Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1888-06-01
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 01 juin 1888 01 juin 1888
Description : 1888/06/01 (N153,A8). 1888/06/01 (N153,A8).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76200665
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/08/2014
- rrârixRmrtàt
"CrriqtiaTïte citoyens étaient présents. La
parole a été donnée, tout d'abord, à M.
Saint-Martin qui, durant une haure trois
quarts, a exposé au milieu d'un silence gla-
cial,Jes vices de la Constitution actuelle -
vices connus de tout le monde, - et, du-
rant un quart d'heure, les avantages du re-
mède boulangiste."
Les citoyens Taulier, conseiller munici-
pal et d'arrondissement; Guigoù, adjoint
au maire d'Avignon ; et Cartoux, vice-pr. -
sident du cercle, ont répondu- successive-
ment à la partie boulangiste daprononcé par M. Saint-Martin, qui a lui-
même, répliqué tout à son aise.
Apçàs les passes oratotres-les plus dircr- ■
ses^deux ordres du jour ont «té déposés
par les citoyens Cartoux et Rolland.
L'assemblée consultée a aecôr-ïé Jtf prio-
rité à l'ordre âu jour du citoyen Cartoux, ;
qui est çns ni inadapté f>ar25 v
En voici les termes t * ,';.-,.. /;
Le Cercle républicain radical d'Avignon
aprés discussion, se déclare oppose TTto a te*
tent.al'ives plébiscitaires et félicite le gou-
"crnement.de l'aiUtude vraiment républi-
caine qu'if a prise. II a pleine' confiance
4ans la promesse faite par M. W présichm t
du conseil de. présenter au plutôt aux deux
Chambres, un projet, de revision de la Gons-
tftution que désire la grande généralité des
républicains de. toutes "nuantfes. »
A Cetcle. républicain
Extrait du registre des délibérations du
Cercle républicain : Séance du 26 mai 1888,
sur la question boulang-ister - Les mem-
bres du Cercle républicain réprouvent éner.
gfkfoemont les agissements du parti bou-
langisle. Ils déplorent la campagne césa-
rienne etplébiscitaire qui se fait sur le nom
du général Boulanger, et ne s'expliquent.
pas comment, deux députés et un sénateur
(te Vaucluse se sont inféodés à une l'action
dont les partisans sont, les quatre cinquiè-
mes des réactionnaires avères.
C'est avec une douleur profonde qu'ils
ont entendu l'un des représentants du dé-
partement parler d'un appel possible a la
force, pour substituer à nos institutions un
régime innommé.
I!s protestant avec indignation contre de
pareils procédés, bien dignes d'ailleurs du
soldat indiscipliné qu'il y a quelques jours
& pe+ne, excitai Parmée d'intervenir dans
DOS luttes politiques.
.En; conséquence, fes-membres du Cercle
républicain décident d'assister à la réuaion
annoncée pour le 17 juin à Avignon pour
témoigner leur sympathie aux républicains
qui y combattront les orateurs de la faction
boulangiste.
De nombreux applaudissements approu-
vent la lecture de cet ordre du jour qui est
adopté « à l'unanimité );..
M- Monnier, conseiller d'arrondissement,
ancien conseiller municipal,, dépose l'ordre
du poursuivant:
« Comme conséquence de la décision qui
vient d'être prise à l'unanimité, propose :
qtie l'entrée du Cercle républicain soit in-
terdite aux députés Laguerre et Saint-Mar-
tin, et au sénateur Naquet, qui viennent de
se séparer du parti républicain qu'ils
avaient mission de représenter dans notre
département.
« il propose également qûe copie de cette
délibération leur soit adressée ainsi qu'à
U>us les cercles du département ».
Cet ordre du jour, mis aux voix, est en-
Bore adopté à l'unanimité.
Pour copie conforme, :
Le président.
Signé : Docteur DENIS.
Programme de travail parlementaire
La commission charge d'examiner le pro-
jet de résolution de M. Hanptaux fixant un
programme de travail parlementaire a en-
tesQrtu M. Fioquélj président du conseil.
Le président du conseil a informé la com-r
mission que le gouvernement étaR heureux
d'adhérer au projet d'ordre du jour qu'elle
avait adopté. II a seulement fait observer
que le ministère avait déjà préparé ou était
résolu à élaborer un certain nombre de pro-
jets qui n'étaient point compris dans ce pro-
gramme et qu'il. conviendrait d'y introduire
ultérieurement. -
M. Floquet a fait présenter notamment le
dépôt de projets relatifs à la liberté des as-
sociations, à l'organisation des Syndicats
communaux, à la suppression des presta-
tions, aux associations ouvrières.
Répondant à une question, M. Floquet a
déclaré qu'il s'emploierait activement à se-
conder les efforts de la commission pour
l'aire prévaloir devant la Chambre le projet
d'ordre du jour qu'elie avait préparé, mais
qu'il était bien convenu que l'adoption
de ce projet d'ordre du jour ne devait re-
tarder en aucun cas la discussion des lois
qui ont un caractère d'urgence, comme la
loi do finances et la lo'i militaire.
Le président de la commission lui à ré-
pondu que la commission était entièrement
de l'avis du gouvernement sur ce dernier
point.
Après le départ du président du conseil,
la commission a prié M. Antonin Dubost,
rapporteur, de hâter le plus possible le dé-
pôt de son rapport.
Le projet li ordi'e du jour qui sera sou
mis à l'approbation de la Chambre com-
prend :
la La loi sur les accidents, qui doit venir
-
prochainement en deuxième lecture devant
la Chambre ;
2° La loi sur la protection du travail dans
les usines èt manufacturés ; :,
3° La loi sur les caisses de retraites dei
ouvriers mineurs et carriers; .,
4° La loi sur la taxe de séjour à appliquer
aux étrangers;
5° La loi sur la suppression des presta-
Lions; -,
6° La loi sur la réforrae de la législation
des faillites;- '; -
7® La loi sur l'arbitrage, les p.rù.d'n.omnies
et les Syndicats professionnels;
8° La loi sur les préliminaires de conci-
Itatkrctr" - : ,'-
9? La loi sqr la compétence - des juges de
paix;
• 160 La loi sur la réforme du Coda rural.
H a été convenu quela discussion des loi ai.
sur la suppression de l'exercice, la meil-
leure. répartition des impôts directs, etc.,
serait r^tUcliée k la, diseii^io;v^i^bud|^s
Ce projet dorare d'u jour serait précéda j
d'une résolution dont voici le texte :
La Chambre prend la résolution de conS-aGr'EH',
ses séances à la discussion des projets de. loi
ayant pour objet plus spécialement l'améliora-
tion du sort des classes laborieuses dan; ïes
villes et lés campagnes, et qui sont énumérés
ci-dessous.
La séance du samedi seulement sera consa-
crée à la discussion, soit des autres projets ur-
gents, soit des interpellations s'il y a lieu.
Il est probable que le rapport de M. An-
tonin Dubost pourra être déposé sur le bu-
reau de la Chambre.
COULISSES DU PARLEMENT
La Gauche radicale
La Gauche radicale, réunie sous la prési-
dence de M. Collavru, a admis MM. Doumer
et Rabier.
Le groupe s'est ensuite prononcé à l'una-
nimité pour l'adoption du projet de M. Pey-
tral, ministre des finances, ayant pour ob-
jet de reporter clli l'r janvier au 1er juillet
le point de départ de l'exercice financier.
Le manifeste opportuniste
L'Union des Gauches, réunie sous la pré-
sidence de Rouvier, a longuement délibéré
sur la situation politique. :
Finalement, le groupe a chargé son bu-
reau d'élaborer un manifeste qui sera ren-
du public et dans lequel l'Union des Gau-
ches, après avoir nettement affirmé ses
idées progressistes s'expliquera sur la ques-
tion de la revision des lois constitution-
neltes.
L'Union des Gauches, qui reste hostile à
tout projet de revision tendant à supprimer
le Sénat ou la présidence de la République,
estime que,dans les circonstances actuelles,
la revision serait absolument dangereuse et
que, d'autre part, elle n'aurait aucune rai-
son d'être si elle devait seulement porter
sur le mode électoral du Sénat.
L'Union des Gauches continue donc à re-
culer quand le pays lui demande d'avan-
cer.
La suppression facultative
des octrois
La commission relative à la suppression
facultative des octrois a entendu les expli-
cations de M. Yves-Guyot sur la proposition
de loi dont il a pris l'initiative.
D'après le système de M. Yves-Guyot, les
Conseils municipaux des communes sou-
mises à l'octroi seraient autorisés à rem-
placer leurs octrois par des taxes directes
et pourraient eux-mêmes déterminer l'as-
siette de ces taxes.
Si les nouvelles taxes étaient proportion-
nelles, la délibération qui les aurait établies
deviendrait exécutoire un mois après le
dépôt qui aurait été fait à la préfecture ou
à la sous-préfecture; si elles étaient pro-
gressives, il serait statué par une loi sûç le
taux de la progression.. ?
Les communes pourpaieat, à l'aide-.dje
centimes additionnels ajoutés au principal,
de leurs taxes locales, sè rédimer envers lé
Trésor des taxes perçues pour son compta
à rentrée des villes.
Le monument commémorattf
de la Révolution,
La commission relative au monument
commémoratif de la Révofution française a
entendu M. Edouard Lockroy, ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts, sur
le projet qu'elle avait précédemment
adopté, et au sujet duquel nous avons
donné des indications complètes.
L ; ministre des beaux-arts s'est montré
favorable à ce projet.
H GROm DES MINQUIERS
D'après le correspondant d'un journal an-
glais de Guernesey, la France aurait fait une
tentative pour annexer une des dépendan-
ces de Jersey, connue sous le nom des Min-
quiers, et formée par un groupe d'îlots et
de rochers qui se trouvent entre Jersey et
la côte française.
Le drapeau tricolore aurait été hissé sur
l'île Maître,. la principale du groupe, qui
contient environ seize huttes, servant de
résidence aux pêcheurs de Jersey pendant
la saison de la pêche.
Les Minquiers, dit le correspondant an-
glais, ont toujours été considérés comme
appartenante l'Angleterre.
Un vaisseau français aurait été vu récem-
ment faisant des sondages dans les envi-
rons des Minquiers. -' ZD
il y a quelques années, ajoute le corres-
pondant, les Français avaient hissé leur
drapeau sur les Ecrehous, un autre petit
groupe d'îlots situés non loin de la côte de
Jersey, mais il y ont renonce à la suite des
reclibations du gouvernement anglais;
Oll-s'étonne des prétentions exprimées au
sujet des Minquiers.
Les Lçrehou-v donnent lieu à des contes-
tations, et la possession, il est vrai, nous
en est disputée par l'Angleterre; mais ja-
mais il n'en & été-de même en ce qjir con-
cerne les Minquiers, dont'la propriété nous
est-reconnue- et ne saurait d'ailleurs êtrë
mise en doute.
Nous avons, en effet, sur cesîlots un phare
: is6&.Ce est «t%rïer très
grande importance et. ne porte pas à moins
de onze milles.
L'INCIDENT TlSZA
Notre ambassadeur à Vienne, M. Decrais,
a eu dans la journée d'hier une longue en-
trevue avec le premier ministre austro-
hongrois, le comte Kolnoky, au sujet du
discours prononcé par M. Tisza. Selon toute
apparence, M. Kalnoky se montre disposé
à donner à notre ambassadeur des explica-
tions qui seront de nature à calmer la légi-
time émotion provoquée en France par les
paroles du ministre hongrois.
Du reste, les protestations contre l'inqua-
lifiable langage de M. Tisza commencent à
arriver. Les députés de t'Ëxtréme-Gauche
de la Chambre hongroise ont les premiers
signé une déclaration énergique, qui nous
est apportée par le télégraphe :
Le parti de l'indépendance a été très étonne
de la conduite du ministre du commerce à l'é-
gard des citoyens qui avaient l'intention de
prendre part à l'Eposition de 1889.
Les membres de ce parti ont entendu avec in-
dignation la réponse dû M. Szeeheny et celle de
M. Tisza à l'interpellation que M. Helfy a, dé-
posée en notre nom..
Non seulement les paroles ministérielles tra-
bissent des- sentiments réactionnaires qui ne
conviennent pas aux.ministres d'un Etat libre
et constitutionnel, et sont incompatibles avec
tes intérêts de l'industrie hongroise, mais en-
core elles sont de nature à blesser les senti-
ments de la nation française avec laquelle nous
sommes en relation d'amitié.
Bien que les principes du parti de l'indépen-
dance aient pour base la monarchie constitu-
tionnelle et que ce parti désire maintenir l'al-
iiance avec l'Allemagne, il considère- comme
nécessaire de condamner de la frçon la plus
énergique la conduite du ministre du commerce
et les paroles de M. Tisza.
Les membres dû parti de l'indépendance font
les vœux plus sincères pour le succès de l'Ex-
position du Centenaire de 1789, époque bienfai-
sante pour l'humanité et qu'ils ne confondent
pas avec la période oui a suivi.
Ils souhaitent que la République française
marche dans la voie de la,paix Intérieure et ex-
térieure.
Les membres du parti -de l'Indépendance ne
doutent pas que leurs sentiments soient ceux
de la nation hongroise toute entière.
D'autre part, les membres de la colonie
hongroise de Paris nous adressent la pro-
testation suivante :
La colonie hongroise de Pari;» proteste :cner-
giqûement contre les paroles prononcées devant
la Chambre hongroise par M. Tisza et déclare
les paroles prononcées comme inqualifiables et
contraires aux vœux des Hongrois, qui sont ani.
més des meilleurs sentiments envars la Fronça
chevaleresque. Vive la France I
Mayer4 13, rue Blondel, M.. Kivi, J.
Grujeszki, Joseph Muck, 67, ave-
- i ;.,. Í nllC de la République (Gf-and-
Montrouge), Klementis, 'F. Bçr-
tfioty, Jean Farkaspt, 21, rue du
• Roule, Burian, GYOfgy, Matte.;-
; desz, Louis Ujzal, François Fu-
zessy, Michez Dannen, Homth
Jesst, Henri Gai tzeustein, En-
glander, RiedI, Darthey, D. Eisney,
Matiko Wilmos.
Naturellement, la presse allemaude de
Berlin et de Vienne approuve les paroles de
M. Tisza. La Gazette nationale- de Berlin, va
plus loin. Elle dénonce à l'Europe le gou-
vernement de la République.
Le gouvernement français actuel, dit le jour-
nal de M. de Bismarck, n'a aucune autorité
dans le pays. l'état de choses qui existe en
France manque absolument de sécurité et, par
conséquent, aucun gouvernement étranger ne
peut assumer la responsabilité de placer ses
nationaux et leurs biens sous la protection du
gouvernement français.
Toute la bonne foi de la feuille repti-
lienne est contenue dans ce passage. Ainsi,
c'est la France qui jette le trouble dans le
monde du commerce et des affaires par ses
mesures vexatoires et iniques , comme
celles qui sont employées pir l'iiutorité al-
lemande à la frontière d'Alsace-Lorraine.
Ainsi, les nationaux de M. de Bismarck ne
sont plus eu sécurité chez nous. Alors, que
font donc à Paris ces soixante mille Alle-
mands qui vivent de notre vie, que l'on
emploie dans toutes les administrations,
dans tous les corps d'état? Sans doute
nous les engraissons pour mieux les man-
ger, eL nous les laissons faire fortune à nos
dépens pour confisquer leurs biens plus
tard.
De pareilles accusations soût odieuses et
dignes des feuilles à la solde dtt chancelier
allemand.
La presse autrichienne qui nous avait
habitué à plus de courtoisie, emboîte le
pas. Sa colère ressemble à dUtdélire. Voici
par exemple ce que dit la Nouvelle Presse
Personne, dit-elle, ne peut nier que ce soit la
faute de la. France, si M. de Bismarck est obligé
de prendre contre elle des mesures d'isole-
ment Il n'y a plus que la Russie qui prenne
parti pour la France, et encore est-ce par haine
dè l'Allemagne. C'est à'la Russie que la France
doit sa situation. -- < -..
La France sera un danger pour la paix de
l'Europe aussi longtemps qu'elle sera à lare-
tBô®q»e efe là RûS»i<É&- r -
C'est de la folie et de la peur.
Il semble, cependant, que certaines feuil-
les reviennent à une appréciation plus
exacte des faits eL cherchent à atténuer la
portée des paroles de M. Tisza, en leur
(tonnant une signification toute spé-
ciale.
Le correspondant d.e Buda-Peslh de la
Correspondance politique déclare que l'on
commet une erreur, pouvant seulement
provenir, d'une complète ignorance du vé-
ritable état des choses,'lorsqu'on interprète
le discours de M. Tisza, concernant l'Expo-
sition de 1889, couimo une attaque- contre
la France ou contre la République.
Ces deux intentions, ajoute le correspondant,
sont étrangères à M. Tisza, qui est un ami de
la France. Dus pcrsodncs non autorisées ont
cherché à faire de la propagande pour l'Exposi-
tion parmi les industriels hongrois, en leur
donnant le faux espoir que le gouvernement
leur accorderait son appui. M. Tisza a eu con-
naissance de ce fait et a résolu de tenir un !an=
gage non équivoque pour mettre d'un seul coup
un terme à ccs agissements.
Tout but politique lui était entièrement étran,
ger, et, lorsqu'il a été oblige de faire allusion
à l'incertitude de la situation intérieure de la
France, il en a éprouvé certaiment beaucoup
plus de regret qu > bien des gens qui se plaisent
à jouer le rôle d'amis de la France.
Le discours de M. Tisza s'adressait exclusi-
vement aux habitants de !a monarchie; le mi..
nistre a seulement voulu combattre certaines
tendances sans toucher aux relations, de la mo-
narchie austro hongroise avec la France, et
l'intention de peser les chances de guerre, et de
paix de l'Europe lui était encore plus étran-
gère.
LES FRANÇAIS EN ALSACE
Les voyageurs pour l'Autriche
et riïalie
La Compagnie des chemins de fer de l'Est
nous communique l'avis important que
voici : -
MM. les voyageurs sont prévenus qu'à partir
de ce jour 30. mai courant,, inclus, ils no pour-
ront pénétrer en Alsace-Lorraine, soit pour s'y
arrêter, soit même simplement pour transiter,
sans être munis d'un passeport. visé par l'am-
bassade d'Allemagre.
Mais les voyageurs de et pour la Suisse, l'Au-
triche-Hongrie (via Ar!berg\ et l'Italie (vil Go-
thard), peuvent dès aujourd'hui éviter le transit
par le territoire d'AtsaCe-Lorraine et emprunter
la voie de Delle en prenant les trains suivants :
Trains rapides
Départ de Paris (lrc et 20 el.) : 8 h. 40 du soir,
arrivée à Bàlé : 9 h. 35 matin.
Dépari, de Baie (tro 2° efc 3e), 7 h. 15 du matin;
arrivée à Paris, 9 b. 25"'soir.
Départ de Bàle (tro et 2") : 5 h. 15 du soir; ar-
rivée à Paris : 6 h. - 36 matin.
Trains omnibus
Dcpart'de Paris ({", 2e et 3^: 9 ft, 40 du .sqkv
I l irrivée à Bàle : 4 h. 59 sok\ -
Départ de Paris (ira, 2e et 3e) : minuit 35 ma-
tin; arrivée à Bàle, 7 h. 30 soir.
Déport de Bâte (lN, 2° et 3e) : 5 h. 15 soir; ar-
rivée à Paris : 10 heures mafia.
Un avis ultérieur fera connaître tes mesures
qui vont être prises pour accélérer la marche
des trains via Delle.
Il est rappelé au public que les relations par
trains rapides entre PAngieterre et la Suisse
(viâ Calais, Laon, Chaumont, Belfort et Bàle),
sont, dès à présent, établies par la voie de
Delle et échappent, en conséquence aux diffi-
cultés du passeport.
Voici le texte d'un imprimé que l'ambas-
sade d'Allemagne distribue, depuis mardi,
aux personnes qui veulent traverser la fron-
tière :
AMBASSADE D'ALLEMAGNE A PARIS
78y rue de Lille
Tout étranger arrivant en Alsace-Lorraine
par la frontière française, qu'il ne soit pas de
passage ou qu'il veuille y séjourner devra être
porteur d'un passeport émanent de son gou-
vernement ou d'un agent dIplomatique ou con-
sulaire de son pays, et muni du visa de l'am-
bassade d'Allemagne à Paris. Ce visa n'est va-
lable que pour un an.
Les frais sont de 12 fr. 50.
En outre, tout Français qui séjournera plus
de vingt-quatre heures dans une commune de
l'Alsace-Lorraine, quelle que soit la frontière
par laquelle il sera entré, devra faire une dé-
claration de résidence dans les vingt-quatre
heures, soit au maire de la commune, soit,
pour les villes de Metz, de Strasbourg et de
Mulhouse, au directeur de police, en justifiant
de son identité par un passeport également
muni du visa de l'ambassade d'Allemagne à
à Paris. -
Ces passeports tiennent lieu d'un permis de
séjour de huit semaines, sauf des cas exception-
nels. Les huit semaines écoulées, une prolon-
gation peut être demandée au pcésident dndis.
trict.
L ambassade d'Allemagne ne peut viser les
passeports des Français voulant se rendre en
Alsace-Lorraine ou simplement traverser ce
pays qu'après s'être informée auprès des auto-
rites de ce pays si rien ne s'y oppose.
Cette formalité cause nécessairement un cer-
tain retard.
Aux Français qui présenteraient à l'ambassade
un- permis de séjour qu'ils - se seraient eux-
mêmes procuré, le visa est généralement déli-
vré aussitôt.
Bureau des passeports ouvert de dix heures à
midi et de une heure et demie à trois heures.
Dans les exemplaires de ce document, dis-
tribués hier à la rue de Lille, les mots ': cc ou
simplement trawareer ce pays effa-
ces.
Le visa du passeport sera accordé immé-
diatement aux Français qui comptentseu-
lement traverser l'Alsace-Lorraine. Si ces
personnes, par suite d'un incident quelcon..
que, se trouvaient arrêtées en route, dans
les pays annexés, elles auraient immédiate-
ment à demander un permis de séjour pro-
visoire aux autorités locales.
L'ambassade d'Allemagne compte publier
prochainement un avis indiquant les ren-
seignements et les références qui seraient
de nature a abréger l'enquête qui doit pré-
céder le visa des passeports des Français
comptant demeurer en Alsace-Lorraine. Ce
visa est accordé immédiatement aux étran-
gers seulement. -
A L'AMBASSADE DE RUSSIE
Hier a eu lieu le grand dîner offert en
l'honneur de M. le président de la Républi-
que, par M. le baron de Morenheim, am-
bassadeur de Russie.
Le baron de Morenheim, accompagné par
le personnel de l'ambassade, a reçu le pré-
sident de la République sous la vérandah,
magnifiquement décorée de plantes et de
fleurs.
L3 baron a offert le bras à Mme Carnet et
a conduit ses hôtes dans les salons du pre-
mier étage, où Mme la baronne de Proren-
heim recevait les invités.
Peu après on annonçait que le président
était servi.
Les invites étaient.: M. le président de la
République et Mme Carnot, MM. Le Royer,
Goblet, de Freycinet, Krantz, 'Tirard, Rou-
vier, Flourens, Jules Ferry, général Haillot,
colonel Lichtenstein, commandant Toulza,
gênerai Rousseau, Clavery, F. Charmes, A.
Mol lard, Foucher de Careil, général baron
de Fréedériksz, attache militaire de l'am-
bassade de Russie, Kansky-Korsakoff, atta-
ché naval et de Giers, 1er secrétaire.
Le président dé la République avait à sa
droite la baronne de Morenheim et à sa
gauche Mme MéJine. Le baron de Moren-
heimt assis en face du président de la Ré-
publique, avait à sa droite Mme Carnot et
à sa gauche Mme Floquet.
Après le dîner a eu lieu une très brillante
réception.
TOUTE LA LYRE
Depuis combien d'années attendons-
nous ces deux volumes ! Et avec quelle
rapidité nous ont-ils été donnés, -si l'on
songe aux effrayantes difficultés qu'ont
rencontrées ceux qui avaient accepté la
tâche écrasante de diriger cette publica-
tion!
C'est qu'en effet Victor Hugo n'avait
laisse que le titre de l'ouvrage et l'énorme
amoncellement de joyaux duquel il de-
vait être tiré. Auguste Vacquerie et Paul
Meurice pouvaient. séuls se reconnaître!
assez dans ce trésor des Mille et une j
Nuits pour désigner les pièces nombreu- !
ses qui devaient composer l'æuvrenou-
velle. Tous deux l'ont fait en grands
poètes qu'ils sont et, dans l'énorme amas
des chefs-d'œuvres encore inédits, ils
onttrouvé des merveilles assez sublimes
pour grandir la gloire du maître, si cette
gloire pouvait encore être grandie.
Les sept cordes de la lyre, philoso-
phie, , amour, nature, fantaisie, chan-
sons, sanglots, éclats de rire, c'étaient
toutes les vibrations de l'âme humaine ;
mais Victor Hugo avait écrit :
Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain
et sous ce titre se retrouvent groupées
toutes les strophes indignées du poète
contre les crimes, contre les cruautés,
contre les massacres, contre les hor-
reurs de l'invasion allemande et les
égorgements de citoyens désarmés.
Par quel extravagant procédé d'ana-
lyse pourrais-je essayer de donner à
mes lecteurs même une idée de Toute la
Lyre? Cette besogne m'effraye, je l'a-
voue, et je préfère procéder par exem-
ples.
Le seul moyen d'exprimer quel sentie
ment d'admiration font naître les vers
de Toute la Lyre, c'est de faire partager,
ce sentiment en citant ces vers.
Voici d abord une chose exquise, de
cette fantaisie @ parfumée et printa-
nière que nul n'a rendue comme Victor
Hugro :
Les bluets la trouvaient belle,
L'air vibrait; il est certain
"Qu'on était fort épris d'elle, '-"
Dans .le trèfle et dans le thym.
Quand ses légères bottines
Enjambaient lèpre çharm$ûÇ, ♦; •
Ce tas de fleurs libertines • »v* W - ?
iieyait la têfte gaîment, i
.,- "Et jè ^sais r
Le muguet est indécent :
Et le liseron regarde ,
Sous votre robe.en passant» >
Les ramiers et les mésanges
Nous enviaient par moments :
Nous étions déjà des anges,
Quoique pas encore amants.
Seulement, son cœur dans l'ombre
M'appelait vers son corset.
Au fond de mon rêve sombra
Une alcôve frémissait.
une chose qui fera fureur, c'est le
Roman en trois sonnets, d'une grâce char-
mante et d'une philosophie dont le
pessimisme se dérobe sous le charma
adorable de la forme :
Fille de mon portier! l'Erymanthe sonore
Devant vous sentirait tressaillir ses pins verts f
L'Horeb. dont le sommet étonne l'univers.
Inclinerait son cèdre altier qu'un peuple adore i
Les docteurs juifs, quittant les talmuds entr'ou-
1 verts,
Songeraient; et les Grecs, dans le temple d'A-
I glaure
Le long duquel Platon marche en lisant des vers,
Diraient en vous voyant: Salut, déesse Aurorel
Ainsi palpiteraient les juifs et les hébreux
Quand vous passe?, les yeux baissés sous votre
.: I mante i
Ainsi frissonneraient sur l'Horeb ténébreux
Les cèdres et les pins sur l'auguste ErYmanthe,
Je ne vous cache pas que vous êtes charmante.
Je ne vous cache pas que je suis amoureux,.
II
Je ne vous cache pas que jè suis amoureux.
Je ne vous cache pas vous êtes chaînante;
Soit, mais vous comprenez que, ce qui me tour.
1 monter
C'est, ayant le cœur plein, d'avoir le gousset
1 creux.
On fuit le pauvre ainsi qu'on fuyait le lépreux ;
Pour Tircis sans le sou Philis est peu clémente,
Et ramant dédoré n'éblouit point l'amante;
II sied d'êtreRothschild ayant d'être Saint- Pretfx.
N'importe, je m'obstine ; et j'ai l'audace étrange
D'être pauvre et d'aimer, et je vous veux, bel
!ange{
Car l'ange n'est complet que lorsqu'il est déchu;
Et je vous offre, Eglé, giletière étonnée,
Tout ce qu'une âme, hélas ! vers l'infini tourn:",_<
Mêlé de rêverie aux rondeura d'un fichu.
9 décembre.
nr J
Une étoile du ciel me parlait ; cette vierge
Disait : - « O descendant c.rotté des Colletots,
J'ai ri de tes sonnets d'hier où tu montais.
Jusqu'à la blonde Eglé, fille de ton concierge.
« Eglé fait — j'en pourrais jaser, mais je me
1 tais —
Des rêves de velours sous ses rideaux de serge.
Tu perds ton temps. Maigris* fais des vers, brûle
[un. cierge»
CUante-la ; ce sera comme si tu chantais. ; .-
« Un galant sans argent est un oiseau sans aile.
Elle est trop haut pour toi. Les poètes sont fous.
Jamais tu n'atteindras jusqu'à, cette donzelle. » —
Et je dis à l'étoile, à l'étoile aux yeux doux:
— Mais, vous avefa cent fois raison, madem --
: l selle î
Et je ferais bien mieux d'être amoureux de vous.
Et cette comédie en quatre vers :
Lui. - Farouche t
ELLE. — Moqueur!
Lui. - Ta bauchet
ELLE. — Ton cœur!
On sait que les vers de Toute la Lyre
appartiennent à toutes les époques de
Victor Hugo. Les uns sont contempo-
rains de ces premiers chants, qui sont
balbutiements chez les autres et qui
étaient déjà des hymnes chez lui.
D'autres ont été écrits quelques mois
avant sa mort.
C'est à la dernière période que se rat-
tache cet admirable portrait d'une
femme que tout le monde reconnaîtra et
saluera, bien qu'elle n'y soit pas nom-
mée.
Cela s'appelle Viro Major, plus grande
qu'un homme.
FEUILLETON DU RADICAL
104
LA BELLE
GABRIELLE
PAR
AUGUSTE MAQUÉÏ
f :,'
(..
xxxit r.
La patrouille bourgeoise
(Suite)
--Eh bien! dit vivement l'Espagnol,
e&Uce que vous auriez de la répugnance
à pousser une reconnaissance autour des
remparts extérieurement?
- Moi? répliqua Brissac un peu trou-
blé, car il voyait clairement le piège de
cette proposition. Je n'ai jamais de ré-
pugnance à faire ce qu'il faut pour le
service. i
— Eh bien. monsieur, soyez donc assez
bon pour faire cette ronde.
— Très volontiers.
— Je ne vous dissimulerai pas ce qu'on
dit.
- On dit encore quelque chose ?
- On assure que nous sommes trahis.
- C'est moi-même qui vous en ai
ai averti tantôt, monsieur le duc..
— Et si réellement il y a de la cavale-
rie ennemie dans la campagne, c'est que
la trahison existe, n'est-il pas vrai?
— Assurément.
Le duc écouta attentivement cette ré-
ponse et parut la faire écouter aux hom-
mes qui l'environnaient.
— Il n'y a pas'de temps à perdre, con-
tinua-t-il, et puisque vous avez l'obli-
geance de faire cette ronde en personne,
il est l'heure de partir, je crois.
— Partons, dit Brissao, dont le coeur
battait. Mais je ne la ferai pas tout scur.
je suppose, et il faut que j'aille chercher
une escorte. !
— Voici huit hommes sûrs que je vous
donne, monsieur le gouverneur.
— Huit Espagnols !
- Castillans, tous gentilshommes,
tous d'une bravoure et d'une fidélité
dont je réponds; tous gens qui ont la
trahison en horreur.
Brissac examina ces huit physiono-
mies assombries par le soupçon, ces
huit regards tout brillants du feu d'une
résolution inébranlable.
- Diable 1 murmura-t-il, mais le vin
est tiré, il faut le boire.
On était arrivé à la porte Saint-Denis,
les huit hommes attendaient leur nou-
veau chef pour sortir derrière lui.
La nuit était noire et pluvieuse. Un
mauvais fallofc de eorps de garde éclai-
rait seul les figures d'un reflet rougeâ-
tre.
— Eh bierd adieu, dit Brissac an duc;
faut-il que je vous dise au revoir?
.Le duc- conduisit la troupe hors des
murs, et là, s'étant arrêté dans l'obscu-
rité, le silence et la solitude :
— Au revoir, dit-il, si vous ne ren-
contrez pas en chemin la cavalerie du
roi de Navarre ; autrement, adieu.
— Ah ! ah ! fit Brissac, je comprends.
C'est-à-dire que si je la rencontre.
— Ces huit. gentilhommes. vous tue-
ront, répliqua froidement le duc en re-
venant vers La ville.
Brissac, après trois secondes de ré-
flexion, haussa les épaules et poussa ré-
solument son cheval dans la campa-
gne.
La troupe sinistre l'escorta sans pro-
noncer une parole..
La cloche de Noire-Dame sonna lugu-
brement douze coups, que le vent
portait dans la plaine sur ses ailes humi-
des.
- C'est égal, pensa Brissac, si l'armée
du roi n'est pas disciplinée comme une
phalange macédonienne, ou si l'horloge
de Sa Majesté avance sur celle de No-
tre-Dame, mon bâton de maréchal de
France est bien aventuré,
XXXIII
La porte Netnrc
La porte Neuve fermait Paris sur les
bords de la Seine, au quai du Louvre, à
1
peu près au point oh la rue Sairvt-Nicaisc
venait aboutir à la galerie de ce château.
Comme la plupart des portes de Paris,
c'était un bâtiment flanqué de tours pro-
pres à la défense. La principale de ces
tours, à la porte Neuve, s'appelait la tour
du Bois ; elle était contiguë à une longue
et étroite tourelle, qui renfer mait l'esca-
lier de la grande tour. -
Les meurtrières et les fenêtres don-
naient sur l'eau, assez profonde en cet
endroit, encaissée qu'elle était par les
fondations de la porte Neuve. Un pont-
levis servait de communication, et c'est
le terre-plein qui enterrait la porte, pré-
cédé par ce pont-levis, que Brissac avait
fait démolir par ses ouvriers, en sorte
que ses hommes n'avaient qu'à se tour-
ner à droite pour jeter la terre de leurs
pelles dans la Seine.
La tour, à son rez-de-chaussée, lor-
mait une salle ronde de trente pieds de
diamètre environ. Au-dessus était le lo-
gement du concierge de la porte Neuve,
vieux soldat éclopé que les discordes
civiles avaient oublié dans ce poste peu
fatigant et peu important, puisque la
porte Neuve, remblayée comme nous
l'avons dit, ne s'ouvrait jamais.
Du logement de ce bonhomme, la vue
était belle sur la Seine et la campagne,
qui se développait sans obstacles dans
tout le périmètre d'un horizon de plu-
sieurs lieues.
Quand à la salle ronde qu'il avait sous
les pieds, c'était le corps de garde. Les
murs tout nus n'avaient pour ornement
que des clous énormes, destinés à sup-
porter les armes, et la plus iadépôa-i
dante irrégularité avait présidé à la dis-
position de ces clous fiches selon le ca-
price ou suivant la taille du soldat.
Ce concierge descendait là par le petH
escalier de la tourelle, lorsque la garde,
altérée par le voisinage de la rivière, ré-
clamait de lui certaine liqueur fermen-
tée, composée de grain et de miel, qu'il
était censé fabriquer et faire cuire au
soleil de sa plate-forme, mais qu'il ache-
tait bel et bien au plus prochain cabare-
tier, après avoir eu la précaution de l'a-
doucir par un raisonnable mélange d'eau
de Seine.
Dans4a nuit dont il s'agit, après que
le poste dé la porte Neuve eût été com-
posé, comme nous l'avons vu, par le duc
de Féria et Brissac, le capitaine Castil, en
vigilant officier et surtout en officier qui
s'ennuie avec ses soldats, monta du rez-
de-chaussée chez le concierge, pour se
rendre compte de la situation exacte de
son poste.
Il vit, dans un petit taudis, l'invalide
occupé à transvaser du tonneau dans des
pots d'étain la liqueur écumeuse que les
hôtes du rez-dè-chaussée allaient bientôt
lui demander. Les parfums de ce breu-
vage étaient violents, ils saturaient l'air
d'une forte odeur d'ànis et de poivre,
qui eût délicieusement caressé les na-
rines d'un lansquenet allemand.
Mais don José était un homme sobre,
il fronça le sourcil en respirant cette
vapeur traîtresse.
- Mon capitaine, dit l'invalide, em-
ployant avec adresse toutes les ressour-
ces de la langue française mêlées aux
séductions de quelques mots espagnols,
vous plaît-il un verre de liquçur? vous
en aurez l'étrenne; voyez comme elle
est claire, et comme elle mousse à flo-
cons brillants.
— Pouah î on s'enivrerait rien qu'à la
respirer, ta liqueur maudite ! s'écria
don José. On suffoque dans ton labora-
toire.
En disant ces mots, le capitaine s'ap*
prochait d'un petit balcon fermé par
une tenture en lambeaux, par laquelle,
lorsqu'il la souleva, s'engouffra une
bonne brise fraîche venant de la rivière.
— Tiens, dit José, tu as du monde,
ici;? '- ,.
, En effet, sur ce balcon formé par des
ais mal joints que supportaient deux
potences de fer, on voyait, l'un assis sur
un escabeau, Vautre debout et appuya
sur la balustrade, deux hommes que
le reflet de la lumière du concierge fit
apparaître aussitôt que Castil eut levé
la tapisserie.
Le personnage assis était vêtu d'une
robe grise, la tête enveloppée de son ca-
puchon ; c'était un moine. Il surveillait,
avec l'attention la plus profonde, le tra-
vail des piocheurs qui déblaiyaient le
pied.de la tour. Il ne se retourna pas au
son de la voix du capitaine.
L autre était un grand jeune homme
dont les cheveux blonds flottaient au
vent mouillé ; l'intérêt qu'il portait aux
terrassiers n'était pas des plus vifs, et il
parut accueillir avec assez de plaisir
l'arrivée d'un nouvel interlocuteur.
(A IWMIfltj
"CrriqtiaTïte citoyens étaient présents. La
parole a été donnée, tout d'abord, à M.
Saint-Martin qui, durant une haure trois
quarts, a exposé au milieu d'un silence gla-
cial,Jes vices de la Constitution actuelle -
vices connus de tout le monde, - et, du-
rant un quart d'heure, les avantages du re-
mède boulangiste."
Les citoyens Taulier, conseiller munici-
pal et d'arrondissement; Guigoù, adjoint
au maire d'Avignon ; et Cartoux, vice-pr. -
sident du cercle, ont répondu- successive-
ment à la partie boulangiste da
même, répliqué tout à son aise.
Apçàs les passes oratotres-les plus dircr- ■
ses^deux ordres du jour ont «té déposés
par les citoyens Cartoux et Rolland.
L'assemblée consultée a aecôr-ïé Jtf prio-
rité à l'ordre âu jour du citoyen Cartoux, ;
qui est çns ni inadapté f>ar25 v
En voici les termes t * ,';.-,.. /;
Le Cercle républicain radical d'Avignon
aprés discussion, se déclare oppose TTto a te*
tent.al'ives plébiscitaires et félicite le gou-
"crnement.de l'aiUtude vraiment républi-
caine qu'if a prise. II a pleine' confiance
4ans la promesse faite par M. W présichm t
du conseil de. présenter au plutôt aux deux
Chambres, un projet, de revision de la Gons-
tftution que désire la grande généralité des
républicains de. toutes "nuantfes. »
A Cetcle. républicain
Extrait du registre des délibérations du
Cercle républicain : Séance du 26 mai 1888,
sur la question boulang-ister - Les mem-
bres du Cercle républicain réprouvent éner.
gfkfoemont les agissements du parti bou-
langisle. Ils déplorent la campagne césa-
rienne etplébiscitaire qui se fait sur le nom
du général Boulanger, et ne s'expliquent.
pas comment, deux députés et un sénateur
(te Vaucluse se sont inféodés à une l'action
dont les partisans sont, les quatre cinquiè-
mes des réactionnaires avères.
C'est avec une douleur profonde qu'ils
ont entendu l'un des représentants du dé-
partement parler d'un appel possible a la
force, pour substituer à nos institutions un
régime innommé.
I!s protestant avec indignation contre de
pareils procédés, bien dignes d'ailleurs du
soldat indiscipliné qu'il y a quelques jours
& pe+ne, excitai Parmée d'intervenir dans
DOS luttes politiques.
.En; conséquence, fes-membres du Cercle
républicain décident d'assister à la réuaion
annoncée pour le 17 juin à Avignon pour
témoigner leur sympathie aux républicains
qui y combattront les orateurs de la faction
boulangiste.
De nombreux applaudissements approu-
vent la lecture de cet ordre du jour qui est
adopté « à l'unanimité );..
M- Monnier, conseiller d'arrondissement,
ancien conseiller municipal,, dépose l'ordre
du poursuivant:
« Comme conséquence de la décision qui
vient d'être prise à l'unanimité, propose :
qtie l'entrée du Cercle républicain soit in-
terdite aux députés Laguerre et Saint-Mar-
tin, et au sénateur Naquet, qui viennent de
se séparer du parti républicain qu'ils
avaient mission de représenter dans notre
département.
« il propose également qûe copie de cette
délibération leur soit adressée ainsi qu'à
U>us les cercles du département ».
Cet ordre du jour, mis aux voix, est en-
Bore adopté à l'unanimité.
Pour copie conforme, :
Le président.
Signé : Docteur DENIS.
Programme de travail parlementaire
La commission charge d'examiner le pro-
jet de résolution de M. Hanptaux fixant un
programme de travail parlementaire a en-
tesQrtu M. Fioquélj président du conseil.
Le président du conseil a informé la com-r
mission que le gouvernement étaR heureux
d'adhérer au projet d'ordre du jour qu'elle
avait adopté. II a seulement fait observer
que le ministère avait déjà préparé ou était
résolu à élaborer un certain nombre de pro-
jets qui n'étaient point compris dans ce pro-
gramme et qu'il. conviendrait d'y introduire
ultérieurement. -
M. Floquet a fait présenter notamment le
dépôt de projets relatifs à la liberté des as-
sociations, à l'organisation des Syndicats
communaux, à la suppression des presta-
tions, aux associations ouvrières.
Répondant à une question, M. Floquet a
déclaré qu'il s'emploierait activement à se-
conder les efforts de la commission pour
l'aire prévaloir devant la Chambre le projet
d'ordre du jour qu'elie avait préparé, mais
qu'il était bien convenu que l'adoption
de ce projet d'ordre du jour ne devait re-
tarder en aucun cas la discussion des lois
qui ont un caractère d'urgence, comme la
loi do finances et la lo'i militaire.
Le président de la commission lui à ré-
pondu que la commission était entièrement
de l'avis du gouvernement sur ce dernier
point.
Après le départ du président du conseil,
la commission a prié M. Antonin Dubost,
rapporteur, de hâter le plus possible le dé-
pôt de son rapport.
Le projet li ordi'e du jour qui sera sou
mis à l'approbation de la Chambre com-
prend :
la La loi sur les accidents, qui doit venir
-
prochainement en deuxième lecture devant
la Chambre ;
2° La loi sur la protection du travail dans
les usines èt manufacturés ; :,
3° La loi sur les caisses de retraites dei
ouvriers mineurs et carriers; .,
4° La loi sur la taxe de séjour à appliquer
aux étrangers;
5° La loi sur la suppression des presta-
Lions; -,
6° La loi sur la réforrae de la législation
des faillites;- '; -
7® La loi sur l'arbitrage, les p.rù.d'n.omnies
et les Syndicats professionnels;
8° La loi sur les préliminaires de conci-
Itatkrctr" - : ,'-
9? La loi sqr la compétence - des juges de
paix;
• 160 La loi sur la réforme du Coda rural.
H a été convenu quela discussion des loi ai.
sur la suppression de l'exercice, la meil-
leure. répartition des impôts directs, etc.,
serait r^tUcliée k la, diseii^io;v^i^bud|^s
Ce projet dorare d'u jour serait précéda j
d'une résolution dont voici le texte :
La Chambre prend la résolution de conS-aGr'EH',
ses séances à la discussion des projets de. loi
ayant pour objet plus spécialement l'améliora-
tion du sort des classes laborieuses dan; ïes
villes et lés campagnes, et qui sont énumérés
ci-dessous.
La séance du samedi seulement sera consa-
crée à la discussion, soit des autres projets ur-
gents, soit des interpellations s'il y a lieu.
Il est probable que le rapport de M. An-
tonin Dubost pourra être déposé sur le bu-
reau de la Chambre.
COULISSES DU PARLEMENT
La Gauche radicale
La Gauche radicale, réunie sous la prési-
dence de M. Collavru, a admis MM. Doumer
et Rabier.
Le groupe s'est ensuite prononcé à l'una-
nimité pour l'adoption du projet de M. Pey-
tral, ministre des finances, ayant pour ob-
jet de reporter clli l'r janvier au 1er juillet
le point de départ de l'exercice financier.
Le manifeste opportuniste
L'Union des Gauches, réunie sous la pré-
sidence de Rouvier, a longuement délibéré
sur la situation politique. :
Finalement, le groupe a chargé son bu-
reau d'élaborer un manifeste qui sera ren-
du public et dans lequel l'Union des Gau-
ches, après avoir nettement affirmé ses
idées progressistes s'expliquera sur la ques-
tion de la revision des lois constitution-
neltes.
L'Union des Gauches, qui reste hostile à
tout projet de revision tendant à supprimer
le Sénat ou la présidence de la République,
estime que,dans les circonstances actuelles,
la revision serait absolument dangereuse et
que, d'autre part, elle n'aurait aucune rai-
son d'être si elle devait seulement porter
sur le mode électoral du Sénat.
L'Union des Gauches continue donc à re-
culer quand le pays lui demande d'avan-
cer.
La suppression facultative
des octrois
La commission relative à la suppression
facultative des octrois a entendu les expli-
cations de M. Yves-Guyot sur la proposition
de loi dont il a pris l'initiative.
D'après le système de M. Yves-Guyot, les
Conseils municipaux des communes sou-
mises à l'octroi seraient autorisés à rem-
placer leurs octrois par des taxes directes
et pourraient eux-mêmes déterminer l'as-
siette de ces taxes.
Si les nouvelles taxes étaient proportion-
nelles, la délibération qui les aurait établies
deviendrait exécutoire un mois après le
dépôt qui aurait été fait à la préfecture ou
à la sous-préfecture; si elles étaient pro-
gressives, il serait statué par une loi sûç le
taux de la progression.. ?
Les communes pourpaieat, à l'aide-.dje
centimes additionnels ajoutés au principal,
de leurs taxes locales, sè rédimer envers lé
Trésor des taxes perçues pour son compta
à rentrée des villes.
Le monument commémorattf
de la Révolution,
La commission relative au monument
commémoratif de la Révofution française a
entendu M. Edouard Lockroy, ministre de
l'instruction publique et des beaux-arts, sur
le projet qu'elle avait précédemment
adopté, et au sujet duquel nous avons
donné des indications complètes.
L ; ministre des beaux-arts s'est montré
favorable à ce projet.
H GROm DES MINQUIERS
D'après le correspondant d'un journal an-
glais de Guernesey, la France aurait fait une
tentative pour annexer une des dépendan-
ces de Jersey, connue sous le nom des Min-
quiers, et formée par un groupe d'îlots et
de rochers qui se trouvent entre Jersey et
la côte française.
Le drapeau tricolore aurait été hissé sur
l'île Maître,. la principale du groupe, qui
contient environ seize huttes, servant de
résidence aux pêcheurs de Jersey pendant
la saison de la pêche.
Les Minquiers, dit le correspondant an-
glais, ont toujours été considérés comme
appartenante l'Angleterre.
Un vaisseau français aurait été vu récem-
ment faisant des sondages dans les envi-
rons des Minquiers. -' ZD
il y a quelques années, ajoute le corres-
pondant, les Français avaient hissé leur
drapeau sur les Ecrehous, un autre petit
groupe d'îlots situés non loin de la côte de
Jersey, mais il y ont renonce à la suite des
reclibations du gouvernement anglais;
Oll-s'étonne des prétentions exprimées au
sujet des Minquiers.
Les Lçrehou-v donnent lieu à des contes-
tations, et la possession, il est vrai, nous
en est disputée par l'Angleterre; mais ja-
mais il n'en & été-de même en ce qjir con-
cerne les Minquiers, dont'la propriété nous
est-reconnue- et ne saurait d'ailleurs êtrë
mise en doute.
Nous avons, en effet, sur cesîlots un phare
: is6&.Ce est «t%rïer très
grande importance et. ne porte pas à moins
de onze milles.
L'INCIDENT TlSZA
Notre ambassadeur à Vienne, M. Decrais,
a eu dans la journée d'hier une longue en-
trevue avec le premier ministre austro-
hongrois, le comte Kolnoky, au sujet du
discours prononcé par M. Tisza. Selon toute
apparence, M. Kalnoky se montre disposé
à donner à notre ambassadeur des explica-
tions qui seront de nature à calmer la légi-
time émotion provoquée en France par les
paroles du ministre hongrois.
Du reste, les protestations contre l'inqua-
lifiable langage de M. Tisza commencent à
arriver. Les députés de t'Ëxtréme-Gauche
de la Chambre hongroise ont les premiers
signé une déclaration énergique, qui nous
est apportée par le télégraphe :
Le parti de l'indépendance a été très étonne
de la conduite du ministre du commerce à l'é-
gard des citoyens qui avaient l'intention de
prendre part à l'Eposition de 1889.
Les membres de ce parti ont entendu avec in-
dignation la réponse dû M. Szeeheny et celle de
M. Tisza à l'interpellation que M. Helfy a, dé-
posée en notre nom..
Non seulement les paroles ministérielles tra-
bissent des- sentiments réactionnaires qui ne
conviennent pas aux.ministres d'un Etat libre
et constitutionnel, et sont incompatibles avec
tes intérêts de l'industrie hongroise, mais en-
core elles sont de nature à blesser les senti-
ments de la nation française avec laquelle nous
sommes en relation d'amitié.
Bien que les principes du parti de l'indépen-
dance aient pour base la monarchie constitu-
tionnelle et que ce parti désire maintenir l'al-
iiance avec l'Allemagne, il considère- comme
nécessaire de condamner de la frçon la plus
énergique la conduite du ministre du commerce
et les paroles de M. Tisza.
Les membres dû parti de l'indépendance font
les vœux plus sincères pour le succès de l'Ex-
position du Centenaire de 1789, époque bienfai-
sante pour l'humanité et qu'ils ne confondent
pas avec la période oui a suivi.
Ils souhaitent que la République française
marche dans la voie de la,paix Intérieure et ex-
térieure.
Les membres du parti -de l'Indépendance ne
doutent pas que leurs sentiments soient ceux
de la nation hongroise toute entière.
D'autre part, les membres de la colonie
hongroise de Paris nous adressent la pro-
testation suivante :
La colonie hongroise de Pari;» proteste :cner-
giqûement contre les paroles prononcées devant
la Chambre hongroise par M. Tisza et déclare
les paroles prononcées comme inqualifiables et
contraires aux vœux des Hongrois, qui sont ani.
més des meilleurs sentiments envars la Fronça
chevaleresque. Vive la France I
Mayer4 13, rue Blondel, M.. Kivi, J.
Grujeszki, Joseph Muck, 67, ave-
- i ;.,. Í nllC de la République (Gf-and-
Montrouge), Klementis, 'F. Bçr-
tfioty, Jean Farkaspt, 21, rue du
• Roule, Burian, GYOfgy, Matte.;-
; desz, Louis Ujzal, François Fu-
zessy, Michez Dannen, Homth
Jesst, Henri Gai tzeustein, En-
glander, RiedI, Darthey, D. Eisney,
Matiko Wilmos.
Naturellement, la presse allemaude de
Berlin et de Vienne approuve les paroles de
M. Tisza. La Gazette nationale- de Berlin, va
plus loin. Elle dénonce à l'Europe le gou-
vernement de la République.
Le gouvernement français actuel, dit le jour-
nal de M. de Bismarck, n'a aucune autorité
dans le pays. l'état de choses qui existe en
France manque absolument de sécurité et, par
conséquent, aucun gouvernement étranger ne
peut assumer la responsabilité de placer ses
nationaux et leurs biens sous la protection du
gouvernement français.
Toute la bonne foi de la feuille repti-
lienne est contenue dans ce passage. Ainsi,
c'est la France qui jette le trouble dans le
monde du commerce et des affaires par ses
mesures vexatoires et iniques , comme
celles qui sont employées pir l'iiutorité al-
lemande à la frontière d'Alsace-Lorraine.
Ainsi, les nationaux de M. de Bismarck ne
sont plus eu sécurité chez nous. Alors, que
font donc à Paris ces soixante mille Alle-
mands qui vivent de notre vie, que l'on
emploie dans toutes les administrations,
dans tous les corps d'état? Sans doute
nous les engraissons pour mieux les man-
ger, eL nous les laissons faire fortune à nos
dépens pour confisquer leurs biens plus
tard.
De pareilles accusations soût odieuses et
dignes des feuilles à la solde dtt chancelier
allemand.
La presse autrichienne qui nous avait
habitué à plus de courtoisie, emboîte le
pas. Sa colère ressemble à dUtdélire. Voici
par exemple ce que dit la Nouvelle Presse
Personne, dit-elle, ne peut nier que ce soit la
faute de la. France, si M. de Bismarck est obligé
de prendre contre elle des mesures d'isole-
ment Il n'y a plus que la Russie qui prenne
parti pour la France, et encore est-ce par haine
dè l'Allemagne. C'est à'la Russie que la France
doit sa situation. -- < -..
La France sera un danger pour la paix de
l'Europe aussi longtemps qu'elle sera à lare-
tBô®q»e efe là RûS»i<É&- r -
C'est de la folie et de la peur.
Il semble, cependant, que certaines feuil-
les reviennent à une appréciation plus
exacte des faits eL cherchent à atténuer la
portée des paroles de M. Tisza, en leur
(tonnant une signification toute spé-
ciale.
Le correspondant d.e Buda-Peslh de la
Correspondance politique déclare que l'on
commet une erreur, pouvant seulement
provenir, d'une complète ignorance du vé-
ritable état des choses,'lorsqu'on interprète
le discours de M. Tisza, concernant l'Expo-
sition de 1889, couimo une attaque- contre
la France ou contre la République.
Ces deux intentions, ajoute le correspondant,
sont étrangères à M. Tisza, qui est un ami de
la France. Dus pcrsodncs non autorisées ont
cherché à faire de la propagande pour l'Exposi-
tion parmi les industriels hongrois, en leur
donnant le faux espoir que le gouvernement
leur accorderait son appui. M. Tisza a eu con-
naissance de ce fait et a résolu de tenir un !an=
gage non équivoque pour mettre d'un seul coup
un terme à ccs agissements.
Tout but politique lui était entièrement étran,
ger, et, lorsqu'il a été oblige de faire allusion
à l'incertitude de la situation intérieure de la
France, il en a éprouvé certaiment beaucoup
plus de regret qu > bien des gens qui se plaisent
à jouer le rôle d'amis de la France.
Le discours de M. Tisza s'adressait exclusi-
vement aux habitants de !a monarchie; le mi..
nistre a seulement voulu combattre certaines
tendances sans toucher aux relations, de la mo-
narchie austro hongroise avec la France, et
l'intention de peser les chances de guerre, et de
paix de l'Europe lui était encore plus étran-
gère.
LES FRANÇAIS EN ALSACE
Les voyageurs pour l'Autriche
et riïalie
La Compagnie des chemins de fer de l'Est
nous communique l'avis important que
voici : -
MM. les voyageurs sont prévenus qu'à partir
de ce jour 30. mai courant,, inclus, ils no pour-
ront pénétrer en Alsace-Lorraine, soit pour s'y
arrêter, soit même simplement pour transiter,
sans être munis d'un passeport. visé par l'am-
bassade d'Allemagre.
Mais les voyageurs de et pour la Suisse, l'Au-
triche-Hongrie (via Ar!berg\ et l'Italie (vil Go-
thard), peuvent dès aujourd'hui éviter le transit
par le territoire d'AtsaCe-Lorraine et emprunter
la voie de Delle en prenant les trains suivants :
Trains rapides
Départ de Paris (lrc et 20 el.) : 8 h. 40 du soir,
arrivée à Bàlé : 9 h. 35 matin.
Dépari, de Baie (tro 2° efc 3e), 7 h. 15 du matin;
arrivée à Paris, 9 b. 25"'soir.
Départ de Bàle (tro et 2") : 5 h. 15 du soir; ar-
rivée à Paris : 6 h. - 36 matin.
Trains omnibus
Dcpart'de Paris ({", 2e et 3^: 9 ft, 40 du .sqkv
I l irrivée à Bàle : 4 h. 59 sok\ -
Départ de Paris (ira, 2e et 3e) : minuit 35 ma-
tin; arrivée à Bàle, 7 h. 30 soir.
Déport de Bâte (lN, 2° et 3e) : 5 h. 15 soir; ar-
rivée à Paris : 10 heures mafia.
Un avis ultérieur fera connaître tes mesures
qui vont être prises pour accélérer la marche
des trains via Delle.
Il est rappelé au public que les relations par
trains rapides entre PAngieterre et la Suisse
(viâ Calais, Laon, Chaumont, Belfort et Bàle),
sont, dès à présent, établies par la voie de
Delle et échappent, en conséquence aux diffi-
cultés du passeport.
Voici le texte d'un imprimé que l'ambas-
sade d'Allemagne distribue, depuis mardi,
aux personnes qui veulent traverser la fron-
tière :
AMBASSADE D'ALLEMAGNE A PARIS
78y rue de Lille
Tout étranger arrivant en Alsace-Lorraine
par la frontière française, qu'il ne soit pas de
passage ou qu'il veuille y séjourner devra être
porteur d'un passeport émanent de son gou-
vernement ou d'un agent dIplomatique ou con-
sulaire de son pays, et muni du visa de l'am-
bassade d'Allemagne à Paris. Ce visa n'est va-
lable que pour un an.
Les frais sont de 12 fr. 50.
En outre, tout Français qui séjournera plus
de vingt-quatre heures dans une commune de
l'Alsace-Lorraine, quelle que soit la frontière
par laquelle il sera entré, devra faire une dé-
claration de résidence dans les vingt-quatre
heures, soit au maire de la commune, soit,
pour les villes de Metz, de Strasbourg et de
Mulhouse, au directeur de police, en justifiant
de son identité par un passeport également
muni du visa de l'ambassade d'Allemagne à
à Paris. -
Ces passeports tiennent lieu d'un permis de
séjour de huit semaines, sauf des cas exception-
nels. Les huit semaines écoulées, une prolon-
gation peut être demandée au pcésident dndis.
trict.
L ambassade d'Allemagne ne peut viser les
passeports des Français voulant se rendre en
Alsace-Lorraine ou simplement traverser ce
pays qu'après s'être informée auprès des auto-
rites de ce pays si rien ne s'y oppose.
Cette formalité cause nécessairement un cer-
tain retard.
Aux Français qui présenteraient à l'ambassade
un- permis de séjour qu'ils - se seraient eux-
mêmes procuré, le visa est généralement déli-
vré aussitôt.
Bureau des passeports ouvert de dix heures à
midi et de une heure et demie à trois heures.
Dans les exemplaires de ce document, dis-
tribués hier à la rue de Lille, les mots ': cc ou
simplement trawareer ce pays effa-
ces.
Le visa du passeport sera accordé immé-
diatement aux Français qui comptentseu-
lement traverser l'Alsace-Lorraine. Si ces
personnes, par suite d'un incident quelcon..
que, se trouvaient arrêtées en route, dans
les pays annexés, elles auraient immédiate-
ment à demander un permis de séjour pro-
visoire aux autorités locales.
L'ambassade d'Allemagne compte publier
prochainement un avis indiquant les ren-
seignements et les références qui seraient
de nature a abréger l'enquête qui doit pré-
céder le visa des passeports des Français
comptant demeurer en Alsace-Lorraine. Ce
visa est accordé immédiatement aux étran-
gers seulement. -
A L'AMBASSADE DE RUSSIE
Hier a eu lieu le grand dîner offert en
l'honneur de M. le président de la Républi-
que, par M. le baron de Morenheim, am-
bassadeur de Russie.
Le baron de Morenheim, accompagné par
le personnel de l'ambassade, a reçu le pré-
sident de la République sous la vérandah,
magnifiquement décorée de plantes et de
fleurs.
L3 baron a offert le bras à Mme Carnet et
a conduit ses hôtes dans les salons du pre-
mier étage, où Mme la baronne de Proren-
heim recevait les invités.
Peu après on annonçait que le président
était servi.
Les invites étaient.: M. le président de la
République et Mme Carnot, MM. Le Royer,
Goblet, de Freycinet, Krantz, 'Tirard, Rou-
vier, Flourens, Jules Ferry, général Haillot,
colonel Lichtenstein, commandant Toulza,
gênerai Rousseau, Clavery, F. Charmes, A.
Mol lard, Foucher de Careil, général baron
de Fréedériksz, attache militaire de l'am-
bassade de Russie, Kansky-Korsakoff, atta-
ché naval et de Giers, 1er secrétaire.
Le président dé la République avait à sa
droite la baronne de Morenheim et à sa
gauche Mme MéJine. Le baron de Moren-
heimt assis en face du président de la Ré-
publique, avait à sa droite Mme Carnot et
à sa gauche Mme Floquet.
Après le dîner a eu lieu une très brillante
réception.
TOUTE LA LYRE
Depuis combien d'années attendons-
nous ces deux volumes ! Et avec quelle
rapidité nous ont-ils été donnés, -si l'on
songe aux effrayantes difficultés qu'ont
rencontrées ceux qui avaient accepté la
tâche écrasante de diriger cette publica-
tion!
C'est qu'en effet Victor Hugo n'avait
laisse que le titre de l'ouvrage et l'énorme
amoncellement de joyaux duquel il de-
vait être tiré. Auguste Vacquerie et Paul
Meurice pouvaient. séuls se reconnaître!
assez dans ce trésor des Mille et une j
Nuits pour désigner les pièces nombreu- !
ses qui devaient composer l'æuvrenou-
velle. Tous deux l'ont fait en grands
poètes qu'ils sont et, dans l'énorme amas
des chefs-d'œuvres encore inédits, ils
onttrouvé des merveilles assez sublimes
pour grandir la gloire du maître, si cette
gloire pouvait encore être grandie.
Les sept cordes de la lyre, philoso-
phie, , amour, nature, fantaisie, chan-
sons, sanglots, éclats de rire, c'étaient
toutes les vibrations de l'âme humaine ;
mais Victor Hugo avait écrit :
Et j'ajoute à ma lyre une corde d'airain
et sous ce titre se retrouvent groupées
toutes les strophes indignées du poète
contre les crimes, contre les cruautés,
contre les massacres, contre les hor-
reurs de l'invasion allemande et les
égorgements de citoyens désarmés.
Par quel extravagant procédé d'ana-
lyse pourrais-je essayer de donner à
mes lecteurs même une idée de Toute la
Lyre? Cette besogne m'effraye, je l'a-
voue, et je préfère procéder par exem-
ples.
Le seul moyen d'exprimer quel sentie
ment d'admiration font naître les vers
de Toute la Lyre, c'est de faire partager,
ce sentiment en citant ces vers.
Voici d abord une chose exquise, de
cette fantaisie @ parfumée et printa-
nière que nul n'a rendue comme Victor
Hugro :
Les bluets la trouvaient belle,
L'air vibrait; il est certain
"Qu'on était fort épris d'elle, '-"
Dans .le trèfle et dans le thym.
Quand ses légères bottines
Enjambaient lèpre çharm$ûÇ, ♦; •
Ce tas de fleurs libertines • »v* W - ?
iieyait la têfte gaîment, i
.,- "Et jè ^sais r
Le muguet est indécent :
Et le liseron regarde ,
Sous votre robe.en passant» >
Les ramiers et les mésanges
Nous enviaient par moments :
Nous étions déjà des anges,
Quoique pas encore amants.
Seulement, son cœur dans l'ombre
M'appelait vers son corset.
Au fond de mon rêve sombra
Une alcôve frémissait.
une chose qui fera fureur, c'est le
Roman en trois sonnets, d'une grâce char-
mante et d'une philosophie dont le
pessimisme se dérobe sous le charma
adorable de la forme :
Fille de mon portier! l'Erymanthe sonore
Devant vous sentirait tressaillir ses pins verts f
L'Horeb. dont le sommet étonne l'univers.
Inclinerait son cèdre altier qu'un peuple adore i
Les docteurs juifs, quittant les talmuds entr'ou-
1 verts,
Songeraient; et les Grecs, dans le temple d'A-
I glaure
Le long duquel Platon marche en lisant des vers,
Diraient en vous voyant: Salut, déesse Aurorel
Ainsi palpiteraient les juifs et les hébreux
Quand vous passe?, les yeux baissés sous votre
.: I mante i
Ainsi frissonneraient sur l'Horeb ténébreux
Les cèdres et les pins sur l'auguste ErYmanthe,
Je ne vous cache pas que vous êtes charmante.
Je ne vous cache pas que je suis amoureux,.
II
Je ne vous cache pas que jè suis amoureux.
Je ne vous cache pas vous êtes chaînante;
Soit, mais vous comprenez que, ce qui me tour.
1 monter
C'est, ayant le cœur plein, d'avoir le gousset
1 creux.
On fuit le pauvre ainsi qu'on fuyait le lépreux ;
Pour Tircis sans le sou Philis est peu clémente,
Et ramant dédoré n'éblouit point l'amante;
II sied d'êtreRothschild ayant d'être Saint- Pretfx.
N'importe, je m'obstine ; et j'ai l'audace étrange
D'être pauvre et d'aimer, et je vous veux, bel
!ange{
Car l'ange n'est complet que lorsqu'il est déchu;
Et je vous offre, Eglé, giletière étonnée,
Tout ce qu'une âme, hélas ! vers l'infini tourn:",_<
Mêlé de rêverie aux rondeura d'un fichu.
9 décembre.
nr J
Une étoile du ciel me parlait ; cette vierge
Disait : - « O descendant c.rotté des Colletots,
J'ai ri de tes sonnets d'hier où tu montais.
Jusqu'à la blonde Eglé, fille de ton concierge.
« Eglé fait — j'en pourrais jaser, mais je me
1 tais —
Des rêves de velours sous ses rideaux de serge.
Tu perds ton temps. Maigris* fais des vers, brûle
[un. cierge»
CUante-la ; ce sera comme si tu chantais. ; .-
« Un galant sans argent est un oiseau sans aile.
Elle est trop haut pour toi. Les poètes sont fous.
Jamais tu n'atteindras jusqu'à, cette donzelle. » —
Et je dis à l'étoile, à l'étoile aux yeux doux:
— Mais, vous avefa cent fois raison, madem --
: l selle î
Et je ferais bien mieux d'être amoureux de vous.
Et cette comédie en quatre vers :
Lui. - Farouche t
ELLE. — Moqueur!
Lui. - Ta bauchet
ELLE. — Ton cœur!
On sait que les vers de Toute la Lyre
appartiennent à toutes les époques de
Victor Hugo. Les uns sont contempo-
rains de ces premiers chants, qui sont
balbutiements chez les autres et qui
étaient déjà des hymnes chez lui.
D'autres ont été écrits quelques mois
avant sa mort.
C'est à la dernière période que se rat-
tache cet admirable portrait d'une
femme que tout le monde reconnaîtra et
saluera, bien qu'elle n'y soit pas nom-
mée.
Cela s'appelle Viro Major, plus grande
qu'un homme.
FEUILLETON DU RADICAL
104
LA BELLE
GABRIELLE
PAR
AUGUSTE MAQUÉÏ
f :,'
(..
xxxit r.
La patrouille bourgeoise
(Suite)
--Eh bien! dit vivement l'Espagnol,
e&Uce que vous auriez de la répugnance
à pousser une reconnaissance autour des
remparts extérieurement?
- Moi? répliqua Brissac un peu trou-
blé, car il voyait clairement le piège de
cette proposition. Je n'ai jamais de ré-
pugnance à faire ce qu'il faut pour le
service. i
— Eh bien. monsieur, soyez donc assez
bon pour faire cette ronde.
— Très volontiers.
— Je ne vous dissimulerai pas ce qu'on
dit.
- On dit encore quelque chose ?
- On assure que nous sommes trahis.
- C'est moi-même qui vous en ai
ai averti tantôt, monsieur le duc..
— Et si réellement il y a de la cavale-
rie ennemie dans la campagne, c'est que
la trahison existe, n'est-il pas vrai?
— Assurément.
Le duc écouta attentivement cette ré-
ponse et parut la faire écouter aux hom-
mes qui l'environnaient.
— Il n'y a pas'de temps à perdre, con-
tinua-t-il, et puisque vous avez l'obli-
geance de faire cette ronde en personne,
il est l'heure de partir, je crois.
— Partons, dit Brissao, dont le coeur
battait. Mais je ne la ferai pas tout scur.
je suppose, et il faut que j'aille chercher
une escorte. !
— Voici huit hommes sûrs que je vous
donne, monsieur le gouverneur.
— Huit Espagnols !
- Castillans, tous gentilshommes,
tous d'une bravoure et d'une fidélité
dont je réponds; tous gens qui ont la
trahison en horreur.
Brissac examina ces huit physiono-
mies assombries par le soupçon, ces
huit regards tout brillants du feu d'une
résolution inébranlable.
- Diable 1 murmura-t-il, mais le vin
est tiré, il faut le boire.
On était arrivé à la porte Saint-Denis,
les huit hommes attendaient leur nou-
veau chef pour sortir derrière lui.
La nuit était noire et pluvieuse. Un
mauvais fallofc de eorps de garde éclai-
rait seul les figures d'un reflet rougeâ-
tre.
— Eh bierd adieu, dit Brissac an duc;
faut-il que je vous dise au revoir?
.Le duc- conduisit la troupe hors des
murs, et là, s'étant arrêté dans l'obscu-
rité, le silence et la solitude :
— Au revoir, dit-il, si vous ne ren-
contrez pas en chemin la cavalerie du
roi de Navarre ; autrement, adieu.
— Ah ! ah ! fit Brissac, je comprends.
C'est-à-dire que si je la rencontre.
— Ces huit. gentilhommes. vous tue-
ront, répliqua froidement le duc en re-
venant vers La ville.
Brissac, après trois secondes de ré-
flexion, haussa les épaules et poussa ré-
solument son cheval dans la campa-
gne.
La troupe sinistre l'escorta sans pro-
noncer une parole..
La cloche de Noire-Dame sonna lugu-
brement douze coups, que le vent
portait dans la plaine sur ses ailes humi-
des.
- C'est égal, pensa Brissac, si l'armée
du roi n'est pas disciplinée comme une
phalange macédonienne, ou si l'horloge
de Sa Majesté avance sur celle de No-
tre-Dame, mon bâton de maréchal de
France est bien aventuré,
XXXIII
La porte Netnrc
La porte Neuve fermait Paris sur les
bords de la Seine, au quai du Louvre, à
1
peu près au point oh la rue Sairvt-Nicaisc
venait aboutir à la galerie de ce château.
Comme la plupart des portes de Paris,
c'était un bâtiment flanqué de tours pro-
pres à la défense. La principale de ces
tours, à la porte Neuve, s'appelait la tour
du Bois ; elle était contiguë à une longue
et étroite tourelle, qui renfer mait l'esca-
lier de la grande tour. -
Les meurtrières et les fenêtres don-
naient sur l'eau, assez profonde en cet
endroit, encaissée qu'elle était par les
fondations de la porte Neuve. Un pont-
levis servait de communication, et c'est
le terre-plein qui enterrait la porte, pré-
cédé par ce pont-levis, que Brissac avait
fait démolir par ses ouvriers, en sorte
que ses hommes n'avaient qu'à se tour-
ner à droite pour jeter la terre de leurs
pelles dans la Seine.
La tour, à son rez-de-chaussée, lor-
mait une salle ronde de trente pieds de
diamètre environ. Au-dessus était le lo-
gement du concierge de la porte Neuve,
vieux soldat éclopé que les discordes
civiles avaient oublié dans ce poste peu
fatigant et peu important, puisque la
porte Neuve, remblayée comme nous
l'avons dit, ne s'ouvrait jamais.
Du logement de ce bonhomme, la vue
était belle sur la Seine et la campagne,
qui se développait sans obstacles dans
tout le périmètre d'un horizon de plu-
sieurs lieues.
Quand à la salle ronde qu'il avait sous
les pieds, c'était le corps de garde. Les
murs tout nus n'avaient pour ornement
que des clous énormes, destinés à sup-
porter les armes, et la plus iadépôa-i
dante irrégularité avait présidé à la dis-
position de ces clous fiches selon le ca-
price ou suivant la taille du soldat.
Ce concierge descendait là par le petH
escalier de la tourelle, lorsque la garde,
altérée par le voisinage de la rivière, ré-
clamait de lui certaine liqueur fermen-
tée, composée de grain et de miel, qu'il
était censé fabriquer et faire cuire au
soleil de sa plate-forme, mais qu'il ache-
tait bel et bien au plus prochain cabare-
tier, après avoir eu la précaution de l'a-
doucir par un raisonnable mélange d'eau
de Seine.
Dans4a nuit dont il s'agit, après que
le poste dé la porte Neuve eût été com-
posé, comme nous l'avons vu, par le duc
de Féria et Brissac, le capitaine Castil, en
vigilant officier et surtout en officier qui
s'ennuie avec ses soldats, monta du rez-
de-chaussée chez le concierge, pour se
rendre compte de la situation exacte de
son poste.
Il vit, dans un petit taudis, l'invalide
occupé à transvaser du tonneau dans des
pots d'étain la liqueur écumeuse que les
hôtes du rez-dè-chaussée allaient bientôt
lui demander. Les parfums de ce breu-
vage étaient violents, ils saturaient l'air
d'une forte odeur d'ànis et de poivre,
qui eût délicieusement caressé les na-
rines d'un lansquenet allemand.
Mais don José était un homme sobre,
il fronça le sourcil en respirant cette
vapeur traîtresse.
- Mon capitaine, dit l'invalide, em-
ployant avec adresse toutes les ressour-
ces de la langue française mêlées aux
séductions de quelques mots espagnols,
vous plaît-il un verre de liquçur? vous
en aurez l'étrenne; voyez comme elle
est claire, et comme elle mousse à flo-
cons brillants.
— Pouah î on s'enivrerait rien qu'à la
respirer, ta liqueur maudite ! s'écria
don José. On suffoque dans ton labora-
toire.
En disant ces mots, le capitaine s'ap*
prochait d'un petit balcon fermé par
une tenture en lambeaux, par laquelle,
lorsqu'il la souleva, s'engouffra une
bonne brise fraîche venant de la rivière.
— Tiens, dit José, tu as du monde,
ici;? '- ,.
, En effet, sur ce balcon formé par des
ais mal joints que supportaient deux
potences de fer, on voyait, l'un assis sur
un escabeau, Vautre debout et appuya
sur la balustrade, deux hommes que
le reflet de la lumière du concierge fit
apparaître aussitôt que Castil eut levé
la tapisserie.
Le personnage assis était vêtu d'une
robe grise, la tête enveloppée de son ca-
puchon ; c'était un moine. Il surveillait,
avec l'attention la plus profonde, le tra-
vail des piocheurs qui déblaiyaient le
pied.de la tour. Il ne se retourna pas au
son de la voix du capitaine.
L autre était un grand jeune homme
dont les cheveux blonds flottaient au
vent mouillé ; l'intérêt qu'il portait aux
terrassiers n'était pas des plus vifs, et il
parut accueillir avec assez de plaisir
l'arrivée d'un nouvel interlocuteur.
(A IWMIfltj
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