Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-12-25
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 25 décembre 1923 25 décembre 1923
Description : 1923/12/25 (Numéro 358). 1923/12/25 (Numéro 358).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Seizième Année.: < S° 35§
c
EDITION DU MATIN c
flardi 25 décembre1923
15centimes. Ssma kt S ukb-it- O isi
20 centimes. D épartemsrtï bt C olotusa
ABONNEMENTS: Ho Ai fixXeh. lhbK*.
France et Colonies. ' 48 fr. i5 fr. i3 fr.'
Etranger . . . .<
8a » »
« » J-.-
Chèque postal : Compte >3 .900 Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL.
« Tout ce qui est national est notre. )> .
Le Duo d'ORLÉAiNS
héritier des quarante Rois qui en mille ans flreat la Frtugoo*
RÉDACTION * ADMÏHISTRATIOH ï
14, rae de Borne, PARIS (8*)
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; Aprcs xo heures da soir ; Ségur 11 -68
' IUgi«trede Commerce ; Seine N* 78.681
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —- Rêdactéùr en chef : MAURICE PUJO
LA PART DU HEROS
— Il a des droits sur
nous, disait Clemen
ceau.
— Le revolver d'une
grue a des droits sur
lui, dit le jury.
ILE
Le Verdict
Le verdict d'hier soir contient une sano
tion,. un encouragement.
La sanction légale est donnée à l'assas
sinat de Plateau. La grue a tué le héros,
Elle l'a abattu. Elle ne s'est pas rendue
coupable d'un asssassinat. Elle a bien fait
et très bien fait. Les gros mots du réquisi
toire n'y changent rien. Le jury a dit la
loi. Germaine est innocente : mot à mot,
.elle n'a nui à personne, elle n'a fait au
cun -mal.
Par là, même, un encouragement est
donné aux imitateurs et aux imitatrices.
Selon la formule du cerveau timbré que
l'avocat général a écouté si pieusement, ces
messieurs et ces dames n'ont qu'à revenir-
chez nous, tous les jours, à tous les étages,
et à tirer 'dans le tas. C'est permis, c'est
même recommandé. La prochaine fois, on
n'acquittera pas. On décorera. Çela est pro
mis implicitement.
Voilà le fait, voilà le droit.
Maintenant, voici les conséquences de
l'un et dè l'autre. * , ■ ■
La Révolution a fait un coup de maître.
D'éléments de cette. boufgeoisie contre la
quelle elle opère soir et matin, dont elle
convoite la situation, l'influence et les
biens, la Révolution vient d'obtenir une
sorte d'aveu moral et de reconnaissance
légale infiniment supérieur à ce que la
C. G. T. obtint de Waldeck et àe Loubet
1899, lors de l'affaire Dreyfus. En
en
sacrifiant un héros de la guerre à une cri
minelle dè droit commun,, cette partie de la
bourgeoisie ne s'est pas contentée de déli
vrer des permis-de~frapper," fellè s'est" frap
pée elle-même. Elle a frappé, elle a dési
gné aux coups anarchistes les hommes que
l'anarchisme déteste et redoute, les hommes
qui, bon gré mal gré, la couvraient, avec
tous les autres éléments de l'ordre et de la
patrie. Cette bourgeoisie, que le jury d'hier
représente, s'est découverte elle-même dans
la mesure où elle a pensé nous livrer.
Il serait enfantin de dire : voilà ce que
nous faisons ptjur la patrie et la société,
et voilà ce que la patrie et la société font
pour nous. Douze jurés parisiens ne sont
pas la. société. Cinq ou six magistrats ne
sont pas la patrie. Le jury était, autrefois,
'dains une très large mesure, l'expression,
le signe et la voix de la conscience pu
blique : conscience plus ou moins éclairée,
mais indépendante. La réputation attachée
à cette indépendance a été causp que ce tri
bunal populaire a'été fortement reconstitué
et réorganisé par lès administrateurs des
bas intérêts du parti radical. Qui dit
jury dit, en grande partie, loge ma
çonnique et \ police. Du verdict Judet au
verdict Caillaux, en "passant par le verdict
des communistes, l'identité des réactions
montre l'identité du recrutemënt. Nous avons
affaire à cette fraction déterminée de la clas
se moyenne dont les intérêts concordent avec
ceux de l ? ordre et delà patrie, mais que
les perturbateurs ont persuadée que leur
progrès ne la menacerait pas et, peut-être,
l'avancerait. Illusion absurde, et dont elle
sera la première à souffrir.
Tant pis pour elle! Eli a gobé. La Révo
lution a fait un bon pas en s'assurant, hier,
de ces huit suffrages. L'entente des radi
caux avec les socialistes, les communistes,
les anarchistes, en est facilitée. Nous le
voyions déjà, très clairement, tous ces jours-
ci, dans la presse. Au bloc des chèques Za-
lewsky, le bloc des chèques Raffalovitch
faisait nn écho attendri. Les grands jours
peuvent revenir où douze capitalistes s'as
sembleront pour faire les fonds d'une nou
velle Humanité ! Plus que. probablement
même, .cela est fait : voyez l'édition quoti
dienne du Libertaire. Ce .ne sont pas les
compagnons qui paient tout ce papier 2
Pensons tout ce que nous voudrons de l'al
liance, mais elle est faite.
Nous l'avons toujours annoncée. Quand,
sous le coup d'un gros scandale ou d'un
grand événement, le régime chancelle dans
l'esprit des honnêtes gens, il va se rafraî-
v çhir à sa source : il va se retremper dans
la Révolution sa mère. L'anarchie ap
porte son concours, qui n'est pas gratuit.
* Jaurès a été, pendant cinq ou six ans, le
[,véritable chef des groupes républicains,
- 'le protecteur constant de tous leurs minis
tères. Et la France l'a payé par un million
et demi de cadavres. Un protectorat du
même ordre va s'ouvrir. Quel qu'en soit le
titulaire, il n'est pas difficile de voir ce
qu'il comportera de désordres. au dedans,
d'asservissement au dehors. Le bolchevisme ■
pur et simple. Mais aveq cette différence
grave à notre dommage que l'espèce d'indé
pendance, assuré à la Russie par l'éloigne-
ment et par l'étendue, nous manquera com
plètement.
Devant les résultats de l'alliance conclue
et signée «hier, les honnêtes gens peuvent
penser pl usieurs choses . . D'abord, qu'ils
ne sont plus en surèté. Ensuite, que la sé
curité même du pays se trouve aussi en
danger. Ils ne se trompent pas. La situa
tion est même plus grave qu'ils ne se l'ima
ginent, du fait de la crise , générale qui,
df'un moment à l'autre, peut tout empoi
sonner. .Constatons-le sans panique, mais
ne refusons pas de le voir. La répercussion
de la crise financière sur le corps dévoué
des hommes de police était un symptôme.
Mais la crise morale des hauts personnages
de cette police est autrement sérieuse. Quelle
collusion avec l'anarchie! Quelle tendresse
pour les anarchistes ! .Quelles lourdes et
sanglantes connivences aussi, avouées dans
les incidents multiples autour de la vie et
de la mort de Gohary ! Quelles lenteurs
voulues» calculées,- criminelles dans l'enquê
te relative à Philippe Daudet ! Il est trop
clair qu'il y a là une poignée d'hommes à
tout faire. Ils ont des grades élevés dans
l'administration centrale. Ils en convoitent
de plus élevés encore, peut-être une .place
au gouvernement. Quelques-uns semblent
avoir le choix entre le triomphe à brève
échéance ou le bagne de Leymarie. Entre
le bagne et eux, il y , a toute l'épaisseur
des camaraderies de la République. Entre
le trioiftphe et eux, il y a la force maté
rielle et morale représentée par nous. Nous
sommes l'obstacle. Ils ont à le faire sauter
s'ils veulent substituer à des vestiges d'ordre
un état de révolution, déchaînée. Nos posi
tions sont exposées : comme il n'en est pas
de plus honorables, cela nous inquiète fort
peu. Mâis i| est important que tous les pa
triotes, et tous les hommes de cofcur soient
avertis de se fortifier, de fortifier la patrie
contre une menàce qui s'étend a tout et à
tous.
L'acquittement de l'assassin^ a l'avantage
d'éclairer l'atmosphère. Oui ou non, M.
Colrat avait-il raison de nous dire qu'il ne
pouvait rendre la justice? Oui ou non,
•avions-nous raison de redouter la carence de
la justice et de la police ? Oui ou non, cette
carence établit-elle le droit d'improviser des
magistratures de salut ? Ce n'est pas d'au
jourd'hui que nous avons dû, non pas
nous substituer aux pouvoirs publics, mais
les suppléer. Qu'on le veuille ou non, nous
avons dû exercer cette suppléance depuis
que nous existons. Quand ? Mais quand
le gouvernement empêchait par la force le
culte public de Jeanne d'Arc à Paris! Quand
les révolutionnaires prétendaient empêcher
le vote de la, loi. de trois ans ! Ce que les
pouvoirs réguliers auraient dû faire nous
l'avons fait.
Aucune force au monde ne peut empê
cher un peuple de vouloir sa, part de jus
tice. La lui'refuse-t-on, il la prend, il la
fait, l'ordre public, la vie publique ne sub
sistant point sans cela.
— Mais lés révolutionnaires disent li
même chose.
— Ils ne disent pas la même chose ni ne
la font, parce que leur violence est mise
au service, non de l'ordre .mais du désordre,
non de la propriété mais du vol, non de
l'autorité mais de l'anarchie, non de la pa
trie mais de l'ennemi. ,
Le procès tout entier a montré qu'entre
des policiers politiques, des politiciens de
carrière et des criminels de droit commun,
il n'y avait que des différences indiscerna
bles, tout ce monde touche ét communique
de toutes parts. Le jury était trié pour ne
pas le voir. Les magistrats du siège n'ont
pas voulu ou n'ont pas osé le voir. La situa
tion que nous avons connue devant les ban
des d'Almereyda, celle qui s'était présentée
autrefois devant les bandes de Maillard, sé
renouvelle cependant avec une évidence
qui devrait éclairer les moins sages et dé
cider les plus nonchalants. Nous ne leur
demandons rien.Nous avons dépassé les pha
ses où l'on. demande. Les niaises adjura
tions ppur les consuls qui ne veillent pas
ne sont plus de mise aujourd'hui. J'ai ex
posé l'état des choses, chacun en tirera ce
qu'il voudra. Mais notre conclusion est que
LA VIE SOCIALE EST DISSOUTE PAR CEUX QUI
AVAIENT CHARGE DE LA MAINTENIR. -
L'ACTION FRANÇAISE.
Un pronostic
. Au lendemain du refus de juger rendu
par le Sénat dans le procès de; commu
nistes, notre bulletin politique disait, au
cours d'une discussion avec M. Coty :
« Vii: Parquet découragé, une magistra
ture gangrenée, une police qui trahit, voi
là la situation. .
« Il était normal qu'un misérable traître
comfne Paul Meunier fût juqé et condamné.
Il n'a été ni condamné ni jugé. Il est sorti
de prison avec sa complice. Intervention
des influences politiques.
« Il était normal que la Bernain.la com
plice de l'homme qui pendant la guerre
est allé proposer à M. Gauthier de Clagng
un coup d'Etat bonapartiste en faveur ds
la paix allemande, fût jugée et condamnée
elle aussi, Non seulement elle est sortih
de prison après que le président Boni•
MIE
pard eut transféré à l'acusation Judet ce
qui était à l'accusation Paul-Meunier, mais
elle gagne des procès civifs et en-intente
d'autres à ses accusateurs . Intervention
des influences politiques.
« Il était normal que les communistes
fussent jugés soit en correctionnelle,, soit
en assises, soit en Ilaute-Gour. Ils ne le
sont nulle part. Ils ne le seront probable
ment jamais. Intervention des influences
politiques.
« Tout ce qui éclairerait l'opinion, tout
ce qui justifierait le patriotisme, accable
rait le défaitisme et la trahison reçoit ain
si des démentis judiciaires, des camouflets
publics, des hasardes officielles. Par l'in
tervention régulière des même influences
politiques intéressées à l'avenir électoral,
l'opinion est lentement rongés, corrompue,
« On fait et le gouvernement laisse faire,
et le gouvernement permet par sa propre
police de travailler à faire l'opinion qui
tiendra Germaine Berton pour une inno
cente victime et Marias Plateau pour un
criminel. L'acquittement de cette fille peut
être tenu pour un fait accompli. »
Ces réflexions et leur conclusion ont
paru dans l'Action française du 28 mai
1923. —'C h . M.
Association
de malfaiteurs
La lettre de la malheureuse sœur C...
au docteur Guérin, vque Pujo a publiée
hier, projette 'une grande et-terrible lu
mière sur l'assassinat de notre petit Phi
lippe et aussi sur les mœurs de cannibales
des ' gens du Libertaire. Nous retrouvons
.dans cette lettre, outre le ménage Colomer,
—■ dont le rôle, manifestement impor
tant, demande maintenant une enquête
sévères , —- 1# sieur Georges Vidal., auteur
de l'horrible lettre à ma femme;* en. date
du 1" décembre; le couple. Gruffy-Weill,
du 8 de la rue de Chartres, où fut retrouvé
le sac de Philippe; et enfin le libraire
policier du boulevard Beaumarchais, Le
Flaoutter. A neuf jours de distance — du
15 au 24 novembre — la fugue de la sœur
de charité de Saint-Lazare apparaît comme
la répétition générale,' par la bande du
Libertaire, de la transformation en assas
sinat de la fugue de notre enfant. Dans
les deux cas, il y a eu exploitation d'un
égarement, pathologique et passager,
connu de la bande, par une ^machina
tion criminelle, par une^ association de
malfaiteurs. Ceci me paraît éclairer, sinon
simplifier, la tâche, ardue et complexe,
de l'instruction.
Colomer est le directeur de nom du
Libertaire. M™" Colomer est cette même
personne qui avait pris le train _ pour
Marseille, a la suite de la perquisition
chez Vidal, et dans le corsage de qui les
inspecteurs dè police découvrirent, lors
de son retour, certains papiers émanant
de mon fils, notamment la note de sa
main; «Pauvre papa! Pauvre maman!»
Ce voyage de M" e Colomer donne grande
ment à penser. J'estime que le moment
est venu, pour Colomer et M me Colo
mer, de faire connaitre l'emploi de leur
temps, au juge, entre le 15 novembre —
jour ou M m * colomer devait attendre
la sœur C... a la sortiït de saint-lazare
— et le 24 novembre, jour-de j^assassjr
nat de PhijÎippe . Je suis convaincu que
la connaissance de cet emploi du temps
de deux des premiers rôles de la double
machination aidera grandement à la dé
couverte de la vérité.
Quant à Georges Vidal, il semble avoir
apporté tous ses soins à spécifier qu'il vit
mon enfant, pour la dernière fois, le ven
dredi après-midi 23 novembre. J'ai quel
ques raisons de croire qu'il ment. Un
voile propice apparaît comme jeté, par la
bande du Libertaire et du Grenier_ de
Gringoire, sur cette nuit du vendredi au
samedi, où il est indiqué vaguement que
Philippe alla « rôder autour des Halles ».
Je n'insiste pas aujourd'hui sur ce point
important, afin de ne pas devancer l'en
quête de M. Barnaud. Mais j'ai mon idée ;
et cette idée est que Gruffy ment, lui
aussi, quand il affirme que Philippe n'est
pas revenu 8, rue de Chartres, après la
nuit du jeudi au vendredi. D'ailleurs, tout
le récit de Gruffy — qui avait commencé
par dissimuler a la justice le séjour,
chez lui, de Philippe, dans la nuit du
jeudi au vendredi — n'est qu'un tissu de
fables, comme celui de Vidal. Etj'en dirai
autant des récits de Davray, le très sus
pect directeur du Grenier de Gringoire.
Pour Le Flaoutter, correspondant de la
Berton et indicateur de police, il me re
vient que la Sûreté générale a la certi
tude qu'il a inventé la seconde visite de
l'enfant dans l'après-midi du samedi. Cela
paraît très probable. Mais on peut alors
se demander pourquoi il a. imaginé cette
seconde visite. On peut aussi se demanderj
et lui demander, si ce n'est pas lui, Le
Flaoutter, qui, dans la visite de la matinée
du samedi, réelle celle-là, aurait remis à
l'enfant — outre les quatre-vingt-quatre
francs cinquante,' retrouvés intacts dans
le portefeuille du petit, préalablement
dévalisé — le browning et les deux char
geurs. Il aurait ainsi armé le petit,.dans
le temps même où. il le dénonçait, et il
lui aurait remis le nerf de la guerre,
après que ses compères l'avaient dévalisé,
ce qui . serait bien le fait d'un, agent
double, décidé à servir l'anarchie et à
obéir à Germaine Berton et au Libertaire;
mais non moins décidé à acquérir le bon
alibi d'une dénonciation en règle à M.
Lànnes et à la Sûreté générale.
Comme on le voit, le cercle se resserré
singulièrement. M. Faralicg enquête de son
côté. Nous cherchons du notre. M. Barnaud
dirige l'instruction. Il paraît impossible,
dans, ces conditions, que nous n'arrivions
pas, d'ici peu, à un résultat.
, Léon DAUDET
Député de. Paris.
LE HÉROS TRAHI
Ayant couvert de son corps sanglant le
corps de la patrie envahie, ayant été frap
pé une seconde fois dans la paix quand il
faisait face à l'ennemi de l'intérieur, hier
Marius Plateau s'est vu refuser la justice
dans cette France qu'il a contribué à sau
ver. Par un paradoxe cruel, les membres
du jury de la Seine, comme un, peloton
d'exécution, ont tiré dans le dos d'un
héros !
Pour la honte, non pas tant de ces mal
heureux qui n'ont pas vu le sang dont ils
couvrent leurs mains, mais du régime qui
a formé leurs consciences débiles et qui a
permis ce scandale, pour l'indignation et
les réparations de l'IIistoirç, nous devons
reproduire aujourd'hui le texte de l'im
mortelle citation :
CITATION
A l'ordre de l'armée :
' Vaillant «tous-officier, le 20 septembre
1914, à l'attaque de la position de Port-
Fontenoy, tous les officiers de la compagnie
étant tombés, a fait irruption sur un glacis
battu par des' feux de mitrailleuses d'une
extrême violence, pour faire diversion et at
tirer sur lui Inattention de l'ennemi. A enle
vé ses hommes par son commandement éner
gique et entraînant, les enthousiasmant par
son ardeur. A été grièvement blessé, après
avoir donné à tous le plus bel exemple
d'héroïsme et d'abnégation (28 janvier
1918).
AU « LIVRE D'OR » DU REGIMENT
Le sergent Marius Plateau, 22* compa
gnie du 355" régiment, le 20 septembre
1914, à Vaux-sous-Fontenoy, le 6° bataillon
du 355" (commandant Mermet) déjà très
éprouvé (il lui reste 4 officiers et 500 hom
mes), est appelé à venir à l'aide d'unités
voisines.
Il faut ' offrir une cible aux mitrailleuses
allemandes pour détourner leurs feu* et per
mettre'ainsi au bataillon de franchir une-
zone battue pour tourner la position enne
mie.
,A la tête de ses hommes qu'il enlève par
son commandement énergique et entraînant,
qu'il galvanise par l'exemple de son ardeur,
le sergent Plateau quitte le fossé d'une li
sière de bois, fait irruption sur un glacis,
sa chaîne de tirailleurs, en plein champ, fa
ce à l'ennemi, et attire l'acharnement du
feu . .
Frappé d'une balle à la tête, l'héroïque
sergent est laissé pour mort sur le terrain.
Trente de ses hommes sont tués ou blessés.
Grâce au sacrifice de ces braves, le bataillon
passé.
■ Défilé aux vues de l'ennemi, il se masse
pour l'assaut.
T flanc droit, sont chassés à la baïonnette,
de l'éperon nord de Port-Fontenoy, posi
tion tactique de haute importance.
L'ennemi laissait sur le terrain 50 morts.
Le bataillon ramenait 20 prisonniers vali
des, deux mitrailleuses et un .important
butin.
JttJI&Y
A LA COUR D'ASSISES
L'assassinat de Plateau
devant le jury
LA FILLE BERTON EST ACQUITTÉE
LE CRI DES COMBATTANTS
M; Binet-Valmer, président de la Ligue
des Chefs de section et Soldats combat
tants, communiquait hier soir à la presse
la note suivante :
Mme Caillaux a tué, elle a été acquittée ;
Villain a assassiné Jaurès, il a été acquitté;
la fille Berton a assassiné notre frère d'ar
mes Marius Plateau, elle a été acquittée.,
Il est donc permis de tuer. Nous en pre
nons bonne note, bien que nous réprou
vions ces mœurs abominables mais dont
nous ne voulons pas être les patientes vic
times.
Binet-Valmer,
Président de la Ligue des Chefs de
section et des Soldats combattants.
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
r- Le chargé d'affaires allemand a remis
hier, à M. Poincaré, une note de son gouver
nement.
— Le dirigeable Dixmude a été aperçu
hier, à quatre heures du soir, à l'ouest de
Tatahouine.
Vos étrennes : une Varinette ! En vente par
tout, chez les luthiers et dans les Grands Magasins.
* *
Au Lys Royal, 13, rue de la Pépinière,
gourmets et connaisseurs trouveront, luxueuse
ment présentés dans des boîtes et coffrets de haut
goûft, des chocolats exauis. v
« S es baptemes chocolat »
Font-Romeu ,
La Grande Semaine de Sports d'hiver aura lieu
à Font-Romeu du l' r au 6 janvier. Au programme
nous lisons : Matches internationaux de hockey,
Tournoi international de Curling, Concours de
patinage artistique, Courses de vitesse de ski, Fê
tes de nuit sur la patinoire.
Hauteur de la neige le 22 décembre : 60 cm.
* *
Chocolats exquis enfermée dans un bibelot d'art;
aucun cadeau ne peut être plus agréable, surtout
s'il porte la signature du chocolatier Pihan,
4, faubourg Saint-Honoré.
* «
Gai Carillon
Noël ! Noël ! gai carillon ^ "
Tu chantes la gaieté.
Pour notre joli réveillon,
Rose ou bleue, de voiles parée,
. v Mazda jettera sa clarté.
Une lettre dè Charles Mourras
A la demande de la partie civile, et pour
hâter l'heure du verdict, les débats ont
repris dès le matin. Il n'y a pas pour
cela moins de monde dans la salle. A
9 h. 15 la cour et les jurés font leur entrée.
On procède d'abord au remplacement,
par un des deux suppléants, de M. Lamark,
juré, qui, malade, n'est pas présent à l'au
dience.
Puis le président donne lecture de la
lettre qui lui a été adressée par Maurras,
lettre dans laquelle Maurras relève les al
légations de Gohier, et que nous avons pu
bliée hier. Le djpcument est joint au dos
sier. ' ,
Et la parole est donnée à M' Campinchi,
qui se présente au nom de la partie civile.
PLAIDOIRIE DE M e CAMPINCHI
L'avocat dresse sa silhouette mince. Sa
plaidoirie sera une dissection. Dissection
méticuleuse, qui n'abandonne rien. Tous
les faits, tous.les arguments de la défense
vont être examinés séparément. Au bout
de trois quarts d'heure, on va voir ce qu'il
en reste...
— L'heure de la justice va sonner, dit M* Cam
pinchi. On m'a répondu, on me répondra-par des.
apostrophes politiques. Une seule' question se
pose, messieurs les jures : Etes-vous des partisans
politiques ou des juges ? Si vous êtes des. parti
sans politiques, eh ! bien, mentez à votre devoir,
car votre devoir est de juger sans haine et sans
crainte ! Mais si vous êtes des juges, écoutez-moi !
Et Pérainent avocat déclare qu'il ne veut
connaître quant à lui que ce fait : Une
anarchiste, Germai.ie Berton, a assassiné
Plateau, un bon et loyal Français. Pas de
débats politiques ! Nous ne sommes pas à
la Chambre !
— Si j'étais juré, je serais un peu humi
lié, non pas de la façon dont les débats ont
été conduits, mais de la façon dont on a
toléré qu'ils fussent déviés de- leur objet.
Car nous avons assisté à une diversion au
dacieuse, telle. que jamais on n'en avait
encore vue ù s cette barre. Une affaire com
me celle-çi aurait dû durer une heure et
demie.
Les témoins de la défense
Et c'est l'examen du système de la dé
fense. M' Torrès a voulu amener à la barre
dirigeants et militants de l'Action françai
se. Ce sont eux qu'il a voulu faire juger. Et
pourquoi ? Il a voulu faire juger Maurras
par Sébastien Faure (qui d'ailleurs ne s'est
pas présenté), Daudet par Blum, l'Action
française^ par des' amis ou des tenants de
l'anarchie !
M" Campinchi évoque alors l'intermina
ble défilé « des purgés, des gifles, de ceux
qui ont reçu quelque ' coup de poing ou
quelque coup de canne... »
— Vous avez, M" Torrès, pressenti cinq ou sis
cents hommes politiques, et vous avez été chercher
jusqu'à M. Brousse, lequel, au reste, a refusé de
répondre à. votre appel-
La violence ? mais quels sont ceux qui font
l'apologie de Ravachol, d'Emile Henry, de Cottin ?
Quels sont ceux qui se réunissent dans leurs
afrière-boutiques, sous l'œil de la police sans
doute complaisante ? 1 •
A en croire les déclarations de M" Tor-r
rès et de ses témoins, Germaine Berton,
{'anarchiste Genaaine Berton, serait une
championne de la République modérée,
une Charlotte Corday ennemie de la vio-.
lence politique.
Les conséquences
de l'acquittement
M" Campinchi, qui se défend, une fois
de plus, d'être l'avocat de l'Action françai
se, déclare regretter plus que tout autre
la mort de Jaurès. Mais Villain a-t-il fait
le fanfaron à l'audience ?
Et puis Villain avait fait cinq années de
prison; C'est, sans doute, ce qui lui a
valu l'indulgence du jury...
Germaine Berton a dit, à plusieurs reprises :
— L'acquittement de Villain a justifié mon cri
me !
Prenez garde, Messieurs les jurés ! Germaine
Berton elle-même vous dicte votre devoir : Pre
nez garde qu'un jour un autre criminel ne vierine
vous dire : . - -
— L'acquittement de Germaine Berton a jus
tifié mon crime.
D'autres femmes criminelles ont tué
parce qu'elles avaient des griefs contre
leurs victimes. — Plateau, Germaine Ber
ton, vous avait-il fait le moindre mal ?
Non, Germaine Berton a frappé parce
qu'elle est contre la. Société, contre-la jus
tice bourgeoise, la nôtre ! Elle a frappé
parce qu'elle est l'apôtre de l'acte indivi
duel !
Elle a dit à Daudet : « Je regrette de
ne pas vous avoir tué. » Si on la remet en
liberté, que va-t-elle faire demain ?
L'assassin et la victime
Rien dans le- passé de la meurtrière ne
lui permettait de se présenter, d'ailleurs,
comme justicière.
Et -M" Campinchi rappelle les antécé
dents de l'assassin ; sa violence, sa pa
resse, son ingratitude, son hypocrisie, son
indélicatesse, sa cruauté...
—■ Une fois son crime comis, comment e'jst-
elle conduite ? Un mois et demi après l'assassi
nat, elle écrit à l'anarchiste Lecoin : a Je suis aux
griffes de la police bourgeoise, mais je ne regrette
rien. Acquittée .ou condamnée, je m'en moque. Ce-
qui m'importe, ce'st la propagande qui en résul
tera pour la cause !»
Durant les débats, pas une fols elle n'a
regardé les larmes de la mère. Quant à
son suioide, elle a déclaré qu'elle S 'était
tiré un coup de revolver dans l'espoir
d'échapper à la justice bourgeoise. Ce
n'était pas le remords de son crime.
En face du portrait de la meurtrière,
M" Campinchi dresse maintenant le por
trait de la victime.
Qui était Marius Plateau ? Et voici le
caractère du soldat magnifique, ses actes,
sa bravoure ,son héroïsme..., les témoi
gnages de ses chefs, de ses compagnons
d'armes, voici, pour finir, la lecture de
l'ordre du jour et le récit, inscrit au
Livre d'Or du régiment, du fait d'armes
de Port-Fontenoy. J
— Voilà l'homme que Germaine Ber
ton a immolé aux mânes d'Almereyda!
Cet homme, ce brave et loyal soldat,
Germaine Berton est venue le chercher
dans son bureau. Elle l'a regardé de ce
regard sournois, de ces yeux caressants.
Puis, brusquement, quand il a eu le dos
tourné, elle a tiré ! et Plateau est allé
mourir au fond d'un couloir comme une
bête traquée. ■'
* La voix des combattants ■
■Il est impossible que tous les assas
sins .viennent se réclamer de l'acquitte-
menticde Villain.
^ —Vos verdicts, messieurs les jurés, doivent
être exemplaires. Vous êtes la société et l'ordre.
Vous comparerez Germaine Berton, arrogante, et
Mme Plateau, la mère en pleurs...
D'une voix sourde qui vous prend aux
entrailles M* Campinchi fait appel aux
camarades de combat de Marius Plateau,
aux morts.
— De la ligne des tombes s'élève une voix.
Des combattants vous disent : « IL était des nô
tres. Il a été tué par un assassin lâche, hypocri
te, sournois.^ Rendez un verdict de réparation qui
prendra pitié de la mémoire de Marius Pla
teau !»
LE REQUISITOIRE
M. l'avocat général Sens-Olive a la pa
role.
L'avocat général s'incline d'abord de
vant la douleur de Mme Plateau et devant
celle de l'héroïque combattant que fut
son fils. Mais son rôle, dit-il, est d'exa-
minet les faits en homme de bon sens et
en juriste .
■ Lui aussi se plaint « qu'on ait trans
formé la barre aes témoins en tribune ».
Et accorder toute sa pitié à la meur
trière, n'est-ce pas la refuser à la mère V
Pourtant il ne faut pas perdre de vue
ce principe que nous devons jugçr Ger
maine Berton, c'est-à-dire la personne de
la meurtrière et non pas le fait du crime.
— Soit ! connaissons Germaine Ber-,
ton !
Et voici, une fois encore, sa jeunesse,
les coups qu'elle a portés à sa mere, phy
siquement, moralement. Elle quitte sa fa
mille.
Elle se lance dans la propagande 'anar
chiste, écrit l'ignoble article où il est
question de « la France, cette marâtre... ».
Sa moralité ? voici les lettres écrites à Mme
Bernain de Ravisi, dans lesquelles elle éta
le. complaisamment ses coucheries à trois,
son avortement. Sa probité ? voici ses vols,
ses escroqueries qui finissent par la faire
exclure même du parti anarchiste !
— A-t-elIe été, au reste, une abandonnée dans
la vie ? Des âmes charitables n'ont-elles pas tenté
de venir à son secours ? On sait comment elle
s'est jouée d'elles !
Et sur ce .point, l'avocat général conclut
à sa « parfaite hypocrisie ».
La préméditation
En ce qui concerne la préméditation,
l'avocat général n'est pas moins affirma-
tif.
Germaine Berton a dit qu'elle n'avait été
amenée à tuer Plateau qu'exaspérée par
son attitude méprisante lors de l'entrevue'
qui eut lieu dans son cabinet.
— Eh ! bien, non ! non ! non ! elle avait pré
médité son crime ! Elle a dit elle-même qu'elle
était revenue, armée, dafts l'après-midi, avec l'in
tention de tuer Plateau. « J'ai décidé alors de me
rabattre sur Plateau ». Cette phrase n'est-elle pas
de Germaine Berton ?
La vérité, c'est qu'elle a voulu se rache
ter aux yeux dë ses camarades anarchis
tes. Chassée pour, vbl de leur parti, elle a
voulu y rentrer. C'est donc un crime ba
nal, vulgaire. Ce n'est pas un crime politi
que. ,
— Mais c'èst un crimej ajoute M. Sens-
Olive, aussi cruel qu'intftile. Rien ne peut
le faire absoudre.
Les circonstances atténuantes
— Devez-vous messieurs les jurés, ac->-
corder le bénéfice des circonstances attér
nuantes ? ■ .
C'est là le seul point sur lequel il puisse
y avoir discussion.
Rien, absolument rien, dans les antécé-
1
c
EDITION DU MATIN c
flardi 25 décembre1923
15centimes. Ssma kt S ukb-it- O isi
20 centimes. D épartemsrtï bt C olotusa
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France et Colonies. ' 48 fr. i5 fr. i3 fr.'
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« Tout ce qui est national est notre. )> .
Le Duo d'ORLÉAiNS
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; Aprcs xo heures da soir ; Ségur 11 -68
' IUgi«trede Commerce ; Seine N* 78.681
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —- Rêdactéùr en chef : MAURICE PUJO
LA PART DU HEROS
— Il a des droits sur
nous, disait Clemen
ceau.
— Le revolver d'une
grue a des droits sur
lui, dit le jury.
ILE
Le Verdict
Le verdict d'hier soir contient une sano
tion,. un encouragement.
La sanction légale est donnée à l'assas
sinat de Plateau. La grue a tué le héros,
Elle l'a abattu. Elle ne s'est pas rendue
coupable d'un asssassinat. Elle a bien fait
et très bien fait. Les gros mots du réquisi
toire n'y changent rien. Le jury a dit la
loi. Germaine est innocente : mot à mot,
.elle n'a nui à personne, elle n'a fait au
cun -mal.
Par là, même, un encouragement est
donné aux imitateurs et aux imitatrices.
Selon la formule du cerveau timbré que
l'avocat général a écouté si pieusement, ces
messieurs et ces dames n'ont qu'à revenir-
chez nous, tous les jours, à tous les étages,
et à tirer 'dans le tas. C'est permis, c'est
même recommandé. La prochaine fois, on
n'acquittera pas. On décorera. Çela est pro
mis implicitement.
Voilà le fait, voilà le droit.
Maintenant, voici les conséquences de
l'un et dè l'autre. * , ■ ■
La Révolution a fait un coup de maître.
D'éléments de cette. boufgeoisie contre la
quelle elle opère soir et matin, dont elle
convoite la situation, l'influence et les
biens, la Révolution vient d'obtenir une
sorte d'aveu moral et de reconnaissance
légale infiniment supérieur à ce que la
C. G. T. obtint de Waldeck et àe Loubet
1899, lors de l'affaire Dreyfus. En
en
sacrifiant un héros de la guerre à une cri
minelle dè droit commun,, cette partie de la
bourgeoisie ne s'est pas contentée de déli
vrer des permis-de~frapper," fellè s'est" frap
pée elle-même. Elle a frappé, elle a dési
gné aux coups anarchistes les hommes que
l'anarchisme déteste et redoute, les hommes
qui, bon gré mal gré, la couvraient, avec
tous les autres éléments de l'ordre et de la
patrie. Cette bourgeoisie, que le jury d'hier
représente, s'est découverte elle-même dans
la mesure où elle a pensé nous livrer.
Il serait enfantin de dire : voilà ce que
nous faisons ptjur la patrie et la société,
et voilà ce que la patrie et la société font
pour nous. Douze jurés parisiens ne sont
pas la. société. Cinq ou six magistrats ne
sont pas la patrie. Le jury était, autrefois,
'dains une très large mesure, l'expression,
le signe et la voix de la conscience pu
blique : conscience plus ou moins éclairée,
mais indépendante. La réputation attachée
à cette indépendance a été causp que ce tri
bunal populaire a'été fortement reconstitué
et réorganisé par lès administrateurs des
bas intérêts du parti radical. Qui dit
jury dit, en grande partie, loge ma
çonnique et \ police. Du verdict Judet au
verdict Caillaux, en "passant par le verdict
des communistes, l'identité des réactions
montre l'identité du recrutemënt. Nous avons
affaire à cette fraction déterminée de la clas
se moyenne dont les intérêts concordent avec
ceux de l ? ordre et delà patrie, mais que
les perturbateurs ont persuadée que leur
progrès ne la menacerait pas et, peut-être,
l'avancerait. Illusion absurde, et dont elle
sera la première à souffrir.
Tant pis pour elle! Eli a gobé. La Révo
lution a fait un bon pas en s'assurant, hier,
de ces huit suffrages. L'entente des radi
caux avec les socialistes, les communistes,
les anarchistes, en est facilitée. Nous le
voyions déjà, très clairement, tous ces jours-
ci, dans la presse. Au bloc des chèques Za-
lewsky, le bloc des chèques Raffalovitch
faisait nn écho attendri. Les grands jours
peuvent revenir où douze capitalistes s'as
sembleront pour faire les fonds d'une nou
velle Humanité ! Plus que. probablement
même, .cela est fait : voyez l'édition quoti
dienne du Libertaire. Ce .ne sont pas les
compagnons qui paient tout ce papier 2
Pensons tout ce que nous voudrons de l'al
liance, mais elle est faite.
Nous l'avons toujours annoncée. Quand,
sous le coup d'un gros scandale ou d'un
grand événement, le régime chancelle dans
l'esprit des honnêtes gens, il va se rafraî-
v çhir à sa source : il va se retremper dans
la Révolution sa mère. L'anarchie ap
porte son concours, qui n'est pas gratuit.
* Jaurès a été, pendant cinq ou six ans, le
[,véritable chef des groupes républicains,
- 'le protecteur constant de tous leurs minis
tères. Et la France l'a payé par un million
et demi de cadavres. Un protectorat du
même ordre va s'ouvrir. Quel qu'en soit le
titulaire, il n'est pas difficile de voir ce
qu'il comportera de désordres. au dedans,
d'asservissement au dehors. Le bolchevisme ■
pur et simple. Mais aveq cette différence
grave à notre dommage que l'espèce d'indé
pendance, assuré à la Russie par l'éloigne-
ment et par l'étendue, nous manquera com
plètement.
Devant les résultats de l'alliance conclue
et signée «hier, les honnêtes gens peuvent
penser pl usieurs choses . . D'abord, qu'ils
ne sont plus en surèté. Ensuite, que la sé
curité même du pays se trouve aussi en
danger. Ils ne se trompent pas. La situa
tion est même plus grave qu'ils ne se l'ima
ginent, du fait de la crise , générale qui,
df'un moment à l'autre, peut tout empoi
sonner. .Constatons-le sans panique, mais
ne refusons pas de le voir. La répercussion
de la crise financière sur le corps dévoué
des hommes de police était un symptôme.
Mais la crise morale des hauts personnages
de cette police est autrement sérieuse. Quelle
collusion avec l'anarchie! Quelle tendresse
pour les anarchistes ! .Quelles lourdes et
sanglantes connivences aussi, avouées dans
les incidents multiples autour de la vie et
de la mort de Gohary ! Quelles lenteurs
voulues» calculées,- criminelles dans l'enquê
te relative à Philippe Daudet ! Il est trop
clair qu'il y a là une poignée d'hommes à
tout faire. Ils ont des grades élevés dans
l'administration centrale. Ils en convoitent
de plus élevés encore, peut-être une .place
au gouvernement. Quelques-uns semblent
avoir le choix entre le triomphe à brève
échéance ou le bagne de Leymarie. Entre
le bagne et eux, il y , a toute l'épaisseur
des camaraderies de la République. Entre
le trioiftphe et eux, il y a la force maté
rielle et morale représentée par nous. Nous
sommes l'obstacle. Ils ont à le faire sauter
s'ils veulent substituer à des vestiges d'ordre
un état de révolution, déchaînée. Nos posi
tions sont exposées : comme il n'en est pas
de plus honorables, cela nous inquiète fort
peu. Mâis i| est important que tous les pa
triotes, et tous les hommes de cofcur soient
avertis de se fortifier, de fortifier la patrie
contre une menàce qui s'étend a tout et à
tous.
L'acquittement de l'assassin^ a l'avantage
d'éclairer l'atmosphère. Oui ou non, M.
Colrat avait-il raison de nous dire qu'il ne
pouvait rendre la justice? Oui ou non,
•avions-nous raison de redouter la carence de
la justice et de la police ? Oui ou non, cette
carence établit-elle le droit d'improviser des
magistratures de salut ? Ce n'est pas d'au
jourd'hui que nous avons dû, non pas
nous substituer aux pouvoirs publics, mais
les suppléer. Qu'on le veuille ou non, nous
avons dû exercer cette suppléance depuis
que nous existons. Quand ? Mais quand
le gouvernement empêchait par la force le
culte public de Jeanne d'Arc à Paris! Quand
les révolutionnaires prétendaient empêcher
le vote de la, loi. de trois ans ! Ce que les
pouvoirs réguliers auraient dû faire nous
l'avons fait.
Aucune force au monde ne peut empê
cher un peuple de vouloir sa, part de jus
tice. La lui'refuse-t-on, il la prend, il la
fait, l'ordre public, la vie publique ne sub
sistant point sans cela.
— Mais lés révolutionnaires disent li
même chose.
— Ils ne disent pas la même chose ni ne
la font, parce que leur violence est mise
au service, non de l'ordre .mais du désordre,
non de la propriété mais du vol, non de
l'autorité mais de l'anarchie, non de la pa
trie mais de l'ennemi. ,
Le procès tout entier a montré qu'entre
des policiers politiques, des politiciens de
carrière et des criminels de droit commun,
il n'y avait que des différences indiscerna
bles, tout ce monde touche ét communique
de toutes parts. Le jury était trié pour ne
pas le voir. Les magistrats du siège n'ont
pas voulu ou n'ont pas osé le voir. La situa
tion que nous avons connue devant les ban
des d'Almereyda, celle qui s'était présentée
autrefois devant les bandes de Maillard, sé
renouvelle cependant avec une évidence
qui devrait éclairer les moins sages et dé
cider les plus nonchalants. Nous ne leur
demandons rien.Nous avons dépassé les pha
ses où l'on. demande. Les niaises adjura
tions ppur les consuls qui ne veillent pas
ne sont plus de mise aujourd'hui. J'ai ex
posé l'état des choses, chacun en tirera ce
qu'il voudra. Mais notre conclusion est que
LA VIE SOCIALE EST DISSOUTE PAR CEUX QUI
AVAIENT CHARGE DE LA MAINTENIR. -
L'ACTION FRANÇAISE.
Un pronostic
. Au lendemain du refus de juger rendu
par le Sénat dans le procès de; commu
nistes, notre bulletin politique disait, au
cours d'une discussion avec M. Coty :
« Vii: Parquet découragé, une magistra
ture gangrenée, une police qui trahit, voi
là la situation. .
« Il était normal qu'un misérable traître
comfne Paul Meunier fût juqé et condamné.
Il n'a été ni condamné ni jugé. Il est sorti
de prison avec sa complice. Intervention
des influences politiques.
« Il était normal que la Bernain.la com
plice de l'homme qui pendant la guerre
est allé proposer à M. Gauthier de Clagng
un coup d'Etat bonapartiste en faveur ds
la paix allemande, fût jugée et condamnée
elle aussi, Non seulement elle est sortih
de prison après que le président Boni•
MIE
pard eut transféré à l'acusation Judet ce
qui était à l'accusation Paul-Meunier, mais
elle gagne des procès civifs et en-intente
d'autres à ses accusateurs . Intervention
des influences politiques.
« Il était normal que les communistes
fussent jugés soit en correctionnelle,, soit
en assises, soit en Ilaute-Gour. Ils ne le
sont nulle part. Ils ne le seront probable
ment jamais. Intervention des influences
politiques.
« Tout ce qui éclairerait l'opinion, tout
ce qui justifierait le patriotisme, accable
rait le défaitisme et la trahison reçoit ain
si des démentis judiciaires, des camouflets
publics, des hasardes officielles. Par l'in
tervention régulière des même influences
politiques intéressées à l'avenir électoral,
l'opinion est lentement rongés, corrompue,
« On fait et le gouvernement laisse faire,
et le gouvernement permet par sa propre
police de travailler à faire l'opinion qui
tiendra Germaine Berton pour une inno
cente victime et Marias Plateau pour un
criminel. L'acquittement de cette fille peut
être tenu pour un fait accompli. »
Ces réflexions et leur conclusion ont
paru dans l'Action française du 28 mai
1923. —'C h . M.
Association
de malfaiteurs
La lettre de la malheureuse sœur C...
au docteur Guérin, vque Pujo a publiée
hier, projette 'une grande et-terrible lu
mière sur l'assassinat de notre petit Phi
lippe et aussi sur les mœurs de cannibales
des ' gens du Libertaire. Nous retrouvons
.dans cette lettre, outre le ménage Colomer,
—■ dont le rôle, manifestement impor
tant, demande maintenant une enquête
sévères , —- 1# sieur Georges Vidal., auteur
de l'horrible lettre à ma femme;* en. date
du 1" décembre; le couple. Gruffy-Weill,
du 8 de la rue de Chartres, où fut retrouvé
le sac de Philippe; et enfin le libraire
policier du boulevard Beaumarchais, Le
Flaoutter. A neuf jours de distance — du
15 au 24 novembre — la fugue de la sœur
de charité de Saint-Lazare apparaît comme
la répétition générale,' par la bande du
Libertaire, de la transformation en assas
sinat de la fugue de notre enfant. Dans
les deux cas, il y a eu exploitation d'un
égarement, pathologique et passager,
connu de la bande, par une ^machina
tion criminelle, par une^ association de
malfaiteurs. Ceci me paraît éclairer, sinon
simplifier, la tâche, ardue et complexe,
de l'instruction.
Colomer est le directeur de nom du
Libertaire. M™" Colomer est cette même
personne qui avait pris le train _ pour
Marseille, a la suite de la perquisition
chez Vidal, et dans le corsage de qui les
inspecteurs dè police découvrirent, lors
de son retour, certains papiers émanant
de mon fils, notamment la note de sa
main; «Pauvre papa! Pauvre maman!»
Ce voyage de M" e Colomer donne grande
ment à penser. J'estime que le moment
est venu, pour Colomer et M me Colo
mer, de faire connaitre l'emploi de leur
temps, au juge, entre le 15 novembre —
jour ou M m * colomer devait attendre
la sœur C... a la sortiït de saint-lazare
— et le 24 novembre, jour-de j^assassjr
nat de PhijÎippe . Je suis convaincu que
la connaissance de cet emploi du temps
de deux des premiers rôles de la double
machination aidera grandement à la dé
couverte de la vérité.
Quant à Georges Vidal, il semble avoir
apporté tous ses soins à spécifier qu'il vit
mon enfant, pour la dernière fois, le ven
dredi après-midi 23 novembre. J'ai quel
ques raisons de croire qu'il ment. Un
voile propice apparaît comme jeté, par la
bande du Libertaire et du Grenier_ de
Gringoire, sur cette nuit du vendredi au
samedi, où il est indiqué vaguement que
Philippe alla « rôder autour des Halles ».
Je n'insiste pas aujourd'hui sur ce point
important, afin de ne pas devancer l'en
quête de M. Barnaud. Mais j'ai mon idée ;
et cette idée est que Gruffy ment, lui
aussi, quand il affirme que Philippe n'est
pas revenu 8, rue de Chartres, après la
nuit du jeudi au vendredi. D'ailleurs, tout
le récit de Gruffy — qui avait commencé
par dissimuler a la justice le séjour,
chez lui, de Philippe, dans la nuit du
jeudi au vendredi — n'est qu'un tissu de
fables, comme celui de Vidal. Etj'en dirai
autant des récits de Davray, le très sus
pect directeur du Grenier de Gringoire.
Pour Le Flaoutter, correspondant de la
Berton et indicateur de police, il me re
vient que la Sûreté générale a la certi
tude qu'il a inventé la seconde visite de
l'enfant dans l'après-midi du samedi. Cela
paraît très probable. Mais on peut alors
se demander pourquoi il a. imaginé cette
seconde visite. On peut aussi se demanderj
et lui demander, si ce n'est pas lui, Le
Flaoutter, qui, dans la visite de la matinée
du samedi, réelle celle-là, aurait remis à
l'enfant — outre les quatre-vingt-quatre
francs cinquante,' retrouvés intacts dans
le portefeuille du petit, préalablement
dévalisé — le browning et les deux char
geurs. Il aurait ainsi armé le petit,.dans
le temps même où. il le dénonçait, et il
lui aurait remis le nerf de la guerre,
après que ses compères l'avaient dévalisé,
ce qui . serait bien le fait d'un, agent
double, décidé à servir l'anarchie et à
obéir à Germaine Berton et au Libertaire;
mais non moins décidé à acquérir le bon
alibi d'une dénonciation en règle à M.
Lànnes et à la Sûreté générale.
Comme on le voit, le cercle se resserré
singulièrement. M. Faralicg enquête de son
côté. Nous cherchons du notre. M. Barnaud
dirige l'instruction. Il paraît impossible,
dans, ces conditions, que nous n'arrivions
pas, d'ici peu, à un résultat.
, Léon DAUDET
Député de. Paris.
LE HÉROS TRAHI
Ayant couvert de son corps sanglant le
corps de la patrie envahie, ayant été frap
pé une seconde fois dans la paix quand il
faisait face à l'ennemi de l'intérieur, hier
Marius Plateau s'est vu refuser la justice
dans cette France qu'il a contribué à sau
ver. Par un paradoxe cruel, les membres
du jury de la Seine, comme un, peloton
d'exécution, ont tiré dans le dos d'un
héros !
Pour la honte, non pas tant de ces mal
heureux qui n'ont pas vu le sang dont ils
couvrent leurs mains, mais du régime qui
a formé leurs consciences débiles et qui a
permis ce scandale, pour l'indignation et
les réparations de l'IIistoirç, nous devons
reproduire aujourd'hui le texte de l'im
mortelle citation :
CITATION
A l'ordre de l'armée :
' Vaillant «tous-officier, le 20 septembre
1914, à l'attaque de la position de Port-
Fontenoy, tous les officiers de la compagnie
étant tombés, a fait irruption sur un glacis
battu par des' feux de mitrailleuses d'une
extrême violence, pour faire diversion et at
tirer sur lui Inattention de l'ennemi. A enle
vé ses hommes par son commandement éner
gique et entraînant, les enthousiasmant par
son ardeur. A été grièvement blessé, après
avoir donné à tous le plus bel exemple
d'héroïsme et d'abnégation (28 janvier
1918).
AU « LIVRE D'OR » DU REGIMENT
Le sergent Marius Plateau, 22* compa
gnie du 355" régiment, le 20 septembre
1914, à Vaux-sous-Fontenoy, le 6° bataillon
du 355" (commandant Mermet) déjà très
éprouvé (il lui reste 4 officiers et 500 hom
mes), est appelé à venir à l'aide d'unités
voisines.
Il faut ' offrir une cible aux mitrailleuses
allemandes pour détourner leurs feu* et per
mettre'ainsi au bataillon de franchir une-
zone battue pour tourner la position enne
mie.
,A la tête de ses hommes qu'il enlève par
son commandement énergique et entraînant,
qu'il galvanise par l'exemple de son ardeur,
le sergent Plateau quitte le fossé d'une li
sière de bois, fait irruption sur un glacis,
sa chaîne de tirailleurs, en plein champ, fa
ce à l'ennemi, et attire l'acharnement du
feu . .
Frappé d'une balle à la tête, l'héroïque
sergent est laissé pour mort sur le terrain.
Trente de ses hommes sont tués ou blessés.
Grâce au sacrifice de ces braves, le bataillon
passé.
■ Défilé aux vues de l'ennemi, il se masse
pour l'assaut.
T
de l'éperon nord de Port-Fontenoy, posi
tion tactique de haute importance.
L'ennemi laissait sur le terrain 50 morts.
Le bataillon ramenait 20 prisonniers vali
des, deux mitrailleuses et un .important
butin.
JttJI&Y
A LA COUR D'ASSISES
L'assassinat de Plateau
devant le jury
LA FILLE BERTON EST ACQUITTÉE
LE CRI DES COMBATTANTS
M; Binet-Valmer, président de la Ligue
des Chefs de section et Soldats combat
tants, communiquait hier soir à la presse
la note suivante :
Mme Caillaux a tué, elle a été acquittée ;
Villain a assassiné Jaurès, il a été acquitté;
la fille Berton a assassiné notre frère d'ar
mes Marius Plateau, elle a été acquittée.,
Il est donc permis de tuer. Nous en pre
nons bonne note, bien que nous réprou
vions ces mœurs abominables mais dont
nous ne voulons pas être les patientes vic
times.
Binet-Valmer,
Président de la Ligue des Chefs de
section et des Soldats combattants.
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
r- Le chargé d'affaires allemand a remis
hier, à M. Poincaré, une note de son gouver
nement.
— Le dirigeable Dixmude a été aperçu
hier, à quatre heures du soir, à l'ouest de
Tatahouine.
Vos étrennes : une Varinette ! En vente par
tout, chez les luthiers et dans les Grands Magasins.
* *
Au Lys Royal, 13, rue de la Pépinière,
gourmets et connaisseurs trouveront, luxueuse
ment présentés dans des boîtes et coffrets de haut
goûft, des chocolats exauis. v
« S es baptemes chocolat »
Font-Romeu ,
La Grande Semaine de Sports d'hiver aura lieu
à Font-Romeu du l' r au 6 janvier. Au programme
nous lisons : Matches internationaux de hockey,
Tournoi international de Curling, Concours de
patinage artistique, Courses de vitesse de ski, Fê
tes de nuit sur la patinoire.
Hauteur de la neige le 22 décembre : 60 cm.
* *
Chocolats exquis enfermée dans un bibelot d'art;
aucun cadeau ne peut être plus agréable, surtout
s'il porte la signature du chocolatier Pihan,
4, faubourg Saint-Honoré.
* «
Gai Carillon
Noël ! Noël ! gai carillon ^ "
Tu chantes la gaieté.
Pour notre joli réveillon,
Rose ou bleue, de voiles parée,
. v Mazda jettera sa clarté.
Une lettre dè Charles Mourras
A la demande de la partie civile, et pour
hâter l'heure du verdict, les débats ont
repris dès le matin. Il n'y a pas pour
cela moins de monde dans la salle. A
9 h. 15 la cour et les jurés font leur entrée.
On procède d'abord au remplacement,
par un des deux suppléants, de M. Lamark,
juré, qui, malade, n'est pas présent à l'au
dience.
Puis le président donne lecture de la
lettre qui lui a été adressée par Maurras,
lettre dans laquelle Maurras relève les al
légations de Gohier, et que nous avons pu
bliée hier. Le djpcument est joint au dos
sier. ' ,
Et la parole est donnée à M' Campinchi,
qui se présente au nom de la partie civile.
PLAIDOIRIE DE M e CAMPINCHI
L'avocat dresse sa silhouette mince. Sa
plaidoirie sera une dissection. Dissection
méticuleuse, qui n'abandonne rien. Tous
les faits, tous.les arguments de la défense
vont être examinés séparément. Au bout
de trois quarts d'heure, on va voir ce qu'il
en reste...
— L'heure de la justice va sonner, dit M* Cam
pinchi. On m'a répondu, on me répondra-par des.
apostrophes politiques. Une seule' question se
pose, messieurs les jures : Etes-vous des partisans
politiques ou des juges ? Si vous êtes des. parti
sans politiques, eh ! bien, mentez à votre devoir,
car votre devoir est de juger sans haine et sans
crainte ! Mais si vous êtes des juges, écoutez-moi !
Et Pérainent avocat déclare qu'il ne veut
connaître quant à lui que ce fait : Une
anarchiste, Germai.ie Berton, a assassiné
Plateau, un bon et loyal Français. Pas de
débats politiques ! Nous ne sommes pas à
la Chambre !
— Si j'étais juré, je serais un peu humi
lié, non pas de la façon dont les débats ont
été conduits, mais de la façon dont on a
toléré qu'ils fussent déviés de- leur objet.
Car nous avons assisté à une diversion au
dacieuse, telle. que jamais on n'en avait
encore vue ù s cette barre. Une affaire com
me celle-çi aurait dû durer une heure et
demie.
Les témoins de la défense
Et c'est l'examen du système de la dé
fense. M' Torrès a voulu amener à la barre
dirigeants et militants de l'Action françai
se. Ce sont eux qu'il a voulu faire juger. Et
pourquoi ? Il a voulu faire juger Maurras
par Sébastien Faure (qui d'ailleurs ne s'est
pas présenté), Daudet par Blum, l'Action
française^ par des' amis ou des tenants de
l'anarchie !
M" Campinchi évoque alors l'intermina
ble défilé « des purgés, des gifles, de ceux
qui ont reçu quelque ' coup de poing ou
quelque coup de canne... »
— Vous avez, M" Torrès, pressenti cinq ou sis
cents hommes politiques, et vous avez été chercher
jusqu'à M. Brousse, lequel, au reste, a refusé de
répondre à. votre appel-
La violence ? mais quels sont ceux qui font
l'apologie de Ravachol, d'Emile Henry, de Cottin ?
Quels sont ceux qui se réunissent dans leurs
afrière-boutiques, sous l'œil de la police sans
doute complaisante ? 1 •
A en croire les déclarations de M" Tor-r
rès et de ses témoins, Germaine Berton,
{'anarchiste Genaaine Berton, serait une
championne de la République modérée,
une Charlotte Corday ennemie de la vio-.
lence politique.
Les conséquences
de l'acquittement
M" Campinchi, qui se défend, une fois
de plus, d'être l'avocat de l'Action françai
se, déclare regretter plus que tout autre
la mort de Jaurès. Mais Villain a-t-il fait
le fanfaron à l'audience ?
Et puis Villain avait fait cinq années de
prison; C'est, sans doute, ce qui lui a
valu l'indulgence du jury...
Germaine Berton a dit, à plusieurs reprises :
— L'acquittement de Villain a justifié mon cri
me !
Prenez garde, Messieurs les jurés ! Germaine
Berton elle-même vous dicte votre devoir : Pre
nez garde qu'un jour un autre criminel ne vierine
vous dire : . - -
— L'acquittement de Germaine Berton a jus
tifié mon crime.
D'autres femmes criminelles ont tué
parce qu'elles avaient des griefs contre
leurs victimes. — Plateau, Germaine Ber
ton, vous avait-il fait le moindre mal ?
Non, Germaine Berton a frappé parce
qu'elle est contre la. Société, contre-la jus
tice bourgeoise, la nôtre ! Elle a frappé
parce qu'elle est l'apôtre de l'acte indivi
duel !
Elle a dit à Daudet : « Je regrette de
ne pas vous avoir tué. » Si on la remet en
liberté, que va-t-elle faire demain ?
L'assassin et la victime
Rien dans le- passé de la meurtrière ne
lui permettait de se présenter, d'ailleurs,
comme justicière.
Et -M" Campinchi rappelle les antécé
dents de l'assassin ; sa violence, sa pa
resse, son ingratitude, son hypocrisie, son
indélicatesse, sa cruauté...
—■ Une fois son crime comis, comment e'jst-
elle conduite ? Un mois et demi après l'assassi
nat, elle écrit à l'anarchiste Lecoin : a Je suis aux
griffes de la police bourgeoise, mais je ne regrette
rien. Acquittée .ou condamnée, je m'en moque. Ce-
qui m'importe, ce'st la propagande qui en résul
tera pour la cause !»
Durant les débats, pas une fols elle n'a
regardé les larmes de la mère. Quant à
son suioide, elle a déclaré qu'elle S 'était
tiré un coup de revolver dans l'espoir
d'échapper à la justice bourgeoise. Ce
n'était pas le remords de son crime.
En face du portrait de la meurtrière,
M" Campinchi dresse maintenant le por
trait de la victime.
Qui était Marius Plateau ? Et voici le
caractère du soldat magnifique, ses actes,
sa bravoure ,son héroïsme..., les témoi
gnages de ses chefs, de ses compagnons
d'armes, voici, pour finir, la lecture de
l'ordre du jour et le récit, inscrit au
Livre d'Or du régiment, du fait d'armes
de Port-Fontenoy. J
— Voilà l'homme que Germaine Ber
ton a immolé aux mânes d'Almereyda!
Cet homme, ce brave et loyal soldat,
Germaine Berton est venue le chercher
dans son bureau. Elle l'a regardé de ce
regard sournois, de ces yeux caressants.
Puis, brusquement, quand il a eu le dos
tourné, elle a tiré ! et Plateau est allé
mourir au fond d'un couloir comme une
bête traquée. ■'
* La voix des combattants ■
■Il est impossible que tous les assas
sins .viennent se réclamer de l'acquitte-
menticde Villain.
^ —Vos verdicts, messieurs les jurés, doivent
être exemplaires. Vous êtes la société et l'ordre.
Vous comparerez Germaine Berton, arrogante, et
Mme Plateau, la mère en pleurs...
D'une voix sourde qui vous prend aux
entrailles M* Campinchi fait appel aux
camarades de combat de Marius Plateau,
aux morts.
— De la ligne des tombes s'élève une voix.
Des combattants vous disent : « IL était des nô
tres. Il a été tué par un assassin lâche, hypocri
te, sournois.^ Rendez un verdict de réparation qui
prendra pitié de la mémoire de Marius Pla
teau !»
LE REQUISITOIRE
M. l'avocat général Sens-Olive a la pa
role.
L'avocat général s'incline d'abord de
vant la douleur de Mme Plateau et devant
celle de l'héroïque combattant que fut
son fils. Mais son rôle, dit-il, est d'exa-
minet les faits en homme de bon sens et
en juriste .
■ Lui aussi se plaint « qu'on ait trans
formé la barre aes témoins en tribune ».
Et accorder toute sa pitié à la meur
trière, n'est-ce pas la refuser à la mère V
Pourtant il ne faut pas perdre de vue
ce principe que nous devons jugçr Ger
maine Berton, c'est-à-dire la personne de
la meurtrière et non pas le fait du crime.
— Soit ! connaissons Germaine Ber-,
ton !
Et voici, une fois encore, sa jeunesse,
les coups qu'elle a portés à sa mere, phy
siquement, moralement. Elle quitte sa fa
mille.
Elle se lance dans la propagande 'anar
chiste, écrit l'ignoble article où il est
question de « la France, cette marâtre... ».
Sa moralité ? voici les lettres écrites à Mme
Bernain de Ravisi, dans lesquelles elle éta
le. complaisamment ses coucheries à trois,
son avortement. Sa probité ? voici ses vols,
ses escroqueries qui finissent par la faire
exclure même du parti anarchiste !
— A-t-elIe été, au reste, une abandonnée dans
la vie ? Des âmes charitables n'ont-elles pas tenté
de venir à son secours ? On sait comment elle
s'est jouée d'elles !
Et sur ce .point, l'avocat général conclut
à sa « parfaite hypocrisie ».
La préméditation
En ce qui concerne la préméditation,
l'avocat général n'est pas moins affirma-
tif.
Germaine Berton a dit qu'elle n'avait été
amenée à tuer Plateau qu'exaspérée par
son attitude méprisante lors de l'entrevue'
qui eut lieu dans son cabinet.
— Eh ! bien, non ! non ! non ! elle avait pré
médité son crime ! Elle a dit elle-même qu'elle
était revenue, armée, dafts l'après-midi, avec l'in
tention de tuer Plateau. « J'ai décidé alors de me
rabattre sur Plateau ». Cette phrase n'est-elle pas
de Germaine Berton ?
La vérité, c'est qu'elle a voulu se rache
ter aux yeux dë ses camarades anarchis
tes. Chassée pour, vbl de leur parti, elle a
voulu y rentrer. C'est donc un crime ba
nal, vulgaire. Ce n'est pas un crime politi
que. ,
— Mais c'èst un crimej ajoute M. Sens-
Olive, aussi cruel qu'intftile. Rien ne peut
le faire absoudre.
Les circonstances atténuantes
— Devez-vous messieurs les jurés, ac->-
corder le bénéfice des circonstances attér
nuantes ? ■ .
C'est là le seul point sur lequel il puisse
y avoir discussion.
Rien, absolument rien, dans les antécé-
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