Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1925-02-01
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326819451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 01 février 1925 01 février 1925
Description : 1925/02/01 (Numéro 32). 1925/02/01 (Numéro 32).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7622124
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Bïx-lmMème armes - N" 32
Dimanche 1 er Février 1925
centimes. Ssiub bt Skibk-et-Oisb
20 centimes. Mpabteuesib st Coi/mies
ABONNEMENTS : ta it. SxHifc. MB*.
France et Colonies. 48 fr. a5 îr. i3 fr.
Etranger . . . ... 8a » Sis, aa »
Chèque postal t Compte s3.goo Paris.
OBGANE DU NATIONALISME INTÉGRAI*
« Tout ce qui est national est notre, »
- Le Duc d'OIUJÉANS
.héritier de& quarante Roîs qui en mille axis firent îaFraaca.
■BfiDACTION & ADMINISTRATION :
raede Borne, PARIS (S*)
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Registre Commerce : Seine N* 78.583
Fondateur :
HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLESMAURI1AS — Rédacteur en chef t MAURICE PUJO
LA JUSTICE EN MARCHE ■ v v "
Qu'il Soient de droite on de gauche» tons les journaux
élèvent la voix. On spnt que la tenace lucidité de M. Léon
Daudet a vaincu toutes leurs préventions politique» et que
ceux-mêmes qui se réjouis soient honteusement qu'un adver*
saire eût été frappé dans la personne de son fils, font taire
im moment leur haine.
L'affaire est, maintenant, ni plus ni moins, une affaire
d'honneur pour la France.
GAZETIE DE LAUSANNE
COmiKCliS DE FAUX TÉBQIGHAGE ET OBJETS D'UNE PLAINTE EN ASSASSINAT
Quatre bandits
demeurent en fonctions
La phrase de la Gazette de Lausanne
t — qui n'est certes pas de notre bord •—
est significative, et le gouvernement en
comprendra toute la portée. Parlant de
.l'assassinat de Philippe, le grand journal
suisse écrit ceci : « L'affaire est main
tenant, ni plus ni moins, une affaire
d'honneur pour la France ».
Or, le 27 janvier dernier, j'ai déposé,
entre les mains du doyen des jugés d'ins
truction, une plainte formelle et nomi
nale en meurtre et comj icité de meur
tre, contre lea cinq individus — dont
quatre hauts fonctionnaires de la Sûreté
générale, — ci-dessous désignés :
Colombo Joseph, commissaire de po
lice mobile à la Sûreté générale, 132, rue
Legendre, à Paris ; ,
Le Flaoutter Pierre, ancien libraire, 46,
boulevard Beaumarchais, à Paris ; dont
la dernière résidence connue est avenue
Ledru-Rollin, 113 ;
Lannes Auguste, contrôleur général à
la Sûreté'générale, 38, boulevard Richard-
Lenoir ;
Marlier Louis, ancien directeur de la
Sûreté générale, actuellement préfet de
la Corse ;
Delange Louis, contrôleur général des
Recherches judiciaires à la Sûreté géné
rale, 12, rue Camou.
Cette plainte a révélé «un.certain
flottement judiciaire» sur des questions
. de compétence ou d'incompétence, qui
ne sont, en somme, que subsidiai
res, quant au fond. Le fond c'est que,
las de voir les fonctionnaires assas
sins de mon fils ne pas porter plainte
contre moi, et fuir devant moi ; las de
voir un juge, M. Barnaud, se refuser à
les confronter et à les confondre et favo
riser leur fuite, je me suis décidé à pour
suivre, moi, ces quatre scélérats et faux
témoins devant la Justice de mon pays.
Tontes tentative die les couvrir, ces quatre
scélérats, par un artifice de procédure
quelconque, serait inconcevable, et ne
saurait être supposée sans injure. Non
seulement elle ferait la preuve qu'on
redoute, au gouvernement, la lumière et
qu'on se rend ainsi complices des bour
reaux de mon petit garçon. Mais encore
elle échouerait de façon misérable, pour
une raison de droit, et pour trois raisons
de fait, au moins, sans compter le sur
saut de l'opinion.
En pareille circonstance, la., première
chose à faire, pour un ministre soucieux
de son devoir* est de faire comprendre
aux intéressés — et inculpés -r- qu'ils
doivent résigner temporairement leurs
fonctions pour le temps de l'instruction
qui va s'ouvrir. C'est ce qui fut fait,' ré
cemment, pour un préfet accusé d'un
méfait, d'un vol, reconnu, depuis, inexis
tant. Le bon sens indique que Marlier
ne saurait demeurer préfet de la Corse,
prendre des arrêtés etc., ni Lannes, ni
Delange contrôler toute la police de
France, ni Colombo instrumenter, tant
qu'ils sont sous le coup d'une accusation I
capitale, et de quel calibre ! En outre,
en les maintenant en fonctions,' le gou
vernement se donne l'air de prendre parti
dans une affaire de Justice, avant même
qu'elle ne soit instruite. Il dit au nouveau
juge d'instruction: «J'attache si peu
d'importance aux accusations formelles
de M. Daudet, que je conserve leurs em»
plois à ceux qu'il accuse ».
En bon français, le gouvernement, s'il
persistait dans cette attitude, se ferait le
compère — je ne dis pas « le complice »,
mais ce serait presque l'équivalent —
des assassins. H tenterait, au détriment
de la Justice, un suprême effort en leur
faveur. C'est d'ailleurs ce que fait Chau-
temps quand, sans connaître le dossier
de ^affaire, et sur la foi d'un « barnau-
dage » quelconque, il dit aux directeurs
de jflurnaux de Paris : «Mettez la sour
dine. M. Daudet n'a aucune preuve de
ses accusations ». Je ne comprendrai
jamais pourquoi Chautemps veut abso
lument lier son sort , à celui des deux
sinistres pleutres, qui ont nom Millerartd
et Poincaré.
Espère-t-il, sur la foi de M. René Re-
noult, qu'on pourra, par un artifice de
procédure, couvrir Marlier, Lannes, De
lange et Colombo ? Quelle folie ! J'au
rai toujours dix moyens pour un de traî-
• ner, finalement, devant les tribunaux,
quatre misérables, Qui avouent , en se
sauvant ainsi devant moi.
Eepère-t-on me lasser ? Ce serait mal
me connaître et je ne pense pas que per
sonne retombe, à mon endroit, deïig Ter
reur de M. Barnaud. J'ai l'air, parfois de
fermer les yeux ; mais je continue à y
voir clair.
Chautemps — que j'aurais cru plus
fin — a tort de croire qu'on gouverne
contre le bon sens. C'est maiiqser de bon
sens, d'abord, que de maintenir à leurs
postes, qui sont des postes do haute con-
» fiance et d'action, un Marlier, un Delan
ge, un Lannes, un Colomb^. Ce n'est pas
LA FOfSTi'pS
seulement indigne. C'est niais. Je n'igno
re pas que ces quatre assassins mobili
sent des parlementaires, dont on cite les
noms, pour harceler, en leur faveur, les
ministres. Mais ces parlementaires, eux
aussi, regretteront grandement, et avant ]
peu, d'être intervenus en faveur d'aussi !
sanglantes canailles, de criminels aussi
avérés.
Si Chautemps connaissait le dossier,
s'il ne s'en fiait pas aux « barnaudages s>
dont je parlais tout à l'heure, il serait
épouvanté de la responsabilité qu'il'con
tinue d'encourir gratuitement. S'il ne me
croit pas, moi, qu'il fasse venir une com
pétence notoire au point de vue du
droit administratif, un as quelconque, et
qu'il lui demande si le raisonnement que
je lui tiens n'est pas juste, si une accusa
tion nominale et capitale, ne le contraint
pas à rendre momentanément leur «li
berté» aux quatre hauts fonctionnaires,
dont un préfet, qui en sont l'objet.
Qu'il consulte au besoin Poincaré,
puisque, bien que ministre du Cartel, il
a la superstition du Tartufe-Brid'oison
qui répond au nom de Poincaré.
Pendant un an, aux correspondants,
connus et inconnus, qui lui reprochaient
son attitude passive dans une affaire inté
ressant « l'honneur de la France », ou,
du moins, « l'honneur de la Républi
que », Poincaré a constamment répondu :
« Si M. Daudet, que la douleur aveugle,
« croyait réellement que Marlier, Lan
« nés, etc... ont tué, ou fait tuer, son fils,
« il les poursuivrait nominalement. Cela,
« il ne le fait pas. » Les scribes de Poin
caré, ses créatures, disaient comme lui.
En réalité, j'attendais mon heure et, con-<
fiant dans la Providence, les preuves que
je possède aujourd'hui. En outre je dé
sirais voir clair dans le jeu de M. Bar
naud et dans sa volonté de poursuivre
le crime.
Mais, aujourd'hui, je fais ce que Poin
caré croyait que je ne-ferais pas. J'ac
cuse directement de meurtre et de corn
plicité son cher beau-frère et ses com
plices, Marlier, Flaoutter, Gruffy, Co |
loinbo, Delange. Or, plus que jamais
Marlier, Lannes, Delange, Colombo de
meurent tapis et muets,. implorant, des-
pouvoirs publics, un permis de continuer :
à tuer dans l'exercice de leurs sanglantes
fonctions, et à tuer, notamment, des
enfants... ce qu'en argot de police, on
appelle un condé. '
Voilà donc quatre horribles scélérats,
ruisselants du sang d'un pauvre petit
garçon, et faux témoins par-dessus le
marché, qui n'ont plus d'abri que dans
une fonction qu'ils déshonorent, que dans
un ministre qui ne veut pas voir qu'il va
se perdre, en cherchant, vainement , à
les sauver.
Léon DAUDET.
X La République continue
La fantasia patriotique mimée en deux
temps par M. Herriot entre la tribune et
le banc des ministres n'aura pas été sans
résultat ; depuis deux jours, pour faire
oublier l'incartade, le Cartel reprend son
chœur démagogique une octave plus haut.
M. Herriot, absous par les socialistes,
doit, en effet, leur prouver, sans retard
la fermeté dé son propos, et les feuilles à
sa dévotion, mieux à l'aise-encore puis
qu'elles ne sont point responsables du
fâcheux discours, doivent s'appliquer à
ranimer les erreurs nécessaires.
Ne nous étonnons donc point d'assister
à un renouveau de socialisme à l'intérieur
et de germanisme à l'extérieur. L'Ere nou
velle, par exemple, perd toute pudeur
dans ses billets à M. Luther, chancelier
monarchiste :
Ce qui frappe particulièrement dans le
discours du chancelier, c'est la sérénité
et F indépendance dès vues - qui y sont
exposées. Les sceptiques diront que c'est
là simplement ane tactique et même une
tactique dangereuse.
Qu'importe, .si elle nous permet d'amor
cer des pourparlers !.~
dé temps en temps, deviner l'un de leurs)
gestes. Tout le monde a lu, dans les jour-
naus d'avant-hier, cette simple nouvelle :
Pans la nuit de lundi à mardi, des mal
faiteurs se sont introduits par effraction
dans le magasin de M. Faure, armurier,
18, rue d'Algérie, à Lyon, et ont fait main
basse sur 130 revolvers ou pistolets auto
matiques, d'une valeur de 25.000 francs.
Ils ont choisi de préférence les armes les
plus perfectionnées, du modèle le plus
récent.
Déjà, en novembre dernier, le magasin
de M. Verney-Caron, armm-ier, rue des
Archers, à Lyon, - fut dévalisé dans des
conditions analogues, et peut-être par les
mêmes individus, que la police cherche
encore.
. Vol banal, dira-t-on. Pourquoi soupçon
ner les communistes ? Un ami nous com
munique à ce propos de bonnes réflexions:
d'abord,v la matière du vol n'est guère
« marchande » , : des malfaiteurs ordi
naires ne s'attaquent guère à des àrrau-
riers. On sait, au contraire, quel intérêt
attachent à ces sortes de magasins les di
verses circulaires communistes qui ont
été récemment publiées. Puis le prix
moyen indiqué par l'armurier volé".(25.000
Et le. Quotidien, misant sur l'autre i a- ^ -çivisé par 130 donne 192 francs) corres-
eau, promet à l'Allemagne que, le jour j pond au browning 7,65, arme de combat ;
- 1 " 1 J 1_„ fi 5C Ai
bleau, r _ _
où elle, se donnerait un chancelier modéré,
€ ce ne sont pas des avertissements que
la France lui ferait entendre ».
En même temps, majorité et ministère
hâtent leur dessein "de déposséder les
Compagnies de chemins de fer. Le gou
vernement pose fièrement la question de
confiance. L 'Ere nouvelle injurie frénéti
quement Mgr Ruch. Tout va bien. M. Her
riot est sans doute tout joyeux de s'en
tirer à si bon compte et, de longtemps, il
n'osera plus ruer dans le brancard.
II. M. Treint
à l'affût d'une occasion
LE SERVICE POUR MONSEIGNEUR
LE DUC DE MONTPENSIER
Un service: de bout de Van pour le repos
de l'âme de S.AJÎ. Monseigneur le Duc de
Montpensier a été célébré jeudi en la cha
pelle de la Compassion, à Neuilly.
LL. AA. 11. et RR. le Prince et la Prin
cesse Pierre d'Orléans-Bragance et S.A.R.
la Princesse Maria-Pia d'Orléans-Bragan
ce conduisaient le deutl et ont reçu à la
sortie les hommages des nombreux assis
tants.
EN FUITE AVEC LA CAISSE
La receveuse des postes emmène
sa fille et... 20.000 francs.
Versailles, 31 janvier. — Sur mandat
du parquet de Corbeil, la 1™ brigade mo
bile recherche Mme Lanné, receveuse du
bureau de poste d'Epinay-sur-Orge, dis
parue depuis le 29 janvier, ainsi que sa
fille, surnuméraire au même bureau.
Mme Lanné, en falsifiant ses écritures,
s'était emparée, à plusieurs reprises, de
diverses sommes à elles confiées; les vols
furent découverts au cours d'une inspec
tion, et le fonctionnaire chargé de cette
inspection, déclara à la malhonnête rece
veuse qu'il rédigerait un rapport.
Mme Lanné, pour éviter l'arrestation
inévitable, prit alors la fuite, emmenant
sa fille et emportant une somme de 20.000
francs que contenait la caisse.
AUJOURD'HUI EN PAGE 3 ET 4 i
L'Action française
économique et sociale
Le bolchevisme financier
gouvernemental
par Georges VALOIS
Les condiSh&a de salut
' pour les cbvmins de fer
par PERSPiaO
Où en est le projet de révolution
moscovite ?
par Pierre DUMAS
et la Chronique de l'Union
des corporations françaises
Xe Bulletin communiste était, en son
temps, d'une lecture réjouissante. Les
Cahiers du Bolchevisme, plus prétentieux
dans leur appareil de revue, sont propre
ment soporifiques. Rapports d'étrangers
qui ne savent pas le français et qui font
;de grandes phrases, épaisses tartmeS" de
théorie rance, tout y rebute les lecteurs
à qui manque la foi. et peut-être ceux
qu'elle illumine... Par extraordinaire, ce
pendant, le dernier des Cahiers nous a
récompensés ..de notre constance. .
' Tout le monde a remarqué le change
ment' de tactique d p l'ffafo anfté depu is
l'àlêrte. dé NoëL ïes -ïïénpncialions de là
presse patriote, les tardives mesures mili
taires imposées, par l'opinion au gouver
nement avaient rendu le coup de main
impossible, et ces messieurs de l'état-
major communiste , avaient dû remiser les
«mots d'ordre» enflammés. Bien vite, la
presse bourgeoise," honteuse de son inquié
tude de la veille,'a fait, le silence : il h ? y
a plus de péril communiste, disait-elle ;
il n'y en a peut-être jamais eu...'
Les bons bourgeois se trompent. L'état-
major communiste veille, prêt à saisir une
occasion d' « action immédiate »; Mieux :
dans le dernier Cahier, le « capitaine »
Treinfc confesse que. l'état-major . dont il
fait partie a déjà laissé échapper, depuis
décembre, une de ces occasions. Voici la
critique de M. Treint:
Quand la lutte anticommuniste s'est
atténuée, il aurait fallu de suite, tout en
maintenant ces mots d'ordre d'orientation,
mettre au premier plan des mots d'ordre
susceptibles de grouper les masses pour
l'action immédiate dans uiie atmosphère
déjà moins chargée d'électricité politique.
Nous avons changé notre tactique hait
jours après que la situation était changée.
Nous avons maintenu au premier plan
une semaine de trop des mots d'ordre qui
ne convenaient qiien période de haute
température politique.
Aussi, pendant quelques jours, nous nous
sommes trouvés incompris et éloignés des
masses qui avaient tendance à sympathie
ser avec nous. ,, ;
C'est une semaine trop tard que nous
avons lancé les mots d'ordre convenables
dans la nouvelle situation :
Pour les huit heures, pour Vaugmenta
tion des salaires t
Contre les expulsions d'ouvriers étran
gers /
Pour le libre fonctionnement des syn
dicats ! ; 'A;
Contre la colonisation de la France par
te capital étranger d'Amérique et d'Angle
terre1
Désarmement et dissolution des Ligues
fascistes. Licenciement des officiers et
fonctionnaires appartenant à ces organi
sations !
Non seulement, la direction du Parti,
mais chaque membre doit apprendre, dans
la période mouvante, et tourmentée qui
nous attend, à changer rapidement de tac
tique au fur et à mesure que change la
situation. Cette capacité de manœuvre ne
s'apprend pas seulement dans les livres,
mais aussi par la pratique. S'il est vrai que
l'expérience sans théorie ne suffit pas, il
n'en est pas moins vrai que rien ne peut
suppléer à l'expérience.
Ce curieux aveu, ces règles de conduite
prouvent assez que la pensée des chefs
communistes reste la même : à la pre
mière distraction de 1' « adversaire »,
tenter le coup qu'ils avaient cru possible
après la cavalcade Jaurès et que l'Action
française et quelques journaux patriotes
ont désorganisé à temps.
on a donc négligé les 6,35, arme de dé'
fense, - moins efficace, et toutes autres
armes réduites de poche. En troisième
lieu, qu'on remarque qu'une autre armu
rerie lyonnaise a été précédemment déva
lisée dans les mêmes conditions ; il y a
donc eu, dans ces rafles, unité de mé
thode et de commandement, sinon iden
tité de personnel. La date même du pre
mier vol est instructive: il a eu lieu en
novembre, à l'époque où, de son propre
aveu, l'état-major communiste préparait
le coup, par la suite ajourné, de décembre:
il reprend maintenant la préparation. II
n'est pas jusqu'à la donnée finale qui ne
soit inquiétante: la police cherche en
core ; c'est donc que, sur aucun des mal
faiteurs lyonnais qu'elle a pu arrêter ou
fouiller depuis novembre, elle n'a trouvé
l'un des revolvers du stock pillé ; c'est
donc que le stock n'a. pas été écoulé;
c'est donc qu'il attend d'autres tâches que
la vulgaire attaque de carrefour; c'est
donc .qu'il constitue un dépôt d'armes.
Quelques nouvelles comme celle-là don
nent un bon commentaire aux analyses
de conscience de M. Treint. Les discours
révolutionnaires sont peut-être ridicules.
Les coups de main chez l'armurier ne le
sont point.
' ' ' ' —INTERIM
L'œuvre de Sarraiî en Syrie
. La suspension du journal l'Orient
On sait que l 'Orient journal politique qui
paraît à Beyrouth, vient d'être suspendu
pour deux mois par ordre du général Sar
raiî. Le général politicien, dont le Cartel
à, fait ; un haut commissaire en Syrie, a
donné comme prétexte de cette suspen
sion que l'Orient avait reproduit l'article
fue l'Action française a publié sur l'aban-
on du Haut-Djezireh- Les représentants
du gouvernement de M. Herriot ont en vé
rité une façon singulière de comprendre
la liberté de la presse! D'ailleurs, ce mau
vais prétexte n'a été inventé que pour
masquer la véritable raison : l'Orient était
coupable d'avoir protesté contre la mise
à pied du général Vandenberg. Le gouver
neur du Grand-Libai., trop aimé de s s
administrés qui réclamaient son main
tien .
On verra plus loin qu'à la Chambre,
le gouvernement a reconnu les « fautes »
les « maladresses » du général Sarraiî,
Alors -pourquoi ce tyranneau n'est-il pas
déjà rappelé ? Il a déjà fait du beau tra
vail en moins d'un mois ! Attend-on qu'il
ait achevé de nous aliéner complètement
la Syrie ?..
L'assassinat
de Philippe Daudet
Un article de l'abbé Bcrgcy
Sous le titre Autour d'un cadavre, M.
l'abbé Bergey, député de la Gironde, pu
blie dans la Liberté du Sud-Ouest l'émou
vant article qui suit :
J'aurais voulu saluer plus tôt le grave
et superbe discours de M. Marin. Les dé
bats — non moins graves —jsur l'ambas
sade au Vatican m'en ont empêché. Et,
aujourd'hui même, je dois m'arrêter de
vant un problème plus tragique encore.
Les hommes de tous partis sont penchés
depuis des mois sur le cadavre d'un en
fant de quinze ans. Ils se demandent dou
loureusement si Philippe Daudet s'est
suicidé ou s'il fut assassiné par la police
gouvernementale.
La thèse officielle affirme le suicide. Dès
les premiers jours, un père et une mère
écrasés de douleur, mais énergiques et
clairvoyants sous l'affreuse catastrophe,
affirment le meurtre.
La question, on le comprend, dépasse
de beaucoup les limites — si respectables
soient-elles — d'un drame familial. Il ne
s'agit de rien de moins que de savoir si,
pour atteindre, pour tuer moralement le
redoutable polémiste qu'est M. Léon Dau-
det, on a, oui ou non, brûlé la cçrvelle à
son pauvre petit.
A quelque parti qu'on appartienne, on
ne peut demeurer indifférent au redouta
ble problème. Et ce n'est point parce que
M. Léon Daudet est un des leaders de
l'Action française que nous excuserons
ceux qui passent sous silence une semblv
ble affaire.
C'est, en effet, pour chacun de nous, une
question de sécurité individuelle et de sa
lubrité publique- '
Les plus indifférents en apparence, par
peur ou consigne, sont obligés de recon
naître que les circonstances qui entourent
la disparition du jeune Philippe Daudet
sont profondément « troublantes ».
Nous allons, dès aujourd'hui, plus loin
Ce que nous trouvons troublant, c'est la
sérénité par trop inactive de l'instruction
officielle.
D a fallu que M. Léon Daudet, refoulant
au fond de son cœur une douleur que l'on
devine, entreprit, lui-même son enquête,
Je ne sais pas de spectacle plus effroya
ble que celui de ce père penché, chaque
jour, sur le cadavre sanglant de son fils,
le scrutant anxieusement pour lui arracher
son effroyable secret. Et ce fut la glane
patiente, inexorable, décisive, de mille dé
tails, qui semblent maintenant former une
gerbe assez importante pour que le silence
— même officiel — ne soit plus possible
« Philippe Daudet a été assassiné. »
•p] O lï O
LES FAITS DU JOUR
III. Coup demain
chez l'armurier
Un tel dessein suppose un armement
tout prêt, un plan de campagne précis :
les communistes savent bien, depuis leur
récente expérience, que l'alarme sera vite
donnée. Même au fort de la crise écono
mique qu'ils prévoient, ils savent bien que
leurs préparatifs visibles devront être ex
trêmement brefs, et réduits au strict iné
vitable. Aussi profitent-ils de ces semaines
de répit pour compléter leurs dépôts
d'armes. Ils le font prudemment. Non pas
si prudemment, toutefois, qu'on ne puisse,
— Une violente tension diplomatique vient
de se produire entre la Grèce et la Turquie.
- L'Allemagne maintient ses exigences
dhns ses négociations économiques avec la
France.
A notre confrère Jean Bernard, qui a ouvert
•une enquête sur les débuts de nos littérateurs
célèbres, M. François de Curel a rappelé que c'est
à l'influence et sur le conseil de Charles Maurra:
qu'il dut d'écrire pour le théâtre. II se croyait,
en effet, tout d'abord doué pour le roman.
« Pour moi, dit-il, qui manquais absolument de
conseil, il fut bien difficile de trouver la vraie
voie. De fait, j'y mis plusieurs années. J'écrivis
quelques romans insignifiants et je me rendais
compte moi-même de leur insuffisance. Néanmoins,
ils ne furent pas tout à fait inutiles puisqu'ils
m'aidèrent à me créer uu style et qu'ils m'appri
rent à composer. Mais, ce n'est que fort tard que
j'y réussis pleinement. Alors j'étais tristement dé
couragé.
« C'est à ce moment qu'il parut sur mon roman
Le Sauvetage du Grand-Duc, un article de M. Mâur-
ras. Celui-ci, pour ne pas me laisser sans un mot
d'encouragement, relevait que, dans mon dialogue,
il y avait de la vie et de'la verve. Et il terminait
son article, non sans une pitié, m al celée, par
cette exclamation : « A la scène, Monsieur de
Curel, à la scène! »
« Jusqu'à ce moment je n'avais pas écrit le
plue petit drame ni ébauché la plus petite comé
die'; et voici que l'article de M. Maurras me don
nait soudain l'envie d'écrire pour le théâtre. »
Il écrivit alors la Figurante dont le succès devait
être considérable et qu'allaient suivre tant d'œu-
vres robustes et originales.
Il avait été déjà fait mention du fait-que vient
de rappeler M. François de Curel, lors de la ré
ception de celui-ci à l'Académie française, par
M. Emile Boûtroux, le 8 mai 1919./
« Il a été assassiné par la police gou
vernementale. »
« D'importantes protections ont couvert
les assassins. »
Telles sont les graves conclusions que
l'on trouve, à Paris, sur toutes les lèvres,
Le Quotidien lui-même ne peut plus se
taire. Dans son numéro de lundi dernier,
il se déclare à son tour profondément
« troublé » et veut qu'on fasse « toute la
lumière...
Quand on sait que le Quotidien est lç
confident ou — selon les circonstances —
l'inspirateur impérieux des pensées gou
vernementales, ce son de cloche annonce
une phase nouvelle de la monstrueuse af
faire.
Nous reviendrons sur ce sujet.
Mais, dès maintenant, nous croyons sa
voir que notre vaillant ami Ybarnégaray
veut poser à ce sujet une question au
gouvernement- Et je ne serai point surpris
si M. Herriot répond dans un sens qui ap
puierait singulièrement les accusations
précises formulées par M. Léon Daudet.
Je n'ai pas besoin d'affirmer avec éner
gie que, dans toute notre famille de la
Liberté du Sud-Ouest, nous suivons avec
anxiété l'évolution du grand drame. Et
nous voulons que toute la lumière soit
faite. Tant pis pour ceux qui nous appa
raîtront éclaboussés du sang d'un pauvre
adolescent, martyr des opinions de son
père!
Il faut savoir —et d'urgence! — si la
« liberté d'opinion » dont l'affirmation
pare tous les discours officiels est suspen
due au revolver d'une fille publique ou
d'un policier.
On le saura.
D.-M. Bergey,
Député de la Gironde.
L'Amérique
l'Europe et l'Asie
La presse anglaise se montre inquiète de
deux sortes de faits. Ce qui se passe aa
Maroc, pour être plus local, l'occupe au
même degré que ce qui se passe en
Extrême Orient. Il est vrai que la Mêdi-
terranée:est, par Suez, le chemin du Paci
fique.
L'Espagne vient de subir un nouvel acci
dent au Maroc. Abd el Krim tient mainte
nant Raissouli entre ses mains et le «bal
con » méditerranéen est tombé ou peu s'en
faut en son pouvoir. La rive qui fait, face
à Gibraltar ner doit: pas appartenir-à une
puissance ennemie ou capable de devenir ,
ennemie '. c'est une doctrine -permanente de
l'Angleterre. Le gouvernement britannique
suit de près la situation et l'on voit renaître
l'idée d'une conférence à laquelle serait
invitée l'Italie. Par son attitude dans les
affaires de Tanger, le gouvernement; italien
montre d'ailleurs assez l'intérêt qu'il porte
à l'avenir du Maroc. ^
Mais, au fond, il s'agit toujours de-cette
espèce de pacte de garantie et de sécurité
coloniales dont M: Chamberlain.-à été
occupé dès son arrivée ; au Foreign Office
et dont il avait entretenu M. Herriot^Quand
on passe d'Afrique, en Asie (et. la transition
est en Egypte), le problème devient encore
plus sérieux. .. .. . ' . .
Il y a déjà près de deux mois, M»-Albert
Sarraut, ancien gouverneur de Undo-Chine,
demandait, avec une rare prescience; ce qui
arriveiait le jour où le Japon, à la suite
d'un accord avec les Soviets, formerait un
bloc asiatique. Alors, disait-il, l'Allemagne
ne deviendrait-elle pas la pointé avancée
de la coalition monstrueuse de tout un
monde contre l'autre ? Depuis, l'accord du
Japon et des Soviets s'est réalisé et l'appré
hension de M. Albert Sarraut se retrouve
dans les organes de la presse, anglaise, qui
reçoivent les confidences et les directions
du Foreign Office.
On ne saurait exagérer l'importance du •
jour où l'Angleterre a dénoncé son alliance
avec le Japon et, sous l'influence de ses
Dominions, a commencé à confojivfr^ sa
politiqïïe^d^Extrême Orient avec celle des
Etats-Unis. Ce jour-là, peut-être l'Amérique
a-t-elle remporté, un de ces grands succès
qui, sur le moment, sont invisibles, comme
leurs conséquences elles-mêmes. Fatale .r ou
non, inévitable ou au contraire facile à
détourner,. c'était une révolution dans les
rapports du monde blanc et du monde
jaune. ■ ■ .
Il est possible que les progrès de la
démocratie, dont le3 symptômes sont mani
festes, aient contribué à réveiller au Japon
l'idée de race et à défaire l'œuvre ~dea
iiommes d'Etat japonais qui avaient uni
leur pays à l'Europe par des tdliances.
eut-être aussi, dans l'esprit même de ces
hommes d'Etat, ces alliances n'étaient-elles
destinées qu'à leur permettre de placer le
"apon à la tête des puissances asiatiques
sans avoir à craindre un nouveau -traité de
Shimonosaki. Mais ce qui est fait"'est fait
Et ce qui est fait nous entraîne dans une
direction où nous n'aurons que : des coups
à recevoir, sur le Mékong et sur le Rhin.
C'est nous qui sommes'exposés à subir en
première ligne les effets de la politique
anglo-américàinç, ce qui devrait nous valoir,
s'ils .voient un peu plus loin que le bout de
"eurs créances, les, ménagements et même
la considération de-nos créanciers. " Car,
dans les hypothèses peu réjouissantes que
prévoit maintenant le Foreign Office coçjroe
les prévoyait hier M. Albert Sarraut, ils
auront encore besoin de nous.
Jacques BA1NVILLE.
LA PROCEDURE
Sur les réquisitions conformes de M.
Prouharam, procureur de la République,
M. Leroy, doyen \des juges d'instruction,
a signé l'ordonnance d'incompétence pré
vue. Cette ordonnance sera signifiée lundi
à Léon Daudet. Ce n'est donc pas avant
mercre.di, comme nous l'avions indiqué,
que M. le premier président Paul André
sera saisi de la plainte.
Pourquoi payer très cher bijoux et argenterie,
quand vous pouvez bénéficier des prix de gros
chez Pinson, 15, rue Lévis (de 9 lu à 12 h., ou sur
rendez-vous).
EN IRLANDE
Découverte d'un dépôt d'explosifs
Dublin, 31 janvier. — La police du gou
vernement de l'Etat libre a perquisitionné
dans une maison de Coultarf et a décou
vert dans une cave une tonne d'explosifs,
des fusils, des revolvers et des appareils
destinés à la fabrication de bombes.
Les deux locataires de cette maison
d'anciens rebelles du parti de de Valera
ont été arrêtés.
L'Action française
est maintenant
LE JOURNAL LE MOINS CHER
DE PARIS
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A LA CHAMBRE
La politique désastreuse
de Sarraiî en Syrie
Les aveux (Su gouvernement
Des deux séances de la journée d'hier,
à la Chambre, celle du matin devait être
la seule intéressante en raison des ques
tions à l'ordre du jour.
Sous la^ présidence de M. Léo Bouyssou
l'assemblée poursuit l'examen des chapi
tres du budget des Affaires étrangères. M.
de la Ferronnays, tout d'abord, obtient,
du président du Conseil, par ses inter
ventions ou questions, une série de mises
au point importantes : règlement de frais
de nos agents; crédits pour achats de li
vres dans les résidences ; crédits pour le
logement de l'ambassade de Turquie &
Paris, et celui de l'ambassade de France
à Washington ; dotations pour nos œuvres
scolaires en Syrie.
Sur le chapitre 39, comportant les cré
dits nécessaires à nos œuvres d'Orient, tut
débat du plus vif intérêt soulève la ques
tion du général Sarraiî.
M. Bire, député royaliste de la Vendée,
demande que ne soit pas abandonnée la
tradition séculaire en vertu de laquelle la
France assurait la protection des catho
liques en Orient :
— Le traité de Berlin avait reconnu ce protec
torat : après la victoire, allons-nous l'abandonner?
Le général Sarraiî, arrivant en Syrie, a déclaré ■
i «Je viens vous apporter plus de liberté». D «
Dimanche 1 er Février 1925
centimes. Ssiub bt Skibk-et-Oisb
20 centimes. Mpabteuesib st Coi/mies
ABONNEMENTS : ta it. SxHifc. MB*.
France et Colonies. 48 fr. a5 îr. i3 fr.
Etranger . . . ... 8a » Sis, aa »
Chèque postal t Compte s3.goo Paris.
OBGANE DU NATIONALISME INTÉGRAI*
« Tout ce qui est national est notre, »
- Le Duc d'OIUJÉANS
.héritier de& quarante Roîs qui en mille axis firent îaFraaca.
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Téléphona : Administration ; Louvre aS-if», aô-5o
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Après 10 heures du-soir : Ségusn-ba
Registre Commerce : Seine N* 78.583
Fondateur :
HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLESMAURI1AS — Rédacteur en chef t MAURICE PUJO
LA JUSTICE EN MARCHE ■ v v "
Qu'il Soient de droite on de gauche» tons les journaux
élèvent la voix. On spnt que la tenace lucidité de M. Léon
Daudet a vaincu toutes leurs préventions politique» et que
ceux-mêmes qui se réjouis soient honteusement qu'un adver*
saire eût été frappé dans la personne de son fils, font taire
im moment leur haine.
L'affaire est, maintenant, ni plus ni moins, une affaire
d'honneur pour la France.
GAZETIE DE LAUSANNE
COmiKCliS DE FAUX TÉBQIGHAGE ET OBJETS D'UNE PLAINTE EN ASSASSINAT
Quatre bandits
demeurent en fonctions
La phrase de la Gazette de Lausanne
t — qui n'est certes pas de notre bord •—
est significative, et le gouvernement en
comprendra toute la portée. Parlant de
.l'assassinat de Philippe, le grand journal
suisse écrit ceci : « L'affaire est main
tenant, ni plus ni moins, une affaire
d'honneur pour la France ».
Or, le 27 janvier dernier, j'ai déposé,
entre les mains du doyen des jugés d'ins
truction, une plainte formelle et nomi
nale en meurtre et comj icité de meur
tre, contre lea cinq individus — dont
quatre hauts fonctionnaires de la Sûreté
générale, — ci-dessous désignés :
Colombo Joseph, commissaire de po
lice mobile à la Sûreté générale, 132, rue
Legendre, à Paris ; ,
Le Flaoutter Pierre, ancien libraire, 46,
boulevard Beaumarchais, à Paris ; dont
la dernière résidence connue est avenue
Ledru-Rollin, 113 ;
Lannes Auguste, contrôleur général à
la Sûreté'générale, 38, boulevard Richard-
Lenoir ;
Marlier Louis, ancien directeur de la
Sûreté générale, actuellement préfet de
la Corse ;
Delange Louis, contrôleur général des
Recherches judiciaires à la Sûreté géné
rale, 12, rue Camou.
Cette plainte a révélé «un.certain
flottement judiciaire» sur des questions
. de compétence ou d'incompétence, qui
ne sont, en somme, que subsidiai
res, quant au fond. Le fond c'est que,
las de voir les fonctionnaires assas
sins de mon fils ne pas porter plainte
contre moi, et fuir devant moi ; las de
voir un juge, M. Barnaud, se refuser à
les confronter et à les confondre et favo
riser leur fuite, je me suis décidé à pour
suivre, moi, ces quatre scélérats et faux
témoins devant la Justice de mon pays.
Tontes tentative die les couvrir, ces quatre
scélérats, par un artifice de procédure
quelconque, serait inconcevable, et ne
saurait être supposée sans injure. Non
seulement elle ferait la preuve qu'on
redoute, au gouvernement, la lumière et
qu'on se rend ainsi complices des bour
reaux de mon petit garçon. Mais encore
elle échouerait de façon misérable, pour
une raison de droit, et pour trois raisons
de fait, au moins, sans compter le sur
saut de l'opinion.
En pareille circonstance, la., première
chose à faire, pour un ministre soucieux
de son devoir* est de faire comprendre
aux intéressés — et inculpés -r- qu'ils
doivent résigner temporairement leurs
fonctions pour le temps de l'instruction
qui va s'ouvrir. C'est ce qui fut fait,' ré
cemment, pour un préfet accusé d'un
méfait, d'un vol, reconnu, depuis, inexis
tant. Le bon sens indique que Marlier
ne saurait demeurer préfet de la Corse,
prendre des arrêtés etc., ni Lannes, ni
Delange contrôler toute la police de
France, ni Colombo instrumenter, tant
qu'ils sont sous le coup d'une accusation I
capitale, et de quel calibre ! En outre,
en les maintenant en fonctions,' le gou
vernement se donne l'air de prendre parti
dans une affaire de Justice, avant même
qu'elle ne soit instruite. Il dit au nouveau
juge d'instruction: «J'attache si peu
d'importance aux accusations formelles
de M. Daudet, que je conserve leurs em»
plois à ceux qu'il accuse ».
En bon français, le gouvernement, s'il
persistait dans cette attitude, se ferait le
compère — je ne dis pas « le complice »,
mais ce serait presque l'équivalent —
des assassins. H tenterait, au détriment
de la Justice, un suprême effort en leur
faveur. C'est d'ailleurs ce que fait Chau-
temps quand, sans connaître le dossier
de ^affaire, et sur la foi d'un « barnau-
dage » quelconque, il dit aux directeurs
de jflurnaux de Paris : «Mettez la sour
dine. M. Daudet n'a aucune preuve de
ses accusations ». Je ne comprendrai
jamais pourquoi Chautemps veut abso
lument lier son sort , à celui des deux
sinistres pleutres, qui ont nom Millerartd
et Poincaré.
Espère-t-il, sur la foi de M. René Re-
noult, qu'on pourra, par un artifice de
procédure, couvrir Marlier, Lannes, De
lange et Colombo ? Quelle folie ! J'au
rai toujours dix moyens pour un de traî-
• ner, finalement, devant les tribunaux,
quatre misérables, Qui avouent , en se
sauvant ainsi devant moi.
Eepère-t-on me lasser ? Ce serait mal
me connaître et je ne pense pas que per
sonne retombe, à mon endroit, deïig Ter
reur de M. Barnaud. J'ai l'air, parfois de
fermer les yeux ; mais je continue à y
voir clair.
Chautemps — que j'aurais cru plus
fin — a tort de croire qu'on gouverne
contre le bon sens. C'est maiiqser de bon
sens, d'abord, que de maintenir à leurs
postes, qui sont des postes do haute con-
» fiance et d'action, un Marlier, un Delan
ge, un Lannes, un Colomb^. Ce n'est pas
LA FOfSTi'pS
seulement indigne. C'est niais. Je n'igno
re pas que ces quatre assassins mobili
sent des parlementaires, dont on cite les
noms, pour harceler, en leur faveur, les
ministres. Mais ces parlementaires, eux
aussi, regretteront grandement, et avant ]
peu, d'être intervenus en faveur d'aussi !
sanglantes canailles, de criminels aussi
avérés.
Si Chautemps connaissait le dossier,
s'il ne s'en fiait pas aux « barnaudages s>
dont je parlais tout à l'heure, il serait
épouvanté de la responsabilité qu'il'con
tinue d'encourir gratuitement. S'il ne me
croit pas, moi, qu'il fasse venir une com
pétence notoire au point de vue du
droit administratif, un as quelconque, et
qu'il lui demande si le raisonnement que
je lui tiens n'est pas juste, si une accusa
tion nominale et capitale, ne le contraint
pas à rendre momentanément leur «li
berté» aux quatre hauts fonctionnaires,
dont un préfet, qui en sont l'objet.
Qu'il consulte au besoin Poincaré,
puisque, bien que ministre du Cartel, il
a la superstition du Tartufe-Brid'oison
qui répond au nom de Poincaré.
Pendant un an, aux correspondants,
connus et inconnus, qui lui reprochaient
son attitude passive dans une affaire inté
ressant « l'honneur de la France », ou,
du moins, « l'honneur de la Républi
que », Poincaré a constamment répondu :
« Si M. Daudet, que la douleur aveugle,
« croyait réellement que Marlier, Lan
« nés, etc... ont tué, ou fait tuer, son fils,
« il les poursuivrait nominalement. Cela,
« il ne le fait pas. » Les scribes de Poin
caré, ses créatures, disaient comme lui.
En réalité, j'attendais mon heure et, con-<
fiant dans la Providence, les preuves que
je possède aujourd'hui. En outre je dé
sirais voir clair dans le jeu de M. Bar
naud et dans sa volonté de poursuivre
le crime.
Mais, aujourd'hui, je fais ce que Poin
caré croyait que je ne-ferais pas. J'ac
cuse directement de meurtre et de corn
plicité son cher beau-frère et ses com
plices, Marlier, Flaoutter, Gruffy, Co |
loinbo, Delange. Or, plus que jamais
Marlier, Lannes, Delange, Colombo de
meurent tapis et muets,. implorant, des-
pouvoirs publics, un permis de continuer :
à tuer dans l'exercice de leurs sanglantes
fonctions, et à tuer, notamment, des
enfants... ce qu'en argot de police, on
appelle un condé. '
Voilà donc quatre horribles scélérats,
ruisselants du sang d'un pauvre petit
garçon, et faux témoins par-dessus le
marché, qui n'ont plus d'abri que dans
une fonction qu'ils déshonorent, que dans
un ministre qui ne veut pas voir qu'il va
se perdre, en cherchant, vainement , à
les sauver.
Léon DAUDET.
X La République continue
La fantasia patriotique mimée en deux
temps par M. Herriot entre la tribune et
le banc des ministres n'aura pas été sans
résultat ; depuis deux jours, pour faire
oublier l'incartade, le Cartel reprend son
chœur démagogique une octave plus haut.
M. Herriot, absous par les socialistes,
doit, en effet, leur prouver, sans retard
la fermeté dé son propos, et les feuilles à
sa dévotion, mieux à l'aise-encore puis
qu'elles ne sont point responsables du
fâcheux discours, doivent s'appliquer à
ranimer les erreurs nécessaires.
Ne nous étonnons donc point d'assister
à un renouveau de socialisme à l'intérieur
et de germanisme à l'extérieur. L'Ere nou
velle, par exemple, perd toute pudeur
dans ses billets à M. Luther, chancelier
monarchiste :
Ce qui frappe particulièrement dans le
discours du chancelier, c'est la sérénité
et F indépendance dès vues - qui y sont
exposées. Les sceptiques diront que c'est
là simplement ane tactique et même une
tactique dangereuse.
Qu'importe, .si elle nous permet d'amor
cer des pourparlers !.~
dé temps en temps, deviner l'un de leurs)
gestes. Tout le monde a lu, dans les jour-
naus d'avant-hier, cette simple nouvelle :
Pans la nuit de lundi à mardi, des mal
faiteurs se sont introduits par effraction
dans le magasin de M. Faure, armurier,
18, rue d'Algérie, à Lyon, et ont fait main
basse sur 130 revolvers ou pistolets auto
matiques, d'une valeur de 25.000 francs.
Ils ont choisi de préférence les armes les
plus perfectionnées, du modèle le plus
récent.
Déjà, en novembre dernier, le magasin
de M. Verney-Caron, armm-ier, rue des
Archers, à Lyon, - fut dévalisé dans des
conditions analogues, et peut-être par les
mêmes individus, que la police cherche
encore.
. Vol banal, dira-t-on. Pourquoi soupçon
ner les communistes ? Un ami nous com
munique à ce propos de bonnes réflexions:
d'abord,v la matière du vol n'est guère
« marchande » , : des malfaiteurs ordi
naires ne s'attaquent guère à des àrrau-
riers. On sait, au contraire, quel intérêt
attachent à ces sortes de magasins les di
verses circulaires communistes qui ont
été récemment publiées. Puis le prix
moyen indiqué par l'armurier volé".(25.000
Et le. Quotidien, misant sur l'autre i a- ^ -çivisé par 130 donne 192 francs) corres-
eau, promet à l'Allemagne que, le jour j pond au browning 7,65, arme de combat ;
- 1 " 1 J 1_„ fi 5C Ai
bleau, r _ _
où elle, se donnerait un chancelier modéré,
€ ce ne sont pas des avertissements que
la France lui ferait entendre ».
En même temps, majorité et ministère
hâtent leur dessein "de déposséder les
Compagnies de chemins de fer. Le gou
vernement pose fièrement la question de
confiance. L 'Ere nouvelle injurie frénéti
quement Mgr Ruch. Tout va bien. M. Her
riot est sans doute tout joyeux de s'en
tirer à si bon compte et, de longtemps, il
n'osera plus ruer dans le brancard.
II. M. Treint
à l'affût d'une occasion
LE SERVICE POUR MONSEIGNEUR
LE DUC DE MONTPENSIER
Un service: de bout de Van pour le repos
de l'âme de S.AJÎ. Monseigneur le Duc de
Montpensier a été célébré jeudi en la cha
pelle de la Compassion, à Neuilly.
LL. AA. 11. et RR. le Prince et la Prin
cesse Pierre d'Orléans-Bragance et S.A.R.
la Princesse Maria-Pia d'Orléans-Bragan
ce conduisaient le deutl et ont reçu à la
sortie les hommages des nombreux assis
tants.
EN FUITE AVEC LA CAISSE
La receveuse des postes emmène
sa fille et... 20.000 francs.
Versailles, 31 janvier. — Sur mandat
du parquet de Corbeil, la 1™ brigade mo
bile recherche Mme Lanné, receveuse du
bureau de poste d'Epinay-sur-Orge, dis
parue depuis le 29 janvier, ainsi que sa
fille, surnuméraire au même bureau.
Mme Lanné, en falsifiant ses écritures,
s'était emparée, à plusieurs reprises, de
diverses sommes à elles confiées; les vols
furent découverts au cours d'une inspec
tion, et le fonctionnaire chargé de cette
inspection, déclara à la malhonnête rece
veuse qu'il rédigerait un rapport.
Mme Lanné, pour éviter l'arrestation
inévitable, prit alors la fuite, emmenant
sa fille et emportant une somme de 20.000
francs que contenait la caisse.
AUJOURD'HUI EN PAGE 3 ET 4 i
L'Action française
économique et sociale
Le bolchevisme financier
gouvernemental
par Georges VALOIS
Les condiSh&a de salut
' pour les cbvmins de fer
par PERSPiaO
Où en est le projet de révolution
moscovite ?
par Pierre DUMAS
et la Chronique de l'Union
des corporations françaises
Xe Bulletin communiste était, en son
temps, d'une lecture réjouissante. Les
Cahiers du Bolchevisme, plus prétentieux
dans leur appareil de revue, sont propre
ment soporifiques. Rapports d'étrangers
qui ne savent pas le français et qui font
;de grandes phrases, épaisses tartmeS" de
théorie rance, tout y rebute les lecteurs
à qui manque la foi. et peut-être ceux
qu'elle illumine... Par extraordinaire, ce
pendant, le dernier des Cahiers nous a
récompensés ..de notre constance. .
' Tout le monde a remarqué le change
ment' de tactique d p l'ffafo anfté depu is
l'àlêrte. dé NoëL ïes -ïïénpncialions de là
presse patriote, les tardives mesures mili
taires imposées, par l'opinion au gouver
nement avaient rendu le coup de main
impossible, et ces messieurs de l'état-
major communiste , avaient dû remiser les
«mots d'ordre» enflammés. Bien vite, la
presse bourgeoise," honteuse de son inquié
tude de la veille,'a fait, le silence : il h ? y
a plus de péril communiste, disait-elle ;
il n'y en a peut-être jamais eu...'
Les bons bourgeois se trompent. L'état-
major communiste veille, prêt à saisir une
occasion d' « action immédiate »; Mieux :
dans le dernier Cahier, le « capitaine »
Treinfc confesse que. l'état-major . dont il
fait partie a déjà laissé échapper, depuis
décembre, une de ces occasions. Voici la
critique de M. Treint:
Quand la lutte anticommuniste s'est
atténuée, il aurait fallu de suite, tout en
maintenant ces mots d'ordre d'orientation,
mettre au premier plan des mots d'ordre
susceptibles de grouper les masses pour
l'action immédiate dans uiie atmosphère
déjà moins chargée d'électricité politique.
Nous avons changé notre tactique hait
jours après que la situation était changée.
Nous avons maintenu au premier plan
une semaine de trop des mots d'ordre qui
ne convenaient qiien période de haute
température politique.
Aussi, pendant quelques jours, nous nous
sommes trouvés incompris et éloignés des
masses qui avaient tendance à sympathie
ser avec nous. ,, ;
C'est une semaine trop tard que nous
avons lancé les mots d'ordre convenables
dans la nouvelle situation :
Pour les huit heures, pour Vaugmenta
tion des salaires t
Contre les expulsions d'ouvriers étran
gers /
Pour le libre fonctionnement des syn
dicats ! ; 'A;
Contre la colonisation de la France par
te capital étranger d'Amérique et d'Angle
terre1
Désarmement et dissolution des Ligues
fascistes. Licenciement des officiers et
fonctionnaires appartenant à ces organi
sations !
Non seulement, la direction du Parti,
mais chaque membre doit apprendre, dans
la période mouvante, et tourmentée qui
nous attend, à changer rapidement de tac
tique au fur et à mesure que change la
situation. Cette capacité de manœuvre ne
s'apprend pas seulement dans les livres,
mais aussi par la pratique. S'il est vrai que
l'expérience sans théorie ne suffit pas, il
n'en est pas moins vrai que rien ne peut
suppléer à l'expérience.
Ce curieux aveu, ces règles de conduite
prouvent assez que la pensée des chefs
communistes reste la même : à la pre
mière distraction de 1' « adversaire »,
tenter le coup qu'ils avaient cru possible
après la cavalcade Jaurès et que l'Action
française et quelques journaux patriotes
ont désorganisé à temps.
on a donc négligé les 6,35, arme de dé'
fense, - moins efficace, et toutes autres
armes réduites de poche. En troisième
lieu, qu'on remarque qu'une autre armu
rerie lyonnaise a été précédemment déva
lisée dans les mêmes conditions ; il y a
donc eu, dans ces rafles, unité de mé
thode et de commandement, sinon iden
tité de personnel. La date même du pre
mier vol est instructive: il a eu lieu en
novembre, à l'époque où, de son propre
aveu, l'état-major communiste préparait
le coup, par la suite ajourné, de décembre:
il reprend maintenant la préparation. II
n'est pas jusqu'à la donnée finale qui ne
soit inquiétante: la police cherche en
core ; c'est donc que, sur aucun des mal
faiteurs lyonnais qu'elle a pu arrêter ou
fouiller depuis novembre, elle n'a trouvé
l'un des revolvers du stock pillé ; c'est
donc que le stock n'a. pas été écoulé;
c'est donc qu'il attend d'autres tâches que
la vulgaire attaque de carrefour; c'est
donc .qu'il constitue un dépôt d'armes.
Quelques nouvelles comme celle-là don
nent un bon commentaire aux analyses
de conscience de M. Treint. Les discours
révolutionnaires sont peut-être ridicules.
Les coups de main chez l'armurier ne le
sont point.
' ' ' ' —INTERIM
L'œuvre de Sarraiî en Syrie
. La suspension du journal l'Orient
On sait que l 'Orient journal politique qui
paraît à Beyrouth, vient d'être suspendu
pour deux mois par ordre du général Sar
raiî. Le général politicien, dont le Cartel
à, fait ; un haut commissaire en Syrie, a
donné comme prétexte de cette suspen
sion que l'Orient avait reproduit l'article
fue l'Action française a publié sur l'aban-
on du Haut-Djezireh- Les représentants
du gouvernement de M. Herriot ont en vé
rité une façon singulière de comprendre
la liberté de la presse! D'ailleurs, ce mau
vais prétexte n'a été inventé que pour
masquer la véritable raison : l'Orient était
coupable d'avoir protesté contre la mise
à pied du général Vandenberg. Le gouver
neur du Grand-Libai., trop aimé de s s
administrés qui réclamaient son main
tien .
On verra plus loin qu'à la Chambre,
le gouvernement a reconnu les « fautes »
les « maladresses » du général Sarraiî,
Alors -pourquoi ce tyranneau n'est-il pas
déjà rappelé ? Il a déjà fait du beau tra
vail en moins d'un mois ! Attend-on qu'il
ait achevé de nous aliéner complètement
la Syrie ?..
L'assassinat
de Philippe Daudet
Un article de l'abbé Bcrgcy
Sous le titre Autour d'un cadavre, M.
l'abbé Bergey, député de la Gironde, pu
blie dans la Liberté du Sud-Ouest l'émou
vant article qui suit :
J'aurais voulu saluer plus tôt le grave
et superbe discours de M. Marin. Les dé
bats — non moins graves —jsur l'ambas
sade au Vatican m'en ont empêché. Et,
aujourd'hui même, je dois m'arrêter de
vant un problème plus tragique encore.
Les hommes de tous partis sont penchés
depuis des mois sur le cadavre d'un en
fant de quinze ans. Ils se demandent dou
loureusement si Philippe Daudet s'est
suicidé ou s'il fut assassiné par la police
gouvernementale.
La thèse officielle affirme le suicide. Dès
les premiers jours, un père et une mère
écrasés de douleur, mais énergiques et
clairvoyants sous l'affreuse catastrophe,
affirment le meurtre.
La question, on le comprend, dépasse
de beaucoup les limites — si respectables
soient-elles — d'un drame familial. Il ne
s'agit de rien de moins que de savoir si,
pour atteindre, pour tuer moralement le
redoutable polémiste qu'est M. Léon Dau-
det, on a, oui ou non, brûlé la cçrvelle à
son pauvre petit.
A quelque parti qu'on appartienne, on
ne peut demeurer indifférent au redouta
ble problème. Et ce n'est point parce que
M. Léon Daudet est un des leaders de
l'Action française que nous excuserons
ceux qui passent sous silence une semblv
ble affaire.
C'est, en effet, pour chacun de nous, une
question de sécurité individuelle et de sa
lubrité publique- '
Les plus indifférents en apparence, par
peur ou consigne, sont obligés de recon
naître que les circonstances qui entourent
la disparition du jeune Philippe Daudet
sont profondément « troublantes ».
Nous allons, dès aujourd'hui, plus loin
Ce que nous trouvons troublant, c'est la
sérénité par trop inactive de l'instruction
officielle.
D a fallu que M. Léon Daudet, refoulant
au fond de son cœur une douleur que l'on
devine, entreprit, lui-même son enquête,
Je ne sais pas de spectacle plus effroya
ble que celui de ce père penché, chaque
jour, sur le cadavre sanglant de son fils,
le scrutant anxieusement pour lui arracher
son effroyable secret. Et ce fut la glane
patiente, inexorable, décisive, de mille dé
tails, qui semblent maintenant former une
gerbe assez importante pour que le silence
— même officiel — ne soit plus possible
« Philippe Daudet a été assassiné. »
•p] O lï O
LES FAITS DU JOUR
III. Coup demain
chez l'armurier
Un tel dessein suppose un armement
tout prêt, un plan de campagne précis :
les communistes savent bien, depuis leur
récente expérience, que l'alarme sera vite
donnée. Même au fort de la crise écono
mique qu'ils prévoient, ils savent bien que
leurs préparatifs visibles devront être ex
trêmement brefs, et réduits au strict iné
vitable. Aussi profitent-ils de ces semaines
de répit pour compléter leurs dépôts
d'armes. Ils le font prudemment. Non pas
si prudemment, toutefois, qu'on ne puisse,
— Une violente tension diplomatique vient
de se produire entre la Grèce et la Turquie.
- L'Allemagne maintient ses exigences
dhns ses négociations économiques avec la
France.
A notre confrère Jean Bernard, qui a ouvert
•une enquête sur les débuts de nos littérateurs
célèbres, M. François de Curel a rappelé que c'est
à l'influence et sur le conseil de Charles Maurra:
qu'il dut d'écrire pour le théâtre. II se croyait,
en effet, tout d'abord doué pour le roman.
« Pour moi, dit-il, qui manquais absolument de
conseil, il fut bien difficile de trouver la vraie
voie. De fait, j'y mis plusieurs années. J'écrivis
quelques romans insignifiants et je me rendais
compte moi-même de leur insuffisance. Néanmoins,
ils ne furent pas tout à fait inutiles puisqu'ils
m'aidèrent à me créer uu style et qu'ils m'appri
rent à composer. Mais, ce n'est que fort tard que
j'y réussis pleinement. Alors j'étais tristement dé
couragé.
« C'est à ce moment qu'il parut sur mon roman
Le Sauvetage du Grand-Duc, un article de M. Mâur-
ras. Celui-ci, pour ne pas me laisser sans un mot
d'encouragement, relevait que, dans mon dialogue,
il y avait de la vie et de'la verve. Et il terminait
son article, non sans une pitié, m al celée, par
cette exclamation : « A la scène, Monsieur de
Curel, à la scène! »
« Jusqu'à ce moment je n'avais pas écrit le
plue petit drame ni ébauché la plus petite comé
die'; et voici que l'article de M. Maurras me don
nait soudain l'envie d'écrire pour le théâtre. »
Il écrivit alors la Figurante dont le succès devait
être considérable et qu'allaient suivre tant d'œu-
vres robustes et originales.
Il avait été déjà fait mention du fait-que vient
de rappeler M. François de Curel, lors de la ré
ception de celui-ci à l'Académie française, par
M. Emile Boûtroux, le 8 mai 1919./
« Il a été assassiné par la police gou
vernementale. »
« D'importantes protections ont couvert
les assassins. »
Telles sont les graves conclusions que
l'on trouve, à Paris, sur toutes les lèvres,
Le Quotidien lui-même ne peut plus se
taire. Dans son numéro de lundi dernier,
il se déclare à son tour profondément
« troublé » et veut qu'on fasse « toute la
lumière...
Quand on sait que le Quotidien est lç
confident ou — selon les circonstances —
l'inspirateur impérieux des pensées gou
vernementales, ce son de cloche annonce
une phase nouvelle de la monstrueuse af
faire.
Nous reviendrons sur ce sujet.
Mais, dès maintenant, nous croyons sa
voir que notre vaillant ami Ybarnégaray
veut poser à ce sujet une question au
gouvernement- Et je ne serai point surpris
si M. Herriot répond dans un sens qui ap
puierait singulièrement les accusations
précises formulées par M. Léon Daudet.
Je n'ai pas besoin d'affirmer avec éner
gie que, dans toute notre famille de la
Liberté du Sud-Ouest, nous suivons avec
anxiété l'évolution du grand drame. Et
nous voulons que toute la lumière soit
faite. Tant pis pour ceux qui nous appa
raîtront éclaboussés du sang d'un pauvre
adolescent, martyr des opinions de son
père!
Il faut savoir —et d'urgence! — si la
« liberté d'opinion » dont l'affirmation
pare tous les discours officiels est suspen
due au revolver d'une fille publique ou
d'un policier.
On le saura.
D.-M. Bergey,
Député de la Gironde.
L'Amérique
l'Europe et l'Asie
La presse anglaise se montre inquiète de
deux sortes de faits. Ce qui se passe aa
Maroc, pour être plus local, l'occupe au
même degré que ce qui se passe en
Extrême Orient. Il est vrai que la Mêdi-
terranée:est, par Suez, le chemin du Paci
fique.
L'Espagne vient de subir un nouvel acci
dent au Maroc. Abd el Krim tient mainte
nant Raissouli entre ses mains et le «bal
con » méditerranéen est tombé ou peu s'en
faut en son pouvoir. La rive qui fait, face
à Gibraltar ner doit: pas appartenir-à une
puissance ennemie ou capable de devenir ,
ennemie '. c'est une doctrine -permanente de
l'Angleterre. Le gouvernement britannique
suit de près la situation et l'on voit renaître
l'idée d'une conférence à laquelle serait
invitée l'Italie. Par son attitude dans les
affaires de Tanger, le gouvernement; italien
montre d'ailleurs assez l'intérêt qu'il porte
à l'avenir du Maroc. ^
Mais, au fond, il s'agit toujours de-cette
espèce de pacte de garantie et de sécurité
coloniales dont M: Chamberlain.-à été
occupé dès son arrivée ; au Foreign Office
et dont il avait entretenu M. Herriot^Quand
on passe d'Afrique, en Asie (et. la transition
est en Egypte), le problème devient encore
plus sérieux. .. .. . ' . .
Il y a déjà près de deux mois, M»-Albert
Sarraut, ancien gouverneur de Undo-Chine,
demandait, avec une rare prescience; ce qui
arriveiait le jour où le Japon, à la suite
d'un accord avec les Soviets, formerait un
bloc asiatique. Alors, disait-il, l'Allemagne
ne deviendrait-elle pas la pointé avancée
de la coalition monstrueuse de tout un
monde contre l'autre ? Depuis, l'accord du
Japon et des Soviets s'est réalisé et l'appré
hension de M. Albert Sarraut se retrouve
dans les organes de la presse, anglaise, qui
reçoivent les confidences et les directions
du Foreign Office.
On ne saurait exagérer l'importance du •
jour où l'Angleterre a dénoncé son alliance
avec le Japon et, sous l'influence de ses
Dominions, a commencé à confojivfr^ sa
politiqïïe^d^Extrême Orient avec celle des
Etats-Unis. Ce jour-là, peut-être l'Amérique
a-t-elle remporté, un de ces grands succès
qui, sur le moment, sont invisibles, comme
leurs conséquences elles-mêmes. Fatale .r ou
non, inévitable ou au contraire facile à
détourner,. c'était une révolution dans les
rapports du monde blanc et du monde
jaune. ■ ■ .
Il est possible que les progrès de la
démocratie, dont le3 symptômes sont mani
festes, aient contribué à réveiller au Japon
l'idée de race et à défaire l'œuvre ~dea
iiommes d'Etat japonais qui avaient uni
leur pays à l'Europe par des tdliances.
eut-être aussi, dans l'esprit même de ces
hommes d'Etat, ces alliances n'étaient-elles
destinées qu'à leur permettre de placer le
"apon à la tête des puissances asiatiques
sans avoir à craindre un nouveau -traité de
Shimonosaki. Mais ce qui est fait"'est fait
Et ce qui est fait nous entraîne dans une
direction où nous n'aurons que : des coups
à recevoir, sur le Mékong et sur le Rhin.
C'est nous qui sommes'exposés à subir en
première ligne les effets de la politique
anglo-américàinç, ce qui devrait nous valoir,
s'ils .voient un peu plus loin que le bout de
"eurs créances, les, ménagements et même
la considération de-nos créanciers. " Car,
dans les hypothèses peu réjouissantes que
prévoit maintenant le Foreign Office coçjroe
les prévoyait hier M. Albert Sarraut, ils
auront encore besoin de nous.
Jacques BA1NVILLE.
LA PROCEDURE
Sur les réquisitions conformes de M.
Prouharam, procureur de la République,
M. Leroy, doyen \des juges d'instruction,
a signé l'ordonnance d'incompétence pré
vue. Cette ordonnance sera signifiée lundi
à Léon Daudet. Ce n'est donc pas avant
mercre.di, comme nous l'avions indiqué,
que M. le premier président Paul André
sera saisi de la plainte.
Pourquoi payer très cher bijoux et argenterie,
quand vous pouvez bénéficier des prix de gros
chez Pinson, 15, rue Lévis (de 9 lu à 12 h., ou sur
rendez-vous).
EN IRLANDE
Découverte d'un dépôt d'explosifs
Dublin, 31 janvier. — La police du gou
vernement de l'Etat libre a perquisitionné
dans une maison de Coultarf et a décou
vert dans une cave une tonne d'explosifs,
des fusils, des revolvers et des appareils
destinés à la fabrication de bombes.
Les deux locataires de cette maison
d'anciens rebelles du parti de de Valera
ont été arrêtés.
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A LA CHAMBRE
La politique désastreuse
de Sarraiî en Syrie
Les aveux (Su gouvernement
Des deux séances de la journée d'hier,
à la Chambre, celle du matin devait être
la seule intéressante en raison des ques
tions à l'ordre du jour.
Sous la^ présidence de M. Léo Bouyssou
l'assemblée poursuit l'examen des chapi
tres du budget des Affaires étrangères. M.
de la Ferronnays, tout d'abord, obtient,
du président du Conseil, par ses inter
ventions ou questions, une série de mises
au point importantes : règlement de frais
de nos agents; crédits pour achats de li
vres dans les résidences ; crédits pour le
logement de l'ambassade de Turquie &
Paris, et celui de l'ambassade de France
à Washington ; dotations pour nos œuvres
scolaires en Syrie.
Sur le chapitre 39, comportant les cré
dits nécessaires à nos œuvres d'Orient, tut
débat du plus vif intérêt soulève la ques
tion du général Sarraiî.
M. Bire, député royaliste de la Vendée,
demande que ne soit pas abandonnée la
tradition séculaire en vertu de laquelle la
France assurait la protection des catho
liques en Orient :
— Le traité de Berlin avait reconnu ce protec
torat : après la victoire, allons-nous l'abandonner?
Le général Sarraiî, arrivant en Syrie, a déclaré ■
i «Je viens vous apporter plus de liberté». D «
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