Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-10-21
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 octobre 1924 21 octobre 1924
Description : 1924/10/21 (Numéro 295). 1924/10/21 (Numéro 295).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7621094
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-septième mmee - N° 295
Mardi 21 octoÊre 1924
4 S centimes. Ssisa vt S - siww - st - Otm
£0 centimes. D épartemehtS st Couennes
ABONNEMENTS: Uni». Sliïeis. Tnbifai.
Franco et Colonies. 48 fr. a5 fr. i3 fir.
Etranger 8a » hn r> u i
Chèque postal ; Compte a3.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAI,
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
&érHJer des qnaranto Rois qui en mille ans firent la France.
BÉDACTIO!» ft A DKItfTSTtlâTTOB !
ik. rue de Roms. PARIS (8')
Adresse télégraphique :. ACTI0FR AH-PARIS
Téléphone : Administration : Louvre a6-49, s6-5o
Rédaction : Central 75-41 Pabliciti : Central 7^77
Après xo heures du soir : Ségur- *1-68
Begistre de Commerce : Seine H* 78.681
Fondateur s HENRI YAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —^ Rëdactear en chef s MAURICE PUJO
BONNE IDÉE !
«...Après avoir, émancipé l'école, elle (la
France) doit émànciper la politique. »
Discours d'Eerriot au Congrès radical*
»
Si nous pouvions l'émanciper de
la franc-maçonnerie, de la juiverie in
ternationale, de l'Angleterre, de l'Al
lemagne
LE MEURTRE DE BONSERVIZI
Le jury de la Seine
et l'assassinat policier-politique
L'assassinat du valeureux et charmant
Bonservizi, fleur de la nouvelle jeunesse
italienne, est, à mon avis, une affaire obs
cure. Comment les antifascistes italiens
étaient>ils au courant des habitudes de
Bonservizi ? Comment l'un d'eux a-t-il
pu trouver un engagement chez Noël
Peters ? Comment et pourquoi l'instruc
tion n'a-t-elle jeté aucune lumière sur les
complices certains de Bonomini, couvert
d'éloges par ce torchon de police politi
que, subventionné par la Sûreté générale,
que l'on appelle le Libertaire ? L'expé
rience, cruellement acquise, que nous
Ayons de-ce-genre d'attentats, nous-permet
de rapprocher l'affaire Bonservizi de l'af
faire Plateau. L'avocat, le louche et toni
truant Torrès, est le même. H a appelé les
mêmes témoins de « moralité » sanglante
que lors du procès Plateau. Bonomini se-
•ra-t-il automatiquement acquitté par un
•jury que la police politique de Pa
ria — notoirement antifasciste et pro
révolutionnaire — aurait trié avec le
ipême soin que celui de la Tueuse
à Caillaux et de la Berton ? Dans
le jury de la Berton' figurait, on s'en sou
vient, un marchand de livres obscènes du
Palais-Royal. Le marchand djs livres
obscenes, comme le tenancier ou la te
nanciere de maison de rendez-vous, est
toujours' affilie a la police.
Je suis convaincu que l'assassinat de
•Bonservizi, opération longuement prépa
rée, était destiné —: vu l'amitié, con
nue, du président Mussolini pour son fi
dèle et loyal second — à brouiller les car
tes entre le gouvernement français et le
gouvernement Italien.
. J'ai déjà insisté sur ce fait qu'aux ob
sèques, si. émouvantes, de Bonservizi à
-Madeleine* et alors que Bonservizi
avait une fonction à l'ambassade italienne
à Paris, ni Millerand, alors président de
la République, ni Poincaré, alors prési
dent du Conseil, ne s'étaient fait représen
ter. Ces deux lâches ou, plus exactement,
ces deux péteux, avaient évidemment éu
peur de notes désagréables dans l'Hu
manité, ou dans le Popu, que dirigeait
encore Léon Blum. Cela, quelques semai 1
ces après les honneurs dignement ren
dus aux héroïques victimes du Dixmiide,
tombé accidentellement dans les eaux ita
liennes, par le président Mussolini. Il est
dur, quand on est Français, de constater
semblable chose. Il faut avoir vu de près,
comme je les ai vus, ces deux avocassons
de toute avocasserie, mornement ligotés
à leur poncif juridico-parlementaire, dé
sarçonnés par toute parole vraie et di
recte, partagés entre la peur et l'outrecui
dance, pour les juger à leur aune. Ce sont
des poupées, des cartonnages, non des
hommes. Voilà pourquoi, entre pa
renthèses, un François-Marsal, féal
de Millerand, un Maginot, féal
de Poincaré, qui auraient des quali
tés d'hommes d'action, s'ils ne suivaient
de tels patrons, perdent leur temps et
leur salive. Millerand, entêté à soutenir
Marlier, assassin d'un enfant de quator
ze'ans et demi — parce que Marlier le
tient par sa connaissance d'une sale af
faire Jean Millerand, où il s'est entremis
— Poincaré, entêté à soutenir Lannes,
qui est un malhonnête homme et un san
glant gredin, uniquement parce que Lan
nes est son beau-frère, ne sauraient être
des patrons.
Si François-Marsal et Maginot conti
nuent à se prévaloir de ces deux loques,
qrii inspirent à bon droit aux gens sensés
et clairvoyants un indicible mépris, ils
sombreront dans le ridicule, on ne les
prendra pas au sérieux. Qu'ils commen
cent par lâcher ces deux baudruches de
perdition.
Il est à prévoir que les audiences du
procès Bonomini ne. seront pas moins
Scandaleuses que celles du procès de la
Berton. On y verra, en plus des témoins
^convoqués l'autre fois par ce sinistre ca-
botin de Torrès — d'ailleurs très facile
à remiser — cet inénarrable jocrisse dU-
namuno, qui jeue les sous-Barbès et lés
■quart-de-Victor Hugo dans les bureaux
du Quotidien, après un enlèvement d'opé
rette, financé par Jean de la Lune-Hen-
pessy, ambassadeur berné à Berne. De
quoi se mêle Unamuno ? S'il approuve
l'assassinat de Bonservizi, qu'il le dise.
S'il le réprouve, qu'il se taise et nous
fiche la paix. Les Parisiens ne sont pas
aussi bêtes qu'il l'imagine, et ils ne
croient ni à son « martyre »,• ni à son
« génie ».
La pitié pour les assassins est, à coup
eûr, une des plus dangereuses inventions
da etupide dix-neuvième siècle. Elle a fait
couler et elle fera encore couler des flots
de sang. J'ai eu, dans ma chienne de vie,
comme on dit, des heures effroyablement
dures, et même tragiques. Parmi les pi
res, celle où, pour la mémoire de mon
cher Plateau, j'ai dû çubir, à îa Cour
d'assises, la vue et le contact de cette
anarcho-poliçe, dont la Berton est ie hi
deux spécimen en jupons. Pendant que
braillait, à faux et à vide, cet abruti de
Torrès — Philippe avait été assassiné
quelques jours auparavant — j'ivais, à
ma droite, 1a vue de cette blafarde pitite
hyène.de la rue des Saussaies, que le sang
frais met en chaleur, et qui m'exprimait
ses regrets de m'avoir manqué. Dans le
fond, des juges peints en rouge, pareils à
un pauvre guignol, intimidés par les beu
glements de l'avocat de la policière, qui
avait juré de m'avaler tout cru et trou
vait, à l'épreuve* le morfceau un peu gros.
A ma gauche, cé jury grisaille, illisible,
ou je cherchais à discerner la bobine du
libraire obscène — autre Flaoutter —
dont le nom et le métier immonde avaient
attiré déjà mon attention. Tout cela puait
la police et la peur. Mais imaginez l'état
d'esprit d'un homme dont on vient de
tuer le petit garçon — j'ignorais alors la
terrible vérité, elle ne m'est clairement
apparue» qu'un mois plus tard, le 16 jan
vier— et qui'se trouve plongé dans cette
atmosphère de magistrats effrayés, de ju
rés truqués, de bourriques stylées, et qui
doit répondre aux interrogations, dites
« tendancieuses », d'un ridicuV; avocat-
îiuant à tête de veau, tel que ce Torrès.
Une farce de sang,-une farce horrible,
tel fut ce procès de la petite bourrique
meurtrière d'un héros. Le matin, le Petit
Parisien, par la plume d'une dame An
drée Violiis, qui paraît aimer la tartine
rouge, décernait des éloges physiques à
la fille Berton, à la « petite salamandre
chère » de la Bemain. Traduction : les
Dupuy fils tremblent pour leur peau,
comme, Henry Tripot-Letellier du Jour
nal, Une Berton, ça fait bobo, ça tue les
journalistes pas gentils. Ni les Dupuy fils,
ni Henry Tripot-Letellier n'ont envie
d'être tués, ni d'avoir des affaires avec
« ces messieurs » de la police des jeux,
des mœurs, ou autre. Ils sentaient va
guement que la Berton .était, comme on
dit, à dada sur la barricade, moitié rue
Louis-Blanc, moitié rue des Saussaies.
D'où des descriptions alléchantes de son
physique de « petite fille », destinées à
aguicher les vieux lecteurs. Ah ! oui, c'est
du propre et du joli, la grande presse
d'information ! L'Imprimé a là un fa
meux cloaque.
L 'horrible bande anarcho-policière va
remettre çà pour Bonomini ; avec cette
différence que Bonomini, je le suppose,
n'aura ni corset, ni chapeau à plumes ;
corset offert par la maison Colomer,. cha
peau à plumes de la maison Lebreton et
Cie, annexe de la précédente.
Mais si Mme Séverine, trop émue, doit
pleurer à l'audience sur quelqu'un, je
lui signale le martyre effroyable de Bon
servizi. J'ai suivi cela de prés. Le malheu
reux enfant — car, par rapport à moi,
c'était un tout jeune — a agonisé pendant
de longs jours, dans une froide chambre
d'hôpital, à Beaujon, d'abord, puis, dans
une chambre de maison de santé, la tête
trouée, la pensée flottante. Tournez vo
tre cœur,. madame, je vous en prie —
vous qui savez si bien observer et rendre
ce que vous avez observé — tournez vo
tre sensible cœur vers ce pauvre Bonser
vizi. Représentez-vous ses souffrances
atroces, imméritées — car il était, lui
aussi,- comme mon Philippe, généreux,
bon et brave — ce vague brûlant de la
pensée, ainsi sauvagement meurtrie, ce
vague hanté de regrets amers, de visions
du pays natal, de la belle et douce terre
italienne, à jamais perdue. C'est cela qui
est à plaindre, madame, c'est cela qui est
irréparable, c'est cela qui est à sangloter ;
et, puisque, étant femme, étant mère, vous
pleurez en publie, ah ! dirigez vos lar
mes vers la victime, de grâce, et négligez
un peu l'assassin !
Et puis, madame Séverine, croyez-moi.
Les gens du Libertaire ne sont pas ce que
vous pensez. Ce ne sont pas des çéfractai-
res ; ce sont des bourriques et des cam
brioleurs, vous, m'entendez bien. Et ils
le savent mieux que moi ; et ils crèvent
de peur et de sueur, à la pensée que leur
collusion avec la police politique est dé
montrable et démontrée. Ce n'est pas
pour rien que Louis Lecoin — organisa
teur, avec Lannes, de la fable « Philippe
anarchiste » — avait hébergé la Berton
chez lui, SO, rue des Cendriers, après
l'ignoble procès de décembre 23. Comme
le 8 de la rue Lécuyer, comme le bureau
du Libertaire, comme le 8 de la rue de
Chartres, comme le 46, boulevard Beau
marchais, le Logis à Lecoin est une sou-
LA POLITIQUE
riciere.
Léon DAUDET.
VOUS ETES ABONNE î c'est bien.
Mais pourquoi ne faites-vous pas abon
ner vos amis ?
I. « Vers la servitude »
C 'est le titre d'un article que je citerai
et commenterai à loisir. Je commen
cerai par l'approuver. Nous allons à la ser
vitude économique et financière, nous
avons accepté ce joug, nous le portons
déjà.
Sans nous en apercevoir clairement
peut-être. Mais patience, la lumière arrive,
et avec elle la douleur.
En un. temps où nous pouvions nous
en passer, où la décision énergique de
M. Poincaré eût pu mettre à la dispo
sition des finances françaises le prix de
vente des riches monopôles d'Etat, on a
demandé à la finance américaine de
nous avancer de l'argent pour parer
à une hausse du franc toute fictive,
toute politique, déterminée par des ma
nœuvres allemandes et surtout anglaises.
Cet argent a rendu le service que î'on en
attendait. I] a vaincu. On ne l'a pas perdu.
On ne l'a pas rendu. On l'a gardé pour
lui demander, le cas échéant, de jouer de
nouveau en notre faveur. On recom
mence à l'utiliser en ce sens..Mais les situa
tions .deîévner-màrs ëf^'ocfôljfé-novem-'"
bre né sont pas les mêmes. Nous avions
un gouvernement hostile à l'inflation. Nous
avons un ministère inflateur. L'autre éco
nomisait. Celui-ci gaspille. L'autre refu
sait les dépenses, celui-ci les multiplie.
La hausse du franc, qui était artificielle
i^y a huit mois, tend donc à devenir un
fait naturel. La «masse de manœuvre;»
en dollars menace donc d'être dilapidée
avant de disparaître dans le gouffre. Mo
ment, attendu par nos créanciers. Ils n'au
ront qu'à tirer sur le lacet que le cabinet
Poincaré nous a passé autour du cou et
que le cabinet Herriot a resserré du mieux
qu'il a pu.
Ils prendront hypothèque sur la terre
de France et le travail français. Notre
mouvement « vers la servitude » devien
dra un asservissement pur et simple.
Mais qui parle ainsi servitude ?
C'est le docteur Paul Boyer dans un ar
ticle vieux -d'une huitaine au Réveil des
Côtes-du-Nord.
IL Vers la guerre
On sait le haut prix que, depuis une
date déjà ancienne, nous attachons aux
observations politiques du docteur Paul
Boyer. Son oncle, M.- Millerand, eût
dû l'appeler à l'Elysée dès octobre 1920
et le prier de lui donner les conseils .de la
sagesse.-Malgré tout l'intérêt des travaux
du baron Seillière, malgré les lueurs colo
rées qui s'échappent des phares à éclipse
du docteur Gustave Le Bon, c'est encore le
docteur Paul Boyer qui eût le mieux réussi
à sauver Millerand de lui-même. Paix à
la cendre avunculaire, mais prêtons l'oreil
le au neveu ! M. Paul Boyer voit claire
ment ce qui est, il ne se faibpas d'illusion
sur l'avenir qu'un tel présent engendre,
il se rend compte des moyens par lesquels
peut être écarté l'immeiTse malheur.
Ce qui est, le programme radical :
« Pour le combler (le trou du budget),
c'est bien simple : on déclarerait la guerre
désormais impossible, et l'argent du bud
get de la Défense nationale lui serait tout
entier consacré. C'est vraiment commode.
N'en doutez pas, c'est la solution de der
rière la tête de tout ce beau monde. Plus
d'armée, plus de marine, la chasse aux
bourgeois, détenteur du capital, sera ou
verte tout comme en Russie, où elle con
tinue, en produisant un effet contraire à
celui escompté : la ruine générale, au lieu
de l'enrichissement général. »
Ce qui sera : ,
On nous bourre le crâne en nous démon
trant que partout ailleurs la vie est plus
chère ? C'est inexact. Mais ce qu'il faut
voir surtout, c'es la marche de la vie chère.
Chez nous, au lieu de s'améliorer, elle s'ac
centue et l'on sent une imminente baisse
du franc avec un budget mal défendu, où
il est déjà fait état d'une recette tout-à-fait
aléatoire venant d'Allemagne. Nous avons
à celle-ci desséré la vis. Elle en profitera
non pour nous payer mais pour nous faire
la nique. C'est une duperie de croire le
contraire.
La faiblesse, dont nous faisons preuve à
l'intérieur la garantit contre toute proba
bilité de résistance de notre part. Ayant
déjà abandonné notre meilleur gage, celui
de la Ruhr, en passe de continuer par ce
lui de la Rhénanie, assez sots pour agiter
l'Alsace-Lorraine contre nous, nous deve
nons line proie facile. D'autant plus que
toute la pléiade des petites nations, empres
sées autour de nous, se trouve découragée
par notre attitude. >
On le voit : notre situation n'est pas
brillante. Ce n'est pas en supprimant l'am
bassade du Vatican qu'on la restaurera...
...Ma crainte, mon immense crainte, c'est
la guerre. Elle se prépare fatalement, car
elle est le seul remède aux maux de ce
jour. C'est pour avoir voulu « morali
ser » la guerre, c'est pour avoir voulu
punir un soi : disant coupable qu'elle doit
recommencer. -
En effet, elle ne rend pas des arrêts de
justice ou de morale. Elle tranche. Elle
montre an fort et un faible, eii assurant la
domination de celui-là sur celui-ci. On a
voulu y introduire un élément de justice,
tout à fait hors de raison. La guerre paie
toujours. Elle doit payer. On la fait jus
qu'à ce qu'elle paie. C'est pour l'avoir
empêchée de payer, qu'elle recommen
cera.
Voilà la sombre vérité. Moraliser la
guerre, l'idéaliser? en faire une chose ju
ridique, un procès" et même, comme l'a
dit le sinistre Ribot «trois procès», c'é
tait se condamner à les perdre tous. Nos
politico-juristes ne ressemblent pas à ces
grands robins d'ancien régime qui avaient
des âmes de juges et auxquels le bour
reau apparaissait, très justement, comme
à Joseph de Maistre, la clé de voûte de
l'édifice judiciaire. Ils ont des âmes d'a
vocats. Ils sont tous formés à la défense
du délinquant et du criminel. Ils suffi
sait que les faits d'abord, le traité ensuite
eussent chargé l'Allemagne pour qu'ils eus
sent l'obscure envie de l'absoudre et qu'un
bon plaidoyer fût prononcé en sa faveur
dans les profondeurs de leur conscience ou
d.e leur inconscience. Le meilleur d'entre
eux, M. Poincaré, n'avait pas cette fai
blesse, je crois. Il en avait une autre, pire :
il prenait une démonstration pour un acte,
Lorsque l'Allemagne eût touché des épaules
à l'automne 1923; la démonstration théo
rique était faite, il crut le résultat positif
obtenu !
Quant à Georges Clemenceau, s'il n'était
pas avocat, il était secrètement puritain,
et l'aveu arraché à l'Allemagne défaite par
le fameux diktat apportait à son imagina
tion de Celte romantique des satisfactions
plus substantielles qu'aux réalités natio
nales. Il ne savait pas, ou peut-être sen
tait-il trop obscurément, que le droit com
me l'idée sont choses essentiellement guer
rières. Si l'on veut la paix, il faut se. gar
der d'irriter et d'exaspérer ni les pensées
ni les sentiments, ni les nerfs du vaincu.
Ou, si l'on a le malheur d'y toucher, il
faut terroriser et extirper à fond. Les de
mi-mesures sont les plus, cruelles et les
plus imprudentes de toutes. M. Poincaré
n'a pas évité cette faute non plus. Il a
réveillé autour de là politique française tou
tes les méfiances, toutes les rancunes,.
toutes l'es cHintés ennemies et alliées, et
il n'en a pas triomphé. Les concessions
amènes d un Herriot, sont d'infâmes,
de criminelles sottises. Mais l'action in
complète de M. Poincaré a préparé des
dommages de fait à peu près équivalents.
Tel est l'avenir. On me pardonnera ces
broderies en marge des prévisions de M.
le docteur Paul Boyer. J'arrive à son re
mède. Il est dur. Il est sûr. Précisément
parce que l'Allemagne se relève et que.la
crise constitutionnelle à laquelle elle est,
dès cette nuit, précipitée, peut amener
soit de nouvelles élections nationalistes,
soit des agitations nationalistes à main ar
mée, ce problème de la force allemande
pose à notre égard un problème de force
pure.
Nous n'avons ni la force de la population,
ni celle de là production, ni, après six an
nées pataugées, la force morale des al
liances et des amitiés : il faudrait sup
pléer à tout cela par un retour à la force
qui nous manque le plus, celle de l'orga
nisation politique. C'est la solution «néces
saire, indispensable », dit M. Paul Boyer ;
la solution de dictature. Disons la solu
tion de la monarchie, nous serons d'ac
cord.
ÏIÏ. Le prix des journaux augmente
_ L'agence Radio transmet la note offi
cielle suivante : -
Paris, 20 _ Octobre. <— Réunis aujour
d'hui à Paris, Salle des Ingénieurs civils,
en une assemblée générale convoquée par
leur commission exécutive les représen
tants de la presse française ont examiné la
situation _ qui est faite aux journaux par
la crise économique-qne traverse le pays.
Cette crise se traduit à leur égard par une
augmentation considérable: des charges
de toute nature qui pèsent lourdement sur
leur exploitation.
..Les journaux qui payaient le papier de
20 à 30 francs les 100 kilogs avant la
guerre le paient aujourd'hui plus de cinq
fois plus cher. Toutes les autres dépenses
ont subi des augmentations considérables.
L'indépendance et l'existence de la
presse se trouveraient menacées si des me
sures immédiates n'étaient pas prises pour
donner à tous les organes de Paris et des
départements, quelle que soit leur impor
tance, les moyens d'assurer leur parution.
. .En présence de cette situation qui posait
pour les journaux un problème d'une ex
ceptionnelle gravité, l'Assemblée générale
a voté l'élévation du prix de vente des jour
naux à 0,20 centimes à partir du 1" no
vembre prochain.
L'Assemblée a en outre décidé de fixer
à 14 fr. 50 le cent, le prix minimum au
quel les journaux seraient cédés aux dé
positaires à partir de la même date.
Les représentants de l'ensemble de la
presse française, soucieux au plus haut
point de lutter contre le renchérissement
de la_ vie, ont retardé une mesure qui s'im
posait déjà depuis longtemps et qui avait
été proposée et examinée dans tes deux
assemblées bénérales tenues depuis le dé
but de l'année.
' Les journaux avaient alors ajourné leur
décision malgré une exploitation déjà dé
ficitaire pour le plus grand nombre d'entré
eux, dans l'espoir d'une amélioration de
la situation économique.
Mais aujourd'hui, la presse française, à
son grand regret ne peut plus reculer da
vantage Rêvant une nécessité inexorable.
La presse française radicale et non
radicale essuie les conséquences du gou
vernement radical. Celui-ci fait tout ce
qu'il faut pour rendre inévitables l'infla
tion, la hausse du franc, l'augmentation
du coût de la vie. Pas de révolution pos
sible sans ces trois facteurs,et les radicaux
font le lit de la révolution. Nos confrères
prévoient le mal et y pourvoient, c'est très
bien de leur part. Nous avions annoncé
qu'il faudrait en venir là.
En effet, il était certain aux yeux de
tous les gens informés, que la mesure qui
vient d'être votée s'impôserait.C'était pour
les journaux, le communiqué de leur Syn
dicat le dit, une « nécessité inexorable »■.
Nous avions dit à nos amis, dès le début
de : septembre, que cette nécessité allait
s'imposer à nous s'ils ne nous mettaient
a même d'y. parer.
La réponse qui nous a été faite a été
trop prompte et trop magnifique jjour que
nous ayons aujourd'hui le droit d'appli
quer l'augmentation décidée par nos con
frères. Nous ne modifierons nos tarifs que
lorsque nous aurons employé, selon la vo
lonté de nos souscripteurs, la totalité des
sommes qu'ils nous ont données pour
maintenir les prix actuels.
D'ici là, l'Action française continuera à
se vendre trois sous à Paris, quatre en pro
vince.
Nous ne pouvons fixer la date où nous
devrons à notre tour envisager une aug
mentation.
Cette rtate dépend uniquement de deux
facteurs :
1 Le maintien ou l'augmentation des
frais actuels ;
2"L'importance des souscriptions que
nous allons continuer à recueillir.
Mais, dira-t-on. où ea sommes-nous ?
Voici.
Du 10 septembre, jour de l'appel pour
le maintien des tarifs et l'hebdomadaire
d'Alsace, nous avons reçu 238.781 fr. 40.
De plus, un grand nombre de nos amis
ont compris l'utilité, la nécessité des enga
gements volontaires. 67 d'entre eux en ont
souscrit de nouveaux pour 41.106 francs et,
parmi les contribuables anciens, 60 ont
ajouté à leurs anciens engagements pour
une somme de 25.624 francs. Il est trop
clair que ce sont ces contributions régu
lières qui représentent pour nous l'élé
ment solide et durable des subsides sans
lesquels VAction française périrait ou de
viendrait une publication de cénacle ou
« d'élite » sans action directe sur la vie
de la France !
Nous n'avons d'ailleurs pas besoin d'in
sister sur,l'intérêt capital qu'il y aura tou
jours pour notre propagande à mettre
l'Action française à la portée du plus
grand nombre.
Cette Action française pourra joindre,
aux autres originalités qui la distinguent,
celle de se vendre malgré toutes les dif
ficultés qui lui sont propres, meilleur mar
ché que ses confrères ! Mais cela dépend
essentiellement des souscriptions qui nous
seront adl-essées. En aucun temps, elles
n'auront favorisé plus utilement la diffu
sion des idées de salut public.
' "thaïes MÂVRkAS
Madame Marcel Azaïs et sa famille regrettant
de ne pouvoir répondre aux nombreux témoigna
ges de sympathie et aux condoléances qui leur ont
été adressées, prient les personnes amies qui se
sont associées à leur deuÙ, de bien vouloir trou
ver ici, avec leurs sentiments de profonde recon
naissance, leurs plus sincères remerciements.
Avenir
A BERLIN
Le président Ebert
dissout le Reichstag
Berlin, 20 octobre. — Le communiqué
suivant est publié :
Les efforts du chancelier pour élargir
le gouvernement d'Empire afin de lui
proourer—une majorité plus sûre pour la
continuation de la politique faite jusqu'à
présent, ont définitivement échoué. En
conséquence, comme il n'existe pas une
autre voie praticable, .le chancelier, d'ac
cord en cela avec l'ensemble .'du cabinet,
a demandé au président'd'Empire de dis
soudre Je- Reichstag pour donner au peu
ple l'occasion de créer une semblable ma
jorité.
Le président d'Empire a agréé Ja de
mande du chancelier et a rendu le décret
suivant :
« Les difficultés parlementaires ren
dent impossible le maintien du gouverne
ment actuel et, en même temps, la forma
tion d'un nouveau gouvernement sur la
base de la politique intérieure et exté
rieure faite jusqu'à présent. En vertu de
l'article 25 de la Constitution, je dissous
le Reichstag. »
Le chancelier Marx avait consulté ce
matin une dernière fois les partis démo
crates et nationalistes. Leurs réponses
n'ayant pas été satisfaisantes, le chance
lier s'est décidé à dissoudre le Reichstag,
solution que lui conseillaient vivemekit
depuis plusieurs jours les différents par
tis politiques.
BOHOS
La République, c'est le gouvernement ' du peu
ple. Les Assemblées législatives ou municipales
sont le reflet de la volonté des électeurs !
L'élection municipale du quartier de la Porte-
Saint-Martin nous en fournit une preuve écla
tante : •
Sur 9.516 électeurs inscrits, le candidat le
plus favorisé obtient 929 suffrages.
Si ce notable citoyen décroche la timbale di
manche prochain, il représentera à l'Hôtel de
Ville 9/10 de ses électeurs qui ne partagent pas
ses opinions. „
C'est» beau le suffrage universel !
À diverses reprises, nous avons entretenu nos
lecteurs de la communication faite à l'Académie de
Médecine sur le traitement de,la myopie par la
méthode -de M. Roger d'An3an.
, Sur le ton discret qui convient à ces sortes de
travaux, noua avons attiré l'attention des personnes
que cette question intéresse sur les résultats clini
ques obtenus ; or, il est aujourd'hui avéré que la
myopie est curable et que cette gymnastique amène
la suppression des verres dans la majorité des cas.
Si le succès est rapide chez l'adulte, il dépasse
souvent, chez le3 enfants, les prévisions les plus
optimistes. «
L'efficacité de la méthode de M. Roger d'An-
san est établie par une série d'observations prati
quées sur des sujets ayant de 7 à 60 ans, ainsi que
cela a été démontré au cours de la séance de l'A
cadémie de Médecine du 16 janvier 1917 et, com
me nous l'avons déjà dit, ce traitement, qui con
siste en un léger massage, est complètement indo
lore et la première application a un effet immé
diat. (Tous les jours de 2 h. à 6 heures, 6, rue Boc-
cador VIII e ).
u
Il ne suffit pas d'un miroir
De quelques poudres èt'de fards,
Pour vous parer ; il faut y voir.
Procurez-vous donc sans retard
La lampe qui le mieux éclaire
Une Mazda, si nécessaire.
nom mmn do mk HEBDOMADAIRE RUItAL
Sommaire du 19 octobre 1924
Léon Daudet : La triste aventure des fonction
naires.
Firmin Bacconnier : Le Congrès, national des
Syndicats agricoles.
Jacques Bairiville : La « Farce socialiste > en
Angleterre.
Une enquête sur la désertion des campagnes.
Léon Allard : Chronique agricole. {Les Céréales
d'automne.)
Noël Francès ! Les Faits de la Semaine.
-• G. D. : Revue de la Presse.
Chroniques régionales. — Cours et marchés. —
Informations agricoles. — La Vie financière.
— Le Troupeau, w» Les Fleurs. — La Mai-
ton-
Un de nos confrères, qui publie une en
quête eur l'Allemagne dans le Petit Pari
sien, a vu à Leipzig deux journalistes al
lemands, l'un de droite, l'autre de gauche.
Ils ont été d'accord pour lui dire qu'une
chose ne pouvait pas durer : les frontiè
res orientales que le traité de Versailles
assigne à l'Allemagne.
Reconnaissons que ces Allemands-là ont
le mérite de la franchise. Mais ils ne sont
peut-être aussi sincères que pour une rai
son inquiétante : ils croient que leur pays
aura plus d'avantages que d'inconvénients
à dire tout haut ce qu'il veut : alors on
le lui accordera peut-être sans qu'il ait
la peine et le risque de l'arracher par la
force. Est-ce que les paroles si graves que
M. Macdonald a prononcées à Genève sur
la Haute-Silésie ne sont pas un encoura
gement ?
Si l'on essaie de lire dans l'avenir en
suivant la courbe qui a commencé le 11
mai, on peut annoncer comme un événe
ment très probable la réunion de l'Autriche
à l'Allemagne par Jp conseatement de la
Société des Nations. Pourquoi ? Pavce
qu'on aura l'idée de satisfaire les Alle
mands, de leur donner une compensation
territoriale sans rien bouleverser en appa
rence. En apparence seulement, bien en
tendu.
Lorsque les Allemands auront l'A u tri
che, il va sans dire qu'ils n'en seront que
plus forts, pour retrouver ce qui leur tient
le plus au cœur : leurs anciennes frontiè
res de l'Est. Que se passera-t-il à ce mo
ment-là ? Il faut consulter le passé pour
prévoir l'avenir. Le premier partage de la
Pologne a eu lieu, au xvm° siècle, lorsque
l'avènement de la puissance prussienne eut
rendu plus difficile à la France son rôle de
protectrice. Les deuxième et troisième par
tages eurent lieu à la faveur de la Révolu
tion française. Ce qu'ils ne pouvaient-pren
dre à la France, c'est à la Pologne que les
Prussiens le prenaient, profitant des mo
ments où nous étions empêchés d'inter
venir.
Que se passera-t-il le jour x>ù .l'Allema
gne n'acceptera plus que la Haute-SHésie,
Posen, Dantzig lui aient été enlevés ? La
France voudra-t-elle ou pourra-t-elle inter
venir ? La démocratie française acceptera-
t-elîe l'idée d'une démonstration militaire,
même d'une simple intervention diploma
tique en faveur de la Pologne ? Ce serait
une précaution, mais une de ces précau
tions d'où la guerre peut découler. Alors
il y a de très grandes chances pour que
la France s'abstienne. On renverra le cas
devant la Société des Nations ? Et si la
Société des Nations décide le retour à
l'Allemagne de quelques-unes des anciennes
conquêtes de la Prusse comme elle aura
accordé la réunion de l'Autriche, et pour
les mêmes raisons ? Où les concessions
s'arrêteront-elles ? Et si la Pologne refu
se ? On va dire qu'elle pourra demander
le bénéfice de l'amendement japonais.
L'Allèmagne aussi. L'une ou l'autre perdra
ce procès. Qui fera respecter l'arbitrage ?
La grande illusion de la démocratie fran
çaise — la même qu'avant 1914 — c'est
qu'elle pourja, à l'avenir, se désintéresser
des conflits européens. Dans l'idée d'assu
rer son repos, elle préférera même ne pas
les voir. Ce n'en sera que plus grave le
jour où ils viendront la chercher. — /. B.
AUX ASSISES DE LA SEINE
L'assassinat
de Nicolas Bonservizi
Première audience
Le procès du communiste italien Er-
nesto Bononimi, assassin de Nicolas Bon
servizi', secrétaire du Fascio de Paris,
correspondant parisien du Popolo d'Ita-
lia, a commencé hier, devant la Cour d'as
sises de la Seine, que préside M. Mouton.
Les débats prometi-ent d'être sûrement
longs, et peut-être mouvementés. M* Tor
rès, défenseur de l'accusé, n'émet-il pas
la prétention de faire le procès de Mus
solini et du fascisme ? Ne veut-il pas évo
quer, tel un drapeau funèbre, le cadavre
du malheureux Matteotti ?
A quoi, M e Gautrat, avocat du père de
la victime, partie civile, a déjà déclaré
qu'il répondrait, chaque fois, du tac au
tac :
« Chaque fois, a-t-il dit, que M" Torrès
parlera d'une violence fasciste, je lui op
poserai trois violences communistes. »
L'assassin
Ernesto 'Bononimi ' est un garçon d'une
vingtaine d'années, correctement, pres
que élégamment vêtu de noir. Tête surmon
tée d'une tignasse de cheveux noirs que,
durant l'interrogatoire, il rejette à chaque
instant en arriéré d'un mouvement qui
lui est particulier. Visage pâle et mat,
traits anguleux et crispes, lèvre rasée,
qu'il relève, en parlant, au-dessus de ses
dents. Un sourire ? Non, un rictus .ner
veux.
, C'est un phraseur, un intarissable ba
vard. Il parlé vite ; il parle sans arrêt. On
deviné qu'il • parlerait toute ■ l'audience si
le président ne l'interrompait, de temps en
temps, pour résumer ce qu'il vient de dire,
à l'usage des jurés, à notre usage aussi.
Sans cette précaution, nous ne compren
drions rien à ses explications, débitées
d'une voix zézayante, nasillarde, et avec
un fort accent.
Bononimi est né à Pozzolenzo, dans la
province de Brescia. Il était l'aîné de cinq
enfaiîts. Ses parents étaient de braves et
Mardi 21 octoÊre 1924
4 S centimes. Ssisa vt S - siww - st - Otm
£0 centimes. D épartemehtS st Couennes
ABONNEMENTS: Uni». Sliïeis. Tnbifai.
Franco et Colonies. 48 fr. a5 fr. i3 fir.
Etranger 8a » hn r> u i
Chèque postal ; Compte a3.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAI,
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
&érHJer des qnaranto Rois qui en mille ans firent la France.
BÉDACTIO!» ft A DKItfTSTtlâTTOB !
ik. rue de Roms. PARIS (8')
Adresse télégraphique :. ACTI0FR AH-PARIS
Téléphone : Administration : Louvre a6-49, s6-5o
Rédaction : Central 75-41 Pabliciti : Central 7^77
Après xo heures du soir : Ségur- *1-68
Begistre de Commerce : Seine H* 78.681
Fondateur s HENRI YAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —^ Rëdactear en chef s MAURICE PUJO
BONNE IDÉE !
«...Après avoir, émancipé l'école, elle (la
France) doit émànciper la politique. »
Discours d'Eerriot au Congrès radical*
»
Si nous pouvions l'émanciper de
la franc-maçonnerie, de la juiverie in
ternationale, de l'Angleterre, de l'Al
lemagne
LE MEURTRE DE BONSERVIZI
Le jury de la Seine
et l'assassinat policier-politique
L'assassinat du valeureux et charmant
Bonservizi, fleur de la nouvelle jeunesse
italienne, est, à mon avis, une affaire obs
cure. Comment les antifascistes italiens
étaient>ils au courant des habitudes de
Bonservizi ? Comment l'un d'eux a-t-il
pu trouver un engagement chez Noël
Peters ? Comment et pourquoi l'instruc
tion n'a-t-elle jeté aucune lumière sur les
complices certains de Bonomini, couvert
d'éloges par ce torchon de police politi
que, subventionné par la Sûreté générale,
que l'on appelle le Libertaire ? L'expé
rience, cruellement acquise, que nous
Ayons de-ce-genre d'attentats, nous-permet
de rapprocher l'affaire Bonservizi de l'af
faire Plateau. L'avocat, le louche et toni
truant Torrès, est le même. H a appelé les
mêmes témoins de « moralité » sanglante
que lors du procès Plateau. Bonomini se-
•ra-t-il automatiquement acquitté par un
•jury que la police politique de Pa
ria — notoirement antifasciste et pro
révolutionnaire — aurait trié avec le
ipême soin que celui de la Tueuse
à Caillaux et de la Berton ? Dans
le jury de la Berton' figurait, on s'en sou
vient, un marchand de livres obscènes du
Palais-Royal. Le marchand djs livres
obscenes, comme le tenancier ou la te
nanciere de maison de rendez-vous, est
toujours' affilie a la police.
Je suis convaincu que l'assassinat de
•Bonservizi, opération longuement prépa
rée, était destiné —: vu l'amitié, con
nue, du président Mussolini pour son fi
dèle et loyal second — à brouiller les car
tes entre le gouvernement français et le
gouvernement Italien.
. J'ai déjà insisté sur ce fait qu'aux ob
sèques, si. émouvantes, de Bonservizi à
-Madeleine* et alors que Bonservizi
avait une fonction à l'ambassade italienne
à Paris, ni Millerand, alors président de
la République, ni Poincaré, alors prési
dent du Conseil, ne s'étaient fait représen
ter. Ces deux lâches ou, plus exactement,
ces deux péteux, avaient évidemment éu
peur de notes désagréables dans l'Hu
manité, ou dans le Popu, que dirigeait
encore Léon Blum. Cela, quelques semai 1
ces après les honneurs dignement ren
dus aux héroïques victimes du Dixmiide,
tombé accidentellement dans les eaux ita
liennes, par le président Mussolini. Il est
dur, quand on est Français, de constater
semblable chose. Il faut avoir vu de près,
comme je les ai vus, ces deux avocassons
de toute avocasserie, mornement ligotés
à leur poncif juridico-parlementaire, dé
sarçonnés par toute parole vraie et di
recte, partagés entre la peur et l'outrecui
dance, pour les juger à leur aune. Ce sont
des poupées, des cartonnages, non des
hommes. Voilà pourquoi, entre pa
renthèses, un François-Marsal, féal
de Millerand, un Maginot, féal
de Poincaré, qui auraient des quali
tés d'hommes d'action, s'ils ne suivaient
de tels patrons, perdent leur temps et
leur salive. Millerand, entêté à soutenir
Marlier, assassin d'un enfant de quator
ze'ans et demi — parce que Marlier le
tient par sa connaissance d'une sale af
faire Jean Millerand, où il s'est entremis
— Poincaré, entêté à soutenir Lannes,
qui est un malhonnête homme et un san
glant gredin, uniquement parce que Lan
nes est son beau-frère, ne sauraient être
des patrons.
Si François-Marsal et Maginot conti
nuent à se prévaloir de ces deux loques,
qrii inspirent à bon droit aux gens sensés
et clairvoyants un indicible mépris, ils
sombreront dans le ridicule, on ne les
prendra pas au sérieux. Qu'ils commen
cent par lâcher ces deux baudruches de
perdition.
Il est à prévoir que les audiences du
procès Bonomini ne. seront pas moins
Scandaleuses que celles du procès de la
Berton. On y verra, en plus des témoins
^convoqués l'autre fois par ce sinistre ca-
botin de Torrès — d'ailleurs très facile
à remiser — cet inénarrable jocrisse dU-
namuno, qui jeue les sous-Barbès et lés
■quart-de-Victor Hugo dans les bureaux
du Quotidien, après un enlèvement d'opé
rette, financé par Jean de la Lune-Hen-
pessy, ambassadeur berné à Berne. De
quoi se mêle Unamuno ? S'il approuve
l'assassinat de Bonservizi, qu'il le dise.
S'il le réprouve, qu'il se taise et nous
fiche la paix. Les Parisiens ne sont pas
aussi bêtes qu'il l'imagine, et ils ne
croient ni à son « martyre »,• ni à son
« génie ».
La pitié pour les assassins est, à coup
eûr, une des plus dangereuses inventions
da etupide dix-neuvième siècle. Elle a fait
couler et elle fera encore couler des flots
de sang. J'ai eu, dans ma chienne de vie,
comme on dit, des heures effroyablement
dures, et même tragiques. Parmi les pi
res, celle où, pour la mémoire de mon
cher Plateau, j'ai dû çubir, à îa Cour
d'assises, la vue et le contact de cette
anarcho-poliçe, dont la Berton est ie hi
deux spécimen en jupons. Pendant que
braillait, à faux et à vide, cet abruti de
Torrès — Philippe avait été assassiné
quelques jours auparavant — j'ivais, à
ma droite, 1a vue de cette blafarde pitite
hyène.de la rue des Saussaies, que le sang
frais met en chaleur, et qui m'exprimait
ses regrets de m'avoir manqué. Dans le
fond, des juges peints en rouge, pareils à
un pauvre guignol, intimidés par les beu
glements de l'avocat de la policière, qui
avait juré de m'avaler tout cru et trou
vait, à l'épreuve* le morfceau un peu gros.
A ma gauche, cé jury grisaille, illisible,
ou je cherchais à discerner la bobine du
libraire obscène — autre Flaoutter —
dont le nom et le métier immonde avaient
attiré déjà mon attention. Tout cela puait
la police et la peur. Mais imaginez l'état
d'esprit d'un homme dont on vient de
tuer le petit garçon — j'ignorais alors la
terrible vérité, elle ne m'est clairement
apparue» qu'un mois plus tard, le 16 jan
vier— et qui'se trouve plongé dans cette
atmosphère de magistrats effrayés, de ju
rés truqués, de bourriques stylées, et qui
doit répondre aux interrogations, dites
« tendancieuses », d'un ridicuV; avocat-
îiuant à tête de veau, tel que ce Torrès.
Une farce de sang,-une farce horrible,
tel fut ce procès de la petite bourrique
meurtrière d'un héros. Le matin, le Petit
Parisien, par la plume d'une dame An
drée Violiis, qui paraît aimer la tartine
rouge, décernait des éloges physiques à
la fille Berton, à la « petite salamandre
chère » de la Bemain. Traduction : les
Dupuy fils tremblent pour leur peau,
comme, Henry Tripot-Letellier du Jour
nal, Une Berton, ça fait bobo, ça tue les
journalistes pas gentils. Ni les Dupuy fils,
ni Henry Tripot-Letellier n'ont envie
d'être tués, ni d'avoir des affaires avec
« ces messieurs » de la police des jeux,
des mœurs, ou autre. Ils sentaient va
guement que la Berton .était, comme on
dit, à dada sur la barricade, moitié rue
Louis-Blanc, moitié rue des Saussaies.
D'où des descriptions alléchantes de son
physique de « petite fille », destinées à
aguicher les vieux lecteurs. Ah ! oui, c'est
du propre et du joli, la grande presse
d'information ! L'Imprimé a là un fa
meux cloaque.
L 'horrible bande anarcho-policière va
remettre çà pour Bonomini ; avec cette
différence que Bonomini, je le suppose,
n'aura ni corset, ni chapeau à plumes ;
corset offert par la maison Colomer,. cha
peau à plumes de la maison Lebreton et
Cie, annexe de la précédente.
Mais si Mme Séverine, trop émue, doit
pleurer à l'audience sur quelqu'un, je
lui signale le martyre effroyable de Bon
servizi. J'ai suivi cela de prés. Le malheu
reux enfant — car, par rapport à moi,
c'était un tout jeune — a agonisé pendant
de longs jours, dans une froide chambre
d'hôpital, à Beaujon, d'abord, puis, dans
une chambre de maison de santé, la tête
trouée, la pensée flottante. Tournez vo
tre cœur,. madame, je vous en prie —
vous qui savez si bien observer et rendre
ce que vous avez observé — tournez vo
tre sensible cœur vers ce pauvre Bonser
vizi. Représentez-vous ses souffrances
atroces, imméritées — car il était, lui
aussi,- comme mon Philippe, généreux,
bon et brave — ce vague brûlant de la
pensée, ainsi sauvagement meurtrie, ce
vague hanté de regrets amers, de visions
du pays natal, de la belle et douce terre
italienne, à jamais perdue. C'est cela qui
est à plaindre, madame, c'est cela qui est
irréparable, c'est cela qui est à sangloter ;
et, puisque, étant femme, étant mère, vous
pleurez en publie, ah ! dirigez vos lar
mes vers la victime, de grâce, et négligez
un peu l'assassin !
Et puis, madame Séverine, croyez-moi.
Les gens du Libertaire ne sont pas ce que
vous pensez. Ce ne sont pas des çéfractai-
res ; ce sont des bourriques et des cam
brioleurs, vous, m'entendez bien. Et ils
le savent mieux que moi ; et ils crèvent
de peur et de sueur, à la pensée que leur
collusion avec la police politique est dé
montrable et démontrée. Ce n'est pas
pour rien que Louis Lecoin — organisa
teur, avec Lannes, de la fable « Philippe
anarchiste » — avait hébergé la Berton
chez lui, SO, rue des Cendriers, après
l'ignoble procès de décembre 23. Comme
le 8 de la rue Lécuyer, comme le bureau
du Libertaire, comme le 8 de la rue de
Chartres, comme le 46, boulevard Beau
marchais, le Logis à Lecoin est une sou-
LA POLITIQUE
riciere.
Léon DAUDET.
VOUS ETES ABONNE î c'est bien.
Mais pourquoi ne faites-vous pas abon
ner vos amis ?
I. « Vers la servitude »
C 'est le titre d'un article que je citerai
et commenterai à loisir. Je commen
cerai par l'approuver. Nous allons à la ser
vitude économique et financière, nous
avons accepté ce joug, nous le portons
déjà.
Sans nous en apercevoir clairement
peut-être. Mais patience, la lumière arrive,
et avec elle la douleur.
En un. temps où nous pouvions nous
en passer, où la décision énergique de
M. Poincaré eût pu mettre à la dispo
sition des finances françaises le prix de
vente des riches monopôles d'Etat, on a
demandé à la finance américaine de
nous avancer de l'argent pour parer
à une hausse du franc toute fictive,
toute politique, déterminée par des ma
nœuvres allemandes et surtout anglaises.
Cet argent a rendu le service que î'on en
attendait. I] a vaincu. On ne l'a pas perdu.
On ne l'a pas rendu. On l'a gardé pour
lui demander, le cas échéant, de jouer de
nouveau en notre faveur. On recom
mence à l'utiliser en ce sens..Mais les situa
tions .deîévner-màrs ëf^'ocfôljfé-novem-'"
bre né sont pas les mêmes. Nous avions
un gouvernement hostile à l'inflation. Nous
avons un ministère inflateur. L'autre éco
nomisait. Celui-ci gaspille. L'autre refu
sait les dépenses, celui-ci les multiplie.
La hausse du franc, qui était artificielle
i^y a huit mois, tend donc à devenir un
fait naturel. La «masse de manœuvre;»
en dollars menace donc d'être dilapidée
avant de disparaître dans le gouffre. Mo
ment, attendu par nos créanciers. Ils n'au
ront qu'à tirer sur le lacet que le cabinet
Poincaré nous a passé autour du cou et
que le cabinet Herriot a resserré du mieux
qu'il a pu.
Ils prendront hypothèque sur la terre
de France et le travail français. Notre
mouvement « vers la servitude » devien
dra un asservissement pur et simple.
Mais qui parle ainsi servitude ?
C'est le docteur Paul Boyer dans un ar
ticle vieux -d'une huitaine au Réveil des
Côtes-du-Nord.
IL Vers la guerre
On sait le haut prix que, depuis une
date déjà ancienne, nous attachons aux
observations politiques du docteur Paul
Boyer. Son oncle, M.- Millerand, eût
dû l'appeler à l'Elysée dès octobre 1920
et le prier de lui donner les conseils .de la
sagesse.-Malgré tout l'intérêt des travaux
du baron Seillière, malgré les lueurs colo
rées qui s'échappent des phares à éclipse
du docteur Gustave Le Bon, c'est encore le
docteur Paul Boyer qui eût le mieux réussi
à sauver Millerand de lui-même. Paix à
la cendre avunculaire, mais prêtons l'oreil
le au neveu ! M. Paul Boyer voit claire
ment ce qui est, il ne se faibpas d'illusion
sur l'avenir qu'un tel présent engendre,
il se rend compte des moyens par lesquels
peut être écarté l'immeiTse malheur.
Ce qui est, le programme radical :
« Pour le combler (le trou du budget),
c'est bien simple : on déclarerait la guerre
désormais impossible, et l'argent du bud
get de la Défense nationale lui serait tout
entier consacré. C'est vraiment commode.
N'en doutez pas, c'est la solution de der
rière la tête de tout ce beau monde. Plus
d'armée, plus de marine, la chasse aux
bourgeois, détenteur du capital, sera ou
verte tout comme en Russie, où elle con
tinue, en produisant un effet contraire à
celui escompté : la ruine générale, au lieu
de l'enrichissement général. »
Ce qui sera : ,
On nous bourre le crâne en nous démon
trant que partout ailleurs la vie est plus
chère ? C'est inexact. Mais ce qu'il faut
voir surtout, c'es la marche de la vie chère.
Chez nous, au lieu de s'améliorer, elle s'ac
centue et l'on sent une imminente baisse
du franc avec un budget mal défendu, où
il est déjà fait état d'une recette tout-à-fait
aléatoire venant d'Allemagne. Nous avons
à celle-ci desséré la vis. Elle en profitera
non pour nous payer mais pour nous faire
la nique. C'est une duperie de croire le
contraire.
La faiblesse, dont nous faisons preuve à
l'intérieur la garantit contre toute proba
bilité de résistance de notre part. Ayant
déjà abandonné notre meilleur gage, celui
de la Ruhr, en passe de continuer par ce
lui de la Rhénanie, assez sots pour agiter
l'Alsace-Lorraine contre nous, nous deve
nons line proie facile. D'autant plus que
toute la pléiade des petites nations, empres
sées autour de nous, se trouve découragée
par notre attitude. >
On le voit : notre situation n'est pas
brillante. Ce n'est pas en supprimant l'am
bassade du Vatican qu'on la restaurera...
...Ma crainte, mon immense crainte, c'est
la guerre. Elle se prépare fatalement, car
elle est le seul remède aux maux de ce
jour. C'est pour avoir voulu « morali
ser » la guerre, c'est pour avoir voulu
punir un soi : disant coupable qu'elle doit
recommencer. -
En effet, elle ne rend pas des arrêts de
justice ou de morale. Elle tranche. Elle
montre an fort et un faible, eii assurant la
domination de celui-là sur celui-ci. On a
voulu y introduire un élément de justice,
tout à fait hors de raison. La guerre paie
toujours. Elle doit payer. On la fait jus
qu'à ce qu'elle paie. C'est pour l'avoir
empêchée de payer, qu'elle recommen
cera.
Voilà la sombre vérité. Moraliser la
guerre, l'idéaliser? en faire une chose ju
ridique, un procès" et même, comme l'a
dit le sinistre Ribot «trois procès», c'é
tait se condamner à les perdre tous. Nos
politico-juristes ne ressemblent pas à ces
grands robins d'ancien régime qui avaient
des âmes de juges et auxquels le bour
reau apparaissait, très justement, comme
à Joseph de Maistre, la clé de voûte de
l'édifice judiciaire. Ils ont des âmes d'a
vocats. Ils sont tous formés à la défense
du délinquant et du criminel. Ils suffi
sait que les faits d'abord, le traité ensuite
eussent chargé l'Allemagne pour qu'ils eus
sent l'obscure envie de l'absoudre et qu'un
bon plaidoyer fût prononcé en sa faveur
dans les profondeurs de leur conscience ou
d.e leur inconscience. Le meilleur d'entre
eux, M. Poincaré, n'avait pas cette fai
blesse, je crois. Il en avait une autre, pire :
il prenait une démonstration pour un acte,
Lorsque l'Allemagne eût touché des épaules
à l'automne 1923; la démonstration théo
rique était faite, il crut le résultat positif
obtenu !
Quant à Georges Clemenceau, s'il n'était
pas avocat, il était secrètement puritain,
et l'aveu arraché à l'Allemagne défaite par
le fameux diktat apportait à son imagina
tion de Celte romantique des satisfactions
plus substantielles qu'aux réalités natio
nales. Il ne savait pas, ou peut-être sen
tait-il trop obscurément, que le droit com
me l'idée sont choses essentiellement guer
rières. Si l'on veut la paix, il faut se. gar
der d'irriter et d'exaspérer ni les pensées
ni les sentiments, ni les nerfs du vaincu.
Ou, si l'on a le malheur d'y toucher, il
faut terroriser et extirper à fond. Les de
mi-mesures sont les plus, cruelles et les
plus imprudentes de toutes. M. Poincaré
n'a pas évité cette faute non plus. Il a
réveillé autour de là politique française tou
tes les méfiances, toutes les rancunes,.
toutes l'es cHintés ennemies et alliées, et
il n'en a pas triomphé. Les concessions
amènes d un Herriot, sont d'infâmes,
de criminelles sottises. Mais l'action in
complète de M. Poincaré a préparé des
dommages de fait à peu près équivalents.
Tel est l'avenir. On me pardonnera ces
broderies en marge des prévisions de M.
le docteur Paul Boyer. J'arrive à son re
mède. Il est dur. Il est sûr. Précisément
parce que l'Allemagne se relève et que.la
crise constitutionnelle à laquelle elle est,
dès cette nuit, précipitée, peut amener
soit de nouvelles élections nationalistes,
soit des agitations nationalistes à main ar
mée, ce problème de la force allemande
pose à notre égard un problème de force
pure.
Nous n'avons ni la force de la population,
ni celle de là production, ni, après six an
nées pataugées, la force morale des al
liances et des amitiés : il faudrait sup
pléer à tout cela par un retour à la force
qui nous manque le plus, celle de l'orga
nisation politique. C'est la solution «néces
saire, indispensable », dit M. Paul Boyer ;
la solution de dictature. Disons la solu
tion de la monarchie, nous serons d'ac
cord.
ÏIÏ. Le prix des journaux augmente
_ L'agence Radio transmet la note offi
cielle suivante : -
Paris, 20 _ Octobre. <— Réunis aujour
d'hui à Paris, Salle des Ingénieurs civils,
en une assemblée générale convoquée par
leur commission exécutive les représen
tants de la presse française ont examiné la
situation _ qui est faite aux journaux par
la crise économique-qne traverse le pays.
Cette crise se traduit à leur égard par une
augmentation considérable: des charges
de toute nature qui pèsent lourdement sur
leur exploitation.
..Les journaux qui payaient le papier de
20 à 30 francs les 100 kilogs avant la
guerre le paient aujourd'hui plus de cinq
fois plus cher. Toutes les autres dépenses
ont subi des augmentations considérables.
L'indépendance et l'existence de la
presse se trouveraient menacées si des me
sures immédiates n'étaient pas prises pour
donner à tous les organes de Paris et des
départements, quelle que soit leur impor
tance, les moyens d'assurer leur parution.
. .En présence de cette situation qui posait
pour les journaux un problème d'une ex
ceptionnelle gravité, l'Assemblée générale
a voté l'élévation du prix de vente des jour
naux à 0,20 centimes à partir du 1" no
vembre prochain.
L'Assemblée a en outre décidé de fixer
à 14 fr. 50 le cent, le prix minimum au
quel les journaux seraient cédés aux dé
positaires à partir de la même date.
Les représentants de l'ensemble de la
presse française, soucieux au plus haut
point de lutter contre le renchérissement
de la_ vie, ont retardé une mesure qui s'im
posait déjà depuis longtemps et qui avait
été proposée et examinée dans tes deux
assemblées bénérales tenues depuis le dé
but de l'année.
' Les journaux avaient alors ajourné leur
décision malgré une exploitation déjà dé
ficitaire pour le plus grand nombre d'entré
eux, dans l'espoir d'une amélioration de
la situation économique.
Mais aujourd'hui, la presse française, à
son grand regret ne peut plus reculer da
vantage Rêvant une nécessité inexorable.
La presse française radicale et non
radicale essuie les conséquences du gou
vernement radical. Celui-ci fait tout ce
qu'il faut pour rendre inévitables l'infla
tion, la hausse du franc, l'augmentation
du coût de la vie. Pas de révolution pos
sible sans ces trois facteurs,et les radicaux
font le lit de la révolution. Nos confrères
prévoient le mal et y pourvoient, c'est très
bien de leur part. Nous avions annoncé
qu'il faudrait en venir là.
En effet, il était certain aux yeux de
tous les gens informés, que la mesure qui
vient d'être votée s'impôserait.C'était pour
les journaux, le communiqué de leur Syn
dicat le dit, une « nécessité inexorable »■.
Nous avions dit à nos amis, dès le début
de : septembre, que cette nécessité allait
s'imposer à nous s'ils ne nous mettaient
a même d'y. parer.
La réponse qui nous a été faite a été
trop prompte et trop magnifique jjour que
nous ayons aujourd'hui le droit d'appli
quer l'augmentation décidée par nos con
frères. Nous ne modifierons nos tarifs que
lorsque nous aurons employé, selon la vo
lonté de nos souscripteurs, la totalité des
sommes qu'ils nous ont données pour
maintenir les prix actuels.
D'ici là, l'Action française continuera à
se vendre trois sous à Paris, quatre en pro
vince.
Nous ne pouvons fixer la date où nous
devrons à notre tour envisager une aug
mentation.
Cette rtate dépend uniquement de deux
facteurs :
1 Le maintien ou l'augmentation des
frais actuels ;
2"L'importance des souscriptions que
nous allons continuer à recueillir.
Mais, dira-t-on. où ea sommes-nous ?
Voici.
Du 10 septembre, jour de l'appel pour
le maintien des tarifs et l'hebdomadaire
d'Alsace, nous avons reçu 238.781 fr. 40.
De plus, un grand nombre de nos amis
ont compris l'utilité, la nécessité des enga
gements volontaires. 67 d'entre eux en ont
souscrit de nouveaux pour 41.106 francs et,
parmi les contribuables anciens, 60 ont
ajouté à leurs anciens engagements pour
une somme de 25.624 francs. Il est trop
clair que ce sont ces contributions régu
lières qui représentent pour nous l'élé
ment solide et durable des subsides sans
lesquels VAction française périrait ou de
viendrait une publication de cénacle ou
« d'élite » sans action directe sur la vie
de la France !
Nous n'avons d'ailleurs pas besoin d'in
sister sur,l'intérêt capital qu'il y aura tou
jours pour notre propagande à mettre
l'Action française à la portée du plus
grand nombre.
Cette Action française pourra joindre,
aux autres originalités qui la distinguent,
celle de se vendre malgré toutes les dif
ficultés qui lui sont propres, meilleur mar
ché que ses confrères ! Mais cela dépend
essentiellement des souscriptions qui nous
seront adl-essées. En aucun temps, elles
n'auront favorisé plus utilement la diffu
sion des idées de salut public.
' "thaïes MÂVRkAS
Madame Marcel Azaïs et sa famille regrettant
de ne pouvoir répondre aux nombreux témoigna
ges de sympathie et aux condoléances qui leur ont
été adressées, prient les personnes amies qui se
sont associées à leur deuÙ, de bien vouloir trou
ver ici, avec leurs sentiments de profonde recon
naissance, leurs plus sincères remerciements.
Avenir
A BERLIN
Le président Ebert
dissout le Reichstag
Berlin, 20 octobre. — Le communiqué
suivant est publié :
Les efforts du chancelier pour élargir
le gouvernement d'Empire afin de lui
proourer—une majorité plus sûre pour la
continuation de la politique faite jusqu'à
présent, ont définitivement échoué. En
conséquence, comme il n'existe pas une
autre voie praticable, .le chancelier, d'ac
cord en cela avec l'ensemble .'du cabinet,
a demandé au président'd'Empire de dis
soudre Je- Reichstag pour donner au peu
ple l'occasion de créer une semblable ma
jorité.
Le président d'Empire a agréé Ja de
mande du chancelier et a rendu le décret
suivant :
« Les difficultés parlementaires ren
dent impossible le maintien du gouverne
ment actuel et, en même temps, la forma
tion d'un nouveau gouvernement sur la
base de la politique intérieure et exté
rieure faite jusqu'à présent. En vertu de
l'article 25 de la Constitution, je dissous
le Reichstag. »
Le chancelier Marx avait consulté ce
matin une dernière fois les partis démo
crates et nationalistes. Leurs réponses
n'ayant pas été satisfaisantes, le chance
lier s'est décidé à dissoudre le Reichstag,
solution que lui conseillaient vivemekit
depuis plusieurs jours les différents par
tis politiques.
BOHOS
La République, c'est le gouvernement ' du peu
ple. Les Assemblées législatives ou municipales
sont le reflet de la volonté des électeurs !
L'élection municipale du quartier de la Porte-
Saint-Martin nous en fournit une preuve écla
tante : •
Sur 9.516 électeurs inscrits, le candidat le
plus favorisé obtient 929 suffrages.
Si ce notable citoyen décroche la timbale di
manche prochain, il représentera à l'Hôtel de
Ville 9/10 de ses électeurs qui ne partagent pas
ses opinions. „
C'est» beau le suffrage universel !
À diverses reprises, nous avons entretenu nos
lecteurs de la communication faite à l'Académie de
Médecine sur le traitement de,la myopie par la
méthode -de M. Roger d'An3an.
, Sur le ton discret qui convient à ces sortes de
travaux, noua avons attiré l'attention des personnes
que cette question intéresse sur les résultats clini
ques obtenus ; or, il est aujourd'hui avéré que la
myopie est curable et que cette gymnastique amène
la suppression des verres dans la majorité des cas.
Si le succès est rapide chez l'adulte, il dépasse
souvent, chez le3 enfants, les prévisions les plus
optimistes. «
L'efficacité de la méthode de M. Roger d'An-
san est établie par une série d'observations prati
quées sur des sujets ayant de 7 à 60 ans, ainsi que
cela a été démontré au cours de la séance de l'A
cadémie de Médecine du 16 janvier 1917 et, com
me nous l'avons déjà dit, ce traitement, qui con
siste en un léger massage, est complètement indo
lore et la première application a un effet immé
diat. (Tous les jours de 2 h. à 6 heures, 6, rue Boc-
cador VIII e ).
u
Il ne suffit pas d'un miroir
De quelques poudres èt'de fards,
Pour vous parer ; il faut y voir.
Procurez-vous donc sans retard
La lampe qui le mieux éclaire
Une Mazda, si nécessaire.
nom mmn do mk
Sommaire du 19 octobre 1924
Léon Daudet : La triste aventure des fonction
naires.
Firmin Bacconnier : Le Congrès, national des
Syndicats agricoles.
Jacques Bairiville : La « Farce socialiste > en
Angleterre.
Une enquête sur la désertion des campagnes.
Léon Allard : Chronique agricole. {Les Céréales
d'automne.)
Noël Francès ! Les Faits de la Semaine.
-• G. D. : Revue de la Presse.
Chroniques régionales. — Cours et marchés. —
Informations agricoles. — La Vie financière.
— Le Troupeau, w» Les Fleurs. — La Mai-
ton-
Un de nos confrères, qui publie une en
quête eur l'Allemagne dans le Petit Pari
sien, a vu à Leipzig deux journalistes al
lemands, l'un de droite, l'autre de gauche.
Ils ont été d'accord pour lui dire qu'une
chose ne pouvait pas durer : les frontiè
res orientales que le traité de Versailles
assigne à l'Allemagne.
Reconnaissons que ces Allemands-là ont
le mérite de la franchise. Mais ils ne sont
peut-être aussi sincères que pour une rai
son inquiétante : ils croient que leur pays
aura plus d'avantages que d'inconvénients
à dire tout haut ce qu'il veut : alors on
le lui accordera peut-être sans qu'il ait
la peine et le risque de l'arracher par la
force. Est-ce que les paroles si graves que
M. Macdonald a prononcées à Genève sur
la Haute-Silésie ne sont pas un encoura
gement ?
Si l'on essaie de lire dans l'avenir en
suivant la courbe qui a commencé le 11
mai, on peut annoncer comme un événe
ment très probable la réunion de l'Autriche
à l'Allemagne par Jp conseatement de la
Société des Nations. Pourquoi ? Pavce
qu'on aura l'idée de satisfaire les Alle
mands, de leur donner une compensation
territoriale sans rien bouleverser en appa
rence. En apparence seulement, bien en
tendu.
Lorsque les Allemands auront l'A u tri
che, il va sans dire qu'ils n'en seront que
plus forts, pour retrouver ce qui leur tient
le plus au cœur : leurs anciennes frontiè
res de l'Est. Que se passera-t-il à ce mo
ment-là ? Il faut consulter le passé pour
prévoir l'avenir. Le premier partage de la
Pologne a eu lieu, au xvm° siècle, lorsque
l'avènement de la puissance prussienne eut
rendu plus difficile à la France son rôle de
protectrice. Les deuxième et troisième par
tages eurent lieu à la faveur de la Révolu
tion française. Ce qu'ils ne pouvaient-pren
dre à la France, c'est à la Pologne que les
Prussiens le prenaient, profitant des mo
ments où nous étions empêchés d'inter
venir.
Que se passera-t-il le jour x>ù .l'Allema
gne n'acceptera plus que la Haute-SHésie,
Posen, Dantzig lui aient été enlevés ? La
France voudra-t-elle ou pourra-t-elle inter
venir ? La démocratie française acceptera-
t-elîe l'idée d'une démonstration militaire,
même d'une simple intervention diploma
tique en faveur de la Pologne ? Ce serait
une précaution, mais une de ces précau
tions d'où la guerre peut découler. Alors
il y a de très grandes chances pour que
la France s'abstienne. On renverra le cas
devant la Société des Nations ? Et si la
Société des Nations décide le retour à
l'Allemagne de quelques-unes des anciennes
conquêtes de la Prusse comme elle aura
accordé la réunion de l'Autriche, et pour
les mêmes raisons ? Où les concessions
s'arrêteront-elles ? Et si la Pologne refu
se ? On va dire qu'elle pourra demander
le bénéfice de l'amendement japonais.
L'Allèmagne aussi. L'une ou l'autre perdra
ce procès. Qui fera respecter l'arbitrage ?
La grande illusion de la démocratie fran
çaise — la même qu'avant 1914 — c'est
qu'elle pourja, à l'avenir, se désintéresser
des conflits européens. Dans l'idée d'assu
rer son repos, elle préférera même ne pas
les voir. Ce n'en sera que plus grave le
jour où ils viendront la chercher. — /. B.
AUX ASSISES DE LA SEINE
L'assassinat
de Nicolas Bonservizi
Première audience
Le procès du communiste italien Er-
nesto Bononimi, assassin de Nicolas Bon
servizi', secrétaire du Fascio de Paris,
correspondant parisien du Popolo d'Ita-
lia, a commencé hier, devant la Cour d'as
sises de la Seine, que préside M. Mouton.
Les débats prometi-ent d'être sûrement
longs, et peut-être mouvementés. M* Tor
rès, défenseur de l'accusé, n'émet-il pas
la prétention de faire le procès de Mus
solini et du fascisme ? Ne veut-il pas évo
quer, tel un drapeau funèbre, le cadavre
du malheureux Matteotti ?
A quoi, M e Gautrat, avocat du père de
la victime, partie civile, a déjà déclaré
qu'il répondrait, chaque fois, du tac au
tac :
« Chaque fois, a-t-il dit, que M" Torrès
parlera d'une violence fasciste, je lui op
poserai trois violences communistes. »
L'assassin
Ernesto 'Bononimi ' est un garçon d'une
vingtaine d'années, correctement, pres
que élégamment vêtu de noir. Tête surmon
tée d'une tignasse de cheveux noirs que,
durant l'interrogatoire, il rejette à chaque
instant en arriéré d'un mouvement qui
lui est particulier. Visage pâle et mat,
traits anguleux et crispes, lèvre rasée,
qu'il relève, en parlant, au-dessus de ses
dents. Un sourire ? Non, un rictus .ner
veux.
, C'est un phraseur, un intarissable ba
vard. Il parlé vite ; il parle sans arrêt. On
deviné qu'il • parlerait toute ■ l'audience si
le président ne l'interrompait, de temps en
temps, pour résumer ce qu'il vient de dire,
à l'usage des jurés, à notre usage aussi.
Sans cette précaution, nous ne compren
drions rien à ses explications, débitées
d'une voix zézayante, nasillarde, et avec
un fort accent.
Bononimi est né à Pozzolenzo, dans la
province de Brescia. Il était l'aîné de cinq
enfaiîts. Ses parents étaient de braves et
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