Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1925-02-18
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326819451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 18 février 1925 18 février 1925
Description : 1925/02/18 (Numéro 49). 1925/02/18 (Numéro 49).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7622294
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-huitième année — N° 49
9 A ,/n'r
46cenilmes. Sehib bt Sbikb-bt-Oisb
20 centimes Départements et Colonies
ABONNEMENTS : ffali. îfcMt InfiHA.
France et.Golonies. 48 fr. a» fr. iS fr.
Etranger . . .... 8a » 4a » sa »
Chèque postal s Compte ' a3.goo Puis.
Mercredi 18 février 1925
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGBAL
^Tout ce qui est national est notre. »
Le Due d'ORLÉANS '
J héritier des quarante Rois qui ea mllle ans firent la France,
RÉDACTION * ADMINISTRATION:
ii. rae de Borne, PARIS (8°)
Adresse télégraphique ; ACTIOFBAN-PABIS
Téléphone: Administration : Louvre 36-49, a6-5o
Ridaclion - Central 75-44 Publicité : Central 74-77
Après 10 heures du soir ; Ségnr n-88
Registre de Commerce : Setna E' 78.58a
VAUGEOIS — Birecirars politiques ■ LÉON DAUDET et GBARLEÇ MACBjlAS —; autoarm clef» MAURICE PCJO
LA FRANCE VUE DU CANADA
« L'histoire nous montre qu'en évoluant pendant 1.000
ans» la royauté française a fait la France, et son évolution se
fût adaptée au progrès de la France, si la conspiration de
l'étranger ne fût venue soudoyer et soutenir la révolution.
Par contre, il n'a pas fallu 100 ans à l'évolution du régime
républicain pour amener la France au triste état où nous la
voyons, menacée à la fois par les Allemands et plus encore
par les Communistes, eux aussi soudoyés et soutenus par
l'ennemi du dehors. Preuve que tous les régimes ne sont pas
en eux-mêmes d'égale valeur. Espérons qu'une autre évolu
tion, pas républicaine, ramènera la France, par une sage réac
tion, vers un régime d'ordre et d'autorité, où les honnêtes
Français ne seront plus' assujettis .aux entrepreneurs de révo
lutions soudoyés par l'étranger autant que par les mauvaises
ambitions. »
, LA MINERVE, journal de Montréal
LA JUSTICE BAFOUEE PAR LA .POLICE
Lettre ouverte
au ministre Cliautemps
Monsieur le ministre
et ancien collègue,
Une instruction est actuellement ou
verte sur ma plainte pour meurtre, com
plicité de meurtre, détournement de mi
neur et complicité de détournement de
mineur, contre quatre de vos hauts fonc
tionnaires, qui sont : le préfet de la Corse
Marlier, les deux contrôleurs généraux
Launes et Delange, et le commissaire de
police mobile Colombo. Or, aucun de ces
fonctionnaires, ainsi inculpés, en compa
gnie des deux ' indicateurs I Iaoutter et
Gruffy, et qui vont être demain convo-
quée chez le juge ■ à toutes fins utiles, n a
encore été mis par vous soit en. disponi
bilité par suspension temporaire, soit en
congé, ni n'a demandé à être placé dans
une de ces deux situations. C'est la, M. le
ministre,, un-double défi à la Justice et
au bon sens.
A la Justice ; car I e conserver
en fonctions un Delange, comme contrô
leur général des recherches, par exem
ple, permet à ' celui que j'accuse, et que
le Parquet m'a laissé inculper, de se
rechercher lui-même, c'est-à-dire de pa-
jralyser la justice, en faussant tous
ses moyens d'investigatioiv . C'est en effet
.à Delange que le nouveau juge d'instruc
tion devra s'adresser pour toutes commis
sions rogatoires en province et pour tous
renseignements,
s.Même remarque quant à Launes. Même
remarque quant à Colombo, commissaire
de police mobile.
Défi au bon sens : Car il va, de soi
qu'aucun résultat utile à: la découverte
de la vérité ne saurait être obtenu dans
de semblables conditions. Les fonction
naires de police, qui sont sous la coupe
de MM. Lannes, Delange et Colombo, se
garderont bien deparlér, d'enquêter, de
contredire même , en quoi .que ce soit les
fables, d'ailleurs absurdes, extravagantes
et d'une parfaite 'impudence, mises en
avant pgr ces quatre bandits, vos subor
donnés, pour-recouvrir le meurtre mani
feste de mon petit garçon.
Pour quiconque observe cotie mons
trueuse affairé, le fait que Marlier, Lan
nes,-Delange et Colombo acceptent, de
vos mains, un privilège, aussi inconceva
ble, démontre déjà leur culpabilité. Seuls
des 1 hommes traqués, et incapables de se
défendre par des moyens normaux et
légaux, peuvent avoir une telle attitude.
Us ne se rendent pas compte que celle-ci
achève de les perdre. Ils essaient seule
ment de retarder le moment où leur san
glante infamie — que tous constatent -*■
sera légalement démontrée. Ils escomp
tent je ne sais quelle diversion. Ils s'ima
ginent que leurs protecteurs politiques
pourront atténuer la rigueur du châti
ment qui les attend.
Ces protecteurs sont connus, M. le mi-'
nistre, et je ne vous apprendrai rien en
vous les nommant. Votre collègue, l'avocat
député de Moro-Giafferri a besoin de l'as
sassin Marlier pour ses élections munici
pales en Corse, et il tempête à la seule
«pensée que Marlier pourrait être sus
pendu. Votre collègue, le traître Malvy,
servant lui-même des intérêts scélérats,
[que je dévoilerai à mon heure, et qui
se croient encore à l'abri de mes investiga
tions], vous poursuit de ses ridicules me
naces, si vous-laissez fonctionner la Jus
tice.
De leur côté, Millerand et Poincaré, le
premier pour ime raison de famille, le se
cond en raison de sa parenté avec un de
vos fonctionnaires assassins, joignent leurs
efforts à ceux de Moro-Giafferri et de
Malvy. Je pense que vous n'ignorez pas
la raison pour laquelle Poincaré, au prix
de son défaillant honneur, a récemment
donné un blanc-seing à Malvy, qu'il avait
naguère laissé accuser, puis condamner,
sans dire un seul mot en sa faveur : C'est
que Malvy devait être le porte-parole,
auprès du gouvernement actuel, des fonc
tionnaires que j'accuse d'assassinat, et
leur bouclier administratif. Ce pacte de
sang est à la fois dans la manière torve
de Malvy et de Poincaré.
Mais laissez-moi vous dire que vous
avez grand tort de persister — en main
tenant en fonctions ces quatre bandits,
même inculpés —- dans une position inte-
nable.
Intenable en droit. Intenable en fait.
Intenable en droit : l'illégalité — je ne
dis pas seulement l'injustice — est pa
tente; Vous faussez et vous paralysez
l'instruction. Vous vous donnez l'appa
rence de patronner les coupables.
Intenable en fait : il y a une opinion
publique en France et une opinion' pu
blique à l'étranger. La Sûreté générale a
la main sur certains journaux de Paris
— notamment l'Intransigeant et le Jour
nal ; quant à ce dernier, depuis l'affaire
Lenoir Desouches — elle peut faire taire
Bailby, Mouthon et Comuehé. Son action
sur la pressa de province est nulle. Cela
ira g &eaga eat, | propos prérisêmeat
de l'affairé Philippe Daudet. De? centai
nes de journaux de province ont publié
chacun plusieurs articles de fond sur le
crime le plus noir des temps contempo
rains. A Paris même, du Mesnil, Mermeix,
les Débats, le Figaro, VEclair, le Gaulois,
le Rappel, le Temps, le Petit Parisien
[ces deux derniers plus timidement], la
Liberté [article de Taittinger], le Paris-
Soir, le Quotidien [article de Pierre Ber
trand], ont maintenu l'honneur et la
dignité de la p. esse parisienne ; et' je
m'excuse pour ceux que j'oublie forcé
ment, car ils sont légion, Dieu merci !
Voulez-vous donc que tels de ces jour
naux, représentant des millions de lec
teurs, soient contraints de protester à
nouveau contre l'insanité administrative
.qui consiste à ne pas relever — au moins
temporairement — de leurs fonctions,
quatre hauts fonctionnaires* inculpés
de meurtre concerté, dont trois au
ront a s'enquêter eux-mêmes !
Mais il y a plus grave encore : La
presse suisse, belge, italienne, anglaise,
américaine, hollandaise, etc..., retentit
des échos de l'affaire Philippe Daudet.
Hier encore, M. Bernus, dans le Journal
de Genève, exposait toute la gravité du
nouveau drame judiciaire qui s'ouvre. Là
Gazette de Lausanne vous a dit qu'il
s'agissait « de l'honneur de la France ».
Trente feuilles des pays alliés vous le
répètent à satiété chaque matin. ;
Vous ne lisez pas toute cette presse,
parce que vous avez autre chose à faire.
Mais croyez bien que son avis est plus
important que la pression du petit Moro-
Giafferri, ou du traître Malvy, ou de
quiconque. Vous êtes en train de vous
déconsidérer, mon pauvre Chautemps, et
de déconsidérer votre régime et votre
pays avec vous ; on vous le crie sur tous
les tons. Inutile de vous boucher les
oreilles.
Ce qu'on répète aussi partout, c'est que
cette épouvantable affaire démontre
l'exorbitant pouvoir politique qu'a pris,
en démocratie parlementaire, la police.
Vous êtes en train de démontrer qu'elle a
absorbé, pratiquement, la Justice. Si le
malheur affreux qui m'est arrivé était
arrivé à un père de famille sans journal
à sa disposition —. fût-il même ministre
et président Sceaux — jamais la vérité n'eût été con
nue. Nulle part il n'aurait eu de recours,
nulle part il n'aurait eu la possibilité
d'exposer les présomptions, ni les preuves
du crime. Tout se serait fermé devant lui.
Pensez un peu à cela, vous qui avez des
enfants et qui êtes un bon père'de famille.
Représentez-vous cela," cette misère infi
nie de n'avoir même pas le moyen de
montrer aux braves gens l'évidence de
l'assassinat d'un bon et beau petit garçon
de quatorze ans et demi par une tourbe
de policiers haineux et soldés ! Oui, re
présentez-vous cela, .Chautemps, et vous
serez moins accessible aux assauts du
traître Malvy et du petit Moro et vous
accomplirez de bon gré dès aujourd'hui
ce que demain il vous faudra bien accom
plir de force devant l'opinion ameutée.
Volenlem. ducunt nolentem trahunt.
Léon DAUDET.
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A L'ACTION FRANÇAISE
au lieu de l'acheter au numéro
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si vous habitez Paris, la Seine
ou la Seine-et-Oise
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si vous habitez un autre département
Le journal économisera, dans les deux
cas, 30 0/0 du papier qu'il doit mettre
en vente pour vous atteindre.
LE PROTOCOLE DE GENEVE
MM. Baldwin et Chamberlain
se sont entretenus hier du « défunt »
Londres, il février. — M. Baldwin et
M. Austen Chamberlain ont eu, ce matin,
à Downing Street, un long entretien au
cours duquel il a été question du proto
cole de Genève, qui doit être discuté de
main par le cabinet britannique.
Après avoir été enterré, assisterons-nous
à l'exhumation du pacte qui n'a jamais
vécu que dans les périodes oratoires de
M. Herriôt ?
LA POLITIQUE
AROUEN
Un entrepôt de déchets de coton
est détruit par . un incendie
Rouen, 17 février. — Un violent incen
die a éclaté ce matin, vers 10 heures, dans
un entrepôt de déchets de coton, rue Vic
tor-Hugo, où se faisait le tri du coton.
L'immeuble a été complètement détruit,
malgré la présence de trois pompes auto
mobiles » Les dégâts sont très importants.
n s'y a pas «B d'accid ent . .< ',■* ***
I. Manques à gagner
Nos lecteurs constateront ce matin, à
la lecture des débats de la Chambre, que
le chariot mérovingien de la Démocra
tie s'oriente vers le franc-or. Combien y
a-t-il de mois et même .d'années qu'un ci
toyen royaliste, le nommé Georges Va
lois, démontre la nécessité de cette solu
tion ? Un roi l'eût convoqué, interrogé,
écouté et, s'il ne l'eût pas compris du pre
mier coup, il eût pris note du remède
et s'en fût souvenu à l'occasion prochaine.
En démocratie, l'audience est plus lente.
Il faut avoir longuement pénétré, bourré,
saturé l'opinion pour introduire aucun to
pique, et l'essai loyal ne commence qu'a
près que la situation, pourrie et gangre
née, exige le fer et le feu.
Le mouvement contre les monopoles
d'Etat reprend dans les mêmes conditions
de lenteur misérable- Qui y perdra? Pas les
politiciens dont les silences calculés sur
ce point vital s'inspiraient d'intérêts per
sonnels électoraux, mais le pays, la Fran
ce, les Français comptés un par un. Com
ment cela?" C'est simple. La vente des
monopoles ne se fera point par la volonté,
intelligente d'un homme, d'un chef, mais
sous la pression mécanique des nécessites
et de l'opinion. Tel monopole, qui valait
50 milliards l'an dernier, n'en vaudra plrçs
que 5, s'il les vaut, une fois la grande
crise ouverte. Ainsi expierons-nous une
fois de plus ce crime inexpiable d'avoir
placé le gouvernement des hommes pen
sants 1 sous la coupe du Nombre, chose qui
n'a pas de pensée.
II. Vérités vengées
Telles sont les conclusions que suggère
tout examen sérieux" des T circonstances.
Elles sont si graves qu'elles font penser au
tomatiquement aux puissantes erreurs
de principe incluses dans la République et
la Démocratie» J'admire les esprits qui
croient pouvoir réfléchir sans "-voir égard
à ces lumineux points de repèrc.Ils croient,
que les volontés, les décisions, les agi
tations des hommes peuvent rendre rai
son de tout. Le rapport de leurs opinions
avec l'ordre du monde prime tout, cepen
dant ! Rien ne peut faire qu'une idée
fausse produise, le même résultat qu'une
idée juste. Les meilleures intentions orien
tées sur une direction fausse ne donnent
rien que du gâchis et des pertes de temps.
Les innombrables erreurs de fait et de
droit commises -par- Edouard Herriat ne
sont pas améliorées par ses'protestations
de droiture et serments de , sincérité.
Mais croit-on que neuf cents Herriots
formant une assemblée, ou dix mil
lions d'Herriot, réunis autour de l'urne
sacrée, commettant les .mêmes erreurs,
élevant la même protestation ingénue, fe
ront "de meilleure besogne ? Nous disons
et redisons a Edouard Herriot : — Allez-
vous-en, vous êtes trop bête ! Mais il n'est
pas moins nécessaire de' répéter la même
invitation cordiale à la démocratie prise
en bloc. Elle n'est pas plus intelligente
que le président du Conseil, elle est aussi
mauvaise bête que lui.
Cela ne les fait pas partir? Ni l'un ni
l'autre assurément ! Mais cela aide à voir
net et à penser clair. Surtout, cela nous disr
pense de concevoir des projets chiméri
ques et de tirer des plans irréalisables ;
des plans (si l'on veut un exemple), dans le
goût de celui que l'Union républicaine
du Sénat vient de publier sous forme de
«résolution».
III. La Oh ! cette pièce est pleine de bonnes
choses ! On y voit d'excellents apophteg
mes sur la liaison de l'ordre politique et
de l'ordre financier. On y lit même que
« la collaboration de toutes les forces mo-
« raies du pays» est «indispensable à.la
« solution des lourdes difficultés de l'heu-
« re présente». Mais on y trouve aussi
un acte de naïve espérance dans l'avène
ment de cette collaboration. Les auteurs
de la résolution ne se rendent pas compte
que la collaboration de la démocratie
avec l'ensemble des forces morales ou
sociales ou économiques, c'est la quadra
ture dû cercle. 11 faut choisir : cercle ou
carré ? Démocratie ou, coopération or
ganisée des forces nationales ? Si l'on opte
pour la démocratie, on opte pour la vo
lonté du nombre exprimé par le vote de
tous les individus, lesquels neuf fois sur
dix se prononcent en faveur du système le
plus favorable à ce qu'ils jugent leur inté
rêt immédiat, à savoir consommer et se re
poser le plus possible, travailler peu ou
pas du tout. Si l'on opte pour les forces
organisées, économiques et religieuses,
nationales et sociales, on s'assure une
possibilité raisonnable, une légitime espé
rance de maintenir les conditions de l'ef
fort, du travail, de l'épargne, de la sécu
rité nationale et de la vertu, mais on
élimine, en douceur ou en force, le cro
codile démocratique.
Le seul terme d'Union sacrée est une
offense à la doctrine du gouvernement des
Partis. Il suffit d'y réfléchir cinq secon
des.
Les braves sénateurs de l'Union répu
blicaine n'ont probablement pas réfléchi
une tierce. Ils n'ont pas vu qu'en parlant
de coopération des forces morales ils se
comportaient en hérétiques de la dé
mocratie. Quand la démocratie n'est pas
tempérée ou bridée par quelque grande
nécessité ou quelque grande peur comme
en engendra la Guerre, comme en peut
engendrer la Révolution ; qua$d la démo
cratie est pure, elle sacrifie carrément et
en bloc tout ce qui peut ressembler à un
concert de forces qui lui soient extérieures,
qui ne soient ni son nombre, ni son vote,
ni son comité de votants... Mais la démo
cratie tendrait-elle à cesser d'être pure,
ou les plus futés de nos sénateurs se sont-
ils dit que Je vent souffle de ce côté-là ?
Ont-ils pensé qu'au lendemain du
massacre de Marseille et en pleine crise
financière, l'heure sonnait de faire appel
aux éléments extradémocratiques, même
antidémocratiques pour essayer de se
rapprocher de l'équilibre que la démocra
tie et la « vraie République » ont dérangé
au 11 mai ?
jCel§ est bieji po&Djle.
Cependant, les idées nettes sont si rares
dans le monde parlementaire qu'il vaut
mieux supposer que nos « Républicains »
ont fait un pied de nez à leur Marianne et
l'ont blasphémée sans trop se douter de
ce qu'ils fabriquaient. Le sens des mots
ne leur a pas été sensible. Ils n'en ont vu
ni la logique ni la réelle portée. Mais cette
portée, cette logique, ce sens profond exis
tent. D faut les faire voir. Il faut éclaircir
l'esprit du pays. C'est en guérissant les
Français de leur mal à la tête que l'on
viendra à bout de tous leurs autres bobos,
IV. Le massacre de Marseille
ordonné de Paris
Aux renseignements que j'avais recueil
lis sur place viennent s'ajouter, par visite,
par lettres, par échos de presse, toute
sorte d'informations qui permettent de
comprendre l'opération du 9 février un
peu autrement qu'au lendemain de cette
« journée » ou plutôt de cette soirée.
Un juge d'instruction est saisi de l'af
faire. J'ai vu qu'il s'appelait M. de Possel.
L1 y a donc toujours un M.- de Possel saisi
des affaires délicates à Marseille depuis
les temps -lointains de 1884 ou 1885 ? Que
ce juge ait succédé à son père ou qu'il se
succède, à lui-même, il doit connaître le
pays, et nous l'en féliciterons. Mais il
aurait tort de circonscrire l'enquête à Mar
seille et à son conseil municipal ou même
aux groupes révolutionnaires de la ban
lieue. On croyait, le 10 février et les jours
suivants, que les meneurs officiels mar
seillais avaient tout fait. Ils n'ont peut-
être fait que la plus petite partie du mal.
On me dit, on m'écrit:
« tous les ordres concernant la mo
bilisation communiste sont venus de
Paris.
' « Des tracts imprimés à Paris eit arabe,
en italien et en espagnol, ont été distri
bués à partir du vendredi soir 6 février, à
raison de 7 à 8.000 pour chaque langue.
Les tracts arabes faisaient une sorte d'ap
pel à la guerre sainte contre le général, fils
de chien qui veut faire une nouvelle guer
re où n'iront que les Arabes, afin d'exter
miner tous les fils de l'Islam.
« Il se terminait à peu près ainsi : « Il
« faut qu'entre le coucher du soleil de lun-
« di et le lever du soleil de mardi, le sang
t de ce fils de chien et de tous ses amis,
« ait rougi le sol de Marseille ».
« De nombreuses cellules existent dans
notre .ville,de Marseille, presque dans tous
les milieux. Tramways, P.-L.-M., dockers,
métallurgie, huilerië ,savonnerie, etc.
Une propagande formidable est faite
dans ce sens.
Une école de cellules a été inaugurée
le dimanche 8 février. .
Elle fonctionne au n° 14, allées de Meil-
hat, dirigée par un instructeur venu de
Bobigiuj.
Elle comporte 3 semaines d'études pour
30 élèves qui se répartissent ainsi : 10 ara
bes, 10 hommes mûrs et 10 « jeunesses »
communistes.
De nombreux bars servent de lieux de
réunions et de conférnces.
On peut estimer leur nombre à 30 ou 3o
en ville et 25 à 30 en banlieue.
Les deux principaux sont :
1" Un bar du boulevard National, où la
Berton a plusieurs fois palabré';
2° Un bar de la place Castellane.
A la tête de l'organisation communiste
se trouve un comité confédéral.
Parmi les organisations communistes de
Marseille, la plus perfectionnée est celle
des Italiens, qui comporte 3 centuries con
duites par d'anciens officiers expulsés par
Mussolini.
Ces groupements marchent, parait-il,
avec beaucoup de discipline et ont fait
■ leurs preuves lors de la conférence Cas-
telneau.
Donc, une direction parisienne et, par
conséquent, moscovite, et une forte orga
nisation marseillaise doivent être conçues
à l'origine des désordres du 9 février. Le
moyen terme, infiniment dangereux, a été
fourni par la municipalité de Marseille :
métèques, moscoutaires, escarpes, apaches
et bandits opéraient avec les garanties
et les promesses d'immunité que l'au
torité locale leur prodiguait. Est-il besoin
de dire que tel est le rythme naturel de
toutes les révolutions ? L'anarchie ne va
pas loin quand elle ne peut débuter en
s'appuyant sur une fraction de l'Etat.
C'est pourquoi il importe de répandre
les adjurations de l'Action française de
Marseille au noble peuple marseillais : dé
barrassez-vous d'édiles indignes ! Mais il
n'importe pas moins d'y ajouter une mo
tion de vigilance à l'adresse de la Sûreté
générale.
Ou M. Chiappe ne sert à rien, ou il a
le devoir de savoir qui a ordonné de Paris
les assassinats de Marseille,comment et d'où
cet ordre a été envoyé et, s'il est néces
saire, pour le savoir, d'entrer rue de Gre
nelle, dans les bureaux de M. Krassine, eh!
bien, M. Chiappe tomberait au-dessous de
ses fonctions, au-dessous même des Alle
mands qui exercent à Berlin des fonctions
analogues aux siennes, s'il hésitait devant
cette opération nécessaire ou s'il permet
tait à son président du Conseil de donner
à :M. Krassine l'avertissement de faveur
que reçut M. Clamamus au matin de la
comédie de Bobigny !
Charles M AVERAS.
ÉOHQ8
Un de nos .excellents alpinistes alsaciens, M.
Myrtil Schwartz, vient de publier sous le titre Vers
l'Idéal par la Montagne, un volume qui lui a valu
de vives félicitations de S. S. Pie XI et de S. M.
le Roi des Belges, tous deux alpinistes célèbres.
L 'auteur y relate ses ascensions en Europe et en
Amérique, qui serviront d'éducation physique et
morale à la jeunesse. Paul-Franz Namur gendre
de réminent savant J. Vallot, a illustré avec beau
coup d'art ce volume de grand luxe.
Une lettre
des cardinaux français
à M. Herriot
m ■
Un épais manteau de neige s'étend sur les Pyré-
ées. On nous signale 40 centimètres à Font -Ro-
teu, 40 â Superbagnères. L'arrière^ aiaon réserve
es faveurs aux amateurs de sport» d'hiver.
Les cardinaux français ont adressé à
M. Edouard Herriot, président du Conseil,
ministre des Affaires étrangères, la lettre
suivante. Elle fera sans doute réfléchir
plus d'un sénateur :
Monsieur le Président du Conseil,
Nous nous sommes fait naguère un de
voir de vous signaler quelques articles de
votre programme ministériel susceptibles
d'alarmer les consciences catholiques.
Notre unique but était de sauvegarder
chez nous la paix intérieure et, au dehors,
la réputation de la France.
Sur un point, vous avez déjà Monsieur
le Président du Cohseil, pris la responsa
bilité de passer outre à. nos sollicitations.
Docile à vos instances, la majorité de la
Chambre a supprimé notre ambassade au
près du Saint-Siège. Nous n'avons pas sui
vi sans tristesse les débats relatifs à cette
importante affairé; le vote final nous a
profondément blessés dans nos sentiments
de Catholiques et.de Français.
Et voici pourquoi.
La suppression d'une ambassade est
chose grave. Dans le cas présent, où sont
les motifs? N'est-ce pas le gouvernement
français qui avait eu l'initiative du réta
blissement des relations officielles avec
Rome? Quelle parole, quel acte, quelle dé
marche du Saint-Siège pourrait excuser
la mesure prise aujourd'hui? Et la décider
sans avis préalable, n'est-ce pas y. ajouter
une regrettable incorrection? C'est la pre-.
mière fois,-croyons-nous, que pareil fait
serait enregistré dans les annales de la
Diplomatie.
Des règles existent que les gouverne
ments et les. chancelleries n'ont cessé
jusqu'ici d'observer scrupuleusement.
Pourquoi faut-il que la France soit la pre
mière à s'en départir? On ne manquera
pas de le souligner à notre détriment-
A défaut de provocation de la part du
Saint-Siège, a-t-on fait valoir du moins de
solides arguments en faveur du projet mi
nistériel? Ttt serait difficile de l'admettre.
Les prétendues exigences de la société
laïque, la nécessité invoquée par vous de
séparer le spirituel du temporel, n'empê
chent pas le maintien d'une ambassade
au Vatican; elles l'imposent, au contraire,
à un gouvernement désireux d'assurer, en
cas de conflit, le respect des croyances
légitimes. "
.Vous avez compris vous-même, semble-
t-il, Monsieur le Président du Conseil, l'in
suffisance de ce premier motif, puisqu'à
l'appui de votre thèse vous avez cru devoir
prendre à votre compte, au risque de
froisser les catholiques, des faits erronés
ou antérieurs à la reprise des relations
avec Rome, des griefs mal fondés et déjà
complètement réfutés.
Les orateurs n'ont pas manqué pour
plaider — et certains l'ont fait très élo-
quemment — devant vous , et devant la
Chambre, la cause de la sagesse politique
et des traditions nationales. Nous regret
tons vivement qu'ils n'aient pu vous con
vaincre. Mais leur intervention ne fut pas
inutile : beaucoup d'arguments produits
par eux demeurent irréfutables et conti
nuent de protester contre la décision pri
se; ils nous permettent d'espérer pour un
avenir peut-être prochain, une revanche
dont notre patriotisme ne sera pas moins
fier que notre foi.
A cette protestation tenace comme la
vérité et la justice, nous avons voulu join
dre la nôtre, en notre nom personnel et
au nom de tous les catholiques de
France.
Nulle animosité ne s'y mêle : elle est
faite surtout de nos regrets — regrets de
voir le gouvernement et la majorité de la
Chambre oublier le respect du au Saint-
Siège; regrets de constater que la paix re
ligieuse, si nécessaire au pays, subit une
nouvelle atteinte; regrets enfin de sentir
que la France va bientôt .quitter un poste
où elle a tenu si longtemps la première
place et s'isoler du centre de l'Eglise uni
verselle... Ce n'est pas la nomination d'un
simple chargé de mission pour l'Alsace-
Lorra'ine qui pourrait remédier à ce dou
loureux isolement.
Dieu veuille ne pas permettre que s'ac
complisse cet abandon de nos traditions 1
Nous gardons quelque confiance qu'il se
trouvera au Sénat une majorité d'hommes
assez patriotes et assez indépendants pour
mettre les intérêts de la France au-dessus
de la politique des partis. C'est le vœu de
tous les Français clairvoyants comme de
tous les Catholiques fidèles.
C'est le nôtre aussi, non moins motivé
que notre protestation, non moins sincère
que nos regrets.
Veuillez agréer, Monsieur le Président
du Conseil, l'hommage de notre haute con
sidération.
L.-J. Joseph, cardinal Luçon , arche
vêque de Reims; Paulin, cardinal
Andrieu , archevêque de Bordeaux;
Louis, cardinal Dubois , archevêque
de Paris; Louis-Joseph, cardinal
Maurin, archevêque de Lyon ; Ale
xis-Armand, cardinal Charost , ar
chevêque de Rennes; Stanislas, car-
•dinal Touchet , évêque d'Orléans.
La réponse de M. Herriot
au cardinal Dubois
Le président du Conseil a adressé hier
la lettre suivante à Son Eminence le car
dinal Dubois :
« Eminence,
« J'ai l'honneur de vous accuser récep
tion de la lettre que vous avez bien voulu
me faire parvenir de LL. EE. les cardi
naux français. Pour le gouvernement, la
question du maintien ou de la suppression
de l'ambassade au Vatican n'est qu'une
question d'ordre politique ; elle n'engage
en rien le respect dû à la foi des catholi
ques. Ce respect, quelles que soient les in
terprétations souvent tendancieuses ou
erp;
malveillantes données à nos pensées ou à
nos actes, nous n'avons cessé et ne cesse
rons de le pratiquer.
« Veuillez agréer, Eminence..., etc.
'A Signé : Edouard Herriot. »
De 1788 à 1025
Après ce que nous avons entendu ces
jours derniers de la bouche de M. Herriot,
pourra-t-on raconter encore les dernières
années de l'ancien régime comme il était
convenu dans l'enseignement officiel ? La
ressemblance est si grande entre les 'diffi-*
cultés financières avec lesquelles Louis XVI
se trouva aux prises et celles qui assiègent
la République qu'il faut bien avoir aujour
d'hui plus de compréhension et, partant,
de justice pour la monarchie.
Nous avons expliqué, dans notre Histoire
de France, comment s'était produite et
comment avait éclaté la grande crise des
finances publiques à la veille de 1789. Si
l'on veut bien se reporter à ce chapitre, on
verra la parenté de ces événements avec
ceux d'aujourd'hui. L'expérience du passé
éclaire le présent.
Presque tous les historiens ont, à tour
de rôle, aïfirmé que la situation financière,
au moment de la réunion des Etats Géné
raux, était irrémédiable parce que le service
de la dette publique absorbait la moitié des
ressources de l'Etat. C'est une proportion
que nous avons -dépassée : 19 milliards
sur 35. Relativement aux chiffres,' le déficit
était à pçu près égal : 160 millions pour
une dépense d'un demi-milliard. Etant
donné ce qu'était la population française à
cette époque, c'était une affaire de six à
sept francs par tête. Lè déficit de 3 mil
liards pour 1925 fait soixante-quinze francs
environ pour 40 millions de Français, ce
qui fait peut-être moins que sept francs il
y a un siècle et demi et certainement pas
plus.
M. Herriot a dit, avant-hier, que nous
assistions à ce phénomène : l'Etat pauvre
dans son pays riche. C'est l'image qu'offrait
déjà la France de Louis XVI. Jamais le
commerce n'avait été plus prospère, l'ai
sance plus répandue. La catastrophe des
finances publiques n'en fut pas empêchée.
Elle vint le jour où un ministre de la
monarchie dut annoncer que la confiance
n'existait plus, qu'on ne souscrivait plus
aux emprunts, que les banquiers refusaient
de continuer leurs avances. Ce ministre
s'appelait Loménie de Brienne. II était
archevêque. Il parlait pourtant comme M.
Herriot. Il se plaignait des «exemptions
injustes» comme celui-ci se plaint de la
fraude.
On disait alors : « Il nous faudrait Nea-
ker ». Pour ajouter à la ressemblance, nous
avons entendu dire ces jours-ci : •« C's-5.* m
Necker qu'il nous faudrait». Et l'histoire
nous montre que le banquier genevois, dont
la recette était l'emprunt quand personne
ne voulait plus prêter, finit par un fiasco
complet et s'enfuit sous les huées.
L'histoire nous montre enfin que la Révo
lution, croyant réussir mieux que la monar
chie, donna la tête la première, dans le
piège des assignats. L'inflation est la facile
ressource des gouvernements démagogiques.
Facilis descensus Avenu... Que, pour au
jourd'hui, la comparaison s'arrête là.
v Jacques BAINVILLE
A LA CHAMBRE
le retour à l'étalon or
est préconisé par plusieurs orateurs
comme l'unique remède
à la situation financière
et économique
Sur les cinq orateurs qui ont pris M
parole dans la discussion sur la loi de
finances et sur la situation très grave du.
franc, un seul a proposé, en peu de mots,
une solution sérieuse à la situation finan
cière.
Il est vrai• que c'est un homme de mé
tier, un ancien banquier, M. Duboin.
Il faut, a-t-il dit, revenir à l 'étalon-or
parce que c'est le seul moyen d'obtenir la
stabilité nécessaire au relèvement écono
mique du pays.
C'est la doctrine chère à Valois et que
les lecteurs de /'Action française connais
sent bien.
Quant au grand discours de Loucheur,
attendu avec impatience par ceux, trop
nombreux encore, qui font confiance à ce
faux grand homme, il a été une déception
pour les amis même les plus aveugles de
« Tout en Or ».
Après avoir.louché à toutes les ques
tions sans en résoudre aucune, Loucheur
a stupéfié son auditoire quand il a, au
moment où il n'est question que de rem-
boursements pour alléger notre dette, con
clu au lancement d'uii grand emprunt de
200 millions de dollars à l'étranger, pour
rendre lui peu d'élasticité à notre trésore
rie. Le tout s'est terminé par une lèche A
Caillaux, que Tout en Or considère sans
doute comme le successeur éventuel
d'Herriot, et de qui il espère évidemment
un portefeuille. Loucheur a l'estomac so
lide et ça se voitl
SEANCE DU MATIN
M. Bouilloux-Lafont préside. On conti
nue la discussion de la loi de finances et
le banquier radical Jacques Duboin a la
parole. !
M. Duboin est un spécialiste et, comme ■
le petit Franc, comme dit Daudet, a une
rechute, il s'est cru qualifié pour donner
une consultation. On verra combien
il se rapproche de la théorie de Valois,
seul remède efficace à la crise actuelle.
M. Jacques Duboin estime donc que
l'instabilité monétaire est la cause de tout
le mal.
La vie de plus en plus chère, la crise des
changes, Je malaise économique, le manque de '
9 A ,/n'r
46cenilmes. Sehib bt Sbikb-bt-Oisb
20 centimes Départements et Colonies
ABONNEMENTS : ffali. îfcMt InfiHA.
France et.Golonies. 48 fr. a» fr. iS fr.
Etranger . . .... 8a » 4a » sa »
Chèque postal s Compte ' a3.goo Puis.
Mercredi 18 février 1925
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGBAL
^Tout ce qui est national est notre. »
Le Due d'ORLÉANS '
J héritier des quarante Rois qui ea mllle ans firent la France,
RÉDACTION * ADMINISTRATION:
ii. rae de Borne, PARIS (8°)
Adresse télégraphique ; ACTIOFBAN-PABIS
Téléphone: Administration : Louvre 36-49, a6-5o
Ridaclion - Central 75-44 Publicité : Central 74-77
Après 10 heures du soir ; Ségnr n-88
Registre de Commerce : Setna E' 78.58a
VAUGEOIS — Birecirars politiques ■ LÉON DAUDET et GBARLEÇ MACBjlAS —; autoarm clef» MAURICE PCJO
LA FRANCE VUE DU CANADA
« L'histoire nous montre qu'en évoluant pendant 1.000
ans» la royauté française a fait la France, et son évolution se
fût adaptée au progrès de la France, si la conspiration de
l'étranger ne fût venue soudoyer et soutenir la révolution.
Par contre, il n'a pas fallu 100 ans à l'évolution du régime
républicain pour amener la France au triste état où nous la
voyons, menacée à la fois par les Allemands et plus encore
par les Communistes, eux aussi soudoyés et soutenus par
l'ennemi du dehors. Preuve que tous les régimes ne sont pas
en eux-mêmes d'égale valeur. Espérons qu'une autre évolu
tion, pas républicaine, ramènera la France, par une sage réac
tion, vers un régime d'ordre et d'autorité, où les honnêtes
Français ne seront plus' assujettis .aux entrepreneurs de révo
lutions soudoyés par l'étranger autant que par les mauvaises
ambitions. »
, LA MINERVE, journal de Montréal
LA JUSTICE BAFOUEE PAR LA .POLICE
Lettre ouverte
au ministre Cliautemps
Monsieur le ministre
et ancien collègue,
Une instruction est actuellement ou
verte sur ma plainte pour meurtre, com
plicité de meurtre, détournement de mi
neur et complicité de détournement de
mineur, contre quatre de vos hauts fonc
tionnaires, qui sont : le préfet de la Corse
Marlier, les deux contrôleurs généraux
Launes et Delange, et le commissaire de
police mobile Colombo. Or, aucun de ces
fonctionnaires, ainsi inculpés, en compa
gnie des deux ' indicateurs I Iaoutter et
Gruffy, et qui vont être demain convo-
quée chez le juge ■ à toutes fins utiles, n a
encore été mis par vous soit en. disponi
bilité par suspension temporaire, soit en
congé, ni n'a demandé à être placé dans
une de ces deux situations. C'est la, M. le
ministre,, un-double défi à la Justice et
au bon sens.
A la Justice ; car I e conserver
en fonctions un Delange, comme contrô
leur général des recherches, par exem
ple, permet à ' celui que j'accuse, et que
le Parquet m'a laissé inculper, de se
rechercher lui-même, c'est-à-dire de pa-
jralyser la justice, en faussant tous
ses moyens d'investigatioiv . C'est en effet
.à Delange que le nouveau juge d'instruc
tion devra s'adresser pour toutes commis
sions rogatoires en province et pour tous
renseignements,
s.Même remarque quant à Launes. Même
remarque quant à Colombo, commissaire
de police mobile.
Défi au bon sens : Car il va, de soi
qu'aucun résultat utile à: la découverte
de la vérité ne saurait être obtenu dans
de semblables conditions. Les fonction
naires de police, qui sont sous la coupe
de MM. Lannes, Delange et Colombo, se
garderont bien deparlér, d'enquêter, de
contredire même , en quoi .que ce soit les
fables, d'ailleurs absurdes, extravagantes
et d'une parfaite 'impudence, mises en
avant pgr ces quatre bandits, vos subor
donnés, pour-recouvrir le meurtre mani
feste de mon petit garçon.
Pour quiconque observe cotie mons
trueuse affairé, le fait que Marlier, Lan
nes,-Delange et Colombo acceptent, de
vos mains, un privilège, aussi inconceva
ble, démontre déjà leur culpabilité. Seuls
des 1 hommes traqués, et incapables de se
défendre par des moyens normaux et
légaux, peuvent avoir une telle attitude.
Us ne se rendent pas compte que celle-ci
achève de les perdre. Ils essaient seule
ment de retarder le moment où leur san
glante infamie — que tous constatent -*■
sera légalement démontrée. Ils escomp
tent je ne sais quelle diversion. Ils s'ima
ginent que leurs protecteurs politiques
pourront atténuer la rigueur du châti
ment qui les attend.
Ces protecteurs sont connus, M. le mi-'
nistre, et je ne vous apprendrai rien en
vous les nommant. Votre collègue, l'avocat
député de Moro-Giafferri a besoin de l'as
sassin Marlier pour ses élections munici
pales en Corse, et il tempête à la seule
«pensée que Marlier pourrait être sus
pendu. Votre collègue, le traître Malvy,
servant lui-même des intérêts scélérats,
[que je dévoilerai à mon heure, et qui
se croient encore à l'abri de mes investiga
tions], vous poursuit de ses ridicules me
naces, si vous-laissez fonctionner la Jus
tice.
De leur côté, Millerand et Poincaré, le
premier pour ime raison de famille, le se
cond en raison de sa parenté avec un de
vos fonctionnaires assassins, joignent leurs
efforts à ceux de Moro-Giafferri et de
Malvy. Je pense que vous n'ignorez pas
la raison pour laquelle Poincaré, au prix
de son défaillant honneur, a récemment
donné un blanc-seing à Malvy, qu'il avait
naguère laissé accuser, puis condamner,
sans dire un seul mot en sa faveur : C'est
que Malvy devait être le porte-parole,
auprès du gouvernement actuel, des fonc
tionnaires que j'accuse d'assassinat, et
leur bouclier administratif. Ce pacte de
sang est à la fois dans la manière torve
de Malvy et de Poincaré.
Mais laissez-moi vous dire que vous
avez grand tort de persister — en main
tenant en fonctions ces quatre bandits,
même inculpés —- dans une position inte-
nable.
Intenable en droit. Intenable en fait.
Intenable en droit : l'illégalité — je ne
dis pas seulement l'injustice — est pa
tente; Vous faussez et vous paralysez
l'instruction. Vous vous donnez l'appa
rence de patronner les coupables.
Intenable en fait : il y a une opinion
publique en France et une opinion' pu
blique à l'étranger. La Sûreté générale a
la main sur certains journaux de Paris
— notamment l'Intransigeant et le Jour
nal ; quant à ce dernier, depuis l'affaire
Lenoir Desouches — elle peut faire taire
Bailby, Mouthon et Comuehé. Son action
sur la pressa de province est nulle. Cela
ira g &eaga eat, | propos prérisêmeat
de l'affairé Philippe Daudet. De? centai
nes de journaux de province ont publié
chacun plusieurs articles de fond sur le
crime le plus noir des temps contempo
rains. A Paris même, du Mesnil, Mermeix,
les Débats, le Figaro, VEclair, le Gaulois,
le Rappel, le Temps, le Petit Parisien
[ces deux derniers plus timidement], la
Liberté [article de Taittinger], le Paris-
Soir, le Quotidien [article de Pierre Ber
trand], ont maintenu l'honneur et la
dignité de la p. esse parisienne ; et' je
m'excuse pour ceux que j'oublie forcé
ment, car ils sont légion, Dieu merci !
Voulez-vous donc que tels de ces jour
naux, représentant des millions de lec
teurs, soient contraints de protester à
nouveau contre l'insanité administrative
.qui consiste à ne pas relever — au moins
temporairement — de leurs fonctions,
quatre hauts fonctionnaires* inculpés
de meurtre concerté, dont trois au
ront a s'enquêter eux-mêmes !
Mais il y a plus grave encore : La
presse suisse, belge, italienne, anglaise,
américaine, hollandaise, etc..., retentit
des échos de l'affaire Philippe Daudet.
Hier encore, M. Bernus, dans le Journal
de Genève, exposait toute la gravité du
nouveau drame judiciaire qui s'ouvre. Là
Gazette de Lausanne vous a dit qu'il
s'agissait « de l'honneur de la France ».
Trente feuilles des pays alliés vous le
répètent à satiété chaque matin. ;
Vous ne lisez pas toute cette presse,
parce que vous avez autre chose à faire.
Mais croyez bien que son avis est plus
important que la pression du petit Moro-
Giafferri, ou du traître Malvy, ou de
quiconque. Vous êtes en train de vous
déconsidérer, mon pauvre Chautemps, et
de déconsidérer votre régime et votre
pays avec vous ; on vous le crie sur tous
les tons. Inutile de vous boucher les
oreilles.
Ce qu'on répète aussi partout, c'est que
cette épouvantable affaire démontre
l'exorbitant pouvoir politique qu'a pris,
en démocratie parlementaire, la police.
Vous êtes en train de démontrer qu'elle a
absorbé, pratiquement, la Justice. Si le
malheur affreux qui m'est arrivé était
arrivé à un père de famille sans journal
à sa disposition —. fût-il même ministre
et président
nue. Nulle part il n'aurait eu de recours,
nulle part il n'aurait eu la possibilité
d'exposer les présomptions, ni les preuves
du crime. Tout se serait fermé devant lui.
Pensez un peu à cela, vous qui avez des
enfants et qui êtes un bon père'de famille.
Représentez-vous cela," cette misère infi
nie de n'avoir même pas le moyen de
montrer aux braves gens l'évidence de
l'assassinat d'un bon et beau petit garçon
de quatorze ans et demi par une tourbe
de policiers haineux et soldés ! Oui, re
présentez-vous cela, .Chautemps, et vous
serez moins accessible aux assauts du
traître Malvy et du petit Moro et vous
accomplirez de bon gré dès aujourd'hui
ce que demain il vous faudra bien accom
plir de force devant l'opinion ameutée.
Volenlem. ducunt nolentem trahunt.
Léon DAUDET.
ABONNEZ-VOUS
A L'ACTION FRANÇAISE
au lieu de l'acheter au numéro
Vous économiserez 6 fr. 75 par an
si vous habitez Paris, la Seine
ou la Seine-et-Oise
Vous économiserez 25 francs par an
si vous habitez un autre département
Le journal économisera, dans les deux
cas, 30 0/0 du papier qu'il doit mettre
en vente pour vous atteindre.
LE PROTOCOLE DE GENEVE
MM. Baldwin et Chamberlain
se sont entretenus hier du « défunt »
Londres, il février. — M. Baldwin et
M. Austen Chamberlain ont eu, ce matin,
à Downing Street, un long entretien au
cours duquel il a été question du proto
cole de Genève, qui doit être discuté de
main par le cabinet britannique.
Après avoir été enterré, assisterons-nous
à l'exhumation du pacte qui n'a jamais
vécu que dans les périodes oratoires de
M. Herriôt ?
LA POLITIQUE
AROUEN
Un entrepôt de déchets de coton
est détruit par . un incendie
Rouen, 17 février. — Un violent incen
die a éclaté ce matin, vers 10 heures, dans
un entrepôt de déchets de coton, rue Vic
tor-Hugo, où se faisait le tri du coton.
L'immeuble a été complètement détruit,
malgré la présence de trois pompes auto
mobiles » Les dégâts sont très importants.
n s'y a pas «B d'accid ent . .< ',■* ***
I. Manques à gagner
Nos lecteurs constateront ce matin, à
la lecture des débats de la Chambre, que
le chariot mérovingien de la Démocra
tie s'oriente vers le franc-or. Combien y
a-t-il de mois et même .d'années qu'un ci
toyen royaliste, le nommé Georges Va
lois, démontre la nécessité de cette solu
tion ? Un roi l'eût convoqué, interrogé,
écouté et, s'il ne l'eût pas compris du pre
mier coup, il eût pris note du remède
et s'en fût souvenu à l'occasion prochaine.
En démocratie, l'audience est plus lente.
Il faut avoir longuement pénétré, bourré,
saturé l'opinion pour introduire aucun to
pique, et l'essai loyal ne commence qu'a
près que la situation, pourrie et gangre
née, exige le fer et le feu.
Le mouvement contre les monopoles
d'Etat reprend dans les mêmes conditions
de lenteur misérable- Qui y perdra? Pas les
politiciens dont les silences calculés sur
ce point vital s'inspiraient d'intérêts per
sonnels électoraux, mais le pays, la Fran
ce, les Français comptés un par un. Com
ment cela?" C'est simple. La vente des
monopoles ne se fera point par la volonté,
intelligente d'un homme, d'un chef, mais
sous la pression mécanique des nécessites
et de l'opinion. Tel monopole, qui valait
50 milliards l'an dernier, n'en vaudra plrçs
que 5, s'il les vaut, une fois la grande
crise ouverte. Ainsi expierons-nous une
fois de plus ce crime inexpiable d'avoir
placé le gouvernement des hommes pen
sants 1 sous la coupe du Nombre, chose qui
n'a pas de pensée.
II. Vérités vengées
Telles sont les conclusions que suggère
tout examen sérieux" des T circonstances.
Elles sont si graves qu'elles font penser au
tomatiquement aux puissantes erreurs
de principe incluses dans la République et
la Démocratie» J'admire les esprits qui
croient pouvoir réfléchir sans "-voir égard
à ces lumineux points de repèrc.Ils croient,
que les volontés, les décisions, les agi
tations des hommes peuvent rendre rai
son de tout. Le rapport de leurs opinions
avec l'ordre du monde prime tout, cepen
dant ! Rien ne peut faire qu'une idée
fausse produise, le même résultat qu'une
idée juste. Les meilleures intentions orien
tées sur une direction fausse ne donnent
rien que du gâchis et des pertes de temps.
Les innombrables erreurs de fait et de
droit commises -par- Edouard Herriat ne
sont pas améliorées par ses'protestations
de droiture et serments de , sincérité.
Mais croit-on que neuf cents Herriots
formant une assemblée, ou dix mil
lions d'Herriot, réunis autour de l'urne
sacrée, commettant les .mêmes erreurs,
élevant la même protestation ingénue, fe
ront "de meilleure besogne ? Nous disons
et redisons a Edouard Herriot : — Allez-
vous-en, vous êtes trop bête ! Mais il n'est
pas moins nécessaire de' répéter la même
invitation cordiale à la démocratie prise
en bloc. Elle n'est pas plus intelligente
que le président du Conseil, elle est aussi
mauvaise bête que lui.
Cela ne les fait pas partir? Ni l'un ni
l'autre assurément ! Mais cela aide à voir
net et à penser clair. Surtout, cela nous disr
pense de concevoir des projets chiméri
ques et de tirer des plans irréalisables ;
des plans (si l'on veut un exemple), dans le
goût de celui que l'Union républicaine
du Sénat vient de publier sous forme de
«résolution».
III. La
choses ! On y voit d'excellents apophteg
mes sur la liaison de l'ordre politique et
de l'ordre financier. On y lit même que
« la collaboration de toutes les forces mo-
« raies du pays» est «indispensable à.la
« solution des lourdes difficultés de l'heu-
« re présente». Mais on y trouve aussi
un acte de naïve espérance dans l'avène
ment de cette collaboration. Les auteurs
de la résolution ne se rendent pas compte
que la collaboration de la démocratie
avec l'ensemble des forces morales ou
sociales ou économiques, c'est la quadra
ture dû cercle. 11 faut choisir : cercle ou
carré ? Démocratie ou, coopération or
ganisée des forces nationales ? Si l'on opte
pour la démocratie, on opte pour la vo
lonté du nombre exprimé par le vote de
tous les individus, lesquels neuf fois sur
dix se prononcent en faveur du système le
plus favorable à ce qu'ils jugent leur inté
rêt immédiat, à savoir consommer et se re
poser le plus possible, travailler peu ou
pas du tout. Si l'on opte pour les forces
organisées, économiques et religieuses,
nationales et sociales, on s'assure une
possibilité raisonnable, une légitime espé
rance de maintenir les conditions de l'ef
fort, du travail, de l'épargne, de la sécu
rité nationale et de la vertu, mais on
élimine, en douceur ou en force, le cro
codile démocratique.
Le seul terme d'Union sacrée est une
offense à la doctrine du gouvernement des
Partis. Il suffit d'y réfléchir cinq secon
des.
Les braves sénateurs de l'Union répu
blicaine n'ont probablement pas réfléchi
une tierce. Ils n'ont pas vu qu'en parlant
de coopération des forces morales ils se
comportaient en hérétiques de la dé
mocratie. Quand la démocratie n'est pas
tempérée ou bridée par quelque grande
nécessité ou quelque grande peur comme
en engendra la Guerre, comme en peut
engendrer la Révolution ; qua$d la démo
cratie est pure, elle sacrifie carrément et
en bloc tout ce qui peut ressembler à un
concert de forces qui lui soient extérieures,
qui ne soient ni son nombre, ni son vote,
ni son comité de votants... Mais la démo
cratie tendrait-elle à cesser d'être pure,
ou les plus futés de nos sénateurs se sont-
ils dit que Je vent souffle de ce côté-là ?
Ont-ils pensé qu'au lendemain du
massacre de Marseille et en pleine crise
financière, l'heure sonnait de faire appel
aux éléments extradémocratiques, même
antidémocratiques pour essayer de se
rapprocher de l'équilibre que la démocra
tie et la « vraie République » ont dérangé
au 11 mai ?
jCel§ est bieji po&Djle.
Cependant, les idées nettes sont si rares
dans le monde parlementaire qu'il vaut
mieux supposer que nos « Républicains »
ont fait un pied de nez à leur Marianne et
l'ont blasphémée sans trop se douter de
ce qu'ils fabriquaient. Le sens des mots
ne leur a pas été sensible. Ils n'en ont vu
ni la logique ni la réelle portée. Mais cette
portée, cette logique, ce sens profond exis
tent. D faut les faire voir. Il faut éclaircir
l'esprit du pays. C'est en guérissant les
Français de leur mal à la tête que l'on
viendra à bout de tous leurs autres bobos,
IV. Le massacre de Marseille
ordonné de Paris
Aux renseignements que j'avais recueil
lis sur place viennent s'ajouter, par visite,
par lettres, par échos de presse, toute
sorte d'informations qui permettent de
comprendre l'opération du 9 février un
peu autrement qu'au lendemain de cette
« journée » ou plutôt de cette soirée.
Un juge d'instruction est saisi de l'af
faire. J'ai vu qu'il s'appelait M. de Possel.
L1 y a donc toujours un M.- de Possel saisi
des affaires délicates à Marseille depuis
les temps -lointains de 1884 ou 1885 ? Que
ce juge ait succédé à son père ou qu'il se
succède, à lui-même, il doit connaître le
pays, et nous l'en féliciterons. Mais il
aurait tort de circonscrire l'enquête à Mar
seille et à son conseil municipal ou même
aux groupes révolutionnaires de la ban
lieue. On croyait, le 10 février et les jours
suivants, que les meneurs officiels mar
seillais avaient tout fait. Ils n'ont peut-
être fait que la plus petite partie du mal.
On me dit, on m'écrit:
« tous les ordres concernant la mo
bilisation communiste sont venus de
Paris.
' « Des tracts imprimés à Paris eit arabe,
en italien et en espagnol, ont été distri
bués à partir du vendredi soir 6 février, à
raison de 7 à 8.000 pour chaque langue.
Les tracts arabes faisaient une sorte d'ap
pel à la guerre sainte contre le général, fils
de chien qui veut faire une nouvelle guer
re où n'iront que les Arabes, afin d'exter
miner tous les fils de l'Islam.
« Il se terminait à peu près ainsi : « Il
« faut qu'entre le coucher du soleil de lun-
« di et le lever du soleil de mardi, le sang
t de ce fils de chien et de tous ses amis,
« ait rougi le sol de Marseille ».
« De nombreuses cellules existent dans
notre .ville,de Marseille, presque dans tous
les milieux. Tramways, P.-L.-M., dockers,
métallurgie, huilerië ,savonnerie, etc.
Une propagande formidable est faite
dans ce sens.
Une école de cellules a été inaugurée
le dimanche 8 février. .
Elle fonctionne au n° 14, allées de Meil-
hat, dirigée par un instructeur venu de
Bobigiuj.
Elle comporte 3 semaines d'études pour
30 élèves qui se répartissent ainsi : 10 ara
bes, 10 hommes mûrs et 10 « jeunesses »
communistes.
De nombreux bars servent de lieux de
réunions et de conférnces.
On peut estimer leur nombre à 30 ou 3o
en ville et 25 à 30 en banlieue.
Les deux principaux sont :
1" Un bar du boulevard National, où la
Berton a plusieurs fois palabré';
2° Un bar de la place Castellane.
A la tête de l'organisation communiste
se trouve un comité confédéral.
Parmi les organisations communistes de
Marseille, la plus perfectionnée est celle
des Italiens, qui comporte 3 centuries con
duites par d'anciens officiers expulsés par
Mussolini.
Ces groupements marchent, parait-il,
avec beaucoup de discipline et ont fait
■ leurs preuves lors de la conférence Cas-
telneau.
Donc, une direction parisienne et, par
conséquent, moscovite, et une forte orga
nisation marseillaise doivent être conçues
à l'origine des désordres du 9 février. Le
moyen terme, infiniment dangereux, a été
fourni par la municipalité de Marseille :
métèques, moscoutaires, escarpes, apaches
et bandits opéraient avec les garanties
et les promesses d'immunité que l'au
torité locale leur prodiguait. Est-il besoin
de dire que tel est le rythme naturel de
toutes les révolutions ? L'anarchie ne va
pas loin quand elle ne peut débuter en
s'appuyant sur une fraction de l'Etat.
C'est pourquoi il importe de répandre
les adjurations de l'Action française de
Marseille au noble peuple marseillais : dé
barrassez-vous d'édiles indignes ! Mais il
n'importe pas moins d'y ajouter une mo
tion de vigilance à l'adresse de la Sûreté
générale.
Ou M. Chiappe ne sert à rien, ou il a
le devoir de savoir qui a ordonné de Paris
les assassinats de Marseille,comment et d'où
cet ordre a été envoyé et, s'il est néces
saire, pour le savoir, d'entrer rue de Gre
nelle, dans les bureaux de M. Krassine, eh!
bien, M. Chiappe tomberait au-dessous de
ses fonctions, au-dessous même des Alle
mands qui exercent à Berlin des fonctions
analogues aux siennes, s'il hésitait devant
cette opération nécessaire ou s'il permet
tait à son président du Conseil de donner
à :M. Krassine l'avertissement de faveur
que reçut M. Clamamus au matin de la
comédie de Bobigny !
Charles M AVERAS.
ÉOHQ8
Un de nos .excellents alpinistes alsaciens, M.
Myrtil Schwartz, vient de publier sous le titre Vers
l'Idéal par la Montagne, un volume qui lui a valu
de vives félicitations de S. S. Pie XI et de S. M.
le Roi des Belges, tous deux alpinistes célèbres.
L 'auteur y relate ses ascensions en Europe et en
Amérique, qui serviront d'éducation physique et
morale à la jeunesse. Paul-Franz Namur gendre
de réminent savant J. Vallot, a illustré avec beau
coup d'art ce volume de grand luxe.
Une lettre
des cardinaux français
à M. Herriot
m ■
Un épais manteau de neige s'étend sur les Pyré-
ées. On nous signale 40 centimètres à Font -Ro-
teu, 40 â Superbagnères. L'arrière^ aiaon réserve
es faveurs aux amateurs de sport» d'hiver.
Les cardinaux français ont adressé à
M. Edouard Herriot, président du Conseil,
ministre des Affaires étrangères, la lettre
suivante. Elle fera sans doute réfléchir
plus d'un sénateur :
Monsieur le Président du Conseil,
Nous nous sommes fait naguère un de
voir de vous signaler quelques articles de
votre programme ministériel susceptibles
d'alarmer les consciences catholiques.
Notre unique but était de sauvegarder
chez nous la paix intérieure et, au dehors,
la réputation de la France.
Sur un point, vous avez déjà Monsieur
le Président du Cohseil, pris la responsa
bilité de passer outre à. nos sollicitations.
Docile à vos instances, la majorité de la
Chambre a supprimé notre ambassade au
près du Saint-Siège. Nous n'avons pas sui
vi sans tristesse les débats relatifs à cette
importante affairé; le vote final nous a
profondément blessés dans nos sentiments
de Catholiques et.de Français.
Et voici pourquoi.
La suppression d'une ambassade est
chose grave. Dans le cas présent, où sont
les motifs? N'est-ce pas le gouvernement
français qui avait eu l'initiative du réta
blissement des relations officielles avec
Rome? Quelle parole, quel acte, quelle dé
marche du Saint-Siège pourrait excuser
la mesure prise aujourd'hui? Et la décider
sans avis préalable, n'est-ce pas y. ajouter
une regrettable incorrection? C'est la pre-.
mière fois,-croyons-nous, que pareil fait
serait enregistré dans les annales de la
Diplomatie.
Des règles existent que les gouverne
ments et les. chancelleries n'ont cessé
jusqu'ici d'observer scrupuleusement.
Pourquoi faut-il que la France soit la pre
mière à s'en départir? On ne manquera
pas de le souligner à notre détriment-
A défaut de provocation de la part du
Saint-Siège, a-t-on fait valoir du moins de
solides arguments en faveur du projet mi
nistériel? Ttt serait difficile de l'admettre.
Les prétendues exigences de la société
laïque, la nécessité invoquée par vous de
séparer le spirituel du temporel, n'empê
chent pas le maintien d'une ambassade
au Vatican; elles l'imposent, au contraire,
à un gouvernement désireux d'assurer, en
cas de conflit, le respect des croyances
légitimes. "
.Vous avez compris vous-même, semble-
t-il, Monsieur le Président du Conseil, l'in
suffisance de ce premier motif, puisqu'à
l'appui de votre thèse vous avez cru devoir
prendre à votre compte, au risque de
froisser les catholiques, des faits erronés
ou antérieurs à la reprise des relations
avec Rome, des griefs mal fondés et déjà
complètement réfutés.
Les orateurs n'ont pas manqué pour
plaider — et certains l'ont fait très élo-
quemment — devant vous , et devant la
Chambre, la cause de la sagesse politique
et des traditions nationales. Nous regret
tons vivement qu'ils n'aient pu vous con
vaincre. Mais leur intervention ne fut pas
inutile : beaucoup d'arguments produits
par eux demeurent irréfutables et conti
nuent de protester contre la décision pri
se; ils nous permettent d'espérer pour un
avenir peut-être prochain, une revanche
dont notre patriotisme ne sera pas moins
fier que notre foi.
A cette protestation tenace comme la
vérité et la justice, nous avons voulu join
dre la nôtre, en notre nom personnel et
au nom de tous les catholiques de
France.
Nulle animosité ne s'y mêle : elle est
faite surtout de nos regrets — regrets de
voir le gouvernement et la majorité de la
Chambre oublier le respect du au Saint-
Siège; regrets de constater que la paix re
ligieuse, si nécessaire au pays, subit une
nouvelle atteinte; regrets enfin de sentir
que la France va bientôt .quitter un poste
où elle a tenu si longtemps la première
place et s'isoler du centre de l'Eglise uni
verselle... Ce n'est pas la nomination d'un
simple chargé de mission pour l'Alsace-
Lorra'ine qui pourrait remédier à ce dou
loureux isolement.
Dieu veuille ne pas permettre que s'ac
complisse cet abandon de nos traditions 1
Nous gardons quelque confiance qu'il se
trouvera au Sénat une majorité d'hommes
assez patriotes et assez indépendants pour
mettre les intérêts de la France au-dessus
de la politique des partis. C'est le vœu de
tous les Français clairvoyants comme de
tous les Catholiques fidèles.
C'est le nôtre aussi, non moins motivé
que notre protestation, non moins sincère
que nos regrets.
Veuillez agréer, Monsieur le Président
du Conseil, l'hommage de notre haute con
sidération.
L.-J. Joseph, cardinal Luçon , arche
vêque de Reims; Paulin, cardinal
Andrieu , archevêque de Bordeaux;
Louis, cardinal Dubois , archevêque
de Paris; Louis-Joseph, cardinal
Maurin, archevêque de Lyon ; Ale
xis-Armand, cardinal Charost , ar
chevêque de Rennes; Stanislas, car-
•dinal Touchet , évêque d'Orléans.
La réponse de M. Herriot
au cardinal Dubois
Le président du Conseil a adressé hier
la lettre suivante à Son Eminence le car
dinal Dubois :
« Eminence,
« J'ai l'honneur de vous accuser récep
tion de la lettre que vous avez bien voulu
me faire parvenir de LL. EE. les cardi
naux français. Pour le gouvernement, la
question du maintien ou de la suppression
de l'ambassade au Vatican n'est qu'une
question d'ordre politique ; elle n'engage
en rien le respect dû à la foi des catholi
ques. Ce respect, quelles que soient les in
terprétations souvent tendancieuses ou
erp;
malveillantes données à nos pensées ou à
nos actes, nous n'avons cessé et ne cesse
rons de le pratiquer.
« Veuillez agréer, Eminence..., etc.
'A Signé : Edouard Herriot. »
De 1788 à 1025
Après ce que nous avons entendu ces
jours derniers de la bouche de M. Herriot,
pourra-t-on raconter encore les dernières
années de l'ancien régime comme il était
convenu dans l'enseignement officiel ? La
ressemblance est si grande entre les 'diffi-*
cultés financières avec lesquelles Louis XVI
se trouva aux prises et celles qui assiègent
la République qu'il faut bien avoir aujour
d'hui plus de compréhension et, partant,
de justice pour la monarchie.
Nous avons expliqué, dans notre Histoire
de France, comment s'était produite et
comment avait éclaté la grande crise des
finances publiques à la veille de 1789. Si
l'on veut bien se reporter à ce chapitre, on
verra la parenté de ces événements avec
ceux d'aujourd'hui. L'expérience du passé
éclaire le présent.
Presque tous les historiens ont, à tour
de rôle, aïfirmé que la situation financière,
au moment de la réunion des Etats Géné
raux, était irrémédiable parce que le service
de la dette publique absorbait la moitié des
ressources de l'Etat. C'est une proportion
que nous avons -dépassée : 19 milliards
sur 35. Relativement aux chiffres,' le déficit
était à pçu près égal : 160 millions pour
une dépense d'un demi-milliard. Etant
donné ce qu'était la population française à
cette époque, c'était une affaire de six à
sept francs par tête. Lè déficit de 3 mil
liards pour 1925 fait soixante-quinze francs
environ pour 40 millions de Français, ce
qui fait peut-être moins que sept francs il
y a un siècle et demi et certainement pas
plus.
M. Herriot a dit, avant-hier, que nous
assistions à ce phénomène : l'Etat pauvre
dans son pays riche. C'est l'image qu'offrait
déjà la France de Louis XVI. Jamais le
commerce n'avait été plus prospère, l'ai
sance plus répandue. La catastrophe des
finances publiques n'en fut pas empêchée.
Elle vint le jour où un ministre de la
monarchie dut annoncer que la confiance
n'existait plus, qu'on ne souscrivait plus
aux emprunts, que les banquiers refusaient
de continuer leurs avances. Ce ministre
s'appelait Loménie de Brienne. II était
archevêque. Il parlait pourtant comme M.
Herriot. Il se plaignait des «exemptions
injustes» comme celui-ci se plaint de la
fraude.
On disait alors : « Il nous faudrait Nea-
ker ». Pour ajouter à la ressemblance, nous
avons entendu dire ces jours-ci : •« C's-5.* m
Necker qu'il nous faudrait». Et l'histoire
nous montre que le banquier genevois, dont
la recette était l'emprunt quand personne
ne voulait plus prêter, finit par un fiasco
complet et s'enfuit sous les huées.
L'histoire nous montre enfin que la Révo
lution, croyant réussir mieux que la monar
chie, donna la tête la première, dans le
piège des assignats. L'inflation est la facile
ressource des gouvernements démagogiques.
Facilis descensus Avenu... Que, pour au
jourd'hui, la comparaison s'arrête là.
v Jacques BAINVILLE
A LA CHAMBRE
le retour à l'étalon or
est préconisé par plusieurs orateurs
comme l'unique remède
à la situation financière
et économique
Sur les cinq orateurs qui ont pris M
parole dans la discussion sur la loi de
finances et sur la situation très grave du.
franc, un seul a proposé, en peu de mots,
une solution sérieuse à la situation finan
cière.
Il est vrai• que c'est un homme de mé
tier, un ancien banquier, M. Duboin.
Il faut, a-t-il dit, revenir à l 'étalon-or
parce que c'est le seul moyen d'obtenir la
stabilité nécessaire au relèvement écono
mique du pays.
C'est la doctrine chère à Valois et que
les lecteurs de /'Action française connais
sent bien.
Quant au grand discours de Loucheur,
attendu avec impatience par ceux, trop
nombreux encore, qui font confiance à ce
faux grand homme, il a été une déception
pour les amis même les plus aveugles de
« Tout en Or ».
Après avoir.louché à toutes les ques
tions sans en résoudre aucune, Loucheur
a stupéfié son auditoire quand il a, au
moment où il n'est question que de rem-
boursements pour alléger notre dette, con
clu au lancement d'uii grand emprunt de
200 millions de dollars à l'étranger, pour
rendre lui peu d'élasticité à notre trésore
rie. Le tout s'est terminé par une lèche A
Caillaux, que Tout en Or considère sans
doute comme le successeur éventuel
d'Herriot, et de qui il espère évidemment
un portefeuille. Loucheur a l'estomac so
lide et ça se voitl
SEANCE DU MATIN
M. Bouilloux-Lafont préside. On conti
nue la discussion de la loi de finances et
le banquier radical Jacques Duboin a la
parole. !
M. Duboin est un spécialiste et, comme ■
le petit Franc, comme dit Daudet, a une
rechute, il s'est cru qualifié pour donner
une consultation. On verra combien
il se rapproche de la théorie de Valois,
seul remède efficace à la crise actuelle.
M. Jacques Duboin estime donc que
l'instabilité monétaire est la cause de tout
le mal.
La vie de plus en plus chère, la crise des
changes, Je malaise économique, le manque de '
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