Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-01-27
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 27 janvier 1924 27 janvier 1924
Description : 1924/01/27 (Numéro 27). 1924/01/27 (Numéro 27).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Cii-septième Année. N° 27]
EDITION DU MATIN
Dimanelie 27 Janvîef 1924
15 centime!. S zikx *t S ïiii-it- O i««
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ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
« Tout ce qui est national est notice. ))
Le Due d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la Franco»
ftfiDICT.rOH Jt ADMINISTRATION ;
i$ % rau de Jfovte, PA.RIS (S*)
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Apres ic heures iio^istre de Commerce : Seins N* 78 5s».
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS*— Rédacteur eu chef s MAURICE PUJO
. .. •: .... V-. - - ■ r '- - • -Ï - - v .. . a - ' ■ - * •
Le besoin d'autorité ouvre la crise
^ régime:
■„«' La république >) 'u f faire la guerre qu'en renon-
« çant à être une républiq. s. Comment fera4-elle. la paiss,
« plus difficile que la guerre, si elle veut rester elle-même ?
« Il est bien difficile de ne pas penser que la France mar*
« che vers un renforcement de l'autorité. Quelle forme
« prendra le pouvoir- dont la nécessité apparaît chaque
« jour ? Personne sans doute ne peut le dire... »
(Louis LATZARUS, dans la Revue Hebdomadaire.)
Mais si ! on peut le dire : la seule stable*
celle qui a fait la France : la Royauté*
Sus aux voleurs d'abord !
Nous donnons ici, d'après Z'O fi-iciei., un
extrait du magnifique discours de Léon
Daudet prononcé à la Chambre des dépu
tés, avant -hier: soir, et dont la portée sera
incalculable.
M. t£ président . La parole est à M.
Léon Daudet.
M. Léon Daudet . — Messieurs, je vous
Tcmercie de, me donner l'occasion de
prendre la parole ce soir. Je vous promets
d'être bref.
Les objections que nous faisons au pro-
' jet du gouvernement et qui, à quelques-uns
d'entre nous, paraissent dirimantes, sont de
trois ordres : objections de l'ordre politique
proprement dit, objections de l'ordre finan
cier; enfin, ce que j'appellerai des objec
tions dç justice ou, mieux, d'équité.
Quant à la seconde catégorie d'objections,
.(celles dé l'ordre financier, des hommes beau
coup plus experts et compétents que moi
les exposeront ici avec une bien autre pré
cision et une bien autre éloquence. C'est
pourquoi je neferâique les franchir.
,Une première objection, politique, que je
fais aa projet qui nous est présenté est, si
jé'puis dire, monsieur le président du Con
seil, dans votre intérêt, bien que je com
batte votre projet; et dans ' l'intérêt d'une
politique que votre majorité a suivie avec
j'otfs : la politique de la Ruhr.
En effet, il est admis que la baisse du
•flanc, dans les circonstances inopinées où
telle s'est produite, est, pour partie, consé
quence d'une manœuvre financière de
grande envergure dirigée contre vous et
contre l'occupation de la Ruhr par un con
glomérât de financiers internationaux, dont
on dit d'ailleurs que quelques-uns, et non
ides moindres, opèrent à Paris. Si cela est
,vrai, il est plus que vraisemblable'que le
projet de ce conglomérat de financiers inter
nationaux- était d'obtenir de vous précisé
ment Ce que- vous êtes en train de faire,
c'est-à-dire de vous, charger, vous et votre
majorité, devant le pays, du poids d 'un en
semble de mesures qui, pour beaucoup, —
je vous le dirai en quelques mots, — cho-
quent violemment non seulement la commi
sération sociale que. nous devons tous aux
gens qui possèdent peu; mais encore la jus
tice et l'équité parce qu ? il n'est pas prouvé
qu 'avant de voter ces mesures draconniennes
que nous avons^ appliquées « Dracpn à Plu-
tus 5>, c'est-à-dire que - nous avons été cher
cher dans - la - fortune, mal. acquise — et
récemment mal acquise — les- sommes con
sidérables que, d'après un grand nombre
d'entre vous, siégeant sur tous les bancs,
elle est capable de nous donner. {Applau
dissements sur un grand nombre de bancs.)
Il est une deuxième raison politique, et
je la franchirai vivement parce qu'elle a
déjà été abordée par mon collègue M. Tait-
tiuger : ces mesures tendent à remplacer
l'emprunt .par. l'impôt.
DonCi jusqu'ici, on nous a dit sur tous
les tons, et tellement même que c'était
devénu une sorte de ritournelle tragique :
« L'Allemand payera ».
Mais, à partir de maintenant, nous en
trons dans' un autre système. C'est le Fran
çais qui và payer. (T rès bien ! Très bien!
à Pextrême gauche, à . droite et sur divers
bancs.)
En d'autres termes, nous sommes en train
de démontrer au monde que nous pouvons
nous passer des paiements allemands.
M. Magne . —r C 'est.évident.
M. MARCEt IÎABERT. —Cela ne veut pas
dire que les Allemands ne nous les doivent
pas !
M. Léon Daudet . -— On vous dira —
celte manœuvre ■ se ■ dessine déjà dans la
presse étrangère : Pourquoi tant de récla
mations, tant de cris, de prières instantes,
puisque, en somme, vous trouvez dans vos
propres ressources les moyens, en vous pres
surant, de vous tirer d'affaire ?
M. US président du conseil. Nous
les trouvions aussi hier, dans un mode de
ressources qui,' malheureusement, pèse sur
le budget: dans les emprunts, mais nous
Jes trouvions déjà.
,Je crois que je n'aurais pas grand mal à
«démontrer que le traité de Versailles pré
voyait que nous les trouverions nous-
mêmes.»
« •«•••»«»•*■••*•• »■•«••*»••••••••»•
M. Léon Daudet . — Je suis au regret
|i'avoir.motivé un incident, alors que mon
Idésir très vif» je vous prie de le croire, est
de n'en susciter aucun, ni entre collègues,
ni entre un collègue et moi-même. La situa
tion est trop grave et trop sérieûse pour
que nous n'allions pas au but d'un pas
(accéléré.
Cé que je crains, je vous, le disais, c'est
tpie l'on vienne vous dire : «Mais la Ruhr
«'était-elle pas, dans votre esprit, destinée
à obtenir des réparations ? Or, voilà main-
tenant que vous obtenez ces réparations des
Français et non des Allemands, Alors, à
$pioi bon la Ruhr ? »
A F extrême gauche. — C'est cela !
i M. Léon Daudet . — C'est donc comme
ruhrien », c'est conune partisan de l'oc-
icupation de la Ruhr, que je vous dis : mon
sieur lè président du Conseil, sauvez, au
(moins, dans l'opinion publique, ce principe
de. l'occupation de la Ruhr. ( Exclamations
et rires à l'extrême gauche.)
M. B racke . — C'est une « ruhrie » nou
velle ! {On rit.)
M. Léon Daudet . — Non, mon cher col
lègue, le mot est très joli, niais il ne s'ap
plique pas à moi, car je n'ai jamais envi
sagé l'occupation de la Ruhr — je crois
l'avoir exposé ici, assez longuement, dans
la soirée du 15 décembre 1922, où cette
occupation fut, en somme, décidée par le
président du Conseil — que comme une
mesure de sécurité majeure, en face de la
possibilité d'une guerre nouvelle.
Sur ce point, je suis encore du même
avis. Je crois que la meilleure garantie que
nous ayons contre l'esprit de revanche alle
mand, c'est précisément l'occupation de la
Ruhr. {A suivre.)
Léon DAUDET
Député de Paris.
EOEtOS
On se souvient peut-être de la scandaleuse dépo
sition d'un certain capitaine Fonteny au procès de
la Berton.
Le capitaine FV. Fonteny est ùn des fondateurs
de l'Â.R.A.C.. Ami intimé du juif Torrès, il a
porté le drapeau rouge à l'enterrement du jeune
Horne, victime des échauffourées du 1 er mai 1920.
Secrétaire particulier d'Escoffier, député de la
Drôme, le capitaine Fonteny est en outre prési
dent de la Fédération républicaine des anciens
combattants, et il sera candidat aux prochaines
élections-sur la liste Painlevé !
Ne nous étonnons plus que ce singulier com
battant ait été un des témoins les plus violents en
faveur'de la meurtrière du héros de Port-Fontenoy.
Il occupe la tribune des anciens combattants au
Mal vendu.
* *
Economiser 30 à 50 0/0 en achetant argen
terie, bijoux, corbeilles de noce, chez Pinson,
15, rue Lévis, de 9 h. à 12 heures.
LEON LOBIEN
Un nouveau deuil, après tant d'autres
depuis quelques mois, vient de frapper
notre maison. La mort fauche à coups
redoublés parmi les membres de cette
famille qu'est l'Action française. Notre
cher ami et dévoue collaborateur s'est
éteint, hier matin, brusquement terrassé
par une crise d'urémie. Quelques heures
de maladie ont suffi pour avoir raison de
ce vaillant camarade, cl l'abattre I
Souffrant depuis plusieurs semaines,
tourmenté aussi d'inquiétude par la santé
de sa chère femme, qui' lui avait un ins
tant causé de vives alarmes, il semblait
accablé, ces derniers jours, par une lourde
fatigue ; .mais ' son énergie jointe à
l'amour ardent de son métier et au sen
timent impérieux de ce qu'il estimait le
devoir professionnel, il venait pourtant
remplir quotidiennement sa tâche au
journal ; lundi soir encore il était au
milieu de nous.
Avant de partir, il annonçait à ses ca
marades qu'il allait prendre quelque
repos dans la maison de santé, du doc
teur Artault de Vevey, à Châtillon-sous-
Bagneux, où il s'était enfin décidé à
entrer, en même temps que Mme Léon
Lobien, pour recevoir les soins que néces
sitait son état. Le mal faisait des progrès
foudroyants, et, malgré la sollicitude
éclairée dont il était entouré, notre ami
s'éteignait, hier matin, dans les bras de
son admirable compagne, éperdue^de dou
leur devant ce brusque dénouement. Il
n'avait que cinquante-cinq ans.
Léon Lobien, entré très jeune dans le
journalisme, était venu à l'Action fran
çaise, après avoir appartenu de longues
années à la rédaction de l'Autorité ; il
avait également collaboré. à la Libre Pa
role et à la Liberté, et contribué à la
fondation de Paris-Sport, auquel il n'avait
jamais cessé de donner son concours.
Antisémiste et patriote, il avait été
mêlé à tous les grands mouvements d'opi
nion qui - ont remué la France depuis
trente ans. Il avait pris une part active
au mouvement nationaliste, comme mem
bre de la Patrie Française, et joué un
rôle des plus actifs dans la lultc contre
les partisans de Dreyfus ; il avait été
notamment arrêté au cours des manifes
tations qui eurent lieu lors du procès de
Rennes.
Son passé de nationaliste le désignait,
en quelque sorte, pour être des nôtres, et
c'est tout naturellement que Léon Lobien
finit par entrer à l'Action française, où
il assuma tout d'abord le secrétariat de la
rédaction, pendant la guerre, o'est-à-dire
aux heures les plus délicates, alors que
la vigilance et l'attention d'un journaliste
expérimenté étaient surtout nécessaires.
Sa disparition si soudaine ca'use une
profonde affliction- dans cote- maison où
tous aimaient le collaborateurs et l'ami
dont le caractère, fait de loyauté et de
franchise, forçait la sympathie et provo
quait l'affection.
J1 appartenait à la plupart des grandes
associations de presse et faisait notamment
partie de la Maison des Journalistes, à la
prospérité de laquelle il se dévouait —
'comme à toutes les entreprises auxquelles
il donnait son concours —- corps et àme.
Kous prions Madame Léon Lobien, sa
veuve, le D r et Mme Maurice Tessier, ses
neveu ét nièce, d'agréer ici l'expression
émue de notre sympathie et nos sincères
condoléances.
Les obsèques de notre regretté collabo
rateur' seront célébrées, lundi, à Châtillon-
sous-Bagneux. On se réunira à deux beu-„
rçs, à la maison de santé:du docteur Ar
tault de Vevey, rue de Fontenay, 44. Le
présent avis tient lieu d'invitation.
LA POLITIQUE
m
I. Notre action et notre crédit
On s'y attendait, le discôurs prononcé
par M. Poincaré dans la séance d'hier a
ranimé des confiances, réchauffé des .es
poirs, même rassuré un certain nombre
d'hésitations. Comme il a fait entendre
que les bons votes parlementaires vau
draient à leurs auteurs un sûr appui élec
toral, le Centre.- prompt aux espérances,
n'a pas ménagé les marques de son appro
bation. Cependant, si précieux que puisse
paraître cet échange de bons procédés,
osons dire la vérité : les uns et les: autres
passent à côté de la vraie question.
La vraie qestion est une question de
crédit politique, de confiance européenne
et planétaire. M. Poincaré a fait depuis
un an une pointe en Allemagne, dont il
est possible de discuter, les modalités,
mais dont le principe est inattaquable,
dont les résultats sont réels. Même les ré
sultats matériels, même les résultats écono
miques au sens le plus concret et le plus
lourd de choses. Financièrement parlant,
on peut dire avec une exactitude absolue
que la Ruhr paie. Ce qu'elle paie peut et
doit s'élever par une progression néces
saire et constante. 4
J'aurais beaucoup mieux aimé, pour ma
part, un autre procédé d'action sur l'Alle
magne^ plus rapide, plus direct et mieux
accordé aux incertitudes et aux oscilla
tions d'une démocratie pour qui Parvenir
est toujours' singulièrement hasardeux. Mi
nistre d'une démocratie, M. Poincaré a
choisi le chemin le moins court, celui
qui demanderait le plus de patience, de
durée et de continuité dans le gouverne
ment, celui que nos eussions choisi sous
un Roi fortement assuré de son trône, le
chemin le moins praticable à toute
démocratie. C'est une faute, soit. Telle
quelle, pourtant, l'occupation de la Ruhr
en elle-même vaut, parce qu'en elle-même
elle e.st productive. L'intérêt français est
de n'en pas bouger et d'attendre avec per
sévérance que les fruits prochains de la
semence et du labour s'accuniulent et se
multiplient. Tenir ce gage est une ri
chesse. Montrer qu'on est résolu à le con
server est une force. Cette richesse et cette
force devraient, à peine constatées, élever
la confiance que nous inspirons et aug
menter notre crédit. Or, les gens n'ont.pas
confiance et notre , crédit baisse, notre
franc en est le témoin.
Dans la Ruhr on suppute de gros profits
pour dans six mois. Et l'on ajoute : les
Français seront-ils encore ici dans six
mois
Ce désaccord de la réalité intérieure et
de l'opinion extérieure ne saurait s'expli
quer que de la façon si souvent relatée ici
par Daudet, par Éainville, par Valois, par
moi-même. Si l'on voit ce que nous avons,
on nç-croit pas que nous l'ayons long
temps, on pense même devoir juger que
nous lâcherons cet,avoir, et c'est la pre
mière raison de la baisse de nos devises.
Il y fcn a une autre, tirée de l'espoir que
cette baisse nous fera nous dessaisir plus
vite en augmentant les chances électo
rales de tous ceux qui disent que c'est la
faute de la Ruhr. M. Poincaré a «eu»
le ministère de Lloyd George. Mais la
baisse du franc «aura» la politique de
M. Poincaré. Telle est l'idée de l'ennemi
et des mauvais amis. Elle ne s'est pas
faite toute seule.
Quand M. Barthou professait, avant-
hier, que les élections prochaines seraient
à gauche, il fortifia ît ce préjugé de l'Eu
rope et du monde. En vain, ajoutait-il, que
ça ne changerait pas grand'chose à notre
politioue allemande. Une affirmation char
gée d f espérances ne vaut pas contre un
fait, et le fait est que politique de gauche
signifie politique antiruhriste, politique
.proallemande, et que les meneurs de cette
politique ont fait tout ce qu'il fallait pour
assurer à cette signification nue valeur
universelle qui circule, mieux que le franc,
entre Londres et Tokio, New-York et
Francfort! Le monde entier attend une po
litique' de gauche qui affranchisse l'Alle-
ôiagne de notre étreinte, et cette attente
pourrait bien n'être sans doute qu'un
« vain fantôme.» si l'on ne voyait claire
ment que le gouvernement de M. Poincaré
fait tout ce qu'il peut et fait le contraire
de tout ee qu'il devrait, pour ramener au
pouvoir cette politique de risques et
rendre, d'une part, impuissante et,' d'autre
par, impopulaire, la politique de sûreté
dont il n'est pas le promoteur.
IL Contre le nationalisme ,!
Contre les intérêts I
Contre l'idée de justice !
On le voit la rendre impaissante par le
soin avec lequel ses collaborateurs, ses
services, ses administrations s'attachent à
combattre un sentiment et un mouvement
national dont il tire son origine et la
meilleure, la plus certaine de ses forces,
sans qu'il puisse nourrir le plus léger es
poir d'en retrouver l'équivalent parmi ses
chers alliés de gauche. On le voit la rendrç
impopulaire et, bien plus, intolérable, in
supportable à la grande masse du pays
par le .choix même des mesures financiè
res dont il attend le salut. Diminuer ses
défenseurs, les décourager et, d'autre part,
se créer une nuée d'adversaires nou
veaux, "est-ce une politique 1 On pouvait
braver jusqu'à un certain point l'impopu
larité à la condition de la compenser par
un appel aux idées et aux forces vives
du sentiment national. Mais voûloir com
primer, humilier, bafouer ces forces désin-
tefessées et, dans la même heure, appuyer
et presser avec cette violence sur les
intérêts c'est tout attendre d'un esprit de
parti républicain fort peu national en lui-
même et d'un patriotisme à forme stoique
dont le modèle ne court pas les rues.
Daudet offrait hier l'alliance et l'alliage
précieux d'un sentiment concret bien fait
pour donner du ton à l'héroïsme ou au
patriotisme fiscal : la satisfaction de
l'esprit de justice, la revanche du peuple
défié par les profiteurs et les mercantis.
M. Poincaré n'en a pas contesté l'équité.
Il n'en a pas vu l'opportunité en quelque
sorte dynamique ! • Devant l'exemple con
cret des juges indignes qui, après avoir
libellé des attendus accablants contre un
voleur de millions, ne lui infligèrent ni
la prison ni la confiscation, mais une
petite amende de trois mille francs, M.
Poincaré a cru bon de répondre qu'il ne
pouvait punir de tels juges_ que le châ
timent de ces juges serait l'abomination de
la désolation ! Sans châtier les" Juges, pour
quoi le procureur ou l'avocat de la Répu
blique n'a-t-il pas fait immédiatement ap
pel a minima du scandale Berthelot ? Et
pourquoi, dans le scandale Baumann, le
commissaire du gouvernement devant le
Conseil d'Etat a-t-il pris le parti du cou
pable centre l'Etat qu'il représentait '? Et
si ces magistrats n'ont- pas fait leur
devoir, pourquoi ne sont-ils pas punis '? J'a
voue ne pas comprendre que M: Poincaré
ne se rende pas compte qxie l'effet morali
sant ou démoralisant produit par le ehà-
timejjt ou l'immunité au criminel entraîne
à son tour des effets matériels! On paie
, plus ou moins volontiers, on paie plus ou
u*oii.s bien suivant que l'on vit scus-im
Prince ennemi ou non de la fraude. Notre
princesse République, à laquelle il est at
taché depuis sa tendre enfance n'a jamais
encouragé le peuple ' aux sacrifices vo
lontaires du patriotisme fiscal. L'état de
choses actuel est une honte, il devrait
bien le savoir. Croit-il'que l'exemple de
tant de taxes dues et parfaitement im
payées soit un principe d'entraînement ?
Et ne croit-il pas que la réaction du con
tribuable menace de produire celte réac
tion de l'électeur par laquelle toute son
œuvre de Lorrain, toute son oeuvre d'occu
pant et d'exploitant de la Ruhr sera anéan
tie "? .
ÏH. M. Poincaré tient sou sort
entre ses mains
11 a promis le contraire à la Cham
bre. Il a promis que dix millions d'élec
teurs arboreraient la barbe et lé manteau
du philosophe stoïque. 11 a fait cette pro
messe bien républicaine,'bien digne de
c.e « grand acte de confiance » qui eni
vrait Jean Jaurès et Marc Sangnier, que
chaque électeur, se sentira transformé en
héros et en petit saint. Les bons l'empor
teront sur les mauvais, les vertueux slir
les vicieux, et la France sera sauvée con
tre toute espérance et contre tout bon sens,
Ces belles choses ont été applaudies à la
Chambre. Quand on eut fini d'applaudir,
Léon Daudet a demandé :
— Et si tout ça n'arrive pan'?
Je ne crois pas que M. Poincaré, ait fait
la réponse. Personne ne peut la faire. Et
la question n'a rien d'insidieux ni d'arti
ficieux. Elle est absolument naturelle. C'est
celle que fait Louis Latzarus à la Revue
hebdomadaire aujourd'hui même : « Il y a
« au gouvernement des hommes énergi
es ques. mais l'institution est faible. Ils en
« ont le fétichisme. Que feront-ils ponr-
« tant si, en mai, les élections sont déma-
« gogiques et si le peuple, ne considérant
« que son intérêt d'un jor, se prononce
« contre les nouvelles servitudes fiscales ?
« Ils se retireront, suivant la, règle. Mais
« la France ? Mais son intérêt suprême ?
Voilà la question. Nous la posons, nouç
la reposerons avec persévéranee.C'est toute
la question. Nous ne somiùes pas les enne
mis de M. Poincaré, mais nous sommes
surtout les amis de son œuvre dans ce
qu'ello a de nécessaire à la défense natio
nale. Ce qu'il fait, sans Ite voir, contre
celte œuvre et les conditions dans les
quelles il le fait, cela nous émeut et nous
alarme au delà de toute expression. Nous
ne sommes pas les seuls à former des pro
nostics sombres. Latzarus dit encore.
« La masse u'écoulera-l-elle point les dé
magogues qui vont avoir beau jeu à abu
ser de son ignorance et n'hésiteront pas ~—
c'est déjà commencé — à soutenir que la
politique de M. ~Poiricaré et du Bloc natio
nal a causé tout le mal ? Ne va -i -elle point
se dégoûter rapidement de l'opération de
la Ruhr ? J'avoue mon inquiétude.
« Demain les commerçants et les indus
triels, suivant une lot économique inéluc
table, feront retomber le poi'ds de leurs im
pôts sur le consommateur. Le prix de la
vie montera, en attendant qu'il redescende.
Il ij aura des victimes. C'est nécessaire,
c'est fatal. »
« ...Les citoyens éclairés se plieront sans
récriminer attv nouveaux sacrifices qui
[car sont imposés. Mais voici venir le temps
où voteront même les citoyens qui ne sont
pas éclairés. On. prend aujourd'hui une
grande mesure de salut public. Et je n'ai
guère confiance, pour l'imposer, dans le
régime que je vois.».
•Le régime que voit Latzarus, c'est évi
demment le régime républicain et parle
mentaire qui fonctionne devant nous. Je
ne puis inempêcher d'y voir aussi le
régime de faveur spéciale auquel M. Poin
caré se croit tenu envers les forces de
gauche, envers les puissances qui le dé
truisent, loi et son œuvre, de sûre et
d'inévitable façon. Pourquoi ? Par ce que
Latzarus appelle «fétichisme». Un lien
secret l'attache au respect de ce que, en
bonne logique naturelle, il devrait dénon
cer, attaquer, détruire avec nous, pour' le
même motif que nous.
Nous ne lui proposons pas de faire la
monarchie. Il était républicain dès sa pre
mière jeunesse. C'est une raison comme
une .autre-de ne pas changer. Nous lui
conseillons simplement de n'être pas plus
dupe do ces fictions, formalités, entités
juridiques et constitutionnelles qu'il ne
l'a été de 1912 à 1914. A cette époque le
patriotisme et le bon sens lui firent pro
fesser ces nécessités de salut public qu'il
appela d'un mot de poète l'union sacrée.
Il dépend de M. Poincaré de rétablir ces
hiérarchies légitimes. II n'y a pas d'autre
moyen de sauver, avec son ministènw son
action et tout ce qu'elle enferme d'imérêt
national. ......
Charles M Ali R RAS
P.-S.-■!— Je suis trois et quatre fois eif
retard avec Mme Séverine. J'espère lui
répondre demain. — Ch. M.
L'ASSASSINAT
DE PHI LIPPE D AUDET
Le crime de la police
Marcelle "Weill, ancienne compagne de
Grufi'y, et qui l'ut le codétenu de la Ber
ton à Saint-Lazare, a été interrogée hier
par M. Barnàud. On sait qu'elle parta
geait habituellement avec Gruffv le lo
gement de la rue de Chartres où ^Philippe
Daudet fut attiré dans la nuit du jeudi
au vendredi 23 novembre.
Comme on pouvai". s'y attendre, elle a
déclaré au juge qu'elle ne savait rien de
l'affaire. Elle aurait appris la mort de
Philippe Daudet et les « circonstances de
cette mort » par le numéro spécial du
Libertaire du 1"' décembre.
« Dans la nuit du jeudi ou vendredi,
je n'ai pas couché rue de Chartres, a-t-elle
dit. J'étais allée à Montmartre chez des
amis où j'ai passé la nuit... Lorsque je suis
revenue rue de Chartres, Gruffy m'a ap
pris qu'il avait donné asile à un petit
jeune homme qui venait de province et
dont il ne savait pas le nom. »
M; Barnaud. ayant demandé à l'anar
chiste si Gruffy n'avait pas donné u» re
volver au jeune inconnu, Marcelle Weill
a répondu : « Assurément non ! car
Gruffy n'avait pas de revolver chez lui. »
Quelle vraisemblance !
Elle r. donné ensuite son emploi du
temps , des journées de. vendredi et de sa
medi.
Elle a ajouté qu'elle s'était définitive
ment séparée de Gruffy depuis le 3 dé
cembre. A cette date, GrufFy est allé loger
impasse Clichy.
On se rappelle que l'anarchiste avait
laissé le sac de Philippe dans le logement
qu'il avait jusque-là partagé avec Marcelle
Weill, où il fut découvert au cours d'une
perquisition effectuée par M. Faralicq.
Pourquoi n'avait-il pas emporté le sac avec
ses bardes '? Comment a-t-il expliqué à
sa « compagne » la provenance du sac ?
Nous n'avons rien connu de ses explica
tions sur ce point.
* *
A Marcelle Weill a succédé dans le ca
binet du juge le chauffeur qui a trans
porté cinq agents de la Sûreté générale,
de la rue des Saussaies aux environs de
la boutique de Le Flaoutter. Ce chauffeur
passait « en maraude »'place des Saus
saies lorsqu'il fut hélé par un homme
qui se fit conduire placo>. Beauvau. Là,
quatre hommes' montèrent dans la voi
ture ; le cinquième, celui qui i'ava'it hélé,
prit place sur le siège, et lui commanda :
« Boulevard Beaumarchais, à l'angle de
la rue du Chemin-Vert. »
Une cinquantaine de mètres avant l'an
gle de la rue du Chemin-Vert et du bou
levard, l'homme qui était sur le siège fit
arrêter la voiture. Les cinq inspecteurs
descendirent et le chauffeur reçut l'ordre
d'attendre là leur retour. Vers 4 h. 30 ou
4 h. 45, on vint le régler en lui disant
qu'on-n'avait plus besoin de lui.
...C'est justement dans le même temps
que le drame s'est dénoué... Les agents
de la Sûreté se hâtent de renvoyer »ee
témoin qui peut devenir gênant. Bajot,
le chauffeur qui a conduit, sans doute, les
inspecteurs de la police judiciaire, est
là. On sait le reste.
D'aptre part, les inspecteurs de la Sû
reté générale.n'ont-ils pas déclaré à l'ins
truction qu'ils avaient poursuivi leur sur
veillance jusqu'à 6 heures ?
Cette effroyable contradiction est une
nouvelle confirmation, éclatante, de la
déposition de Daudet sur l'assassinat de
Philippe par la police.
Les élections eu Italie
M. Mussolini a décidé de dissoudre la
Chambre à laquelle il avait imposé ea dic
tature et de convoquer les électeurs. Il ne
livrera pas cette consultation^ au hasard»
Tout a été choisi par lui, la date et même-
les candidats. Tout a été préparé : le résul
tat ne semble douteux pour personne. Le
fascisme doit avoir une majorité considé
rable si l'on s'en rapporte à l'attitude dé
M. Giolitti, jadis tout-puissant, sur l'électo
ral isme italien et qui se contente aujourd'hui
d'une petite place à l'ombre du dictateur-
Quant à M. Nitti, qui représentait au plus
haut degré la politique à laquelle la marche
sur Rome a mis fin, il n'affrontera pas la
lutte. Il a annoncé qu'il s'établissait en
Suisse, la, vie n'étant plus téuable pour lui
en Italie. Dans ces conditions, les candidats
du gouvernement n'ont pas grande , opposi-»
tiou à craindre.
Mais ou voit aussi que M. Mussolini a
changé la technique des coups d'Etat. Le
décret de dissolution de, la . Chambre est
accompagné d'un rapport ?u: roi d'où se
dégage un enseignement historique. "
Une des découvertes du dix-neuvième
siècle en matière politique, • c'était que la
dictature n'est nullement incompatible avec
le suffrage universel. Napoléon- III s'était
instruit par l'exemple de Charles X et de
Louis-Philippe, à peu près comme Lénirte
s'était instruit par l'exemple de Nicolas II.
Charles X et Louis-Philippe avaient péri
par le suffrage restreint et bourgeois ; Na
poléon III se baigna dans les eaux du suf
frage populaire. Le propre du coup d'Etat
napoléonien, c'était sa consécration par le
plébiscite aussitôt le fait accompli. Le coup
d'Etat mussolinien ayant été une opération
sensiblement différente de celles du 18 bru
maire et du 2 décembre, M. Mussolini a
également changé les opérations de la
phase postérieure.
Comme il l'explique fort bien dans le
rapport dont nous venons de parler, ce
n'est pas la, prise de.possession du pouvoir
par le fascisme qu'il entend soumettre à la
ratification, des électeurs- La légitimité de
la révolution fasciste est hors de question
puisqu'elle a été reconnue par le roi, chef
suprême de l'Etat, et qu'il n'a même pag
été utile çle chasser l'ancienne Chambre. Ce
que le gouvernement expose au jugement
public, c'est son œuvre, les résultats obte
nus, l'ordre rétabli, les finances assainies,
la prospérité qui renaît, une politique
étrangère « de sûreté et de dignité ».
En d'autres termes, M. Mussolini n'entre
prend ni des élections tout à fait à chaud
ni des élections tout à fait à froid. Il a
attendu que les effets de ses réformes, réa
lisées grâce aux" pleins pouvoirs, eussent
mûri et fussent sentis. Il se serait bien
gardé de provoquer le scrutin lorsque les
fers étaient encore au feu, lorsque le résul
tat était incertain, lorsqu'on pouvait ré
pandre le doute sur la bienfaisance des'
réformes et alarmer des intérêts... M. Mus
solini donne gratis à tous ses confrères des
leçons de gouvernement.
J. B.
LES PROJETS FISCAUX DEVANT LA CHAMBRE
Seconde Journée du débat
DISCOURS DE M. POINCARÉ
M. Poincaré a prononcé hier un grand
diicours, pour rallier à ses côtés sa majo
rité chancelante.
• Celle-ci, en effet, pendant toute la pre-
miére partie des déclarations gouverne
mentales, se montrait de glace.
L'effet produit hier par le discours de
Léon Daudet planait encore sur l'assem
blée.
Force lui a été de battre le rappel en
faisant miroiter aux yeux de ceux qui vo
teraient pour le cabinet, l'investiture pour
les prochaines élections. Le moyen est pe
tit, mais il est également infaillible.
Les applaudissements des trois-quarts
de la Chambre l'ont fait voir une fols de
plus.
Séance du matin
Au début de la séance, M. Lacotte a la
parole. Il ne pense pas,, contrairement à
M. Poincaré, que la baisse du franc soit
due aux ténébreuses manœuvres des spé
culateurs étrangers. Il voit dans le gaspil
lage des deniers publics là caûse principa
le de l'affaiblissement du crédit de la Fran
ce. "
En nous faisant les soldats de l'Angle
terre, déclare l'orateur, nous nous som
mes aliéné les sympathies ds Etats-Unis.
Il faut changer radicalement dé politique.
Le salut du franc, le rétablissement de la
paix sont dans l'amitié américaine. ■
L'ancien président de la Commission des
réparations fait une courte apparition à la
tribune pour déclarer, au nom du groupe
de' l'Entente républicaine, que ses amis et
lui voteront les mesures demandées par le
gouvernement, car elle s'imposent com
me des mesures de salut public. <,
Mais il insiste éi* rgiquement pour que
de larges économies soient, avant toute
(chose, réalisées. 11 faut que l'Etat aban
donne tous les monopoles qui sont, entre
ses mains, la cause de la ruine des finan
ces publiques.
Le socialiste Auriol monte à la tribune,
et la salïe commence à se vider.
C'est à tort, prétend-il, qu'on accuse les
socialistes de se réjouir des malheurs de
la Patrie. Les socialistes considèrent corn*
me un impérieux devoir le rétablissement
de notre devise nationale.
L'orateur fait longuement le tableau des
campagnes de spéculation menées contre
la France. Les entrepreneurs de désastre
qui ont déjà opéré contre l'Autriche, la
Hongrie et la Pologne s'attaquent aujour«
d'hui à la France.
L'orateur, socialiste demande au" prési
dent, du Consoil par qnelle mesure il ar-
rivera à faire rentrer les devises que nos
exportateurs possèdent à l'étranger, M,
Poincaré déclare :
« Si le comité d'experls aboutit à des
conclusions pratiques pour la rentrée des
devises allemandes qui sont à l'étranger, je
m'empresserai de m'en inspirer. Un des
experts m'a dit, à moi-même, qu'il ne con
naissait pas d'autre moyen que la stabili
sation de la monnaie intérieure. Nous,
nous voulons commencer par la stabili
sation du franc, nous demandons au Parle
ment de prendre des mesures. Nous avons
confiance que ces mesures prises, le franc
retrouvera sa valeur normale ».
Les socialistes s'opposeront à ces ma
nœuvres, mais à leur manière ; ils ne peu
vent accepter les méthodes proposées par
le gouvernement, ils se refusent^ à tenir
compte des préférences de la majorité de
la Chambre.
Et M. Auriol développe à nouveau, in
terminablement, les projets d'organisation
financière formulées en 1920 par le parti
socialiste : prélèvement sur le capital, em
ploi de^la main d'oçuvre allemande pour'la
restauration des régions dévastées
Il est midi, 51. Auriol n'a pas terminé
son discours, mais il a fait le vide dans la
salle. La séance est levée.
Séance de l'après-midi
A 15 heures, la séance est reprise, et
M. Vincent Auriol poursuit sa démonstra
tion. »
« Il ne convient plus, dit-il,.'de faire
confiance aux hommes qui n'ont remédié
EDITION DU MATIN
Dimanelie 27 Janvîef 1924
15 centime!. S zikx *t S ïiii-it- O i««
20 centimes. D épartemests ït C olokik*
ABONNEMENTS: luit : Krlbi TroisHm.
Franco et Colonies' 4s fr. s5 fr. i3 fr.
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ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL,
« Tout ce qui est national est notice. ))
Le Due d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la Franco»
ftfiDICT.rOH Jt ADMINISTRATION ;
i$ % rau de Jfovte, PA.RIS (S*)
Adresse télégraphique : ACTIOFRATî-PAKI3'
Téléphone : Administration : Louvre 36-^9, 16-00
Rédaction ; Contrai 70*44 Publicité '* Central 74-77
Apres ic heures
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS*— Rédacteur eu chef s MAURICE PUJO
. .. •: .... V-. - - ■ r '- - • -Ï - - v .. . a - ' ■ - * •
Le besoin d'autorité ouvre la crise
^ régime:
■„«' La république >) 'u f faire la guerre qu'en renon-
« çant à être une républiq. s. Comment fera4-elle. la paiss,
« plus difficile que la guerre, si elle veut rester elle-même ?
« Il est bien difficile de ne pas penser que la France mar*
« che vers un renforcement de l'autorité. Quelle forme
« prendra le pouvoir- dont la nécessité apparaît chaque
« jour ? Personne sans doute ne peut le dire... »
(Louis LATZARUS, dans la Revue Hebdomadaire.)
Mais si ! on peut le dire : la seule stable*
celle qui a fait la France : la Royauté*
Sus aux voleurs d'abord !
Nous donnons ici, d'après Z'O fi-iciei., un
extrait du magnifique discours de Léon
Daudet prononcé à la Chambre des dépu
tés, avant -hier: soir, et dont la portée sera
incalculable.
M. t£ président . La parole est à M.
Léon Daudet.
M. Léon Daudet . — Messieurs, je vous
Tcmercie de, me donner l'occasion de
prendre la parole ce soir. Je vous promets
d'être bref.
Les objections que nous faisons au pro-
' jet du gouvernement et qui, à quelques-uns
d'entre nous, paraissent dirimantes, sont de
trois ordres : objections de l'ordre politique
proprement dit, objections de l'ordre finan
cier; enfin, ce que j'appellerai des objec
tions dç justice ou, mieux, d'équité.
Quant à la seconde catégorie d'objections,
.(celles dé l'ordre financier, des hommes beau
coup plus experts et compétents que moi
les exposeront ici avec une bien autre pré
cision et une bien autre éloquence. C'est
pourquoi je neferâique les franchir.
,Une première objection, politique, que je
fais aa projet qui nous est présenté est, si
jé'puis dire, monsieur le président du Con
seil, dans votre intérêt, bien que je com
batte votre projet; et dans ' l'intérêt d'une
politique que votre majorité a suivie avec
j'otfs : la politique de la Ruhr.
En effet, il est admis que la baisse du
•flanc, dans les circonstances inopinées où
telle s'est produite, est, pour partie, consé
quence d'une manœuvre financière de
grande envergure dirigée contre vous et
contre l'occupation de la Ruhr par un con
glomérât de financiers internationaux, dont
on dit d'ailleurs que quelques-uns, et non
ides moindres, opèrent à Paris. Si cela est
,vrai, il est plus que vraisemblable'que le
projet de ce conglomérat de financiers inter
nationaux- était d'obtenir de vous précisé
ment Ce que- vous êtes en train de faire,
c'est-à-dire de vous, charger, vous et votre
majorité, devant le pays, du poids d 'un en
semble de mesures qui, pour beaucoup, —
je vous le dirai en quelques mots, — cho-
quent violemment non seulement la commi
sération sociale que. nous devons tous aux
gens qui possèdent peu; mais encore la jus
tice et l'équité parce qu ? il n'est pas prouvé
qu 'avant de voter ces mesures draconniennes
que nous avons^ appliquées « Dracpn à Plu-
tus 5>, c'est-à-dire que - nous avons été cher
cher dans - la - fortune, mal. acquise — et
récemment mal acquise — les- sommes con
sidérables que, d'après un grand nombre
d'entre vous, siégeant sur tous les bancs,
elle est capable de nous donner. {Applau
dissements sur un grand nombre de bancs.)
Il est une deuxième raison politique, et
je la franchirai vivement parce qu'elle a
déjà été abordée par mon collègue M. Tait-
tiuger : ces mesures tendent à remplacer
l'emprunt .par. l'impôt.
DonCi jusqu'ici, on nous a dit sur tous
les tons, et tellement même que c'était
devénu une sorte de ritournelle tragique :
« L'Allemand payera ».
Mais, à partir de maintenant, nous en
trons dans' un autre système. C'est le Fran
çais qui và payer. (T rès bien ! Très bien!
à Pextrême gauche, à . droite et sur divers
bancs.)
En d'autres termes, nous sommes en train
de démontrer au monde que nous pouvons
nous passer des paiements allemands.
M. Magne . —r C 'est.évident.
M. MARCEt IÎABERT. —Cela ne veut pas
dire que les Allemands ne nous les doivent
pas !
M. Léon Daudet . -— On vous dira —
celte manœuvre ■ se ■ dessine déjà dans la
presse étrangère : Pourquoi tant de récla
mations, tant de cris, de prières instantes,
puisque, en somme, vous trouvez dans vos
propres ressources les moyens, en vous pres
surant, de vous tirer d'affaire ?
M. US président du conseil. Nous
les trouvions aussi hier, dans un mode de
ressources qui,' malheureusement, pèse sur
le budget: dans les emprunts, mais nous
Jes trouvions déjà.
,Je crois que je n'aurais pas grand mal à
«démontrer que le traité de Versailles pré
voyait que nous les trouverions nous-
mêmes.»
« •«•••»«»•*■••*•• »■•«••*»••••••••»•
M. Léon Daudet . — Je suis au regret
|i'avoir.motivé un incident, alors que mon
Idésir très vif» je vous prie de le croire, est
de n'en susciter aucun, ni entre collègues,
ni entre un collègue et moi-même. La situa
tion est trop grave et trop sérieûse pour
que nous n'allions pas au but d'un pas
(accéléré.
Cé que je crains, je vous, le disais, c'est
tpie l'on vienne vous dire : «Mais la Ruhr
«'était-elle pas, dans votre esprit, destinée
à obtenir des réparations ? Or, voilà main-
tenant que vous obtenez ces réparations des
Français et non des Allemands, Alors, à
$pioi bon la Ruhr ? »
A F extrême gauche. — C'est cela !
i M. Léon Daudet . — C'est donc comme
ruhrien », c'est conune partisan de l'oc-
icupation de la Ruhr, que je vous dis : mon
sieur lè président du Conseil, sauvez, au
(moins, dans l'opinion publique, ce principe
de. l'occupation de la Ruhr. ( Exclamations
et rires à l'extrême gauche.)
M. B racke . — C'est une « ruhrie » nou
velle ! {On rit.)
M. Léon Daudet . — Non, mon cher col
lègue, le mot est très joli, niais il ne s'ap
plique pas à moi, car je n'ai jamais envi
sagé l'occupation de la Ruhr — je crois
l'avoir exposé ici, assez longuement, dans
la soirée du 15 décembre 1922, où cette
occupation fut, en somme, décidée par le
président du Conseil — que comme une
mesure de sécurité majeure, en face de la
possibilité d'une guerre nouvelle.
Sur ce point, je suis encore du même
avis. Je crois que la meilleure garantie que
nous ayons contre l'esprit de revanche alle
mand, c'est précisément l'occupation de la
Ruhr. {A suivre.)
Léon DAUDET
Député de Paris.
EOEtOS
On se souvient peut-être de la scandaleuse dépo
sition d'un certain capitaine Fonteny au procès de
la Berton.
Le capitaine FV. Fonteny est ùn des fondateurs
de l'Â.R.A.C.. Ami intimé du juif Torrès, il a
porté le drapeau rouge à l'enterrement du jeune
Horne, victime des échauffourées du 1 er mai 1920.
Secrétaire particulier d'Escoffier, député de la
Drôme, le capitaine Fonteny est en outre prési
dent de la Fédération républicaine des anciens
combattants, et il sera candidat aux prochaines
élections-sur la liste Painlevé !
Ne nous étonnons plus que ce singulier com
battant ait été un des témoins les plus violents en
faveur'de la meurtrière du héros de Port-Fontenoy.
Il occupe la tribune des anciens combattants au
Mal vendu.
* *
Economiser 30 à 50 0/0 en achetant argen
terie, bijoux, corbeilles de noce, chez Pinson,
15, rue Lévis, de 9 h. à 12 heures.
LEON LOBIEN
Un nouveau deuil, après tant d'autres
depuis quelques mois, vient de frapper
notre maison. La mort fauche à coups
redoublés parmi les membres de cette
famille qu'est l'Action française. Notre
cher ami et dévoue collaborateur s'est
éteint, hier matin, brusquement terrassé
par une crise d'urémie. Quelques heures
de maladie ont suffi pour avoir raison de
ce vaillant camarade, cl l'abattre I
Souffrant depuis plusieurs semaines,
tourmenté aussi d'inquiétude par la santé
de sa chère femme, qui' lui avait un ins
tant causé de vives alarmes, il semblait
accablé, ces derniers jours, par une lourde
fatigue ; .mais ' son énergie jointe à
l'amour ardent de son métier et au sen
timent impérieux de ce qu'il estimait le
devoir professionnel, il venait pourtant
remplir quotidiennement sa tâche au
journal ; lundi soir encore il était au
milieu de nous.
Avant de partir, il annonçait à ses ca
marades qu'il allait prendre quelque
repos dans la maison de santé, du doc
teur Artault de Vevey, à Châtillon-sous-
Bagneux, où il s'était enfin décidé à
entrer, en même temps que Mme Léon
Lobien, pour recevoir les soins que néces
sitait son état. Le mal faisait des progrès
foudroyants, et, malgré la sollicitude
éclairée dont il était entouré, notre ami
s'éteignait, hier matin, dans les bras de
son admirable compagne, éperdue^de dou
leur devant ce brusque dénouement. Il
n'avait que cinquante-cinq ans.
Léon Lobien, entré très jeune dans le
journalisme, était venu à l'Action fran
çaise, après avoir appartenu de longues
années à la rédaction de l'Autorité ; il
avait également collaboré. à la Libre Pa
role et à la Liberté, et contribué à la
fondation de Paris-Sport, auquel il n'avait
jamais cessé de donner son concours.
Antisémiste et patriote, il avait été
mêlé à tous les grands mouvements d'opi
nion qui - ont remué la France depuis
trente ans. Il avait pris une part active
au mouvement nationaliste, comme mem
bre de la Patrie Française, et joué un
rôle des plus actifs dans la lultc contre
les partisans de Dreyfus ; il avait été
notamment arrêté au cours des manifes
tations qui eurent lieu lors du procès de
Rennes.
Son passé de nationaliste le désignait,
en quelque sorte, pour être des nôtres, et
c'est tout naturellement que Léon Lobien
finit par entrer à l'Action française, où
il assuma tout d'abord le secrétariat de la
rédaction, pendant la guerre, o'est-à-dire
aux heures les plus délicates, alors que
la vigilance et l'attention d'un journaliste
expérimenté étaient surtout nécessaires.
Sa disparition si soudaine ca'use une
profonde affliction- dans cote- maison où
tous aimaient le collaborateurs et l'ami
dont le caractère, fait de loyauté et de
franchise, forçait la sympathie et provo
quait l'affection.
J1 appartenait à la plupart des grandes
associations de presse et faisait notamment
partie de la Maison des Journalistes, à la
prospérité de laquelle il se dévouait —
'comme à toutes les entreprises auxquelles
il donnait son concours —- corps et àme.
Kous prions Madame Léon Lobien, sa
veuve, le D r et Mme Maurice Tessier, ses
neveu ét nièce, d'agréer ici l'expression
émue de notre sympathie et nos sincères
condoléances.
Les obsèques de notre regretté collabo
rateur' seront célébrées, lundi, à Châtillon-
sous-Bagneux. On se réunira à deux beu-„
rçs, à la maison de santé:du docteur Ar
tault de Vevey, rue de Fontenay, 44. Le
présent avis tient lieu d'invitation.
LA POLITIQUE
m
I. Notre action et notre crédit
On s'y attendait, le discôurs prononcé
par M. Poincaré dans la séance d'hier a
ranimé des confiances, réchauffé des .es
poirs, même rassuré un certain nombre
d'hésitations. Comme il a fait entendre
que les bons votes parlementaires vau
draient à leurs auteurs un sûr appui élec
toral, le Centre.- prompt aux espérances,
n'a pas ménagé les marques de son appro
bation. Cependant, si précieux que puisse
paraître cet échange de bons procédés,
osons dire la vérité : les uns et les: autres
passent à côté de la vraie question.
La vraie qestion est une question de
crédit politique, de confiance européenne
et planétaire. M. Poincaré a fait depuis
un an une pointe en Allemagne, dont il
est possible de discuter, les modalités,
mais dont le principe est inattaquable,
dont les résultats sont réels. Même les ré
sultats matériels, même les résultats écono
miques au sens le plus concret et le plus
lourd de choses. Financièrement parlant,
on peut dire avec une exactitude absolue
que la Ruhr paie. Ce qu'elle paie peut et
doit s'élever par une progression néces
saire et constante. 4
J'aurais beaucoup mieux aimé, pour ma
part, un autre procédé d'action sur l'Alle
magne^ plus rapide, plus direct et mieux
accordé aux incertitudes et aux oscilla
tions d'une démocratie pour qui Parvenir
est toujours' singulièrement hasardeux. Mi
nistre d'une démocratie, M. Poincaré a
choisi le chemin le moins court, celui
qui demanderait le plus de patience, de
durée et de continuité dans le gouverne
ment, celui que nos eussions choisi sous
un Roi fortement assuré de son trône, le
chemin le moins praticable à toute
démocratie. C'est une faute, soit. Telle
quelle, pourtant, l'occupation de la Ruhr
en elle-même vaut, parce qu'en elle-même
elle e.st productive. L'intérêt français est
de n'en pas bouger et d'attendre avec per
sévérance que les fruits prochains de la
semence et du labour s'accuniulent et se
multiplient. Tenir ce gage est une ri
chesse. Montrer qu'on est résolu à le con
server est une force. Cette richesse et cette
force devraient, à peine constatées, élever
la confiance que nous inspirons et aug
menter notre crédit. Or, les gens n'ont.pas
confiance et notre , crédit baisse, notre
franc en est le témoin.
Dans la Ruhr on suppute de gros profits
pour dans six mois. Et l'on ajoute : les
Français seront-ils encore ici dans six
mois
Ce désaccord de la réalité intérieure et
de l'opinion extérieure ne saurait s'expli
quer que de la façon si souvent relatée ici
par Daudet, par Éainville, par Valois, par
moi-même. Si l'on voit ce que nous avons,
on nç-croit pas que nous l'ayons long
temps, on pense même devoir juger que
nous lâcherons cet,avoir, et c'est la pre
mière raison de la baisse de nos devises.
Il y fcn a une autre, tirée de l'espoir que
cette baisse nous fera nous dessaisir plus
vite en augmentant les chances électo
rales de tous ceux qui disent que c'est la
faute de la Ruhr. M. Poincaré a «eu»
le ministère de Lloyd George. Mais la
baisse du franc «aura» la politique de
M. Poincaré. Telle est l'idée de l'ennemi
et des mauvais amis. Elle ne s'est pas
faite toute seule.
Quand M. Barthou professait, avant-
hier, que les élections prochaines seraient
à gauche, il fortifia ît ce préjugé de l'Eu
rope et du monde. En vain, ajoutait-il, que
ça ne changerait pas grand'chose à notre
politioue allemande. Une affirmation char
gée d f espérances ne vaut pas contre un
fait, et le fait est que politique de gauche
signifie politique antiruhriste, politique
.proallemande, et que les meneurs de cette
politique ont fait tout ce qu'il fallait pour
assurer à cette signification nue valeur
universelle qui circule, mieux que le franc,
entre Londres et Tokio, New-York et
Francfort! Le monde entier attend une po
litique' de gauche qui affranchisse l'Alle-
ôiagne de notre étreinte, et cette attente
pourrait bien n'être sans doute qu'un
« vain fantôme.» si l'on ne voyait claire
ment que le gouvernement de M. Poincaré
fait tout ce qu'il peut et fait le contraire
de tout ee qu'il devrait, pour ramener au
pouvoir cette politique de risques et
rendre, d'une part, impuissante et,' d'autre
par, impopulaire, la politique de sûreté
dont il n'est pas le promoteur.
IL Contre le nationalisme ,!
Contre les intérêts I
Contre l'idée de justice !
On le voit la rendre impaissante par le
soin avec lequel ses collaborateurs, ses
services, ses administrations s'attachent à
combattre un sentiment et un mouvement
national dont il tire son origine et la
meilleure, la plus certaine de ses forces,
sans qu'il puisse nourrir le plus léger es
poir d'en retrouver l'équivalent parmi ses
chers alliés de gauche. On le voit la rendrç
impopulaire et, bien plus, intolérable, in
supportable à la grande masse du pays
par le .choix même des mesures financiè
res dont il attend le salut. Diminuer ses
défenseurs, les décourager et, d'autre part,
se créer une nuée d'adversaires nou
veaux, "est-ce une politique 1 On pouvait
braver jusqu'à un certain point l'impopu
larité à la condition de la compenser par
un appel aux idées et aux forces vives
du sentiment national. Mais voûloir com
primer, humilier, bafouer ces forces désin-
tefessées et, dans la même heure, appuyer
et presser avec cette violence sur les
intérêts c'est tout attendre d'un esprit de
parti républicain fort peu national en lui-
même et d'un patriotisme à forme stoique
dont le modèle ne court pas les rues.
Daudet offrait hier l'alliance et l'alliage
précieux d'un sentiment concret bien fait
pour donner du ton à l'héroïsme ou au
patriotisme fiscal : la satisfaction de
l'esprit de justice, la revanche du peuple
défié par les profiteurs et les mercantis.
M. Poincaré n'en a pas contesté l'équité.
Il n'en a pas vu l'opportunité en quelque
sorte dynamique ! • Devant l'exemple con
cret des juges indignes qui, après avoir
libellé des attendus accablants contre un
voleur de millions, ne lui infligèrent ni
la prison ni la confiscation, mais une
petite amende de trois mille francs, M.
Poincaré a cru bon de répondre qu'il ne
pouvait punir de tels juges_ que le châ
timent de ces juges serait l'abomination de
la désolation ! Sans châtier les" Juges, pour
quoi le procureur ou l'avocat de la Répu
blique n'a-t-il pas fait immédiatement ap
pel a minima du scandale Berthelot ? Et
pourquoi, dans le scandale Baumann, le
commissaire du gouvernement devant le
Conseil d'Etat a-t-il pris le parti du cou
pable centre l'Etat qu'il représentait '? Et
si ces magistrats n'ont- pas fait leur
devoir, pourquoi ne sont-ils pas punis '? J'a
voue ne pas comprendre que M: Poincaré
ne se rende pas compte qxie l'effet morali
sant ou démoralisant produit par le ehà-
timejjt ou l'immunité au criminel entraîne
à son tour des effets matériels! On paie
, plus ou moins volontiers, on paie plus ou
u*oii.s bien suivant que l'on vit scus-im
Prince ennemi ou non de la fraude. Notre
princesse République, à laquelle il est at
taché depuis sa tendre enfance n'a jamais
encouragé le peuple ' aux sacrifices vo
lontaires du patriotisme fiscal. L'état de
choses actuel est une honte, il devrait
bien le savoir. Croit-il'que l'exemple de
tant de taxes dues et parfaitement im
payées soit un principe d'entraînement ?
Et ne croit-il pas que la réaction du con
tribuable menace de produire celte réac
tion de l'électeur par laquelle toute son
œuvre de Lorrain, toute son oeuvre d'occu
pant et d'exploitant de la Ruhr sera anéan
tie "? .
ÏH. M. Poincaré tient sou sort
entre ses mains
11 a promis le contraire à la Cham
bre. Il a promis que dix millions d'élec
teurs arboreraient la barbe et lé manteau
du philosophe stoïque. 11 a fait cette pro
messe bien républicaine,'bien digne de
c.e « grand acte de confiance » qui eni
vrait Jean Jaurès et Marc Sangnier, que
chaque électeur, se sentira transformé en
héros et en petit saint. Les bons l'empor
teront sur les mauvais, les vertueux slir
les vicieux, et la France sera sauvée con
tre toute espérance et contre tout bon sens,
Ces belles choses ont été applaudies à la
Chambre. Quand on eut fini d'applaudir,
Léon Daudet a demandé :
— Et si tout ça n'arrive pan'?
Je ne crois pas que M. Poincaré, ait fait
la réponse. Personne ne peut la faire. Et
la question n'a rien d'insidieux ni d'arti
ficieux. Elle est absolument naturelle. C'est
celle que fait Louis Latzarus à la Revue
hebdomadaire aujourd'hui même : « Il y a
« au gouvernement des hommes énergi
es ques. mais l'institution est faible. Ils en
« ont le fétichisme. Que feront-ils ponr-
« tant si, en mai, les élections sont déma-
« gogiques et si le peuple, ne considérant
« que son intérêt d'un jor, se prononce
« contre les nouvelles servitudes fiscales ?
« Ils se retireront, suivant la, règle. Mais
« la France ? Mais son intérêt suprême ?
Voilà la question. Nous la posons, nouç
la reposerons avec persévéranee.C'est toute
la question. Nous ne somiùes pas les enne
mis de M. Poincaré, mais nous sommes
surtout les amis de son œuvre dans ce
qu'ello a de nécessaire à la défense natio
nale. Ce qu'il fait, sans Ite voir, contre
celte œuvre et les conditions dans les
quelles il le fait, cela nous émeut et nous
alarme au delà de toute expression. Nous
ne sommes pas les seuls à former des pro
nostics sombres. Latzarus dit encore.
« La masse u'écoulera-l-elle point les dé
magogues qui vont avoir beau jeu à abu
ser de son ignorance et n'hésiteront pas ~—
c'est déjà commencé — à soutenir que la
politique de M. ~Poiricaré et du Bloc natio
nal a causé tout le mal ? Ne va -i -elle point
se dégoûter rapidement de l'opération de
la Ruhr ? J'avoue mon inquiétude.
« Demain les commerçants et les indus
triels, suivant une lot économique inéluc
table, feront retomber le poi'ds de leurs im
pôts sur le consommateur. Le prix de la
vie montera, en attendant qu'il redescende.
Il ij aura des victimes. C'est nécessaire,
c'est fatal. »
« ...Les citoyens éclairés se plieront sans
récriminer attv nouveaux sacrifices qui
[car sont imposés. Mais voici venir le temps
où voteront même les citoyens qui ne sont
pas éclairés. On. prend aujourd'hui une
grande mesure de salut public. Et je n'ai
guère confiance, pour l'imposer, dans le
régime que je vois.».
•Le régime que voit Latzarus, c'est évi
demment le régime républicain et parle
mentaire qui fonctionne devant nous. Je
ne puis inempêcher d'y voir aussi le
régime de faveur spéciale auquel M. Poin
caré se croit tenu envers les forces de
gauche, envers les puissances qui le dé
truisent, loi et son œuvre, de sûre et
d'inévitable façon. Pourquoi ? Par ce que
Latzarus appelle «fétichisme». Un lien
secret l'attache au respect de ce que, en
bonne logique naturelle, il devrait dénon
cer, attaquer, détruire avec nous, pour' le
même motif que nous.
Nous ne lui proposons pas de faire la
monarchie. Il était républicain dès sa pre
mière jeunesse. C'est une raison comme
une .autre-de ne pas changer. Nous lui
conseillons simplement de n'être pas plus
dupe do ces fictions, formalités, entités
juridiques et constitutionnelles qu'il ne
l'a été de 1912 à 1914. A cette époque le
patriotisme et le bon sens lui firent pro
fesser ces nécessités de salut public qu'il
appela d'un mot de poète l'union sacrée.
Il dépend de M. Poincaré de rétablir ces
hiérarchies légitimes. II n'y a pas d'autre
moyen de sauver, avec son ministènw son
action et tout ce qu'elle enferme d'imérêt
national. ......
Charles M Ali R RAS
P.-S.-■!— Je suis trois et quatre fois eif
retard avec Mme Séverine. J'espère lui
répondre demain. — Ch. M.
L'ASSASSINAT
DE PHI LIPPE D AUDET
Le crime de la police
Marcelle "Weill, ancienne compagne de
Grufi'y, et qui l'ut le codétenu de la Ber
ton à Saint-Lazare, a été interrogée hier
par M. Barnàud. On sait qu'elle parta
geait habituellement avec Gruffv le lo
gement de la rue de Chartres où ^Philippe
Daudet fut attiré dans la nuit du jeudi
au vendredi 23 novembre.
Comme on pouvai". s'y attendre, elle a
déclaré au juge qu'elle ne savait rien de
l'affaire. Elle aurait appris la mort de
Philippe Daudet et les « circonstances de
cette mort » par le numéro spécial du
Libertaire du 1"' décembre.
« Dans la nuit du jeudi ou vendredi,
je n'ai pas couché rue de Chartres, a-t-elle
dit. J'étais allée à Montmartre chez des
amis où j'ai passé la nuit... Lorsque je suis
revenue rue de Chartres, Gruffy m'a ap
pris qu'il avait donné asile à un petit
jeune homme qui venait de province et
dont il ne savait pas le nom. »
M; Barnaud. ayant demandé à l'anar
chiste si Gruffy n'avait pas donné u» re
volver au jeune inconnu, Marcelle Weill
a répondu : « Assurément non ! car
Gruffy n'avait pas de revolver chez lui. »
Quelle vraisemblance !
Elle r. donné ensuite son emploi du
temps , des journées de. vendredi et de sa
medi.
Elle a ajouté qu'elle s'était définitive
ment séparée de Gruffy depuis le 3 dé
cembre. A cette date, GrufFy est allé loger
impasse Clichy.
On se rappelle que l'anarchiste avait
laissé le sac de Philippe dans le logement
qu'il avait jusque-là partagé avec Marcelle
Weill, où il fut découvert au cours d'une
perquisition effectuée par M. Faralicq.
Pourquoi n'avait-il pas emporté le sac avec
ses bardes '? Comment a-t-il expliqué à
sa « compagne » la provenance du sac ?
Nous n'avons rien connu de ses explica
tions sur ce point.
* *
A Marcelle Weill a succédé dans le ca
binet du juge le chauffeur qui a trans
porté cinq agents de la Sûreté générale,
de la rue des Saussaies aux environs de
la boutique de Le Flaoutter. Ce chauffeur
passait « en maraude »'place des Saus
saies lorsqu'il fut hélé par un homme
qui se fit conduire placo>. Beauvau. Là,
quatre hommes' montèrent dans la voi
ture ; le cinquième, celui qui i'ava'it hélé,
prit place sur le siège, et lui commanda :
« Boulevard Beaumarchais, à l'angle de
la rue du Chemin-Vert. »
Une cinquantaine de mètres avant l'an
gle de la rue du Chemin-Vert et du bou
levard, l'homme qui était sur le siège fit
arrêter la voiture. Les cinq inspecteurs
descendirent et le chauffeur reçut l'ordre
d'attendre là leur retour. Vers 4 h. 30 ou
4 h. 45, on vint le régler en lui disant
qu'on-n'avait plus besoin de lui.
...C'est justement dans le même temps
que le drame s'est dénoué... Les agents
de la Sûreté se hâtent de renvoyer »ee
témoin qui peut devenir gênant. Bajot,
le chauffeur qui a conduit, sans doute, les
inspecteurs de la police judiciaire, est
là. On sait le reste.
D'aptre part, les inspecteurs de la Sû
reté générale.n'ont-ils pas déclaré à l'ins
truction qu'ils avaient poursuivi leur sur
veillance jusqu'à 6 heures ?
Cette effroyable contradiction est une
nouvelle confirmation, éclatante, de la
déposition de Daudet sur l'assassinat de
Philippe par la police.
Les élections eu Italie
M. Mussolini a décidé de dissoudre la
Chambre à laquelle il avait imposé ea dic
tature et de convoquer les électeurs. Il ne
livrera pas cette consultation^ au hasard»
Tout a été choisi par lui, la date et même-
les candidats. Tout a été préparé : le résul
tat ne semble douteux pour personne. Le
fascisme doit avoir une majorité considé
rable si l'on s'en rapporte à l'attitude dé
M. Giolitti, jadis tout-puissant, sur l'électo
ral isme italien et qui se contente aujourd'hui
d'une petite place à l'ombre du dictateur-
Quant à M. Nitti, qui représentait au plus
haut degré la politique à laquelle la marche
sur Rome a mis fin, il n'affrontera pas la
lutte. Il a annoncé qu'il s'établissait en
Suisse, la, vie n'étant plus téuable pour lui
en Italie. Dans ces conditions, les candidats
du gouvernement n'ont pas grande , opposi-»
tiou à craindre.
Mais ou voit aussi que M. Mussolini a
changé la technique des coups d'Etat. Le
décret de dissolution de, la . Chambre est
accompagné d'un rapport ?u: roi d'où se
dégage un enseignement historique. "
Une des découvertes du dix-neuvième
siècle en matière politique, • c'était que la
dictature n'est nullement incompatible avec
le suffrage universel. Napoléon- III s'était
instruit par l'exemple de Charles X et de
Louis-Philippe, à peu près comme Lénirte
s'était instruit par l'exemple de Nicolas II.
Charles X et Louis-Philippe avaient péri
par le suffrage restreint et bourgeois ; Na
poléon III se baigna dans les eaux du suf
frage populaire. Le propre du coup d'Etat
napoléonien, c'était sa consécration par le
plébiscite aussitôt le fait accompli. Le coup
d'Etat mussolinien ayant été une opération
sensiblement différente de celles du 18 bru
maire et du 2 décembre, M. Mussolini a
également changé les opérations de la
phase postérieure.
Comme il l'explique fort bien dans le
rapport dont nous venons de parler, ce
n'est pas la, prise de.possession du pouvoir
par le fascisme qu'il entend soumettre à la
ratification, des électeurs- La légitimité de
la révolution fasciste est hors de question
puisqu'elle a été reconnue par le roi, chef
suprême de l'Etat, et qu'il n'a même pag
été utile çle chasser l'ancienne Chambre. Ce
que le gouvernement expose au jugement
public, c'est son œuvre, les résultats obte
nus, l'ordre rétabli, les finances assainies,
la prospérité qui renaît, une politique
étrangère « de sûreté et de dignité ».
En d'autres termes, M. Mussolini n'entre
prend ni des élections tout à fait à chaud
ni des élections tout à fait à froid. Il a
attendu que les effets de ses réformes, réa
lisées grâce aux" pleins pouvoirs, eussent
mûri et fussent sentis. Il se serait bien
gardé de provoquer le scrutin lorsque les
fers étaient encore au feu, lorsque le résul
tat était incertain, lorsqu'on pouvait ré
pandre le doute sur la bienfaisance des'
réformes et alarmer des intérêts... M. Mus
solini donne gratis à tous ses confrères des
leçons de gouvernement.
J. B.
LES PROJETS FISCAUX DEVANT LA CHAMBRE
Seconde Journée du débat
DISCOURS DE M. POINCARÉ
M. Poincaré a prononcé hier un grand
diicours, pour rallier à ses côtés sa majo
rité chancelante.
• Celle-ci, en effet, pendant toute la pre-
miére partie des déclarations gouverne
mentales, se montrait de glace.
L'effet produit hier par le discours de
Léon Daudet planait encore sur l'assem
blée.
Force lui a été de battre le rappel en
faisant miroiter aux yeux de ceux qui vo
teraient pour le cabinet, l'investiture pour
les prochaines élections. Le moyen est pe
tit, mais il est également infaillible.
Les applaudissements des trois-quarts
de la Chambre l'ont fait voir une fols de
plus.
Séance du matin
Au début de la séance, M. Lacotte a la
parole. Il ne pense pas,, contrairement à
M. Poincaré, que la baisse du franc soit
due aux ténébreuses manœuvres des spé
culateurs étrangers. Il voit dans le gaspil
lage des deniers publics là caûse principa
le de l'affaiblissement du crédit de la Fran
ce. "
En nous faisant les soldats de l'Angle
terre, déclare l'orateur, nous nous som
mes aliéné les sympathies ds Etats-Unis.
Il faut changer radicalement dé politique.
Le salut du franc, le rétablissement de la
paix sont dans l'amitié américaine. ■
L'ancien président de la Commission des
réparations fait une courte apparition à la
tribune pour déclarer, au nom du groupe
de' l'Entente républicaine, que ses amis et
lui voteront les mesures demandées par le
gouvernement, car elle s'imposent com
me des mesures de salut public. <,
Mais il insiste éi* rgiquement pour que
de larges économies soient, avant toute
(chose, réalisées. 11 faut que l'Etat aban
donne tous les monopoles qui sont, entre
ses mains, la cause de la ruine des finan
ces publiques.
Le socialiste Auriol monte à la tribune,
et la salïe commence à se vider.
C'est à tort, prétend-il, qu'on accuse les
socialistes de se réjouir des malheurs de
la Patrie. Les socialistes considèrent corn*
me un impérieux devoir le rétablissement
de notre devise nationale.
L'orateur fait longuement le tableau des
campagnes de spéculation menées contre
la France. Les entrepreneurs de désastre
qui ont déjà opéré contre l'Autriche, la
Hongrie et la Pologne s'attaquent aujour«
d'hui à la France.
L'orateur, socialiste demande au" prési
dent, du Consoil par qnelle mesure il ar-
rivera à faire rentrer les devises que nos
exportateurs possèdent à l'étranger, M,
Poincaré déclare :
« Si le comité d'experls aboutit à des
conclusions pratiques pour la rentrée des
devises allemandes qui sont à l'étranger, je
m'empresserai de m'en inspirer. Un des
experts m'a dit, à moi-même, qu'il ne con
naissait pas d'autre moyen que la stabili
sation de la monnaie intérieure. Nous,
nous voulons commencer par la stabili
sation du franc, nous demandons au Parle
ment de prendre des mesures. Nous avons
confiance que ces mesures prises, le franc
retrouvera sa valeur normale ».
Les socialistes s'opposeront à ces ma
nœuvres, mais à leur manière ; ils ne peu
vent accepter les méthodes proposées par
le gouvernement, ils se refusent^ à tenir
compte des préférences de la majorité de
la Chambre.
Et M. Auriol développe à nouveau, in
terminablement, les projets d'organisation
financière formulées en 1920 par le parti
socialiste : prélèvement sur le capital, em
ploi de^la main d'oçuvre allemande pour'la
restauration des régions dévastées
Il est midi, 51. Auriol n'a pas terminé
son discours, mais il a fait le vide dans la
salle. La séance est levée.
Séance de l'après-midi
A 15 heures, la séance est reprise, et
M. Vincent Auriol poursuit sa démonstra
tion. »
« Il ne convient plus, dit-il,.'de faire
confiance aux hommes qui n'ont remédié
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