Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-02-19
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 février 1924 19 février 1924
Description : 1924/02/19 (Numéro 50). 1924/02/19 (Numéro 50).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7618646
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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pix-septièmé Simeë* <— N° 50
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ÉDITION DU MATIN
Marffi 19 Février 1924
1Ecentime». Ssiira mi Seui-ir-Om
20 centimes. D épabtbmbbt» bt C okohui
ABONNEMENTS: tu A», feïtit TnisK<*.
France et Colonies. £8 fr. i5 fr. i3 fr.
Etranger ...... 82 » 4* » 33 »
Chèque postal : Compte, sî.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qiji on mille ans Urent la Franco.
BfiDACTIOÎt * ADBIHISTRATIOII ;
ii, rue de Rome, PARIS (S")
Adresse têlégrapldiju» : AGTIOFRAH-PAIUS
TeltjpiioDû : AdminUk-atioa : Louvre tô-ig, 16-50
Rédaction : Central -jS-U Pttbliciti : Central 74-77
Après 1e henres du »oir : Sàgat 11-68
Il«gi»tre de Commerce ; Saine H* 76.58a
Fondateur •• HENRI YAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MÀURÎIAS —- Rëdaetèur en chef : MAURICE PUJO
Après la Chute dn rempart palatin
«Nous abdiquons, mais à l'heure
« actuelle, tout comme en 1914, on pro-
« cède en Bavière à la bénédiction des
« armes. »
Discours (Fadieu de M. BLEY,
président de la République palatine.
Le mystère de la rue de Rivoli
Le nouvel ouvrage de Georges Valois,
Le Mystère de la rue de Rivoli (1), est de
la plus saisissante actualité.C'est presque
un livre de salut public. Si Lasteyrie
n'était pas aussi certain de posséder la
vérité révélée — comme le lui a reproché
spirituellement André Lefèvre — je lui
conseillerais de le lire, au risque d'y trou
ver des choses pas très gentilles pour son
compte... courant. Mais nous n'en som
mes plus à la phase de susceptibilité.
Valois parle ferme et il parle d'or. C'est
donc seulement en l'écoutant qu'on pour
rait revenir au franc-or. Mais, à l'Elysée
comme à la présidence du Conseil, on ne
veut écouter, pour la France, que M. Fi-
naly, et, pour l'Allemagne, que M. Ar
nold Rechberg. D'où les beaux résultats
que nous constatons.
La force étonnante et brisante de Va
lois réside en ceci qu'il a étudié les
phénomènes de finance et de monnaie,
qui bouleversent, depuis six ans, la vie
des peuples civilisés, comme le physio
logiste et le clinicien étudient le passage
de l'état de santé à l'état de maladie*
puis la maladie en elle-même. Il est arrivé
ainsi à un certain nombre de conclusions
d'une grande simplicité et d'une extrê
me rigueur. Ce n'est qu'une fois en pos
session de ces conclusions qu'il a for
mulé les remèdes. Ces remèdes ne pré
sentent aucun danger ; ils ne sont pas
des poisons, comme le sont trop souvent
les remèles. En refusant de les appli
quer — notamment les Etats généraux
— le gouvernement de la République
ee suicide ; mais il tue le pays.
Maurras nous citait hier un extrait sai
sissant du dernier article de Valois, dans
notre supplément du dimancBe 17 fé
vrier : Les Financiers contre la nation.
Cet article est une date historique, com
me en fut une le jour où Claude Bernard
établit, lumineusement et catégorique
ment, la fonction glycogénique du foie.
Rien à répondre à l'argumentation de
Valois, expliquant le pullulement des
maisons de banque dans la misère publi
que. En réalité, la finance pompe et
épuise la nation par le mécanisme du
jeu a coup sur, avec la variabilite du
franc . Une fois connue, cette vérité doit
faire un chemin irrésistible.
Elle le fera, soyez-en sûrs. Il est impos
sible que le politique, que l'écrivain, que
l'observateur qui l'a mise au jour ne soit
pas appelé, dans le temps où nous som
mes, à un poste d'Etat lui permettant
d'en tirer le salut financier du pays.
Quand Poincaré et Lastéyrie recou
rent naïvement aux conseils des « bons
financiers » pour sauver le franc — en
vertu de cette fable comique qu'il -y a
de bons et de mauvais financiers — ils
sont un peu comme un malade qui re-*
courrait à Lacenaire pour guérir ses coli
ques. Pas étonnant, dans ces conditions,
que les financiers leur proposent des
« remèdes absurdes et nocifs, destinés
simplement à donner le change, c'est le
cas de le dire, quant à leurs rapines es
sentielles, méthodiques, et insaisissables,
eauf dans le cas où l'on se saisirait de
leurs personnes.
Le nouvel ouvrage de Valois, Le Mys
tère de la rue de Rivoli, est de cette im
portance sociale et politique. Il n'est pas
bourré de références, ni de chiffres. Il
se lit comme un roman,, un roman aux
épisodes de vie chère, et auquel nous
sommes tous intéressés. Heureux, a dit
le poète divin, heureux celui qui peut
connaître les causes des événements !
Heureux surtout en ceci qu'il peut se
couer le joug de la prétendue fatalité,
laquelle n'est trop souvent que la canail-
lerie de certains.
Nos lecteurs savent que l'auteur du
Père, de YHomme qui vient, de l'Econo
mie nouvelle, et d'une demi-douzaine de
livres que j'appellerai décisifs, a, entre
autres, le don de formuler, de résumer
en quelques sentences, comme taillées
dans la pierre dure, des constatations
irréfutables. Cela, c'est le propre de l'in
venteur, quand ce qu'il invente tient et
conglomère au réel,jusqu'à ne faire qu'un
avec lui. Je cite le résumé du chapitre
concernant les rapports réciproques de
la politique et du change :
1° La spéculation n'est pas une cause,
if est un effet
2° La spéculation suit les événements
'politiques et ne les précède pas ;
3° La monnaie françaisë étant deve-
pue, pour partie, titre de crédit sur
FEtat, est exposée à subir toutes les va
riations de valeur que la politique inté
rieure ou extérieure fait Subir au crédit
fie FEtat ;
4° La monnaie, placée dans ces condi
tions, devient nécessairement l'objet
fFune spéculation incessante ;
5° La spéculation est à la hausse lors
que la politique de l'Etat est à la hausse,
c'est-à-dire lorsque la politique améliore
le bilan de l'Etat, et elle est à la baisse
lorsque la politique est à la baisse ;
6° Tout remède à une anémie de la
monnaie doit être cherchée d'abord dans
les moyens politiques, ensuite dans les
procédés techniques.
Ce qui ressort du livre magistral que
je vous signale — et que vous me re
mercierez de vous avoir signalé — c'est,
une fois de plus, la mainmise de la plou
tocratie sur l'Etat démocratique. La
France est au pouvoir des manieurs d'ar
gent. Si elle n'est pas délivrée d'eux, à
bref dçlai, par un chef, ou par un co
mité de salut public, indépendant des
pouvoirs d'argent, ces maîtres du métal
la jetteront, par la misère, dans des con
vulsions sociales sans précédent. A ce
moment, l'Allemagne refaite nous atta
quera.
> Léon DAUDET
Député de Paris.
lË OH OS
L'Homme de Conr.
C'est aujourd'hui que reparaît, après cent ans
d'oubli, FHomme de cour de Baltasar Gracian.
Ce livre qui enseigna l'art de vivre à tout le
dix-huitième siècle, convient tellement à notre
époque qu'il semble écrit pour elle.
(1) Nouvelle Librairie Nationale, 3, place du
Panthéon, Paris, Un vol. 7 fr.
LA P OLIT IQUE
I. De l'obstruction
parlementaire
Nous entendons dire partout que la
Chambre se déshonore et qu'elle trahit
l'intérêt public par la lenteur de ses dé
bats. Question : est-ce que le Sénat ne va
pas consacrer aujourd'hui même des heu
res et des heures, pas seulement les sien
nes, celles de M. Poincaré, à la question
de savoir quel sera le mode des élections
prpchainës ? Est-ce que quelqu'un s'avi
sera de dire ou d'écrire que le Sénat gas
pille le temps d'autrui et le sien?
Ali ! vraiment, le temps est gâché ? J'ai
me entendre dire cela aux dévots du ré-
gijne gâche-temps. Ils ont. vu- -comme
moi M. Poincaré emprunter les accents de
la muse Indignation, à la seule pensée
d'incorporer au système des décrets-Fois
une intention de dictature quelconque,
une volonté quelconque de. rien oser sur
le parlementarisme sacré. Ainsi parle sa
conscience parlementaire. Ainsi vibre-
t-elle sur des généralités augustes qu'il
juge pleines d'intérêt. Soit. Mais, s'il en
est ainsi, de quel droit, au nom de quel
dieu peut-on interdire à des députés de
ressentir de leur côté d'aussi vifs scru-
pules de conscience à l'idée d'imposer
leurs concitoyens du plus inopérant des
doubles décimes, à l'idée d'ajouter à la
vie chère un multiplicateur certain, à
l'idée de détruire ainsi, par une réper
cussion électorale inévitable, toute chance
de durée à la politique nationale, et
d'ainsi préparer l'évacuation de la Ruhr
et même l'abandon du Rhin ?
Si l'on a le droit d'hésiier, de balancer
et même de parler devant l'arche de la
Constitution, un droit égal subsiste de
vant les perspectives des maux publies et
des désastres publics offerts par le projet
gouvernemental. Et si le Sénat a le droit
de deviser tout à son aise de modalités
de scrutin, il n'est peut-être pas interdit
à la Chambre d'écouter de bons avis ou
d'en provoquer lorsque la livre est à cent
francs et qu'il s'agit de l'empêcher de
grimper à cent cinquante ou a deux cents
francs par les mesures fiscales qui éprou
veront cruellement, la résistance et la pa
tience de là nation.
II. République,
Classes moyennes, finances
Un de nos plus anciens amis, ancien
officier, répond avec vivacité à ma ques
tion de l'autre jour : M. Poincaré va-t-il
sacrifier les classes moyennes ? Je cite :
« Mais oui, certainement, M. Poincaré
va sacrifier la classe moyenne ; cela il le
veut ; il envisage ce sacrifice comme tout
naturel et si la république persiste en
core quelques années la classe moyenne
aura vécu.
« Il y a au moins vingt-cinq ans un
homme s'occupant de finances me disait
ceci
« Vous, les bourgeois petits et moyens,
il -f-aut vous attendre a disparaître dans
un temps assez court : en voici Iq mi-
son.
« La petite bourgeoisie, détient une for
tune énorme placée en valeurs sûres et
calmes. C'est là d'ailleurs. une des forces
de ta France. Or la grande banque ju
déo-internationale voit cet argent lui
échapper avec dépit et colère. Ella le
veut : elle l'aura. Elle est maîtresse dans
la république. Elle arrivera sûrement à
ses fins ; elle fera une révolution, la
guerre> tout ce qu'il faudra ; le régime ne
Vempêchera pas ; il y aidera même. »
« La prédiction s'est réalisée. Le régime
y a aidé de toutes ses forces. Soyez bien
sûr que ce n'est pas seulement pour aug
menter ses ressources budgétaires que la
H. F. a mis sur les successions —r même
en ligne directe — les droits meurtriers
qui en trois générations au plus réduisent
a néant les héritages moyens.
« Ce n'est pas sans raison que le régime
n'a rien fait pour défendre le petit com
merce écrasé par les grands magasins,
soutenus eux-mêmes par les banques.
« Ce n'est pas sans raison que la ma
joration républicaine s'oppose a la loterie
qui détournera l'argent des caisses des
banques.
« La ruine de la classe moyenne est
chose faite et la meilleure preuve en est
la pnllulation le long de nos trottoirs de
■ces banques dont avec raison vous dites
qu'il en faudrait fermer neuf sur dix.
« Démocratie égale ploutocratie, répé
tez-vous ; mais ploutocratie veut dire :
suppression de l'épargne.
« En bas des ouvriers gagnant de gros
salaires et vivant grassement sans souci
du lendemain pour la plupart ; en haut,
les financiers, marchands d'argent et ac
capareurs de cet argent. Tel sera le nou
vel état de la France en démocratie.
« Est-il encore temps de parer au dan
ger ? ...En tout cas, M. Poincaré, qui est
républicain dans les moelles, né fera rien
pour s'y opposer. »
Mon correspondant interprète ce qui se
passe comme le résultat d'un complot dé
libéré, d'un accord conscient du régime
démocratique avec la finance. Je crois
que l'hypothèse n'est même pas très né
cessaire et que le régime n'est pas assez
malin pour former un plan de cette en
vergure et surtout pour l'exécuter. Selon
moi, tout résulte des carences, des trous
de la République, de ce que l'intérêt pu
blic n'est pas défendu, de ce que le crime
public n'est pas châtié. Le régime se
jette sur l'héritage parce que les morts ne
crient pas et que les héritiers ne forment
pas une majorité appréciable en temps
d'élections : le régime n'a pas assez de
cervelle, pour calculer que sa politique
successorale aboutit à détruire les mai
sons et qu'il ne naît plus d'oiseaux là où
l'on a brûlé les nids. De toutes ses igno
rances, xle tous ses oublis, de toutes ses-,
absences naissent des effets-tels que tout
se passe comme s'il avait voulu eteindre
la natalité, détruire les classes moyennes,
assassiner en bloc toutes les destinées du
pays.
M. Poincaré s'obstine à réagir en hom
me de gauche. Il nous souvient parfaite
ment qu'un rapport de lui, vers 1900 ou
1901, aida beaucoup à ouvrir les écluses
des premiers gros impôts sur les hérita
ges. Nous espérions que l'expérience de
vingt dures années et les réflexions lumi
neuses qu'il ne pouvait manquer d'avoir
faites sur le sujet l'auraient dégoûté à ja
mais de pernicieuses chimères. Nous
voyons qu'il y tient. Nous n'imaginons
pourtant pas que sa volonté puisse consen
tir à la prolétarisation de la France, à la
dispersion de ses capitaux, de ses réserves,
de ses biens les plus chers au profit de la
bande noire internationale qu'il a lui-
même désavouée et flétrie. Alors ? Alors,
contre l'adjuration patriotique de M. Du-
treil, il a posé la question de confiance
et les deux décimes ont été votés une fois
de plus. C'est un grave malheur.
Ilî. Une prime aux liquidateurs
Et c'est un malheur sans nuance puis
que, dans la direction politique adoptée,
le gouvernement se refuse a faire une
place à des solutions de soulagement ou
de renfort telles que celles de M: Bonne-
fous. Nous ne sommes pas souvent d'ac
cord avec Léon Bailby. Mais ici l'évi
dence du bon sens rangerait du même côté
les loups et les brebis. « Le projet Bonne-
« fous ne prend d'argent dans la poche de
« personne. Il laisse la faculté aux por-
« teurs actuels de Bons du Trésor de chan-
« ger leur titre contre une coupure qui
« n'est pas un billet de loterie, mais une
« sorte de billet de banque portant des
« chances de gagner des lots très impor-
« tants Un b.illet de banque, avons-nous
« dit, donc un papier qui, normalement,
« ne porte pas intérêt, mais qui peut ser-
« vir à négocier des transactions et qui,
€ en outre, ouvre la chance aux espoirs de
« la fortune. s>
Le projet Bonnefous est écarté. Les aver
tissements tragiques de Valois portés à la
tribune par Léon Daudet sont écartés de
même. Tout ce qui peut déplaire au monde
des Banques est écarté. Les Banques trans
forment méthodiquement nos réalités
en papier sans valeur. Hier, cette opéra
tion des Banques était défendue et couvert
Êar le gouvernement qui n'écoutait que les
anquiers ; aujourd'hui, elle est gratifiée
d'un accélérateur de premier ordre : les
impôts nouveaux, la vie chère !
IV. Avertissements inutiles
Croit-on qu'il suffise d'un peu de stoï
cisme parlementaire pour voiler ces réa.
lités ? Je tire de l'Intérêt français cette
lettre d'un grand industriel qui y voit
clair :
« Le ministère, écrit-il, est en train de
trahir complètement ceux-qui se sacrifient
pour lui. Il ne tirare aucun parti utile des
armes qu'on lui donne, parce que pour ap
pliquer le programme d'économies et d'im
pôts frappant tout le monde, il faudrait
qiïil restaure les principes de respect et
d'autorité, c'est-à-dire qu'il ose, comme
Mussolini, se faire traiter de réactionnai
re. Au contraire, il laisse aller son pro
gramme en morceaux. Il a lâché avant-
hier les allumettes à Jouhaux, hier les éco
les sans élèves à Buisson, demain les ar
senaux à Goude, etc. La première chose
serait de tenir en bride les fonctionnaires
factieux et de dissoudre leurs syndicats
illégaux. »
M. Louis Hossotte écrit semblablement
dans l'Eclair Comtois :
« Si les députés de la majorité, au lieu
de se fier à la presse parisienne, à la pres
se officieuse, trop souvent enchaînée et
domestiquée, lisaient plus fréquemment les
journaux de province, qui sont en contact
avec les masses profondes du pays, et qui
font les élections', ils comprendraient l'é
tendue de l', erreur qui les entraine à la
suite des gouvernements successifs... »
Et notre confrère cite les justes ré
flexions de Paris-Centre :
« On refuse de tçucher aux monopoles
(car b'est une plâisanterie de nous propo
ser de restituer à l'industrie y privée le
seul monopole des allumettes qui est le
moins onéreux de tous) et l'on n'y tou
che point parce que les radicaux ont dé
claré' les monopotes intangibles.
M. Louis Hosotte cite également les
sages pronostics du- Moniteur de l'Oise :
« En tout cas, il est temps de prévoir
la crise qui se prépare et d'intervenir,
avant que disparaisse cette classe moyen
ne, de tous temps, barrière et élément pon
dérateur, qui nous évita toutes les aventu
res sociales et qui sut maintenir l'ordre,
avec une traditionnelle fidélité. (Reverdi
de Salvagère.) »
Ceux qui maintiennent l'ordre sont ain
si provoqués à le troubler. Je ne prétends
pas que telles soient les intentions du gou
vernement : tels sont pourtant les résul
tats auxquels il conduit en refusant avec
obstination de rien céder sur des projets
(mi sont nés dans le désarroi et conçus
dans l'imprévoyance.
V. L alarme de demain
Cependant le bruit d'armes continue
vers le Rhin. L'intervention anglaise, non
repoussée, non déjouée, nous a réduits au
titre d'occupants secondaires et vassalisés.
De là une menace, annoncée au Temps par
M. de Guillerville qui voit les choses de
près puisqu'il écrit de Wiesbade :
Il ne faut pas se dissimuler que les
nationalistes de Pirmasens et des autres
villes des pays occupés qui ont tué à
coups de hache, de marteau, et piétiné
leurs victimes, organiseraient avec beau
coup d'enthousiasme l'extermination des
Français, si une occasion propice se pré
sentait de célébrer les « vêpres rhénanes »
Il y a quelques jours, dans son rapport an
nuel, la rAombre de commerce d'Essen
exprimait le regret « qu'au début de l'oc
cupation de la Ruhr on n'eût pas profité
de l'ardent désir de combattre de la popu
lation et qu'on eût ainsi perdu d'avance la
bataille en adoptant cette résistance passi
ve qui est une arme féminine j > !
« Le séjour du consul général anglais
Clive dans le Palatinat, la publication de
son rapport et la passivité des autorités al
liées, au lieu d'apaiser les discordes, ont
encouragé l'audacieuse offensive des au
torités bavaroises et de leurs bandes natio
nalistes. De toutes parts les encouragements
ainsi que les excitations de l'autre côté du
Rhin soUimaient les fidèles Palatins « d'en
finir avec les traîtres. » Dimanche dernier,
10 février, M. Jarres, ministre de l'inté
rieur du Reich, était venu à Giessen, aux
confins des territoires occupés, porter la
bonne parole aux étudiants des universités
de Giessen, Marbourg, Francfort, Cologne,
Bonn et Wurzbourg : « Nous abominons
le séparatisme, s'est écrié M. Jarres, on
lui réglera son compte et l'Histoire le flé
trira ; je ne parlerai donc pas de ces cra
pules, mais d'un séparatisme supérieur
dont les projets chimériques veulent modi
fier au moment le plus malheureux le sta
tu quo. Celui qui agit ainsi, même dans une
bonne intention, fait le jeu de nos enne
mis!-. Nous négocierons avec nos enne
mis, mais jamais nous n'accepterons une
discussion sur une modification du régime
des pays occupés ; cela ne regarde pas nos
ennemis, c'est une question intérieure al
lemande. t> Vous voyez que même les
« messieurs de Cologne » qui ont conféré
avec M. Tirard à Coblence au sujet d'une
République rhénane dansHe cadre du
Reich, sont traités par un, ministre du
Reich d'auxiliaires de l'ennemi. »
L'Auguste Gauvain lui-même, s'il se ha
sardait par là-bas, serait massacré comme
les Kamarades. Avouez que ce serait dom
mage pour nos menus plaisirs. Un Alsa
cien, ancien combattant, nous écrit de
Mayence :
« J'ai eu l'occasion de vivre parmi ces
malheureux qui comptaient tant sur l'ap
pui de la France. Mais quelle déception a
dû s'emparer d'eux au moment de la tra
hison.
« En abandonnant les séparatistes,
champions d'une idée dont la prompte
réalisation devrait constituer le premier
des buts politiques aè nos hommes d'Etat,
on abandonne les provinces reconquises,
les régions libérées, les intérêts et la sé
curité de ces pays qui ont le plus souffert
de l'invasion allemande. Laisser aux bo
ches les moyens de se livrer à de nou
veaux pillages et de nouveaux saccages
sur les territoires qui se relèvent et se
reconstruisent c'est un crime contre la
nation.
« Touf ce sang qui trempe les Vosges,
les Ardennes et la Flandre, a-t-il été versé
en vain ? L'enthousiasme avec lequel l'Al
sace et la Lorraine ont accueilli la vic
toire de la France aurait-il pu être aussi
ardent, si ces deux provinces avaient pres
senti que cette victoire na'urait comme
suite immédiate que la menace d'une nou
velle invasion ?
« La guerre nous a arraché le père
(mort en exil) et un frère (tué sur le
champs de bataillé). La maison a été dé
truite et nos biens ont été saisis par les
Allemands. L'épreuve a été trop dure pour
que nous eussions envie de la voir reve
nir. Nous ne voulons pluse de guerre et,
parce que nous la paix, que la France se
résigne enfin à avoir une politique de dé
fense nationale capable de nous garantir
la sécurité de nos foyers.
« Depuis deux ans, je lis votre journal,
et chaque jour avec une croissante atten
tion. Longtemps, j'ai erré dans la nuit des
doutes, mais ses. articles m'ont apporté la
lumière que je çherchaie et m'ont ouvert
un chemin droit, et sûr vers la vérité que
je ne pouvais rencontrer nulle part ail
leurs.
« Je vous apporte mon adhésion, si in
signifiante qu'elle soit, au mouvement. Vo
tre doctrine l'emportera bientôt sur l'hy
pocrisie républicaine de ceux qui mécon
naissent les hauts services que l'A. F. a
rendus et qu'elle rend encore à la cause
nationale...-
' « Comptez sur vos compatriotes de l'Est!
Ils ne tarderont pas de se joindre à l'ac
tion que vous préconisez. Ils veulent la
paix et l'ordre: Les grands mots les dépi
tent. Le terrain se prépare pour recevoir
le grain de vérité , que vous semez jour
par jour. Soyez persuadé que la moisson
sera féconde. »
Sans doute l'évidence des maux parle
à voix très haute en faveur de nos prévi
sions, de nos critiques, de nos doctrines
et de nos programmes. Mais la vérité est
payée d'un prix bien cruel !
Charles MAURRAS
Pour l'inspecteur Chassigneux
frappé pour avoir dit
la vérité
. Quatorzième liste
Groupe d'A. F. du lycée d'Evreux ....
André Guézennee
De Château-Thierry. Un es-républicain
dégoûté du régime
Deux Chouans socialistes qui reven
diquent la liberté
Un abonné à la Vérité
Un retraité des bords de l'Ognon ..
Un modeste paysan d'Amfreville ....
Un abonné
M. et Mme Louis Faquelin
10
10
1 50
1
5
20
1
10
5
Paul Jamme
5
»
Marcel Jamme
5
»
Eugène Jamme
5
>
Louis Gervois
15
»
E. Besnard
5
»
V. Brunet
5
s
Un contrôleur des postes père de sept
enfants
2
»
Henri Mellet
5
»
Alain Mellet
5
»
Comtesse de la Bourdonnaye
100
b
Mme Thivierge-Rcaux
10
b
Un royaliste
5
J>
Vive le Roi !
10
D
Abonné 55.301
20
j)
Marquise Boux de Casson
80
>
M. R. Mourmelon-le-Grand
10
»
Pierre et Henry Barbentane
10
9
Honneur au brave qui n'a pas craint
de faire son devoir
10
i)
Abbé Borie
5
»
Abbé T. Gaudin
5
»
Mme J. Lemarchand
10
b
Marcel L. Leschevin
10
»
De Méru, pour la justice
2
»
Anonyme de Méru
1
»
Desjonquères
10
b
Henri Bazin
10
b
Un antimaunouriste" de Méru
2
B
Philippe Castel
2
b
En mémoire d'Yvan de Rodellec du
Porzic, mort pour Ja France' •
20
B
La livre à 100 francs
La livre a dépassé 100 francs. Le dollar
a dépassé 23 francs. On voit s'élargir de
jour en jour la plaie ouverte au flanc de
la France par l'imprévoyance du gouver
nement.
Après la bourrasque de la première
quinzaine de janvier, les mesures salu
taires auraient dû être prises dans la hui
taine. Il était aisé de prévoir, et nous
l'avons fait, une nouvelle secousse quel
ques semaines après l'accalmie du 15 jan
vier.
La secousse prévue se produit. Elle nous
trouve exactement dans la même situa
tion qu'au 10 janvier. Les projets gouver
nementaux ne sont pas votés. Une discus-
ion sans fin est ouverte. Le gouvernement
annonce qu'il ira mardi au Sénat pour
parler d'on ne sait quelle manière d'élire
les députés et les sénateurs !
L'impuissance constitutionnelle est dé
sormais éclatante. Il est presque invrai
semblable que les moyens techniques pro
posés par le gouvernement puissent en
rayer la crise. Il faudra renoncer à tout
espoir de remontéë du franc si l'on ne
procède pas à une restauration du crédit
de l'Etat par une opération politique.
L'opération politique nécessaire ne peut
être qu'un acte du gouvernement prenant
effectivement la responsabilité de la si
tuation, et prenant librement, hors du
tumulte des assemblées toutes les déci
sions utiles. C'est cet acte même qui crée
rait la confiance, grâce à laquelle, ensuite,
les moyens techniques pourront être em
ployés.
Une fois de plus, nous demandons :
Les pleins pouvoirs pour un gouverne
ment libéré de la discussion parlemen
taire ;
La création d'un comité extraparlemen
taire financier et économique ;
La séparation du franc et de l'Etat par
les moyens que nous avons indiqués ;
La prorogation du Parlement. (Les ré
publicains demandent la fermeture ; nous
sommes plus modérés qu'eux) ;
La reconnaissance officielle d'une mon
naie de compte stable, permettant aux
producteurs de travailler à l'abri des va
riations monétaires.
Ou ces mesures seront prises, et le
redressement sera effectué ; ou l'on con
tinuera de discuter au lieu d'agir, et l'on
ira à la catastrophe financière. Nous ne
laisserons pas s'effondrer l'Etat français
dans cette crise.
Georges VALOIS.
P.-S. — Hier, le Comité de la Semaine
de la Monnaie a émis, à l'unanimité, un
vœu demandant au gouvernement le re
trait du projet de loi Lasteyrie tendant à
interdire aux Français de traiter en
francs-or ou en dollars. Nous publierons
demain le texte de ce vœu, très fortement
motivé.
Crise financière
et crise politique
La livre sterling a été cotée cent francs
hier. Les Allemands nous disent, par la
bouche de M. Stresemann : « Saluez ce
cours. Vous ne le reverrez plus. Nous aussi,
nous avons connu le mark au cinquième de
sa valeur et nous l'avons vite regretté. Nous
avons connu pire et vous ne connaîtrez pas
mieux. »
Que s'est-il donc passé depuis les jour-
nées de janvier où, la livre ayant monté à
Paris jusqu'à 96 francs, détermina l'inquié
tude qui s'est traduite par les décrets-lois
et le projet de double décime ? Il ne suffit
pas de dire, pour expliquer la dépréciation
continue du franc, que le retard des Cham
bres à voter les projets du gouvernement
en est responsable. Il y a autre chose. Et
cette autre chose, qui pouvait être prévue,
c'est que les prix-or ont monté partout de
puis deux mois, même et d'abord aux Etats-
Unis, 'où l'on a vu renchérir le prix de
toutes les matières premières.
Nous ne nous étendrons pas sur ce phé
nomène économique qui est très normal.
Disons en peu de mpts que la hausse fa
meuse de 1920 ayant provoqué, comme il
arrive toujours, une surabondance des
stocks, la baisse a fini par produire la raré
faction des stocks, d'où la hausse du pé
trole, du cuivre, de l'étain, etc., qui a en
traîné la hausse générale de toutes les mar
chandises.
Le rapport de ce phénomène sur la baisse
du franc est visible : il a fallu de plus
grandes quantités de notre monnaie pour
notre approvisionnement en matières pre
mières fournies par l'étranger. Unë autre
conséquence a été et devait être l'adapta
tion de nos prix intérieurs aux prix dits
« mondiaux » et l'on s'est mis, au dehors,
à penser que notre situation financière, à
peu près stabilisée d'après la valeur des
choses telle qu'elle a été du milieu de 1920
à la fin de 1923, ne résisterait pas au
déséquilibre causé par une poussée des
prix.
Nous sommes donc bousculés par une.
vague périodique lancée contre un édifice
assez fragile. On doit se demander d'ail
leurs si des édifices encore plus fragiles que
le nôtre y résisteront. On serait curieux,
en particulier, de savoir si l'Autriche tien
dra. Nous voyons déjà la Hongrie ébranlée
et pourtant la Hongrie se relevait. Hier, à
Budapest, la livre a coté 400.000 couronnes.
Et cette crise — car c'en est une — sur
vient à un très mauvais moment, celui
d'une autre vague, démocratique et sociali
sante célle-là, qui passe sûr une partie de
l'Europe, l'Allemagne et l'Italie exceptées.
Le ministère Macdonald accumule les dé
sastres et la grève des dockers (disons des
portefaix en bonne et vieille langue) ajou
tera un désordre économique. En Suisse, où
l'industrie souffre, l'abandon de la journée
de huit heures vient d'être repoussé par le
référendum. Dure leçon à notre usage in
terne. Ce n'est pas au suffrage populaire
qu'on peut demander de sauver les situa
tions difficiles qui ne peuvent se dénouer
que par des sacrifices. On ne demande pas
à l'électeur s'il veut bien travailler plus
pour gagner moins. Il faut l'aiguillon de
la faim et le joug de la misère pour qu'il
accepte, comme en Allemagne, le fait
accompli...
Cependant on commence à voir que le
ministère Macdonald est, pour l'Angleterre,
l'Europe et le monde une véritable cala
mité. — J. B.
LE DOUBL E DECIME DEVANT L A CHAMBRE
Léon Daudet c ontre les Financiers
La thèse de Valois à la tribune I
Journée de bataille, hier à la Chambre,
à propos du vote sur le double décime.
Reprenant une manœuvre qui leur est
chère, les communistes s'efforcent de re
tarder le débat en le noyant sous une
masse d'amendements. Mais, si nombreux
soient-ils, on en voit le bout.
Vers sept heures du soir, Daudet inter
vient, prenant prétexte d'un amendement
de Marcel Cachin, il fait au milieu du plus
grand silence, le procès de la finance, qui
s'enrichit quand le pays se ruine, et dicte
ensuite ses lois aux politiciens en inter
venant par son or au moment des élec
tions. Léon Daudet est très applaudi par
une partie de l'Assemblée quand il dé
clare en manière de conclusion que de pa
reilles pratiques nous conduisent à des
troubles dans la rue que l'Allemagne
saura mettre à pr'ofit, le moment venu,
en nous déclarant une nouvelle guerre.
Au cours de la séance de nuit, une
attaque de M. Dutreil,' fidèle jusqu'alors au
président du Conseil, enlève à ce dernier
lin certain nombre de défenseurs.
Sa dernière majorité qui était de 89 voix
tombe tout à coup à 77 voix.
Au fur et à mesure que le débat Se pro
longe le président du Conseil voit fondre
sa majorité.
Un assez long débat s'institue au début
de la séance, à propos d'un amendement
déposé par Paul-Prudent Painlevé, ten
dant à frapper d'une taxe les profits réa
lisés par les acquéreurs de dommages de
guerre.
Il affirme que son amendement
ferait rentrer des sommes considérables
dans les caisses de l'Etat» mais, dit-il, ce
règlement doit se faire rapidement car,
les mois qui viennent sont graves.
M. Bokanowski. — Dites les jours.
M. Poincaré. C'est même par heurë
qu'il faut compter en ce moment. Je le dis
pour toute la Chambre.
M. Bokanowski adjure M. Painlevé de
retirer son amendement pour le reprendre
au moment des dépenses recouvrables,
car, dit-il, « on n'a plus un instant à
Îerdre, la livre ayant atteint aujourd'hui
00 fr. 50 ».
Léon Daudet. — C'est votre faute. (Bruits ^
au centre et sur certains bancs à gauche,
applaudissements à droite.)
M. Poincaré. — La faute en est à la len
teur des débats. Tous les renseignements
concordent à ce sujet.
Léon Daudet. — Oui ! oui ! tous les
renseignements qui vous sont donnés par
les banquiers intéressés. ( Vifs applaudis
sements sur un grand nombre de bancs.)
M. Bokanowski est pris d'une fureur
subite, un instant sa voix domine le va
carme. Se tournant tantôt à droite, tan
tôt à gauche, agitant les bras comme des
ailes de moulin à vent, on entend, entre
coupées,par le bruit,ces par.ples: «...Quand
je vois aux deux extrémités . de cette
Chambre l'attitude des adversaires du ré
gime... * A ces mots, Léon Daudet se,
dresse à son banc et s'écrie
î
I
pix-septièmé Simeë* <— N° 50
m
ÉDITION DU MATIN
Marffi 19 Février 1924
1Ecentime». Ssiira mi Seui-ir-Om
20 centimes. D épabtbmbbt» bt C okohui
ABONNEMENTS: tu A», feïtit TnisK<*.
France et Colonies. £8 fr. i5 fr. i3 fr.
Etranger ...... 82 » 4* » 33 »
Chèque postal : Compte, sî.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qiji on mille ans Urent la Franco.
BfiDACTIOÎt * ADBIHISTRATIOII ;
ii, rue de Rome, PARIS (S")
Adresse têlégrapldiju» : AGTIOFRAH-PAIUS
TeltjpiioDû : AdminUk-atioa : Louvre tô-ig, 16-50
Rédaction : Central -jS-U Pttbliciti : Central 74-77
Après 1e henres du »oir : Sàgat 11-68
Il«gi»tre de Commerce ; Saine H* 76.58a
Fondateur •• HENRI YAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MÀURÎIAS —- Rëdaetèur en chef : MAURICE PUJO
Après la Chute dn rempart palatin
«Nous abdiquons, mais à l'heure
« actuelle, tout comme en 1914, on pro-
« cède en Bavière à la bénédiction des
« armes. »
Discours (Fadieu de M. BLEY,
président de la République palatine.
Le mystère de la rue de Rivoli
Le nouvel ouvrage de Georges Valois,
Le Mystère de la rue de Rivoli (1), est de
la plus saisissante actualité.C'est presque
un livre de salut public. Si Lasteyrie
n'était pas aussi certain de posséder la
vérité révélée — comme le lui a reproché
spirituellement André Lefèvre — je lui
conseillerais de le lire, au risque d'y trou
ver des choses pas très gentilles pour son
compte... courant. Mais nous n'en som
mes plus à la phase de susceptibilité.
Valois parle ferme et il parle d'or. C'est
donc seulement en l'écoutant qu'on pour
rait revenir au franc-or. Mais, à l'Elysée
comme à la présidence du Conseil, on ne
veut écouter, pour la France, que M. Fi-
naly, et, pour l'Allemagne, que M. Ar
nold Rechberg. D'où les beaux résultats
que nous constatons.
La force étonnante et brisante de Va
lois réside en ceci qu'il a étudié les
phénomènes de finance et de monnaie,
qui bouleversent, depuis six ans, la vie
des peuples civilisés, comme le physio
logiste et le clinicien étudient le passage
de l'état de santé à l'état de maladie*
puis la maladie en elle-même. Il est arrivé
ainsi à un certain nombre de conclusions
d'une grande simplicité et d'une extrê
me rigueur. Ce n'est qu'une fois en pos
session de ces conclusions qu'il a for
mulé les remèdes. Ces remèdes ne pré
sentent aucun danger ; ils ne sont pas
des poisons, comme le sont trop souvent
les remèles. En refusant de les appli
quer — notamment les Etats généraux
— le gouvernement de la République
ee suicide ; mais il tue le pays.
Maurras nous citait hier un extrait sai
sissant du dernier article de Valois, dans
notre supplément du dimancBe 17 fé
vrier : Les Financiers contre la nation.
Cet article est une date historique, com
me en fut une le jour où Claude Bernard
établit, lumineusement et catégorique
ment, la fonction glycogénique du foie.
Rien à répondre à l'argumentation de
Valois, expliquant le pullulement des
maisons de banque dans la misère publi
que. En réalité, la finance pompe et
épuise la nation par le mécanisme du
jeu a coup sur, avec la variabilite du
franc . Une fois connue, cette vérité doit
faire un chemin irrésistible.
Elle le fera, soyez-en sûrs. Il est impos
sible que le politique, que l'écrivain, que
l'observateur qui l'a mise au jour ne soit
pas appelé, dans le temps où nous som
mes, à un poste d'Etat lui permettant
d'en tirer le salut financier du pays.
Quand Poincaré et Lastéyrie recou
rent naïvement aux conseils des « bons
financiers » pour sauver le franc — en
vertu de cette fable comique qu'il -y a
de bons et de mauvais financiers — ils
sont un peu comme un malade qui re-*
courrait à Lacenaire pour guérir ses coli
ques. Pas étonnant, dans ces conditions,
que les financiers leur proposent des
« remèdes absurdes et nocifs, destinés
simplement à donner le change, c'est le
cas de le dire, quant à leurs rapines es
sentielles, méthodiques, et insaisissables,
eauf dans le cas où l'on se saisirait de
leurs personnes.
Le nouvel ouvrage de Valois, Le Mys
tère de la rue de Rivoli, est de cette im
portance sociale et politique. Il n'est pas
bourré de références, ni de chiffres. Il
se lit comme un roman,, un roman aux
épisodes de vie chère, et auquel nous
sommes tous intéressés. Heureux, a dit
le poète divin, heureux celui qui peut
connaître les causes des événements !
Heureux surtout en ceci qu'il peut se
couer le joug de la prétendue fatalité,
laquelle n'est trop souvent que la canail-
lerie de certains.
Nos lecteurs savent que l'auteur du
Père, de YHomme qui vient, de l'Econo
mie nouvelle, et d'une demi-douzaine de
livres que j'appellerai décisifs, a, entre
autres, le don de formuler, de résumer
en quelques sentences, comme taillées
dans la pierre dure, des constatations
irréfutables. Cela, c'est le propre de l'in
venteur, quand ce qu'il invente tient et
conglomère au réel,jusqu'à ne faire qu'un
avec lui. Je cite le résumé du chapitre
concernant les rapports réciproques de
la politique et du change :
1° La spéculation n'est pas une cause,
if est un effet
2° La spéculation suit les événements
'politiques et ne les précède pas ;
3° La monnaie françaisë étant deve-
pue, pour partie, titre de crédit sur
FEtat, est exposée à subir toutes les va
riations de valeur que la politique inté
rieure ou extérieure fait Subir au crédit
fie FEtat ;
4° La monnaie, placée dans ces condi
tions, devient nécessairement l'objet
fFune spéculation incessante ;
5° La spéculation est à la hausse lors
que la politique de l'Etat est à la hausse,
c'est-à-dire lorsque la politique améliore
le bilan de l'Etat, et elle est à la baisse
lorsque la politique est à la baisse ;
6° Tout remède à une anémie de la
monnaie doit être cherchée d'abord dans
les moyens politiques, ensuite dans les
procédés techniques.
Ce qui ressort du livre magistral que
je vous signale — et que vous me re
mercierez de vous avoir signalé — c'est,
une fois de plus, la mainmise de la plou
tocratie sur l'Etat démocratique. La
France est au pouvoir des manieurs d'ar
gent. Si elle n'est pas délivrée d'eux, à
bref dçlai, par un chef, ou par un co
mité de salut public, indépendant des
pouvoirs d'argent, ces maîtres du métal
la jetteront, par la misère, dans des con
vulsions sociales sans précédent. A ce
moment, l'Allemagne refaite nous atta
quera.
> Léon DAUDET
Député de Paris.
lË OH OS
L'Homme de Conr.
C'est aujourd'hui que reparaît, après cent ans
d'oubli, FHomme de cour de Baltasar Gracian.
Ce livre qui enseigna l'art de vivre à tout le
dix-huitième siècle, convient tellement à notre
époque qu'il semble écrit pour elle.
(1) Nouvelle Librairie Nationale, 3, place du
Panthéon, Paris, Un vol. 7 fr.
LA P OLIT IQUE
I. De l'obstruction
parlementaire
Nous entendons dire partout que la
Chambre se déshonore et qu'elle trahit
l'intérêt public par la lenteur de ses dé
bats. Question : est-ce que le Sénat ne va
pas consacrer aujourd'hui même des heu
res et des heures, pas seulement les sien
nes, celles de M. Poincaré, à la question
de savoir quel sera le mode des élections
prpchainës ? Est-ce que quelqu'un s'avi
sera de dire ou d'écrire que le Sénat gas
pille le temps d'autrui et le sien?
Ali ! vraiment, le temps est gâché ? J'ai
me entendre dire cela aux dévots du ré-
gijne gâche-temps. Ils ont. vu- -comme
moi M. Poincaré emprunter les accents de
la muse Indignation, à la seule pensée
d'incorporer au système des décrets-Fois
une intention de dictature quelconque,
une volonté quelconque de. rien oser sur
le parlementarisme sacré. Ainsi parle sa
conscience parlementaire. Ainsi vibre-
t-elle sur des généralités augustes qu'il
juge pleines d'intérêt. Soit. Mais, s'il en
est ainsi, de quel droit, au nom de quel
dieu peut-on interdire à des députés de
ressentir de leur côté d'aussi vifs scru-
pules de conscience à l'idée d'imposer
leurs concitoyens du plus inopérant des
doubles décimes, à l'idée d'ajouter à la
vie chère un multiplicateur certain, à
l'idée de détruire ainsi, par une réper
cussion électorale inévitable, toute chance
de durée à la politique nationale, et
d'ainsi préparer l'évacuation de la Ruhr
et même l'abandon du Rhin ?
Si l'on a le droit d'hésiier, de balancer
et même de parler devant l'arche de la
Constitution, un droit égal subsiste de
vant les perspectives des maux publies et
des désastres publics offerts par le projet
gouvernemental. Et si le Sénat a le droit
de deviser tout à son aise de modalités
de scrutin, il n'est peut-être pas interdit
à la Chambre d'écouter de bons avis ou
d'en provoquer lorsque la livre est à cent
francs et qu'il s'agit de l'empêcher de
grimper à cent cinquante ou a deux cents
francs par les mesures fiscales qui éprou
veront cruellement, la résistance et la pa
tience de là nation.
II. République,
Classes moyennes, finances
Un de nos plus anciens amis, ancien
officier, répond avec vivacité à ma ques
tion de l'autre jour : M. Poincaré va-t-il
sacrifier les classes moyennes ? Je cite :
« Mais oui, certainement, M. Poincaré
va sacrifier la classe moyenne ; cela il le
veut ; il envisage ce sacrifice comme tout
naturel et si la république persiste en
core quelques années la classe moyenne
aura vécu.
« Il y a au moins vingt-cinq ans un
homme s'occupant de finances me disait
ceci
« Vous, les bourgeois petits et moyens,
il -f-aut vous attendre a disparaître dans
un temps assez court : en voici Iq mi-
son.
« La petite bourgeoisie, détient une for
tune énorme placée en valeurs sûres et
calmes. C'est là d'ailleurs. une des forces
de ta France. Or la grande banque ju
déo-internationale voit cet argent lui
échapper avec dépit et colère. Ella le
veut : elle l'aura. Elle est maîtresse dans
la république. Elle arrivera sûrement à
ses fins ; elle fera une révolution, la
guerre> tout ce qu'il faudra ; le régime ne
Vempêchera pas ; il y aidera même. »
« La prédiction s'est réalisée. Le régime
y a aidé de toutes ses forces. Soyez bien
sûr que ce n'est pas seulement pour aug
menter ses ressources budgétaires que la
H. F. a mis sur les successions —r même
en ligne directe — les droits meurtriers
qui en trois générations au plus réduisent
a néant les héritages moyens.
« Ce n'est pas sans raison que le régime
n'a rien fait pour défendre le petit com
merce écrasé par les grands magasins,
soutenus eux-mêmes par les banques.
« Ce n'est pas sans raison que la ma
joration républicaine s'oppose a la loterie
qui détournera l'argent des caisses des
banques.
« La ruine de la classe moyenne est
chose faite et la meilleure preuve en est
la pnllulation le long de nos trottoirs de
■ces banques dont avec raison vous dites
qu'il en faudrait fermer neuf sur dix.
« Démocratie égale ploutocratie, répé
tez-vous ; mais ploutocratie veut dire :
suppression de l'épargne.
« En bas des ouvriers gagnant de gros
salaires et vivant grassement sans souci
du lendemain pour la plupart ; en haut,
les financiers, marchands d'argent et ac
capareurs de cet argent. Tel sera le nou
vel état de la France en démocratie.
« Est-il encore temps de parer au dan
ger ? ...En tout cas, M. Poincaré, qui est
républicain dans les moelles, né fera rien
pour s'y opposer. »
Mon correspondant interprète ce qui se
passe comme le résultat d'un complot dé
libéré, d'un accord conscient du régime
démocratique avec la finance. Je crois
que l'hypothèse n'est même pas très né
cessaire et que le régime n'est pas assez
malin pour former un plan de cette en
vergure et surtout pour l'exécuter. Selon
moi, tout résulte des carences, des trous
de la République, de ce que l'intérêt pu
blic n'est pas défendu, de ce que le crime
public n'est pas châtié. Le régime se
jette sur l'héritage parce que les morts ne
crient pas et que les héritiers ne forment
pas une majorité appréciable en temps
d'élections : le régime n'a pas assez de
cervelle, pour calculer que sa politique
successorale aboutit à détruire les mai
sons et qu'il ne naît plus d'oiseaux là où
l'on a brûlé les nids. De toutes ses igno
rances, xle tous ses oublis, de toutes ses-,
absences naissent des effets-tels que tout
se passe comme s'il avait voulu eteindre
la natalité, détruire les classes moyennes,
assassiner en bloc toutes les destinées du
pays.
M. Poincaré s'obstine à réagir en hom
me de gauche. Il nous souvient parfaite
ment qu'un rapport de lui, vers 1900 ou
1901, aida beaucoup à ouvrir les écluses
des premiers gros impôts sur les hérita
ges. Nous espérions que l'expérience de
vingt dures années et les réflexions lumi
neuses qu'il ne pouvait manquer d'avoir
faites sur le sujet l'auraient dégoûté à ja
mais de pernicieuses chimères. Nous
voyons qu'il y tient. Nous n'imaginons
pourtant pas que sa volonté puisse consen
tir à la prolétarisation de la France, à la
dispersion de ses capitaux, de ses réserves,
de ses biens les plus chers au profit de la
bande noire internationale qu'il a lui-
même désavouée et flétrie. Alors ? Alors,
contre l'adjuration patriotique de M. Du-
treil, il a posé la question de confiance
et les deux décimes ont été votés une fois
de plus. C'est un grave malheur.
Ilî. Une prime aux liquidateurs
Et c'est un malheur sans nuance puis
que, dans la direction politique adoptée,
le gouvernement se refuse a faire une
place à des solutions de soulagement ou
de renfort telles que celles de M: Bonne-
fous. Nous ne sommes pas souvent d'ac
cord avec Léon Bailby. Mais ici l'évi
dence du bon sens rangerait du même côté
les loups et les brebis. « Le projet Bonne-
« fous ne prend d'argent dans la poche de
« personne. Il laisse la faculté aux por-
« teurs actuels de Bons du Trésor de chan-
« ger leur titre contre une coupure qui
« n'est pas un billet de loterie, mais une
« sorte de billet de banque portant des
« chances de gagner des lots très impor-
« tants Un b.illet de banque, avons-nous
« dit, donc un papier qui, normalement,
« ne porte pas intérêt, mais qui peut ser-
« vir à négocier des transactions et qui,
€ en outre, ouvre la chance aux espoirs de
« la fortune. s>
Le projet Bonnefous est écarté. Les aver
tissements tragiques de Valois portés à la
tribune par Léon Daudet sont écartés de
même. Tout ce qui peut déplaire au monde
des Banques est écarté. Les Banques trans
forment méthodiquement nos réalités
en papier sans valeur. Hier, cette opéra
tion des Banques était défendue et couvert
Êar le gouvernement qui n'écoutait que les
anquiers ; aujourd'hui, elle est gratifiée
d'un accélérateur de premier ordre : les
impôts nouveaux, la vie chère !
IV. Avertissements inutiles
Croit-on qu'il suffise d'un peu de stoï
cisme parlementaire pour voiler ces réa.
lités ? Je tire de l'Intérêt français cette
lettre d'un grand industriel qui y voit
clair :
« Le ministère, écrit-il, est en train de
trahir complètement ceux-qui se sacrifient
pour lui. Il ne tirare aucun parti utile des
armes qu'on lui donne, parce que pour ap
pliquer le programme d'économies et d'im
pôts frappant tout le monde, il faudrait
qiïil restaure les principes de respect et
d'autorité, c'est-à-dire qu'il ose, comme
Mussolini, se faire traiter de réactionnai
re. Au contraire, il laisse aller son pro
gramme en morceaux. Il a lâché avant-
hier les allumettes à Jouhaux, hier les éco
les sans élèves à Buisson, demain les ar
senaux à Goude, etc. La première chose
serait de tenir en bride les fonctionnaires
factieux et de dissoudre leurs syndicats
illégaux. »
M. Louis Hossotte écrit semblablement
dans l'Eclair Comtois :
« Si les députés de la majorité, au lieu
de se fier à la presse parisienne, à la pres
se officieuse, trop souvent enchaînée et
domestiquée, lisaient plus fréquemment les
journaux de province, qui sont en contact
avec les masses profondes du pays, et qui
font les élections', ils comprendraient l'é
tendue de l', erreur qui les entraine à la
suite des gouvernements successifs... »
Et notre confrère cite les justes ré
flexions de Paris-Centre :
« On refuse de tçucher aux monopoles
(car b'est une plâisanterie de nous propo
ser de restituer à l'industrie y privée le
seul monopole des allumettes qui est le
moins onéreux de tous) et l'on n'y tou
che point parce que les radicaux ont dé
claré' les monopotes intangibles.
M. Louis Hosotte cite également les
sages pronostics du- Moniteur de l'Oise :
« En tout cas, il est temps de prévoir
la crise qui se prépare et d'intervenir,
avant que disparaisse cette classe moyen
ne, de tous temps, barrière et élément pon
dérateur, qui nous évita toutes les aventu
res sociales et qui sut maintenir l'ordre,
avec une traditionnelle fidélité. (Reverdi
de Salvagère.) »
Ceux qui maintiennent l'ordre sont ain
si provoqués à le troubler. Je ne prétends
pas que telles soient les intentions du gou
vernement : tels sont pourtant les résul
tats auxquels il conduit en refusant avec
obstination de rien céder sur des projets
(mi sont nés dans le désarroi et conçus
dans l'imprévoyance.
V. L alarme de demain
Cependant le bruit d'armes continue
vers le Rhin. L'intervention anglaise, non
repoussée, non déjouée, nous a réduits au
titre d'occupants secondaires et vassalisés.
De là une menace, annoncée au Temps par
M. de Guillerville qui voit les choses de
près puisqu'il écrit de Wiesbade :
Il ne faut pas se dissimuler que les
nationalistes de Pirmasens et des autres
villes des pays occupés qui ont tué à
coups de hache, de marteau, et piétiné
leurs victimes, organiseraient avec beau
coup d'enthousiasme l'extermination des
Français, si une occasion propice se pré
sentait de célébrer les « vêpres rhénanes »
Il y a quelques jours, dans son rapport an
nuel, la rAombre de commerce d'Essen
exprimait le regret « qu'au début de l'oc
cupation de la Ruhr on n'eût pas profité
de l'ardent désir de combattre de la popu
lation et qu'on eût ainsi perdu d'avance la
bataille en adoptant cette résistance passi
ve qui est une arme féminine j > !
« Le séjour du consul général anglais
Clive dans le Palatinat, la publication de
son rapport et la passivité des autorités al
liées, au lieu d'apaiser les discordes, ont
encouragé l'audacieuse offensive des au
torités bavaroises et de leurs bandes natio
nalistes. De toutes parts les encouragements
ainsi que les excitations de l'autre côté du
Rhin soUimaient les fidèles Palatins « d'en
finir avec les traîtres. » Dimanche dernier,
10 février, M. Jarres, ministre de l'inté
rieur du Reich, était venu à Giessen, aux
confins des territoires occupés, porter la
bonne parole aux étudiants des universités
de Giessen, Marbourg, Francfort, Cologne,
Bonn et Wurzbourg : « Nous abominons
le séparatisme, s'est écrié M. Jarres, on
lui réglera son compte et l'Histoire le flé
trira ; je ne parlerai donc pas de ces cra
pules, mais d'un séparatisme supérieur
dont les projets chimériques veulent modi
fier au moment le plus malheureux le sta
tu quo. Celui qui agit ainsi, même dans une
bonne intention, fait le jeu de nos enne
mis!-. Nous négocierons avec nos enne
mis, mais jamais nous n'accepterons une
discussion sur une modification du régime
des pays occupés ; cela ne regarde pas nos
ennemis, c'est une question intérieure al
lemande. t> Vous voyez que même les
« messieurs de Cologne » qui ont conféré
avec M. Tirard à Coblence au sujet d'une
République rhénane dansHe cadre du
Reich, sont traités par un, ministre du
Reich d'auxiliaires de l'ennemi. »
L'Auguste Gauvain lui-même, s'il se ha
sardait par là-bas, serait massacré comme
les Kamarades. Avouez que ce serait dom
mage pour nos menus plaisirs. Un Alsa
cien, ancien combattant, nous écrit de
Mayence :
« J'ai eu l'occasion de vivre parmi ces
malheureux qui comptaient tant sur l'ap
pui de la France. Mais quelle déception a
dû s'emparer d'eux au moment de la tra
hison.
« En abandonnant les séparatistes,
champions d'une idée dont la prompte
réalisation devrait constituer le premier
des buts politiques aè nos hommes d'Etat,
on abandonne les provinces reconquises,
les régions libérées, les intérêts et la sé
curité de ces pays qui ont le plus souffert
de l'invasion allemande. Laisser aux bo
ches les moyens de se livrer à de nou
veaux pillages et de nouveaux saccages
sur les territoires qui se relèvent et se
reconstruisent c'est un crime contre la
nation.
« Touf ce sang qui trempe les Vosges,
les Ardennes et la Flandre, a-t-il été versé
en vain ? L'enthousiasme avec lequel l'Al
sace et la Lorraine ont accueilli la vic
toire de la France aurait-il pu être aussi
ardent, si ces deux provinces avaient pres
senti que cette victoire na'urait comme
suite immédiate que la menace d'une nou
velle invasion ?
« La guerre nous a arraché le père
(mort en exil) et un frère (tué sur le
champs de bataillé). La maison a été dé
truite et nos biens ont été saisis par les
Allemands. L'épreuve a été trop dure pour
que nous eussions envie de la voir reve
nir. Nous ne voulons pluse de guerre et,
parce que nous la paix, que la France se
résigne enfin à avoir une politique de dé
fense nationale capable de nous garantir
la sécurité de nos foyers.
« Depuis deux ans, je lis votre journal,
et chaque jour avec une croissante atten
tion. Longtemps, j'ai erré dans la nuit des
doutes, mais ses. articles m'ont apporté la
lumière que je çherchaie et m'ont ouvert
un chemin droit, et sûr vers la vérité que
je ne pouvais rencontrer nulle part ail
leurs.
« Je vous apporte mon adhésion, si in
signifiante qu'elle soit, au mouvement. Vo
tre doctrine l'emportera bientôt sur l'hy
pocrisie républicaine de ceux qui mécon
naissent les hauts services que l'A. F. a
rendus et qu'elle rend encore à la cause
nationale...-
' « Comptez sur vos compatriotes de l'Est!
Ils ne tarderont pas de se joindre à l'ac
tion que vous préconisez. Ils veulent la
paix et l'ordre: Les grands mots les dépi
tent. Le terrain se prépare pour recevoir
le grain de vérité , que vous semez jour
par jour. Soyez persuadé que la moisson
sera féconde. »
Sans doute l'évidence des maux parle
à voix très haute en faveur de nos prévi
sions, de nos critiques, de nos doctrines
et de nos programmes. Mais la vérité est
payée d'un prix bien cruel !
Charles MAURRAS
Pour l'inspecteur Chassigneux
frappé pour avoir dit
la vérité
. Quatorzième liste
Groupe d'A. F. du lycée d'Evreux ....
André Guézennee
De Château-Thierry. Un es-républicain
dégoûté du régime
Deux Chouans socialistes qui reven
diquent la liberté
Un abonné à la Vérité
Un retraité des bords de l'Ognon ..
Un modeste paysan d'Amfreville ....
Un abonné
M. et Mme Louis Faquelin
10
10
1 50
1
5
20
1
10
5
Paul Jamme
5
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Marcel Jamme
5
»
Eugène Jamme
5
>
Louis Gervois
15
»
E. Besnard
5
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V. Brunet
5
s
Un contrôleur des postes père de sept
enfants
2
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Henri Mellet
5
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Alain Mellet
5
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Comtesse de la Bourdonnaye
100
b
Mme Thivierge-Rcaux
10
b
Un royaliste
5
J>
Vive le Roi !
10
D
Abonné 55.301
20
j)
Marquise Boux de Casson
80
>
M. R. Mourmelon-le-Grand
10
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Pierre et Henry Barbentane
10
9
Honneur au brave qui n'a pas craint
de faire son devoir
10
i)
Abbé Borie
5
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Abbé T. Gaudin
5
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10
b
Marcel L. Leschevin
10
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De Méru, pour la justice
2
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1
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Desjonquères
10
b
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10
b
Un antimaunouriste" de Méru
2
B
Philippe Castel
2
b
En mémoire d'Yvan de Rodellec du
Porzic, mort pour Ja France' •
20
B
La livre à 100 francs
La livre a dépassé 100 francs. Le dollar
a dépassé 23 francs. On voit s'élargir de
jour en jour la plaie ouverte au flanc de
la France par l'imprévoyance du gouver
nement.
Après la bourrasque de la première
quinzaine de janvier, les mesures salu
taires auraient dû être prises dans la hui
taine. Il était aisé de prévoir, et nous
l'avons fait, une nouvelle secousse quel
ques semaines après l'accalmie du 15 jan
vier.
La secousse prévue se produit. Elle nous
trouve exactement dans la même situa
tion qu'au 10 janvier. Les projets gouver
nementaux ne sont pas votés. Une discus-
ion sans fin est ouverte. Le gouvernement
annonce qu'il ira mardi au Sénat pour
parler d'on ne sait quelle manière d'élire
les députés et les sénateurs !
L'impuissance constitutionnelle est dé
sormais éclatante. Il est presque invrai
semblable que les moyens techniques pro
posés par le gouvernement puissent en
rayer la crise. Il faudra renoncer à tout
espoir de remontéë du franc si l'on ne
procède pas à une restauration du crédit
de l'Etat par une opération politique.
L'opération politique nécessaire ne peut
être qu'un acte du gouvernement prenant
effectivement la responsabilité de la si
tuation, et prenant librement, hors du
tumulte des assemblées toutes les déci
sions utiles. C'est cet acte même qui crée
rait la confiance, grâce à laquelle, ensuite,
les moyens techniques pourront être em
ployés.
Une fois de plus, nous demandons :
Les pleins pouvoirs pour un gouverne
ment libéré de la discussion parlemen
taire ;
La création d'un comité extraparlemen
taire financier et économique ;
La séparation du franc et de l'Etat par
les moyens que nous avons indiqués ;
La prorogation du Parlement. (Les ré
publicains demandent la fermeture ; nous
sommes plus modérés qu'eux) ;
La reconnaissance officielle d'une mon
naie de compte stable, permettant aux
producteurs de travailler à l'abri des va
riations monétaires.
Ou ces mesures seront prises, et le
redressement sera effectué ; ou l'on con
tinuera de discuter au lieu d'agir, et l'on
ira à la catastrophe financière. Nous ne
laisserons pas s'effondrer l'Etat français
dans cette crise.
Georges VALOIS.
P.-S. — Hier, le Comité de la Semaine
de la Monnaie a émis, à l'unanimité, un
vœu demandant au gouvernement le re
trait du projet de loi Lasteyrie tendant à
interdire aux Français de traiter en
francs-or ou en dollars. Nous publierons
demain le texte de ce vœu, très fortement
motivé.
Crise financière
et crise politique
La livre sterling a été cotée cent francs
hier. Les Allemands nous disent, par la
bouche de M. Stresemann : « Saluez ce
cours. Vous ne le reverrez plus. Nous aussi,
nous avons connu le mark au cinquième de
sa valeur et nous l'avons vite regretté. Nous
avons connu pire et vous ne connaîtrez pas
mieux. »
Que s'est-il donc passé depuis les jour-
nées de janvier où, la livre ayant monté à
Paris jusqu'à 96 francs, détermina l'inquié
tude qui s'est traduite par les décrets-lois
et le projet de double décime ? Il ne suffit
pas de dire, pour expliquer la dépréciation
continue du franc, que le retard des Cham
bres à voter les projets du gouvernement
en est responsable. Il y a autre chose. Et
cette autre chose, qui pouvait être prévue,
c'est que les prix-or ont monté partout de
puis deux mois, même et d'abord aux Etats-
Unis, 'où l'on a vu renchérir le prix de
toutes les matières premières.
Nous ne nous étendrons pas sur ce phé
nomène économique qui est très normal.
Disons en peu de mpts que la hausse fa
meuse de 1920 ayant provoqué, comme il
arrive toujours, une surabondance des
stocks, la baisse a fini par produire la raré
faction des stocks, d'où la hausse du pé
trole, du cuivre, de l'étain, etc., qui a en
traîné la hausse générale de toutes les mar
chandises.
Le rapport de ce phénomène sur la baisse
du franc est visible : il a fallu de plus
grandes quantités de notre monnaie pour
notre approvisionnement en matières pre
mières fournies par l'étranger. Unë autre
conséquence a été et devait être l'adapta
tion de nos prix intérieurs aux prix dits
« mondiaux » et l'on s'est mis, au dehors,
à penser que notre situation financière, à
peu près stabilisée d'après la valeur des
choses telle qu'elle a été du milieu de 1920
à la fin de 1923, ne résisterait pas au
déséquilibre causé par une poussée des
prix.
Nous sommes donc bousculés par une.
vague périodique lancée contre un édifice
assez fragile. On doit se demander d'ail
leurs si des édifices encore plus fragiles que
le nôtre y résisteront. On serait curieux,
en particulier, de savoir si l'Autriche tien
dra. Nous voyons déjà la Hongrie ébranlée
et pourtant la Hongrie se relevait. Hier, à
Budapest, la livre a coté 400.000 couronnes.
Et cette crise — car c'en est une — sur
vient à un très mauvais moment, celui
d'une autre vague, démocratique et sociali
sante célle-là, qui passe sûr une partie de
l'Europe, l'Allemagne et l'Italie exceptées.
Le ministère Macdonald accumule les dé
sastres et la grève des dockers (disons des
portefaix en bonne et vieille langue) ajou
tera un désordre économique. En Suisse, où
l'industrie souffre, l'abandon de la journée
de huit heures vient d'être repoussé par le
référendum. Dure leçon à notre usage in
terne. Ce n'est pas au suffrage populaire
qu'on peut demander de sauver les situa
tions difficiles qui ne peuvent se dénouer
que par des sacrifices. On ne demande pas
à l'électeur s'il veut bien travailler plus
pour gagner moins. Il faut l'aiguillon de
la faim et le joug de la misère pour qu'il
accepte, comme en Allemagne, le fait
accompli...
Cependant on commence à voir que le
ministère Macdonald est, pour l'Angleterre,
l'Europe et le monde une véritable cala
mité. — J. B.
LE DOUBL E DECIME DEVANT L A CHAMBRE
Léon Daudet c ontre les Financiers
La thèse de Valois à la tribune I
Journée de bataille, hier à la Chambre,
à propos du vote sur le double décime.
Reprenant une manœuvre qui leur est
chère, les communistes s'efforcent de re
tarder le débat en le noyant sous une
masse d'amendements. Mais, si nombreux
soient-ils, on en voit le bout.
Vers sept heures du soir, Daudet inter
vient, prenant prétexte d'un amendement
de Marcel Cachin, il fait au milieu du plus
grand silence, le procès de la finance, qui
s'enrichit quand le pays se ruine, et dicte
ensuite ses lois aux politiciens en inter
venant par son or au moment des élec
tions. Léon Daudet est très applaudi par
une partie de l'Assemblée quand il dé
clare en manière de conclusion que de pa
reilles pratiques nous conduisent à des
troubles dans la rue que l'Allemagne
saura mettre à pr'ofit, le moment venu,
en nous déclarant une nouvelle guerre.
Au cours de la séance de nuit, une
attaque de M. Dutreil,' fidèle jusqu'alors au
président du Conseil, enlève à ce dernier
lin certain nombre de défenseurs.
Sa dernière majorité qui était de 89 voix
tombe tout à coup à 77 voix.
Au fur et à mesure que le débat Se pro
longe le président du Conseil voit fondre
sa majorité.
Un assez long débat s'institue au début
de la séance, à propos d'un amendement
déposé par Paul-Prudent Painlevé, ten
dant à frapper d'une taxe les profits réa
lisés par les acquéreurs de dommages de
guerre.
Il affirme que son amendement
ferait rentrer des sommes considérables
dans les caisses de l'Etat» mais, dit-il, ce
règlement doit se faire rapidement car,
les mois qui viennent sont graves.
M. Bokanowski. — Dites les jours.
M. Poincaré. C'est même par heurë
qu'il faut compter en ce moment. Je le dis
pour toute la Chambre.
M. Bokanowski adjure M. Painlevé de
retirer son amendement pour le reprendre
au moment des dépenses recouvrables,
car, dit-il, « on n'a plus un instant à
Îerdre, la livre ayant atteint aujourd'hui
00 fr. 50 ».
Léon Daudet. — C'est votre faute. (Bruits ^
au centre et sur certains bancs à gauche,
applaudissements à droite.)
M. Poincaré. — La faute en est à la len
teur des débats. Tous les renseignements
concordent à ce sujet.
Léon Daudet. — Oui ! oui ! tous les
renseignements qui vous sont donnés par
les banquiers intéressés. ( Vifs applaudis
sements sur un grand nombre de bancs.)
M. Bokanowski est pris d'une fureur
subite, un instant sa voix domine le va
carme. Se tournant tantôt à droite, tan
tôt à gauche, agitant les bras comme des
ailes de moulin à vent, on entend, entre
coupées,par le bruit,ces par.ples: «...Quand
je vois aux deux extrémités . de cette
Chambre l'attitude des adversaires du ré
gime... * A ces mots, Léon Daudet se,
dresse à son banc et s'écrie
î
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