Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1896-02-25
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 25 février 1896 25 février 1896
Description : 1896/02/25 (A5,N1246). 1896/02/25 (A5,N1246).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76203347
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/08/2014
CINQP'P' -^yyiSB. -N- vrn A- Cinq Centimes - Paris et Départements - Oing Qeil^îrrg'ès» -^Ç MARDI 23 FEVRIER 1898
':II ,---, -_. ,--
Quotidien, Littéraire, Artistique et Politique
Directeur
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106, RUE RICHELIEU, PARIS
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Un lu Six flots Trois lois Ho loi*
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FERNAND XAU
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numéro de demain, notre Supplément
hebdomadaire illustré en couleurs, et dont
voici le sommaire :
TEXTE
A travers champs : Une
nuit à l'Opéra ADOLPHE BRISSON.
Çà et là. SERGE.
Pensées et Impressions.. C. DE BEAUREGARD.
Les Liinbes G. RODENBACH.
*
Musique vocale PAUL MARCEL.
La Vie féminine JEANNE D'ANTILLY.
- La Mode au jour le jour. LUCE BÉRYL.
ILLUSTRATIONS
Hors texte Dessin de.. BAC.
A travers champs : Une
nuit à l'Opéra. — Il-
lustrations de
Les Limbes. — Compo-
sition de. BOICHARD.
Déjeuner d'artiste.-Des-
sin de. Luc LEGUEY.
Dessins de mode. LUCE BÉRYL,
MUSIQUE
Les soirs d'amour :
Poésie de. MAURICE BouxAy. -
Musique de.. ISIDORE DE LARA.
Ça grouille !
Je ne sais si vous vous en j-endca
compte, étant vous-mêmes des fiévreux
de sa fièvre, mais l'époque que nous tra-
versons est très curieuse et puissam-
ment pathétique.
Il est certain que son intérêt n'échap-
pera pas aux futurs historiographes du
siècle, le plus mouvementé, d'ailleurs,
de tous les siècles jusqu'à présent vécus
par le genre humain, et celui où il se
sera le mieux débattu contre les fatalités
qui l'écrasent. Jamais Sisyphe, le rou-
leur de pierres, n'aura monté si haut
sur la pente infernale.
Sans attendre les historiographes, les
hommes doués du sens spéculatif et les
contemporains exercés à philosopher sur
les nécessités et les contingences, tous
les sages enfin vous diront que nous
sommes en plein dans la grande bous-
culade annoncée par les prophètes et
que, si vous ne la voyez pas, il faut vous
faire opérer de la cataracte, car les ho-
rions et les coups grêlent déjà autour de
vous.
On ne sait pas très bien ce que les peu-
ples veulent, mais ils veulent quelque
chose, et quelque chose qu'ils n'ont pas,
ou ne croient pas avoir, et, pour eux,
cela revient au même. Je vous parle des
peuples dirigeants et conducteurs des
autres, des peuples du Vieux Monde, de
ceux qui marchent en tête du bétail de
Dieu, la sonnette au cou. Ils sont appa-
rus sur les crêtes et déjà, dans quelques
vallées fertiles, ils comptent d'assez
beaux ravages. Or, ces ravages ne sont
rien auprès de ceux dont ils menacent
la société européenne. Les traditions, les
croyances, les lois, les usages, les mœurs,
et les idées aussi, dites-le vous, soyez-en
sûrs, tout est dévolu au chambard. Et ca
commence. u
ci 1 on ne sait pas encore ce que les
peuples veulent, on sait déjà très nette-
ment ce dont ils ne veulent plus.
Ce n'est pas d'hier que notre France
même, qui pourtant demeure encore à
l'avant-garde, a déclaré la faillite de la
Révolution française. Elle la dénonça
d'abord, et pour la première fois, dès le
Directoire, ce temps singulier qui res-
semble tant au nôtre. Comme la lassi-
tude de la bonne créancière était préma-
turée, elle le sentit et elle accorda à la
débitrice ce concordat de gloire qu'on a
appelé l'Empire.. Mais la transaction
ayant avorté à Waterloo, et la Révolu-
tion s'avouant insolvable, il fallut bien
que la France la fît vendre. Elle la mit à
la rue, avec son bois de lit et ce qu'elle
avait sur le corps.
Vers le milieu du siècle, la Révolution
reparut et offrit des acomptes de liberté,
de justice et de réformes, et la France,
toujours bonne fille, ou bonne mère,
plutôt, lui renouvela son concordat, afin
de lui sauver l'honneur. Le crédit dura
acompte ouvert pendant vingt-deux ans,
où la créancière ne toucha que la
monnaie de singe du bien-être, et puis
ce fut le pouf dit de Sedan, un autre
Waterloo, mais sans carré, celui-là 1
C'en était trop, et la Révolution se
fichait du monde. Le scandale était im-
mense. Tellement immense, que la
France en eut peur, et, craignant la ri-
sée du monde, racheta elle-même sa
créance séculaire et se substitua à la,
débitrice'. - Je me les payerai à moi-
même, déclara-t-elle, toutes ces dettes
de réformes, de progrès et de libération
contractées sous serment, en 1789, dans
une salle de jeu de paume !
Il y a aujourd'hui vingt-cinq ans, ceux
du dernier quart du siècle, qu'elle a pris
cet engagement, est, de versements, pas
l'ombre ! De tous ces billets révolution-
naires, les uns sont protestés et les au-
tres usés de renouvellements dérisoires.
C'est à peine si la France en paie les in-
térêts de retard, afin d'apaiser la horde
terr. de ces juifs qui se sont abattus
sur elle, auxquels Edouard Drumont
jure qu'elle est en proie et qui, demain,
la saisiront par droit d'hypothèque et de
préemption.
Voilà ce dont les peuples ne veulent
plus, en attendant qu'on sache ce qu'ils
veulent, et le chambard est là.
Il était de toute évidence que du mo-
ment où la France assumait la créance et
se faisait elle-même révolutionnaire, elle
ne pouvait plus trouver son pain quoti-
dien que dans l'application du pro-
gramme libérateur de 89 et de ses co-
rollaires. Chaque soleil nouveau qui se
lève sur ses blés et ses vignes, biens de
garantie, devait éclairer la mort d'une
routine, l'abolition d'un abus, l'exécu-
routine,
tion d'une injustice, et chaque lune, qui
lui fixait le repos de labeur, devait l'en-
dormir sur un progrès accompli. Ce n'é-
tait qu'à ce prix qu'elle rachetait son
passé monarchique à son avenir démo-
cratique, et seulement ainsi elle se sol-
lait de sa propre dette de liberté !
Eh bien 1 bons tenants du pacte de 89,
vous en êtes à 88, et vous venez de vous
en apercevoir. Vous qui souffrez, vous
souffrez de la même façon que souffraient
vos pères, et point d'autre manière.Vous
qui, par chance, êtes heureux, l'êtes
grâce aux mêmes iniquités que celles où
ils volaient l'illusion du bonheur. Vous
qui êtes riches et fortunés, vous ne leur
en redevez pas un cadavre. Vous qui
êtes puissants et glorieux, c'est à la
même méprise qu'il faut en reporter
l'erreur. La justice n'a point changé ses
faux poids. Le plus fort mange, comme
il la mangeait, la cervelle du plus faible.
C'est cent ans de perdus. Nous en som-
mes à 88, vous dis-je.
Hélas! nous en sommes plus loin en-
core! Depuis combien de temps pleut-il
de la boue? A combien d'années re-
monte, à compter du Panama seule-
ment, cette série ininterrompue d'orages
de honte qui s'enchaînent les uns aux
autres, sans éclaircie de bleu, et semble
avoir changé l'élément même de l'air
que nous respirons? Pesez ce qu'aux
misères- séculaires s'ajoute d'ignominie
contemporaine, et demandez-vous, avec
les peuples écœurés de dégoût, ce que
dans cette triple faillite de la Révolu-
tion, la République française a gagné à
se changer en France républicaine.
Oh! oui, l'époque que nous passons
est étrange et pathétique, et, sans être
devin on peut prédire aux hommes de
bonne volonté que ceux qui verront finir
lÊiiàole vont voir des choses extraordi-
naires, très prévues et, s'il plaît à Dieu,
consolantes. Et, je le répète, ça com-
mence, si c'est commencer que d'em-
mancher de forts balais à de forts bâtons,
dans l'ombre.
Ce qu'ils veulent, les peuples, qui le
dira? Mais ce dont ils ne veulent plus,
regardez autour de vous pour l'appren-
dre. Un coup d'œil à droite, un coup
d'œil à gauche, un autre en haut, un
quatrième en bas, et vous serez fixés. La
troisième faillite de la Révolution est
trop frauduleuse tout de même. Cette
race de gaulois dont nous sommes est
expugnablement honnête et droite, en
dépit du croisement des races envahis-
seuses, et il n'était pas possible, que,
spirituelle aussi, comme elle l'est, elle
supportât plus longtemps (les cent ans
sont passés), la mauvaise blague d'une
telle mystification. Ne vous étonnez pas
si elle veut passer à d'autres exercices,
tels que celui de tremper une soupe aux
écornifleurs.
Cette soupe bout dans la marmite,
voilà ce que voient les philosophes.
Quant à la Révolution et à son pro-
gramme inappliqué, on peut encore se
demander si le respect national pour les
héros de liberté qui l'ont promulgué et
scellé de leur sang, sauvera la Répu-
blique, idéal passionné des hommes de
mon âge et rêve de leur jeunesse géné-
reuse. Nombre de désabusés estiment
que, si elle sauve la France et la patrie
française, ce sera déjà un beau résultat,
qu'il ne faut plus en espérer davantage
et que nos enfants, s'ils en ont le goût,
feront le reste. Toujours est-il que ça
grouille et que l'on a vu Hercule rôder
du côté des écuries d'Augias.
ÉMILE BERGERAT.
LES VAINES RIMES
BALLADE
DE
FANANT OUI VOUDRAIT VOIR SOURIRE
- LES YEUX DE SA MAITRESSE
Vous ne savez pas ce qu'on a
De chagrin pour la moindre chose
Que celle à qui l'on se donna
Vous dénie, un instant morose.
Si petite qu'en soit la cause,
Sur notre cœur désabusé
Le vautour-désespoir se pose.
Je meurs d'un regard refusé 1
Moins blanche parut Helena
Aux bords que Simoïs arrose;
Moins belle se torsionna
Daphné, la nymphe, en laurier-rosé ;
Et tu veux bien, lorsque je cause,
Ecouter mon souffle embrasé ;
Mais votre paupière s'est close.
Je meurs d'un regard refusé.
Lorsque mon baiser s'acharna
A tes seins sans pitié ni pause,
Tes seins, double neige d'Etna,
S'érigent en apothéose ;
Mais quand, bien plus qu'on nepeut, j'ose,
Je te vois, mal récompensé,
Guetter une métamorphose.
Je meurs d'un regard refusé.
ENVOI
Prince ! encor que la seule Rose
Me parfume, et qu'on m'ait casé
Roi, pape, aux îles de Formose,
Je meurs d'un regard refusé.
CATULLE MENDÈS.
24 février 1896.
NOS ÉCHOS
LA TEMPÉRATURE
Paris.'— La plus basse de la
nuit, à 7 h. 40 du matin.. 3° au-dessous
La plus élevée du jour, à
2 h. 3o du soir 40 9 au-dessus
Baromètre. — Stationnaire. — A 9 h. du
soir : 769 m/»»5
Temps probable pour aujourd'hui : Assez
beau. Température un peu basse.
[ Arcachon, 24 fév. — Temps splendide, ioo.
L'ARMEE
0
uelques officiers supérieurs et capitai-
nes du service d'état-major vont être
1 objet de citations élogieuses pour leurs
travaux personnels.
Les officiers de tous grades de l'infanterie
qui passent une partie de leur hiver à rédiger
des mémoires, des rapports, des études his-
toriques, géographiques et techniques, de-
mandent s'il ne serait pas possible de leur
accorder les mêmes témoignages de satis-
faction qu'à leurs camarades des autres armes
et services.
L
e général Duchesne est allé rendre visite
à M. Hanotaux, qui lui avait, en qualité
de ministre des affaires étrangères, donné
ses instructions spéciales pour le traité im-
posé au gouvernement des Hovas.
M.
René Fabry, officier au 296 dragons,
qui avait pour parrains le capitaine
Périer et le vicomte de Grouchy, a été admis
membre permanent, hier, au scrutin du Cer-
cle de la rue Royale.
LE MONDE
M
le Président de la République a reçu,
hier matin, M. Cambon, gouverneur
général de 1 Algerie ; les maires d'Alger et de
Mustapha ; le président de la Chambre de
Commerce d'Alger ; le vice-amiral Rieunier ;
le général de Torcy ; M. d'Angelès, ministre
plénipotentiaire chargé des fonctions de
consul général de France à Anvers.
M. Félix Faure a reçu, en outre, les re-
présentants de la Haute-Savoie, accompa-
gnés de M. Couyba, professeur agrégé de
l'Université, qui lui ont remis la lettre de-
mandant la grâce de M. Baïhaut, ancien dé-
puté de la Haute-Savoie.
Le Président de la République a répondu
qu'il transmettrait, selon l'usage, cette sup-
plique au-garde des sceaux, pour être "re-
mise à la commission des grâces, et qu'il
prendrait une décision lorsque la commis-
sion des grâowu. iur aurait fait connaître le
résultat de son enquête.
A
u cours de son voyage sur le littoral, le
Président de la République se rencon-
trera avec 1 empereur d'Autriche. C'est la
première fois qu'un Président de la Républi-
que aura une entrevue avec un des souve-
rains des nations faisant partie de la Triple-
Alliance.
C'est le 5 mars que l'empereur d'Autriche
viendra saluer M. Félix Faure à l'Hôtel de
Ville de Menton. Le Président de la Répu-
blique lui rendra visite au Cap Martin quel-
ques heures après. Tous les détails de l'en-
trevue ont été définitivement arrêtés il y a
quelques jours à peine.
c
5 est ce soir que le président du Sénat et 1
Mme Loubet offrent un dîner aux mem- I
bres des bureaux des deux Chambres et aux
ministres.
Le dîner sera suivi d'une réception pour
laquelle on a lancé des invitations indivi-
duelles.
L
e Président de la République vient d'in-
former M. Chauvet. sénateur de l'Oise
et maire de Compiègne, qu'il se rendrait à
Compiègne, dans le courant de mai ou de
juin, pour visiter le château et la forêt.
L
5 empereur d'Autriche est arrivé, hier,
par train spécial, à Menton, à 10 heu-
res 1/2, accompagné du comte de Wolkens-
tein, grand écuyer ; du comte Paar, premier
aide de camp; du chevalier Claudi. maréchal
des voyages, et d'une suite de huit person-
nes. L'empereur voyageant dans le plus
strict incognito, aucune réception officielle
n'a eu lieu.
L'impératrice Elisabeth et sa sœur, la
comtesse Trani, l'attendaient sur le quai. En
descendant du train, l'empereur a embrassé
l'impératrice ; puis M. Paoli, commissaire
spécial, a souhaité la bienvenue au souve-
rain.
Une foule nombreuse attendait aux abords
de la gare et a salué les souverains qui sont
partis en victoria pour le Cap Martin. - t
Les obsèques de l'amiral Kologueras ont
JL/ eu lieu, hier, à Athènes. La famille
royale y assistait.
M.
Louis Lucipia, président du conseil
général de la Seine, vient de perdre
son beau-père, M. Millochau, mort à Paris
dans sa soixante-onzième année.
S
oirée musicale entre intimes, dimanche,
chez notre confrère 0. Lartigues. Au
programme : Mlle Kerrion, dont la belle voix
de contralto a fait plaisir ; Mlle Agostini, une
charmante jeune fille à la voix fraîche et
agile; M. Achille Kerrion, le violoncelliste
bien connu, et enfin la maîtresse de la mai-
son qui a dit, avec un charme exquis, le
poème de François Coppée ; l'Hirondelle de
Bouddah.
A
la Société des agriculteurs de France,
on prépare les élections pour le renou-
vellement annuel, du conseil et du bureau.
Le bruit s'est répandu que M. Henri de
Vilmorin portait sa candidature à la charge
de trésorier de la Société. Nous sommes au-
torisés à dire que cette nouvelle est inexacte.
M. Henri de Vilmorin fait, du reste, en ce
moment, un voyage d'exploration en Egypte.
0
n annonce le prochain mariage de M.
Alexandre Duval. administrateur délé-
gué des établissements Duval, avec Mlle Gé-
rard, sœur de Mme Gaston Worth.
J
eudi prochain, à l'église Saint-Eugène,
sera célébré le mariage de Mlle Elise
Ludwig avec M. Jbugene Moreau.
Sont attendus, demain, à Paris, l'archidu-
chesse Elisabeth, mère de la reine-ré-
gente d'Espagne, et l'archiduc Eugène, son
fils, venant de Madrid.
L'archiduchesse et son fils voyagent inco-
gnito, la première, sous le nom de comtesse
de Seelowitz, le second, sous celui de comte
de Busan. Ils sont accompagnés de la com-
tesse Daun et du comte Chotek. Leurs Al-
tesses se rendront à Cannes après un court
séj our à Paris.
ÇA ET LA
M
me Carnot vient de recevoir de M. Pou-
belle, préfet de la Seine, la lettre sui-
vante :
Madame,
La souscription ouverte parmi les fonction-
naires et les employés de mon administration
pour offrir une palme à la mémoire du Prési-
dent Carnot a laissé une somme disponible de
2,296 fr. 70.
J ai pensé, Madame, que le meilleur emploi
de cette somme et le plus conforme aux in-
tentions des souscripteurs, consisterait à l'at-
tribuer par vos mains à la Fondation créée
sur votre, désir à l'Académie des sciences mo-
rales et politiques, sous la dénomination de
Fondation Carnot ».
J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien
recevoir cette offrande.
Veuillez agréer, Madame, l'hommage de
mon plus profond respect.
Le préfet de la Seine.
POUBELLE.
En lui adressant ses vifs remerciements,
M'ne Carnot a répondu à M. le préfet de la
Seine qu'il ne pouvait trouver un emploi de
cette somme plus conforme à ses désirs.
Suivant cet exemple, le Journal tient à
la disposition de la « Fondation Carnot »
la somme de 1,807 fr. 70, montant, de la
souscription qu'il avait ouverte.
Mme Carnot a été profondément touchée
de ces nouvelles marques de respectueux
souvenirs données à la chère mémoire du
regretté Président.
La somme de 1,807 fr. 7°, dont il est
question plus haut, était, comme on le sait,
destinée à perpétuer la mémoire de Carnot,
sous la forme d'un monument. Le sculpteur
Caroen offrait le marbre, dans lequel il avait
taillé une .maîtresse œuvre : la Douleur,
qu'on a pu voir exposée dans notre Salle des
Dépêches.
Mais, qui le croirait? C'est, paraît-il,
chose difficile, en raison des ompétitions
administratives, de trouver à Paris un em-
placement pour un monument,— fût-il dressé
en l'honneur du premier magistrat du pays.
Las d'attendre une décision, désireux de ne
pas garder plus longtemps des fonds qui ne
nous ont été que confiés et certains de ré-
pondre au désir des souscripteurs, nous en
faisons l'affectation qu'on a pu voir plus
haut.
Quant à l'œuvre de Caro, il nous semble
qu'elle ne saurait être mieux placée qu'au
musée qui, à Dijon, sera consacré tout en-
tier au Président Carnot. Nous serions heu-
reux d'apprendre que tel est son avis.
Affiches illustrées
LES RÉFORMES DU CONSERVATOIRE
MAVIFESTK
Tragédiens !
Comédiens !j
Musiciens à vent et à cordes !
Le fauteuil directorial est libre.
Il faut que celui qui s'y installera ne suive pas les
errements des pontifes qui l'ont précédé et entre réso-
lument dans la voie des réformes nécessaires :
M. Réty se consacrant à la noble tâche d'utiliser sa
superbe collection de matériaux à la reconstruction de
l'Opéra-Comique, ce genre éminemment français, il
importe de désigner dès maintenant le seul directeur
possible, le seul qui ait encouragé les efforts des jeunes,
le seul qui ne vieillisse pas en blanchissant: Francis-
que Sarcey, en deux mots !
Sa connaissance absolue du piston l'ont depuis long-
temps recommandé aux musiciens ; et les ingénues des
classes dramatiques et lyriques ont toujours trouvé
chez lui une affection quasi-paternelle : il est l'oncle de
l'Agnès ! Ce sont des titres plus que suffisants.
Le maître se propose d'assurer la libre circulation
dans le faubourg Poissonnière et les rues qui entourent
le Conservatoire, en interdisant aux mères d'accompa-
gner leurs filles ailleurs que sur le piano, et de rajeu-
nir l'enseignement suranné, professé jusqu'à ce jour,
par la nomination de M. Galopeaux à la classe de cor,
de M. Armand Silvestre à la classe d'harmonie, et de
M"* Marcello Dartoy au cours de chant et de récla-
mation. !-"■
Imp. H.-G. Ibels et R. Meunier.
0
n nous annonce la mort de M. Alfred
Blau, un des auteurs des livrets de
Sigurd, de Salammbô et d'Esclarmonde.
M. A. Blau a succombé à une pneumonie
compliquée de congestion cérébrale dont il
avait été atteint à Bruxelles où il s'était rendu
pour assister à la reprise de Tannhauser.
p
rinces et rois, écrivains et artistes il-
lustres. qui sont rois et princes aussi.
férus du « beau » en tout, et de bien-être
experts et dilcttanti, sont les hôtee habituels
de l'Hôtel de la Grande-Bretagne, à Nice.
N'
ous apprenons la mort de M. Paul Le-
fort, sous-préfet de Gex, fils de l'excel-
lent inspecteur général de l'Assistance pu-
blique. bOl' , 1 é' ., d
Son amabilité exquise, la générosité de
ses sentiments et son dévouement a ses fonc-
tions, lui avaient assuré l'estime et la sym-
pathie de tous.
Cette fin prématurée plonge ses amis dans
la plus vive douleur, et nous en transmettons
l'expression à sa famille.
NOUVELLE A LA MAIN
D
eux employés se prennent de querelle.
— Tu es le plus parfait imbécile de
la création, dit l'un. - -
Entre doucement le chef de division.
— Je ne connais pas d'être plus idiot que
toi, réplique l'autre.
Le supérieur se montrant tout à coup, et
d'un ton conciliant.
— Pardon, Messieurs, vous oubliez que
je suis là.
LE DOMINO ROSE.
Piill-M Semaine
Dimanche 16 février. -Rue de Rivoli,
une heure moins le quart. — Je viens de
manquer le passage du Bœuf Gras. Le
cortège a débusqué à onze heures du
Palais de l'Industrie avec une précipita-
tion de zèbre poursuivi par des Malga-
ches ; il ne marche pas, cette année, le
Rœuf Gras, il court: que dis-je, il galope
et cette journée sera féconde en décep-
tions ; il a près de trois quarts d'heure
d'avance sur l'itinéraire annoncé. Invité
pour une heure moins le quart, heure à
laquelle il devait passer sous les fenê-
tres d'une maison amie, mon fiacre m'a
débarqué à midi et demie 180, rue de
Rivoli, juste pour voir osciller à la fa-
çon de grands bateaux démâtés les der-
niers chars de la cavalcade ; ils doivent
être maintenant à la hauteur de l'Hôtel
de Ville. Il me faut regretter, paraît-il,
un troupeau d'oies et de dindons esquis-
sant un pas de deux des plus divertis-
sants sous la baguette d'un pharamineux
manneqnin de pastoure.
C'est M. Lépine, avec son austérité
ennemie des ébats populaires, qui nous
vaut ce Bœuf Gras à la vapeur. autant
dire ce bœuf à l'étouffée, procédé de cui-
sine tout à fait à la mode-du jour. On
est forcé d'étouffer tant d'affaires aujour-
d'hui, et tout cela à cause des chanteurs
des cours !
Lundi 17 février. — Je joue de mal-
heur : je viens encore de manquer le
Bœuf Gras, cette fois aux Halles, rue
Turbigo, où les fenêtres d'un premier
avaient été obligeamment mises à ma
disposition par une des plus grosses
marchandes du pavillon des légumes,
une fervente lectrice de Raitif (on a son
petit public, même aux Halles). Mm0 Gré-
beauval est désolée ; j'ai manqué la cor-
beille de fleurs avec les roses animées,
des vraies femmes émergeant du buste
d'entre d'énormes pétales et envoyant
des baisers au public, la corbeille de
fleurs et le char des colonies, monsieur 1
avec un tas de sauvages, de bédouins et
de troglodytes, et, au-dessus, les domi-
nant sur une colonne commémorative,
un marin, un zouave et un soldat de
l'armée coloniale, c'était touchant. Vive
la France ! monsieur.
Au beau milieu du salon de velours
rouge, une vieille dame à cheveux blancs,
tête poudrée de marquise, m'impres-
sionne par son grand air, sa robe de bro-
cart marron à gros bouquets de roses
jannes et ses dormeuses aux oreilles, de
trois cents louis au moins ; c'est la grand'-
mère, l'aïeule de tous les Grébeauval,
forts et syndics à la marée, à la vallée,
côté des hommes, marchandes des pa-
villons, à la fleur ou aux légumes, côté
des femmes.
Cette vieille douairière a, pendant qua-
rante ans, levée tous les matins au petit
jour, vendu champignons, artichauts,
asperges et petits pois aux chefs des
premiers cabarets de Paris ; c'est dans
le froid des aubes mouillées d'hiver,dans
la chaleur lourde des aurores S été qu'elle
a péniblement gagné les bouquets de
soie brochés de sa robe et les diamants
de ses oreilles. Cette duchesse de la ver-
dure me rappelle tout à fait Mme Pasca ;
c'est elle qui, en 1854, en tête des dames
de la Halle, offrit le compliment et le
bouquet de fleurs traditionnels aux rele-
vailles de l'impératrice, une figure histo-
rique presque.
Dehors, c'est la bataille des serpentins
et, sur la joie populaire, énorme de ce
quartier de travailleurs, les giboulées
roses et vertes, jaunes et mauves des
confetti d'Italie, enveloppant d'une clarté
d'apothéose les contreforts sculptés de
Saint-Eustache.
Mardi 18 février.
Hélas, ton corps! ô ma longue et pâle malade,
Ton pauvre corps d'orgueil parmi les coussins blancs!.
Les maux serrent en toi leur nerveuse torsade
Et vers l'éternité tournent tes regards lents.
Tes yeux, réservoirs d'or profond, tes yeux bizarres
Et doux, sous ton front plan3, ont terni leurs ardeurs,
Comme meurent les soirs d'été dans l'eau des mares,
Mélancoliquement, dans tes grands yeux tu meurs.
Et c'est un spectacle un peu poignant,
d'une mélancolie délicate et rare, que de
voir cette frêle et svelte jeune femme, si
pâle dans ses amoncellements de cous-
sins de soie blanche et de blanches four-
rures, prendre plaisir à s'entendre ryth.-
mer par la voix d'un ami ces tragiques
alexandrins de Verhaeren.
Le décor est celui-là même chanté par
le poète, décor de luxe affiné et blanc,
au milieu duquel la malade, avec ses
larges yeux agrandis par des cernes
bleuâtres, le visage d'une transparence
de porcelaine, semble être l'héroïne de
l'écrivain flamand. Dehors, c'est le so-
leil et la gaieté presque printanière du
plus beau « Mardi-Gras » qu'on ait eu
depuis dix ans ; mais, dans ce tranquille
et somptueux quartier de l'Etoile, pas un
cri de masque, pas un envol de serpen-
tin, pas un confetti, le bruit et le mou-
vement sont aux boulevards extérieurs,
à la Chapelle, à la Villette, où le cortège
de Zidler promène aujourd'hui ses
chars ; et, dans le vaste et calme rez-de-
chaussée, où la jolie créature s'anémie,
confinée, depuis son trop prompt retour
du Midi, d'énormes gerbes de lilas blanc
et d'inquiétants iris noirs de Menton en-
têtent, font une sorte de chapelle ardente
de fleurs à la mince et blanche courti-
sane, si chimériquement princesse de
conte dans sa longue robe de velours
blanc rebrodée d'arabesques d'or. Et
c'est encore elle que semblent chanter
les beaux vers du poète :
Et je la couche en rêve au fond du bateau noir,
Qui conduisait jadis, aux temps chanteurs des fées,
Vers leurs tombeaux ornés d'ombre, comme un beau soir,
— Traînes au fil des eaux et robes dégrafées —
Les défuntes d'amour dont les purs yeux lointains
Brillent dans le hallier, les bois et dans les landes,
Et dont les longs cheveux d'argents et de satins,
Comme des clairs de lune, ardent dans les légendes.
Mercredi 19 février. — A VAmbigu, à
la première des « Deux Gosses ». — Un
régal, un émerveillement; comme une
impression d'air pur et de fraîcheur pour
ce public de sceptiques et de blasés, les
scènes d'enfants de ce drame un peu
gros peut-être, aux ficelles maladroites,
mais dont toutes les situations péril-
leuses sont sauvées par la sincérité d'é-
motion, l'observation exacte et la re-
cherche d'art (oui, d'art à l'Ambigu), de
tous les passages où l'on nous montre
ensemble Fanfan et Claudinet.
Et quelle interprétation l Deux actrices,
l'une presque de province, l'autre des
théâtres à côté, viennent de s'y révéler
si personnelles, si artistement vraies,
qu'elles ont, du premier coup, conquis
la salle et la critique, et qu'on ira demain
voir mesdemoiselles Marthe Mellot et
Hélène Reyé dans les Deux Gosses,
comme on est allé voir, il y a vingt ans,
mademoiselle Granier dans le Petit Duc,
et, il y a trois mois, madame Réjane
dans Viveurs.
Et le pittoresque dans Je déguenillé
des costumes, les loques éloqû&Dtes, les
velours élimés et les tricots en menton-
nière, raconteurs de tant de détresses
et de souffrances subies, des deux petits
vagabonds, les gestes étriqués, les- re-
culs peureux, la prière de ces pauvres
petits corps grelottants d'enfants mal-
traités et battus, les sourdes révoltes
grondantes de Mlle Mellot-Fanfan défen-
dant Claudinet contre le père La Lima-
ce, sa sollicitude maternelle pour le pe-
tit poitrinaire et la tendresse navrante,
à faire pleurer, des adieux des deux pe-
tits gueux.
Surtout,prends bien ton foie de morue.
Dès le lever du rideau sur la roulotte
du terrible couple La Limace, on a senti
que la bataille était gagnée. Tous mer-
veilleux d'ailleurs d'attitudes et de cos-
tumes, les escarpes et les surineurs de
M. Decourcelle, depuis Decori, d'une
ignominie encore jamais atteinte dans le
rôle du forain assassin, jusqu'à MIU
Moïna Clément, une espèce de femme
Thénardiers épique, tous .jusqu'au co-
lossal Mulot, l'hercule en rupture d'a-
rènes, et le larveux, le mince et-vipérin
Fadart.
Un cauchemar de réalités rencontrées
et reconnues que les silhouettes Tmsé-
reuses de Milos Mellot et Reyé traversent
à la façon de deux angelots du trottoir.
RAITIF DE LA BRETONNE.
A la suite de mon dernier Lorrain, in-
titulé la Vache enragée, M. Félicien
Champsaur m'adresse cette lettre en en
demandant l'insertion.
SjSMtBMttHMSX~ Paris, le 24 février 1896.
Mon cher Lorrain, 41
Je vous remercie de l'effort de mémoire que
vous avez fait pour moi. Mais elle vous -a
trompé. Quand j'ai publié mon premier roman,
Dinah Samuel, à vingt-un ans, il y avait deux
ans que je chroniquais en tète de ces jour-
naux : Figaro, Gaulois, Evénement, Voltaire.
Il y a là une erreur de fait pour laquelle je
vous prie, sans user de mon droit, d insérer
cette lettre.
Pourquoi cette désinvolture aussi, mon cher
Lorrain, pour ce livre dont vous avez été si
enthousiaste que vous en avez eu — vous me
l'avez écrit — « la préoccupation de mon style
et de ma manière » ? Vous étiez un Parnassien
attardé, rimeur de la forêt bleue, Jehan Lor-
rain; après m'avoir lu et après avoir causé
avec moi, vous êtes devenu Jean Lorrain
(sans h). Je n'insiste pas, pour que vous puis-
siez insérer cette lettre.
La roublardise, — dont je n'ai pas à vous
donner des leçons, bien que je vous en aie
donné de modernité, perdues sans doute dans
les brumes de vos souvenirs, — c'est d'avoir
dans son ceuvre, entre autres,- Dinah Sumuel,
l'Amant des Danseuses, et 'ce triptyque* le
Mandarin, publié dans ce journal meme, avec
ces trois livres : Marquisette, Un Maître, l'E-
pouvante. Voulez'vous que je vous passe la
plume?
Cordialement toujours, .,'-
FÉLICIEN CHAMPSAUR.
Lorrain, élève de Champsaur, c'est
trop joli. le public appréciera. Moi, je
ne réponds pas. «,
--, J* L.
LA VIE DROLE
Par ALPHONSE ALLAIS
HISTOIRE DE POILS w
*
— Je suis bien sûr que vous ne me recon-
naissez pas, dit l'homme qui venait de me
serrer la main.
— Mon Dieu ! monsieur, votre regard ne
m'est pas inconnu, non plus que le timbre
de votre voix, mais ma souvenance est dénuée
de précision.
— Comment ! vous ne vous rappelez pas ?.
Il y a deux ans, à l'écluse Saint-Julien, quand
vous veniez me voir avec Mirbeau.
— Kariste! *
— Lui-même !
— Quantum mutatus?
- Vous me trouvez changé ? ■
— Dame ! Vos cheveux, où sont-ils ? eux,
jadis si tumultueux! Et votre barbe, com-
ment dirai-je ? tant fluviale, naguère!
— Que diriez-vous donc,si vous voyiez mon
âme ?
- Vous devriez la faire peindre, votre âme,
puisque si curieuse ! Il y a des artistes pour
ça, maintenant.
- Ah ! Oui, les peintres de l'âme ! Croyez-
vous, hein?
— C'est une bonne idée que ces messieurs
ont eue de s'adonner à cette spécialité. Dire
qu'on n'avait jamais pensé à ça, avant eux !
- Moi (Mirbeau a dû vous le dire), je peins
maintenant des têtes de vainqueurs sur les
boîtes d'allumettes et de jolies petites bonnes
femmes sur les émaux de Pennelier.
— Ça vaut mieux que d'aller au café; niais,
dites-moi, Kariste, en quels gouffres s'englou-
tirent vos cheveux, en quels abysmes votre
barbe ?
— C'est une étrange histoire que la dis-
parition progressive de mon jadis opulent
système pileux!. Etrange et comique à la
fois !
— Kariste, vous n'allez pas me raconter
Champignol malgré lui (r).
— Ni malgré lui, ni malgré un autre, ni
malgré personne. On ne doit rien faire mal-
gré personne, car si vous avez raison, les
autres sont loin d'avoir tort f
— Votre bienveillance, charmante d'ail-
leurs, ne ime dit pas le pourquoi de votre
crâne tondu et de votre barbe rase aux
joues.
- Cette aventure capillaire semble vous
passionner tant et tant, mon ami, que je vat,
vous la dire.
— Vous m'obligerez. - '.;
Et Kariste me conta sa petite histoire.
Quand il se fut aperçu de l'inanité de l'Art
pour l'Art, quand il eut reconnu la pénible
pour l'Ardt, 'essayer à figer sur des toiles la
niaiserie d'essayer à figer sur des toiles II¡
Nature, la belle, radieuse, fraîche, éclatante
Nature, à la figer moyennant les fangeuses
pâtes des marchands de couleurs, quand il
eut. Mais assez, ne dites pas de mal de la
peinture, mon garçon !
Alors, il se rangea et épousa la fille de son
patron..
Stratagème d'autant plus roublard qu'il n'a-
vait pas de patron et que son patron n'avait
pas de fille.
En vérité, c'est qu'il épousa la fille du pa-
tron d'un autre.
Cette jeune personne exigea de Kariste
qu'il fit, avant l'hymen, couper ses cheveux
et sa barbe, et que sa garde-robe de désor-
mais sortît de la Belle Jardinière, ainsi que
celle des gentlemen vraiment dignes de ce
nom.
Kariste s'engagea à tout ce qu'on voulut,
mais, le jour de la noce, il s'amena froider
ment, sans avoir perdu, aurait dit Gambetta,
une pierre des forteresses de sa chevelure, ni
un pouce de terrain de sa barbe. - 1
(r) Champignol malgré lui est une pièce
qui fut représentée avec un vif succès ac1
théâtre des Nouveautés. Actuellement, off
Joue À ce théâtre Innocent! un vaudeville ec
trois actes, qui restera comme l'honneur de
l'art dramatique contemporain, en général, 0
de la direction Micheau, en particulier
':II ,---, -_. ,--
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numéro de demain, notre Supplément
hebdomadaire illustré en couleurs, et dont
voici le sommaire :
TEXTE
A travers champs : Une
nuit à l'Opéra ADOLPHE BRISSON.
Çà et là. SERGE.
Pensées et Impressions.. C. DE BEAUREGARD.
Les Liinbes G. RODENBACH.
*
Musique vocale PAUL MARCEL.
La Vie féminine JEANNE D'ANTILLY.
- La Mode au jour le jour. LUCE BÉRYL.
ILLUSTRATIONS
Hors texte Dessin de.. BAC.
A travers champs : Une
nuit à l'Opéra. — Il-
lustrations de
Les Limbes. — Compo-
sition de. BOICHARD.
Déjeuner d'artiste.-Des-
sin de. Luc LEGUEY.
Dessins de mode. LUCE BÉRYL,
MUSIQUE
Les soirs d'amour :
Poésie de. MAURICE BouxAy. -
Musique de.. ISIDORE DE LARA.
Ça grouille !
Je ne sais si vous vous en j-endca
compte, étant vous-mêmes des fiévreux
de sa fièvre, mais l'époque que nous tra-
versons est très curieuse et puissam-
ment pathétique.
Il est certain que son intérêt n'échap-
pera pas aux futurs historiographes du
siècle, le plus mouvementé, d'ailleurs,
de tous les siècles jusqu'à présent vécus
par le genre humain, et celui où il se
sera le mieux débattu contre les fatalités
qui l'écrasent. Jamais Sisyphe, le rou-
leur de pierres, n'aura monté si haut
sur la pente infernale.
Sans attendre les historiographes, les
hommes doués du sens spéculatif et les
contemporains exercés à philosopher sur
les nécessités et les contingences, tous
les sages enfin vous diront que nous
sommes en plein dans la grande bous-
culade annoncée par les prophètes et
que, si vous ne la voyez pas, il faut vous
faire opérer de la cataracte, car les ho-
rions et les coups grêlent déjà autour de
vous.
On ne sait pas très bien ce que les peu-
ples veulent, mais ils veulent quelque
chose, et quelque chose qu'ils n'ont pas,
ou ne croient pas avoir, et, pour eux,
cela revient au même. Je vous parle des
peuples dirigeants et conducteurs des
autres, des peuples du Vieux Monde, de
ceux qui marchent en tête du bétail de
Dieu, la sonnette au cou. Ils sont appa-
rus sur les crêtes et déjà, dans quelques
vallées fertiles, ils comptent d'assez
beaux ravages. Or, ces ravages ne sont
rien auprès de ceux dont ils menacent
la société européenne. Les traditions, les
croyances, les lois, les usages, les mœurs,
et les idées aussi, dites-le vous, soyez-en
sûrs, tout est dévolu au chambard. Et ca
commence. u
ci 1 on ne sait pas encore ce que les
peuples veulent, on sait déjà très nette-
ment ce dont ils ne veulent plus.
Ce n'est pas d'hier que notre France
même, qui pourtant demeure encore à
l'avant-garde, a déclaré la faillite de la
Révolution française. Elle la dénonça
d'abord, et pour la première fois, dès le
Directoire, ce temps singulier qui res-
semble tant au nôtre. Comme la lassi-
tude de la bonne créancière était préma-
turée, elle le sentit et elle accorda à la
débitrice ce concordat de gloire qu'on a
appelé l'Empire.. Mais la transaction
ayant avorté à Waterloo, et la Révolu-
tion s'avouant insolvable, il fallut bien
que la France la fît vendre. Elle la mit à
la rue, avec son bois de lit et ce qu'elle
avait sur le corps.
Vers le milieu du siècle, la Révolution
reparut et offrit des acomptes de liberté,
de justice et de réformes, et la France,
toujours bonne fille, ou bonne mère,
plutôt, lui renouvela son concordat, afin
de lui sauver l'honneur. Le crédit dura
acompte ouvert pendant vingt-deux ans,
où la créancière ne toucha que la
monnaie de singe du bien-être, et puis
ce fut le pouf dit de Sedan, un autre
Waterloo, mais sans carré, celui-là 1
C'en était trop, et la Révolution se
fichait du monde. Le scandale était im-
mense. Tellement immense, que la
France en eut peur, et, craignant la ri-
sée du monde, racheta elle-même sa
créance séculaire et se substitua à la,
débitrice'. - Je me les payerai à moi-
même, déclara-t-elle, toutes ces dettes
de réformes, de progrès et de libération
contractées sous serment, en 1789, dans
une salle de jeu de paume !
Il y a aujourd'hui vingt-cinq ans, ceux
du dernier quart du siècle, qu'elle a pris
cet engagement, est, de versements, pas
l'ombre ! De tous ces billets révolution-
naires, les uns sont protestés et les au-
tres usés de renouvellements dérisoires.
C'est à peine si la France en paie les in-
térêts de retard, afin d'apaiser la horde
terr. de ces juifs qui se sont abattus
sur elle, auxquels Edouard Drumont
jure qu'elle est en proie et qui, demain,
la saisiront par droit d'hypothèque et de
préemption.
Voilà ce dont les peuples ne veulent
plus, en attendant qu'on sache ce qu'ils
veulent, et le chambard est là.
Il était de toute évidence que du mo-
ment où la France assumait la créance et
se faisait elle-même révolutionnaire, elle
ne pouvait plus trouver son pain quoti-
dien que dans l'application du pro-
gramme libérateur de 89 et de ses co-
rollaires. Chaque soleil nouveau qui se
lève sur ses blés et ses vignes, biens de
garantie, devait éclairer la mort d'une
routine, l'abolition d'un abus, l'exécu-
routine,
tion d'une injustice, et chaque lune, qui
lui fixait le repos de labeur, devait l'en-
dormir sur un progrès accompli. Ce n'é-
tait qu'à ce prix qu'elle rachetait son
passé monarchique à son avenir démo-
cratique, et seulement ainsi elle se sol-
lait de sa propre dette de liberté !
Eh bien 1 bons tenants du pacte de 89,
vous en êtes à 88, et vous venez de vous
en apercevoir. Vous qui souffrez, vous
souffrez de la même façon que souffraient
vos pères, et point d'autre manière.Vous
qui, par chance, êtes heureux, l'êtes
grâce aux mêmes iniquités que celles où
ils volaient l'illusion du bonheur. Vous
qui êtes riches et fortunés, vous ne leur
en redevez pas un cadavre. Vous qui
êtes puissants et glorieux, c'est à la
même méprise qu'il faut en reporter
l'erreur. La justice n'a point changé ses
faux poids. Le plus fort mange, comme
il la mangeait, la cervelle du plus faible.
C'est cent ans de perdus. Nous en som-
mes à 88, vous dis-je.
Hélas! nous en sommes plus loin en-
core! Depuis combien de temps pleut-il
de la boue? A combien d'années re-
monte, à compter du Panama seule-
ment, cette série ininterrompue d'orages
de honte qui s'enchaînent les uns aux
autres, sans éclaircie de bleu, et semble
avoir changé l'élément même de l'air
que nous respirons? Pesez ce qu'aux
misères- séculaires s'ajoute d'ignominie
contemporaine, et demandez-vous, avec
les peuples écœurés de dégoût, ce que
dans cette triple faillite de la Révolu-
tion, la République française a gagné à
se changer en France républicaine.
Oh! oui, l'époque que nous passons
est étrange et pathétique, et, sans être
devin on peut prédire aux hommes de
bonne volonté que ceux qui verront finir
lÊiiàole vont voir des choses extraordi-
naires, très prévues et, s'il plaît à Dieu,
consolantes. Et, je le répète, ça com-
mence, si c'est commencer que d'em-
mancher de forts balais à de forts bâtons,
dans l'ombre.
Ce qu'ils veulent, les peuples, qui le
dira? Mais ce dont ils ne veulent plus,
regardez autour de vous pour l'appren-
dre. Un coup d'œil à droite, un coup
d'œil à gauche, un autre en haut, un
quatrième en bas, et vous serez fixés. La
troisième faillite de la Révolution est
trop frauduleuse tout de même. Cette
race de gaulois dont nous sommes est
expugnablement honnête et droite, en
dépit du croisement des races envahis-
seuses, et il n'était pas possible, que,
spirituelle aussi, comme elle l'est, elle
supportât plus longtemps (les cent ans
sont passés), la mauvaise blague d'une
telle mystification. Ne vous étonnez pas
si elle veut passer à d'autres exercices,
tels que celui de tremper une soupe aux
écornifleurs.
Cette soupe bout dans la marmite,
voilà ce que voient les philosophes.
Quant à la Révolution et à son pro-
gramme inappliqué, on peut encore se
demander si le respect national pour les
héros de liberté qui l'ont promulgué et
scellé de leur sang, sauvera la Répu-
blique, idéal passionné des hommes de
mon âge et rêve de leur jeunesse géné-
reuse. Nombre de désabusés estiment
que, si elle sauve la France et la patrie
française, ce sera déjà un beau résultat,
qu'il ne faut plus en espérer davantage
et que nos enfants, s'ils en ont le goût,
feront le reste. Toujours est-il que ça
grouille et que l'on a vu Hercule rôder
du côté des écuries d'Augias.
ÉMILE BERGERAT.
LES VAINES RIMES
BALLADE
DE
FANANT OUI VOUDRAIT VOIR SOURIRE
- LES YEUX DE SA MAITRESSE
Vous ne savez pas ce qu'on a
De chagrin pour la moindre chose
Que celle à qui l'on se donna
Vous dénie, un instant morose.
Si petite qu'en soit la cause,
Sur notre cœur désabusé
Le vautour-désespoir se pose.
Je meurs d'un regard refusé 1
Moins blanche parut Helena
Aux bords que Simoïs arrose;
Moins belle se torsionna
Daphné, la nymphe, en laurier-rosé ;
Et tu veux bien, lorsque je cause,
Ecouter mon souffle embrasé ;
Mais votre paupière s'est close.
Je meurs d'un regard refusé.
Lorsque mon baiser s'acharna
A tes seins sans pitié ni pause,
Tes seins, double neige d'Etna,
S'érigent en apothéose ;
Mais quand, bien plus qu'on nepeut, j'ose,
Je te vois, mal récompensé,
Guetter une métamorphose.
Je meurs d'un regard refusé.
ENVOI
Prince ! encor que la seule Rose
Me parfume, et qu'on m'ait casé
Roi, pape, aux îles de Formose,
Je meurs d'un regard refusé.
CATULLE MENDÈS.
24 février 1896.
NOS ÉCHOS
LA TEMPÉRATURE
Paris.'— La plus basse de la
nuit, à 7 h. 40 du matin.. 3° au-dessous
La plus élevée du jour, à
2 h. 3o du soir 40 9 au-dessus
Baromètre. — Stationnaire. — A 9 h. du
soir : 769 m/»»5
Temps probable pour aujourd'hui : Assez
beau. Température un peu basse.
[ Arcachon, 24 fév. — Temps splendide, ioo.
L'ARMEE
0
uelques officiers supérieurs et capitai-
nes du service d'état-major vont être
1 objet de citations élogieuses pour leurs
travaux personnels.
Les officiers de tous grades de l'infanterie
qui passent une partie de leur hiver à rédiger
des mémoires, des rapports, des études his-
toriques, géographiques et techniques, de-
mandent s'il ne serait pas possible de leur
accorder les mêmes témoignages de satis-
faction qu'à leurs camarades des autres armes
et services.
L
e général Duchesne est allé rendre visite
à M. Hanotaux, qui lui avait, en qualité
de ministre des affaires étrangères, donné
ses instructions spéciales pour le traité im-
posé au gouvernement des Hovas.
M.
René Fabry, officier au 296 dragons,
qui avait pour parrains le capitaine
Périer et le vicomte de Grouchy, a été admis
membre permanent, hier, au scrutin du Cer-
cle de la rue Royale.
LE MONDE
M
le Président de la République a reçu,
hier matin, M. Cambon, gouverneur
général de 1 Algerie ; les maires d'Alger et de
Mustapha ; le président de la Chambre de
Commerce d'Alger ; le vice-amiral Rieunier ;
le général de Torcy ; M. d'Angelès, ministre
plénipotentiaire chargé des fonctions de
consul général de France à Anvers.
M. Félix Faure a reçu, en outre, les re-
présentants de la Haute-Savoie, accompa-
gnés de M. Couyba, professeur agrégé de
l'Université, qui lui ont remis la lettre de-
mandant la grâce de M. Baïhaut, ancien dé-
puté de la Haute-Savoie.
Le Président de la République a répondu
qu'il transmettrait, selon l'usage, cette sup-
plique au-garde des sceaux, pour être "re-
mise à la commission des grâces, et qu'il
prendrait une décision lorsque la commis-
sion des grâowu. iur aurait fait connaître le
résultat de son enquête.
A
u cours de son voyage sur le littoral, le
Président de la République se rencon-
trera avec 1 empereur d'Autriche. C'est la
première fois qu'un Président de la Républi-
que aura une entrevue avec un des souve-
rains des nations faisant partie de la Triple-
Alliance.
C'est le 5 mars que l'empereur d'Autriche
viendra saluer M. Félix Faure à l'Hôtel de
Ville de Menton. Le Président de la Répu-
blique lui rendra visite au Cap Martin quel-
ques heures après. Tous les détails de l'en-
trevue ont été définitivement arrêtés il y a
quelques jours à peine.
c
5 est ce soir que le président du Sénat et 1
Mme Loubet offrent un dîner aux mem- I
bres des bureaux des deux Chambres et aux
ministres.
Le dîner sera suivi d'une réception pour
laquelle on a lancé des invitations indivi-
duelles.
L
e Président de la République vient d'in-
former M. Chauvet. sénateur de l'Oise
et maire de Compiègne, qu'il se rendrait à
Compiègne, dans le courant de mai ou de
juin, pour visiter le château et la forêt.
L
5 empereur d'Autriche est arrivé, hier,
par train spécial, à Menton, à 10 heu-
res 1/2, accompagné du comte de Wolkens-
tein, grand écuyer ; du comte Paar, premier
aide de camp; du chevalier Claudi. maréchal
des voyages, et d'une suite de huit person-
nes. L'empereur voyageant dans le plus
strict incognito, aucune réception officielle
n'a eu lieu.
L'impératrice Elisabeth et sa sœur, la
comtesse Trani, l'attendaient sur le quai. En
descendant du train, l'empereur a embrassé
l'impératrice ; puis M. Paoli, commissaire
spécial, a souhaité la bienvenue au souve-
rain.
Une foule nombreuse attendait aux abords
de la gare et a salué les souverains qui sont
partis en victoria pour le Cap Martin. - t
Les obsèques de l'amiral Kologueras ont
JL/ eu lieu, hier, à Athènes. La famille
royale y assistait.
M.
Louis Lucipia, président du conseil
général de la Seine, vient de perdre
son beau-père, M. Millochau, mort à Paris
dans sa soixante-onzième année.
S
oirée musicale entre intimes, dimanche,
chez notre confrère 0. Lartigues. Au
programme : Mlle Kerrion, dont la belle voix
de contralto a fait plaisir ; Mlle Agostini, une
charmante jeune fille à la voix fraîche et
agile; M. Achille Kerrion, le violoncelliste
bien connu, et enfin la maîtresse de la mai-
son qui a dit, avec un charme exquis, le
poème de François Coppée ; l'Hirondelle de
Bouddah.
A
la Société des agriculteurs de France,
on prépare les élections pour le renou-
vellement annuel, du conseil et du bureau.
Le bruit s'est répandu que M. Henri de
Vilmorin portait sa candidature à la charge
de trésorier de la Société. Nous sommes au-
torisés à dire que cette nouvelle est inexacte.
M. Henri de Vilmorin fait, du reste, en ce
moment, un voyage d'exploration en Egypte.
0
n annonce le prochain mariage de M.
Alexandre Duval. administrateur délé-
gué des établissements Duval, avec Mlle Gé-
rard, sœur de Mme Gaston Worth.
J
eudi prochain, à l'église Saint-Eugène,
sera célébré le mariage de Mlle Elise
Ludwig avec M. Jbugene Moreau.
Sont attendus, demain, à Paris, l'archidu-
chesse Elisabeth, mère de la reine-ré-
gente d'Espagne, et l'archiduc Eugène, son
fils, venant de Madrid.
L'archiduchesse et son fils voyagent inco-
gnito, la première, sous le nom de comtesse
de Seelowitz, le second, sous celui de comte
de Busan. Ils sont accompagnés de la com-
tesse Daun et du comte Chotek. Leurs Al-
tesses se rendront à Cannes après un court
séj our à Paris.
ÇA ET LA
M
me Carnot vient de recevoir de M. Pou-
belle, préfet de la Seine, la lettre sui-
vante :
Madame,
La souscription ouverte parmi les fonction-
naires et les employés de mon administration
pour offrir une palme à la mémoire du Prési-
dent Carnot a laissé une somme disponible de
2,296 fr. 70.
J ai pensé, Madame, que le meilleur emploi
de cette somme et le plus conforme aux in-
tentions des souscripteurs, consisterait à l'at-
tribuer par vos mains à la Fondation créée
sur votre, désir à l'Académie des sciences mo-
rales et politiques, sous la dénomination de
Fondation Carnot ».
J'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien
recevoir cette offrande.
Veuillez agréer, Madame, l'hommage de
mon plus profond respect.
Le préfet de la Seine.
POUBELLE.
En lui adressant ses vifs remerciements,
M'ne Carnot a répondu à M. le préfet de la
Seine qu'il ne pouvait trouver un emploi de
cette somme plus conforme à ses désirs.
Suivant cet exemple, le Journal tient à
la disposition de la « Fondation Carnot »
la somme de 1,807 fr. 70, montant, de la
souscription qu'il avait ouverte.
Mme Carnot a été profondément touchée
de ces nouvelles marques de respectueux
souvenirs données à la chère mémoire du
regretté Président.
La somme de 1,807 fr. 7°, dont il est
question plus haut, était, comme on le sait,
destinée à perpétuer la mémoire de Carnot,
sous la forme d'un monument. Le sculpteur
Caroen offrait le marbre, dans lequel il avait
taillé une .maîtresse œuvre : la Douleur,
qu'on a pu voir exposée dans notre Salle des
Dépêches.
Mais, qui le croirait? C'est, paraît-il,
chose difficile, en raison des ompétitions
administratives, de trouver à Paris un em-
placement pour un monument,— fût-il dressé
en l'honneur du premier magistrat du pays.
Las d'attendre une décision, désireux de ne
pas garder plus longtemps des fonds qui ne
nous ont été que confiés et certains de ré-
pondre au désir des souscripteurs, nous en
faisons l'affectation qu'on a pu voir plus
haut.
Quant à l'œuvre de Caro, il nous semble
qu'elle ne saurait être mieux placée qu'au
musée qui, à Dijon, sera consacré tout en-
tier au Président Carnot. Nous serions heu-
reux d'apprendre que tel est son avis.
Affiches illustrées
LES RÉFORMES DU CONSERVATOIRE
MAVIFESTK
Tragédiens !
Comédiens !j
Musiciens à vent et à cordes !
Le fauteuil directorial est libre.
Il faut que celui qui s'y installera ne suive pas les
errements des pontifes qui l'ont précédé et entre réso-
lument dans la voie des réformes nécessaires :
M. Réty se consacrant à la noble tâche d'utiliser sa
superbe collection de matériaux à la reconstruction de
l'Opéra-Comique, ce genre éminemment français, il
importe de désigner dès maintenant le seul directeur
possible, le seul qui ait encouragé les efforts des jeunes,
le seul qui ne vieillisse pas en blanchissant: Francis-
que Sarcey, en deux mots !
Sa connaissance absolue du piston l'ont depuis long-
temps recommandé aux musiciens ; et les ingénues des
classes dramatiques et lyriques ont toujours trouvé
chez lui une affection quasi-paternelle : il est l'oncle de
l'Agnès ! Ce sont des titres plus que suffisants.
Le maître se propose d'assurer la libre circulation
dans le faubourg Poissonnière et les rues qui entourent
le Conservatoire, en interdisant aux mères d'accompa-
gner leurs filles ailleurs que sur le piano, et de rajeu-
nir l'enseignement suranné, professé jusqu'à ce jour,
par la nomination de M. Galopeaux à la classe de cor,
de M. Armand Silvestre à la classe d'harmonie, et de
M"* Marcello Dartoy au cours de chant et de récla-
mation. !-"■
Imp. H.-G. Ibels et R. Meunier.
0
n nous annonce la mort de M. Alfred
Blau, un des auteurs des livrets de
Sigurd, de Salammbô et d'Esclarmonde.
M. A. Blau a succombé à une pneumonie
compliquée de congestion cérébrale dont il
avait été atteint à Bruxelles où il s'était rendu
pour assister à la reprise de Tannhauser.
p
rinces et rois, écrivains et artistes il-
lustres. qui sont rois et princes aussi.
férus du « beau » en tout, et de bien-être
experts et dilcttanti, sont les hôtee habituels
de l'Hôtel de la Grande-Bretagne, à Nice.
N'
ous apprenons la mort de M. Paul Le-
fort, sous-préfet de Gex, fils de l'excel-
lent inspecteur général de l'Assistance pu-
blique. bOl' , 1 é' ., d
Son amabilité exquise, la générosité de
ses sentiments et son dévouement a ses fonc-
tions, lui avaient assuré l'estime et la sym-
pathie de tous.
Cette fin prématurée plonge ses amis dans
la plus vive douleur, et nous en transmettons
l'expression à sa famille.
NOUVELLE A LA MAIN
D
eux employés se prennent de querelle.
— Tu es le plus parfait imbécile de
la création, dit l'un. - -
Entre doucement le chef de division.
— Je ne connais pas d'être plus idiot que
toi, réplique l'autre.
Le supérieur se montrant tout à coup, et
d'un ton conciliant.
— Pardon, Messieurs, vous oubliez que
je suis là.
LE DOMINO ROSE.
Piill-M Semaine
Dimanche 16 février. -Rue de Rivoli,
une heure moins le quart. — Je viens de
manquer le passage du Bœuf Gras. Le
cortège a débusqué à onze heures du
Palais de l'Industrie avec une précipita-
tion de zèbre poursuivi par des Malga-
ches ; il ne marche pas, cette année, le
Rœuf Gras, il court: que dis-je, il galope
et cette journée sera féconde en décep-
tions ; il a près de trois quarts d'heure
d'avance sur l'itinéraire annoncé. Invité
pour une heure moins le quart, heure à
laquelle il devait passer sous les fenê-
tres d'une maison amie, mon fiacre m'a
débarqué à midi et demie 180, rue de
Rivoli, juste pour voir osciller à la fa-
çon de grands bateaux démâtés les der-
niers chars de la cavalcade ; ils doivent
être maintenant à la hauteur de l'Hôtel
de Ville. Il me faut regretter, paraît-il,
un troupeau d'oies et de dindons esquis-
sant un pas de deux des plus divertis-
sants sous la baguette d'un pharamineux
manneqnin de pastoure.
C'est M. Lépine, avec son austérité
ennemie des ébats populaires, qui nous
vaut ce Bœuf Gras à la vapeur. autant
dire ce bœuf à l'étouffée, procédé de cui-
sine tout à fait à la mode-du jour. On
est forcé d'étouffer tant d'affaires aujour-
d'hui, et tout cela à cause des chanteurs
des cours !
Lundi 17 février. — Je joue de mal-
heur : je viens encore de manquer le
Bœuf Gras, cette fois aux Halles, rue
Turbigo, où les fenêtres d'un premier
avaient été obligeamment mises à ma
disposition par une des plus grosses
marchandes du pavillon des légumes,
une fervente lectrice de Raitif (on a son
petit public, même aux Halles). Mm0 Gré-
beauval est désolée ; j'ai manqué la cor-
beille de fleurs avec les roses animées,
des vraies femmes émergeant du buste
d'entre d'énormes pétales et envoyant
des baisers au public, la corbeille de
fleurs et le char des colonies, monsieur 1
avec un tas de sauvages, de bédouins et
de troglodytes, et, au-dessus, les domi-
nant sur une colonne commémorative,
un marin, un zouave et un soldat de
l'armée coloniale, c'était touchant. Vive
la France ! monsieur.
Au beau milieu du salon de velours
rouge, une vieille dame à cheveux blancs,
tête poudrée de marquise, m'impres-
sionne par son grand air, sa robe de bro-
cart marron à gros bouquets de roses
jannes et ses dormeuses aux oreilles, de
trois cents louis au moins ; c'est la grand'-
mère, l'aïeule de tous les Grébeauval,
forts et syndics à la marée, à la vallée,
côté des hommes, marchandes des pa-
villons, à la fleur ou aux légumes, côté
des femmes.
Cette vieille douairière a, pendant qua-
rante ans, levée tous les matins au petit
jour, vendu champignons, artichauts,
asperges et petits pois aux chefs des
premiers cabarets de Paris ; c'est dans
le froid des aubes mouillées d'hiver,dans
la chaleur lourde des aurores S été qu'elle
a péniblement gagné les bouquets de
soie brochés de sa robe et les diamants
de ses oreilles. Cette duchesse de la ver-
dure me rappelle tout à fait Mme Pasca ;
c'est elle qui, en 1854, en tête des dames
de la Halle, offrit le compliment et le
bouquet de fleurs traditionnels aux rele-
vailles de l'impératrice, une figure histo-
rique presque.
Dehors, c'est la bataille des serpentins
et, sur la joie populaire, énorme de ce
quartier de travailleurs, les giboulées
roses et vertes, jaunes et mauves des
confetti d'Italie, enveloppant d'une clarté
d'apothéose les contreforts sculptés de
Saint-Eustache.
Mardi 18 février.
Hélas, ton corps! ô ma longue et pâle malade,
Ton pauvre corps d'orgueil parmi les coussins blancs!.
Les maux serrent en toi leur nerveuse torsade
Et vers l'éternité tournent tes regards lents.
Tes yeux, réservoirs d'or profond, tes yeux bizarres
Et doux, sous ton front plan3, ont terni leurs ardeurs,
Comme meurent les soirs d'été dans l'eau des mares,
Mélancoliquement, dans tes grands yeux tu meurs.
Et c'est un spectacle un peu poignant,
d'une mélancolie délicate et rare, que de
voir cette frêle et svelte jeune femme, si
pâle dans ses amoncellements de cous-
sins de soie blanche et de blanches four-
rures, prendre plaisir à s'entendre ryth.-
mer par la voix d'un ami ces tragiques
alexandrins de Verhaeren.
Le décor est celui-là même chanté par
le poète, décor de luxe affiné et blanc,
au milieu duquel la malade, avec ses
larges yeux agrandis par des cernes
bleuâtres, le visage d'une transparence
de porcelaine, semble être l'héroïne de
l'écrivain flamand. Dehors, c'est le so-
leil et la gaieté presque printanière du
plus beau « Mardi-Gras » qu'on ait eu
depuis dix ans ; mais, dans ce tranquille
et somptueux quartier de l'Etoile, pas un
cri de masque, pas un envol de serpen-
tin, pas un confetti, le bruit et le mou-
vement sont aux boulevards extérieurs,
à la Chapelle, à la Villette, où le cortège
de Zidler promène aujourd'hui ses
chars ; et, dans le vaste et calme rez-de-
chaussée, où la jolie créature s'anémie,
confinée, depuis son trop prompt retour
du Midi, d'énormes gerbes de lilas blanc
et d'inquiétants iris noirs de Menton en-
têtent, font une sorte de chapelle ardente
de fleurs à la mince et blanche courti-
sane, si chimériquement princesse de
conte dans sa longue robe de velours
blanc rebrodée d'arabesques d'or. Et
c'est encore elle que semblent chanter
les beaux vers du poète :
Et je la couche en rêve au fond du bateau noir,
Qui conduisait jadis, aux temps chanteurs des fées,
Vers leurs tombeaux ornés d'ombre, comme un beau soir,
— Traînes au fil des eaux et robes dégrafées —
Les défuntes d'amour dont les purs yeux lointains
Brillent dans le hallier, les bois et dans les landes,
Et dont les longs cheveux d'argents et de satins,
Comme des clairs de lune, ardent dans les légendes.
Mercredi 19 février. — A VAmbigu, à
la première des « Deux Gosses ». — Un
régal, un émerveillement; comme une
impression d'air pur et de fraîcheur pour
ce public de sceptiques et de blasés, les
scènes d'enfants de ce drame un peu
gros peut-être, aux ficelles maladroites,
mais dont toutes les situations péril-
leuses sont sauvées par la sincérité d'é-
motion, l'observation exacte et la re-
cherche d'art (oui, d'art à l'Ambigu), de
tous les passages où l'on nous montre
ensemble Fanfan et Claudinet.
Et quelle interprétation l Deux actrices,
l'une presque de province, l'autre des
théâtres à côté, viennent de s'y révéler
si personnelles, si artistement vraies,
qu'elles ont, du premier coup, conquis
la salle et la critique, et qu'on ira demain
voir mesdemoiselles Marthe Mellot et
Hélène Reyé dans les Deux Gosses,
comme on est allé voir, il y a vingt ans,
mademoiselle Granier dans le Petit Duc,
et, il y a trois mois, madame Réjane
dans Viveurs.
Et le pittoresque dans Je déguenillé
des costumes, les loques éloqû&Dtes, les
velours élimés et les tricots en menton-
nière, raconteurs de tant de détresses
et de souffrances subies, des deux petits
vagabonds, les gestes étriqués, les- re-
culs peureux, la prière de ces pauvres
petits corps grelottants d'enfants mal-
traités et battus, les sourdes révoltes
grondantes de Mlle Mellot-Fanfan défen-
dant Claudinet contre le père La Lima-
ce, sa sollicitude maternelle pour le pe-
tit poitrinaire et la tendresse navrante,
à faire pleurer, des adieux des deux pe-
tits gueux.
Surtout,prends bien ton foie de morue.
Dès le lever du rideau sur la roulotte
du terrible couple La Limace, on a senti
que la bataille était gagnée. Tous mer-
veilleux d'ailleurs d'attitudes et de cos-
tumes, les escarpes et les surineurs de
M. Decourcelle, depuis Decori, d'une
ignominie encore jamais atteinte dans le
rôle du forain assassin, jusqu'à MIU
Moïna Clément, une espèce de femme
Thénardiers épique, tous .jusqu'au co-
lossal Mulot, l'hercule en rupture d'a-
rènes, et le larveux, le mince et-vipérin
Fadart.
Un cauchemar de réalités rencontrées
et reconnues que les silhouettes Tmsé-
reuses de Milos Mellot et Reyé traversent
à la façon de deux angelots du trottoir.
RAITIF DE LA BRETONNE.
A la suite de mon dernier Lorrain, in-
titulé la Vache enragée, M. Félicien
Champsaur m'adresse cette lettre en en
demandant l'insertion.
SjSMtBMttHMSX~ Paris, le 24 février 1896.
Mon cher Lorrain, 41
Je vous remercie de l'effort de mémoire que
vous avez fait pour moi. Mais elle vous -a
trompé. Quand j'ai publié mon premier roman,
Dinah Samuel, à vingt-un ans, il y avait deux
ans que je chroniquais en tète de ces jour-
naux : Figaro, Gaulois, Evénement, Voltaire.
Il y a là une erreur de fait pour laquelle je
vous prie, sans user de mon droit, d insérer
cette lettre.
Pourquoi cette désinvolture aussi, mon cher
Lorrain, pour ce livre dont vous avez été si
enthousiaste que vous en avez eu — vous me
l'avez écrit — « la préoccupation de mon style
et de ma manière » ? Vous étiez un Parnassien
attardé, rimeur de la forêt bleue, Jehan Lor-
rain; après m'avoir lu et après avoir causé
avec moi, vous êtes devenu Jean Lorrain
(sans h). Je n'insiste pas, pour que vous puis-
siez insérer cette lettre.
La roublardise, — dont je n'ai pas à vous
donner des leçons, bien que je vous en aie
donné de modernité, perdues sans doute dans
les brumes de vos souvenirs, — c'est d'avoir
dans son ceuvre, entre autres,- Dinah Sumuel,
l'Amant des Danseuses, et 'ce triptyque* le
Mandarin, publié dans ce journal meme, avec
ces trois livres : Marquisette, Un Maître, l'E-
pouvante. Voulez'vous que je vous passe la
plume?
Cordialement toujours, .,'-
FÉLICIEN CHAMPSAUR.
Lorrain, élève de Champsaur, c'est
trop joli. le public appréciera. Moi, je
ne réponds pas. «,
--, J* L.
LA VIE DROLE
Par ALPHONSE ALLAIS
HISTOIRE DE POILS w
*
— Je suis bien sûr que vous ne me recon-
naissez pas, dit l'homme qui venait de me
serrer la main.
— Mon Dieu ! monsieur, votre regard ne
m'est pas inconnu, non plus que le timbre
de votre voix, mais ma souvenance est dénuée
de précision.
— Comment ! vous ne vous rappelez pas ?.
Il y a deux ans, à l'écluse Saint-Julien, quand
vous veniez me voir avec Mirbeau.
— Kariste! *
— Lui-même !
— Quantum mutatus?
- Vous me trouvez changé ? ■
— Dame ! Vos cheveux, où sont-ils ? eux,
jadis si tumultueux! Et votre barbe, com-
ment dirai-je ? tant fluviale, naguère!
— Que diriez-vous donc,si vous voyiez mon
âme ?
- Vous devriez la faire peindre, votre âme,
puisque si curieuse ! Il y a des artistes pour
ça, maintenant.
- Ah ! Oui, les peintres de l'âme ! Croyez-
vous, hein?
— C'est une bonne idée que ces messieurs
ont eue de s'adonner à cette spécialité. Dire
qu'on n'avait jamais pensé à ça, avant eux !
- Moi (Mirbeau a dû vous le dire), je peins
maintenant des têtes de vainqueurs sur les
boîtes d'allumettes et de jolies petites bonnes
femmes sur les émaux de Pennelier.
— Ça vaut mieux que d'aller au café; niais,
dites-moi, Kariste, en quels gouffres s'englou-
tirent vos cheveux, en quels abysmes votre
barbe ?
— C'est une étrange histoire que la dis-
parition progressive de mon jadis opulent
système pileux!. Etrange et comique à la
fois !
— Kariste, vous n'allez pas me raconter
Champignol malgré lui (r).
— Ni malgré lui, ni malgré un autre, ni
malgré personne. On ne doit rien faire mal-
gré personne, car si vous avez raison, les
autres sont loin d'avoir tort f
— Votre bienveillance, charmante d'ail-
leurs, ne ime dit pas le pourquoi de votre
crâne tondu et de votre barbe rase aux
joues.
- Cette aventure capillaire semble vous
passionner tant et tant, mon ami, que je vat,
vous la dire.
— Vous m'obligerez. - '.;
Et Kariste me conta sa petite histoire.
Quand il se fut aperçu de l'inanité de l'Art
pour l'Art, quand il eut reconnu la pénible
pour l'Ardt, 'essayer à figer sur des toiles la
niaiserie d'essayer à figer sur des toiles II¡
Nature, la belle, radieuse, fraîche, éclatante
Nature, à la figer moyennant les fangeuses
pâtes des marchands de couleurs, quand il
eut. Mais assez, ne dites pas de mal de la
peinture, mon garçon !
Alors, il se rangea et épousa la fille de son
patron..
Stratagème d'autant plus roublard qu'il n'a-
vait pas de patron et que son patron n'avait
pas de fille.
En vérité, c'est qu'il épousa la fille du pa-
tron d'un autre.
Cette jeune personne exigea de Kariste
qu'il fit, avant l'hymen, couper ses cheveux
et sa barbe, et que sa garde-robe de désor-
mais sortît de la Belle Jardinière, ainsi que
celle des gentlemen vraiment dignes de ce
nom.
Kariste s'engagea à tout ce qu'on voulut,
mais, le jour de la noce, il s'amena froider
ment, sans avoir perdu, aurait dit Gambetta,
une pierre des forteresses de sa chevelure, ni
un pouce de terrain de sa barbe. - 1
(r) Champignol malgré lui est une pièce
qui fut représentée avec un vif succès ac1
théâtre des Nouveautés. Actuellement, off
Joue À ce théâtre Innocent! un vaudeville ec
trois actes, qui restera comme l'honneur de
l'art dramatique contemporain, en général, 0
de la direction Micheau, en particulier
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