Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1925-05-31
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 31 mai 1925 31 mai 1925
Description : 1925/05/31 (Numéro 151). 1925/05/31 (Numéro 151).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-huitième année— N° 151
DimancKë 3Ï taaf 1925>
1B centimes. P aris ^
20 centimes. D ^ajrtekes ts et C olokœs
ABONNEMENTS S Ha A e . SiUTtit Treliïtls."
France et Colonies. 48 fr. 25 fr. i3 fr.
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Chèque postal » Compte aS.goo Paris."
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
(( Tout ce qui est national est notre, i -
Lé Duc d'OBLÉANS
" héritier des quarante Rois qui çn mille ans firent la France.
EÉDAGTIOS & ADMI5ISTR ATICH I
li. ras de Borne, PARIS (8")
Adressa télégraphiqno : ACTIOFR AN-PARIS
Téléphona : Administration : Louvre 26-49, 3&-5o
Rédaction : Central 75-44 Publicité : Contrai 76-77
■ Après xo heures du soir ; Ségus tx-éé
Registre de Commerce ;Seine N» 78.68a
Fondateurs HENRI YAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —- Rédacteur en chefs MAURICE PUJO
I «.Pour un patriote assassiné, mille?
patriotes surgissent. Autrefois on disait?
« Sanguis martyr uni, semen christiano-
runi a, le saug des martyrs est une semen*'
ce de chrétiens. La patrie, elle aussi, peut
escompter de fécondes semences, pufc:
quelle peut avoir de tels martyrs »,
" Oraison funèïirë de M. l'abbé Colombel,
Curé de Saint-PJuUppe-du-Routé. r •
aux obsèques d'Ernest Berger;
mjip-AH k
'îîin r' Tfi"lÎTi11 ftrfinanni ^^" < ^" A ^ itiirii'irBTràTiînii iifrWi Viir^riif>r 1 ni'TiTiri ilii7niiiMrr^i''t ■ ■ . t
Les funérailles d'Ernest Bercer
. •' . ' ....
Une foule immense et recueillie
accompagne à sa dernière demeure la dépouille du martyr
DISCOURS
prononcé par Bernard de Vesins
Président de 1^ ligue d'Action française
' sur la tombe d'Ernest Berger
En perdant Ernest Berger, que nous
accompagnons à sa dernière demeure, la
grande famille de l'Action française perd
■un de ses enfants les plus chers. Il était
des nôtres depuis toujours. D'abord à
Lyon où le souvenir de son ardeur et
de son dévouement est resté dans la
mémoire de tous, puis à Paris où, appelé
par Marius Plateau, il donna tout son
temps, toute son intelligence, tout son
cœur à l'œuvre commune. C'est chez nous,
nie de Rome, qu'il trouva l'héroïque et
digne compagne de sa vie dont »le cou
rage, depuis l'affreux drame, fait l'admi
ration générale ; c'est là encore .qu'il
vivait au milieu de nous, donnant l'exem
ple du travail exécuté sans bruit mais
sans relâche, sans ostentation mais aussi
sans défaillance, trouvant sa récompense
dans le sentiment du devoir accompli.
Nous seuls, qui le voyionB à l'œuvre, nous
pouvions apprécier, comme elle le méri
tait, cette somme de vertus profondes
■|ont la vie d'Erneat Berger était remplie.
Ï1 aurait pu sembler, dès lors, que cette
rie, volontairement obscure, dût échapper
t l'attention des ennemis de la France
;t que l'existence de ce travailleur dût,
■jar sa modestie même, attirer le respect
Je ceux qui se prétendent les défenseurs
4u peuple.
Mais non ! C'est contrer Ernest Berger
que leur rage s'est tournée, c'est lui qu'ils
ont fait assassiner !... C'est qu'une vie
çomme la sienne est-un défi, un outrage
i leurs doctrines révolutionnaires ; c'est
qu'un caractère comme le sien est un
qbstacle insurmontable à leurs tentatives
contre la société. Parce que Berger per
sonnifiait les vertus françaises de travail,
je probité, de bon sens et d'honneur ;
parce qu'il mettait ces vertus au service
e l'ordre français ; parce que son exem-
ile formait autour de lui des légions
:ë jeunes cœurs où les mêmes vertus
fleurissaient ;, parce que, dès le premier
contact, les troupes de l'anarchie l'avaient
tu résister â leur effort, il était devenu
gour elles un objet d'exécration. Il avait
voulu dire la vérité sur la mort de son
çhef, de eon ami, Marius Plateau, dès
fcrs, il était voué à la même haine ; il
|tait désigné pour la même fin !
Marius Plateau ! Ernest Berger ! Amis
inséparables que nous avions connus unis
lans l'allégresse du même travail, dans
"amorti de la même cause ! Aujourd'hui
vos deux noms sont toujours associés dans
Te même martyre pour la cause sainte
de la France... Vous êtes tombés sous les
eoup3 des mêmes ennemis de notre pays ;
voua allez dormir votre dernier sommeil
tout près l'un de l'autre, à côté d'autres
ri crimes récentes des mêmes haines, sym
boles de l'union des patriotes français
dans les mêmes deuils et aussi dans les
mêmes devoirs !
Nobles et jeunes martyrs d'une même
cause, nous avons confiance que, si Dien
vous a appelés à lui les premiers, c'est
que, les premiers, vous aviez mérité sa
récompense. De là-haut, priez pour la
France ! Donnez à ceux que vous aimiez
Ici-bas le courage et la force dont ils ont
tant besoin ! Qu'ils vous imitent, qu'ils
vous continuent, qu'ils arrivent sans dé
faillance au bout de leur tâche, en ayant
stjr terre votre exemple, en vous trouvant
là-haut pour les accueillir à leur tour !
Mon cher et vaillant Berger, repose en
paix ! Tu laisses des amis qui garderont
pieusement ton souvenir, qui entoureront
les tiens de la même affection qu'ils
avaient pour toi, qui suivront ton exem
ple et qui, les yeux pleins de larmes
aujourd'hui, mais avec un cœur ferme
et une volonté inexorable, font le serment
de poursuivre jusqu'à son terme la voie
royale sur .laquelle tu es tombé.
Ernest Berger, au nom de tous, je te
dis le suprême au revoir !
A Saint-Philippe-du-Roule
L'église Saint-Philippe du Roule a reçu
une imposante décoration funèbre. Le
chœur est entièrement tendu de noir. Des
draperies noires lamées d'argent envelop
pent les colonnes et drapent les murailles.
Deux faisceaux de drapeaux tricolores
sont fixés de chaque côté du chœur. L'au
tel est tout illuminé.
Au milieu du transept s'élève le cata
falque, couvert d'un drapeau tricolore,
embrasé de cierges. Au pied du cercueil,
on a apporté deux des innombrables cou
ronnes qui s'amoncellent à l'extérieur de
l'église. L'une d'elles porte sur son ruban
cette inscription qui fait venir les larmes
. aux yeux : « A mon mari, à notre papa. »
A gauche du catafalque se tient toute
une famille en deuil : Mme Ernest Ber
ger, veuve de notre ami ; Mme Berger, sa
mère; M. et Mme Pierre Berger, Mlles Ber
ger, ses frère, sœurs et belle-sœur. A droi
te, ont pris place S. A. R. Mme la duchesse
de Vendôme et son service d'honneur : le
marquis Dadvisard, Mme la comtesse de.
Saint-Exupérv, Mlles Boyer de Bouillàne
et Morel de ïeincey ; S. A. R. la princesse
Geneviève d'Orléans, comtesse de Chapo-
nay et le comte de Chaponay, le baron
Tristan Lambert, les membres des comi
tés directeurs de l'Action française.
L'assistance
Dans la nef et dans les "bas-côtés se
presse une assistance extrêmement nom
breuse. On remarque notamment :
Mme Cretin-Plateau, Mme Léon Daudet ;
M. Dominique Delahaye, sénateur ;
Marquis de Juigné, marquis de la Fer-
ronnays, marquis de Baudry d'Asson,
Edouard Soulier, A. Biré, députés ;
Marquis de Rosanbo, Xavier Yallat, mar
quis de Kernier, Ruellan, anciens dépu
tes ;
MM. César Caire, ancien président du
conseil municipal; Le Provost de Launay,
Froment Meurice, conseillers munici
paux ;
IL le chanoine de Saint-Jacques ; MM.
les abbés Marty, Maurice Lambert, Thué-
lin, P. Mestre, Charles Prunier, Louis Da
niel, Balsan, Janeau ;
Vicomte Thierry de la Loge d'Ausson,
président des comités royalistes de Paris
et de la Seine ;
Mme Freeman, née princesse de Bour
bon-Sicile, duc et duchesse de Camastra ;
MM. Henry Bordeaux, de l'Académie
française; M. Mestre, professeur à la Fa-
culte de droit, et Mme Mestre ; Philippe
Barrés, Gilbert Charles, Paul Ritti, René
Groos, Pierre Varillon, Jean Longnon,
Pierre Dominique, Henri Mazet, Jacques
Maritain, Eugène Marsan, Henri Massis,
F. Hayward, Robert Launay, Mme Pierre
Gilbert, M. et Mme Jean Rivain, vicomte
et vicomtesse Xavier de Courville, A. Ber-
nardini.et P. Thirion, Albert Tronc, di
recteur de l'Exportateur français; André
Laphin, Emile Buré, Marcel Mikorski, G.
Talabard, Robert Doucet et M. Léonard,
directeur, rédacteur en chef et adminis
trateur de la Dépêche coloniale; Simon
Arbellot, du Figaro^ A. Michelin, au nom
de la rédaction de la Croix; André Piron-
neau, de l'Echo de Paris; Max Vitry, au
nom de la presse monarchique et catho
lique ; René Richard ; J.-A. de Catheli-
neau ; une délégation des ouvriers de l'im
primerie de l'Action française ; la rédac
tion et l'administration du journal ;
Les présidents des sections de Paris et
de la banlieue, Roland Villemann, des
Etudiants d'A. F. de Caen; B. de Rainvil-
lers, président de la section d'Abbeville;
Paul Pouyé, de Fontainebleau; L.-Eugène
Veith, comte René de Beaumont, Valen-
tin-Smith, Maurice Dupont, secrétaire ré
gional du Nord; Louis Jasseron, secré
taire régional de Lyon; Van den Broek
Obrenon ; Ausseur ; Jules Challamel, prési
dent des comités royalistes de Savoie ;
lieutenant-colonel Calté ;
Comtesse de Lur-Salucés et vicomtesse
de la Besse, présidente et vice-présidente
des Dames d'A. F.; Mlles Marie de Lur-Sa-
Iuces et de Cabrières, secrétaire des Jeu
nes Filles royalistes; Mme de Mlle Szymans-
ka de Slepovron, Mme Boyer de Bouil
làne, comtesse de Courville, Mme William
Bazin, Mlle Falcou, Mme Lagrange, Mme
J. Louit, vice-présidente des Dames roya
listes de la Gironde; comtesse Odon de
Montesquiou-Fezensac, comte et comtesse
de Baritault, baronne F. de Lassus, com
tesse de Carné-Trécesson, Mlle de Largen-
vtaye, Mme Joseph Récamier, Mme Langé-
vin, Mme Laussel, baronne d'Ussel, ba
ronne de Nervo, comtesse de Barrai, Mlle
Henriette de Lestrange, Mlle de.Boisfleu-
ry, Mme Pierre Héricourt ;
Général Dessoffy, MM. Henry Provost,
vice-président des Jeunesses patriotes; P.
Mourry, Jean-Paul Besançon, trésorier gé
néral des J. P.; Grassot, M. T. Bombez;
MM. Jacques Arthuys, président des
« Légions » ; d'Humières et Trogou, dé
légués généraux; Gustave Delavenne et Jac-
quinot, de la section universitaire de la
Ligue républicaine nationale; général Es-
tève; E. Altazin; le comité de l'Associa
tion nationale des camarades de combat,
la section des 8" et 9 e arrondissements de
l'A. N. C. C., MAI. H. Corvisi, J. Touraud,
J. Léger, la Légion;
Général de Castelnau, MM. Marcel Ha-
bert, délégué général de la ,L. D. P.; Ar
sène Cruchon, commissaire général; La
val, Maréchal, Fosseret, présidents de sec
tions; S. Augerolles; Félix Jeantet; comte
A. de Durfort; comte et comtesse Jacques
de la Rochefouoault; marquis et marquise
de Vasselot de Régné ; baronne du Houlley
colonel de Galembcrt; comte et comtesse
de la Laurencie ; Emmanuel Bullet ; com
te Jean d'Andigné ;
MM. Paolo Bianchini, du Directoire du
fascio de Paris ; pour la délégation des
Fasci italiens en France ; comte Renzo
Pellati et M. Alexandre-Arister; pour le
fascio de Paris, M. Mario , Arca, Mario
Bombelli, président du Fascio de Paris;
Prince .loacbim Murât et le comité di
recteur du parti de l'Appel au peuple,
etc., etc.
Nous nous excusons dé né pouvoir ci
ter toutes les personnalités qui avaient
tenu à assister à la cérémonie.
Au moment où la messe ya commencer,
le drapeau de l'Action française entre
dans l'église, porté par le capitaine de
Montés, et entouré de sa garde : MM. de
Chazelles, Guilbert, Calley, Trahin, Lan-
gevin, de Bierne, capitaine Creveau, Vi
dal, Macault, D* Cornu, Roger Chastres,
commandant Killiani, Roche, Baillieux,
commandant de Lapeyrière, de la Fré-
geolière. Viennent ensuite le drapeau des
étudiants d'Action française, porté par
notre ami Dijon, entoure de Denarie, Ar-
millon et Kissinger, le drapeau de la LU
gae des patriotes et le drapeau de la sec
tion du 7' arrondissement de cette ligue,
les fanions des sections d'A. F. de Paris
et de banlieue* le drapeau de la section
de LiHe, le fanion de la section de Reims,
le fanion des Légions. Tous les drapeaux
et les fanions, cravatés de crêpe, vien
nent se ranger autour du catafalque, où
ils demeureront durant toute- la cérémo
nie.
La messe est dite par M. l'abbé Alla-
mand, vicaire de la paroisse. Pendant
l'office, un très beau programme musical
est exécuté par la maîtrise de la paroisse
sous la direction de M. Jean Gallon, maî
tre de chapelle, avec le céncours de M.
Nargop, de l'Opéra; MM. Génin et Mor-
turier, de l'Opéra-Comique. Le grand or
gue est tenu par M. Mulet C'est d'abord
le Kgrie de Rinck, puis, après, le Dies
irœ, chanté en grégorien; le Sanctus de
Beethoven, le Recordere de Gounod, le
Miseremini de Steemann, le Libéra en
faux-bourdon et, à la sortie, le Cantabile
de César Franck, au grand , orgue.
Allocution de M. le curé
. Avant l'absoute, M. l'abbé Colombel,
curé de la paroisse, monte en chaire pour
prononcer l'émouvante oraison funèbre qui
suit :■
Les compagnons d'armes de la noble victime
pour laquelle nous venons de prier, ont voulu
que le premier salut adressé à sa mémoire descen
dît vers sa dépouille et montât vers son âme, de
cette chaire chrétienne où l'on ne dit que la vé
rité, où l'on ne glorifie que le bien. Nous n'avions
•pas le droit de rejeter une pareille demande. N'est-
il pas juste, an demeurant, que la voix de la re
ligion se fasse entendre ■ à cette heure comme
celle de la patrie ? L'Elise et la France sont
deux mères. Alors, chaque fois qu'un chrétien et
qu'un Français meurt en servant l'une on l'antre,
il y a deux mères qui pleurent autour de son cer
cueil.
Et vous, chrétien fidèle et fidèle Français, vous
avez servi l'une et l'autre. Au jour où des mains
sacrilèges se tendaient vers les biens de cette
Eglise qu'il fallait spolier pour la mieux asser
vir, vous vous êtes dressé contre une telle tenta
tive, et vous avez payé de votre liberté ce geste
d'indignation. Au jour où les barbares ont foulé
notre sol, vous avez pris votre fusil ; et si vous
n'êtes pas tombé au front comme un de vos frè
res, si vous n'avez pas succombé lentement com
me un autre, au lent et impitoyable poison de l'in
toxication, c'est qu'une infirmité douloureuse vous
avait arraché à nos champs de bataille et condam
né à l'immobilité.
La mort n'avait donc pas voulu de vous. Et l'on
croyait déjà qu'elle ne reviendrait pas de sitôt à
la charge.
Comme tant d'autres, la victoire gagnée et la
paix établie, vous pensiez que c'en était fait enfin
des discordes et des haines. Vous pensiez que
l'on ne saignerait plus, que l'on ne pleurerait plus
en France. Et tranquille, joyeux, fier, le devoir
accompli, vous aviez fondé un foyer. Vous aviez
choisi une compagne digne de vous ; dès lors,
quelle douceuT dans cette demeure où, chaque jour/
votre tâche achevée, vous vous reposiez, en sou
riant à deux petits enfants ! Qui donc aurait pen
sé à la mort, dans une telle tranquillité
Non, la mort n'avait pas voulu de vous.
HAas!
Que reste-t-il de tout ce bonheur ? Un cadavre
affreusement mutilé ! Une veuve serrant contre
son cœur des orphelins, des parents, des amis,
si vaillants autrefois, si accablés aujourd'hui, ayant
peine à retenir leurs larmes dans ces mêmes yeux
qui regardaient naguère le Prussien en face ; et,
avec eux, la France, toute la France, car ceux -
qui ne sont pas en deuil aujourd'hui ne sont pas
des Français.
Ainsi, pour emporter dans un linceul ce soldat,
cet époux, ce père, ce. patriote, ce chrétien, la
mort s'était déclarée maintes fois impuissante. Elle
avait vainement armé le bras de l'Allemand. Pour
l'emporter, il a fallu.. Mais quoi ? Que vaia-je
dire ? Faudra-t-il imposer à mon cœur de Fran
çais, à tous les cœurs français qui 'battent en cette
église, la honte et la douleur d'évoquer le plus igno
ble des forfaits ; faudra-t-il me pencher avec les
experts sur l'instrument du crime et constater que
la balle homicide n'était pas une balle allemande ?
Oh ! non, mon Dieu, ne reconstituons pas cette
scène de mort. N'envoyons même pas du haut de
cette chaire, devant ce crucifix une malédiction,
un geste de menace, à qui que ce soit. Laissons
les coupables à leur conscience, s'ils en ont en
core une, et à la justice divine, car il y eh a
toujours une. Nous avons mieux à faire : prions
et espérons. Prions : nous l'avons fait déjà, nous
le ferons encore, pour celui dont le nom s'inscrit
avec du sang dans le martyrologe de la patrie.
Prions pour ceux qu'il laisse dans les larmes, et
qui trouveront auprès des amis d'aujourd'hui les
défenseurs et leB soutiens de demain. Prions pour
la Fiance. Pauvre France, mes frères ! Faut-il
qu'après avoir été meurtrie par ses ennemis, elle
soit maintenant déchirée par ses fils ? Le présent
est sombre,, l'avenir plus sombre encore. Bien aveu
gle qui ne voit pas la menace. Bien insensé qui
ne prévient pas le danger ; devant ces coups
d'essai d'une anarchie rongeant, impatiente, un
■frein usé, on se rappelle inévitablement la parole
du poète :
Quelques crimes toujours précèdent les grands "
[crimes.
La prière est une arme. Prions. Mais espérons
î
ijussi ;. car .s'il nous est douloureux de voir parfois
déferler dans nos rues les hordes rouges et hurlan
tes de la révolution, avec quelle consolation la pa
trie vou3 verra, tout à l'heure, messieurs, défiler,
en formations ordonnées et martiales, serrant les
coudes, le front haut, l'allure fière, à la française,
disons le mot. Vous montrerez ainsi à ceux qui ne
le sauraient pas, que, pour un patriote assassiné,
mille patriotes surgissent. Autrefois, on disait :
C Sanguis martyrum, semen christianorum. > Le
sang des martyrs est une semence de chrétiens.
La patrie, elle aussi, peut escompter de fécondes
semences puisqu'elle peut avoir de tels martyrs.
Glorieux et humble martyr ! Que 'Dieu recueille
votre âme. Et que vos amis, recueillant votre sang
versé, y puisent une ardeur nouvelle pour servir
la cause à laquelle ils se sont voués. Ce faisant,
ils honoreront votre mémoire, et, j'ose dire, ils
vengeront votre mort. Car la plus belle manière
de se venger de ceux qui veulent perdre la patrie^
c'est de la sauver migré eux.
Ces paroles, prononcées par M. l'abbé
Colombel avec une émotion chaleureuse,
font sur l'auditoire la plus vive impres
sion.
L'absoute est donnée solennellement
par M. le chanoine Richard, curé de Saint-
Pierre du Gros-Caillou, oncle de Marius
Plateau. Puis les assistants présentent
leurs condoléances à la famille d'Ernest
Berger et aux comités directeurs de l'Ac
tion française.
(Voir la suite en 2' page.)
LA POLITIQUE
I. Une escorte d'union sacrée
Tous les renseignements recueillis con
firment notre sentiment. Les obsèques vé
ritablement nationales faites à notre mal
heureux ami Ernest Berger auront touché
et ému Paris jusqu'à l'âme. Ceux qui con
naissent la fibre parisienne n'en seront
pas surpris. La composition de ce cortège
de deuÛ correspondait au désir et à l'es
poir seoret d'une population qui est peut-
être la plus intelligente du monde et qui
a bon cœur. Elle est lasse, elle est dégoûtée
des luttes de classe, elle aspire à l'union
de toutes les sphères, de tous les or
dres et de tous les métiers pour la gloire
et la prospérité de la nation. Or, de Saint-
Philippe du Roule au cimetière de Vaugi-
rard, que voyait-elle ? Le cercueil d'un
travailleur, appartenant à la classe moyen
ne et, comme devait l'indiquer Bernard
de Vesins, suivi, pleuré de tous Ses frères
en patriotisme, à quelque palier social
qu'ils fussent établis, gens du monde, offi
ciers, intellectuels, employés, fonctionnai
res, commerçants, artisans et ouvriers de
tout corps d'état. Toute la France était là,
représentée par des hommes et des femmes
de toute mise et de toute condition. Les
princesses du sang étaient là, les étudiants
étaient là, et des typographes, des chemi
nots, des commerçants, des bourgeois, de
gros seigneurs, de grands seigneurs, et
tous du même cœur, du même pas der
rière la courageuse, l'héroïque veuve et le
petit groupe des parents en deuil, tous ani
més des mêmes volontés justicières contre
l'assassinat, du même sentiment d'énergie
patriote contre les instigateurs de l'as
sassinat, contre l'esprit qui a concu et
mûri cette instigation iet qui ne tend qu'à
diviser la France et à conduire les Fran
çais à s'entretuer.
Oui, c'était beau. Beau à pleurer. Beau
à travers les larmes dont il fallait bien
que nos yeux fussent emplis tandis que
nous avancions vers le cimetièrè où dor
ment, avec Plateau, Edmond Marchai, Ed-
gard Trullet, Fernand Tillet, Maurice Ri-
caud, et où allait dormir notre pauvre Er
nest Berger ! Beau de la. beauté mâle qui
contient une utilité générale, un service
rendu à la patrie et au genre humain ! La
respectueuse amitié des quartiers populai
res n'a pas été refusée a ce spectacle si
douloureusement clair.
Près du cimetière, une lourde voiture
veut couper le'cortège. Nos am'is des Jeu
nesses patriotes s'y opposent. La police
semble décider contre nous. Qui
prend parti pour le respect du mort, qui
traite de s le livreur impétueux ou trop
pressé ? Des ouvriers d'un chantier en
bordure de la rue Lecourbe. Ce sont eux
qui ont fajj^tourner bride. Eh ! oui, l'opi
nion se réveille, et le bon sens reprend
ses droits,
'II. Tombé au champ 'd'Honneur
Pour tout dire d'un mot, la vérité finit
par se faire jour, on se rend compte que,
après Plateau, après Philippe Daudet,
après Fernand Tillet, Edgar Trullet,
Maurice Ricaqd et Edmond Marchai,
Ernest Berger" 1 -est bien tombé au champ
d'honneur, pour la cause de la patrie, ab
solument comme lès martyrs de la Grande
Guerre et comme ceux qui tombent au
jourd'hui sous les balles de l'allié maro-
caain des communistes, AM el Krim. H
mérite les mêmes pleurs que la patrie a
dédiés à ceux de la Marne, de Verdun et
de la montagne de Reims. Ils sont dignes
de la même pieuse lamentation des poetes,
et je puis déposer, parmi les fleurs qui
jonchent ce linceul tricolore, les «pal
mes » et les « lauriers » de ces strophes
In memoriam qu'un poète ami, qui signe
Pierre Vicence,. m'a fait tenir pour eux
tous avant-hier :
Le temps vient de supendre à de nobles colonnes
Sur le sol reconquis pour un dur avenir
Ces palmes, ces lauriers, décevantes couronnes,
Froide offrande inégale à votre souvenir.
Le matin des assauts, vous alliez d'un pas grave
Au devant,de la mort en lui tendant les bras
Nulle ombre ne voilait cette noblesse., brave
Oà l'audace et la force éclairaient les combats.
Maintenant vous dormez et. la gloire cruelle
Vous -berce tendrement de ses bras meurtriers.
Vos cœurs inassouvis rassassiês par elle
La terre se fait douce à vos restes broyés.
Vous êtes bienheureux, mais les chants d'allégresse...
Vais-je poursuivre ? Non. J'arrêterai là
ma citation,car le poète trop occupé del'af-
freuse histoire de ces six dernières années
se demande si ces chants d'allégresse et
ces triomphes seront saccagés par l'igno
rance et par la folie des politiciens :
Les chefs de votre peuple ont nié vos tom
beaux.
Non, l'image de ces mauvais chefs
n'est pas à dresser devant des gloires et.
des deuils sans mesure. Leurs vagues
silhouettes sont faites pour s'enfuir devant
là. victoire et devant la mort Ne nous
souvenons de ce qui est et de ce qui mé
rite d'être î
ni. A la Ligue d'Action française [î
nos idées, nos doctrines
C'est pourquoi, parmi nous, il faut que
cela soit connu, le recrutement n'a jamais
été plus actif que depuis quatre jours. A
Paris l En Province 1 De toutes parts on se
fait inscrire, les royalistes à la Ligue, les
non royalistes à l'Alliance. Les personnes
qui se bornent à éprouver de la curiosité
pour un groupe que hait et qu'ensanglante
l'Ennemi de l'Ordre s'abonnent en foule
au Journal.
Elles veulent voir ce que cest.
Elles veulent se rendre compte.
Nous ne demandons que cet examen.
Pour que l'examen soit loyal et complet,
nous prions tous les patriotes de bonne
foi de vouloir bien se reporter, sinon a
nos vieux articles naturellement engloutis
dans l'océan du journalisme, du moins _a
nos livres vieux de dix ans,de vingt ans,de
vingt-cinq ans. Je me permets de leur si
gnaler l'Enquête sur la Monarchie parue
en 1900, avec le Discours préliminaire de
la réédition, qui est de 1924. Je les prie
également de se reporter à Kiel et Tanger,
qui est de 1905, mais à été réimprimé en
1920.
IV. '(( Le gouvernement inlvimaiîi,
le gouvernement-ludion »
De nouveaux lecteurs, qui ont trouvé
un peu paradoxal et osé ? ou un peu obs
cur notre paragraphe d'hier « Abd el Krim
règne sur nous » seraient rapidement éclai
rés s'ils se reportaient au chapitre de
Kiel et Tanger qui expose comment la Ré
publique en France est un gouvernement
agi et non agissant, un gouvernement à la
suite: l'Etranger le mànœuvre exac
tement comme le ludion que le pouce de
l'opérateur fait monter et descendre dans
le bocal.
Quand le gouvernement de la Républi
que veut être lui-même, il a une doctrine,
mais c'est une doctrine fausse, et qui ne
peut lui donner aucune idée pratique, au
cune idée applicable, H vient de l'expéri
menter une rois dé plus. Cette doctrine du
Cartel n 'est pas nouvelle. Elle, ré
gnait en 1900, en 1902, en 1905,
quand toutes les voix de l'Etat répétaient
qu'il n'y aurait plus de guerre, que les ar
mées étaient inutiles, et que les dépenses
militaires étaient à économiser. Tout d|un
coup, de la Nature que cette dcotrine
contestait, falsifiait, il jaillissait quelque
danger de guerre, par exemple le débar
quement de Guillaume II à Tanger, en
1905. Alors, sous la mènàce, devant cet
événement imposé du dehors, la Répu
blique se dépêche de chercher des canons
et des munitions, d'armer, de dépenser.
Mais, le danger passé, le péril momentané
ment écarté, la vieille doctrine revient :
on désarme, on nomme Picquart ministre
de la Guerre, on abolit le décret de Mes
sidor, on laisse les écoles militaires se dé
peupler... Nouveau patatras, nouvelle alar
me, l'affaire des prisoniers de Casablan
ca 1 M. > Clemenceau joue le grand pa
triote, mais il est bien heureux que l'Al
lemagne ne l'ait pas pris au mot à ce mo
ment-là, car nous étions frais ! Elle ajour
ne op elle recule. On recommence à ou
blier, dans la République, et il faut Agadir
(juillet 1911) pour rétablir de nouveau la
pensée que la guerre est possible : trois
ans plus tard, on l'a perdu de vue et cette
fois, devant la Chambre élue sur le pro
gramme de la folie . des armements, la
vraie République paraissant ua pouvoir,
la vraie guerre éclate et "dure quatre ans.
A peine le massacre est-il terminé que la
vraie République rouvre son école de mas
sacres indéfinis, son enseignement d'idées
irréelles et de plans idéologiques, sans
rapport avec la véritable vie des nations.
Elle fait voter le Cartel, mais, là comme
ailleurs, le Cartel visionnaire brise son
programme contre l'écueil des choses
qui sont ce qu'elles sont et qui ne sont
pas autrement. Son pacifisme se heurte
au Maroc. Son pacifisme doctrinal l'obli
gé naturellement à compromettre, par ses
réserves et ses conditions l'effort mili
taire et politique de Rabat, mais ce paci
fisme est également obligé d'envoyer
au Maroc des bateaux pleins de canons,
de munitions et de soldats. Ce pacifisme
n'en est pas moins contraint d'avouer par
ses actes que la guerre est toujours pos
sible, qu'elle peut toujours éclater et qu'il
faudrait toujours la prévoir. s
Mais le gouvernement qui professe ce
pacifisme n'est pas capable d'apercevoir
ces réalités tout seul. Il lui faut la
leçon de choses de l'ennemi. Il lui faut la
férule de l'agresseur ou de l'envahisseur.
D est ainsi le sujet naturel d'un Guillaume
II ou d'un Abd el Krim t il dépend d'eux.
On ne répétera jamais assez qu'il man
que à ce gouvernement les attributs de
l'humanité. II n'a ni conscience, ni mé
moire, ni volonté. Il ne peut faire un peu
de bien que sous la trique et sous le fléau
d'une expérience que cet esclave-né ne
manque pas de renier à peine subie.
Voilà' les vérités que, depuis vingt-cinq
ans, l'Action française enseigne. Voilà ce
que les faits ne cessent de confirmer. Que
nos nouveaux lecteurs se donnent la peine
de les étudier. Ils en concluront comme
nous qu'il faut d'abord et avant tout chan
ger le gouvernement de la France.
Charles MAURRAS.
L'assassinat d'Ernest Berger
L'instruction
Aucun acte d'instruction n'a eu lieu hier
au cabinet de M. Bacquart. En revanche,
nous croyons savoir que d'importants ren
seignements sont parvenus à la police judi
ciaire qui s'occupe de les vérifier.
De notre côté nous avons poursuivi no
tre enquête. Un nouveau témoin du crime
s'est fait connaître à nous, dont la dépo
sition sera intéréssante à recueillir. Nous
avons appris en outre, tant sur le passé
de la meurtrière, que sur les circonstances
de son acte, des faits qu'il importe de ré
server à l'instruction.
L'étrange mission
du traître Malyy
par Léon DAUDET.
La journée parlementaire d'avant-hier à
la Chambre a démontré, une fois de plus,
la carence totale de l'opposition. La mino
rité apparaît, à tous les regards, désempa
rée, intimidée, annihilée. Il serait préfé
rable, dans ces conditions, et puisqu'elle
se reconnaît incapable de débattre, qu'elle
renonçât à siéger, laissant ainsi au ramassis
de gauche, qui conduit le pays au désastre,
toutes ses responsabilités. Il est effarant de
songer que ce sinistre drôle qu'est Malvy
peut tenir la tribune, expliquer son carac
tère et rendre compte ' d'une mystérieuse
mission en Espagne, sans soulever la
moindre protestation'ni le moindre rappel
de l'arrêt de la Haute-Cour qui l'a solen
nellement flétri.
A quoi tendait cette mission en Espagne,
alors que nous avons un ambassadeur à
Madrid et qu'il y a un ambassadeur espa
gnol à Paris ? Sans doute le prétexte
était-il l'imbroglio franco-espagnol au sujet
des territoires marocains qu'attaquent les
hordes d'Abd el Krim. Mais ceci n'explique
point le choix de l'ancien compagnon et
complice d'Ahnereyda et amant de la fille
.Béryl pour une démarche importante au
près du Directoire espagnol II y avait
çertainement autre chose. Cette autre chose
apparaît dans la remarquable réticence de
la presse espagnole quant au séjour de
l'individu dont l'indignité est aussi connue
au delà des Pyrénées que chez nous." Les
Espagnols de la classe politique et diplo
matique comprennent et parlent le fran
çais. Beaucoup ont lu le .réquisitoire du
sénateur Pérès et celui du procureur géné
ral Mérillon. Ils ne sont pas dupes de la
lessive universelle du 11 mai 1924 et ils
estiment le numérotage des grains de sable
incapable d'absoudre Malvy de crimes,
contre la patrie, poliment qualifiés de
forfaiture. Le général Vallespinosa, membre
du Directoire, a déclaré :
« On peut affirmer que M. Malvy n'est
pas venu en Espagne pour s'occuper d'af
faires industrielles et commerciales, comme
on l'a assuré, mais pour parler du Maroc
avec le gouvernement, d'une façon offi
cieuse, avec l'acquiescement de l'ambassa
deur de France à Madrid et celui de notre
ambassadeur à Paris. »
Le journal ABC déclare, de son côté,'
que Malvy s'est entretenu, avec le gouver:
nement espagnol, d'affaires «sans trans?
cendance ».
Mais, encore une fois, pourquoi Malvy?
Ici il faut se rappeler deux faits impor?
tants :
1° Au lendemain du 11 mai 1924, et
dans l'ivresse d'une victoire électorale ines
pérée, le Quotidien s'est livré à une attaque,
en règle contre S. M. le Roi d'Espagne et
contre les membres du Directoire. La bouf
fonnerie de la « libération» des deux fan
toches Blasco Ibanez et Unamuno est encore
dans toutes les mémoires, ainsi que la croi
sade du valeureux Dumay et que les horri-!
figues détails sur la fuite de l'île de Bar a-,
teria. Puis ce fut la collaboration des deux
rescapés sa Quotidien, promettant de mettre
le feu à l'Espagne dans,un délai.extrême
ment court et de rétablir la démocratie,
tra los montes, à la pointe de la plume de
Pierre Bertrand.
Celui-ci songeait : « J'ai bien chassé Mil.
lerand de l'Elysée. Je renverserai bien le
trône du roi d'Espagne».
Les appels incendiaires du Quotidien
aboutirent à une lamentable, échauffouréé,
où un certain nombre de révolutionnaires
payèrent pour Ibanez et Unamuno, qui les
désavouèrent d'ailleurs aussitôt, selon les
meilleures traditions de l'immortel Sancho.
Mais, à ce montent; le gouvernement espa
gnol, qui n'ignorait pas que le Quotidien
est l'organe officiel du Cartel de gauche,
la trouva mauvaise et, pendant quarante-
huit heures, le rappel de l'ambassadeur
d'Espagne fut envisagé. Herriot, qui venait
de déelarer la paix au monde, en versant
des torrents de larmes sur le triangle facial
de Blum, — «Joie, joie, pleurs de joie»,
a dit Pascal, —- allait-il se trouver avec
une grave querelle espagnole sur les bras?,
L'alerte fut vive. Bertrant fut saboulé
d'importance. •
Ibanez et Unamuno quittèrent la felouque
de Dumay, comme les « comédiens en
voyage» de notre Victor Unamugo.
L'un emportant son masque, et Vautré son
[couteau.
2° Du temps que Malvy exilé rongeait
son frein à Saint-Sébastien, ivre de rage
et altéré de vengeance, il ne se gênait pas
pour raconter, à tout venant, que Poincaré
et son cabinet favorisaient, en sous main,
les insurgés marocains de la zone espa
gnole. Calomnie abominable et imbécile,
conforme au caractère du fondateur du
Bonnet rouge — tiens, mais, au fait, où en
est donc la revision de celui-ci et que fait
le président Bompard ? — et qui a été
récemment reprise dans un article sinistre
de l'Humanité. Mais calomnie qui rencon- ■
tra, ici et là, quelque créance dans les
milieux demeurés germanophiles, où l'on
DimancKë 3Ï taaf 1925>
1B centimes. P aris ^
20 centimes. D ^ajrtekes ts et C olokœs
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ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
(( Tout ce qui est national est notre, i -
Lé Duc d'OBLÉANS
" héritier des quarante Rois qui çn mille ans firent la France.
EÉDAGTIOS & ADMI5ISTR ATICH I
li. ras de Borne, PARIS (8")
Adressa télégraphiqno : ACTIOFR AN-PARIS
Téléphona : Administration : Louvre 26-49, 3&-5o
Rédaction : Central 75-44 Publicité : Contrai 76-77
■ Après xo heures du soir ; Ségus tx-éé
Registre de Commerce ;Seine N» 78.68a
Fondateurs HENRI YAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —- Rédacteur en chefs MAURICE PUJO
I «.Pour un patriote assassiné, mille?
patriotes surgissent. Autrefois on disait?
« Sanguis martyr uni, semen christiano-
runi a, le saug des martyrs est une semen*'
ce de chrétiens. La patrie, elle aussi, peut
escompter de fécondes semences, pufc:
quelle peut avoir de tels martyrs »,
" Oraison funèïirë de M. l'abbé Colombel,
Curé de Saint-PJuUppe-du-Routé. r •
aux obsèques d'Ernest Berger;
mjip-AH k
'îîin r' Tfi"lÎTi11 ftrfinanni ^^" < ^" A ^ itiirii'irBTràTiînii iifrWi Viir^riif>r 1 ni'TiTiri ilii7niiiMrr^i''t ■ ■ . t
Les funérailles d'Ernest Bercer
. •' . ' ....
Une foule immense et recueillie
accompagne à sa dernière demeure la dépouille du martyr
DISCOURS
prononcé par Bernard de Vesins
Président de 1^ ligue d'Action française
' sur la tombe d'Ernest Berger
En perdant Ernest Berger, que nous
accompagnons à sa dernière demeure, la
grande famille de l'Action française perd
■un de ses enfants les plus chers. Il était
des nôtres depuis toujours. D'abord à
Lyon où le souvenir de son ardeur et
de son dévouement est resté dans la
mémoire de tous, puis à Paris où, appelé
par Marius Plateau, il donna tout son
temps, toute son intelligence, tout son
cœur à l'œuvre commune. C'est chez nous,
nie de Rome, qu'il trouva l'héroïque et
digne compagne de sa vie dont »le cou
rage, depuis l'affreux drame, fait l'admi
ration générale ; c'est là encore .qu'il
vivait au milieu de nous, donnant l'exem
ple du travail exécuté sans bruit mais
sans relâche, sans ostentation mais aussi
sans défaillance, trouvant sa récompense
dans le sentiment du devoir accompli.
Nous seuls, qui le voyionB à l'œuvre, nous
pouvions apprécier, comme elle le méri
tait, cette somme de vertus profondes
■|ont la vie d'Erneat Berger était remplie.
Ï1 aurait pu sembler, dès lors, que cette
rie, volontairement obscure, dût échapper
t l'attention des ennemis de la France
;t que l'existence de ce travailleur dût,
■jar sa modestie même, attirer le respect
Je ceux qui se prétendent les défenseurs
4u peuple.
Mais non ! C'est contrer Ernest Berger
que leur rage s'est tournée, c'est lui qu'ils
ont fait assassiner !... C'est qu'une vie
çomme la sienne est-un défi, un outrage
i leurs doctrines révolutionnaires ; c'est
qu'un caractère comme le sien est un
qbstacle insurmontable à leurs tentatives
contre la société. Parce que Berger per
sonnifiait les vertus françaises de travail,
je probité, de bon sens et d'honneur ;
parce qu'il mettait ces vertus au service
e l'ordre français ; parce que son exem-
ile formait autour de lui des légions
:ë jeunes cœurs où les mêmes vertus
fleurissaient ;, parce que, dès le premier
contact, les troupes de l'anarchie l'avaient
tu résister â leur effort, il était devenu
gour elles un objet d'exécration. Il avait
voulu dire la vérité sur la mort de son
çhef, de eon ami, Marius Plateau, dès
fcrs, il était voué à la même haine ; il
|tait désigné pour la même fin !
Marius Plateau ! Ernest Berger ! Amis
inséparables que nous avions connus unis
lans l'allégresse du même travail, dans
"amorti de la même cause ! Aujourd'hui
vos deux noms sont toujours associés dans
Te même martyre pour la cause sainte
de la France... Vous êtes tombés sous les
eoup3 des mêmes ennemis de notre pays ;
voua allez dormir votre dernier sommeil
tout près l'un de l'autre, à côté d'autres
ri crimes récentes des mêmes haines, sym
boles de l'union des patriotes français
dans les mêmes deuils et aussi dans les
mêmes devoirs !
Nobles et jeunes martyrs d'une même
cause, nous avons confiance que, si Dien
vous a appelés à lui les premiers, c'est
que, les premiers, vous aviez mérité sa
récompense. De là-haut, priez pour la
France ! Donnez à ceux que vous aimiez
Ici-bas le courage et la force dont ils ont
tant besoin ! Qu'ils vous imitent, qu'ils
vous continuent, qu'ils arrivent sans dé
faillance au bout de leur tâche, en ayant
stjr terre votre exemple, en vous trouvant
là-haut pour les accueillir à leur tour !
Mon cher et vaillant Berger, repose en
paix ! Tu laisses des amis qui garderont
pieusement ton souvenir, qui entoureront
les tiens de la même affection qu'ils
avaient pour toi, qui suivront ton exem
ple et qui, les yeux pleins de larmes
aujourd'hui, mais avec un cœur ferme
et une volonté inexorable, font le serment
de poursuivre jusqu'à son terme la voie
royale sur .laquelle tu es tombé.
Ernest Berger, au nom de tous, je te
dis le suprême au revoir !
A Saint-Philippe-du-Roule
L'église Saint-Philippe du Roule a reçu
une imposante décoration funèbre. Le
chœur est entièrement tendu de noir. Des
draperies noires lamées d'argent envelop
pent les colonnes et drapent les murailles.
Deux faisceaux de drapeaux tricolores
sont fixés de chaque côté du chœur. L'au
tel est tout illuminé.
Au milieu du transept s'élève le cata
falque, couvert d'un drapeau tricolore,
embrasé de cierges. Au pied du cercueil,
on a apporté deux des innombrables cou
ronnes qui s'amoncellent à l'extérieur de
l'église. L'une d'elles porte sur son ruban
cette inscription qui fait venir les larmes
. aux yeux : « A mon mari, à notre papa. »
A gauche du catafalque se tient toute
une famille en deuil : Mme Ernest Ber
ger, veuve de notre ami ; Mme Berger, sa
mère; M. et Mme Pierre Berger, Mlles Ber
ger, ses frère, sœurs et belle-sœur. A droi
te, ont pris place S. A. R. Mme la duchesse
de Vendôme et son service d'honneur : le
marquis Dadvisard, Mme la comtesse de.
Saint-Exupérv, Mlles Boyer de Bouillàne
et Morel de ïeincey ; S. A. R. la princesse
Geneviève d'Orléans, comtesse de Chapo-
nay et le comte de Chaponay, le baron
Tristan Lambert, les membres des comi
tés directeurs de l'Action française.
L'assistance
Dans la nef et dans les "bas-côtés se
presse une assistance extrêmement nom
breuse. On remarque notamment :
Mme Cretin-Plateau, Mme Léon Daudet ;
M. Dominique Delahaye, sénateur ;
Marquis de Juigné, marquis de la Fer-
ronnays, marquis de Baudry d'Asson,
Edouard Soulier, A. Biré, députés ;
Marquis de Rosanbo, Xavier Yallat, mar
quis de Kernier, Ruellan, anciens dépu
tes ;
MM. César Caire, ancien président du
conseil municipal; Le Provost de Launay,
Froment Meurice, conseillers munici
paux ;
IL le chanoine de Saint-Jacques ; MM.
les abbés Marty, Maurice Lambert, Thué-
lin, P. Mestre, Charles Prunier, Louis Da
niel, Balsan, Janeau ;
Vicomte Thierry de la Loge d'Ausson,
président des comités royalistes de Paris
et de la Seine ;
Mme Freeman, née princesse de Bour
bon-Sicile, duc et duchesse de Camastra ;
MM. Henry Bordeaux, de l'Académie
française; M. Mestre, professeur à la Fa-
culte de droit, et Mme Mestre ; Philippe
Barrés, Gilbert Charles, Paul Ritti, René
Groos, Pierre Varillon, Jean Longnon,
Pierre Dominique, Henri Mazet, Jacques
Maritain, Eugène Marsan, Henri Massis,
F. Hayward, Robert Launay, Mme Pierre
Gilbert, M. et Mme Jean Rivain, vicomte
et vicomtesse Xavier de Courville, A. Ber-
nardini.et P. Thirion, Albert Tronc, di
recteur de l'Exportateur français; André
Laphin, Emile Buré, Marcel Mikorski, G.
Talabard, Robert Doucet et M. Léonard,
directeur, rédacteur en chef et adminis
trateur de la Dépêche coloniale; Simon
Arbellot, du Figaro^ A. Michelin, au nom
de la rédaction de la Croix; André Piron-
neau, de l'Echo de Paris; Max Vitry, au
nom de la presse monarchique et catho
lique ; René Richard ; J.-A. de Catheli-
neau ; une délégation des ouvriers de l'im
primerie de l'Action française ; la rédac
tion et l'administration du journal ;
Les présidents des sections de Paris et
de la banlieue, Roland Villemann, des
Etudiants d'A. F. de Caen; B. de Rainvil-
lers, président de la section d'Abbeville;
Paul Pouyé, de Fontainebleau; L.-Eugène
Veith, comte René de Beaumont, Valen-
tin-Smith, Maurice Dupont, secrétaire ré
gional du Nord; Louis Jasseron, secré
taire régional de Lyon; Van den Broek
Obrenon ; Ausseur ; Jules Challamel, prési
dent des comités royalistes de Savoie ;
lieutenant-colonel Calté ;
Comtesse de Lur-Salucés et vicomtesse
de la Besse, présidente et vice-présidente
des Dames d'A. F.; Mlles Marie de Lur-Sa-
Iuces et de Cabrières, secrétaire des Jeu
nes Filles royalistes; Mme de Mlle Szymans-
ka de Slepovron, Mme Boyer de Bouil
làne, comtesse de Courville, Mme William
Bazin, Mlle Falcou, Mme Lagrange, Mme
J. Louit, vice-présidente des Dames roya
listes de la Gironde; comtesse Odon de
Montesquiou-Fezensac, comte et comtesse
de Baritault, baronne F. de Lassus, com
tesse de Carné-Trécesson, Mlle de Largen-
vtaye, Mme Joseph Récamier, Mme Langé-
vin, Mme Laussel, baronne d'Ussel, ba
ronne de Nervo, comtesse de Barrai, Mlle
Henriette de Lestrange, Mlle de.Boisfleu-
ry, Mme Pierre Héricourt ;
Général Dessoffy, MM. Henry Provost,
vice-président des Jeunesses patriotes; P.
Mourry, Jean-Paul Besançon, trésorier gé
néral des J. P.; Grassot, M. T. Bombez;
MM. Jacques Arthuys, président des
« Légions » ; d'Humières et Trogou, dé
légués généraux; Gustave Delavenne et Jac-
quinot, de la section universitaire de la
Ligue républicaine nationale; général Es-
tève; E. Altazin; le comité de l'Associa
tion nationale des camarades de combat,
la section des 8" et 9 e arrondissements de
l'A. N. C. C., MAI. H. Corvisi, J. Touraud,
J. Léger, la Légion;
Général de Castelnau, MM. Marcel Ha-
bert, délégué général de la ,L. D. P.; Ar
sène Cruchon, commissaire général; La
val, Maréchal, Fosseret, présidents de sec
tions; S. Augerolles; Félix Jeantet; comte
A. de Durfort; comte et comtesse Jacques
de la Rochefouoault; marquis et marquise
de Vasselot de Régné ; baronne du Houlley
colonel de Galembcrt; comte et comtesse
de la Laurencie ; Emmanuel Bullet ; com
te Jean d'Andigné ;
MM. Paolo Bianchini, du Directoire du
fascio de Paris ; pour la délégation des
Fasci italiens en France ; comte Renzo
Pellati et M. Alexandre-Arister; pour le
fascio de Paris, M. Mario , Arca, Mario
Bombelli, président du Fascio de Paris;
Prince .loacbim Murât et le comité di
recteur du parti de l'Appel au peuple,
etc., etc.
Nous nous excusons dé né pouvoir ci
ter toutes les personnalités qui avaient
tenu à assister à la cérémonie.
Au moment où la messe ya commencer,
le drapeau de l'Action française entre
dans l'église, porté par le capitaine de
Montés, et entouré de sa garde : MM. de
Chazelles, Guilbert, Calley, Trahin, Lan-
gevin, de Bierne, capitaine Creveau, Vi
dal, Macault, D* Cornu, Roger Chastres,
commandant Killiani, Roche, Baillieux,
commandant de Lapeyrière, de la Fré-
geolière. Viennent ensuite le drapeau des
étudiants d'Action française, porté par
notre ami Dijon, entoure de Denarie, Ar-
millon et Kissinger, le drapeau de la LU
gae des patriotes et le drapeau de la sec
tion du 7' arrondissement de cette ligue,
les fanions des sections d'A. F. de Paris
et de banlieue* le drapeau de la section
de LiHe, le fanion de la section de Reims,
le fanion des Légions. Tous les drapeaux
et les fanions, cravatés de crêpe, vien
nent se ranger autour du catafalque, où
ils demeureront durant toute- la cérémo
nie.
La messe est dite par M. l'abbé Alla-
mand, vicaire de la paroisse. Pendant
l'office, un très beau programme musical
est exécuté par la maîtrise de la paroisse
sous la direction de M. Jean Gallon, maî
tre de chapelle, avec le céncours de M.
Nargop, de l'Opéra; MM. Génin et Mor-
turier, de l'Opéra-Comique. Le grand or
gue est tenu par M. Mulet C'est d'abord
le Kgrie de Rinck, puis, après, le Dies
irœ, chanté en grégorien; le Sanctus de
Beethoven, le Recordere de Gounod, le
Miseremini de Steemann, le Libéra en
faux-bourdon et, à la sortie, le Cantabile
de César Franck, au grand , orgue.
Allocution de M. le curé
. Avant l'absoute, M. l'abbé Colombel,
curé de la paroisse, monte en chaire pour
prononcer l'émouvante oraison funèbre qui
suit :■
Les compagnons d'armes de la noble victime
pour laquelle nous venons de prier, ont voulu
que le premier salut adressé à sa mémoire descen
dît vers sa dépouille et montât vers son âme, de
cette chaire chrétienne où l'on ne dit que la vé
rité, où l'on ne glorifie que le bien. Nous n'avions
•pas le droit de rejeter une pareille demande. N'est-
il pas juste, an demeurant, que la voix de la re
ligion se fasse entendre ■ à cette heure comme
celle de la patrie ? L'Elise et la France sont
deux mères. Alors, chaque fois qu'un chrétien et
qu'un Français meurt en servant l'une on l'antre,
il y a deux mères qui pleurent autour de son cer
cueil.
Et vous, chrétien fidèle et fidèle Français, vous
avez servi l'une et l'autre. Au jour où des mains
sacrilèges se tendaient vers les biens de cette
Eglise qu'il fallait spolier pour la mieux asser
vir, vous vous êtes dressé contre une telle tenta
tive, et vous avez payé de votre liberté ce geste
d'indignation. Au jour où les barbares ont foulé
notre sol, vous avez pris votre fusil ; et si vous
n'êtes pas tombé au front comme un de vos frè
res, si vous n'avez pas succombé lentement com
me un autre, au lent et impitoyable poison de l'in
toxication, c'est qu'une infirmité douloureuse vous
avait arraché à nos champs de bataille et condam
né à l'immobilité.
La mort n'avait donc pas voulu de vous. Et l'on
croyait déjà qu'elle ne reviendrait pas de sitôt à
la charge.
Comme tant d'autres, la victoire gagnée et la
paix établie, vous pensiez que c'en était fait enfin
des discordes et des haines. Vous pensiez que
l'on ne saignerait plus, que l'on ne pleurerait plus
en France. Et tranquille, joyeux, fier, le devoir
accompli, vous aviez fondé un foyer. Vous aviez
choisi une compagne digne de vous ; dès lors,
quelle douceuT dans cette demeure où, chaque jour/
votre tâche achevée, vous vous reposiez, en sou
riant à deux petits enfants ! Qui donc aurait pen
sé à la mort, dans une telle tranquillité
Non, la mort n'avait pas voulu de vous.
HAas!
Que reste-t-il de tout ce bonheur ? Un cadavre
affreusement mutilé ! Une veuve serrant contre
son cœur des orphelins, des parents, des amis,
si vaillants autrefois, si accablés aujourd'hui, ayant
peine à retenir leurs larmes dans ces mêmes yeux
qui regardaient naguère le Prussien en face ; et,
avec eux, la France, toute la France, car ceux -
qui ne sont pas en deuil aujourd'hui ne sont pas
des Français.
Ainsi, pour emporter dans un linceul ce soldat,
cet époux, ce père, ce. patriote, ce chrétien, la
mort s'était déclarée maintes fois impuissante. Elle
avait vainement armé le bras de l'Allemand. Pour
l'emporter, il a fallu.. Mais quoi ? Que vaia-je
dire ? Faudra-t-il imposer à mon cœur de Fran
çais, à tous les cœurs français qui 'battent en cette
église, la honte et la douleur d'évoquer le plus igno
ble des forfaits ; faudra-t-il me pencher avec les
experts sur l'instrument du crime et constater que
la balle homicide n'était pas une balle allemande ?
Oh ! non, mon Dieu, ne reconstituons pas cette
scène de mort. N'envoyons même pas du haut de
cette chaire, devant ce crucifix une malédiction,
un geste de menace, à qui que ce soit. Laissons
les coupables à leur conscience, s'ils en ont en
core une, et à la justice divine, car il y eh a
toujours une. Nous avons mieux à faire : prions
et espérons. Prions : nous l'avons fait déjà, nous
le ferons encore, pour celui dont le nom s'inscrit
avec du sang dans le martyrologe de la patrie.
Prions pour ceux qu'il laisse dans les larmes, et
qui trouveront auprès des amis d'aujourd'hui les
défenseurs et leB soutiens de demain. Prions pour
la Fiance. Pauvre France, mes frères ! Faut-il
qu'après avoir été meurtrie par ses ennemis, elle
soit maintenant déchirée par ses fils ? Le présent
est sombre,, l'avenir plus sombre encore. Bien aveu
gle qui ne voit pas la menace. Bien insensé qui
ne prévient pas le danger ; devant ces coups
d'essai d'une anarchie rongeant, impatiente, un
■frein usé, on se rappelle inévitablement la parole
du poète :
Quelques crimes toujours précèdent les grands "
[crimes.
La prière est une arme. Prions. Mais espérons
î
ijussi ;. car .s'il nous est douloureux de voir parfois
déferler dans nos rues les hordes rouges et hurlan
tes de la révolution, avec quelle consolation la pa
trie vou3 verra, tout à l'heure, messieurs, défiler,
en formations ordonnées et martiales, serrant les
coudes, le front haut, l'allure fière, à la française,
disons le mot. Vous montrerez ainsi à ceux qui ne
le sauraient pas, que, pour un patriote assassiné,
mille patriotes surgissent. Autrefois, on disait :
C Sanguis martyrum, semen christianorum. > Le
sang des martyrs est une semence de chrétiens.
La patrie, elle aussi, peut escompter de fécondes
semences puisqu'elle peut avoir de tels martyrs.
Glorieux et humble martyr ! Que 'Dieu recueille
votre âme. Et que vos amis, recueillant votre sang
versé, y puisent une ardeur nouvelle pour servir
la cause à laquelle ils se sont voués. Ce faisant,
ils honoreront votre mémoire, et, j'ose dire, ils
vengeront votre mort. Car la plus belle manière
de se venger de ceux qui veulent perdre la patrie^
c'est de la sauver migré eux.
Ces paroles, prononcées par M. l'abbé
Colombel avec une émotion chaleureuse,
font sur l'auditoire la plus vive impres
sion.
L'absoute est donnée solennellement
par M. le chanoine Richard, curé de Saint-
Pierre du Gros-Caillou, oncle de Marius
Plateau. Puis les assistants présentent
leurs condoléances à la famille d'Ernest
Berger et aux comités directeurs de l'Ac
tion française.
(Voir la suite en 2' page.)
LA POLITIQUE
I. Une escorte d'union sacrée
Tous les renseignements recueillis con
firment notre sentiment. Les obsèques vé
ritablement nationales faites à notre mal
heureux ami Ernest Berger auront touché
et ému Paris jusqu'à l'âme. Ceux qui con
naissent la fibre parisienne n'en seront
pas surpris. La composition de ce cortège
de deuÛ correspondait au désir et à l'es
poir seoret d'une population qui est peut-
être la plus intelligente du monde et qui
a bon cœur. Elle est lasse, elle est dégoûtée
des luttes de classe, elle aspire à l'union
de toutes les sphères, de tous les or
dres et de tous les métiers pour la gloire
et la prospérité de la nation. Or, de Saint-
Philippe du Roule au cimetière de Vaugi-
rard, que voyait-elle ? Le cercueil d'un
travailleur, appartenant à la classe moyen
ne et, comme devait l'indiquer Bernard
de Vesins, suivi, pleuré de tous Ses frères
en patriotisme, à quelque palier social
qu'ils fussent établis, gens du monde, offi
ciers, intellectuels, employés, fonctionnai
res, commerçants, artisans et ouvriers de
tout corps d'état. Toute la France était là,
représentée par des hommes et des femmes
de toute mise et de toute condition. Les
princesses du sang étaient là, les étudiants
étaient là, et des typographes, des chemi
nots, des commerçants, des bourgeois, de
gros seigneurs, de grands seigneurs, et
tous du même cœur, du même pas der
rière la courageuse, l'héroïque veuve et le
petit groupe des parents en deuil, tous ani
més des mêmes volontés justicières contre
l'assassinat, du même sentiment d'énergie
patriote contre les instigateurs de l'as
sassinat, contre l'esprit qui a concu et
mûri cette instigation iet qui ne tend qu'à
diviser la France et à conduire les Fran
çais à s'entretuer.
Oui, c'était beau. Beau à pleurer. Beau
à travers les larmes dont il fallait bien
que nos yeux fussent emplis tandis que
nous avancions vers le cimetièrè où dor
ment, avec Plateau, Edmond Marchai, Ed-
gard Trullet, Fernand Tillet, Maurice Ri-
caud, et où allait dormir notre pauvre Er
nest Berger ! Beau de la. beauté mâle qui
contient une utilité générale, un service
rendu à la patrie et au genre humain ! La
respectueuse amitié des quartiers populai
res n'a pas été refusée a ce spectacle si
douloureusement clair.
Près du cimetière, une lourde voiture
veut couper le'cortège. Nos am'is des Jeu
nesses patriotes s'y opposent. La police
semble décider contre nous. Qui
prend parti pour le respect du mort, qui
traite de s le livreur impétueux ou trop
pressé ? Des ouvriers d'un chantier en
bordure de la rue Lecourbe. Ce sont eux
qui ont fajj^tourner bride. Eh ! oui, l'opi
nion se réveille, et le bon sens reprend
ses droits,
'II. Tombé au champ 'd'Honneur
Pour tout dire d'un mot, la vérité finit
par se faire jour, on se rend compte que,
après Plateau, après Philippe Daudet,
après Fernand Tillet, Edgar Trullet,
Maurice Ricaqd et Edmond Marchai,
Ernest Berger" 1 -est bien tombé au champ
d'honneur, pour la cause de la patrie, ab
solument comme lès martyrs de la Grande
Guerre et comme ceux qui tombent au
jourd'hui sous les balles de l'allié maro-
caain des communistes, AM el Krim. H
mérite les mêmes pleurs que la patrie a
dédiés à ceux de la Marne, de Verdun et
de la montagne de Reims. Ils sont dignes
de la même pieuse lamentation des poetes,
et je puis déposer, parmi les fleurs qui
jonchent ce linceul tricolore, les «pal
mes » et les « lauriers » de ces strophes
In memoriam qu'un poète ami, qui signe
Pierre Vicence,. m'a fait tenir pour eux
tous avant-hier :
Le temps vient de supendre à de nobles colonnes
Sur le sol reconquis pour un dur avenir
Ces palmes, ces lauriers, décevantes couronnes,
Froide offrande inégale à votre souvenir.
Le matin des assauts, vous alliez d'un pas grave
Au devant,de la mort en lui tendant les bras
Nulle ombre ne voilait cette noblesse., brave
Oà l'audace et la force éclairaient les combats.
Maintenant vous dormez et. la gloire cruelle
Vous -berce tendrement de ses bras meurtriers.
Vos cœurs inassouvis rassassiês par elle
La terre se fait douce à vos restes broyés.
Vous êtes bienheureux, mais les chants d'allégresse...
Vais-je poursuivre ? Non. J'arrêterai là
ma citation,car le poète trop occupé del'af-
freuse histoire de ces six dernières années
se demande si ces chants d'allégresse et
ces triomphes seront saccagés par l'igno
rance et par la folie des politiciens :
Les chefs de votre peuple ont nié vos tom
beaux.
Non, l'image de ces mauvais chefs
n'est pas à dresser devant des gloires et.
des deuils sans mesure. Leurs vagues
silhouettes sont faites pour s'enfuir devant
là. victoire et devant la mort Ne nous
souvenons de ce qui est et de ce qui mé
rite d'être î
ni. A la Ligue d'Action française [î
nos idées, nos doctrines
C'est pourquoi, parmi nous, il faut que
cela soit connu, le recrutement n'a jamais
été plus actif que depuis quatre jours. A
Paris l En Province 1 De toutes parts on se
fait inscrire, les royalistes à la Ligue, les
non royalistes à l'Alliance. Les personnes
qui se bornent à éprouver de la curiosité
pour un groupe que hait et qu'ensanglante
l'Ennemi de l'Ordre s'abonnent en foule
au Journal.
Elles veulent voir ce que cest.
Elles veulent se rendre compte.
Nous ne demandons que cet examen.
Pour que l'examen soit loyal et complet,
nous prions tous les patriotes de bonne
foi de vouloir bien se reporter, sinon a
nos vieux articles naturellement engloutis
dans l'océan du journalisme, du moins _a
nos livres vieux de dix ans,de vingt ans,de
vingt-cinq ans. Je me permets de leur si
gnaler l'Enquête sur la Monarchie parue
en 1900, avec le Discours préliminaire de
la réédition, qui est de 1924. Je les prie
également de se reporter à Kiel et Tanger,
qui est de 1905, mais à été réimprimé en
1920.
IV. '(( Le gouvernement inlvimaiîi,
le gouvernement-ludion »
De nouveaux lecteurs, qui ont trouvé
un peu paradoxal et osé ? ou un peu obs
cur notre paragraphe d'hier « Abd el Krim
règne sur nous » seraient rapidement éclai
rés s'ils se reportaient au chapitre de
Kiel et Tanger qui expose comment la Ré
publique en France est un gouvernement
agi et non agissant, un gouvernement à la
suite: l'Etranger le mànœuvre exac
tement comme le ludion que le pouce de
l'opérateur fait monter et descendre dans
le bocal.
Quand le gouvernement de la Républi
que veut être lui-même, il a une doctrine,
mais c'est une doctrine fausse, et qui ne
peut lui donner aucune idée pratique, au
cune idée applicable, H vient de l'expéri
menter une rois dé plus. Cette doctrine du
Cartel n 'est pas nouvelle. Elle, ré
gnait en 1900, en 1902, en 1905,
quand toutes les voix de l'Etat répétaient
qu'il n'y aurait plus de guerre, que les ar
mées étaient inutiles, et que les dépenses
militaires étaient à économiser. Tout d|un
coup, de la Nature que cette dcotrine
contestait, falsifiait, il jaillissait quelque
danger de guerre, par exemple le débar
quement de Guillaume II à Tanger, en
1905. Alors, sous la mènàce, devant cet
événement imposé du dehors, la Répu
blique se dépêche de chercher des canons
et des munitions, d'armer, de dépenser.
Mais, le danger passé, le péril momentané
ment écarté, la vieille doctrine revient :
on désarme, on nomme Picquart ministre
de la Guerre, on abolit le décret de Mes
sidor, on laisse les écoles militaires se dé
peupler... Nouveau patatras, nouvelle alar
me, l'affaire des prisoniers de Casablan
ca 1 M. > Clemenceau joue le grand pa
triote, mais il est bien heureux que l'Al
lemagne ne l'ait pas pris au mot à ce mo
ment-là, car nous étions frais ! Elle ajour
ne op elle recule. On recommence à ou
blier, dans la République, et il faut Agadir
(juillet 1911) pour rétablir de nouveau la
pensée que la guerre est possible : trois
ans plus tard, on l'a perdu de vue et cette
fois, devant la Chambre élue sur le pro
gramme de la folie . des armements, la
vraie République paraissant ua pouvoir,
la vraie guerre éclate et "dure quatre ans.
A peine le massacre est-il terminé que la
vraie République rouvre son école de mas
sacres indéfinis, son enseignement d'idées
irréelles et de plans idéologiques, sans
rapport avec la véritable vie des nations.
Elle fait voter le Cartel, mais, là comme
ailleurs, le Cartel visionnaire brise son
programme contre l'écueil des choses
qui sont ce qu'elles sont et qui ne sont
pas autrement. Son pacifisme se heurte
au Maroc. Son pacifisme doctrinal l'obli
gé naturellement à compromettre, par ses
réserves et ses conditions l'effort mili
taire et politique de Rabat, mais ce paci
fisme est également obligé d'envoyer
au Maroc des bateaux pleins de canons,
de munitions et de soldats. Ce pacifisme
n'en est pas moins contraint d'avouer par
ses actes que la guerre est toujours pos
sible, qu'elle peut toujours éclater et qu'il
faudrait toujours la prévoir. s
Mais le gouvernement qui professe ce
pacifisme n'est pas capable d'apercevoir
ces réalités tout seul. Il lui faut la
leçon de choses de l'ennemi. Il lui faut la
férule de l'agresseur ou de l'envahisseur.
D est ainsi le sujet naturel d'un Guillaume
II ou d'un Abd el Krim t il dépend d'eux.
On ne répétera jamais assez qu'il man
que à ce gouvernement les attributs de
l'humanité. II n'a ni conscience, ni mé
moire, ni volonté. Il ne peut faire un peu
de bien que sous la trique et sous le fléau
d'une expérience que cet esclave-né ne
manque pas de renier à peine subie.
Voilà' les vérités que, depuis vingt-cinq
ans, l'Action française enseigne. Voilà ce
que les faits ne cessent de confirmer. Que
nos nouveaux lecteurs se donnent la peine
de les étudier. Ils en concluront comme
nous qu'il faut d'abord et avant tout chan
ger le gouvernement de la France.
Charles MAURRAS.
L'assassinat d'Ernest Berger
L'instruction
Aucun acte d'instruction n'a eu lieu hier
au cabinet de M. Bacquart. En revanche,
nous croyons savoir que d'importants ren
seignements sont parvenus à la police judi
ciaire qui s'occupe de les vérifier.
De notre côté nous avons poursuivi no
tre enquête. Un nouveau témoin du crime
s'est fait connaître à nous, dont la dépo
sition sera intéréssante à recueillir. Nous
avons appris en outre, tant sur le passé
de la meurtrière, que sur les circonstances
de son acte, des faits qu'il importe de ré
server à l'instruction.
L'étrange mission
du traître Malyy
par Léon DAUDET.
La journée parlementaire d'avant-hier à
la Chambre a démontré, une fois de plus,
la carence totale de l'opposition. La mino
rité apparaît, à tous les regards, désempa
rée, intimidée, annihilée. Il serait préfé
rable, dans ces conditions, et puisqu'elle
se reconnaît incapable de débattre, qu'elle
renonçât à siéger, laissant ainsi au ramassis
de gauche, qui conduit le pays au désastre,
toutes ses responsabilités. Il est effarant de
songer que ce sinistre drôle qu'est Malvy
peut tenir la tribune, expliquer son carac
tère et rendre compte ' d'une mystérieuse
mission en Espagne, sans soulever la
moindre protestation'ni le moindre rappel
de l'arrêt de la Haute-Cour qui l'a solen
nellement flétri.
A quoi tendait cette mission en Espagne,
alors que nous avons un ambassadeur à
Madrid et qu'il y a un ambassadeur espa
gnol à Paris ? Sans doute le prétexte
était-il l'imbroglio franco-espagnol au sujet
des territoires marocains qu'attaquent les
hordes d'Abd el Krim. Mais ceci n'explique
point le choix de l'ancien compagnon et
complice d'Ahnereyda et amant de la fille
.Béryl pour une démarche importante au
près du Directoire espagnol II y avait
çertainement autre chose. Cette autre chose
apparaît dans la remarquable réticence de
la presse espagnole quant au séjour de
l'individu dont l'indignité est aussi connue
au delà des Pyrénées que chez nous." Les
Espagnols de la classe politique et diplo
matique comprennent et parlent le fran
çais. Beaucoup ont lu le .réquisitoire du
sénateur Pérès et celui du procureur géné
ral Mérillon. Ils ne sont pas dupes de la
lessive universelle du 11 mai 1924 et ils
estiment le numérotage des grains de sable
incapable d'absoudre Malvy de crimes,
contre la patrie, poliment qualifiés de
forfaiture. Le général Vallespinosa, membre
du Directoire, a déclaré :
« On peut affirmer que M. Malvy n'est
pas venu en Espagne pour s'occuper d'af
faires industrielles et commerciales, comme
on l'a assuré, mais pour parler du Maroc
avec le gouvernement, d'une façon offi
cieuse, avec l'acquiescement de l'ambassa
deur de France à Madrid et celui de notre
ambassadeur à Paris. »
Le journal ABC déclare, de son côté,'
que Malvy s'est entretenu, avec le gouver:
nement espagnol, d'affaires «sans trans?
cendance ».
Mais, encore une fois, pourquoi Malvy?
Ici il faut se rappeler deux faits impor?
tants :
1° Au lendemain du 11 mai 1924, et
dans l'ivresse d'une victoire électorale ines
pérée, le Quotidien s'est livré à une attaque,
en règle contre S. M. le Roi d'Espagne et
contre les membres du Directoire. La bouf
fonnerie de la « libération» des deux fan
toches Blasco Ibanez et Unamuno est encore
dans toutes les mémoires, ainsi que la croi
sade du valeureux Dumay et que les horri-!
figues détails sur la fuite de l'île de Bar a-,
teria. Puis ce fut la collaboration des deux
rescapés sa Quotidien, promettant de mettre
le feu à l'Espagne dans,un délai.extrême
ment court et de rétablir la démocratie,
tra los montes, à la pointe de la plume de
Pierre Bertrand.
Celui-ci songeait : « J'ai bien chassé Mil.
lerand de l'Elysée. Je renverserai bien le
trône du roi d'Espagne».
Les appels incendiaires du Quotidien
aboutirent à une lamentable, échauffouréé,
où un certain nombre de révolutionnaires
payèrent pour Ibanez et Unamuno, qui les
désavouèrent d'ailleurs aussitôt, selon les
meilleures traditions de l'immortel Sancho.
Mais, à ce montent; le gouvernement espa
gnol, qui n'ignorait pas que le Quotidien
est l'organe officiel du Cartel de gauche,
la trouva mauvaise et, pendant quarante-
huit heures, le rappel de l'ambassadeur
d'Espagne fut envisagé. Herriot, qui venait
de déelarer la paix au monde, en versant
des torrents de larmes sur le triangle facial
de Blum, — «Joie, joie, pleurs de joie»,
a dit Pascal, —- allait-il se trouver avec
une grave querelle espagnole sur les bras?,
L'alerte fut vive. Bertrant fut saboulé
d'importance. •
Ibanez et Unamuno quittèrent la felouque
de Dumay, comme les « comédiens en
voyage» de notre Victor Unamugo.
L'un emportant son masque, et Vautré son
[couteau.
2° Du temps que Malvy exilé rongeait
son frein à Saint-Sébastien, ivre de rage
et altéré de vengeance, il ne se gênait pas
pour raconter, à tout venant, que Poincaré
et son cabinet favorisaient, en sous main,
les insurgés marocains de la zone espa
gnole. Calomnie abominable et imbécile,
conforme au caractère du fondateur du
Bonnet rouge — tiens, mais, au fait, où en
est donc la revision de celui-ci et que fait
le président Bompard ? — et qui a été
récemment reprise dans un article sinistre
de l'Humanité. Mais calomnie qui rencon- ■
tra, ici et là, quelque créance dans les
milieux demeurés germanophiles, où l'on
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