Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-04-27
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 27 avril 1896 27 avril 1896
Description : 1896/04/27 (A5,N1308). 1896/04/27 (A5,N1308).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG13 Collection numérique : BIPFPIG13
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76203985
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/08/2014
àNOTHÊME ANNÊB. — N* 1303
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LUNDI 27 AVRIL 1803 --
Quotidien, Littéraire, Artistique et Politique
FERNAND XAU
Directeur
R.ÊID-A.GTIOIT
106, RUE RICHELIEU, PARIS
Prix. des Abonnements
Cala Sil lois frels loi. Va ltil
rms 20. » 10.50 5.50 2. 8
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 24. » fa., n 6. » 2.50
ÉTRANGER (UNION POSTALE) 35. » 18. aiO. * 3.50
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
Adresser les mandats-poste à M. fAdminislrateur.
FERNAND XAU
« Directeur
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CHEZ LAGRANGE, CERF ET G*
6, PLACE DE LA BOURSE
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Annonces, Réclames et Faits divers
aux bureaux du JOURNAL, 106, rue Richelieu
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LA FOIRE AU PAIN D'ÉPICES
Dessins de H.-G. IBÈLS
LA BOURSE
C'est, je ne l'ignore pas, un déclama-
îeur, un paradoxiste, un ironiste, un ly-
rique aussi, et surtout un bavard qui se
grise de sa salive, crachant alors des
phrases et des traits en cataracte. Mais,
tout de même, n'y a-t-il pas quelques pé-
pites de sagesse à recueillir, parmi la
bouillonnante écume de folies dont il
vous inonde, une fois les écluses lâ-
shées? Savoir! Moi, je crois que si. A
jout hasard, voici un de ses « Niagaras »,
somme il les appelle.
Poètes, romanciers, moralistes, socio-
logues, vous êtes tous de grands inno-
cents, et pas de ceux qui ont les mains
pleines ; et c'est bien fait pour vous !
Personne de vous ne se doute que la
Bourse est la vie.
Vous rabâchez sans cesse que Paris
est le cerveau du monde, et vous fouillez
à qui mieux mieux dans les lobes de
ce cerveau, les poètes du bout de l'ar-
chet, les romanciers à coups de scalpel,
les philosophes avec le microscope de la
statistique ou le télescope de l'hypothèse.
Mais nul de vous n'a encore mis le doigt
sur le point nodal de ces circonvolu-
tions, nul n'a osé, ou pu, ou voulu, étu-
dier et montrer ce centre où aboutissent
toutes les sensations du monstre et d'où
sortent tous ses actes.
Et pourtant, vous le savez bien, vous
n'êtes pas assez bêtes pour ne point le
savoir, que cet alpha et oméga du monde
moderne, ce plexus nerveux du siècle,
ce temple du dernier dieu, c'est la
Bourse.
Mais vous faites comme si vous ne le
saviez pas, espèces d'autruches qui vous
fourrez la tête sous l'aile pour ne rien
voir.
Vous, surtout, les écrivains, qui avez
la prétention de penser, et d'après les-
quels on pense.
Oh ! les poètes, aux moues de dégoût,
qui affectent de se représenter et de
nous représenter la Bourse comme un
las de fourmis ardélionnes, devant (quoi
eux-mêmes posent dédaigneusement à
la cigale ayant chanté tout l'été ! Et les
journalistes malins, qui trouveraient
sûrement plus agréable d'être avec les
fourmis, mais qui, n'en étant pas, s'en
vengent par des mots, ou des tartines.
sans beurre ! Et les moralistes qui s'in-
dignent ! Et tous les marchands de
mots que vous êtes, furieux contre '* les
marchands de chiffres, contre ces
bruyants de la corbeille et de la coulisse,
qui empêchent vos voix d'être enten-
dues, avec leur langue algébrique ha-
chant menu comme paille les ronrons
de vos langues mortes !
Car pendant ce temps-là, c'est eux qui
tournent la manivelle, celle des affaires
* qui se font; et vous ne faites pas les
vôtres.
Vous devriez, vous pourriez les faire,
les vôtres. Et quelles 1 Et combien splen-
dides! Tas de fainéants ! Ou tas d'aveu-
» gles!
Non, bien sûr, pas en troquant vos
tablettes contre un carnet de Bourse ! Ce
n'est pas ce conseil-là que je vous donne.
Vous ne seriez pas en état de le suivre.
Quand on a, tant bien que mal, son
petit trou creusé dans un coin, on ne se
rejette pas volontiers ni aisément au
■ combat de la vie, pour jouer des coudes
vers un but auquel on a toujours tourné
le dos. Entendons-nous donc. Je ne dis
pas que vous êtes sots en demeurant
artistes au lieu de devenir gens d'af-
faires.
Mais je dis que vous l'êtes; sots, et
lâches par dessus le marché, de vous
boucher les yeux devant ce soleil de
louis qui est l'astre du jour, et de ne
point faire un effort pour le monnayer,
à votre façon, ce soleil-là.
Comment? En l'étudiant, parbleu ! Et
pour le glorifier, s'il faut tout dire. Oui,
pour le glorifier, comme vos aïeux, les
premiers artistes, les poètes des jeunes
races, ont glorifié le soleil réel, père du
feu, nourricier de la terre, créateur de
la vie sociale et des civilisations naissan-
tes.
Qui de vous l'a fait, a seulement rêvé
de le faire? Où est le brave ayant cher-
ché le mot de ce nouvel Evangile? Le
plus fort d'entre vous, Balzac, n'en a été
que le saint Jean-Baptiste. Encore ne
s'est-il colleté avec le veau d'orque pour
tâcher de l'abattre. Il en a montré, mal-
gré lui, la souveraine puissance. Il n'en
a point dressé l'autel.
Proudhon, seul, est entré dans le
sanctuaire, a ouvert le tabernacle, a
contemplé le Saint des Saints. Pas en
artiste, d'ailleurs, mais en philosophe.
Et vous l'avez traité d'utopiste, de so-
phiste, de logomaque 1
Et après? Le Vernouillet d'Emile Au-
gier 1 Le mot de Dumas fils, sur les af-
faires qui sont l'argent des autres !
L'Argent, de Zola, tout en décor ou en
pamphlet ! Est-ce suffisant? A côté de la
vérité grandiose, énorme, touffue, triom-
phante, apothéotique, voilà tout ce que
vous avez tiré de la Bourse : ce person-
nage de comédie, cette épigramme à la
Chamfort. cet iïï-io uô tableaux et d'a-
necdotes Y Un nez crayonné sur une
marche de la Grande Pyramide, une
pointe d'épingle dans le talon de Panta-
gruel, une cinématographie de la queue
du Veau d'or ! Cela fait pitié, voyons 1
Ah! c'est que les plus clairvoyants
eux-mêmes et les plus courageux, en
contemplant le monstre, ont eu la vue
courte et le cœur à l'envers.
Ils n'ont pas, avec leurs yeux, ouvert
leur esprit tout large à la foi nouvelle,
bonne ou mauvaise.
Us n'ont vu que les laideurs et les
atrocités de la bataille financière, l'au-
tace cynique des Mercadets et l'imbécile
ferveur des gogos, les étranges exécutés
portant la tête d'autant plus haut qu'on
la leur a coupée plus de fois, les suicides
moraux et les coups de pistolet réels,
les fortunes en serpents de Pharaon, les
ruines au fulgurant deliquium, le sai-
gnage à blanc des victimes, les écono-
mies des malheureux enlisées dans les
sables mouvants de la spéculation, les
désastres de la patrie fumant comme un
encens sur l'autel de la baisse, et toutes
les roueries, les infamies, les guet-apens,
les chausse-trappes, les vols, les crimes,
qu'ils devaient pourtant s'attendre à trou-
ver là, ainsi qu'on trouve sur un champ
de bataille des cadavres, des blessés dé-
pouillés, des agonisants achevés, des
traîtres, du sang répandu et des cervel-
les éparses.
Ils ont vu cela, qu'il fallait voir en
effet. Mais ils n'ont vu que cela et il fal-
lait voir autre chose encore.
Il fallait voir tout ce qui sort de cette
bataille, et que ce ne sont pas seulement
les râles et les entrailles des vaincus, et
qu'il en sort des butins pour tout le
monde, des positions gagnées pour l'hu-
manité en lutte contre la nature, et ainsi
des drapeaux plantés sur cette nature
conquise au bénéfice de la civilisation en
marche.
Car, voilà de quoi il retourne, à la
Bourse, en somme, quand on veut y re-
garder de haut. Au-dessus des piétine-
ments, de la cohue hurlante, des écrasés,
voilà l'âme qui plane. De ce soleil d'or,
tout grouillant de vers, se répandent les
énergies par quoi sont alimentés le com-
merce, les ports, les docks, les canaux,
parquoi on perce les isthmes, par quoi
l'industrie dompte la matière, éventre
les montagnes, attelle la vapeur et l'é-
lectricité, pétrit la terre et l'océan aux
volontés de l'homme, et par quoi, finale-
ment, on peut espérer qu'il y aura au
monde du pain et du bonheur pour
tous.
Métaphores! lyrisme! Et pourquoi
pas? Il y en a dans tout, du lyrisme. Il
ne s'agit que de l'en extraire, et de le
traduire en hymnes, si vous savez chan-
ter.
Il y faut de la voix et des poumons,
par exemple. En avez-vous assez? Toute
la question est là. Mais si vous en man-
quez, vous, les poètes d'aujourd'hui, pa-
tience ! D'autres viendront, qui recom-
menceront pour le soleil du monde nou-
veau ce que vos aïeux, les premiers
poètes, ont fait pour le soleil du vieux
monde. Ils en découvriront la beauté. Ils
en diront les bienfaits, en odes fleuries
et retentissantes.
Qui voudrait le tenter à présent, déjà,
trop tôt probablement, sans doute il au-
rait l'air d'un fou ; et en cela est la seule
excuse de votre lâche silence. Mais de-
main quelqu'un l'essaiera, soyez-en sûrs,
et vos langues mortes s'en iront en fu-
mée devant cette langue vivante qu'il
inventera, lumineuse pour tous, expri-
mant enfin la poésie cachée dans toute
notre sale prose, et dont cette prose elle-
même ne se doute seulement pas,comme
l'huître ignore la splendeur de ses
perles.
JEAN RICHEPIN.
NOS ÉCHOS
LA TEMPÉRATURE
Paris. Hier :
Temps couvert.
Thermomètre :
A4 h. iomat., 9° i
au-dessus.
A 1 h. du soir,
17° 9.
Barometre.— 9 h.
soir : 767m02.
Temps probable.
— Nuageux. — Va-
riable. Même tempé-
rature.
Aujourd'hui, à deux heures, courses plates à
Vincennes (gare de la place de la Bastille).
NOS FAVORIS
Prix du Fort. — Patelin, MusoUe.
Prix de Bondy. — Papillon II, Séraphine.
Prix de Saint-Mandé. — Jajfa, Gondolier.
Prix du Terrier. — Némèsîs, Briolette.
Prix de Charentonneau. — Bélisaire, Eta-
lage.
L'ARMEE
D
'après.le programme que M. le général
Caillot, membre du conseil supérieur
de la guerre, vient de préparer sur le terrain
même, c'est décidément dans la région voi-
sine d'Angoulême que se dérouleraient les
prochaines grandes manœuvres.
Les derniers mouvements auraient lieu
autour d'Hiersac, et c'est près de cette loca-
lité que le Président de la République pas-
serait la revue finale des opérations.
M.
Roty a remis au ministre de la guerre
le modèle de la médaille commémo-
rative de Madagascar que vont recevoir
bientôt tous les militaires et marins ayant
pris part à l'expédition.
La face de la médaille présente l'effigie
de la République coiffée d'un casque grec ;
a,u revers est un écusson composé d'attributs
particuliers à toutes les troupes de notre
armée et de notre marine. Son diamètre me-
sure trente centimètres.
C'est une belle oeuvre artistique.
L
es officiers et sous-officiers rengagés des
régiments de zouaves, ainsi que les
deux mille hommes de ces régiments, qui
devaient venir en France le 15 avril, et dont
le départ avait été reculé au 1er mai, vou-
draient bien savoir si cet ordre, prescrit par
M. Cavaignac, malgré l'avis du conseil su-
périeur de la guerre, malgré les vœux des
conseils généraux de l'Algérie, malgré l'op-
position de la commission parlementaire de
l'armée, recevra quand même son exécu-
tion.
0
n s'est étonné, paraît-il, jusque et même
surtout dans les milieux parlementai-
res, de ce que, postérieurement à la démis-
sion de M. Cavaignac, celui-ci ait nommé
M. le général Jeannerod membre du comité
technique de cavalerie avec la mention spé-
ciale qu'il continuerait ses fonctions de chef
du cabinet du ministre de la gu'erre.
L'étonnement cessera, sans doute, quand
on saura que M. le général Jeannerod a été
désigné d'office au poste qji'il occupe, et où
il reste également d'office jusqu'à décision
prise par le successeur de M. Cavaignac.
LE MONDE
L
a mission japonaise qui se rend en Rus-
sie est, aujourd'hui, au conr. let, le ma-
réchal Yamagata, généralissime de l'armée
japonaise, étant arrivé à Paris hier matin
venant de New-York, après une courte sta-
tion au Havre.
Le marquis Yamagata a été reçu à la gare
Saint-Lazare par le colonel Ikeda, attaché
à la légation; M. Ishii, secrétaire, et un
officier d'ordonnance du ministre de la
guerre. Sa suite se compose de MM.
Trudzki, chef des archives impériales, an-
cien directeur des ponts et chaussées ; colo-
nel Todjo, commandant Oshmia ; Kavavaki,
secrétaire du ministère des affaires étran-
gères, ancien chancelier de la légation de
Paris ; docteur Ileroi, médecin-major ;
Kossma, Toraskaki et Kaji, chanceliers de
légation.
N
ous apprenons la mort de M. Ferdi-
nand Duval, ancien préfet de la Seine,
conseiller municipal du septième arrondisse-
ment. M. Ferdinand Duval est mort, hier
soir, à sept heures et demie.
D
e Nice :
La fête du tsarévitch sera célébrée
à la Turbie, le 9 mai. L'impératrice reste
jusqu'à cette date pour assister à la céré-
monie. Elle partira le lendemain, 10 mai,
pour la Russie.
Quant au départ du tsarévitch, il est su-
bordonné à son état de santé qui, d'ailleurs,
s'améliore. Le tsarévitch se lève dans sa
chambre, mais il n'est pas encore sorti. On
chambre, l'impératrice, avant de partir, fera
dit que
venir le célèbre professeur Cherchevsky, de
Pétersbourg, et lui demandera une consul-
tation sur l'état du grand-duc héritier.
Ajoutons que l'impératrice-douairière a
rendu visite, hier dimanche, à la reine Vic-
toria.
J.
Marni, du Journal, réunissait, hier,
quelques amis dans une soirée intime,
dont les deux attraits principaux étaient les
prédictions de Mme de Thèbes, la très origi-
nale devineresse qui a surpris et émerveillé
tous les invités, en lisant dans leur main le
passé et l'avenir, et les poésies de Jehan
Rictus, du Chat-Noir, qui a obtenu un vif
succès avec ses deux pièces d'un effet saisis-
sant, le Soliloque du pauvre et le Revenant.
Remarqué, parmi les invités, MUo de
Sainte-Croix, MM. Ollendorff, Pierre Louys,
Gerbault, Henry Amie, Charles Cuvillier,
Fernand Xau, etc.
ÇA ET LA
u
n empêchement tout matériel nous
prive, aujourd'hui, de la page des
Veber's : nous nous excusons auprès de
nos lecteurs de ne pouvoir leur offrir cette
fantaisie si spirituelle et si finement dessi-
née, à laquelle ils font tous les quinze jours
un accueil si flatteur. Le Journal publiera
les - Veber's les lundis 4 et 11 mai.
M.
Fernand Xau présidait, hier, chez
Maxim's, un dîner auquel il avait été
convié par la rédaction du Soir.
Cette ^petite réunion intime, qui n'avait
d'autre but que de resserrer les liens qui
unissent la rédaction du Soir à son direc-
teur, n'a pas cessé d'être animée de la plus
franche, de la plus amicale cordialité.
Après un excellent dîner, de tous points
réussi, M. le sénateur Gomot et M. V. de
Cottens, secrétaire de la rédaction, ont bu
aux succès du Soir et de son directeur; M.
Fernand Xau les a remerciés de leurs vœux
et de leur dévouement à l'œuvre commune.
M. Jules Simon s'était fait excuser pour
raisons de santé ; sa lettre fort spirituelle ne
l'a fait que regretter davantage.
A
ujourd'hui, chez Cornil, exposition des
scuptures sur bois, si remarquables,
de M. Georges Lacombe.
c
'est avec regret que nous apprenons la
mort de M. Alfred Debains, professeur
de mécanique à l'école d'agriculture de
Rennes, ingénieur des arts et manufactures.
Il avait présidé avec autant de zèle que de
compétence à l'installation des machines
agricoles à l'Exposition de 1889.
Il meurt à l'âge de cinquante-trois ans,
laissant à ses collègues, à ses élèves, à ses
amis et à sa famille éplorée d'inconsolables
regrets et le souvenir d'un homme de bien
dans toute l'acception du terme.
N
"est-il pas regrettable qu'une capitale
comme Paris n'ait pas d'autre résidence
à offrir aux souverains étrangers qui viennent
officiellement tendre visite au chef de l'Etat,
qu'un hôtel meublé — loué plus ou moins
cher — pendant la durée du séjour des
voyageurs royaux?
Cette façon de reléguer les princes à
l'hôtel meublé est pour le moins singulière,
Faut-il donc,après tant de sacrifices inutiles,
d'argent follement dépensé, abdiquer encore
la renommée de savoir-vivre et de large
hospitalité dont notre pays pouvait se pré-
valoir à l'égard de l'étranger ?
Sans compter que le transport des mobi-
liers ayant appartenu aux anciennes résiden-
ces impériales et royales, des tentures, des ta-
pisseries des Gobelins, du Garde-Meuble, à
l'hôtel où descend le visiteur princier, est
l'occasion d'avaries, de dommages que sup-
portent mal des œuvres d'art remontant à
des époques déjà anciennes et qu'on ne sau-
rait remplacer.
La France et Paris ne sont donc pas assez
riches pour mettre à la disposition de leurs
hôtes princiers un-e résidence digne d'eux et
digne de la République ?
c
'est vraiment un abus par trop criant
que cet affichage électoral -qui envahit
tout en ce moment, maisons privées, monu-
ments publics, socles des statues ! Quelque
intéressants que soient MM. les conseillers,
municipaux, ce laid débordement de papier
multicolore finit par être encombrant. Les
mots DEFENSE D'AFFICHER, placés sur
certains murs, restent seuls — amère déri-
sion — non couverts par les noms des nom-
breux candidats.
Hier, jour de repos où les humbles vont
par la ville, — ce chamarrage des murailles
semblait encore plus outrageant pour l'œil.
Il est grand temps d'appliquer les règle-
ments de police et d'empêcher que la colle
aux principes corrodants s'étale jusque sur
le marbre délicat de nos statues.
NOUVELLE A LA MAIN
0
n demandait, vendredi soir, à un vieil
abonné de l'Opéra, dont la mémoire
est bourrée de citations, — son opinion sur
l'œuvre de M. Alphonse Duvernoy:
— Après Aguilas. hélas 1 — Après Atti-
la. holà ! --
Puis il ajoute, dans un bâillement dis-
cret :
— Après Hellé.. oh. eh !.
LE DOMINO ROSE. -
Autour dcs dcux Salons
L'écriteau dit : « Prenez garde à la
peinture 1 » Tout au moins pour une
semaine il n'a pas bien tort, l'écriteau.
En effet, le printemps n'est plus seule-
ment la saison du réveil d'amour et des
excursions bocagères, mais la saison où
le Salon, les deux Salons ouvrent leurs
portes ; et les marronniers des Champs-
Elysées, comme les ormeaux du Champ
de Mars, semblent désormais, en ver-
dissant, n'avoir d'autre but qua de nous
signaler, à côté, la parallèle floraison
des cadres frais dorés, des toiles frais
vernies.
Du même sourire engageant, l'Art
semble nous solliciter en même temps
que la Nature.
Friand de flânerie quand même, le
Parisien ne manquera pas plus à l'un
qu'à l'autre de ces rendez-vous printa-
niers.
Par suite de très vieux, de très atavi-
ques instincts, sitôt que Mai lui a fait
signe, le Parisien aime toujours, comme
jadis, comme au bon temps, fuir vers
Meudon, Sèvres ou Chaville, histoire
simplement de constater si les jacinthes
pointent à l'instant voulu dans la mous-
se, si la brise diligente agite ainsi qu'il
est d'usage le grelot d'argent des mu-
guets ; mais toujours aussi, depuis quel-
ques années, le Parisien, volontiers, s'ar-
rête à mi-chemin pour jeter, en passant,
un coup d'œil sur la première rencon-
trée des expositions de peinture.
« En passant! » Une fois entré, il s'at-
tarde. Puis il revient une autre fois,
amenant des amis qui amènent leurs
femmes; et ce n'est pas le dimanche,
jour populaire où s'abstient la bonne
compagnie, que nos palais de fer et de
verre se trouvent le moins assiégés.
Beaucoup peut-être, parmi ces ama-
teurs improvisés, parcourent le Salon
sans grand souci rétrospectif, ni préoc-
cupation d'école, le feuilletant plutôt
comme un livre d'images, livre merveil-
leux que Rothschild lui-même avec sa
fortune ne pourrait se donner l'égoïste
joie de posséder à lui tout seul.
Qu'importe! En aucune autre ville pareil
spectacle n'attirerait pareille foule ; et,
malgré un peu de badauderie, c'est un
rassurant symptôme que cet empresse-
ment des Parisiens et, ne l'oublions pas,
des Parisiennes, à courir partout où le
Beau et même le Joli les appellent.
Tout le monde, d'ailleurs, s'en mêle,
désire paraître connaisseur.
Les honnêtes gens d'aujourd'hui par-
lent peinture comme ceux d'autrefois
parlaient tragédie.
On entend des personnages graves lâ-
cher des mots professionnels : « fonds
vibrants. gris d'un fin!. horizons res-
sentis. », comme nous avons étendu
nos grands-pères chevroter d'après Tal-
ma le : Qu'en dis-tu? de Manlius.— « Un
œil et une patte énorme!. » disait une
charmante dame blonde, l'autre matin,
au vernissage. Je crus d'abord qu'il s'a-
gissait de quelque homard phénomène ;
pas du tout : c'est un jeune peintre que
la dame. blonde louait.
Le petit commerçant, l'ouvrier, dans
les cafés, autour du comptoir, eux aussi,
causent esthétique.
Tant mieux! on devient ainsi peuple
artiste.
Car le peuple artiste, c'est celui pour
qui l'art ne constitue pas un luxe d'ex-
ception, mais une habitude familière;
c'est celui où l'Art coule partout et ne dé-
daigne pas, parti des sommets, d'égayer
de son flot pur les platitudes de la vie.
Un peu comme Vaucluse qui jaillissant,
fleuve, d'un rocher, se divise aussitôt en
Sorgues et Sorguettes dont le courant
apaisé, parmi les oliviers, les mûriers,
les vignes, fertilise nos Mas du Comtat.
Je me rappelle avoir vu, non sans
quelque attendrissement, au Bargello,
de Florence, un dessus de coffre ou de
malle exécuté par Michel-Ange.
Nous n'en sommes pas tout à fait là,
et les artistes répugnent encore un peu
trop à être ouvriers. Mais quoi ? Si les
ouvriers se font artistes, la chose ne
revient-elle pas au même ?
Du reste, il y a progrès. Gustave Gef-
froy vous le dit ici, chaque jour, et
mieux que je ne saurais le dire. Ce qu'on
appelle l'Art industriel ou décoratif et
qui, ma foi 1 est bien l'Art sans épithète,
se mêle de plus en plus à notre petit
train-train de tous les jours.
Déjà, dans un nouveau Paris, des ar-
chitectes audacieux ne craignent pas de
bâtir des maisons dont la façade ornée
n'a plus que de lointains rapports avec
l'antique boîte à mouches.
Le fer assoupli se modèle en balcons
et se contourne en rampes d'escalier,
dont les feuillages, étudiés d'après la
plante, se mêlant à des entrelacs ingé-
nieusement chimériques, sont, à souhait,
pour le plaisir des yeux.
Le meuble, reniant l'informe acajou
de nos grand'tantes, s'inspire des vraies
époques et redevient original par l'in-
terprétation libre des anciens modèles.
Peu à peu l'éducation du goût se fait ;
et je sais nombre de bons bourgeois qui,
sans qu'un conseil de famille songe à les
interdire, méprisant la classique pon-
dule en zinc doré, savent payer leur
prix un bel étain, un grès aux chaudes
couleurs, un cristal aux riches reflets ou
un bronze à noble patine.
La peinture, avec ses Salons, aura été
en tout ceci la grande initiatrice.
C'est pourquoi il faut applaudir aux
Salons ; c'est pourquoi on ne doit pas,
ô gens de lettres, se fâcher de ce que,
par excès de zèle, les gouvernants, quel-
quefois, décorent un peu trop les pein-
tres.
Le petit liseré rouge fait d'ailleurs si
bien à la boutonnière d'un coloriste !
Tenez ! à ce propos, et pour me faire
pardonner mes divagations picturales,
je veux vous raconter comment Ziem et
Ribot, deux maîtres peintres, furent
nommés, l'un officier, l'autre chevalier
de la Légion d'honneur.
L'événement se passait sous le consu-
lat de Grévy,-l'aimable M. Bardou dé-
tenant le portefeuille de l'instruction
publique et des beaux-arts.
Croyez vous qu'à cette époque, et bien
qu'ils eussent déjà produit à peu près la
série complète de leurs chefs-d'œuvre,
Ziem n'était que simple chevalier, et
Ribot pas chevalier du tout 1
Pourquoi Ziem restait-il ainsi et de-
puis si longtemps simple chevalier? Je
l'ignore ! Quant à Ribot, les bonnes âmes
expliquaient qu'il ne possédait pas le
nombre de médailles réglementaires, et
que, par conséquent, malgré son incon-
testable génie, il ne pouvait régulière-
ment être décoré. Il y a de ces chinoise-
ries 1
Mais revenons à notre histoire.
Donc, avec une modestie assez rare
chez un ministre, M. Bardou, homme
plutôt de littérature et d'académie, s'ef-
farait un peu d'avoir à gouverner le
peuple turbulent qui, pour armes, a la
palette et l'ébauchoir.
Il craignait de faire des bêtises, si
j'ose m'exprimer ainsi.
- Bah ! lui dit, en souriant de son fin
sourire à la normande, le comte d'Osmoy
consulté (d'Osmoy, grand ami de Bar-
dou, était cette année-là rapporteur du
budget des beaux-arts), avant de faire
des bêtises pour votre compte, ce qui,
d'ailleurs, ne saurait manquer, car n'im-
porte quel ministre, fût-il un saint, fait,
avec la meilleure volonté, des bêtises !
réparez d'abord celles faites par vos
prédécesseurs. Décorez ceux qu'ils ou-
blièrent. Tout le monde vous en saura
gré.
D'Osmoy cita des noms : ceux de Ziem
et de Ribot étaient du nombre.
Pour Ribot, la chose alla de soi. Mais
à propos de Ziem, quelqu'un, sans y
mettre malice, objecta qu'il était déjà
officier. En effet, chacun alors crut se
souvenir que Ziem, depuis longtemps,
portait la rosette.
Eh ! parbleu ! oui, Ziem portait la ro-
sette ! Heureusement, je me souvins
aussi que la rosette en question, rouge
pour peu qu'on n'y regardât pas de trop
près, se nuançait à contre-jour de va-
gues teintes jaunes et vertes. On vérifia,
j'avais raison. La rosette que portait
Ziem était une rosetté composée.
De sorte que, sans ma timide observa-
tion, le magicien prestigieux des levers
de soleil méditerranéens et des couchants
adriatiques risquait encore cette année
de n'être pas fait officier.
A deux semainesde là, d'Osmoy réu-
nissait, autour d'un modeste déjeuner,
quelques intimes. M. Bardou avait pro-
mis d'y assister. Ribot, amené par Dau-
bigny, devait en être. Nous savions tous
qu'il y aurait une surprise au dessert.
Ribot, Théodule Ribot, le seul qui ne
fût pas dans la confidence, s'était mis
sur son trente et un, digne, quoique
gêné un peu avec son gilet de satin gar-
dant encore les plis de l'armoire, sur
lequel s'arrondissait, magnifique, une
chaîne de montre en argent. -
Quand le moment solennel fut venu,
Daubigny se leva. Il avait préparé un
beau discours, mais ne se le rappela
plus.
— Tiens, mon vieux, dit-il tout bra-
vement, remercie monsisur le ministre.
Voici ce qu'en arrivant ici j'ai trouvé
pour toi, de sa part, sous ma ser-
viette.
Puis Daubigny embrassa Ribot, Ribot
embrassa Daubigny. Ribot pleurait, Dau-
bigny pleurait. En frottant leurs deux
barbes blanches, ils pleuraient comme
des enfants !
Et je crois bien, ce matin-là, avoir vu
pleurer un ministre 1
PAUL ARÈNE.
P ALL- MALL SEMAINE
Par RAITIF DE LA BRETONNE
Vendredi 17 avril. — A la répétition
générale de l'OEil Crevé, aux Variétés.—
Fleur de Noblesse, Dindonnette, Eclo-
sine, la Marquise, Alexandrivore et le
Bailli, Géromé et Ernest, et cette déso p.
lante silhouette du duc d'Enface,.tous leg
les coq-à-l'âne et tous les lazzi, l'abracada
brant le plusimprévu, la course à l'abime-
à travers la fantaisie, les éclats de rire et
les pirouettes; le macabre même effleuré
dans la clownerie, et sur la plus spiri-
tuelle, la plus verveuse et la plus en-
diablée musique qu'on ait jamais écrite,
ce pétillement de Champagne, cette gri-
serie d'éther coupé de vin bleu, cette
déconcertante et hilarante folie qu'est le
génie d'Hervé.
Charpenterie
Menuiserie
Seront toujours
Mes seuls amours.
Et voilà Paris rajeuni de vingt ans;
des vieux boulevardiers exultent entre
deux touffes de cheveux teints hérissées
de joie sur leur crâne, et l'école symbo-
liste elle-même, toute une députation de
la Revue Blanche accoudée à une bai-
gnoire d'avant-scène, applaudit à tout
rompre au terrifiant gâtisme du due
d'Enface, à la larve de satin jaune et de
faille brochée, à la création presque
hoffmanesque de ce pitre quasi-génial
qu'est M. Albert Brasseur.
Et comment ne pas applaudir à cette
mise en scène artiste et raffinée, jusqu'ici
admirée dans un seul théâtre, celui de
Mme Sarah Bernhardt? Oh ! l'extravagant
et délicieux. rococo des costumes dans
ces trois paysages d'aquarelle, et sur des
ciels infiniment tendres et nuancés de
montagnes, les retroussis de soie chan-.
geante et ramagée des marquises de
Saxe et des cabaretières de vieux Sè-
vres, la gorge blanche de Méaly, les ges-
tes épouffés de Berthe Legrand encore
désirable. au milieu de ses paniers, de
grande dame libertine, les pétulances ni-
gaudes de Géromé-Milher, et, comment
dirai-je? le clou d'argent de la pièce, ce
délicieux ballet Watteau, ce menuet pi-
menté de gigues, cette farandole de ber-
gers échappés de Tnanon et d'Asiiières
(à vous, Diéterle et Fugère!) conduite
par le gavroche idéal et mutin, le plus
svelte et le plus délicat androgyne de
Paris, par ce Saxe, ce vieux Sèvres' (mais
je l'ai déjà dit) qu'est Mlle Lavallière en
travesti. 'Lavallière, ah! quelle fournis-
seusede bonne copie!. Lavallière,
Sonnez, pipeaux et musettes.
M. Fernand Samuel est décidément le
premier de nos metteurs en scène.
Samedi 18 avril. —La vie ne vaut
que par les contrastes. Le système de la
douche écossaise, appliquée dans la sen-
sation, le jet glacé après le jet bouillant,
est la seule façon de pouvoir supporter
l'ennui de la monotone vie moderne.
Je sors de chez Orazi, l'illustrateur de
l'Almanach magique, publié, ces jours-
ci, par la maison Bing; je viens d'y ad-
mirer longuement les planches du pres-
tigieux artiste pour les contes d'Edgar
Poë; toute une étude de mains ingénieu-
sement déformées pour l'illustration du
Puits et du Pendule, m'a particulière-
ment requis, et, les yeux encore hal-
lucinés par un tas de visions sata-
niques, je ne trouve rien de mieux
que de suivre, chez son modiste, la belle
personne qui a eu la curiosité de m'ac-
compagner chez l'interprète d'Edgar Poë.
Les vol-au-vent de plumes et de den-
telles, les monumentales fanfreluches
que la femme œaujourd'hui échafaude
sur sa tête, après les mordantes et téné-
breuses eaux-fortes de Manuel Orazi ;
l'entresol fameux parmi les demi-mon-
daines, de la rue du Faubourg-Saint-
Honoré, après l'atelier tout de velours
de Scutari et de brocart de Gênes de la
rue de Lorient à Montmartre.
Il a tout simplement pillé les modes
de la fin de Louis XVI, le bon modiste
du coin de la rue Royale, et ce sont les'
grands chapeaux, chers à Mme Vigée-
Debrun, que vont arborer, ce printemps,
les élégantes titrées du vrai monde et du
faux. Ces envolements de tulle et de
dentelle, ces feutres empanachés d'ai-
grettes jaillissantes, tels des jets d'eau
de parc royal, ces capelines immenses
de faille et de linon, je les ai déjà vues
dans les portraits de l'école anglaise
comme dans les pastels "parvenus jus-
qu'à nous et sur la Dauphine et sur la
princesse de Lamballe. Tout le Royal
Meilhac se fait coiffer ici, et nous ver-
rons, paraît-il, toutes ces charretées de
dentelles et de fleurs, demain, sur la pe-
louse d'Auteuil, et comme ma belle
amie, un peu celle de beaucoup
d'autres, est curieuse et s'informe :
« — Ce gris, tulle et velours, c'est
pour Orlandi, déclare sentencieusement
le modiste ; voici celui de Duparc; cette
capote est pour M-0 de Pougy. » (Pour
Elle, on dit madame! ! !) Et comme mon
amie s'esclaffe sur une immense cou-
ronne de roses rouges sur paille rose
crevette, un vrai feu de Bengale..— « Ce
rose, nous est-il répondu d'un ton d'ora-
cle, est le chapeau de M'le d'Alençon..
.:. Cette horreur.! j'aurais dû m'en dou-
ter, c'est bien là le chapeau d'une femme
qui a l'air d'une glace à la framboise ! »
Et glace à la framboise me plaît pour Mlle
d'Alençon, et sa physionomie à la fois
figée et sucrée de friandise très chère,
son ensemble de pièce montée pour ca-
barets princiers de cocottes et de club-
men.
Dimanche 19 avril. — Une* nouvelle
étoile s'est levée dans le ciel des petites
comètes de café-concert : entre tant de
Polaires et de sous-Lunaires, astres des
nuits parisiennes à la manière des petites
femmes retroussées par Willette, plus
haut que le nombril, la direction Mar-
chand vient de mettre en valeur, et cela
pas plus tard que dans la soirée d'hier,
une demoiselle -Anna Held, dès aujour-
d'hui célèbre de par les comptes rendus
sur le marché de Cythère. OAe, Vamour!
l'amusante revue de MM. Xanrof et Cel-
larius; est le cadre à souhait de cette pe-
tite personne au minois aguichant d'avi-
sée commère, au corps potelé et blanc
révélé dans les maillots les plus pertur-
bants qu'on ait encore jamais vus. Ohé!
Vamour! c'est bien, en effet, l'amour ou
du moins tout ce qui lUI ressemble que
hèle cette jolie personne. Ohé 1 l'amour,
ohé ! et dans son collant bleu phosphore
de VAllumette chimique ! Olu!! Vamour,
ohé! à travers les arabesques ajourées
du plus suggestif Bas noir
J'suis le bas noir
Venez me voir..
Et sûr qu'on ira la voir, clamait-on,
hier, à lae sortie de la première, d'où le
mot de MlIe Yvette Guilbert, vente en
bonne camarade assister au triomphe
de la petite : - «C'est une bonne voix de
bas. »
Lundi 20 avril. -A la galerie Diirand-
Ruel, à l'exposition Matifra. - C'est une
bonne fortune pour un peintre que d'ins-
pirer un critique tel que M. Edouard
Sarradin. Un article publié par lui, dans
le Journal des Artistes, sur le peintre de
la Bretagne et de l'Ecosse m'a attiré dans,
la galerie Ruer; M. Sarradin n'a pas
menti, ce Maufra a l'étonnant pouvoir
d'évoquer l'âme même de la nature.
l'âme de la mer et l'âme des vallées.
Il a peint l'Océan splendide,immense et triste
D'ailleurs, pourquoi ne pas laisser *
~~::iB:;:~ - ,~~ -" - t \(/1
.* Cixxcj; ■"^C5ôxaLifci*iaLôai \jg'
LUNDI 27 AVRIL 1803 --
Quotidien, Littéraire, Artistique et Politique
FERNAND XAU
Directeur
R.ÊID-A.GTIOIT
106, RUE RICHELIEU, PARIS
Prix. des Abonnements
Cala Sil lois frels loi. Va ltil
rms 20. » 10.50 5.50 2. 8
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 24. » fa., n 6. » 2.50
ÉTRANGER (UNION POSTALE) 35. » 18. aiO. * 3.50
Les manuscrits non insérés ne sont pas rendus.
Adresser les mandats-poste à M. fAdminislrateur.
FERNAND XAU
« Directeur
ADMINISTRATION
106, RUE RICHELIEU, PARIS
Annonces, Réclames et Faits Divers'
CHEZ LAGRANGE, CERF ET G*
6, PLACE DE LA BOURSE
et dans les bureaux du JOURNAL
Adresse télégraphique : JOURNAL-RICHELIEU-PARIS
Annonces, Réclames et Faits divers
aux bureaux du JOURNAL, 106, rue Richelieu
Voir à la troisième page
LA FOIRE AU PAIN D'ÉPICES
Dessins de H.-G. IBÈLS
LA BOURSE
C'est, je ne l'ignore pas, un déclama-
îeur, un paradoxiste, un ironiste, un ly-
rique aussi, et surtout un bavard qui se
grise de sa salive, crachant alors des
phrases et des traits en cataracte. Mais,
tout de même, n'y a-t-il pas quelques pé-
pites de sagesse à recueillir, parmi la
bouillonnante écume de folies dont il
vous inonde, une fois les écluses lâ-
shées? Savoir! Moi, je crois que si. A
jout hasard, voici un de ses « Niagaras »,
somme il les appelle.
Poètes, romanciers, moralistes, socio-
logues, vous êtes tous de grands inno-
cents, et pas de ceux qui ont les mains
pleines ; et c'est bien fait pour vous !
Personne de vous ne se doute que la
Bourse est la vie.
Vous rabâchez sans cesse que Paris
est le cerveau du monde, et vous fouillez
à qui mieux mieux dans les lobes de
ce cerveau, les poètes du bout de l'ar-
chet, les romanciers à coups de scalpel,
les philosophes avec le microscope de la
statistique ou le télescope de l'hypothèse.
Mais nul de vous n'a encore mis le doigt
sur le point nodal de ces circonvolu-
tions, nul n'a osé, ou pu, ou voulu, étu-
dier et montrer ce centre où aboutissent
toutes les sensations du monstre et d'où
sortent tous ses actes.
Et pourtant, vous le savez bien, vous
n'êtes pas assez bêtes pour ne point le
savoir, que cet alpha et oméga du monde
moderne, ce plexus nerveux du siècle,
ce temple du dernier dieu, c'est la
Bourse.
Mais vous faites comme si vous ne le
saviez pas, espèces d'autruches qui vous
fourrez la tête sous l'aile pour ne rien
voir.
Vous, surtout, les écrivains, qui avez
la prétention de penser, et d'après les-
quels on pense.
Oh ! les poètes, aux moues de dégoût,
qui affectent de se représenter et de
nous représenter la Bourse comme un
las de fourmis ardélionnes, devant (quoi
eux-mêmes posent dédaigneusement à
la cigale ayant chanté tout l'été ! Et les
journalistes malins, qui trouveraient
sûrement plus agréable d'être avec les
fourmis, mais qui, n'en étant pas, s'en
vengent par des mots, ou des tartines.
sans beurre ! Et les moralistes qui s'in-
dignent ! Et tous les marchands de
mots que vous êtes, furieux contre '* les
marchands de chiffres, contre ces
bruyants de la corbeille et de la coulisse,
qui empêchent vos voix d'être enten-
dues, avec leur langue algébrique ha-
chant menu comme paille les ronrons
de vos langues mortes !
Car pendant ce temps-là, c'est eux qui
tournent la manivelle, celle des affaires
* qui se font; et vous ne faites pas les
vôtres.
Vous devriez, vous pourriez les faire,
les vôtres. Et quelles 1 Et combien splen-
dides! Tas de fainéants ! Ou tas d'aveu-
» gles!
Non, bien sûr, pas en troquant vos
tablettes contre un carnet de Bourse ! Ce
n'est pas ce conseil-là que je vous donne.
Vous ne seriez pas en état de le suivre.
Quand on a, tant bien que mal, son
petit trou creusé dans un coin, on ne se
rejette pas volontiers ni aisément au
■ combat de la vie, pour jouer des coudes
vers un but auquel on a toujours tourné
le dos. Entendons-nous donc. Je ne dis
pas que vous êtes sots en demeurant
artistes au lieu de devenir gens d'af-
faires.
Mais je dis que vous l'êtes; sots, et
lâches par dessus le marché, de vous
boucher les yeux devant ce soleil de
louis qui est l'astre du jour, et de ne
point faire un effort pour le monnayer,
à votre façon, ce soleil-là.
Comment? En l'étudiant, parbleu ! Et
pour le glorifier, s'il faut tout dire. Oui,
pour le glorifier, comme vos aïeux, les
premiers artistes, les poètes des jeunes
races, ont glorifié le soleil réel, père du
feu, nourricier de la terre, créateur de
la vie sociale et des civilisations naissan-
tes.
Qui de vous l'a fait, a seulement rêvé
de le faire? Où est le brave ayant cher-
ché le mot de ce nouvel Evangile? Le
plus fort d'entre vous, Balzac, n'en a été
que le saint Jean-Baptiste. Encore ne
s'est-il colleté avec le veau d'orque pour
tâcher de l'abattre. Il en a montré, mal-
gré lui, la souveraine puissance. Il n'en
a point dressé l'autel.
Proudhon, seul, est entré dans le
sanctuaire, a ouvert le tabernacle, a
contemplé le Saint des Saints. Pas en
artiste, d'ailleurs, mais en philosophe.
Et vous l'avez traité d'utopiste, de so-
phiste, de logomaque 1
Et après? Le Vernouillet d'Emile Au-
gier 1 Le mot de Dumas fils, sur les af-
faires qui sont l'argent des autres !
L'Argent, de Zola, tout en décor ou en
pamphlet ! Est-ce suffisant? A côté de la
vérité grandiose, énorme, touffue, triom-
phante, apothéotique, voilà tout ce que
vous avez tiré de la Bourse : ce person-
nage de comédie, cette épigramme à la
Chamfort. cet iïï-io uô tableaux et d'a-
necdotes Y Un nez crayonné sur une
marche de la Grande Pyramide, une
pointe d'épingle dans le talon de Panta-
gruel, une cinématographie de la queue
du Veau d'or ! Cela fait pitié, voyons 1
Ah! c'est que les plus clairvoyants
eux-mêmes et les plus courageux, en
contemplant le monstre, ont eu la vue
courte et le cœur à l'envers.
Ils n'ont pas, avec leurs yeux, ouvert
leur esprit tout large à la foi nouvelle,
bonne ou mauvaise.
Us n'ont vu que les laideurs et les
atrocités de la bataille financière, l'au-
tace cynique des Mercadets et l'imbécile
ferveur des gogos, les étranges exécutés
portant la tête d'autant plus haut qu'on
la leur a coupée plus de fois, les suicides
moraux et les coups de pistolet réels,
les fortunes en serpents de Pharaon, les
ruines au fulgurant deliquium, le sai-
gnage à blanc des victimes, les écono-
mies des malheureux enlisées dans les
sables mouvants de la spéculation, les
désastres de la patrie fumant comme un
encens sur l'autel de la baisse, et toutes
les roueries, les infamies, les guet-apens,
les chausse-trappes, les vols, les crimes,
qu'ils devaient pourtant s'attendre à trou-
ver là, ainsi qu'on trouve sur un champ
de bataille des cadavres, des blessés dé-
pouillés, des agonisants achevés, des
traîtres, du sang répandu et des cervel-
les éparses.
Ils ont vu cela, qu'il fallait voir en
effet. Mais ils n'ont vu que cela et il fal-
lait voir autre chose encore.
Il fallait voir tout ce qui sort de cette
bataille, et que ce ne sont pas seulement
les râles et les entrailles des vaincus, et
qu'il en sort des butins pour tout le
monde, des positions gagnées pour l'hu-
manité en lutte contre la nature, et ainsi
des drapeaux plantés sur cette nature
conquise au bénéfice de la civilisation en
marche.
Car, voilà de quoi il retourne, à la
Bourse, en somme, quand on veut y re-
garder de haut. Au-dessus des piétine-
ments, de la cohue hurlante, des écrasés,
voilà l'âme qui plane. De ce soleil d'or,
tout grouillant de vers, se répandent les
énergies par quoi sont alimentés le com-
merce, les ports, les docks, les canaux,
parquoi on perce les isthmes, par quoi
l'industrie dompte la matière, éventre
les montagnes, attelle la vapeur et l'é-
lectricité, pétrit la terre et l'océan aux
volontés de l'homme, et par quoi, finale-
ment, on peut espérer qu'il y aura au
monde du pain et du bonheur pour
tous.
Métaphores! lyrisme! Et pourquoi
pas? Il y en a dans tout, du lyrisme. Il
ne s'agit que de l'en extraire, et de le
traduire en hymnes, si vous savez chan-
ter.
Il y faut de la voix et des poumons,
par exemple. En avez-vous assez? Toute
la question est là. Mais si vous en man-
quez, vous, les poètes d'aujourd'hui, pa-
tience ! D'autres viendront, qui recom-
menceront pour le soleil du monde nou-
veau ce que vos aïeux, les premiers
poètes, ont fait pour le soleil du vieux
monde. Ils en découvriront la beauté. Ils
en diront les bienfaits, en odes fleuries
et retentissantes.
Qui voudrait le tenter à présent, déjà,
trop tôt probablement, sans doute il au-
rait l'air d'un fou ; et en cela est la seule
excuse de votre lâche silence. Mais de-
main quelqu'un l'essaiera, soyez-en sûrs,
et vos langues mortes s'en iront en fu-
mée devant cette langue vivante qu'il
inventera, lumineuse pour tous, expri-
mant enfin la poésie cachée dans toute
notre sale prose, et dont cette prose elle-
même ne se doute seulement pas,comme
l'huître ignore la splendeur de ses
perles.
JEAN RICHEPIN.
NOS ÉCHOS
LA TEMPÉRATURE
Paris. Hier :
Temps couvert.
Thermomètre :
A4 h. iomat., 9° i
au-dessus.
A 1 h. du soir,
17° 9.
Barometre.— 9 h.
soir : 767m02.
Temps probable.
— Nuageux. — Va-
riable. Même tempé-
rature.
Aujourd'hui, à deux heures, courses plates à
Vincennes (gare de la place de la Bastille).
NOS FAVORIS
Prix du Fort. — Patelin, MusoUe.
Prix de Bondy. — Papillon II, Séraphine.
Prix de Saint-Mandé. — Jajfa, Gondolier.
Prix du Terrier. — Némèsîs, Briolette.
Prix de Charentonneau. — Bélisaire, Eta-
lage.
L'ARMEE
D
'après.le programme que M. le général
Caillot, membre du conseil supérieur
de la guerre, vient de préparer sur le terrain
même, c'est décidément dans la région voi-
sine d'Angoulême que se dérouleraient les
prochaines grandes manœuvres.
Les derniers mouvements auraient lieu
autour d'Hiersac, et c'est près de cette loca-
lité que le Président de la République pas-
serait la revue finale des opérations.
M.
Roty a remis au ministre de la guerre
le modèle de la médaille commémo-
rative de Madagascar que vont recevoir
bientôt tous les militaires et marins ayant
pris part à l'expédition.
La face de la médaille présente l'effigie
de la République coiffée d'un casque grec ;
a,u revers est un écusson composé d'attributs
particuliers à toutes les troupes de notre
armée et de notre marine. Son diamètre me-
sure trente centimètres.
C'est une belle oeuvre artistique.
L
es officiers et sous-officiers rengagés des
régiments de zouaves, ainsi que les
deux mille hommes de ces régiments, qui
devaient venir en France le 15 avril, et dont
le départ avait été reculé au 1er mai, vou-
draient bien savoir si cet ordre, prescrit par
M. Cavaignac, malgré l'avis du conseil su-
périeur de la guerre, malgré les vœux des
conseils généraux de l'Algérie, malgré l'op-
position de la commission parlementaire de
l'armée, recevra quand même son exécu-
tion.
0
n s'est étonné, paraît-il, jusque et même
surtout dans les milieux parlementai-
res, de ce que, postérieurement à la démis-
sion de M. Cavaignac, celui-ci ait nommé
M. le général Jeannerod membre du comité
technique de cavalerie avec la mention spé-
ciale qu'il continuerait ses fonctions de chef
du cabinet du ministre de la gu'erre.
L'étonnement cessera, sans doute, quand
on saura que M. le général Jeannerod a été
désigné d'office au poste qji'il occupe, et où
il reste également d'office jusqu'à décision
prise par le successeur de M. Cavaignac.
LE MONDE
L
a mission japonaise qui se rend en Rus-
sie est, aujourd'hui, au conr. let, le ma-
réchal Yamagata, généralissime de l'armée
japonaise, étant arrivé à Paris hier matin
venant de New-York, après une courte sta-
tion au Havre.
Le marquis Yamagata a été reçu à la gare
Saint-Lazare par le colonel Ikeda, attaché
à la légation; M. Ishii, secrétaire, et un
officier d'ordonnance du ministre de la
guerre. Sa suite se compose de MM.
Trudzki, chef des archives impériales, an-
cien directeur des ponts et chaussées ; colo-
nel Todjo, commandant Oshmia ; Kavavaki,
secrétaire du ministère des affaires étran-
gères, ancien chancelier de la légation de
Paris ; docteur Ileroi, médecin-major ;
Kossma, Toraskaki et Kaji, chanceliers de
légation.
N
ous apprenons la mort de M. Ferdi-
nand Duval, ancien préfet de la Seine,
conseiller municipal du septième arrondisse-
ment. M. Ferdinand Duval est mort, hier
soir, à sept heures et demie.
D
e Nice :
La fête du tsarévitch sera célébrée
à la Turbie, le 9 mai. L'impératrice reste
jusqu'à cette date pour assister à la céré-
monie. Elle partira le lendemain, 10 mai,
pour la Russie.
Quant au départ du tsarévitch, il est su-
bordonné à son état de santé qui, d'ailleurs,
s'améliore. Le tsarévitch se lève dans sa
chambre, mais il n'est pas encore sorti. On
chambre, l'impératrice, avant de partir, fera
dit que
venir le célèbre professeur Cherchevsky, de
Pétersbourg, et lui demandera une consul-
tation sur l'état du grand-duc héritier.
Ajoutons que l'impératrice-douairière a
rendu visite, hier dimanche, à la reine Vic-
toria.
J.
Marni, du Journal, réunissait, hier,
quelques amis dans une soirée intime,
dont les deux attraits principaux étaient les
prédictions de Mme de Thèbes, la très origi-
nale devineresse qui a surpris et émerveillé
tous les invités, en lisant dans leur main le
passé et l'avenir, et les poésies de Jehan
Rictus, du Chat-Noir, qui a obtenu un vif
succès avec ses deux pièces d'un effet saisis-
sant, le Soliloque du pauvre et le Revenant.
Remarqué, parmi les invités, MUo de
Sainte-Croix, MM. Ollendorff, Pierre Louys,
Gerbault, Henry Amie, Charles Cuvillier,
Fernand Xau, etc.
ÇA ET LA
u
n empêchement tout matériel nous
prive, aujourd'hui, de la page des
Veber's : nous nous excusons auprès de
nos lecteurs de ne pouvoir leur offrir cette
fantaisie si spirituelle et si finement dessi-
née, à laquelle ils font tous les quinze jours
un accueil si flatteur. Le Journal publiera
les - Veber's les lundis 4 et 11 mai.
M.
Fernand Xau présidait, hier, chez
Maxim's, un dîner auquel il avait été
convié par la rédaction du Soir.
Cette ^petite réunion intime, qui n'avait
d'autre but que de resserrer les liens qui
unissent la rédaction du Soir à son direc-
teur, n'a pas cessé d'être animée de la plus
franche, de la plus amicale cordialité.
Après un excellent dîner, de tous points
réussi, M. le sénateur Gomot et M. V. de
Cottens, secrétaire de la rédaction, ont bu
aux succès du Soir et de son directeur; M.
Fernand Xau les a remerciés de leurs vœux
et de leur dévouement à l'œuvre commune.
M. Jules Simon s'était fait excuser pour
raisons de santé ; sa lettre fort spirituelle ne
l'a fait que regretter davantage.
A
ujourd'hui, chez Cornil, exposition des
scuptures sur bois, si remarquables,
de M. Georges Lacombe.
c
'est avec regret que nous apprenons la
mort de M. Alfred Debains, professeur
de mécanique à l'école d'agriculture de
Rennes, ingénieur des arts et manufactures.
Il avait présidé avec autant de zèle que de
compétence à l'installation des machines
agricoles à l'Exposition de 1889.
Il meurt à l'âge de cinquante-trois ans,
laissant à ses collègues, à ses élèves, à ses
amis et à sa famille éplorée d'inconsolables
regrets et le souvenir d'un homme de bien
dans toute l'acception du terme.
N
"est-il pas regrettable qu'une capitale
comme Paris n'ait pas d'autre résidence
à offrir aux souverains étrangers qui viennent
officiellement tendre visite au chef de l'Etat,
qu'un hôtel meublé — loué plus ou moins
cher — pendant la durée du séjour des
voyageurs royaux?
Cette façon de reléguer les princes à
l'hôtel meublé est pour le moins singulière,
Faut-il donc,après tant de sacrifices inutiles,
d'argent follement dépensé, abdiquer encore
la renommée de savoir-vivre et de large
hospitalité dont notre pays pouvait se pré-
valoir à l'égard de l'étranger ?
Sans compter que le transport des mobi-
liers ayant appartenu aux anciennes résiden-
ces impériales et royales, des tentures, des ta-
pisseries des Gobelins, du Garde-Meuble, à
l'hôtel où descend le visiteur princier, est
l'occasion d'avaries, de dommages que sup-
portent mal des œuvres d'art remontant à
des époques déjà anciennes et qu'on ne sau-
rait remplacer.
La France et Paris ne sont donc pas assez
riches pour mettre à la disposition de leurs
hôtes princiers un-e résidence digne d'eux et
digne de la République ?
c
'est vraiment un abus par trop criant
que cet affichage électoral -qui envahit
tout en ce moment, maisons privées, monu-
ments publics, socles des statues ! Quelque
intéressants que soient MM. les conseillers,
municipaux, ce laid débordement de papier
multicolore finit par être encombrant. Les
mots DEFENSE D'AFFICHER, placés sur
certains murs, restent seuls — amère déri-
sion — non couverts par les noms des nom-
breux candidats.
Hier, jour de repos où les humbles vont
par la ville, — ce chamarrage des murailles
semblait encore plus outrageant pour l'œil.
Il est grand temps d'appliquer les règle-
ments de police et d'empêcher que la colle
aux principes corrodants s'étale jusque sur
le marbre délicat de nos statues.
NOUVELLE A LA MAIN
0
n demandait, vendredi soir, à un vieil
abonné de l'Opéra, dont la mémoire
est bourrée de citations, — son opinion sur
l'œuvre de M. Alphonse Duvernoy:
— Après Aguilas. hélas 1 — Après Atti-
la. holà ! --
Puis il ajoute, dans un bâillement dis-
cret :
— Après Hellé.. oh. eh !.
LE DOMINO ROSE. -
Autour dcs dcux Salons
L'écriteau dit : « Prenez garde à la
peinture 1 » Tout au moins pour une
semaine il n'a pas bien tort, l'écriteau.
En effet, le printemps n'est plus seule-
ment la saison du réveil d'amour et des
excursions bocagères, mais la saison où
le Salon, les deux Salons ouvrent leurs
portes ; et les marronniers des Champs-
Elysées, comme les ormeaux du Champ
de Mars, semblent désormais, en ver-
dissant, n'avoir d'autre but qua de nous
signaler, à côté, la parallèle floraison
des cadres frais dorés, des toiles frais
vernies.
Du même sourire engageant, l'Art
semble nous solliciter en même temps
que la Nature.
Friand de flânerie quand même, le
Parisien ne manquera pas plus à l'un
qu'à l'autre de ces rendez-vous printa-
niers.
Par suite de très vieux, de très atavi-
ques instincts, sitôt que Mai lui a fait
signe, le Parisien aime toujours, comme
jadis, comme au bon temps, fuir vers
Meudon, Sèvres ou Chaville, histoire
simplement de constater si les jacinthes
pointent à l'instant voulu dans la mous-
se, si la brise diligente agite ainsi qu'il
est d'usage le grelot d'argent des mu-
guets ; mais toujours aussi, depuis quel-
ques années, le Parisien, volontiers, s'ar-
rête à mi-chemin pour jeter, en passant,
un coup d'œil sur la première rencon-
trée des expositions de peinture.
« En passant! » Une fois entré, il s'at-
tarde. Puis il revient une autre fois,
amenant des amis qui amènent leurs
femmes; et ce n'est pas le dimanche,
jour populaire où s'abstient la bonne
compagnie, que nos palais de fer et de
verre se trouvent le moins assiégés.
Beaucoup peut-être, parmi ces ama-
teurs improvisés, parcourent le Salon
sans grand souci rétrospectif, ni préoc-
cupation d'école, le feuilletant plutôt
comme un livre d'images, livre merveil-
leux que Rothschild lui-même avec sa
fortune ne pourrait se donner l'égoïste
joie de posséder à lui tout seul.
Qu'importe! En aucune autre ville pareil
spectacle n'attirerait pareille foule ; et,
malgré un peu de badauderie, c'est un
rassurant symptôme que cet empresse-
ment des Parisiens et, ne l'oublions pas,
des Parisiennes, à courir partout où le
Beau et même le Joli les appellent.
Tout le monde, d'ailleurs, s'en mêle,
désire paraître connaisseur.
Les honnêtes gens d'aujourd'hui par-
lent peinture comme ceux d'autrefois
parlaient tragédie.
On entend des personnages graves lâ-
cher des mots professionnels : « fonds
vibrants. gris d'un fin!. horizons res-
sentis. », comme nous avons étendu
nos grands-pères chevroter d'après Tal-
ma le : Qu'en dis-tu? de Manlius.— « Un
œil et une patte énorme!. » disait une
charmante dame blonde, l'autre matin,
au vernissage. Je crus d'abord qu'il s'a-
gissait de quelque homard phénomène ;
pas du tout : c'est un jeune peintre que
la dame. blonde louait.
Le petit commerçant, l'ouvrier, dans
les cafés, autour du comptoir, eux aussi,
causent esthétique.
Tant mieux! on devient ainsi peuple
artiste.
Car le peuple artiste, c'est celui pour
qui l'art ne constitue pas un luxe d'ex-
ception, mais une habitude familière;
c'est celui où l'Art coule partout et ne dé-
daigne pas, parti des sommets, d'égayer
de son flot pur les platitudes de la vie.
Un peu comme Vaucluse qui jaillissant,
fleuve, d'un rocher, se divise aussitôt en
Sorgues et Sorguettes dont le courant
apaisé, parmi les oliviers, les mûriers,
les vignes, fertilise nos Mas du Comtat.
Je me rappelle avoir vu, non sans
quelque attendrissement, au Bargello,
de Florence, un dessus de coffre ou de
malle exécuté par Michel-Ange.
Nous n'en sommes pas tout à fait là,
et les artistes répugnent encore un peu
trop à être ouvriers. Mais quoi ? Si les
ouvriers se font artistes, la chose ne
revient-elle pas au même ?
Du reste, il y a progrès. Gustave Gef-
froy vous le dit ici, chaque jour, et
mieux que je ne saurais le dire. Ce qu'on
appelle l'Art industriel ou décoratif et
qui, ma foi 1 est bien l'Art sans épithète,
se mêle de plus en plus à notre petit
train-train de tous les jours.
Déjà, dans un nouveau Paris, des ar-
chitectes audacieux ne craignent pas de
bâtir des maisons dont la façade ornée
n'a plus que de lointains rapports avec
l'antique boîte à mouches.
Le fer assoupli se modèle en balcons
et se contourne en rampes d'escalier,
dont les feuillages, étudiés d'après la
plante, se mêlant à des entrelacs ingé-
nieusement chimériques, sont, à souhait,
pour le plaisir des yeux.
Le meuble, reniant l'informe acajou
de nos grand'tantes, s'inspire des vraies
époques et redevient original par l'in-
terprétation libre des anciens modèles.
Peu à peu l'éducation du goût se fait ;
et je sais nombre de bons bourgeois qui,
sans qu'un conseil de famille songe à les
interdire, méprisant la classique pon-
dule en zinc doré, savent payer leur
prix un bel étain, un grès aux chaudes
couleurs, un cristal aux riches reflets ou
un bronze à noble patine.
La peinture, avec ses Salons, aura été
en tout ceci la grande initiatrice.
C'est pourquoi il faut applaudir aux
Salons ; c'est pourquoi on ne doit pas,
ô gens de lettres, se fâcher de ce que,
par excès de zèle, les gouvernants, quel-
quefois, décorent un peu trop les pein-
tres.
Le petit liseré rouge fait d'ailleurs si
bien à la boutonnière d'un coloriste !
Tenez ! à ce propos, et pour me faire
pardonner mes divagations picturales,
je veux vous raconter comment Ziem et
Ribot, deux maîtres peintres, furent
nommés, l'un officier, l'autre chevalier
de la Légion d'honneur.
L'événement se passait sous le consu-
lat de Grévy,-l'aimable M. Bardou dé-
tenant le portefeuille de l'instruction
publique et des beaux-arts.
Croyez vous qu'à cette époque, et bien
qu'ils eussent déjà produit à peu près la
série complète de leurs chefs-d'œuvre,
Ziem n'était que simple chevalier, et
Ribot pas chevalier du tout 1
Pourquoi Ziem restait-il ainsi et de-
puis si longtemps simple chevalier? Je
l'ignore ! Quant à Ribot, les bonnes âmes
expliquaient qu'il ne possédait pas le
nombre de médailles réglementaires, et
que, par conséquent, malgré son incon-
testable génie, il ne pouvait régulière-
ment être décoré. Il y a de ces chinoise-
ries 1
Mais revenons à notre histoire.
Donc, avec une modestie assez rare
chez un ministre, M. Bardou, homme
plutôt de littérature et d'académie, s'ef-
farait un peu d'avoir à gouverner le
peuple turbulent qui, pour armes, a la
palette et l'ébauchoir.
Il craignait de faire des bêtises, si
j'ose m'exprimer ainsi.
- Bah ! lui dit, en souriant de son fin
sourire à la normande, le comte d'Osmoy
consulté (d'Osmoy, grand ami de Bar-
dou, était cette année-là rapporteur du
budget des beaux-arts), avant de faire
des bêtises pour votre compte, ce qui,
d'ailleurs, ne saurait manquer, car n'im-
porte quel ministre, fût-il un saint, fait,
avec la meilleure volonté, des bêtises !
réparez d'abord celles faites par vos
prédécesseurs. Décorez ceux qu'ils ou-
blièrent. Tout le monde vous en saura
gré.
D'Osmoy cita des noms : ceux de Ziem
et de Ribot étaient du nombre.
Pour Ribot, la chose alla de soi. Mais
à propos de Ziem, quelqu'un, sans y
mettre malice, objecta qu'il était déjà
officier. En effet, chacun alors crut se
souvenir que Ziem, depuis longtemps,
portait la rosette.
Eh ! parbleu ! oui, Ziem portait la ro-
sette ! Heureusement, je me souvins
aussi que la rosette en question, rouge
pour peu qu'on n'y regardât pas de trop
près, se nuançait à contre-jour de va-
gues teintes jaunes et vertes. On vérifia,
j'avais raison. La rosette que portait
Ziem était une rosetté composée.
De sorte que, sans ma timide observa-
tion, le magicien prestigieux des levers
de soleil méditerranéens et des couchants
adriatiques risquait encore cette année
de n'être pas fait officier.
A deux semainesde là, d'Osmoy réu-
nissait, autour d'un modeste déjeuner,
quelques intimes. M. Bardou avait pro-
mis d'y assister. Ribot, amené par Dau-
bigny, devait en être. Nous savions tous
qu'il y aurait une surprise au dessert.
Ribot, Théodule Ribot, le seul qui ne
fût pas dans la confidence, s'était mis
sur son trente et un, digne, quoique
gêné un peu avec son gilet de satin gar-
dant encore les plis de l'armoire, sur
lequel s'arrondissait, magnifique, une
chaîne de montre en argent. -
Quand le moment solennel fut venu,
Daubigny se leva. Il avait préparé un
beau discours, mais ne se le rappela
plus.
— Tiens, mon vieux, dit-il tout bra-
vement, remercie monsisur le ministre.
Voici ce qu'en arrivant ici j'ai trouvé
pour toi, de sa part, sous ma ser-
viette.
Puis Daubigny embrassa Ribot, Ribot
embrassa Daubigny. Ribot pleurait, Dau-
bigny pleurait. En frottant leurs deux
barbes blanches, ils pleuraient comme
des enfants !
Et je crois bien, ce matin-là, avoir vu
pleurer un ministre 1
PAUL ARÈNE.
P ALL- MALL SEMAINE
Par RAITIF DE LA BRETONNE
Vendredi 17 avril. — A la répétition
générale de l'OEil Crevé, aux Variétés.—
Fleur de Noblesse, Dindonnette, Eclo-
sine, la Marquise, Alexandrivore et le
Bailli, Géromé et Ernest, et cette déso p.
lante silhouette du duc d'Enface,.tous leg
les coq-à-l'âne et tous les lazzi, l'abracada
brant le plusimprévu, la course à l'abime-
à travers la fantaisie, les éclats de rire et
les pirouettes; le macabre même effleuré
dans la clownerie, et sur la plus spiri-
tuelle, la plus verveuse et la plus en-
diablée musique qu'on ait jamais écrite,
ce pétillement de Champagne, cette gri-
serie d'éther coupé de vin bleu, cette
déconcertante et hilarante folie qu'est le
génie d'Hervé.
Charpenterie
Menuiserie
Seront toujours
Mes seuls amours.
Et voilà Paris rajeuni de vingt ans;
des vieux boulevardiers exultent entre
deux touffes de cheveux teints hérissées
de joie sur leur crâne, et l'école symbo-
liste elle-même, toute une députation de
la Revue Blanche accoudée à une bai-
gnoire d'avant-scène, applaudit à tout
rompre au terrifiant gâtisme du due
d'Enface, à la larve de satin jaune et de
faille brochée, à la création presque
hoffmanesque de ce pitre quasi-génial
qu'est M. Albert Brasseur.
Et comment ne pas applaudir à cette
mise en scène artiste et raffinée, jusqu'ici
admirée dans un seul théâtre, celui de
Mme Sarah Bernhardt? Oh ! l'extravagant
et délicieux. rococo des costumes dans
ces trois paysages d'aquarelle, et sur des
ciels infiniment tendres et nuancés de
montagnes, les retroussis de soie chan-.
geante et ramagée des marquises de
Saxe et des cabaretières de vieux Sè-
vres, la gorge blanche de Méaly, les ges-
tes épouffés de Berthe Legrand encore
désirable. au milieu de ses paniers, de
grande dame libertine, les pétulances ni-
gaudes de Géromé-Milher, et, comment
dirai-je? le clou d'argent de la pièce, ce
délicieux ballet Watteau, ce menuet pi-
menté de gigues, cette farandole de ber-
gers échappés de Tnanon et d'Asiiières
(à vous, Diéterle et Fugère!) conduite
par le gavroche idéal et mutin, le plus
svelte et le plus délicat androgyne de
Paris, par ce Saxe, ce vieux Sèvres' (mais
je l'ai déjà dit) qu'est Mlle Lavallière en
travesti. 'Lavallière, ah! quelle fournis-
seusede bonne copie!. Lavallière,
Sonnez, pipeaux et musettes.
M. Fernand Samuel est décidément le
premier de nos metteurs en scène.
Samedi 18 avril. —La vie ne vaut
que par les contrastes. Le système de la
douche écossaise, appliquée dans la sen-
sation, le jet glacé après le jet bouillant,
est la seule façon de pouvoir supporter
l'ennui de la monotone vie moderne.
Je sors de chez Orazi, l'illustrateur de
l'Almanach magique, publié, ces jours-
ci, par la maison Bing; je viens d'y ad-
mirer longuement les planches du pres-
tigieux artiste pour les contes d'Edgar
Poë; toute une étude de mains ingénieu-
sement déformées pour l'illustration du
Puits et du Pendule, m'a particulière-
ment requis, et, les yeux encore hal-
lucinés par un tas de visions sata-
niques, je ne trouve rien de mieux
que de suivre, chez son modiste, la belle
personne qui a eu la curiosité de m'ac-
compagner chez l'interprète d'Edgar Poë.
Les vol-au-vent de plumes et de den-
telles, les monumentales fanfreluches
que la femme œaujourd'hui échafaude
sur sa tête, après les mordantes et téné-
breuses eaux-fortes de Manuel Orazi ;
l'entresol fameux parmi les demi-mon-
daines, de la rue du Faubourg-Saint-
Honoré, après l'atelier tout de velours
de Scutari et de brocart de Gênes de la
rue de Lorient à Montmartre.
Il a tout simplement pillé les modes
de la fin de Louis XVI, le bon modiste
du coin de la rue Royale, et ce sont les'
grands chapeaux, chers à Mme Vigée-
Debrun, que vont arborer, ce printemps,
les élégantes titrées du vrai monde et du
faux. Ces envolements de tulle et de
dentelle, ces feutres empanachés d'ai-
grettes jaillissantes, tels des jets d'eau
de parc royal, ces capelines immenses
de faille et de linon, je les ai déjà vues
dans les portraits de l'école anglaise
comme dans les pastels "parvenus jus-
qu'à nous et sur la Dauphine et sur la
princesse de Lamballe. Tout le Royal
Meilhac se fait coiffer ici, et nous ver-
rons, paraît-il, toutes ces charretées de
dentelles et de fleurs, demain, sur la pe-
louse d'Auteuil, et comme ma belle
amie, un peu celle de beaucoup
d'autres, est curieuse et s'informe :
« — Ce gris, tulle et velours, c'est
pour Orlandi, déclare sentencieusement
le modiste ; voici celui de Duparc; cette
capote est pour M-0 de Pougy. » (Pour
Elle, on dit madame! ! !) Et comme mon
amie s'esclaffe sur une immense cou-
ronne de roses rouges sur paille rose
crevette, un vrai feu de Bengale..— « Ce
rose, nous est-il répondu d'un ton d'ora-
cle, est le chapeau de M'le d'Alençon..
.:. Cette horreur.! j'aurais dû m'en dou-
ter, c'est bien là le chapeau d'une femme
qui a l'air d'une glace à la framboise ! »
Et glace à la framboise me plaît pour Mlle
d'Alençon, et sa physionomie à la fois
figée et sucrée de friandise très chère,
son ensemble de pièce montée pour ca-
barets princiers de cocottes et de club-
men.
Dimanche 19 avril. — Une* nouvelle
étoile s'est levée dans le ciel des petites
comètes de café-concert : entre tant de
Polaires et de sous-Lunaires, astres des
nuits parisiennes à la manière des petites
femmes retroussées par Willette, plus
haut que le nombril, la direction Mar-
chand vient de mettre en valeur, et cela
pas plus tard que dans la soirée d'hier,
une demoiselle -Anna Held, dès aujour-
d'hui célèbre de par les comptes rendus
sur le marché de Cythère. OAe, Vamour!
l'amusante revue de MM. Xanrof et Cel-
larius; est le cadre à souhait de cette pe-
tite personne au minois aguichant d'avi-
sée commère, au corps potelé et blanc
révélé dans les maillots les plus pertur-
bants qu'on ait encore jamais vus. Ohé!
Vamour! c'est bien, en effet, l'amour ou
du moins tout ce qui lUI ressemble que
hèle cette jolie personne. Ohé 1 l'amour,
ohé ! et dans son collant bleu phosphore
de VAllumette chimique ! Olu!! Vamour,
ohé! à travers les arabesques ajourées
du plus suggestif Bas noir
J'suis le bas noir
Venez me voir..
Et sûr qu'on ira la voir, clamait-on,
hier, à lae sortie de la première, d'où le
mot de MlIe Yvette Guilbert, vente en
bonne camarade assister au triomphe
de la petite : - «C'est une bonne voix de
bas. »
Lundi 20 avril. -A la galerie Diirand-
Ruel, à l'exposition Matifra. - C'est une
bonne fortune pour un peintre que d'ins-
pirer un critique tel que M. Edouard
Sarradin. Un article publié par lui, dans
le Journal des Artistes, sur le peintre de
la Bretagne et de l'Ecosse m'a attiré dans,
la galerie Ruer; M. Sarradin n'a pas
menti, ce Maufra a l'étonnant pouvoir
d'évoquer l'âme même de la nature.
l'âme de la mer et l'âme des vallées.
Il a peint l'Océan splendide,immense et triste
D'ailleurs, pourquoi ne pas laisser *
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