Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1899-01-07
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 07 janvier 1899 07 janvier 1899
Description : 1899/01/07 (A19,N7). 1899/01/07 (A19,N7).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 22/09/2014
1& RADICAL - ,: 1 2 --
l'intérieur a eu l'occasion de s'expliquer de
vant la cour sur un dossier, dont la formation
serait antérieure à son passage aux affaires,
mais qui se rapporterait bien comme on le
dit aux faits et gestes du commandant Es-
ierhazy et du lieutenant-colonel du Paty de
Clam.
Nous pouvons ajouter que les explications
que M. Barthou a données à ce sujet ne cons-
iituent que la seconde partie de sa déposition
qui a porté sur d'autres faits d'une plus grande
importance.
Ajoutons qu'on affirme que la cour de
ca?*ation a reçu la déposition de M. du
Paly de Clam sur lequel elle a enquêté
longuement.
La déposition d'Esterhazy
Ce n'est pas un mandat de comparution,
mais une citation à témoin qui a été signi-
fiée au commandant Esterhazy par les
soins du président. de la cour de cassa-
tion.
Voici les déclarations faites par M. Ca-
bannes, avocat d'Esterhazy, à ce sujet :
La citation à témoin a été délivrée non pour
le 12 mai^pour le 17 janvier.
Quant aux conditions du séjour en France
de mon client, elles ont été débattues entre M.
le procureur général Bertrand, M. le juge
d'instruction Bertulus et M* Sauvel, avocat à
la cour de cassation et moi, d'une part, et,
d'autre part, entre M. le président Lœw et Me
Sauvet, qui assistera M. Esterhazy devant la
cour de cassation.
Du résultat de ces entrevues, je ne puis rien
dire. Sinon qu'une note sur le sauf-conduit
vient d'être envoyée au commandant Ester-
hazy qui doit prochainement faire connaître
sa détermination à ce sujet.
M. Cabannes a eu une phrase drôle ; il a
laissé entendre qu'Esterhazy cité comme
témoin, serait tenu à l'observation du
« secret professionnel ! »
Une médaille d'or au colonel Picquart
Une réunion privée a été tenue hier soir,
salle Barrat, rue des Petits-Carreaux, par
un groupe d'Alsaciens-Lorrains de Paris,
désireux de témoigner d'une façon quel-
conque leur affection pour le lieutenant-
colonel Picquart.
Sur la proposition de M. Toussaint, an-
cien député de Paris, appuyé par M. Pierre
Touba, l'assemblée a pris à cet égard une
résolution définitive.
Une médaille d'or de grand module sera
frappée et offerte au prisonnier du Cherche-
Midi par les Alsaciens-Lorrains de Paris,
laissés libres de contribuer dans la mesure
de leurs moyens à la souscription ouverte
.en vue de l'exécution de ladite médaille.
Les listes de souscriptions seront ouver-
tes aux compatriotes du lieutenant-colonel
Picquart, lors d'une seconde réunion qui
tura lieu prochainement.
La L. P. L. P. F.
La Ligue pour la patrie française a fait pu-
blier hier parles journauxnationalistes, un
sppel revu et corrigé qui ne diffère pas
sensiblement du premier déjà connu. Cet
appel est suivi d'une liste d'adhérents qui
comprend les noms de tous les réaction-
naires de marque et de la plupart de ceux
qui ont versé à la souscription ouverte
pour défendre « la mémoire » du faus-
saire Henry.
LES CAISSES D'ÉPARGNE
On lit dans l'agence Havas :
Le résultat des opérations effectuées par
les caisses d'épargne pendant l'année 1898
fait ressortir un excédent des retraits sur
les dépôts qui s'élève à plus de 130 mil-
lions.
Certains journaux essayant de tirer de
cette constatation des conclusions tout à
fait pessimistes, il n'est" pas inutile ile faire
remarquer que la diminution du montant
des capitaux déposés aux caisses d'épar-
gné provient de l'application stricte des
dispositions de la loi de 1895, votée par le
Parlement précisément dans le but de ré-
duire le montant des dépôts de cette na-
ture.
Personne n'ignore, en effet, dans -quelles
conditions le Parlement a voté la loi de
t895 ; les dépôts des caisses d'épargne
avaient atteint à cette époque le chiffre
formidable de 4 milliards, et cette accumu-
lation à la Caisse des Dépôts et consigna-
tions de capitaux remboursables à pré1-
tentation pouvait devenir pour l'Etat et
pour le crédit public un danger des plus re-
doutables.
En outre, il ne faut pas .perdre de vue
que ces 4 milliards de dépôts n'étaient pas
exclusivement composés de véritable épar-
gne : en présencé du taux rémunérateur
de 3 1/2 0/0 offert aux déposants, des capi-
taux déjà formés venaient chercher dans
tes caisses d'épargne un placement à la
fois plus sûr, plus rémunérateur et surtout
plus commode, étant donné les faci.lités de
remboursement, que .celui qu'ils obtenaient
des placements en rente sur l'Etat et à-plus
forte raison, par des achats d'autres va-
leurs de Bourse.
Le projet de loi sur lès caisses d'épargne
n'avait qu'un objectif, faire fuir les capi-
taux et limiter ainsi la responsabilité, de
l'Etat aux seuls capitaux représentant réel-
lement l'épargne. C'est dans cette pensée
que furent votées notamment les disposi-
tions suivantes :
i° Fixation à 1,500 francs du maximum
des livrets avec obligation de ramener tous
- les livrets à ce maximum dans un délai de
cinq ans ;
2° Limitation à 1,500 francs du total .des
sommes qui pourraient être versées à un
même compte pendant une année ;
3° Obligation de retenir au moins 0 25 0/0
des capitaux déposés pour les verser à ia
réserve, mesure qui devait amener fatale-
ment une réduction de 025 0/0 dans létaux
de l'intérêt servi aux déposants.
Aussitôt le vote de la loi, on se préoc-
cupa de chiffrer, les conséquences de ces
nouvelles dispositions, et la Caisse des dé-
pôts et consignations estimait, dès cette
époque, que les retraits à prévoir s'élève-
raient au chiffre minimum de 700 millions.
Les excédents de retraits effectués depuis
le vote de la loi de 1895 se sont élevés à la
somme de 359,368,360 fr. 55, qui est loin
d'attçmdpe la prévision de la Caisse des
.dépôts et consignations.
Il ne faut donc voir dans l'excédent cons-
taté des retraits sur les dépôts,qu'une con-
séquence logique et prévue de la loi de
1895 sur les caisses d'épargne,
D'ailleurs, le nombre toujours -croissant
des livrets, qui est actuellement supérieur
de 350,000 environ à celui de t895, montre
bien que l'institution des caises d'épargne
continue à avoir la faveur des petits dépo-
sants, pour lesquels elle a été spécialement
Méée. -
L'ARBITRAGE ENTRE NATIONS
Le conseil de la Société française pour
l'arbitrage entre nations a adopté la réso-
lution suivante : -
Le Conseil,
Convaincu qu'il n'existe pas de meilleur
moyen de garantir le maintien de la paix et
de préparer l'allégement des charges militai-
res, sous lesquelles fléchit le. monde, que le
reçours habituel aux procédés juridiques déjà
taut de fois heureusement employés pour le
règlement de ces différends;
Regrettant que, malgré tant d'exemples de
la bienfaisante efficacité de ces procédés, et
en dépita des votes unanimement émis par
l'Uni on -iriterpariementaire dans ses deux ses-
mouB de BruxeUw, U naît encore fié donné
aucune suite au projet de cour internationale
d'arbitrage soumis, au nom de cette union, à
l'examen des puissances européennes.
Constatant, d'autre part, que l'Italie et la
République argentine sont, jusqu'à présent,
les seules nations qui aient eu la prévoyante
sagesse de se lier par un traité général et
permanent d'arbitrage;
Mais, observant que. la réunion prochaine
des représentants des puissances civilisées, à
Saint-Pétersbourg, offre une occasion unique
de réaliser les améliorations nécessaires des
relations internationales ;
Décide :
1° Q'une lettre rappelant au gouvernement
de la République française le vote unanime,
émis en 1895, en faveur d'un traité d'arbitrage
avec la République des Etats-Unis, par la
Chambre des députés, et l'invitant à s'en ins-
pirer dans les instructions à donner aux délé-
gués français à Saint-Pétersbourg, sera adres-
sée au ministre des affaires étrangères et au
président du Conseil ;
20 Qu'une copie de cette lettre et de la déli-
bération sera envoyée au gouvernement de
l'empereur de Russie ; et que les félicitations
et les vœux que les diverses Sociétés de la
Paix, tant individuellement que collective-
ment par l'intermédiaire du Bureau interna-
tional de Berne, ont déjà respectueusement
fait parvenir à sa Majesté Nicolas II, sont par
la présente délibération, unanimement et ins-
tamment renouvelés.
LES AMÉRICAINS AUX PHILIPPINES
Les prisonniers espagnols et les insurgés
Horrible situation — L'autorité
des Américains contestée
Madrid, 5 janvier.
La situation des prisonniers espagnols
aux Philippines est horrible.
Un ingénieur anglais, qui se trouvait sur
les lieux, dénonce les procédés des Améri-
cains. Il raconte qu'un lieutenant de vais-
seau espagnol et 50 hommes s'étant rendus
aux Américains furent livrés par ceux-ci
aux insurgés, qui soumettent leurs prison-
niers à toutes sortes de mauvais traite-
ments.
Sur 104 moines prisonniers à Cagayan,
plusieurs sont morts de faim et de souf-
france.
Les propriétés espagnoles sont livrées au
pillage et les propriétaires sont dépouillés
et souvent assassinés.
A Suquanzano, un couvent a été pillé et
les religieuses ont été l'objet de brutales
violences.
Madrid, 5 janvier.
Les insurgés des Philippines refusent de
remettre en liberté les prisonniers espa-
gnols sur la demande des Américains; ce
serait, prétendent-ils, faire acte de sou-
mission envers les Etats-Unis.
En ce qui concerne la question de met-
tre en liberté les moines, ils ont la préten-
tion de négocier directement avec le Va-
tican.
Le général Rios négocierait maintenant
directement pour obtenir la libération de
tous les prisonniers.
Les renseignements sur le martyre dont
sont victimes les prisonniers soulèvent
l'indignation générale.
La Reforma, dont le directeur était tout
dernièrement un haut fonctionnaire de
Manille, dit que les Américains éprouvent
de grandes difficultés à établir et à conso-
lider leur domination aux Philippines.
Londres, 5 janvier.
Un des notables Philippins d'Europe, qui
est en relations constantes avec Aguinaldo,
communique à la presse les conditions im-
posées par les Philippins pour la mise en
liberté de leurs prisonniers.
Ces conditions sont très onéreuses pour
l'Espagne et elles divisent les prisonniers
en deux sections : celle des religieux ne
pourra être mise en liberté que si le pape
fait demander leur libération en promet-
tant de révoquer tous les privilèges et tous
les ordres réguliers aux Philippines.
Londres, 5 janvier.
Les journaux publient les nouvelles sui-
vantes :
La junta des Philippines est officielle-
ment informée que le nouveau cabinet
philippin est constitué comme suit :
Ministre des affaires étrangères, M. Ma-
bini ; ministre de l'intérieur, M. Théodore
Sandico, ministre de la guerre, le général
Baldomero Aguinaldo ; ministre des finan-
ces, le général Trias ; ministre des travaux
publics, M. Grégoire Gonsàga.
M. Sandico est un ingénieur civil, élevé
en Angleterre et en Belgique, que l'amiral
Dewey avait dernièrement transporté de
Hong-Kong à Manille.
Le ministre de la guerre est cousin du
président Aguinaldo. Il figure parmi les
chefs depuis le commencement de l'insur-
rection. Il possède de grandes propriétés
à Cavité.
Le nouveau ministre ides nnances a tou-
jours eu d'étroits rapports avec le ministre
de la guerre.
- Le nouveau ministre des travaux publics
est un avocat de Manille qui a été récem-
ment agent des Philippines à Hong-Kong.
et qui était avocat général pour l'Espagne
dans les îles Visayas.
Les Philippins considèrent le nouveau
cabinet comme homogène. Chacun de ses
membres s'opposera à l'occupation mili-
taire par les Américains.
Les Philippins ont nommé comme mi-
nistre à Paris et à Londres.M. Tuason. On
s'attend à son arrivée prochaine en Eu-
rope.
On assure que le président Aguinaldo n'a
pas @ quitté Malolos pour éviter d'être assas-
siné. Suivant des nouvelles de Manille il se
rend à Ilo Ilo, à la demande des insurgés,
pour se placer à leur tête en cas de com-
plication possible avec les Américains.
On déclare, dans les cercles philippins
bien informés, que si.les Américains insis-
tent pour occuper militairement les villes
principales, toute la nation philippine ré-
sistera à main armée.
CE QUE COUTERAIT UNE GUERRE
Dernièrement le sociologue et économiste
russe, I. de Blioch, publiait, sur la « Guerre
future », un grand ouvrage qui a, en partie,
inspiré le rescrit de Nicolas II au comte
Mouravief. 1
L'auteur vient de publier un résumé de
ses idées et de ses observations, sous for
me d'article.
- Après avoir énuméré les forces maté-
rielles et morales considérables que la
guerre future exigera des armées et de
leurs chefs, M. de Blioch expose l'étendue
des sacrifices économiques et sociaux que
la guerre entraînera.
la L'Etat qui sera relativement le moins
vulnérable à cet égard est la Russie, à cause
de son climat, de son sol et de son étendue
sur deux continents.
La puissante flotte de l'Angleterre la
protège contre une invasion, mais son com-
merce, son industrie, et avant tout son ra-
vitaillement sont à la merci des croiseurs
ennemis.
En meilleure situation, mais cependant
très gênées encore pour cette question de
la nourriture, seraient l'Allemagne et l'I-
talie, qui vivent pendant deux ou trois
mois de céréales étrangères.
La France n'a besoin de celles-ci que
pour un mois.
L'Autriche peut suffire à sa consomma-
tion.
Le plus intéressant de l'article, sans con-
tredit, est le calcul des frais journaliers
que la guerre imposerait à chacune des
cinq grandes jpuissa~~ européesoss»
Voici ce calcul reproduit en un tableau
synoptique :
Allemagne (2.550.000 soldats). Fr. 25.500.000
Autriche (1.304.000 - ) 13.040.000,
Italie il. 281. 000 12.810.000
Total pour les armées de la
triple alliance Fr. 51.350.000
France (2.554.000 soldats).Fr. 25.540.000
Russie (2.800.000 — ) 28.000.000
Total pour les armées de la
double alliance Fr. 53.540.000
Les dépenses quotidiennes de guerre
pour l'armée française, y compris la ma-
rine, étaient évaluées ces jours derniers
par un autre calculateur, M. Jules Roche,
au chiffre de 26 millions, qui correspond,
en nombre rond, à celui établi par l'écono-
miste russe.
ÉCHOS MLLES
Il paraît que l'Académie française n'a
pas seulement demandé à M. Guillaume de
raccourcir son discours de réception, mais
à M. Mézières, qui doit répondre au réçi-
piendaire, d'allonger le sien.
M. Mézières ne demande qu'à obtempérer
à ce conseil; mais M. Guillaume boude et
se montre peu satisfait de voir sa récep-
tion toujours remise aux calendes.
Le successeur du duc d'Aumale devra-t-il
être reçu sans discours, ainsi qu'il advint
à M. Emile Ollivier ?
Le 26 février 1874, M. Emile Ollivier dut,
selon l'usage, lire une première fois son
discours devant la commission élue par le
sort. Il y faisait de Napoléon III un éloge
intempestif.
M. Guizot, présent à la séance, protesta
en ajoutant :
« Il ne suffit pas d'avoir un cœur lé-
ger ! »
A ces mots, M. Ollivier déclara ne vou-
loir apporter aucune modification à son dis-
cours.
A la suite de l'incident, l'Académie, con-
voquée en assemblée générale, fut appelée
à juger le discours du récipiendaire. Mais
M. Ollivier, énergiquement, se refusa à
une seconde lecture.
L'Académie vota alors une motion qui
comportait l'ajournement indéfini de la ré-
ception de M. Emile Ollivier.
Puis, se ravisant — car elle est femme,
— l'Académie décidait, peu de jours après
ce vote, que le nouvel académicien serait
considéré comme reçu et convoqué désor-
mais aux séances.
Par décret rendu en conseil d'Etat, est
déclaré d'utilité publique, dans le cinquiè-
me arrondissement de la ville de Paris, l'é-
tablissement d'un square sur un terrain
compris entre les rues du Sommerard, de
la Sorbonne, des Ecoles et de Cluny.
Le préfet de la Seine, agissant au nom de
la ville de Paris, est autorisé à acquérir le-
dit terrain soit à l'amiable, soit, s'il y a
lieu, par voie d'expropriation.
Il sera pourvu au paiement de la dépense,
évaluée à 1,200,000 francs, par un prélève-
ment de 600,000 fr. sur les produits de la
conversion de l'emprunt de 1886 et par une
subvention de l'Etat de pareille somme.
Puisqu'une nouvelle année commence,
il est peut-être intéressant de rappeler
certaines curiosités du calendrier grégo-
rien.
Ainsi, sait-on que, depuis la réforme du
calendrier par le pape Grégoire XIII, en
1582, aucun siècle ne peut commencer un
mercredi, un vendredi ou un dimanche?
Et sait-on que le même calendrier peut
servir tous les vingt ans?
Janvier et octobre d'une même année
commenceront toujours par le même jour.
Il en est ainsi pour avril et juillet, pour
septembre et décembre. Février, mars et
novembre commencent aussi le même
jour. Le premier de l'an et la Saint-Sylves-
tre d'une même année également tombent
aussi le même jour, sauf bien entendu les
années bissextiles.
Chaque jour de la semaine est, tour à
tour, jour de repos : le dimanche pour les
chrétiens, le lundi pour les Grecs, le mardi
pour les Persans, le mercredi pour les
Assyriens, le jeudi pour les Egyptiens, le
vendredi pour les Turcs et le samedi pour
les juifs.
Enfin, par rapport à la marche du soleil,
l'erreur du calendrier grégorien ne dé-
passe pas un jour sur quatre mille ans.
Comme il est assez probable que ce n'est
ni vous ni moi qui vérifierons, nous ne
risquons pas fort de nous tromper.
Les obsèques de M. Edouard Hervé seront
célébrées demain samedi, à dix heures du
matin, en l'église Saint-Augustin. L'inhu-
mation sera faite au cimetière Montmartre.
Les lettres de faire-part sont adressées
au nom de MM. Philippe Hervé, fils du dé-,
funt; le comte de Grenaud, son gendre;
Hervé de Kérohant, son frère, et Léopold
Giraud, son beau-frère. 1
En signe de deuil, l'Académie française a
levé sa séance hier après-midi.
Sur les chantiers de la nouvelle gare
d'Orléans, les ouvriers occupés aux travaux
de fondation ont mis à jour hier la pre-
mière pierre de la Cour des comptes.
Ils ont découvert le coffret traditionnel
dans lequel sont contenues les pièces et
médailles commémoratives.
Ce coffret doit être transporté à la Com-
pagnie d'Orléans, où il sera procédé à son
ouverture en présence de hauts fonction-
naires.
Ces souvenirs seront très probablement
déposés au musée Carnavalet.
C'est à M. Formigé que la Ville de Paris a
demandé les plans du monument commé-
moratif qu'elle doit élever pour les vic-
times non reconnues du Bazar de la Charité
dans le cimetière du Père-Lachaise.
Ce monument très simple, pour lequel le
Conseil municipal a voté une somme de
dix-huit cents francs, se compose d'un pié-
destal surmonté d'un motif architectural
très sobrement décoré et portant cette ins-
cription :
« Aux victimes non reconnues de l'incen-
die du Bazar de la Charité. Paris, 4 mai
1897. La Ville de Paris.»
Ces victimes non reconnues sont au nom-
bre de trois dont les restes reposent ac-
tuellement dans les caveaux provisoires
de la Ville.
L'administration des beaux-arts de la
Ville de Paris vient, à la demande du Con-
seil général, de faire l'acquisition de la
« Seine », du sculpteur Denys Puech, re-
production en marbre grandeur nature du
bel envoi de Rome de l'éminent artiste.
Ce bas-relief sera placé au tribunal de
commerce.
M. Paul Schmitt a reçu la commande de
la décoration de l'escalier d'honneur de la
mairie du Grand-Montrouge et M. Camille
Lefebvre est chargé de l'exécution d'un
bas-relief en marbre pour la mairie d'Issy-
les-Moulineaux.
En outre, la Ville de Pans commande à
l'aquafortiste Barbotin une gravure du pla-
fond de Gervex qui décore la grande salle
des Fêtes de l'Hôtel de Ville; à M. Emile.
t Butane la reproduction au burin des„dçûx
coupoles de Picard, le Déclin et la Lutte,
qui se trouvent dans la galerie Lobau; à
M. Margelidon, une eau-forte d'après la
Fêle champêtre de Clairin de la galerie
Lobau; à M. Maurou, la lithographie des
peintures du salon Lobau par Jean-Paul
Laurens : Anne Dubourg et Henri II et Y Ar-
restation de Broussel, qui fut tant admirée à
l'un des derniers Salons; à Champollion, la
planche d'une eau-forte d'après la non
moins célèbre toile de Jean-Paul Laurens :
la Voûte d'acier.
Enfin, plusieurs autres souscriptions im-
portantes à des œuvres d'art ont été trans-
mises soit par le Conseil municipal,
soit par le Conseil général à l'inspec-
teur général des beaux-arts de la ville de
Paris qui les joindra à ces commandes in-
téressantes.
A la suite d'une altercation violente, une
rencontre au pistolet a eu lieu, hier, dans
le bois de Meudon, entre M. Emile Michou,
rédacteur aux Droits de VHomme, et M. Eu-
gène Rouzier, rédacteur à l'Eclair.
Deux balles ont été échangées sans résul-
tat.
Le public ne salt pas assez que le musée
du Luxembourg et celui du Louvre ont,
depuis quelque temps, consacré des
salles à 1 exposition des dessins et aqua-
relles d'architectes célèbres.
C'est au musée du Luxembourg, où elles
resteront dix ans avant de passer au Lou-
vre, que Mme veuve Charles Garnier vient
de donner trois oeuvres de son illustre
mari, qui était un maître aquarelliste et
un puissant coloriste. 1
Une aquarelle représente saint Clément,
à Rome, et les ors des mosaïques y sont
rendus avec une maestria et une vérité
remarquables.
L'autre aquarelle est une vue de Scutari.
Le Bosphore y est peint de ce bleu lumi-
neux, intense, foncé sans être noir, ce bleu
inoubliable des mers d'Orient, qui rappelle
si bien cette côte d'Asie à ceux qui l'ont
une fois vue.
La troisième œuvre de Charles Garnier
est un magistral dessin à l'encre de Chine,
représentant la cour du palais des doges, à
Venise.
Tous les amateurs voudront voir, au mu-
sée du Luxembourg, ces trois morceaux si
différents de genres, que le conservateur
du musée promet de placer sur des cheva-
lets en attendant qu'une bonne place leur
soit assignée.
On télégraphie de Montauban qu'un doua-
nier du Havre vient d'apporter au 20e ré-
giment d'infanterie, qui tient garnison dans
cette ville, le drapeau que suivait ce régi-
ment pendant la guerre de 1870.
Le douanier avait pu, après la bataille de
Sedan, le soustraire aux Allemands victo-
rieux.
Une grande fête patriotique a eu lieu au
régiment à cette occasion.
On s'est inquiété de savoir dernièrement
ce qu'allait devenir l'hôtel de Sens, occupé
pendant très longtemps par la confiturerie
de Saint-James. L'hôtel de Sens, situé rue
du Figuier, à l'angle de la rue de l'Hôtel-
de-Ville, est un des plus curieux et, après
l'hôtel de Cluny, l'unique spécimen d'un
hôtel de la fin du quinzième siècle à Paris,
Cet hôtel a conservé dans ses façades des
traces du style féodal dont les demeures
des grands seigneurs étaient jadis em-
preintes, à en juger par les meurtrières
qui couronnent les ogives des portes d'en-
trée et les mâchicoulis qui ornent le don-
ion de la cour.
- Que les amoureux dû vieux Paris se ras-
surent : l'hôtel est maintenant loué à un
industriel, qui s'est engagé à ne rien chan-
ger à l'aspect ni à la disposition des lieux.
Le seul danger vient peut-être des voisins,
qui se sont plaints que les conduites
d'eaux des gargouilles détérioraient leurs
immeubles.
M. Buhel, l'architecte de la préfecture, a
été chargé d'une enquête à ce sujet, et l'on
peut être certain qu'il s'entremettra pour
que les gargouilles ne soient point touchées
et que la canalisation intérieure soit seule
modifiée.
Portes de prison.
Sait-on où l'on peut avoir la surprise,
inattendue, malgré la logique des choses,
de retrouver deux portes authentiques de
Mazas, celles des cellules nos 114 et 123 1
Au nouvel hôtel de ville d'Asnières, en-
core en construction, et qui sera bientôt
achevé.
Et ces portes sont devenues, tout natu-
rellement, celles des deux violons du
commissariat de police installe au rez-de-
chaussée du nouveau monument, du côté
de la rue des Ecoles.
Comme on se retrouve!
Le parc aux Daims est un des sites
les plus pittoresques du bois de Vincen-
nes; il s'étend entre le plateau de Gra-
velle, la Maison Blanche et le polygone.
Alors que la forêt de Vincennes faisait
encore partie des chasses royales, on par-
quait en cet endroit les daims capturés
tout jeunes.
Lors de la création du terrain de manœu-
vres, son voisinage du champ de tir ren-
dant cette partie du bois excessivement
dangereuse, la ville de Paris la conserva
telle quelle, et l'accès en fut interdit aux
promeneurs.
Aujourd'hui l'autorité militaire ayant fait
construire un immense stand où les trou-
pes de la garnison exécutent tous leurs
tirs, les mêmes dangers n'existent plus ;
aussi les populations riveraines deman-
dent-elles à l'administration de supprimer
la clôture qui ferme au public cette ma-
gnifique partie du bois.
Le monument commémoratif de l'affaire
de Sidi - Brahim, qui vient d'être élevé à
Oran, n'a guère attiré l'attention du public.
Une chose étrange, c'est qu'on a oublié
de dire le nom dont cette œuvre est signée,
un grand nom pourtant, celui de Dalou.
Le monument a été expédié a destination
en morceaux détachés et l'itlustre sculp-,
teur, retenu ici pour ses travaux, n'a pu
aller le voir sur place et ne le connaît pas.
L'octroi d'Amboise a été supprimé sa-
medi soir à minuit.
Cette décision, qui avait été approuvée
par le conseil général à sa dernière ses-
sion d'août, procurera à la ville d'Amboise
un bénéfice net de 11,000 francs, montant
des frais de perception, et le produit de
l'octroi, environ 32,000 francs, sera com-
pensé par des centimes additionnels aux
quatre contributions, par un supplément
de taxe sur les chevaux et voitures de
luxe, le partage des bénéfices de l'usine à
gaz, etc.
Les employés d'octroi remerciés ont reçu
trois mois de traitement à titre de dédom-
magement.
On a souvent parlé des amas de pétitions
qui vont s'accumulant dans les corbeilles à
papier de la commission parlementaire
spéciale. Mais jamais, croyons-nous, les
commissaires du Palais-Bourbon ne furent
admis à régal pareil à celui dont vient
d'être gratifié le conseil du comté de Lon-
dres.
Trois millions six cent cinquante-sept
mille neuf cent quatre-vingt-huit pétition-
naires demandent qu'il soit interdit au?
autorités ecclésiastiques de mettre en
mouvement les cloches en dehors des jours
fériés légaux ; et, comme trois cent mille
environ des signataires ont appuyé leur
protestation d'explications remplissant cha-
cune plusieurs feuillets de papier ministre,
cette montagne de prose plus ou moins
éloquente a produit sur la bascule le res-
pectable poids de 120 kilogrammes.
Voilà ce qui s'appelle un argument so-
lide !
Deux recettes pour les engelures, tou-
jours trop répandues à cette époque de
l'année :
Chlorure d'ammonium. 62 grammes.
Sulfated'alumine. 4 —
Alcoolat vulnéraire. 12 -
Eau distillée. 250 —
Imprégner soir et matin la région en-
flammée. -
Pommade à laisser sur l'engelure pen-
dant la nuit :
Sous-acétate de plomb.. 2 grammes.
Acide phénique. 50 centigr.
Oxyde de zinc. 15 grammes.
Vaseline ) ââ 20 -
Lanoline a
Ou bien encore en poudre :
Sous-acétate de plomb. 2 grammes.
Sous-nitrate de bismuth. 6 —
— Quelle différence faites-vous entre un
musicien et un lapin?
— Le musicien aime la musique et le la-
pin le plein champ.
L'EXPOSITION DE 1900
L'ETAT DES TRAVAUX
C'est dans quinze mois et quelques jours
que doit avoir lieu l'ouverture de l'Expo-
sition, et l'achèvement des travaux à l'heure
voulue n'est pas sans préoccuper ceux qui
ont assumé la responsabilité de cette œu-
vre gigantesque.
D'après les prévisions de l'administra-
tion, toute la partie construction devrait
être complètement terminée dans les pre-
miers jours àe novembre 1899. Y arrivera-
t-on?
Le commissariat général n'en veut pas
douter; mais pour plus de garanties, on a
demandé aux divers architectes de dresser
un programme des travaux restant à effec-
tuer.
Pour se rendre compte de l'importance
de l'œuvre à terminer, il suffit, connais-
sant le plan général de l'Exposition, de
constater le travail accompli.
Le nouveau pont jeté sur la Seine entre
les Champs-Elysées et les Invalides est en
bonne voie d'exécution. Un des pylônes en
maçonnerie est terminé. Les autres sont
fort avancés, et quatre des arcs sur six
sont déjà lancés.
On pense qu'à la fin du mois de février,
il ne restera plus qu'à terminer la partie
décorative, très importante, on le sait, et à
laquelle, dès maintenant, les artistes dési-
gnés travaillent avec activité.
En ce qui .concerne les deux palais de la
rive droite, le gros œuvre est presque
achevé. Plus avancé que le grand, le petit
palais a ses dômes terminés. Et le drapeau
qui l'indique flotte déjà au sommet d'une
des coupoles d'angle de l'édifice. Pour les
façades, on est moins en avance. Mais on
espère regagner assez rapidement ce re-
tard, dû à la lenteur dans la livraison des
fers destinés à se joindre à la maçonnerie.
Enfin, toujours sur la rive droite, on ter-
mine les travaux de déblaiement du Cours-
la-Reine et du quai de la Conférence, où
va commencer ces jours-ci la construction
de la porte monumentale qui donnera ac-
cès à l'Exposition place de la Concorde.
Sur la rive gauche, on n'est pas sans in-
quiétude à propos de la lenteur des travaux
de la nouvelle gare de l'Ouest. Déjà, le mi-
nistre des travaux publics a dû' adresser à
ce sujet des représentations à la Compa-
gnie. La gare devrait être à la veille de son
achèvement, et elle en est encore bien éloi-
gnée 1 C'est là un sujet d'inquiétude très
vive pour les hauts fonctionnaires de l'Ex-
position.
A côté, on a commencé la construction
des galeries des sections françaises. Déjà
des fermes métalliques se dressent de tou-
tes parts, comme le squelette des futures
constructions.
Il en est de même au Champ-de-Mars. Les
masses de fer sont à pied d'œuvre. Et le
montage est commencé, notamment pour
le palais des tissus. On sait qu'une double
ligne de vastes galeries doit partir de la
Galerie .des Machines et aboutir à la Seine.
C'est entre ces lignes et du côté opposé
au fleuve que s'élèvera le palais de l'élec-
tricité qui, lui, n'est pas encore commencé
et qui sera, dit-on, une des merveilles de
l'Exposition.
Au Champ-de-Mars, s'accomplissent des
travaux très intéressants pour la mise en
train des installations mécaniques.
Il s'agit de pourvoir aux 20,000 chevaux
de force qui nécessiteront la production
de 200,000 kilogramme très de vapeur par
heure et la consommation de près de trente
tonnes de houille.
On a presqueachevé la construction des
canalisations d'eau et de vapeur; des car-
neaux de fumée. Celle des deux cheminées
monumentales, qui n'auront pas moins de
80 mètres de hauteur, est assez avancée.
De véritables tunnels, de 2 m. 60 de lar-
geur sur 2 m. 70 de hauteur à la clef, y
aboutissent après un développement sou-
terrain de plus de 1,500 mètres.
Tel est l'état de l'ensemble des construc-
tions. Restent plusieurs palais et cons-
tructions diverses dont les devis sont éta-
blis et les plans arrêtés et pour lesquels il
n'y a pas lieu de concevoir d'appréhen-
sion.
Mais les édifices qui pourraient bien être
en retard, si on n'y prend garde dès le
début de cette année, sont ceux qui se
dresseront sur la rive gauche de la Seine,
entre le Champ de Mars et les Invalides et
qui formeront ce qu'on a déjà appelé la
rue des Nations.
On n'a pas encore procédé à la réparti-
tion des emplacements, et très peu de
puissances ont fait adopter les plans de
leurs palais spéciaux.
Il y a lieu de se hâter si on veut, de ce
côté, éviter de désagréables surprises au
jour de l'inauguration de l'Exposition, fixé,
on le sait, au 15 avril 1900.
LES SERVICES POSTACI DANS Li SEIM,
M. Ph. Laloge, député de la Seine, vient
d'adresser la lettre suivante à M. le sous-
secrétaire d'Etat des postes et télégra-
phes :
Paris, le 4 janvier 1899.
Monsieur le sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes,
J'ai eu l'honneur, il y a quelques mois, d'at-
tirer votre attention sur la mauvaise organi-
sation qui existe en général dans l'organisa-
tion du service des postes et télégraphes de
la banlieue de Paris.
C'est sur la promesse que vous me fîtes
alors d'étudier les réformes à apporter dans
1 cette partie de notre administration, que d'ac-
cord avec vous, je ne vous posai point de
tr^uue.
Des améliorations viennent récemment d'être
édictées par vous, en particulier pour la Villa
de Paris. i
Permettez-moi, monsieur le sous-secrétaire
d'Etat, de vous rappeler la mise à l'étude de
quelques projets intéressant le service de la
périphérie de Paris :
1° Etablissement d'un réseau téléphonique
extra-muros reliant entre elles les principales
communes de la banlieue , afin d'éviter le
passage des communications par le bureau
central de Paris et les retards qui en résul-
tent ;
2° Suppression des frais d'installation des
fils dans les grands centres ou tout au moins
notable diminution de tarifs exagérés actuel-
lement en vigueur;
3° Modification da service de livraison degi
colis postaux et organisation de ce service
dans les mêmes conditions qu'à Paris:
4° Assimilation du service des distribution»
en banlieue à celui de Paris;
5° Création par l'Etat de divers bureaux da,
poste devenus indispensables par l'accroisse-
ment de la population.
Je vous prie,monsieur le sous-secrétaire d'Etat,
de considérer que ces réformes intéressent uns
population totale de plus d'un million d'habi-
tants, et un grand nombre de communes, dont
quelques-unes sont devenues des villes indus-
trielles et commerciales très importantes.
Il importe donc qu'elles ne soient pas sou-
mises à un régime d'exception que rien ne jus-
tifierait plus longtemps.
Recevez, monsieur le sous-secrétaire d'E-
tat, etc.
Philippe LALOGE, député de la Seine. :
NÉCROLOGIE
Nous apprenons la mort de M. Laluyé, se-
crétaire à l'Institut de France, où il était charge
tout particulièrement du service de FAcadémia
des sciences, décédé à Paris à l'âge de
soixante ans.
Il était l'auteur de plusieurs pièces ou coi,
médies et notamment d'un acte, Au Printemps,
qui fut représenté, non sans succès, au Théâtre-
Français et qui est encore aujourd'hui au ré-
pertoire.
CAUSERIE FINANCIERE
LA BOURSE
Le marché présente toujours une physiono-
mie aussi peu satisfaisante que possible ; la
baisse s'accentue encore, notamment sur nos
rentes,et la plupart des valeurs étrangères. Plus
que jamais,la clientèle du marché est fâcheuse-
ment impressionnée par les avis de plus en plus
défavorables qui parviennent, relativement au
renchérissement de l'argent. Le bilan de la
Banque de France publié aujourd'hui ne laisse
aucune doute sur l'aggravation de la situation
monétaire.
Voici ce bilan: aux augmentations, nous re-
levons le portefeuille avec 104,518,021 fr., les
avances sur titres 21,966,326, les comptes-cou-
rants particuliers 42,480,808, les billets en circu-
lation 133,341, 510 fr.
Aux diminutions, figurent l'encaisse or avec
11,086,236 fr., argent 12,420,076, les comptes-cou-
rants du Trésor 61,105,235 fr.
Bénéfices de la semaine 2,238,300 fr. Dépenses
53,827 fr.
On constate à la lecture de ce document
l'énorme retrait d'or, et l'augmentation du por-
tefeuille, ce qui indique combien ont été
grands et réels les besoins d'argent pour l'é-
chéance de fin d'année.
Par suite, on prévoit à bref délai l'élévation
du taux de l'escompte, tout d'abord à la Banque
d'Angleterre, et par répercussion chez nous.
Telle est aujourd'hui la cause principale de
la mauvaise tenue de notre pince. Ajoutons
que de, jour en jour, bon nombre de maisons
— voire des agents de change — restreignent
le plus possible leurs engagements, ce qui est
bien l'indice d'un malaise général.
Nous laissons le 3 0/0 à 101 47, le 3 1/2 0/0 à
104 20.
La rente espagnole fléchit de nouveau. Elle
clôture à 44 70 ex-coupon de 1 0/0.
En ce qui concerne la dette de Cuba, les
nouvelles - déclarations du ministre des colo-
nies on fait naître la crainte et le doute dans
l'esprit des porteurs des billets hypothécaires
de Cuba. M. Romero Giron aurait déclaré, au
sujet de l'avenir réservé à cette dette, que l'on
savait seulement que les Américains ne vou-
laient pas la reconnaître, ajoutant que le temps
dira à qui elle doit incomber. — Parler ainsi,
c'est déclarer que les droits que pourraient
avoir les porteurs de ces billets d'exiger la
reconnaissance de l'Espagne sont douteux,
c'est concéder au gouvernement espagnol la
pouvoir de payer ou de ne pas payer.
Le 4 0/0 Brésilien recule à 56 90; l'Italien flé-
chit à 92 40, ex-coupon de 2 0/0. Les valeur?
ottomanes sont un peu plus faibles. Le Turc C
cote 26 95, la série D 22 77. La Banque perd
1 fr. à 548.
Les emprunts russes sont plus lourds. Le
1891 recule à 93 25, ex-coupon de 3/4; le 1896, à
94 25. Le Portugais vaut 23 45, ex-coupon de
2,983. -
Les Sociétés de crédit restent faibles. Nous
ferons exception pour la Banque de France
qui de 3,795 s'avance à 3,885, conséquence na-
turelle de la publication de son bilan faisant
prévoir l'augmentation du taux de l'escompte.
La Banque de Paris vaut 932 fr., ex-coupon
de 18 fr.-35; le Crédit Foncier 708, ex-coupon
de 14 40.
Le Crédit Lyonnais se tient ferme à 858 fr. j
la Banque internationale se négocie à 530 fr.
ex-coupon de 11 40. La Banque spéciale des vam
leurs industrielles est ferme à 254 fr.
La Banque spéciale, au cours de son premier
exercice, a strictement suivi le programme
qu'elle a énoncé lors de sa constitution.
Le chiffre des bénéfices, qui s'élève pour la
premier exercice à 3,400,000 fr. environ, per-
mettra la répartition d'un dividende de 17 0/t
aux actions et de 350 fr. par part de fondâtes
Nos chemins de fer sont un peu plus lourds.,
Le Lyon recule à 1,874 : le Midr vaut 1,385 ex..
coupon dè 22 62; le Nord 2,061 ex-coupon da
17 255 ; l'Orléans est à 1,790.
Les recettes pour la 51e semaine de 1898 pré-
sentent une augmentation de 1,175,562 sur cellet
de la semaine correspondante de 1897.
Les valeurs industrielles se maintiennent
aux environs de leurs limites précédentes.
Le Suez cote 3,460 ex-coupon de 36 511 ; la
Gaz vaut 1,262 ; la Compagnie générale dt
traction reste ferme à 115.
J. Legrand.
LES MINES
Le marché des mines d'or est assez calme ;
les fluctuations sont peu importantes en gô<
néral.
La Chartered vaut 77 75, la Goldfields 133 50,
la Durban 88 50, la Ferreira 630, la Geldenhuif
205, la Kleinfontein 70 50, la Langlaate 95 50£
le May Consolidated 110, la Randfontein 54, la
Robinson 229 50, la Simmer 127 50.
Le Rio perd 10 francs à 807 francs ; la de
Beers reste à 672.
LA PRODUCTION DES VINS EN 1898
Nous avons donné, il y a un mois, d'a-
près le Bulletin du ministère des finances, la
résumé des évaluations de la récolte des
vins en 1898. ,
Aujourd'hui, cette même publication con-
tient, sur le même sujet, des tableaux dé-j
taillés dont on peut retirer quelques indi-
cations nouvelles intéressantes. j
La reconstitution du vignoble se mani-j
feste par des augmentations de la superfi-j
cie productive dans 33 départements, no-,
tamment dans le Gard, l'Herault, le Rhône
et saône-et-Loire.. i
L'étendue totale du vignoble français a
augmenté de 17,582 hectares en 1898; elle
est aujourd'hui de 1,706,513 hectares.
La production totale étant évaluée al
32,282,359 hectolitres, le rendement moyen
à l'hectare pour 1898 ressort à 19 hectoli-
tres, soit une diminution de 1 hectolitre'
par rapport à celui de 1897. La comparai-1
son avec les résultats correspondants fait;
apparaître une diminution de 68,000 hecto-j,.
litres par rapport à l'année 1897 et de,
968,000 hectolitres sur la production
moyenne des dix années antérieures.
Dans le total de 6,655,412 hectolitres un-
portés pendant les dix premiers mois de
11899, les vins d'Espagne 3gurç»i gour
l'intérieur a eu l'occasion de s'expliquer de
vant la cour sur un dossier, dont la formation
serait antérieure à son passage aux affaires,
mais qui se rapporterait bien comme on le
dit aux faits et gestes du commandant Es-
ierhazy et du lieutenant-colonel du Paty de
Clam.
Nous pouvons ajouter que les explications
que M. Barthou a données à ce sujet ne cons-
iituent que la seconde partie de sa déposition
qui a porté sur d'autres faits d'une plus grande
importance.
Ajoutons qu'on affirme que la cour de
ca?*ation a reçu la déposition de M. du
Paly de Clam sur lequel elle a enquêté
longuement.
La déposition d'Esterhazy
Ce n'est pas un mandat de comparution,
mais une citation à témoin qui a été signi-
fiée au commandant Esterhazy par les
soins du président. de la cour de cassa-
tion.
Voici les déclarations faites par M. Ca-
bannes, avocat d'Esterhazy, à ce sujet :
La citation à témoin a été délivrée non pour
le 12 mai^pour le 17 janvier.
Quant aux conditions du séjour en France
de mon client, elles ont été débattues entre M.
le procureur général Bertrand, M. le juge
d'instruction Bertulus et M* Sauvel, avocat à
la cour de cassation et moi, d'une part, et,
d'autre part, entre M. le président Lœw et Me
Sauvet, qui assistera M. Esterhazy devant la
cour de cassation.
Du résultat de ces entrevues, je ne puis rien
dire. Sinon qu'une note sur le sauf-conduit
vient d'être envoyée au commandant Ester-
hazy qui doit prochainement faire connaître
sa détermination à ce sujet.
M. Cabannes a eu une phrase drôle ; il a
laissé entendre qu'Esterhazy cité comme
témoin, serait tenu à l'observation du
« secret professionnel ! »
Une médaille d'or au colonel Picquart
Une réunion privée a été tenue hier soir,
salle Barrat, rue des Petits-Carreaux, par
un groupe d'Alsaciens-Lorrains de Paris,
désireux de témoigner d'une façon quel-
conque leur affection pour le lieutenant-
colonel Picquart.
Sur la proposition de M. Toussaint, an-
cien député de Paris, appuyé par M. Pierre
Touba, l'assemblée a pris à cet égard une
résolution définitive.
Une médaille d'or de grand module sera
frappée et offerte au prisonnier du Cherche-
Midi par les Alsaciens-Lorrains de Paris,
laissés libres de contribuer dans la mesure
de leurs moyens à la souscription ouverte
.en vue de l'exécution de ladite médaille.
Les listes de souscriptions seront ouver-
tes aux compatriotes du lieutenant-colonel
Picquart, lors d'une seconde réunion qui
tura lieu prochainement.
La L. P. L. P. F.
La Ligue pour la patrie française a fait pu-
blier hier parles journauxnationalistes, un
sppel revu et corrigé qui ne diffère pas
sensiblement du premier déjà connu. Cet
appel est suivi d'une liste d'adhérents qui
comprend les noms de tous les réaction-
naires de marque et de la plupart de ceux
qui ont versé à la souscription ouverte
pour défendre « la mémoire » du faus-
saire Henry.
LES CAISSES D'ÉPARGNE
On lit dans l'agence Havas :
Le résultat des opérations effectuées par
les caisses d'épargne pendant l'année 1898
fait ressortir un excédent des retraits sur
les dépôts qui s'élève à plus de 130 mil-
lions.
Certains journaux essayant de tirer de
cette constatation des conclusions tout à
fait pessimistes, il n'est" pas inutile ile faire
remarquer que la diminution du montant
des capitaux déposés aux caisses d'épar-
gné provient de l'application stricte des
dispositions de la loi de 1895, votée par le
Parlement précisément dans le but de ré-
duire le montant des dépôts de cette na-
ture.
Personne n'ignore, en effet, dans -quelles
conditions le Parlement a voté la loi de
t895 ; les dépôts des caisses d'épargne
avaient atteint à cette époque le chiffre
formidable de 4 milliards, et cette accumu-
lation à la Caisse des Dépôts et consigna-
tions de capitaux remboursables à pré1-
tentation pouvait devenir pour l'Etat et
pour le crédit public un danger des plus re-
doutables.
En outre, il ne faut pas .perdre de vue
que ces 4 milliards de dépôts n'étaient pas
exclusivement composés de véritable épar-
gne : en présencé du taux rémunérateur
de 3 1/2 0/0 offert aux déposants, des capi-
taux déjà formés venaient chercher dans
tes caisses d'épargne un placement à la
fois plus sûr, plus rémunérateur et surtout
plus commode, étant donné les faci.lités de
remboursement, que .celui qu'ils obtenaient
des placements en rente sur l'Etat et à-plus
forte raison, par des achats d'autres va-
leurs de Bourse.
Le projet de loi sur lès caisses d'épargne
n'avait qu'un objectif, faire fuir les capi-
taux et limiter ainsi la responsabilité, de
l'Etat aux seuls capitaux représentant réel-
lement l'épargne. C'est dans cette pensée
que furent votées notamment les disposi-
tions suivantes :
i° Fixation à 1,500 francs du maximum
des livrets avec obligation de ramener tous
- les livrets à ce maximum dans un délai de
cinq ans ;
2° Limitation à 1,500 francs du total .des
sommes qui pourraient être versées à un
même compte pendant une année ;
3° Obligation de retenir au moins 0 25 0/0
des capitaux déposés pour les verser à ia
réserve, mesure qui devait amener fatale-
ment une réduction de 025 0/0 dans létaux
de l'intérêt servi aux déposants.
Aussitôt le vote de la loi, on se préoc-
cupa de chiffrer, les conséquences de ces
nouvelles dispositions, et la Caisse des dé-
pôts et consignations estimait, dès cette
époque, que les retraits à prévoir s'élève-
raient au chiffre minimum de 700 millions.
Les excédents de retraits effectués depuis
le vote de la loi de 1895 se sont élevés à la
somme de 359,368,360 fr. 55, qui est loin
d'attçmdpe la prévision de la Caisse des
.dépôts et consignations.
Il ne faut donc voir dans l'excédent cons-
taté des retraits sur les dépôts,qu'une con-
séquence logique et prévue de la loi de
1895 sur les caisses d'épargne,
D'ailleurs, le nombre toujours -croissant
des livrets, qui est actuellement supérieur
de 350,000 environ à celui de t895, montre
bien que l'institution des caises d'épargne
continue à avoir la faveur des petits dépo-
sants, pour lesquels elle a été spécialement
Méée. -
L'ARBITRAGE ENTRE NATIONS
Le conseil de la Société française pour
l'arbitrage entre nations a adopté la réso-
lution suivante : -
Le Conseil,
Convaincu qu'il n'existe pas de meilleur
moyen de garantir le maintien de la paix et
de préparer l'allégement des charges militai-
res, sous lesquelles fléchit le. monde, que le
reçours habituel aux procédés juridiques déjà
taut de fois heureusement employés pour le
règlement de ces différends;
Regrettant que, malgré tant d'exemples de
la bienfaisante efficacité de ces procédés, et
en dépita des votes unanimement émis par
l'Uni on -iriterpariementaire dans ses deux ses-
mouB de BruxeUw, U naît encore fié donné
aucune suite au projet de cour internationale
d'arbitrage soumis, au nom de cette union, à
l'examen des puissances européennes.
Constatant, d'autre part, que l'Italie et la
République argentine sont, jusqu'à présent,
les seules nations qui aient eu la prévoyante
sagesse de se lier par un traité général et
permanent d'arbitrage;
Mais, observant que. la réunion prochaine
des représentants des puissances civilisées, à
Saint-Pétersbourg, offre une occasion unique
de réaliser les améliorations nécessaires des
relations internationales ;
Décide :
1° Q'une lettre rappelant au gouvernement
de la République française le vote unanime,
émis en 1895, en faveur d'un traité d'arbitrage
avec la République des Etats-Unis, par la
Chambre des députés, et l'invitant à s'en ins-
pirer dans les instructions à donner aux délé-
gués français à Saint-Pétersbourg, sera adres-
sée au ministre des affaires étrangères et au
président du Conseil ;
20 Qu'une copie de cette lettre et de la déli-
bération sera envoyée au gouvernement de
l'empereur de Russie ; et que les félicitations
et les vœux que les diverses Sociétés de la
Paix, tant individuellement que collective-
ment par l'intermédiaire du Bureau interna-
tional de Berne, ont déjà respectueusement
fait parvenir à sa Majesté Nicolas II, sont par
la présente délibération, unanimement et ins-
tamment renouvelés.
LES AMÉRICAINS AUX PHILIPPINES
Les prisonniers espagnols et les insurgés
Horrible situation — L'autorité
des Américains contestée
Madrid, 5 janvier.
La situation des prisonniers espagnols
aux Philippines est horrible.
Un ingénieur anglais, qui se trouvait sur
les lieux, dénonce les procédés des Améri-
cains. Il raconte qu'un lieutenant de vais-
seau espagnol et 50 hommes s'étant rendus
aux Américains furent livrés par ceux-ci
aux insurgés, qui soumettent leurs prison-
niers à toutes sortes de mauvais traite-
ments.
Sur 104 moines prisonniers à Cagayan,
plusieurs sont morts de faim et de souf-
france.
Les propriétés espagnoles sont livrées au
pillage et les propriétaires sont dépouillés
et souvent assassinés.
A Suquanzano, un couvent a été pillé et
les religieuses ont été l'objet de brutales
violences.
Madrid, 5 janvier.
Les insurgés des Philippines refusent de
remettre en liberté les prisonniers espa-
gnols sur la demande des Américains; ce
serait, prétendent-ils, faire acte de sou-
mission envers les Etats-Unis.
En ce qui concerne la question de met-
tre en liberté les moines, ils ont la préten-
tion de négocier directement avec le Va-
tican.
Le général Rios négocierait maintenant
directement pour obtenir la libération de
tous les prisonniers.
Les renseignements sur le martyre dont
sont victimes les prisonniers soulèvent
l'indignation générale.
La Reforma, dont le directeur était tout
dernièrement un haut fonctionnaire de
Manille, dit que les Américains éprouvent
de grandes difficultés à établir et à conso-
lider leur domination aux Philippines.
Londres, 5 janvier.
Un des notables Philippins d'Europe, qui
est en relations constantes avec Aguinaldo,
communique à la presse les conditions im-
posées par les Philippins pour la mise en
liberté de leurs prisonniers.
Ces conditions sont très onéreuses pour
l'Espagne et elles divisent les prisonniers
en deux sections : celle des religieux ne
pourra être mise en liberté que si le pape
fait demander leur libération en promet-
tant de révoquer tous les privilèges et tous
les ordres réguliers aux Philippines.
Londres, 5 janvier.
Les journaux publient les nouvelles sui-
vantes :
La junta des Philippines est officielle-
ment informée que le nouveau cabinet
philippin est constitué comme suit :
Ministre des affaires étrangères, M. Ma-
bini ; ministre de l'intérieur, M. Théodore
Sandico, ministre de la guerre, le général
Baldomero Aguinaldo ; ministre des finan-
ces, le général Trias ; ministre des travaux
publics, M. Grégoire Gonsàga.
M. Sandico est un ingénieur civil, élevé
en Angleterre et en Belgique, que l'amiral
Dewey avait dernièrement transporté de
Hong-Kong à Manille.
Le ministre de la guerre est cousin du
président Aguinaldo. Il figure parmi les
chefs depuis le commencement de l'insur-
rection. Il possède de grandes propriétés
à Cavité.
Le nouveau ministre ides nnances a tou-
jours eu d'étroits rapports avec le ministre
de la guerre.
- Le nouveau ministre des travaux publics
est un avocat de Manille qui a été récem-
ment agent des Philippines à Hong-Kong.
et qui était avocat général pour l'Espagne
dans les îles Visayas.
Les Philippins considèrent le nouveau
cabinet comme homogène. Chacun de ses
membres s'opposera à l'occupation mili-
taire par les Américains.
Les Philippins ont nommé comme mi-
nistre à Paris et à Londres.M. Tuason. On
s'attend à son arrivée prochaine en Eu-
rope.
On assure que le président Aguinaldo n'a
pas @ quitté Malolos pour éviter d'être assas-
siné. Suivant des nouvelles de Manille il se
rend à Ilo Ilo, à la demande des insurgés,
pour se placer à leur tête en cas de com-
plication possible avec les Américains.
On déclare, dans les cercles philippins
bien informés, que si.les Américains insis-
tent pour occuper militairement les villes
principales, toute la nation philippine ré-
sistera à main armée.
CE QUE COUTERAIT UNE GUERRE
Dernièrement le sociologue et économiste
russe, I. de Blioch, publiait, sur la « Guerre
future », un grand ouvrage qui a, en partie,
inspiré le rescrit de Nicolas II au comte
Mouravief. 1
L'auteur vient de publier un résumé de
ses idées et de ses observations, sous for
me d'article.
- Après avoir énuméré les forces maté-
rielles et morales considérables que la
guerre future exigera des armées et de
leurs chefs, M. de Blioch expose l'étendue
des sacrifices économiques et sociaux que
la guerre entraînera.
la L'Etat qui sera relativement le moins
vulnérable à cet égard est la Russie, à cause
de son climat, de son sol et de son étendue
sur deux continents.
La puissante flotte de l'Angleterre la
protège contre une invasion, mais son com-
merce, son industrie, et avant tout son ra-
vitaillement sont à la merci des croiseurs
ennemis.
En meilleure situation, mais cependant
très gênées encore pour cette question de
la nourriture, seraient l'Allemagne et l'I-
talie, qui vivent pendant deux ou trois
mois de céréales étrangères.
La France n'a besoin de celles-ci que
pour un mois.
L'Autriche peut suffire à sa consomma-
tion.
Le plus intéressant de l'article, sans con-
tredit, est le calcul des frais journaliers
que la guerre imposerait à chacune des
cinq grandes jpuissa~~ européesoss»
Voici ce calcul reproduit en un tableau
synoptique :
Allemagne (2.550.000 soldats). Fr. 25.500.000
Autriche (1.304.000 - ) 13.040.000,
Italie il. 281. 000 12.810.000
Total pour les armées de la
triple alliance Fr. 51.350.000
France (2.554.000 soldats).Fr. 25.540.000
Russie (2.800.000 — ) 28.000.000
Total pour les armées de la
double alliance Fr. 53.540.000
Les dépenses quotidiennes de guerre
pour l'armée française, y compris la ma-
rine, étaient évaluées ces jours derniers
par un autre calculateur, M. Jules Roche,
au chiffre de 26 millions, qui correspond,
en nombre rond, à celui établi par l'écono-
miste russe.
ÉCHOS MLLES
Il paraît que l'Académie française n'a
pas seulement demandé à M. Guillaume de
raccourcir son discours de réception, mais
à M. Mézières, qui doit répondre au réçi-
piendaire, d'allonger le sien.
M. Mézières ne demande qu'à obtempérer
à ce conseil; mais M. Guillaume boude et
se montre peu satisfait de voir sa récep-
tion toujours remise aux calendes.
Le successeur du duc d'Aumale devra-t-il
être reçu sans discours, ainsi qu'il advint
à M. Emile Ollivier ?
Le 26 février 1874, M. Emile Ollivier dut,
selon l'usage, lire une première fois son
discours devant la commission élue par le
sort. Il y faisait de Napoléon III un éloge
intempestif.
M. Guizot, présent à la séance, protesta
en ajoutant :
« Il ne suffit pas d'avoir un cœur lé-
ger ! »
A ces mots, M. Ollivier déclara ne vou-
loir apporter aucune modification à son dis-
cours.
A la suite de l'incident, l'Académie, con-
voquée en assemblée générale, fut appelée
à juger le discours du récipiendaire. Mais
M. Ollivier, énergiquement, se refusa à
une seconde lecture.
L'Académie vota alors une motion qui
comportait l'ajournement indéfini de la ré-
ception de M. Emile Ollivier.
Puis, se ravisant — car elle est femme,
— l'Académie décidait, peu de jours après
ce vote, que le nouvel académicien serait
considéré comme reçu et convoqué désor-
mais aux séances.
Par décret rendu en conseil d'Etat, est
déclaré d'utilité publique, dans le cinquiè-
me arrondissement de la ville de Paris, l'é-
tablissement d'un square sur un terrain
compris entre les rues du Sommerard, de
la Sorbonne, des Ecoles et de Cluny.
Le préfet de la Seine, agissant au nom de
la ville de Paris, est autorisé à acquérir le-
dit terrain soit à l'amiable, soit, s'il y a
lieu, par voie d'expropriation.
Il sera pourvu au paiement de la dépense,
évaluée à 1,200,000 francs, par un prélève-
ment de 600,000 fr. sur les produits de la
conversion de l'emprunt de 1886 et par une
subvention de l'Etat de pareille somme.
Puisqu'une nouvelle année commence,
il est peut-être intéressant de rappeler
certaines curiosités du calendrier grégo-
rien.
Ainsi, sait-on que, depuis la réforme du
calendrier par le pape Grégoire XIII, en
1582, aucun siècle ne peut commencer un
mercredi, un vendredi ou un dimanche?
Et sait-on que le même calendrier peut
servir tous les vingt ans?
Janvier et octobre d'une même année
commenceront toujours par le même jour.
Il en est ainsi pour avril et juillet, pour
septembre et décembre. Février, mars et
novembre commencent aussi le même
jour. Le premier de l'an et la Saint-Sylves-
tre d'une même année également tombent
aussi le même jour, sauf bien entendu les
années bissextiles.
Chaque jour de la semaine est, tour à
tour, jour de repos : le dimanche pour les
chrétiens, le lundi pour les Grecs, le mardi
pour les Persans, le mercredi pour les
Assyriens, le jeudi pour les Egyptiens, le
vendredi pour les Turcs et le samedi pour
les juifs.
Enfin, par rapport à la marche du soleil,
l'erreur du calendrier grégorien ne dé-
passe pas un jour sur quatre mille ans.
Comme il est assez probable que ce n'est
ni vous ni moi qui vérifierons, nous ne
risquons pas fort de nous tromper.
Les obsèques de M. Edouard Hervé seront
célébrées demain samedi, à dix heures du
matin, en l'église Saint-Augustin. L'inhu-
mation sera faite au cimetière Montmartre.
Les lettres de faire-part sont adressées
au nom de MM. Philippe Hervé, fils du dé-,
funt; le comte de Grenaud, son gendre;
Hervé de Kérohant, son frère, et Léopold
Giraud, son beau-frère. 1
En signe de deuil, l'Académie française a
levé sa séance hier après-midi.
Sur les chantiers de la nouvelle gare
d'Orléans, les ouvriers occupés aux travaux
de fondation ont mis à jour hier la pre-
mière pierre de la Cour des comptes.
Ils ont découvert le coffret traditionnel
dans lequel sont contenues les pièces et
médailles commémoratives.
Ce coffret doit être transporté à la Com-
pagnie d'Orléans, où il sera procédé à son
ouverture en présence de hauts fonction-
naires.
Ces souvenirs seront très probablement
déposés au musée Carnavalet.
C'est à M. Formigé que la Ville de Paris a
demandé les plans du monument commé-
moratif qu'elle doit élever pour les vic-
times non reconnues du Bazar de la Charité
dans le cimetière du Père-Lachaise.
Ce monument très simple, pour lequel le
Conseil municipal a voté une somme de
dix-huit cents francs, se compose d'un pié-
destal surmonté d'un motif architectural
très sobrement décoré et portant cette ins-
cription :
« Aux victimes non reconnues de l'incen-
die du Bazar de la Charité. Paris, 4 mai
1897. La Ville de Paris.»
Ces victimes non reconnues sont au nom-
bre de trois dont les restes reposent ac-
tuellement dans les caveaux provisoires
de la Ville.
L'administration des beaux-arts de la
Ville de Paris vient, à la demande du Con-
seil général, de faire l'acquisition de la
« Seine », du sculpteur Denys Puech, re-
production en marbre grandeur nature du
bel envoi de Rome de l'éminent artiste.
Ce bas-relief sera placé au tribunal de
commerce.
M. Paul Schmitt a reçu la commande de
la décoration de l'escalier d'honneur de la
mairie du Grand-Montrouge et M. Camille
Lefebvre est chargé de l'exécution d'un
bas-relief en marbre pour la mairie d'Issy-
les-Moulineaux.
En outre, la Ville de Pans commande à
l'aquafortiste Barbotin une gravure du pla-
fond de Gervex qui décore la grande salle
des Fêtes de l'Hôtel de Ville; à M. Emile.
t Butane la reproduction au burin des„dçûx
coupoles de Picard, le Déclin et la Lutte,
qui se trouvent dans la galerie Lobau; à
M. Margelidon, une eau-forte d'après la
Fêle champêtre de Clairin de la galerie
Lobau; à M. Maurou, la lithographie des
peintures du salon Lobau par Jean-Paul
Laurens : Anne Dubourg et Henri II et Y Ar-
restation de Broussel, qui fut tant admirée à
l'un des derniers Salons; à Champollion, la
planche d'une eau-forte d'après la non
moins célèbre toile de Jean-Paul Laurens :
la Voûte d'acier.
Enfin, plusieurs autres souscriptions im-
portantes à des œuvres d'art ont été trans-
mises soit par le Conseil municipal,
soit par le Conseil général à l'inspec-
teur général des beaux-arts de la ville de
Paris qui les joindra à ces commandes in-
téressantes.
A la suite d'une altercation violente, une
rencontre au pistolet a eu lieu, hier, dans
le bois de Meudon, entre M. Emile Michou,
rédacteur aux Droits de VHomme, et M. Eu-
gène Rouzier, rédacteur à l'Eclair.
Deux balles ont été échangées sans résul-
tat.
Le public ne salt pas assez que le musée
du Luxembourg et celui du Louvre ont,
depuis quelque temps, consacré des
salles à 1 exposition des dessins et aqua-
relles d'architectes célèbres.
C'est au musée du Luxembourg, où elles
resteront dix ans avant de passer au Lou-
vre, que Mme veuve Charles Garnier vient
de donner trois oeuvres de son illustre
mari, qui était un maître aquarelliste et
un puissant coloriste. 1
Une aquarelle représente saint Clément,
à Rome, et les ors des mosaïques y sont
rendus avec une maestria et une vérité
remarquables.
L'autre aquarelle est une vue de Scutari.
Le Bosphore y est peint de ce bleu lumi-
neux, intense, foncé sans être noir, ce bleu
inoubliable des mers d'Orient, qui rappelle
si bien cette côte d'Asie à ceux qui l'ont
une fois vue.
La troisième œuvre de Charles Garnier
est un magistral dessin à l'encre de Chine,
représentant la cour du palais des doges, à
Venise.
Tous les amateurs voudront voir, au mu-
sée du Luxembourg, ces trois morceaux si
différents de genres, que le conservateur
du musée promet de placer sur des cheva-
lets en attendant qu'une bonne place leur
soit assignée.
On télégraphie de Montauban qu'un doua-
nier du Havre vient d'apporter au 20e ré-
giment d'infanterie, qui tient garnison dans
cette ville, le drapeau que suivait ce régi-
ment pendant la guerre de 1870.
Le douanier avait pu, après la bataille de
Sedan, le soustraire aux Allemands victo-
rieux.
Une grande fête patriotique a eu lieu au
régiment à cette occasion.
On s'est inquiété de savoir dernièrement
ce qu'allait devenir l'hôtel de Sens, occupé
pendant très longtemps par la confiturerie
de Saint-James. L'hôtel de Sens, situé rue
du Figuier, à l'angle de la rue de l'Hôtel-
de-Ville, est un des plus curieux et, après
l'hôtel de Cluny, l'unique spécimen d'un
hôtel de la fin du quinzième siècle à Paris,
Cet hôtel a conservé dans ses façades des
traces du style féodal dont les demeures
des grands seigneurs étaient jadis em-
preintes, à en juger par les meurtrières
qui couronnent les ogives des portes d'en-
trée et les mâchicoulis qui ornent le don-
ion de la cour.
- Que les amoureux dû vieux Paris se ras-
surent : l'hôtel est maintenant loué à un
industriel, qui s'est engagé à ne rien chan-
ger à l'aspect ni à la disposition des lieux.
Le seul danger vient peut-être des voisins,
qui se sont plaints que les conduites
d'eaux des gargouilles détérioraient leurs
immeubles.
M. Buhel, l'architecte de la préfecture, a
été chargé d'une enquête à ce sujet, et l'on
peut être certain qu'il s'entremettra pour
que les gargouilles ne soient point touchées
et que la canalisation intérieure soit seule
modifiée.
Portes de prison.
Sait-on où l'on peut avoir la surprise,
inattendue, malgré la logique des choses,
de retrouver deux portes authentiques de
Mazas, celles des cellules nos 114 et 123 1
Au nouvel hôtel de ville d'Asnières, en-
core en construction, et qui sera bientôt
achevé.
Et ces portes sont devenues, tout natu-
rellement, celles des deux violons du
commissariat de police installe au rez-de-
chaussée du nouveau monument, du côté
de la rue des Ecoles.
Comme on se retrouve!
Le parc aux Daims est un des sites
les plus pittoresques du bois de Vincen-
nes; il s'étend entre le plateau de Gra-
velle, la Maison Blanche et le polygone.
Alors que la forêt de Vincennes faisait
encore partie des chasses royales, on par-
quait en cet endroit les daims capturés
tout jeunes.
Lors de la création du terrain de manœu-
vres, son voisinage du champ de tir ren-
dant cette partie du bois excessivement
dangereuse, la ville de Paris la conserva
telle quelle, et l'accès en fut interdit aux
promeneurs.
Aujourd'hui l'autorité militaire ayant fait
construire un immense stand où les trou-
pes de la garnison exécutent tous leurs
tirs, les mêmes dangers n'existent plus ;
aussi les populations riveraines deman-
dent-elles à l'administration de supprimer
la clôture qui ferme au public cette ma-
gnifique partie du bois.
Le monument commémoratif de l'affaire
de Sidi - Brahim, qui vient d'être élevé à
Oran, n'a guère attiré l'attention du public.
Une chose étrange, c'est qu'on a oublié
de dire le nom dont cette œuvre est signée,
un grand nom pourtant, celui de Dalou.
Le monument a été expédié a destination
en morceaux détachés et l'itlustre sculp-,
teur, retenu ici pour ses travaux, n'a pu
aller le voir sur place et ne le connaît pas.
L'octroi d'Amboise a été supprimé sa-
medi soir à minuit.
Cette décision, qui avait été approuvée
par le conseil général à sa dernière ses-
sion d'août, procurera à la ville d'Amboise
un bénéfice net de 11,000 francs, montant
des frais de perception, et le produit de
l'octroi, environ 32,000 francs, sera com-
pensé par des centimes additionnels aux
quatre contributions, par un supplément
de taxe sur les chevaux et voitures de
luxe, le partage des bénéfices de l'usine à
gaz, etc.
Les employés d'octroi remerciés ont reçu
trois mois de traitement à titre de dédom-
magement.
On a souvent parlé des amas de pétitions
qui vont s'accumulant dans les corbeilles à
papier de la commission parlementaire
spéciale. Mais jamais, croyons-nous, les
commissaires du Palais-Bourbon ne furent
admis à régal pareil à celui dont vient
d'être gratifié le conseil du comté de Lon-
dres.
Trois millions six cent cinquante-sept
mille neuf cent quatre-vingt-huit pétition-
naires demandent qu'il soit interdit au?
autorités ecclésiastiques de mettre en
mouvement les cloches en dehors des jours
fériés légaux ; et, comme trois cent mille
environ des signataires ont appuyé leur
protestation d'explications remplissant cha-
cune plusieurs feuillets de papier ministre,
cette montagne de prose plus ou moins
éloquente a produit sur la bascule le res-
pectable poids de 120 kilogrammes.
Voilà ce qui s'appelle un argument so-
lide !
Deux recettes pour les engelures, tou-
jours trop répandues à cette époque de
l'année :
Chlorure d'ammonium. 62 grammes.
Sulfated'alumine. 4 —
Alcoolat vulnéraire. 12 -
Eau distillée. 250 —
Imprégner soir et matin la région en-
flammée. -
Pommade à laisser sur l'engelure pen-
dant la nuit :
Sous-acétate de plomb.. 2 grammes.
Acide phénique. 50 centigr.
Oxyde de zinc. 15 grammes.
Vaseline ) ââ 20 -
Lanoline a
Ou bien encore en poudre :
Sous-acétate de plomb. 2 grammes.
Sous-nitrate de bismuth. 6 —
— Quelle différence faites-vous entre un
musicien et un lapin?
— Le musicien aime la musique et le la-
pin le plein champ.
L'EXPOSITION DE 1900
L'ETAT DES TRAVAUX
C'est dans quinze mois et quelques jours
que doit avoir lieu l'ouverture de l'Expo-
sition, et l'achèvement des travaux à l'heure
voulue n'est pas sans préoccuper ceux qui
ont assumé la responsabilité de cette œu-
vre gigantesque.
D'après les prévisions de l'administra-
tion, toute la partie construction devrait
être complètement terminée dans les pre-
miers jours àe novembre 1899. Y arrivera-
t-on?
Le commissariat général n'en veut pas
douter; mais pour plus de garanties, on a
demandé aux divers architectes de dresser
un programme des travaux restant à effec-
tuer.
Pour se rendre compte de l'importance
de l'œuvre à terminer, il suffit, connais-
sant le plan général de l'Exposition, de
constater le travail accompli.
Le nouveau pont jeté sur la Seine entre
les Champs-Elysées et les Invalides est en
bonne voie d'exécution. Un des pylônes en
maçonnerie est terminé. Les autres sont
fort avancés, et quatre des arcs sur six
sont déjà lancés.
On pense qu'à la fin du mois de février,
il ne restera plus qu'à terminer la partie
décorative, très importante, on le sait, et à
laquelle, dès maintenant, les artistes dési-
gnés travaillent avec activité.
En ce qui .concerne les deux palais de la
rive droite, le gros œuvre est presque
achevé. Plus avancé que le grand, le petit
palais a ses dômes terminés. Et le drapeau
qui l'indique flotte déjà au sommet d'une
des coupoles d'angle de l'édifice. Pour les
façades, on est moins en avance. Mais on
espère regagner assez rapidement ce re-
tard, dû à la lenteur dans la livraison des
fers destinés à se joindre à la maçonnerie.
Enfin, toujours sur la rive droite, on ter-
mine les travaux de déblaiement du Cours-
la-Reine et du quai de la Conférence, où
va commencer ces jours-ci la construction
de la porte monumentale qui donnera ac-
cès à l'Exposition place de la Concorde.
Sur la rive gauche, on n'est pas sans in-
quiétude à propos de la lenteur des travaux
de la nouvelle gare de l'Ouest. Déjà, le mi-
nistre des travaux publics a dû' adresser à
ce sujet des représentations à la Compa-
gnie. La gare devrait être à la veille de son
achèvement, et elle en est encore bien éloi-
gnée 1 C'est là un sujet d'inquiétude très
vive pour les hauts fonctionnaires de l'Ex-
position.
A côté, on a commencé la construction
des galeries des sections françaises. Déjà
des fermes métalliques se dressent de tou-
tes parts, comme le squelette des futures
constructions.
Il en est de même au Champ-de-Mars. Les
masses de fer sont à pied d'œuvre. Et le
montage est commencé, notamment pour
le palais des tissus. On sait qu'une double
ligne de vastes galeries doit partir de la
Galerie .des Machines et aboutir à la Seine.
C'est entre ces lignes et du côté opposé
au fleuve que s'élèvera le palais de l'élec-
tricité qui, lui, n'est pas encore commencé
et qui sera, dit-on, une des merveilles de
l'Exposition.
Au Champ-de-Mars, s'accomplissent des
travaux très intéressants pour la mise en
train des installations mécaniques.
Il s'agit de pourvoir aux 20,000 chevaux
de force qui nécessiteront la production
de 200,000 kilogramme très de vapeur par
heure et la consommation de près de trente
tonnes de houille.
On a presqueachevé la construction des
canalisations d'eau et de vapeur; des car-
neaux de fumée. Celle des deux cheminées
monumentales, qui n'auront pas moins de
80 mètres de hauteur, est assez avancée.
De véritables tunnels, de 2 m. 60 de lar-
geur sur 2 m. 70 de hauteur à la clef, y
aboutissent après un développement sou-
terrain de plus de 1,500 mètres.
Tel est l'état de l'ensemble des construc-
tions. Restent plusieurs palais et cons-
tructions diverses dont les devis sont éta-
blis et les plans arrêtés et pour lesquels il
n'y a pas lieu de concevoir d'appréhen-
sion.
Mais les édifices qui pourraient bien être
en retard, si on n'y prend garde dès le
début de cette année, sont ceux qui se
dresseront sur la rive gauche de la Seine,
entre le Champ de Mars et les Invalides et
qui formeront ce qu'on a déjà appelé la
rue des Nations.
On n'a pas encore procédé à la réparti-
tion des emplacements, et très peu de
puissances ont fait adopter les plans de
leurs palais spéciaux.
Il y a lieu de se hâter si on veut, de ce
côté, éviter de désagréables surprises au
jour de l'inauguration de l'Exposition, fixé,
on le sait, au 15 avril 1900.
LES SERVICES POSTACI DANS Li SEIM,
M. Ph. Laloge, député de la Seine, vient
d'adresser la lettre suivante à M. le sous-
secrétaire d'Etat des postes et télégra-
phes :
Paris, le 4 janvier 1899.
Monsieur le sous-secrétaire d'Etat des
postes et télégraphes,
J'ai eu l'honneur, il y a quelques mois, d'at-
tirer votre attention sur la mauvaise organi-
sation qui existe en général dans l'organisa-
tion du service des postes et télégraphes de
la banlieue de Paris.
C'est sur la promesse que vous me fîtes
alors d'étudier les réformes à apporter dans
1 cette partie de notre administration, que d'ac-
cord avec vous, je ne vous posai point de
tr^uue.
Des améliorations viennent récemment d'être
édictées par vous, en particulier pour la Villa
de Paris. i
Permettez-moi, monsieur le sous-secrétaire
d'Etat, de vous rappeler la mise à l'étude de
quelques projets intéressant le service de la
périphérie de Paris :
1° Etablissement d'un réseau téléphonique
extra-muros reliant entre elles les principales
communes de la banlieue , afin d'éviter le
passage des communications par le bureau
central de Paris et les retards qui en résul-
tent ;
2° Suppression des frais d'installation des
fils dans les grands centres ou tout au moins
notable diminution de tarifs exagérés actuel-
lement en vigueur;
3° Modification da service de livraison degi
colis postaux et organisation de ce service
dans les mêmes conditions qu'à Paris:
4° Assimilation du service des distribution»
en banlieue à celui de Paris;
5° Création par l'Etat de divers bureaux da,
poste devenus indispensables par l'accroisse-
ment de la population.
Je vous prie,monsieur le sous-secrétaire d'Etat,
de considérer que ces réformes intéressent uns
population totale de plus d'un million d'habi-
tants, et un grand nombre de communes, dont
quelques-unes sont devenues des villes indus-
trielles et commerciales très importantes.
Il importe donc qu'elles ne soient pas sou-
mises à un régime d'exception que rien ne jus-
tifierait plus longtemps.
Recevez, monsieur le sous-secrétaire d'E-
tat, etc.
Philippe LALOGE, député de la Seine. :
NÉCROLOGIE
Nous apprenons la mort de M. Laluyé, se-
crétaire à l'Institut de France, où il était charge
tout particulièrement du service de FAcadémia
des sciences, décédé à Paris à l'âge de
soixante ans.
Il était l'auteur de plusieurs pièces ou coi,
médies et notamment d'un acte, Au Printemps,
qui fut représenté, non sans succès, au Théâtre-
Français et qui est encore aujourd'hui au ré-
pertoire.
CAUSERIE FINANCIERE
LA BOURSE
Le marché présente toujours une physiono-
mie aussi peu satisfaisante que possible ; la
baisse s'accentue encore, notamment sur nos
rentes,et la plupart des valeurs étrangères. Plus
que jamais,la clientèle du marché est fâcheuse-
ment impressionnée par les avis de plus en plus
défavorables qui parviennent, relativement au
renchérissement de l'argent. Le bilan de la
Banque de France publié aujourd'hui ne laisse
aucune doute sur l'aggravation de la situation
monétaire.
Voici ce bilan: aux augmentations, nous re-
levons le portefeuille avec 104,518,021 fr., les
avances sur titres 21,966,326, les comptes-cou-
rants particuliers 42,480,808, les billets en circu-
lation 133,341, 510 fr.
Aux diminutions, figurent l'encaisse or avec
11,086,236 fr., argent 12,420,076, les comptes-cou-
rants du Trésor 61,105,235 fr.
Bénéfices de la semaine 2,238,300 fr. Dépenses
53,827 fr.
On constate à la lecture de ce document
l'énorme retrait d'or, et l'augmentation du por-
tefeuille, ce qui indique combien ont été
grands et réels les besoins d'argent pour l'é-
chéance de fin d'année.
Par suite, on prévoit à bref délai l'élévation
du taux de l'escompte, tout d'abord à la Banque
d'Angleterre, et par répercussion chez nous.
Telle est aujourd'hui la cause principale de
la mauvaise tenue de notre pince. Ajoutons
que de, jour en jour, bon nombre de maisons
— voire des agents de change — restreignent
le plus possible leurs engagements, ce qui est
bien l'indice d'un malaise général.
Nous laissons le 3 0/0 à 101 47, le 3 1/2 0/0 à
104 20.
La rente espagnole fléchit de nouveau. Elle
clôture à 44 70 ex-coupon de 1 0/0.
En ce qui concerne la dette de Cuba, les
nouvelles - déclarations du ministre des colo-
nies on fait naître la crainte et le doute dans
l'esprit des porteurs des billets hypothécaires
de Cuba. M. Romero Giron aurait déclaré, au
sujet de l'avenir réservé à cette dette, que l'on
savait seulement que les Américains ne vou-
laient pas la reconnaître, ajoutant que le temps
dira à qui elle doit incomber. — Parler ainsi,
c'est déclarer que les droits que pourraient
avoir les porteurs de ces billets d'exiger la
reconnaissance de l'Espagne sont douteux,
c'est concéder au gouvernement espagnol la
pouvoir de payer ou de ne pas payer.
Le 4 0/0 Brésilien recule à 56 90; l'Italien flé-
chit à 92 40, ex-coupon de 2 0/0. Les valeur?
ottomanes sont un peu plus faibles. Le Turc C
cote 26 95, la série D 22 77. La Banque perd
1 fr. à 548.
Les emprunts russes sont plus lourds. Le
1891 recule à 93 25, ex-coupon de 3/4; le 1896, à
94 25. Le Portugais vaut 23 45, ex-coupon de
2,983. -
Les Sociétés de crédit restent faibles. Nous
ferons exception pour la Banque de France
qui de 3,795 s'avance à 3,885, conséquence na-
turelle de la publication de son bilan faisant
prévoir l'augmentation du taux de l'escompte.
La Banque de Paris vaut 932 fr., ex-coupon
de 18 fr.-35; le Crédit Foncier 708, ex-coupon
de 14 40.
Le Crédit Lyonnais se tient ferme à 858 fr. j
la Banque internationale se négocie à 530 fr.
ex-coupon de 11 40. La Banque spéciale des vam
leurs industrielles est ferme à 254 fr.
La Banque spéciale, au cours de son premier
exercice, a strictement suivi le programme
qu'elle a énoncé lors de sa constitution.
Le chiffre des bénéfices, qui s'élève pour la
premier exercice à 3,400,000 fr. environ, per-
mettra la répartition d'un dividende de 17 0/t
aux actions et de 350 fr. par part de fondâtes
Nos chemins de fer sont un peu plus lourds.,
Le Lyon recule à 1,874 : le Midr vaut 1,385 ex..
coupon dè 22 62; le Nord 2,061 ex-coupon da
17 255 ; l'Orléans est à 1,790.
Les recettes pour la 51e semaine de 1898 pré-
sentent une augmentation de 1,175,562 sur cellet
de la semaine correspondante de 1897.
Les valeurs industrielles se maintiennent
aux environs de leurs limites précédentes.
Le Suez cote 3,460 ex-coupon de 36 511 ; la
Gaz vaut 1,262 ; la Compagnie générale dt
traction reste ferme à 115.
J. Legrand.
LES MINES
Le marché des mines d'or est assez calme ;
les fluctuations sont peu importantes en gô<
néral.
La Chartered vaut 77 75, la Goldfields 133 50,
la Durban 88 50, la Ferreira 630, la Geldenhuif
205, la Kleinfontein 70 50, la Langlaate 95 50£
le May Consolidated 110, la Randfontein 54, la
Robinson 229 50, la Simmer 127 50.
Le Rio perd 10 francs à 807 francs ; la de
Beers reste à 672.
LA PRODUCTION DES VINS EN 1898
Nous avons donné, il y a un mois, d'a-
près le Bulletin du ministère des finances, la
résumé des évaluations de la récolte des
vins en 1898. ,
Aujourd'hui, cette même publication con-
tient, sur le même sujet, des tableaux dé-j
taillés dont on peut retirer quelques indi-
cations nouvelles intéressantes. j
La reconstitution du vignoble se mani-j
feste par des augmentations de la superfi-j
cie productive dans 33 départements, no-,
tamment dans le Gard, l'Herault, le Rhône
et saône-et-Loire.. i
L'étendue totale du vignoble français a
augmenté de 17,582 hectares en 1898; elle
est aujourd'hui de 1,706,513 hectares.
La production totale étant évaluée al
32,282,359 hectolitres, le rendement moyen
à l'hectare pour 1898 ressort à 19 hectoli-
tres, soit une diminution de 1 hectolitre'
par rapport à celui de 1897. La comparai-1
son avec les résultats correspondants fait;
apparaître une diminution de 68,000 hecto-j,.
litres par rapport à l'année 1897 et de,
968,000 hectolitres sur la production
moyenne des dix années antérieures.
Dans le total de 6,655,412 hectolitres un-
portés pendant les dix premiers mois de
11899, les vins d'Espagne 3gurç»i gour
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