Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-07-10
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 10 juillet 1924 10 juillet 1924
Description : 1924/07/10 (Numéro 192). 1924/07/10 (Numéro 192).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k762006p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-septième année] — N° 192
Jeudi 10 Juillet 1924-
ISoenffmes. S k I ke «t S bxitb-bt- O zw
£0 centimes. Départements ex Colomb»
AUONftEMlSÎJiTS S Un An. ' Six «fois. boulua.
France et Colonies. £8 fr. 25 fr, i3 fr.
Etranger ...... Sa » 4i :> as »
Chèque postal » Compte a3.goo Paris»
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Lo Duc d'ORLÉANS
téritlop des quarante Rois qui en mlUe ans firent la France,
BÉDAGTÏON & AD MïNIST RATION*
rue de Rome, PARIS <$*)
Adresse iélégrapnîquc „ AGT*OMlAL"*-PABÏS
Téléphone: Administration : Louvre 56-49, a6-5<»
Rédaction : Central 7&-44 Publicité ' Centrai *7^-77
Après ic heures du soir : Séguc ïx -68
Registre de Commerça ;Soine K* 38.Ô&3
Fondateur * HENRI VAUGEOïS — Directeurs politiques LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS ■—* Rédacteur en chef t MAURICE PUJO
Avis i\ «os inires Alsaciens et Lorrains
« On vous parle de la neutralité scolaire. Mais
« il «st . temps de dire que la neutralité scolaire
« n'a jamais été qu'un mensonge diplomatique et
« une tartuferie de - circonstance. Nous l'invo-
« quions pour endormir les scrupuleux ou les
« timorés. .
« Mais maintenant, il ne s'agit plus de cela,
« jouons franc-jeu. Nous n'avons jamais eu d'au-
« tre dessein que de faire une université antireli-
« gieuse d'une façon active, militante, belli»
« queuse. »
• RENE VIVIAN!,
* (Questions actuelles, p. 60), 22 août 1908,
?
« LE DRA ME DES JAR DIES » (1)
Heockel et la Païva.
L'histoire de la troisième République
française est incompréhensible, si l'on
ne tient compte du rôle prééminent de la
police politique (Rénseignements géné
raux et Sûreté générale) et des tendan
ces proallemandes, depuis 1875 -jusqu'à
nos jours, des maîtres et directeurs de
cette police politique. L'Affaire Dreyfus,
venant après le Boulangisme et le Pa
nama, fut un épisode tragique de la lutte
tle la police politique française (2° Bu-
peau des renseignements au ministère de
la Guerre) contre la police politique alle
mande de Paris. C'est la police politique
proallemande de Paris qui a fait tuer
Plateau et mon fils Philippe, parce que
nous avions dénoncé, publiquement et
efficacement, son rôle criminel. Hennion,
préfet de police .de Caillaux, qui fut dé
barqué par Gallieni, le 23 août 1914,
était un policier à la solde de la finance
allemande, démarcheur des banquiers
Zadock et Saiïl Merzbach. Il avait
comme chef de cabinet, le secrétaire gé
néral d'une agence dramatique boche,
M. Paul Isnard. Joseph Dumas, chef des
Renseignements généraux, qui se suicida
par peur de révélations effroyables, et fut
compromis au procès du Bonnet rouge,
était, lui aussi, coœnme Malvv et Leyma-
rie, un agent allemand. C'est là un grand
drame, qui se continue depuis cinquante
a us, sous les cabinets modérés, comme
sous les cabinets radicaux de la Républi
que n° 3, et'qui a son origine dans l'inti
mité de Léon Gajfcibetta, dit « le Tribun
de la Revanche », du comte Henckel de
Donnersmarck, gouverneur de Metz pen
dant la guerre de 1870, et de la femme de
celui-ci* l'espionne juive Thérèse Lach-
mann, plus connue sous le nom de Thé
rèse de Païva, qui était celui de son se-
sond mar^. Elle avait épousé auparavant
un nommé Herz.
Comment Gambetta devint-il l'intime
ami et l'introducteur de ce policier né
qu'était Henckel et de sa redoutable
compagne'? "Comment' devînt-il leur hôte
assidu à Pontchartrain et à Paris ? Com
ment sa maîtresse,, la belle Léonie Léon,
lui servit-elle d'intermédiaire avec ce
couple sinistre, et qui écœurait jus
qu'à l'ambassadeur régulier du gou
vernement allemand, prince Clovis de
Hohenlohe ? Comment ce soudard et
cette prostituée — auxquels on dut
la fixation de l'indemnité de guerre
à CINQ ' milliards, alors que Bleichrœ-
der n'en demandait que trois ! — pri
rent-ils cette influence prépondérante
dans la politique anticléricale et antina
tionale du parti opportuniste, entre 1377
et 1882? Voici ce que, textes en mains, je
me suis efforcé de débrouiller dans le Dra
me des Jardies et ce que je crois avoir dé
brouillé aumoins dans les lignes principa
les. Le livre de Frédéric Loliée sur la Paï
va laisse tout entrevoir, mais il ne dit pas
tout. Le Jivre de Francis Laur est
passionnément favorable à Mme Léonie
Léon, personnage singulier, en qui je
vois, pour ma part, le type même de
l'aventurière amoureuse. Quant à Gam
betta lui-même, j'étais documenté de pre
mière main par mon père et par son en
tourage* ainsi que ' par mes souvenirs
d'enfance. Il. correspond, avec son mas
que, son talent, son aptitude au mensonge,
à cette catégorie, dénommée par Mere-
dith, celle des Comédiens tragiques.
'fout homme politique qui table sur
la démocratie, et sur ses grossières ruses,
est plus ou moins un comédien tragique.
Les seuls Mémoires de l'entre deux-
guerres (1871 à 1914) qui aient, chez nous,
nn véritable intérêt politique, sont ceux
de Mme Edmond Adam, à cause de
leur magnifique sincérité. Ils ont eu beau
coup de succès, mais ils n'ont pas encore
eu le retentissement qu'ils devaient légi
timement avoir, en raison des pans de
lumière qu'ils projettent sur les person
ne» et sur les circonstances. J'ai utilisé
enrtout ce chef-d'œuvre! Après l'aban
don de la Revanche, auquel on ne saurait
reprocher que son extrême discrétion.
Sans connaître exactement le détail de la
liàisoli de Gambetta et de Henckel — à
travers Mme Léonie Léon — Mme Ed
mond Adam, avec sa divination extraor
dinaire, est allée tout de suite à l'essen
tiel. El^e a rompu avec le Tribun, quand
elle a senti que son anticléricalisme était
d'importation bismarckienne, quand elle
l'a compris décidé à faire en Francè, et
sous/ le masque, une politique imposée
par Bismarck. Le rôle de Mme Edmond
Adam, sur ce point, a été égal à celui
qu'elle a tenu dans la question d'Alsace-
Lorraine; le vrai mainteneur, ce fut elle,
non ce charmant, éloquent mais Içger Dé-
roulède, qui ferma les yeux sur l'évi
dence: Gambetta délaissant l'idée de re
vanche pour celle du rapprochement fran
co-allemand et de l'amitié collaboratrice
avec Bismarck !
> (1)'Librairie Arthème Fayard : un vol. 7 fr. 50.
FdJçâw originale sur alfa : 10 fr.
J'ai entendu bien des avis sur la Païva,
qui avait inspiré à ce reître de Henckel
une passion aussi sincère que celle de
Gambetta pour sa Léon. Tous concor
daient sur ce point que cette.vieille garde
— que Baudry peignit en « Nuit », dans
un de ses plus illustres navets — était en
effet, une personne ténébreuse, avide, et
qui avait le génie de l'intrigue. L'immense
fortune de job gredin de mari lui donna
des moyens d'action, dont nous ; igno
rons .encore la perversité et l'étendue.
Elle et lui étaient des admirateurs et des
; dévots de Bismarck et avaient toujours
joué la carte allemande. Sifflée et insul-.
tée après la guerre à une première re
présentation des Variétés, à laquelle elle
eu le toupet d'assister en grande toilette,
auprès du gouverneur tout récent de Metz
• Henckel, cette grue eut le toupet d'exi
ger des excuses officielles, que dut lui
porter, à domicile, le préfet de police
: d'alors, Léon Renaud. C'est elle qui, par
Léonie Léon, laquelle parlait couramment
la Ian'gue allemande, machina. plusieurs
voyages de Gambetta en Allemagne, voya
ges clandestins, effectués dans le temps
même où il se faisait applaudir, en Fran
ce, comme l'irréductible apôtre de la Dé
fense nationale et l'intraitable président
de la Commission de l'Armée à la Cham
bre. Une telle duplicité donne beaucoup
à réfléchir. Le moins que l'on puisse dire
de Gambetta, c'est qu'il a menti au peu
ple français.
Le plus curieux cette affaire, c'est la
discrétion des contemporains. H semble
que les libéraux et -conservateurs de
l'époque aient ignoré, où qu'ils aient eu
peur de signaler, l'étonnante emprise de
Henckel et de la fille Thérèse Lachmann
sur « le gros » comme on disait alors. A
toutes les • époques, les libéraux ont été
extrêmement bêtes et effroyablement
ignorants. Le fait que Gambetta brutali
sait et molestait les catholiques leur inspi
rait déjà du respect. Toujours est-il qu'au?
cun n'osa lui flanquer au nez, à la tribune
de la Chambre, son intimité avec Henc
kel. Rochefort lui-même, qui le détestait,
ne semble avoir eu, sur ce point essen
tiel, que des données extrêmement vagues,
et lorsque j'eus l'occasion de lui en parler,
beaucoup plus tard, en 1904, il se contenta
de me-répondre son sempiternel « mais
«ai, mais oui, certainement, c'était une
canaille^ ! », jans entrer dans aucun dé
tail.
Chose étonnante fet indiscutable —
étant donné les lettres échangées entre
sa maîtresse et Gambetta — Mme Léonie
Léon fut chargée par celui qu'on appelait
alors « le dictateur » d'une mission se
crète auprès du pape Lçon XIII. La na
ture de cette mission semble avoir con
cerné cet essai de rapprochement de la
démocratie et de' l'Eglise, qu'on a appelé
depuis le ralliement. Conseillère de l'anti
cléricalisme à la Bismarck, cette entrepre
nante personne tendait ainsi à régenter,
par voie indirecte, les catholiques de
France. Mais elle pariât avoir eu moins de
succès à Rome qu'à Berlin. -
J'ai appelé roman le Drame des
Jardies, à ca-.ise des lacunes que j'ai dû
combler. Le titre d'évocation historique
eût mieux convenu. Il est tout de même
gai de penser que ces lois laïques,, res
pectées du feu bloc dit « national », et
que ce péteux de Poincaré n'a cessé de
déclarer intangibles, aux côtés de Goyau,
de Doumic et des élus de YEcho de P(tris,
que ces lois laïques, dis-je, sont sorties
de l'officine luthérienne de Bismarck et
ont été refilées à la République française
par l'intervention d'une espionne, la
Païva, et d'une policière repentie, Mme
Léon. La démocratie est un régime qui
oscille périodiquement entre le charnier
et le fumier. Si l'on veut restaurer la
France, il faut la débarrasser de la démo
cratie.
Léon DAUDET.
Une messe anniversaire pour le repos,
de l'âme de S. A. B. Mgr. le Duc d'Orléans,
fils de Louis-Philippe I", mort le 13 juillet
1842, sera dite le samedi 12 juillet, à 10 h.,
en la chapelle de la Compassion, boule
vard de Verdun, à Neuilly.
' EN VOUS ABONNANT '
vous recevrez l'Action française à domi
cile, et chaque numéro vous revient à
13 centimes ;
vous réalisez ainsi, pour votre propre
compte, une économie notable sur le prix
de l'achat au numéro ; pour les lecteurs
de province, cettp économie va jusqu'à
2Ï> francs par an ;
vous assurez en outre, à l'Action fran
çaise une économie de trente'pour cent
sur ce qu'elle consomme, pour vous, de pa
pier-journal. . ; -
Tarif des ahonnemexts
Un an 6 mois 3 mois
France cl Colonies .... 48 » 25 > 13 »
Etranger 82 » 42 » 22 »
LA POLITIQUE
I. A traîtres absous
généraux' censurés
II est bon, il est .beau, il est séant et juste
qu'un général français, coupable d'avoir
fait le simulacre de coucher en joue un
traître qui ne s'était pas contenté d'un
simulacre de trahison, ait été ' frappé
de censure simple par une Chambre radi
cale présidée par un ancien collaborateur
d'Almcreyda, dont la majorité appartient"
à la nuance du Bonnet rouge, aux idées, à
l'esprit dont le Bonnet rouge était animé.
Il est bon, il est beau, il est séant et
juste que l'incident se soit produit au cours
de la séance où l'amnistie du Bonnet
rouge, de Malvy son complice, et de Cail
laux son protecteur, était agitée.
Cela est bon et beau, séant et juste, parce
qu'une Chambre ainsi composée et lunée
se trouve peinte et jugée par cet incident.
Le pays peut s'en rendre compte : c'est la
bfJfcde antipatriote et antimilitaire qui
est devenue maîtresse du gouvernement.
Cette majorité applaudit tout ce que le pa
triotisme et la conscience flétrissent, elle,
insulte et conspue tout ce que les patriotes
et les honnêtes gens s'efforcent d'honorer.
_ Le nom, le titre, le plus haï, le plus com
munément insulté et hué à la Chambilc,
ce n'est pas le nom ou le titre de roi, çle
prince, de marquis ou même de prêtre ou
d'évêque : c'est le nom, c'est le titre de
général. Il n'en est pas de plus suspect,
ni de plus menaeé : ceux qui traînent «'le
boulet de la victoire », ceux qui honorent
et font honorer la fidélité de Jean Jau
rès au germanisme et sa haine farouche
pour tout rêve d'expansion et de liberté
nationales, ceux-là ne peuvent pardonner
à l'état-major général de l'armée française
d'avoir arraché la patrie commune au joug
désiré du Prussien. Elèves, comme M.
Edouard Herriot, de ce Gabriel Monod qui,
en 1870, déclarait s'être engagé comme in
firmier pour n'avoir pas à tirer un coup
de fusil « contre la race supérieure qu'est
la race allemande s>, les gens de la majo
rité doivent reprocher a nos généraux
d'avoir vaincu, malgré toutes les précau
tions prises depuis 1900 jusqu'à 1912 par
les ministres radicaux, pour raréfier nos
canons et nos munitions et pour faire tom
ber ait-dessous du strict nécessaire les cré
dits du matériel. Ces fameux organisateurs
de la défaite s'estiment bernés et trahis
par l'armée des victorieux. En ré
habilitant les Malvy, les Caillaux; les Mar-
tv et tous ceux qui tentèrent de tempérer
les effets du génie et du courage militai
res par d'utiles collusions avçc l'ennemi,
cette majorité se doit de' bien flétrir
les hommes qui nous ont sauvés sans sa
permission.
II. Fausse amnistie
C'est donc une réhabilitation. Cela ré
sulte du rapport de M. Viollette et de tous
les termes employés-par les orateurs qui
l'ont commenté favorablement. Alors pour
quoi parler d'amnistie ? M. François-Al
bert pourrait rappeler aux collègues
qu'amnistie veut dire en grec oubli. Am
nistier, n'est pas méconnaître des coupa
bles, c'est les assurer que le souvenir des
fautes est > effacé.
Par suite, intervenir « au nom de la jus
tice, et de la patrie » pour assurer ou que
les crimes n'ont pas été commis en fait
ou que les faits incriminés étaient inno
cents, ce n'est pas amnistier, c'est reviser,
c'est demander des réhabilitations. La
Chambre, pour aller plus vite, pourrait vo
ter une motion déclarant que Malvy, sub
ventionnant le Bonnét rouge et brûlant le
dossier Sébastien Faure, Marty.s'employànt
à vendre son vaisseau pour tirer sa famille
d'affaire, Caillaux informant l'ennemi de
nos points faibles ont tous les trois, bien
mérité de la patrie. On peut les convier à
la cérémonie du Panthéon pour les associer
à la gloire de ce Jaurès qui, le 16 juillet
1914, sous la menace de la déclaration de
guerre allemande, parlait de proclamer la
grève générale, ce que Jules Guesde appe
lait un acte de haute trahison envers le
socialisme, envers l'Etat belligérant le plus
socialiste, autant dire envers la rance elle-
même. Jaurès, Martv, Malvy, Caillaux fe
ront un beau quadrille de criminels d'Etat
solennellement blanchis et, lavée par un
Parlement souverain.
III. Je demande la croix
Ce procédé extravagant serait loyal et
net. Le procédé de l'amnistie prend un dé
tour inadmissible. L'abominable gredin
André Berthon a cru spirituel de faire qb-
server à la droite qu'il était question de
moi dans le rapport Violette. Je ne suis
pas autrement flatté de me trouver • sous
cette plume et dans cette compagnie, mais
je considère que voilà un commencement
de réparation. Les journaux que M. Viol
lette . et -ses compagnons d'infortune
ont inspirés se sont appliqués à soutenir
que ces messieurs ont été molestés parce,
qu'ils ne partagent pas nos idées. Ils n'arri
veront- pas à faire -oublier que le châ
timent reçu provenait de ce qu'ils se
rendaient à une réunion publique où
ils devaient faire l'apologie de l'assas
sinat de Marius Plateau, fait qualifié crime.
La police ne s'étant pas opposée la semaine
précédente à un crime pareil, il n'y avait
pas à espérer qu'elle se montrât plus zélée
ce jour-là. Nous l'avons suppléée. Dans la
carence de l'Etat, nous avons suppléé
l'Etat. Nous l'avons si bien suppléé que
les menaces d'assassinat et les apologies
d'assassins se sont, à dater de ce moment-
là, transformés en cris.de clémence et en
serments de modération. J'ai néanmoins dû
comparaître devant les juges : à l'instance,
comme en appel, j'ai demandé qu'un acte
de généreux civisme fût récompensé par
les félicitations des tribunaux et par
notre inscription dans l'ordre national de
la Légion d'honneur. Cette requête n'a pas
été entendue. C'était une première injus
tice. On,l'a doublée en nous cQndamnant.
Que l'amnistie intervienne ou non, je n'ar
rêterai pas de réclamer, pour mes com
pagnons et pour moi, la croix que nous
avons pleinement méritée.
TV. La manière douce
Des déclarations équivoques faites au
Sénat avant-hier tendent à endormir les
inquiétudes de l'Alsace. Nous ne cessons
pas d'inviter nos compatriotes des deux
provinces retrouvées à se méfier de ce
calme fallacieux, de cette bonace trompeu
se. D'une ignorance si grossière en. matière
de prévision politique et de manoeuvre
extérieure, les politiciens de la majorité
possèdent le bel art de tromper effronté
ment leurs compatriotes quand ils les sa
vent désarmés et sans recours contre
Içurs artifices] Un correspondant me rap
pelle l'un des plus beaux traits des mé
thodes qui sont en honneur dans la Répu
blique laïque : ,
Voici simplement un petit fait, la
communauté des Clarisses de Versailles
avait une religieuse possédant tin remède
secret pour guérir les plaies (dont je pos
sède la formule). Les malheureux qu'elle
secourait gratuitement par ce remède
étaient nombreux. Impossible de les ex
pulser sans soulever l'indignation■ popu
laire du quartier. Le préfet vint trouver
l'abbesse et lai dit :
« Si vous voulez interdire à votre reli
gieuse de soigner les malades, vous ne
serez pas expulsées. »
Candide, elle donna dans le panneau.
Aussi l'oubli, l'indifférence se fit autour
de la communauté. Six mois après, le pré
fet expulsa la communauté.
Cette manière douce qui excelle à sauver
l'injustice légale des sursauts de l'indigna
tion populaire, est la même qui introduit
au cours d'une loi d'amnistie des sous-en
tendus de revision et de réhabilitation en
faveur de grands criminels. L'Alsace et la
Lorraine seront sages et prudentes de se
rappeler ces hauts faits de l'opportunisme.
Charles MAURRAS.
EN ESPAG NE ■ ■
Mort d'un aviateu r français
Madrid, 8 juillet. — On mande d'Alba-
cete que le nom de l'aviateur français qui
a fait une chute près d'Alcaraz est Jean
Boujassi, et non Pierre Burjosi comme on
l'avait dit par erreur. L'aviateur a suc
combé à ses blessures ; son corps sera
inhumé dans le cimetière d'Albacete.
ECHOS
— La justice, qui est boiteuse, est cependant
bien désinvolte parfois.
A Colombes, hier, jour d'audience, la salle de
la justice de paix était pleine de justiciables dû
ment convoqués pour 2 h. 1/2. A 6 heures du soir,
les plaideurs ou témoins, lassés d'attjendrc, se rési
gnèrent à quitter l'audience l'un après l'autre san9
avoir vu le nez d'un juge : c'était la justice qui
faisait défaut.
Le tribunal de paix de Colombes est coutu-
mier du fait : privé ds magistrat titulaire depuis
fort longtemps, il est cependant pourvu de trois
.juges suppléants, mais tous trois sont avocats à
la Cour et ces messieurs, sans doute, donnent la
préférence à leurs affaires. En admettant que le
suppléant de service, empêché, n'ait pu se faire
remplacer, il eût pu aviser les plaideurs.
M
Le méchant « hisi.ro » a trouvé un autre ennemi
laire, le magasin à entrée libre où l'on peut enten
dre pour cinq sous, accoudé nonchalamment de
vant l'écouteur, les chansons en vogue ou leâ
psaumes en hébreu...
•Encore ne faudrait-il pas que ce hon phono
graphe en vînt à intoxiquer, moralement, les naïfs
que le bon cinéma : c'est le phonographe popu-
niélomanes qui le préfèrent à l'apéritif. Or un ami
nous signale que, dans un de ces magasins à en
trée libre, avenue des Gobelins, l'un des appareils
fournit à tout venant, pour cinq sous/ les flonflons
de l'Internationale.
—• Maurice Barrés, dans sa « Chronique de la
grande guerre », a donné presque au jour le jour
son témoignage de grand patriote lucide sur les
événements. Son point de vue est si haut qu'il re
joint les grands historiens classiques de l'antiqui
té. Son fils Philippe apporte de son côté avec « La
guerre à vingt ans » sa contribution à l'étude de
l'évolution psychologique des hommes au cours de.
la guerre, en envisageant spécialement ceux qui,
adolescents en 1914, sont devenus hommes sur les'
champs de bataille.
Le pacte de collaboration
entre l'Italie
et la Tchéco-Slovaquie
On publie aujourd'hui le « pacte ,de col
laboration cordiale » conclu entre l'Italie
et la Tchéco-Slovaquie.
Voici le texte de ce pacte :
Les deux gouvernements, soucieux de sauve
garder la paix, désireux de collaborer en com
mun pour la stabilité et le relèvement écono
mique de l'Europe, fermement résolus à assu
rer le respect de l'ordre juridique, et politique
international établi par les traités de paix, sont
tombés d'accord pour stipuler le présent pacte
de collaboration cordiale, conséquence naturelle
de l'amitié existant entre les deux parties con
tractantes et du respect mutuel de leurs droits.
Pour atteindre ce but, ils ont convenu les dis
positions suivantes : .
Article I. — Les hautes parties contrac
tantes se mettront d'accord sur les mesures pro
pres à sauvegarder leurs intérêts communs dans,
le cas où ils tomberaient d'accord qu'ils seraient
ou pourraient être menacés.
Article II. — Les deux hautes parties con
tractantes s'engagent réciproquement à se prêter
appui et collaboration pour le maintien de l'or
dre établi par les traités de paix conclus à
Saint-Germain, à Trianon, à Neuilly, ainsi que
pour le respect et l'exécution des obligations
stipulées dans lesdits traités.
Article III. — La durée de la présente con
vention sera de cinq ans et elle pourra être dé-
rogée ou renouvelée un an avant son expira
tion.
Article IV. — Le présent traité sera com
muniqué à la Société des.-Nations. U sera ra
tifié et "les ratifications seront échangées à Rome.
Il entrera en vigueur immédiatement après l'é
change des ratifications.
Siené : Kybal. Mussolini.
LES CONVERSATIONS FRANCO-ANGLAISES
M. Herriol et M. Macdonald se sont mis d'accord
sur les termes d'une noie
' ...Mais ils ont évité d'aller au fond du débat
Noua souhaitions hier qu'on allât au
fond du débat au lieu de rester à côté.
La note qui a été publiée à l'issue des
longues conversations de M. Herriot et de
M. Mac Donald montre qu'on a tourné au
tour. Toutes les objections au programme
anglais que le mémorandum français de
vait contenir, la note en fait état, mais
on ne peut pas dire qu'elle les résolve.
C'est, en somme, une juxtaposition des
points de vue des deux pays.
Le traité de Versailles est proclamé
intangible. La Commission des Répara
tions conserve son autorité. C'est la thé
orie. En pratique, le droit de constater les
futurs manquements de l'Allemagne est
enlevé à la Commission sous le prétexte
que le Comité des Experts a déclaré lui-
même que les garanties et les sanctions
politiques ne rentraient pas dans sa com
pétence. Le Comité des Experts ayant
été nommé par la Commission, la note
d'hier raisonne donc ainsi: la Commission
ne peut pas posséder des pouvoirs que
sa filiale, le Comité, ne possédait pas.
Ce raisonnement est très contestable.
Comment la Commission subirait-elle
une diminution du fait du Comité ? La
décision prise le 17 avril à l'hôtel Asto-
riâ et qui est invoquée par la note ne
suffit pas à justifier cette thèse.
Toujours est-il que, par ce moyen sub
til, la difficulté a été tournée. H est à
craindre qu'elle ne surgisse de nouveau
quand il s'agira, à la conférence de Lon
dres, de définir « l'organisme » inédit
et l'autorité non moins inédite* que pré
voient "les paragraphes G et H de l'art. 6.
Enfin, la question des dettes interalliées
et celle de la sécurité 6ont dissociées de
la conférence de Londres et renvoyées
à des commissions d'étude. Sut ce point,
M. Mac Donald a cause gagnée. On voit
donc que les difficultés du rapport des
Experts sont renvoyées au 16 juillet et
les autres à plus tard. C'est ainsi qu'on
s'est mis d'accord après 24 heures de tra
vail. — J. B.
La journée
La unit porte conseil 1 Les entretiens
interminables de M. Macdonald ■ et de
M. Herriot ont abouti à la'rédaction d'une
note très longue qu'on lira plus loin. Ce
qu'elle vaut...
M. Herriot avait quitté M. Macdonald à
1 h. 35 du matin, à l'ambassade d'Angle
terre. « L'impresison est bonne », s'est-
il contenté de dire.
L'heure n'était plus de parler, mais de
dormir.
A 10 h. 15, en effet, le Premier anglais
venait renouer le fil de la conversation
au Quai d'Orsay. Jusqu'à 13 heures, on
■discuta. Puis, M." et Mme Herriot firent les
honneurs du déjeuner qu'ils offraient en
l'honneur de M. Macdonald.
Etaient présents : lord Crewe, ambassa
deur d'Angleterre ; sir Eyre Crowe ; les
présidents du Sénat et de la Chambre ;
MM. Raymond Poincaré, Aristide Briand,
Georges Leygues, Louis Barthou, général
Nollet, Peytral, Clémentel, Dalbiez ; sir
Eric Phips ; le colonel Waterhouse ; MM.
Sélby, de Saint-Aulaire, ambassadeur de
France à Londres ; Loucheur, Klotz, Bien
venu-Martin, Lucien Hubert, Millics-La-
croix, Henry Bérenger.
Après le déjeuner, ' M. Macdonald et
M. Herriot ont décidé de recevoir ensem
ble les membres de la presse. Le souci du
décor.
M. Herriot allait-il entrer dans le grand
salon rouge — cffrovablemcnt rouge —
des Affaires étrangères, tenant M. Mac
donald par la main ?
Ce tableau délicatement bachique ne
nous fut pas offert.
M. Macdonald, le premier, fit son en
trée, suivi de M. Camerlynck. L'air fati
gué, le Premier Anglais se laissa tomber
sur un canapé.
M. Herriot le suivit, les deux pouces
dans les entournures du gilet. Tout à fait
le bourgeois qui a bien déjeuné et vient à
contre-cœur parler affaires, alors qu'on
parlait de l'autre côté de la porte des cho
ses bien plus intéressantes ou amusantes
— de Mme Récamier peut-être, qui sait.
Et la conversation —non l'interviouve
commence. Conversation à trois, bien qu'il
n'y ait que deux ministres. M. Macdonald
parle d'une voix sévère en anglais et l'é
cho — le fidèle M. Canerlynck lui ré
pond en excellent français.
Et voici, aussi exactement que possible,
ce que dit M. Macdonald :
— II n'y a plus deux opinions, l'une
française, l'autre anglaise ; nous nous
sommes compris. Mais, pour arriver à un
résultat définitif, iP faudra beaucoup de
temps et de patience. Le succès est cer
tain, nous nous entendrons.
A ce moment, M. Herriot intervient.
— Ça y est, dit-il, l'accord est dès main
tenant parfait.
M. Macdonald n'a jamais dit cela. Mais,
chaque fois que M. Herriot va intervenir,
ce sera pour déformer ce qu'a dit son col
lègue. Quand celui-ci dit : l'accord est pos
sible, M. Herriot reprend vite":"T'accord
est fait.
Qu'elle . singulière manie !. M. Her
riot semble craindre que M. Macdonald
ne soit pas « chaud » assez chaleureux.
Alors il « en remet ». Il a tort..: "
Sans même se. faire traduire ce que
dit M. Herriot, M. Macdonald continue :
■— Dites bien que nous ne sommes pas
des adversaires, mais des amis qui es
sayent d'écarter les obstacles.
Y avez-vous réussi ?
Et M. Macdonald répond, avec me
sure, en pesant ses mots :
« Nous avons au moins obtenu un com
mencement de résultat substantiel. Nous
avons sérié les questions. (A vous mânes
de Gambetta). A mesure que l'une d'elles
était résolue, elle devenait une clef qui
nous permettait de poursuivre plus avant.
Nous ne sommes pas des magiciens, et
il nous faut compter avec la situation
parlementaire.
La conférence sera-t-elle retardée ?
Avec précipitation, le Premier anglais
répond :
« A aucun prix. Cela pruduirait un
effet désastreux. Nous passerions pour
des imbéciles 1 ! D 'ailleurs, nous venons
de constater qu'un accord était possible l
Nous avons fait preuve tous deux de géné
rosité. »
Plongé d'admiration devant la généro
sité dont parle M. Macdonald, M. Herriot
déclare simplement, en parlant de son
collègue, que « c'est une admirable cons
cience ».
Quel adjectif trouvera M. Herriot à la
troisième entrevue. Après les Checquers,
c'est-à-dire après la première pipe, M. Mac
donald était un « excellent homme » ; au
jourd'hui, c'est une « admirable cons
cience »... Gardez-en, M. Herriot, pour la
prochaine fois 1
(Voir la suite en deuxième 'page.)
A 14 CHAMBRE
L'amnistie des traîtres
L'impudence des amis de Malvy provoqué une bagarre géhêrtde
Les amateurs de séances mouvementées
en ont eu pour leur argent, hier, à la
Chambre. De 3 heures à 9 heures du soir,
la discussion générale du projet d'amnis
tie s'est déroulée dans un tumulte indes
criptible, dans le bruit des phrases hur
lées, des invectives, des injures et, parfois,
dans le désordre de la bataille à coups de
poing, à coup de canne, et dans celui des
corps à corps. A quand le revolver ?...
Cette Chambre donne à l'observateur
attentif l'impression que cette question
n'est pas posée hors de propos ou par galé
jade.
Instituée pour blanchir de leurs trahi
sons les traîtres Caillaux et Malvy, la dis
cussion a eu ce résultat: la mise au pilori
de Jean-Louis Malvy. Le misérable,
au dire des journalistes qui ont assisté aux
séances de 1917, faisait la' même figure
qu'au jour où, sur les accusations de Léon
Daudet, il était, ministre félon, acculé à
réclamer lui-même la Haute Cour, dans
réclamer-lui-même la Haute-Cour qui de
vait condamner sa forfaiture.
La vigoureuse attitude de M. Barillet,
député du Loir-et-Cher, lisant avec calme
le texte des articles qui ont condamné le
traître ; un geste vengeur et fort du géné
ral de Saint-Just, députe du Pas-de-Calais ;
la fermeté et le courage de M. Maginot, se
substituant au ministre de la Guerre actuel,
dans la défense des généraux français in
sultés par la tourbe antipatriote ; et aussi
l'indignation d'une minorité exaspérée de
provocations ; tels sont les éléments qui
ont essayé — parfois non sans succès —
d'arrêter le flot honteux de la trahison et
des ennemis de la-France.
Mais aussi quelles apologies du crime,
quels désirs avoués et cyniques de ven
geance, quelle haine de l'ordre, de la sé
curité et de la farce de. la natrie !
La séance
Sous la présidence de Paul-Prudent
Painlevé — plus lamentable, plus impuis
sant, plus sectaire et plus partial que ja
mais — la Chambre a entrepris hier la
discussion des projets de loi relatifs à
l'amnistie.
Dès le début de la journée, il est visi
ble que l'assemblée est nerveuse. Les inter
ruptions et les protestations ne cessent
pas et ne cesseront pas pendant tout le
cours de cette tumultueuse séance.
M. Viollette à la tribune
M. Maurice Viollette, en qualité de rap
porteur, prend le premier la parole pour
demander à la Chambre de ne pas insti
tuer, dans la discussion générale, des dé
bats spéciaux ne trouvant de sanction quo
sur les articles.
— C'est la suppression de la discus
sion générale,-s'ecrie M. Barillet, député
de droite du Loir-et-Cher.
M. Viollette indique ensuite les prin
cipes d'après lesquels la Commission a
essaj'é de systématiser le" projet.
— D'abord, dit-il, c'est un acte politi
que qu'il s'agit d'accomplir.
— Le bloc des gauches veut sauver
Caillaux, s'écrie M. Poitou-Duplessv, dé
puté de la Charente, des bancs de l'Ènteni
te.
A quoi, Marius Moutet, qui ne ces
sera par la suite de se signaler par sa
violence, réplique :
— Nous voulons réhabiliter votre vic
time.
Le rapporteur parle encore de « cer
taines condamnations politiques d'où so
dégage la certitude de l'erreur, la certi
tude de l'innocence... » Ce sont là prôvo-
rafinns à l ':idrpsso du centre r>t rlo la Hroi.
!
Jeudi 10 Juillet 1924-
ISoenffmes. S k I ke «t S bxitb-bt- O zw
£0 centimes. Départements ex Colomb»
AUONftEMlSÎJiTS S Un An. ' Six «fois. boulua.
France et Colonies. £8 fr. 25 fr, i3 fr.
Etranger ...... Sa » 4i :> as »
Chèque postal » Compte a3.goo Paris»
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Lo Duc d'ORLÉANS
téritlop des quarante Rois qui en mlUe ans firent la France,
BÉDAGTÏON & AD MïNIST RATION*
rue de Rome, PARIS <$*)
Adresse iélégrapnîquc „ AGT*OMlAL"*-PABÏS
Téléphone: Administration : Louvre 56-49, a6-5<»
Rédaction : Central 7&-44 Publicité ' Centrai *7^-77
Après ic heures du soir : Séguc ïx -68
Registre de Commerça ;Soine K* 38.Ô&3
Fondateur * HENRI VAUGEOïS — Directeurs politiques LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS ■—* Rédacteur en chef t MAURICE PUJO
Avis i\ «os inires Alsaciens et Lorrains
« On vous parle de la neutralité scolaire. Mais
« il «st . temps de dire que la neutralité scolaire
« n'a jamais été qu'un mensonge diplomatique et
« une tartuferie de - circonstance. Nous l'invo-
« quions pour endormir les scrupuleux ou les
« timorés. .
« Mais maintenant, il ne s'agit plus de cela,
« jouons franc-jeu. Nous n'avons jamais eu d'au-
« tre dessein que de faire une université antireli-
« gieuse d'une façon active, militante, belli»
« queuse. »
• RENE VIVIAN!,
* (Questions actuelles, p. 60), 22 août 1908,
?
« LE DRA ME DES JAR DIES » (1)
Heockel et la Païva.
L'histoire de la troisième République
française est incompréhensible, si l'on
ne tient compte du rôle prééminent de la
police politique (Rénseignements géné
raux et Sûreté générale) et des tendan
ces proallemandes, depuis 1875 -jusqu'à
nos jours, des maîtres et directeurs de
cette police politique. L'Affaire Dreyfus,
venant après le Boulangisme et le Pa
nama, fut un épisode tragique de la lutte
tle la police politique française (2° Bu-
peau des renseignements au ministère de
la Guerre) contre la police politique alle
mande de Paris. C'est la police politique
proallemande de Paris qui a fait tuer
Plateau et mon fils Philippe, parce que
nous avions dénoncé, publiquement et
efficacement, son rôle criminel. Hennion,
préfet de police .de Caillaux, qui fut dé
barqué par Gallieni, le 23 août 1914,
était un policier à la solde de la finance
allemande, démarcheur des banquiers
Zadock et Saiïl Merzbach. Il avait
comme chef de cabinet, le secrétaire gé
néral d'une agence dramatique boche,
M. Paul Isnard. Joseph Dumas, chef des
Renseignements généraux, qui se suicida
par peur de révélations effroyables, et fut
compromis au procès du Bonnet rouge,
était, lui aussi, coœnme Malvv et Leyma-
rie, un agent allemand. C'est là un grand
drame, qui se continue depuis cinquante
a us, sous les cabinets modérés, comme
sous les cabinets radicaux de la Républi
que n° 3, et'qui a son origine dans l'inti
mité de Léon Gajfcibetta, dit « le Tribun
de la Revanche », du comte Henckel de
Donnersmarck, gouverneur de Metz pen
dant la guerre de 1870, et de la femme de
celui-ci* l'espionne juive Thérèse Lach-
mann, plus connue sous le nom de Thé
rèse de Païva, qui était celui de son se-
sond mar^. Elle avait épousé auparavant
un nommé Herz.
Comment Gambetta devint-il l'intime
ami et l'introducteur de ce policier né
qu'était Henckel et de sa redoutable
compagne'? "Comment' devînt-il leur hôte
assidu à Pontchartrain et à Paris ? Com
ment sa maîtresse,, la belle Léonie Léon,
lui servit-elle d'intermédiaire avec ce
couple sinistre, et qui écœurait jus
qu'à l'ambassadeur régulier du gou
vernement allemand, prince Clovis de
Hohenlohe ? Comment ce soudard et
cette prostituée — auxquels on dut
la fixation de l'indemnité de guerre
à CINQ ' milliards, alors que Bleichrœ-
der n'en demandait que trois ! — pri
rent-ils cette influence prépondérante
dans la politique anticléricale et antina
tionale du parti opportuniste, entre 1377
et 1882? Voici ce que, textes en mains, je
me suis efforcé de débrouiller dans le Dra
me des Jardies et ce que je crois avoir dé
brouillé aumoins dans les lignes principa
les. Le livre de Frédéric Loliée sur la Paï
va laisse tout entrevoir, mais il ne dit pas
tout. Le Jivre de Francis Laur est
passionnément favorable à Mme Léonie
Léon, personnage singulier, en qui je
vois, pour ma part, le type même de
l'aventurière amoureuse. Quant à Gam
betta lui-même, j'étais documenté de pre
mière main par mon père et par son en
tourage* ainsi que ' par mes souvenirs
d'enfance. Il. correspond, avec son mas
que, son talent, son aptitude au mensonge,
à cette catégorie, dénommée par Mere-
dith, celle des Comédiens tragiques.
'fout homme politique qui table sur
la démocratie, et sur ses grossières ruses,
est plus ou moins un comédien tragique.
Les seuls Mémoires de l'entre deux-
guerres (1871 à 1914) qui aient, chez nous,
nn véritable intérêt politique, sont ceux
de Mme Edmond Adam, à cause de
leur magnifique sincérité. Ils ont eu beau
coup de succès, mais ils n'ont pas encore
eu le retentissement qu'ils devaient légi
timement avoir, en raison des pans de
lumière qu'ils projettent sur les person
ne» et sur les circonstances. J'ai utilisé
enrtout ce chef-d'œuvre! Après l'aban
don de la Revanche, auquel on ne saurait
reprocher que son extrême discrétion.
Sans connaître exactement le détail de la
liàisoli de Gambetta et de Henckel — à
travers Mme Léonie Léon — Mme Ed
mond Adam, avec sa divination extraor
dinaire, est allée tout de suite à l'essen
tiel. El^e a rompu avec le Tribun, quand
elle a senti que son anticléricalisme était
d'importation bismarckienne, quand elle
l'a compris décidé à faire en Francè, et
sous/ le masque, une politique imposée
par Bismarck. Le rôle de Mme Edmond
Adam, sur ce point, a été égal à celui
qu'elle a tenu dans la question d'Alsace-
Lorraine; le vrai mainteneur, ce fut elle,
non ce charmant, éloquent mais Içger Dé-
roulède, qui ferma les yeux sur l'évi
dence: Gambetta délaissant l'idée de re
vanche pour celle du rapprochement fran
co-allemand et de l'amitié collaboratrice
avec Bismarck !
> (1)'Librairie Arthème Fayard : un vol. 7 fr. 50.
FdJçâw originale sur alfa : 10 fr.
J'ai entendu bien des avis sur la Païva,
qui avait inspiré à ce reître de Henckel
une passion aussi sincère que celle de
Gambetta pour sa Léon. Tous concor
daient sur ce point que cette.vieille garde
— que Baudry peignit en « Nuit », dans
un de ses plus illustres navets — était en
effet, une personne ténébreuse, avide, et
qui avait le génie de l'intrigue. L'immense
fortune de job gredin de mari lui donna
des moyens d'action, dont nous ; igno
rons .encore la perversité et l'étendue.
Elle et lui étaient des admirateurs et des
; dévots de Bismarck et avaient toujours
joué la carte allemande. Sifflée et insul-.
tée après la guerre à une première re
présentation des Variétés, à laquelle elle
eu le toupet d'assister en grande toilette,
auprès du gouverneur tout récent de Metz
• Henckel, cette grue eut le toupet d'exi
ger des excuses officielles, que dut lui
porter, à domicile, le préfet de police
: d'alors, Léon Renaud. C'est elle qui, par
Léonie Léon, laquelle parlait couramment
la Ian'gue allemande, machina. plusieurs
voyages de Gambetta en Allemagne, voya
ges clandestins, effectués dans le temps
même où il se faisait applaudir, en Fran
ce, comme l'irréductible apôtre de la Dé
fense nationale et l'intraitable président
de la Commission de l'Armée à la Cham
bre. Une telle duplicité donne beaucoup
à réfléchir. Le moins que l'on puisse dire
de Gambetta, c'est qu'il a menti au peu
ple français.
Le plus curieux cette affaire, c'est la
discrétion des contemporains. H semble
que les libéraux et -conservateurs de
l'époque aient ignoré, où qu'ils aient eu
peur de signaler, l'étonnante emprise de
Henckel et de la fille Thérèse Lachmann
sur « le gros » comme on disait alors. A
toutes les • époques, les libéraux ont été
extrêmement bêtes et effroyablement
ignorants. Le fait que Gambetta brutali
sait et molestait les catholiques leur inspi
rait déjà du respect. Toujours est-il qu'au?
cun n'osa lui flanquer au nez, à la tribune
de la Chambre, son intimité avec Henc
kel. Rochefort lui-même, qui le détestait,
ne semble avoir eu, sur ce point essen
tiel, que des données extrêmement vagues,
et lorsque j'eus l'occasion de lui en parler,
beaucoup plus tard, en 1904, il se contenta
de me-répondre son sempiternel « mais
«ai, mais oui, certainement, c'était une
canaille^ ! », jans entrer dans aucun dé
tail.
Chose étonnante fet indiscutable —
étant donné les lettres échangées entre
sa maîtresse et Gambetta — Mme Léonie
Léon fut chargée par celui qu'on appelait
alors « le dictateur » d'une mission se
crète auprès du pape Lçon XIII. La na
ture de cette mission semble avoir con
cerné cet essai de rapprochement de la
démocratie et de' l'Eglise, qu'on a appelé
depuis le ralliement. Conseillère de l'anti
cléricalisme à la Bismarck, cette entrepre
nante personne tendait ainsi à régenter,
par voie indirecte, les catholiques de
France. Mais elle pariât avoir eu moins de
succès à Rome qu'à Berlin. -
J'ai appelé roman le Drame des
Jardies, à ca-.ise des lacunes que j'ai dû
combler. Le titre d'évocation historique
eût mieux convenu. Il est tout de même
gai de penser que ces lois laïques,, res
pectées du feu bloc dit « national », et
que ce péteux de Poincaré n'a cessé de
déclarer intangibles, aux côtés de Goyau,
de Doumic et des élus de YEcho de P(tris,
que ces lois laïques, dis-je, sont sorties
de l'officine luthérienne de Bismarck et
ont été refilées à la République française
par l'intervention d'une espionne, la
Païva, et d'une policière repentie, Mme
Léon. La démocratie est un régime qui
oscille périodiquement entre le charnier
et le fumier. Si l'on veut restaurer la
France, il faut la débarrasser de la démo
cratie.
Léon DAUDET.
Une messe anniversaire pour le repos,
de l'âme de S. A. B. Mgr. le Duc d'Orléans,
fils de Louis-Philippe I", mort le 13 juillet
1842, sera dite le samedi 12 juillet, à 10 h.,
en la chapelle de la Compassion, boule
vard de Verdun, à Neuilly.
' EN VOUS ABONNANT '
vous recevrez l'Action française à domi
cile, et chaque numéro vous revient à
13 centimes ;
vous réalisez ainsi, pour votre propre
compte, une économie notable sur le prix
de l'achat au numéro ; pour les lecteurs
de province, cettp économie va jusqu'à
2Ï> francs par an ;
vous assurez en outre, à l'Action fran
çaise une économie de trente'pour cent
sur ce qu'elle consomme, pour vous, de pa
pier-journal. . ; -
Tarif des ahonnemexts
Un an 6 mois 3 mois
France cl Colonies .... 48 » 25 > 13 »
Etranger 82 » 42 » 22 »
LA POLITIQUE
I. A traîtres absous
généraux' censurés
II est bon, il est .beau, il est séant et juste
qu'un général français, coupable d'avoir
fait le simulacre de coucher en joue un
traître qui ne s'était pas contenté d'un
simulacre de trahison, ait été ' frappé
de censure simple par une Chambre radi
cale présidée par un ancien collaborateur
d'Almcreyda, dont la majorité appartient"
à la nuance du Bonnet rouge, aux idées, à
l'esprit dont le Bonnet rouge était animé.
Il est bon, il est beau, il est séant et
juste que l'incident se soit produit au cours
de la séance où l'amnistie du Bonnet
rouge, de Malvy son complice, et de Cail
laux son protecteur, était agitée.
Cela est bon et beau, séant et juste, parce
qu'une Chambre ainsi composée et lunée
se trouve peinte et jugée par cet incident.
Le pays peut s'en rendre compte : c'est la
bfJfcde antipatriote et antimilitaire qui
est devenue maîtresse du gouvernement.
Cette majorité applaudit tout ce que le pa
triotisme et la conscience flétrissent, elle,
insulte et conspue tout ce que les patriotes
et les honnêtes gens s'efforcent d'honorer.
_ Le nom, le titre, le plus haï, le plus com
munément insulté et hué à la Chambilc,
ce n'est pas le nom ou le titre de roi, çle
prince, de marquis ou même de prêtre ou
d'évêque : c'est le nom, c'est le titre de
général. Il n'en est pas de plus suspect,
ni de plus menaeé : ceux qui traînent «'le
boulet de la victoire », ceux qui honorent
et font honorer la fidélité de Jean Jau
rès au germanisme et sa haine farouche
pour tout rêve d'expansion et de liberté
nationales, ceux-là ne peuvent pardonner
à l'état-major général de l'armée française
d'avoir arraché la patrie commune au joug
désiré du Prussien. Elèves, comme M.
Edouard Herriot, de ce Gabriel Monod qui,
en 1870, déclarait s'être engagé comme in
firmier pour n'avoir pas à tirer un coup
de fusil « contre la race supérieure qu'est
la race allemande s>, les gens de la majo
rité doivent reprocher a nos généraux
d'avoir vaincu, malgré toutes les précau
tions prises depuis 1900 jusqu'à 1912 par
les ministres radicaux, pour raréfier nos
canons et nos munitions et pour faire tom
ber ait-dessous du strict nécessaire les cré
dits du matériel. Ces fameux organisateurs
de la défaite s'estiment bernés et trahis
par l'armée des victorieux. En ré
habilitant les Malvy, les Caillaux; les Mar-
tv et tous ceux qui tentèrent de tempérer
les effets du génie et du courage militai
res par d'utiles collusions avçc l'ennemi,
cette majorité se doit de' bien flétrir
les hommes qui nous ont sauvés sans sa
permission.
II. Fausse amnistie
C'est donc une réhabilitation. Cela ré
sulte du rapport de M. Viollette et de tous
les termes employés-par les orateurs qui
l'ont commenté favorablement. Alors pour
quoi parler d'amnistie ? M. François-Al
bert pourrait rappeler aux collègues
qu'amnistie veut dire en grec oubli. Am
nistier, n'est pas méconnaître des coupa
bles, c'est les assurer que le souvenir des
fautes est > effacé.
Par suite, intervenir « au nom de la jus
tice, et de la patrie » pour assurer ou que
les crimes n'ont pas été commis en fait
ou que les faits incriminés étaient inno
cents, ce n'est pas amnistier, c'est reviser,
c'est demander des réhabilitations. La
Chambre, pour aller plus vite, pourrait vo
ter une motion déclarant que Malvy, sub
ventionnant le Bonnét rouge et brûlant le
dossier Sébastien Faure, Marty.s'employànt
à vendre son vaisseau pour tirer sa famille
d'affaire, Caillaux informant l'ennemi de
nos points faibles ont tous les trois, bien
mérité de la patrie. On peut les convier à
la cérémonie du Panthéon pour les associer
à la gloire de ce Jaurès qui, le 16 juillet
1914, sous la menace de la déclaration de
guerre allemande, parlait de proclamer la
grève générale, ce que Jules Guesde appe
lait un acte de haute trahison envers le
socialisme, envers l'Etat belligérant le plus
socialiste, autant dire envers la rance elle-
même. Jaurès, Martv, Malvy, Caillaux fe
ront un beau quadrille de criminels d'Etat
solennellement blanchis et, lavée par un
Parlement souverain.
III. Je demande la croix
Ce procédé extravagant serait loyal et
net. Le procédé de l'amnistie prend un dé
tour inadmissible. L'abominable gredin
André Berthon a cru spirituel de faire qb-
server à la droite qu'il était question de
moi dans le rapport Violette. Je ne suis
pas autrement flatté de me trouver • sous
cette plume et dans cette compagnie, mais
je considère que voilà un commencement
de réparation. Les journaux que M. Viol
lette . et -ses compagnons d'infortune
ont inspirés se sont appliqués à soutenir
que ces messieurs ont été molestés parce,
qu'ils ne partagent pas nos idées. Ils n'arri
veront- pas à faire -oublier que le châ
timent reçu provenait de ce qu'ils se
rendaient à une réunion publique où
ils devaient faire l'apologie de l'assas
sinat de Marius Plateau, fait qualifié crime.
La police ne s'étant pas opposée la semaine
précédente à un crime pareil, il n'y avait
pas à espérer qu'elle se montrât plus zélée
ce jour-là. Nous l'avons suppléée. Dans la
carence de l'Etat, nous avons suppléé
l'Etat. Nous l'avons si bien suppléé que
les menaces d'assassinat et les apologies
d'assassins se sont, à dater de ce moment-
là, transformés en cris.de clémence et en
serments de modération. J'ai néanmoins dû
comparaître devant les juges : à l'instance,
comme en appel, j'ai demandé qu'un acte
de généreux civisme fût récompensé par
les félicitations des tribunaux et par
notre inscription dans l'ordre national de
la Légion d'honneur. Cette requête n'a pas
été entendue. C'était une première injus
tice. On,l'a doublée en nous cQndamnant.
Que l'amnistie intervienne ou non, je n'ar
rêterai pas de réclamer, pour mes com
pagnons et pour moi, la croix que nous
avons pleinement méritée.
TV. La manière douce
Des déclarations équivoques faites au
Sénat avant-hier tendent à endormir les
inquiétudes de l'Alsace. Nous ne cessons
pas d'inviter nos compatriotes des deux
provinces retrouvées à se méfier de ce
calme fallacieux, de cette bonace trompeu
se. D'une ignorance si grossière en. matière
de prévision politique et de manoeuvre
extérieure, les politiciens de la majorité
possèdent le bel art de tromper effronté
ment leurs compatriotes quand ils les sa
vent désarmés et sans recours contre
Içurs artifices] Un correspondant me rap
pelle l'un des plus beaux traits des mé
thodes qui sont en honneur dans la Répu
blique laïque : ,
Voici simplement un petit fait, la
communauté des Clarisses de Versailles
avait une religieuse possédant tin remède
secret pour guérir les plaies (dont je pos
sède la formule). Les malheureux qu'elle
secourait gratuitement par ce remède
étaient nombreux. Impossible de les ex
pulser sans soulever l'indignation■ popu
laire du quartier. Le préfet vint trouver
l'abbesse et lai dit :
« Si vous voulez interdire à votre reli
gieuse de soigner les malades, vous ne
serez pas expulsées. »
Candide, elle donna dans le panneau.
Aussi l'oubli, l'indifférence se fit autour
de la communauté. Six mois après, le pré
fet expulsa la communauté.
Cette manière douce qui excelle à sauver
l'injustice légale des sursauts de l'indigna
tion populaire, est la même qui introduit
au cours d'une loi d'amnistie des sous-en
tendus de revision et de réhabilitation en
faveur de grands criminels. L'Alsace et la
Lorraine seront sages et prudentes de se
rappeler ces hauts faits de l'opportunisme.
Charles MAURRAS.
EN ESPAG NE ■ ■
Mort d'un aviateu r français
Madrid, 8 juillet. — On mande d'Alba-
cete que le nom de l'aviateur français qui
a fait une chute près d'Alcaraz est Jean
Boujassi, et non Pierre Burjosi comme on
l'avait dit par erreur. L'aviateur a suc
combé à ses blessures ; son corps sera
inhumé dans le cimetière d'Albacete.
ECHOS
— La justice, qui est boiteuse, est cependant
bien désinvolte parfois.
A Colombes, hier, jour d'audience, la salle de
la justice de paix était pleine de justiciables dû
ment convoqués pour 2 h. 1/2. A 6 heures du soir,
les plaideurs ou témoins, lassés d'attjendrc, se rési
gnèrent à quitter l'audience l'un après l'autre san9
avoir vu le nez d'un juge : c'était la justice qui
faisait défaut.
Le tribunal de paix de Colombes est coutu-
mier du fait : privé ds magistrat titulaire depuis
fort longtemps, il est cependant pourvu de trois
.juges suppléants, mais tous trois sont avocats à
la Cour et ces messieurs, sans doute, donnent la
préférence à leurs affaires. En admettant que le
suppléant de service, empêché, n'ait pu se faire
remplacer, il eût pu aviser les plaideurs.
M
Le méchant « hisi.ro » a trouvé un autre ennemi
laire, le magasin à entrée libre où l'on peut enten
dre pour cinq sous, accoudé nonchalamment de
vant l'écouteur, les chansons en vogue ou leâ
psaumes en hébreu...
•Encore ne faudrait-il pas que ce hon phono
graphe en vînt à intoxiquer, moralement, les naïfs
que le bon cinéma : c'est le phonographe popu-
niélomanes qui le préfèrent à l'apéritif. Or un ami
nous signale que, dans un de ces magasins à en
trée libre, avenue des Gobelins, l'un des appareils
fournit à tout venant, pour cinq sous/ les flonflons
de l'Internationale.
—• Maurice Barrés, dans sa « Chronique de la
grande guerre », a donné presque au jour le jour
son témoignage de grand patriote lucide sur les
événements. Son point de vue est si haut qu'il re
joint les grands historiens classiques de l'antiqui
té. Son fils Philippe apporte de son côté avec « La
guerre à vingt ans » sa contribution à l'étude de
l'évolution psychologique des hommes au cours de.
la guerre, en envisageant spécialement ceux qui,
adolescents en 1914, sont devenus hommes sur les'
champs de bataille.
Le pacte de collaboration
entre l'Italie
et la Tchéco-Slovaquie
On publie aujourd'hui le « pacte ,de col
laboration cordiale » conclu entre l'Italie
et la Tchéco-Slovaquie.
Voici le texte de ce pacte :
Les deux gouvernements, soucieux de sauve
garder la paix, désireux de collaborer en com
mun pour la stabilité et le relèvement écono
mique de l'Europe, fermement résolus à assu
rer le respect de l'ordre juridique, et politique
international établi par les traités de paix, sont
tombés d'accord pour stipuler le présent pacte
de collaboration cordiale, conséquence naturelle
de l'amitié existant entre les deux parties con
tractantes et du respect mutuel de leurs droits.
Pour atteindre ce but, ils ont convenu les dis
positions suivantes : .
Article I. — Les hautes parties contrac
tantes se mettront d'accord sur les mesures pro
pres à sauvegarder leurs intérêts communs dans,
le cas où ils tomberaient d'accord qu'ils seraient
ou pourraient être menacés.
Article II. — Les deux hautes parties con
tractantes s'engagent réciproquement à se prêter
appui et collaboration pour le maintien de l'or
dre établi par les traités de paix conclus à
Saint-Germain, à Trianon, à Neuilly, ainsi que
pour le respect et l'exécution des obligations
stipulées dans lesdits traités.
Article III. — La durée de la présente con
vention sera de cinq ans et elle pourra être dé-
rogée ou renouvelée un an avant son expira
tion.
Article IV. — Le présent traité sera com
muniqué à la Société des.-Nations. U sera ra
tifié et "les ratifications seront échangées à Rome.
Il entrera en vigueur immédiatement après l'é
change des ratifications.
Siené : Kybal. Mussolini.
LES CONVERSATIONS FRANCO-ANGLAISES
M. Herriol et M. Macdonald se sont mis d'accord
sur les termes d'une noie
' ...Mais ils ont évité d'aller au fond du débat
Noua souhaitions hier qu'on allât au
fond du débat au lieu de rester à côté.
La note qui a été publiée à l'issue des
longues conversations de M. Herriot et de
M. Mac Donald montre qu'on a tourné au
tour. Toutes les objections au programme
anglais que le mémorandum français de
vait contenir, la note en fait état, mais
on ne peut pas dire qu'elle les résolve.
C'est, en somme, une juxtaposition des
points de vue des deux pays.
Le traité de Versailles est proclamé
intangible. La Commission des Répara
tions conserve son autorité. C'est la thé
orie. En pratique, le droit de constater les
futurs manquements de l'Allemagne est
enlevé à la Commission sous le prétexte
que le Comité des Experts a déclaré lui-
même que les garanties et les sanctions
politiques ne rentraient pas dans sa com
pétence. Le Comité des Experts ayant
été nommé par la Commission, la note
d'hier raisonne donc ainsi: la Commission
ne peut pas posséder des pouvoirs que
sa filiale, le Comité, ne possédait pas.
Ce raisonnement est très contestable.
Comment la Commission subirait-elle
une diminution du fait du Comité ? La
décision prise le 17 avril à l'hôtel Asto-
riâ et qui est invoquée par la note ne
suffit pas à justifier cette thèse.
Toujours est-il que, par ce moyen sub
til, la difficulté a été tournée. H est à
craindre qu'elle ne surgisse de nouveau
quand il s'agira, à la conférence de Lon
dres, de définir « l'organisme » inédit
et l'autorité non moins inédite* que pré
voient "les paragraphes G et H de l'art. 6.
Enfin, la question des dettes interalliées
et celle de la sécurité 6ont dissociées de
la conférence de Londres et renvoyées
à des commissions d'étude. Sut ce point,
M. Mac Donald a cause gagnée. On voit
donc que les difficultés du rapport des
Experts sont renvoyées au 16 juillet et
les autres à plus tard. C'est ainsi qu'on
s'est mis d'accord après 24 heures de tra
vail. — J. B.
La journée
La unit porte conseil 1 Les entretiens
interminables de M. Macdonald ■ et de
M. Herriot ont abouti à la'rédaction d'une
note très longue qu'on lira plus loin. Ce
qu'elle vaut...
M. Herriot avait quitté M. Macdonald à
1 h. 35 du matin, à l'ambassade d'Angle
terre. « L'impresison est bonne », s'est-
il contenté de dire.
L'heure n'était plus de parler, mais de
dormir.
A 10 h. 15, en effet, le Premier anglais
venait renouer le fil de la conversation
au Quai d'Orsay. Jusqu'à 13 heures, on
■discuta. Puis, M." et Mme Herriot firent les
honneurs du déjeuner qu'ils offraient en
l'honneur de M. Macdonald.
Etaient présents : lord Crewe, ambassa
deur d'Angleterre ; sir Eyre Crowe ; les
présidents du Sénat et de la Chambre ;
MM. Raymond Poincaré, Aristide Briand,
Georges Leygues, Louis Barthou, général
Nollet, Peytral, Clémentel, Dalbiez ; sir
Eric Phips ; le colonel Waterhouse ; MM.
Sélby, de Saint-Aulaire, ambassadeur de
France à Londres ; Loucheur, Klotz, Bien
venu-Martin, Lucien Hubert, Millics-La-
croix, Henry Bérenger.
Après le déjeuner, ' M. Macdonald et
M. Herriot ont décidé de recevoir ensem
ble les membres de la presse. Le souci du
décor.
M. Herriot allait-il entrer dans le grand
salon rouge — cffrovablemcnt rouge —
des Affaires étrangères, tenant M. Mac
donald par la main ?
Ce tableau délicatement bachique ne
nous fut pas offert.
M. Macdonald, le premier, fit son en
trée, suivi de M. Camerlynck. L'air fati
gué, le Premier Anglais se laissa tomber
sur un canapé.
M. Herriot le suivit, les deux pouces
dans les entournures du gilet. Tout à fait
le bourgeois qui a bien déjeuné et vient à
contre-cœur parler affaires, alors qu'on
parlait de l'autre côté de la porte des cho
ses bien plus intéressantes ou amusantes
— de Mme Récamier peut-être, qui sait.
Et la conversation —non l'interviouve
commence. Conversation à trois, bien qu'il
n'y ait que deux ministres. M. Macdonald
parle d'une voix sévère en anglais et l'é
cho — le fidèle M. Canerlynck lui ré
pond en excellent français.
Et voici, aussi exactement que possible,
ce que dit M. Macdonald :
— II n'y a plus deux opinions, l'une
française, l'autre anglaise ; nous nous
sommes compris. Mais, pour arriver à un
résultat définitif, iP faudra beaucoup de
temps et de patience. Le succès est cer
tain, nous nous entendrons.
A ce moment, M. Herriot intervient.
— Ça y est, dit-il, l'accord est dès main
tenant parfait.
M. Macdonald n'a jamais dit cela. Mais,
chaque fois que M. Herriot va intervenir,
ce sera pour déformer ce qu'a dit son col
lègue. Quand celui-ci dit : l'accord est pos
sible, M. Herriot reprend vite":"T'accord
est fait.
Qu'elle . singulière manie !. M. Her
riot semble craindre que M. Macdonald
ne soit pas « chaud » assez chaleureux.
Alors il « en remet ». Il a tort..: "
Sans même se. faire traduire ce que
dit M. Herriot, M. Macdonald continue :
■— Dites bien que nous ne sommes pas
des adversaires, mais des amis qui es
sayent d'écarter les obstacles.
Y avez-vous réussi ?
Et M. Macdonald répond, avec me
sure, en pesant ses mots :
« Nous avons au moins obtenu un com
mencement de résultat substantiel. Nous
avons sérié les questions. (A vous mânes
de Gambetta). A mesure que l'une d'elles
était résolue, elle devenait une clef qui
nous permettait de poursuivre plus avant.
Nous ne sommes pas des magiciens, et
il nous faut compter avec la situation
parlementaire.
La conférence sera-t-elle retardée ?
Avec précipitation, le Premier anglais
répond :
« A aucun prix. Cela pruduirait un
effet désastreux. Nous passerions pour
des imbéciles 1 ! D 'ailleurs, nous venons
de constater qu'un accord était possible l
Nous avons fait preuve tous deux de géné
rosité. »
Plongé d'admiration devant la généro
sité dont parle M. Macdonald, M. Herriot
déclare simplement, en parlant de son
collègue, que « c'est une admirable cons
cience ».
Quel adjectif trouvera M. Herriot à la
troisième entrevue. Après les Checquers,
c'est-à-dire après la première pipe, M. Mac
donald était un « excellent homme » ; au
jourd'hui, c'est une « admirable cons
cience »... Gardez-en, M. Herriot, pour la
prochaine fois 1
(Voir la suite en deuxième 'page.)
A 14 CHAMBRE
L'amnistie des traîtres
L'impudence des amis de Malvy provoqué une bagarre géhêrtde
Les amateurs de séances mouvementées
en ont eu pour leur argent, hier, à la
Chambre. De 3 heures à 9 heures du soir,
la discussion générale du projet d'amnis
tie s'est déroulée dans un tumulte indes
criptible, dans le bruit des phrases hur
lées, des invectives, des injures et, parfois,
dans le désordre de la bataille à coups de
poing, à coup de canne, et dans celui des
corps à corps. A quand le revolver ?...
Cette Chambre donne à l'observateur
attentif l'impression que cette question
n'est pas posée hors de propos ou par galé
jade.
Instituée pour blanchir de leurs trahi
sons les traîtres Caillaux et Malvy, la dis
cussion a eu ce résultat: la mise au pilori
de Jean-Louis Malvy. Le misérable,
au dire des journalistes qui ont assisté aux
séances de 1917, faisait la' même figure
qu'au jour où, sur les accusations de Léon
Daudet, il était, ministre félon, acculé à
réclamer lui-même la Haute Cour, dans
réclamer-lui-même la Haute-Cour qui de
vait condamner sa forfaiture.
La vigoureuse attitude de M. Barillet,
député du Loir-et-Cher, lisant avec calme
le texte des articles qui ont condamné le
traître ; un geste vengeur et fort du géné
ral de Saint-Just, députe du Pas-de-Calais ;
la fermeté et le courage de M. Maginot, se
substituant au ministre de la Guerre actuel,
dans la défense des généraux français in
sultés par la tourbe antipatriote ; et aussi
l'indignation d'une minorité exaspérée de
provocations ; tels sont les éléments qui
ont essayé — parfois non sans succès —
d'arrêter le flot honteux de la trahison et
des ennemis de la-France.
Mais aussi quelles apologies du crime,
quels désirs avoués et cyniques de ven
geance, quelle haine de l'ordre, de la sé
curité et de la farce de. la natrie !
La séance
Sous la présidence de Paul-Prudent
Painlevé — plus lamentable, plus impuis
sant, plus sectaire et plus partial que ja
mais — la Chambre a entrepris hier la
discussion des projets de loi relatifs à
l'amnistie.
Dès le début de la journée, il est visi
ble que l'assemblée est nerveuse. Les inter
ruptions et les protestations ne cessent
pas et ne cesseront pas pendant tout le
cours de cette tumultueuse séance.
M. Viollette à la tribune
M. Maurice Viollette, en qualité de rap
porteur, prend le premier la parole pour
demander à la Chambre de ne pas insti
tuer, dans la discussion générale, des dé
bats spéciaux ne trouvant de sanction quo
sur les articles.
— C'est la suppression de la discus
sion générale,-s'ecrie M. Barillet, député
de droite du Loir-et-Cher.
M. Viollette indique ensuite les prin
cipes d'après lesquels la Commission a
essaj'é de systématiser le" projet.
— D'abord, dit-il, c'est un acte politi
que qu'il s'agit d'accomplir.
— Le bloc des gauches veut sauver
Caillaux, s'écrie M. Poitou-Duplessv, dé
puté de la Charente, des bancs de l'Ènteni
te.
A quoi, Marius Moutet, qui ne ces
sera par la suite de se signaler par sa
violence, réplique :
— Nous voulons réhabiliter votre vic
time.
Le rapporteur parle encore de « cer
taines condamnations politiques d'où so
dégage la certitude de l'erreur, la certi
tude de l'innocence... » Ce sont là prôvo-
rafinns à l ':idrpsso du centre r>t rlo la Hroi.
!
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