Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1925-06-12
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 12 juin 1925 12 juin 1925
Description : 1925/06/12 (Numéro 163). 1925/06/12 (Numéro 163).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k762343v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
ACTION FRANÇAISE ■ 12 JUIN 1923
de laisser arxaés pendant qu'il veut dé
sarmer tous les patriotes. Le conseil d'ad
ministration de la Gazette de l'Ouest et
tous les amis du journal félicitent M. de
Raulin d'avoir échappé ' à cet odieux at
tentat et expriment leur indignation qu'une
atmosphère permettant de tels crimes
soit entretenue dans tout le pays, de Mar
seille à Hennés en passant par Paris. »
D 'autre part, notre ami . fait publier
l'avertissement suivant :
c A mon agresseur. — Je tiens à avertir
charitablement mon, agresseur et ses sem
blables, qui n'ont certes pas été provo
qués par moi, cpie. si un membre de notre
section française de Rennes ou de* nos
sections régionales tombe sous leurs coups,
nous n'hésiterons pas un seul- instant à
répondre de la même façon et même en
doublant la dose. Cet avis leur est adressé
d'accord avec mes amis et je n'ai qu'un re-
aret, c'est d'avoir manqué mon agresseur.
Qu'il se le tienne pour dit. — Etienne
de RAULIN.
LA CRISE BELGE
Des catholiques belges se séparent
du vicomte PouIIet
Bruxelles, 11 juin. — La Fédération des
cerclés et associations catholiques a ex
primé à l'unanimité le vœu que les par
lementaires catholiques refusent leur con
fiance. an cabinet Poollet En apprenant
le vote, M. Carton a refusé le portefeuille
des Colonies oui lui était offert, comme
on le sait M. Tibbaut, son chef de cabi
net, serait disposé & lui succéder, mais
M. de Liedekerke suivrait l'exemple de
M. Carton. .
EN GRECE
Le ministère a donné sa démission
Athènes, 11 juin. — En dernière heure,
on annonce que-le cabinet grec a démis
sionné.
tions : remaniement du cabinet sous M.
Michalacopoulos, qui aura l'appui du mi
nistre démissionnaire, ou démission du
cabinet tout entier, auquel cas le nouveau
cabinet pourrait être formé par MM. Mi
chalacopoulos, Cafandaris on Condylis.
Dans le diocèse de Versailles
Rome, 11 juin. — Le bruit court dans
les milieux romains que Mgr Gibier, évè-
que de Versailles, se sentant très fatigué,
aurait demandé à se retirer et qu'il se?
rait remplacé par Mgr Roland-Gosselin,
actuellement auxiliaire du cardinal-arche
vêque de Paris.
Un tamponnement de tramways
par jour...
Cette fois, il n'y a que 15 blesses
Décidément, l'excellent M. Mariage, di
recteur de la fantaisiste S.T.C.R.P., ferait
bien d'instituer un corps' de médecins, de
chirurgiens, d'infirmiers et de brancar
diers, dont les membres accompagne
raient chaque autobus et chaque tramway
...en auto. Chaque jour se produit un
accident, les hôpitaux ne connaissent pas
Je chômage.
Avant-hier, c'était un tramway de la
ligne de Clam art, abandonné à lui-même
(le machiniste et le receveur étant allés
boire), qui dévalait la rue de Paris et
défonçait une- autre voiture après deux
cents mètres d'un parcours affolant. Du
coup, vingt-trois blessés étaient transpor
tés à l'hôpital.
Hier, un nouvel accident s'est, produit.
Il était une heure du matin. Un tram
way de la ligne 31 était arrêté place des
Ternes.- Des lxommes, des femmes — les
imprudents ! — n'hésitaient pas à monter
dans le véhicule.
Ils n'eurent, cette fois, pas le plus petit
trajet à effectuer. Ils furent blessés avant
même que les roues de la voiture se
. fussent mises à tourner : un tramway de
la ligne n® 5 arrivait sur la même voie;»
qui ne s'arrêta pas ! Le choc fut sérieux.
Quinze voyageurs — quinze seulement,
M. Mariage fait des progrès, il faut le
reconnaître jonchaient le pavé, parai
les débris de vitres.
Les trois plus gravement atteints, M. et
Mme Augaste Rimcrtrilk, demeurant rue
Truffault, 19, et leur fils, âgé de 7 ans, ont
été transportés à l'hôpital Beaujon.
Parmi les autres blessés, atteints aux
bras, à la figure et aux jambes, citons :
Mlle Marie Rougier, 80, rue du Vert-Bois ;
M. Messalle, 113, rue de Courcelles ; M. De-
maison, 70, rue du Ruisseau ; M. Giron,
18, nie Ganneron ; M. Egmann, 21, rue
Charoi ; M. Morçau, 5, rue Saint-Jacques ;
M. BrandiDi 6, passage de la Tuile ; M. Ro-
meu, 28, rue du Simplon ; M. Ramayer,
12, rue Gustave-Beuret, et M. Pilest, 111,
rue du Simplon.
Le conducteur du tramway 31, Edouard
Poing, demeurant 26, avenue Jean-Jaurès,
a été, après interrogatoire, remis en liberté
provisoire. Une enquête a été ouverte, afin
d'établir les responsabilités. Pourvu gu'on
ne nous-dise pas, d'ici à quelques jours,
que les coupables étaient les voyageurs !
J. S.
ABONNEZ VOS AMIS pour trois mois
et vous verrez qu'ils ne pourront p!u%
se passer de votre journal.
lMOiiiMTiONS
LE TEMPS. — Beau temps à peu près général.
Ciel peu nuageux ou nuageux avec ïclatrcics.
Température : en faible baisse sur la -veille, A
Paris, maximum 27°.
. Institut d'Action française
Demain samedi, à 9 heures du soir, conférence
de M. Lucien Dubech sar /'Histoire politique
d'Athènes : là guerre du Pélonopèse.
Les cours et conférences ont lieu, 33, rue Saint-
André-des-Arts. On trouve des cartes à rentrée des
salles.
Le général Pau
et la Société des blessés, militaires
La Société de secoure aux blessés militaires
(Croix-Rouge française) vient de tenir son assem
blée générale sous la présidence du généra] Pau.
Prenant la parole, le général a tenu d'abord à
dissiper certaines erreurs qui ont pu s'accréditer
touchant ce qu'on a voulu appeler la nouvelle
orientation de la -vieille Société des blessés mili
taires. V
«'La Société de secours aux blessés militaires,
dit-il, loin de se détourner de son devoir essentiel,
est donc plus que jamais prépaFée à le remplir,
et c'est , ainsi que les événements qui se passent
au Maroc ne la prennent pas au dépourvu. » ,
Le .général Pau fait remarquer que le comité
central s'est inscrit pour 200.000 francs à la sous
cription ouverte en faveur des soldats combattant
au Maroc. Adressant ensuite un appel £ l'assis
tance en faveur de cette souscription, H termine
en disant :
« Montrons au monde que, comme toujours, 3 il
n'y a eu France qu'un seul cœur, qu'un même élan
de générosité,. qu'une même sollicitude pour les
défenseurs de la patrie, à quelque race' qu'ils ap
partiennent. > .
Les Amis -de la cathédrale de Reims
Les membres de la Société des Amis de la ca
thédrale de Reims et les donateurs qui ent souscrit
à la restauration des vitraux de la Grande Rose
de la cathédrale, se réuniront à Reims, les same
di et dimanche 13 et 14 juin.
Pendant ces deux journées, ils seront admis à
visiter non seulement lei chantiers de la cathédrale
et de Saint-Rémi, mais aussi diverses fondations où
se manifeste la renaissance de la cité.
Les sociétaires et les souscripteurs seront con
duits dans la cathédrale et dans Saint-Rémi par
M. Deneux, architecte de la cathédrale ; ils pour
ront visiter les dépôts de sculptures installés pro
visoirement dans la cour et les communs de l'ar
chevêché.
Ils seront accueillis au Foyer rémois par M.
Georges Charbonneuux et au Parc des sports par
M. le marquis de Polignac.
M. Paul Léon, de l'Institut, directeur dés Beaux-
Arts, assistera le dimanche 14, à la visite de la
cathédrale et des chantiers.
Le 280*. anniversaire de l'hospice de Beaune
L'hospice de h Charité de Beaune vient de
célébrer le deux cent quatre-vingtième anniversaire
de sa fondation, en 1645, par Antoine Rousseau,
greffier jen chef du Bsillage de Beaune et Dame
Barbe Deslaades, sa femme. -
L'établissement est destiné, d'après les intentions
des fondateurs, à l'instruction et à l'éducation
d'orphelins et au soulagement des vieillards pau
vres des deux sexes.
A l'office solennel, célébré dans la chapelle,
on remarquait la présence du maire de Beaune
et de tous les membres de la commission adminis
trative. Les religieuses du dit hospice appartiennent
à une congrégation fondée en 1689.
Les religieux anciens combattants
L'assemblée générale annuelle de la Ligué' des
Droits du religieux ancien combattant CD. R. A. C.)
a lieu dimanche 14 juin 1925, à la salle des
Agriculteurs, 8, rue d'Athènes. La journée débutera
par une messe célébrée en la basilique da Sacré-
Cœur à Montmartre à la mémoire des religieux
morts au champ d'honneur-; elle se terminera par
une manifestation émouvante : les religieux et
prêtres anciens combattants, gardiens, ce jour-là,
en un grand cortège qui se déroulera le long des
Chemps-Elysces,
Entre ces deux cérémonies de commémoration
religieuses et patriotiques, les membres actifs de
D. R. A. C. consacreront leur jojiroée à l'étude
des problèmes que posent d'une part leur situation
de religieux et de l'autre leur qualité d'anciens
combattants. Us examineront aussi les moyens pra
tiques de rendre sensibles à l'opinion publique
la malice. et la danger des lois d'exception qui
les brimaient, appliquées, ces lois auraient pour
conséquence de chasser de France un nombre
considérable de ses meilleurs serviteurs ; non appli
quées, elles constituent un monument de ridicule
et d'injustice.
PÉTTTES NOUVELLES
le président de la République a reçu M. Mens,
professeur b, l'Université de Columbia, qui lui a
présenté vingt-cinq professeurs de français aux
Etats-buts; 11 a reçu également M. Linez, sons-
secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangè
res de la République argentine.
Ia général Hiessel, qui vient d'effectuer une ins
pection au Maroc, est arrivé hier matin & Marseil
le, à bord du paquebot o Lamoricière -, venant
d'Oran. Il est parti dans la soirée pour Paris.
Af, Raphaël Anlonetii, gouverneur général de l'A
frique équatoriale française, est arrivé à Paris. U
recevra, 317, rue Saijit-Houoré, les mardi et jeudi,
de w heures à Î7 heures. •
CHRONIQUE DU MONDE
ET DE LA VILLE
Fiançailles
Nous apprenons lés fiançailles dit comte
Jacques de Thy de'Sully, ingénieur civil
des mines, avec Mlle Yola nde de Monspey.
On annonce d'antre part ;
NAISSANCES. —• Anita, fille de M. Georges
Binccke et de Mme, née Personnes. —- Michel,
fils de M. Pierre Morris et de Mme,^née Poinsot.
MARIAGE. —■ M. Joseph Jearmor, avec Mlle
Henriette leandidier.
NECROLOGIE. ~ Mme Albert Pichon de
Châteaufort, à Paris. — M. Jules Delettrez, à
Levallois-Perret.— Mme Alphonse Tegel, à Sannois-
sur-Seine. — M. Henry Dubly-Desrausseaux, à
Lille.
A L A ai MME
Les baux à loijg terme
La Chambre, que présidait M. Herriot,
a poursuivi la discussion sur le projet de
loi relatif à la revision du prix des baux
à long terme.
On en était resté à l'article 2, qui sti
pule que la revision des prix des baux
prorogés par application de la loi du
9 mars 1918 ne pourra jouer au profit du
propriétaire que si celui-ci accorde à son
locataire une prbrogation supplémentaire
de bail égale a la prorogation restant à
courir. ,
Après quelques observations de MM.
Rémy Roux et Berthod, l'article' estadop- '
té avec une petite modification qui rem
place le mot « prorogés » par les mots :
« dont la prorogation est en cours ».
L'article 3, complété par une disposi
tion additionnelle disant que le juge fera,
s'il y a lieu, entre tous les intéressés, la
répartition de la majoration qu'il aura
fixée, est ensuite adopté.
A la demande de M. Lefas, on incor
pore à la première ligne de l'article 4 ces
mots : « à défaut d'accord amiable, le
propriétaire saisira ».
La commission accepte, à l'article a,
que le droit de révision ne pourra être
exercé que tous les trois ans.
L'article 6 est voté .sans débat, tandis
que les articles 8 et 9 sont disjoints.
La Chambre rejette un article addition
nel de M. Birc ainsi conçu :
« Les ventes d'immeubles consenties
moyennant une rente viagère, antérieure
ment au 24 octobre 19J.9, pourront, dans
les mêmes formes et sous les mêmes con
ditions, faire l'objet d'une revision quant
au mqntant de la rente convenue. »
L'assemblée disjoint également un arti
cle additionnel tendant à soustraire les
mobilisés à l'application de la loi.
Et l'ensemble, mis aux voix, est adopté
par 440 voix contre 58.
La réforme électorale
Les banquettes de l'hémicycle, qui
étaient à peu près vides pendant la dis- ^
cussion sur les baux à long terme, se gar
nissent subitement. C'est que la discus
sion qui va suivre intéresse au premier
chef les députés. 11 s'agit de,modifier la
loi électorale.
Steeg qui remplace Painlevé, Briand et
l'infâme Schrameck sont au banc des mi
nistres. Les socialistes sont des plus agi
tés, décidés qu'ils sont à soutenir jusqu'au
bout la représentation proportionnelle.
Pour une fois, les radicaux, ayant à leur
tête Archimbaud le sectaire, les regardent
d'un mauvais œil.
Nous avons dit par quelle chinoiserie
du règlement M. Charles Lambert, député
de Lyon et colistier d'Herriot, a pu venir
demander ^ la tribune la discussion im
médiate sur l'inscription au procès-verbal
de la Chambre de sa proposition de retour
au scrutin d'arrondissement.
M. Charles Lambert expose que ses
amis et lui, en déposant leur projet de, ré
solution, ont pensé être les interprètes
fidèles de la volonté du suffrage universel
telle qu'elle s'est exprimée aux dernières
élections.
L'orateur fait ensuite le procès^ du
mode de scrutin actuel, obscur et inique.
M. Ch. Lambert rappelle que le rétablis
sement du scrutin d'arrondissement a été
voté par le Sénat, et il demande quelles
sont les intentions du nouveau gouverne
ment.
L'orateur termine en disant que la dis
cussion devant être longue, la Chambre,
pour aboutir en temps utile, dàit aborder
le problème aussitôt après le vote des pro
jets financiers.
M. Biré, parlant sur un rappel au règle
ment, dit qu'en vertu de l'article 98 bis
un délai de huit jours aurait dû s'écouler
avant la discussion de la proposition de
M. Lambert et que le débat ne doit pas
en tout cas porter sur le fond. { Applaudis
sements à droite.)
M. Herriot dit que, d'après le règlement,
la proposition de résolution de M. Lam
bert, déposée au début de la séance, pou
vait assurément être discutée dès aujour
d'hui : le délai de huit jours dont a parlé
M. Biré ne vise que les propositions de
vant entraîner une augmentation de dé
penses publiques. Au surplus, le débat n'a
pas été ouvert sur le fond.
M , Biré conteste l'interprétation donnée,
du règlement par M, le président. ( Excla
mations à gauche.) La proposition de loi
en question peut fort bien avoir des ré
percussions financières. ( Exclamations à
gauche, applaudissements à droite.)
M. Varenne, président de la Commission
du suffrage universel, pense lui aussi que
l'article 96 du règlement ne s'applique
jour d'un projet
lution.
Il dit que la Commission propose autre
fchose que de voter là proposition de
M. Lambert, dont le texte est inopérant.'
Elle demande que la Chambre lui renvoie
cette proposition et, dans un délai très
court, par exemple dans huit jours* elle
rapporterait un texte précis indiquant à
quoi devrait tendre le rapport : la Cham
bre adopterait ou repousserait ce texte.
Ce serait clair. La Commission prépare
rait ensuite un rapport conforme aux
directives ainsi exprimées.
KL Bonnefous, au nom da groupe de
l'Entente républicaine, déclare qu'il ne
votera pas la proposition Lambert con
traire aux doctrines de justice électorale,
tandis que M. Archimbaud, au nom des
radicaux. arrondissementiers, réclame le
vote immédiat.
Mais, avec Renaudel, les socialistes pren-
Ees grands prix
de l'Académie
L'Académie française a décerné hier
deux de ses plus grands prix de l'année,
le grand prix de littérature et le grand
prix du roman. •
. Le grand prix de littérature (10.000
francs) est donné â titre posthume au
général Mangin, pour l'eiuymble de son
œuvre. On sait quel écrira de grande
valeur était Mangin. Il a publié notam
ment : Comment finit la guerre, et Des
hommes et des faits. Les admirables con
férences qu'il fit à la salle de géographie
sur l'Afrique du Nord ont été recueillies
scus le titre : Regards sur la France
d'Afrique. Enfin, de son voyage en Amé
rique du Sud,' il avait rapporte un pré-
dieux volume d'observations et d'impres
sions : Autour du continent latin.
Le prix du roman (5.000 francs) a été
plus disputé. Après plusieurs tours de
scrutin où les voix se sont réparties en
tre MM. François Mauriac, Kessel, Mar-
tin-Chauffier et François Duhoureau, ce
dernier est sorti vainqueur du tournoi.
Il est couronné pour son dernier livre,
l'Enfant de la Victoire, dont Orion, qui
est devin, faisait l'éloge avant-hier. Fran
çois Duhoureau, né à Bayonne, est âgé
d'une quarantaine d'années. Il s'est cou
vert de gloire pendant là guerre, où il a
perdu un bras. En quelques années, il a
publié : Un homme à la mer, la Révolte
des morts, la Rose de Jéricho et l'Enfant
de la Victoire, <}ui vient de paraître.
Enfin, l'Académie a décidé de donner
un prix exceptionnel de 10.000 francs A
M. Camille Manclère pour l'ensemble de
son œuvre. ■
—" i .y.» «8» . ' . .m..
: Une bergère et ira troupeau
emportés par les eaux
De nouveaux orages ont causé des dé-
fâts énormes en Auvergne. Les communes
e montagne de l'arrondissement d'Auril-
lac ont vu leurs récoltes et fourrages per
dus par la grêle.
Les villages des environs de Neussar-
gues et Saint-Flour ont été particulière
ment éprouvés ; les ruisseaux, devenus
torrents, ont dévasté les moulins et détruit
les routes.
A Vahres, près de Saint-Flour, la jeune
Fouilladiau, bergère, surprise par l'orage,
qui voulait rentrer dans une maison en
traversant un ruisselet, fut emportée, avec
le pont, par les eaux furieuses ; son cada
vre a été retrouvé. Le même ruisseau em
porta un troupeau de cinquante brebis
qui, toutes, ont été noyées.
Vol de bijoux
L'autre nuit, Mlle Marie Miller, demeu
rant 84, boulevard de Versailles, à Saînt-
Cloud, était réveillée par les aboiements de
son chien. C'est alors qu'elle aperçut un
individu coiffé d'une casquette et s'éclai-
rant d'une lampe électrique.
A ses cris, le malfaiteur disparut en sau
tant par la fenêtre donnant sur le jardin.
Le jardinier, ainsi mis en éveil, poursui
vit bien le malfaiteur, mais ne put le re
joindre.
Deux coffrets en argent, renfermant des
bijoux, ont disparu.
Le bicentenaire de Cugnot
Dimanche prochain, 14 juin, auront lieu à Void,
près de Commercy, les fêtes du bicentenaire de
Cugnot, inventeur de la voiture à vapeur, précur
seur de l'automobile, né à Void.
Ces fêtes seront présidées par M. Poincaré. A
cette occasion, les automobiles-clubs des Arden-
nes, de Meurthe-et-Moselle et des Vosges organi
sent un rallye-automobile qui partira de Vitry.
Je-François le 14 juin à S îeures, gagnera Void,
où ,les concurrents participeront à uue course de
côte et à un gymkhana.
m i ii—mii'.)" m
Les dangers de la poudre,,,
aux yeux
Blois, 11 juin. La police de Bloi» a arrêté la
nommée Jeanne Cavillac, âgée de 54 ans, habi
tant Salles-Saint-Denis (Loir-et-Cher) pour escro
querie. Cette femme se présentait ohez les commer
çante de la ville comme étant une dame de 1a
Croix-Rouge française quêtant pour les soldats
du Maroc. A ceux qui versaient une obole, elle
remettait un boa leur donnant un droit de 50 %
de réduction sur le prix d'une boîte de poudra
Mathusalem qui, d'après le prospectus, avait 1a
propriété, pour les enfants et» usant dès le jeune
âge, d'en faire plus tard des athlètes complets,
et, pour les adultes, de Içs faire vivre jusqu'à
125 ans.
nent position contre les radicaux. L'ora
teur et ses amis demeurent partisans d'une
représentation proportionnelle.
Varenne insiste sur le renvoi à I» Com
mission. .......
Steeg, au nom du gouvernement, dé
clare qu'il y a le plus grand intérêt à ré
soudre rapidement ce problème.
Enfin, M. Lambert accepte le renvoi à la
Commission qui sera prête, du moins Va
renne s'y engage, à rapporter le projet la
semaine prochaine.
Le renvoi est ordonné,
La Chambre s'ajourne à cet après-midi,
15 heures, pour discuter i l'interpellation
de MM. Heuzê et DuvqI sur la politique du
blé.
La séance est levée à 18 h. 50.
M. P icot de pwfrmin.
DERNIÈRE HEURE
LE VOYAGE DE M. PAINLEVE
AU MAROC
Le président du Conseil
s'est entretenu, avec le sultan
- '
Rabat, 11 juin. — La première nuit
de M. Paiùlevé à Rabat s'est passée dans
d'excellentes conditions.
De bonne heure dans la matinée, M,
Painlevé sort de la résidence pour se
rendre au palais du sultan.
Le président du Conseil uionte dans une
voiture avec le maréchal Lyautey,
M. Laurent Evnac, sous-secrétaire d'Etat
à l'Aéronautique ; le général Jacquemot ;
M. Urbain Blanc, ministre plénipotentiaire;
M. Vatin-Pérignon, chef du cabinet civil
du maréchal ; le colonel Iîunit, chef du
service des renseignements, prennent place
dans les autres voitures. , .
Le président du Conseil est salué, â son
arrivée au Dar el Maghzen, par le caïd
Gechouar, introducteur des ambassadeurs;
La garde noire, commandée par le com
mandant Morat, aux portes, dans la grande
cour du Mechouar et dans les premières
cours du palais du sultan, présente les
armes. On admire la superbe tenue de
ces troupes : cavalerie, infanterie, artille
rie, en uniforme rouge sang avec pare
ments blancs et verts et turban blanc.
La musique du palais joue la Marseil
laise et l'hymne chérifien.
M. Painlevé salue l'étendard et est in
troduit aussitôt dans le palais, ainsi que
les personnages qui l'accompagnent.
Moulay Youssef reçoit M. Paul Painlevé
dans son bureau. Si Kaddour ben Ghabrit
sert d'interprète pour cette occasion so
lennelle, à Moulay Youssef, dont la figure
sympathique, encadrée d'une petite barbe
noire, est éclairée par des yeux très mo
biles, très intelligents.
Le dialogue suivant s'engage :
LfNTEUPRETE. — Le sultan salue le président
du Conseil dont le voyage signifie que la Franoc
s'intéresse avec toutes ses forces au Maroc.
M. Paimleve . Je 'suis heureux de présenter
mes devoirs au sultan, au nom de la Iran ce. 11
peut compter sur la pleine loyauté et la pleine
énergio de la France.
L'IwTEitrnETE. — Le sultan ne doute pas de vos
sentiments et vous prie de donner tout l'appui «u
maréchal Lyautey dans les circonstances actuel
les.
M. Pâikixye. — La maréchal Lyautey et moi,
sommes de très vieux et très intimes amis. J'ai
eu l'honneur de me trouver à côté de lui, durant
les difficultés de ia guerre. Je sais tout ce que la
France lui doit.
L'Interprete . — Le point capital pour le sul
tan est le maintien du protectorat français sur le
Maroc.
M. Pa hleve . — C'est tout à fait la thèse et la
pensée du gouvernement français, colle Que j'ai
défendue, à la tribune de la Chambre, ainsi que
celle du ministre des Affaires étrangères.
L'Interprète . — L'autorité du Maghzen reste
entière. .
M. Painleve . — Elle reste sans partage, sans
division.
Le président du Conseil, le maréchal
Lyautey et M. Urbain Blanc restent seuls
pendant quelques instants avec Moulay
Youssef, M. Painlevé et le sultan s'entre
tiennent pendant dix minutes et prennent
ensuite congé l'un de l'autre,
Après une visite dans les hôpitaux, M.
Painlevé rentre à midi.à la résidence gé
nérale où il déjeune avec le maréchal..
Après le déjeuner, M. Painlevé et le ma
réchal Lyautey travaillent ensemble jus
qu'au moment du départ pour Fez en au
tomobile, à 4 heures de l'après-midi.
M. Painlevé ira demain vendredi visiter
les diverses parties du front. -
Rabat, 11 juin. — A l'Ouest, la situation
est sans changement. Aucune infiltration
nouvelle n'est signalée.
Le groupe mobile a rayonné le 10 juin
autour de Djebel Azjeu. Aucun incident à
signaler. Au village d'Azjeu, les Rouhama
restent soumis.
Les postes au nord et â l'est d'Ouezzan
ont reçu quelques coups de fcisil. Ouezzan
et ses abords, dans un rayon de 10 à 12
kilomètres, sont absolument calmes.
Plus à l'est, le poste de Tafrant, attaqué
par l'ennemi dans la nuit du 9 au 10 juin,
a résisté victorieusement, faisant subir de
lourdes pertes aux assaillants-
La journée du 10 juin et la nuit du 11
ont été calmes aux alentours de cc poste.
Au centre, les abords ouest et nord du
poste de Taounat sont toujours occupés par
les dissidents qui paraissent se renforcer
mais n'ont renouvelé aucune tentative con
tre notre position.
Depuis le 9 juin, & l'est, la situation gé
nérale est calme.
La menace ennemie sor le Gueronaou
s'accentue du fait de ia présence à l'ouest
et près de Yah d'une harka de 1.100 fu
sils.
^Quelques coups de fusil ont été échan
gés entre nos gardes indigènes et des rô
deurs ennemis chez les Béni-Beu-Yahi. De
nombreux coups de fusil ont été également
tirés contre le poste de zouaves de Kif-
fane.
Petites nouvelles de la nuit
—- A Saint-Dié, un formidable incendie a détroit
un établissement de quincaillerie et fait pour
plus de 6 millions de dégâts.
.— A Tours, au cours d'une discussion, Gustave
Langle a grièvement blessé sa femme d'un coup
de revolver et s'est suicidé ensuite.
\ ■ ? ......
LE VOYAGE DE M. BRIAND
A GENEV E '
La note française pour Berlin
partira la semaine prochaine
M. Briand, ministre des Affaires étran
gères, était de retour, hier, au Quai d'Or
say, vers 6 h. 30, venant de Genève.
Dans l'entourage immédiat du président,
on manifeste une grande joie des résultats
obtenus au cours des conversations avec
M. Chamberlain. Ces résultats, on les con
naît en gros. La France s'est mise d'ac
cord avec l'Angleterre sur les termes de
la réponse qui sera faite par le gouverne
ment français aux offres assez vagues du,
Reich touchant la conclusion d'un pacte
de-sécurité.
On attend, à l'heure actuelle, l'avis du
gouvernement de Bruxelles, à qui la note
française a été communiquée. Dans l'es-
prit de M. Briand, cet avis sera l'approba
tion la plus entière de ce qui a été fait.
Aussitôt l'accord avec Bruxelles pleine
ment constaté, le gouvernement allemand
sera mis en possession de la réponse fran
çaise à ses offres de pacte de garantie mu
tuelle en date du 9 février.
, Et l'Italie, peut-on se demander, quel
rôle est-elle appelée à jouer 1
Et l'Italie ?
La position de l'Italie est différente de
celle de la Belgique. La réponse française
en effet porte avant tout sur le Rhin et la
frontière rhénane. Sans doute, dans le mé
morandum allemand, est-i] fait-allusion à
d'autres frontières ; mais pour l'instant,
la question traitée est en somme une ques
tionne principes généraux qui sera sus»
ceptible au cours des négociations d'em
brasser d'autres problèmes que la frontiè
re du Rhin. La réponse française envisa
ge, en effet, la conclusion d'ûjie série de
traités d'arbitrage dans lesquels l'ItaHe
pourra, si elle le veut, être appelée à jot:sr
son rôle. Pour le moment, sa réponse à la
communication française ne peut é:re
fu'une acceptation de principe puisque la
rance spécifie bien dans sa note le
pacte a conclure doit nvaut tovl r ,: '.:- x r
dans .le cadre des traités existants.- C le
déclaration concorde avec 1rs n-vr.;:-; s-
cours de M. Mussolini.
Aussitôt donc reçue à.Paris lu r.-: r-.se
définitive de Bruxelles et,.par suivît ,:*, csl-
le de Rome, M. Briand adressera â B .-':n
la réponse française. On espère qcet
envoi aura lieu à la fin de la
> La note française
€
Nous avons donné hier les lignis
raies de cette réponse. ,
^Rappelons que la France —.^d
avec ses Alliés —- exige, avant «u'.î'tr-jne
signature soit apposée au bas du p u îe à
l'étude, que l'Allemagne entre dans la So
ciété des Nations en acceptant touic-x ss
obligations de la charte.-{Jusqu'ici le Beieh
a fait une réserve pour l'article 10, dans
l'espoir d'échapper aux obligations mili
taires évcr.tu'.'Jles imposées ri'ix signatai
res.)
Enfin, deuxième condition, ia France —
toujours, d'accord avec ses Alliés — de
mande â l'Allemagne de reconnaître for
mellement gue le pacte de garantie éven
tuel ne modifie pas les traités existants-
Quant au pacte lui-même qui se présen
terait sous la forme d'une série de conven
tions d'arbitrage particulières — conven
tion franco-allemande, convention germa
no-belge — il offrirait do la part des par
ties contractantes un caractère de récipro
cité, c'est-à-dire que l'Angleterre garanti
rait la France et la Belgique contre une
agression allemande, mais aussi l'Allema
gne contre une agression française ou bel
ge ou française et belge.
Sur tous ces points, il n'y « aucun doute
sur les interprétations données à Londres
et à Paris quant à l'accord franco-britan
nique préalable qui vient d'être conclu.
U en est un cependant qui reste toujours
quelque peu obscur, soit qu'on se refuse à
Paris à poser le problème sous son ahgle
réel, soit qu'on ne veuille pas à Londres at
tirer l'attention dessus. C'est celui-ci :
La Pologne est attaquée par l'Allema
gne. Liée par son traité définitif, la Fran
ce a-t-elle le droit de franchir la zone dé
militarisée du Rhin pour secourir son al
liée ? Parfaitement, dit-on à PJiris, niais
on ajoute à Londres, « en cas d'agression
caractérisée ». Or, qui décidera du carac
tère de l'agression ? Le conseil de ia So
ciété des Nations. Mais le conseil de la
S. D. N. ne peut prendre de décision qu'à
l'unanimité, et l'Angleterre siège au con
seil, C'est donc sur la voix seule de la
Grande-Bretagne que reposerait... le sort
de la Pologne, à moins que la France ne
passât outre ! On ne semble pas vouloir à
Paris, dans les milieux les plus autorisés,
regarder le problème de cette façon, mais
on ne suggère aucune réplique à cette ar
gumentation.
'11 est vrai qu'avant d'examiner, tous les
cas d'exécution dans lesquels le pacte pour
rait jouer, il faudrait que celui-ci existât.
Et pour cela, il faudrait que l'Allemagne
l'ait signé..,.
Or, on prévoit des négociations, c'est-
à-dire des concessions... A moins que l'on
envisage tout simplement un refus.
On serait alors, dit M. Briand, fixé sur
les arrières pensées de l'Allemagne.
Si on ne l'est pas encore, on ne le sera
jamais. _
* J. L. B.
CHRONIQUES & VARIETES
Les revenants qu'on aime
MARIE GASQUET (1)
Tonte la Capucine
Quand nous avons quitté, dans la fleur de eea
vingt ans, l'héroïne d'une fiction, noua attendions-
nous â la revoir chargée de soixante-douze .autom
nes ? . Etrange gageure ! 11 faut, pour l'avoir
gagnée, l'insouciance des belles audaces.
Nous avions aimé une fille de Saint-François,
h petite Nais qui vivait dans l'amitié des anges,
entre le porche d'azur de sa Provence et le seuil
du Paradis, Naïs qui tressait aux oiseaux des
chapelles de feuillage et ranimait, pour la joie
cic deux pauvres vieux, leur âne agonisant.
v Le royaume de Naïs n'était pas de ce monde;
elle ne semblait pouvoir y vivre ; elle est entrée
au couvent, à Air, chez les Capucines ; us demi-
siècle, elfe s'est confinée, comme elle dira, c dans
le colloque du silence*, en Dieu. Mais voici
qu'elle en sort, chassée avec les autres nonnes,
par un décret du gouvernement. Elle reparaît
dorant noua, dépaysée, ratatinée par l'âge, un peu
ai,une en face d'un milieu où le plafond des
choses terrestres masque l'étemelle Splendeur.
Qu'y deviendra cette exilée ? Aurons-nous plaisir
(1) Flanurumonj éditeoç,
à la rejoindre ? Eh bien ! l'étonnant, c'est que
Naïs vieillie, dépasse en attraits Naïs jouvencelle ;
nous la sentons plus vraie et immortellement jeune,
son cœur d'autrefois n'a pas changé ; seul, son
vêtement de chair confesse l'usure du temps. Elle
et sa sœur Fine, l'ancienne boulangère, pour la
première fois, après cinquante-quatre ans, se re
trouvent vis-à-vis :
j f f ■
— Grand? mère, voici votre « eut dit Hélène
en ouvrant la porte.
Mme Béraud fit un bond, mais, tout de suite,
sans paroles, retomba parmi les coussins. Naïs
lui fit la révérence et debout, les bras croisés
dans Vattitude monastique, attendit.
—- Alors, c'est... c'est_ vous, Na~ Nais... Boa.
tiire— La petite Naïs des Figons
Un long silence sans merci.
— Vous n'avez plus de dents
— Ni vous non plus, ma sœur, répondit Nias
avec un sourire navré.
— Ma sœur ?... Alors c'est bien vous, vouz,
iVoû—, ma petite Nais ?„
— Fine... Il faudrait peut-être nous embrasser
et notes dire tu—
Un sanglot répondit et, sur le canapé cerise,
les deux petites vieilles s'étreignirent.
Admirable et . poignante rencontré, toute la
figure des tristesses humaines en deux gestes, en
quelques mots ! Mme Marie Gasquet ici n'invente
rien ; elle note ce qu'elle a retenu, quand la
grand' tante de Joachim Gasquet, mise hors de
son couvent, trouva chez sa sœur un refuge. Ces
deux personnages révèlent si bien la Provence
qu'ils seraient, ailleurs, inconcevables. Je n'ai point
connu Naïs, mais sa sœur, la grand' mère de
Gasquet, une vieille au châle noir, aux yeux
d'escarjboucla, brandissant on menton aigu, les
mains toujours en action, vacb et grondeuse, ori
ginale dans ses bourrades, intraitable sur l'honneur,
d'une probité nette comme un écu au soleiL Cette
aïeule était toute la Provence de jadis, vive et
forte, catholique avec un fond païen. Autant Naïs
s'élevait sans effort vers les régions invisibles,
autant celle-ci s'entêtait à demeurer positive, mal
gré les « châteaux » de son imagination.
•— Ma sœur la Capucine, disait-elle plaisamment,
se régale de renoncer aux choses*; met, je me
légale de les avoir ; et tout se passe dans nos
cervelles.
Naïs, elle aussi, est Provençale par son humeur
de «songe-fête» que sa vie sainte a sublimisée.
Elle porte du ciel bleu dans sa tête ; «elle se
régale de renoncer aux choses » ; le sacrifice est,
pour elle, assaisonné d'allégresse. Elle veut croire
les hommes bons, afin de les rendre tels ; quand
elle ouvre ses yeux sur le monde, «lie l'emplit de
leur pureté ; elle a le sentiment gai de posséder
une puissance qui ne vient pas d'elle, mais de.
plus haut ; humble et douce, ascétique pourtant
et conventuelle comme si les murs de son cloître
continuaient à l'abriter.
La nature ne la met pas en défiance ; elle fra
ternise avec les animaux ; elle tiendrait au ser
pent lui-même de célestes discours, s'il consen-
tait à les entendre. Son catholicisme est nativè-
ment franciscain ; il fleurit sous un climat où la
douceur du Jardin perdu semble plus proche.
Rentrée «dans le siècle», Naïs communique â
tout ce qui l'entoure sa paix divine, elle la dispen
se aux plus déshérités, à ceux dont l'âme s'est
racornie dans la coquille de pierre d'un orgueil
intellectuel. Simon, le petit-fils de Mamet Béraud,
loge sous son toit un docto ami, le philosophe
YerneuiL Le ménage de Verneuil est détraqué
par la fugue de sa femme Micheline, qui est par
tie en Amérique après lui avoir donné, à son
corps défendant, un fils; car elle estd'être mère, de subir ia loi commune ; c'est bon
pour les fe)nmes inférieures ! Micheline m un
de ces monstres en jupon que fabriquent les uni
versités modernes ; chez elle l'intelligence a con
fisqué et, semble-t-il, anéanti . toute sensibilité
naïve.
Mais la morphine a mis hors de service l'éner
gie même de cette intelligence. On là ramène
dans un état lamentable. Simon, Hélène, n>&]ç<é
les doutes de Verneuil, veulent entreprendre es
guérison ; et c'est Naïs qui eçra la médiatrice du
changement miraculeux.
Verneuil lui confie l'éducation de son fils, du
petit'Biaise. Exquise parabole, discipline de rêve,
où l'enfant blond, au milieu du verger, mêlé aux
fleuré et aux bêtes, pacifiques, apprend "les ver
sets latins de liturgie ! Naïs n'a pas besoin de lui
citer le mot- d'Aristote, qu'elle ignore : «La
fleur est la prière des plantes. > fi regards Naïs
prier, et il sent que les lys prient avec elle.
Cependant Verneuil qui ne consentait pas â
rapprocher de Biaise une mère indigne, la laisse
venir à Eguilles chez son amie Hélène. Elle vit
auprès de' son fils, sans qu'il sache qu'elle est sa
mère. Elle l'aime, elle se fait aimer.de lui; et ce
retour à l'ordre naturel des sentiments prépare une
conversion plus haute. Le journal de Micheline
transcrit les phases de cette délicieuse cure morale.
Mme Marie Gasquet fait largesse à la convales
cente de sa propre santé catholique ; elle ne dis
simule point ses résistances, les sursauts offensifs
de sa morbidité. Je crois qu'une Micheline aurait
des amertumes et des révoltes plus irréductibles.
Mais, m lisent, ax n'examine pas les possibilités
moyennes, la merveille de cette résurrection nous
induit à la désirer ; et, en la désirant, on y
coopèit.
■ Cest Naïs qui 1'achêvora. Elle va mourir : le
spectacle de sa mort courbe Micheline vers l'humi
lité de. la foi. Naïs lui mérite l'état de grâce ;
sous sa main d'agonisante les époux se réconcilient
D'autres romans nous offrent des morts admira
bles ; je n'en sais point de plus douce, de plus
liturgique. L'encens des Anges flotte autour du
chevet de Naïs. On pense au mot de l'ascète,saturé
d'une joie sublime : « La mort est le couronne
ment d'e la béatitude pour l'âme et le commen
cement de la béatitude pour le corps. « Naïs
exhale paisiblement son âme ingénue. Elle se dé
tache de la terre comme une colombe s'élève d'un
toit, ouvre ses ailes dans l 'espace ensoleillé. Naïs
s'en va ; mais son image nous reste, plus véridique
et pure que le visage de Mireille ou d ;e la fée
Estérelle, et, comme elles, parée d'une jeunesse sans
déclin.
Emile BAUMANN.
•Oe—
Pour trouver un lieu de villégiature pour
les vacances prochaines, vous pouvez con
sulter dans l'Action française :
1" La liste des hôtels dans lesquels l'A. F.
est régulièrement en lecture (le jeudi);
2* Les Petites Annonces des lundi, mer
credi et vendredi aux rubriques, :« Loca
tions > et « Villégiatures . --^ i
François-Albert, récidiviste
Pour la seconde fois, avant-hier soir,
l'ex-ministricule a été vidé du boulevard
Saint-Michel.
Il s'était discrètement installé à la tei'-r
rasse d'un café, lorsqu'il fut reconnu par
quelques-uns des nombreux amis étu
diants qu'il possède au Quartier Latin. Le
tyranneau d'Université s'entendait alors
traiter de gentils noms d'oiseaux et se
voyait lestement houspiller. Dans ces con
ditions, la bière qu'il buvait lui parut si
amère qu'il voulut déguerpir. Mais ses
jeunes amis s'y opposèrent, tant qu'il
n'eût pas réglé un nombre respectable de
consommations.
Pour le remercier, les facétieux étu
diants se firent un devoir de l'accompa-
fnér jusqu'à la porte d'une maison... amie,
evant laquelle une brillante sérénade sa
luait une dernière fftis <— pour cette nuit-
là —■ l'ex-ministricule.
Au revoir, François Albert, jamais deux
sans trois ! — C. J.
diffamateurs" socialistes
condamnes
Saint-Malo, 11 juin. — L'Aurore, or
gane du parti socialiste en Dle-et-Vilaine,
qui avait publié un article diffamatoire
contre l'abbé Angenard, vicaire à Labous-
sac, et la bonne du presbytère de cette
paroisse, a été condamné à 200 francs
d'amende et 1.000 francs de dommages-
intérêts. envers, chacun des deux deman
deurs.
de laisser arxaés pendant qu'il veut dé
sarmer tous les patriotes. Le conseil d'ad
ministration de la Gazette de l'Ouest et
tous les amis du journal félicitent M. de
Raulin d'avoir échappé ' à cet odieux at
tentat et expriment leur indignation qu'une
atmosphère permettant de tels crimes
soit entretenue dans tout le pays, de Mar
seille à Hennés en passant par Paris. »
D 'autre part, notre ami . fait publier
l'avertissement suivant :
c A mon agresseur. — Je tiens à avertir
charitablement mon, agresseur et ses sem
blables, qui n'ont certes pas été provo
qués par moi, cpie. si un membre de notre
section française de Rennes ou de* nos
sections régionales tombe sous leurs coups,
nous n'hésiterons pas un seul- instant à
répondre de la même façon et même en
doublant la dose. Cet avis leur est adressé
d'accord avec mes amis et je n'ai qu'un re-
aret, c'est d'avoir manqué mon agresseur.
Qu'il se le tienne pour dit. — Etienne
de RAULIN.
LA CRISE BELGE
Des catholiques belges se séparent
du vicomte PouIIet
Bruxelles, 11 juin. — La Fédération des
cerclés et associations catholiques a ex
primé à l'unanimité le vœu que les par
lementaires catholiques refusent leur con
fiance. an cabinet Poollet En apprenant
le vote, M. Carton a refusé le portefeuille
des Colonies oui lui était offert, comme
on le sait M. Tibbaut, son chef de cabi
net, serait disposé & lui succéder, mais
M. de Liedekerke suivrait l'exemple de
M. Carton. .
EN GRECE
Le ministère a donné sa démission
Athènes, 11 juin. — En dernière heure,
on annonce que-le cabinet grec a démis
sionné.
tions : remaniement du cabinet sous M.
Michalacopoulos, qui aura l'appui du mi
nistre démissionnaire, ou démission du
cabinet tout entier, auquel cas le nouveau
cabinet pourrait être formé par MM. Mi
chalacopoulos, Cafandaris on Condylis.
Dans le diocèse de Versailles
Rome, 11 juin. — Le bruit court dans
les milieux romains que Mgr Gibier, évè-
que de Versailles, se sentant très fatigué,
aurait demandé à se retirer et qu'il se?
rait remplacé par Mgr Roland-Gosselin,
actuellement auxiliaire du cardinal-arche
vêque de Paris.
Un tamponnement de tramways
par jour...
Cette fois, il n'y a que 15 blesses
Décidément, l'excellent M. Mariage, di
recteur de la fantaisiste S.T.C.R.P., ferait
bien d'instituer un corps' de médecins, de
chirurgiens, d'infirmiers et de brancar
diers, dont les membres accompagne
raient chaque autobus et chaque tramway
...en auto. Chaque jour se produit un
accident, les hôpitaux ne connaissent pas
Je chômage.
Avant-hier, c'était un tramway de la
ligne de Clam art, abandonné à lui-même
(le machiniste et le receveur étant allés
boire), qui dévalait la rue de Paris et
défonçait une- autre voiture après deux
cents mètres d'un parcours affolant. Du
coup, vingt-trois blessés étaient transpor
tés à l'hôpital.
Hier, un nouvel accident s'est, produit.
Il était une heure du matin. Un tram
way de la ligne 31 était arrêté place des
Ternes.- Des lxommes, des femmes — les
imprudents ! — n'hésitaient pas à monter
dans le véhicule.
Ils n'eurent, cette fois, pas le plus petit
trajet à effectuer. Ils furent blessés avant
même que les roues de la voiture se
. fussent mises à tourner : un tramway de
la ligne n® 5 arrivait sur la même voie;»
qui ne s'arrêta pas ! Le choc fut sérieux.
Quinze voyageurs — quinze seulement,
M. Mariage fait des progrès, il faut le
reconnaître jonchaient le pavé, parai
les débris de vitres.
Les trois plus gravement atteints, M. et
Mme Augaste Rimcrtrilk, demeurant rue
Truffault, 19, et leur fils, âgé de 7 ans, ont
été transportés à l'hôpital Beaujon.
Parmi les autres blessés, atteints aux
bras, à la figure et aux jambes, citons :
Mlle Marie Rougier, 80, rue du Vert-Bois ;
M. Messalle, 113, rue de Courcelles ; M. De-
maison, 70, rue du Ruisseau ; M. Giron,
18, nie Ganneron ; M. Egmann, 21, rue
Charoi ; M. Morçau, 5, rue Saint-Jacques ;
M. BrandiDi 6, passage de la Tuile ; M. Ro-
meu, 28, rue du Simplon ; M. Ramayer,
12, rue Gustave-Beuret, et M. Pilest, 111,
rue du Simplon.
Le conducteur du tramway 31, Edouard
Poing, demeurant 26, avenue Jean-Jaurès,
a été, après interrogatoire, remis en liberté
provisoire. Une enquête a été ouverte, afin
d'établir les responsabilités. Pourvu gu'on
ne nous-dise pas, d'ici à quelques jours,
que les coupables étaient les voyageurs !
J. S.
ABONNEZ VOS AMIS pour trois mois
et vous verrez qu'ils ne pourront p!u%
se passer de votre journal.
lMOiiiMTiONS
LE TEMPS. — Beau temps à peu près général.
Ciel peu nuageux ou nuageux avec ïclatrcics.
Température : en faible baisse sur la -veille, A
Paris, maximum 27°.
. Institut d'Action française
Demain samedi, à 9 heures du soir, conférence
de M. Lucien Dubech sar /'Histoire politique
d'Athènes : là guerre du Pélonopèse.
Les cours et conférences ont lieu, 33, rue Saint-
André-des-Arts. On trouve des cartes à rentrée des
salles.
Le général Pau
et la Société des blessés, militaires
La Société de secoure aux blessés militaires
(Croix-Rouge française) vient de tenir son assem
blée générale sous la présidence du généra] Pau.
Prenant la parole, le général a tenu d'abord à
dissiper certaines erreurs qui ont pu s'accréditer
touchant ce qu'on a voulu appeler la nouvelle
orientation de la -vieille Société des blessés mili
taires. V
«'La Société de secours aux blessés militaires,
dit-il, loin de se détourner de son devoir essentiel,
est donc plus que jamais prépaFée à le remplir,
et c'est , ainsi que les événements qui se passent
au Maroc ne la prennent pas au dépourvu. » ,
Le .général Pau fait remarquer que le comité
central s'est inscrit pour 200.000 francs à la sous
cription ouverte en faveur des soldats combattant
au Maroc. Adressant ensuite un appel £ l'assis
tance en faveur de cette souscription, H termine
en disant :
« Montrons au monde que, comme toujours, 3 il
n'y a eu France qu'un seul cœur, qu'un même élan
de générosité,. qu'une même sollicitude pour les
défenseurs de la patrie, à quelque race' qu'ils ap
partiennent. > .
Les Amis -de la cathédrale de Reims
Les membres de la Société des Amis de la ca
thédrale de Reims et les donateurs qui ent souscrit
à la restauration des vitraux de la Grande Rose
de la cathédrale, se réuniront à Reims, les same
di et dimanche 13 et 14 juin.
Pendant ces deux journées, ils seront admis à
visiter non seulement lei chantiers de la cathédrale
et de Saint-Rémi, mais aussi diverses fondations où
se manifeste la renaissance de la cité.
Les sociétaires et les souscripteurs seront con
duits dans la cathédrale et dans Saint-Rémi par
M. Deneux, architecte de la cathédrale ; ils pour
ront visiter les dépôts de sculptures installés pro
visoirement dans la cour et les communs de l'ar
chevêché.
Ils seront accueillis au Foyer rémois par M.
Georges Charbonneuux et au Parc des sports par
M. le marquis de Polignac.
M. Paul Léon, de l'Institut, directeur dés Beaux-
Arts, assistera le dimanche 14, à la visite de la
cathédrale et des chantiers.
Le 280*. anniversaire de l'hospice de Beaune
L'hospice de h Charité de Beaune vient de
célébrer le deux cent quatre-vingtième anniversaire
de sa fondation, en 1645, par Antoine Rousseau,
greffier jen chef du Bsillage de Beaune et Dame
Barbe Deslaades, sa femme. -
L'établissement est destiné, d'après les intentions
des fondateurs, à l'instruction et à l'éducation
d'orphelins et au soulagement des vieillards pau
vres des deux sexes.
A l'office solennel, célébré dans la chapelle,
on remarquait la présence du maire de Beaune
et de tous les membres de la commission adminis
trative. Les religieuses du dit hospice appartiennent
à une congrégation fondée en 1689.
Les religieux anciens combattants
L'assemblée générale annuelle de la Ligué' des
Droits du religieux ancien combattant CD. R. A. C.)
a lieu dimanche 14 juin 1925, à la salle des
Agriculteurs, 8, rue d'Athènes. La journée débutera
par une messe célébrée en la basilique da Sacré-
Cœur à Montmartre à la mémoire des religieux
morts au champ d'honneur-; elle se terminera par
une manifestation émouvante : les religieux et
prêtres anciens combattants, gardiens, ce jour-là,
Chemps-Elysces,
Entre ces deux cérémonies de commémoration
religieuses et patriotiques, les membres actifs de
D. R. A. C. consacreront leur jojiroée à l'étude
des problèmes que posent d'une part leur situation
de religieux et de l'autre leur qualité d'anciens
combattants. Us examineront aussi les moyens pra
tiques de rendre sensibles à l'opinion publique
la malice. et la danger des lois d'exception qui
les brimaient, appliquées, ces lois auraient pour
conséquence de chasser de France un nombre
considérable de ses meilleurs serviteurs ; non appli
quées, elles constituent un monument de ridicule
et d'injustice.
PÉTTTES NOUVELLES
le président de la République a reçu M. Mens,
professeur b, l'Université de Columbia, qui lui a
présenté vingt-cinq professeurs de français aux
Etats-buts; 11 a reçu également M. Linez, sons-
secrétaire d'Etat au ministère des Affaires étrangè
res de la République argentine.
Ia général Hiessel, qui vient d'effectuer une ins
pection au Maroc, est arrivé hier matin & Marseil
le, à bord du paquebot o Lamoricière -, venant
d'Oran. Il est parti dans la soirée pour Paris.
Af, Raphaël Anlonetii, gouverneur général de l'A
frique équatoriale française, est arrivé à Paris. U
recevra, 317, rue Saijit-Houoré, les mardi et jeudi,
de w heures à Î7 heures. •
CHRONIQUE DU MONDE
ET DE LA VILLE
Fiançailles
Nous apprenons lés fiançailles dit comte
Jacques de Thy de'Sully, ingénieur civil
des mines, avec Mlle Yola nde de Monspey.
On annonce d'antre part ;
NAISSANCES. —• Anita, fille de M. Georges
Binccke et de Mme, née Personnes. —- Michel,
fils de M. Pierre Morris et de Mme,^née Poinsot.
MARIAGE. —■ M. Joseph Jearmor, avec Mlle
Henriette leandidier.
NECROLOGIE. ~ Mme Albert Pichon de
Châteaufort, à Paris. — M. Jules Delettrez, à
Levallois-Perret.— Mme Alphonse Tegel, à Sannois-
sur-Seine. — M. Henry Dubly-Desrausseaux, à
Lille.
A L A ai MME
Les baux à loijg terme
La Chambre, que présidait M. Herriot,
a poursuivi la discussion sur le projet de
loi relatif à la revision du prix des baux
à long terme.
On en était resté à l'article 2, qui sti
pule que la revision des prix des baux
prorogés par application de la loi du
9 mars 1918 ne pourra jouer au profit du
propriétaire que si celui-ci accorde à son
locataire une prbrogation supplémentaire
de bail égale a la prorogation restant à
courir. ,
Après quelques observations de MM.
Rémy Roux et Berthod, l'article' estadop- '
té avec une petite modification qui rem
place le mot « prorogés » par les mots :
« dont la prorogation est en cours ».
L'article 3, complété par une disposi
tion additionnelle disant que le juge fera,
s'il y a lieu, entre tous les intéressés, la
répartition de la majoration qu'il aura
fixée, est ensuite adopté.
A la demande de M. Lefas, on incor
pore à la première ligne de l'article 4 ces
mots : « à défaut d'accord amiable, le
propriétaire saisira ».
La commission accepte, à l'article a,
que le droit de révision ne pourra être
exercé que tous les trois ans.
L'article 6 est voté .sans débat, tandis
que les articles 8 et 9 sont disjoints.
La Chambre rejette un article addition
nel de M. Birc ainsi conçu :
« Les ventes d'immeubles consenties
moyennant une rente viagère, antérieure
ment au 24 octobre 19J.9, pourront, dans
les mêmes formes et sous les mêmes con
ditions, faire l'objet d'une revision quant
au mqntant de la rente convenue. »
L'assemblée disjoint également un arti
cle additionnel tendant à soustraire les
mobilisés à l'application de la loi.
Et l'ensemble, mis aux voix, est adopté
par 440 voix contre 58.
La réforme électorale
Les banquettes de l'hémicycle, qui
étaient à peu près vides pendant la dis- ^
cussion sur les baux à long terme, se gar
nissent subitement. C'est que la discus
sion qui va suivre intéresse au premier
chef les députés. 11 s'agit de,modifier la
loi électorale.
Steeg qui remplace Painlevé, Briand et
l'infâme Schrameck sont au banc des mi
nistres. Les socialistes sont des plus agi
tés, décidés qu'ils sont à soutenir jusqu'au
bout la représentation proportionnelle.
Pour une fois, les radicaux, ayant à leur
tête Archimbaud le sectaire, les regardent
d'un mauvais œil.
Nous avons dit par quelle chinoiserie
du règlement M. Charles Lambert, député
de Lyon et colistier d'Herriot, a pu venir
demander ^ la tribune la discussion im
médiate sur l'inscription au procès-verbal
de la Chambre de sa proposition de retour
au scrutin d'arrondissement.
M. Charles Lambert expose que ses
amis et lui, en déposant leur projet de, ré
solution, ont pensé être les interprètes
fidèles de la volonté du suffrage universel
telle qu'elle s'est exprimée aux dernières
élections.
L'orateur fait ensuite le procès^ du
mode de scrutin actuel, obscur et inique.
M. Ch. Lambert rappelle que le rétablis
sement du scrutin d'arrondissement a été
voté par le Sénat, et il demande quelles
sont les intentions du nouveau gouverne
ment.
L'orateur termine en disant que la dis
cussion devant être longue, la Chambre,
pour aboutir en temps utile, dàit aborder
le problème aussitôt après le vote des pro
jets financiers.
M. Biré, parlant sur un rappel au règle
ment, dit qu'en vertu de l'article 98 bis
un délai de huit jours aurait dû s'écouler
avant la discussion de la proposition de
M. Lambert et que le débat ne doit pas
en tout cas porter sur le fond. { Applaudis
sements à droite.)
M. Herriot dit que, d'après le règlement,
la proposition de résolution de M. Lam
bert, déposée au début de la séance, pou
vait assurément être discutée dès aujour
d'hui : le délai de huit jours dont a parlé
M. Biré ne vise que les propositions de
vant entraîner une augmentation de dé
penses publiques. Au surplus, le débat n'a
pas été ouvert sur le fond.
M , Biré conteste l'interprétation donnée,
du règlement par M, le président. ( Excla
mations à gauche.) La proposition de loi
en question peut fort bien avoir des ré
percussions financières. ( Exclamations à
gauche, applaudissements à droite.)
M. Varenne, président de la Commission
du suffrage universel, pense lui aussi que
l'article 96 du règlement ne s'applique
jour d'un projet
lution.
Il dit que la Commission propose autre
fchose que de voter là proposition de
M. Lambert, dont le texte est inopérant.'
Elle demande que la Chambre lui renvoie
cette proposition et, dans un délai très
court, par exemple dans huit jours* elle
rapporterait un texte précis indiquant à
quoi devrait tendre le rapport : la Cham
bre adopterait ou repousserait ce texte.
Ce serait clair. La Commission prépare
rait ensuite un rapport conforme aux
directives ainsi exprimées.
KL Bonnefous, au nom da groupe de
l'Entente républicaine, déclare qu'il ne
votera pas la proposition Lambert con
traire aux doctrines de justice électorale,
tandis que M. Archimbaud, au nom des
radicaux. arrondissementiers, réclame le
vote immédiat.
Mais, avec Renaudel, les socialistes pren-
Ees grands prix
de l'Académie
L'Académie française a décerné hier
deux de ses plus grands prix de l'année,
le grand prix de littérature et le grand
prix du roman. •
. Le grand prix de littérature (10.000
francs) est donné â titre posthume au
général Mangin, pour l'eiuymble de son
œuvre. On sait quel écrira de grande
valeur était Mangin. Il a publié notam
ment : Comment finit la guerre, et Des
hommes et des faits. Les admirables con
férences qu'il fit à la salle de géographie
sur l'Afrique du Nord ont été recueillies
scus le titre : Regards sur la France
d'Afrique. Enfin, de son voyage en Amé
rique du Sud,' il avait rapporte un pré-
dieux volume d'observations et d'impres
sions : Autour du continent latin.
Le prix du roman (5.000 francs) a été
plus disputé. Après plusieurs tours de
scrutin où les voix se sont réparties en
tre MM. François Mauriac, Kessel, Mar-
tin-Chauffier et François Duhoureau, ce
dernier est sorti vainqueur du tournoi.
Il est couronné pour son dernier livre,
l'Enfant de la Victoire, dont Orion, qui
est devin, faisait l'éloge avant-hier. Fran
çois Duhoureau, né à Bayonne, est âgé
d'une quarantaine d'années. Il s'est cou
vert de gloire pendant là guerre, où il a
perdu un bras. En quelques années, il a
publié : Un homme à la mer, la Révolte
des morts, la Rose de Jéricho et l'Enfant
de la Victoire, <}ui vient de paraître.
Enfin, l'Académie a décidé de donner
un prix exceptionnel de 10.000 francs A
M. Camille Manclère pour l'ensemble de
son œuvre. ■
—" i .y.» «8» . ' . .m..
: Une bergère et ira troupeau
emportés par les eaux
De nouveaux orages ont causé des dé-
fâts énormes en Auvergne. Les communes
e montagne de l'arrondissement d'Auril-
lac ont vu leurs récoltes et fourrages per
dus par la grêle.
Les villages des environs de Neussar-
gues et Saint-Flour ont été particulière
ment éprouvés ; les ruisseaux, devenus
torrents, ont dévasté les moulins et détruit
les routes.
A Vahres, près de Saint-Flour, la jeune
Fouilladiau, bergère, surprise par l'orage,
qui voulait rentrer dans une maison en
traversant un ruisselet, fut emportée, avec
le pont, par les eaux furieuses ; son cada
vre a été retrouvé. Le même ruisseau em
porta un troupeau de cinquante brebis
qui, toutes, ont été noyées.
Vol de bijoux
L'autre nuit, Mlle Marie Miller, demeu
rant 84, boulevard de Versailles, à Saînt-
Cloud, était réveillée par les aboiements de
son chien. C'est alors qu'elle aperçut un
individu coiffé d'une casquette et s'éclai-
rant d'une lampe électrique.
A ses cris, le malfaiteur disparut en sau
tant par la fenêtre donnant sur le jardin.
Le jardinier, ainsi mis en éveil, poursui
vit bien le malfaiteur, mais ne put le re
joindre.
Deux coffrets en argent, renfermant des
bijoux, ont disparu.
Le bicentenaire de Cugnot
Dimanche prochain, 14 juin, auront lieu à Void,
près de Commercy, les fêtes du bicentenaire de
Cugnot, inventeur de la voiture à vapeur, précur
seur de l'automobile, né à Void.
Ces fêtes seront présidées par M. Poincaré. A
cette occasion, les automobiles-clubs des Arden-
nes, de Meurthe-et-Moselle et des Vosges organi
sent un rallye-automobile qui partira de Vitry.
Je-François le 14 juin à S îeures, gagnera Void,
où ,les concurrents participeront à uue course de
côte et à un gymkhana.
m i ii—mii'.)" m
Les dangers de la poudre,,,
aux yeux
Blois, 11 juin. La police de Bloi» a arrêté la
nommée Jeanne Cavillac, âgée de 54 ans, habi
tant Salles-Saint-Denis (Loir-et-Cher) pour escro
querie. Cette femme se présentait ohez les commer
çante de la ville comme étant une dame de 1a
Croix-Rouge française quêtant pour les soldats
du Maroc. A ceux qui versaient une obole, elle
remettait un boa leur donnant un droit de 50 %
de réduction sur le prix d'une boîte de poudra
Mathusalem qui, d'après le prospectus, avait 1a
propriété, pour les enfants et» usant dès le jeune
âge, d'en faire plus tard des athlètes complets,
et, pour les adultes, de Içs faire vivre jusqu'à
125 ans.
nent position contre les radicaux. L'ora
teur et ses amis demeurent partisans d'une
représentation proportionnelle.
Varenne insiste sur le renvoi à I» Com
mission. .......
Steeg, au nom du gouvernement, dé
clare qu'il y a le plus grand intérêt à ré
soudre rapidement ce problème.
Enfin, M. Lambert accepte le renvoi à la
Commission qui sera prête, du moins Va
renne s'y engage, à rapporter le projet la
semaine prochaine.
Le renvoi est ordonné,
La Chambre s'ajourne à cet après-midi,
15 heures, pour discuter i l'interpellation
de MM. Heuzê et DuvqI sur la politique du
blé.
La séance est levée à 18 h. 50.
M. P icot de pwfrmin.
DERNIÈRE HEURE
LE VOYAGE DE M. PAINLEVE
AU MAROC
Le président du Conseil
s'est entretenu, avec le sultan
- '
Rabat, 11 juin. — La première nuit
de M. Paiùlevé à Rabat s'est passée dans
d'excellentes conditions.
De bonne heure dans la matinée, M,
Painlevé sort de la résidence pour se
rendre au palais du sultan.
Le président du Conseil uionte dans une
voiture avec le maréchal Lyautey,
M. Laurent Evnac, sous-secrétaire d'Etat
à l'Aéronautique ; le général Jacquemot ;
M. Urbain Blanc, ministre plénipotentiaire;
M. Vatin-Pérignon, chef du cabinet civil
du maréchal ; le colonel Iîunit, chef du
service des renseignements, prennent place
dans les autres voitures. , .
Le président du Conseil est salué, â son
arrivée au Dar el Maghzen, par le caïd
Gechouar, introducteur des ambassadeurs;
La garde noire, commandée par le com
mandant Morat, aux portes, dans la grande
cour du Mechouar et dans les premières
cours du palais du sultan, présente les
armes. On admire la superbe tenue de
ces troupes : cavalerie, infanterie, artille
rie, en uniforme rouge sang avec pare
ments blancs et verts et turban blanc.
La musique du palais joue la Marseil
laise et l'hymne chérifien.
M. Painlevé salue l'étendard et est in
troduit aussitôt dans le palais, ainsi que
les personnages qui l'accompagnent.
Moulay Youssef reçoit M. Paul Painlevé
dans son bureau. Si Kaddour ben Ghabrit
sert d'interprète pour cette occasion so
lennelle, à Moulay Youssef, dont la figure
sympathique, encadrée d'une petite barbe
noire, est éclairée par des yeux très mo
biles, très intelligents.
Le dialogue suivant s'engage :
LfNTEUPRETE. — Le sultan salue le président
du Conseil dont le voyage signifie que la Franoc
s'intéresse avec toutes ses forces au Maroc.
M. Paimleve . Je 'suis heureux de présenter
mes devoirs au sultan, au nom de la Iran ce. 11
peut compter sur la pleine loyauté et la pleine
énergio de la France.
L'IwTEitrnETE. — Le sultan ne doute pas de vos
sentiments et vous prie de donner tout l'appui «u
maréchal Lyautey dans les circonstances actuel
les.
M. Pâikixye. — La maréchal Lyautey et moi,
sommes de très vieux et très intimes amis. J'ai
eu l'honneur de me trouver à côté de lui, durant
les difficultés de ia guerre. Je sais tout ce que la
France lui doit.
L'Interprete . — Le point capital pour le sul
tan est le maintien du protectorat français sur le
Maroc.
M. Pa hleve . — C'est tout à fait la thèse et la
pensée du gouvernement français, colle Que j'ai
défendue, à la tribune de la Chambre, ainsi que
celle du ministre des Affaires étrangères.
L'Interprète . — L'autorité du Maghzen reste
entière. .
M. Painleve . — Elle reste sans partage, sans
division.
Le président du Conseil, le maréchal
Lyautey et M. Urbain Blanc restent seuls
pendant quelques instants avec Moulay
Youssef, M. Painlevé et le sultan s'entre
tiennent pendant dix minutes et prennent
ensuite congé l'un de l'autre,
Après une visite dans les hôpitaux, M.
Painlevé rentre à midi.à la résidence gé
nérale où il déjeune avec le maréchal..
Après le déjeuner, M. Painlevé et le ma
réchal Lyautey travaillent ensemble jus
qu'au moment du départ pour Fez en au
tomobile, à 4 heures de l'après-midi.
M. Painlevé ira demain vendredi visiter
les diverses parties du front. -
Rabat, 11 juin. — A l'Ouest, la situation
est sans changement. Aucune infiltration
nouvelle n'est signalée.
Le groupe mobile a rayonné le 10 juin
autour de Djebel Azjeu. Aucun incident à
signaler. Au village d'Azjeu, les Rouhama
restent soumis.
Les postes au nord et â l'est d'Ouezzan
ont reçu quelques coups de fcisil. Ouezzan
et ses abords, dans un rayon de 10 à 12
kilomètres, sont absolument calmes.
Plus à l'est, le poste de Tafrant, attaqué
par l'ennemi dans la nuit du 9 au 10 juin,
a résisté victorieusement, faisant subir de
lourdes pertes aux assaillants-
La journée du 10 juin et la nuit du 11
ont été calmes aux alentours de cc poste.
Au centre, les abords ouest et nord du
poste de Taounat sont toujours occupés par
les dissidents qui paraissent se renforcer
mais n'ont renouvelé aucune tentative con
tre notre position.
Depuis le 9 juin, & l'est, la situation gé
nérale est calme.
La menace ennemie sor le Gueronaou
s'accentue du fait de ia présence à l'ouest
et près de Yah d'une harka de 1.100 fu
sils.
^Quelques coups de fusil ont été échan
gés entre nos gardes indigènes et des rô
deurs ennemis chez les Béni-Beu-Yahi. De
nombreux coups de fusil ont été également
tirés contre le poste de zouaves de Kif-
fane.
Petites nouvelles de la nuit
—- A Saint-Dié, un formidable incendie a détroit
un établissement de quincaillerie et fait pour
plus de 6 millions de dégâts.
.— A Tours, au cours d'une discussion, Gustave
Langle a grièvement blessé sa femme d'un coup
de revolver et s'est suicidé ensuite.
\ ■ ? ......
LE VOYAGE DE M. BRIAND
A GENEV E '
La note française pour Berlin
partira la semaine prochaine
M. Briand, ministre des Affaires étran
gères, était de retour, hier, au Quai d'Or
say, vers 6 h. 30, venant de Genève.
Dans l'entourage immédiat du président,
on manifeste une grande joie des résultats
obtenus au cours des conversations avec
M. Chamberlain. Ces résultats, on les con
naît en gros. La France s'est mise d'ac
cord avec l'Angleterre sur les termes de
la réponse qui sera faite par le gouverne
ment français aux offres assez vagues du,
Reich touchant la conclusion d'un pacte
de-sécurité.
On attend, à l'heure actuelle, l'avis du
gouvernement de Bruxelles, à qui la note
française a été communiquée. Dans l'es-
prit de M. Briand, cet avis sera l'approba
tion la plus entière de ce qui a été fait.
Aussitôt l'accord avec Bruxelles pleine
ment constaté, le gouvernement allemand
sera mis en possession de la réponse fran
çaise à ses offres de pacte de garantie mu
tuelle en date du 9 février.
, Et l'Italie, peut-on se demander, quel
rôle est-elle appelée à jouer 1
Et l'Italie ?
La position de l'Italie est différente de
celle de la Belgique. La réponse française
en effet porte avant tout sur le Rhin et la
frontière rhénane. Sans doute, dans le mé
morandum allemand, est-i] fait-allusion à
d'autres frontières ; mais pour l'instant,
la question traitée est en somme une ques
tionne principes généraux qui sera sus»
ceptible au cours des négociations d'em
brasser d'autres problèmes que la frontiè
re du Rhin. La réponse française envisa
ge, en effet, la conclusion d'ûjie série de
traités d'arbitrage dans lesquels l'ItaHe
pourra, si elle le veut, être appelée à jot:sr
son rôle. Pour le moment, sa réponse à la
communication française ne peut é:re
fu'une acceptation de principe puisque la
rance spécifie bien dans sa note le
pacte a conclure doit nvaut tovl r ,: '.:- x r
dans .le cadre des traités existants.- C le
déclaration concorde avec 1rs n-vr.;:-; s-
cours de M. Mussolini.
Aussitôt donc reçue à.Paris lu r.-: r-.se
définitive de Bruxelles et,.par suivît ,:*, csl-
le de Rome, M. Briand adressera â B .-':n
la réponse française. On espère qcet
envoi aura lieu à la fin de la
> La note française
€
Nous avons donné hier les lignis
raies de cette réponse. ,
^Rappelons que la France —.^d
avec ses Alliés —- exige, avant «u'.î'tr-jne
signature soit apposée au bas du p u îe à
l'étude, que l'Allemagne entre dans la So
ciété des Nations en acceptant touic-x ss
obligations de la charte.-{Jusqu'ici le Beieh
a fait une réserve pour l'article 10, dans
l'espoir d'échapper aux obligations mili
taires évcr.tu'.'Jles imposées ri'ix signatai
res.)
Enfin, deuxième condition, ia France —
toujours, d'accord avec ses Alliés — de
mande â l'Allemagne de reconnaître for
mellement gue le pacte de garantie éven
tuel ne modifie pas les traités existants-
Quant au pacte lui-même qui se présen
terait sous la forme d'une série de conven
tions d'arbitrage particulières — conven
tion franco-allemande, convention germa
no-belge — il offrirait do la part des par
ties contractantes un caractère de récipro
cité, c'est-à-dire que l'Angleterre garanti
rait la France et la Belgique contre une
agression allemande, mais aussi l'Allema
gne contre une agression française ou bel
ge ou française et belge.
Sur tous ces points, il n'y « aucun doute
sur les interprétations données à Londres
et à Paris quant à l'accord franco-britan
nique préalable qui vient d'être conclu.
U en est un cependant qui reste toujours
quelque peu obscur, soit qu'on se refuse à
Paris à poser le problème sous son ahgle
réel, soit qu'on ne veuille pas à Londres at
tirer l'attention dessus. C'est celui-ci :
La Pologne est attaquée par l'Allema
gne. Liée par son traité définitif, la Fran
ce a-t-elle le droit de franchir la zone dé
militarisée du Rhin pour secourir son al
liée ? Parfaitement, dit-on à PJiris, niais
on ajoute à Londres, « en cas d'agression
caractérisée ». Or, qui décidera du carac
tère de l'agression ? Le conseil de ia So
ciété des Nations. Mais le conseil de la
S. D. N. ne peut prendre de décision qu'à
l'unanimité, et l'Angleterre siège au con
seil, C'est donc sur la voix seule de la
Grande-Bretagne que reposerait... le sort
de la Pologne, à moins que la France ne
passât outre ! On ne semble pas vouloir à
Paris, dans les milieux les plus autorisés,
regarder le problème de cette façon, mais
on ne suggère aucune réplique à cette ar
gumentation.
'11 est vrai qu'avant d'examiner, tous les
cas d'exécution dans lesquels le pacte pour
rait jouer, il faudrait que celui-ci existât.
Et pour cela, il faudrait que l'Allemagne
l'ait signé..,.
Or, on prévoit des négociations, c'est-
à-dire des concessions... A moins que l'on
envisage tout simplement un refus.
On serait alors, dit M. Briand, fixé sur
les arrières pensées de l'Allemagne.
Si on ne l'est pas encore, on ne le sera
jamais. _
* J. L. B.
CHRONIQUES & VARIETES
Les revenants qu'on aime
MARIE GASQUET (1)
Tonte la Capucine
Quand nous avons quitté, dans la fleur de eea
vingt ans, l'héroïne d'une fiction, noua attendions-
nous â la revoir chargée de soixante-douze .autom
nes ? . Etrange gageure ! 11 faut, pour l'avoir
gagnée, l'insouciance des belles audaces.
Nous avions aimé une fille de Saint-François,
h petite Nais qui vivait dans l'amitié des anges,
entre le porche d'azur de sa Provence et le seuil
du Paradis, Naïs qui tressait aux oiseaux des
chapelles de feuillage et ranimait, pour la joie
cic deux pauvres vieux, leur âne agonisant.
v Le royaume de Naïs n'était pas de ce monde;
elle ne semblait pouvoir y vivre ; elle est entrée
au couvent, à Air, chez les Capucines ; us demi-
siècle, elfe s'est confinée, comme elle dira, c dans
le colloque du silence*, en Dieu. Mais voici
qu'elle en sort, chassée avec les autres nonnes,
par un décret du gouvernement. Elle reparaît
dorant noua, dépaysée, ratatinée par l'âge, un peu
ai,une en face d'un milieu où le plafond des
choses terrestres masque l'étemelle Splendeur.
Qu'y deviendra cette exilée ? Aurons-nous plaisir
(1) Flanurumonj éditeoç,
à la rejoindre ? Eh bien ! l'étonnant, c'est que
Naïs vieillie, dépasse en attraits Naïs jouvencelle ;
nous la sentons plus vraie et immortellement jeune,
son cœur d'autrefois n'a pas changé ; seul, son
vêtement de chair confesse l'usure du temps. Elle
et sa sœur Fine, l'ancienne boulangère, pour la
première fois, après cinquante-quatre ans, se re
trouvent vis-à-vis :
j f f ■
— Grand? mère, voici votre « eut dit Hélène
en ouvrant la porte.
Mme Béraud fit un bond, mais, tout de suite,
sans paroles, retomba parmi les coussins. Naïs
lui fit la révérence et debout, les bras croisés
dans Vattitude monastique, attendit.
—- Alors, c'est... c'est_ vous, Na~ Nais... Boa.
tiire— La petite Naïs des Figons
Un long silence sans merci.
— Vous n'avez plus de dents
— Ni vous non plus, ma sœur, répondit Nias
avec un sourire navré.
— Ma sœur ?... Alors c'est bien vous, vouz,
iVoû—, ma petite Nais ?„
— Fine... Il faudrait peut-être nous embrasser
et notes dire tu—
Un sanglot répondit et, sur le canapé cerise,
les deux petites vieilles s'étreignirent.
Admirable et . poignante rencontré, toute la
figure des tristesses humaines en deux gestes, en
quelques mots ! Mme Marie Gasquet ici n'invente
rien ; elle note ce qu'elle a retenu, quand la
grand' tante de Joachim Gasquet, mise hors de
son couvent, trouva chez sa sœur un refuge. Ces
deux personnages révèlent si bien la Provence
qu'ils seraient, ailleurs, inconcevables. Je n'ai point
connu Naïs, mais sa sœur, la grand' mère de
Gasquet, une vieille au châle noir, aux yeux
d'escarjboucla, brandissant on menton aigu, les
mains toujours en action, vacb et grondeuse, ori
ginale dans ses bourrades, intraitable sur l'honneur,
d'une probité nette comme un écu au soleiL Cette
aïeule était toute la Provence de jadis, vive et
forte, catholique avec un fond païen. Autant Naïs
s'élevait sans effort vers les régions invisibles,
autant celle-ci s'entêtait à demeurer positive, mal
gré les « châteaux » de son imagination.
•— Ma sœur la Capucine, disait-elle plaisamment,
se régale de renoncer aux choses*; met, je me
légale de les avoir ; et tout se passe dans nos
cervelles.
Naïs, elle aussi, est Provençale par son humeur
de «songe-fête» que sa vie sainte a sublimisée.
Elle porte du ciel bleu dans sa tête ; «elle se
régale de renoncer aux choses » ; le sacrifice est,
pour elle, assaisonné d'allégresse. Elle veut croire
les hommes bons, afin de les rendre tels ; quand
elle ouvre ses yeux sur le monde, «lie l'emplit de
leur pureté ; elle a le sentiment gai de posséder
une puissance qui ne vient pas d'elle, mais de.
plus haut ; humble et douce, ascétique pourtant
et conventuelle comme si les murs de son cloître
continuaient à l'abriter.
La nature ne la met pas en défiance ; elle fra
ternise avec les animaux ; elle tiendrait au ser
pent lui-même de célestes discours, s'il consen-
tait à les entendre. Son catholicisme est nativè-
ment franciscain ; il fleurit sous un climat où la
douceur du Jardin perdu semble plus proche.
Rentrée «dans le siècle», Naïs communique â
tout ce qui l'entoure sa paix divine, elle la dispen
se aux plus déshérités, à ceux dont l'âme s'est
racornie dans la coquille de pierre d'un orgueil
intellectuel. Simon, le petit-fils de Mamet Béraud,
loge sous son toit un docto ami, le philosophe
YerneuiL Le ménage de Verneuil est détraqué
par la fugue de sa femme Micheline, qui est par
tie en Amérique après lui avoir donné, à son
corps défendant, un fils; car elle est
pour les fe)nmes inférieures ! Micheline m un
de ces monstres en jupon que fabriquent les uni
versités modernes ; chez elle l'intelligence a con
fisqué et, semble-t-il, anéanti . toute sensibilité
naïve.
Mais la morphine a mis hors de service l'éner
gie même de cette intelligence. On là ramène
dans un état lamentable. Simon, Hélène, n>&]ç<é
les doutes de Verneuil, veulent entreprendre es
guérison ; et c'est Naïs qui eçra la médiatrice du
changement miraculeux.
Verneuil lui confie l'éducation de son fils, du
petit'Biaise. Exquise parabole, discipline de rêve,
où l'enfant blond, au milieu du verger, mêlé aux
fleuré et aux bêtes, pacifiques, apprend "les ver
sets latins de liturgie ! Naïs n'a pas besoin de lui
citer le mot- d'Aristote, qu'elle ignore : «La
fleur est la prière des plantes. > fi regards Naïs
prier, et il sent que les lys prient avec elle.
Cependant Verneuil qui ne consentait pas â
rapprocher de Biaise une mère indigne, la laisse
venir à Eguilles chez son amie Hélène. Elle vit
auprès de' son fils, sans qu'il sache qu'elle est sa
mère. Elle l'aime, elle se fait aimer.de lui; et ce
retour à l'ordre naturel des sentiments prépare une
conversion plus haute. Le journal de Micheline
transcrit les phases de cette délicieuse cure morale.
Mme Marie Gasquet fait largesse à la convales
cente de sa propre santé catholique ; elle ne dis
simule point ses résistances, les sursauts offensifs
de sa morbidité. Je crois qu'une Micheline aurait
des amertumes et des révoltes plus irréductibles.
Mais, m lisent, ax n'examine pas les possibilités
moyennes, la merveille de cette résurrection nous
induit à la désirer ; et, en la désirant, on y
coopèit.
■ Cest Naïs qui 1'achêvora. Elle va mourir : le
spectacle de sa mort courbe Micheline vers l'humi
lité de. la foi. Naïs lui mérite l'état de grâce ;
sous sa main d'agonisante les époux se réconcilient
D'autres romans nous offrent des morts admira
bles ; je n'en sais point de plus douce, de plus
liturgique. L'encens des Anges flotte autour du
chevet de Naïs. On pense au mot de l'ascète,saturé
d'une joie sublime : « La mort est le couronne
ment d'e la béatitude pour l'âme et le commen
cement de la béatitude pour le corps. « Naïs
exhale paisiblement son âme ingénue. Elle se dé
tache de la terre comme une colombe s'élève d'un
toit, ouvre ses ailes dans l 'espace ensoleillé. Naïs
s'en va ; mais son image nous reste, plus véridique
et pure que le visage de Mireille ou d ;e la fée
Estérelle, et, comme elles, parée d'une jeunesse sans
déclin.
Emile BAUMANN.
•Oe—
Pour trouver un lieu de villégiature pour
les vacances prochaines, vous pouvez con
sulter dans l'Action française :
1" La liste des hôtels dans lesquels l'A. F.
est régulièrement en lecture (le jeudi);
2* Les Petites Annonces des lundi, mer
credi et vendredi aux rubriques, :« Loca
tions > et « Villégiatures . --^ i
François-Albert, récidiviste
Pour la seconde fois, avant-hier soir,
l'ex-ministricule a été vidé du boulevard
Saint-Michel.
Il s'était discrètement installé à la tei'-r
rasse d'un café, lorsqu'il fut reconnu par
quelques-uns des nombreux amis étu
diants qu'il possède au Quartier Latin. Le
tyranneau d'Université s'entendait alors
traiter de gentils noms d'oiseaux et se
voyait lestement houspiller. Dans ces con
ditions, la bière qu'il buvait lui parut si
amère qu'il voulut déguerpir. Mais ses
jeunes amis s'y opposèrent, tant qu'il
n'eût pas réglé un nombre respectable de
consommations.
Pour le remercier, les facétieux étu
diants se firent un devoir de l'accompa-
fnér jusqu'à la porte d'une maison... amie,
evant laquelle une brillante sérénade sa
luait une dernière fftis <— pour cette nuit-
là —■ l'ex-ministricule.
Au revoir, François Albert, jamais deux
sans trois ! — C. J.
diffamateurs" socialistes
condamnes
Saint-Malo, 11 juin. — L'Aurore, or
gane du parti socialiste en Dle-et-Vilaine,
qui avait publié un article diffamatoire
contre l'abbé Angenard, vicaire à Labous-
sac, et la bonne du presbytère de cette
paroisse, a été condamné à 200 francs
d'amende et 1.000 francs de dommages-
intérêts. envers, chacun des deux deman
deurs.
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