Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1925-05-17
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 mai 1925 17 mai 1925
Description : 1925/05/17 (Numéro 137). 1925/05/17 (Numéro 137).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
If : B^&âtièDïë^iîiiéè—ïf° 13£
Dimanche 17 mai 1925
18 centimes. P a ®B
20 centimes. D épabtemekts et C ourues
ABONNEMENTS: CoAv StBû bfclft.
France et Colonies. 48 fr. a5 fr. i3 te.
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Chèque postal i* Compta aî.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Doc d'OîULÊ^NS
héritier défi quarante Rois qui en mine ans firent laFrance.
BfiDACTIOH & ADMIMISTRAIÏOIS t
ià. me d* Borne, PA RIS (8")
Adressa télégraphiqne : ACTIOFRAN-PARIS
Téléphona : Administration ; Louvre a6-40, ;»6-5o
Rédaction ; Central 7&-A4 Pabliciiè : Central 74-77
Après 10 heures du soir ; Ségtu tï-6S
Registre de Commerce ; Set&e Iï° 7$.53a
Fondateur ; HENRI VAUGEOÎS — Directeurs politiques ; LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — ■ Rédacteur en chef g MAURICE PUJO
Hindenburg, n° 237 sur la liste des
coupables de guerre, viendra le 18 juin
àDusseldorf, en zone occupée,
« Le voyage du président, dît le
" Temps w , devrait donc être considéré
Comme une sorte de défi aiis^ Alliés* -»
. |ÏV parles !
La nouvelle généa»ation
Romier, de' sa meilleure pointe, écri
rait, l'autre matin, dans le Figaro :
« La jeunesse! La jeunesse populaire
■s des villes et des villages, il lui faut
« autre chose, pour s'enthousiasmer,
< que le souci des affaires, l'éloge du
« statu quo ou la crainte des nouveau-
« tés. Il lui faut une « cause », une
« espérance concrète, un idéal social.» »
Rien de plus vrai. Cette jeunesse existe,
çt sa contre-partie est inexistante. C'est
îa jeunesse d' Action française. On l'avait
déjà vu, pour la génération immédiate
ment antérieure, aux fêtes de Jeanne
jl'Arc d'avant-guerre, notamment en mai
1914,- à la veille de l'immense carnage
annoncé par Maurras dans Kiel et Tan
ger. On l'a vue récemment, ou, plutôt,
on a vu d'elle un échantillon, aux obsè-
gués des martyrs de la rue Damrémont,
de ce guet-apens qu'est en train d'étouf
fer, si diligemment, le mauvais juge Bar-
naud. Elle s'est montrée* aux côtés de
Pnjo, de Maxime Réal del Sarte, de
Lucien Lacour, de Lamotte, de Lecœur,
de Calzant et de leurs vaillants compa
gnons, le 10 mai courant. Elle est appa
rue, de façon parcellaire mais manifeste,
aux obsèques du glorieux Mangin, hier
matin. C'est elle qui aimantera la France
de demain. C'est elle qui renversera le
régime de mort et de trahison, dont
Caillaux et Malvy demeurent les deux
plus remarquables spécimens. C'est elle
gui se dresse, formidable et résolue, au
çlub de Luna-Park. Je crois la connaître
assez bien et pouvoir dégager ici quel
ques-unes de ses particularités.
Premièrement, elle sait ce qu'elle veut,
çomme sa devancière de 1914. Elle veut
la disparition de la République et le
çetour de la monarchie dans la personne
Due d'Orléans. Les vingt mille jeunes
ens qui acclamaient à corps perdu le Duc
l 'Orléans, lors de la dernière réunion
«Ju club de Luna-Park, n'ont, pour la
plupart, jamais vu le Prince. Mais ils
gavent que dans la torpeur, la veulerie,
la lâcheté générales, que, dans un temps
pù les salonnards se ruent vers un traître,
çondamné comme tel, et dont la femme
l tué, .que dans un temps où un autre
paître reçoit une mission (!) en Espagne,
Î1 7 a en exil, depuis de longues années,
le descendant de Ceux qui ont fait la
France, le meilleur, le plus intelligent
et le plus . intrépide des Français. Ils
savent que ce Prince magnanime et lumi
neux a les yeux fixés sur sa Patrie, qu'il
souffre de la voir ainsi ravalée, à la
Veille d'une nouvelle guerre pire que la
précédente. Us nous croient, quand nous
Jeur disons que ce Prince est bon et qu'il
tôt juste èt que par lui seulement, et
par le Principe qu'il représente, la Jus
tice refleurira dans notre pays que dévaste
présentement l'injustice abjecte ensan
glante.
De quelque côté que l'on se tourne, en
çffet, apparaît là face livide de l'Iniquité,
^Humant, comme dans une toile allégo
rique de Prud'hon, la torche de la guerre
çivile. Les estropiés de la grande guerre
font réduits à la mendicité. Les profiteurs
4e la grande guerre, passés au bloc .de
fauche et au socialisme, tiennent avec
iéon Blum le haut du pavé. Végètent
dans de bas emplois, incertains du len
demain, des jeunes hommes qui ont tout
donné à la Patrie, des héros de Vaux,
de Douàumont, du Chemin des Dames,
de toutes les stations de l'étincelant cal
vaire, qui n'ont rien reçu en récompense
je dis en récompense nationale — et
qui voient comblés de prébendes et de
sinécures, les traîtres, les déserteurs et
les voleurs. Les braves gens sont massa
crés, dans les rues, par des apacbes de
meurés impunis, au sortir d'une réunion
,'publiquq où ils étaient venus sans armes.
Le numérotage de grains de sable, dé
nommé suffrage universel, attribue, à
Marseille comme à Paris, des sièges mu
nicipaux à ces assassins, ou à ceux qui
ont armé leurs bras. Une presse d'une
repoussante servilité, et qui semble avoir
peur de son ombre, représente ces crimes
de droit commun ainsi que de petites
"bagarres électorales sans conséquence.
Il y a, dans le grand peuple ainsi avili,
des Instituts, des Académies, des grou
pements sociaux, dont an pouvait atten
dre, devant de tels forfaits, une protes
tation quelconque, un cri de dégoût, une
parole vigoureuse, quelque chose de
vivant et de sain. Âh ! ouiche ! Une note
blafarde et grotesque nous apprenait hier
que ceux qui ont préféré Jonnart [qui
.t'a fait Suez, ô Barthou !] à Maurras,
étudient, en vue du dictionnaire, l'éty-
mologie du mot « gourde ». Us n'ont
certes pas à aller bien loin pour se docu
menter là-dessus. Quelle lâcheté, quelle
peur, quelle frousse, quelle venette, quelle
foire, chez un Lavedan, chez un Doumic,
chez nn ik>yau, et combien Caillaux et
Blum ont tort de ne pas se présenter
aujourd'hui, l'un et l'autre, à l'Acadé
mie ! Il est vrai que, par la faute de
Ca*>us — qui croyait à la clairvoyance
idc.j foules ! —• Clemenceau est de l'Aca
démie «ans en être, puisqu'il n'a encore
prononcé aucun discours de réception.
Mais qu'à cela ne tienne ! D suffit de
renvoyer Clemenceau et de le remplacer
par Caillaux. Ils seront vingt à réclamer
l'honneur de recevoir le mari de la
Tueuse : « On me dit, monsieur, que
« jadis vous avez connu l'ingratitude d'un
« pays qu'égarait la fureur belliqueuse
« et que gênait votre amour de la .paix.
« J'ai peine à le croire, en voyant ici
« tant de représentants des autorités les
« plus hautes, occupés à reconnaître vos
« rares mérites. Du moins avez-vous su
« déposer vos légitimes rancunes aux
« portes de la dictature financière, et
« nous apporter, avec votre gracieuse
« compagne, Mme Caillaux, que nous
« nous saluons ici d'un cœur unanime,
« les apaisements, fiduciaires et moraux*
« dont nous avions un pressant besoin. »
J'entends cela comme si j'y étais. Mais
j'entends aussi, derrière la toile, comme
au'théâtre du Châtelet, pendant un chan
gement de décora l'immense piétinement
d'une génération irritée, qui va mainte
nant entrer en scène. Hâtez-vous de jouir,
racaille du Bonnet rouge, échappés du
poteau de Vincennes, pilleurs de l'épar
gne publique, numéroteurs de grains de
sable, présentement flambards et triom
phants par la lâcheté de Poincaré et de
Millerand, lesquels ont préparé votre
revanche. Hâtez-vous de jouir, car un
frémissement, déjà perceptible, nous
annonce que vous n'en avez plus pour
bien longtemps. Lorsque s'écrouleront les
tréteaux ignobles et légers sur lesquels
vous êtes juchés, quelle .débandade, et
quels coups de fouet !
-Car la nouvelle génération est irréduc
tible, et froidement déterminée à agir,
quand le moment sera venu ; à refouler
avec une égale vigueur les naufrageurs
de la Patrie et ceux qui leur ont frayé
le chemin. Si Millerand s'imagine qu'il
bénéficiera — lui et sa ligue de papier
mâché, lui et son vieux tartufe de
Brousse [Emmanuel], — dû renouveau
nationaliste et royaliste qui s'annonce, il
se trompe. Le protecteur de Marlier
apparaît lointain connue les bonnes élec
tions du seize novembre, comme le cabi
net [janvier 1920] où le pauvre crétin
imposa Steeg [aujourd'hui garde des
Sceaux du Bloc des gauches !] au johar-
disme de l'Entente Arago. Par ces gail
lards, devant lesquels le ministricule
François' Albert, dans tonte sa pompe
[une pompe à quoi ?...] n'a pas tenu
vingt-cinq minutes, Millerand et Poincaré
sont tenus en un égal et légitime mépris.
Us ne le leur envoient pas dire. Les
menaces de Y Ere nouvelle du voleur Du-
barry les font rire ainsi que 4es adjura
tions de l'Avenir et de la Victoire et les
dénombrements électoraux du Quotidien.
Ils savent que, derrière ces phantasmes et
ces blagues, ces opérations d'arithméti
que et ces rodomontades, il n'y a rien,
exactement rien, que la perspective.-d'une
nouvelle invasion, accompagnée d'une
guerre civile.
Ces milliers de jeunes-là grandissent
. et ils entrent, à la façon d'un coin sans
cesse accru, dans le fumier vaseux de
la République. Ils entraînent avec eux
leurs parents, d'une époque plus résignée
et plus molle. Us obéissent à uij réflexe
vital, à une impulsion de salut public.
C'est par eux qu'en deçà de la catas
trophe le pays sera délivré ; car ils atti
rent et polarisent, comme un aimant, tout
ce qu'il reste d'énergie en France.
* Léon DAUDET.
LA .POLITIQUE.
L'INSTRUCTION DE M. LAUGÏER
L'instruction se poursuit dans le secret
le plus absolu, et, jusqu'au nom même des
témoins entendus, rîcn ne peut en être
connu. Si on a pu savoir -mercredi- dernier
que la femme de Bajot avait subi pendant
deux heures les questions de M. le con
seiller Laugier, ce fut le bénéfice d'une
surprise.
Cette légitime attitude d'un magistrat,
qui sait toute la valeur du secret de l'ins
truction, n'est pas pour déplaire ici. Main
tes fois, on a pu constater notre réserve
inspirée par le souci de ne pas gêner la
justice. On ne se plaindra donc pas de la
juste rigueur de M. Laugier. Mais c'est une
raison de plus pour protester, avec force,
contre l'étrange communication de la
« conclusion », et de la seule conclusion,
du rapport des experts Bayle, Paul et
Balthazard, à l'heure où la partie civile
n'avait pu encore présenter les observa
tions que provoque l'hilarant document.
LIRE AUJOURD'HUI :
EN PAGE 3 ET 4
L'Action française
économique et sociale
<
L'article de Georges VALOIS
celui de Pierre DUMAS
La semaine industrielle
et la Chronique de l'Union
des corporations françaises
I. Quidquid latet apparebit !
Les terreurs de la mort sont mêlées de
grandes lumières. Tant de choses cachées
apparaissent qu'on soupçonnait et que l'on
osait à peine nommer î Voici que les ren
seignements, les discussions, les confiden
ces, les enquêtes qui n'ont pu manquer de
surgir des singulières funérailles du géné
ral Mangin mettent en cause toute la poli
tique militaire de la République dans la
guerre et dans la victoire.
Mais par où commencer l'exposé_ que
nous en devons à nos lecteurs ? Par l'idée?
Par les faits ?
Les faits traînent partout.
Un journal, le Matin , vient d'établir quel
traitement ont infligé à ce vainqueur non
seulement le Bloc des gauches, mais le Bloc
national, non seulement les républicains
rouge rouge, mais les républicains bleu
horizon M. Poincaré et M. Clemenceau,
tout comme M. Painlevé. On en trouvera
les détails plus loin. Commençons par
l'idée qui les rend nets et clairs.
II. Il fallait démilitariser
la victoire
Cette idée avait été établie dès la fin
du xrx* siècle par 1-e plus pénétrant ana
lyste critique et censeur du mécanisme ré
publicain, par mon maître Anatole France
dans son Histoire contemporaine . La Ré
publique, disait-il en substance, craint éga
lement la défaite qui l'asservirait au dehors
la victoire qui lui donnerait un maître en
la personne du chef victorieux. De nom
breuses variations avaient été exécutées
sur ce thème, et l'on en a un texte si
gné de Jaurès disant qu'il est dur pour
un peuple de se trouver dans l'alternative
de sacrifier ou l'indépendance nationale
ou la liberté politique (le non de la liberté -
'étant synonyme pour ces messieurs de la
servitude parlementaire républicaine et
démocratique.)
Ceux qu'on appelle aujouM'hui les ré
publicains nationaux firent leur profit de
l'alternative ainsi formulée et l'on avait,
dès le' commencement des, hostilités, de
fortes raisons de penser qu'ils se promet
taient dans leur cœur d'imprimer aux af
faires une telle direction qu'elles prissent
le juste milieu entre la défaite dont la pa
trie fût morte et une victoire qui ébranlât
le régime. Ce point de vue, tout naturel
à des esprits ainsi faits, explique assez
bien quelques-unes de leurs rigueurs et
quelques-uns de leurs timidités.
Sur certains points particuliers, un pou
voir autre que- le leur, un régime libre de
préoccupations et de scrupules politiciens
eût trouvé dans son cœur et dt>ns sa
pensée les moyens et les forces de résis
ter en telle et" telle circonstance aux vo
lontés ou aux nolontés, aux injonctions
ou aux prohibitions de l'Etranger. Ici, en
lui cédant, les hommes dont je parle
avaient la consolation de se dire que ce
qui était restriction ou himiliation pour
le pays se retrouvait avantageux et profi
table "pour la République.
Négociations désastreuses avec l'Alle-
mague par l'intermédiaire de l'Amérique
en 1918, armistice anticipé, paix-boiteuse,
paix onéreuse, rappel honteux de Mangin,
tous ces actes et pas mal. d'autres'auraient
peut-être 'provoqué un véritable liaut-le-
coeur dans la conscience républicaine si
chacun d'eux n'avait comporté l'arrière-
pensée compensatrice,tantôt que le prestige
de notre proconsul militaire rhénan en
souffrirait, tantôt que le poids financier
de la paix contribuerait à rendre l'idée
de la guerre plus insupportable et plus
odieuse, tantôt que l'absurdité de certains
points du traité montrerait aux Fran
çais qu'il n'y a plus de crédit à faire à la
Force et que nulle Guerre ne peut payer,
tantôt enfin que mieux valait qu'un -géné
ralissime victorieux ne fît point son en
trée à Berlin...
III. La doctrine officielle
Qu'on ne m'accuse pas de construire
et d'imaginer ce qui se passe dans les
consciences.
Les idées et les sentiments que j'évoque
sont bien ceux que devait déterminer toute
l'histoire républicaine d'avant la guerre.
Elle sortait de quinze- ans de bataille
contre le militarisme. L'homme d'Etat
dont le nom a, depuis, signifié" la victoire
et que les nécessités de l'heure plièrent
un instant aux disciplines des conditions
de la victoire, au respect des chefs
et à l'unité de' commandement, M. Cle
menceau était pourtant le même qui. dix
années auparavant, en 1907, avait aboli
les préséances militaires des décrets de
Messidor et, comme les Débals l'obser
vaient hier même, placé le sous-préfet
avant le général dàns les cérémonies de
l'Etat. L'œuvre antimilitariste de M. Cle
menceau entre 19ÛG et 1909 serait ici à
rappeler si elle n'était présente à la pen
sée de tous les patriotes conscients. On
pouvait supposer, on pouvait espérer que
l'expérience de la guerre dût modifier ces
tendances profondes. Le fait est qu'elle
les avait simplement recouvertes et refou
lées. La première pensée de ce victorieux
fut, dès la paix venue, de modérer et, je
le redis, de démilitariser la victoire : tout
appui 'lui fut bon, vînt-il dé l'étranger, qui
pût aider à ce labeur d'affermissement
gouvernemental.
Je ne nie pas que les idées claires du
vieux parlementaire aient évolué en u:i
sens antiparlementaire et même antidémo
cratique assez net. Ses instincts fonciers
subsistaient et, comme toujours, gouver
naient. On a souvent parié en souriant de-
l'antimilitarisme secret de M. Poincaré
attesté en divers actes de ses présidences
au Quai d'Orsay et à l'Elysée. La même
pensée agissait plus profondément encore
chez M. Clemenceau qu'une naissance lor
raine et des habitudes de pays frontière
n'avaient pas habitué, malgré tout, à la
nécessité d'opposer de siècle en siècle
■les armes françaises au tumulte armé du
Germain. La guerre finie, M. Clemenceau
était mieux placé que personne pour
bien immoler nos grands chefs et assu
mer, d'un cœur léger les. responsabilités
de ce sacrifice.
£
IV, Où Mangin a parlé .
Ce point posé, le Français moyen peut
lire avec fruit les révélations dû Matin
d'hier. Un rédacteur anonyme les rap
porte d'après des paroles de Mangin datées
du 27 octobre 1923.
« Toute la presse parisienne parlait
« alors de Dorten et de l'établissement de
« la République rhénane. » Notons, par
parenthèse, que Dorten assistait aux émou
vantes funérailles de vendredi. J'ai eu
l'honneur de le saluer sous la voûte des
Invalides et j'ai été heureux de lui serrer
la main. Ce mélancolique témoin d'un ef
fort franco-rhénan, que notre République
a fait avorter, aura été, pour une part, le
dépositaire des plans et des volontés de
Mangin. Les confidences de Mangin,, qui
remontent à deux ans, se rapportent à ce
mois d'octobre 1919 où eut lieu son rappel
de Mayence :
— J'avais été avisé; me dit Mangin, que
Lloyd Georges avait adressé d'énergiques
remontrances à il. Clemenceau au sùjet de
mon action en Rhénanie. Depais quelque
temps, certains bruits m'étaient revenus
et je voulais savoir ce qu'il y avait de
vrai dans ces racontars.
[Etait-ce bien Lloyd Georges ? On me
dit : Wilson. Peu importe].
■ Dans les premiers jours d'octobre, je
revins en France : je devais aller dans
la Sarthe chercher ma famille.
Je profitai de mon passage à Paris pour
demander audience .à M. Clemenceau. Je
téléphonai au ministère de .la Guerre. On
me répondit : « Ni aujourd'hui ni de
main. » Je me rendis chez le maréchal
Foch; il était absent^ Je vis le général
Weygand. Je lui - demandai de me dire
quelle était exactement la situation.,
— Eh bien ! oui, me dit Weygand, c'est
vrai. Ils ne veulent pas vous renvoyer .là-
bas. Il ne reste plus qu'à désigner votre
successeur.
Dans la soirée, je, téléphonai à nouveau
au ministère. On me fit savoir que M. Cle
menceau me recevrait le lendemain matin.
Le lendemain, à l'heure fixée, feutrai
dans le cabinet du président du Conseil.
Il me fit asseoir dans un fauteuil, à gau
che de sa table de travail.
—- Eh bien! me dit-il, qu'est-ce qu'il y
a?... Vous.allez bien?...
— Je vais bien.~ Je suis venu chercher
ma .famille... Mais je désirerais savoir,
avant de retourner à Mayence, si les bruits
qui m'ont été rapportés reposent sur quel
que fondement.
— Oui... oui... Weygand vous a bien mis
au courant, n'est-ce pas?... Qu'est-ce que
..vous trouvez à redire à cela?... F a;jolie,
vous et Gérard, vous étiez siir le Rhin.
Nous vous enlevons tous les trois avec vos
états-majors et nous mettons -un autre gé
néral'avec un autre état-major. Il n'y a
rien là qui ressemble d une disgrâce.
— Certes, répliquai-je. En présentant
les choses de cette façon, on peut arriver
à expliquer la mutation dont je suis l'ob
jet. Mais, voyons, entre nous, comment
pouvez-vous maintenir cela? Est-ce digne
de vous et de moi d'appeler cela une mu
tation administrative? Il y a un motif.
Tous mes camarades des armées étrangè
res m'ont déclaré que j'allais être nommé
commandant en chef et qu'ils se félicir
taient d'être sous mes ordres. Leur gouver
nement et le nôtre étaient donc d'accord.
— Oui... oui,., les militaires disent cela.
Oui, je ne dis pas.
— Il y a donc d'autres personnes?...
Qui? .
— J'aurais voulu tout vous dire... J'ai
demandé l'autorisation (!) 'de vous l'ex
pliquer... Je n'ai pas pu l'obtenir... Je ne
puis rien vous dire.
— Mais, enfin vous m'avez toujours ap
prouvé? Je vous ai toujours rendu compte
de tout, dans le délai ? J'ui encore écrit
l'autre jour à M. Mandel... ce qui ne m'a
musait pas. Quand vous avez voulu, en
avril dernier, m'envoiicr sur le Danube, en
vue, me disiez-vous de me faire succéder
à d'Espèrey, j'ai refusé. Je voas ai montré
d'abord qu'on ne devait pas agir de la
sorte vis-à-vis d'un général de la valeur
de Franchet d'Espèrey. Mais je vous ai
expliqué aussi qu'il était nécessaire, indis
pensable, de maintenir sur le Rhin un
général ayant le prestige que j'ai eu la
chance d'acquérir là-bas. Vous en avez
convenu. Ce maintien est plus nécessaire
que jamais. Il y a donc aujourd'hui des
raisons graves ?
— Je. ne peux pas vous le dire.
Je me levai. Fixant Clemenceau du re
gard et braquant mon doigt vers lui, je
m'écriai d\une voix ardente :
— Vous ?... Vous ne pouvez pas ?...
Vous ?... C'est vous qui dites cela ?... Ainsi
je■ serais par vos ordres étranglé entre
deux pories par les muets du sérail, avec,
un voile sur la tête !...
Clemenceau, qui avait essayé de se lever.,
s'effondra dans son fauleil. Affaissé, blê
me, il balbutia :
— Peux pas, peux pas... peux pas vous '
dire. J'ai promis (!) que je ne le dirais
pas. . .
Il poussa un long soupir.
— Et puis-... avec ce que vous avez fait...
une armée... quelle tentation pour la poli
tique !
—Mais vous ne voyez pas/ répliquai-je,
que vous faites tout ce que vous pouvez
pour m'y lancer 1
Clemenceau se ressaisit.
Voilà un mot qui est de trop, cria-
i-il. T'o.'iï me menacez de faire de la poli
tique ! ■
— Non, monsieur, lui répondis-je avec
froideur, 'je constate simplement que vous
faites tout ce que vous pouvez pur me
lancer dans la politiqe. Mais je n'irai pas,'
parce que je ne veux pas ij aller... C'est
trop Sale.
Et je me levai. .
Il se leva à son tour et m'accompagna
jusqu'à la porte de son cabinet. Je sortis
sans que nous ayons, ni l'un ni l'autre,
ajouté une parole.
"Tout y est. Et d'abord la pression
étrangère indiquée au début, puis avouée
par M. Clemenceau: «J'ai promis»,
«J'ai demandé l'autorisation... je n'ai pas
pu l'obtenir ». A qui M. Clemenceau pou
vait-il demander une autorisation V A qui
avait-il pu faire une promesse ? Il n'y
avait dans l'Etat qu'un personnage qui fût
au-dessus de lui, M. Poincaré. Or M. Poin
caré avait dit, la veille même, à Mangin
_'il le défendrait envers 1 et contre tout
l 'est Mangin qui l'atteste ci-dessous :
Je me rendis à l'Elysée. Je fus reçu im
médiatement. M. Poincaré m'écouta :
Lai, si calme d'ordinaire, parut fort
ému.
<— Oh ! oh ! Mais je n'ai jamais en
tendu parler de cela. Voyons, ce n'est pas
possible.
— Pardon, monsieur le, président, la gé
néral Weygand vient de me l'affirmer.
C'est fait.
— Vous oubliez, général, qu'il faut que
je signe la lettre de service de votre suc
cesseur. Rassurez-vous.
La lettre de service du successeur fut
signée comme tant d'autres ! C'était bien
à l'étranger que M. Clemenceau avait
promis, avait demandé... Pour faire obéir
M. Poincaré, on dut faire peser sur son
esprit les mêmes arguments répu
blicains qui avaient, agi si puissamment
sur le cœur de M. Clemenceau.
Et puis... Avec ce que vous avez
fait... une armée... quelle tentation pour
la politique !...
La République a supprimé la tentation
politique en enlevant à l'armée; au Rhin,
à la patrie,son grand chef,son grand servi
teur historique. Le traite venait de réduire
la France à la condition de «nation as
sistée». Nous le disions tous les matins-
dans 1'A ction française de cette époque.
Mais nous refusions d'admettre. que les
chefs républicains de la France victorieuse
pussent n'avoir été ni éclairés ni régéné
rés par ces quatre ans d'une guerre atro
ce. Nous ne les croyions point capa-,
bles de sacrifier à" des inquiétudes de ré
gime et de parti les conditions de la sécu
rité et de la paix. Les faits parlent. Il faut
les comprendre : le naturel républicain à
peine chassé par la guerre est revenu au
galop dès l'aube de la paix.
A l'heure où la sécurité nationale faiblit
et succombe, quand, Hindenburg régnant,
l'Allemagne reprend les traditions sé
culaires de son action dans les trois di
rections de l'Est, du Sud et de l'Ouest, il
est bon de savoir quel risque court un
peuple «à se donner des chefs plus attachés
au sort d'un parti misérable et d'un faible
régime qu'aux destinées éternelles de la
patrie. »
Charles MAURRAS.
Une lettre
du général Mangin
La lettre ci-dessous, dé la main de l'il
lustre vainqueur de Méry-Courcelles, fut
adressée au propagandiste franco-roumain
Albert Prahovan à l'occasion du sacre des
souverains de la grande Roumanie :
C'est un grand bonheur pour une nation'd'avoir
à sa tête, aux heures critiques, dé* soit histoire, lç
chef qui -sait voir, décider et agir. Ce bonheur est
échu à la nation roumaine et elle a prouvé qu'elle
le méritait par son courage sur lés champs de ba
taille, par sa constance dans l'adversité, et par sa
fidélité au Roi qui incarnait la Patrie et la Race,
aujourd'hui enfin'réunies dans les mêmes frontiè
res.
Au jour solennel qui voit la -consécration de
cette union et le baptême de la grande Roumanie
par, le couronnement de Sa Majesté le Roi Ferdi
nand, les soldats de France songent à leurs frères
d'armes, adressent à Sa Majesté leurs vœux de
bonheur, et le témoignage respectueux da leur
profonde admiration. Aux pieds de. Sa Majesté la
Reine, ils déposent les mêmes hommages.
■ Ch. MANGIN. ■'
L'ACTION FRANÇAISE
a plus de 39.000 afconnés
Dans les circonstances actuelles il ne
suffit pas de nous applaudir, tous
les patriotes doivent nous aider
efficacement.
Vous répondrez aux appels de
DAUDET ETUI AU RR AS
en faisant 10 ABONNES NOUVEAUX
É3CHOS
« Après ma moft, je ferai tomber une pluie de
roses ».
Voulez-vous, que. se vérifie pour vous «• les vô
tres cette étonnantes promesse de Sainte Thérèse
de l'Enfant Jésus ? —
A l'occasion de sa Canonisation, envoyez votre
offrande au premier sanctuaire que l'on'construit
actuellement en son honneur, à VŒuvre d'Auteuil ;
40, rue La Fontaine, Paris (XVI'). Ch. post. 673-84.
Les abonnements à l'Exposition.
Contre 100 francs, l'Exposition des Arts déco
ratifs délivre une carte d'abonnement permanente
donnant droit à tous les galas et fêtes ouverts
au public.
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médiatement . délivrées â l'Office général des
abonnements, Galerie G., 'bureau 8 bis, à l'Hôtel
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teurs, c'est- à titre absolument gracieux et pour
obliger ses amis d'A;F. que Pinson, bijoutier-
joaillier, .15, rue Lévis (Métro Milliers), de 9 à
12 heures, offre d'expertiser leurs bijoux ifrnt
la valeur a beaucoup augmenté.^
" v ê'.
La vitrine de JULIENNE à- l'Exposition des
Arts décoratifs obtient un légitime succès.
Son ensemhlff'noir, corail et argent; fait sen
sation.
Mais ce qui est plus flatteur encore, c'est quîà
la collectivité de- la Couture, plusieurs grandes
maisons sé sont adressées à elle.
Les Mannequins des Maisons : Bernard, Cal-
vajrrac, Davidson, Pœillet, Drecoll, Blanche Le-
bouvier, Alix Lebreton, Margaine Lacroix, Monge,
Jossph P.aquin, Worth sont chaussés par JU
LIENNE;, 235, rue Saint-Honoré, Paris. /
Vers la réunion
de l'Autriche à rAlleiïiape
Notra confrère Albert. Jullien écrivait,
hier matin, que l'Allemagne serait dispo
sée à reconnaître et à garantir ses fron
tières orientales comme ses frontières occi
dentales à la condition qu'il lui fût permis
de réunir l'Autriche. L'information du Petit
Parisien est de source italienne. On doit
donc conclure que le sondage du gouver
nement de Berlin a eu lieu à Rome. Mais
on dit aussi que M. Stahmer a porté la
même suggestion à M. Chamberlain. Il ne
^'agit donc pas d'une nouvelle de fantaisie.
Nos lecteurs se souviendront peut-être
que nous l'avions annoncée avant qu'il en
fût venu aucune rumeur de Rome ou de
Londres. Une induction élémentaire per
mettait de prévoir que c'était dans cetta
voie que l'Allemagne devait porter la négo
ciation. Elle offrait d'abord un pacte pour
les frontières occidentales en réservant les
frontières orientales. Il était facile de sup
poser que, sur la réclamation de la France
(l'Empire britannique refusant de s'engager
vis-à-vis de la Pologne et de la Tchéco-SIo-
vaquie), l'Allemagne accepterait d'étendre
le pacte à ses voisins de l'Est, demandant,®-
en échange, qu'il ne fût pas question de
l'Autriche.
Cest le dosage et le marchandage aux
quels la diplomatie allemande a pensé tout
de suite. C'est ce qu'elle aurait ' demandé
dans tous les cas. Si M. Mayx avait été
élu, elle aurait sollicité l'annexion de l'Au
triche comme prime à la démocraties Hin
denburg préside. Alors c'est une autre chan
son. D'un bout à l'autre de l'Europe (nous
avons sous les yeux l'extrait d'un journal
en langue allemande des Baltes d'Esthonie),
des voix de sirène disent -que, si les socia
listes et les catholiques' autrichiens votaient
avec le reste de l'Allemagne, les .partis
républicains allemands seraient renforcés,
l'axe de la politique allemande déplacé et
même que, si la réunion avait été réalisée
assez tôt, Hindenburg. n'eût pas été élu.
Il est vrai que, d'autre part, on réédite
l'argument d'après - lequel l'Autriche ne tient
pas à perdre son indépendance et aura
d'autant moins de goût à s'unir à l'Alle
magne qu'elle y verra les réactionnaires
prussiens plus puissants. Nous-avons peu
de confiance dans cette résistance spontanée.
Pour avoir l'Autriche, tous les arguments
seront bons -â ■ l'Allemagne, même Ceux
qu'elle tirera de la démocratie, du spectre
d'Hindenburg ou de sa propre indignité.
Le résultat en vaut la peine. Quand elle
sera étendue jusqu'à Vienne, l'Allemagne
aura réalisé la, prophétie qu'on prêtait à'
. Guillaume II durant les hostilités : < Même
si ;nous perdons la guerre nous l'aurons
gagnée, parce que de tonte façon l'Au
triche nous restera».
Pour empêcher l 'Anschluss, 'on ne peut
compter que sur l'opposition de la France
et de l'Italie, sans lesquelles les réclama
tions de la Petite Entente se perdraient
dans le désert. L'opposition de la France
et de l'Italie durera-t-elle devant l'indiffé
rence de l'Angleterre ? M. Chamberlain
parle loyalement du respect des traités.
Mais l'Empire britannique^ sous l'influence
croissante de ses Dominions, se désintéresse
de cette partie de l'Europe et, d'ailleurs,
les traités prévoient le rattachement de
l'Autriche à l'Allemagne par im vote de
la Société des Nations. L'unanimité" requisa
pour ce vote n'est pas un obstacle sérieux,
car une action isolée dans cette affaire
prendrait vite le caractère « antieuropéen »
de l'occupation de la Ruhr. Il suffirait
d'une campagne de presse bien montée. En
politique internationale comme en politique
intérieure, rien n'est plus facile que de
rendre impopulaire et odieux l'usage d'un
dre^» de veto.
Pour garder l'Autriche indépendante il
eût au moins fallu, comme le pensait avec
raison le général Mangin, que d'autres.
parties du corps germaniques devinssent
autonomes. Les démocraties en ont disposé
autrement Elles finiront par céder aux
conséquences de léurs principes et aux
effets de leurs lois. — J. B. -
Lettre d'Allemagne
L'entrée de HindenËurg
à Berlin
< Berlin, le IX mal 1925,
Sur le parcours que doit suivre Hin
denburg, depuis la gare de l'Armée jus
qu'à la Wilhelmstrasse (7 kilomètres), une
foule énorme se masse pour voir le chef,
l'idole, le i maître. Les associations natio
nalistes, / dont la- formation est formelle
ment interdite par le traité de Versailles,
sont là, au complet et nombre* ses, avec
leurs chefs et leurs bannières, en ordre,
disciplinées, attentives. Pas un drapeau
aux couleurs de la République allemande,
mais une multitude d'anîren, de toutes
dimensions, aux anciennes couleurs de
l'Empire (noir-blanc-rouge), avec au mi
lieu la croix de Malte. La police fait un
service d'ordre très sévère pour mainte- ■
nir ces centaines de milliers de personnes
dans les limites de ses emplacements. L'a
viation, restée muette jusqu'à ce jour, évo
lue en nombre dans l'air, redonnant à l'en-
Dimanche 17 mai 1925
18 centimes. P a ®B
20 centimes. D épabtemekts et C ourues
ABONNEMENTS: CoAv StBû bfclft.
France et Colonies. 48 fr. a5 fr. i3 te.
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Chèque postal i* Compta aî.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Doc d'OîULÊ^NS
héritier défi quarante Rois qui en mine ans firent laFrance.
BfiDACTIOH & ADMIMISTRAIÏOIS t
ià. me d* Borne, PA RIS (8")
Adressa télégraphiqne : ACTIOFRAN-PARIS
Téléphona : Administration ; Louvre a6-40, ;»6-5o
Rédaction ; Central 7&-A4 Pabliciiè : Central 74-77
Après 10 heures du soir ; Ségtu tï-6S
Registre de Commerce ; Set&e Iï° 7$.53a
Fondateur ; HENRI VAUGEOÎS — Directeurs politiques ; LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — ■ Rédacteur en chef g MAURICE PUJO
Hindenburg, n° 237 sur la liste des
coupables de guerre, viendra le 18 juin
àDusseldorf, en zone occupée,
« Le voyage du président, dît le
" Temps w , devrait donc être considéré
Comme une sorte de défi aiis^ Alliés* -»
. |ÏV parles !
La nouvelle généa»ation
Romier, de' sa meilleure pointe, écri
rait, l'autre matin, dans le Figaro :
« La jeunesse! La jeunesse populaire
■s des villes et des villages, il lui faut
« autre chose, pour s'enthousiasmer,
< que le souci des affaires, l'éloge du
« statu quo ou la crainte des nouveau-
« tés. Il lui faut une « cause », une
« espérance concrète, un idéal social.» »
Rien de plus vrai. Cette jeunesse existe,
çt sa contre-partie est inexistante. C'est
îa jeunesse d' Action française. On l'avait
déjà vu, pour la génération immédiate
ment antérieure, aux fêtes de Jeanne
jl'Arc d'avant-guerre, notamment en mai
1914,- à la veille de l'immense carnage
annoncé par Maurras dans Kiel et Tan
ger. On l'a vue récemment, ou, plutôt,
on a vu d'elle un échantillon, aux obsè-
gués des martyrs de la rue Damrémont,
de ce guet-apens qu'est en train d'étouf
fer, si diligemment, le mauvais juge Bar-
naud. Elle s'est montrée* aux côtés de
Pnjo, de Maxime Réal del Sarte, de
Lucien Lacour, de Lamotte, de Lecœur,
de Calzant et de leurs vaillants compa
gnons, le 10 mai courant. Elle est appa
rue, de façon parcellaire mais manifeste,
aux obsèques du glorieux Mangin, hier
matin. C'est elle qui aimantera la France
de demain. C'est elle qui renversera le
régime de mort et de trahison, dont
Caillaux et Malvy demeurent les deux
plus remarquables spécimens. C'est elle
gui se dresse, formidable et résolue, au
çlub de Luna-Park. Je crois la connaître
assez bien et pouvoir dégager ici quel
ques-unes de ses particularités.
Premièrement, elle sait ce qu'elle veut,
çomme sa devancière de 1914. Elle veut
la disparition de la République et le
çetour de la monarchie dans la personne
Due d'Orléans. Les vingt mille jeunes
ens qui acclamaient à corps perdu le Duc
l 'Orléans, lors de la dernière réunion
«Ju club de Luna-Park, n'ont, pour la
plupart, jamais vu le Prince. Mais ils
gavent que dans la torpeur, la veulerie,
la lâcheté générales, que, dans un temps
pù les salonnards se ruent vers un traître,
çondamné comme tel, et dont la femme
l tué, .que dans un temps où un autre
paître reçoit une mission (!) en Espagne,
Î1 7 a en exil, depuis de longues années,
le descendant de Ceux qui ont fait la
France, le meilleur, le plus intelligent
et le plus . intrépide des Français. Ils
savent que ce Prince magnanime et lumi
neux a les yeux fixés sur sa Patrie, qu'il
souffre de la voir ainsi ravalée, à la
Veille d'une nouvelle guerre pire que la
précédente. Us nous croient, quand nous
Jeur disons que ce Prince est bon et qu'il
tôt juste èt que par lui seulement, et
par le Principe qu'il représente, la Jus
tice refleurira dans notre pays que dévaste
présentement l'injustice abjecte ensan
glante.
De quelque côté que l'on se tourne, en
çffet, apparaît là face livide de l'Iniquité,
^Humant, comme dans une toile allégo
rique de Prud'hon, la torche de la guerre
çivile. Les estropiés de la grande guerre
font réduits à la mendicité. Les profiteurs
4e la grande guerre, passés au bloc .de
fauche et au socialisme, tiennent avec
iéon Blum le haut du pavé. Végètent
dans de bas emplois, incertains du len
demain, des jeunes hommes qui ont tout
donné à la Patrie, des héros de Vaux,
de Douàumont, du Chemin des Dames,
de toutes les stations de l'étincelant cal
vaire, qui n'ont rien reçu en récompense
je dis en récompense nationale — et
qui voient comblés de prébendes et de
sinécures, les traîtres, les déserteurs et
les voleurs. Les braves gens sont massa
crés, dans les rues, par des apacbes de
meurés impunis, au sortir d'une réunion
,'publiquq où ils étaient venus sans armes.
Le numérotage de grains de sable, dé
nommé suffrage universel, attribue, à
Marseille comme à Paris, des sièges mu
nicipaux à ces assassins, ou à ceux qui
ont armé leurs bras. Une presse d'une
repoussante servilité, et qui semble avoir
peur de son ombre, représente ces crimes
de droit commun ainsi que de petites
"bagarres électorales sans conséquence.
Il y a, dans le grand peuple ainsi avili,
des Instituts, des Académies, des grou
pements sociaux, dont an pouvait atten
dre, devant de tels forfaits, une protes
tation quelconque, un cri de dégoût, une
parole vigoureuse, quelque chose de
vivant et de sain. Âh ! ouiche ! Une note
blafarde et grotesque nous apprenait hier
que ceux qui ont préféré Jonnart [qui
.t'a fait Suez, ô Barthou !] à Maurras,
étudient, en vue du dictionnaire, l'éty-
mologie du mot « gourde ». Us n'ont
certes pas à aller bien loin pour se docu
menter là-dessus. Quelle lâcheté, quelle
peur, quelle frousse, quelle venette, quelle
foire, chez un Lavedan, chez un Doumic,
chez nn ik>yau, et combien Caillaux et
Blum ont tort de ne pas se présenter
aujourd'hui, l'un et l'autre, à l'Acadé
mie ! Il est vrai que, par la faute de
Ca*>us — qui croyait à la clairvoyance
idc.j foules ! —• Clemenceau est de l'Aca
démie «ans en être, puisqu'il n'a encore
prononcé aucun discours de réception.
Mais qu'à cela ne tienne ! D suffit de
renvoyer Clemenceau et de le remplacer
par Caillaux. Ils seront vingt à réclamer
l'honneur de recevoir le mari de la
Tueuse : « On me dit, monsieur, que
« jadis vous avez connu l'ingratitude d'un
« pays qu'égarait la fureur belliqueuse
« et que gênait votre amour de la .paix.
« J'ai peine à le croire, en voyant ici
« tant de représentants des autorités les
« plus hautes, occupés à reconnaître vos
« rares mérites. Du moins avez-vous su
« déposer vos légitimes rancunes aux
« portes de la dictature financière, et
« nous apporter, avec votre gracieuse
« compagne, Mme Caillaux, que nous
« nous saluons ici d'un cœur unanime,
« les apaisements, fiduciaires et moraux*
« dont nous avions un pressant besoin. »
J'entends cela comme si j'y étais. Mais
j'entends aussi, derrière la toile, comme
au'théâtre du Châtelet, pendant un chan
gement de décora l'immense piétinement
d'une génération irritée, qui va mainte
nant entrer en scène. Hâtez-vous de jouir,
racaille du Bonnet rouge, échappés du
poteau de Vincennes, pilleurs de l'épar
gne publique, numéroteurs de grains de
sable, présentement flambards et triom
phants par la lâcheté de Poincaré et de
Millerand, lesquels ont préparé votre
revanche. Hâtez-vous de jouir, car un
frémissement, déjà perceptible, nous
annonce que vous n'en avez plus pour
bien longtemps. Lorsque s'écrouleront les
tréteaux ignobles et légers sur lesquels
vous êtes juchés, quelle .débandade, et
quels coups de fouet !
-Car la nouvelle génération est irréduc
tible, et froidement déterminée à agir,
quand le moment sera venu ; à refouler
avec une égale vigueur les naufrageurs
de la Patrie et ceux qui leur ont frayé
le chemin. Si Millerand s'imagine qu'il
bénéficiera — lui et sa ligue de papier
mâché, lui et son vieux tartufe de
Brousse [Emmanuel], — dû renouveau
nationaliste et royaliste qui s'annonce, il
se trompe. Le protecteur de Marlier
apparaît lointain connue les bonnes élec
tions du seize novembre, comme le cabi
net [janvier 1920] où le pauvre crétin
imposa Steeg [aujourd'hui garde des
Sceaux du Bloc des gauches !] au johar-
disme de l'Entente Arago. Par ces gail
lards, devant lesquels le ministricule
François' Albert, dans tonte sa pompe
[une pompe à quoi ?...] n'a pas tenu
vingt-cinq minutes, Millerand et Poincaré
sont tenus en un égal et légitime mépris.
Us ne le leur envoient pas dire. Les
menaces de Y Ere nouvelle du voleur Du-
barry les font rire ainsi que 4es adjura
tions de l'Avenir et de la Victoire et les
dénombrements électoraux du Quotidien.
Ils savent que, derrière ces phantasmes et
ces blagues, ces opérations d'arithméti
que et ces rodomontades, il n'y a rien,
exactement rien, que la perspective.-d'une
nouvelle invasion, accompagnée d'une
guerre civile.
Ces milliers de jeunes-là grandissent
. et ils entrent, à la façon d'un coin sans
cesse accru, dans le fumier vaseux de
la République. Ils entraînent avec eux
leurs parents, d'une époque plus résignée
et plus molle. Us obéissent à uij réflexe
vital, à une impulsion de salut public.
C'est par eux qu'en deçà de la catas
trophe le pays sera délivré ; car ils atti
rent et polarisent, comme un aimant, tout
ce qu'il reste d'énergie en France.
* Léon DAUDET.
LA .POLITIQUE.
L'INSTRUCTION DE M. LAUGÏER
L'instruction se poursuit dans le secret
le plus absolu, et, jusqu'au nom même des
témoins entendus, rîcn ne peut en être
connu. Si on a pu savoir -mercredi- dernier
que la femme de Bajot avait subi pendant
deux heures les questions de M. le con
seiller Laugier, ce fut le bénéfice d'une
surprise.
Cette légitime attitude d'un magistrat,
qui sait toute la valeur du secret de l'ins
truction, n'est pas pour déplaire ici. Main
tes fois, on a pu constater notre réserve
inspirée par le souci de ne pas gêner la
justice. On ne se plaindra donc pas de la
juste rigueur de M. Laugier. Mais c'est une
raison de plus pour protester, avec force,
contre l'étrange communication de la
« conclusion », et de la seule conclusion,
du rapport des experts Bayle, Paul et
Balthazard, à l'heure où la partie civile
n'avait pu encore présenter les observa
tions que provoque l'hilarant document.
LIRE AUJOURD'HUI :
EN PAGE 3 ET 4
L'Action française
économique et sociale
<
L'article de Georges VALOIS
celui de Pierre DUMAS
La semaine industrielle
et la Chronique de l'Union
des corporations françaises
I. Quidquid latet apparebit !
Les terreurs de la mort sont mêlées de
grandes lumières. Tant de choses cachées
apparaissent qu'on soupçonnait et que l'on
osait à peine nommer î Voici que les ren
seignements, les discussions, les confiden
ces, les enquêtes qui n'ont pu manquer de
surgir des singulières funérailles du géné
ral Mangin mettent en cause toute la poli
tique militaire de la République dans la
guerre et dans la victoire.
Mais par où commencer l'exposé_ que
nous en devons à nos lecteurs ? Par l'idée?
Par les faits ?
Les faits traînent partout.
Un journal, le Matin , vient d'établir quel
traitement ont infligé à ce vainqueur non
seulement le Bloc des gauches, mais le Bloc
national, non seulement les républicains
rouge rouge, mais les républicains bleu
horizon M. Poincaré et M. Clemenceau,
tout comme M. Painlevé. On en trouvera
les détails plus loin. Commençons par
l'idée qui les rend nets et clairs.
II. Il fallait démilitariser
la victoire
Cette idée avait été établie dès la fin
du xrx* siècle par 1-e plus pénétrant ana
lyste critique et censeur du mécanisme ré
publicain, par mon maître Anatole France
dans son Histoire contemporaine . La Ré
publique, disait-il en substance, craint éga
lement la défaite qui l'asservirait au dehors
la victoire qui lui donnerait un maître en
la personne du chef victorieux. De nom
breuses variations avaient été exécutées
sur ce thème, et l'on en a un texte si
gné de Jaurès disant qu'il est dur pour
un peuple de se trouver dans l'alternative
de sacrifier ou l'indépendance nationale
ou la liberté politique (le non de la liberté -
'étant synonyme pour ces messieurs de la
servitude parlementaire républicaine et
démocratique.)
Ceux qu'on appelle aujouM'hui les ré
publicains nationaux firent leur profit de
l'alternative ainsi formulée et l'on avait,
dès le' commencement des, hostilités, de
fortes raisons de penser qu'ils se promet
taient dans leur cœur d'imprimer aux af
faires une telle direction qu'elles prissent
le juste milieu entre la défaite dont la pa
trie fût morte et une victoire qui ébranlât
le régime. Ce point de vue, tout naturel
à des esprits ainsi faits, explique assez
bien quelques-unes de leurs rigueurs et
quelques-uns de leurs timidités.
Sur certains points particuliers, un pou
voir autre que- le leur, un régime libre de
préoccupations et de scrupules politiciens
eût trouvé dans son cœur et dt>ns sa
pensée les moyens et les forces de résis
ter en telle et" telle circonstance aux vo
lontés ou aux nolontés, aux injonctions
ou aux prohibitions de l'Etranger. Ici, en
lui cédant, les hommes dont je parle
avaient la consolation de se dire que ce
qui était restriction ou himiliation pour
le pays se retrouvait avantageux et profi
table "pour la République.
Négociations désastreuses avec l'Alle-
mague par l'intermédiaire de l'Amérique
en 1918, armistice anticipé, paix-boiteuse,
paix onéreuse, rappel honteux de Mangin,
tous ces actes et pas mal. d'autres'auraient
peut-être 'provoqué un véritable liaut-le-
coeur dans la conscience républicaine si
chacun d'eux n'avait comporté l'arrière-
pensée compensatrice,tantôt que le prestige
de notre proconsul militaire rhénan en
souffrirait, tantôt que le poids financier
de la paix contribuerait à rendre l'idée
de la guerre plus insupportable et plus
odieuse, tantôt que l'absurdité de certains
points du traité montrerait aux Fran
çais qu'il n'y a plus de crédit à faire à la
Force et que nulle Guerre ne peut payer,
tantôt enfin que mieux valait qu'un -géné
ralissime victorieux ne fît point son en
trée à Berlin...
III. La doctrine officielle
Qu'on ne m'accuse pas de construire
et d'imaginer ce qui se passe dans les
consciences.
Les idées et les sentiments que j'évoque
sont bien ceux que devait déterminer toute
l'histoire républicaine d'avant la guerre.
Elle sortait de quinze- ans de bataille
contre le militarisme. L'homme d'Etat
dont le nom a, depuis, signifié" la victoire
et que les nécessités de l'heure plièrent
un instant aux disciplines des conditions
de la victoire, au respect des chefs
et à l'unité de' commandement, M. Cle
menceau était pourtant le même qui. dix
années auparavant, en 1907, avait aboli
les préséances militaires des décrets de
Messidor et, comme les Débals l'obser
vaient hier même, placé le sous-préfet
avant le général dàns les cérémonies de
l'Etat. L'œuvre antimilitariste de M. Cle
menceau entre 19ÛG et 1909 serait ici à
rappeler si elle n'était présente à la pen
sée de tous les patriotes conscients. On
pouvait supposer, on pouvait espérer que
l'expérience de la guerre dût modifier ces
tendances profondes. Le fait est qu'elle
les avait simplement recouvertes et refou
lées. La première pensée de ce victorieux
fut, dès la paix venue, de modérer et, je
le redis, de démilitariser la victoire : tout
appui 'lui fut bon, vînt-il dé l'étranger, qui
pût aider à ce labeur d'affermissement
gouvernemental.
Je ne nie pas que les idées claires du
vieux parlementaire aient évolué en u:i
sens antiparlementaire et même antidémo
cratique assez net. Ses instincts fonciers
subsistaient et, comme toujours, gouver
naient. On a souvent parié en souriant de-
l'antimilitarisme secret de M. Poincaré
attesté en divers actes de ses présidences
au Quai d'Orsay et à l'Elysée. La même
pensée agissait plus profondément encore
chez M. Clemenceau qu'une naissance lor
raine et des habitudes de pays frontière
n'avaient pas habitué, malgré tout, à la
nécessité d'opposer de siècle en siècle
■les armes françaises au tumulte armé du
Germain. La guerre finie, M. Clemenceau
était mieux placé que personne pour
bien immoler nos grands chefs et assu
mer, d'un cœur léger les. responsabilités
de ce sacrifice.
£
IV, Où Mangin a parlé .
Ce point posé, le Français moyen peut
lire avec fruit les révélations dû Matin
d'hier. Un rédacteur anonyme les rap
porte d'après des paroles de Mangin datées
du 27 octobre 1923.
« Toute la presse parisienne parlait
« alors de Dorten et de l'établissement de
« la République rhénane. » Notons, par
parenthèse, que Dorten assistait aux émou
vantes funérailles de vendredi. J'ai eu
l'honneur de le saluer sous la voûte des
Invalides et j'ai été heureux de lui serrer
la main. Ce mélancolique témoin d'un ef
fort franco-rhénan, que notre République
a fait avorter, aura été, pour une part, le
dépositaire des plans et des volontés de
Mangin. Les confidences de Mangin,, qui
remontent à deux ans, se rapportent à ce
mois d'octobre 1919 où eut lieu son rappel
de Mayence :
— J'avais été avisé; me dit Mangin, que
Lloyd Georges avait adressé d'énergiques
remontrances à il. Clemenceau au sùjet de
mon action en Rhénanie. Depais quelque
temps, certains bruits m'étaient revenus
et je voulais savoir ce qu'il y avait de
vrai dans ces racontars.
[Etait-ce bien Lloyd Georges ? On me
dit : Wilson. Peu importe].
■ Dans les premiers jours d'octobre, je
revins en France : je devais aller dans
la Sarthe chercher ma famille.
Je profitai de mon passage à Paris pour
demander audience .à M. Clemenceau. Je
téléphonai au ministère de .la Guerre. On
me répondit : « Ni aujourd'hui ni de
main. » Je me rendis chez le maréchal
Foch; il était absent^ Je vis le général
Weygand. Je lui - demandai de me dire
quelle était exactement la situation.,
— Eh bien ! oui, me dit Weygand, c'est
vrai. Ils ne veulent pas vous renvoyer .là-
bas. Il ne reste plus qu'à désigner votre
successeur.
Dans la soirée, je, téléphonai à nouveau
au ministère. On me fit savoir que M. Cle
menceau me recevrait le lendemain matin.
Le lendemain, à l'heure fixée, feutrai
dans le cabinet du président du Conseil.
Il me fit asseoir dans un fauteuil, à gau
che de sa table de travail.
—- Eh bien! me dit-il, qu'est-ce qu'il y
a?... Vous.allez bien?...
— Je vais bien.~ Je suis venu chercher
ma .famille... Mais je désirerais savoir,
avant de retourner à Mayence, si les bruits
qui m'ont été rapportés reposent sur quel
que fondement.
— Oui... oui... Weygand vous a bien mis
au courant, n'est-ce pas?... Qu'est-ce que
..vous trouvez à redire à cela?... F a;jolie,
vous et Gérard, vous étiez siir le Rhin.
Nous vous enlevons tous les trois avec vos
états-majors et nous mettons -un autre gé
néral'avec un autre état-major. Il n'y a
rien là qui ressemble d une disgrâce.
— Certes, répliquai-je. En présentant
les choses de cette façon, on peut arriver
à expliquer la mutation dont je suis l'ob
jet. Mais, voyons, entre nous, comment
pouvez-vous maintenir cela? Est-ce digne
de vous et de moi d'appeler cela une mu
tation administrative? Il y a un motif.
Tous mes camarades des armées étrangè
res m'ont déclaré que j'allais être nommé
commandant en chef et qu'ils se félicir
taient d'être sous mes ordres. Leur gouver
nement et le nôtre étaient donc d'accord.
— Oui... oui,., les militaires disent cela.
Oui, je ne dis pas.
— Il y a donc d'autres personnes?...
Qui? .
— J'aurais voulu tout vous dire... J'ai
demandé l'autorisation (!) 'de vous l'ex
pliquer... Je n'ai pas pu l'obtenir... Je ne
puis rien vous dire.
— Mais, enfin vous m'avez toujours ap
prouvé? Je vous ai toujours rendu compte
de tout, dans le délai ? J'ui encore écrit
l'autre jour à M. Mandel... ce qui ne m'a
musait pas. Quand vous avez voulu, en
avril dernier, m'envoiicr sur le Danube, en
vue, me disiez-vous de me faire succéder
à d'Espèrey, j'ai refusé. Je voas ai montré
d'abord qu'on ne devait pas agir de la
sorte vis-à-vis d'un général de la valeur
de Franchet d'Espèrey. Mais je vous ai
expliqué aussi qu'il était nécessaire, indis
pensable, de maintenir sur le Rhin un
général ayant le prestige que j'ai eu la
chance d'acquérir là-bas. Vous en avez
convenu. Ce maintien est plus nécessaire
que jamais. Il y a donc aujourd'hui des
raisons graves ?
— Je. ne peux pas vous le dire.
Je me levai. Fixant Clemenceau du re
gard et braquant mon doigt vers lui, je
m'écriai d\une voix ardente :
— Vous ?... Vous ne pouvez pas ?...
Vous ?... C'est vous qui dites cela ?... Ainsi
je■ serais par vos ordres étranglé entre
deux pories par les muets du sérail, avec,
un voile sur la tête !...
Clemenceau, qui avait essayé de se lever.,
s'effondra dans son fauleil. Affaissé, blê
me, il balbutia :
— Peux pas, peux pas... peux pas vous '
dire. J'ai promis (!) que je ne le dirais
pas. . .
Il poussa un long soupir.
— Et puis-... avec ce que vous avez fait...
une armée... quelle tentation pour la poli
tique !
—Mais vous ne voyez pas/ répliquai-je,
que vous faites tout ce que vous pouvez
pour m'y lancer 1
Clemenceau se ressaisit.
Voilà un mot qui est de trop, cria-
i-il. T'o.'iï me menacez de faire de la poli
tique ! ■
— Non, monsieur, lui répondis-je avec
froideur, 'je constate simplement que vous
faites tout ce que vous pouvez pur me
lancer dans la politiqe. Mais je n'irai pas,'
parce que je ne veux pas ij aller... C'est
trop Sale.
Et je me levai. .
Il se leva à son tour et m'accompagna
jusqu'à la porte de son cabinet. Je sortis
sans que nous ayons, ni l'un ni l'autre,
ajouté une parole.
"Tout y est. Et d'abord la pression
étrangère indiquée au début, puis avouée
par M. Clemenceau: «J'ai promis»,
«J'ai demandé l'autorisation... je n'ai pas
pu l'obtenir ». A qui M. Clemenceau pou
vait-il demander une autorisation V A qui
avait-il pu faire une promesse ? Il n'y
avait dans l'Etat qu'un personnage qui fût
au-dessus de lui, M. Poincaré. Or M. Poin
caré avait dit, la veille même, à Mangin
_'il le défendrait envers 1 et contre tout
l 'est Mangin qui l'atteste ci-dessous :
Je me rendis à l'Elysée. Je fus reçu im
médiatement. M. Poincaré m'écouta :
Lai, si calme d'ordinaire, parut fort
ému.
<— Oh ! oh ! Mais je n'ai jamais en
tendu parler de cela. Voyons, ce n'est pas
possible.
— Pardon, monsieur le, président, la gé
néral Weygand vient de me l'affirmer.
C'est fait.
— Vous oubliez, général, qu'il faut que
je signe la lettre de service de votre suc
cesseur. Rassurez-vous.
La lettre de service du successeur fut
signée comme tant d'autres ! C'était bien
à l'étranger que M. Clemenceau avait
promis, avait demandé... Pour faire obéir
M. Poincaré, on dut faire peser sur son
esprit les mêmes arguments répu
blicains qui avaient, agi si puissamment
sur le cœur de M. Clemenceau.
Et puis... Avec ce que vous avez
fait... une armée... quelle tentation pour
la politique !...
La République a supprimé la tentation
politique en enlevant à l'armée; au Rhin,
à la patrie,son grand chef,son grand servi
teur historique. Le traite venait de réduire
la France à la condition de «nation as
sistée». Nous le disions tous les matins-
dans 1'A ction française de cette époque.
Mais nous refusions d'admettre. que les
chefs républicains de la France victorieuse
pussent n'avoir été ni éclairés ni régéné
rés par ces quatre ans d'une guerre atro
ce. Nous ne les croyions point capa-,
bles de sacrifier à" des inquiétudes de ré
gime et de parti les conditions de la sécu
rité et de la paix. Les faits parlent. Il faut
les comprendre : le naturel républicain à
peine chassé par la guerre est revenu au
galop dès l'aube de la paix.
A l'heure où la sécurité nationale faiblit
et succombe, quand, Hindenburg régnant,
l'Allemagne reprend les traditions sé
culaires de son action dans les trois di
rections de l'Est, du Sud et de l'Ouest, il
est bon de savoir quel risque court un
peuple «à se donner des chefs plus attachés
au sort d'un parti misérable et d'un faible
régime qu'aux destinées éternelles de la
patrie. »
Charles MAURRAS.
Une lettre
du général Mangin
La lettre ci-dessous, dé la main de l'il
lustre vainqueur de Méry-Courcelles, fut
adressée au propagandiste franco-roumain
Albert Prahovan à l'occasion du sacre des
souverains de la grande Roumanie :
C'est un grand bonheur pour une nation'd'avoir
à sa tête, aux heures critiques, dé* soit histoire, lç
chef qui -sait voir, décider et agir. Ce bonheur est
échu à la nation roumaine et elle a prouvé qu'elle
le méritait par son courage sur lés champs de ba
taille, par sa constance dans l'adversité, et par sa
fidélité au Roi qui incarnait la Patrie et la Race,
aujourd'hui enfin'réunies dans les mêmes frontiè
res.
Au jour solennel qui voit la -consécration de
cette union et le baptême de la grande Roumanie
par, le couronnement de Sa Majesté le Roi Ferdi
nand, les soldats de France songent à leurs frères
d'armes, adressent à Sa Majesté leurs vœux de
bonheur, et le témoignage respectueux da leur
profonde admiration. Aux pieds de. Sa Majesté la
Reine, ils déposent les mêmes hommages.
■ Ch. MANGIN. ■'
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Dans les circonstances actuelles il ne
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Vers la réunion
de l'Autriche à rAlleiïiape
Notra confrère Albert. Jullien écrivait,
hier matin, que l'Allemagne serait dispo
sée à reconnaître et à garantir ses fron
tières orientales comme ses frontières occi
dentales à la condition qu'il lui fût permis
de réunir l'Autriche. L'information du Petit
Parisien est de source italienne. On doit
donc conclure que le sondage du gouver
nement de Berlin a eu lieu à Rome. Mais
on dit aussi que M. Stahmer a porté la
même suggestion à M. Chamberlain. Il ne
^'agit donc pas d'une nouvelle de fantaisie.
Nos lecteurs se souviendront peut-être
que nous l'avions annoncée avant qu'il en
fût venu aucune rumeur de Rome ou de
Londres. Une induction élémentaire per
mettait de prévoir que c'était dans cetta
voie que l'Allemagne devait porter la négo
ciation. Elle offrait d'abord un pacte pour
les frontières occidentales en réservant les
frontières orientales. Il était facile de sup
poser que, sur la réclamation de la France
(l'Empire britannique refusant de s'engager
vis-à-vis de la Pologne et de la Tchéco-SIo-
vaquie), l'Allemagne accepterait d'étendre
le pacte à ses voisins de l'Est, demandant,®-
en échange, qu'il ne fût pas question de
l'Autriche.
Cest le dosage et le marchandage aux
quels la diplomatie allemande a pensé tout
de suite. C'est ce qu'elle aurait ' demandé
dans tous les cas. Si M. Mayx avait été
élu, elle aurait sollicité l'annexion de l'Au
triche comme prime à la démocraties Hin
denburg préside. Alors c'est une autre chan
son. D'un bout à l'autre de l'Europe (nous
avons sous les yeux l'extrait d'un journal
en langue allemande des Baltes d'Esthonie),
des voix de sirène disent -que, si les socia
listes et les catholiques' autrichiens votaient
avec le reste de l'Allemagne, les .partis
républicains allemands seraient renforcés,
l'axe de la politique allemande déplacé et
même que, si la réunion avait été réalisée
assez tôt, Hindenburg. n'eût pas été élu.
Il est vrai que, d'autre part, on réédite
l'argument d'après - lequel l'Autriche ne tient
pas à perdre son indépendance et aura
d'autant moins de goût à s'unir à l'Alle
magne qu'elle y verra les réactionnaires
prussiens plus puissants. Nous-avons peu
de confiance dans cette résistance spontanée.
Pour avoir l'Autriche, tous les arguments
seront bons -â ■ l'Allemagne, même Ceux
qu'elle tirera de la démocratie, du spectre
d'Hindenburg ou de sa propre indignité.
Le résultat en vaut la peine. Quand elle
sera étendue jusqu'à Vienne, l'Allemagne
aura réalisé la, prophétie qu'on prêtait à'
. Guillaume II durant les hostilités : < Même
si ;nous perdons la guerre nous l'aurons
gagnée, parce que de tonte façon l'Au
triche nous restera».
Pour empêcher l 'Anschluss, 'on ne peut
compter que sur l'opposition de la France
et de l'Italie, sans lesquelles les réclama
tions de la Petite Entente se perdraient
dans le désert. L'opposition de la France
et de l'Italie durera-t-elle devant l'indiffé
rence de l'Angleterre ? M. Chamberlain
parle loyalement du respect des traités.
Mais l'Empire britannique^ sous l'influence
croissante de ses Dominions, se désintéresse
de cette partie de l'Europe et, d'ailleurs,
les traités prévoient le rattachement de
l'Autriche à l'Allemagne par im vote de
la Société des Nations. L'unanimité" requisa
pour ce vote n'est pas un obstacle sérieux,
car une action isolée dans cette affaire
prendrait vite le caractère « antieuropéen »
de l'occupation de la Ruhr. Il suffirait
d'une campagne de presse bien montée. En
politique internationale comme en politique
intérieure, rien n'est plus facile que de
rendre impopulaire et odieux l'usage d'un
dre^» de veto.
Pour garder l'Autriche indépendante il
eût au moins fallu, comme le pensait avec
raison le général Mangin, que d'autres.
parties du corps germaniques devinssent
autonomes. Les démocraties en ont disposé
autrement Elles finiront par céder aux
conséquences de léurs principes et aux
effets de leurs lois. — J. B. -
Lettre d'Allemagne
L'entrée de HindenËurg
à Berlin
< Berlin, le IX mal 1925,
Sur le parcours que doit suivre Hin
denburg, depuis la gare de l'Armée jus
qu'à la Wilhelmstrasse (7 kilomètres), une
foule énorme se masse pour voir le chef,
l'idole, le i maître. Les associations natio
nalistes, / dont la- formation est formelle
ment interdite par le traité de Versailles,
sont là, au complet et nombre* ses, avec
leurs chefs et leurs bannières, en ordre,
disciplinées, attentives. Pas un drapeau
aux couleurs de la République allemande,
mais une multitude d'anîren, de toutes
dimensions, aux anciennes couleurs de
l'Empire (noir-blanc-rouge), avec au mi
lieu la croix de Malte. La police fait un
service d'ordre très sévère pour mainte- ■
nir ces centaines de milliers de personnes
dans les limites de ses emplacements. L'a
viation, restée muette jusqu'à ce jour, évo
lue en nombre dans l'air, redonnant à l'en-
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