Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-08-17
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 août 1924 17 août 1924
Description : 1924/08/17 (Numéro 230). 1924/08/17 (Numéro 230).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7620449
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-sepîieme année — N° 230
DiœaBfchël 7août 1924
ISqsntimss^ PRISE ET 8.E*B£--E*-OïSk
20 centimes D é p.vrt embkts «r ..Gountins
AUOÎfNfcMÊM'Ss s iJc Ai iiiaoii froiista
France ot Colonies» 48 fr. : a5 fr . i3 fr.
Etranger . .... . Sa « 42 » sa »
Ghèdaa postal < Compte a3 .goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME IXTftGKAT.
h Tout ce qui estnationai est nôtre. » .
Le Duo d'ORLÉANS
«
héritier «les quarante Rois qui en mille ans firent la France*
«£l>ACTION & ADMINÏSTRAÏlOSt
ii, rae de Rome, PARIS,
Adresse télégraphique-. ACïtOtf-KAÏI-PAR.ÏS
Téléphone : Administration ; Louvre a5-4g, 36-54
Rédaction : Central -;5-4d Publicité •, Central 74-77
Après ic heures do soir : Ségrur 11 -68
Registre de Commerça ; S ai no H" 78 .58a
Fondateur' s IÏENRI VAUGEOIS — Dwectews politiques ; LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —•* Rédacteur en chet s MAURICE PDJO
RESULTAT < TANGIBLE.
* Le 30 août nous évacuerons Dort-
mund, Hoerde, Lunen, Emmer icli, We-
■ • .
sel, Offenburg, Mannheim.
(Signé par M. Herriot à Londres).
Pour la première fois depuis la
victoire, l'armée française commence
un mouvement de retraite.
. Où s'arrêtera-t-il ?
François Albert, Brunot
et les Humanités
Qu'un imbécile fasse des iinécillités,
et qu'un niais écrive des' niaiseries, voi
là qui. est tout à fait d'ans l'ordre. La
dernière manifestation de M. Brunot,
doyen en Sorbonne -— concernant la
prétendue supériorité de Jules Fa?re
6ur Cieéron et d'Emile Augier sur Euri
pide ; — a soulevé en France un imjtnense
éclat de rire. A la bonne heure, voilà un
véritable démocrate, un maître selon le
cœur de feu Rcnouvier, qui découvrit,
dans Victor Hugo, un métaphysicien fort
au-dessus d'Aristote et de saint Thomas !
En matière critique, Brunot, sur sa rive
gauche •—je parle de sa rive politique
— ait la pige' au mannéliste Doun ' sur
la rive: droite et bien pensante. L'un
vaut l'autre et tous les deux ne valent
lien. Quant au sénateur François Albert,
il était tout désigné, même avant le suffra
ge du 11 mai, pour abolir le décret Bêv
râfd, et substituer, à la formation intel
lectuelle par les humanités, la formation
intellectuelle par les sciences et les clas
siques français, sans compter les langues
vivantes. Les articles de ce petit bonhom
me infatué, qui se vante d'être une espèce
de Homais transcendiiKtal, de primaire
à la puissance deux,, annonçaient le ré
formateur d'août 1924. Ce bonnet d'âne
complète heureusement le cabinet du
Bonnet rouge e t 'ie retour au vomisse-
jment de mai 1914. +
Maintenant que Léon Bérard n'est plus
ministre, et que Poincaré lui-même l'a
renié, avec ce courage qui le caractérise,
on peut bien dire et proclamer que ja-ï
.niais lettré* de cette distinction n'avait oc-
cupé,, avant lui, le poste de gran«f maître
de^Université delà République, « Vous
voyeg bien que Bérard. était un ministre
réactionnaire, puisqu'il est loué par l'an- !
tidç- -rate Daudet- .■> vont s'écrier les:
unamunistes du Quotidien. .Mais- non,
malheureusement, Bérard n'est pas un
réactionnaire. C!est un républicain pa
tin "e, mai» un répubi'.o-'a lettré et qui,,
pour le goût et "la culture, en remontre-'
râit à tous les professeurs en Sorbonne
et. à tous les critiques contemporains. Il
a ce sens inné des humanités, cette fines
se souriaûte, et ce sentiment des nuances
littéraires les plus délicates, qui ne s'ac
quièrent pas. Fiunt oratores, nascuntur
Berardi. L'érudition discrète et sage est
en lui, comme elle était en notre a mi
commun Capus, avec un don comique
et d'application à la vie courante, qui ac
tualise, sans banaliser. Savez-vous que ses
harangues officielles pour Rabelais, Mo
lière,. La Fontaine et Bossuet étaient et
eont de fort beaux morceaux et dignes
du sujet. On peut les lire et les relire.
Barrés pensait de Bérard^ce que j'en
pense ; et ce ministre spirituel et rail-
four à son banc, à la Chambre du 16 no
vembre^ nous était un sujet de conversa
tion .ragaillardie et optimiste.
J'ai vu de près plusieurs grands maî
tres de l'Uniyersité républicaine. A Louis-
le-Grand, vers 1880^ j'ai criblé de boules
de neige un certain Duvau — ou quel
que chose d'approchant — qui venait
nous inspecter, et que nous chahutâmes
sans aucune espèce tle raison. Moi qui
vous parle — et je n'en suis pas plus
fier 1 pour ça t -^- j'ai fourni ses citations
latines et françaises, et le plan général de
e on. topo de Concours général, à Lockroy,
ministre de l'Instruction ■ publique par
la grâce, du petit René Goblet. Car ce
brave Lockroy 11e savait pas un traître
mot de grec, ni de latin. Nous étions
malades de rire, mou père et moi, à la
pensée qu ? il admonestait les jeunes élè
ves, et les" conseillait,-avec un' : bagage
exactement' limité au singulier de rosa
•— la rose. Plus tard, à la veille de la
guerre, j'ai taquiné mon bon et cher
Couyba —- Couyba voici le soleil ; c'est
le printemps, c'est l'éveil — devenu à
son tour grand maître de l'Université,
sur ses faibles capacités en grec, qui dé
solaient le papa Jacob et le jaune,mais sa
vant, Chabrier. Plus tard encore, devenu
député, j'ai vu de près Aristide Briand,
ancien grand maître de l'Université, lui
aussi, qui n'écrit jamais une lettre, mê
me à sa bonne amie, parce qu'il met deux
p à chapeau et qu'il croit que « je t'ai
me >• s'orthographie : je t'èmme. « Inia
ginez, — disait le sage Gaborit, qui le
connaît et le déguste depuis, quarante ans
— qu'il n'a jamais pu écrire ni même
dire Lloyd George. Il appelle cet insu
laire « Lode Giorge y et il l'écrit de la
même façon. » Gaborit réfléchissait un
instant, son œil moqueur. dardant un jet
noir et vif, puis ajoutait : « Ça a dû
bien le gêner à Cannes et ailleurs. » Ain
si on prend à maints èt maintes, comme
dit Villon.
Millerand, qui était un très, bon élève
— si j'en crois son condisciple, mon cher
cousin Maurice Donnay — avait pris
comme ministre de l'Instruction publi
que, un grand garçon noir ainsi que de
là réglisse, très aimable, d'aspect incas
sable comme certains jouets, et répondant
an nom d'Honnorat. Très sympathique,
Honnorat,mais j'ignore ce qu'il y avait de
dans. Enfin, c'est une étourdissante rigo
lade-de penser que le bonhomme Ley
gues ;— de la Lyre d'airain, de cet airain
dont 011 fait les quenelles —- avait été
maître supérieur des Etudes de 1902,
sous Chauehard, Dufayel et Waldeck,
triumvirat de cette glorieuse époque, et
avait chambardé les humanités classiques,
au nom de l'Enseignement moderne. Cha
que fois que Leygues, bombant son torse
de vieux lutteur et tendant un doigt à
l'ongle poli — comme lui-même — mon
tait à.la tribune pour combattre Bérard,;
j'avais un accès d'hilarité cordiale, qui
-inquiétait notre lyre d'airain II ou elle
me regardait avec méfiance, se demandant
quelle interruption j'avais sur le feu. Car
je soupçonne fort Georges- Leygues— je.
vous le dis tout bas — de n'avoir jamais
ouvert d'autres œuvres complètes que cel
les de Jonnart ou de Chauehard, et d'en
être demain, sur Cieéron, à l'avis du
doyen Brunot. Mais si Leygues était en
core ministre, Brunot le préférerait à
Jules Favre lui-même, autos o !
''Quand Poincaré, dans un accès de bon
ne amitié, remplaça Bérard par Jouve-
nel — pour se souder indissolublement
le Matin , où il croyait Jouvenel omnipo
tent et plus « potent » que Sapène lui-
même — en même temps qu'il rempla
çait Colrat par Lefebvre des Moustaches
du Prey, féal de l'assassin Marlier, je sen
tis, et toute la Chambre sentit, la cause
des humanités de aouveau menacée. Jou
venel est tout à fait gentil et habile à se
faire un chemin sinueux, garé des ca
mions, autos et voitures ; mais le sort des
humanités ne l'empêche sûrement pas de
dormir ; .et, s'il avait à choisir entre
l'appui de Virgile et celui dé M. Bunau-
Varilla, il choisirait sûrement celui de
M. Bunau-Varilla. De quoi personne^ pas
même Virgile, ne saurait lui en vouloir.
En un mot, il pense que Virgile a le
temps d'attendre — et c'est exact — au
lieu que lui, Henry de Jouvenèl n'a pas le
temps.
C'est égal, vous avouerez que le jeu de
bascule du . suffrage universel constitue,
pour un grand et vieux pays comme le nô
tre —-où subsiste, tout de même, un cer*.
tain bon sens —-un drôle de régime. Pen-f
dant de longs mois, une longue et in
téressante discussion a eu lieu sur cétte
question essentielle, vitale de la vérita
ble culture, qui est celle par les humani
tés. Au bout de cette discussion, une dé
cision a été prise, conforme aux intérêts
des. enfants, des familles, et surtout de
l'avenir du pays. Car l'extinction des hu
manités, même réduites, c'est le chemin
de la pire barbarie, qui est la barbarie
scientifique, se cuidant, et s'outre-cuidant,
savante et sage. Sans compter que l'abo
lition . des humanités, c'est l'aboli
tion de la seule véritable internationale
intellectuelle. De ceci, François Albert est
évidemment loin de se douter. Le latiii
est, avec la chrétienté, le dernier lien de
l'Europe civilisée, emportée à l'entre-tue-
rie par l'industrialisme à outrance et
les poussées financières qui en résultent.
Les humanités ne sont pas seulement le
Beau ; elles sont encore, et par surcroît,
un grand bien, un baume, un apaisement,
une ultime relation spirituelle, quand
toutes les relations diplomatiques sont
rompues, ou branlantes^ L'humanisme,
école du bon sbns, est aussi un gage de
miséricorde, un appel à la" générosité et
à la grandeur.
Mais comment faire comprendre cela
à dé lamentables ignares, pour lesquels,
le latin fait partie de « la calotte » —
hou, hou, le latin ! -r- et il n'y a pas de
vrai bloc ^de fauche, sans le ciment du
primarisme !
Ces gens obtus ne réfléchissent pas
qu'en retirant la culture humaniste à tous
ceux qui ne sont pas clercs, ils prépa
rent aux ■ clercs une revanche qui sera
celle de toute la civilisation.
Léon DAUDET.
LE CONSEIL DES MINISTRES
SE REUNIRA LE 19 AOUT
Le "conseil des ministres se réunira mar
di prochain, 19 août, à dix heures du
matin à lElysée. ' r «•
M. Herriot mettra le président de la Ré
publique et ses collègues du cabinet au
courant des résultats définitifs de la Con
férence de-Londres.
KOHO'§i
LA FOMTIQUE
De M. Ch. Bourdat, étudiant, à Paris > :
Si ces vers sont fades, lecteur,
C'est N'a pas pu pre dre, pjr malheur.
Son « Cherry-Rocher » ordinaire.
I. L'œuvre de M. Herriot
M. de Moro-Giafferri; qui avait plaidé
pour Landru-et Gaillaux, a pris:également,
à Calais, la défense de M. Herriot : « Pour
réclamer notre droit tout entier, -s'estril
écrié, nous avons"'voulu aussi reconnaître
le droit; des autres, et nous avons pensé
que l'épée de la France était assez forte et
avait pris dans - le flamboiement du ciel
assez d'éclat pour servir de fléau à la
balance de- la. justice internationale ! » -
Si un jury acquittait M. Herriot sur cette
belle 'phrase,- il ne serait pas très difficile.,
Nous s avons reconnu le droit des autres,
qu'est-ce à dire ? Celui de l'Allemagne, et
d'une Allemagne récalcitrante, 'qui : nous
bafoue sans relâche depuis sa défaite ? Les
délégués du Reich n'ont pas cessé, en effet,
à Londres, où ils ont caus.é d'égal à égal
avec les Alliés, de revendiquer leur droit,
mais aux dépens du nôtre.. Car leur droit,
tel qu'ils l'entendent, consiste à violer-
chaque jour le traité qu'ils ont signé. La
justice internationale exigerait-elle_ donc
que la France fut éternellement sacrifiée et
dupée.
Les avocats de M. Herriot peuvent ra
conter-ce qu'ils voudront. U y~a d'abord ,
contre lui ce fait que l'évacuation mili
taire de la Ruhr ne devait rias être évoquée
à la. Conférence.-Or le p. ésident du Con
seil a si bien fait que, peu à peu, on n'a
pas parlé d'autre chose. Coinmë l'écrivait
le Times du 13.août :
...La question de l'évacuation, militaire
projette sur la Conférence une ombre
épaisse ; il est enrieux de noter que, de
puis que cette question a passé de l'ar
rière-plan an premier- plan du débat, la
Conférence proprement dite s'est, pour
ainsi dire, réfugiée sous terre, Les séances
générales et formelles ne sont plus guère
qu'une manière de marqua' le pas. Les
sujets d'une importance véritable se dis
cutent pendant des heures entières dans
des réunions privées- qui se tiennent dans;
les hôtels et dans les clubs.
Ensuite, s'étant laissé attirer sur ce ter
rain par les,Anglais, et par les Allemands,
il a manœuvré ou il s est laissé manœu-
vrer de telle sorte que le gage, dont nous
pouvions et devions nous servir, a été con
sidéré comme un obstacle à la bonne mar
che des négociations. Ecoutons encore le
Times : « Il serait on ne peut , plus regret
table que M. Herriot, qui a fait preuve,
depuis le début, d'un esprit si conciliant,
compromit au dernier momént le sifccès
de la Conférence tout entière en insistant
sur le maintieh des troupes françaises dans
la Rulir san$ .Qvoir, poflr. : çela ^cun jmHf'
manifestement " légitime î>. Ainsi la conci
liation dé M. Herritit se retournait contre
lui ! Faute d!avôir su tenir le langage, qui
convenait* le représentant de la France vic
torieuse n'éta'it plus .qu'un gêneur. Tarit êt
si bien que l'Allemagne, à la. fin,,assumait
le beau rôle et qu'ayant obtenu mille con
cessions, comme on; la pressait de renon
cer à la mille et unième,, c'est elle qui fai
sait des manières, pour se donner le béné-:
ficc de la générosité ! . .
M. : Herriot" nous a valu un véritable
désastre diplomatique. À cela joignez ses
multiplcis lâchages et l'ajournement de
notre sécurité aux calendes grecques. C'est
complet !
Un jouïnal d'Anvers disait, la semaine
dernière : s'il ne vaudrait pas mieux, malgré tout, se
séparer .à Londres sans avoir abouti. Car,
si cet accord doit se faire, nous n'en pour
rions juger lés effets à l'usage que dans
quelques mois, quand nous serons inca
pables de nous ressaisir ». Oui, le ressai-
sissement ne sera pas commode.-Mais M.
Herriot s'en lavera les mains; U ne sera
plus au pouvoir et, grâce au système de
l'irresponsabilité démocratique, il se dit
que l'on ne songera plus à lui attribuer la
répercussion de ses actes. Pour le moment,
il était pressé d'aboutir, afin de s'exhiber
devant une Chambre complice -de toutes
les défections et dé toutes les trahisons.
Mais son calcul sera trompé. Les pa
triotes- français n'oublieront pas. M. Her
riot est, dès à présent, et restera en accu
sation devant le pays.
II. Le marché aux électeurs ;
Nous avions été seul, au lendemain de
l'élection des Hautes-Alpes, à commenter
la victoire de M. Maurice de Rothschild.
Le sujet n'était pas aisé pour les républi
cains : ils ne pouvaient l'aborder sans'
manquer de déférence envers le suffrage
universel; Mais la douleur du candidat
évincé ét l'amour-propre des députés so
cialistes du lieu, qui s'étaient solidarisés
avec lui, sont les plus forts. On médite de
faire invalider M. de Rothschil. Il faut
donc s'exprimer en toute franchise. Et
l'on y va carrément. .
Les organes du cartel des gauches ne
mâchent point les mots : «M. de Roths
chil a. acheté son siège », dit l'un. M. de
Rothschild a acheté, dit un autre, «tous
les Hauts-Alpins qui étaient à.vendre* et
c'étaient les «plus nombreux ». On ajOHte
même que les deux ou trois millions dépen
sés n'étaient pas excessifs et que « le coru-
mun dés électeurs est pour rien datjs les
Hautes-Alpeis », au prix où sont à Paris le
veau et le mouton. .
- C'est tout "à fait joyeux.-On n'imagine
pas le plaisir que nous procurent ces dia
tribes. Le peuple souverain traité de la
sorte par les champions de la souvèraineté
du peuple ! Pauvre Péguy, si candide,'qui
s'extasiait devant fa sublimité du bulletin
de vote ! < Des hommes ont vécu, des
hommes sont morts pour l'obtenir... » Au
jourd'hui les meilleurs républicains nous
apprennent que le bulletin de vote est une
monnaie d'échange. Comme la Ruhr ou
plutôt comme nous aurions souhaité" que
fût la Ruhr. Mais le peuple souverain, plus
habile que M. Herriot, troque sa marchan
dise contre espèces sonnantes! Là « beu
verie générale et gratuite s> a joué aussi un
grand rôle, nous dit-on; M. de Rothschild,
nouveau Jacob, a dû s'écrier, après la pro
clamation du scrutin (ces rimes million
naires sont de. feu Bergcrat) :
Tous ces gens sont des Esaûs.
Mais, c'est égal, on les a eus l
Seulement, méfions - nous. Le •cartel
des gauches parle dédaigneusement des
« Hauts-Alpins », comme s'ils constituaient
une espèce à part. Là République est une
et indivisible. Au surplus, les Hauts-Alpins,
ayant bien volé le 11 mai, étaient alors
criblés d'éloges. On chantait : les monta
gnards sont là, et même un peu là... On
leur prêtait toutes les vertus démocra
tiques. C'est ce qui" rend l'aventure si
drôle.
A la vérité, le cas des. I-Iautes-Alpes:n'a
rien d'exceptionnel. Quand, la majorité
actuelle et. l'ancien Bloc national se dis
putent au Palais Bourbon, les belligérants
se renvoient deux noms comme ils. s'en
verraient des v balles : « Billiet ! Hennes-
sy ! » Ce qui veut dire que les uns reprér
sentent l'or de M. Hennessy, les autres l'or
de .M. Billiét, et qu'ils s'en accusent réci
proquement. M. de Rothschild a jeté dans
la balance sa propre fortune, et admettons
qu'il ait fait-plus-largement les, choses:
voilà-toute la différence.
N'est-ce. pas M. Frossard' qui s'était'en
gagé, s'il était élu, à réclamer tout de go
l'arrestation de M. Billiet î A défdut de
M/Frossard, quatre ou cinq candidats de
sa liste l'ont emporté. Ils n'ont réclamé ni>
l'arrestation de M. Billiet ni même l'inva
lidation de ses amis. Entre les deux camps
s'pst fait un sorte-d'accord tacite pour ne
pas .poser devant la Chambrp la.question
d'argent.
C'est que, des deux côtés, l'on n'ignore !
pas l'influence prépondérante de l'argent
dans les élections. Et, s'il n'y avait que
l'argent 1 .Mais la corruption, la fraude
jouent sous toutes les formes. On procède
aujourd'hui à une élection législative dans:
les Basses,-Alpes. Le candidat modéré, M.
Paul Revnaud, commence ainsi sa circu
laire :
Electeurs qui avez été trompés le il mai.
Contribuablesà qui on avait promis la
suppression.du double décime.
Commerçants, à qui on avait promis la
suppression de là taxe sur le chiffre d'af
faires ;
Fonctionnaires, à qui on avait promis
tin acompte de 1.800 francs;
Salariés, à qui on avait promis la sup
pression de l'impôt sur les salaires, etc.
Suit une -longue énumération des pro
messes fallacieuses qui ont -valu au cartel
des gauches son succès du 11 mai.. Triom
pher :à.coups de mensonges, est-ce beau
coup plus honnête que de' triompher en
prodiguant les écus ? Dans l'un et l'autre
cas, le peuple souverain est traité par ses
solliciteurs avec le mêmç mépris. '
' "Itîicrïin.
La Conférence de Londres
est terminée
La cirâce amnistiante
! vïr,-r" ^ ..... | '
à;.. Germaine Berton !
'7est un désastre pour la France
Elle nous .coûte nos gages -
et notre sécurité
f
h
L'agence Havas nous communique-l'in
croyable dépêche qui suit :
-Bordeaux, 16 août. — Germaine Berton,
qui' était détenue au fort de Ha, a été li
bérée cet après-midi, à quatre heures, bé
néficiant de la grâce amnistiante. Elle
partira dans la soirée pour Paris.
On se rappelle que la meurtrière de Pla^-
teau ayant entreprit en province une
profitable tournée d'exhibitions se heurta,
pour- une fois, à Bordeaux, à l'interdic
tion de la municipalité et provoqua une
scène d'émeute où l'on vit le drapeau noir
promené, des barricades élevées, la po
lice et la troape lapidées, deux commis
saires et une douzaine d'agents ou soldats
blessés; A la suite de ces faits, le tribunal
de Bordeaux- la condamna, pour outrages
et port d'arme prohibée, (un revolver) à
quatre mois de' prison et deux ans d'in
terdiction de séjour.
. La Berton étant arrivée presque à l'expi
ration de sa peine de prison, la grâce
amnistiante, dont le gouvernement l'ho
nore, prend un caractère de luxe, de
manifestation, gratuite, pour tout dire de
provocation, i est vrai qu'elle va effacer
l'interdiction de séjour et permettre à la
grue au revolver de rentrer dans nos
bonnes villes. Est-ce que le Bloc des gau
ches aurait besoin d'elle ?
Certes, le verdict du 24 décembre fut
un crime sans nom. Mais les douze misé
rables jurés qui le Commirént "cachaient
leur honte sous le secret de la Chambre
de leurs délibérations. C'était la. forfai
ture anonyme d'inconnus irresponsables.
La grâce amnistiante qui, parmi tant de
condamnés, va choisir, la Berton est un
acte de gouvernement qui en dit long.
C'est . de cela seul qu'il faut prendre
acte, car il nous importe peu, par ailleurs,
que la Berton ait achevé ou non sa peine
dérisoire. C'est aujourd'hui aux agents
de police et aux soldats blessés de Bor
deaux qu'il appartiendrait de se plaindre.
Ce sera peut-être, demain, l'ordre public
en France qui pâtira des singulières fa
veurs du piiristère Herriot.
Maurice PUJO.
(lie notre envoyé spécial)
Londres, 16 août. ^ A l'heure où je vous
télégraphie ces lignes, la séance plénière
qui clôture la Conférence n'est pas encore
terminée.
Comme.si Herriot n'avait pas pu jusqu'à
la dernière minute rester sans céder quel
que chose, il a ajouté aûx villes dont l'é
vacuation sera immédiate et dont les noms
sont déjà connus; Dortmund, Liersen, Hœrr
der. "• ■' ' - ' 1 ' : : :
M-' Herriot voulait également que nous
lâchions sans délai Ruhrort, Duisbourg,
Dusseldorfi mais le général George s'est
opposé à cette folie. Pourquoi- donner tous
ces gages de notre'bonne volonté ? Est-ce
à nous à montrer de- la bonne foi ? Ces
.< gestes i, comme M. Herriot-les quali
fié, sont. hclqs ! dés' actes, et des actes
qui ne sont que des abandons successifs.
Ils confirment à nos yeux, l'effroyable
mensonge qu'on va présenter au public.
Tout le monde sera surpris de savoir
ue la Conférence se termine sans que le
ameux emprunt de 800 millions dont le
: succès est la. condition même de l'applica
tion du plan Dawes par le Reich, soit mê
me assuré d'être jamais souscrit, du moins
officiellement :
Sans même attendre que les banquiers
aient pris une décision,' non seulement lés
Allemands emportent la promesse de l'é
vacuation ttitale de la Ruhr dans un an,
mais déjà l'évacuation est commencée. Pa
reille situation est paradoxale. L'objet de
la Conférence était strictement l'applica
tion du plan Dawes, or nous terminons les
travaux sans que la question de l'emprunt
soit résolue, mais iprès avoir pris l'enga
gement d'évacuer là Ruhr.
Nous avons déjà dit que le délai d'un an
ne signifiait rien> puisqu'à cette date nous
ne pourrions pas savoir si l'Allemagne
exécuterait normalement cette obligation ;
mais le délai, d'un an fournissait à Herriot
un bon argument pour i répondre terpellations et dire au public qu'il n'avait
pas abandonné notre seul gage réel. Et c'est
là qu'est, l'affreux mensonge; Herriot sait
très bien< que la question 'de l'évacuation
de la Ruhr reviendra sur le tapis dans
quelques semaines quand les banquiers-
-examineront leS condilions du placement
de l'emprunt. Il aura eu le temps à ce mo
ment de préparer l'opinion à l'évacuation
totale et beaucoup plus proche,
, Tout cela Herriot l'a dit au chancelier
Marx : : Ayes l'air de faire preuve -de
bonne volonté en acceptant le délai d'un
an et moi je vous garantis que, quand la
question de l'emprunt viendra en discus
sion^ en- me basant sur votre acceptation
de principe et sur le désir des banquiers,
je procéderai à l'évacuation immédiate. »'
Voilà pourquoi nous disons que cette
Conférence, commencée dans l'équivoque,
finit dans le mensonge. Nous verrons de
main en détail le bilan de cette négociation
de trente jour? mais, dès ce soir, résumons-
en les points principaux :
Nous avons abandonné notre souverai
neté car nous■ avons remis le dossier des
réparations à des arbitres internationaux.
Nous commençons dès maintenant l'é
vacuation de la Ruhr avec la promesse for
melle de: la terminer . dans un an. .
. .Qu'avons-nous obtenu au sujet de l'ap
plication. du plan Dawes ?
L'emprunt, qui est la condition du plan,
n'est pas résolu. Donc ce que nous avons
fait au sujet des livraisons et des trans
ferts est au moins prématuré.;
Au sujet dés garanties sur l'application
du plan Dawes, et si l'emprunt est sous
crit, qu'duons-nous obtenu ? Rien.
Au sujet de notre sécurité, qu'avons-
nous obtenu ? Rien. '
Au sujet des dettes dont il. a été parlé
également, qu'avons-nous obtenu ? Rien.
Au sujet du contrôlé militaire et écono
mique, qu'avons-nous obtenu ? Rien.
J. LE BOUCHER.
A ANGORA
Le traité entre la Hollande et la Turquie
Angora, 16 août. — Les délégués turcs
et hollandais se sont réunis aujourd'hui
et ont négocié un traité d'amitié, le texte
arrêté a été paraphé par les délégués. Le
trait sera signé demain à midi. Tèwfik
Kiamil Bey, sous-secrétaire d'Etat aux Af
faires étrangères, représente la Turquie
aux négociations. . .
L'ACTION FRANÇAISE Dli DM4,\CI!E
HEBDOMADAIRE RURAL
Sommaire du N° du 17 août 1924
Léon Daudet r. Les sports et l'endurance ;
Jacques Bainville : Les prophètes de la culEute ;
Firmin Bacconnier : Au jour le jour ;
Léon Allard : Chronique agricole ;
René Brécy : Revue de la Presse ;
Noël Francès : Les faits de la Semaine.
Une enquête sur la désertion des campagnes
Chroniques régionales — Cours et marchés —
Informations agricoles — Le troupeau >—■ Les
fleurs — La maison — lé coin des enfants — La
vie financière.
Dernières réunions. .
Les chefs des délégations se sont réu
nis hier matin à Downing Street.'-M.-Her
riot les a-mis au courant des conversa
tions qu'il a eues avec la délégation àlle-
mande concernant l'évacuation militaire
de la Ruhr. , ; -
Les ministres français, belges et v alle
mands ont eu ensuite une entrevue à
3 heures. - ■■ . • ■
■ La dernière séance plénière
La réunion interalliée a duré jusqu'à
17 h. 30. Elle a été reprise: à 1,8 heures et à
.18 h. 30 à commencé ,1a dernière "séance
plénière de la 'conférence internationale
Suspendue pbur lé dîner, elle a repris à
-21 - h. C'est alors que les ' protocoles de
clôture ont été paraphés.
Outre les documents officiels de la con
férence, les trois gouvernements français,
belge et allemand vont échanger des let
tres relatives aux modalités de l'évacua
tion militaire de la Ruhr.
(Voir la suite en dernière heure.) -
Henri Céard
Henri Céard, de l'Académie Concourt,
vient. de mourir à soixante-treize ians. Né
à Bercy, faubourg parisien, mort à Paris,
il fut un remarquable-exemplaire du bour
geois de Paris ardemment dévoué aux let
tres. ...
Il commença par les études de médeci
ne ; mais le,démon littéraire lui fit cher
cher une de ces sinécures administratives
qu'on donnait alors volontiers aux écri-
vains"pour leur assurer à la fois le loisir
et la sécurité. Attaché au cabinet du pré
fet dè la Seine, il débuta dans la carrière
littéraire par une nouvelle, La Saignée, qui
parut dans le fameux recueil « Les Soirées
de Médan »; En 1881, il donna un roman
dont l'originalité frappa vivement le pû-
blic des romanciers naturalïs^Si.. i t/n,/f:^e//a
journée*}!. faisait entre*.'iemps-Xorcè-chro
niques remarquables. En 1884, il entra à
là Bibliothèque de ia Ville de Paris, où 3l
resta jusqu'en 1894 et qu'il ne quitta, avec
lé titre de sous-conservateur^ que pour va
quer entièrement à - ses travaux; littérai
res.'La scène l'attirait depuis? longtemps.
En 1888, il avait tiré une comédie en trois
actes du roman de ses amis de Concourt,
le. meilleur peut-être, Renée Maupèrin. En-'
suite étaient venus Les? Résignés (1889),
Tout pour l'Honneur, La Pêche-t (1890),.
joués avec grand succès. II fut' parmi les
auteurs les plus fêtés du--* Théâtre libre »,
fondé par Antoine, qui a tant marqué dans
l'histoire de notre littérature dramatique.
Le Cercle de la Critique dramatique et
musicale l'élut président. Depuis, il a écrit
mainte autre pièce, en prose ou en.
vers, dont il a publié il y a deux ans
une gerbe sous le titre Le mauvais livre,
son dernier ouvrage paru, nous semble-t-il.
L'un des premiers de l'académie Gon-
cburt, ce galant homme y fut toujours un
avocat des jeunes et un mainteneur des
souvenirs du fameux grenier.' Ses con
frères le choisirent pour régler la fameuse
affaire de la publication au journal iné
dit., ■. . ■■
La guerre l'attëignit profondément. La
victoire lui. inspira de fort beaux "vers,
d'un mètre à la fois classique et auda
cieux, qu'il faut mettre au premier rang
des dignes.poèmes inspirés jusqu'ici .par
un si grand sujet.
. Il meurt laissant en sincère deuil les
amis que, malgré sa modestie et son hor
reur du bruit, lui avaient acquis la géné
rosité de ses sentiments ei la dignité de
son caractère. ■ ■
La marine et le régime
Tandis que la marine assiste avec a ne
angoisse méprisante aux efforts de son
nouveau ministre pour la « rêpublicani-
ser %,nos lecteurs nous sauront certaine
ment gré. d'avoir demandé, à Une person
nalité-qualifiée par sa 'connaissance des
questions et des milieux maritimes, une
étude en trois articles sur les liens qui
unissent la marine au régime, liens dont
la marine est en train de mourir.
Un des 57 ministres dè là Marine que
comptent les fastes de la troisième Répu
blique, harcelé par les attaques du Parle
ment et dé la presse contre la gestion de
son Département, se souvint d'avoir appris
dans Bossuct que l'histoire était le labora
toire delà
cabinet un
seurs d !
la. copie du bureau de Colbert ; « Mon
sieur, lui demanda-t-il anxieux, croyez-vous
vraiment à l'utilité pour la France d'avoir
une marine "? »>
L'expert qui avait consacré sa vie à
la démonstration de cette vérité, se retira
muet de stupeur, croyant voir chanceler
la colonnade du ministère sur la place de
la Concorde. Quelques jours plus tard,
il apporta rue Royale une note de dix
pages dans lesquelles il avait condensé
logiquement toutes les raisons propres à
raffermir la foi branlante du ministre.
Il y -prouvait avec clarté cette proposi
tion, lieu commun de la tribune et de la
presse : de sa politique extérieure: » Le ministre
était certainement assez fin pour ne pas
méconnaître cette vieille, vérité. Il aurait
aussi fallu lui démontrer. cette seconde
proposition : « Un pays' a la marine de
sa politique, intérieure. ». C'est parce que
ces 2 vérités conduisent souvent à des ré-
A la mémoire du lientenant de vaisseau Yéroi
„ . mort pour ; la France . . .
sultats contradictoires que le chef-respon
sable du Département n'y voyait plus
clair. • -
Je voudrais " réparer; brièvement', cette
'omission de l'historien à; la veille du jour
qu'une nouvelle marine -va sans' doute
naître, puisque l'ancienne est. jn.orfp, ou
peu s'en faut. . ' ■ :
_ -, , t - ^ H
Lorsque nous apercevons aii large la
silhouette d'un bâtiment de guerre, nous
sommes plus enclins à songer à l'effort
extérieur que ce bâtiment peut être ap
pelé à fournir qu'aux efforts intérieurs
dont il est la résultante. Supposons un
tel navire, ni trop grand, ni trop" petit,
pour ne pas sacrifier aux préjugés à la
mode sur la, marine défensive. Ce bâti
ment constitue une unité de la marine
nationale, composée eile-même d'un cer-.
tain nombre* d'unités recouvertes de la.
même couche de peinture gris bleuté- et
destinées, . à transporter sur l'eau,' sous
l'eau, et peut-être bientôt dans l'iSr; un
nombre variable de torpilles, de canons
ou de grenades. , t . .
Ce sont les rapports qui existent entre
une de ceâ unités et la politique inté
rieure du pays qu'elle représente, que
nous nous proposons de. mettre en évi-:
.dence, en étudiant successivement l'in
fluence de cette politique sur le matériel
d'une unité, française, puis sur le person
nel qui l'anime.
* *
Comment naissent les bâtiments de guer
re franaçis ?
Toutes nos imités sont conçues par
l'Etat-Major général, rue Royale, dans
l'ancien hôtel du Gardc-meiibles, affecté
aux services du ministère de la. Marine,
depuis l'année 1790.
Ces unités ne sont pas conçues séparé
ment, mois en série et. l'ensemble des sé-
DiœaBfchël 7août 1924
ISqsntimss^ PRISE ET 8.E*B£--E*-OïSk
20 centimes D é p.vrt embkts «r ..Gountins
AUOÎfNfcMÊM'Ss s iJc Ai iiiaoii froiista
France ot Colonies» 48 fr. : a5 fr . i3 fr.
Etranger . .... . Sa « 42 » sa »
Ghèdaa postal < Compte a3 .goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME IXTftGKAT.
h Tout ce qui estnationai est nôtre. » .
Le Duo d'ORLÉANS
«
héritier «les quarante Rois qui en mille ans firent la France*
«£l>ACTION & ADMINÏSTRAÏlOSt
ii, rae de Rome, PARIS,
Adresse télégraphique-. ACïtOtf-KAÏI-PAR.ÏS
Téléphone : Administration ; Louvre a5-4g, 36-54
Rédaction : Central -;5-4d Publicité •, Central 74-77
Après ic heures do soir : Ségrur 11 -68
Registre de Commerça ; S ai no H" 78 .58a
Fondateur' s IÏENRI VAUGEOIS — Dwectews politiques ; LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —•* Rédacteur en chet s MAURICE PDJO
RESULTAT < TANGIBLE.
* Le 30 août nous évacuerons Dort-
mund, Hoerde, Lunen, Emmer icli, We-
■ • .
sel, Offenburg, Mannheim.
(Signé par M. Herriot à Londres).
Pour la première fois depuis la
victoire, l'armée française commence
un mouvement de retraite.
. Où s'arrêtera-t-il ?
François Albert, Brunot
et les Humanités
Qu'un imbécile fasse des iinécillités,
et qu'un niais écrive des' niaiseries, voi
là qui. est tout à fait d'ans l'ordre. La
dernière manifestation de M. Brunot,
doyen en Sorbonne -— concernant la
prétendue supériorité de Jules Fa?re
6ur Cieéron et d'Emile Augier sur Euri
pide ; — a soulevé en France un imjtnense
éclat de rire. A la bonne heure, voilà un
véritable démocrate, un maître selon le
cœur de feu Rcnouvier, qui découvrit,
dans Victor Hugo, un métaphysicien fort
au-dessus d'Aristote et de saint Thomas !
En matière critique, Brunot, sur sa rive
gauche •—je parle de sa rive politique
— ait la pige' au mannéliste Doun ' sur
la rive: droite et bien pensante. L'un
vaut l'autre et tous les deux ne valent
lien. Quant au sénateur François Albert,
il était tout désigné, même avant le suffra
ge du 11 mai, pour abolir le décret Bêv
râfd, et substituer, à la formation intel
lectuelle par les humanités, la formation
intellectuelle par les sciences et les clas
siques français, sans compter les langues
vivantes. Les articles de ce petit bonhom
me infatué, qui se vante d'être une espèce
de Homais transcendiiKtal, de primaire
à la puissance deux,, annonçaient le ré
formateur d'août 1924. Ce bonnet d'âne
complète heureusement le cabinet du
Bonnet rouge e t 'ie retour au vomisse-
jment de mai 1914. +
Maintenant que Léon Bérard n'est plus
ministre, et que Poincaré lui-même l'a
renié, avec ce courage qui le caractérise,
on peut bien dire et proclamer que ja-ï
.niais lettré* de cette distinction n'avait oc-
cupé,, avant lui, le poste de gran«f maître
de^Université delà République, « Vous
voyeg bien que Bérard. était un ministre
réactionnaire, puisqu'il est loué par l'an- !
tidç- -rate Daudet- .■> vont s'écrier les:
unamunistes du Quotidien. .Mais- non,
malheureusement, Bérard n'est pas un
réactionnaire. C!est un républicain pa
tin "e, mai» un répubi'.o-'a lettré et qui,,
pour le goût et "la culture, en remontre-'
râit à tous les professeurs en Sorbonne
et. à tous les critiques contemporains. Il
a ce sens inné des humanités, cette fines
se souriaûte, et ce sentiment des nuances
littéraires les plus délicates, qui ne s'ac
quièrent pas. Fiunt oratores, nascuntur
Berardi. L'érudition discrète et sage est
en lui, comme elle était en notre a mi
commun Capus, avec un don comique
et d'application à la vie courante, qui ac
tualise, sans banaliser. Savez-vous que ses
harangues officielles pour Rabelais, Mo
lière,. La Fontaine et Bossuet étaient et
eont de fort beaux morceaux et dignes
du sujet. On peut les lire et les relire.
Barrés pensait de Bérard^ce que j'en
pense ; et ce ministre spirituel et rail-
four à son banc, à la Chambre du 16 no
vembre^ nous était un sujet de conversa
tion .ragaillardie et optimiste.
J'ai vu de près plusieurs grands maî
tres de l'Uniyersité républicaine. A Louis-
le-Grand, vers 1880^ j'ai criblé de boules
de neige un certain Duvau — ou quel
que chose d'approchant — qui venait
nous inspecter, et que nous chahutâmes
sans aucune espèce tle raison. Moi qui
vous parle — et je n'en suis pas plus
fier 1 pour ça t -^- j'ai fourni ses citations
latines et françaises, et le plan général de
e on. topo de Concours général, à Lockroy,
ministre de l'Instruction ■ publique par
la grâce, du petit René Goblet. Car ce
brave Lockroy 11e savait pas un traître
mot de grec, ni de latin. Nous étions
malades de rire, mou père et moi, à la
pensée qu ? il admonestait les jeunes élè
ves, et les" conseillait,-avec un' : bagage
exactement' limité au singulier de rosa
•— la rose. Plus tard, à la veille de la
guerre, j'ai taquiné mon bon et cher
Couyba —- Couyba voici le soleil ; c'est
le printemps, c'est l'éveil — devenu à
son tour grand maître de l'Université,
sur ses faibles capacités en grec, qui dé
solaient le papa Jacob et le jaune,mais sa
vant, Chabrier. Plus tard encore, devenu
député, j'ai vu de près Aristide Briand,
ancien grand maître de l'Université, lui
aussi, qui n'écrit jamais une lettre, mê
me à sa bonne amie, parce qu'il met deux
p à chapeau et qu'il croit que « je t'ai
me >• s'orthographie : je t'èmme. « Inia
ginez, — disait le sage Gaborit, qui le
connaît et le déguste depuis, quarante ans
— qu'il n'a jamais pu écrire ni même
dire Lloyd George. Il appelle cet insu
laire « Lode Giorge y et il l'écrit de la
même façon. » Gaborit réfléchissait un
instant, son œil moqueur. dardant un jet
noir et vif, puis ajoutait : « Ça a dû
bien le gêner à Cannes et ailleurs. » Ain
si on prend à maints èt maintes, comme
dit Villon.
Millerand, qui était un très, bon élève
— si j'en crois son condisciple, mon cher
cousin Maurice Donnay — avait pris
comme ministre de l'Instruction publi
que, un grand garçon noir ainsi que de
là réglisse, très aimable, d'aspect incas
sable comme certains jouets, et répondant
an nom d'Honnorat. Très sympathique,
Honnorat,mais j'ignore ce qu'il y avait de
dans. Enfin, c'est une étourdissante rigo
lade-de penser que le bonhomme Ley
gues ;— de la Lyre d'airain, de cet airain
dont 011 fait les quenelles —- avait été
maître supérieur des Etudes de 1902,
sous Chauehard, Dufayel et Waldeck,
triumvirat de cette glorieuse époque, et
avait chambardé les humanités classiques,
au nom de l'Enseignement moderne. Cha
que fois que Leygues, bombant son torse
de vieux lutteur et tendant un doigt à
l'ongle poli — comme lui-même — mon
tait à.la tribune pour combattre Bérard,;
j'avais un accès d'hilarité cordiale, qui
-inquiétait notre lyre d'airain II ou elle
me regardait avec méfiance, se demandant
quelle interruption j'avais sur le feu. Car
je soupçonne fort Georges- Leygues— je.
vous le dis tout bas — de n'avoir jamais
ouvert d'autres œuvres complètes que cel
les de Jonnart ou de Chauehard, et d'en
être demain, sur Cieéron, à l'avis du
doyen Brunot. Mais si Leygues était en
core ministre, Brunot le préférerait à
Jules Favre lui-même, autos o !
''Quand Poincaré, dans un accès de bon
ne amitié, remplaça Bérard par Jouve-
nel — pour se souder indissolublement
le Matin , où il croyait Jouvenel omnipo
tent et plus « potent » que Sapène lui-
même — en même temps qu'il rempla
çait Colrat par Lefebvre des Moustaches
du Prey, féal de l'assassin Marlier, je sen
tis, et toute la Chambre sentit, la cause
des humanités de aouveau menacée. Jou
venel est tout à fait gentil et habile à se
faire un chemin sinueux, garé des ca
mions, autos et voitures ; mais le sort des
humanités ne l'empêche sûrement pas de
dormir ; .et, s'il avait à choisir entre
l'appui de Virgile et celui dé M. Bunau-
Varilla, il choisirait sûrement celui de
M. Bunau-Varilla. De quoi personne^ pas
même Virgile, ne saurait lui en vouloir.
En un mot, il pense que Virgile a le
temps d'attendre — et c'est exact — au
lieu que lui, Henry de Jouvenèl n'a pas le
temps.
C'est égal, vous avouerez que le jeu de
bascule du . suffrage universel constitue,
pour un grand et vieux pays comme le nô
tre —-où subsiste, tout de même, un cer*.
tain bon sens —-un drôle de régime. Pen-f
dant de longs mois, une longue et in
téressante discussion a eu lieu sur cétte
question essentielle, vitale de la vérita
ble culture, qui est celle par les humani
tés. Au bout de cette discussion, une dé
cision a été prise, conforme aux intérêts
des. enfants, des familles, et surtout de
l'avenir du pays. Car l'extinction des hu
manités, même réduites, c'est le chemin
de la pire barbarie, qui est la barbarie
scientifique, se cuidant, et s'outre-cuidant,
savante et sage. Sans compter que l'abo
lition . des humanités, c'est l'aboli
tion de la seule véritable internationale
intellectuelle. De ceci, François Albert est
évidemment loin de se douter. Le latiii
est, avec la chrétienté, le dernier lien de
l'Europe civilisée, emportée à l'entre-tue-
rie par l'industrialisme à outrance et
les poussées financières qui en résultent.
Les humanités ne sont pas seulement le
Beau ; elles sont encore, et par surcroît,
un grand bien, un baume, un apaisement,
une ultime relation spirituelle, quand
toutes les relations diplomatiques sont
rompues, ou branlantes^ L'humanisme,
école du bon sbns, est aussi un gage de
miséricorde, un appel à la" générosité et
à la grandeur.
Mais comment faire comprendre cela
à dé lamentables ignares, pour lesquels,
le latin fait partie de « la calotte » —
hou, hou, le latin ! -r- et il n'y a pas de
vrai bloc ^de fauche, sans le ciment du
primarisme !
Ces gens obtus ne réfléchissent pas
qu'en retirant la culture humaniste à tous
ceux qui ne sont pas clercs, ils prépa
rent aux ■ clercs une revanche qui sera
celle de toute la civilisation.
Léon DAUDET.
LE CONSEIL DES MINISTRES
SE REUNIRA LE 19 AOUT
Le "conseil des ministres se réunira mar
di prochain, 19 août, à dix heures du
matin à lElysée. ' r «•
M. Herriot mettra le président de la Ré
publique et ses collègues du cabinet au
courant des résultats définitifs de la Con
férence de-Londres.
KOHO'§i
LA FOMTIQUE
De M. Ch. Bourdat, étudiant, à Paris > :
Si ces vers sont fades, lecteur,
C'est
Son « Cherry-Rocher » ordinaire.
I. L'œuvre de M. Herriot
M. de Moro-Giafferri; qui avait plaidé
pour Landru-et Gaillaux, a pris:également,
à Calais, la défense de M. Herriot : « Pour
réclamer notre droit tout entier, -s'estril
écrié, nous avons"'voulu aussi reconnaître
le droit; des autres, et nous avons pensé
que l'épée de la France était assez forte et
avait pris dans - le flamboiement du ciel
assez d'éclat pour servir de fléau à la
balance de- la. justice internationale ! » -
Si un jury acquittait M. Herriot sur cette
belle 'phrase,- il ne serait pas très difficile.,
Nous s avons reconnu le droit des autres,
qu'est-ce à dire ? Celui de l'Allemagne, et
d'une Allemagne récalcitrante, 'qui : nous
bafoue sans relâche depuis sa défaite ? Les
délégués du Reich n'ont pas cessé, en effet,
à Londres, où ils ont caus.é d'égal à égal
avec les Alliés, de revendiquer leur droit,
mais aux dépens du nôtre.. Car leur droit,
tel qu'ils l'entendent, consiste à violer-
chaque jour le traité qu'ils ont signé. La
justice internationale exigerait-elle_ donc
que la France fut éternellement sacrifiée et
dupée.
Les avocats de M. Herriot peuvent ra
conter-ce qu'ils voudront. U y~a d'abord ,
contre lui ce fait que l'évacuation mili
taire de la Ruhr ne devait rias être évoquée
à la. Conférence.-Or le p. ésident du Con
seil a si bien fait que, peu à peu, on n'a
pas parlé d'autre chose. Coinmë l'écrivait
le Times du 13.août :
...La question de l'évacuation, militaire
projette sur la Conférence une ombre
épaisse ; il est enrieux de noter que, de
puis que cette question a passé de l'ar
rière-plan an premier- plan du débat, la
Conférence proprement dite s'est, pour
ainsi dire, réfugiée sous terre, Les séances
générales et formelles ne sont plus guère
qu'une manière de marqua' le pas. Les
sujets d'une importance véritable se dis
cutent pendant des heures entières dans
des réunions privées- qui se tiennent dans;
les hôtels et dans les clubs.
Ensuite, s'étant laissé attirer sur ce ter
rain par les,Anglais, et par les Allemands,
il a manœuvré ou il s est laissé manœu-
vrer de telle sorte que le gage, dont nous
pouvions et devions nous servir, a été con
sidéré comme un obstacle à la bonne mar
che des négociations. Ecoutons encore le
Times : « Il serait on ne peut , plus regret
table que M. Herriot, qui a fait preuve,
depuis le début, d'un esprit si conciliant,
compromit au dernier momént le sifccès
de la Conférence tout entière en insistant
sur le maintieh des troupes françaises dans
la Rulir san$ .Qvoir, poflr. : çela ^cun jmHf'
manifestement " légitime î>. Ainsi la conci
liation dé M. Herritit se retournait contre
lui ! Faute d!avôir su tenir le langage, qui
convenait* le représentant de la France vic
torieuse n'éta'it plus .qu'un gêneur. Tarit êt
si bien que l'Allemagne, à la. fin,,assumait
le beau rôle et qu'ayant obtenu mille con
cessions, comme on; la pressait de renon
cer à la mille et unième,, c'est elle qui fai
sait des manières, pour se donner le béné-:
ficc de la générosité ! . .
M. : Herriot" nous a valu un véritable
désastre diplomatique. À cela joignez ses
multiplcis lâchages et l'ajournement de
notre sécurité aux calendes grecques. C'est
complet !
Un jouïnal d'Anvers disait, la semaine
dernière :
séparer .à Londres sans avoir abouti. Car,
si cet accord doit se faire, nous n'en pour
rions juger lés effets à l'usage que dans
quelques mois, quand nous serons inca
pables de nous ressaisir ». Oui, le ressai-
sissement ne sera pas commode.-Mais M.
Herriot s'en lavera les mains; U ne sera
plus au pouvoir et, grâce au système de
l'irresponsabilité démocratique, il se dit
que l'on ne songera plus à lui attribuer la
répercussion de ses actes. Pour le moment,
il était pressé d'aboutir, afin de s'exhiber
devant une Chambre complice -de toutes
les défections et dé toutes les trahisons.
Mais son calcul sera trompé. Les pa
triotes- français n'oublieront pas. M. Her
riot est, dès à présent, et restera en accu
sation devant le pays.
II. Le marché aux électeurs ;
Nous avions été seul, au lendemain de
l'élection des Hautes-Alpes, à commenter
la victoire de M. Maurice de Rothschild.
Le sujet n'était pas aisé pour les républi
cains : ils ne pouvaient l'aborder sans'
manquer de déférence envers le suffrage
universel; Mais la douleur du candidat
évincé ét l'amour-propre des députés so
cialistes du lieu, qui s'étaient solidarisés
avec lui, sont les plus forts. On médite de
faire invalider M. de Rothschil. Il faut
donc s'exprimer en toute franchise. Et
l'on y va carrément. .
Les organes du cartel des gauches ne
mâchent point les mots : «M. de Roths
chil a. acheté son siège », dit l'un. M. de
Rothschild a acheté, dit un autre, «tous
les Hauts-Alpins qui étaient à.vendre* et
c'étaient les «plus nombreux ». On ajOHte
même que les deux ou trois millions dépen
sés n'étaient pas excessifs et que « le coru-
mun dés électeurs est pour rien datjs les
Hautes-Alpeis », au prix où sont à Paris le
veau et le mouton. .
- C'est tout "à fait joyeux.-On n'imagine
pas le plaisir que nous procurent ces dia
tribes. Le peuple souverain traité de la
sorte par les champions de la souvèraineté
du peuple ! Pauvre Péguy, si candide,'qui
s'extasiait devant fa sublimité du bulletin
de vote ! < Des hommes ont vécu, des
hommes sont morts pour l'obtenir... » Au
jourd'hui les meilleurs républicains nous
apprennent que le bulletin de vote est une
monnaie d'échange. Comme la Ruhr ou
plutôt comme nous aurions souhaité" que
fût la Ruhr. Mais le peuple souverain, plus
habile que M. Herriot, troque sa marchan
dise contre espèces sonnantes! Là « beu
verie générale et gratuite s> a joué aussi un
grand rôle, nous dit-on; M. de Rothschild,
nouveau Jacob, a dû s'écrier, après la pro
clamation du scrutin (ces rimes million
naires sont de. feu Bergcrat) :
Tous ces gens sont des Esaûs.
Mais, c'est égal, on les a eus l
Seulement, méfions - nous. Le •cartel
des gauches parle dédaigneusement des
« Hauts-Alpins », comme s'ils constituaient
une espèce à part. Là République est une
et indivisible. Au surplus, les Hauts-Alpins,
ayant bien volé le 11 mai, étaient alors
criblés d'éloges. On chantait : les monta
gnards sont là, et même un peu là... On
leur prêtait toutes les vertus démocra
tiques. C'est ce qui" rend l'aventure si
drôle.
A la vérité, le cas des. I-Iautes-Alpes:n'a
rien d'exceptionnel. Quand, la majorité
actuelle et. l'ancien Bloc national se dis
putent au Palais Bourbon, les belligérants
se renvoient deux noms comme ils. s'en
verraient des v balles : « Billiet ! Hennes-
sy ! » Ce qui veut dire que les uns reprér
sentent l'or de M. Hennessy, les autres l'or
de .M. Billiét, et qu'ils s'en accusent réci
proquement. M. de Rothschild a jeté dans
la balance sa propre fortune, et admettons
qu'il ait fait-plus-largement les, choses:
voilà-toute la différence.
N'est-ce. pas M. Frossard' qui s'était'en
gagé, s'il était élu, à réclamer tout de go
l'arrestation de M. Billiet î A défdut de
M/Frossard, quatre ou cinq candidats de
sa liste l'ont emporté. Ils n'ont réclamé ni>
l'arrestation de M. Billiet ni même l'inva
lidation de ses amis. Entre les deux camps
s'pst fait un sorte-d'accord tacite pour ne
pas .poser devant la Chambrp la.question
d'argent.
C'est que, des deux côtés, l'on n'ignore !
pas l'influence prépondérante de l'argent
dans les élections. Et, s'il n'y avait que
l'argent 1 .Mais la corruption, la fraude
jouent sous toutes les formes. On procède
aujourd'hui à une élection législative dans:
les Basses,-Alpes. Le candidat modéré, M.
Paul Revnaud, commence ainsi sa circu
laire :
Electeurs qui avez été trompés le il mai.
Contribuablesà qui on avait promis la
suppression.du double décime.
Commerçants, à qui on avait promis la
suppression de là taxe sur le chiffre d'af
faires ;
Fonctionnaires, à qui on avait promis
tin acompte de 1.800 francs;
Salariés, à qui on avait promis la sup
pression de l'impôt sur les salaires, etc.
Suit une -longue énumération des pro
messes fallacieuses qui ont -valu au cartel
des gauches son succès du 11 mai.. Triom
pher :à.coups de mensonges, est-ce beau
coup plus honnête que de' triompher en
prodiguant les écus ? Dans l'un et l'autre
cas, le peuple souverain est traité par ses
solliciteurs avec le mêmç mépris. '
' "Itîicrïin.
La Conférence de Londres
est terminée
La cirâce amnistiante
! vïr,-r" ^ ..... | '
à;.. Germaine Berton !
'7est un désastre pour la France
Elle nous .coûte nos gages -
et notre sécurité
f
h
L'agence Havas nous communique-l'in
croyable dépêche qui suit :
-Bordeaux, 16 août. — Germaine Berton,
qui' était détenue au fort de Ha, a été li
bérée cet après-midi, à quatre heures, bé
néficiant de la grâce amnistiante. Elle
partira dans la soirée pour Paris.
On se rappelle que la meurtrière de Pla^-
teau ayant entreprit en province une
profitable tournée d'exhibitions se heurta,
pour- une fois, à Bordeaux, à l'interdic
tion de la municipalité et provoqua une
scène d'émeute où l'on vit le drapeau noir
promené, des barricades élevées, la po
lice et la troape lapidées, deux commis
saires et une douzaine d'agents ou soldats
blessés; A la suite de ces faits, le tribunal
de Bordeaux- la condamna, pour outrages
et port d'arme prohibée, (un revolver) à
quatre mois de' prison et deux ans d'in
terdiction de séjour.
. La Berton étant arrivée presque à l'expi
ration de sa peine de prison, la grâce
amnistiante, dont le gouvernement l'ho
nore, prend un caractère de luxe, de
manifestation, gratuite, pour tout dire de
provocation, i est vrai qu'elle va effacer
l'interdiction de séjour et permettre à la
grue au revolver de rentrer dans nos
bonnes villes. Est-ce que le Bloc des gau
ches aurait besoin d'elle ?
Certes, le verdict du 24 décembre fut
un crime sans nom. Mais les douze misé
rables jurés qui le Commirént "cachaient
leur honte sous le secret de la Chambre
de leurs délibérations. C'était la. forfai
ture anonyme d'inconnus irresponsables.
La grâce amnistiante qui, parmi tant de
condamnés, va choisir, la Berton est un
acte de gouvernement qui en dit long.
C'est . de cela seul qu'il faut prendre
acte, car il nous importe peu, par ailleurs,
que la Berton ait achevé ou non sa peine
dérisoire. C'est aujourd'hui aux agents
de police et aux soldats blessés de Bor
deaux qu'il appartiendrait de se plaindre.
Ce sera peut-être, demain, l'ordre public
en France qui pâtira des singulières fa
veurs du piiristère Herriot.
Maurice PUJO.
(lie notre envoyé spécial)
Londres, 16 août. ^ A l'heure où je vous
télégraphie ces lignes, la séance plénière
qui clôture la Conférence n'est pas encore
terminée.
Comme.si Herriot n'avait pas pu jusqu'à
la dernière minute rester sans céder quel
que chose, il a ajouté aûx villes dont l'é
vacuation sera immédiate et dont les noms
sont déjà connus; Dortmund, Liersen, Hœrr
der. "• ■' ' - ' 1 ' : : :
M-' Herriot voulait également que nous
lâchions sans délai Ruhrort, Duisbourg,
Dusseldorfi mais le général George s'est
opposé à cette folie. Pourquoi- donner tous
ces gages de notre'bonne volonté ? Est-ce
à nous à montrer de- la bonne foi ? Ces
.< gestes i, comme M. Herriot-les quali
fié, sont. hclqs ! dés' actes, et des actes
qui ne sont que des abandons successifs.
Ils confirment à nos yeux, l'effroyable
mensonge qu'on va présenter au public.
Tout le monde sera surpris de savoir
ue la Conférence se termine sans que le
ameux emprunt de 800 millions dont le
: succès est la. condition même de l'applica
tion du plan Dawes par le Reich, soit mê
me assuré d'être jamais souscrit, du moins
officiellement :
Sans même attendre que les banquiers
aient pris une décision,' non seulement lés
Allemands emportent la promesse de l'é
vacuation ttitale de la Ruhr dans un an,
mais déjà l'évacuation est commencée. Pa
reille situation est paradoxale. L'objet de
la Conférence était strictement l'applica
tion du plan Dawes, or nous terminons les
travaux sans que la question de l'emprunt
soit résolue, mais iprès avoir pris l'enga
gement d'évacuer là Ruhr.
Nous avons déjà dit que le délai d'un an
ne signifiait rien> puisqu'à cette date nous
ne pourrions pas savoir si l'Allemagne
exécuterait normalement cette obligation ;
mais le délai, d'un an fournissait à Herriot
un bon argument pour i répondre
pas abandonné notre seul gage réel. Et c'est
là qu'est, l'affreux mensonge; Herriot sait
très bien< que la question 'de l'évacuation
de la Ruhr reviendra sur le tapis dans
quelques semaines quand les banquiers-
-examineront leS condilions du placement
de l'emprunt. Il aura eu le temps à ce mo
ment de préparer l'opinion à l'évacuation
totale et beaucoup plus proche,
, Tout cela Herriot l'a dit au chancelier
Marx : : Ayes l'air de faire preuve -de
bonne volonté en acceptant le délai d'un
an et moi je vous garantis que, quand la
question de l'emprunt viendra en discus
sion^ en- me basant sur votre acceptation
de principe et sur le désir des banquiers,
je procéderai à l'évacuation immédiate. »'
Voilà pourquoi nous disons que cette
Conférence, commencée dans l'équivoque,
finit dans le mensonge. Nous verrons de
main en détail le bilan de cette négociation
de trente jour? mais, dès ce soir, résumons-
en les points principaux :
Nous avons abandonné notre souverai
neté car nous■ avons remis le dossier des
réparations à des arbitres internationaux.
Nous commençons dès maintenant l'é
vacuation de la Ruhr avec la promesse for
melle de: la terminer . dans un an. .
. .Qu'avons-nous obtenu au sujet de l'ap
plication. du plan Dawes ?
L'emprunt, qui est la condition du plan,
n'est pas résolu. Donc ce que nous avons
fait au sujet des livraisons et des trans
ferts est au moins prématuré.;
Au sujet dés garanties sur l'application
du plan Dawes, et si l'emprunt est sous
crit, qu'duons-nous obtenu ? Rien.
Au sujet de notre sécurité, qu'avons-
nous obtenu ? Rien. '
Au sujet des dettes dont il. a été parlé
également, qu'avons-nous obtenu ? Rien.
Au sujet du contrôlé militaire et écono
mique, qu'avons-nous obtenu ? Rien.
J. LE BOUCHER.
A ANGORA
Le traité entre la Hollande et la Turquie
Angora, 16 août. — Les délégués turcs
et hollandais se sont réunis aujourd'hui
et ont négocié un traité d'amitié, le texte
arrêté a été paraphé par les délégués. Le
trait sera signé demain à midi. Tèwfik
Kiamil Bey, sous-secrétaire d'Etat aux Af
faires étrangères, représente la Turquie
aux négociations. . .
L'ACTION FRANÇAISE Dli DM4,\CI!E
HEBDOMADAIRE RURAL
Sommaire du N° du 17 août 1924
Léon Daudet r. Les sports et l'endurance ;
Jacques Bainville : Les prophètes de la culEute ;
Firmin Bacconnier : Au jour le jour ;
Léon Allard : Chronique agricole ;
René Brécy : Revue de la Presse ;
Noël Francès : Les faits de la Semaine.
Une enquête sur la désertion des campagnes
Chroniques régionales — Cours et marchés —
Informations agricoles — Le troupeau >—■ Les
fleurs — La maison — lé coin des enfants — La
vie financière.
Dernières réunions. .
Les chefs des délégations se sont réu
nis hier matin à Downing Street.'-M.-Her
riot les a-mis au courant des conversa
tions qu'il a eues avec la délégation àlle-
mande concernant l'évacuation militaire
de la Ruhr. , ; -
Les ministres français, belges et v alle
mands ont eu ensuite une entrevue à
3 heures. - ■■ . • ■
■ La dernière séance plénière
La réunion interalliée a duré jusqu'à
17 h. 30. Elle a été reprise: à 1,8 heures et à
.18 h. 30 à commencé ,1a dernière "séance
plénière de la 'conférence internationale
Suspendue pbur lé dîner, elle a repris à
-21 - h. C'est alors que les ' protocoles de
clôture ont été paraphés.
Outre les documents officiels de la con
férence, les trois gouvernements français,
belge et allemand vont échanger des let
tres relatives aux modalités de l'évacua
tion militaire de la Ruhr.
(Voir la suite en dernière heure.) -
Henri Céard
Henri Céard, de l'Académie Concourt,
vient. de mourir à soixante-treize ians. Né
à Bercy, faubourg parisien, mort à Paris,
il fut un remarquable-exemplaire du bour
geois de Paris ardemment dévoué aux let
tres. ...
Il commença par les études de médeci
ne ; mais le,démon littéraire lui fit cher
cher une de ces sinécures administratives
qu'on donnait alors volontiers aux écri-
vains"pour leur assurer à la fois le loisir
et la sécurité. Attaché au cabinet du pré
fet dè la Seine, il débuta dans la carrière
littéraire par une nouvelle, La Saignée, qui
parut dans le fameux recueil « Les Soirées
de Médan »; En 1881, il donna un roman
dont l'originalité frappa vivement le pû-
blic des romanciers naturalïs^Si.. i t/n,/f:^e//a
journée*}!. faisait entre*.'iemps-Xorcè-chro
niques remarquables. En 1884, il entra à
là Bibliothèque de ia Ville de Paris, où 3l
resta jusqu'en 1894 et qu'il ne quitta, avec
lé titre de sous-conservateur^ que pour va
quer entièrement à - ses travaux; littérai
res.'La scène l'attirait depuis? longtemps.
En 1888, il avait tiré une comédie en trois
actes du roman de ses amis de Concourt,
le. meilleur peut-être, Renée Maupèrin. En-'
suite étaient venus Les? Résignés (1889),
Tout pour l'Honneur, La Pêche-t (1890),.
joués avec grand succès. II fut' parmi les
auteurs les plus fêtés du--* Théâtre libre »,
fondé par Antoine, qui a tant marqué dans
l'histoire de notre littérature dramatique.
Le Cercle de la Critique dramatique et
musicale l'élut président. Depuis, il a écrit
mainte autre pièce, en prose ou en.
vers, dont il a publié il y a deux ans
une gerbe sous le titre Le mauvais livre,
son dernier ouvrage paru, nous semble-t-il.
L'un des premiers de l'académie Gon-
cburt, ce galant homme y fut toujours un
avocat des jeunes et un mainteneur des
souvenirs du fameux grenier.' Ses con
frères le choisirent pour régler la fameuse
affaire de la publication au journal iné
dit., ■. . ■■
La guerre l'attëignit profondément. La
victoire lui. inspira de fort beaux "vers,
d'un mètre à la fois classique et auda
cieux, qu'il faut mettre au premier rang
des dignes.poèmes inspirés jusqu'ici .par
un si grand sujet.
. Il meurt laissant en sincère deuil les
amis que, malgré sa modestie et son hor
reur du bruit, lui avaient acquis la géné
rosité de ses sentiments ei la dignité de
son caractère. ■ ■
La marine et le régime
Tandis que la marine assiste avec a ne
angoisse méprisante aux efforts de son
nouveau ministre pour la « rêpublicani-
ser %,nos lecteurs nous sauront certaine
ment gré. d'avoir demandé, à Une person
nalité-qualifiée par sa 'connaissance des
questions et des milieux maritimes, une
étude en trois articles sur les liens qui
unissent la marine au régime, liens dont
la marine est en train de mourir.
Un des 57 ministres dè là Marine que
comptent les fastes de la troisième Répu
blique, harcelé par les attaques du Parle
ment et dé la presse contre la gestion de
son Département, se souvint d'avoir appris
dans Bossuct que l'histoire était le labora
toire delà
cabinet un
seurs d !
la. copie du bureau de Colbert ; « Mon
sieur, lui demanda-t-il anxieux, croyez-vous
vraiment à l'utilité pour la France d'avoir
une marine "? »>
L'expert qui avait consacré sa vie à
la démonstration de cette vérité, se retira
muet de stupeur, croyant voir chanceler
la colonnade du ministère sur la place de
la Concorde. Quelques jours plus tard,
il apporta rue Royale une note de dix
pages dans lesquelles il avait condensé
logiquement toutes les raisons propres à
raffermir la foi branlante du ministre.
Il y -prouvait avec clarté cette proposi
tion, lieu commun de la tribune et de la
presse :
était certainement assez fin pour ne pas
méconnaître cette vieille, vérité. Il aurait
aussi fallu lui démontrer. cette seconde
proposition : « Un pays' a la marine de
sa politique, intérieure. ». C'est parce que
ces 2 vérités conduisent souvent à des ré-
A la mémoire du lientenant de vaisseau Yéroi
„ . mort pour ; la France . . .
sultats contradictoires que le chef-respon
sable du Département n'y voyait plus
clair. • -
Je voudrais " réparer; brièvement', cette
'omission de l'historien à; la veille du jour
qu'une nouvelle marine -va sans' doute
naître, puisque l'ancienne est. jn.orfp, ou
peu s'en faut. . ' ■ :
_ -, , t - ^ H
Lorsque nous apercevons aii large la
silhouette d'un bâtiment de guerre, nous
sommes plus enclins à songer à l'effort
extérieur que ce bâtiment peut être ap
pelé à fournir qu'aux efforts intérieurs
dont il est la résultante. Supposons un
tel navire, ni trop grand, ni trop" petit,
pour ne pas sacrifier aux préjugés à la
mode sur la, marine défensive. Ce bâti
ment constitue une unité de la marine
nationale, composée eile-même d'un cer-.
tain nombre* d'unités recouvertes de la.
même couche de peinture gris bleuté- et
destinées, . à transporter sur l'eau,' sous
l'eau, et peut-être bientôt dans l'iSr; un
nombre variable de torpilles, de canons
ou de grenades. , t . .
Ce sont les rapports qui existent entre
une de ceâ unités et la politique inté
rieure du pays qu'elle représente, que
nous nous proposons de. mettre en évi-:
.dence, en étudiant successivement l'in
fluence de cette politique sur le matériel
d'une unité, française, puis sur le person
nel qui l'anime.
* *
Comment naissent les bâtiments de guer
re franaçis ?
Toutes nos imités sont conçues par
l'Etat-Major général, rue Royale, dans
l'ancien hôtel du Gardc-meiibles, affecté
aux services du ministère de la. Marine,
depuis l'année 1790.
Ces unités ne sont pas conçues séparé
ment, mois en série et. l'ensemble des sé-
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