, je me suis empressé aur
près de mon frère.
1.1 lUne confrontation
Cependant M. Albanel donne ordre (rin-
troduire Grégori, qu'assiste son défenseur,
M* Decugis, et procède à une rapide con-
frontation entre le meurtrier et le témoin.
*
- M, Mathieu Dreyfus reproche avec véhé-
mence à l'inculpe devoir voulu tuer son
frère. ', ..-,
— Pourquoi m'avez-voûs dit Que votre
arate'n'était pas chargée ? Vous mentiez.
Vois voûtiez tuer mon frère ? Pourquoi,?
-L Je ne voulais pas le tuer, répond Gré-
gori, mais simplement lui faire une ér£-
fiure. J j.
Et fi répète la déclaration qu'il avait
déjà faite au poste du Panthéon, à savoir
qu i! a visé le dreyfusisme, non Dreyfus, et
qu'il à voulu seulement protester contre
mrlë* cérémonie où la France entière voit
une insulte à son patriotisme.
Il poursuit en déclarant qu'il n'appar-
tient à aucun -parti politiques qu'il a agi
seulement eommjs militariste (tic) et com-
me écrivain militaire.
Ses déclarations terminées, et comme lec-
ture lui en est faite et qu'il est invité à ap-
poser sa signature au bas du procès-ver-
bal : *
- Soit, fait-il, mais je n'ai pas mangé
depuis ce matin. La faim et la chaleur
m'ont affaibli et je ne me rends pas en-
tièrement compte de la portée de mes dé-
clarations. Il est probable que je les mo-
difierai au cours de mon prochain inter-
rogatoire.. -
Sous ces réserves, Grégori ne refuse pas
sa signature. D est ensuite conduite la
Santé, oà)el a été écroué sous l'inculpation
de tentScve d'homicide volontaire avec
préméditation sur la personne du comman-
dant Dreyfus. -
L$, juge (Pïnstrmtim entend ensuite
trois ou quatre témoins, notamment M.
Mouquin, directeur général des recherches.
Celui-ci fait une déposition dont les ter-
mes rappellent telle de M. Mathieu Drey-
fus. Lui aussi a entendu les détonations,
a vu l'homme brandissant son revolver,
s'est élancé sur le meurtrier et a dû avant
tout le protéger contre les violences des
assistante t
M. Mouqttîn ne sait pas de façon précise
si le commandant Dreyfus a été blessé par
la première ou la seconde balla.. Comme
M. Mathieu Dreyfus, il penche pour la
seconde balle. La première serait celle
qu'on a retrouvée à quelque distance du
lieu de l'attentat dans un massif de fleurs
et qui a été saisie et rémise à M. AlbaneL
D'ailleora, celle-ci a dû érafler le vête-
ment du. commandant M. Mouquin a cru
distinguer à l'épaule droite des traces pro-
duites par le passage de la balle. On ne
sera fixé sur ce point qu'ultérieurement,
car Ib vêtement est sous. scellés et sera
examiné.
Après M. Mottquîn, les antres témoins
viennent redire la même chose. A les en-
tendre, ils Ont tous désarmé le meurtrier.
Leur audition ne dure que quelques minu-
tes.
M. Aîbamel, avant de quitter le Palais,
commet les docteurs Pozzi et Balthazar
pourvisitef le blessé, et M. Gastinne-Re-
nette pour examiner le revolver.. Un qrpert
architecte, M. Dumas, fournira un rapport
sur les circonstances topographiques de
l'aftental.
t
Les lettres d'un général 1
Le magistrat adresse aussi une commis-
sion rogatoire au Parquet de Pontoise à
l'effet de procéder à une perquisition dans
la'vHia Yvonne, à Pawnain (Seine-et-Oise),
où, von le sait, Grégori à sem domicile parti-
culier. »
Au moment de son arrestation, le meur-
trier a déclaré qu'il avait dans son porte-
feuille une lettre que lui avait écrite un
général et qu'il en ^possédait d'autres chez
lui. La première a bien été retrouvée ; la
perquisition a pour objet de faire saisir
les autres. <
ReconstItution de ¥ aidentat
Un peu après trois heures de l'après-
midi, le procureur de la République et le
juge d'instruction, requis au moment
juge'
même de la cérémonie à laquelle il assisr
tait officiellement retournaient au Pan-
théon — fprmé au public — et procédaient,
en présence de quelques témoins immé-
diats, à la reconstitution de- la "scène de
l'attentat. M* Démangé, ancien avocat dé
Dreyfus, assistait également à cette opé-
ration nécessaire."
*
Les témoins déclarèrent a l'unanimité
que les deux coups de feu furent tirés à
l'instant précis où le commandant Dreyfus
se disposait à suivre le cortège, derrière
Mme Zola.
C'est au moment où il se levait que Gré-
gori, survenant brusquement par derrière,
et se faufilant dans les groupes, dirigea
son arme dans la direction de la poitrine.
La première balle transperça l'avant-
bras droit; l'intervention des assistants fit
dévier le revolver; le second projectile s'é-
tait perdu Au pied de l'estrade, où l'un des
assistants l'a retrouvé et restitué au juge
d'instruction, qui pourrait en avoir besoin
comme pièce à conviction.
Le commandant, se retournant après la
première détonation, a vu la flamme du
second coup jaillir du canon du revolver
braque sur sa poitrine. A ce moment-là,
Grégori, qui avait été refoulé par un voi-
sin, se trouvait un peu plus loin d'Alfred
Dreyfus et le visait manifestement en lui
disant : a Tiens ! tiens 1 »
L'examen radiographique de la blessure
du commandant par le professeur Pozzi a
démontre qu'elle n'avait aucun caractère
inquiétant.
> Cinq cents arrestations
Cest particulièrement aux abords de la
rue Saint-Jacques, rue Soufflot et à rangle
du boulevard Saint-Michel, que les mani-
festations ont été marquées par des scènes
de violences, sûmes de bagarres et d'arres-
tations.
Des pamphlets, des placards, des cartes
postales, admirés par les uns, furent déchi-
rés ou brûlés par les autres. On se battait un
peu sur tous les points ; le terre-plein de la
gare de Sceaux fut vers onze heures, le
théâtre d'une grave échauffourée entre les
manifestants et les gardiens de la paix du
quatorzième arrondissement. Les « muni-
cipaux » à pied et à cheval, de même que
les agents, reçurent force horions ; il y eut
parmi ces défenseurs de l'ordre, de nom-
breux blessés ; par contre, le bilan des ar-
restations opérées de neuf heures du ma-
tin à huit heures du soir, au milieu de l'a-
gitation constante, se traduit par cinq cents
arrestations : fort peu seront maintenues.
Durant toute la soirée, le quartier Latin
a gardé l'aspect de la plus vive animation,
mais on n'y signalait aucun nouvel incident
- Aumauu DUPIN.
CHEZ LE COMMAHom DREYFUS
Le commandant Dreyfus, aussitôt recon-
duit chez lui, s'est alité, et sur l'ordre des
médecins a consigné la porte de sa ebam-
oee.
En effet le professeur Pozzi et le doc-
teur Léon Bernard, médecin de la famille,
ont rédigé le bulletin suivant, qui avait été
déposé dans la loge du concierge et où las
amis de la famille Dreyfus peuvent en
prendre connaissance :
La balle de revolver a pénétré profondément
dans l'avant-bras droit mais sans atteindre les
os.
os Le blessé est parMtemcnt ealme ; pas de
fièvre.
1 Un repos complet est nécessaire.
Jeudi 4 juin. il h. 1/2.
Professeur PMzL
D' LÉON Reknjuuj.
De nombreux visiteurs se sont présen-
tés aù domicile du commandant
Parmi les premiers arrivés, il faut citer
M. Picquart- ministre de la guerre; M.
Thomson, ministre de la marine; le repré-
sentant du Président de la République, ce-
lui du président du conseil, puis M. Bar-
thou, ministre des travaux publics, etc.
Les visiteurs insistent pour être intro-
duits auprès du blessé, qui sur l'ordre des
médecins a dû s'aliter.
M. Mathieu Dreyfus, frère du comman-
dant, M. Dreyfus fils reçoivent les visi-
teurs qui se pressent dans le salon.
A tous on répond que le commandant
Dreyfus repose dans sa chambre, et que,
sur l'ordre des médecins qui ont pansé sa
blessure, le plus grand calme est prescrit
au commandant
Le frère du commandant, M. Mathieu
Dreyfus, a donné, on l'a vu d'autre part des
détails curieux sur la façon dont il s'est
saisi de l'auteur de l'attentat criminel. M.
Grégori. ,
M. Dreyfus, fils du* commandant, a d'autre
part déclaré :
— J'étais à quelques pas de mon père.
En entendant les détonations, je sautai
par-dessus un banc et me précipitai vers
lui.
n — Père, qu'as-tu.? demandai-je anxieu-
sement ?
» — Une ou deux balles dans le bras, me
répondit-il avec calme. Ne t'inquiète pas,
mon fils, ce n'est rien 1 »
— Votre père n'était nullement ému ?
lui demanda-t-on. ,
•— Monsieur, répondit le fils de Dreyfus,
avec noblesse, mon père, au cours de son
long martyre,, a appris le calme et la rési-
gnation. Il en a vu d'autres -et il ne peut
plus s'émouvoir facilement
La descente au tombeau
C'est pendant le défilé que le cercueil
d'Emile Zola a été descendu dans le caveau.
Le cercueil repose côte à côte avec celui
de Victor Hugo. Comme il est un peu grand,
on a dû faire appel à des ouvriers pour
élargir le caveau, qui contient onze places.
H reste donc encore neuf places inoccupées.
A la descente du cercueil assistaient une
quarantaine de personnes: Mme Emile Zola,
les enfants de l'écrivain, MM. Alfred Bru-
nèau, Fernand Dumoulin, le docteur La-
rat, Saint-Georges de Bouiiélier, Paul Brû-
la t, etc.
Lorsque le cercueil a été descendu, les
ouvriers ont immédiatement scellé la
pierre.
Nous commencerons prochainement
la publication de
CRUELLE TENDRESSE
roman inédit de
GASTON DERYS '1 J
Dans cette eouv-re, le jeune et brillant
écrivain traite l'éternel sentiment de la
jalousie dans l'amour sous un aspect
imprévu et avec un art des plus délicats.
Ce roman sera pour nos lectrices une
surprise et un attrait. *
LA VIE MILITAIRE
Ecole de Vincennes
Liste des sonsoUiciecs artimtw à prendre part aux
âïWBaves écrites :
Candidats du génie. - Gouvernement mflïîaîre de
Paris. — 1er régiment. — Cornet, Dumont, Lau-
rain, Mathieu, Monsel, MautallX, Vergez, Willemain.
6e régiment. — Alexandre, Barre, Boaqnin, Gallon,
Dubois {Eugène-Charles), Laugier, Levêque. Patxy,
Peillon, Séailte, Séron, Vienne, Xoch.
Bataillon de télégraphistes. — Bliqoaxd, Bonnet,.
Receveur..
Minlstèr» aes colmates (misslaa du Cameroun). —>
Lepoix.
Les cotnposîttons se resrozzt & l'Ecole du génie de
Versailles.
1er corps. 3a régiment. - AMrfn, Augé, Blot,
Dutools (Joseph-Arsène), Lisse, Loriot, Ragez.
Les compositions se Seront à l'Ecole du génie
9e corps. — fie régiment. — B&anM. Mmen, Jo-
Tln, Levrand.
Les compositions se feront à ilecele du génie
d-* Angers.
Ke corps. — 4e régiment. - DdcSot, Dessert.
Hâutrive, Pradbon, Théodore.
Les compositions se teroat à FEeole da gÉnie de
orcnable.
15s corps. — Te régiment. - Baifcamrax. Gatb-
manti, Puullan.
Pour mémoire (détachés an Maroc). — Croona.
Gaby.
Les cannposmoas se fieront 4 rEeole du gignle cTA-
*lgnon.
16b corps. —' Se régtmeot. •— ATIaft-t, Amie, David,
Delibe*. Luee. Médrano. Blret. Bonge, Siret, Sou-
lage.
Les ertTTiposnioBâ se feront à rEccie da gâate de
Montpellier. ;
20e corps. — Sue bataMorL — Tîson.
Íæs eaispâxtnQOâ se feront à Escale da gttâe de
foui.
Candidats arautmt ermes. t— 5e corps. î--131*2ég.
tf'inf. — Mmief.
8e corps, — 95e reg.
Les composmonâ ce feront a riùcole da tuante fie
Versailles.
Liste des soas-orneters qat, «"l1t M déclaré ad-
missible. au concours de 1907, conservent le droit
de prendre part cette année aux examens oraux : »
Gonvermesmeut mlixtxlre de Paxis. - 5e génie» »—
Gasquet.
9e corps. — ee g-ftnle. —• Mam.
Me corps. —
15e corps. —,7s génie. — Guêrean.
16e corps. - Zoe géoia. - ErartxajoO. Garrigues,
Vergrtète.
20e corps. - Siïe hatacnon du renie. - Grafcde-
~14e corps. — 4e génie. — Juge.
LA MÂItmB *,
Promettons dans le corps tftt cmranissnriat de ta
marine. — Par décret, en date du 3 Jain. sont pro-
mus : au grade de commissaire en chef de première
classe, M. le commlisaire en chef de deuxième clas-
se Dupont ; au grade de commissaire en chef de
deuxième classe, M. le commissaire principal Gou-
bet ; au garde de commissaire principal, M. le coia-
missalre de première eJusse Thomas.
DRAME CONJUGAL 1
Depuis quelques semaines, un journalier,
Antoine Santerre, âgé de quarante-trois
ans, domicilié 97, rue de la Réunion, était
séparé de sa femme, qui avait loué un petit
logement 34, rue des Alouettes, à Belleville,
Hier, ver* midi, l'ouvrier rencontra soli
épouse à proximité de sa''demeure. Il lui
ordonna de réintégrer au plus vite le do-
micile-conjugal. Elle refusa. Alors, il sor-
tit un couteau de sa poche et,le lui plongea,
à deux reprises en pleine poitrine.
Mme Santerre, grièvement blessée, nt-
faissa en poussant des crispe couleur.
Les passants s'élancèrent à la poursuite
du mari meurtrier qui, tout en fuyant,
s'était frappé de deux coups de couteau
dans l'estomac. Il tomba enfin, épuisé. On
le transporta, ainsi que sa femme, dans
une pharmacie voisine, d'où ils furent con-
duits, en voiture d'ambulance, à l'hôpital
Saint-Louis. Leur état est grave.
M. Fagard, commissaire de pouce du
quartier d'Amérique, les a entendus dans
la soirée. Le mari déclara qu'il avait laissé
partir sa compagne à la suite de nombreu-
ses, scènes, mais que, jaloux, il n'avait pu
se faire à celle nouvelle existence et s'était
vengé.
1
INFORMATIONSI
LA TEMPÉRATURE
.., OBSERVATOIRE MUNICIPAL
La température la plus basse a été de 20°7 9
S h. 35 du matin : la plus haute de 300 à 3 heures
du soir.
Le vent a soufflé du sud-sad-est.
Probabilités : Nuageiuft Tendance orageuse. Tenn
pérature élevée. 1
r Diagrvfnme des observations
relevées a la Tour saint-Jacques 1
Qmaqum chutas de pluie se sont produites snu
sur l'ouest et le centre du continent ; en France
où quelque orages ont éclaté, on a recueilli 25 mm.
d'eau à Biarritz, 18 à Boulogne, 14 à Batle-Ile, 1 il
Dunkerque.
La température reste sensiblement la même daiM
toutes nos régions; le thermomètre marquait ce
martxi 17° à Brest, 21® à Lyon, 29® à Rouleaux es
à P&rïs. 23° A iiiee.
ART ET CURIOSITE
La vente Hélène Chauvin a été terminée
hier sur le total de 287,181 francs, et la
maîtresse de maison, probablement satis-
faite du résultat, a offert le Champagne aux
personnes présentes, délicate attention qui
a été fort goûtée. Dans cette dernière va-
cation, quatre statuettes du. vxnr siècle*
les Quatre Saisons, par P. Geenrits, ont fait
5,200 fI'_; un salon en aubusson Louis XVI*
4,800 £r.: un bure «il-cylindre époque fin
Louis XV, 5,500 fr. ; une tapisserie fla-
mande du xvnf siècle, b sujet mythologie
que, 24,000 fr- et une tenture d'Aubusson
du temps de Louis XV, comprenant plu*<
sieurs paxooeaxzx à sujets genre Watfeau, -
21^00 fr.
A rÈôtel Drouot, M" Gabriel Ci terminé
sa vente de timbres-poste sur le total de
66,259 francs. Lui aussi a compaii à la cha-
leur de l'assistance, et il 9, fait distribuer
des éventails. Cette bonne action lui a porté
bonheur, et il a obtenu pour plusieurs tim-
bres des prix très élevas. Un timbre dé 'la
Roumanie {1858), 81 para, bleu sur bleu, a
atteint 5.050 fr.; deux autres timbres de la
même émission, le 108 para, bleu sur rose,
et le 108)para. bleu sur bleu, 1,020 et 1,120
francs ; un bloc de timbres de Genève
(1843). 5 r, gros vert bleu, 1,850 fr.; deux
exemplaires du 4.0. noir et rouge de Vaud
(i849), 960 fr.; six du 2 1/2 rouge, hteu et
noir de Bâle (1845), 1,140 Ir., etc.
A la salLe 10, où M* Henri Baudoin pro-
cédait à la dispersion de la collection de
feu M. Poubelle, le Port de TroaviUe, par
Boudin, a été vendu 1,400 fr.; un Ruisseau
dans les rochers, par Courbet, 1,550 fr.; 1er
Pont Marie, V* Suùnt-JLouû, par Lépise^
1,500 fr..
Je rappeOe que M" Lafr-DUbreuU pro-^
ceds aujourd'hui, avec MM. Georges Petite
Pauîme et Lascpiin. salle 6, à la diapersion:
de la collection de, tableaux mofleraes etf
objets d'aijt de Mt dé Porto-Riche, qui y a
été si admirée depuis deux jours. - MA-
NUEL.
A la sa.:ttt\ Chauchat, 24, rue Chauchat
grand choix de meubles d'été. Chambra
pitchpin 150 fr, salon 150 fr, salle à man-t
° eèr lùmri H ciiôiie 250 fr- VTTKKS j
- Les ABcteaw - «• regîWBcrt d'infanterie ~a
rétœîTonl aajot»nrtml vendredi, à 9 h. du soir,
au siège de La Fédération des UnioN et SodéthIr,
Résriinifntaires. 19. rue des Bons-Kolanls.
HÉMORROÏDES -"
Peu de personnes ignorent quelle trista
infirmité constituent, les hémorroïdes, car
c'est une des affections les plus répandues ;
mais comme on n'aime pas à parler de ce
genre de souffrances, même à son médecin,
on sai(beaucoup moins qu'il existe un mé-
dicament, YElixir de Y ironie Dlyrdahl, qui -
les fait disparaître sans aucun danger. On
n'a qu'à écrire : Produits Nyrdahl, 20, rue.
de La Rochefoucauld, Paris, pour recevoir
franco la brochure explicative. On verrai
combien il est facile de se débarrasser de
la maladie la plus pénible et la plus dou-
loureuse. Le flacon : 4 fr. 50, franco.
Méfiez-vous des imitations 1 Il n'exista
qu'un seul Elixir de Virginie : il porte la
signatrare de garasse NyrdaJd*
FEUILLETON DU VJUIN
- 6 -' -
',
AUX BAT. D'AF.
GRAND ROMAN POPULAIRE
PAR
ARISTIDE BRUANT
j ; .', !in
lieutenant et joteux
(Suite)
= Oîi ï mon lieutenant, s'écria Pierre,
avec ûn accent de joie indicible.
- Grâcè à votre conduite irréprochable,
reprit Lejeune, il a été décidé que vous se-
riez envové dans un régiment régulier.
— Mon lieutenant, permettez que je vous
remercie "de toutes les bontés que vous 'avez
eues pour moi. ., v
— J'ai fait ce que jai dû. restime que
lorsque, nous autres officiers, nous nous
trouvons 'ici en face de coupables dont le
repentir est sincère, nous avons le devoir
de les encourager à persévérer dans le bien.
- Mop. lieutenant, je vous remercie en-
core du fond..du coeur. Et puisque vous me
témoignez tant d'indulgence, voulez-vous
me permettre.
- ,(JUof donc
f: - Cèst assez difficile à dire.- à vous
surtout mon lieutenant.
— ïîifin. qu'est-ce qp.e c'est, Morin.?
; ÎElxpliquez-vous.
- Mon lieutenant, j'ai peur.
— Comment, vous un soldat, vous avez
peur •?-"» < *
a — Cest-à-dire— non. je n'ai pas peusu.
f mais. le nouveau sergeiiC.
— Le .nouveau sergent ?
—, Oui, j'appréhende, j'ai dans l'idée que
son arrivée à la compagnie me sera .fu-
lleste. °
r --. Pourquoi ? *
l' - Parce qu'il y a une vieille histoire en-
1 tre nous.. - ,
J , 0- Uhe femme ?
I\* J - Mon lieutenants Cest plus grave en-.
il core..
',l' - Racontez-moi ça, MoriiL
l' — Eh bien, voilà, mon lieutenant A
Paris, un soir, dans un bar, on s'est cha-
maillé, le sergent et moi, parce qu'il m'a-
? vait bousculé ét qu'il n'avait pas voulu me
L demander pardon. Alors, il y a eu des gros
mots, presque des coups échangés.' Les
J Published June 5 th 1908. Privilege of-Copy-
* Ag ht in tile United States rtserved under the act
upproved March 3 rd 1»(15,; DI Aristide Bruant.
yradttqfloa réservée, ,-',:_-
Pi 7 ■ * ,. '.-"'ic
criants ont hué le sergent et le patron l'a
mis à la porte.
:-!.. Et Vous croyez que ce sous-officier
vous a reconnu ?
— Oui, mon lieutenant, j'en suis sûr !
- Et qu'il vous en veut ?-
- Hier, à l'exercice, j'ai bien vu qu*il
n'avait pas oublié.
• Le lieutenant avait pris un air grave,
préoccupé.
Pendant un instant, il .garda le silence.
Puis, se rapprochant de Morin, qui, du-
rant toute cette scène, était demeuré au
port d'arme, il lui dit, avec, un accent de
grande bonté :
— Montrez-vous très calme, très pa-
tient- Pour le reste, j'en fais mon affaire.
11 ne serait vraiment pas juste qu'un brave
garçon comme, vous reste ici, parce que le
sergent Thibaldi vient d'y arriver.
Le lieutenant Lejeune, quittant Morin, se
dirigeait vers Le camp, lorsque soudain il
se ravisa.
- Dites-moi, Morin, c'est pour une fem-
me que vous êtes au bataillon ?
— Mais-. hésita l'amant de la Pouliche-.
C'est-à-dire que. Oui, mon lieutenants
- Et c'est pour elle que vous avez volé ?
t - Volé !. Moi !. s écria Pierre, dont
les yeux s'allumèrent d'un éclair farouche.
.— Eh bien, qu'est-ce qui vous prend ?
—f Oui, mon lieutenant, fit le malheu-
reux garçon, dont la voix s'étranglait dans
la gorge. Oui. j'ai'volé. j'ai vo$.
— C'est votre maîtresse, n'est-ce pas, qui
vous y a poussé.
-r-* Oh 1 non, mon lieutenant pas ça*~»
'pas ça !.
— Si !. Je vous. connais. Je vous ni de-
viné. Vous n'êtes pas un malhonnête hom-
me. Je suis même sûr que vous êtes, au
fond, un très brave mur- Je vous porte
beaucoup d'intérêt, Morin. Aussi, promet-
tez-moi, jurez-moi,, qu'à votre retour en
France, vous ne reverrez jamais cette
femme.
■— Ça, mon lieutenant, je ne le pux pas.
Et puis, je vous assure que ce n'est pas à
cause d'elle que. Eh bien, oui. que j'ai
volé.
- Vous l'aimez 2
'- Oui !
Lejeune considéra un instant Pierre Mo-
rin très troublé. La figure du lieutenant
avait pris une expression de pitié pro-
fonde. Il s'éloigna en murmurant :
— Il est fichu !. C'est dommage !.
Morin s'en fut rejoindre les autres
Joyeux.
— Qu'est-ce qu'il te disait, le lieute-
nant. interrogea le Chacal.
— Il me disait que j'allais être yoyé
en France.
-:-. Pas possible, fit Mort aux Vaches-.
C'est ma frangine qui va être contente. Il
y a rudement longtemps que je n'en ai pas
reçu de nouvelles. Est-ce qu elle t'a écrit,
Pierre ?.
-, Oui, répondit celui-ci.
,.: Et elle»va bien ? •
- t— Elle va bien-.
«
- Et nousT demanda le Têtard, est-ce
qu'il t'a parlé de nous, Le lieutenant ?
Ma foi, non.
- Charogne ! Ça me ferait pourtant ru-
dement plaisir de retourner à la Chapelle !
Tout à coup, une voix sonore, quoique un
peu éraillée, vint interrompre la conver-
sation des quatre Joyeux.
— Tonnerre de Dieu ! à vos rangs !
C'était le sergent Thibaldi .qui s'apprêtait
à commander l'exercice.^ ,
- IX
T L'EXERCICE
Le bal allait commencer.
Sans se presser, les Joyeux se mettaient
sur deux rangs, en plein soleil, sous le re-
gard farouche de Thibaldi qui, avec une
joie âpre, sauvage, s'apprêtait à exercer
son métier de sous-off., qu'il confondait
si bien avec celui de geôlier. -
Garde à vous ! ordonna-t-il.
Mollement, les Joyeux prirent la posi-
tion commandée.
— Sale Corsico L. murmura Mort aux
Vaches, ça va barder !
— pu serait tout de même mieux sur la
place du Tertre, insinua le ChacaL
- Tu parles, grogna le Têtard.
— Silence dans les rangs, rugit Thibaldi,
dont l'accent corse faisait ressortir * encore
davantage la brutalité naturelle. Il
Et, se campant devant ses hommes, in-
solent, provocateur, l'œil rivé sur Morin,
il attaqua
- A droite, alignement !
.Les colides se levèrent. Et les Joyeux,
tournant la tête à droite, sans aucun en-
train, demeurèrent immobiles.
Au commandement de fixe, tous les bras
retombèrent dans le rang.
Quittant -pour un instant Morin du re-
gard, Thibaldi se dirigea vers le Têtard,
qu'il n'avait probablement pas encore re-
marqué, mais dont la tête hydrocéphalique
prenait sous les armes un caractère tout
spécialement comique.
— Regardez-moi donc cette grande
bourrique, fit le Corse. Et, s'adressant di-
rectement au Têtard, il ajouta, furieux,
agressif :
— Dites donc, vous, pourquoi n'avez-
vous p'as une tête comme les autres ? C'est
probablement pour faire le malin ! Eh
bien, mon garçon, ça ne prendra pas avec
moi, je vous avertis. Faudra changer, car
si vous continuez. je ne vous raterai pas.
je vous foutrai dedans.
Le Têtard, narquois, ne répondit pas.
Alors, se reculant un peu, Thibaldi lança :
— Numérotez-vous I
Ce fut épique.
Les numéros tombèrent 2
-- Un, deux, trois.
♦— Quatre ! fit le Chacal.
- Neuf ! continua le Têtard. *
- Quatre-vingt-treize ! vociféra Mort
aux Vaches.
Et la série continua jusqu'à la dernière
file..
Le Corse avait bondi.
L,
»
<— Ah ! vous vous foutez de moi, cria.-t-
iL Eh bien ! nous allons voir. Au temps 1
Cette fois, sans broncher, les Joyeux se
numérotèrent d'une façon régulière.
■— Garde à vous ! reprit Thibaldi. Por-
tez armes !
Le mouvement s'exécuta mollement et
sans précision. 1
Seul, Morin avait correctement manœu-
vré.
Alors, Thibaldi, rœil injecté, la mousta-
che hérissée sur la lèvre frémissante, vint
vers lui.
— Si vous continuez à manoeuvrer aussi
mal, hurla-t-il, je vais vous foutre dedans !
Puis, reprenant sa place, il commanda :
— Reposez armes.
Et toutes les crosses retombèrent les unes
après les autres.
— Les crosses ! s'écria Thibaldi.- Je ne
veux entendre qu'un seul coup. Je ne veux
pas entendre ce roulement. Nous allons re-
commencer. Et si vous faites les fortes tê-
tes, nous manœuvrerons en décomposant
Attention ! Portez-, armes !
» Mais c'est dégoûtant. Vous lé faites ex-
près. Eh bien, puisque vous le voulez,
nous allons décomposer. Au temps J »
Alors, sans se presser, le sergent se pro-
mena devant ses hommes, en ayant l'air'de
les narguer, les toisant les uns après les
autres, d'un regard haineux et moqueur 1
Et, se campant à nouveau devant sa sec-
tion, il jeta :
- En décomposant.- -Portez-- armes L
Un !
Contrairement à ce qu'ils avaient fait
jusqu'alors, les hommes exécutèrent ce
premier mouvement avec-assez d'ensemble.
Thibaldi tira de sa poche un journal
qu'il déploya, tout en se reculant un peu à
l'écart.
— Cinq minutes d'arrêt buffet ricana
Mort aux Vaches.
— Bon Dieu 1 quel plat I gémit le Tê-
tard.
— Orgeat, limonade, bière, bonbons aci-
dulés, miaula le Chacal.
+ Vaguement, le sergent avait entendu.
; -— Qu'est-ce que vous dites, vous ? fit-il,
en se précipitant vers le dernier qui avait
parlé.
— Pastille de menthe ! gouailla le Cha-
cal.
— Non de Dieu, hurla le sergent je vous,
défende de parler sops les armes. Ah ! vous
voulez plaisanter, m'es lascars. Je vous pré-
viens qu'avec moi ça ne prends pas ; je
vous foutrai tous dedans jusqu'à la gau-
che.
- Ta gueule, lança Mort aux Vaches.
- Vous dites ? fiL le sergent.
'— Rien 1
Et le sergent, de plus en plus irrité, com-
manda le second mouvement.
— Deux !
Les bras des hommes, visiblement fati-
gués, commençaient à trembler.
Morin, lui-même, malgré tous ses ef-
forts, s'énervait et ne manœuvrait plus
avec la même correction.
{oo-o, Morin I cria Thibaldi 1 toujours Mo-,
rin !_ Comment, vous ne savez pas encore
porter les armes L- Espèce de pignouf L-
Mais répondez-moi donc L-
Le poing tendu vers le Bat-d'ALJe sous-
officier attendait une insolence.
Mais, impassible, calme, grave, plein de
sang-froid, Morin dit simplement :
- Sergent, je ne vous répondrai pas.
■— Et moi, je vous foutrai dedans, cla-
ma Thibaldi. Ah I vous voulez crâner !_
Ici, nous ne sommes plus à Paris, au bou-
levard Clichy.
r- Saligaud I envoya Mort aux Vaches.
e— Cochon"l fit en écho le Têtard.
>— Hein ! rugit le Corse, vous m'insultez !
'- Y a pas de témoins, déclara Mort aux
Vaches.
— Il n'y a que des Joyeux, conclut le
Chacal.
Désarmé par cette réponse aussi logique
que péremptoire, le sergent s'éloigna de sa
section, tout en foudroyant du regard ceux
qui venaient de se moquer de lui aussi im-
punément, mais qu'il se promettait bien de
retrouver plus tard.
La chaleur devenait de plus en plus ac-
cablante. J
Thibaldi lui-même en ressentait les pé-
nibles effets.
Il suait à grosses gouttes. Et, tirant de sa
poche un grand mouchoir à carreaux pour
s'en essuyer le front il murmura :
- Quelle chaleur 1 Ça bout !
Puis, prenant un pliant, oublié devant
une tente d'officier, il vint s'asseoir, front,
à ses hommes, en ricanant :
Adèle J
T'es belle,
J'en pince pour tes gros aldIicIœ
T'es blonde !_ •
l'es ronda
Reprenant le ton du commandement il
gueula :
■— Trois I s
Cette fois, les hommes, éreintés par cette
immobilité, par cette chaleur de plomb,
jointe au poids du sac chargé réglementai-
rement qu'il avaient sur les épaules, lais-
sèrent tomber leurs bras avec une noncha-
lance bien excusable. -
Alors, sans quitter le pliant sur lequel
il s'était affalé, et s'éventant la figure avec
son mouchoir, le sous-on cria :
— Morin! Encore Morin! Toujours en
retard. Cette fois, nom de Dieu 1 vous au-
rez quatre jours.
A ce moment une voix sonore, métalli-
que, vibra :
a- Et vous, sergent, vous en aurez huit
pour vous être assis en commandant l'exer-
cice.
Sursautant, faisapt demi-tour, Thibaldi
se retrouva, les talons joints, au port d'ar-
mes, en face du lieutenant Lejeune qui, si-
lencieusement, derrière lui, et sans qu'il
s'en doutât, l'observait depuis quelques
instants.
Les Joyeux eurent toutes les peines du
monde à contenir leur satisfaction.
La grosse bobine du Têtard vacilla de
bonheur sur ses épaules.
Le Chacal esquissa un sourire moqueur,,
Et sans la présence de l'officier, le frèrô
de la Pouliche, dans sa joie, se fût certai-f1
nement écrié : ;
— Mort aux vaches!
Mais il se contint.
Puis, lorsque le lieutenant Lejeune eut
donné rordre à Thibaldi de faire rompre;
les hommes se hâtèrent de déguerpir, non
sans avoir discrètement taillé quelques ba-
sanes et envoyé plusieurs pieds-de-nez à
redresse de leur pied-de-banc. 4
Thibaldi allait suivre ses hommes. l
— Restez, ordonna Lejeune.
Le Corse était soumis envers ses chefj
autant qu'il était insolent envers ses subor.
donnés..
Il demeura cloué sur place.
— Sergent Thibaldi, commença roffièier.
savez-vous à qui vous commandez, ici ?
- Oui, mon lieutenant, répondit le Cor.
se, je commande à des condamnés de droit
commun.
—. C'est juste 1 observa Lejeune. Et je
vois que vous connaissez les règlements, *^
Mais, dites- moi, sergent, savez-vous pour-
qvToi on a envoyé ces gens aux bataillons
d'Afrique ?
- Mais, mon lieutenant, parce que c'est
de la fripouille, qui ne doit pas servir dans
des régiments réguliers.
— Et, selon vous, n'est-ce pas, c'est une
raison pour les traiter sévèrement dure-
ment pour leur rendre l'existence dou-
loureuse en s'enorçant d'aggraver leur sîh
[nation pour les envoyer à Biribi et dans
les pénitenciers militaires, où ils sont trai-
tés encore plus durement qu'ici ; en les
prenant à chaque instant en faute, en les
y mettant au besoin. C'est bien votre avis"
sergent ?
— Parfaitement, mon lieutenant
- Ce n est pas le mien, lit Lejeune aveG
autorité. Et j'estime, au contraire, qu'au
lieu d'encourager les révoltes, au lieu de
provoquer les colères, au lieu de mettre du
feu sur les blessures, notre rôle, notre de-
voir, à nous les; chefs, serait de nous faira
aimer de ces malheureux, pour les'rame- ,
ner. pour les sauver- Et je considérerais
la tâche accomplie, si, au lieu de précipi-
ter ces hommes dans l'enfer de Biribi, noua
en faisions de braves gens dignes d'être ra.
patriés en France-
Une voix de rogomme vint interrompra
le discours du jeune officier, qui n'avait
d'ailleurs, produit aucune impression sur
la brute à laquelle il s'adressait !
Un capitaine, à la figure rarvagée, au teinS
de brique, aux cheveux blancs coupés en
brosse, aux sourcils en broussailles, à la
moustache grise, forte et tombante, le dol-
man déboutonné, les jambes arquées efHa
képi posé sur le coin de la tête, parut, tout
en vociférant :
— Bougres de cochons! qui gaspillent
l'eau p-otable pour laver leurs chaussettes
russes. Sergent, vous allez me foutre tous
ces saligauds à la grosse. Tonnerre de
Dieu !.
C'était le capitaine Bermer qui rentrait
au csamp. ;
(A suivre J i
N ",
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