Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-12-19
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 19 décembre 1923 19 décembre 1923
Description : 1923/12/19 (Numéro 352). 1923/12/19 (Numéro 352).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k761802c
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Seizième Année. •— N° 352
EDITION DU MATIN
Mercredi 19 Décembre 1923
*
15centime*. Ssins et S eis^et- O isb
20 centimes. D ép^bteuerts et C olohies
ABONNEMENTS : ta Ai. SixKtis. Trois ï(ii.
France et Colonies. 48 fr. a5 fr. i3 fr.
Etranger ...... 8a » 4a » aa »
.Chèque postal-: Compte a3.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier des quarante Rots qui en mille ans firent la France.
H4DACTIOÎ* k AD JCIHISTB ATIOH :
ii, rae de Roms, PARIS (8")
Adresse télégraphique : ACTIOFRAH-PARIS
Téléphone : Administration : Louvre 36-49. a6-5o
fiidaetion : Central -5-44 Publicité : Central 74-77
Après 70 heures du soir : Ségar 12-68
Registre de Commerce : Seine N a 78.58a
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —- Rèdacleur en chef : MAURICE PUJO
Est-ce une femme?
« ...Dans la bagarre, un agent est
tombé. Nous nous précipitons vers lui
avec une ceinture de cuir nouée deux
fois ; je vise les yeux... »
;s H Lettre de Germaine Berton
à Vanarchiste Raymond.
X- ifclO;
L'ASSASSIN D'UN
Une sèule et même affaire criminelle
L'assassinat de Marius Plateau, accom
pli par la Berton le 22 janvier 1923, et
l'assassinat de mon pauvre enfant, perpé
tré par les cannibales du Libertaire, le
24 novembre 1923, — et grimé ensuite en
suicide, — sont, en réalité, une seule et
même affaire. Avec cette différence que le
meurtre de Plateau a été exécuté de façon
ouverte, au lieu que celui de Philippe a
été dissimulé et masqué. Entre les deux se
place le prétendu suicide, 8, rue Lécuyer,
de l'anarchiste Gohary dit Harmant, sur
venu le 8 février 1923, quelques jours
après l'assassinat de Plateau. En dépit
du non-lieu de M. Devise, il s'agit bien
d'une association de malfaiteurs, ayant ses
hommes et ses femmes de main, ses diri
geants, chefs de bande et agenciers, opé
rant avec méthode, dans des conditions
préparées d'avance, et dont le chemin est
jalonné de cadavres. La bande Davray-
Golomer-Vidal-Gruffy et C" est, sur un
antre plan, l'équivalent de la bande Bon-
ïiot-Garnier-Callemin-Soudy et C' 8 , de san
glante mémoire.
Ce qui distingue la première bande de
la seconde, c'est, d'abord, un raffinement
de perversité (dont la lettré de Vidal à
ma femme et la machination autour de
mon enfant fournissent la preuve) ; c'est,
ensuite, un paravent journalistique et
pseudo-intellectuel, dont le compagnon
Sébastien Faure, condamné pour attentat
aux mœurs, constitue l'enseigne criminelle;
ce sont enfin les accointances bizarres dont
la visite du sieur Le Flaoutter, libraire
anarchiste et indicateur, à un haut fonc
tionnaire de la Sûreté générale vient de
fournir à nouveau l'indiscutable preuve.
Mais ces considérations, d'ailleurs inquié
tantes quant à la sauvegarde de la société,
ne doivent pas nous faire perdre de vue
que l'assassinat, ouvert, de Plateau et
celui, masqué, de notre petit philippe
sont, au fond et essentiellement, des
crimes de droit commun , perpétrés, le
premier sur un héros, le second sur un
enfant de moins de quinze ans.
Nous devons, pour l'un comme pour
l'autre, pour le héros comme pour l'en
fant, obtenir justice. Autrement la France
serait, de fait, en état révolutionnaire et
anarchique, sous un faux semblant de léga
lité, et tous lés bons citoyens, menacés,
n'auraient plus d'autre recours que leur
1 énergie. Autrement, ce serait la jungle.
Les pouvoirs publics, du plus grand au
pins petit, du président Millerand au plus
modeste des collaborateurs de M. Faralicq,
sont ainsi grandement intéressés à ne rien
négliger pour la découverte complète de
la trame criminelle, qui a enlevé Plateau
à son pays et à sa mère, et notre petit
garçon à ses parents.
Nos pires adversaires eux-mêmes con
viendront que deux victimes d'Action Fran
çaise, l'une ayant la citation du chevalier
d'Assas, — outre un frère tué à la guerre,
-— l'autre n'atteignant pas encore quinze,
ans, c'est beaucoup en une année. En ce
qui me concerne, j'ai d'autres enfants. Je
ne puis concevoir une minute — et tout
père de famille me comprendra — qu'ils
demeurent menacés d'une mort horrible'
parce que les assassins de leur frère Phi
lippe n'auront pas été découverts et punis.
Ce ne sont plus ici thèmes à discussions ni
à polémiques. Ce sont, pour des êtres inno
cents, questions de vie ou de mort. D'abord,
les n^iens — des femmes et des mères irré
prochables — ont été insultés, sur les murs
de Paris et des grandes villes, pendant de
longues semaines, par un ignoble maître-
ehanteur, provocateur au meurtre et poli
cier, le .sieur André Gaucher, auquel l'in
digne Trochu de YOuest-Eclair ouvrait à
cet effet, clandestinement, son imprimerie
toute grande. Voici maintenant que les
cannibales du Libertaire chambrent un de
mes enfants en état de fugue et le tuent.
Le service de la Patrie, si rude qu'il soit,
ne peut exiger de moi, de nous, des amis
de Plateau, de nos amis et partisans, que
nous laissions passer l'éponge sur des for
faits sans précédents. Cela, non !
Léon DAUDET
Député de Paris.
chezm T barnaud
Hier, après-midi, après avoir répondu
& l'appel des témoins à la Cour d'assi
ses/ je me suis rendu au cabinet de M. le
juge d'instruction Barnaud où m'appelait
une convocation régulière.
Sur les circonstances matérielles de la
mort du pauvre petit Philippe, ma dépo
sition a été courte. J'avais déjà passé
au juge, à mesure qu'ils nous parvenaient,
la plupart des renseignements que nous
avons recueillis! Pour certains autres, je
• devais me réserver, soit que le secret m'eut
été demandé, soit qu'ils fissent encore
l'objet de nos vérifications.
Mais, puisque j'étais appelé, je deman
dai au juge de consigner dans son pro
cès-verbal les observations que j'avais
faites à cette place sur le rôle ae la Sûreté
générale. Il ne s'agissait pas de mêler la
polémique à l'instruction : il s'agissait
d'éclaircir l'affaire. En déterminant exac
tement ce qu'avait connu des diverses
phases du drame, la Sûreté général, et à
quel moment précis elle l'avait connu, on
déterminait en même temps ce qu'avaient
connu et fait les anarchistes, car la Sû
reté générale, comme le démontre la dé
position Le Flaoutter, n'a été informée
que par des anarchistes.
J'ai donc repris ma démonstration
d'hier. Les articles des journaux ne fai
sant pas foi à l'instruction, le procès-ver
bal ne pouvait prendre acte de la contra
diction formelle qui existe entre les dé
clarations de la Sûreté générale et celles
de Le Flaoutter publiées dans le Matin
d'avant-hier : la Sûreté prétendant qu'elle
n'avait identifié le jeune homme du bou
levard Beaumarchais avec Philippe Dau
det que le 4 décembre, tandis que le li
braire-policier disait tenir de la bouche
de M. Lannes qu'elle avait fait cette iden
tification le mardi 27 novembre.
Mais le procès verbal a consigné les
conséquences que j'ai tirées des constata
tions qui sont inscrites dans les déposi
tions et documents de l'instruction. Il est
reconnu que Le Flaoutter vint le diman
che matin chez M. Lannes pour savoir ce
qu'il était advenu du jeune homme qui
avait fait l'objçt de la surveillance de la
veille. Il lui montra les trois lignes de
l'Action française rapportant qu'un « sui
cidé » avait été conduit à Lariboisière ; il
émit l'idée que ce devait être ce jeune
homme et annonça qu 'il irait à l'hôpital
pour s'en assurer.
A l'instruction, Le Flaoutter a dit que
c'est le lendemain seulement, lundi, qu'il
était retourné chez M. Lannes pour lui
dire le résultat de sa visite à l'hôpital,
alors qu'il a dit au Matin que c'était ce
même dimanche. Mais n'insistons pas sur
cette contradiction. M. Lannes, la Sûreté
générale et la Préfecture de police avaient
un intérêt majeur et urgeint a savoir si ce
jeune homme si dangereux pour lequel on
avait mobilisé Joute une armée- d'inspec
teurs, courait encore les rues ou," comme
le pensait le libraire-policier, était couché
sur la dalle d'une morgue. Il est impossi
ble que M. Lannes n'ait pas fait vérifier au
plus tôt l'hypothèse du libraire. Il n'avait
pas besoin d'attendre pour cela le retour
de celui-ci. Le Flaoutter n'était qu'un indi
cateur. M. Lannes a dû envoyer dans l'a
près-midi même de ce dimanche à Lariboi
sière un de ses agents directs qui aurait
plus d'autorité pour être renseigné — un
agent qui, ayant suivi l'aventure de Phi
lippe avant la surveillance du boulevard
Beaumarchais, était, autant que Le Flaout
ter, en mesure de le reconnaître.
J'ai fait remarquer, en effet, que le con
seil tenu dans son cabinet par le directeur
de la Sûreté générale et ses plus hauts
chefs de service, suivi par un déploie
ment absolument anormal de forces po
licières pour les propos incendiaires te
nus par un gamin de quinze ans, dans une
boutique, ne pouvait s'expliquer que par
la personnalité du gamin, qui était donc
connue.
Enfin j'ai démontré que le silence fait
par la Sûreté générale sur ce qu'elle sa
vait, avait eu pour but de tromper Léon
Daudet et de l'amener à contresigner la
version du suicide, la renonciation à l'au
topsie et à une- information. Les fausses
dates données par la S. G. touchant le mo
ment où elle avait connu les faits, ten
daient à expliquer ce silence. Et tout cela
avait été fait pour couvrir les responsabi
lités antérieures de la Sûreté générale dans
cette affaire, « responsabilités qui sont
encore à déterminer ».
Maurice PVJO
ECHOS
les faits du jour
— Le boxeur Mascart a battu aux points
le belge Hébrans.
— Le statut de Tanger a été signé hier
par les plénipotentiaires des gouvernements
intéressés.
Le Salon d'Automne vient de fermer ses portes ;
les tapis d'Orient et les tapis français qui l'ont
décoré seront mis en vente aux Grands Magasins
âu Printeihps , avec* des rabais importants, les
jeudis 20 et vendredi 21 décembre.
Voici un aperçu des prix de quelques-uns des
nombreux lots de tapis qui seront' joints à cette
vente exceptionnelle : 1 lot de petits tapis du
Maroc pour devants de foyer à 120 fr. 1 lot de
tapis d'Anatolie, Chirvans, Mossouls, Kasacks. à
des prix sans précédents ; 1 lot de descentes de
lit et de foyers Jacquard velours de laine, dos-
sins persans, au prix de 22 fr.
Cette mise en vente spéciale fournira aux ama
teurs une nouvelle occasion de se rendre compte
que c'est toujours au Printemps que l'on trouve
la plus belle collection de tapis d'Orient anciens
et modernes.
♦ ♦
Un petit meuble original est toujours un cadeau
qui plaît. Vous le trouverez chez Virgona, 11, rue
Bleue (square Montholon), avec ses belles collec
tions de papiers peints et de tissus, ses copies
d'ancien, ses meubles rustiques, ses lampes et
abat-jour ; tout ce qui concerne la décoration
de votre maison.
* *
Au Lys Royal, 13, rue de la Pépinière,
gourmets et connaisseurs trouveront, luxueuse
ment présentés dans des boites et coffrets de haut
goût, des chocolats exquis.
« SES BAPTÊMES CHOCOLAT »
* *
Fourey-Galland fait de bons chocolats. Maison
124 Faubourg Saint-Honoré, à l'angle de la rue de
Penthièvre. Téléphone Elysées 10-36. '
LA POLITIQUE
I. Les dix-huit cents francs
à la Chambre
Il faudrait de l'argent pour les fonc
tionnaires, et l'on n'en a pas.
Il faudrait essayer d'en trouver où il y
en a, c'est-à-dire se décider à de grandes
réformes. Ni le cœur ni la tête ne penchent
de cg côté-là. 1,1 •
Alors, que fait la Chambre? Elle écoute
les démagogues de la nuance Loucheur,
sans comprendre, sans voir que les phrasés
tentatrices et les préoccupations élec
torales du député du Nord mènent par
l'inflation à des mouvements populaires,
auprès desquels les émeutes de ces jours-
ci ne sont que de la Saint-Jean. .
Mais ces commotions futures, il faut aus
si se rendre compte que M. Loucheur et ses
pareils les désirent. Ils troublent l'eau
afin d'y pêcher le pouvoir : par la com-
binaiso'n du pouvoir et du trouble, ils réa
liseront de bonnes affaires: une bonne fail
lite monétaire dans le goût de Moscou et
de Berlin, c'est de quoi mettre les trois
quarts de la France industrielle, immobi
lière et rurale en liquidation. Et quels se
raient les liquidateurs ? M. Loucheur et
ses amis internationaux... Ils s'en lèchent
déjà les babines.
Non ! la solution par le grabuge social
et national ne vaut rien. Une Chambre in
telligente, hardie, prévoyante, prendrait
l'initiative d'exiger de l'Etat le grand sa
crifice. Que l'Etat renonce à ses fonctions
improductives et onéreuses, qu'il laisse
l'initiative privée les exploiter et les fé
conder. Il y gagnera de diminuer ses dé
penses, d'augmenter ses revenus et de
rendre une situation convenable aux fonc
tions d'Etat qu'il doit conserver !
On affecte quelque dédain envers les
réformes pratiques lorsqu'elles procèdent
d'un programme rationnel. On fait, au con
traire, grande fête au plan Louis Marin
qui ne ^inspire d'aucune vue générale. Je
crains que ses économies ne soient que
des économies. On en faisait de 1900 à
1912 : elles portaient sur les budgets de
la guerre et de la marine. Elles nous ont
mis à deux doigts de la ruine et nous ont
coûté quinze cent mille cadavres. Des
suppressions de postes, d'organes, de ser
vices, de circonscriptions territoriales
motivées par la seule question d'argetat, et
sans égard aux innombrables questions
morales, sociales et nationales qu'elles
soulèvent, menacent de coûter infiniment
plus cher qu'elles ne pourraient rapporter.
L'esprit pratique est une bonne chose, qui
a besoin du contrôle de la raison.
II. Que l'Allemagne emprunte
aux nababs allemands !
Au témoignage de nos confrères de la
Nieuwe Rotterdamsclie Courant, il existe
en ce moment,. à Amsterdam, quinze
banques allemandes :
« La tâche principale des banques' alle
mandes d'Amsterdam consiste à l'adminis
tration et le placement des capitaux alle
mands transférés en Hollande... « Ces der-
« niers temps F afflux des capitaux déposés
« chez les banques allèmaiidés est si consi-
« dèrables, que celles-ci ne detnandent pas
« mieux que de placer cet argent en ac-
« tions d'entreprises néerlandaises.» * ■
feevant cet afflux de capitaux puis
sants, actifs, on voudrait oser dire mili
tants, le bon sens hollandais s'est ému, et
la Nieuwe Rotterdamsche Courant a reçu
d'un de ses lecteurs cette lettre :
« Dans votre numéro du 20 novembre
se trouve un entrefilet disant qu'à Am
sterdam travaillent quinze banques alle
mandes, principalement pour l'adminis
tration ét le placement -des capitaux al
lemands transportés en' Hollande, et que
ces derniers temps la surabondance de
leurs dépôts était si grande qu'elles ne
demandent pas mieux que de la placer
aussi en actions néerlandaises.
« Dans votre numéro dit 22 novembre
il est rapporté que l'Allemagne négocie
pour des crédits anglais et américains
pour l'achat de charbon, de pain et de
graisse pour la population allemande en
détresse. .
« D'un côté donc — parce qu'elle a
envoyé ses capitaux à Vétranger — une
Allemagne délibérément appauvrie, de
Vautre côté un gouvernement allemand
qui se déclare incapable d'empêcher la
famine fauté de moyens.
« Les Allemands fortunés laissent donc
souffrir de faim leurs compatriotes /...
« Est-ce que nous — dans tes Pays-Bas
— nous n'exigerions pas d'abord que les
Allemands eux-mêmes mettent la main à
leur bourse bien garnie, avant que de si
grands dons passent de notre pays en Al
lemagne ? s '
La remarque est excellente. Elle pour
rait être redite partout où l'on est quêté
pour la pauvre Allemagne. Que les pau
vres Allemands tendent d'abord la main à
leurs compatriotes riches! Ou, comme ils
sont le nombre, la puissance, l'Etat, qu'ils
fassent pour une fois servir leur démocra
tie à quelque chose de juste et d'humain!
Quand les capitaux émigrés auront été
rapatriés en Allemagne, il sera temps de
faire appel aux prêteurs étrangers.
Telle est la première leçon de ces nou
velles de Hollande. Il y en a une seconde
qui nous montre le mécanisme de l'infla
tion : quelques centaines de Loucheur s'en
richiraient, placeraient leurs gains hors
de France et quarante millions de Fran
çais, ruinés, dépouillés, prolétarisés, cla
queraient le froid et la faim.
Charles MAURRAS
« les nuits d'épreuve et
la mémoire «le l'Etat. »
(Chronique du bombardement de Paris)
Voici la suite de la préface que Charles
Mourras a placée en tête de son nouveau
livre :
Cette politique générale, M. Clemenceau
l'avait définie quatre jours auparavant :
la guerre, la guerre, la guerre, et comme,
la nuit tombée, la troupe des Gothas était
revenue sur Paris, avec son chargement de
mort, nous avions reconnu qu'elle avait ap
posé à la vérité éclatante des paroles gou
vernementales un paraphe de feu et de
sang. Et c'est pourquoi, ajoutions-nous, on
« s'explique, on doit s'expliquer qu'un
vieux républicain parlementaire, auteur de
cette parole rencontre au premier rang
ses approbateurs des nationalistes et
des royalistes aussi opposés que nous «u
régime du Parlement ».
Conclusion : « J'en suis bien fâché pour
le diagnostic que j'ai porté moi-même sur
M. Clemenceau (1), mais si toute son action
politique était aussi logique, aussi lice,
aussi sensée que cette politique de guerre,
eh ! bien, de correction en correction, de
perfectionnement en perfectionnement il
serait en train de ressembler beaucoup au
portrait, partiellement vrai, qu'il a fait de
lui-même aux interpellateurs : Homme
« calme et prudent que le danger a rendu
« sage et attentif. »
Que les Gothas aient ainsi contribué pour
leur part à me rallier au Ministère Clemen
ceau, ces notes en feront foi, écrites au
soir-le-soir et publiées le matin qui suivait
l'attaque.
Je les réimprime aujourd'hui telles
quelles.
Je ne me suis permis de corriger l'ex
pression pour la rendre plus claire qu'aux
endroits où sont discutées des vues géné
rales. La forme primitive a été respectée,
si faible ou si lâchée fût-elle, à toutes les
pages qui énoncent un fait ou rapportent
un sentiment, car le langage du témoin
ne doit pas être altéré quand on veut évi
ter tout danger de variation. Je conserve
aussi telles quelles les impressions reçues
et senties du grand cœur de la population
parisienne.' A distance, cet éloge public
courra le risque dé paraître avoir été
écrit pour soutenir la patiente et encou
rager la martyre. Mais non, je suis resté
au-dessous de la vérité, le souvenir de
tous et de toutes l'attestera.
Charles MAURRAS
(l)En novembre précédent, lors de la formation
du ministère Clemenceau, l'humeur de son chef
m'avait fait craindre un dictateur antimilitaire,
d'ailleurs annoncé, par ses campagnes, depuis
août 1914. .
La fin de la dynastie
constantinienne
Après Constantin lui-même, mort en exil,
voici sa postérité renversée ou éloignée du
trône de Grèce : là-bas on ne sait jamais.
Les Euménides poursuivent une dynastie
qui a eu ; le malheur de s'allier à la famille
de Guillaume II. Nous ne sommes plus au
temps pù Georges I er , le sympathique prince
danois, était salué par toute l'Europe, popu
laire à Aix-les-Bains et-regardé comme
indispensable à la Grèce.,
La dynastie constantinienne n'était plus
possible. Le jeune Georges II n'était toléré
par l'Europe que faute de mieux. Les ex
périences du passé sont propres à donner
de l'inquiétude sur le régime républicain
en Grèce. Mais la monarchie n'y existait
que de nom et l'esprit dans lequel elle
avait été conçue, l'esprit européen de toutes
les monarchies créées au dix-neuvième
siècle, dans les pays nouveaux pour ratta
cher les jeunes nationalités aux anciennes
puissances, cet esprit ne représente plus
rien.
Depuis que Constantin était parti, le
véritable régime de la Grèce était la dicta
ture. C'est-à-dire queues nouveaux maîtres
du peuple grec ont ménagé la transition.
Le départ à l'amiable de Georges II ne sera
pas tin saut dans l'inconnu. On ne reverra
pas ce que l'Europe avait tant craint aux
premiers jours de l'indépendance hellé
nique et après la chute d'Othon, c'est-à-dire
la lutte des clans. Du moins on ne reverra
pas cela tout de suite. M. Venizelos vient
de remporter un grand succès électoral :
il est vrai que les constantinistes en rem
portaient aussi naguère. Son nom est une
garantie ou paraît en être une. Combien
de temps durera-t-elle ? 1
La démocratie pure et directe en Tur
quie cause déjà bien des soucis aux puis
sances occidentales. Le même régime en
Grèce, n'est-ce pas deux xénophobies et
deux tonneaux de poudre l'un à côté de
l'autre ? La question d'Orient ne se sim
plifie pas. — J. B.
Nous avons le plaisir d'annoncer les
fiançailles de Mlle Alice Robain, fille de
M. Robain, membre des Comités directeurs
de V Action française, et de Madame, avec
M. Arthur' de France, étudiant d'A. F., in
génieur E. C. P., fils du lieutenant-colo
nel et de la vicomtesse Louis de France.
L'Action française adresse aux fiancés ses
plus vives félicitations.
A LA COUR D'ASSISES
L'assassinat de Plateau
devant le jury
LA PREMIERE AUDIENCE
C'est le service d'ordre des grandes
journées du Palais de Justice. Pour par
venir jusqu'à la salle d'audience de la
Cour d'assises de la Seine, nous devons
franchir de nombreux barrages de gardes
municipaux, de gardes du Palais et
d'agents de la Sûfeté.
A l'intérieur, salle comble, remplie
d'avocats et de témoins. On se montre
Charles Maurras et Maurice Pujo, assis
sur les bancs du fond. On remarque aussi
Ernest Judet, le général Sarrail, Mme Sé
verine, MM. Cachin, Vaillant-Couturier,
Alexandre-Blanc, Urbain Gohier, Noël
Gasnier, Georges Pioch, Longuet, Fros-
sard, Gouttenoire de Toury, etc., parmi
ceux qui ont répondu à l'appel que leur
a adressé la défense.
II est midi quarante-cinq lorsque le pré
sident, M. Pressard, suivi des magistrats de
la Cour, fait son entrée.
Après le tirage au sort du jury et la
désignation d'un magistrat et de deux ju
rés supplémentaires, l'accusée est intro-
. duite.
L'assassin
La « Vierge noire » avait cherché, pour
l'audience publique, à se rajeunir, à pa
raître «''petite fille ». Mais, sous les che
veux à. la Ninon, le fard et le, kohl
n'avaient pu que souligner à travers son
visage les marques précoces du vice.
Et voilà, sur le banc, orné de la seule
gloire du crime, le rebut humain qu'un
Pierre Hamp essayait ,de camper en hé
roïne ! Ecoutez-la. Sèche, froide, fausse,
elle manie sans amour, sans enthou
siasme, les grands mots dont elle fait ses
excuses : individualisme, anarchie.
Ecoutez-la surtout dire du mal de sa
mère, rejeter sur sa mère la responsabi
lité de ses mauvais instincts. Et avec
quelles précautions oratoires !
« S'il est des paroles qu'on peut prononcer, ré-
cite-t-elle lentement, le cœur parfois se refuse à
les signer. »
A chaque instant, elle débite de ces
phrases convenues, de ces aphorismes sans
émotion. Qu'y a-t-il au fond d'une si
pauvre chose ?
Une immense vanité, d'abord. « Je
revendique même mes faiblesses », a-t-elle
dit hier. Vanité de ce qu'elle croit être
ses idées et qui ne sont que ses instincts
déchaînés, vêtus des réminiscences de
tristes lectures. Vanité d'avoir « osé ».
Vanité d'être anormale et monstreuse.
Mais surtout — et ici vingt témoignages
concordent — une paresse crasse, une
paresse qui explique les vols, la mendi
cité, les indélicatesses de toutes sortes,
l'oubli de toute pudeur. Paresse qui
semble lui avoir interdit l'amour : les
débauches de cette fille n'ont été que des
coucheries que nul effort de cœur ou
d'esprit n'essayait d'embellir.
Toute cela se traduit par une extraordi
naire aptitude au mensonge : à chaque
instant, elle joue un rôle. On sent que sa
vie s'est passée à jouer des rôles, à trom
per les autres et d'abord elle-même sur
sa misère intime, à donner les noms
d'héroïsme, de sacrifice, aux plus tristes
lâchetés. Le président lui a fait hier
remarquer avec quelle vérité elle avait
soutenu devant Marius Plateau, ce per
sonnage « d'anarchiste traître à son par
ti » qu'elle avait assumé. Germaine Ber
ton a vu là un éloge. Elle s'est redressée
à sa barre :
« Il fallait bien leur inspirer confiance ! »
Elle est tout entière dans ce trait.
L'acte d'accusation
A l'interrogatoire d'identité du prési
dent, elle répond brièvement par ses
noms, âge, profession et domicile : « Ger
maine-Jeanne-Yvonne Berton, née à Pu-
teaux, le 7 juin 1902. Sans profes
sion. s> (sic).
Nos lecteurs connaissent les faits relatés
par l'acte d'accusation. Il retrace la
honteuse façon de vivre de Germaine
Berton, sa carrière de fille publique et
de repris de justice :
« En 1921, l'accusée vient se fixer à
Paris et y réside depuis lors, à peu près
sans interruption, vivant dans la société
des anarchistes et préférant, au lieu de
s'assurer par le travail des ressources
honorables, subsister misérablement des
libéralités incertaines de divers cama
rades libertaires, dont -elle devenait la
maîtresse passagère.
« En 1921 ,elle était condamnée par le
tribunal de la Seine à 3 mois d'empri
sonnement pour outrages et violences en
vers les agents ; en 1922, elle encourait
15 jours de la même peine pour port
d'arme prohibée. »
Après avoir résumé la genèse du crime
et son accomplissement, l'acte d'accusa
tion conclut :
« Rien dans l'accusation n'a établi que
l'accusée ait commis son crime avec
l'aide ou à l'instigation de complice.
« Rien non plus ne permet de penser
que Germaine Berton n'a pas agi dans la
plénitude d'une responsabilité mentale
entière.
« Aussi bien, elle n'a pas cessé de re
vendiquer, avep une orgueilleuse préten
tion, sa responsabilité intégrale ; bien
loin de regretter l 'acte abominable gn 'ellç
a commis, elle ne songe qu'à s'en glori
fier.
« Presque partout où a passé l'accu
sée, elle a laissé le souvenir d'une fille
violente, vaniteuse, paresseuse, malpro
pre, de mœurs dissolues et malhonnête
au point de vue de la simple probité. »
L'INTERROGATOIRE
Le passé fangeux de la criminelle
— Accusée, levez-vous, prononce le pré
sident.
L'interrogatoire va commencer. H va
nous permettre de compléter la physiono
mie de la misérable qui, le 22 janvier
dernier, abattit traîtreusement par derriè
re le héros.
Disons tout de suite que cet interrogatoi
re a été mené de main de maître, avec au
tant de clarté et de précision que d'auto
rité. Le conseiller Pressard vient de se
révéler un président d'assises de premier
ordre.
11 commence par rappeler, d'après le
dossier et les témoignages reçus, le passé
et les antécédents de Germaine Berton. Nos
lecteurs connaissent les beaux états de ser
vice, les coucheries à trois, les « ta
pages », les vols, les indélicatesses qui par
sèment l'existence de celle qui a eu le tou
pet de s'intituler la « Vierge noire » de
l'Anarchie.
Partout où elle a passé, Germaine Berton a
laissé le plus mauvais souvenir. Depuis son
jeune âge, sa conduite a été déplorable.
Elle perd son père en 1919, à Tours. Dès
lors, elle ne s'inquiète plus de sa mère.
Elle la laisse là, se donne aux uns et aux
autres et se met à fréquenter les milieux
anarchistes. ' "
Le président. — Vous avez causé beau
coup de soucis à votre mère. Vous étiez
loin d'être une fille aimante. On a dit que
vous l'insultiez et que vous la battiez par
fois.
L'accusée. — C'est exagéré... (sic).
D. — Vous avez dit à plusieurs reprises,
que votre mère vous était totalement étran
gère. Ce ne sont pas là dè beaux senti
ments.
Il suffit d'avoir regardé l'accusée et sur
tout de l'avoir entendue, pour être incapa
ble de nourrir la moindre illusion à cet
égard. Oh ! ce regard ! Oh ! cette voix !
Cette voix fausse, pointue et rageuse d'hys
térique, que nous entendrons, tout à l'heu
re détailler prétentieusement son crime,
comme un fait-divers bien appris, sans un
mot de regret !
D. — Vous vous êtes, de bonne heure,
signalée comme paresseuse et livrée à vos
mauvais instincts. Votre liberté conquise,
votre mère laissée de côté, vous venez seule
à Paris. Vous y travaillez, mais de temps
en temps seulement, jamais avec continui
té. Vous retournez ensuite en Touraine.
En 1920, vous devenez anarchiste.
R. — J'avais commencé par fréquenter
clandestinement des réunions royalistes (1)
D. — Vous fondez un groupe libertaire
en Indre-et-Loire; vous écrivez au Réveil,
organe anarchiste. Dans vos discours et
vos écrits, vous prêchez la violence et l'ac
tion directe. De la République, vous dites ;
« Cette s... au mufle barbouillé de sang ».
Et vous appelez la France « cette maratre
ignoble ». Vous n'êtes pas digne d'être
Française !
La Berton fait signe que cela lui est ab
solument égal.
D. — De ces divers groupes, vous avez
été chassée pour paresse et aussi à cause
de vos indélicatesses.
R. — C'est faux ! J'ai donné ma démis
sion ! Je ne voulais pas me mettre à la re
morque de Moscou.
D. — En 1922, vous revenez à Paris et
vous vous liez à des anarchistes notoires.
Vous devenez lèur maîtresse. Vous êtes plu
sieurs fois condamnée. Comme vous pur
gez la première de ces condamnations, à
Saint-Lazare, vous écrivez à Mme Bernain
de Ravisi que vous êtes devenue enceinte
et que vous vous êtes fait avorter.
R. — Dans les lettres, on peut mettre
tout ce qu'on veut ! (Bruit)
D. — Avez-vous jamais essayé vraiment
de travailler ? Cela n'apparaît pas. Vous
étiez fainéante, a dit de vous votre amant
Gohary. Un autre donne à vos mœurs un
qualificatif répugnant. De quoi viviez-
vous ?
R. — De secours, de subsides.
D. — Et aussi de détournements, d'indé
licatesses. Un autre de vos amants, M. De-
larapidie, vous a accusée de lui avoir volé
de l'argent. Il est vrai qu'il s'est rétracté
par la suite. Mais il est avéré que vous
avez, au moment de votre passage au Li
bertaire, détourné des mandats adressés à
ce journal.
R. — C'est faux !
D. — Vous avez été exclue des milieux
anarchistes à cause, précisément, de ces
indélicatesses.
R. — C'est le brigadier Ballerat qui a in
venté cela ! C'est une invention de la po
lice ! •
D. — En juin 1922, vous étés impliquée
dans une affaire de vol et recel avec d'au
tres anarchistes. La matérialité du fait
n'est pas établie, toutefois, à votre égard,
et vous n'êtes condamnée qu'à 15 jours
de prison pour port d'arme prohibée.
En septembre 1922, vous travaillez chez
M, Coste pendant cinq semaines environ.
EDITION DU MATIN
Mercredi 19 Décembre 1923
*
15centime*. Ssins et S eis^et- O isb
20 centimes. D ép^bteuerts et C olohies
ABONNEMENTS : ta Ai. SixKtis. Trois ï(ii.
France et Colonies. 48 fr. a5 fr. i3 fr.
Etranger ...... 8a » 4a » aa »
.Chèque postal-: Compte a3.goo Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier des quarante Rots qui en mille ans firent la France.
H4DACTIOÎ* k AD JCIHISTB ATIOH :
ii, rae de Roms, PARIS (8")
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fiidaetion : Central -5-44 Publicité : Central 74-77
Après 70 heures du soir : Ségar 12-68
Registre de Commerce : Seine N a 78.58a
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS —- Rèdacleur en chef : MAURICE PUJO
Est-ce une femme?
« ...Dans la bagarre, un agent est
tombé. Nous nous précipitons vers lui
avec une ceinture de cuir nouée deux
fois ; je vise les yeux... »
;s H Lettre de Germaine Berton
à Vanarchiste Raymond.
X- ifclO;
L'ASSASSIN D'UN
Une sèule et même affaire criminelle
L'assassinat de Marius Plateau, accom
pli par la Berton le 22 janvier 1923, et
l'assassinat de mon pauvre enfant, perpé
tré par les cannibales du Libertaire, le
24 novembre 1923, — et grimé ensuite en
suicide, — sont, en réalité, une seule et
même affaire. Avec cette différence que le
meurtre de Plateau a été exécuté de façon
ouverte, au lieu que celui de Philippe a
été dissimulé et masqué. Entre les deux se
place le prétendu suicide, 8, rue Lécuyer,
de l'anarchiste Gohary dit Harmant, sur
venu le 8 février 1923, quelques jours
après l'assassinat de Plateau. En dépit
du non-lieu de M. Devise, il s'agit bien
d'une association de malfaiteurs, ayant ses
hommes et ses femmes de main, ses diri
geants, chefs de bande et agenciers, opé
rant avec méthode, dans des conditions
préparées d'avance, et dont le chemin est
jalonné de cadavres. La bande Davray-
Golomer-Vidal-Gruffy et C" est, sur un
antre plan, l'équivalent de la bande Bon-
ïiot-Garnier-Callemin-Soudy et C' 8 , de san
glante mémoire.
Ce qui distingue la première bande de
la seconde, c'est, d'abord, un raffinement
de perversité (dont la lettré de Vidal à
ma femme et la machination autour de
mon enfant fournissent la preuve) ; c'est,
ensuite, un paravent journalistique et
pseudo-intellectuel, dont le compagnon
Sébastien Faure, condamné pour attentat
aux mœurs, constitue l'enseigne criminelle;
ce sont enfin les accointances bizarres dont
la visite du sieur Le Flaoutter, libraire
anarchiste et indicateur, à un haut fonc
tionnaire de la Sûreté générale vient de
fournir à nouveau l'indiscutable preuve.
Mais ces considérations, d'ailleurs inquié
tantes quant à la sauvegarde de la société,
ne doivent pas nous faire perdre de vue
que l'assassinat, ouvert, de Plateau et
celui, masqué, de notre petit philippe
sont, au fond et essentiellement, des
crimes de droit commun , perpétrés, le
premier sur un héros, le second sur un
enfant de moins de quinze ans.
Nous devons, pour l'un comme pour
l'autre, pour le héros comme pour l'en
fant, obtenir justice. Autrement la France
serait, de fait, en état révolutionnaire et
anarchique, sous un faux semblant de léga
lité, et tous lés bons citoyens, menacés,
n'auraient plus d'autre recours que leur
1 énergie. Autrement, ce serait la jungle.
Les pouvoirs publics, du plus grand au
pins petit, du président Millerand au plus
modeste des collaborateurs de M. Faralicq,
sont ainsi grandement intéressés à ne rien
négliger pour la découverte complète de
la trame criminelle, qui a enlevé Plateau
à son pays et à sa mère, et notre petit
garçon à ses parents.
Nos pires adversaires eux-mêmes con
viendront que deux victimes d'Action Fran
çaise, l'une ayant la citation du chevalier
d'Assas, — outre un frère tué à la guerre,
-— l'autre n'atteignant pas encore quinze,
ans, c'est beaucoup en une année. En ce
qui me concerne, j'ai d'autres enfants. Je
ne puis concevoir une minute — et tout
père de famille me comprendra — qu'ils
demeurent menacés d'une mort horrible'
parce que les assassins de leur frère Phi
lippe n'auront pas été découverts et punis.
Ce ne sont plus ici thèmes à discussions ni
à polémiques. Ce sont, pour des êtres inno
cents, questions de vie ou de mort. D'abord,
les n^iens — des femmes et des mères irré
prochables — ont été insultés, sur les murs
de Paris et des grandes villes, pendant de
longues semaines, par un ignoble maître-
ehanteur, provocateur au meurtre et poli
cier, le .sieur André Gaucher, auquel l'in
digne Trochu de YOuest-Eclair ouvrait à
cet effet, clandestinement, son imprimerie
toute grande. Voici maintenant que les
cannibales du Libertaire chambrent un de
mes enfants en état de fugue et le tuent.
Le service de la Patrie, si rude qu'il soit,
ne peut exiger de moi, de nous, des amis
de Plateau, de nos amis et partisans, que
nous laissions passer l'éponge sur des for
faits sans précédents. Cela, non !
Léon DAUDET
Député de Paris.
chezm T barnaud
Hier, après-midi, après avoir répondu
& l'appel des témoins à la Cour d'assi
ses/ je me suis rendu au cabinet de M. le
juge d'instruction Barnaud où m'appelait
une convocation régulière.
Sur les circonstances matérielles de la
mort du pauvre petit Philippe, ma dépo
sition a été courte. J'avais déjà passé
au juge, à mesure qu'ils nous parvenaient,
la plupart des renseignements que nous
avons recueillis! Pour certains autres, je
• devais me réserver, soit que le secret m'eut
été demandé, soit qu'ils fissent encore
l'objet de nos vérifications.
Mais, puisque j'étais appelé, je deman
dai au juge de consigner dans son pro
cès-verbal les observations que j'avais
faites à cette place sur le rôle ae la Sûreté
générale. Il ne s'agissait pas de mêler la
polémique à l'instruction : il s'agissait
d'éclaircir l'affaire. En déterminant exac
tement ce qu'avait connu des diverses
phases du drame, la Sûreté général, et à
quel moment précis elle l'avait connu, on
déterminait en même temps ce qu'avaient
connu et fait les anarchistes, car la Sû
reté générale, comme le démontre la dé
position Le Flaoutter, n'a été informée
que par des anarchistes.
J'ai donc repris ma démonstration
d'hier. Les articles des journaux ne fai
sant pas foi à l'instruction, le procès-ver
bal ne pouvait prendre acte de la contra
diction formelle qui existe entre les dé
clarations de la Sûreté générale et celles
de Le Flaoutter publiées dans le Matin
d'avant-hier : la Sûreté prétendant qu'elle
n'avait identifié le jeune homme du bou
levard Beaumarchais avec Philippe Dau
det que le 4 décembre, tandis que le li
braire-policier disait tenir de la bouche
de M. Lannes qu'elle avait fait cette iden
tification le mardi 27 novembre.
Mais le procès verbal a consigné les
conséquences que j'ai tirées des constata
tions qui sont inscrites dans les déposi
tions et documents de l'instruction. Il est
reconnu que Le Flaoutter vint le diman
che matin chez M. Lannes pour savoir ce
qu'il était advenu du jeune homme qui
avait fait l'objçt de la surveillance de la
veille. Il lui montra les trois lignes de
l'Action française rapportant qu'un « sui
cidé » avait été conduit à Lariboisière ; il
émit l'idée que ce devait être ce jeune
homme et annonça qu 'il irait à l'hôpital
pour s'en assurer.
A l'instruction, Le Flaoutter a dit que
c'est le lendemain seulement, lundi, qu'il
était retourné chez M. Lannes pour lui
dire le résultat de sa visite à l'hôpital,
alors qu'il a dit au Matin que c'était ce
même dimanche. Mais n'insistons pas sur
cette contradiction. M. Lannes, la Sûreté
générale et la Préfecture de police avaient
un intérêt majeur et urgeint a savoir si ce
jeune homme si dangereux pour lequel on
avait mobilisé Joute une armée- d'inspec
teurs, courait encore les rues ou," comme
le pensait le libraire-policier, était couché
sur la dalle d'une morgue. Il est impossi
ble que M. Lannes n'ait pas fait vérifier au
plus tôt l'hypothèse du libraire. Il n'avait
pas besoin d'attendre pour cela le retour
de celui-ci. Le Flaoutter n'était qu'un indi
cateur. M. Lannes a dû envoyer dans l'a
près-midi même de ce dimanche à Lariboi
sière un de ses agents directs qui aurait
plus d'autorité pour être renseigné — un
agent qui, ayant suivi l'aventure de Phi
lippe avant la surveillance du boulevard
Beaumarchais, était, autant que Le Flaout
ter, en mesure de le reconnaître.
J'ai fait remarquer, en effet, que le con
seil tenu dans son cabinet par le directeur
de la Sûreté générale et ses plus hauts
chefs de service, suivi par un déploie
ment absolument anormal de forces po
licières pour les propos incendiaires te
nus par un gamin de quinze ans, dans une
boutique, ne pouvait s'expliquer que par
la personnalité du gamin, qui était donc
connue.
Enfin j'ai démontré que le silence fait
par la Sûreté générale sur ce qu'elle sa
vait, avait eu pour but de tromper Léon
Daudet et de l'amener à contresigner la
version du suicide, la renonciation à l'au
topsie et à une- information. Les fausses
dates données par la S. G. touchant le mo
ment où elle avait connu les faits, ten
daient à expliquer ce silence. Et tout cela
avait été fait pour couvrir les responsabi
lités antérieures de la Sûreté générale dans
cette affaire, « responsabilités qui sont
encore à déterminer ».
Maurice PVJO
ECHOS
les faits du jour
— Le boxeur Mascart a battu aux points
le belge Hébrans.
— Le statut de Tanger a été signé hier
par les plénipotentiaires des gouvernements
intéressés.
Le Salon d'Automne vient de fermer ses portes ;
les tapis d'Orient et les tapis français qui l'ont
décoré seront mis en vente aux Grands Magasins
âu Printeihps , avec* des rabais importants, les
jeudis 20 et vendredi 21 décembre.
Voici un aperçu des prix de quelques-uns des
nombreux lots de tapis qui seront' joints à cette
vente exceptionnelle : 1 lot de petits tapis du
Maroc pour devants de foyer à 120 fr. 1 lot de
tapis d'Anatolie, Chirvans, Mossouls, Kasacks. à
des prix sans précédents ; 1 lot de descentes de
lit et de foyers Jacquard velours de laine, dos-
sins persans, au prix de 22 fr.
Cette mise en vente spéciale fournira aux ama
teurs une nouvelle occasion de se rendre compte
que c'est toujours au Printemps que l'on trouve
la plus belle collection de tapis d'Orient anciens
et modernes.
♦ ♦
Un petit meuble original est toujours un cadeau
qui plaît. Vous le trouverez chez Virgona, 11, rue
Bleue (square Montholon), avec ses belles collec
tions de papiers peints et de tissus, ses copies
d'ancien, ses meubles rustiques, ses lampes et
abat-jour ; tout ce qui concerne la décoration
de votre maison.
* *
Au Lys Royal, 13, rue de la Pépinière,
gourmets et connaisseurs trouveront, luxueuse
ment présentés dans des boites et coffrets de haut
goût, des chocolats exquis.
« SES BAPTÊMES CHOCOLAT »
* *
Fourey-Galland fait de bons chocolats. Maison
124 Faubourg Saint-Honoré, à l'angle de la rue de
Penthièvre. Téléphone Elysées 10-36. '
LA POLITIQUE
I. Les dix-huit cents francs
à la Chambre
Il faudrait de l'argent pour les fonc
tionnaires, et l'on n'en a pas.
Il faudrait essayer d'en trouver où il y
en a, c'est-à-dire se décider à de grandes
réformes. Ni le cœur ni la tête ne penchent
de cg côté-là. 1,1 •
Alors, que fait la Chambre? Elle écoute
les démagogues de la nuance Loucheur,
sans comprendre, sans voir que les phrasés
tentatrices et les préoccupations élec
torales du député du Nord mènent par
l'inflation à des mouvements populaires,
auprès desquels les émeutes de ces jours-
ci ne sont que de la Saint-Jean. .
Mais ces commotions futures, il faut aus
si se rendre compte que M. Loucheur et ses
pareils les désirent. Ils troublent l'eau
afin d'y pêcher le pouvoir : par la com-
binaiso'n du pouvoir et du trouble, ils réa
liseront de bonnes affaires: une bonne fail
lite monétaire dans le goût de Moscou et
de Berlin, c'est de quoi mettre les trois
quarts de la France industrielle, immobi
lière et rurale en liquidation. Et quels se
raient les liquidateurs ? M. Loucheur et
ses amis internationaux... Ils s'en lèchent
déjà les babines.
Non ! la solution par le grabuge social
et national ne vaut rien. Une Chambre in
telligente, hardie, prévoyante, prendrait
l'initiative d'exiger de l'Etat le grand sa
crifice. Que l'Etat renonce à ses fonctions
improductives et onéreuses, qu'il laisse
l'initiative privée les exploiter et les fé
conder. Il y gagnera de diminuer ses dé
penses, d'augmenter ses revenus et de
rendre une situation convenable aux fonc
tions d'Etat qu'il doit conserver !
On affecte quelque dédain envers les
réformes pratiques lorsqu'elles procèdent
d'un programme rationnel. On fait, au con
traire, grande fête au plan Louis Marin
qui ne ^inspire d'aucune vue générale. Je
crains que ses économies ne soient que
des économies. On en faisait de 1900 à
1912 : elles portaient sur les budgets de
la guerre et de la marine. Elles nous ont
mis à deux doigts de la ruine et nous ont
coûté quinze cent mille cadavres. Des
suppressions de postes, d'organes, de ser
vices, de circonscriptions territoriales
motivées par la seule question d'argetat, et
sans égard aux innombrables questions
morales, sociales et nationales qu'elles
soulèvent, menacent de coûter infiniment
plus cher qu'elles ne pourraient rapporter.
L'esprit pratique est une bonne chose, qui
a besoin du contrôle de la raison.
II. Que l'Allemagne emprunte
aux nababs allemands !
Au témoignage de nos confrères de la
Nieuwe Rotterdamsclie Courant, il existe
en ce moment,. à Amsterdam, quinze
banques allemandes :
« La tâche principale des banques' alle
mandes d'Amsterdam consiste à l'adminis
tration et le placement des capitaux alle
mands transférés en Hollande... « Ces der-
« niers temps F afflux des capitaux déposés
« chez les banques allèmaiidés est si consi-
« dèrables, que celles-ci ne detnandent pas
« mieux que de placer cet argent en ac-
« tions d'entreprises néerlandaises.» * ■
feevant cet afflux de capitaux puis
sants, actifs, on voudrait oser dire mili
tants, le bon sens hollandais s'est ému, et
la Nieuwe Rotterdamsche Courant a reçu
d'un de ses lecteurs cette lettre :
« Dans votre numéro du 20 novembre
se trouve un entrefilet disant qu'à Am
sterdam travaillent quinze banques alle
mandes, principalement pour l'adminis
tration ét le placement -des capitaux al
lemands transportés en' Hollande, et que
ces derniers temps la surabondance de
leurs dépôts était si grande qu'elles ne
demandent pas mieux que de la placer
aussi en actions néerlandaises.
« Dans votre numéro dit 22 novembre
il est rapporté que l'Allemagne négocie
pour des crédits anglais et américains
pour l'achat de charbon, de pain et de
graisse pour la population allemande en
détresse. .
« D'un côté donc — parce qu'elle a
envoyé ses capitaux à Vétranger — une
Allemagne délibérément appauvrie, de
Vautre côté un gouvernement allemand
qui se déclare incapable d'empêcher la
famine fauté de moyens.
« Les Allemands fortunés laissent donc
souffrir de faim leurs compatriotes /...
« Est-ce que nous — dans tes Pays-Bas
— nous n'exigerions pas d'abord que les
Allemands eux-mêmes mettent la main à
leur bourse bien garnie, avant que de si
grands dons passent de notre pays en Al
lemagne ? s '
La remarque est excellente. Elle pour
rait être redite partout où l'on est quêté
pour la pauvre Allemagne. Que les pau
vres Allemands tendent d'abord la main à
leurs compatriotes riches! Ou, comme ils
sont le nombre, la puissance, l'Etat, qu'ils
fassent pour une fois servir leur démocra
tie à quelque chose de juste et d'humain!
Quand les capitaux émigrés auront été
rapatriés en Allemagne, il sera temps de
faire appel aux prêteurs étrangers.
Telle est la première leçon de ces nou
velles de Hollande. Il y en a une seconde
qui nous montre le mécanisme de l'infla
tion : quelques centaines de Loucheur s'en
richiraient, placeraient leurs gains hors
de France et quarante millions de Fran
çais, ruinés, dépouillés, prolétarisés, cla
queraient le froid et la faim.
Charles MAURRAS
« les nuits d'épreuve et
la mémoire «le l'Etat. »
(Chronique du bombardement de Paris)
Voici la suite de la préface que Charles
Mourras a placée en tête de son nouveau
livre :
Cette politique générale, M. Clemenceau
l'avait définie quatre jours auparavant :
la guerre, la guerre, la guerre, et comme,
la nuit tombée, la troupe des Gothas était
revenue sur Paris, avec son chargement de
mort, nous avions reconnu qu'elle avait ap
posé à la vérité éclatante des paroles gou
vernementales un paraphe de feu et de
sang. Et c'est pourquoi, ajoutions-nous, on
« s'explique, on doit s'expliquer qu'un
vieux républicain parlementaire, auteur de
cette parole rencontre au premier rang
ses approbateurs des nationalistes et
des royalistes aussi opposés que nous «u
régime du Parlement ».
Conclusion : « J'en suis bien fâché pour
le diagnostic que j'ai porté moi-même sur
M. Clemenceau (1), mais si toute son action
politique était aussi logique, aussi lice,
aussi sensée que cette politique de guerre,
eh ! bien, de correction en correction, de
perfectionnement en perfectionnement il
serait en train de ressembler beaucoup au
portrait, partiellement vrai, qu'il a fait de
lui-même aux interpellateurs : Homme
« calme et prudent que le danger a rendu
« sage et attentif. »
Que les Gothas aient ainsi contribué pour
leur part à me rallier au Ministère Clemen
ceau, ces notes en feront foi, écrites au
soir-le-soir et publiées le matin qui suivait
l'attaque.
Je les réimprime aujourd'hui telles
quelles.
Je ne me suis permis de corriger l'ex
pression pour la rendre plus claire qu'aux
endroits où sont discutées des vues géné
rales. La forme primitive a été respectée,
si faible ou si lâchée fût-elle, à toutes les
pages qui énoncent un fait ou rapportent
un sentiment, car le langage du témoin
ne doit pas être altéré quand on veut évi
ter tout danger de variation. Je conserve
aussi telles quelles les impressions reçues
et senties du grand cœur de la population
parisienne.' A distance, cet éloge public
courra le risque dé paraître avoir été
écrit pour soutenir la patiente et encou
rager la martyre. Mais non, je suis resté
au-dessous de la vérité, le souvenir de
tous et de toutes l'attestera.
Charles MAURRAS
(l)En novembre précédent, lors de la formation
du ministère Clemenceau, l'humeur de son chef
m'avait fait craindre un dictateur antimilitaire,
d'ailleurs annoncé, par ses campagnes, depuis
août 1914. .
La fin de la dynastie
constantinienne
Après Constantin lui-même, mort en exil,
voici sa postérité renversée ou éloignée du
trône de Grèce : là-bas on ne sait jamais.
Les Euménides poursuivent une dynastie
qui a eu ; le malheur de s'allier à la famille
de Guillaume II. Nous ne sommes plus au
temps pù Georges I er , le sympathique prince
danois, était salué par toute l'Europe, popu
laire à Aix-les-Bains et-regardé comme
indispensable à la Grèce.,
La dynastie constantinienne n'était plus
possible. Le jeune Georges II n'était toléré
par l'Europe que faute de mieux. Les ex
périences du passé sont propres à donner
de l'inquiétude sur le régime républicain
en Grèce. Mais la monarchie n'y existait
que de nom et l'esprit dans lequel elle
avait été conçue, l'esprit européen de toutes
les monarchies créées au dix-neuvième
siècle, dans les pays nouveaux pour ratta
cher les jeunes nationalités aux anciennes
puissances, cet esprit ne représente plus
rien.
Depuis que Constantin était parti, le
véritable régime de la Grèce était la dicta
ture. C'est-à-dire queues nouveaux maîtres
du peuple grec ont ménagé la transition.
Le départ à l'amiable de Georges II ne sera
pas tin saut dans l'inconnu. On ne reverra
pas ce que l'Europe avait tant craint aux
premiers jours de l'indépendance hellé
nique et après la chute d'Othon, c'est-à-dire
la lutte des clans. Du moins on ne reverra
pas cela tout de suite. M. Venizelos vient
de remporter un grand succès électoral :
il est vrai que les constantinistes en rem
portaient aussi naguère. Son nom est une
garantie ou paraît en être une. Combien
de temps durera-t-elle ? 1
La démocratie pure et directe en Tur
quie cause déjà bien des soucis aux puis
sances occidentales. Le même régime en
Grèce, n'est-ce pas deux xénophobies et
deux tonneaux de poudre l'un à côté de
l'autre ? La question d'Orient ne se sim
plifie pas. — J. B.
Nous avons le plaisir d'annoncer les
fiançailles de Mlle Alice Robain, fille de
M. Robain, membre des Comités directeurs
de V Action française, et de Madame, avec
M. Arthur' de France, étudiant d'A. F., in
génieur E. C. P., fils du lieutenant-colo
nel et de la vicomtesse Louis de France.
L'Action française adresse aux fiancés ses
plus vives félicitations.
A LA COUR D'ASSISES
L'assassinat de Plateau
devant le jury
LA PREMIERE AUDIENCE
C'est le service d'ordre des grandes
journées du Palais de Justice. Pour par
venir jusqu'à la salle d'audience de la
Cour d'assises de la Seine, nous devons
franchir de nombreux barrages de gardes
municipaux, de gardes du Palais et
d'agents de la Sûfeté.
A l'intérieur, salle comble, remplie
d'avocats et de témoins. On se montre
Charles Maurras et Maurice Pujo, assis
sur les bancs du fond. On remarque aussi
Ernest Judet, le général Sarrail, Mme Sé
verine, MM. Cachin, Vaillant-Couturier,
Alexandre-Blanc, Urbain Gohier, Noël
Gasnier, Georges Pioch, Longuet, Fros-
sard, Gouttenoire de Toury, etc., parmi
ceux qui ont répondu à l'appel que leur
a adressé la défense.
II est midi quarante-cinq lorsque le pré
sident, M. Pressard, suivi des magistrats de
la Cour, fait son entrée.
Après le tirage au sort du jury et la
désignation d'un magistrat et de deux ju
rés supplémentaires, l'accusée est intro-
. duite.
L'assassin
La « Vierge noire » avait cherché, pour
l'audience publique, à se rajeunir, à pa
raître «''petite fille ». Mais, sous les che
veux à. la Ninon, le fard et le, kohl
n'avaient pu que souligner à travers son
visage les marques précoces du vice.
Et voilà, sur le banc, orné de la seule
gloire du crime, le rebut humain qu'un
Pierre Hamp essayait ,de camper en hé
roïne ! Ecoutez-la. Sèche, froide, fausse,
elle manie sans amour, sans enthou
siasme, les grands mots dont elle fait ses
excuses : individualisme, anarchie.
Ecoutez-la surtout dire du mal de sa
mère, rejeter sur sa mère la responsabi
lité de ses mauvais instincts. Et avec
quelles précautions oratoires !
« S'il est des paroles qu'on peut prononcer, ré-
cite-t-elle lentement, le cœur parfois se refuse à
les signer. »
A chaque instant, elle débite de ces
phrases convenues, de ces aphorismes sans
émotion. Qu'y a-t-il au fond d'une si
pauvre chose ?
Une immense vanité, d'abord. « Je
revendique même mes faiblesses », a-t-elle
dit hier. Vanité de ce qu'elle croit être
ses idées et qui ne sont que ses instincts
déchaînés, vêtus des réminiscences de
tristes lectures. Vanité d'avoir « osé ».
Vanité d'être anormale et monstreuse.
Mais surtout — et ici vingt témoignages
concordent — une paresse crasse, une
paresse qui explique les vols, la mendi
cité, les indélicatesses de toutes sortes,
l'oubli de toute pudeur. Paresse qui
semble lui avoir interdit l'amour : les
débauches de cette fille n'ont été que des
coucheries que nul effort de cœur ou
d'esprit n'essayait d'embellir.
Toute cela se traduit par une extraordi
naire aptitude au mensonge : à chaque
instant, elle joue un rôle. On sent que sa
vie s'est passée à jouer des rôles, à trom
per les autres et d'abord elle-même sur
sa misère intime, à donner les noms
d'héroïsme, de sacrifice, aux plus tristes
lâchetés. Le président lui a fait hier
remarquer avec quelle vérité elle avait
soutenu devant Marius Plateau, ce per
sonnage « d'anarchiste traître à son par
ti » qu'elle avait assumé. Germaine Ber
ton a vu là un éloge. Elle s'est redressée
à sa barre :
« Il fallait bien leur inspirer confiance ! »
Elle est tout entière dans ce trait.
L'acte d'accusation
A l'interrogatoire d'identité du prési
dent, elle répond brièvement par ses
noms, âge, profession et domicile : « Ger
maine-Jeanne-Yvonne Berton, née à Pu-
teaux, le 7 juin 1902. Sans profes
sion. s> (sic).
Nos lecteurs connaissent les faits relatés
par l'acte d'accusation. Il retrace la
honteuse façon de vivre de Germaine
Berton, sa carrière de fille publique et
de repris de justice :
« En 1921, l'accusée vient se fixer à
Paris et y réside depuis lors, à peu près
sans interruption, vivant dans la société
des anarchistes et préférant, au lieu de
s'assurer par le travail des ressources
honorables, subsister misérablement des
libéralités incertaines de divers cama
rades libertaires, dont -elle devenait la
maîtresse passagère.
« En 1921 ,elle était condamnée par le
tribunal de la Seine à 3 mois d'empri
sonnement pour outrages et violences en
vers les agents ; en 1922, elle encourait
15 jours de la même peine pour port
d'arme prohibée. »
Après avoir résumé la genèse du crime
et son accomplissement, l'acte d'accusa
tion conclut :
« Rien dans l'accusation n'a établi que
l'accusée ait commis son crime avec
l'aide ou à l'instigation de complice.
« Rien non plus ne permet de penser
que Germaine Berton n'a pas agi dans la
plénitude d'une responsabilité mentale
entière.
« Aussi bien, elle n'a pas cessé de re
vendiquer, avep une orgueilleuse préten
tion, sa responsabilité intégrale ; bien
loin de regretter l 'acte abominable gn 'ellç
a commis, elle ne songe qu'à s'en glori
fier.
« Presque partout où a passé l'accu
sée, elle a laissé le souvenir d'une fille
violente, vaniteuse, paresseuse, malpro
pre, de mœurs dissolues et malhonnête
au point de vue de la simple probité. »
L'INTERROGATOIRE
Le passé fangeux de la criminelle
— Accusée, levez-vous, prononce le pré
sident.
L'interrogatoire va commencer. H va
nous permettre de compléter la physiono
mie de la misérable qui, le 22 janvier
dernier, abattit traîtreusement par derriè
re le héros.
Disons tout de suite que cet interrogatoi
re a été mené de main de maître, avec au
tant de clarté et de précision que d'auto
rité. Le conseiller Pressard vient de se
révéler un président d'assises de premier
ordre.
11 commence par rappeler, d'après le
dossier et les témoignages reçus, le passé
et les antécédents de Germaine Berton. Nos
lecteurs connaissent les beaux états de ser
vice, les coucheries à trois, les « ta
pages », les vols, les indélicatesses qui par
sèment l'existence de celle qui a eu le tou
pet de s'intituler la « Vierge noire » de
l'Anarchie.
Partout où elle a passé, Germaine Berton a
laissé le plus mauvais souvenir. Depuis son
jeune âge, sa conduite a été déplorable.
Elle perd son père en 1919, à Tours. Dès
lors, elle ne s'inquiète plus de sa mère.
Elle la laisse là, se donne aux uns et aux
autres et se met à fréquenter les milieux
anarchistes. ' "
Le président. — Vous avez causé beau
coup de soucis à votre mère. Vous étiez
loin d'être une fille aimante. On a dit que
vous l'insultiez et que vous la battiez par
fois.
L'accusée. — C'est exagéré... (sic).
D. — Vous avez dit à plusieurs reprises,
que votre mère vous était totalement étran
gère. Ce ne sont pas là dè beaux senti
ments.
Il suffit d'avoir regardé l'accusée et sur
tout de l'avoir entendue, pour être incapa
ble de nourrir la moindre illusion à cet
égard. Oh ! ce regard ! Oh ! cette voix !
Cette voix fausse, pointue et rageuse d'hys
térique, que nous entendrons, tout à l'heu
re détailler prétentieusement son crime,
comme un fait-divers bien appris, sans un
mot de regret !
D. — Vous vous êtes, de bonne heure,
signalée comme paresseuse et livrée à vos
mauvais instincts. Votre liberté conquise,
votre mère laissée de côté, vous venez seule
à Paris. Vous y travaillez, mais de temps
en temps seulement, jamais avec continui
té. Vous retournez ensuite en Touraine.
En 1920, vous devenez anarchiste.
R. — J'avais commencé par fréquenter
clandestinement des réunions royalistes (1)
D. — Vous fondez un groupe libertaire
en Indre-et-Loire; vous écrivez au Réveil,
organe anarchiste. Dans vos discours et
vos écrits, vous prêchez la violence et l'ac
tion directe. De la République, vous dites ;
« Cette s... au mufle barbouillé de sang ».
Et vous appelez la France « cette maratre
ignoble ». Vous n'êtes pas digne d'être
Française !
La Berton fait signe que cela lui est ab
solument égal.
D. — De ces divers groupes, vous avez
été chassée pour paresse et aussi à cause
de vos indélicatesses.
R. — C'est faux ! J'ai donné ma démis
sion ! Je ne voulais pas me mettre à la re
morque de Moscou.
D. — En 1922, vous revenez à Paris et
vous vous liez à des anarchistes notoires.
Vous devenez lèur maîtresse. Vous êtes plu
sieurs fois condamnée. Comme vous pur
gez la première de ces condamnations, à
Saint-Lazare, vous écrivez à Mme Bernain
de Ravisi que vous êtes devenue enceinte
et que vous vous êtes fait avorter.
R. — Dans les lettres, on peut mettre
tout ce qu'on veut ! (Bruit)
D. — Avez-vous jamais essayé vraiment
de travailler ? Cela n'apparaît pas. Vous
étiez fainéante, a dit de vous votre amant
Gohary. Un autre donne à vos mœurs un
qualificatif répugnant. De quoi viviez-
vous ?
R. — De secours, de subsides.
D. — Et aussi de détournements, d'indé
licatesses. Un autre de vos amants, M. De-
larapidie, vous a accusée de lui avoir volé
de l'argent. Il est vrai qu'il s'est rétracté
par la suite. Mais il est avéré que vous
avez, au moment de votre passage au Li
bertaire, détourné des mandats adressés à
ce journal.
R. — C'est faux !
D. — Vous avez été exclue des milieux
anarchistes à cause, précisément, de ces
indélicatesses.
R. — C'est le brigadier Ballerat qui a in
venté cela ! C'est une invention de la po
lice ! •
D. — En juin 1922, vous étés impliquée
dans une affaire de vol et recel avec d'au
tres anarchistes. La matérialité du fait
n'est pas établie, toutefois, à votre égard,
et vous n'êtes condamnée qu'à 15 jours
de prison pour port d'arme prohibée.
En septembre 1922, vous travaillez chez
M, Coste pendant cinq semaines environ.
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