Dix « septième aimée « N° 337j
9
Marcli 2 DéoemEre 1924;
4 S centimes. S bihe et S eihi-bt- O isb
ZO centimes. D ^pabtememis et C olories
ABONNEMENTS : Ho An. Sslbh. Inolfrâ.
France et Colonies. &8 fr. s5 fr. i3 fr»
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Chèque postal t Compta s 3.900 Paris.
Oi SAXE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
t
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc ^ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la France.
JlfiDACTIOH * A DMINISTR ATÏQS I
24, rue de Home, PARIS /2?*)
Adresse télégraphique :-AGTIO>BAÏ-PÂRIS
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Fondateur s HENRI YAUGEOïS Directeurs politiques : LEON DAUDET ©t CHARLES MAURRAS —T Rédacteur en chef s MAURICE PUJO
i Si je vois un catholique, on un pro
testant, ou un Israélite troublé, molesté
dans l'exercice de son culte, moi, libre
■
penseur, je me porterai à sa défense. »
(Discours de M. Herriot à Epinal)..
Courez à Alençon, monsieur Her
riot !
Arrière, Treint !
S m 'aktïtfe quelque chose de peu ba-
pal ! ■ Je vais être traduit devant uij tribu-
|ial révolutionnaire, en compagnie du Bil
liet (de mille rands) de Raynaldy, de
jPoincaré, de Millerand, de Clemenceau
n'ai-jè ouï parler.' C'est, du moins, Albert
STreint qui me l'affirme, chaque matin,
pn tête de YHumanité et il paraît tenir
énormément à ce que cette comparution
ait lieu le plus tôt possible. Mon crime,
jaeaezvague, serait d'être un bourgeois,
donc un enpemi du marteau et de la fau
cille et, pour tout dire, un fasciste. Mais
je crois bien que c'est ce Treint rapide
et même expéditif, qui est marteau, et
qui se pousse du col de la Faucille. Il se
icroit sans doute au musée Grévin, où l'on
voit, en effet, siéger le tribunal révolu
tionnaire, avec un Fouquier-Tinville de
cire, qui ressemble précisément à feu
Henry Fouquièr,
Je commencerai par dire" à Tréihf-ek-
press, que si c'était un effet de sa bonté,
je préférerais nè pas comparaître en com
pagnie de Poincaré et de. Millerand, qui
me dégoûtent profondément, l'un et l 'au
tre, par. leur incommensurable pleutre
rie. Billiet, je l'ai vu une fqis, à la Cham
bre des députés, un jour où ce vieux far
ceur de Varenne (Alexandre), agitant sa
noire barbasse et roulant sa bosse auver
gnate, l'avait mis en cause.. 11 se cachait
en rougissant, ce bon Billiet, au fond de
la. tribune sénatoriale et ne donnait pas
l 'idée d'un grand compteur, mais d'une
espèce de robinet de bain assez embêté.
On avait plutôt envie de lui dènner deux
«ous , —- en francs-or —> que ide lui de
mander dix-mille francs. Quant à Raynal
dy, il ne donnait pas, non plus l'idée d'un
grand cbrjixîmpu ; si j'avais s,a, à d'épo
que, qu'il -était I'arrière-petiïrfils de la
Bancal, de l 'affaire Fualdès, j 'aurais fait
davantage attention à-lui. Icifbas, on ap
prend toujours les choses trop tard. Le
cher docteur Molinié, qui est de l 'Avey-
ron, aurait bien pu me prévenir. Pendant
lesi séances du comité révolutionnaire,
iïoub jiurlfcxuifs, Ilayxialtlj'-et moij de ma
dame sa grand' mère.
Restent Clemenceau et Boudoux."Il me
serait très agréable, d'être en cellule avec
Clemenceau —- ça ne m'amuserait pas
avec Cachin, un peu sombre èt suceur
de sa propre moustache, ni avec le vail
lant petit Couturier, un peu bon jeune
homme pour mon goût. J'essaierais de
persuader à Clemenceau que saint Tho
mas' d'Aquin est supérieur à Herbert
Spencer, à Kant et à Renan. Il aime, pa
raît-il, le vin blanc et le pâté de lapin.
Moi aussi. De sorte qu'en attendant le
« rrran » des fusils rouges, nous nous
expliquerions nos caractères à loisir.
Quant à Boudoux, c'est peut-être un très
gentil garçon, après tout, et je ne vais
pas, pour faire plaisir à Treint, le calom
nier. Je demande seulement, par testa
ment, que Poincaré ne vienne pas faire
de discours sur ma tombe. Ça non !
Car il paraît que la colère prolétarien
ne monte, d'après Treint (des Equipages),
et cet homme irrité n'hésite pas à évo
quer un parfum célèbre pour nous en
convaincre 1 :
Un jour viendra où le prolétariat
« ira chercher ceux que vous voulez sau-
« ver. Nous les arracherons à vos com-
« missions d'étouffement parlementaires,
« pour les livrer à la justice rouge, la
« justice du prolétariat vainqueur dans
« la guerre civile. »
Albert Treint est venu me chercher,
Il m'a mis dans la chambre au bûcher~
Brrrr... qu'est-ce que je lui ai fait à ce
,Treint d'Enfer, pour vouloir mes os et
ma .peau avec cette virulence ! Je ne le
présumais pas si belliqueux. On m'avait
même raconté que, lors de la fameuse tue
rie de janvier 24, à la Grange-aux-Belles,
"—^tuerie due à l'intervention de provoca
teurs — Scoroncolo Treint n'en menait
pas large et s'était même jeté sur le plan
cher de l'estrade, de sorte qu'au premier
moment on l'avait cru mort. Mais c'est
une' simple calomnie. Il était allé organi
ser un tribunal révolutionnaire, un ef
fet de « masses » comme au billard. On
sait assez que YHumanité jongle volon
tiers avec les <2 masses », comme avec les
condamnations et les exécutions en effi
le.--C'est la feuille de Rodomont : Karl
Marx ou la mort. D'ailleurs, personne n'y
a lu. Karl ]\larx et personne n'a ja
mais pu lire'dix pages de suite de Karl
Marx ; car ce boute-feu distille un ef
frayant ennui et il donné l'impression de
l'arbitraire. Dût Treint me faire passer
devant un supplément de tribunal révolu
tionnaire, je dirai que sa critique du fca-
■ pital par Karl Marx me paraît infiniment
au-dessous de celle de Proudhon qui, elle-
même, n'est pas une merveille.
: - Comme ces bolchevistes, , ces brave!
« moscoves » — ainsi que disait Flaubert
de . Tourguenef >— sont variables et
inconsistants dans leurs opinions sur leurs
adversaires politiques !
'Au lendemain des élections du 11 mai
j'étais, selon YHumanité, anéanti, pulvé
risé, dégonflé. Xe gros Léon avait dispa*
ru, s'était évanoui en fumeë. Un dessin
me représentait, assez drôlement, sous la
forme d'un pneu éclaté. Quelques mois se
passent et, après une réunion de Luna-
Park — qui, en effet, n'était ni dégon
flée, ni même démouchetée — le gros
Léon redevient un sujet d'inquiétude, et
un accusé de tribunal révolutionnaire,
pour Treint de maison. Il faut s'enten
dre, saperlipopette ! Je demande à être
classé, de façon un peu stable, soit par
mi les inoffensifs, les inconsistants, les
disparus et anéantis, les « xiste pas »,
comme dit Judet, soit parmi les blancs
de blanc, les Cadoudal, les terreurs blan
ches. Il est infiniment désagréable d'être
ainsi ballotté du néant au tribunal ré
volutionnaire et de la sécurité bourgeoi
se au « rrrran » des fusils rouges. Com
ment travailler de mon métier dans une
pareille indécision !
La reconnaissance des Soviets, et le
transfert du drapeau rôuge au Panthéon
salué par la sonnerie « Aux champs »,
ont manifestement tourné le ciboulot de
Treint et de ses pareils. Parce que Her
riot et Blum tremblent devant eux et
leur livrent les clés de la cité — quelle
responsabilité pour ces pauvres garçons !
— les gens de YHumanité s'imaginent
qu'ils vont tout bouffer en cinq minutes
et que le3 bourgeois de Paris se laisseront
égorger comme des moutons, sur les or
dres de l'ambassadeur ICrassine.
Cest à voir. Jaurès, dès 1912, avait mis
en garde son monde contre cette antici
pation amplificatrice. Il faisait remarquer
que les jeunes bourgeois, de vingt à qua
rante ans, sont entraînés au sport, vigou
reux, animés d'un sentiment familial qui
leur rendrait difficile à supporter le mas
sacre'sous leurs yeux, de leurs mères, de
leurs femmes et de leurs enfants. Ce que
Jaurès disait en 1912 est encore bien plus
vrai en 1924, alors que le plus grand nom
bre de ces jeunes bourgeois ont fait la
guerre et savent ce qu'est le contact de
la mort violente. Tout me donne à croi
re que le jour où Treiût et Cachin pas
seront Je la- parole aux actes, -ils' trouve
ront à qui parler dans les rangs de la
"bourgeoisie et même, Dieu, me pardonne,
dans les rangs populaires. Au fond, c'est
une question d'organisation et de cadres.
Mais il n'y a pas de' comparaison à éta
blir, quant à la résistance éventuelle, en
tre la société russe de 1917 et la société
française de 1924. Si les bolchevistes dé
chaînaient la guerre civile, connue ils en
font la menace, ils en seraient très rapi
dement les mauvais marchands.
Qu'ils préparent cette guerre civile, ce
n'est pas douteux. Que le bloc de gauche
les y aide, c'est certain. Ils seront sages
de réfléchir à deux fois avant de la déclen
cher. C'est'le conseil que donne à Treint
(de déplaisir), en toute cordialité, le gros
Léon.
Léon DAUDET.
^ A POLITI QUE
•En la Chapelle de la Compassion, boule
vard de Verdun, à Neuilly, une Messe sera
r dite, le jeudi 4 décembre, à 10 heures, pour
le repos de l'âme de S.A.R. Madame la
Princesse Waldemar de Danemark et le
vendredi, 5 décembre, à la même heure,
pour le repos de l'âme de S.A.R. Monsei
gneur le Duc de Chartres.
■ <&■ ■
La conférence interalliée
des ministres des Finances
est remise
La conférence des ministres des finan
ces alliés, qui devait se tenir dans le cou
rant de ce mois, pour étudier la réparti
tion des produits de la Ruhr et des premiè
res annuités du plan Dawes, est remise au
mois de janvier. >
Le gouvernement anglais a demandé, en
effet, qu'on lui laissât quelque délai pour
étudier les revendications américaines aux
quelles, par l'accord Clémentel-Logan, la
trance, elle, a donné droit, et qui tendent,
on le sait, à imputer la créance américaine
réparations (environ 5 milliards de mar&s-
or) sur les produits du plan Dawes.
. . ■■
Un incendie détruit
l'Hôtel des Postes de Chambéry
1 Un grave incendie s'est déclaré diman
che, soir dans lés établissements dè chif
fons Cabaud, rue du Théâtre, à Chambéry,
et il a continué de faire rage pendant la
nuit entière.
Les pompiers, ont déversé des torrents
d'eau jusqu'au matin, et c'est seulement
au début de la matinée que le feu a pu
être éteint.
L'Hôtel des Postes est presque complè
tement détruit. Les sinistrés principaux
sont MM. Rostaing, propriétaire de l'hôtel
de la Poste ; Cabaud, marchand de chif
fons ; ^lariet, ébéniste ; Bocquin, Boutin
et Framagiore, propriétaires ; Pollet, me
nuisier. La plupart sont assurés.
Le pompier Heridon, en opérant le sau
vetage des archives de l'Hôtel des Postes
a eu les deux jambes brisées par «ne pou
tre enflammée.
Au cours de cet incendie; des gens sans
aveu ont profité du désarroi général pour
pénétrer dans les appartements incendiés
ou menacés et dérober tous les objets .de
valeur.
L Devant l'assaut révolutionnaire
Lille est un des points menacés par les
moscoutaires. Les cellules d'entreprises et
d'usines commencent à se multiplier. Elle.*
font également leur apparition à Roubaix
et à Tourcoing. Dans les rues, dès que la
moindre agitation apparaît, des individus
montent sur les bornes et distribuent aux
foules l'évangile nouveau. Ce qu'ils disent,
on peut s'en rendre compte par les résu
més que donne la revue de la presse, des
méthodes de la propagande enseignée.
Le mensonge à la base. Au sommet la_ ré
volution. Le tout pour aboutir à la famine,
au massacre, à une régression de mille ans.
Naturellement, les propos, répandus li
brement en plein air, ne laissent pas d'of
fusquer les citoyens qui ont quelque chose
à défendre, une famille ou une industrie,
une maisonnette ou un 'champ. L'un d'eux
signale les excitations sociales, civiles et
plus que civiles, au commissaire, central.
Savez-voùs ce que répond ce magistrat ?
— M onsieur, nous avons des ordres
pour laisser faire. <
Ordres d'Herriot, qui exécute les ordres
du cher Blum. Quoique non communiste,
Blum .est le protecteur en titre des affiliés
de Moscou. C'est-leur protecteur du dehors.
11 est là pour réclamer et obtenir qu'il ne
soit fait aucun mal aux entrepreneurs de
révolution. Si Herriot avait la moindre en
vie de défendre la société, Blum dirait et
ferait immédiatement : — Ilalte-là I
II. Ce qu'il faut faire
Donc, le gouvernement se démet et s'ef-
londre. Il n s y a pas à compter sur lui pour
la défense de l'ordre. Peut-être même est-il
permis de compter sur lui pour le trou
bler. A l'heure où la police voudrait résis
ter, il se peut que le gouvernement soit là
pour la consigner aux casernes et donner le
champ libre a l'anarchie. Nous disons les
faits tels qu'ils s'annoncent. On peut faire
les esprits forts. Mais jusqu'à un certain
point seulement. Et^ quand la poudre par
lera, il ne sera plus temps de confnbuler.
Si donc l'on veut uncrésistance efficace,
il faut l'organiser dès à présent. ■
Comment ?
Il n'y a qu'un moyen.
Se faire inscrire à Ja Ligue d'AcTioN
française.
Dans la carence de l'Etat il n'y aura
plus qu'elle, en effet.
L'Action française seule aura le moyen
d'agir, d'arrêter, de briser.
Certains disent : — Mais je ne suis pas
royaliste. ' 4
, Si vous n'êtes pas royaliste, c'est ' bieii
fâcheux; Mais il y a encore moyen, pour
vous, de tirer parti de l'expérience, de
l'organisation, de la- force de I'A ction
française . Il suffit de vous faire, inscrire
à J' A lliance d' A ction française.
Nos aliiés ne signent pas de profession
de foi royaliste, lis ne s'engagent pas à
rétablir la monarchie. Mais ils peuvent
coopérer à toutes les actions nationales
qu'ils jugeront à la hauteur de leur patrio
tisme et de le^r dévouement.
III. Que faire encore ?
Que faire encore ? Aider l'Action fran
çaise.
Aider notre propagande.
Aider notre actioh.
Le tirage utile de Y Action française ne
cesse de monter depuis le commencement
de l'année, spécialement depuis les élec
tions de mai: comme pour le recrutement
de la Ligue et de l'Alliance, nous sommes en
progrès sur toute la ligne. Accélérer ce
mouvement, nous mettre en état d'étendre
et de multiplier notre diffusion, nous
approvisionner de telles ressources que
nous puissions maintenir nos prix quand
nos confrères élèveront les leurs, ces élé
ments matériels et moraux seraient une
excellente préparation à l'effort décisif
pour l'ordre et la patrie.
Pour cela il faut de l'argent.
Qu'on nous en cherche, qu'on nous en
trouve !
Combien de sommes follement gaspil
lées pour des organes inertes ou des feuil
les mort-nées' trouveraient un placement
utile, efficace et décisif au service de ce
journal !
Et croit-on que l'action proprement dite
soit gratuite 1 Le jour où les gens de Mos
cou, ayant serré Paris, commenceront à
envahir quelque quartier excentrique, s'il
est nécessaire d'y envoyer dps cen
taines de commissaires d'Action française,
croit-on qu'il soit indifférent d'avoir ou
de n'avoir pas en location ou en propriété
les camions, l'huile, le garage, enfin lo
matériel de transport indispensable? Il est
devenu banal de redire que la guerre ci-'
vile a le même nerf que la guerre étran
gère. Pour soutenir cet assaut que l'on
livre à la civilisation française et pa
risienne, il faut un peu d'argent. La sa
gesse serait de ne pas attendre pour en ap
porter que tout soit menacé ou gravement
compromis !
IV. Le symbole
de ce qu'il faut défendre
Je.n'écrirai pas : que tout soit~pcrdu. J'ai
foi. J'ai confiance dans la magnifique
^civilisation de ce pays-ci. On ne le sauve-
i%«qu'en y travaillant, mais on le sauvera.
Cette race si fine, si ouverte et si agile d'es
prit, ne se laissera pas tromper par les
ruses énormes des Orientaux qui nous
envahissent. Les Français se rendent comp
te de ce qu'ils sont, de cc qu'ils ont. C'est
le fruit et la fleur de dix siècles d'efforts
bien continués.
Je lisais, hier, dans I'E clair de Montpel
lier, un article de mon ami Claude Peyras
sur la jolie et florissante ville d'Alès, la
patrie d'Arnavielle et de notre pauvre Ro
ger Brunei, et j'y trouvais un texte admi
rable. f
Genssane, que j'aime à citer pour son es-
prit d'observation, ,s'émerveillait en 1775
de l'effort obstiné, patient et pourtant jo
yeux et fructueux, des Cévenols : « Ils font,
« dit-il, éclater à la poudre la roche nue,
« portent à dos d'homme quelques paniers
« de terre dans le trou ainsi creusé, y
« plantent un olivier ou un mûrier, et s'en-
« richissent de sa récolle, forçant en quel-
« que sorte les roches à se prêter à leur
« travail. »
Ces trous de mine creusés d'âfie en âge
dans la roche nue pour y verser un peu
d'humus et planter des arbres fruitiers, de
génération en génération, n'est-ce pas
une belle et douce allégorie rustique du
travail obstiné et silencieux des hommes
dignes de ce nom ? Ce mûrier, cet olivier,
^çpi'JJL- ésLJ.ûiig. à:4>QU$5£E.l Quel- effort cela ,
représente ! Quelle constance et quelle fi
délité au travail ! Il suffit de quelques
coups de hache ou d'un tison brandi pour
anéantir tous ces biens. Mais, si les esprits
enfants ne.se 1 sont pas toujours arrêtés à
cette différence entre le rythme séculaire
de la construction et la brusque consomp
tion de la ruine, notre civilisation y est
profondément sensible, et des éléments vi
goureux, jeunes, pleins d'audace et de vo
lonté,' savent que conserver et maintenir
équivaut désormais à conquérir. Ils sont
résolus à ne rien épargner et à tout oser
pour une œuvre de protection et de con
servation nationales.
V. Le docteur Maurras
Lçp jours écoulés sur l'affreuse nouvelle
publiée à çette~place mardi dernier ont été
peuplés par une telle multitude d'hom
mages d'amitié venus de tous les points
de la France, et aussi de la noble terre bel
ge, qu'il m'est impossible de ne pas redire
ici à mes correspondants combien je-leur
sais gré de leur affection généreuse. Il se
trouve qu'un certain nombre _ avaient
connu, soit pendant la guerre, soit à tra
vers nos colonies diverses, le savant, le
soldat, l'homme au grand cœur dévoué que
je pleure : leur témoignage m'est trop
«précieux, il est trop précieux à la veuve
et aux enfants du docteur Maurras pour
que j'hésite à en donner ici quelques ex
traits. On comprendra mieux- notre deuil
même après avoir lu les magnifiques états
de service parus le 25 novembre, quand on
LES CHEQUARDS
verra les termes dans lesquels un fonction
naire colonial de passage à Paris m'ex
prime son regret « du grand chirurgien et
« incomparable clinicien tombé au service
« de la France, sur une terre lointaine où
« ie souvenir de cet apôtre du bien public
1 restera impérissable dans la mémoire de
« tous les Européens et indigènes de notre
« colonie d'Extrcme-Orient».
Un prêtre qui a fait la guerre dit :
J'ai eu l'honneur de servir sous ses or
dres directs en 1918, quand il était méde
cin divisionnaire de la 2' D.C.R., comman
dée par un brave clicfj le général Henno-
que : je le vois encore, aux côtés du géné
ral, portant très beau à cheval, à Houffà-
lize, en Belgique, quand les Belges accla
maient en la personne de nos magnifiques
cuirassiers l'armée française victorieuse et
libératrice. Nous étions entrés ensemble à
Mézières et je lui avais donné l'adresse de
M. l'archiprêtre à qui il voulut dès son
arrivée faire une visite. Je suis allé dans
ses bureaux à Mayence, aux bords du
Rhin, quand nous étions là-bas « des vic
torieux». Votre frère était un homme très
supérieur. Pour moi, j'ai toujours senti
que sous l'uniforme d'adjudant que je
portais, il respectait le prêtre et je lui en
ai toujours su gré.
Un colonial revenu de loin :
C'est le cœur serré que je lis la mort si
brutale de mon-cher ami, votre frère.
■ J'en suis atterré. Je le vois encore si
brillant, lui, lorsque 'étais crevard à Sai
gon, me disant avec sa bonne humeur
coutumière : « F., elle moi le camp d'ici,
tu fais honte à la classe 92 / » Et comme
je voulais encore tenir le coup pour quel
que temps : « Va-t-en, me disait-il, tu ne
peux pas remonter le courant. Et en Fran
ce, tu pourras te rendre utile quand notre
grand jour, A nous, arrivera. » .Car nous
en parlions toujours de notre chère A. F.
« Ce . fut un grand cœur, un Français
« d'Action française dans toute l'accep-
< tion du mot. »
Autre compagnon de nos Frances
d'outre-mer, et qui parle, pense et sent en
vrai poète :
Voici plus de vingt ans que je le con
naissais ; de grands, de beaux souvenirs,
de tragiques aussi nous étaient communs.
C'est en Indo-Chine, le véritable éden de
cette planète, que nous nous étions vus
pour la première fois, -compris et aimés.
C'est là que nous avons ensemble passé
d'inoubliables soirées, dans l'odeur des
tubéreuses et des lotus. Tout n'était alors
qu'harmonie et beauté. Mais c'est surtout
durant la guerre, durant les terribles an
nées que nous avons vécues, sous la mena
ce teutonne,, que nous avons le plus pro
fondément senti, vibré ensemble. '
J'ai connu toutes les angoisses, mais aus
si -tous les espoirs, de-votre frère,-T-~ et tou-.
tes ses fiertesi Ce magnifique soldat ne se
trouvait jamais assez près de l'ennemi ;
lorsqu'il était à Epinal, il me harcelait pour
que j'allasse chaque semaine, au cabinet
du ministre de la Guerre, rappeler le désir
qu'il avait de servir au milieu de la four
naise. Ce désir fut heureusement exaucé.
Aujourd'hui, je songe avec douleur à tant
de volonté, tant de noblesse, tant de vail
lance, anéanties en un instant par une ma
ladie imprévue et brutale.
Il faudrait faire défiler les camarades
de promotion, les maîtres, les jeunes con
frères reçus toujours avec tant de bien
veillance et de discernement, les parents
des malades, les parents mêmes des pau
vres morts traités toujours avec tant de
bonté compatissante; et ceux qui ont
entendu parler de lui, de la pénétration
rapide de son diagnostic, de la hardiesse
heureuse de sa main bienfaisante ; et ceux
qui ont recueilli les échos d'une immense
popularité personnelle de Saïgon à Can
ton... Rumeur profonde et désolée qui nous
revient de toutes parts :
Il a rempli une carrière des plus brillan
tes. Un des membres de l'Institut Pasteur
me disait, un jour, au cours d'un voyage
commun au Brésil, qu'on n'avait jamais
assisté à un examen d'agrégation tel que
celui de votre pauvre frere. J'ai pu juger
aussi sur place de quelle réputation il
jouissait en Extrême-Orient.
Il ne me semble pas possible de laisser
ignorer à notre vaste famille d'Action
française les raisons, peut-être accessoires,
mais cependant vives et singulièrement
dures qui chargent le poids cruel de no
tre regret. La cendre de ce qui aurait dû
former de 1^ gloire ajoute à la douleur
une amertume qu'il devient presque im
possible d'en séparer.
Charles MAURRAS
x.Seiwep
Raynaldy, Godart, Picard , - Vive la paie... et yiye. Herriot j,
jh: O H O
LES FAITS DU JOUR
H. Chamberlain à Paris
M. Austen Chamberlain, qui se rend 4
Rome, s'arrêtera à Paris et aura, vendredi,
une conversation avec M. Herriot. Les sujets
ne manquent pas, et la sécurité de leurs
possessions coloniales est l'affaire;qui. pressa •
le plus la Grande-Bretagne et la France;
Les journaux de Londres nous appreiment-
qu'elle sera considérée entre les deux gou
vernements. Tout d'ailleurs tendait là.
L'Empire britannique est résolu , à sd*
défendre. La France défendra -t-ellô soii
Empire colonial ? il faut, en ce cas, que
la défense soit concertée, qu 'on nè prent»
pas" en Tunisie des mesures qui contredisent
celles qu'on prend en Egypte, et réciproque
ment. D'ailleurs, au Maroc, la situation à
besoin d'être examinée. Laissera -t-on gran
dir la puissance d'Abd-el-Krim ? En éva
cuant une partie de leur zone, les Espagnols
laissent « en l'air » nos propres postes. Il
y a là un état de choses qui ne peut être
abandonné au hasard et qui ne se prolon
gerait pas sans danger. Il appelle un exa
men rapide, d'où, naturellement, l'Espagne .
ne devra pas être exclue. .
D'après les mêmes informations do
Londres, M. Chamberlain étendrait encore
la conversation. C'est l'ensemble des affaires
orientales qu'il se proposerait d'évoquer
avec M. Herriot. Entretien très utile et non
moins nécessaire. La politique des deux
pays doit être mise en harmonie dans le
sens de leur? intérêts, un sens forcément
conservateur. O11 n'aboutirait à rien de
solide ni même de bon si l'on considérait
isolément ce qui se passe dans le Rif, au
Caire et à Tunis.
Les affaires orientales (c'est-à-dire Fin»
quiétude que nous pouvons avoir, l'Angle
terre, nous et les autres puissances colo- .
niales) se rapportent à l'attitude que nous
aurons aussi vis-à-vis des deux puissances
qui représentent toujours l'Orient, la Russie
et la Turquie. A cet égard, depuis plusieurs
années, on dirait que la France et l 'Angle
terre prennent plaisir à se contrarier. L'An
gleterre suscitait la malheureuse campagne
des Grecs en Asie Mineure quand nous
cherchions l'apaisement des Turcs. L'An
gleterre a reconnu les Soviets quand .iious
persistions à les ignorer et nous les recon
naissons lorsque le cabinet Bal dwin dénonce ?
le traité Rakovsky-Macdonald. Ce désaccord '
doit prendre fin.
II ne peut prendre fin que par une vue
rationnelle des choses. Il semble peu pro
bable qu'il convienne aujourd 'hui, plus que
dans le pasé, de confondre la Russie et
la Turquie. Si la France et l'Angleterre
étaient d'accord sur la conduite à tenir avec
les Soviets, on ne verrait pas les bolcheviks
porter leur effort révolutionnaire tantôt &
Londres et tantôt à Paris. Si elles' étaient
d'accord sur la conduite à tenir a^ec les
Turcs, ceux-ci ne passeraient pas de l'en»
couragement à la fureur du désespoir. Par
leur entente, la France et l'Angleterre
peuvent avoir un plan qui allie la modé
ration à la fermeté^ A condition, bien
entendu, qu'il y ait à Paris du réalisme et
non pas un funeste esprit de système. Là-
dessus; par malheur, nous n 'avons aucune
garantie. — J. B. •
L'ATTELAGE AUTOMATIQUE
DES VAGONS
— En Esthonie, une tentative d'insurrec
tion communiste a échoué.
— Un acocrd est intervenu entre les gou'
vernements anglais et égyptiens.
— La Semaine des écrivains catholiques a
commencé hier.
Deux avis valent mieux qu'un
• Après avoir consulté le bijoutier de votre choix,
venez voir les Fabricants Sirop et Pauliet, -222, rue
Saint-Martin, vous aurez probablement une agréa
ble surprise, soit pour la vente, < l'achat ou la
transformation d'un bijou. . -
AUX -ETUDIANTS
GRANDE REUNION BE RENTREE
Vendredi 5 décembre, à 8 h. 45 du soir
SALLE DES SOCIETES SAVANTES
S, rue Danton
ORATEURS :
Léon DAUDET, HeViri MASSIS, M. de ROUX
Georges; VALOIS, Bernard de VESINS
La réunion est strictement réservée aux
Etudiants. On entrera sur simple présenr
tation de la carte d'Etudiant.
\i
Les bénéfices de I^clatisme
m les petites affaires
du parti socialiste
A la faveur d'une de ces séances où, la
plupart des députés étant absents, ceux qui
sont, là se font, consciemment ou non,
complices d'une combinaison rapidement
escamotée, le parti socialiste a commencé,
l'autre jour, la réalisation d'une excellente
affaire. > ■
Une affaire préparée de longue main.
Il est depuis longtemps question de mettré
au concours différents appareils ipouï»
l'attache automatique des _ vagons. ■ Mpis,
un seul de ces appareils jouit de la fa
veur du parti socialiste : l'appareil Boi-
rault, qui appartient à une maison B., la
quelle maison soutient et subventionné
ledit parti. Avant la guerre, une commis
sion de deux francs par appareil vendu
était consentie par cette firme à la'Fédéra
tion des chemins de fer de la C. Q. T. (Bi-
degarray). Le taux de cette commission
s'est sensiblement élevé depuis lors; Aussi
M. Aubriot, du parti socialiste, M. Bidegar-
ray, de la C. G. T., n'ont-ils cessé d'interve-
nir'non seulement pour préconiser cet ap
pareil, mais pour empêcher les essais jdcs>
appareils concurrents. Essais qui auraient
été redoutables pour l'appareil Boirault,
reconnu très inférieur aux autres par tous
les techniciens de bonne foi.
Le gouvernement du Cartel, comme on
peut le penser, a fait triompher les socia
listes. Aux termes du rapport approuvé
par la Commission, il avait été prévu, cette
année, sur les crédits du réseau de l'Etat,
une somme d'un million pour des essais
de tous les concurrents. Mais le matin du
jour où ce rapport doit venir en séance
publique. (15 novembre dernier), MM. Au-
bfiot et Bidegarray se font recevoir par
M. Herriot et lui expliquent leur affaire.
M. Herriot dépêche ses instructions au
ministre, M. Peytral, et au rapporteur, M.
Candace. Et l'après-midi, l'exposé du do
cile rapporteur , nou' apprend les résul
tats de la combin:; 1 : il n'est plus
question d'essais, n d'achat ; un ap
pareil est choisi, c'ci> appareil Boirault ;
et le crédit d'un miliionj prévu pour les
essais, est transformé en un crédit de huit
millions pour établir l'appareil Boirault
9
Marcli 2 DéoemEre 1924;
4 S centimes. S bihe et S eihi-bt- O isb
ZO centimes. D ^pabtememis et C olories
ABONNEMENTS : Ho An. Sslbh. Inolfrâ.
France et Colonies. &8 fr. s5 fr. i3 fr»
Etranger...... 8a» fi» » sa»
Chèque postal t Compta s 3.900 Paris.
Oi SAXE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
t
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc ^ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la France.
JlfiDACTIOH * A DMINISTR ATÏQS I
24, rue de Home, PARIS /2?*)
Adresse télégraphique :-AGTIO>BAÏ-PÂRIS
Téléphone : Administration : Louvre a5-49,
Rédaction :• Central 75-44. Publicité : Contrai 74-77 ,
Après 10 heures daaoir : Soguv xs*o8
Registre de Commerce : Seine N* 76.582
Fondateur s HENRI YAUGEOïS Directeurs politiques : LEON DAUDET ©t CHARLES MAURRAS —T Rédacteur en chef s MAURICE PUJO
i Si je vois un catholique, on un pro
testant, ou un Israélite troublé, molesté
dans l'exercice de son culte, moi, libre
■
penseur, je me porterai à sa défense. »
(Discours de M. Herriot à Epinal)..
Courez à Alençon, monsieur Her
riot !
Arrière, Treint !
S m 'aktïtfe quelque chose de peu ba-
pal ! ■ Je vais être traduit devant uij tribu-
|ial révolutionnaire, en compagnie du Bil
liet (de mille rands) de Raynaldy, de
jPoincaré, de Millerand, de Clemenceau
STreint qui me l'affirme, chaque matin,
pn tête de YHumanité et il paraît tenir
énormément à ce que cette comparution
ait lieu le plus tôt possible. Mon crime,
jaeaezvague, serait d'être un bourgeois,
donc un enpemi du marteau et de la fau
cille et, pour tout dire, un fasciste. Mais
je crois bien que c'est ce Treint rapide
et même expéditif, qui est marteau, et
qui se pousse du col de la Faucille. Il se
icroit sans doute au musée Grévin, où l'on
voit, en effet, siéger le tribunal révolu
tionnaire, avec un Fouquier-Tinville de
cire, qui ressemble précisément à feu
Henry Fouquièr,
Je commencerai par dire" à Tréihf-ek-
press, que si c'était un effet de sa bonté,
je préférerais nè pas comparaître en com
pagnie de Poincaré et de. Millerand, qui
me dégoûtent profondément, l'un et l 'au
tre, par. leur incommensurable pleutre
rie. Billiet, je l'ai vu une fqis, à la Cham
bre des députés, un jour où ce vieux far
ceur de Varenne (Alexandre), agitant sa
noire barbasse et roulant sa bosse auver
gnate, l'avait mis en cause.. 11 se cachait
en rougissant, ce bon Billiet, au fond de
la. tribune sénatoriale et ne donnait pas
l 'idée d'un grand compteur, mais d'une
espèce de robinet de bain assez embêté.
On avait plutôt envie de lui dènner deux
«ous , —- en francs-or —> que ide lui de
mander dix-mille francs. Quant à Raynal
dy, il ne donnait pas, non plus l'idée d'un
grand cbrjixîmpu ; si j'avais s,a, à d'épo
que, qu'il -était I'arrière-petiïrfils de la
Bancal, de l 'affaire Fualdès, j 'aurais fait
davantage attention à-lui. Icifbas, on ap
prend toujours les choses trop tard. Le
cher docteur Molinié, qui est de l 'Avey-
ron, aurait bien pu me prévenir. Pendant
lesi séances du comité révolutionnaire,
iïoub jiurlfcxuifs, Ilayxialtlj'-et moij de ma
dame sa grand' mère.
Restent Clemenceau et Boudoux."Il me
serait très agréable, d'être en cellule avec
Clemenceau —- ça ne m'amuserait pas
avec Cachin, un peu sombre èt suceur
de sa propre moustache, ni avec le vail
lant petit Couturier, un peu bon jeune
homme pour mon goût. J'essaierais de
persuader à Clemenceau que saint Tho
mas' d'Aquin est supérieur à Herbert
Spencer, à Kant et à Renan. Il aime, pa
raît-il, le vin blanc et le pâté de lapin.
Moi aussi. De sorte qu'en attendant le
« rrran » des fusils rouges, nous nous
expliquerions nos caractères à loisir.
Quant à Boudoux, c'est peut-être un très
gentil garçon, après tout, et je ne vais
pas, pour faire plaisir à Treint, le calom
nier. Je demande seulement, par testa
ment, que Poincaré ne vienne pas faire
de discours sur ma tombe. Ça non !
Car il paraît que la colère prolétarien
ne monte, d'après Treint (des Equipages),
et cet homme irrité n'hésite pas à évo
quer un parfum célèbre pour nous en
convaincre 1 :
Un jour viendra où le prolétariat
« ira chercher ceux que vous voulez sau-
« ver. Nous les arracherons à vos com-
« missions d'étouffement parlementaires,
« pour les livrer à la justice rouge, la
« justice du prolétariat vainqueur dans
« la guerre civile. »
Albert Treint est venu me chercher,
Il m'a mis dans la chambre au bûcher~
Brrrr... qu'est-ce que je lui ai fait à ce
,Treint d'Enfer, pour vouloir mes os et
ma .peau avec cette virulence ! Je ne le
présumais pas si belliqueux. On m'avait
même raconté que, lors de la fameuse tue
rie de janvier 24, à la Grange-aux-Belles,
"—^tuerie due à l'intervention de provoca
teurs — Scoroncolo Treint n'en menait
pas large et s'était même jeté sur le plan
cher de l'estrade, de sorte qu'au premier
moment on l'avait cru mort. Mais c'est
une' simple calomnie. Il était allé organi
ser un tribunal révolutionnaire, un ef
fet de « masses » comme au billard. On
sait assez que YHumanité jongle volon
tiers avec les <2 masses », comme avec les
condamnations et les exécutions en effi
le.--C'est la feuille de Rodomont : Karl
Marx ou la mort. D'ailleurs, personne n'y
a lu. Karl ]\larx et personne n'a ja
mais pu lire'dix pages de suite de Karl
Marx ; car ce boute-feu distille un ef
frayant ennui et il donné l'impression de
l'arbitraire. Dût Treint me faire passer
devant un supplément de tribunal révolu
tionnaire, je dirai que sa critique du fca-
■ pital par Karl Marx me paraît infiniment
au-dessous de celle de Proudhon qui, elle-
même, n'est pas une merveille.
: - Comme ces bolchevistes, , ces brave!
« moscoves » — ainsi que disait Flaubert
de . Tourguenef >— sont variables et
inconsistants dans leurs opinions sur leurs
adversaires politiques !
'Au lendemain des élections du 11 mai
j'étais, selon YHumanité, anéanti, pulvé
risé, dégonflé. Xe gros Léon avait dispa*
ru, s'était évanoui en fumeë. Un dessin
me représentait, assez drôlement, sous la
forme d'un pneu éclaté. Quelques mois se
passent et, après une réunion de Luna-
Park — qui, en effet, n'était ni dégon
flée, ni même démouchetée — le gros
Léon redevient un sujet d'inquiétude, et
un accusé de tribunal révolutionnaire,
pour Treint de maison. Il faut s'enten
dre, saperlipopette ! Je demande à être
classé, de façon un peu stable, soit par
mi les inoffensifs, les inconsistants, les
disparus et anéantis, les « xiste pas »,
comme dit Judet, soit parmi les blancs
de blanc, les Cadoudal, les terreurs blan
ches. Il est infiniment désagréable d'être
ainsi ballotté du néant au tribunal ré
volutionnaire et de la sécurité bourgeoi
se au « rrrran » des fusils rouges. Com
ment travailler de mon métier dans une
pareille indécision !
La reconnaissance des Soviets, et le
transfert du drapeau rôuge au Panthéon
salué par la sonnerie « Aux champs »,
ont manifestement tourné le ciboulot de
Treint et de ses pareils. Parce que Her
riot et Blum tremblent devant eux et
leur livrent les clés de la cité — quelle
responsabilité pour ces pauvres garçons !
— les gens de YHumanité s'imaginent
qu'ils vont tout bouffer en cinq minutes
et que le3 bourgeois de Paris se laisseront
égorger comme des moutons, sur les or
dres de l'ambassadeur ICrassine.
Cest à voir. Jaurès, dès 1912, avait mis
en garde son monde contre cette antici
pation amplificatrice. Il faisait remarquer
que les jeunes bourgeois, de vingt à qua
rante ans, sont entraînés au sport, vigou
reux, animés d'un sentiment familial qui
leur rendrait difficile à supporter le mas
sacre'sous leurs yeux, de leurs mères, de
leurs femmes et de leurs enfants. Ce que
Jaurès disait en 1912 est encore bien plus
vrai en 1924, alors que le plus grand nom
bre de ces jeunes bourgeois ont fait la
guerre et savent ce qu'est le contact de
la mort violente. Tout me donne à croi
re que le jour où Treiût et Cachin pas
seront Je la- parole aux actes, -ils' trouve
ront à qui parler dans les rangs de la
"bourgeoisie et même, Dieu, me pardonne,
dans les rangs populaires. Au fond, c'est
une question d'organisation et de cadres.
Mais il n'y a pas de' comparaison à éta
blir, quant à la résistance éventuelle, en
tre la société russe de 1917 et la société
française de 1924. Si les bolchevistes dé
chaînaient la guerre civile, connue ils en
font la menace, ils en seraient très rapi
dement les mauvais marchands.
Qu'ils préparent cette guerre civile, ce
n'est pas douteux. Que le bloc de gauche
les y aide, c'est certain. Ils seront sages
de réfléchir à deux fois avant de la déclen
cher. C'est'le conseil que donne à Treint
(de déplaisir), en toute cordialité, le gros
Léon.
Léon DAUDET.
^ A POLITI QUE
•En la Chapelle de la Compassion, boule
vard de Verdun, à Neuilly, une Messe sera
r dite, le jeudi 4 décembre, à 10 heures, pour
le repos de l'âme de S.A.R. Madame la
Princesse Waldemar de Danemark et le
vendredi, 5 décembre, à la même heure,
pour le repos de l'âme de S.A.R. Monsei
gneur le Duc de Chartres.
■ <&■ ■
La conférence interalliée
des ministres des Finances
est remise
La conférence des ministres des finan
ces alliés, qui devait se tenir dans le cou
rant de ce mois, pour étudier la réparti
tion des produits de la Ruhr et des premiè
res annuités du plan Dawes, est remise au
mois de janvier. >
Le gouvernement anglais a demandé, en
effet, qu'on lui laissât quelque délai pour
étudier les revendications américaines aux
quelles, par l'accord Clémentel-Logan, la
trance, elle, a donné droit, et qui tendent,
on le sait, à imputer la créance américaine
réparations (environ 5 milliards de mar&s-
or) sur les produits du plan Dawes.
. . ■■
Un incendie détruit
l'Hôtel des Postes de Chambéry
1 Un grave incendie s'est déclaré diman
che, soir dans lés établissements dè chif
fons Cabaud, rue du Théâtre, à Chambéry,
et il a continué de faire rage pendant la
nuit entière.
Les pompiers, ont déversé des torrents
d'eau jusqu'au matin, et c'est seulement
au début de la matinée que le feu a pu
être éteint.
L'Hôtel des Postes est presque complè
tement détruit. Les sinistrés principaux
sont MM. Rostaing, propriétaire de l'hôtel
de la Poste ; Cabaud, marchand de chif
fons ; ^lariet, ébéniste ; Bocquin, Boutin
et Framagiore, propriétaires ; Pollet, me
nuisier. La plupart sont assurés.
Le pompier Heridon, en opérant le sau
vetage des archives de l'Hôtel des Postes
a eu les deux jambes brisées par «ne pou
tre enflammée.
Au cours de cet incendie; des gens sans
aveu ont profité du désarroi général pour
pénétrer dans les appartements incendiés
ou menacés et dérober tous les objets .de
valeur.
L Devant l'assaut révolutionnaire
Lille est un des points menacés par les
moscoutaires. Les cellules d'entreprises et
d'usines commencent à se multiplier. Elle.*
font également leur apparition à Roubaix
et à Tourcoing. Dans les rues, dès que la
moindre agitation apparaît, des individus
montent sur les bornes et distribuent aux
foules l'évangile nouveau. Ce qu'ils disent,
on peut s'en rendre compte par les résu
més que donne la revue de la presse, des
méthodes de la propagande enseignée.
Le mensonge à la base. Au sommet la_ ré
volution. Le tout pour aboutir à la famine,
au massacre, à une régression de mille ans.
Naturellement, les propos, répandus li
brement en plein air, ne laissent pas d'of
fusquer les citoyens qui ont quelque chose
à défendre, une famille ou une industrie,
une maisonnette ou un 'champ. L'un d'eux
signale les excitations sociales, civiles et
plus que civiles, au commissaire, central.
Savez-voùs ce que répond ce magistrat ?
— M onsieur, nous avons des ordres
pour laisser faire. <
Ordres d'Herriot, qui exécute les ordres
du cher Blum. Quoique non communiste,
Blum .est le protecteur en titre des affiliés
de Moscou. C'est-leur protecteur du dehors.
11 est là pour réclamer et obtenir qu'il ne
soit fait aucun mal aux entrepreneurs de
révolution. Si Herriot avait la moindre en
vie de défendre la société, Blum dirait et
ferait immédiatement : — Ilalte-là I
II. Ce qu'il faut faire
Donc, le gouvernement se démet et s'ef-
londre. Il n s y a pas à compter sur lui pour
la défense de l'ordre. Peut-être même est-il
permis de compter sur lui pour le trou
bler. A l'heure où la police voudrait résis
ter, il se peut que le gouvernement soit là
pour la consigner aux casernes et donner le
champ libre a l'anarchie. Nous disons les
faits tels qu'ils s'annoncent. On peut faire
les esprits forts. Mais jusqu'à un certain
point seulement. Et^ quand la poudre par
lera, il ne sera plus temps de confnbuler.
Si donc l'on veut uncrésistance efficace,
il faut l'organiser dès à présent. ■
Comment ?
Il n'y a qu'un moyen.
Se faire inscrire à Ja Ligue d'AcTioN
française.
Dans la carence de l'Etat il n'y aura
plus qu'elle, en effet.
L'Action française seule aura le moyen
d'agir, d'arrêter, de briser.
Certains disent : — Mais je ne suis pas
royaliste. ' 4
, Si vous n'êtes pas royaliste, c'est ' bieii
fâcheux; Mais il y a encore moyen, pour
vous, de tirer parti de l'expérience, de
l'organisation, de la- force de I'A ction
française . Il suffit de vous faire, inscrire
à J' A lliance d' A ction française.
Nos aliiés ne signent pas de profession
de foi royaliste, lis ne s'engagent pas à
rétablir la monarchie. Mais ils peuvent
coopérer à toutes les actions nationales
qu'ils jugeront à la hauteur de leur patrio
tisme et de le^r dévouement.
III. Que faire encore ?
Que faire encore ? Aider l'Action fran
çaise.
Aider notre propagande.
Aider notre actioh.
Le tirage utile de Y Action française ne
cesse de monter depuis le commencement
de l'année, spécialement depuis les élec
tions de mai: comme pour le recrutement
de la Ligue et de l'Alliance, nous sommes en
progrès sur toute la ligne. Accélérer ce
mouvement, nous mettre en état d'étendre
et de multiplier notre diffusion, nous
approvisionner de telles ressources que
nous puissions maintenir nos prix quand
nos confrères élèveront les leurs, ces élé
ments matériels et moraux seraient une
excellente préparation à l'effort décisif
pour l'ordre et la patrie.
Pour cela il faut de l'argent.
Qu'on nous en cherche, qu'on nous en
trouve !
Combien de sommes follement gaspil
lées pour des organes inertes ou des feuil
les mort-nées' trouveraient un placement
utile, efficace et décisif au service de ce
journal !
Et croit-on que l'action proprement dite
soit gratuite 1 Le jour où les gens de Mos
cou, ayant serré Paris, commenceront à
envahir quelque quartier excentrique, s'il
est nécessaire d'y envoyer dps cen
taines de commissaires d'Action française,
croit-on qu'il soit indifférent d'avoir ou
de n'avoir pas en location ou en propriété
les camions, l'huile, le garage, enfin lo
matériel de transport indispensable? Il est
devenu banal de redire que la guerre ci-'
vile a le même nerf que la guerre étran
gère. Pour soutenir cet assaut que l'on
livre à la civilisation française et pa
risienne, il faut un peu d'argent. La sa
gesse serait de ne pas attendre pour en ap
porter que tout soit menacé ou gravement
compromis !
IV. Le symbole
de ce qu'il faut défendre
Je.n'écrirai pas : que tout soit~pcrdu. J'ai
foi. J'ai confiance dans la magnifique
^civilisation de ce pays-ci. On ne le sauve-
i%«qu'en y travaillant, mais on le sauvera.
Cette race si fine, si ouverte et si agile d'es
prit, ne se laissera pas tromper par les
ruses énormes des Orientaux qui nous
envahissent. Les Français se rendent comp
te de ce qu'ils sont, de cc qu'ils ont. C'est
le fruit et la fleur de dix siècles d'efforts
bien continués.
Je lisais, hier, dans I'E clair de Montpel
lier, un article de mon ami Claude Peyras
sur la jolie et florissante ville d'Alès, la
patrie d'Arnavielle et de notre pauvre Ro
ger Brunei, et j'y trouvais un texte admi
rable. f
Genssane, que j'aime à citer pour son es-
prit d'observation, ,s'émerveillait en 1775
de l'effort obstiné, patient et pourtant jo
yeux et fructueux, des Cévenols : « Ils font,
« dit-il, éclater à la poudre la roche nue,
« portent à dos d'homme quelques paniers
« de terre dans le trou ainsi creusé, y
« plantent un olivier ou un mûrier, et s'en-
« richissent de sa récolle, forçant en quel-
« que sorte les roches à se prêter à leur
« travail. »
Ces trous de mine creusés d'âfie en âge
dans la roche nue pour y verser un peu
d'humus et planter des arbres fruitiers, de
génération en génération, n'est-ce pas
une belle et douce allégorie rustique du
travail obstiné et silencieux des hommes
dignes de ce nom ? Ce mûrier, cet olivier,
^çpi'JJL- ésLJ.ûiig. à:4>QU$5£E.l Quel- effort cela ,
représente ! Quelle constance et quelle fi
délité au travail ! Il suffit de quelques
coups de hache ou d'un tison brandi pour
anéantir tous ces biens. Mais, si les esprits
enfants ne.se 1 sont pas toujours arrêtés à
cette différence entre le rythme séculaire
de la construction et la brusque consomp
tion de la ruine, notre civilisation y est
profondément sensible, et des éléments vi
goureux, jeunes, pleins d'audace et de vo
lonté,' savent que conserver et maintenir
équivaut désormais à conquérir. Ils sont
résolus à ne rien épargner et à tout oser
pour une œuvre de protection et de con
servation nationales.
V. Le docteur Maurras
Lçp jours écoulés sur l'affreuse nouvelle
publiée à çette~place mardi dernier ont été
peuplés par une telle multitude d'hom
mages d'amitié venus de tous les points
de la France, et aussi de la noble terre bel
ge, qu'il m'est impossible de ne pas redire
ici à mes correspondants combien je-leur
sais gré de leur affection généreuse. Il se
trouve qu'un certain nombre _ avaient
connu, soit pendant la guerre, soit à tra
vers nos colonies diverses, le savant, le
soldat, l'homme au grand cœur dévoué que
je pleure : leur témoignage m'est trop
«précieux, il est trop précieux à la veuve
et aux enfants du docteur Maurras pour
que j'hésite à en donner ici quelques ex
traits. On comprendra mieux- notre deuil
même après avoir lu les magnifiques états
de service parus le 25 novembre, quand on
LES CHEQUARDS
verra les termes dans lesquels un fonction
naire colonial de passage à Paris m'ex
prime son regret « du grand chirurgien et
« incomparable clinicien tombé au service
« de la France, sur une terre lointaine où
« ie souvenir de cet apôtre du bien public
1 restera impérissable dans la mémoire de
« tous les Européens et indigènes de notre
« colonie d'Extrcme-Orient».
Un prêtre qui a fait la guerre dit :
J'ai eu l'honneur de servir sous ses or
dres directs en 1918, quand il était méde
cin divisionnaire de la 2' D.C.R., comman
dée par un brave clicfj le général Henno-
que : je le vois encore, aux côtés du géné
ral, portant très beau à cheval, à Houffà-
lize, en Belgique, quand les Belges accla
maient en la personne de nos magnifiques
cuirassiers l'armée française victorieuse et
libératrice. Nous étions entrés ensemble à
Mézières et je lui avais donné l'adresse de
M. l'archiprêtre à qui il voulut dès son
arrivée faire une visite. Je suis allé dans
ses bureaux à Mayence, aux bords du
Rhin, quand nous étions là-bas « des vic
torieux». Votre frère était un homme très
supérieur. Pour moi, j'ai toujours senti
que sous l'uniforme d'adjudant que je
portais, il respectait le prêtre et je lui en
ai toujours su gré.
Un colonial revenu de loin :
C'est le cœur serré que je lis la mort si
brutale de mon-cher ami, votre frère.
■ J'en suis atterré. Je le vois encore si
brillant, lui, lorsque 'étais crevard à Sai
gon, me disant avec sa bonne humeur
coutumière : « F., elle moi le camp d'ici,
tu fais honte à la classe 92 / » Et comme
je voulais encore tenir le coup pour quel
que temps : « Va-t-en, me disait-il, tu ne
peux pas remonter le courant. Et en Fran
ce, tu pourras te rendre utile quand notre
grand jour, A nous, arrivera. » .Car nous
en parlions toujours de notre chère A. F.
« Ce . fut un grand cœur, un Français
« d'Action française dans toute l'accep-
< tion du mot. »
Autre compagnon de nos Frances
d'outre-mer, et qui parle, pense et sent en
vrai poète :
Voici plus de vingt ans que je le con
naissais ; de grands, de beaux souvenirs,
de tragiques aussi nous étaient communs.
C'est en Indo-Chine, le véritable éden de
cette planète, que nous nous étions vus
pour la première fois, -compris et aimés.
C'est là que nous avons ensemble passé
d'inoubliables soirées, dans l'odeur des
tubéreuses et des lotus. Tout n'était alors
qu'harmonie et beauté. Mais c'est surtout
durant la guerre, durant les terribles an
nées que nous avons vécues, sous la mena
ce teutonne,, que nous avons le plus pro
fondément senti, vibré ensemble. '
J'ai connu toutes les angoisses, mais aus
si -tous les espoirs, de-votre frère,-T-~ et tou-.
tes ses fiertesi Ce magnifique soldat ne se
trouvait jamais assez près de l'ennemi ;
lorsqu'il était à Epinal, il me harcelait pour
que j'allasse chaque semaine, au cabinet
du ministre de la Guerre, rappeler le désir
qu'il avait de servir au milieu de la four
naise. Ce désir fut heureusement exaucé.
Aujourd'hui, je songe avec douleur à tant
de volonté, tant de noblesse, tant de vail
lance, anéanties en un instant par une ma
ladie imprévue et brutale.
Il faudrait faire défiler les camarades
de promotion, les maîtres, les jeunes con
frères reçus toujours avec tant de bien
veillance et de discernement, les parents
des malades, les parents mêmes des pau
vres morts traités toujours avec tant de
bonté compatissante; et ceux qui ont
entendu parler de lui, de la pénétration
rapide de son diagnostic, de la hardiesse
heureuse de sa main bienfaisante ; et ceux
qui ont recueilli les échos d'une immense
popularité personnelle de Saïgon à Can
ton... Rumeur profonde et désolée qui nous
revient de toutes parts :
Il a rempli une carrière des plus brillan
tes. Un des membres de l'Institut Pasteur
me disait, un jour, au cours d'un voyage
commun au Brésil, qu'on n'avait jamais
assisté à un examen d'agrégation tel que
celui de votre pauvre frere. J'ai pu juger
aussi sur place de quelle réputation il
jouissait en Extrême-Orient.
Il ne me semble pas possible de laisser
ignorer à notre vaste famille d'Action
française les raisons, peut-être accessoires,
mais cependant vives et singulièrement
dures qui chargent le poids cruel de no
tre regret. La cendre de ce qui aurait dû
former de 1^ gloire ajoute à la douleur
une amertume qu'il devient presque im
possible d'en séparer.
Charles MAURRAS
x.Seiwep
Raynaldy, Godart, Picard , - Vive la paie... et yiye. Herriot j,
jh: O H O
LES FAITS DU JOUR
H. Chamberlain à Paris
M. Austen Chamberlain, qui se rend 4
Rome, s'arrêtera à Paris et aura, vendredi,
une conversation avec M. Herriot. Les sujets
ne manquent pas, et la sécurité de leurs
possessions coloniales est l'affaire;qui. pressa •
le plus la Grande-Bretagne et la France;
Les journaux de Londres nous appreiment-
qu'elle sera considérée entre les deux gou
vernements. Tout d'ailleurs tendait là.
L'Empire britannique est résolu , à sd*
défendre. La France défendra -t-ellô soii
Empire colonial ? il faut, en ce cas, que
la défense soit concertée, qu 'on nè prent»
pas" en Tunisie des mesures qui contredisent
celles qu'on prend en Egypte, et réciproque
ment. D'ailleurs, au Maroc, la situation à
besoin d'être examinée. Laissera -t-on gran
dir la puissance d'Abd-el-Krim ? En éva
cuant une partie de leur zone, les Espagnols
laissent « en l'air » nos propres postes. Il
y a là un état de choses qui ne peut être
abandonné au hasard et qui ne se prolon
gerait pas sans danger. Il appelle un exa
men rapide, d'où, naturellement, l'Espagne .
ne devra pas être exclue. .
D'après les mêmes informations do
Londres, M. Chamberlain étendrait encore
la conversation. C'est l'ensemble des affaires
orientales qu'il se proposerait d'évoquer
avec M. Herriot. Entretien très utile et non
moins nécessaire. La politique des deux
pays doit être mise en harmonie dans le
sens de leur? intérêts, un sens forcément
conservateur. O11 n'aboutirait à rien de
solide ni même de bon si l'on considérait
isolément ce qui se passe dans le Rif, au
Caire et à Tunis.
Les affaires orientales (c'est-à-dire Fin»
quiétude que nous pouvons avoir, l'Angle
terre, nous et les autres puissances colo- .
niales) se rapportent à l'attitude que nous
aurons aussi vis-à-vis des deux puissances
qui représentent toujours l'Orient, la Russie
et la Turquie. A cet égard, depuis plusieurs
années, on dirait que la France et l 'Angle
terre prennent plaisir à se contrarier. L'An
gleterre suscitait la malheureuse campagne
des Grecs en Asie Mineure quand nous
cherchions l'apaisement des Turcs. L'An
gleterre a reconnu les Soviets quand .iious
persistions à les ignorer et nous les recon
naissons lorsque le cabinet Bal dwin dénonce ?
le traité Rakovsky-Macdonald. Ce désaccord '
doit prendre fin.
II ne peut prendre fin que par une vue
rationnelle des choses. Il semble peu pro
bable qu'il convienne aujourd 'hui, plus que
dans le pasé, de confondre la Russie et
la Turquie. Si la France et l'Angleterre
étaient d'accord sur la conduite à tenir avec
les Soviets, on ne verrait pas les bolcheviks
porter leur effort révolutionnaire tantôt &
Londres et tantôt à Paris. Si elles' étaient
d'accord sur la conduite à tenir a^ec les
Turcs, ceux-ci ne passeraient pas de l'en»
couragement à la fureur du désespoir. Par
leur entente, la France et l'Angleterre
peuvent avoir un plan qui allie la modé
ration à la fermeté^ A condition, bien
entendu, qu'il y ait à Paris du réalisme et
non pas un funeste esprit de système. Là-
dessus; par malheur, nous n 'avons aucune
garantie. — J. B. •
L'ATTELAGE AUTOMATIQUE
DES VAGONS
— En Esthonie, une tentative d'insurrec
tion communiste a échoué.
— Un acocrd est intervenu entre les gou'
vernements anglais et égyptiens.
— La Semaine des écrivains catholiques a
commencé hier.
Deux avis valent mieux qu'un
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venez voir les Fabricants Sirop et Pauliet, -222, rue
Saint-Martin, vous aurez probablement une agréa
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AUX -ETUDIANTS
GRANDE REUNION BE RENTREE
Vendredi 5 décembre, à 8 h. 45 du soir
SALLE DES SOCIETES SAVANTES
S, rue Danton
ORATEURS :
Léon DAUDET, HeViri MASSIS, M. de ROUX
Georges; VALOIS, Bernard de VESINS
La réunion est strictement réservée aux
Etudiants. On entrera sur simple présenr
tation de la carte d'Etudiant.
\i
Les bénéfices de I^clatisme
m les petites affaires
du parti socialiste
A la faveur d'une de ces séances où, la
plupart des députés étant absents, ceux qui
sont, là se font, consciemment ou non,
complices d'une combinaison rapidement
escamotée, le parti socialiste a commencé,
l'autre jour, la réalisation d'une excellente
affaire. > ■
Une affaire préparée de longue main.
Il est depuis longtemps question de mettré
au concours différents appareils ipouï»
l'attache automatique des _ vagons. ■ Mpis,
un seul de ces appareils jouit de la fa
veur du parti socialiste : l'appareil Boi-
rault, qui appartient à une maison B., la
quelle maison soutient et subventionné
ledit parti. Avant la guerre, une commis
sion de deux francs par appareil vendu
était consentie par cette firme à la'Fédéra
tion des chemins de fer de la C. Q. T. (Bi-
degarray). Le taux de cette commission
s'est sensiblement élevé depuis lors; Aussi
M. Aubriot, du parti socialiste, M. Bidegar-
ray, de la C. G. T., n'ont-ils cessé d'interve-
nir'non seulement pour préconiser cet ap
pareil, mais pour empêcher les essais jdcs>
appareils concurrents. Essais qui auraient
été redoutables pour l'appareil Boirault,
reconnu très inférieur aux autres par tous
les techniciens de bonne foi.
Le gouvernement du Cartel, comme on
peut le penser, a fait triompher les socia
listes. Aux termes du rapport approuvé
par la Commission, il avait été prévu, cette
année, sur les crédits du réseau de l'Etat,
une somme d'un million pour des essais
de tous les concurrents. Mais le matin du
jour où ce rapport doit venir en séance
publique. (15 novembre dernier), MM. Au-
bfiot et Bidegarray se font recevoir par
M. Herriot et lui expliquent leur affaire.
M. Herriot dépêche ses instructions au
ministre, M. Peytral, et au rapporteur, M.
Candace. Et l'après-midi, l'exposé du do
cile rapporteur , nou' apprend les résul
tats de la combin:; 1 : il n'est plus
question d'essais, n d'achat ; un ap
pareil est choisi, c'ci> appareil Boirault ;
et le crédit d'un miliionj prévu pour les
essais, est transformé en un crédit de huit
millions pour établir l'appareil Boirault
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