Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1924-01-17
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 17 janvier 1924 17 janvier 1924
Description : 1924/01/17 (Numéro 17). 1924/01/17 (Numéro 17).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7618311
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Dix-septième Année. — N° 17
EDITION DU MATIN i=3
Jeudi 17 Janvier 1924
15 centimes. S eikb et S eine-kt« O ish
20 centimes. D épartdjc^ts bt C olonie»
ABONNEMENTS : Ci As. Sis Huis. TraisMFranco et Colonies» hè fr. fr. i3 fr.
etranger . ss » aa » as »
Chèque postal : Compte 33.900 Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est noire. «
Le Duc d'OULÊANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans Orçnl la France.
BÉDACTION & ADMI51STBATI0HS
i-5, rue dt Home, PAHIS (S*)
Adresse télégraphique : ACTIOPHAN-PATUS
Téléphone: ' Louvre aG-iç,-ati-So
Rédaction : Central 7&-i4 Publicité • Central 75*77
Après *0 heures dn aoir : Sc^rur 11-6S
llegistre de Commerce : Seine 78.5*;»
Fondateur : IIEI^UI YAUGEOIS — Directeurs politiques : s LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef : MAURICE PSjJÛ
vérité sur la mort de
Appliquons le traité de Versailles
"Le conseil des ministres du peuple victorieux
propose une augmentation de deux décimes sur.
• >-■>
Vensemble des impôts.
Soit. Mais à condition qu'il exige et obtienne
que le gouvernement du peuple vaincu impose
ses contribuables de trois décimes supplémen
taires.
(Partie VIII du Traité, Âtinexé //, Paragraphe 12)
Avant la séance
, L'pnlèlejnent contre i'c\ idcnce, c'est le
iléfaut de Poincaré.
, La crise du franc, abstraction faite
des. causes économiques analysées ici, avec
liant d'autorité, par Bainville et Valois, —
,«'esc le;inanque de confiance. Alors que le
^rétablissement de la lire marque la con
stance générale dans la dictature de M.
(Mussolini, la chute du franc marque, avant
tout, la crainte Qu'inspire, avec la politique
intérieure du cabinet Poincaré, la perspec
tive d'élections radicales socialistes. Cha
cuh sait, chacun sent, 1 chacun suppute que
de telles élections amèneraient la banque^
route et la guerre. L'accueil fait à Léon
£lum par la majorité, mardi dernier, tra
duisait ce sentiment universel: Ilerriot, d'est
la gauche feutrée et, malgré tout, française.
Blum, c'est la gauche démasquée .et juive,
la gauche de l'Antifrance.
Ce qui combat, implicitement, les me-
feures ou remèdes que va proposer cet
après-midi Poincaré, c'est le mal intérieur
qui ronge son cabinet, c'est l'inclinaison
intérieure à gauche, c'est ce pauvre Mau
noury. Poincaré nous propose la purge des
décimes, alors que nous avons dans le corps
(de l'Etat) l'ipéca de Maunoury. Mélange
affreux et qui peut conduire à une situation
pire que celle où nous sommes en ce
moment. Poincaré commet, avec Maunoury,
Ja même erreur et la même faute que Mille-
raud, le 22 janvier 1920, a commise avec
Steeg. Ni Poincaré, ni Millerand, ni.aucun
républicain en général, ne veut — je ne
dis pas : ne peut — comprendre l'étroite
corrélation de* la politique intérieure et de
la politique extérieure. Corrélation, d'autant
plus étroite que ■ la situation générale est
plus .difficile et ébranlée.
Or, c'est la fermeté au dedans qui inspire
la confiance au dehors ; c'est la fermeté
clairvoyante.; La. presse officieuse -dit que
Poincaré' prononcera aujourd'hui « les pa
roles nécessaires ». Nous sommes saturés
de paroles . Ce qu'il faut maintenant, ce.
«oitf des : actes, et des actes de salut public.
Sa'ns une politique intérieure puissante,
tout' relèvement ■ est impossible. et imprati
cable.. On n'a pas le droit de demander
- aux gens des sacrifices quand on ne prend
pas — même contre ses sympathies person
nelles ou son légitime orgueil — les me
sures qui rendront. ces sacrifices utiles et
opérants. ■
Mais ici une question se pose : Poincaré,
qui. va proposer les sacrifices importants
qu'on annonce, a-t.-il l'intention d'en-
voyer. aussitot a un abattoir certain la
majorité qui lui aura consenti, sans
barguicner, lesoits sacrifices ? Ceux
qui le haïssent —• il y en a — vont répé
tant qu'il veut faire coup double : sauver
le franc en perdant le Bloc national. Ca
lomnie évidente, mais'qui fait son chemin.
Calomnie qui prendra corps si, dans le
même temps que sont demandés ces sacri
fices, n'est pas prise et annoncée la résolu
tion de proroger la Chambre d'un an au
moins.
D'ailleurs, ajouter l'instabilité de la
période électorale et ses alarmes à l'insta
bilité du franc, ce serait la pire folie.
Aucun citoyen de. bon sens —r à plus forte
raison, aucun homme politique renseigne
— ne saurait y songer sans frémir. Ce rite
meurtrier de ■■ la . discontinuité politique
nous frapperait, en pleine crise financière,
pt rendrait alors la banqueroute inévitable.
La prorogation apparaît ainsi comme la
contre-partie naturelle des décimes et autres
moyens de salut. Le spectre du changement
d'orientation sera ainsi écarté, pour un
temps, d'un paysage suffisamment drama
tique comme cela. Inutile d'ajouter le
séisme — comme l'on dit depuis Tokio —
politique et électoral au séisme économique
et financier.
Bien entendu, il ne s'agit "ici que de pal
liatifs. Le remède d'ensemble, c'est le Chef,
et le Chef héréditaire. Car le chef transi
toire offrirait d'autres dangers, s'il ne me
nait au chef héréditaire. Hier, ce serin de
Hervé évoquait Bonaparte. L'écho répond :
Waterloo, Trafalgar et Sedan. A défaut de
Bonaparte, Hervé proposait Millerand, ce
qui est comique. Le Chef ne saurait être
proposé. Il s'impose, en même temps que
les circonstances le désignent.
L 'Action française, en chassant Briand,
qui est un malhonnête homme et un homme
funeste, a opvert les portes du pouvoir à
Poincaré, dont Millerand nç voulait pas
entendre parler. Poincaré a fait la Ruhr,
mais, en dépit de nos avertissements et de
nos avis réitérés, il a défait, partiellement,
en gardant Maunoury, le bénéfice politique
et moral de l'occupation de la Ruhr. Je
ne parle pas aujourd'hui des conséquences
sanglantes qu'a eues la carence de Mau
noury, venant après la perversité de Mar-
raud. Ces conséquences ont été l'assassinat
d'un héros, puis celui de mon fils Philippe.
La conséquence financière suffit à la dé
monstration. Cette conséquence, c'est l'effon
drement du franc.
La politique commande tout et, en poli
tique, tout est réparable par une sage et
lucide énergie. La France est sortie de
l'abîme d'une guerre terrible et panachée
de haute trahison. Elle en serait sortie
beaucoup plus vite avec un Chef digne de
ce nom, et même cette guerre n'eut pas été;
car ce fut une guerre' démocratique, en
effet, c'est-à-dire d'impréparation militaire.
De même il n'est pas douteux que de la
crise actuelle — moins grave tout de même
que celle de 1914-1918 — la France sor
tirait en quelques semaines, si elle avait
le gouvernement fort qu'elle mérite, et que
la République parlementaire est tout à fait
incapable de lui donner.
Néanmoins, à quelque chose malheur est
bon : pour la première fois, l'homme de la
rue, menacé dans sa poche et dans son
estomac, se rend compte qu'un mauvais
régime menace non pas seulement l'exis
tence, mais les moyens d'existence, de cha
cun. On se dit de l'un à l'autre : « L'armée
nous a donné la victoire, malgré la trahi
son de Caillaux et de Malvy. Maintenant
la République nous fait crever de faim ».
Léon DAUDET
Député de Paris.
La messe annuelle à la mémoire du Roi
Louis XVI sera célébrée le lundi 21 jan
vier, à onze, heures, en l'église Saint-Gcr-
maiiï-l'Auxcrrois, ancienne paroisse des
Rois de France. Les Français y sont con
viés par le président des Comités roya
listes de Paris et de la Seine, les Comités
directeurs de l'Action ■ française et les
Délégués régionaux de Monseigneur le
Duc d'Orléans. ■<
La Schola d'Action française exécntzr'q.
les chants religieux.
i
LA POLITIQUE
I. Les deux nécessités
Entre les nombreuses conditions que le
Parlement fait au gouvernement pour les
besoins d'argent (compressions et contri
butions) qu'il a manifestés, je persiste à
penser que la première, la scuie essen
tielle est l'action.
L'action au dehors, l'action au dedans.
Si.l'action au dehors s'arrête ou languit,
autant dire : le ministère Poincaré est
renversé. 11 perd sa raison d'être. .On au
ra Poincaré sans avoir Poincaré. Les buts
de l'ennemi seront atteints, avec cette
circonstance aggravante que nous ne nous
en apercevrons' pas. Le but positif _ que
deux ou trois politiques ennemies visent
en décriant notre monnaie et nos valeurs
sera touché : l'Allemagne sera sauvée,
redressée et fortifiée, la victoire sera ab
solument perdue. Elle ne peut être sauvée
qu'eu persévérant, avec énergie dans le
maintien et dans le développement du
programme extérieur de M. Poincaré.
Mais cette action extérieure est ruinée si
M. Poincaré ne se résout pas à la politique
extérieure qu'elle postule. Ni les sourires
d'Edouard Herriot et de sa petite fac
tion, ni les craintes manifestées dans le ca
binet Poincaré, par les ministres qui ap
partiennent à ces factions, ne doivent lui
faire illusion. Il ne peut plus bouger s'il
s'attarde avec eux. Avec eux, son échec
et mat n'est plus qu'une question de mi
nutes: Non seulement les décisions har
dies que va exiger notre position en Alle
magne et devant l'Angleterre veulent l'en
tière liberté de ses mouvements par rap
port aux vassaux anglais de Genève, par
conséquent l'oubli de toutes les Nuées,
mais les mesures financières qu'impose
le sauvetage du franc, imposent à leur
tour la rupture avec l'étatisme démocra
tique. A quoi servira la suppression du
monopole des allumettes, si les autres mo
nopoles sont maintenus '? Marche ! mar
che. ! dit le plus grand journal de la Ré
publique à notre président du Conseil :
« Le monopole des téléphones, le monopo
le des tabacs; le monopole de. l'alcool — ce
derniers en train de naître, sous des for
mes à peine voilées, — sont à répudier
hautement. L'Etat a gardé, un réseau de
chemins de fer,,qu'un rapport parlemen
taire des plus instructifs avait condamne.
Dès l'i.istant que les compétences réelles
sont conviées à reprendre confiance et à
agir, des décisions réconfortantes se dres
sent. » .
Oui, mais les partis démocratiques se
dressent aussi, les partis radicaux socialis
tes et leurs doctrines si parfaitement lo
giques en faveur de l'extension indéfinie
du domaine économique de l'Etat. On ne
peut rompre avec eux, marcher contre
eux et leur tendre la main. On ne peut
tenir téfe aux partis de l'évolution l'évo-
lutionnaire sans le concours actif et avoué
de la réaction contre-révolutionnaire. Ou
bien on est en l'air! La condition majeure
succès du programme de résistance
apporté par M. Poincaré, c'est l'existence
d'une vaste base de mouvement, qui lui
donne un appui certain. Le veut-il '?
S'il ne le veut pas, s'il veut les choses
sans leurs conditions, ou les contraires
avec leurs oppositions,- il ne veut rien,
pas même le salut et le développement de
son œuvre. Est-ce possible ? Je ne le croi
rai qu'à la dernière extrémité. Je suis de
gauche est un propos qui peut, servir à
la tribune, mais qui ne sert à rien devant
les nécessités du réel. Toutes les idées de
la gauche entravent sa politique.'Toutes
les idées de droite la servent. Il s'aban
donne donc en continuant de repousser
celles-ci et d'invoquer chimériquement
celles-là. Dans la pratique politique de
tous les jours, il ne peut l'aire un pas sans
se hourtier à cette double évidence d'anti
nomies et d'affinités. Il les voit. Libre à
lui de s'en affliger. Mais l'afilicîion n'est
pas, plus que l'allégresse, un état d'es
prit politique. L'art d'obtenir le bien des
peuples comporte la science de leurs né
cessités essentielles. Gaies ou. tristes, il
faut les voir et les servir. M. Poincaré
veut-il. servir le bien de la France V veut-
il l'abandonner '!
II. Pour la main-d'œuvre
française "
Ce qui ne signifie en aucune .manière
qu'on doive se mettre en bataille contï'é
le monde ouvrier. L'abolition des mono
poles mécontentera, et pour cause, un eer-
tain_ nombre de politiciens grimés en pro
létaires. 11 ne sera pas difficile d'expliquer
aux véritables travailleurs que l'Etat s'oc
cupe de leur sort autant que du sien en
les rendant à l'industrie privée, c'est-à-
dire aux conditions de travail utile, ré
munérateur, prospère. Et, comme nationa
lisme n'est pas étatisme, il sera plus facile
encore de . rendre service aux ouvriers
français, en. s'occupant de rétablir leur
juste priorité sur les ouvriers étran
gers;
Un «cimentier», qui ne doit pas nous
lire - depuis longtemps, écrivait, l'autre
jour ( à Maurice Pujo :
« .Quoique la question ouvrière puisse
nous sembler négligeable (!). je crois que
volr'c journal est tout indiqué momentané
ment poué s'en occuper au nom des ou
vriers bien, français, ..plus nombreux que
vou§ ne le pensez, qui ne 'sont' soutenus
par le fait que par des feuilles a ten
dances extrémistes ou violentes cher
chait la lutte des classes et non la col
laboration.
« Vue question primordiale est d'ac
tualité et iienl ,au cœur des ,Français,
c'est la pléthore de la main-d'œuvre
étrapgère et l'çiivqhis^çvrent de toutes les
professions -manucUtir. il; faut-entendre
sur les chantiers et dans les groupements
gronder sourdement contre cet envahisse
ment qui lèse nos familles et nous con
traint souvent au chômage forcé. '
Très. discutable sur sa qualification,
encqre, plus au point de vue économique,
il serait facile de'le réduire et de le li
miter.. Tous les ouvriers français ont fait
leur devoir, ils ne se sentent non seule
ment pas soutenus mais battus en brèche,
lei\r place est.prise cyniquement, surtout
dans le bâtiment où cef élément domine.
Les 'objections : raréfaction de la main--
d'œuvre française, etc., ne tiennent pas
debout : où l'on manque de bras à l'aqri-
cullure les étrangers n'en veulent guère.
« Une majorité ouvrière ne- comprend
pas te pourquoi de la politique d'inflation
étrangère que nous subissons. »
Les politiciens révolutionnaires le sa
vent, le pourquoi ! D'une part, ils soufflent
aux travailleurs nationaux le plus d'exi
gences possible pour contraindre les em
ployeurs à faire appel aux étrangers, et,
d'autre -part, quand ceux-ci sont là, les
mêmes saboteurs de la paix sociale n'ont
de repos qu'ils n'aient fait conférer aux
nouveau-venus les mêmes avantages
qu'aux hommes du pays. Le phénomène
« d'inflation » que nous signale notre cor
respondant peut donc avoir pour cause
locale et temporaire l'égoïsme, l'avidité
d'un capitalisme sans cœur et sans patrie,
mais les politiciens socialistes ou sociali
sants stabilisent d'abord, développent en
suite cette injustice indispensable à la
prospérité de leur sale industrie. Encore
ce premier mal comporterait-il des remè-
desv si l'Etat était sain et fort. Un Etat naT
tipnal pourrait veiller et réagir. En enva
hissant toutes les avenues de l'Etat, la dé
mocratie socialiste supprime jusqu'à la pos
sibilité des remèdes et compromet dans
ses profondeurs toute la vie économique
et sociale du pays... Notre correspondant
le.voit bien, il faut tenir compte des fac
teurs politiques et politiciens pour traiter
utilement de la question ouvrière !
Charles MAURRÂS'
L'ASSASSINAT DE PHILIPPE DAUDET
Dans le coupe-gorge policier
Une nouvelle déposition de Léon Daudet
AUX APPELS CORRECTIONNELS
La correction du Juif Lazurick
Cheiiiievièrcs condamné à deux mois
de prison
Notre ami .Tacque.s Chennevières avait
été condamné, le 18 avril dernier, à deux
mois de prison sans sursis: pour avoir
allongé un coup de cravache sur la figure
du Juif Robert Lazurick, auteur d'un arti
cle injurieux pour les Camelots du Roi
paru dans l'£re nouvelle.
La chambre des appels correctionnels,
après plaidoiries de M° s Pierre Lorwel pour
Lazurick, et de Roux pour notre ami Chen
nevières," a confirmé purement et simple
ment la peine prononcée. Lazurick ob
tient en outre vingt sous (le dommages-
intérêts pour le coup de cravache.
■ i - ' ■— ■
Là catastrophe du L-24
■ Un service religieux à la mémoire
des disparus
Londres, 1G janvier. — Un service reli
gieux en mémoire des membres de l'équi
page du « L-24 » aura lieu vendredi pro
chain à l'endroit même où le submersible
fut heurté par.le cuirassé « Résolution ».
Une dizaine de sous-marins de la base
de.Portsmouth et un croiseur à bord du
quel prendra place le contre-amiral Ni-
cholson. se rendront sur les lieux pour
assister à la cérémonie.
Léon Daudet a fait hier, devant j\f. Bar-
naud, une déposition d'une importance
capitale. Il a formulé devant la justice
l'explication du drame qui ressort de tou
tes les circonstances aujourd'hui connues
et que pouvaient l'aire prévoir les articles
publiés dans {'Action française depuis
quelques jours : Philippe Daudet a été tué
dans la boutique de Le Flaoullcr, et de la
■main de l'un des inspecteurs qui étaient
charges de l'arrêter.
UNE RECONSTITUTION
DU DRAME
Ce sont des indiscrétioi.s parties des mi
lieux môme de la police qui ont conduit à
la vérité. Mais, déjà, cette vérité était ap
parue à travers les dépositions de MM.
Lannes, Delange et Blonde!, les trois hauts
fonctionnaires de la Sûreté qui ont pris
part à l'expédition du boulevard Beau
marchais, et de Le Flaoutter.
Voici la scène du drame, telle qu'elle a
été reconstituée par Léon Daudet s'ap-
puvant sur les renseignements qui lui sont
parvenus, et qui trouvent une singulière
confirmation dans les invraisemblances,
les contradictions et les réticences appor
tées dans leurs déclarations par les « té
moignages s de la Sûreté générale et de
l'aiiarcbiste-policier.
Le samedi, vers 4 h. 1"). Philippe Daudet
se rend à la boutique de Le Flaoullcr où
celui-ci l'a attiré en lui promettant pour
celte heure l'édition des Fleurs du Mal
qu'il désirait, avoir — ou sous tout autre
prétexte, après sa première visite du matin.
L'enfant n'est pas seulement surveil
lé mais poursuivi, au moment où il péné
tré dans la boutique. 11 entre tout essouf
flé en disant à Le Flaoutter : « Je suis
filé. » Des inspecteurs — de la Suiete
ou de la Police judiciaire ? çe point
n'est- pas encore fixé .. so. précipitent
"Sùr 'ses traces. Us/font, à leur tour, irrup
tion dans le magasin. L'entant: s'est avan
cé dans l'arrière-boutique, qui présente
une retraite, et sur. laquelle donne un
escalier conduisant au sous-sol...
Que se passe-t-il alors ? Le certain,
C'est que l'un des inspecteurs a lancé en
av^nt, à -hauteur de la figure de Phi
lippe, son poing armé d'un browning,
comme pour l'en frapper ; le canon de
l'arme heurte la tète et.' dans le même
temps, le coup part. L'orifice d'entrée
de la balle, comme Pexamen de l'arme re
trouvée dans le taxi, établissent que le
coup a été tiré à bout touchant, le canon
appuyé sur la tète. Les:médecins experts
l'ont d'ailleurs constaté dans leur rapport
après l'autopsie.
.Immédir,:. -t, les inpectcurs fou'.l-
lent les vêtements de l'enfant. Dans son
portefeuille, ils trouvent des exemptions
de l'Ecole Bossuet au nom de Philippe
Daudet, une lettre de Léon Daudet, une
lettre de Mme Daudet, et, enfin des mé
dailles-portant sa date de naissance. Ain
si leur est donnée la révélation de l'iden
tité de la victime (qu'ils ignoraient mais
qui était connue de leurs chefs); en même
temps, par les médailles, ils ont pu consta
ter que l'homme redoutable, pour lequel on
a mobilisé douze alguazils de tout rang,
n'est qu'un enfant, un pauvre enfant de
14 ans et demi.
C'est ici que, affolés à l'idée des res
ponsabilités encourues, ils vont maquiller
le meurtre en suicide. Us font disparaître
les lettres, les médailles, les exmptions.
Ils retournent, les vêtements (le leur victi
me. Apercevant la petite bande de calicot
cousue sur la sous-patte d'une poche du
pardessus et portant l'inscription : « Phi
lippe Daudet, 3°-A., Ecole Bossuet », ils
l'arrachent. On sait que l'examen du vê
tement démontre que la fiche de calicot
a été arrachée violemment : trois fils pen
dent encore.
Dans leur affolement, fouillant le por
tefeuille, ils ne découvrent pas le mince
carré de papier sur lequel sont portées
les adresses de Réal del Sarte, Havard de
la Montagne, etc. Ou retrouvera ce papier
chiffonné, refoulé dans le coin d'une des
poches du portefeuille.
Mais il faut éviter une enquête. Pour
que la mort puisse s'expliquer par le sui
cide, il ne faut pas que l'on puisse voir
que l'enfant a été dévalisé. C'est à ce mo
ment que Le Flaoutter remet les 84 fr. 50
qui ont été retrouvés sur l'enfant, c'est à
ce moment que les billets sont glissés
dans le portefeuille. Ainsi aura-t-on paré
à une enquête judiciaire ou autre sur un
assassinat ayant eu le vol pour mobile.
Le taxi de I5ajot est là, stationnant de
vant la sortie (b la rue Amelot — en pré
vision de l'arrestation préparée pour port
d'arme prohibée. L'enfant, qui peut enco
re faire quelques pas, maintenu à droite
ct>à'' gauche, porté plutôt que conduit, est
placé dans le taxi. L'ordre est donné au
chauffeur de le conduire à l!hôpital Lari-
boisière.
Eu cours de route, Uarjot n'est pas sans
penser à la responsabilité qu'il encourt. Il
a beau se sentir couvert par la police, il
se préoccupe de s'assurer une « sécurité »
de plus. On peut admettre aussi qu'il exé
cute, simplement la mise en. scène qui lui
a été indiquée par les inspecteurs. Arrivé
boulevard Magenta, il appelle des agents
auxquels il fait le récit du suicide de son
voyageur.
' MENSONGES INUTILES
Sur le drame lui-même, Daudet a fourni
au juge d'autres détails. On comprendra
que" les nécessités de l'instruction nous
obligent à eu réserver la publication.
Sans la douloureuse.prescience de Mme
Léon Daudet, ou si, même, le docteur Ber
nard s'était présenté à l'hôpital Lariboisiè-
re, pour la reconnaissance, douze heures
plus tard, le crime de la police était à ja
mais insaisissable : le corps aurait été li-
vré à l'amphithéâtre pour la dissection. On
comprend maintenant pourquoi Le flaout
ter, après avoir reconnu le corps à Lari-
Iioisièrc, a déclaré ,à l'administration de
l'hôpital que le mort n'était pas celui dont
il se préoccupait !
Toutes les dépositions de Le Flaoutter,
a ajouté Daudet, montrent qu'il n'était pas
sans craindre que la vérité parvint à être
connue. Toutes ses déclarations montrent
qu'il s'attache à prendre, par avance, tou
tes les assurances possibles pour ne pas
être inquiété personnellement, et aussi,
pour couvrir 1a police. C'est ainsi qu'il n
pris soin (le dire à M. D-arnaud que « les
inspecteurs lui avaient promis de ne pas
opérer dans la boutique ». Il a soutenu
aussi, au mépris tant de la vérité que de la
vraisemblance, que «. les inspecteurs ne
se trouvaient pas devant lè magasin au mo
ment de l'arrivée et du départ (1e Philip
pe ». Pour donner crédit à cette affirma
tion, il a imaginé de faire intervenir sa
femme, laquelle aurait dit à haute voix au
moment de la sortie prétendue de Philip
pe : « ils laissent liler le bon et ils en arrê
tent un autre ». A-point nommé, un sieur
Duval, témoin de la même farine que tp
Zail'ran du boulevard Magenta, se trouvait
là pour accueillir ce propos... et le rappor
ter au juge.
Les dépositions de Lannes, Delange et
Blondel sont remplies des mêmes .extra
vagances. Les unes comme les autres, com
me. celle de Le llaoutter, suent la peur.
>mmc peuvent le voir aujourd'hui les
« témoins » de la Surete générale, de Ba-
jot a Lannes, en passant par le libraue
anarcbo-policier, leurs mensonges n'au
ront -pu masquer la vente que peu de
temps.
. En: terminant sa déposition, Daudet a
déclaré au pige qu'il ne considérait pas
que les anarchistes du Libertaire fussent,
en rien disculpés par la , révélation (les
circonstances de l'assassinat. C'est par
eux, a-t-il dit, que Philippe a été dévalisé
des 1-.500.francs - qu'il avait sur lui à son
retour du.Havre. En outre, il reste à pré
ciser les conditions dans lesquelles l'en
fant a été dirigé par eux vers l'autre de
Le Flaoutter. L'assassinat, en. lui-même,
n'est qu'un des compartiments, une des
tranches, si l'on peut dire, de l'horrible
drame.
Vers G heures, M. BarnaUd a reçu un
des témoins indiqués par Léon Daudet.
Le nom de ce témoin n'a pas été? connu et
aucune indication n'a été fournie sur sa
déposition.
QUESTION A M. MARLIER
On connaît les dépositions de MM. les
contrôleurs généraux Lannes .et Delange
et de M. le commissaire divisionnaire
Blondel. On connaît également les deux
rapports que MM. Lannes et Delange écri
virent sur l'ordre du directeur de la Sû
reté générale èt qu'ils datèrent du mardi
27 novembre. Ces pièces sont .au dossier
de l'instruction de M. Barnaud. Mais la-
Sûreté générale n'en posséde-t-elle pas
d'autres ?
Est-il vrai que le vrai dossier, le dos
sier complet de la Sûreté générale tou
chant la mort de Philippe Daudet, se trou
ve aux mains de M. Marlier, directeur de
la S.G. qui l'a retiré de ses services et ne
veut s'en dessaisir à àucûri prix?
.ECHOS
ï
LES FAÏTS DU JOUR
— De violentes secousses sismiqaes ont
êtr- ressenties ait Japon, en Colombie et aux
Indes.
Relatant les incidents tragiques de la réunion
dfi Ja Grangc-nux-Bellcs, l 'Humanité écrivait l'au-
'tre jour : « Une fusillade crépite... •
grimpe sur . la . tribune, Caciiin à
essavent de dominer le, ..tumulte et
« Treïnt,
« ses côtés,
« crient :
« — Les communistes , restez.
■ « On ne les écoute pas. La sallo se vide. »
On est fixé : l'autorité des « chefs » commu
nistes vaut la discipline do leurs troupes !
♦ +
Le roman de Paul Morand.
Contrairement à certaines informations, ce n'est
pas cette semaine, .-.nais- jeudi 24 janvier, que doit
paraître en librairie le roman de Paul Morand :
Lewis et Irène. ' ■
L'édition originale de ce livre ainsi que les
exemplaires de luxe sont déjà tous souscrits cliez
l'éditeur. Nous conseillons donc à JIM. les Biblio
philes do s'inscrire sans retard chez leur libraire
s'ils veulent posséder l'exemplaire de leur cliois.
Luchon-SuncrbagnèreSi — Demandez aux nom
breux fervents des Sports d'Hiver qui ont assisté
en février « 1 ( J23 au XII"' Concours international
de ski sur le plateau de Suptrbagnères, domi
nant Luchon, quel temps ils .y ont trouvé.
Tous vous répondront qu'ils n'ont jamais con
nu journées plus belles.
Février est un mois excellent en cette partie
de la chaîne. Nombreuse et choisie est la clien
tèle qui se fait inscrire, pour cette période à
l'Hôtel de Superbagnères.
■ Pourquoi payer très cher au détail bijoux et
argenterie, quand vous pouvez obtenir les mê
mes articles, aux prix de gros, avec une écono
mie de 30 0/0, chez Pinson, 15, rue Lévis, de
9 heures à midi. .
Pour Candide et Gulliver
Le Comité des experts" s'entoure de si»
lence et de discrétion. Respectons sa volon
té ! Pourvu qu'il arrive à des conclusions
de hoir sens et à un résultat satisfaisant,
peu importe le chemin qu'il aura pris.
Mais conclura-t-il ? Arrivera-t-il à un fé-
sultat ? Nous voyons qu'il convoque M.
Schacht, gouverneur de Ja Reichsbank. Si
l'on interrogeait le gouverneur de la Ban
que de France sur notre situation finan
cière. il répondrait évidemment, comme
Fenseiffne la bonne; doctrine, que. pour sta«
biliser le irane, il faut proportionner les
dépenses aux reeelies, c est-a-dire équilibrer
le budget, ce qui ne dépend pas plus, ici,
de M. Robmeau qu en Allemagne de M.
Schacht. C est une question politique et une
affaire .de gouvernement. Le gouvernement
allemand est-il a la hauteur de cette tâche?
En est-il capable? Voilât l'enquête à mener
par les experts. Et, bien entendu, ce point
d'interrogation est également valable pour
le gouvernement français. Mais il n'y a pas
encore d : experts internationaux qui enquê
tent: sur nog finances.
Jurerait-on que cela ne viendra pas ?
Nous restons, après tout; débiteurs de l'An-
gleleire et des Etats-Unis pour des sommes
qui ne sont guère inférieures à celles que
nous réclamons nous-mêmes à l'Allemagne.
Nos créanciers ne parlent nullement de
nous remettre, notre dette ou plutôt, lorsque
quelqu'un en parle, ils rejettent violemment
celte idée. L'autre jour, le Daily Express
se faisait l'écho du bruit d'après, lequel M.
Ramsav. Macdonaïd, s'il arrivait au pou
voir. ne reconnaîtrait pas seulement la Rus
sie sovieuque. maïs lui accorderait remise
des avances de l'Angleterre - au gouverne
ment tsanste. Aussitôt; remarquait le jour
nal anglais, les autres débiteurs de, la
Grande-Bretagne réclameraient la même
faveur, et comment la leur refuser ? Or, la
Russie doit à l'Angleterre 600. millions de
livres sterling- La France n'en doit que. 584
millions, et' l'Italie 503. C'est donc Ja Rus
sie qui a la plus grosse dette. Et le plus
emporte le moins.
Cependant, ajoutait le Daily Express,
l'Angleterre doit aux Etats-Unis 920 mil
lions de livres sterling qu'elle s'est enga
gée et qu'elle a commencé à rembourser en
62 annuités de 35 millions de livres. L'An
gleterre paiera-t-elle sans être payée ? Re
marquons, d'ailleurs, que le sterling subit,
par rapport au dollar, une dépréciation qui
ne laisse pas d'être sensible puisqu'elle est
en ce moment-ci d'environ dix à douze
pour cent C'est doncMine quarantaine de
millions de livres que l'Angleterre doit
trouver chaque année pour payer les Etats-
Unis. 7
On dit que ; la nécessité de trouver les
traites'sur Nev.'-^ork pour ces rembourse
ments est une des causes de la crise des
changes. Nous subirions donc, nous et
d'autres, le contre-coup de l'imprudence que
l'Angleterre a commise en consolidant sa
dette aux Etats-Unis. Mais qui ne voit que
les Etats-Unis, en maintenant leurs créances
sur l'Europe,, sont les principaux respon
sables du trouble qu'ils déplorent et sur
lequel le général Dau es enquête, conscien
cieusement ? Cela encore est une histoire
digne de : Candide et de Gulliver. — J. B.
■ ii — > ■ |
Les adieux de îa Syrie
à Maurice Barrés
Un discours du K. P. Chanteur '
Les dernières pensées de Maurice Barres
allaient du Bbiu à k Syrie, aux marches
proches et lointaines de la France. —
Pieusement, les Rhénans ont suivi le char
funèbre de leur grand, ami et des ileurç
de Wiesbade se son', fixées sur sa tombe.
Les Français de Syrie ont tenu eux aussi
à rendre un dernier hommage à celui dont
le dernier livre fut « uipe Enquête aux pays
du Levant ». En présence du Haut Com
missaire, de S. E. Mgr Gianiiiui, délégué
apostolique, de NN. les évêquer.
Moubarak, Cattane e! Arpiarian un service
funèbre a été célébré le 19 décembre dans
la cathédrale, latine (le Beyrouth, et le
R. P. Chanteur, recteur de l'Université
Saint-Joseph, prononça un panégyrique
ému dont voici quelques passages :
Est-ce l'artiste, l'écrivain, l'homme politique que
nous voulons d'abord "honorer '! —Ce lieu n'est
ni un cénacle, ni une salle de réunion publique,
c'est une églises — Cet auditoire ne se compose pa$
de gens de lettres et n'apporte ici aucune préoc
cupation politique. Regardez : vous y verrez re
présentés toutes les ■ conditions et tous les âges
— le, clergé, l'administration, l'armée, la. marine,
les hommes de sciences et les hommes d'affaires,
les riches, les pauvres, la jeunesse, surtout, los
étudiants, les écoliers, les écoliêres de tout pen
sionnat et de tout rite. Ce spectacle a son sens. II
dit très-haut que c'est au cœur de l'homme que
vout surtout nos hommages, à l'ami fervent des
missions, à l'ami fidèle de ce pays, au noble soldat
des grandeurs françaises...
...Voulez-vous me permettre uu, to'ûvenir person»
nel ? Nous nous trouvions un jour dans son admi-
EDITION DU MATIN i=3
Jeudi 17 Janvier 1924
15 centimes. S eikb et S eine-kt« O ish
20 centimes. D épartdjc^ts bt C olonie»
ABONNEMENTS : Ci As. Sis Huis. TraisM
etranger . ss » aa » as »
Chèque postal : Compte 33.900 Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est noire. «
Le Duc d'OULÊANS
héritier des quarante Rois qui en mille ans Orçnl la France.
BÉDACTION & ADMI51STBATI0HS
i-5, rue dt Home, PAHIS (S*)
Adresse télégraphique : ACTIOPHAN-PATUS
Téléphone: ' Louvre aG-iç,-ati-So
Rédaction : Central 7&-i4 Publicité • Central 75*77
Après *0 heures dn aoir : Sc^rur 11-6S
llegistre de Commerce : Seine 78.5*;»
Fondateur : IIEI^UI YAUGEOIS — Directeurs politiques : s LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef : MAURICE PSjJÛ
vérité sur la mort de
Appliquons le traité de Versailles
"Le conseil des ministres du peuple victorieux
propose une augmentation de deux décimes sur.
• >-■>
Vensemble des impôts.
Soit. Mais à condition qu'il exige et obtienne
que le gouvernement du peuple vaincu impose
ses contribuables de trois décimes supplémen
taires.
(Partie VIII du Traité, Âtinexé //, Paragraphe 12)
Avant la séance
, L'pnlèlejnent contre i'c\ idcnce, c'est le
iléfaut de Poincaré.
, La crise du franc, abstraction faite
des. causes économiques analysées ici, avec
liant d'autorité, par Bainville et Valois, —
,«'esc le;inanque de confiance. Alors que le
^rétablissement de la lire marque la con
stance générale dans la dictature de M.
(Mussolini, la chute du franc marque, avant
tout, la crainte Qu'inspire, avec la politique
intérieure du cabinet Poincaré, la perspec
tive d'élections radicales socialistes. Cha
cuh sait, chacun sent, 1 chacun suppute que
de telles élections amèneraient la banque^
route et la guerre. L'accueil fait à Léon
£lum par la majorité, mardi dernier, tra
duisait ce sentiment universel: Ilerriot, d'est
la gauche feutrée et, malgré tout, française.
Blum, c'est la gauche démasquée .et juive,
la gauche de l'Antifrance.
Ce qui combat, implicitement, les me-
feures ou remèdes que va proposer cet
après-midi Poincaré, c'est le mal intérieur
qui ronge son cabinet, c'est l'inclinaison
intérieure à gauche, c'est ce pauvre Mau
noury. Poincaré nous propose la purge des
décimes, alors que nous avons dans le corps
(de l'Etat) l'ipéca de Maunoury. Mélange
affreux et qui peut conduire à une situation
pire que celle où nous sommes en ce
moment. Poincaré commet, avec Maunoury,
Ja même erreur et la même faute que Mille-
raud, le 22 janvier 1920, a commise avec
Steeg. Ni Poincaré, ni Millerand, ni.aucun
républicain en général, ne veut — je ne
dis pas : ne peut — comprendre l'étroite
corrélation de* la politique intérieure et de
la politique extérieure. Corrélation, d'autant
plus étroite que ■ la situation générale est
plus .difficile et ébranlée.
Or, c'est la fermeté au dedans qui inspire
la confiance au dehors ; c'est la fermeté
clairvoyante.; La. presse officieuse -dit que
Poincaré' prononcera aujourd'hui « les pa
roles nécessaires ». Nous sommes saturés
de paroles . Ce qu'il faut maintenant, ce.
«oitf des : actes, et des actes de salut public.
Sa'ns une politique intérieure puissante,
tout' relèvement ■ est impossible. et imprati
cable.. On n'a pas le droit de demander
- aux gens des sacrifices quand on ne prend
pas — même contre ses sympathies person
nelles ou son légitime orgueil — les me
sures qui rendront. ces sacrifices utiles et
opérants. ■
Mais ici une question se pose : Poincaré,
qui. va proposer les sacrifices importants
qu'on annonce, a-t.-il l'intention d'en-
voyer. aussitot a un abattoir certain la
majorité qui lui aura consenti, sans
barguicner, lesoits sacrifices ? Ceux
qui le haïssent —• il y en a — vont répé
tant qu'il veut faire coup double : sauver
le franc en perdant le Bloc national. Ca
lomnie évidente, mais'qui fait son chemin.
Calomnie qui prendra corps si, dans le
même temps que sont demandés ces sacri
fices, n'est pas prise et annoncée la résolu
tion de proroger la Chambre d'un an au
moins.
D'ailleurs, ajouter l'instabilité de la
période électorale et ses alarmes à l'insta
bilité du franc, ce serait la pire folie.
Aucun citoyen de. bon sens —r à plus forte
raison, aucun homme politique renseigne
— ne saurait y songer sans frémir. Ce rite
meurtrier de ■■ la . discontinuité politique
nous frapperait, en pleine crise financière,
pt rendrait alors la banqueroute inévitable.
La prorogation apparaît ainsi comme la
contre-partie naturelle des décimes et autres
moyens de salut. Le spectre du changement
d'orientation sera ainsi écarté, pour un
temps, d'un paysage suffisamment drama
tique comme cela. Inutile d'ajouter le
séisme — comme l'on dit depuis Tokio —
politique et électoral au séisme économique
et financier.
Bien entendu, il ne s'agit "ici que de pal
liatifs. Le remède d'ensemble, c'est le Chef,
et le Chef héréditaire. Car le chef transi
toire offrirait d'autres dangers, s'il ne me
nait au chef héréditaire. Hier, ce serin de
Hervé évoquait Bonaparte. L'écho répond :
Waterloo, Trafalgar et Sedan. A défaut de
Bonaparte, Hervé proposait Millerand, ce
qui est comique. Le Chef ne saurait être
proposé. Il s'impose, en même temps que
les circonstances le désignent.
L 'Action française, en chassant Briand,
qui est un malhonnête homme et un homme
funeste, a opvert les portes du pouvoir à
Poincaré, dont Millerand nç voulait pas
entendre parler. Poincaré a fait la Ruhr,
mais, en dépit de nos avertissements et de
nos avis réitérés, il a défait, partiellement,
en gardant Maunoury, le bénéfice politique
et moral de l'occupation de la Ruhr. Je
ne parle pas aujourd'hui des conséquences
sanglantes qu'a eues la carence de Mau
noury, venant après la perversité de Mar-
raud. Ces conséquences ont été l'assassinat
d'un héros, puis celui de mon fils Philippe.
La conséquence financière suffit à la dé
monstration. Cette conséquence, c'est l'effon
drement du franc.
La politique commande tout et, en poli
tique, tout est réparable par une sage et
lucide énergie. La France est sortie de
l'abîme d'une guerre terrible et panachée
de haute trahison. Elle en serait sortie
beaucoup plus vite avec un Chef digne de
ce nom, et même cette guerre n'eut pas été;
car ce fut une guerre' démocratique, en
effet, c'est-à-dire d'impréparation militaire.
De même il n'est pas douteux que de la
crise actuelle — moins grave tout de même
que celle de 1914-1918 — la France sor
tirait en quelques semaines, si elle avait
le gouvernement fort qu'elle mérite, et que
la République parlementaire est tout à fait
incapable de lui donner.
Néanmoins, à quelque chose malheur est
bon : pour la première fois, l'homme de la
rue, menacé dans sa poche et dans son
estomac, se rend compte qu'un mauvais
régime menace non pas seulement l'exis
tence, mais les moyens d'existence, de cha
cun. On se dit de l'un à l'autre : « L'armée
nous a donné la victoire, malgré la trahi
son de Caillaux et de Malvy. Maintenant
la République nous fait crever de faim ».
Léon DAUDET
Député de Paris.
La messe annuelle à la mémoire du Roi
Louis XVI sera célébrée le lundi 21 jan
vier, à onze, heures, en l'église Saint-Gcr-
maiiï-l'Auxcrrois, ancienne paroisse des
Rois de France. Les Français y sont con
viés par le président des Comités roya
listes de Paris et de la Seine, les Comités
directeurs de l'Action ■ française et les
Délégués régionaux de Monseigneur le
Duc d'Orléans. ■<
La Schola d'Action française exécntzr'q.
les chants religieux.
i
LA POLITIQUE
I. Les deux nécessités
Entre les nombreuses conditions que le
Parlement fait au gouvernement pour les
besoins d'argent (compressions et contri
butions) qu'il a manifestés, je persiste à
penser que la première, la scuie essen
tielle est l'action.
L'action au dehors, l'action au dedans.
Si.l'action au dehors s'arrête ou languit,
autant dire : le ministère Poincaré est
renversé. 11 perd sa raison d'être. .On au
ra Poincaré sans avoir Poincaré. Les buts
de l'ennemi seront atteints, avec cette
circonstance aggravante que nous ne nous
en apercevrons' pas. Le but positif _ que
deux ou trois politiques ennemies visent
en décriant notre monnaie et nos valeurs
sera touché : l'Allemagne sera sauvée,
redressée et fortifiée, la victoire sera ab
solument perdue. Elle ne peut être sauvée
qu'eu persévérant, avec énergie dans le
maintien et dans le développement du
programme extérieur de M. Poincaré.
Mais cette action extérieure est ruinée si
M. Poincaré ne se résout pas à la politique
extérieure qu'elle postule. Ni les sourires
d'Edouard Herriot et de sa petite fac
tion, ni les craintes manifestées dans le ca
binet Poincaré, par les ministres qui ap
partiennent à ces factions, ne doivent lui
faire illusion. Il ne peut plus bouger s'il
s'attarde avec eux. Avec eux, son échec
et mat n'est plus qu'une question de mi
nutes: Non seulement les décisions har
dies que va exiger notre position en Alle
magne et devant l'Angleterre veulent l'en
tière liberté de ses mouvements par rap
port aux vassaux anglais de Genève, par
conséquent l'oubli de toutes les Nuées,
mais les mesures financières qu'impose
le sauvetage du franc, imposent à leur
tour la rupture avec l'étatisme démocra
tique. A quoi servira la suppression du
monopole des allumettes, si les autres mo
nopoles sont maintenus '? Marche ! mar
che. ! dit le plus grand journal de la Ré
publique à notre président du Conseil :
« Le monopole des téléphones, le monopo
le des tabacs; le monopole de. l'alcool — ce
derniers en train de naître, sous des for
mes à peine voilées, — sont à répudier
hautement. L'Etat a gardé, un réseau de
chemins de fer,,qu'un rapport parlemen
taire des plus instructifs avait condamne.
Dès l'i.istant que les compétences réelles
sont conviées à reprendre confiance et à
agir, des décisions réconfortantes se dres
sent. » .
Oui, mais les partis démocratiques se
dressent aussi, les partis radicaux socialis
tes et leurs doctrines si parfaitement lo
giques en faveur de l'extension indéfinie
du domaine économique de l'Etat. On ne
peut rompre avec eux, marcher contre
eux et leur tendre la main. On ne peut
tenir téfe aux partis de l'évolution l'évo-
lutionnaire sans le concours actif et avoué
de la réaction contre-révolutionnaire. Ou
bien on est en l'air! La condition majeure
succès du programme de résistance
apporté par M. Poincaré, c'est l'existence
d'une vaste base de mouvement, qui lui
donne un appui certain. Le veut-il '?
S'il ne le veut pas, s'il veut les choses
sans leurs conditions, ou les contraires
avec leurs oppositions,- il ne veut rien,
pas même le salut et le développement de
son œuvre. Est-ce possible ? Je ne le croi
rai qu'à la dernière extrémité. Je suis de
gauche est un propos qui peut, servir à
la tribune, mais qui ne sert à rien devant
les nécessités du réel. Toutes les idées de
la gauche entravent sa politique.'Toutes
les idées de droite la servent. Il s'aban
donne donc en continuant de repousser
celles-ci et d'invoquer chimériquement
celles-là. Dans la pratique politique de
tous les jours, il ne peut l'aire un pas sans
se hourtier à cette double évidence d'anti
nomies et d'affinités. Il les voit. Libre à
lui de s'en affliger. Mais l'afilicîion n'est
pas, plus que l'allégresse, un état d'es
prit politique. L'art d'obtenir le bien des
peuples comporte la science de leurs né
cessités essentielles. Gaies ou. tristes, il
faut les voir et les servir. M. Poincaré
veut-il. servir le bien de la France V veut-
il l'abandonner '!
II. Pour la main-d'œuvre
française "
Ce qui ne signifie en aucune .manière
qu'on doive se mettre en bataille contï'é
le monde ouvrier. L'abolition des mono
poles mécontentera, et pour cause, un eer-
tain_ nombre de politiciens grimés en pro
létaires. 11 ne sera pas difficile d'expliquer
aux véritables travailleurs que l'Etat s'oc
cupe de leur sort autant que du sien en
les rendant à l'industrie privée, c'est-à-
dire aux conditions de travail utile, ré
munérateur, prospère. Et, comme nationa
lisme n'est pas étatisme, il sera plus facile
encore de . rendre service aux ouvriers
français, en. s'occupant de rétablir leur
juste priorité sur les ouvriers étran
gers;
Un «cimentier», qui ne doit pas nous
lire - depuis longtemps, écrivait, l'autre
jour ( à Maurice Pujo :
« .Quoique la question ouvrière puisse
nous sembler négligeable (!). je crois que
volr'c journal est tout indiqué momentané
ment poué s'en occuper au nom des ou
vriers bien, français, ..plus nombreux que
vou§ ne le pensez, qui ne 'sont' soutenus
par le fait que par des feuilles a ten
dances extrémistes ou violentes cher
chait la lutte des classes et non la col
laboration.
« Vue question primordiale est d'ac
tualité et iienl ,au cœur des ,Français,
c'est la pléthore de la main-d'œuvre
étrapgère et l'çiivqhis^çvrent de toutes les
professions -manucUtir. il; faut-entendre
sur les chantiers et dans les groupements
gronder sourdement contre cet envahisse
ment qui lèse nos familles et nous con
traint souvent au chômage forcé. '
Très. discutable sur sa qualification,
encqre, plus au point de vue économique,
il serait facile de'le réduire et de le li
miter.. Tous les ouvriers français ont fait
leur devoir, ils ne se sentent non seule
ment pas soutenus mais battus en brèche,
lei\r place est.prise cyniquement, surtout
dans le bâtiment où cef élément domine.
Les 'objections : raréfaction de la main--
d'œuvre française, etc., ne tiennent pas
debout : où l'on manque de bras à l'aqri-
cullure les étrangers n'en veulent guère.
« Une majorité ouvrière ne- comprend
pas te pourquoi de la politique d'inflation
étrangère que nous subissons. »
Les politiciens révolutionnaires le sa
vent, le pourquoi ! D'une part, ils soufflent
aux travailleurs nationaux le plus d'exi
gences possible pour contraindre les em
ployeurs à faire appel aux étrangers, et,
d'autre -part, quand ceux-ci sont là, les
mêmes saboteurs de la paix sociale n'ont
de repos qu'ils n'aient fait conférer aux
nouveau-venus les mêmes avantages
qu'aux hommes du pays. Le phénomène
« d'inflation » que nous signale notre cor
respondant peut donc avoir pour cause
locale et temporaire l'égoïsme, l'avidité
d'un capitalisme sans cœur et sans patrie,
mais les politiciens socialistes ou sociali
sants stabilisent d'abord, développent en
suite cette injustice indispensable à la
prospérité de leur sale industrie. Encore
ce premier mal comporterait-il des remè-
desv si l'Etat était sain et fort. Un Etat naT
tipnal pourrait veiller et réagir. En enva
hissant toutes les avenues de l'Etat, la dé
mocratie socialiste supprime jusqu'à la pos
sibilité des remèdes et compromet dans
ses profondeurs toute la vie économique
et sociale du pays... Notre correspondant
le.voit bien, il faut tenir compte des fac
teurs politiques et politiciens pour traiter
utilement de la question ouvrière !
Charles MAURRÂS'
L'ASSASSINAT DE PHILIPPE DAUDET
Dans le coupe-gorge policier
Une nouvelle déposition de Léon Daudet
AUX APPELS CORRECTIONNELS
La correction du Juif Lazurick
Cheiiiievièrcs condamné à deux mois
de prison
Notre ami .Tacque.s Chennevières avait
été condamné, le 18 avril dernier, à deux
mois de prison sans sursis: pour avoir
allongé un coup de cravache sur la figure
du Juif Robert Lazurick, auteur d'un arti
cle injurieux pour les Camelots du Roi
paru dans l'£re nouvelle.
La chambre des appels correctionnels,
après plaidoiries de M° s Pierre Lorwel pour
Lazurick, et de Roux pour notre ami Chen
nevières," a confirmé purement et simple
ment la peine prononcée. Lazurick ob
tient en outre vingt sous (le dommages-
intérêts pour le coup de cravache.
■ i - ' ■— ■
Là catastrophe du L-24
■ Un service religieux à la mémoire
des disparus
Londres, 1G janvier. — Un service reli
gieux en mémoire des membres de l'équi
page du « L-24 » aura lieu vendredi pro
chain à l'endroit même où le submersible
fut heurté par.le cuirassé « Résolution ».
Une dizaine de sous-marins de la base
de.Portsmouth et un croiseur à bord du
quel prendra place le contre-amiral Ni-
cholson. se rendront sur les lieux pour
assister à la cérémonie.
Léon Daudet a fait hier, devant j\f. Bar-
naud, une déposition d'une importance
capitale. Il a formulé devant la justice
l'explication du drame qui ressort de tou
tes les circonstances aujourd'hui connues
et que pouvaient l'aire prévoir les articles
publiés dans {'Action française depuis
quelques jours : Philippe Daudet a été tué
dans la boutique de Le Flaoullcr, et de la
■main de l'un des inspecteurs qui étaient
charges de l'arrêter.
UNE RECONSTITUTION
DU DRAME
Ce sont des indiscrétioi.s parties des mi
lieux môme de la police qui ont conduit à
la vérité. Mais, déjà, cette vérité était ap
parue à travers les dépositions de MM.
Lannes, Delange et Blonde!, les trois hauts
fonctionnaires de la Sûreté qui ont pris
part à l'expédition du boulevard Beau
marchais, et de Le Flaoutter.
Voici la scène du drame, telle qu'elle a
été reconstituée par Léon Daudet s'ap-
puvant sur les renseignements qui lui sont
parvenus, et qui trouvent une singulière
confirmation dans les invraisemblances,
les contradictions et les réticences appor
tées dans leurs déclarations par les « té
moignages s de la Sûreté générale et de
l'aiiarcbiste-policier.
Le samedi, vers 4 h. 1"). Philippe Daudet
se rend à la boutique de Le Flaoullcr où
celui-ci l'a attiré en lui promettant pour
celte heure l'édition des Fleurs du Mal
qu'il désirait, avoir — ou sous tout autre
prétexte, après sa première visite du matin.
L'enfant n'est pas seulement surveil
lé mais poursuivi, au moment où il péné
tré dans la boutique. 11 entre tout essouf
flé en disant à Le Flaoutter : « Je suis
filé. » Des inspecteurs — de la Suiete
ou de la Police judiciaire ? çe point
n'est- pas encore fixé .. so. précipitent
"Sùr 'ses traces. Us/font, à leur tour, irrup
tion dans le magasin. L'entant: s'est avan
cé dans l'arrière-boutique, qui présente
une retraite, et sur. laquelle donne un
escalier conduisant au sous-sol...
Que se passe-t-il alors ? Le certain,
C'est que l'un des inspecteurs a lancé en
av^nt, à -hauteur de la figure de Phi
lippe, son poing armé d'un browning,
comme pour l'en frapper ; le canon de
l'arme heurte la tète et.' dans le même
temps, le coup part. L'orifice d'entrée
de la balle, comme Pexamen de l'arme re
trouvée dans le taxi, établissent que le
coup a été tiré à bout touchant, le canon
appuyé sur la tète. Les:médecins experts
l'ont d'ailleurs constaté dans leur rapport
après l'autopsie.
.Immédir,:. -t, les inpectcurs fou'.l-
lent les vêtements de l'enfant. Dans son
portefeuille, ils trouvent des exemptions
de l'Ecole Bossuet au nom de Philippe
Daudet, une lettre de Léon Daudet, une
lettre de Mme Daudet, et, enfin des mé
dailles-portant sa date de naissance. Ain
si leur est donnée la révélation de l'iden
tité de la victime (qu'ils ignoraient mais
qui était connue de leurs chefs); en même
temps, par les médailles, ils ont pu consta
ter que l'homme redoutable, pour lequel on
a mobilisé douze alguazils de tout rang,
n'est qu'un enfant, un pauvre enfant de
14 ans et demi.
C'est ici que, affolés à l'idée des res
ponsabilités encourues, ils vont maquiller
le meurtre en suicide. Us font disparaître
les lettres, les médailles, les exmptions.
Ils retournent, les vêtements (le leur victi
me. Apercevant la petite bande de calicot
cousue sur la sous-patte d'une poche du
pardessus et portant l'inscription : « Phi
lippe Daudet, 3°-A., Ecole Bossuet », ils
l'arrachent. On sait que l'examen du vê
tement démontre que la fiche de calicot
a été arrachée violemment : trois fils pen
dent encore.
Dans leur affolement, fouillant le por
tefeuille, ils ne découvrent pas le mince
carré de papier sur lequel sont portées
les adresses de Réal del Sarte, Havard de
la Montagne, etc. Ou retrouvera ce papier
chiffonné, refoulé dans le coin d'une des
poches du portefeuille.
Mais il faut éviter une enquête. Pour
que la mort puisse s'expliquer par le sui
cide, il ne faut pas que l'on puisse voir
que l'enfant a été dévalisé. C'est à ce mo
ment que Le Flaoutter remet les 84 fr. 50
qui ont été retrouvés sur l'enfant, c'est à
ce moment que les billets sont glissés
dans le portefeuille. Ainsi aura-t-on paré
à une enquête judiciaire ou autre sur un
assassinat ayant eu le vol pour mobile.
Le taxi de I5ajot est là, stationnant de
vant la sortie (b la rue Amelot — en pré
vision de l'arrestation préparée pour port
d'arme prohibée. L'enfant, qui peut enco
re faire quelques pas, maintenu à droite
ct>à'' gauche, porté plutôt que conduit, est
placé dans le taxi. L'ordre est donné au
chauffeur de le conduire à l!hôpital Lari-
boisière.
Eu cours de route, Uarjot n'est pas sans
penser à la responsabilité qu'il encourt. Il
a beau se sentir couvert par la police, il
se préoccupe de s'assurer une « sécurité »
de plus. On peut admettre aussi qu'il exé
cute, simplement la mise en. scène qui lui
a été indiquée par les inspecteurs. Arrivé
boulevard Magenta, il appelle des agents
auxquels il fait le récit du suicide de son
voyageur.
' MENSONGES INUTILES
Sur le drame lui-même, Daudet a fourni
au juge d'autres détails. On comprendra
que" les nécessités de l'instruction nous
obligent à eu réserver la publication.
Sans la douloureuse.prescience de Mme
Léon Daudet, ou si, même, le docteur Ber
nard s'était présenté à l'hôpital Lariboisiè-
re, pour la reconnaissance, douze heures
plus tard, le crime de la police était à ja
mais insaisissable : le corps aurait été li-
vré à l'amphithéâtre pour la dissection. On
comprend maintenant pourquoi Le flaout
ter, après avoir reconnu le corps à Lari-
Iioisièrc, a déclaré ,à l'administration de
l'hôpital que le mort n'était pas celui dont
il se préoccupait !
Toutes les dépositions de Le Flaoutter,
a ajouté Daudet, montrent qu'il n'était pas
sans craindre que la vérité parvint à être
connue. Toutes ses déclarations montrent
qu'il s'attache à prendre, par avance, tou
tes les assurances possibles pour ne pas
être inquiété personnellement, et aussi,
pour couvrir 1a police. C'est ainsi qu'il n
pris soin (le dire à M. D-arnaud que « les
inspecteurs lui avaient promis de ne pas
opérer dans la boutique ». Il a soutenu
aussi, au mépris tant de la vérité que de la
vraisemblance, que «. les inspecteurs ne
se trouvaient pas devant lè magasin au mo
ment de l'arrivée et du départ (1e Philip
pe ». Pour donner crédit à cette affirma
tion, il a imaginé de faire intervenir sa
femme, laquelle aurait dit à haute voix au
moment de la sortie prétendue de Philip
pe : « ils laissent liler le bon et ils en arrê
tent un autre ». A-point nommé, un sieur
Duval, témoin de la même farine que tp
Zail'ran du boulevard Magenta, se trouvait
là pour accueillir ce propos... et le rappor
ter au juge.
Les dépositions de Lannes, Delange et
Blondel sont remplies des mêmes .extra
vagances. Les unes comme les autres, com
me. celle de Le llaoutter, suent la peur.
>mmc peuvent le voir aujourd'hui les
« témoins » de la Surete générale, de Ba-
jot a Lannes, en passant par le libraue
anarcbo-policier, leurs mensonges n'au
ront -pu masquer la vente que peu de
temps.
. En: terminant sa déposition, Daudet a
déclaré au pige qu'il ne considérait pas
que les anarchistes du Libertaire fussent,
en rien disculpés par la , révélation (les
circonstances de l'assassinat. C'est par
eux, a-t-il dit, que Philippe a été dévalisé
des 1-.500.francs - qu'il avait sur lui à son
retour du.Havre. En outre, il reste à pré
ciser les conditions dans lesquelles l'en
fant a été dirigé par eux vers l'autre de
Le Flaoutter. L'assassinat, en. lui-même,
n'est qu'un des compartiments, une des
tranches, si l'on peut dire, de l'horrible
drame.
Vers G heures, M. BarnaUd a reçu un
des témoins indiqués par Léon Daudet.
Le nom de ce témoin n'a pas été? connu et
aucune indication n'a été fournie sur sa
déposition.
QUESTION A M. MARLIER
On connaît les dépositions de MM. les
contrôleurs généraux Lannes .et Delange
et de M. le commissaire divisionnaire
Blondel. On connaît également les deux
rapports que MM. Lannes et Delange écri
virent sur l'ordre du directeur de la Sû
reté générale èt qu'ils datèrent du mardi
27 novembre. Ces pièces sont .au dossier
de l'instruction de M. Barnaud. Mais la-
Sûreté générale n'en posséde-t-elle pas
d'autres ?
Est-il vrai que le vrai dossier, le dos
sier complet de la Sûreté générale tou
chant la mort de Philippe Daudet, se trou
ve aux mains de M. Marlier, directeur de
la S.G. qui l'a retiré de ses services et ne
veut s'en dessaisir à àucûri prix?
.ECHOS
ï
LES FAÏTS DU JOUR
— De violentes secousses sismiqaes ont
êtr- ressenties ait Japon, en Colombie et aux
Indes.
Relatant les incidents tragiques de la réunion
dfi Ja Grangc-nux-Bellcs, l 'Humanité écrivait l'au-
'tre jour : « Une fusillade crépite... •
grimpe sur . la . tribune, Caciiin à
essavent de dominer le, ..tumulte et
« Treïnt,
« ses côtés,
« crient :
« — Les communistes , restez.
■ « On ne les écoute pas. La sallo se vide. »
On est fixé : l'autorité des « chefs » commu
nistes vaut la discipline do leurs troupes !
♦ +
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Pour Candide et Gulliver
Le Comité des experts" s'entoure de si»
lence et de discrétion. Respectons sa volon
té ! Pourvu qu'il arrive à des conclusions
de hoir sens et à un résultat satisfaisant,
peu importe le chemin qu'il aura pris.
Mais conclura-t-il ? Arrivera-t-il à un fé-
sultat ? Nous voyons qu'il convoque M.
Schacht, gouverneur de Ja Reichsbank. Si
l'on interrogeait le gouverneur de la Ban
que de France sur notre situation finan
cière. il répondrait évidemment, comme
Fenseiffne la bonne; doctrine, que. pour sta«
biliser le irane, il faut proportionner les
dépenses aux reeelies, c est-a-dire équilibrer
le budget, ce qui ne dépend pas plus, ici,
de M. Robmeau qu en Allemagne de M.
Schacht. C est une question politique et une
affaire .de gouvernement. Le gouvernement
allemand est-il a la hauteur de cette tâche?
En est-il capable? Voilât l'enquête à mener
par les experts. Et, bien entendu, ce point
d'interrogation est également valable pour
le gouvernement français. Mais il n'y a pas
encore d : experts internationaux qui enquê
tent: sur nog finances.
Jurerait-on que cela ne viendra pas ?
Nous restons, après tout; débiteurs de l'An-
gleleire et des Etats-Unis pour des sommes
qui ne sont guère inférieures à celles que
nous réclamons nous-mêmes à l'Allemagne.
Nos créanciers ne parlent nullement de
nous remettre, notre dette ou plutôt, lorsque
quelqu'un en parle, ils rejettent violemment
celte idée. L'autre jour, le Daily Express
se faisait l'écho du bruit d'après, lequel M.
Ramsav. Macdonaïd, s'il arrivait au pou
voir. ne reconnaîtrait pas seulement la Rus
sie sovieuque. maïs lui accorderait remise
des avances de l'Angleterre - au gouverne
ment tsanste. Aussitôt; remarquait le jour
nal anglais, les autres débiteurs de, la
Grande-Bretagne réclameraient la même
faveur, et comment la leur refuser ? Or, la
Russie doit à l'Angleterre 600. millions de
livres sterling- La France n'en doit que. 584
millions, et' l'Italie 503. C'est donc Ja Rus
sie qui a la plus grosse dette. Et le plus
emporte le moins.
Cependant, ajoutait le Daily Express,
l'Angleterre doit aux Etats-Unis 920 mil
lions de livres sterling qu'elle s'est enga
gée et qu'elle a commencé à rembourser en
62 annuités de 35 millions de livres. L'An
gleterre paiera-t-elle sans être payée ? Re
marquons, d'ailleurs, que le sterling subit,
par rapport au dollar, une dépréciation qui
ne laisse pas d'être sensible puisqu'elle est
en ce moment-ci d'environ dix à douze
pour cent C'est doncMine quarantaine de
millions de livres que l'Angleterre doit
trouver chaque année pour payer les Etats-
Unis. 7
On dit que ; la nécessité de trouver les
traites'sur Nev.'-^ork pour ces rembourse
ments est une des causes de la crise des
changes. Nous subirions donc, nous et
d'autres, le contre-coup de l'imprudence que
l'Angleterre a commise en consolidant sa
dette aux Etats-Unis. Mais qui ne voit que
les Etats-Unis, en maintenant leurs créances
sur l'Europe,, sont les principaux respon
sables du trouble qu'ils déplorent et sur
lequel le général Dau es enquête, conscien
cieusement ? Cela encore est une histoire
digne de : Candide et de Gulliver. — J. B.
■ ii — > ■ |
Les adieux de îa Syrie
à Maurice Barrés
Un discours du K. P. Chanteur '
Les dernières pensées de Maurice Barres
allaient du Bbiu à k Syrie, aux marches
proches et lointaines de la France. —
Pieusement, les Rhénans ont suivi le char
funèbre de leur grand, ami et des ileurç
de Wiesbade se son', fixées sur sa tombe.
Les Français de Syrie ont tenu eux aussi
à rendre un dernier hommage à celui dont
le dernier livre fut « uipe Enquête aux pays
du Levant ». En présence du Haut Com
missaire, de S. E. Mgr Gianiiiui, délégué
apostolique, de NN. les évêquer.
Moubarak, Cattane e! Arpiarian un service
funèbre a été célébré le 19 décembre dans
la cathédrale, latine (le Beyrouth, et le
R. P. Chanteur, recteur de l'Université
Saint-Joseph, prononça un panégyrique
ému dont voici quelques passages :
Est-ce l'artiste, l'écrivain, l'homme politique que
nous voulons d'abord "honorer '! —Ce lieu n'est
ni un cénacle, ni une salle de réunion publique,
c'est une églises — Cet auditoire ne se compose pa$
de gens de lettres et n'apporte ici aucune préoc
cupation politique. Regardez : vous y verrez re
présentés toutes les ■ conditions et tous les âges
— le, clergé, l'administration, l'armée, la. marine,
les hommes de sciences et les hommes d'affaires,
les riches, les pauvres, la jeunesse, surtout, los
étudiants, les écoliers, les écoliêres de tout pen
sionnat et de tout rite. Ce spectacle a son sens. II
dit très-haut que c'est au cœur de l'homme que
vout surtout nos hommages, à l'ami fervent des
missions, à l'ami fidèle de ce pays, au noble soldat
des grandeurs françaises...
...Voulez-vous me permettre uu, to'ûvenir person»
nel ? Nous nous trouvions un jour dans son admi-
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