Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-03-19
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 mars 1924 19 mars 1924
Description : 1924/03/19 (Numéro 79). 1924/03/19 (Numéro 79).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k761893v
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-septième annee « If 5(9
Mercredi 19 Mars 1924
$B«mtlrae«. Saur* » t tmi-
BO «cntime». Départemi
abonnements : h ta. txl*. Msl*.
France et Colonies. <8 fr. *5 fr. i3 fr.
Etraa^er 8s » 4a » as »
Chèçue postal t Compta sî .goo Parti.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
t Tout ce qui est national est noire. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la
*S»ACTIOR * ABKtXIBTftATIOl «
i*. m dt Bout. PASES (F)
> télégraphique : ACTIOFRAK-PARIS
Ti lèphon# : Administration : Lonrpo 1M9, »6-5o
JUdaeUo» : Central 75-44 PutlUiti : Central 7Î-77
Aprè» te heures du soir : Sigur 11-68
Kepirtre de Gommera* ; Ëelno M* 78.Ua
Fcaùsiléur 1 i 12ENÎ1I YÀÏJGEOÏS —- Directeurs politiques s
DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur ea chef : MAURICE PI3JO
L'hypocrite « laïcité »
« La laïcité n'est pas une neutralité, mais
k une contre-religion et donc un mouvement
« religieux, une mystique différente opposée à
« la mystique chrétienne ; V-Etat la favorise par
c un budget cP instruction publique, qui est un
€ budget des cultes masqué.
« Qu'est-ce que cette énorme hypocrisie ?
« De ce qu'une religion se dit laïcité peut-
« elle avoir des droits, un privilège et un budget
« qu'on refuse à une autre religion quand elle se
& dit catholique, ou quand elle s'avoue honnête»
« ment religion ?»
UN VILLAGEOIS (pseudonyme d'un pasteur protestant)
cité par i 'Intérêt français.
PHILIPPE NE S'EST PAS SUICIDE
II a été assassiné directement
Les journaux qui parlent de «non-
lieu » —• dans l'affaire de mon fils [sur
la foi de la Sûreté générale] — n'ont
pas l'air de se douter qu'un pareil déni
de justice, invraisemblable d'ailL-rs de
la part d'un juge comme M. Barnaud,
révolterait l'opinion publique, sans servir
en quoi que ce soit la cause des assassins.
Il est inutile d'exposer ici comment
tout serait im aédi'tendent à recommen
cer ; mais quiconque a la moindre no
tion de jurisprudence me comprendra.
Le« conditions in_L~riçlles de la machi-
r~tion effroyable du samedi 2-* )vem-
bre for que je tL 3 littéralement à la
gorge ces trois bandits, qui ont combiné
èt perpé. - I'inf--timide : M—I~r, * i-
nes et Dclar- j, et que lien ne pour-a
ine faire lâcher ^ e. Leur attitude pas
sive et piteuse, leur silence ép — lu, pr a-
v - d'ailleurs q. V" s'en- .Jent compte.
Chnque joi.r, m'arrl.jnl des pi'; sions
rouvelles, que la Justice s'efff 3e de vé-
ritier- comme c'est son devoir. Nous nn
sommes pas au bout et du rapprochement des mensonges
flagrants des hauts policiers.
Comme je l'ai écrit au Matin, le pré
tendu suicide de PLilippe n'aurait pu
élre que provoqué par les manœuvres
scélérates de Lannes — voisin immediat
de son indic ateur LE F -ao tter, puis
qu'il habite 38, boulev/ td rlchard -LE-
isoiiî, a trois métrés du 39, rue
Amelot — de M.ilier et d Delange, ce
dernier agent d'exécution. D s'agirait
donc d'un suicide criminel. Mais les
preuves abondent maintenant que ce
« suicide », même dans ces conditions, est
invraisemblable ; et le maquillage du
crJME en suicide est aujourd'hui patent.
Je ne dirai pas encore tout ce que je
sais. Mais ^j'en dirai une partie, qui
suffira à convaincre les gens de bonne
foi.' D'ailleurs ma cause est celle de tous*
les pères de famille, notamment des
hommes politiques, à quelque parti
qu'ils appartiennent, et qui n'ont pas
Farme irrésistible d'un quotidien tel que
le nôtre.
Je citerai, j'alléguerai — entre autres
raisons majeures s'opposant au suicide
de Philippe, mênle provoqué —, deux
raisons morales et trois raisons maté
rielles. '
D'abord, l'enfant était de sentiments
très religieux, ainsi qu'en ont témoigné
ses maîtres de l'école Bossuet. Il ne ces
sait de railler les incrédules, et la pensée
du suicide lui eût certainement fait hor
reur. _
Ensuite, comment admettre qu'il ait
attenté à ses jours, précisément au mo
ment où il échappait, par la fuite —
aa dire du chauffeur Bajot, unique
temoin — à ses persécuteurs ? Il y a la
une absurdité. Les anarchistes-indica-
te_rs du Libertaire lui avaient volé tout
son argent, c'est entendu. Il avait sign
sous la menace, un Sillet adressé à £
mère où il se disait « anarchiste sans
oser le dire », dans le repaire de Le
F'^out'.cr. C'est entendu. l'ai , puisque,
dans la ersion, î'ailleurs absurde, de
sa fuite à travers le réseau de onze
policicvs, il avait échappé au traquenard
de police, que pouvait-il craindre ? Un
suif de ses parents ? L'internat, après
remontrance ? Craintes minimes, eu
égard à la joie imr .ens du retour au
foyer paternel, le mirage du Canada une
fois "ssipé. Il savait d'ailleurs, le pet,';
chéri, prr l'expérience de . ses fugues
précédentes, quelle indulgence nous
avions pour un mal nerveu::, qu'il con
naissait, et dont jo ne cessais de lui affir
mer la guérison prochaine et certaine.
Passons aux trois raisons Matérielles :
. D'abord, pas de bail - dan? le taxi. On
a bien trouvé, après le lavage, une
douille, bizarrement placée, dans le taxi,
est cette douille était celle d« revolver,
trouvé aux pieds de Philippe, lors de
son arrivée à Lariboisière. Mais il y a
la déposition du garagiste, qui est déci
sive quant à, cette douille, ajoutee apres
coup pour faire croire au suicide ; at
tendu qu'il est possible d'ajouter une
douille, mais impossible d'ajouter une
balle, axant les caracteristiques de la
traversee d'un cerveau.
Or les vitres du taxi étaient relevées,
d'après les dépositions des gardiens de
la paix. Donc la balle n'aurait pu sortir
par une fenêtre sans briser une des vi
tres, lesquelles étaient intactes. Il n'y
avait aucun; signe de déflagration.
On se rappelle dans quelles conditions
le témoignage de Zaffran — auditeur
du prétendu coup de feu," tiré opportu
nément à cinquante pas de Lariboisière
— s'est écroulé. Unique témoin, Bajot
a écrit récemment [dans sa demande,
aussitôt rejetée, de constitution de par'
tie civile] .ces quatre mots phénomé
naux : « S'il-y a eu meurtre... » li a rem
placé sa certitude par une conviction.
Nous reparlerons avant peu de la ques
tion des automobiles arrêtées — d'après
les dépositions — autour et auprès de
la boutique de Le Flaoutter, le samedi
24 novembre, entre quatre et cinq heu
res. Vous verrez comme c'est édifiant !
Deuxième raison matérielle : pas
d'empreintes digitales sur la crosse du
pistolet automatique — à l'aide duquel
Philippe serait censé s'être donné la
mort. Ceci a une importance capitale,
étant donnée la nécessité où eût été l'en
fant de serrer fortement l'arme meur
trière, en se l'appliquant sur la tempe.
H est sans exemple que, dans ces con
ditions, on ne retrouve pas une empreinte
nette.
J'ajoute qu'au dire d'expert, l'arme
était légèrement usagée ; ce qui prouve
qu'elle n'avait pas été achetée par l'en
fant chez un armurier. Appartenait-elle
à Le Flaoutter, ou à l'inspecteur qui a
tué l'enfant chez Le Flaoutter ? C'est
ce. qui demeure .à déterminer.
Enfin "troisième raison matérielle, et
décisive : Philippe ignorait complète
ment le .maniement des armes à feu, et
notamment du browning. Or, comme me
l'écrit un lecteur, grand chasseur et ha
bile au pistolet, mais n'ayant manié un
browning, que tout réeemment : « Le
« soussigné estime qu'il est matérielle-
« ment impossible de manier un brow-
€ ning ,si on n'a reçu aucune leçon,
.« tant en raison-du cran de sûreté, que
« de la pression qui» doit être exercée
« énergiquement par la paume de la
« main, et qui, dans ce. cas, doit laisser
« des empreintes . C'est l'évidence
même. Qu'on se rappelle que Philippe
était âgé de quatorze ans et dix mois,
et. : qu'il: ne. portait de pantalons longs
que depuis tin an !
Ma certitude , celle de ma femme,
celle de tous nos amis, c'est que Phi
lippe a été assassiné sur l'ordre de Mar
lier [« est arme »], à la suite.d'une ma-
c^cinatiOTr ténébreuse,. ourdie entre Co-
lomer, Vidal, Gruffy, Le Flaoutter d'une
part, Lannes et Marlier de l'autre. C'est
Delange qui a veillé à l'exécution maté
rielle du forfait. Cette collection de ban
dits [hauts policiers et leurs indicateurs
4n .Jxtertaiœ] : avait d'abord imaginé
d'impliquer rêriîânt dans le scandale re
tentissant d'un attentat. La résistance du
petit Philippe, ^'accentuant avec Bon ré
veil de fugueur, et devant ses menaces
de tout raconter à papa, les sanglants
gredins l'ont fait tuer, dans les condi
tions que l'on sait.
Léon DAUDET
Député de Paris.
J'ai rémis hier, au ministère de l'In
térieur, à l'adresse de M. Maunoury, la
lettre que voici :
mardi 18 mars 1924.
monsieur le ministre,
il est a ma connaissance que m. le
controleur general delange (qui a
deja, comme temoin, menti gravement
au juge d'instruction dans sa deposi
tion du 4 janvier 1924), dissimulerait
dans son bureau un rapport de m. leon
gagneux, inspecteur de police mobile,
sur l'operation criminelle du samedi 24
novembre: 1923 — ou mon fils philippe
daudet a trouve la mort.
je vous demanderai de vouloir bien
exiger de m. delange qu'il communique
immediatement a m. barnaud, ce rapport
secret.
au cas ou il en nierait l'existence.
ainsi que m. leon gagneux, je vous de
manderai de vouloir bien autoriser une
perquisition dans le bureau occupe, a
la surete generale, par m. delange.
je vous ferai remarquer que, dans
une circonstance recente, vous m'aviez
assure — par lettre en date du 3 fe
vrier 1924 — et sur la foi de m. marlier,
que tous les rapports des agents de
la surete generale, concernant l'affai
re de mon fils, avaient ete remis a
m. barnaud.
alors qu'un rapport fort important de
m. delange a m. marlier, et date du
4 janvier 1924, avait ete dissimule a
l'instruction et ne lui fut remis que le
5 fevrier.
veuillez agreer, monsieur le ministre,
l'assurance de ma haute consideration.
LEON DAUDET,
Député de Parts.
LIGUE D'ACTION FRANÇAISE
Section du IX* arrondissement
Permanenc e : 10, ru e du Havre
GRANDE REUNION
contradictoire
Jeudi 20 mars à 8 h. 45 du teir
SALLE DES INGENIEURS CIVILS
19, r ue Bla nche
Sous la présidence de Rémi WÂSIER
président de la section du IX' arrortd.
ORATEURS:
BERNARD DE VESINS
président de la Ligue d'Action française
Maxime REAL DEL SARTE,
Paul OLAGNIER, Joseph DELEST
. Paul DREYER-DUFER,
On entrera sur présentation de la carte
d'électeur de l'arrondissement,
LA POLITIQUE
I. L'apologue de Marlier
Si M. Poincaré ou M. Bérard, ou M. Ma-
ginot, ou M. Colrat, ou M. Albert Sarraut,
qui sont des lettrés, venaient un jour à
lire chez un vieil historien que, sous un
roi de France, Louis, Henri ou Philippe,
le lieutenant de police et ses principaux
officiers ayant été, ou tous ou la plupart,
accusés d'avoir trempé dans une affreuse
série de crimes, commençant par l'assassi
nat d'un héros, continuant par la suppres
sion plus ou moins suicidaire d'un anar
chiste, puis la fin subite et brutale d'un de
leurs propres suppôts, enfin aboutissant à
l'atroce martyre d'un beau petit garçon de
quatorze ans, fils d'un des plus glorieux
écrivains du pays, membre des Etats du
royaume, le roi Philippe, Henri ou Louis
aurait considéré cette accusation du même
œil arrondi et morne dont nos bovins con
sidèrent nos trains qui passent et, non seu
lement n'aurait rien fait pour tirer au
clair cette accusation, mais aurait tran
quillement laissé à leur place, à leur gran
de place, à une place où l'on est maître
de la fortune, de la liberté, de la réputa
tion de chacun, tous ces hauts policiers
sur la tête de qui eût pesé cette accusa
tion : je dis que M. Poincaré ou M. Bérard,
ou M. Maginot, ou M. Colrat, ou M. Sarraut
interromprait là sa lecture, jetteerait un
« oh ! » de mépris sur l'époque barbare
qui vit tel souverain chichement gou
vernant, et calculerait & voix haute la sui
te du sombre récit : — C'est trop clair !
D'une part, un pouvoir si bénin qu'il en
est perclus. De l'autre, une association
de bandits qui ne peut plus songer à se
sauver qu'à force de brigandages nou
veaux plus hardiment abominables que
les anciens. Il est clair que ces Puissants
menacés n'auront eu qu'une pensée, désar
mer la justice, prévenir la vengeance, ac
croître la terreur, afin de s'assurer de ne
plus craindre rien...
Et le vieux chroniqueur, dévidant la
suite des choses autant dire la suite des
nouveaux assassinats rendus inévitables,
ni M. Poincaré, ni M. Bérard, ni M. Magi
not, ni M. Colrat, ni M. Sarraut ne man
querait de murmurer entre ses dents que
c'était attendu et qu'il l'avait bien dit.
La critique historique, qui est le
fort de ces messieurs, devrait leur don
ner dans l'action contemporaine plus de ju
diciaire. Elle leur manque tout à fait. Car,
enfin, leur conduite à l'égard de Marlier'
et consorts est exactement celle que le
susdit historien rêvé prête au roi Philippe
Henri ou Louis. L'attitude qu'ils reproche
raient dans n'importe quelle histoire à
n'importe quel roi, c'est la leur. Ce qu'ils
seraient unanimes à blâmer en toute af
faire écrite et pour n'importe quelle heure
du temps passé, ces pleins pouvoirs de
haute et basse police laissés à des gens
dont il est bien difficile de dire qu'ils
n'ont pas les mains pleines de sang, consti
tuent non seulement comme toute impu
nité un encouragement à continuer, une
prime à recommencer, mais les assassins
présumés reçoivent toute facilité de recou
vrir le crime par le crime. L'indolence de
leurs supérieurs les induit, les réduit, les
pousse, les rejette vers la seule issue qui
leur soit ouverte, dans le sens unique où
la voie soit libre : un crime nouveau et
sauveur !...
Comment des hommes d'Etat réfléchis
ne l'ont-ils pas senti encore ? Comment ne
se sont-ils pas encore aperçu que le cri
spontané de la conscience humaine exige
»out d'abord que le pouvoir incontrôlable
laissé à des hommes suspects leur soit
aussitôt enlevé ! On fera d'eux ensuite
ce que dira la justice. Mais qu'ils soient d'a
bord mis en dehors de la police ! Qu'ils
soient privés de toute possibilité de nuire
par un facile emploi de la puissante force
armée que leur fonction remet à leur ar
bitraire presque absolu ! Si les pouvoirs
absolus sont toujours tentés d'abuser, com
me l'enseigne la mystique républicaine,
que dire d'un pouvoir absolu qui se voit
suspect et qui se sent suspecté, et qui
ne découvre plus qu'un moyen de fuir et
de se garer : de nouveaux coups de force
décisifs et terrorisants !
L'effort d'intelligence et de prévoyance
demandé aux ministres serait, je le répète,
exécuté spontanément s'il s'agissait pour
ces messieurs d'un exercice de lecture
dans le Livre du Passé. Comment des
hommes d'action professionnels ne dé
duisent-ils pas plus couramment le livre du
Présent et le Livre de l'Avenir ? Je ne
crois pas qu'ils soient tenus. Je ne crois
pas qu'ils puissent avoir peur. Alors,
comment peuvent-ils hésiter, reculer ou
même se trouver sans pensée et sans déci
sion devant un acte de logique élémentaire
que la raison conseille et qui aurait dû
être leur réflexe immédiat des le premier
mot de l'affaire ?
Je les engage à réfléchir ét à observer
Jamais responsabilité n'a pesé plus lour
dement sur leurs épaules. Rien n'est pro
pice aux mauvais coups comme nos temps
d'élections.
II. Le Sénat et M. Poincaré
L'homélie de M. Bienvenu-Martin • au
Sénat aurait fait rire en d'autres temps.
Que venait faire ce vieux bonhomme à I9
tribune du Sénat pour tenter de reprendre
au nom de la gauche ce qui avait été con
quis sur elle de haute lutte par le prési
dent du Conseil ? Les treize voix, les vingt
voix, les quarante voix d'une majorité
grossissante signifiaient assez que la crise
était close et qu'on allait aboutir. Alors,
que voulait donc ce prêche ? Que va
lait la bouffonnerie ? Mais il a fallu désen
chanter. L'intervention de'Bienvenu-Mar
tin ^tait de conséquence, car elle aboutis
sait à imposer un brusque rabais à la vic
toire de la semaine passée : sur l'ensemble
des projets, la moitié du Sénat
s'abstenait et, si l'opposition explicite tom
bait à vingt-trois voix, il n'y en avait plus
que cent cinquante pour le gouvernement
Cela ne change rien aux choses, cela
modifie l'air des choses. Et cet air n'est
pas négligeable. Il a peut-être un sens ici
Il contient un avertissement des vieilles
barbes à M. Poincaré pour le cas où il vou
drait s'écarter des chemins tracés de la
t vraie République » sous quelque prétexte
patriotique ou national qu'on imaginerait.
Avertissement inutile ? Peut-être. Je ne ju
rerais pas qu'il laissât M. Poincaré immo
bile et froid. Les rappels à l'esprit de gau
che impressionnent toujours M. Poincaré.
Et cela s'explique peut-être par le fait
constant que, d'apparence et d'origine
(triste apparence, maudite origine !), il
n'est sans doute pas si gaucher que cela 1
L'explication juste est donnée, je crois,
par un chroniqueur anonyme de notre
nouveau confrère Candide « parisien et
littéraire». Je lis dans Candide ces para
graphes instructifs :
« Nous avons, à la tête de l'Etat, un cas
intéresant pour les amateurs. de psycho
logie : un homme invariable et un homme
qui a beaucoup varié. Ce sera un beau pa
rallèle pour les dissertations futures. Et
déjà on oppose souvent M. Millerand à
M. Poincaré. Le vrai contraste, où réside-
t-il?
« C'est que M. Poincaré n'a jamais été
que républicain. M. Millerand est un an
cien socialiste, un socialiste très désabusé.
Il a évolué' tandis que son président dn
Conseil restait pareil à lui-même. M. Mil
lerand a commencé par la démagogie et
il en connaît le pouvoir : aussi est-ii.
pour la prorogation. M. Poincaré croit
à la raison du peuple souverain et a sa
vertu. Il aimerait mieux risquer une révo
lution que d'avoir seulement l'air de tri
cher ave cles règles du jeu constitution
nel. il ne proroge pas.
« M. Millerand était subversif lors
que M..Poincaré, jeune homme sage, était
républicain de gauche. Et M. Millerand,
devenu conservateur, se rappelle les
temps où, démagogue, il savait si bien
chatouiller l'électeur à l'endroit où les
caresses du candidat sont irrésistibles. Il
s'inqidète de sa propre image. Quand le
miroir de la politique la lui montre plus
jeune de trente ans, il voit Léon Blum et
Vaillant-Couturier...
« Que ne verra-t-on pas, dans trente
ans ?»
Ce serait simple si le régime pouvait
durer... On verrait le duumvirat de Marc
Sangnier et d'un Boris Souvarine enfin
-angé des voitures.
III. L'organisation de l'année
A la Chambre, un r- nport complet, pres
sant, justement inquiet du colonel Fabry
a mis les députés en présence des réalités
qu'ils ne devraient jamais perdre de vue. Il
importe fort peu que la situation soit « sé
rieuse » plutôt que « tragique », ou que
!e cas d'une guerre nous accorde des con
ditions favorables du fait de notre pré
sence sur le Rhin. C'est le cas de la guerre
qu'il est important d'écarter ; il n'y a pas
d'autre point de vue digne d'un homme
politique et d'un bon citoyen. Oui ou non.
la guerre revient-elle ? Oui ou non, la
gi.crre nous est-elle préparée ? La seule
réponse sincère à ces deux questions étan»
oui, un seul parti s'impose, celui de l'ac
tion préalable, de l'action qui doit empê
cher la guerre d'éclater. Nul ne peut sans
iniquité, se résigner à un nouveau
choc de soixante millions d'Allemands fu
rieux contre quarante millions de Fran
çais distraits.
M. le colonel Fabry a dit :
« Il est urgent de décider, d'autant plus
urgent qu'en face de nous nous avons un
ennemi qui n'oublie pas. Il veut, il pré
pare la revanche, comme en témoignent
des lettres de plusieurs Allemands, pères
de famille, effrayés de l'éducation que re
çoivent leurs enfants. Il y a en Allemagne
un parti qui s'efforce d'entretenir l'esprit
de haine et de revanche.
« M. Léon Daudet. — Je disais cela, il y
a trois ans.
Plus loin, M. Fabry a déclaré qu'il avait
toujours été frappé de la singulière dispro
portion entre nos droits et les faiblès
moyens que nous tenons du traité. « Traité
trop fort pour ce qu'il a de faible», di
sait Jacques Bainville avec lucidité dès
la publication du traité de Versailles, en
juin 1919. Les appréciations de l'Action
française anticipent volontiers sur les ju
gements de l'avenir. Nous nous garde
rions de le remarquer si ce passé récent et
brûlant n'était aussi la substance des ac
tions futures.
Suand une parole aussi autorisée que
e du rapporteur général du budget de
la guerre apporte aux idées de Daudet et
de Bainville des confirmations aussi écla
tantes, il est de notre devoir de prier le
peuple français d'en prendre note pour
en tirer toutes les conclusions qui con
viennent. Le peuple français doit savoir
quels sont ses Dons conseillers qu'il est de
son intérêt d'écouter.
J'avouerai d'ailleurs volontiers que
quelque chose est très supérieur aux con
seils, c'est l'action dans la direction juste et
dans le bon sens. L'action du ministre de
la Guerre faisant, comme il a dit, l'écono
mie d'un discours pour hâter le vote est
le type même de la bonne action politique.
IV. Chez les communistes
C'est donc le général Dégoutté, nous dit
la Liberté, qui a obtenu la perquisition
d'hier, chez les communistes. Il y a de.
longs jours, il y a même de longs mois
que nous disions à cette place combien la
orooagande subventionnée par Moscou
s'efforce de pourrir la jeunesse ouvrière
et la jeunesse armée sans rencontrer plus
d'obstacles que si M. Maunoury, M. Mar
lier et leurs préfets n'existaient pas. Un de
nos amis, qui arrive du Nord, me confie
la brochure qui circule dans le départe
ment que M. Loucheur représente, comme
si ce pays populeux ne possédait ni pré
fet ni organisation de la Sûreté générale !
Cela est intitulé : « Le genèse de la guerre
européenne », « les responsabilités de l'En
tente », « la préméditation de la guerre par
l'Entente ». « prix : 1 franc ». Le prix est
nominal. L'autre jour, à Halluin, on la dis
tribuait aussi gratuitement que librement.
Ecoutez ces bons textes :
« L'Autriche et l'Allemagne n'ont ni pré
médité ni voulu la guerre européenne et le
moment était mal choisi pour elles, et leur
préparation militaire et navale laissait fort
à désirer. Jusqu'à la dernière minute, elles
ont cru à la paix avec aveuglement. Les'
gouvernants comme les peuples furent na
vrés par l'explosion de la guerre, qui les
surprit absolument, ainsi que les états-ma
jors.
« En résumé, FAustro-Allemagne, surpri
se et attaquée à Vimproviste a fait une guer
re de légitime défense. La Triple Entente
a fait une guerre purement agressive, lon
guement voulue et préméditée, et dont toute
la responsabilité lui appartient...
« ...1* Le fameux militarisme allemand
était une légende. La Triple Entente possé
dait une supériorité d'armements écrasante
sur l'Austro-Allemagne ;
« 2° Celle-ci était pacifique en 1914, car
elle n'était pas prête à la guerre, et avait
tout intérêt à attendre et à vivre en paix.
Au contraire, les deux nations de l'Entente
n'avaient aucun intérêt à la paix, et elles
étaient poussées à la guerre par des rai
sons impérieuses ;
« En 1914, VAustro-AUemaane, pas prête
à la guerre et ayant tout intérêt à la paix,
était résolument pacifique. Au contraire,
les nations et les gouvernements de l'En
tente avaient grand intérêt à la guerre.
« ... il fallait évidemment la guerre. Et
il fallait aussi une guerre victorieuse, pour
consolider le régime parlementaire, réta
blir son prestige fort entamé, étouffer sous
la discipline militaire les tentatives d'in
surrection et le péril syndicaliste, pour
mâter les fonctionnaires : cheminots, pos
tiers, instituteurs, pour s'assurer la fidé
lité des grands chefs militaires. Pour as
surer la perpétuité de la République radi
cale, il fallait la guerre !
« L'entente a prémédité, durant plus de
deux ans, au minimum, la Guerre euro
péenne de 1914 , tandis que l'Austro-Alle
magne ne s'y préparait nullement.
Le tranquille aplomb des coquins qui
répandent ces mensonges assassins dans les
cerveaux incultes et qui pourraient nous
revaloir de nouveaux carnages mériteraient
un châtiment exemplaire, mais la Répu
blique oserait-elle attenter aux droits de
la pensée ? La pensée de Cachin ! La pen
sée de Lifchitz ! C'est sacré. Parlez-moi
des coups de canne d'Ebelot à Joseph
Caillaux. Ou du coup de cravache de
Chennevières à Lazurik. C'est la seule
matière à la foudre de Brid'oison.
Charles MÀURRAS
L'assassinat
de Philippe Daudet
. A L'INSTRUCTION
M. Barnaud a, entendu hier les deux
brancardiers qui ont transporté Philippe
Daudet du taxi de Bajot dans la salle de
Lariboisière où il devait expirer. Les
deux témoins ont déclaré que l'enfant
n'avait prononcé aucune parole. Au pre
mier moment même, ont-ils dit, ils l'a
vaient cru mort.
Quatre voisins de Bajot sont venus af
firmer au juge l'honorabilité du chauf
feur. .
" " "
LES FAITS DU JOUR
— Le Sénat a voté l'ensemble des pro
jets financiers.
— A la Chambre, M. Fabry a lu son rap
port sur la réorganisation générale de l'armée.
— A la demande du général Dégoutté, des
perquisitions ont été opérées chez les antimi
litaristes et les communistes.
Les journaux de gauche n'ont pas de chance.
Commentant l'article de Binet-Valmer, paru dans
Y Action française, le journal Bonsoir croit spiri
tuel d'ajouter :
Ya-t-il présenter Vaumônière de M. Charles
Mourras aux douaniers de /'Action française et
faire ^résonner la hallebarde sur les da'les royales ?
Même s'il y avait douairières, ça ne voudrait pas
dire grand'chose ; mais goûtez maintenant l'éru
dition de Paris-Soir qui parle d'une exposition en
Angleterre :
Pour que {es spectateurs puissent se rendre
compte des progrès réalisés dans Farmement des
navires, une reconstitution exacte sera faite de la
fameuse Armada, qui fut battue à Trafalgar.
Ne serait-ce pas plutôt à Salamine, cher con
frère ?
/m***
< Dans son article de mardi, Léon Daudet a rap
pelé l'étonnante histoire du faussaire Vrain Lucas
et du savant Michel Clîasles. Le détail de cette his
toire ? Le texte des fameuses lettres généreuse
ment attribuées par Vrain Lucas à Sapho, Marie-
Madeleine, Cléopâtre, Vercingétorix, Charlcmagne,
Jeanne d'Arc, etc. ? Vous les trouverez, pour votre
plus grande joie, 'dans le livre que G. Girard va
publier vers la fin de ce mois à la Cité des Livres,
26, boulevard Malesherbcs, sous ce titre : Le
Parfait Secrétaire des Grands Hommes. Tirage li
mité à 1.500 exemplaires sur vergé d'Arches à
15 francs.
Georges Leneveu
Nous avons eu la douleur d'apprendre
la mort de notre ami M. Georges Lene
veu, avocat à la cour d'appel dé Paris,
frappé subitement durant son séjour à
Valognes, son pays d'origine, où il s'était
rendu la semaine dernière.
Jeune encore, il était dans la pleine ma
turité de son talent et de son activité ;
la nouvelle de sa disparition a consterné
ses nombreux amis du Palais.
Passionnément dévoué à l'Action fran
çaise et à la v personne du Prince qu'il
admirait profondément depuis qu'il âvait
eu l'honneur et la joie de l'approcher, il
faisait rayonner autour de lui ses con
victions réfléchies et la chaleur de son
patriotisme. Membre de notre Comité
d'études législatives, il participait en ou
tre activement aux travaux de la section
d'A. F. du VI* arrondissement.
Nos amis se rappellent qu'il avait dé
fendu, avant la guerre, plusieurs Came
lots du Roi poursuivis par la justice ré
publicaine et notamment notre ami Cou-
pignv qui comparut à Versailles, aux cô
tés de Charles Maurras, devant le tribu
nal présidé par le juif Worms.
Nous prions Mme Georges Leneveu et
ses enfants de recevoir ici l'hommage de
nos condoléances.
Le relard des experts
Dans une correspondance de Paris, datée
de jeudi dernier, le Financial Times se fai
sait l'écho d'un bruit d'après lequel le gou
vernement français, pour obtenir l'appui
des banquiers américains, aurait pris l'en
gagement d'accepter les conclusions du rap
port des experts. Nous ne savons pas du
tout si un tel engagement â été pris et s'il
pouvait l'être. Ce dont nous doutons c'est
que, s'il a été pris, il serve à quelque chose.
Car ce n'est pas l'acceptation de la France
qu'il importerait d'avoir. C'est bien plutôt
celle de l'Allemagne.
Aucun des consentements que la France
a donnés aux divers procédés qui ont été
proposés et adoptés pour obtenir des paie
ments de l'Allemagne a-t-il donné des résul
tats ? Aucune des réductions que nous
avons accordées ont-elles assuré le recou
vrement de la créance ? Nous parlons des
rabais de 1919 aussi bien que des rabais de
1921. On oublie trop que le système qui
consistait à ménager l'Allemagne pour lui
permettre de se relever date du traité de
Versailles et que ce principe, par lequel
l'Allemagne a été dispensée de paiements
immédiats, est inscrit en toutes lettres dans
le traite.
Les bonnes intentions des experts à notre
égard ne sauraient être mises en doute. Pour-
quoi leur, rapport, qui devrait être terminé
le 1 er mars, puis le 15, est-il renvoyé au
commencement d'avril? Probablement parce
que les banquiers qui composent les deux
comités se sont aperçus que l'affaire était
plus difficile qu'ils ne croyaienj:.
Il s'agira toujours d'obtenir l'adhésion
de l'Allemagne à une solution quelconque,
et non seulement une adhésion de circons
tance, mais une adhésion continue. L'Alle
magne avait signé aussi le traité de Ver
sailles, et ceux qui en ont recommandé
l'exécution, même partielle et dans les
« limites du possible », ont été assassinés.
Aujourd'hui on n'assassine plus parce qu'il
n'y a pas un ministre qui oserait parler
comme Erzberger et Rathenau. On empri
sonne au nom de l'autorité publique les
rares Allemands qui parlent de remplir les
engagements de la paix. Dans l'état d'esprit
où l'Allemagne se trouve en ce moment-ci,
et à la veille de ses élections générales,
combien de chances y a-t-il pour que des
engagements nouveaux soient pris par son
gouvernement et, s'ils sont pris, combien y
en a-t-il pour qu'ils soient tenus ?
D'une manière ou d'une autre, la solu
tion des experts impliquera toujours une
mainmise ou un contrôle des ressources
allemandes, par conséquent une diminution
de souveraineté pour le Reich. C'est donc
avant tout une question politique, et, hier,
un des experts belges, M. Franqui, dont on
avait parlé pour succéder à M. Theunis,
disait avec bonne humeur à un de nos con
frères : « La politique n'est pas mon genre ».
Ce mot nous rend inquiet pour l'œuvre des
comités. — J. B.
Lettre de Londres
L'élection de Wesminster AJbbey ——
La campagne électorale de M. Chur
chill. — Le sourire de Winston. —-
Une réunion à Soho. — God save the
King.
Londres, le 15 mars 1924.
Les électeurs de l'arrondissement de
Westminster Abbev vont avoir à se pro
noncer mercredi prochain sur le choix
d'un nouveau représentant. Cette élection,
où le candidat conservateur ne rencontrait
en général que peu d'opposition et était
assuré du succès, présente cette fois un
grand intérêt par suite de l'entrée dans la
lutte électorale d'un outsider de marque
en la personne de M. Winston Churchill.
M. Churchill, qui est un des hommes poli
tiques les plus en vue à l'heure actuelle,
est certainement destiné à jouer enrore
un rôle important dans la politique bri
tannique. Ancien membre du parti conser
vateur dont il s'est séparé sur la question
douanière, passe au libéralisme, constam
ment ministre de 1909 à 1922, il était un
des plus fermes soutiens de la coalition
de M. I.loyd George et a été battu aux élec
tions qui ont suivi la chute de son gouver
nement. Depuis il cherche une circonscrip-
tion qui veuille bien l'envoyer à nouveau à
la Chambre des Communes ; il se présente
à Westminster Abbey, « première circon
scription électorale de l'Angleterre »,
comme candidat indépendant/ antisocia-
liste, avec un programme d'entente étroite
t-vec les conservateurs, et ne peut être élu
qu'avec leur appui. Que feront les élec
teurs ? Délaisseront-ils le candidat officiel
de leur parti, M. Nicholson, pour M. Chur
chill qui leur propose en somme le même
j-rogramme en y ajoutant le poids de sa
personnalité ? Il est difficile de le prévoir;
mais, qyel que soit le résultat de cette
élection, il aura une grande influence sur
l'orientation future du parti conservateur,
sur l'autorité de son leader, M. Baldwin,
et sur les possibilités d'une nouvelle coopé
ration de ce parti avec l'aile droite des
libéraux.
La campagne électorale a pris un carac
tère très animé où l'on retrouve l'entrain
et la bonne humeur britannique. N'avant
;>our lui l'appui d'aucun parti, M. Chur
chill compte surtout sur son influence per
sonnelle, qui est grande, pour gagner les
électeurs à sa cause, et il fait participer
toute sa famille- à la lutte électorale. Mme
v'hurchill, qui accompagne son mari dans
la plupart des nombreuses réunions où il
parle chaque jour, prend elle-même la pa-
I
i
Mercredi 19 Mars 1924
$B«mtlrae«. Saur* » t tmi-
BO «cntime». Départemi
abonnements : h ta. txl*. Msl*.
France et Colonies. <8 fr. *5 fr. i3 fr.
Etraa^er 8s » 4a » as »
Chèçue postal t Compta sî .goo Parti.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
t Tout ce qui est national est noire. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la
*S»ACTIOR * ABKtXIBTftATIOl «
i*. m dt Bout. PASES (F)
> télégraphique : ACTIOFRAK-PARIS
Ti lèphon# : Administration : Lonrpo 1M9, »6-5o
JUdaeUo» : Central 75-44 PutlUiti : Central 7Î-77
Aprè» te heures du soir : Sigur 11-68
Kepirtre de Gommera* ; Ëelno M* 78.Ua
Fcaùsiléur 1 i 12ENÎ1I YÀÏJGEOÏS —- Directeurs politiques s
DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur ea chef : MAURICE PI3JO
L'hypocrite « laïcité »
« La laïcité n'est pas une neutralité, mais
k une contre-religion et donc un mouvement
« religieux, une mystique différente opposée à
« la mystique chrétienne ; V-Etat la favorise par
c un budget cP instruction publique, qui est un
€ budget des cultes masqué.
« Qu'est-ce que cette énorme hypocrisie ?
« De ce qu'une religion se dit laïcité peut-
« elle avoir des droits, un privilège et un budget
« qu'on refuse à une autre religion quand elle se
& dit catholique, ou quand elle s'avoue honnête»
« ment religion ?»
UN VILLAGEOIS (pseudonyme d'un pasteur protestant)
cité par i 'Intérêt français.
PHILIPPE NE S'EST PAS SUICIDE
II a été assassiné directement
Les journaux qui parlent de «non-
lieu » —• dans l'affaire de mon fils [sur
la foi de la Sûreté générale] — n'ont
pas l'air de se douter qu'un pareil déni
de justice, invraisemblable d'ailL-rs de
la part d'un juge comme M. Barnaud,
révolterait l'opinion publique, sans servir
en quoi que ce soit la cause des assassins.
Il est inutile d'exposer ici comment
tout serait im aédi'tendent à recommen
cer ; mais quiconque a la moindre no
tion de jurisprudence me comprendra.
Le« conditions in_L~riçlles de la machi-
r~tion effroyable du samedi 2-* )vem-
bre for que je tL 3 littéralement à la
gorge ces trois bandits, qui ont combiné
èt perpé. - I'inf--timide : M—I~r, * i-
nes et Dclar- j, et que lien ne pour-a
ine faire lâcher ^ e. Leur attitude pas
sive et piteuse, leur silence ép — lu, pr a-
v - d'ailleurs q. V" s'en- .Jent compte.
Chnque joi.r, m'arrl.jnl des pi'; sions
rouvelles, que la Justice s'efff 3e de vé-
ritier- comme c'est son devoir. Nous nn
sommes pas au bout
flagrants des hauts policiers.
Comme je l'ai écrit au Matin, le pré
tendu suicide de PLilippe n'aurait pu
élre que provoqué par les manœuvres
scélérates de Lannes — voisin immediat
de son indic ateur LE F -ao tter, puis
qu'il habite 38, boulev/ td rlchard -LE-
isoiiî, a trois métrés du 39, rue
Amelot — de M.ilier et d Delange, ce
dernier agent d'exécution. D s'agirait
donc d'un suicide criminel. Mais les
preuves abondent maintenant que ce
« suicide », même dans ces conditions, est
invraisemblable ; et le maquillage du
crJME en suicide est aujourd'hui patent.
Je ne dirai pas encore tout ce que je
sais. Mais ^j'en dirai une partie, qui
suffira à convaincre les gens de bonne
foi.' D'ailleurs ma cause est celle de tous*
les pères de famille, notamment des
hommes politiques, à quelque parti
qu'ils appartiennent, et qui n'ont pas
Farme irrésistible d'un quotidien tel que
le nôtre.
Je citerai, j'alléguerai — entre autres
raisons majeures s'opposant au suicide
de Philippe, mênle provoqué —, deux
raisons morales et trois raisons maté
rielles. '
D'abord, l'enfant était de sentiments
très religieux, ainsi qu'en ont témoigné
ses maîtres de l'école Bossuet. Il ne ces
sait de railler les incrédules, et la pensée
du suicide lui eût certainement fait hor
reur. _
Ensuite, comment admettre qu'il ait
attenté à ses jours, précisément au mo
ment où il échappait, par la fuite —
aa dire du chauffeur Bajot, unique
temoin — à ses persécuteurs ? Il y a la
une absurdité. Les anarchistes-indica-
te_rs du Libertaire lui avaient volé tout
son argent, c'est entendu. Il avait sign
sous la menace, un Sillet adressé à £
mère où il se disait « anarchiste sans
oser le dire », dans le repaire de Le
F'^out'.cr. C'est entendu. l'ai , puisque,
dans la ersion, î'ailleurs absurde, de
sa fuite à travers le réseau de onze
policicvs, il avait échappé au traquenard
de police, que pouvait-il craindre ? Un
suif de ses parents ? L'internat, après
remontrance ? Craintes minimes, eu
égard à la joie imr .ens du retour au
foyer paternel, le mirage du Canada une
fois "ssipé. Il savait d'ailleurs, le pet,';
chéri, prr l'expérience de . ses fugues
précédentes, quelle indulgence nous
avions pour un mal nerveu::, qu'il con
naissait, et dont jo ne cessais de lui affir
mer la guérison prochaine et certaine.
Passons aux trois raisons Matérielles :
. D'abord, pas de bail - dan? le taxi. On
a bien trouvé, après le lavage, une
douille, bizarrement placée, dans le taxi,
est cette douille était celle d« revolver,
trouvé aux pieds de Philippe, lors de
son arrivée à Lariboisière. Mais il y a
la déposition du garagiste, qui est déci
sive quant à, cette douille, ajoutee apres
coup pour faire croire au suicide ; at
tendu qu'il est possible d'ajouter une
douille, mais impossible d'ajouter une
balle, axant les caracteristiques de la
traversee d'un cerveau.
Or les vitres du taxi étaient relevées,
d'après les dépositions des gardiens de
la paix. Donc la balle n'aurait pu sortir
par une fenêtre sans briser une des vi
tres, lesquelles étaient intactes. Il n'y
avait aucun; signe de déflagration.
On se rappelle dans quelles conditions
le témoignage de Zaffran — auditeur
du prétendu coup de feu," tiré opportu
nément à cinquante pas de Lariboisière
— s'est écroulé. Unique témoin, Bajot
a écrit récemment [dans sa demande,
aussitôt rejetée, de constitution de par'
tie civile] .ces quatre mots phénomé
naux : « S'il-y a eu meurtre... » li a rem
placé sa certitude par une conviction.
Nous reparlerons avant peu de la ques
tion des automobiles arrêtées — d'après
les dépositions — autour et auprès de
la boutique de Le Flaoutter, le samedi
24 novembre, entre quatre et cinq heu
res. Vous verrez comme c'est édifiant !
Deuxième raison matérielle : pas
d'empreintes digitales sur la crosse du
pistolet automatique — à l'aide duquel
Philippe serait censé s'être donné la
mort. Ceci a une importance capitale,
étant donnée la nécessité où eût été l'en
fant de serrer fortement l'arme meur
trière, en se l'appliquant sur la tempe.
H est sans exemple que, dans ces con
ditions, on ne retrouve pas une empreinte
nette.
J'ajoute qu'au dire d'expert, l'arme
était légèrement usagée ; ce qui prouve
qu'elle n'avait pas été achetée par l'en
fant chez un armurier. Appartenait-elle
à Le Flaoutter, ou à l'inspecteur qui a
tué l'enfant chez Le Flaoutter ? C'est
ce. qui demeure .à déterminer.
Enfin "troisième raison matérielle, et
décisive : Philippe ignorait complète
ment le .maniement des armes à feu, et
notamment du browning. Or, comme me
l'écrit un lecteur, grand chasseur et ha
bile au pistolet, mais n'ayant manié un
browning, que tout réeemment : « Le
« soussigné estime qu'il est matérielle-
« ment impossible de manier un brow-
€ ning ,si on n'a reçu aucune leçon,
.« tant en raison-du cran de sûreté, que
« de la pression qui» doit être exercée
« énergiquement par la paume de la
« main, et qui, dans ce. cas, doit laisser
« des empreintes . C'est l'évidence
même. Qu'on se rappelle que Philippe
était âgé de quatorze ans et dix mois,
et. : qu'il: ne. portait de pantalons longs
que depuis tin an !
Ma certitude , celle de ma femme,
celle de tous nos amis, c'est que Phi
lippe a été assassiné sur l'ordre de Mar
lier [« est arme »], à la suite.d'une ma-
c^cinatiOTr ténébreuse,. ourdie entre Co-
lomer, Vidal, Gruffy, Le Flaoutter d'une
part, Lannes et Marlier de l'autre. C'est
Delange qui a veillé à l'exécution maté
rielle du forfait. Cette collection de ban
dits [hauts policiers et leurs indicateurs
4n .Jxtertaiœ] : avait d'abord imaginé
d'impliquer rêriîânt dans le scandale re
tentissant d'un attentat. La résistance du
petit Philippe, ^'accentuant avec Bon ré
veil de fugueur, et devant ses menaces
de tout raconter à papa, les sanglants
gredins l'ont fait tuer, dans les condi
tions que l'on sait.
Léon DAUDET
Député de Paris.
J'ai rémis hier, au ministère de l'In
térieur, à l'adresse de M. Maunoury, la
lettre que voici :
mardi 18 mars 1924.
monsieur le ministre,
il est a ma connaissance que m. le
controleur general delange (qui a
deja, comme temoin, menti gravement
au juge d'instruction dans sa deposi
tion du 4 janvier 1924), dissimulerait
dans son bureau un rapport de m. leon
gagneux, inspecteur de police mobile,
sur l'operation criminelle du samedi 24
novembre: 1923 — ou mon fils philippe
daudet a trouve la mort.
je vous demanderai de vouloir bien
exiger de m. delange qu'il communique
immediatement a m. barnaud, ce rapport
secret.
au cas ou il en nierait l'existence.
ainsi que m. leon gagneux, je vous de
manderai de vouloir bien autoriser une
perquisition dans le bureau occupe, a
la surete generale, par m. delange.
je vous ferai remarquer que, dans
une circonstance recente, vous m'aviez
assure — par lettre en date du 3 fe
vrier 1924 — et sur la foi de m. marlier,
que tous les rapports des agents de
la surete generale, concernant l'affai
re de mon fils, avaient ete remis a
m. barnaud.
alors qu'un rapport fort important de
m. delange a m. marlier, et date du
4 janvier 1924, avait ete dissimule a
l'instruction et ne lui fut remis que le
5 fevrier.
veuillez agreer, monsieur le ministre,
l'assurance de ma haute consideration.
LEON DAUDET,
Député de Parts.
LIGUE D'ACTION FRANÇAISE
Section du IX* arrondissement
Permanenc e : 10, ru e du Havre
GRANDE REUNION
contradictoire
Jeudi 20 mars à 8 h. 45 du teir
SALLE DES INGENIEURS CIVILS
19, r ue Bla nche
Sous la présidence de Rémi WÂSIER
président de la section du IX' arrortd.
ORATEURS:
BERNARD DE VESINS
président de la Ligue d'Action française
Maxime REAL DEL SARTE,
Paul OLAGNIER, Joseph DELEST
. Paul DREYER-DUFER,
On entrera sur présentation de la carte
d'électeur de l'arrondissement,
LA POLITIQUE
I. L'apologue de Marlier
Si M. Poincaré ou M. Bérard, ou M. Ma-
ginot, ou M. Colrat, ou M. Albert Sarraut,
qui sont des lettrés, venaient un jour à
lire chez un vieil historien que, sous un
roi de France, Louis, Henri ou Philippe,
le lieutenant de police et ses principaux
officiers ayant été, ou tous ou la plupart,
accusés d'avoir trempé dans une affreuse
série de crimes, commençant par l'assassi
nat d'un héros, continuant par la suppres
sion plus ou moins suicidaire d'un anar
chiste, puis la fin subite et brutale d'un de
leurs propres suppôts, enfin aboutissant à
l'atroce martyre d'un beau petit garçon de
quatorze ans, fils d'un des plus glorieux
écrivains du pays, membre des Etats du
royaume, le roi Philippe, Henri ou Louis
aurait considéré cette accusation du même
œil arrondi et morne dont nos bovins con
sidèrent nos trains qui passent et, non seu
lement n'aurait rien fait pour tirer au
clair cette accusation, mais aurait tran
quillement laissé à leur place, à leur gran
de place, à une place où l'on est maître
de la fortune, de la liberté, de la réputa
tion de chacun, tous ces hauts policiers
sur la tête de qui eût pesé cette accusa
tion : je dis que M. Poincaré ou M. Bérard,
ou M. Maginot, ou M. Colrat, ou M. Sarraut
interromprait là sa lecture, jetteerait un
« oh ! » de mépris sur l'époque barbare
qui vit tel souverain chichement gou
vernant, et calculerait & voix haute la sui
te du sombre récit : — C'est trop clair !
D'une part, un pouvoir si bénin qu'il en
est perclus. De l'autre, une association
de bandits qui ne peut plus songer à se
sauver qu'à force de brigandages nou
veaux plus hardiment abominables que
les anciens. Il est clair que ces Puissants
menacés n'auront eu qu'une pensée, désar
mer la justice, prévenir la vengeance, ac
croître la terreur, afin de s'assurer de ne
plus craindre rien...
Et le vieux chroniqueur, dévidant la
suite des choses autant dire la suite des
nouveaux assassinats rendus inévitables,
ni M. Poincaré, ni M. Bérard, ni M. Magi
not, ni M. Colrat, ni M. Sarraut ne man
querait de murmurer entre ses dents que
c'était attendu et qu'il l'avait bien dit.
La critique historique, qui est le
fort de ces messieurs, devrait leur don
ner dans l'action contemporaine plus de ju
diciaire. Elle leur manque tout à fait. Car,
enfin, leur conduite à l'égard de Marlier'
et consorts est exactement celle que le
susdit historien rêvé prête au roi Philippe
Henri ou Louis. L'attitude qu'ils reproche
raient dans n'importe quelle histoire à
n'importe quel roi, c'est la leur. Ce qu'ils
seraient unanimes à blâmer en toute af
faire écrite et pour n'importe quelle heure
du temps passé, ces pleins pouvoirs de
haute et basse police laissés à des gens
dont il est bien difficile de dire qu'ils
n'ont pas les mains pleines de sang, consti
tuent non seulement comme toute impu
nité un encouragement à continuer, une
prime à recommencer, mais les assassins
présumés reçoivent toute facilité de recou
vrir le crime par le crime. L'indolence de
leurs supérieurs les induit, les réduit, les
pousse, les rejette vers la seule issue qui
leur soit ouverte, dans le sens unique où
la voie soit libre : un crime nouveau et
sauveur !...
Comment des hommes d'Etat réfléchis
ne l'ont-ils pas senti encore ? Comment ne
se sont-ils pas encore aperçu que le cri
spontané de la conscience humaine exige
»out d'abord que le pouvoir incontrôlable
laissé à des hommes suspects leur soit
aussitôt enlevé ! On fera d'eux ensuite
ce que dira la justice. Mais qu'ils soient d'a
bord mis en dehors de la police ! Qu'ils
soient privés de toute possibilité de nuire
par un facile emploi de la puissante force
armée que leur fonction remet à leur ar
bitraire presque absolu ! Si les pouvoirs
absolus sont toujours tentés d'abuser, com
me l'enseigne la mystique républicaine,
que dire d'un pouvoir absolu qui se voit
suspect et qui se sent suspecté, et qui
ne découvre plus qu'un moyen de fuir et
de se garer : de nouveaux coups de force
décisifs et terrorisants !
L'effort d'intelligence et de prévoyance
demandé aux ministres serait, je le répète,
exécuté spontanément s'il s'agissait pour
ces messieurs d'un exercice de lecture
dans le Livre du Passé. Comment des
hommes d'action professionnels ne dé
duisent-ils pas plus couramment le livre du
Présent et le Livre de l'Avenir ? Je ne
crois pas qu'ils soient tenus. Je ne crois
pas qu'ils puissent avoir peur. Alors,
comment peuvent-ils hésiter, reculer ou
même se trouver sans pensée et sans déci
sion devant un acte de logique élémentaire
que la raison conseille et qui aurait dû
être leur réflexe immédiat des le premier
mot de l'affaire ?
Je les engage à réfléchir ét à observer
Jamais responsabilité n'a pesé plus lour
dement sur leurs épaules. Rien n'est pro
pice aux mauvais coups comme nos temps
d'élections.
II. Le Sénat et M. Poincaré
L'homélie de M. Bienvenu-Martin • au
Sénat aurait fait rire en d'autres temps.
Que venait faire ce vieux bonhomme à I9
tribune du Sénat pour tenter de reprendre
au nom de la gauche ce qui avait été con
quis sur elle de haute lutte par le prési
dent du Conseil ? Les treize voix, les vingt
voix, les quarante voix d'une majorité
grossissante signifiaient assez que la crise
était close et qu'on allait aboutir. Alors,
que voulait donc ce prêche ? Que va
lait la bouffonnerie ? Mais il a fallu désen
chanter. L'intervention de'Bienvenu-Mar
tin ^tait de conséquence, car elle aboutis
sait à imposer un brusque rabais à la vic
toire de la semaine passée : sur l'ensemble
des projets, la moitié du Sénat
s'abstenait et, si l'opposition explicite tom
bait à vingt-trois voix, il n'y en avait plus
que cent cinquante pour le gouvernement
Cela ne change rien aux choses, cela
modifie l'air des choses. Et cet air n'est
pas négligeable. Il a peut-être un sens ici
Il contient un avertissement des vieilles
barbes à M. Poincaré pour le cas où il vou
drait s'écarter des chemins tracés de la
t vraie République » sous quelque prétexte
patriotique ou national qu'on imaginerait.
Avertissement inutile ? Peut-être. Je ne ju
rerais pas qu'il laissât M. Poincaré immo
bile et froid. Les rappels à l'esprit de gau
che impressionnent toujours M. Poincaré.
Et cela s'explique peut-être par le fait
constant que, d'apparence et d'origine
(triste apparence, maudite origine !), il
n'est sans doute pas si gaucher que cela 1
L'explication juste est donnée, je crois,
par un chroniqueur anonyme de notre
nouveau confrère Candide « parisien et
littéraire». Je lis dans Candide ces para
graphes instructifs :
« Nous avons, à la tête de l'Etat, un cas
intéresant pour les amateurs. de psycho
logie : un homme invariable et un homme
qui a beaucoup varié. Ce sera un beau pa
rallèle pour les dissertations futures. Et
déjà on oppose souvent M. Millerand à
M. Poincaré. Le vrai contraste, où réside-
t-il?
« C'est que M. Poincaré n'a jamais été
que républicain. M. Millerand est un an
cien socialiste, un socialiste très désabusé.
Il a évolué' tandis que son président dn
Conseil restait pareil à lui-même. M. Mil
lerand a commencé par la démagogie et
il en connaît le pouvoir : aussi est-ii.
pour la prorogation. M. Poincaré croit
à la raison du peuple souverain et a sa
vertu. Il aimerait mieux risquer une révo
lution que d'avoir seulement l'air de tri
cher ave cles règles du jeu constitution
nel. il ne proroge pas.
« M. Millerand était subversif lors
que M..Poincaré, jeune homme sage, était
républicain de gauche. Et M. Millerand,
devenu conservateur, se rappelle les
temps où, démagogue, il savait si bien
chatouiller l'électeur à l'endroit où les
caresses du candidat sont irrésistibles. Il
s'inqidète de sa propre image. Quand le
miroir de la politique la lui montre plus
jeune de trente ans, il voit Léon Blum et
Vaillant-Couturier...
« Que ne verra-t-on pas, dans trente
ans ?»
Ce serait simple si le régime pouvait
durer... On verrait le duumvirat de Marc
Sangnier et d'un Boris Souvarine enfin
-angé des voitures.
III. L'organisation de l'année
A la Chambre, un r- nport complet, pres
sant, justement inquiet du colonel Fabry
a mis les députés en présence des réalités
qu'ils ne devraient jamais perdre de vue. Il
importe fort peu que la situation soit « sé
rieuse » plutôt que « tragique », ou que
!e cas d'une guerre nous accorde des con
ditions favorables du fait de notre pré
sence sur le Rhin. C'est le cas de la guerre
qu'il est important d'écarter ; il n'y a pas
d'autre point de vue digne d'un homme
politique et d'un bon citoyen. Oui ou non.
la guerre revient-elle ? Oui ou non, la
gi.crre nous est-elle préparée ? La seule
réponse sincère à ces deux questions étan»
oui, un seul parti s'impose, celui de l'ac
tion préalable, de l'action qui doit empê
cher la guerre d'éclater. Nul ne peut sans
iniquité, se résigner à un nouveau
choc de soixante millions d'Allemands fu
rieux contre quarante millions de Fran
çais distraits.
M. le colonel Fabry a dit :
« Il est urgent de décider, d'autant plus
urgent qu'en face de nous nous avons un
ennemi qui n'oublie pas. Il veut, il pré
pare la revanche, comme en témoignent
des lettres de plusieurs Allemands, pères
de famille, effrayés de l'éducation que re
çoivent leurs enfants. Il y a en Allemagne
un parti qui s'efforce d'entretenir l'esprit
de haine et de revanche.
« M. Léon Daudet. — Je disais cela, il y
a trois ans.
Plus loin, M. Fabry a déclaré qu'il avait
toujours été frappé de la singulière dispro
portion entre nos droits et les faiblès
moyens que nous tenons du traité. « Traité
trop fort pour ce qu'il a de faible», di
sait Jacques Bainville avec lucidité dès
la publication du traité de Versailles, en
juin 1919. Les appréciations de l'Action
française anticipent volontiers sur les ju
gements de l'avenir. Nous nous garde
rions de le remarquer si ce passé récent et
brûlant n'était aussi la substance des ac
tions futures.
Suand une parole aussi autorisée que
e du rapporteur général du budget de
la guerre apporte aux idées de Daudet et
de Bainville des confirmations aussi écla
tantes, il est de notre devoir de prier le
peuple français d'en prendre note pour
en tirer toutes les conclusions qui con
viennent. Le peuple français doit savoir
quels sont ses Dons conseillers qu'il est de
son intérêt d'écouter.
J'avouerai d'ailleurs volontiers que
quelque chose est très supérieur aux con
seils, c'est l'action dans la direction juste et
dans le bon sens. L'action du ministre de
la Guerre faisant, comme il a dit, l'écono
mie d'un discours pour hâter le vote est
le type même de la bonne action politique.
IV. Chez les communistes
C'est donc le général Dégoutté, nous dit
la Liberté, qui a obtenu la perquisition
d'hier, chez les communistes. Il y a de.
longs jours, il y a même de longs mois
que nous disions à cette place combien la
orooagande subventionnée par Moscou
s'efforce de pourrir la jeunesse ouvrière
et la jeunesse armée sans rencontrer plus
d'obstacles que si M. Maunoury, M. Mar
lier et leurs préfets n'existaient pas. Un de
nos amis, qui arrive du Nord, me confie
la brochure qui circule dans le départe
ment que M. Loucheur représente, comme
si ce pays populeux ne possédait ni pré
fet ni organisation de la Sûreté générale !
Cela est intitulé : « Le genèse de la guerre
européenne », « les responsabilités de l'En
tente », « la préméditation de la guerre par
l'Entente ». « prix : 1 franc ». Le prix est
nominal. L'autre jour, à Halluin, on la dis
tribuait aussi gratuitement que librement.
Ecoutez ces bons textes :
« L'Autriche et l'Allemagne n'ont ni pré
médité ni voulu la guerre européenne et le
moment était mal choisi pour elles, et leur
préparation militaire et navale laissait fort
à désirer. Jusqu'à la dernière minute, elles
ont cru à la paix avec aveuglement. Les'
gouvernants comme les peuples furent na
vrés par l'explosion de la guerre, qui les
surprit absolument, ainsi que les états-ma
jors.
« En résumé, FAustro-Allemagne, surpri
se et attaquée à Vimproviste a fait une guer
re de légitime défense. La Triple Entente
a fait une guerre purement agressive, lon
guement voulue et préméditée, et dont toute
la responsabilité lui appartient...
« ...1* Le fameux militarisme allemand
était une légende. La Triple Entente possé
dait une supériorité d'armements écrasante
sur l'Austro-Allemagne ;
« 2° Celle-ci était pacifique en 1914, car
elle n'était pas prête à la guerre, et avait
tout intérêt à attendre et à vivre en paix.
Au contraire, les deux nations de l'Entente
n'avaient aucun intérêt à la paix, et elles
étaient poussées à la guerre par des rai
sons impérieuses ;
« En 1914, VAustro-AUemaane, pas prête
à la guerre et ayant tout intérêt à la paix,
était résolument pacifique. Au contraire,
les nations et les gouvernements de l'En
tente avaient grand intérêt à la guerre.
« ... il fallait évidemment la guerre. Et
il fallait aussi une guerre victorieuse, pour
consolider le régime parlementaire, réta
blir son prestige fort entamé, étouffer sous
la discipline militaire les tentatives d'in
surrection et le péril syndicaliste, pour
mâter les fonctionnaires : cheminots, pos
tiers, instituteurs, pour s'assurer la fidé
lité des grands chefs militaires. Pour as
surer la perpétuité de la République radi
cale, il fallait la guerre !
« L'entente a prémédité, durant plus de
deux ans, au minimum, la Guerre euro
péenne de 1914 , tandis que l'Austro-Alle
magne ne s'y préparait nullement.
Le tranquille aplomb des coquins qui
répandent ces mensonges assassins dans les
cerveaux incultes et qui pourraient nous
revaloir de nouveaux carnages mériteraient
un châtiment exemplaire, mais la Répu
blique oserait-elle attenter aux droits de
la pensée ? La pensée de Cachin ! La pen
sée de Lifchitz ! C'est sacré. Parlez-moi
des coups de canne d'Ebelot à Joseph
Caillaux. Ou du coup de cravache de
Chennevières à Lazurik. C'est la seule
matière à la foudre de Brid'oison.
Charles MÀURRAS
L'assassinat
de Philippe Daudet
. A L'INSTRUCTION
M. Barnaud a, entendu hier les deux
brancardiers qui ont transporté Philippe
Daudet du taxi de Bajot dans la salle de
Lariboisière où il devait expirer. Les
deux témoins ont déclaré que l'enfant
n'avait prononcé aucune parole. Au pre
mier moment même, ont-ils dit, ils l'a
vaient cru mort.
Quatre voisins de Bajot sont venus af
firmer au juge l'honorabilité du chauf
feur. .
" " "
LES FAITS DU JOUR
— Le Sénat a voté l'ensemble des pro
jets financiers.
— A la Chambre, M. Fabry a lu son rap
port sur la réorganisation générale de l'armée.
— A la demande du général Dégoutté, des
perquisitions ont été opérées chez les antimi
litaristes et les communistes.
Les journaux de gauche n'ont pas de chance.
Commentant l'article de Binet-Valmer, paru dans
Y Action française, le journal Bonsoir croit spiri
tuel d'ajouter :
Ya-t-il présenter Vaumônière de M. Charles
Mourras aux douaniers de /'Action française et
faire ^résonner la hallebarde sur les da'les royales ?
Même s'il y avait douairières, ça ne voudrait pas
dire grand'chose ; mais goûtez maintenant l'éru
dition de Paris-Soir qui parle d'une exposition en
Angleterre :
Pour que {es spectateurs puissent se rendre
compte des progrès réalisés dans Farmement des
navires, une reconstitution exacte sera faite de la
fameuse Armada, qui fut battue à Trafalgar.
Ne serait-ce pas plutôt à Salamine, cher con
frère ?
/m***
< Dans son article de mardi, Léon Daudet a rap
pelé l'étonnante histoire du faussaire Vrain Lucas
et du savant Michel Clîasles. Le détail de cette his
toire ? Le texte des fameuses lettres généreuse
ment attribuées par Vrain Lucas à Sapho, Marie-
Madeleine, Cléopâtre, Vercingétorix, Charlcmagne,
Jeanne d'Arc, etc. ? Vous les trouverez, pour votre
plus grande joie, 'dans le livre que G. Girard va
publier vers la fin de ce mois à la Cité des Livres,
26, boulevard Malesherbcs, sous ce titre : Le
Parfait Secrétaire des Grands Hommes. Tirage li
mité à 1.500 exemplaires sur vergé d'Arches à
15 francs.
Georges Leneveu
Nous avons eu la douleur d'apprendre
la mort de notre ami M. Georges Lene
veu, avocat à la cour d'appel dé Paris,
frappé subitement durant son séjour à
Valognes, son pays d'origine, où il s'était
rendu la semaine dernière.
Jeune encore, il était dans la pleine ma
turité de son talent et de son activité ;
la nouvelle de sa disparition a consterné
ses nombreux amis du Palais.
Passionnément dévoué à l'Action fran
çaise et à la v personne du Prince qu'il
admirait profondément depuis qu'il âvait
eu l'honneur et la joie de l'approcher, il
faisait rayonner autour de lui ses con
victions réfléchies et la chaleur de son
patriotisme. Membre de notre Comité
d'études législatives, il participait en ou
tre activement aux travaux de la section
d'A. F. du VI* arrondissement.
Nos amis se rappellent qu'il avait dé
fendu, avant la guerre, plusieurs Came
lots du Roi poursuivis par la justice ré
publicaine et notamment notre ami Cou-
pignv qui comparut à Versailles, aux cô
tés de Charles Maurras, devant le tribu
nal présidé par le juif Worms.
Nous prions Mme Georges Leneveu et
ses enfants de recevoir ici l'hommage de
nos condoléances.
Le relard des experts
Dans une correspondance de Paris, datée
de jeudi dernier, le Financial Times se fai
sait l'écho d'un bruit d'après lequel le gou
vernement français, pour obtenir l'appui
des banquiers américains, aurait pris l'en
gagement d'accepter les conclusions du rap
port des experts. Nous ne savons pas du
tout si un tel engagement â été pris et s'il
pouvait l'être. Ce dont nous doutons c'est
que, s'il a été pris, il serve à quelque chose.
Car ce n'est pas l'acceptation de la France
qu'il importerait d'avoir. C'est bien plutôt
celle de l'Allemagne.
Aucun des consentements que la France
a donnés aux divers procédés qui ont été
proposés et adoptés pour obtenir des paie
ments de l'Allemagne a-t-il donné des résul
tats ? Aucune des réductions que nous
avons accordées ont-elles assuré le recou
vrement de la créance ? Nous parlons des
rabais de 1919 aussi bien que des rabais de
1921. On oublie trop que le système qui
consistait à ménager l'Allemagne pour lui
permettre de se relever date du traité de
Versailles et que ce principe, par lequel
l'Allemagne a été dispensée de paiements
immédiats, est inscrit en toutes lettres dans
le traite.
Les bonnes intentions des experts à notre
égard ne sauraient être mises en doute. Pour-
quoi leur, rapport, qui devrait être terminé
le 1 er mars, puis le 15, est-il renvoyé au
commencement d'avril? Probablement parce
que les banquiers qui composent les deux
comités se sont aperçus que l'affaire était
plus difficile qu'ils ne croyaienj:.
Il s'agira toujours d'obtenir l'adhésion
de l'Allemagne à une solution quelconque,
et non seulement une adhésion de circons
tance, mais une adhésion continue. L'Alle
magne avait signé aussi le traité de Ver
sailles, et ceux qui en ont recommandé
l'exécution, même partielle et dans les
« limites du possible », ont été assassinés.
Aujourd'hui on n'assassine plus parce qu'il
n'y a pas un ministre qui oserait parler
comme Erzberger et Rathenau. On empri
sonne au nom de l'autorité publique les
rares Allemands qui parlent de remplir les
engagements de la paix. Dans l'état d'esprit
où l'Allemagne se trouve en ce moment-ci,
et à la veille de ses élections générales,
combien de chances y a-t-il pour que des
engagements nouveaux soient pris par son
gouvernement et, s'ils sont pris, combien y
en a-t-il pour qu'ils soient tenus ?
D'une manière ou d'une autre, la solu
tion des experts impliquera toujours une
mainmise ou un contrôle des ressources
allemandes, par conséquent une diminution
de souveraineté pour le Reich. C'est donc
avant tout une question politique, et, hier,
un des experts belges, M. Franqui, dont on
avait parlé pour succéder à M. Theunis,
disait avec bonne humeur à un de nos con
frères : « La politique n'est pas mon genre ».
Ce mot nous rend inquiet pour l'œuvre des
comités. — J. B.
Lettre de Londres
L'élection de Wesminster AJbbey ——
La campagne électorale de M. Chur
chill. — Le sourire de Winston. —-
Une réunion à Soho. — God save the
King.
Londres, le 15 mars 1924.
Les électeurs de l'arrondissement de
Westminster Abbev vont avoir à se pro
noncer mercredi prochain sur le choix
d'un nouveau représentant. Cette élection,
où le candidat conservateur ne rencontrait
en général que peu d'opposition et était
assuré du succès, présente cette fois un
grand intérêt par suite de l'entrée dans la
lutte électorale d'un outsider de marque
en la personne de M. Winston Churchill.
M. Churchill, qui est un des hommes poli
tiques les plus en vue à l'heure actuelle,
est certainement destiné à jouer enrore
un rôle important dans la politique bri
tannique. Ancien membre du parti conser
vateur dont il s'est séparé sur la question
douanière, passe au libéralisme, constam
ment ministre de 1909 à 1922, il était un
des plus fermes soutiens de la coalition
de M. I.loyd George et a été battu aux élec
tions qui ont suivi la chute de son gouver
nement. Depuis il cherche une circonscrip-
tion qui veuille bien l'envoyer à nouveau à
la Chambre des Communes ; il se présente
à Westminster Abbey, « première circon
scription électorale de l'Angleterre »,
comme candidat indépendant/ antisocia-
liste, avec un programme d'entente étroite
t-vec les conservateurs, et ne peut être élu
qu'avec leur appui. Que feront les élec
teurs ? Délaisseront-ils le candidat officiel
de leur parti, M. Nicholson, pour M. Chur
chill qui leur propose en somme le même
j-rogramme en y ajoutant le poids de sa
personnalité ? Il est difficile de le prévoir;
mais, qyel que soit le résultat de cette
élection, il aura une grande influence sur
l'orientation future du parti conservateur,
sur l'autorité de son leader, M. Baldwin,
et sur les possibilités d'une nouvelle coopé
ration de ce parti avec l'aile droite des
libéraux.
La campagne électorale a pris un carac
tère très animé où l'on retrouve l'entrain
et la bonne humeur britannique. N'avant
;>our lui l'appui d'aucun parti, M. Chur
chill compte surtout sur son influence per
sonnelle, qui est grande, pour gagner les
électeurs à sa cause, et il fait participer
toute sa famille- à la lutte électorale. Mme
v'hurchill, qui accompagne son mari dans
la plupart des nombreuses réunions où il
parle chaque jour, prend elle-même la pa-
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