Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-08-05
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 août 1924 05 août 1924
Description : 1924/08/05 (Numéro 218). 1924/08/05 (Numéro 218).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-septième année — N° 218
Mardi 5 août 1924
48 oenttmas. SxlRB IT S bi«b-bt- O i«s
£0 centimes. D épartements B t C olokibs
ABONNEMENTS s tinta. feMiis ïmsïrt.
France et Colonies. 48 fr. a5 fr, z'A te.
Etranger Sa » Si » 33 »
Chèque poftal t Compte aî.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est nôtre. »
Le Duo d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la France*
BÉDA.CTION & ADMINISTRATION t
*ae de Rome, PARIb 'S*)
Adresse télégraphique .. AGTï O if R A j > - PA R i S
Téléphone' Administration . Louvre 36-69, aû-5o
Rédaction : Gentral ^-44 Publicité Central nà-rj
Après ic heures du soir : Ségur ii-08
Registre de Commeroa : Seine N® n8.58a
Fondateur t HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef i MAURICE PUJO
LE FOND DES CHOSES
c L'Allemagne* n'a pas la moindre intention
« de faire face de façon permanente aux obliga-
« lions qui découlent du traité de Versailles.
« Elle continuera à endormir les alliés jusqu'à
« ce qu'elle se sente suffisamment forte pour)
\ « déchiré et elle attaquera la France. »
(Le Sunday Pictorial de Londres).
A LA SURETE GENERALE
Deux assassins
loti jours en fonctions
Trois hauts fonctionnaires de la Sûreté
générale ont fait tuer notre bon petit
Philippe, le samedi 24 novembre, à qua
tre heures dix après-midi, chez l'indica
teur et marchand de livres obscènes Le
Flaoutter. Voilà le fait. Le crime accom
pli, ces trois hommes ont cherché à le
dissimuler, en jetant l'enfant moribond
dans un taxi — « s'il y a eu meurtre »
a dit le chauffeur Bajot — après avoir
dit au chauffeur qu'il s'était suicidé ;
et que c'était un devoir d'humanité de '
transporter à Lariboisière, et non ailleurs^
ce mort anonyme, dont ils avaient truqué
l'anoymat. Ces trois hauts fonctionnaires,
qui sont trois criminels, et des plus lâ
ches'— car ils ont assassiné un innocent
enfant -— espéraient que le petit martyr
mourrait en route, serait refusé à l'hô
pital, distribué aux pavillons de dissec
tion, suivant la règle des morts non-re
connus, et qu'il ij'en serait plus question.
C'est pourquoi, le dimanche 25 novem
bre, ils se tinrent cois, attendant, avec la
frousse que l'on imagine, que le délai de
vingt-quatre heures fût écoulé. Mais, dès
le dimanche soir, ils apprenaient que —
grâce à une intuition providentielle de
ma femme — nous avions reconnu l'en
fant. Aussi, dès le lundi matin 26 novem
bre, Delange, contrôleur à la Sûrété gé
nérale, et l'un des trois assassins, se ren
dait-il à la préfecture de Police [ démar
ché qu'il dissimula tout d'abord ], afin
de savoir si les trois policiers envoyés par
Labarrière boulevard Beaumarchais, le
dimanche [Fournon, Revel et Meslait],
étaient au courant et avaient parlé. De la
préfecture de Police, Delange, accompa
gné du commissaire -divisionnaire. Blon-
del — encore un fameux type, celui-là —•
courut à Lariboissière, afin de savoir si
l'enfant avait pu parler avant de mourir.
En chemin, son affolement était tel qu'il
parla à Blondel [qui en a déposé] du
« suicide » du jeune Daudet, « sans faire
aucun rapprochement entre ce suicide et
celui dont il allait s'enquérir à l'hôpi
tal » ! On sait que les jours suivants, après
mon premier article nettement accusa
teur, Delange, d'ordre de Marliér, alla
encore deux fois à Lariboisière, pour le
même motif. Je passe sur les incidents
dramatiques axuquels donnèrent lieu la
seconde visite de Delange à Lariboisière
[31 décembre] et la dissimulation de cet
te visité à M. Barnaud, juge d'instruction.
Le scandale fut tel, et si flagrant, que,
quelques semaines plus tard — fait sans
précédent;! — une perquisition était opé
rée dans le bureau de Delange par M.
Barnaud, auquel Marliér, Lannes et De
lange mentaient, à- qui mieux mieux, de
puis trois mois. De simples particuliers,
dans de telles conditions, eussent été arrê
tés dix fois. Mais Millérand veillait sur
son chouchou Marliér [qui avait rendu
à son entourage des services actuelle
ment connus], et le nom de son beau-
frère Poincaré protégeait Lannes.
Ce Lannes, fonctionnaire des plus lou
ches, même avant l'affaire de Philippe,
a eu, dans l'assassinat de Philippe, une
part plus importante encore qué celle de
Delange, simple agent d'exécution et sur
veillant. Marliér et lui furent les deux
àgenciers de l'assas6Înat. J'ai déjà expli
qué comment Lànnesj habitant 38, bou- -
levard Richard-Lenoir, à deux pas de son
indicateur Le Flaoutter, qui habite 46,
boulevard Beaumarchais, et étant, rentré
chez lui le samedi 24 novembre, sous le
prétexte d'ûri travail pressant [d'après sa
•propre déposition], il est invkaisembla-
ble qu'il ne se soit plus occupe d'une
affaire qu'il avait soulevee lui-meme,
le meme jour, a deux heures apres-midi,
d 'un projet d'attentat contre lequel
il avait mis en mouvement onze commis
saires et inspecteurs /
En fait, Lannes, ce samedi-là, de deux
heures et demie à quatre heures dix,
fut continuellement tenu au courant des
événements, par Delange et quelques-uns
■ des policiers présents. Ceux-ci assurent
même qu'à un moment donné il vint au
coin de la rue du. Chemin-Vert. Un vé
nérable prêtre, l'abbé X, qui en a déposé
sous la foi du serment devant M. Bar
naud, passant ce samedi à quatre heures
sur le boulevard Richard-Lenoir, absolu
ment désert et embrumé, assista à la
course de deux hommes, surveillés par un
troisième, qui s'engouffrèrent au n° 38,
et dont l'un s'écria : « Ça y est !... »
D'autre part, trois policiers, les commis
saires Colombo et Peudepièce, et le bri
gadier Meslait, ont dû avouer qu'ils
avaient couru, vers quatre heures un
quart, le long de la rue du Chemin-Vert,
et traversé le boulevard Richard-Lenoir
[la maison de Lannes est précisément en
face du débouché de la rue du Chemin-
Vert], sous le prétexte de poursuivre un
petit jeune homme inconnu... qu'ils ne
rattrapèrent point, pour la bonne raison
PS. jeune, nom me n'existait pas.
Les réticences et les mensonges flagrants
contenus dans les dépositions de Colom
bo, de Peudepièce et de Meslait, que M.
Barnaud, incrédule, a rappelés à quatre
reprises dans son cabinet, et confrontés
entre eux et avec l'abbé X... sont égale
ment significatifs.
Colombo et Peudepièce — tous deux
armes , de leur propre aveu — ont joué
un rôle important dans le drame du 24
novembre,, et sont allés demander conseil
à leur patron Lannes, selon les ordres
qu'ils avaient reçus, Philippe une fois
frappé à mort. D'ailleurs, à 6 heures du
soir, ce même samedi, Colombo entrait
ostensiblement- chez Le Flaoutter — sous
un prétexte ridicule — afin de s'assurer
que le sang résultant du meurtre de Phi
lippe avait été étanché et nettoyé. C'est
encore pour le même motif, et par sur
croît de précaution, que Lannes, dès le
lundi, courait chez son indicateur, éga
lement sous un prétexte ridjcule, com
me Delange avait, le matin même, couru
à la Préfecture, puis à Lariboisière. Je
répète que, s'il ne s'était pas agi de hauts
fonctionnaires de police politique, cou
verts l'un, en fait, par Millérand, alors
président de la République, l'autre par
le nom de son beau-frère Poincaré, étant
dciïné leurs mensonges et leurs faux té
moignages, Lannes . et Delange seraient,
depuis belle lurette, en prison. Mais en
démocratie, ce n'est pas la Justice qui
commande à la Police. C'est la Police qui
contrecarre les efforts de la Justice, par
l'intermédiaire de la politique ; et il a
fallu à M. Barnaud un réel courage pour
faire perquisitionner rue des Saussaies ;
ce qui indique le degré de confiance que
lui inspirent Marliér, Lannes et Delange !
Dans les lignes qui précèdent, je n'ai
fait que résumer le rôle de Lannes et ce
lui de Delange, plus exposés, aujourd'hui
que Marliér a été prié d'aller trier des en
fants en Corse, en qualité de Préfet, et
que Poincaré dit Lepéteux, dit Brid'oi-
son., a dù quitter la présidence du Con
seil, pendant que Millérand, dit Semi-
péteux, quittait la présidence de la Répu
blique, sous les coups de botte du Quo
tidien. On pouvait penser que l'effondre
ment de ces deux froussards épiques et la
disgrâce de cet assassin, salisseur, par
dessus le marché, de sa petite victime
[voir déposition Marliér du 5 février dé-
vaiU M. Barnaud], mettraient fin à la
sanÇlantei carrière de Lannes et de Delan
ge. Il n'en a rien été. En dépit de I 'evi-
dence de leur crime et de leurs menson
ges pour couvrir ce crime, ces deux im
mondes gredins sont toujours en fonc
tions. Je ne vois pourtant pas quel intérêt
l'actuel ministre de l'Intérieur Camille
Chautemps aurait à chausser les bottes
de Maunoury, le déshonoré.
Il est inouï que demure en fonc
tion Un contrôleur général des Recher
ches [Delange] dans le bureau duquel
il a ete opere, au cours d'une affaire
criminelle, une perquisition !
En aucun temps, sous aucun régime,
un pareil scandale ne s'est vu. *Quant à
Lannes, toute la Sûreté générale sait ce
que j'ai écrit plus haut. Ses connivences
et complicités avec les cannibales du Li
bertaire — auxquels Marliér et lui ont
livré notre enfant, par lesquels ils l'ont
fait dévaliser, et qu'ils continuent à sub
ventionner — sont de notoriété publique
rue des Saussaies. Lannes, qui n'a pas
de bureau au ministère de l'Intérieur, est
allé s'installer 38, boulevard Richard-
Lenoir, au centre de ses indicateurs et
agents de chantage et d'exécution, dont
j'ai les noms et les adresses, pour y per
pétrer plus facilement ses mauvais coups.
Faudra-t-il que je publie ici ces noms et
ces adresses, pour que ce gredin et son
compère Delange soient jetés — en atten
dant le couperet -— hors d'une adminis
tration qu'ils déshonorent ?
On sait que Le Flaoutter a, dans son ar
rière-boutique, une chambre secrète, et
dissimulée derrière des panneaux de bi
bliothèque, où M. le procureur Prouha-
ram a opéré, en personne, une perquisi
tion. Est-ce là, est-ce dans l'arrière-bou
tique, ou le couloir du sous-sol, que
Philippe a été meurtri par le policier
assassin ? Voilà ce qui n'a pu encore
être déterminé. Mais ce que chacun sait
et ce que chacun répète dans la police,
c'est que Lannes était un habitué de ce
« voyeur » comme on dit en termes d'ar
got, ainsi que son patron Marliér.
Pour ma part, je suis bien convaincu
que les choses se sont passées ainsi :
Philippe est arrivé à quatre heures cinq
dans le taxi de Bajot ; taxi signalé par
plusieurs policiers — notamment par Mes
lait — comme stationnant, à quatre heu
re, devant la boutique du libraire, 46,
boulevard Beaumarchais. Il est entré chez
Le Flaoutter, où trois policiers l'ont
poursuivi. Le Flaoutter l'a-t-il fait péné
trer dans sa souricière ? C'est bien pro
bable ; et ceci explique que le coups de
feu n'ait pas été entendu des concierges,
les époux Cottet.
Mais ce qui fait que celui qui a porté
— matériellement — le coup à Philippe
n'a pas encore osé avouer et n'a pu être
dénoncé par ses camarades, c'est le main
tien scandaleux de ces deux infâmes gre
dins : Lannes et Delange.
Léon DAUDET.
■ - ——^■ ■ t i i i ,
ABONNEZ-VOUS AUX
COURS DE L'INSTITUT
D'ACTION FRANÇAISE
# Sommaire du n" 8
Cours résumés de MM.
M. de Roux La Lécende de Jaurès.
Eugène Marsan Remarques sur les Let
tres Contemporaines
{suite et fin).
Marius André La Déraison dans la-
Poésie Romantique
(suite et fin). A
Lectures et discussions La Valeur et la Théo
rie de l'Estimation
' Commune (fin), par
M. Nel Ariès.
Nos maîtres René de Marans , par
Jean Terral.
René de Mahans Les Caractères de
l'Avènement des Ca
pétiens.
Charles Maurras Le Sens de l'Histoire
chez Jacques Bain-
ville.
Memento bibliographi
que.
A l'heure où l'Etat républicain, docile
serviteur de la Révolution, prépare ses
pompes les plus solennelles pour la ca
nonisation de Jean Jaurès, -tous les Fran
çais devraient connaître et méditer l'etu-
de si pénétrante et d'une si sereine jus
tice qu'a faite de ce faux grand homme
notre éminent ami M. de Roux.
Plus que jamais, à "cette occasion, nous
pressons nos amis, comme le faisait Maur
ras dans son article du 6 juin, de lire et
faire lire la revue des Cours de l'Insti
tut. Ces cahiers trimestriels, dont chacun
contient la matière d'une-'quinzaine de
conférences et d'importantes pages -de
critique ou d'extraits, constituent .une
mine de -documents, d'exposés et d'argu
ments précieux : bref, un instrument de
propagande intellectuelle indispensable
aux conférenciers de nos sections et à
tous ceux qui comprennent la portée et
l'importance vitale de notre doctrine.
CONDITIONS ' D'ABONNEMENT
Un an (quatre fascicules) :
France et colonies 20 fr.
Etranger 25 fr.
Les abonnements sont reçus à la Nou
velle Librairie Nationale, .3, place du Pan
théon, PARISXV). — Compte chèques pos
taux : Paris- 3155.
ËOJHO®
LES FAITS DU JOUR
— La mission allemande se rendant à la
Conférence de Londres a quitté Berlin hier
matin.
— Le duc de Brabant a assisté aux fêtes
franco-belges de Sainte-Adresse et du Ha-
Le discours académique de Célestin Jonnart
se fait attendre. On s'en inquiète dans les feuilles
de potins hebdomadaires..
Les uns disent que ce discours a été la
récemment par M. Jonnart à M., Doumic, que
celui-ci l'a trouvé excellent et d'autant meilleur
qu'il a pour auteur M. Chaumeix.
Les autres assurent qu'à toutes les qualités
réunies par ce discours, une seule continue à
manquer: à savoir l'existence. Us ajoutent que
M. Jonnart aurait même renoncé à la lui donner
jamais.
Pourquoi ? — « M. Jonnart a peur : voilà
l'unique raison s, écrit le Carnet de la Semaine:
M. Jonnart redoute le « chahut monstre » que
les Camelots du Roi auraient préparé , pour le
jour de sa réception sous la coupole. Aussi
aurait-il fait savoir qu'il ne prononcerait pas l'élo
ge de Paul Deschanel.
N'est-ce qu'un prétexete ? M. Jonnart recule-
t-il parce qu'il rie sait pas comment s'y prendre,
ou parce qu'il veut rester fidèle à lui-même et ne
pas allonger outre mesure Jes seize pages de ses
Œuvres complètes ? Ou bien le spectre des Ca
melots du Roi le trouve-t-il vraiment si dépourvu
de courage académique ?
Faudra-t-il qu'au-jour marqué, pour remplacer
le récipiendaire défaillant et faire connaître son
éloquence, les étudiants d'A. F. ramènent en cor
tège au pont des Arts le Célestin aux longues
oreilles dont le premier voyage se termina si dé-
plorablement au poste ?
Aux « Cahiers verts ».
Les Cahiers verts continuent leur carrière
triomphale. Le 42* Cahier paru la semaine der
nière est destiné à un grand rayonnement dans
tout le public lettré du monde. II s'agit d'une
version inédite de Wilhem Meisterj écrite par.
Goethe dans sa jeunesse, et récemment retrouvée.
Le 43" Cahier, qui paraîtra la semaine pro
chaine, est un roman de David Garnett, La
Femme changée en Renard, qui fut, en Angle
terre, le plus grand succès de l'année. Nul doute
que cette œuvre remarquable ne trouve en Fran
ce un très large public puisqu'elle est traduite par
André Maurois que nos amis anglais appelaient
tout récemment « l'ambassadeur du sourire ».
De M. René Petit, à Paris :
Le bonheur est chose légère ;
Après l'avoir longtemps cherché,
On sait qu'il a le poids d'un verre
Du délicieux s Cherry Rocker i !
LA POLITIQUE
I. Du laïcisme au bolchevisme
La « Semaine sociale » de Rennes a ter
miné ses travaux; Elle s'est occupée du
problème rural. Question bien actuelle et
pratique, traitée avec éloquence et compé
tence par maints orateurs. Câtholiques, ils
n'ont pas manqué de faire valoir le rôle
bienfaisant de l'Eglise à travers les siècles.
Pour analyser les maux de l'heure pré
sente, ont-ils été suffisamment au fond des
choses ? C'est peut-être la faute de leurs
tendances politiques ou, peut-être, la faute
des comptes rendus ; mais, dans leurs dis
cours, nous n'avons rien trouvé d'aussi net
que dans un feuilleton de M. Pierre Car-
jonnel à l'Express du Midi.
M. Carbonnel, qui habite la Gascogne,
trace un tableau désolant. La terre, dit-il,
— et il n'entend parler que de sa région, —
n'est plus aimée. Elle est haïe. «Métayers,
fermiers, petits propriétaires même, ne la
regardent plus comme une mère. On les
dirait, à écouter leurs doléances, soumis
par elle à une cruelle servitude. Ils se
croient des espèces de forçats. La révolte
gronde en eux... » A ce tableau, notre con
frère oppose une évocation du passé, qui
nous fait souvenir d'Une page émouvante,
de Péguy : «Il y avait une.joie du travail,
un honneur du travail... » Pourquoi tout
a-t-il changé de face ? M. Carbonnel met
les points sur les i. Il accuse le laïcisme
triomphant et la Déclaration des Droits de
l'Homme, apprise par cœur au lieu des
vieilles formules sacrées :
La chaleur accablante, la glèbe qui ré
siste au soc, la mauvaise herbe qui pousse
à travers les sillons, le microbe parasitaire
qui s'attaque à la vigne, le maître qui ré
clame son dû, la société qui tolère l'injus
tice supposée, la terre, surtout, à laquelle
on démeure enchaîné par la subsistance
qu'on y trouve et les bénéfices que, malgré
tout, elle procure, ne tarderont pas à pas
ser çour les complices de l'infortune im
méritée dont on se croit frappé. C'est en
vain que, trois fois par jour, la cloche pro
teste là contre. Elle n'est plus écoutée ou
sa voix n'est plus comprise. En revanche,
le paysan est tout oreilles pour qui s'offre
de prendre en main ses revendications. On
se demande comment nos campagnes peu
vent être gagnées par le bolchevisme. Le
voilà. C'est la même cause qui dresse «les
damnés de la terre ». contre la terre elle-
même : ce laïcisme de mort qui, en ôtant
Dieu des pensées et des cœurs, avilit le
travail, enlève au sol nourricier cette su
prême majesté que lui communiquaient et
l'idée d'une actioh créatrice s'exerçant
mystérieusement, à la suite du labeur hu
main, dans ses entrailles, et l'espoir, après
les moissons que chaque an renouvelle, en
da'utres moissons, impérissables celles-là,
et récoltées sans fatigue.
N'oublions pas qu'il s'agit d'une contrée
que M. Renaud Jean représente au Palais-
Bourbon. D'autres, sans nul doute, sont
moins contaminées. Mais n'est-ce pas ce
même département de Lot-et-Garonne qui
envoyait à l'Assemblée nationale de 1871
le noble Cazenove de Pradines ? Qu on
médite la leçon qui sort d'un pareil con
traste !
On dira que la République ne croyait
pas semer pour le bolchevisme. Les vieux
bourgeois radicaux prennent des airs af
fligés ou scandalisés quand M. Renaud Jean
pérore. Mais la laïcité, doctrine officielle
du régime, a produit ses fruits empoison
nés. Il n'est pas possible d'observer de
près les misères contemporaines sans dé
couvrir toujours la même source. Si l'Al
sace et la Lorraine ne se défendaient pas,
elles deviendraient à leur tour la proie de
ce détestable génie révolutionnaire qui pro
met le bonheur immédiat et n'aboutit qu'à
tourner contre l'ordre social les gens qu'il
a détournés du divin.
L'œuvre oratoire de Jaurès est destinée
à périr, malgré les affirmations de ses
thuriféraires. Et, pourtant, nous ne serions
pas fâchés qu'on sauvât de l'oubli cer
taines harangues où il a très clairement
marqué les diverses étapes de la Répu
blique : modérée d'abord, ou opportuniste,
mais déjà basée sur la négation, et con
duisant ainsi peu à peu, plus ou moins < len
tement, plus ou moins vite, mais logique
ment et sûrement, vers la révolte finale.
L'Humanité se lamentait, l'autre jour, de
ce que les paysans aient d'ordinaire, jus
qu'ici, prêté l'oreille « aux boniments de
toutes les cléricailles ». Elle n'ignore pas
que là est un des principaux obstacles à
ses desseins. Mais elle peut compter sur
la Képùblique pour lui frayer passage.
C'est déjà fait, en beaucoup d'endroits.
II. Dans les Balkans
Ce rôle d'auxiliaire du communisme, la
République l'a encore rempli dimanche,
sur un autre terrain — avec cette circons
tance aggravante que la fête de Garches,
dûment autorisée, était aussi une fête en
l'honneur des Allemands. Le Fiaaro rap
porte qu'on a crié : « Vive l'Allemagne !
Vivent les Boches ! Vive la guerre civile ! »
M. Schwartz, député au Reichstag, a flétri
les généraux et gouvernants assassins, dé
signant par leurs noms le maréchal Foçh
et Hindenburg, Guillaume II et M. Poin
caré. On pense malgré soi au Prussien
Anacharsis Clootz, appelé le 14 juillet 1790
à la barre de l'Assemblée nationale. « Un
grand nombre d'étrangers de tous les côtés
de la terre, disait-il, demandent à se ran
ger au milieu du Champ de Mars, et le
bonnet de la liberté qu'ils élèveront avec
transport sera le gage de la délivrance
prochaine de leurs malheureux conci
toyens ». Clootz et Schwartz, à cent
trente-quatre ans de distance, ces interven
tions d'outre-Rhin dans nos affaires, ces
effusions, ces embrassades ne présagent
rien de bon. C'est la guerre qui est au bout.
La Belgique, plus sage, a expulsé Hoel-
lein. L'Italie fasciste se défend avec vi
gueur, La Roumanie a supprimé le quoti
dien communiste Socialismul et promulgué
un décret qui punit de cinq à dix ans de
travaux forcés la propagande révolution
naire. MM. Herriot, Chautemps et Peytral
organisent, eux, des trains spéciaux pour
que l'infâme propagande ait, avec toute sa
liberté, toutes ses aises.
MM. Herriot, Chautemps et Peytral, la
majorité qui les approuve, la minorité qui
les laisse faire, se montrent ainsi les enne
mis de la paix, de la paix extérieurej aussi
bien'que de la paix intérieure.
Samedi soir, dans une réunion de la rue
de la Grange-aux-Belles, un orateur, retra
çant les origines du conflit de 1914, disait :
« Guerre des Balkans, répétition géné
rale». Nous parlions hier de la puissance
militaire des soviets russes... Sait-on qu'ils
sont en train de préparer l'embrasement
des Balkans ? Ce serait, comme en 1913,
un répétition générale, celle du grand
branle-bas auquel aspire l'Internationale,
et que le gouvernement français encou
rage sur notre territoire.
La Bulgarie est surtout menacée. Les me
neurs communistes y ont formé ces « cel
lules illégales » que préconisait, la semaine
dernière, l'appel aux travailleurs du
monde, librement répandu chez nous. On
raconte qu'en outre, des millions de rou
bles-or et des armes sont introduits par
des voies secrètes, notammènt par des na
vires qui, venus de points peu surveillés
de la côte turque, abordent sur des points
déserts du littoral bulgare. Il y aurait
même eu des te'ntatives, au moyen de ca
nots automobiles, pour établir des relations
directes entre les ports de la Russie méri
dionale et la Bulgarie.
Après là crise qui a provoqué la chute
et la mort de Stambolisky, le nouveau mi
nistère s'est efforcé de ramener le calme
et la tranquillité. «A sa volonté qui con
vie à l'apaisement et à la réconciliation,
— lisons-nous dans le Democratitcheski
Zgovor, — volonté qui a trouvé plus d'une
fois son expression en paroles et en faits,
les bolcheviks bulgares et les agents de
Moscou ne répondent que par des menaces
et préparatifs de guerre et par des actes
de brigandage dans certains arrondisse
ments éloignés du centre. »
Rappelons-nous que ' Lénine disait, au
mois d'octobre 1914 : « Il faut transformer
la guerre impérialiste en guerre civile».
Pour avoir la guerre civile, le jeu consiste
donc à déclencher d'abord la guerre étran
gère. Comme l'écrit M. Georges Bienaimé
dans Polonia :
Lénine est mort avec l'amère pensée que
son chambardement révolutionnaire avait
partiellement avorté, justement parce que
le reste de l'Europe n'a pas marché.
Mais, cependant, si les Balkans se déci
daient enfin /
Aussi, la Yougoslavie est-elle ardemment
travaillée, à l'exemple de la Bulgarie.
La guerre même, entre puissances balka
niques et danubiennes, n'effraierait pas les
bolcheviks. La Hongrie s'en mêlerait, peut-
cire l'Italie ; ce serait un beau gâchis ; il
serait alors faeUe de pêcher en eau trouble.
D'où les inquiétudes du cabinet bulgare
et du cabinet yougoslave, et . celles, plus
graves peut-être encore, de la Roumanie
qui serait prise entre deux feux, comme
on l'a fait remarquer, étant exposée à une
aeression communiste, du côté du Danube
et du cote du Dniéper.
Par honneur, les gouvernements résis
tent. De quelle manière ? Il n'y en a pas
acux. A Belgrade comme à Bucarest, on
prend, nous dit-on, « des mesures propres
a étouffer la propagande bolcheviste par
la parole et par la presse». Alors, c'est la
restriction de la liberté, de même qu'à
Rome ! Parfaitement ! Roumanie, Yougo
slavie. Italie, voilà trois nations victo
rieuses. ransees parmi celles dont on attri-
ouait la victoire aux principes démocra
tiques. La guerre a prouvé, au contraire,
qu'on ne sauve pas le monde avec ces prin
cipes. Elles ont retenu la leçon.
Pas nous, hélas !
III. L'élection de la Sartïie
Lès électeurs sont moutons de Panurge.
Le G janvier 1924, M. Ajam, candidat des
modérés, était ■ élu sénateur de la Sarthe,
contre M. Gigon, candidat des caillautistes.
Le 3 août, M. Gigon l'emporte : il a gagné
cent voix sur le précédent scrutin.
Notez que les gens qui ont pris part aux
deux scrutins sont les mêmes. Les délé
gués sénatoriaux émanent des conseils
municipaux qui n'ont subi aucune modifi
cation depuis janvier. Mais, d'une date à
l'autre, quelque chose a changé. Le Bloc
national _a été remplacé, le 11 mai, par le
cartel des gauches. Dans la Sarthe notam
ment, les champions de M. Caillaux ont
obtenu victoire complète. Alors, cent délé
gués qui votaient pour la bonne Répu
blique il y a sept mois, votent aujourd'hui
pour la République radicale.
On dira qu'il n'en était pas de même sous
la législature de 1919 et que les élections
partielles donnaient tort à la majorité.
Mais pourquoi ? Parce que le Bloc national
n'avait pas su profiter de ses avantages. Il
avait abandonné à l'adversaire le porte
feuille de l'Intérieur. Il donnait l'impres
sion d'être battu d'avance. Les foules qui
vont au succès ne pouvaient que s'écarter
d'un triomphateur si timide.
Les radicaux savent mieux s'y prendre,
et, ayant conquis la place, ils entendent la
garder. On harcèle M. Camille Chautemps,,
on le prie d'être « un peu jacobin comme
si son premier mouvement préfectoral était
trop girondin. Offrir la préfecture de po
lice à un ami intime et ancien commensal
de Malvy n'est pourtant pas un mauvais
début ! Nous voyons encore que, dans les
Deux-Sèvres, où conservateurs et radicaux
se serrent d'assez près, l'administration
est confiée- à M. Billecard. Ce -dernier s'é
tait présenté, le 16 novembre 1919, dans le
troisième-secteur, aux côtés de MM. Buis
son, Painlevé et Téry : avec lui, le cartel
des gauches aura pleine sécurité. Et enfin
la mise à la retraite du préfet de la Sarthe,
qui passait pour modéré, survenant tout
juste à la veille de l'élection sénatoriale,
tout Cela montre que M. Chautemps ne con
naît pas trop mal- son métier.
Intérim.
ABONNEMENTS VILLEtilATIJBE
L'ACTION FRANÇAISE met, pendant la
période des.vacances, à la disposition de
ses lecteurs des abonnements de courte
durée, partant de n'importe quelle date et
finissant au terme fixé par l'abonné.
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1 fr. 10 par semaine et 4 fr. 50 par mois
pour la France. Le prix pour l'étranger
sst calculé à raison de 0 fr. 25 par jour.
LE DIXIEME ANNIVERSAIRE
de
Jules Lemaître
Voilà dix ans que Jules Lemaître mou
rut. Son œuvré est dans l'éclipsé, plus ou
moins obscure, plus ou moins longue, qui
suit la disparition des auteurs. Elle sup
porte à merveille cette épreuve, comme elle
se tirera de celle des siècles.
Fils spirituel de Renan, jumeau d'Ana
tole France, mais, sur plus d'un point, très
différent de ce bel esprit qui n'aura été
que cela, il ne fut jamais un dilettante dans
le fond. Au temps le plus « impression
niste » de sa critique (Impressions de théâ
tre, les Contemporains), sous les oscilla
tions qu'imprimaient à son jugement un
bon sens très aiguisé et Phorreur d'être
dupe, on sentait une doctrine solide, on
percevait l'humaniste français et catho
lique. Nulle personne clairvoyante ne fut
surprise quand ce raffiné moqueur, ce
prétendu sceptique narquois se jeta sou-.
dain dans- l'action politique. Le patriote,
on peut dire l'homme de sentiment, étaient
chez lui pudiques, mais d'autant plus vifs
sans;nuLdoute.* Ses admirables campagnes
d'articles et de discours firent sentir aux
dreyfusiens les terribles aiguillons qu'il
avait jusqu'alors sortis seulement une fois
ou deux, contre un Ohnet ou quelque autre
néant indûment revêtu du nom d'écrivain.
A la Patrie française, il déploya le plus
ferme courage, jusqu'à mettre maintes fois
sa vie en danger, lui si frêle, si frileux, si
mal fait pour braver la tempête populaire.
Il y fit aussi des écoles : l'action le con
traignit à l'affirmation, sans laquelle d'ail
leurs il 'n'est pas de pensée.
En politique, ainsi qu'en matière de
goût littéraire, il s'achemina rapidement
vers des axiomes.'Nous le suivions avec
une anxieuse curiosité, un peu scandalisée
parfois de la durée de certaines hésita
tions devant des conclusions nécessaires,
nous régalant de ses jolis et irrémédiables
massacres des principes du régime ( Opi
nions a répandre, Impressions et théories).
Enfin, il fit tirer pour ses chers livres un
ex libris qui portait ce mot d'actions de
grâces : Inveni portuin. Il s'avouait, dans
ses incomparables Lettres à mon Ami,
vaincu par la dialectique de ce « surpre
nant Maurras » et par la grande tradition
de pensée qu'il voyait vivante en lui. II
avait dès le début tendu vers le port ; mais
il venait de loin, ayant à franchir l'im
mense étendue des erreurs universitaires.
La nouvelle fermeté de sa pensée don
nait une grâce nouvelle et plus virile à ses
écrits. Il atteignait.la clarté irrésistible de
Voltaire et sa malicieuse concision. Sa
fantaisie subtile, ironique, mais tendre,
incroyablement gentille et'douce, loin de
connaître le dessèchement, s'accroissait
avec les années,; il écrivait ses En.marge,
où il y a. tant de bluettes pleines de sub
stance exquise., qui dureront autant que
notre langue. Sa veine parodique donnait
le Mariage de Télémaque, plein de déli
cieuses espiègleries : son génie de drama
turge psychologue portait encore de beaux
fruits comme la Massière, digne suite de
la Révoltée, de l'Aînée, du Député Leveau...
Son éloquence absolument ensorceleuse
avait gardé toute sa jeunesse. Qui ne l'a
pas entendu ne sait pas à quel charme, à
quelle force peut atteindre la lecture pres
que plane, sans presque un geste, d'une
conférence ou d'une allocution par son
auteur.
L'inflexion était infime, mais si juste
qu'on en avait un saisissement, la voix
faible, mais claire, frémissante et mélo
dieuse comme un cristal doré. Quant à la
diction, on'eroyait n'avoir jamais entendu
le français avant de l'entendre : il vous le .
révélait, et les mots semblaient prendre
dans sa bouche je ne sais quelle perfection
ethnique insoupçonnée ; jamais quelqu'un
a-t-il lu comme cet homme ?
Son déclin fut subit et rapide. Il mourut
juste pour que la nouvelle de Charlerôi ne
vînt pas l'achever, tremblant mais confiant,
tel devant les-destins obscurs de la patrie,
tel devant la bonté de Dieu, retrouvée elle
aussi, qu'il invoquait avec la simplicité
candide d'un enfant.
Nous ne craignons pas de le dire : l'au
teur du Racine, des Dix contes et des En
marge, des admirables petits écrits poli
tiques où il y a des pages maîtresses, d'une
lucidité, d'une sagacité souveraines, fut
le plus pur, le plus naturel, le plus français
des écrivains de son temps. — E. L.
Lettre d'Argentine
Buenos-Ayres, juillet,. 1924. — Dans les
salons de la Nordiska Kompagalel une des
grandes — sinon la plus grande — mai
sons d'ameublement de Buenos-Ayres, on
vient d'ouvrir une petite, mais très intéres
sante exposition de peinture française.
Nous voyons une toile de Charles Cosset,
qui reflète si bien l'âme bretonne dans la
figure uni peu ravagée de sa « paysanne »
que l'émotion gagne celui qui la" regarde
en songeant à cette Bretagne, terre de poé
sie, comme de- héros.- Etienne Dult expo
se un tableau très suggestif, à côjé d'une
toile de Harpignies. Lucien Simon donne
une des plus jolies notes avec deux petits
chefs-d'œuvre, tandis que Chabas nous fait
admirer une de'ses caractéristiques «bai
gneuses». - Les: «.Danseuses en scène » de
Forain ont le chic particulier auquel l'au
teur nous a habitués et les œuvres de Mé-
nard, Le Sidamer, Marus, Henri Martin,
La Touche, Lépine, Ziem (avec une déli
cieuse Venise) Laugin et quelques autres,
forment un ensemble tout à fait remarqua
ble. Enfin, une toile de Guillermin est con
sidérée comme le joyau de cette exposi
tion qui sert à faire connaître, toujours
mieux, notre art dans cette jeune républi
que dont l'âme est essentiellement latine.
Les colons allemands continuent à ve
nir en grand nombre, dirigés un peu par
tout, mais en particulier à la province de
Corrientes et au territoire de Missions, où
le coton pousse merveilleusement. Une
commission de patronage s'est formée,com
posée de A. Fricke, de la Banque germani
que ; E. Wagerikncclit, de la firme H. Stin-
nes ; F.-A. Weigel de la maison Weigcl et
Bohnen ; F. Muhlenkamp et P. Newkir de
Mardi 5 août 1924
48 oenttmas. SxlRB IT S bi«b-bt- O i«s
£0 centimes. D épartements B t C olokibs
ABONNEMENTS s tinta. feMiis ïmsïrt.
France et Colonies. 48 fr. a5 fr, z'A te.
Etranger Sa » Si » 33 »
Chèque poftal t Compte aî.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est nôtre. »
Le Duo d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la France*
BÉDA.CTION & ADMINISTRATION t
*ae de Rome, PARIb 'S*)
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LE FOND DES CHOSES
c L'Allemagne* n'a pas la moindre intention
« de faire face de façon permanente aux obliga-
« lions qui découlent du traité de Versailles.
« Elle continuera à endormir les alliés jusqu'à
« ce qu'elle se sente suffisamment forte pour)
\
(Le Sunday Pictorial de Londres).
A LA SURETE GENERALE
Deux assassins
loti jours en fonctions
Trois hauts fonctionnaires de la Sûreté
générale ont fait tuer notre bon petit
Philippe, le samedi 24 novembre, à qua
tre heures dix après-midi, chez l'indica
teur et marchand de livres obscènes Le
Flaoutter. Voilà le fait. Le crime accom
pli, ces trois hommes ont cherché à le
dissimuler, en jetant l'enfant moribond
dans un taxi — « s'il y a eu meurtre »
a dit le chauffeur Bajot — après avoir
dit au chauffeur qu'il s'était suicidé ;
et que c'était un devoir d'humanité de '
transporter à Lariboisière, et non ailleurs^
ce mort anonyme, dont ils avaient truqué
l'anoymat. Ces trois hauts fonctionnaires,
qui sont trois criminels, et des plus lâ
ches'— car ils ont assassiné un innocent
enfant -— espéraient que le petit martyr
mourrait en route, serait refusé à l'hô
pital, distribué aux pavillons de dissec
tion, suivant la règle des morts non-re
connus, et qu'il ij'en serait plus question.
C'est pourquoi, le dimanche 25 novem
bre, ils se tinrent cois, attendant, avec la
frousse que l'on imagine, que le délai de
vingt-quatre heures fût écoulé. Mais, dès
le dimanche soir, ils apprenaient que —
grâce à une intuition providentielle de
ma femme — nous avions reconnu l'en
fant. Aussi, dès le lundi matin 26 novem
bre, Delange, contrôleur à la Sûrété gé
nérale, et l'un des trois assassins, se ren
dait-il à la préfecture de Police [ démar
ché qu'il dissimula tout d'abord ], afin
de savoir si les trois policiers envoyés par
Labarrière boulevard Beaumarchais, le
dimanche [Fournon, Revel et Meslait],
étaient au courant et avaient parlé. De la
préfecture de Police, Delange, accompa
gné du commissaire -divisionnaire. Blon-
del — encore un fameux type, celui-là —•
courut à Lariboissière, afin de savoir si
l'enfant avait pu parler avant de mourir.
En chemin, son affolement était tel qu'il
parla à Blondel [qui en a déposé] du
« suicide » du jeune Daudet, « sans faire
aucun rapprochement entre ce suicide et
celui dont il allait s'enquérir à l'hôpi
tal » ! On sait que les jours suivants, après
mon premier article nettement accusa
teur, Delange, d'ordre de Marliér, alla
encore deux fois à Lariboisière, pour le
même motif. Je passe sur les incidents
dramatiques axuquels donnèrent lieu la
seconde visite de Delange à Lariboisière
[31 décembre] et la dissimulation de cet
te visité à M. Barnaud, juge d'instruction.
Le scandale fut tel, et si flagrant, que,
quelques semaines plus tard — fait sans
précédent;! — une perquisition était opé
rée dans le bureau de Delange par M.
Barnaud, auquel Marliér, Lannes et De
lange mentaient, à- qui mieux mieux, de
puis trois mois. De simples particuliers,
dans de telles conditions, eussent été arrê
tés dix fois. Mais Millérand veillait sur
son chouchou Marliér [qui avait rendu
à son entourage des services actuelle
ment connus], et le nom de son beau-
frère Poincaré protégeait Lannes.
Ce Lannes, fonctionnaire des plus lou
ches, même avant l'affaire de Philippe,
a eu, dans l'assassinat de Philippe, une
part plus importante encore qué celle de
Delange, simple agent d'exécution et sur
veillant. Marliér et lui furent les deux
àgenciers de l'assas6Înat. J'ai déjà expli
qué comment Lànnesj habitant 38, bou- -
levard Richard-Lenoir, à deux pas de son
indicateur Le Flaoutter, qui habite 46,
boulevard Beaumarchais, et étant, rentré
chez lui le samedi 24 novembre, sous le
prétexte d'ûri travail pressant [d'après sa
•propre déposition], il est invkaisembla-
ble qu'il ne se soit plus occupe d'une
affaire qu'il avait soulevee lui-meme,
le meme jour, a deux heures apres-midi,
d 'un projet d'attentat contre lequel
il avait mis en mouvement onze commis
saires et inspecteurs /
En fait, Lannes, ce samedi-là, de deux
heures et demie à quatre heures dix,
fut continuellement tenu au courant des
événements, par Delange et quelques-uns
■ des policiers présents. Ceux-ci assurent
même qu'à un moment donné il vint au
coin de la rue du. Chemin-Vert. Un vé
nérable prêtre, l'abbé X, qui en a déposé
sous la foi du serment devant M. Bar
naud, passant ce samedi à quatre heures
sur le boulevard Richard-Lenoir, absolu
ment désert et embrumé, assista à la
course de deux hommes, surveillés par un
troisième, qui s'engouffrèrent au n° 38,
et dont l'un s'écria : « Ça y est !... »
D'autre part, trois policiers, les commis
saires Colombo et Peudepièce, et le bri
gadier Meslait, ont dû avouer qu'ils
avaient couru, vers quatre heures un
quart, le long de la rue du Chemin-Vert,
et traversé le boulevard Richard-Lenoir
[la maison de Lannes est précisément en
face du débouché de la rue du Chemin-
Vert], sous le prétexte de poursuivre un
petit jeune homme inconnu... qu'ils ne
rattrapèrent point, pour la bonne raison
PS. jeune, nom me n'existait pas.
Les réticences et les mensonges flagrants
contenus dans les dépositions de Colom
bo, de Peudepièce et de Meslait, que M.
Barnaud, incrédule, a rappelés à quatre
reprises dans son cabinet, et confrontés
entre eux et avec l'abbé X... sont égale
ment significatifs.
Colombo et Peudepièce — tous deux
armes , de leur propre aveu — ont joué
un rôle important dans le drame du 24
novembre,, et sont allés demander conseil
à leur patron Lannes, selon les ordres
qu'ils avaient reçus, Philippe une fois
frappé à mort. D'ailleurs, à 6 heures du
soir, ce même samedi, Colombo entrait
ostensiblement- chez Le Flaoutter — sous
un prétexte ridicule — afin de s'assurer
que le sang résultant du meurtre de Phi
lippe avait été étanché et nettoyé. C'est
encore pour le même motif, et par sur
croît de précaution, que Lannes, dès le
lundi, courait chez son indicateur, éga
lement sous un prétexte ridjcule, com
me Delange avait, le matin même, couru
à la Préfecture, puis à Lariboisière. Je
répète que, s'il ne s'était pas agi de hauts
fonctionnaires de police politique, cou
verts l'un, en fait, par Millérand, alors
président de la République, l'autre par
le nom de son beau-frère Poincaré, étant
dciïné leurs mensonges et leurs faux té
moignages, Lannes . et Delange seraient,
depuis belle lurette, en prison. Mais en
démocratie, ce n'est pas la Justice qui
commande à la Police. C'est la Police qui
contrecarre les efforts de la Justice, par
l'intermédiaire de la politique ; et il a
fallu à M. Barnaud un réel courage pour
faire perquisitionner rue des Saussaies ;
ce qui indique le degré de confiance que
lui inspirent Marliér, Lannes et Delange !
Dans les lignes qui précèdent, je n'ai
fait que résumer le rôle de Lannes et ce
lui de Delange, plus exposés, aujourd'hui
que Marliér a été prié d'aller trier des en
fants en Corse, en qualité de Préfet, et
que Poincaré dit Lepéteux, dit Brid'oi-
son., a dù quitter la présidence du Con
seil, pendant que Millérand, dit Semi-
péteux, quittait la présidence de la Répu
blique, sous les coups de botte du Quo
tidien. On pouvait penser que l'effondre
ment de ces deux froussards épiques et la
disgrâce de cet assassin, salisseur, par
dessus le marché, de sa petite victime
[voir déposition Marliér du 5 février dé-
vaiU M. Barnaud], mettraient fin à la
sanÇlantei carrière de Lannes et de Delan
ge. Il n'en a rien été. En dépit de I 'evi-
dence de leur crime et de leurs menson
ges pour couvrir ce crime, ces deux im
mondes gredins sont toujours en fonc
tions. Je ne vois pourtant pas quel intérêt
l'actuel ministre de l'Intérieur Camille
Chautemps aurait à chausser les bottes
de Maunoury, le déshonoré.
Il est inouï que demure en fonc
tion Un contrôleur général des Recher
ches [Delange] dans le bureau duquel
il a ete opere, au cours d'une affaire
criminelle, une perquisition !
En aucun temps, sous aucun régime,
un pareil scandale ne s'est vu. *Quant à
Lannes, toute la Sûreté générale sait ce
que j'ai écrit plus haut. Ses connivences
et complicités avec les cannibales du Li
bertaire — auxquels Marliér et lui ont
livré notre enfant, par lesquels ils l'ont
fait dévaliser, et qu'ils continuent à sub
ventionner — sont de notoriété publique
rue des Saussaies. Lannes, qui n'a pas
de bureau au ministère de l'Intérieur, est
allé s'installer 38, boulevard Richard-
Lenoir, au centre de ses indicateurs et
agents de chantage et d'exécution, dont
j'ai les noms et les adresses, pour y per
pétrer plus facilement ses mauvais coups.
Faudra-t-il que je publie ici ces noms et
ces adresses, pour que ce gredin et son
compère Delange soient jetés — en atten
dant le couperet -— hors d'une adminis
tration qu'ils déshonorent ?
On sait que Le Flaoutter a, dans son ar
rière-boutique, une chambre secrète, et
dissimulée derrière des panneaux de bi
bliothèque, où M. le procureur Prouha-
ram a opéré, en personne, une perquisi
tion. Est-ce là, est-ce dans l'arrière-bou
tique, ou le couloir du sous-sol, que
Philippe a été meurtri par le policier
assassin ? Voilà ce qui n'a pu encore
être déterminé. Mais ce que chacun sait
et ce que chacun répète dans la police,
c'est que Lannes était un habitué de ce
« voyeur » comme on dit en termes d'ar
got, ainsi que son patron Marliér.
Pour ma part, je suis bien convaincu
que les choses se sont passées ainsi :
Philippe est arrivé à quatre heures cinq
dans le taxi de Bajot ; taxi signalé par
plusieurs policiers — notamment par Mes
lait — comme stationnant, à quatre heu
re, devant la boutique du libraire, 46,
boulevard Beaumarchais. Il est entré chez
Le Flaoutter, où trois policiers l'ont
poursuivi. Le Flaoutter l'a-t-il fait péné
trer dans sa souricière ? C'est bien pro
bable ; et ceci explique que le coups de
feu n'ait pas été entendu des concierges,
les époux Cottet.
Mais ce qui fait que celui qui a porté
— matériellement — le coup à Philippe
n'a pas encore osé avouer et n'a pu être
dénoncé par ses camarades, c'est le main
tien scandaleux de ces deux infâmes gre
dins : Lannes et Delange.
Léon DAUDET.
■ - ——^■ ■ t i i i ,
ABONNEZ-VOUS AUX
COURS DE L'INSTITUT
D'ACTION FRANÇAISE
# Sommaire du n" 8
Cours résumés de MM.
M. de Roux La Lécende de Jaurès.
Eugène Marsan Remarques sur les Let
tres Contemporaines
{suite et fin).
Marius André La Déraison dans la-
Poésie Romantique
(suite et fin). A
Lectures et discussions La Valeur et la Théo
rie de l'Estimation
' Commune (fin), par
M. Nel Ariès.
Nos maîtres René de Marans , par
Jean Terral.
René de Mahans Les Caractères de
l'Avènement des Ca
pétiens.
Charles Maurras Le Sens de l'Histoire
chez Jacques Bain-
ville.
Memento bibliographi
que.
A l'heure où l'Etat républicain, docile
serviteur de la Révolution, prépare ses
pompes les plus solennelles pour la ca
nonisation de Jean Jaurès, -tous les Fran
çais devraient connaître et méditer l'etu-
de si pénétrante et d'une si sereine jus
tice qu'a faite de ce faux grand homme
notre éminent ami M. de Roux.
Plus que jamais, à "cette occasion, nous
pressons nos amis, comme le faisait Maur
ras dans son article du 6 juin, de lire et
faire lire la revue des Cours de l'Insti
tut. Ces cahiers trimestriels, dont chacun
contient la matière d'une-'quinzaine de
conférences et d'importantes pages -de
critique ou d'extraits, constituent .une
mine de -documents, d'exposés et d'argu
ments précieux : bref, un instrument de
propagande intellectuelle indispensable
aux conférenciers de nos sections et à
tous ceux qui comprennent la portée et
l'importance vitale de notre doctrine.
CONDITIONS ' D'ABONNEMENT
Un an (quatre fascicules) :
France et colonies 20 fr.
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Les abonnements sont reçus à la Nou
velle Librairie Nationale, .3, place du Pan
théon, PARISXV). — Compte chèques pos
taux : Paris- 3155.
ËOJHO®
LES FAITS DU JOUR
— La mission allemande se rendant à la
Conférence de Londres a quitté Berlin hier
matin.
— Le duc de Brabant a assisté aux fêtes
franco-belges de Sainte-Adresse et du Ha-
Le discours académique de Célestin Jonnart
se fait attendre. On s'en inquiète dans les feuilles
de potins hebdomadaires..
Les uns disent que ce discours a été la
récemment par M. Jonnart à M., Doumic, que
celui-ci l'a trouvé excellent et d'autant meilleur
qu'il a pour auteur M. Chaumeix.
Les autres assurent qu'à toutes les qualités
réunies par ce discours, une seule continue à
manquer: à savoir l'existence. Us ajoutent que
M. Jonnart aurait même renoncé à la lui donner
jamais.
Pourquoi ? — « M. Jonnart a peur : voilà
l'unique raison s, écrit le Carnet de la Semaine:
M. Jonnart redoute le « chahut monstre » que
les Camelots du Roi auraient préparé , pour le
jour de sa réception sous la coupole. Aussi
aurait-il fait savoir qu'il ne prononcerait pas l'élo
ge de Paul Deschanel.
N'est-ce qu'un prétexete ? M. Jonnart recule-
t-il parce qu'il rie sait pas comment s'y prendre,
ou parce qu'il veut rester fidèle à lui-même et ne
pas allonger outre mesure Jes seize pages de ses
Œuvres complètes ? Ou bien le spectre des Ca
melots du Roi le trouve-t-il vraiment si dépourvu
de courage académique ?
Faudra-t-il qu'au-jour marqué, pour remplacer
le récipiendaire défaillant et faire connaître son
éloquence, les étudiants d'A. F. ramènent en cor
tège au pont des Arts le Célestin aux longues
oreilles dont le premier voyage se termina si dé-
plorablement au poste ?
Aux « Cahiers verts ».
Les Cahiers verts continuent leur carrière
triomphale. Le 42* Cahier paru la semaine der
nière est destiné à un grand rayonnement dans
tout le public lettré du monde. II s'agit d'une
version inédite de Wilhem Meisterj écrite par.
Goethe dans sa jeunesse, et récemment retrouvée.
Le 43" Cahier, qui paraîtra la semaine pro
chaine, est un roman de David Garnett, La
Femme changée en Renard, qui fut, en Angle
terre, le plus grand succès de l'année. Nul doute
que cette œuvre remarquable ne trouve en Fran
ce un très large public puisqu'elle est traduite par
André Maurois que nos amis anglais appelaient
tout récemment « l'ambassadeur du sourire ».
De M. René Petit, à Paris :
Le bonheur est chose légère ;
Après l'avoir longtemps cherché,
On sait qu'il a le poids d'un verre
Du délicieux s Cherry Rocker i !
LA POLITIQUE
I. Du laïcisme au bolchevisme
La « Semaine sociale » de Rennes a ter
miné ses travaux; Elle s'est occupée du
problème rural. Question bien actuelle et
pratique, traitée avec éloquence et compé
tence par maints orateurs. Câtholiques, ils
n'ont pas manqué de faire valoir le rôle
bienfaisant de l'Eglise à travers les siècles.
Pour analyser les maux de l'heure pré
sente, ont-ils été suffisamment au fond des
choses ? C'est peut-être la faute de leurs
tendances politiques ou, peut-être, la faute
des comptes rendus ; mais, dans leurs dis
cours, nous n'avons rien trouvé d'aussi net
que dans un feuilleton de M. Pierre Car-
jonnel à l'Express du Midi.
M. Carbonnel, qui habite la Gascogne,
trace un tableau désolant. La terre, dit-il,
— et il n'entend parler que de sa région, —
n'est plus aimée. Elle est haïe. «Métayers,
fermiers, petits propriétaires même, ne la
regardent plus comme une mère. On les
dirait, à écouter leurs doléances, soumis
par elle à une cruelle servitude. Ils se
croient des espèces de forçats. La révolte
gronde en eux... » A ce tableau, notre con
frère oppose une évocation du passé, qui
nous fait souvenir d'Une page émouvante,
de Péguy : «Il y avait une.joie du travail,
un honneur du travail... » Pourquoi tout
a-t-il changé de face ? M. Carbonnel met
les points sur les i. Il accuse le laïcisme
triomphant et la Déclaration des Droits de
l'Homme, apprise par cœur au lieu des
vieilles formules sacrées :
La chaleur accablante, la glèbe qui ré
siste au soc, la mauvaise herbe qui pousse
à travers les sillons, le microbe parasitaire
qui s'attaque à la vigne, le maître qui ré
clame son dû, la société qui tolère l'injus
tice supposée, la terre, surtout, à laquelle
on démeure enchaîné par la subsistance
qu'on y trouve et les bénéfices que, malgré
tout, elle procure, ne tarderont pas à pas
ser çour les complices de l'infortune im
méritée dont on se croit frappé. C'est en
vain que, trois fois par jour, la cloche pro
teste là contre. Elle n'est plus écoutée ou
sa voix n'est plus comprise. En revanche,
le paysan est tout oreilles pour qui s'offre
de prendre en main ses revendications. On
se demande comment nos campagnes peu
vent être gagnées par le bolchevisme. Le
voilà. C'est la même cause qui dresse «les
damnés de la terre ». contre la terre elle-
même : ce laïcisme de mort qui, en ôtant
Dieu des pensées et des cœurs, avilit le
travail, enlève au sol nourricier cette su
prême majesté que lui communiquaient et
l'idée d'une actioh créatrice s'exerçant
mystérieusement, à la suite du labeur hu
main, dans ses entrailles, et l'espoir, après
les moissons que chaque an renouvelle, en
da'utres moissons, impérissables celles-là,
et récoltées sans fatigue.
N'oublions pas qu'il s'agit d'une contrée
que M. Renaud Jean représente au Palais-
Bourbon. D'autres, sans nul doute, sont
moins contaminées. Mais n'est-ce pas ce
même département de Lot-et-Garonne qui
envoyait à l'Assemblée nationale de 1871
le noble Cazenove de Pradines ? Qu on
médite la leçon qui sort d'un pareil con
traste !
On dira que la République ne croyait
pas semer pour le bolchevisme. Les vieux
bourgeois radicaux prennent des airs af
fligés ou scandalisés quand M. Renaud Jean
pérore. Mais la laïcité, doctrine officielle
du régime, a produit ses fruits empoison
nés. Il n'est pas possible d'observer de
près les misères contemporaines sans dé
couvrir toujours la même source. Si l'Al
sace et la Lorraine ne se défendaient pas,
elles deviendraient à leur tour la proie de
ce détestable génie révolutionnaire qui pro
met le bonheur immédiat et n'aboutit qu'à
tourner contre l'ordre social les gens qu'il
a détournés du divin.
L'œuvre oratoire de Jaurès est destinée
à périr, malgré les affirmations de ses
thuriféraires. Et, pourtant, nous ne serions
pas fâchés qu'on sauvât de l'oubli cer
taines harangues où il a très clairement
marqué les diverses étapes de la Répu
blique : modérée d'abord, ou opportuniste,
mais déjà basée sur la négation, et con
duisant ainsi peu à peu, plus ou moins < len
tement, plus ou moins vite, mais logique
ment et sûrement, vers la révolte finale.
L'Humanité se lamentait, l'autre jour, de
ce que les paysans aient d'ordinaire, jus
qu'ici, prêté l'oreille « aux boniments de
toutes les cléricailles ». Elle n'ignore pas
que là est un des principaux obstacles à
ses desseins. Mais elle peut compter sur
la Képùblique pour lui frayer passage.
C'est déjà fait, en beaucoup d'endroits.
II. Dans les Balkans
Ce rôle d'auxiliaire du communisme, la
République l'a encore rempli dimanche,
sur un autre terrain — avec cette circons
tance aggravante que la fête de Garches,
dûment autorisée, était aussi une fête en
l'honneur des Allemands. Le Fiaaro rap
porte qu'on a crié : « Vive l'Allemagne !
Vivent les Boches ! Vive la guerre civile ! »
M. Schwartz, député au Reichstag, a flétri
les généraux et gouvernants assassins, dé
signant par leurs noms le maréchal Foçh
et Hindenburg, Guillaume II et M. Poin
caré. On pense malgré soi au Prussien
Anacharsis Clootz, appelé le 14 juillet 1790
à la barre de l'Assemblée nationale. « Un
grand nombre d'étrangers de tous les côtés
de la terre, disait-il, demandent à se ran
ger au milieu du Champ de Mars, et le
bonnet de la liberté qu'ils élèveront avec
transport sera le gage de la délivrance
prochaine de leurs malheureux conci
toyens ». Clootz et Schwartz, à cent
trente-quatre ans de distance, ces interven
tions d'outre-Rhin dans nos affaires, ces
effusions, ces embrassades ne présagent
rien de bon. C'est la guerre qui est au bout.
La Belgique, plus sage, a expulsé Hoel-
lein. L'Italie fasciste se défend avec vi
gueur, La Roumanie a supprimé le quoti
dien communiste Socialismul et promulgué
un décret qui punit de cinq à dix ans de
travaux forcés la propagande révolution
naire. MM. Herriot, Chautemps et Peytral
organisent, eux, des trains spéciaux pour
que l'infâme propagande ait, avec toute sa
liberté, toutes ses aises.
MM. Herriot, Chautemps et Peytral, la
majorité qui les approuve, la minorité qui
les laisse faire, se montrent ainsi les enne
mis de la paix, de la paix extérieurej aussi
bien'que de la paix intérieure.
Samedi soir, dans une réunion de la rue
de la Grange-aux-Belles, un orateur, retra
çant les origines du conflit de 1914, disait :
« Guerre des Balkans, répétition géné
rale». Nous parlions hier de la puissance
militaire des soviets russes... Sait-on qu'ils
sont en train de préparer l'embrasement
des Balkans ? Ce serait, comme en 1913,
un répétition générale, celle du grand
branle-bas auquel aspire l'Internationale,
et que le gouvernement français encou
rage sur notre territoire.
La Bulgarie est surtout menacée. Les me
neurs communistes y ont formé ces « cel
lules illégales » que préconisait, la semaine
dernière, l'appel aux travailleurs du
monde, librement répandu chez nous. On
raconte qu'en outre, des millions de rou
bles-or et des armes sont introduits par
des voies secrètes, notammènt par des na
vires qui, venus de points peu surveillés
de la côte turque, abordent sur des points
déserts du littoral bulgare. Il y aurait
même eu des te'ntatives, au moyen de ca
nots automobiles, pour établir des relations
directes entre les ports de la Russie méri
dionale et la Bulgarie.
Après là crise qui a provoqué la chute
et la mort de Stambolisky, le nouveau mi
nistère s'est efforcé de ramener le calme
et la tranquillité. «A sa volonté qui con
vie à l'apaisement et à la réconciliation,
— lisons-nous dans le Democratitcheski
Zgovor, — volonté qui a trouvé plus d'une
fois son expression en paroles et en faits,
les bolcheviks bulgares et les agents de
Moscou ne répondent que par des menaces
et préparatifs de guerre et par des actes
de brigandage dans certains arrondisse
ments éloignés du centre. »
Rappelons-nous que ' Lénine disait, au
mois d'octobre 1914 : « Il faut transformer
la guerre impérialiste en guerre civile».
Pour avoir la guerre civile, le jeu consiste
donc à déclencher d'abord la guerre étran
gère. Comme l'écrit M. Georges Bienaimé
dans Polonia :
Lénine est mort avec l'amère pensée que
son chambardement révolutionnaire avait
partiellement avorté, justement parce que
le reste de l'Europe n'a pas marché.
Mais, cependant, si les Balkans se déci
daient enfin /
Aussi, la Yougoslavie est-elle ardemment
travaillée, à l'exemple de la Bulgarie.
La guerre même, entre puissances balka
niques et danubiennes, n'effraierait pas les
bolcheviks. La Hongrie s'en mêlerait, peut-
cire l'Italie ; ce serait un beau gâchis ; il
serait alors faeUe de pêcher en eau trouble.
D'où les inquiétudes du cabinet bulgare
et du cabinet yougoslave, et . celles, plus
graves peut-être encore, de la Roumanie
qui serait prise entre deux feux, comme
on l'a fait remarquer, étant exposée à une
aeression communiste, du côté du Danube
et du cote du Dniéper.
Par honneur, les gouvernements résis
tent. De quelle manière ? Il n'y en a pas
acux. A Belgrade comme à Bucarest, on
prend, nous dit-on, « des mesures propres
a étouffer la propagande bolcheviste par
la parole et par la presse». Alors, c'est la
restriction de la liberté, de même qu'à
Rome ! Parfaitement ! Roumanie, Yougo
slavie. Italie, voilà trois nations victo
rieuses. ransees parmi celles dont on attri-
ouait la victoire aux principes démocra
tiques. La guerre a prouvé, au contraire,
qu'on ne sauve pas le monde avec ces prin
cipes. Elles ont retenu la leçon.
Pas nous, hélas !
III. L'élection de la Sartïie
Lès électeurs sont moutons de Panurge.
Le G janvier 1924, M. Ajam, candidat des
modérés, était ■ élu sénateur de la Sarthe,
contre M. Gigon, candidat des caillautistes.
Le 3 août, M. Gigon l'emporte : il a gagné
cent voix sur le précédent scrutin.
Notez que les gens qui ont pris part aux
deux scrutins sont les mêmes. Les délé
gués sénatoriaux émanent des conseils
municipaux qui n'ont subi aucune modifi
cation depuis janvier. Mais, d'une date à
l'autre, quelque chose a changé. Le Bloc
national _a été remplacé, le 11 mai, par le
cartel des gauches. Dans la Sarthe notam
ment, les champions de M. Caillaux ont
obtenu victoire complète. Alors, cent délé
gués qui votaient pour la bonne Répu
blique il y a sept mois, votent aujourd'hui
pour la République radicale.
On dira qu'il n'en était pas de même sous
la législature de 1919 et que les élections
partielles donnaient tort à la majorité.
Mais pourquoi ? Parce que le Bloc national
n'avait pas su profiter de ses avantages. Il
avait abandonné à l'adversaire le porte
feuille de l'Intérieur. Il donnait l'impres
sion d'être battu d'avance. Les foules qui
vont au succès ne pouvaient que s'écarter
d'un triomphateur si timide.
Les radicaux savent mieux s'y prendre,
et, ayant conquis la place, ils entendent la
garder. On harcèle M. Camille Chautemps,,
on le prie d'être « un peu jacobin comme
si son premier mouvement préfectoral était
trop girondin. Offrir la préfecture de po
lice à un ami intime et ancien commensal
de Malvy n'est pourtant pas un mauvais
début ! Nous voyons encore que, dans les
Deux-Sèvres, où conservateurs et radicaux
se serrent d'assez près, l'administration
est confiée- à M. Billecard. Ce -dernier s'é
tait présenté, le 16 novembre 1919, dans le
troisième-secteur, aux côtés de MM. Buis
son, Painlevé et Téry : avec lui, le cartel
des gauches aura pleine sécurité. Et enfin
la mise à la retraite du préfet de la Sarthe,
qui passait pour modéré, survenant tout
juste à la veille de l'élection sénatoriale,
tout Cela montre que M. Chautemps ne con
naît pas trop mal- son métier.
Intérim.
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pour la France. Le prix pour l'étranger
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LE DIXIEME ANNIVERSAIRE
de
Jules Lemaître
Voilà dix ans que Jules Lemaître mou
rut. Son œuvré est dans l'éclipsé, plus ou
moins obscure, plus ou moins longue, qui
suit la disparition des auteurs. Elle sup
porte à merveille cette épreuve, comme elle
se tirera de celle des siècles.
Fils spirituel de Renan, jumeau d'Ana
tole France, mais, sur plus d'un point, très
différent de ce bel esprit qui n'aura été
que cela, il ne fut jamais un dilettante dans
le fond. Au temps le plus « impression
niste » de sa critique (Impressions de théâ
tre, les Contemporains), sous les oscilla
tions qu'imprimaient à son jugement un
bon sens très aiguisé et Phorreur d'être
dupe, on sentait une doctrine solide, on
percevait l'humaniste français et catho
lique. Nulle personne clairvoyante ne fut
surprise quand ce raffiné moqueur, ce
prétendu sceptique narquois se jeta sou-.
dain dans- l'action politique. Le patriote,
on peut dire l'homme de sentiment, étaient
chez lui pudiques, mais d'autant plus vifs
sans;nuLdoute.* Ses admirables campagnes
d'articles et de discours firent sentir aux
dreyfusiens les terribles aiguillons qu'il
avait jusqu'alors sortis seulement une fois
ou deux, contre un Ohnet ou quelque autre
néant indûment revêtu du nom d'écrivain.
A la Patrie française, il déploya le plus
ferme courage, jusqu'à mettre maintes fois
sa vie en danger, lui si frêle, si frileux, si
mal fait pour braver la tempête populaire.
Il y fit aussi des écoles : l'action le con
traignit à l'affirmation, sans laquelle d'ail
leurs il 'n'est pas de pensée.
En politique, ainsi qu'en matière de
goût littéraire, il s'achemina rapidement
vers des axiomes.'Nous le suivions avec
une anxieuse curiosité, un peu scandalisée
parfois de la durée de certaines hésita
tions devant des conclusions nécessaires,
nous régalant de ses jolis et irrémédiables
massacres des principes du régime ( Opi
nions a répandre, Impressions et théories).
Enfin, il fit tirer pour ses chers livres un
ex libris qui portait ce mot d'actions de
grâces : Inveni portuin. Il s'avouait, dans
ses incomparables Lettres à mon Ami,
vaincu par la dialectique de ce « surpre
nant Maurras » et par la grande tradition
de pensée qu'il voyait vivante en lui. II
avait dès le début tendu vers le port ; mais
il venait de loin, ayant à franchir l'im
mense étendue des erreurs universitaires.
La nouvelle fermeté de sa pensée don
nait une grâce nouvelle et plus virile à ses
écrits. Il atteignait.la clarté irrésistible de
Voltaire et sa malicieuse concision. Sa
fantaisie subtile, ironique, mais tendre,
incroyablement gentille et'douce, loin de
connaître le dessèchement, s'accroissait
avec les années,; il écrivait ses En.marge,
où il y a. tant de bluettes pleines de sub
stance exquise., qui dureront autant que
notre langue. Sa veine parodique donnait
le Mariage de Télémaque, plein de déli
cieuses espiègleries : son génie de drama
turge psychologue portait encore de beaux
fruits comme la Massière, digne suite de
la Révoltée, de l'Aînée, du Député Leveau...
Son éloquence absolument ensorceleuse
avait gardé toute sa jeunesse. Qui ne l'a
pas entendu ne sait pas à quel charme, à
quelle force peut atteindre la lecture pres
que plane, sans presque un geste, d'une
conférence ou d'une allocution par son
auteur.
L'inflexion était infime, mais si juste
qu'on en avait un saisissement, la voix
faible, mais claire, frémissante et mélo
dieuse comme un cristal doré. Quant à la
diction, on'eroyait n'avoir jamais entendu
le français avant de l'entendre : il vous le .
révélait, et les mots semblaient prendre
dans sa bouche je ne sais quelle perfection
ethnique insoupçonnée ; jamais quelqu'un
a-t-il lu comme cet homme ?
Son déclin fut subit et rapide. Il mourut
juste pour que la nouvelle de Charlerôi ne
vînt pas l'achever, tremblant mais confiant,
tel devant les-destins obscurs de la patrie,
tel devant la bonté de Dieu, retrouvée elle
aussi, qu'il invoquait avec la simplicité
candide d'un enfant.
Nous ne craignons pas de le dire : l'au
teur du Racine, des Dix contes et des En
marge, des admirables petits écrits poli
tiques où il y a des pages maîtresses, d'une
lucidité, d'une sagacité souveraines, fut
le plus pur, le plus naturel, le plus français
des écrivains de son temps. — E. L.
Lettre d'Argentine
Buenos-Ayres, juillet,. 1924. — Dans les
salons de la Nordiska Kompagalel une des
grandes — sinon la plus grande — mai
sons d'ameublement de Buenos-Ayres, on
vient d'ouvrir une petite, mais très intéres
sante exposition de peinture française.
Nous voyons une toile de Charles Cosset,
qui reflète si bien l'âme bretonne dans la
figure uni peu ravagée de sa « paysanne »
que l'émotion gagne celui qui la" regarde
en songeant à cette Bretagne, terre de poé
sie, comme de- héros.- Etienne Dult expo
se un tableau très suggestif, à côjé d'une
toile de Harpignies. Lucien Simon donne
une des plus jolies notes avec deux petits
chefs-d'œuvre, tandis que Chabas nous fait
admirer une de'ses caractéristiques «bai
gneuses». - Les: «.Danseuses en scène » de
Forain ont le chic particulier auquel l'au
teur nous a habitués et les œuvres de Mé-
nard, Le Sidamer, Marus, Henri Martin,
La Touche, Lépine, Ziem (avec une déli
cieuse Venise) Laugin et quelques autres,
forment un ensemble tout à fait remarqua
ble. Enfin, une toile de Guillermin est con
sidérée comme le joyau de cette exposi
tion qui sert à faire connaître, toujours
mieux, notre art dans cette jeune républi
que dont l'âme est essentiellement latine.
Les colons allemands continuent à ve
nir en grand nombre, dirigés un peu par
tout, mais en particulier à la province de
Corrientes et au territoire de Missions, où
le coton pousse merveilleusement. Une
commission de patronage s'est formée,com
posée de A. Fricke, de la Banque germani
que ; E. Wagerikncclit, de la firme H. Stin-
nes ; F.-A. Weigel de la maison Weigcl et
Bohnen ; F. Muhlenkamp et P. Newkir de
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