Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-12-13
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 13 décembre 1923 13 décembre 1923
Description : 1923/12/13 (Numéro 346). 1923/12/13 (Numéro 346).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
i
Seizième àimée,^ N 0 34é_
a EDITION DU MATIN
Jeudi 13 Décembre 1923
<1
15 centimes. S rimb et S eibe-et- O ish
20 centimes. Départements et Colosies
ABONNEMENTS : Pn An. SiiKws. Treisllrâ.
France et Colonies. 48 fr. «3 fr. i3 fr.
Etranger . . ... . ..8a » 4a » aa »
Chèque postal : Compte 3B .900 - Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAIS
« Tout ce qui est national est notre. )> \
Le Due d'ORLÉANS i : 11
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la France. '
«éda.ctioh * administration :
ti, rue de Home, PAULS (S*)
Adresse télégraphique : ACTIO F R AN-PARIS
TêlépUono : Administration .* Louvre 30-69, *g-âu
Jtédaclion : Contrai 75-44 Publicité : Central 74-77
Après xo heures dn soir : Ségur xi-fiâ
Registre de Commerce : Seine ïs* 78.582
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef : MAURICE PUJO
* ,
t Mrte h yfeorre 4es Démocraties!
« Par une sinistré ironie, la grande guer.re
« qui devait consacrer le triomphe des principes
« 'démocratiques, aboutira ainsi à la réhabilita-
« tionde la tyrannie la plus féroce que le monde
« ait jamais connue. »
JOURNAL DE GENEVE, du 12 décembre
Le paletot et le nom
dé l'enfant
Tenons-nous-en d'abord aux faits : .
Philippe est arrivé chez les cannibales
du Libertaire, le jeudi 22 novembre, à
quatre heures après midi. Il avait, à ce
moment-là, son paletot, vraisemblablement
sa serviette jaune, sûrement de l'argent
dans son portefeuille — une somme supé
rieure à mille francs, vu la modicité de
ses dépenses au Hav*e et les dix-sept cents
francs qu'il avait ' au départ — et divers
papiers, parmi lesquels une lettre -de sa
mère, une lettre de moi, sur papier de la
Chambre, signée papa , puis Léon , comme
chaque fois que je lui . écrivais, et des
exemptions à son nom,■ plus deux médailles
en or et deux en argent, portant, gravé,
son prénom de Philippe. Il avait enfin le
sac qui a été retrouvé, si habilement, rue
de Chartres, chez l'anarchiste Gruffy, où il
passa la nuit du jeudi au vendredi. Il
n'avait pas de revolver, puisqu'on avait
refusé, au Havre, de lui en vendre un.
Quarante-huit heures après, Philippe,
^happant aux cannibales du Libertaire,
arrivait mourant à Lariboïsière, dans un
taxi, la tête traversée de part en part, avec
son paletot, sans sa serviette j aune, sans
son sac. Il avait un browning et deux char
geurs. Son portefeuille lui restait, conte
nant quatre-vingt-trois francs et, froissée,
Ja note aux six adresses, manifestement
oubliée dans une fouille hâtive. Tout le
reste avait disparu. Quelques jours plus
tard, certains papiers, ayant appartenu à
Philippe, étaient retrouvés dans le corsage
de M me Colomer, débarquant du train de
Marseille, où elle était allée les rechercher
, chez la mère de Georges Vidal ! Les expli
cation fournies par M" 10 Golomer sont d'une
nullité telle, et d'une invraisemblance si
I parfaite, que, juge, je l'eusse arrêtée et
inculpée illico. Mais M. Barnaud connaît
■son-métier mieux que moi, et ceci n'est
assurément pas une critique. -
Ce qui ressort, enfin, de l'amas de men
songes et de prétéritions accumulé par les
i cannibales du Libertaire, c'est leur effort
' désespéré pour maintenir" la fable absurde,
d'après laquelle ils auraient ignoré le nom
: de l'enfant. En effet, la preuve une fois
faite de leur connaissance du nom et de
l'identité de l'enfant, tout leur échafaudage
s'écroule et la machination criminelle de
vient indéniable.
Or, le nom de Philippe Daudet, son
adresse et sa classe à Bossuet étaient cou
sus sur une bande de calicot blanc, sous
. la patte de la poche droite du paletot neuf,
avec lequel le pauvre petit est arrivé mou
rant à Lariboisière. La mère avait cousu
elle-même cette pièce d'identité, à petits
points, avec un fil très solide. Nous atten
dions avec curiosité l'examen de ce paletot,
pour savoir ce qu'était devenu la bande de
calicot. Avant-hier matin, on a pu constater
qu'elle avait été arrachée. Trois bouts du
fil, qui la fixait, adhéraient encore au
vêtement. j
Les cannibales du Libertaire ont parlé,
à plusieurs reprises, du paletot de Philippe.
Gruffy a dit que Philippe voulait le lui
donner. D'autres ont dit qu'il voulait le
vendre ; ce qui indiquerait, si le fait est
prouvé, qu'à ce moment-là l'enfant était
déjà dépouillé de tout son argent. .Enfin,
le chauffeur'du taxi tragique a affirmé, à
maintes reprises, que le petit n'avait aucun
paletot quand il l'avait chargé, « place de
la Bastille ; qu'en constatant son . suicide,
« après le coup de feu », il l'avait vu sans
paletot. Mais, finalement, le paletot était
arrivé à Lariboisière, avec l'enfant mori
bond, et sans_îa fiche cousue dans la
poche. Les assassins ne manqueront pas
de dire que c'était l'enfant qui avait dé
cousu l'étiquette d'identité, dissimulée sous
la patte de la poche droite. Mais ce sera
là-un nouveau mensonge, car l'enfant
ignorait que son nom était caché dans
son paletot. Sa mère avait pris cette pré
caution, comme'd'autres, — hélas ! vaines,
-p- sans lui en parler, et précisément parce
qu'il était fugueur et parce qu'elle ne vou
lait pas lui montrer.sa méfiance à ce sujet.
Cela afin de ne. pas lui faire obsession.
Les interprétations possibles de cette
affaire du paletot et de l'arrachement de
la fiche d'identité ne sont pas très nom
breuses. Je juge inutile de les exposer ici,
dans le détail, vu les recherches en cours.
Mais elles tendent toutes à corroborer la
thèse du crime, accompli en connaissance
de cause, en connaissance de l'identité de
l'enfant.
Léon DAUDET
Député de Paris.
; ———O
Nous apprenons avec un vif plaisir la
naissance de Jean-Maurice, fils de noire
cher ami et collaborateur Paul Mathiex.
Les rédacteurs du journal et /'Action
française tout entière- adressent à l'heu
reux père leurs plus affectueuses félicitu-
! iioiis.
Comment
Philippe Daudet
est-il mort ?
LA DEPOSITION DE GRUFFY
M; Barnaud poursuit activement son .ins
truction. Il a entendu, hier, Lecoin, direc
teur du Libertaire, et.Gruffy, l'anarchiste
chez lequel Philippe a passé la nuit de
jeudi à vendredi et où le sac a été saisi
à la suite d'une perquisition' de -M. Fara-
licq.
Gruffy a confirmé qu'il avait vu Phi
lippe, jeudi, soir, au Libertaire, qu'il avait
dîné ce soir-là dans même restaurant que
Vidal et lui, à une autre table, qu'ils
étaient allés au Libertaire et, de là,
s'étaient rendus à la maison, des jeunesses
anarchistes, rue de Bretagne.
Nous aurions été hureux de savoir si
Gruffy a éclairé un point qui avait paru
singulier à beaucoup de lecteurs dans ses
déclarations à la presse. Alors que Vidal
avait placé dans l'après-midi du vendredi,
au moment où l'inconnu la quittait, la
déclaration de celui-ci : «-Je-nie nomme
Philippe », Gruffy s'exprimait ainsi sur
la soirée du Jeudi : « J'ai travaillé pour
moi jusqu'à 7 heures et c'est à ce moment
que Vidal m'a présenté Philippe Daudet,
ou plutôt Philippe. » ( Journal du 9 dé
cembre). Il faudrait être fixé : est-ce dès
le jeudi ou seulement le vendredi que
les anarchistes ont connu le prénom de
l'enfant '? Ce détail a quelque importance.
Il est vrai qu'entre les déclarations de
Gruffy à la presse et sa déposition devant
le juge, les anarchistes ont eu le temps
d'accorder leurs violons.
Sur le passage de Philippe à la maison
des Jeunesses anarchistes, Gruffy a été
très sobre de détails. D'après ce qui a
pu être connu de£ déclarations de l'anar
chiste, Philippe aurait causé là-bas très
peu avec Vidal, et pas du tout avec lui.
Notre avis est qu'il y aurait grand intérêt
à savoir qui assistait à cette réunion,
grand intérêt aussi à savoir exactement ce
qui s'y est passé...
C'est en sortant de cette réunion, et
comme GruCfy descendait l'escalier que
« le jeune inconnu » l'aurait rejoint. Ils au
raient marché tous deux dans la direction
tle la station du Métro « Arts-et-Méticrs »,
en parlant anarchie. Arrivé là, Philippe
aurait dit qu'il jie savait où aller coucher
et qu'il voulait retourner voir Vidal pour
lui demander de lui procurer une cham
bre. Etrange embarras d'un jeune Pari
sien qui, au Havre, qu'il ne connaissait
pas, avait su trouver- tout seul un, hôtel !
Mais Gruffy est là : il le dissuade d'aller
retrouver Vidal et lui offre.de venir, cou
cher chez lui, 8, rue de Chartres.
Une petite observation. Vidal a dit aux
journaux (voir la. Liberté du 11, décem
bre) : « Après le dîner, Philippe est
revenu avec moi au bureau du journal,
et nous avons travaillé ensemble (men
songe déjà constaté). Il nie quitta vers
11 heures et je ne sais oh il a passé la
nuit. »
A supposer que Vidal ne l'ait pas su
le soir même, il n'a pu l'ignorer le lende--
main, son ami Gruffy étant employé com
me lui aux bureaux du Libertaire. Pour
quoi donc Vidal a-t-il fait semblant d'a
bord de ne pas le savoir ?
Pourquoi, nous demande un correspon
dant, a-t-on attendu huit jours pour nous
donner le .nom de l'hospitalier Gruffy ?
Aux bienfaits dont ils avaient comblé cet
« inconnu » à qui ils n'avaient pas de
mandé son nom {accueil chez eux sans
méfiance, invitation à dîner, prêts d'argent
après lui avoir pris le sien), etc. —- ils pou
vaient ajouter celui-ci : iîavoir logé gra
tuitement, et ils ne disaient pas 1 C'est
ajouter trop de modestie à tant de géné
rosité !
Remarquons-lé eij passant : il est aussi
extraordinaire que Philippe ait voulu être
un inconnu que les anarchistes aient ac
cepté qu'il le restât. En effet, se présenter
sans aucun nom, c'était provoquer la cu
riosité et la méfiance. \Pourquoi Philippe
n'en aurait-il pas donné un : par exem
ple celui de Pierre Bouchamp qu'il avait
pris au Havre, ou tel autre qui lui aurait
passé par la tète ? Il l'aura fait peut-être,
mais, en reconnaissant qu'il avait donné
un faux nom,, les gens, du Libertaire, qui
n'auraient eu aucune raison de ne pas le
croire; auraient accrédité moins facile
ment leur thèse déjà si fragile sur leur
identification de « l'inconnu » avec Phi
lippe Daudet.
LE « TROUBLE » ET LA FUITE
Revenons à la déposition de Gruffy.
L'anarchiste et l'enfant à qui il a offert
l'hospitalité arrivent 8, rue de Chartres.
Là,. Gruffy constate que sa « compagne »
Marcelle Weill n'est pas rentrée. (Comme
cela s'arrange !) Philippe couchera dans
lfi lit habituellement occupé par celle-ci.
Marcelle Weill ne rentra pas cette nuit-
là, car, explique alors Gruffy, une brouille
entre lui et elle était survenue deux ou
trois jours auparavant. Marcelle Weill,
cette ancienne détenue de Saint-Lazare,
est très commode : elle est présente ou
absente selon que c'est une malheureuse
femme ou un enfant qu'on amène dans
le repaire de la rue de Chartres...
• « L'inconnu tombait de sommeil et s'en
dormit profondément. » Gruffy, qui le dé
clare, ne s'endormit donc qu'après lui.
Il ne dit pas s'il en profita pour regar
der les poches, la fiche d'identité du par
dessus et percer l'incognito de son hôte...
Gruffy raconte ensuite que le lende
main. vendredi, à 9 heures. Philippe, déjà
habillé, le réveilla. C'est à ce moment qu'il
lui aurait fait part de son idée de com
mettre un attentat contre un homme po
litique et particulièrement contre Léon
Daudet. Il serait parti ensuite en lui don
nant rendez-vous au Grenier de Gringoire.
Au cours de cette déposition, l'anar-
c'iirte se montra par moments fort gêné,
n ias il tira argument de son trouble pour
expliquer l'inexplicable.
Philippe lui aurait dit qu'il lui laissait
son sac, ce sac ne lui étant plus utile.
Mais le 1" décembre, le jour même oit
paraissaient les révélations du « Libertai
re », Gruffy changeait brusquement de
domicile et allait habiter (y impasse Cli-
.cliv. Ce déménagement était si rapide
qu'il abandonnait le sac rue de Chartres
avec quelques autres objets, pour une rai
son que l'on aperçoit pas si toutefois ori
ne considère pas un pareil départ comme
une fuite.
— Si je n'ai pas signalé à la justiçe que
le sac de Philippe Daudet était en ma
possession, et si je n'ai pas, davantage,
fait connaître que Philippe avait passé
chez moi la nuit de jeudi à vendredi, c'est
parce que la révélation de l'identité du
jeune inconnu m'avait bouleversé. J'ai été
très troublé; »
Et ce « trouble » s'est produit, remar
quons-le, avant la plainte en assassinat de
Léon Daudet !
i
Lecoin n'a rien dit sur l'affaire. Il s'est
contenté d'une déclaration « anti-bourgeoi
se», fulminant contre «la justice qui est
pourrie ». Dans le jargon frénétique habi
tuel- aux anarchistes, il a voulu dicter lui-
même au greffier sa déclaration. Lecoin
estime que la justice l'ennuie, lui et ses
camarades, en suivant une instruction sur
la,, mort de Philippe Daudet. Il n'est qu'à
l'aurore des mauvais jours.
•g. $
M. Kohn Abrest, directeur du labora
toire de toxicologie désigné par M. Bar
naud pour procéder à l'examen des vis
cères prélevés à l'autopsie, a déposé hier
son rapport, dont voici les conclusions :
« Les viscères et le sang ne contiennent
aucune trace . notable .d'alcool, pas de
substances toxiques :;ni, plus'p'articuliè-.
rement, de stupéfiants. L'analyse toxi-
cologiquei n'apporte donc. aucun fait
de nature à établir que Philippe Daudet
se trouvait sous l'influence de l'alcool ou
d'un stupéfiant au moment de sa mort.»
Maurice PUJO
LA POLITIQUE
1. La vie chère
et les fonctionnaires :
Décentralisez J -
Les gardiens de la paix étant douze
mille à Paris, cinq ou six cents. « .seule
ment » ont pris part à la'rébellion d'avant-
liier, « quelques centaines » dit,-avec lié-,
gligence le Temps, foes cinq- pour-eent-.
Ce chiffre-là servait autrefoi à noter et à
classer l'élite de l'élite. Il est appliqué
au déchet. Le Temps, le vrai, dira ce qu'il
convient de penser de cet optimisme» »-
Pour nous, "la' crise et lès questions ,
qu'elle pose nous ramènent, infatigable
ment à l'un de nos principes directeurs.
Les principes justes ont l'avantage de se
vérifier de la façon la plus féconde dans
toutes les directions. Quand on conseille
à l'Etat français de- décentraliser-, larges •
ment, on songe d'abord" à f&vorlSW'Utlfe
renaissance de cette vie locale partout
anémiée. Mais ce n'est pas le seul bienfait
qui doive être produit et 1 touché, directe
ment ou non, par une politique décentrali
satrice : elle a d'incalculables avantages fi
nanciers. Car-la politique étatiste,- son con*
traire, ajoute à d'incalculables dommages
directs le malheur d'aboutir, par une voie
oblique, à ruiner financièrement l'Etat et
à le détruire politiquement.
L'assistance aux fonctionnaires en temps
de cherté est devenue : un fardeau qui ex
cède les forces de -l'Etat. Pourquoi ? Par
ce qu'il y a trop de fonctionnaires. Pour
quoi ? Parce qu'il y a trop -de fonctions
mises sur le dos de l'Etat.-Comptez tout
ce que l'Etat fait médiocrement ou mal,
tout ce qu'il, aurait avantage à vendre à des
particuliers qui le feraient bien et qui en
tireraient, avec leur profit personnel
de la prospérité générale. Et,' tandis qu'il
arrêté par ces immixtions l'initiative des
citoyens et le . développement de la. ri
chesse commune, l'Etat s'appauvrit-:
au point qu'il plie sous le fardeau. Dans
l'usine géante qu'il prétend animer et
faire vivre, ses agents naturels, les offi
ciers de la justice, les officiers de la po
lice, les officiers des armées de terre et
de mer, ceux qui'sont préposés à de vé
ritables fonctions d'Etat pâtissent naturel
lement de tous les efforts -que 'Etat dé
pense autour d'eux pour gérer des affaires
auxquelles il n'entend rien. Ils sont de
plus en plus mal payés parce que l'Etat
consacre ses ressources à des entreprises
qui devraient lui en rapporter sous l'orme
d'impôts. Ils sont de plus en plus mal
traités parce que nous sommes au siècle
où l'honneur n'est pas indépendant des
signes extérieurs de la. fortune, et, ainsi
le service de l'Etat subit une disgrâce et
une déconsidération qui le conduit très
sûrement au discrédit. Nos chemins
de fer d'Etat, nos téléphones d'Etat, nos
usines et nos manufactures d'Etat fonc
tionnent de plus en plus mal, mais, en
revanche, la justice est de moins eh moins
rendue, la police de moins en moins, faite,
et les officiers de l'armée se recrutent dif
ficilement. Hier encore, M. de Lubersac
et M. Maginot ont eu toutes les peine? du
monde à faire comprendre au Sénat qu'il
fallait faire un effort financier en faveur
des cadres de nos armées. Le Sénat a-feil
compris ? Ce n'est pas sûr. En démocratie,
les fonctionnaires intéressants sont les
fonctionnaires qui votent. Voilà pourquo
il y en - a tant, et tant d'inutiles. Voilà
pourquoi les ' usurpations centralisatrices
de l'Etat vont se multipliant. Mais voilà
aussi pourquoi, dans cet Etat "électif, les
fonctions de nécessité nationale sont né
gligées ou faussées méthodiquement: ar
mature intérieure, armature extérieure,
niveau moral et sûreté matérielle vont
s'abaisser et tout craquera ainsi. Cela pro
met une jolie France !
Le remède, on le sait. Oh sait qu'il est
impraticable. La République ne peut pas
décentraliser. Mais, en refusant de dé
centraliser, elle tue la France. Elle lui re
fuse le moyen de se reconstituer très rapi
dement. 11 faut que l'on se rende compte
de cela. La.jsimple désétatisation d'un cer
tain nombre de services publics aurait
l'avantage : 1° de produire des ressources
budgétaires, prix de la vente aux particu
liers ; 2° de dégrever le budget du coût
énorme de ces fonctions et de leurs fonc
tionnaires ; 3°. d'appliquer les méthodes
de l'exploitation industrielle à des services
dont le rendement serait considérable
ment augmenté; 4° d'augmenter ainsi-l'ac
tivité nationale, la richesse du pays, l'ai
sance des citoyens, et d'assurer ainsi les
uns et. les autres contre la vie chère: 5°
de doter puissamment l'élite (encore très
nombreuse, soyez. tranquilles!) des fonc
tionnaires utiles qui seraient conservés,
de mettre ces fonctionnaires au-dessus du
renchérissement et de leur rendre ainsi,
de rendre également à l'Etat, le crédit, la
considération et l'autorité que sa gueuse-
rie lui enlève de plus en plus.
Cela est d'évidence ! Comme il est
d'évidence que la démocratie essentielle
ment étatiste, essentiellement centralisa
trice, ne verra jamais cela, ne le compren
dra ni ne voudra le comprendre. Il ne
faut pas se rassasier de redire que la dé
mocratie, par son être même, n'est
pas seulement un mal politique et moral.
C'est aussi et d'abord une énorme bêtise.
"Notre confrère Clément Vautel disait,
l'autre -jour, que tous les partis en isme
tendaient à s'évanouir dans le bifteckisme
11 y a du vrai. Avec cette nuance que le
bifteckisme en démocratie comporte lo :
giqitement l'ignorance ou l'oubli de tous
les procédés dont se servit la race hu
maine pour abattre, couper, cuire, apprêter
et conserver la réalité du moindre bifteck.-
La démocratie donne à manger .au peuple
des programmes de biftecks. Il y a des
moyens de préparer une nourriture plus
substantielle. Oui. Mais la démocratie
ne veut pas. La démocratie ne peut pas.
Les petits intérêts des politiciens profi
teurs, que leurs profits enchaînent à la ré
élection, ne leur permettent ni d'affran
chir l'Etat des fardeaux qui le tuent ni
de rendre à l'économie nationale son libre
jeu. On se serrera le ventre, on crèvera la
faim, on se disputera de maigres " croû
tons ou l'on s'entre-tuera dans la rue,
alors que la prospérité serait normale et fa
cile : mais on aura le plaisir de vivre en
démocratie et même d'en mourir, n'est-ce
pas, monsieur Georges Guy Grand !
II. Le mystère
de la note aux six adresses
•Madame Séverine continue sa brillante
défense des . lenteurs suspectes et des
omissions significatives commises par la
police parisienne au soir du 24 novembre.
Car - tout, dans cette, affaire, lui paraît
naturel " -et simple. Cette voiture qu'on
laisse aller, ce chauffeur à qui l'on ne
demande aucun supplément d'explication,
ce pardessus .fantôme voué au bazar par
les . libertaires, méconnu du chauffeur,
;ct;;.-dès;"qn*on l'eût retrouvé dans le petit
paquet de hardes de l'enfant mort, recon
nu des agents qui l'avaient vu sur le mori
bond, cela parait limpide, à Madame Séve-
-xviner- S'il" y a des fautes, elles sont au
compte .'" dès parents, des amis. Les ac
tions et les inactions policières coulent
de "source pure. « Evidemment » ! « Faci
lement », voilà les mots d'un écrivain
qui n'a pas toujours eu ces adverbes-là
si faciles. • .
-r -Reste .un.point- délicat- :
« liéste l'adresse, la fameuse adresse,
« choisie entre les six par l'agent, enqitê-
« leur, la seule complète, disant le nom,
« la rue, le numéro. J'ai attribué ce choix
€ à la nonchalance de l'agent, peut-être
« aussi à la tradition^ professionnelle de
«■■fuir les'nids à « histoires » pour son
« administration. »
L'histoire ? C'était l'identification d'un
cadavre.La tradition professionnelle?C'est,
au contraire, la diligence. Nous l'avons
vue par la lettre de l'ancien médecin de
quartier, que j'ai publié le 7. Exception
nellement, on n'a pas fait diligence. D'où
vient l'exception ?
Dans les commissariats, dans les postes,
on.'ri'a 'pas à demander l'adresse de la
Ligue d'Action française. On la sait. Le
policier qui ne la saurait pas serait mis
à pied dans les vingt-quatre heures.
La police n'est pas allée chez M"' Ila-
vard de la Montagne parce qu'elle était
seule, veuve et malade, mais parce que
le nom ne lui disait rien. Le nôtre lui
disait... On savait qui était l'Action fran
çaise, èt c'est aussi pourquoi l'on n'y est
pas allé. «Fantaisie» est vite,dit. Je ne
pèux m'empêcher de redire que le recto
d'une fiche à cinq noms, dont trois por
tent: l'Action française, l'ambassade d'Es
pagne, Maxime Real de! Sarte, ce rccto de
fiche revêt un caractère politique évident.
Il est inouï qu'on n'en ait retenu qu'un
nom de particulier.
Si l'on a évité le point qui sautait aux
yeux, ce ne peut être fortuitement, ce doit
être volontairement. Pourquoi ?
Madame Séverine veut bien ajouter ici :
« Mais où M. Charles Maurras a rai
son, c'est en disant qu'on aurait dû aller
partout ; en s'élevant contre les absten
tions de l'enquête... » /
Concession presque aussi hardie que
cette discussion de l'indiscutable. Elle est
d'ailleurs rattrapée à merveille :
« Mais qu'il calcule.
« Le coup de pistolet était de 4 h. 1/4; ^
la mort, de G heures. A 10 h. 1/2, donc le
soir, même, la police s'informe rue de Gre
nelle. En toute exactitude, il n'y a pas de
temps perdu. »
Je ne puis m'empêcher de « calculer »,
de mon côté, qu'un coup de téléphone à
l'Action française était très facile à don
ner. Il était plus court de le donner que
de se rendre rue de Grenelle, au bout de
quatre heures et demie de tergiversations.
Cette chose facile n'a pas été faite. Pour
quoi ? Pour quelle raison évidemment po
litique ? *
Les explications latitudinaires de Mada
me Séverine laissent intactes les questions
qui tournent autour de ce point central.
Les responsabilités de la police restent
gravement engagées. Le silence d'une
presse asservie les a soulignés encore.
Charles MAURRAS
"'.''i i m '■ ——
LES VENGEURS DE PLATEAU
On sait qu'en .vue du procès -de la fille
Berton, la famille de Marins Plateau s'était
adressée, pour représenter la partie civile,
à notre éminent ami le bâtonnier de Roux.
Avec la haute conscience qu'on lui con
naît, celui-ci, qui assumera la tâche d'é-
claircir les aspects généraux de l'affaire,
a tenu à ce que fût présent à la -barre un
avocat ancien combattant, particulière
ment changé -.de réclamer justice pour le
héros de Port-Fontenoy.
11 s'est adressé à M" Cainpinchi, blessé
de guerre, qui est loin de partager nos
idées politiques, qui a même été notre
adversaire-en justice, mais en qui chacun
salue, outre un grand talent, une loyauté
et un patriotisme dont, il donne une nou
velle preuve en acceptant cette mission..
Nous tenons à l'en remercier ici.
Contre l'inflation
menaçante
Les remboursements de l'Etat a la
Banque de France compromis. — Un
projet d'inflation. —. Protestations
des producteurs. vœux pour une
dictature financiere. decisions
a prendre entre français.
On annonce que M. de Lasleyrie, mi
nistre des Finances, à l'intention, non
seulement de ne pas rembourser le mil
liard qu'il devrait rembourser en fin
d'année à la Banque de France, mais
d'utiliser eu outre, pour les besoins du
Trésor, les 800 milliohs du fonds d'amor
tissement des avances. -
Il faut dire nettement ce que signifie
raient ces mesures :
. C'est une faillite purlielle, et c'est l'in
flation.
Or, il g un mois, M. de Lasleyrie affir
mait sa résolution de ne pas recourir à
ces mogens.
Le 10 novembre, j'ai reçu la visite d'une
personnalité qui, sans nie dire nettement
qu'elle venait de là pari du ministre, me
faisait connaître qu'elle avait mission de
me faire part des• intentions du ministre,
fermement résolu à tenir ses engagements.
On me demandait en outre de ne rien
écrire, sur la question des remboursements,.
afin de ne pas' ouvrir une discussion qui
pourrait gêner le ministre.
Je répondis que cette tactique me ■pa
raissait tout à fait imprudente, mais que je
consentais cl faire l'expérience, et que, si
le ministre ne tenait pas ses engagements,
je ferais connaître à nos lecteurs cette
singulière démarche.
Hier même, mon visiteur m'a écrit :
vous aviez raison ; notre pacte ne tient
plus. '
Il apparaît donc que la liberté de ma
nœuvrer que désirait le ministre était des
tinée à faire le contraire de ce que l'on
annonçait.
On est en droit de se demander si cer
taines manifestations bruyantes de fonc
tionnaires n'ont pas été habilement pro
voquées pour justifier les mesures que le
ministre des Finances se propose de pren
dre ou de faire prendre au Parlement..
Il devient évident que nous avons un
ministre des Finance,s qui, par manque de
prévoyance et d'énergie, s'étant laissé
acculer dans une impasse, ne trouve d'au
tre issue que la chute dans le régime des
assignats. .
Il n'est lias trop tard pouf réagir, à
condition que l'on soit absolument résolu
à employer les moyens nécessaires.
Les producteurs, qui sont unanimes à
protester contre une telle politique finan
cière, ont déjà défini ces moyens.
Je les résume ici :
Etant donné que l'on ne peut éviter
l'inflation qu'à condition de ne pas faire
de dépenses qui ne soient au préalable
couvertes par des recettes ;
. .Etant donné qu'une politique financière
ainsi conduite est impraticable en période
électorale,
Il est nécessaire, si l'on veut éviter la
catastrophe financière : •
1° D'instaurer sans retard une dictature
financière, avec un ministre < plus . pré
voyant et plus énergique que M. de Las
leyrie ;
2" De proroger le Parlement jusqu'à
ce que la situation financière soit assai
nie ;
3° De mettre la production à l'abri des
troubles monétaires par l'introduction
rapide d'une monnaie de compte stable,
qui ne peut être autre que le franc-or.
Si ces mesures ne sont, pas prises, nous
sommes menacés des pires troubles éco
nomiques et sociaux.
Mais les producteurs, avertis 'par les ex
périences allemandes, sauront prendre en
temps utile les mesures propres à garan
tir le travail.
Dès hier soir, 1' Union des Corpora
tions françaises, dont le Comité central
siégeait, a décidé de faire campagne pour
la dictature financière, la prorogation du
Parlement, l'application du franc-or à
toutes opérations. Elle demande, en outre,
que l'Etat convoque, sinon les Etats géné
raux, au moins les chefs des grandes cor
porations et des grandes associations qui
l'aideraient à appliquer la rude politique
financière qui est nécessaire.
Si les ministres veulent perdre l'Etat et
livrer les Français aux financiers, les
producteurs et les combattants sont réso
lus à sauver l'Etat et à protéger les Fran
çais et ils savent quels moyens doivent
cire employés.
Nous attendons maintenant les décla
rations publiques du ministre des Finan-
CCS •
Georges' VALOIS
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
— A la Chambre, discussion du budget
spécial et dépenses recouvrables.
— Quinze agents de police sont suspen
dus à la suite de la manifestation de mardi.
— Un violent incendie a Issy-les-Mouli
neaux aux usines Voisin.
t'as un bonbon an chocolat ne vaut les Griottes
au kirsch de Fourey-Gallancl. 124 Faubourg Saint-
Uonoré. à l'angle de la rue de Pcntliièvre. Télé
phone Elysées 10-36. ;
Pourquoi payer très cher, au détail, bijoux et
argenterie, quand vous pouvez obtenir les mê
mes articles, aux prix de gros, avec une économie
de 30 0/0, chez Pinson. 15, rue Lévis, de 9 heu
res à midi. ~ ,
♦ *
Aa Lys Royal, 13,. rue de la Pépinière,
gourmets - et connaisseurs trouverjnt, luxueu
sement présentés dans des boîtes et coffrets de
haut goût, dos chocolats exquis.,
<( SUS. BAPTÊMES CHOCOLAT »
Font-Romeu. — Tous les travaux préparatoi
res à la saison d'hiver sont actuellement termi
nés. Patinoire. Pistes do bobsleigh et de Luge,
sont en jparfait étjt. . ' - -
Au 9 décembre, épaisseur de la couche de
neige. 50 centimètres. .
Ouverture de saison d'hiver, 20 décembre. .
Uleg. Comm. Seine N" 46.487.), . ; .
Itainsav Macdonald
' «
et LIojd George
La première surprise des élections étant
passée, les partis anglais s'étant comptés,
la politique de demain s'organise. Rappe
lons la situation à la Chambre des Com
munes. Les conservateurs ont 254 sièges,
les libéraux 158, les travaillistes 192. La
même proportion se retrouve dans le
nombre des suffrages exprimés bien que le
Labour, ayant, en' 1 maintes circonscriptions,
profité des élections^ « triangulaires », dé
tienne plus de mandats qu'il n'aurait dû
en recevoir. Quoi qu'il en soit, ces chiffres
montrent qu'aucun parti n'a la majorité et
qu'une coalition est inévitable.
Sera-t-elle conservatrice-libérale ou tra
vailliste-libérale ? C'est ce que nous sau
rons après le 8 janvier, lorsque M. Bald-
win se sera représenté devant le Parlement.
Dans l'intervalle, des efforts auront certai
nement cté tentés pour nouer une alliance
contre le socialisme. La résistance a déjà
commencé. Si M. Baldwin n'a pas tout de
suite donné sa démission, c'est pour ne pas
mettre le roi dans l'obligation d'appeler
M. Ramsay Macdonald. ,
Il faudra bien qu'on l'appellf si M. Bald
win est -renversé, si l'union libérale-conser
vatrice ne se fait pas. Le chef des travail
listes, contrairement Jj, une opinion assez
répandue, qui le représentait comme peu
désireux de prendre le pouvoir, a.l'air de
s'y préparer,. Et qu'arriverait-il dans ce
cas ? C'çst que M. Ramsay Macdonald
devrait présenter un projet de budget, ce
qui est ia pierre de touche des gouverne
ments.-Dans ce budget, qui peut-être ne
serait pas, à proprement parler, révolution
naire, il introduirait quelques réformes de
caractère socialiste. Il importerait seule
ment (et c'est là qu'on verrait son habileté)
qu'elles fussent assez populaires pour que,
si elles étaient repoussées par le Parlement,
le parti travailliste pût en appeler, aux
électeurs avec des chances de succè;.
On voit très bien ce que ces réformes
pourraient être. Un" impôt sur le capital
figure dans le programme du. Labour. Que
cet impôt soit, par exemple, destiné à-frap
pe? seulement, les très grandes fortunes.
Les conservateurs et les libéraux pourraient
le rejeter à cause du principe. Mais la cam
pagne qui s'engagerait ensuite, ressemble
rait singulièrement à celle de 1910, après
le budget radical-socialiste de M. Lloyd
George. La même démagogie pourrait tout
aussi bien réussir. Il ne serait même pas
certain qu'elle ne retrouvât pas le même
chef, car l'attitude de M. Lloyd George,
depuis sa chute, est fort ambiguë. C'est un
homme qui a une revanche à prendre. Ft
puis, qui a bu boira.
Voilà quelques-unes des appréhensions
qui tourmentent certains'Ànglais. Sont-elJes
justifiées? Nous le verrons après la trêve
dj JNoël. Mais il n'est pas superflu, en ce
moment-ci, "de se rappeler qu'en 1910 M.
Ramsay Macdonald " était l'allié de M,
Lloyd George et soutenait son budget contre
ces « ânes couronnés » qui n'étaient autres
que les nobles Lords. — J. B.
SUR LA TOMBE
de Maurice Barres
Barrés a été suivi jusqu'à sa dernière
demeure par toutes les puissances spiri
tuelles et nationales que de son vivant il
avait approchées, unies et défendues.
L'Eglise, l'Armée et la Poésie, sous leurs
masques de chair, les uniformes et les or
nements noirs escortèrent leur héraut dans
le recueillement de ce matin d'automne
gris, à travers l'humidité et la boue qui
n'empêchaient pas les âmes de s'élever der
rière leur inspirateur terrassé.
La Lorraine a fait à son illustre'.fils des
obsèques d'une intimité touchante ; il v
eût reconnu tous les amis qu'il avait mé
rités, des vieillards et dés jeunes, des
gentilshommes et des hommes du peuple,
une cohorte admirative, respectueuse et
empressée que Metz et Nancy, Epinal et
Strasbourg avaient rassemblés pour le der
nier adieu.
Mais le cercueil de Barrés n'enferme pas
des ccndr«jjF> et l'énergie qu'il semble nous
ravir trompe du même coup l'image de là
mort à laquelle nos yeux se refusent de
croire. .1
Nous cheminons aujourd'hui tristement
devant la maison natale vers la demeure
mortuaire, et c'est, à l'immortalité, à l'im
mortalité véritable que nous conduisons le
maître de notre, jeunesse ; nous lui vou
lons une autre place que la tombe étroite
où le langage sacré et l'imagination popu
laire lui offrent le repos. Nos cœurs et
nos mémoires le raniment, les jouissances
de nos vingt ans lui rendent sa physio
nomie, les événements d'un demi-siècle
tourmenté et tragique, sa vertu, sa force,
l'autorité de son prestige sur "tout un peu
ple et sur ces pages de l'histoire nationale
où brusquement sa main s'est arrêtée d'é
crire.
L'heure d'émotion poignante se prolonge
dès l'instant qui nous porte airpied du ca
tafalque, et cette promenade à travers
Charmes où nos pas d'enfant l'avaient sui
vi, jusqu'à ce mur de cimetière où, hélas !
il faut entrer avec lui, malgré nous.
Barrés, déjà i .
Chacun s'efforce de dire le sentiment
de la collectivité ; mais les discours, mê
me les plus beaux, ne remplissent pas nos
cœurs d'une, musique assez*-haute, et lu
Seizième àimée,^ N 0 34é_
a EDITION DU MATIN
Jeudi 13 Décembre 1923
<1
15 centimes. S rimb et S eibe-et- O ish
20 centimes. Départements et Colosies
ABONNEMENTS : Pn An. SiiKws. Treisllrâ.
France et Colonies. 48 fr. «3 fr. i3 fr.
Etranger . . ... . ..8a » 4a » aa »
Chèque postal : Compte 3B .900 - Paris.
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAIS
« Tout ce qui est national est notre. )> \
Le Due d'ORLÉANS i : 11
héritier des quarante Rois qui en mille ans firent la France. '
«éda.ctioh * administration :
ti, rue de Home, PAULS (S*)
Adresse télégraphique : ACTIO F R AN-PARIS
TêlépUono : Administration .* Louvre 30-69, *g-âu
Jtédaclion : Contrai 75-44 Publicité : Central 74-77
Après xo heures dn soir : Ségur xi-fiâ
Registre de Commerce : Seine ïs* 78.582
Fondateur : HENRI VAUGEOIS — Directeurs politiques : LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef : MAURICE PUJO
* ,
t Mrte h yfeorre 4es Démocraties!
« Par une sinistré ironie, la grande guer.re
« qui devait consacrer le triomphe des principes
« 'démocratiques, aboutira ainsi à la réhabilita-
« tionde la tyrannie la plus féroce que le monde
« ait jamais connue. »
JOURNAL DE GENEVE, du 12 décembre
Le paletot et le nom
dé l'enfant
Tenons-nous-en d'abord aux faits : .
Philippe est arrivé chez les cannibales
du Libertaire, le jeudi 22 novembre, à
quatre heures après midi. Il avait, à ce
moment-là, son paletot, vraisemblablement
sa serviette jaune, sûrement de l'argent
dans son portefeuille — une somme supé
rieure à mille francs, vu la modicité de
ses dépenses au Hav*e et les dix-sept cents
francs qu'il avait ' au départ — et divers
papiers, parmi lesquels une lettre -de sa
mère, une lettre de moi, sur papier de la
Chambre, signée papa , puis Léon , comme
chaque fois que je lui . écrivais, et des
exemptions à son nom,■ plus deux médailles
en or et deux en argent, portant, gravé,
son prénom de Philippe. Il avait enfin le
sac qui a été retrouvé, si habilement, rue
de Chartres, chez l'anarchiste Gruffy, où il
passa la nuit du jeudi au vendredi. Il
n'avait pas de revolver, puisqu'on avait
refusé, au Havre, de lui en vendre un.
Quarante-huit heures après, Philippe,
^happant aux cannibales du Libertaire,
arrivait mourant à Lariboïsière, dans un
taxi, la tête traversée de part en part, avec
son paletot, sans sa serviette j aune, sans
son sac. Il avait un browning et deux char
geurs. Son portefeuille lui restait, conte
nant quatre-vingt-trois francs et, froissée,
Ja note aux six adresses, manifestement
oubliée dans une fouille hâtive. Tout le
reste avait disparu. Quelques jours plus
tard, certains papiers, ayant appartenu à
Philippe, étaient retrouvés dans le corsage
de M me Colomer, débarquant du train de
Marseille, où elle était allée les rechercher
, chez la mère de Georges Vidal ! Les expli
cation fournies par M" 10 Golomer sont d'une
nullité telle, et d'une invraisemblance si
I parfaite, que, juge, je l'eusse arrêtée et
inculpée illico. Mais M. Barnaud connaît
■son-métier mieux que moi, et ceci n'est
assurément pas une critique. -
Ce qui ressort, enfin, de l'amas de men
songes et de prétéritions accumulé par les
i cannibales du Libertaire, c'est leur effort
' désespéré pour maintenir" la fable absurde,
d'après laquelle ils auraient ignoré le nom
: de l'enfant. En effet, la preuve une fois
faite de leur connaissance du nom et de
l'identité de l'enfant, tout leur échafaudage
s'écroule et la machination criminelle de
vient indéniable.
Or, le nom de Philippe Daudet, son
adresse et sa classe à Bossuet étaient cou
sus sur une bande de calicot blanc, sous
. la patte de la poche droite du paletot neuf,
avec lequel le pauvre petit est arrivé mou
rant à Lariboisière. La mère avait cousu
elle-même cette pièce d'identité, à petits
points, avec un fil très solide. Nous atten
dions avec curiosité l'examen de ce paletot,
pour savoir ce qu'était devenu la bande de
calicot. Avant-hier matin, on a pu constater
qu'elle avait été arrachée. Trois bouts du
fil, qui la fixait, adhéraient encore au
vêtement. j
Les cannibales du Libertaire ont parlé,
à plusieurs reprises, du paletot de Philippe.
Gruffy a dit que Philippe voulait le lui
donner. D'autres ont dit qu'il voulait le
vendre ; ce qui indiquerait, si le fait est
prouvé, qu'à ce moment-là l'enfant était
déjà dépouillé de tout son argent. .Enfin,
le chauffeur'du taxi tragique a affirmé, à
maintes reprises, que le petit n'avait aucun
paletot quand il l'avait chargé, « place de
la Bastille ; qu'en constatant son . suicide,
« après le coup de feu », il l'avait vu sans
paletot. Mais, finalement, le paletot était
arrivé à Lariboisière, avec l'enfant mori
bond, et sans_îa fiche cousue dans la
poche. Les assassins ne manqueront pas
de dire que c'était l'enfant qui avait dé
cousu l'étiquette d'identité, dissimulée sous
la patte de la poche droite. Mais ce sera
là-un nouveau mensonge, car l'enfant
ignorait que son nom était caché dans
son paletot. Sa mère avait pris cette pré
caution, comme'd'autres, — hélas ! vaines,
-p- sans lui en parler, et précisément parce
qu'il était fugueur et parce qu'elle ne vou
lait pas lui montrer.sa méfiance à ce sujet.
Cela afin de ne. pas lui faire obsession.
Les interprétations possibles de cette
affaire du paletot et de l'arrachement de
la fiche d'identité ne sont pas très nom
breuses. Je juge inutile de les exposer ici,
dans le détail, vu les recherches en cours.
Mais elles tendent toutes à corroborer la
thèse du crime, accompli en connaissance
de cause, en connaissance de l'identité de
l'enfant.
Léon DAUDET
Député de Paris.
; ———O
Nous apprenons avec un vif plaisir la
naissance de Jean-Maurice, fils de noire
cher ami et collaborateur Paul Mathiex.
Les rédacteurs du journal et /'Action
française tout entière- adressent à l'heu
reux père leurs plus affectueuses félicitu-
! iioiis.
Comment
Philippe Daudet
est-il mort ?
LA DEPOSITION DE GRUFFY
M; Barnaud poursuit activement son .ins
truction. Il a entendu, hier, Lecoin, direc
teur du Libertaire, et.Gruffy, l'anarchiste
chez lequel Philippe a passé la nuit de
jeudi à vendredi et où le sac a été saisi
à la suite d'une perquisition' de -M. Fara-
licq.
Gruffy a confirmé qu'il avait vu Phi
lippe, jeudi, soir, au Libertaire, qu'il avait
dîné ce soir-là dans même restaurant que
Vidal et lui, à une autre table, qu'ils
étaient allés au Libertaire et, de là,
s'étaient rendus à la maison, des jeunesses
anarchistes, rue de Bretagne.
Nous aurions été hureux de savoir si
Gruffy a éclairé un point qui avait paru
singulier à beaucoup de lecteurs dans ses
déclarations à la presse. Alors que Vidal
avait placé dans l'après-midi du vendredi,
au moment où l'inconnu la quittait, la
déclaration de celui-ci : «-Je-nie nomme
Philippe », Gruffy s'exprimait ainsi sur
la soirée du Jeudi : « J'ai travaillé pour
moi jusqu'à 7 heures et c'est à ce moment
que Vidal m'a présenté Philippe Daudet,
ou plutôt Philippe. » ( Journal du 9 dé
cembre). Il faudrait être fixé : est-ce dès
le jeudi ou seulement le vendredi que
les anarchistes ont connu le prénom de
l'enfant '? Ce détail a quelque importance.
Il est vrai qu'entre les déclarations de
Gruffy à la presse et sa déposition devant
le juge, les anarchistes ont eu le temps
d'accorder leurs violons.
Sur le passage de Philippe à la maison
des Jeunesses anarchistes, Gruffy a été
très sobre de détails. D'après ce qui a
pu être connu de£ déclarations de l'anar
chiste, Philippe aurait causé là-bas très
peu avec Vidal, et pas du tout avec lui.
Notre avis est qu'il y aurait grand intérêt
à savoir qui assistait à cette réunion,
grand intérêt aussi à savoir exactement ce
qui s'y est passé...
C'est en sortant de cette réunion, et
comme GruCfy descendait l'escalier que
« le jeune inconnu » l'aurait rejoint. Ils au
raient marché tous deux dans la direction
tle la station du Métro « Arts-et-Méticrs »,
en parlant anarchie. Arrivé là, Philippe
aurait dit qu'il jie savait où aller coucher
et qu'il voulait retourner voir Vidal pour
lui demander de lui procurer une cham
bre. Etrange embarras d'un jeune Pari
sien qui, au Havre, qu'il ne connaissait
pas, avait su trouver- tout seul un, hôtel !
Mais Gruffy est là : il le dissuade d'aller
retrouver Vidal et lui offre.de venir, cou
cher chez lui, 8, rue de Chartres.
Une petite observation. Vidal a dit aux
journaux (voir la. Liberté du 11, décem
bre) : « Après le dîner, Philippe est
revenu avec moi au bureau du journal,
et nous avons travaillé ensemble (men
songe déjà constaté). Il nie quitta vers
11 heures et je ne sais oh il a passé la
nuit. »
A supposer que Vidal ne l'ait pas su
le soir même, il n'a pu l'ignorer le lende--
main, son ami Gruffy étant employé com
me lui aux bureaux du Libertaire. Pour
quoi donc Vidal a-t-il fait semblant d'a
bord de ne pas le savoir ?
Pourquoi, nous demande un correspon
dant, a-t-on attendu huit jours pour nous
donner le .nom de l'hospitalier Gruffy ?
Aux bienfaits dont ils avaient comblé cet
« inconnu » à qui ils n'avaient pas de
mandé son nom {accueil chez eux sans
méfiance, invitation à dîner, prêts d'argent
après lui avoir pris le sien), etc. —- ils pou
vaient ajouter celui-ci : iîavoir logé gra
tuitement, et ils ne disaient pas 1 C'est
ajouter trop de modestie à tant de géné
rosité !
Remarquons-lé eij passant : il est aussi
extraordinaire que Philippe ait voulu être
un inconnu que les anarchistes aient ac
cepté qu'il le restât. En effet, se présenter
sans aucun nom, c'était provoquer la cu
riosité et la méfiance. \Pourquoi Philippe
n'en aurait-il pas donné un : par exem
ple celui de Pierre Bouchamp qu'il avait
pris au Havre, ou tel autre qui lui aurait
passé par la tète ? Il l'aura fait peut-être,
mais, en reconnaissant qu'il avait donné
un faux nom,, les gens, du Libertaire, qui
n'auraient eu aucune raison de ne pas le
croire; auraient accrédité moins facile
ment leur thèse déjà si fragile sur leur
identification de « l'inconnu » avec Phi
lippe Daudet.
LE « TROUBLE » ET LA FUITE
Revenons à la déposition de Gruffy.
L'anarchiste et l'enfant à qui il a offert
l'hospitalité arrivent 8, rue de Chartres.
Là,. Gruffy constate que sa « compagne »
Marcelle Weill n'est pas rentrée. (Comme
cela s'arrange !) Philippe couchera dans
lfi lit habituellement occupé par celle-ci.
Marcelle Weill ne rentra pas cette nuit-
là, car, explique alors Gruffy, une brouille
entre lui et elle était survenue deux ou
trois jours auparavant. Marcelle Weill,
cette ancienne détenue de Saint-Lazare,
est très commode : elle est présente ou
absente selon que c'est une malheureuse
femme ou un enfant qu'on amène dans
le repaire de la rue de Chartres...
• « L'inconnu tombait de sommeil et s'en
dormit profondément. » Gruffy, qui le dé
clare, ne s'endormit donc qu'après lui.
Il ne dit pas s'il en profita pour regar
der les poches, la fiche d'identité du par
dessus et percer l'incognito de son hôte...
Gruffy raconte ensuite que le lende
main. vendredi, à 9 heures. Philippe, déjà
habillé, le réveilla. C'est à ce moment qu'il
lui aurait fait part de son idée de com
mettre un attentat contre un homme po
litique et particulièrement contre Léon
Daudet. Il serait parti ensuite en lui don
nant rendez-vous au Grenier de Gringoire.
Au cours de cette déposition, l'anar-
c'iirte se montra par moments fort gêné,
n ias il tira argument de son trouble pour
expliquer l'inexplicable.
Philippe lui aurait dit qu'il lui laissait
son sac, ce sac ne lui étant plus utile.
Mais le 1" décembre, le jour même oit
paraissaient les révélations du « Libertai
re », Gruffy changeait brusquement de
domicile et allait habiter (y impasse Cli-
.cliv. Ce déménagement était si rapide
qu'il abandonnait le sac rue de Chartres
avec quelques autres objets, pour une rai
son que l'on aperçoit pas si toutefois ori
ne considère pas un pareil départ comme
une fuite.
— Si je n'ai pas signalé à la justiçe que
le sac de Philippe Daudet était en ma
possession, et si je n'ai pas, davantage,
fait connaître que Philippe avait passé
chez moi la nuit de jeudi à vendredi, c'est
parce que la révélation de l'identité du
jeune inconnu m'avait bouleversé. J'ai été
très troublé; »
Et ce « trouble » s'est produit, remar
quons-le, avant la plainte en assassinat de
Léon Daudet !
i
Lecoin n'a rien dit sur l'affaire. Il s'est
contenté d'une déclaration « anti-bourgeoi
se», fulminant contre «la justice qui est
pourrie ». Dans le jargon frénétique habi
tuel- aux anarchistes, il a voulu dicter lui-
même au greffier sa déclaration. Lecoin
estime que la justice l'ennuie, lui et ses
camarades, en suivant une instruction sur
la,, mort de Philippe Daudet. Il n'est qu'à
l'aurore des mauvais jours.
•g. $
M. Kohn Abrest, directeur du labora
toire de toxicologie désigné par M. Bar
naud pour procéder à l'examen des vis
cères prélevés à l'autopsie, a déposé hier
son rapport, dont voici les conclusions :
« Les viscères et le sang ne contiennent
aucune trace . notable .d'alcool, pas de
substances toxiques :;ni, plus'p'articuliè-.
rement, de stupéfiants. L'analyse toxi-
cologiquei n'apporte donc. aucun fait
de nature à établir que Philippe Daudet
se trouvait sous l'influence de l'alcool ou
d'un stupéfiant au moment de sa mort.»
Maurice PUJO
LA POLITIQUE
1. La vie chère
et les fonctionnaires :
Décentralisez J -
Les gardiens de la paix étant douze
mille à Paris, cinq ou six cents. « .seule
ment » ont pris part à la'rébellion d'avant-
liier, « quelques centaines » dit,-avec lié-,
gligence le Temps, foes cinq- pour-eent-.
Ce chiffre-là servait autrefoi à noter et à
classer l'élite de l'élite. Il est appliqué
au déchet. Le Temps, le vrai, dira ce qu'il
convient de penser de cet optimisme» »-
Pour nous, "la' crise et lès questions ,
qu'elle pose nous ramènent, infatigable
ment à l'un de nos principes directeurs.
Les principes justes ont l'avantage de se
vérifier de la façon la plus féconde dans
toutes les directions. Quand on conseille
à l'Etat français de- décentraliser-, larges •
ment, on songe d'abord" à f&vorlSW'Utlfe
renaissance de cette vie locale partout
anémiée. Mais ce n'est pas le seul bienfait
qui doive être produit et 1 touché, directe
ment ou non, par une politique décentrali
satrice : elle a d'incalculables avantages fi
nanciers. Car-la politique étatiste,- son con*
traire, ajoute à d'incalculables dommages
directs le malheur d'aboutir, par une voie
oblique, à ruiner financièrement l'Etat et
à le détruire politiquement.
L'assistance aux fonctionnaires en temps
de cherté est devenue : un fardeau qui ex
cède les forces de -l'Etat. Pourquoi ? Par
ce qu'il y a trop de fonctionnaires. Pour
quoi ? Parce qu'il y a trop -de fonctions
mises sur le dos de l'Etat.-Comptez tout
ce que l'Etat fait médiocrement ou mal,
tout ce qu'il, aurait avantage à vendre à des
particuliers qui le feraient bien et qui en
tireraient, avec leur profit personnel
de la prospérité générale. Et,' tandis qu'il
arrêté par ces immixtions l'initiative des
citoyens et le . développement de la. ri
chesse commune, l'Etat s'appauvrit-:
au point qu'il plie sous le fardeau. Dans
l'usine géante qu'il prétend animer et
faire vivre, ses agents naturels, les offi
ciers de la justice, les officiers de la po
lice, les officiers des armées de terre et
de mer, ceux qui'sont préposés à de vé
ritables fonctions d'Etat pâtissent naturel
lement de tous les efforts -que 'Etat dé
pense autour d'eux pour gérer des affaires
auxquelles il n'entend rien. Ils sont de
plus en plus mal payés parce que l'Etat
consacre ses ressources à des entreprises
qui devraient lui en rapporter sous l'orme
d'impôts. Ils sont de plus en plus mal
traités parce que nous sommes au siècle
où l'honneur n'est pas indépendant des
signes extérieurs de la. fortune, et, ainsi
le service de l'Etat subit une disgrâce et
une déconsidération qui le conduit très
sûrement au discrédit. Nos chemins
de fer d'Etat, nos téléphones d'Etat, nos
usines et nos manufactures d'Etat fonc
tionnent de plus en plus mal, mais, en
revanche, la justice est de moins eh moins
rendue, la police de moins en moins, faite,
et les officiers de l'armée se recrutent dif
ficilement. Hier encore, M. de Lubersac
et M. Maginot ont eu toutes les peine? du
monde à faire comprendre au Sénat qu'il
fallait faire un effort financier en faveur
des cadres de nos armées. Le Sénat a-feil
compris ? Ce n'est pas sûr. En démocratie,
les fonctionnaires intéressants sont les
fonctionnaires qui votent. Voilà pourquo
il y en - a tant, et tant d'inutiles. Voilà
pourquoi les ' usurpations centralisatrices
de l'Etat vont se multipliant. Mais voilà
aussi pourquoi, dans cet Etat "électif, les
fonctions de nécessité nationale sont né
gligées ou faussées méthodiquement: ar
mature intérieure, armature extérieure,
niveau moral et sûreté matérielle vont
s'abaisser et tout craquera ainsi. Cela pro
met une jolie France !
Le remède, on le sait. Oh sait qu'il est
impraticable. La République ne peut pas
décentraliser. Mais, en refusant de dé
centraliser, elle tue la France. Elle lui re
fuse le moyen de se reconstituer très rapi
dement. 11 faut que l'on se rende compte
de cela. La.jsimple désétatisation d'un cer
tain nombre de services publics aurait
l'avantage : 1° de produire des ressources
budgétaires, prix de la vente aux particu
liers ; 2° de dégrever le budget du coût
énorme de ces fonctions et de leurs fonc
tionnaires ; 3°. d'appliquer les méthodes
de l'exploitation industrielle à des services
dont le rendement serait considérable
ment augmenté; 4° d'augmenter ainsi-l'ac
tivité nationale, la richesse du pays, l'ai
sance des citoyens, et d'assurer ainsi les
uns et. les autres contre la vie chère: 5°
de doter puissamment l'élite (encore très
nombreuse, soyez. tranquilles!) des fonc
tionnaires utiles qui seraient conservés,
de mettre ces fonctionnaires au-dessus du
renchérissement et de leur rendre ainsi,
de rendre également à l'Etat, le crédit, la
considération et l'autorité que sa gueuse-
rie lui enlève de plus en plus.
Cela est d'évidence ! Comme il est
d'évidence que la démocratie essentielle
ment étatiste, essentiellement centralisa
trice, ne verra jamais cela, ne le compren
dra ni ne voudra le comprendre. Il ne
faut pas se rassasier de redire que la dé
mocratie, par son être même, n'est
pas seulement un mal politique et moral.
C'est aussi et d'abord une énorme bêtise.
"Notre confrère Clément Vautel disait,
l'autre -jour, que tous les partis en isme
tendaient à s'évanouir dans le bifteckisme
11 y a du vrai. Avec cette nuance que le
bifteckisme en démocratie comporte lo :
giqitement l'ignorance ou l'oubli de tous
les procédés dont se servit la race hu
maine pour abattre, couper, cuire, apprêter
et conserver la réalité du moindre bifteck.-
La démocratie donne à manger .au peuple
des programmes de biftecks. Il y a des
moyens de préparer une nourriture plus
substantielle. Oui. Mais la démocratie
ne veut pas. La démocratie ne peut pas.
Les petits intérêts des politiciens profi
teurs, que leurs profits enchaînent à la ré
élection, ne leur permettent ni d'affran
chir l'Etat des fardeaux qui le tuent ni
de rendre à l'économie nationale son libre
jeu. On se serrera le ventre, on crèvera la
faim, on se disputera de maigres " croû
tons ou l'on s'entre-tuera dans la rue,
alors que la prospérité serait normale et fa
cile : mais on aura le plaisir de vivre en
démocratie et même d'en mourir, n'est-ce
pas, monsieur Georges Guy Grand !
II. Le mystère
de la note aux six adresses
•Madame Séverine continue sa brillante
défense des . lenteurs suspectes et des
omissions significatives commises par la
police parisienne au soir du 24 novembre.
Car - tout, dans cette, affaire, lui paraît
naturel " -et simple. Cette voiture qu'on
laisse aller, ce chauffeur à qui l'on ne
demande aucun supplément d'explication,
ce pardessus .fantôme voué au bazar par
les . libertaires, méconnu du chauffeur,
;ct;;.-dès;"qn*on l'eût retrouvé dans le petit
paquet de hardes de l'enfant mort, recon
nu des agents qui l'avaient vu sur le mori
bond, cela parait limpide, à Madame Séve-
-xviner- S'il" y a des fautes, elles sont au
compte .'" dès parents, des amis. Les ac
tions et les inactions policières coulent
de "source pure. « Evidemment » ! « Faci
lement », voilà les mots d'un écrivain
qui n'a pas toujours eu ces adverbes-là
si faciles. • .
-r -Reste .un.point- délicat- :
« liéste l'adresse, la fameuse adresse,
« choisie entre les six par l'agent, enqitê-
« leur, la seule complète, disant le nom,
« la rue, le numéro. J'ai attribué ce choix
€ à la nonchalance de l'agent, peut-être
« aussi à la tradition^ professionnelle de
«■■fuir les'nids à « histoires » pour son
« administration. »
L'histoire ? C'était l'identification d'un
cadavre.La tradition professionnelle?C'est,
au contraire, la diligence. Nous l'avons
vue par la lettre de l'ancien médecin de
quartier, que j'ai publié le 7. Exception
nellement, on n'a pas fait diligence. D'où
vient l'exception ?
Dans les commissariats, dans les postes,
on.'ri'a 'pas à demander l'adresse de la
Ligue d'Action française. On la sait. Le
policier qui ne la saurait pas serait mis
à pied dans les vingt-quatre heures.
La police n'est pas allée chez M"' Ila-
vard de la Montagne parce qu'elle était
seule, veuve et malade, mais parce que
le nom ne lui disait rien. Le nôtre lui
disait... On savait qui était l'Action fran
çaise, èt c'est aussi pourquoi l'on n'y est
pas allé. «Fantaisie» est vite,dit. Je ne
pèux m'empêcher de redire que le recto
d'une fiche à cinq noms, dont trois por
tent: l'Action française, l'ambassade d'Es
pagne, Maxime Real de! Sarte, ce rccto de
fiche revêt un caractère politique évident.
Il est inouï qu'on n'en ait retenu qu'un
nom de particulier.
Si l'on a évité le point qui sautait aux
yeux, ce ne peut être fortuitement, ce doit
être volontairement. Pourquoi ?
Madame Séverine veut bien ajouter ici :
« Mais où M. Charles Maurras a rai
son, c'est en disant qu'on aurait dû aller
partout ; en s'élevant contre les absten
tions de l'enquête... » /
Concession presque aussi hardie que
cette discussion de l'indiscutable. Elle est
d'ailleurs rattrapée à merveille :
« Mais qu'il calcule.
« Le coup de pistolet était de 4 h. 1/4; ^
la mort, de G heures. A 10 h. 1/2, donc le
soir, même, la police s'informe rue de Gre
nelle. En toute exactitude, il n'y a pas de
temps perdu. »
Je ne puis m'empêcher de « calculer »,
de mon côté, qu'un coup de téléphone à
l'Action française était très facile à don
ner. Il était plus court de le donner que
de se rendre rue de Grenelle, au bout de
quatre heures et demie de tergiversations.
Cette chose facile n'a pas été faite. Pour
quoi ? Pour quelle raison évidemment po
litique ? *
Les explications latitudinaires de Mada
me Séverine laissent intactes les questions
qui tournent autour de ce point central.
Les responsabilités de la police restent
gravement engagées. Le silence d'une
presse asservie les a soulignés encore.
Charles MAURRAS
"'.''i i m '■ ——
LES VENGEURS DE PLATEAU
On sait qu'en .vue du procès -de la fille
Berton, la famille de Marins Plateau s'était
adressée, pour représenter la partie civile,
à notre éminent ami le bâtonnier de Roux.
Avec la haute conscience qu'on lui con
naît, celui-ci, qui assumera la tâche d'é-
claircir les aspects généraux de l'affaire,
a tenu à ce que fût présent à la -barre un
avocat ancien combattant, particulière
ment changé -.de réclamer justice pour le
héros de Port-Fontenoy.
11 s'est adressé à M" Cainpinchi, blessé
de guerre, qui est loin de partager nos
idées politiques, qui a même été notre
adversaire-en justice, mais en qui chacun
salue, outre un grand talent, une loyauté
et un patriotisme dont, il donne une nou
velle preuve en acceptant cette mission..
Nous tenons à l'en remercier ici.
Contre l'inflation
menaçante
Les remboursements de l'Etat a la
Banque de France compromis. — Un
projet d'inflation. —. Protestations
des producteurs. vœux pour une
dictature financiere. decisions
a prendre entre français.
On annonce que M. de Lasleyrie, mi
nistre des Finances, à l'intention, non
seulement de ne pas rembourser le mil
liard qu'il devrait rembourser en fin
d'année à la Banque de France, mais
d'utiliser eu outre, pour les besoins du
Trésor, les 800 milliohs du fonds d'amor
tissement des avances. -
Il faut dire nettement ce que signifie
raient ces mesures :
. C'est une faillite purlielle, et c'est l'in
flation.
Or, il g un mois, M. de Lasleyrie affir
mait sa résolution de ne pas recourir à
ces mogens.
Le 10 novembre, j'ai reçu la visite d'une
personnalité qui, sans nie dire nettement
qu'elle venait de là pari du ministre, me
faisait connaître qu'elle avait mission de
me faire part des• intentions du ministre,
fermement résolu à tenir ses engagements.
On me demandait en outre de ne rien
écrire, sur la question des remboursements,.
afin de ne pas' ouvrir une discussion qui
pourrait gêner le ministre.
Je répondis que cette tactique me ■pa
raissait tout à fait imprudente, mais que je
consentais cl faire l'expérience, et que, si
le ministre ne tenait pas ses engagements,
je ferais connaître à nos lecteurs cette
singulière démarche.
Hier même, mon visiteur m'a écrit :
vous aviez raison ; notre pacte ne tient
plus. '
Il apparaît donc que la liberté de ma
nœuvrer que désirait le ministre était des
tinée à faire le contraire de ce que l'on
annonçait.
On est en droit de se demander si cer
taines manifestations bruyantes de fonc
tionnaires n'ont pas été habilement pro
voquées pour justifier les mesures que le
ministre des Finances se propose de pren
dre ou de faire prendre au Parlement..
Il devient évident que nous avons un
ministre des Finance,s qui, par manque de
prévoyance et d'énergie, s'étant laissé
acculer dans une impasse, ne trouve d'au
tre issue que la chute dans le régime des
assignats. .
Il n'est lias trop tard pouf réagir, à
condition que l'on soit absolument résolu
à employer les moyens nécessaires.
Les producteurs, qui sont unanimes à
protester contre une telle politique finan
cière, ont déjà défini ces moyens.
Je les résume ici :
Etant donné que l'on ne peut éviter
l'inflation qu'à condition de ne pas faire
de dépenses qui ne soient au préalable
couvertes par des recettes ;
. .Etant donné qu'une politique financière
ainsi conduite est impraticable en période
électorale,
Il est nécessaire, si l'on veut éviter la
catastrophe financière : •
1° D'instaurer sans retard une dictature
financière, avec un ministre < plus . pré
voyant et plus énergique que M. de Las
leyrie ;
2" De proroger le Parlement jusqu'à
ce que la situation financière soit assai
nie ;
3° De mettre la production à l'abri des
troubles monétaires par l'introduction
rapide d'une monnaie de compte stable,
qui ne peut être autre que le franc-or.
Si ces mesures ne sont, pas prises, nous
sommes menacés des pires troubles éco
nomiques et sociaux.
Mais les producteurs, avertis 'par les ex
périences allemandes, sauront prendre en
temps utile les mesures propres à garan
tir le travail.
Dès hier soir, 1' Union des Corpora
tions françaises, dont le Comité central
siégeait, a décidé de faire campagne pour
la dictature financière, la prorogation du
Parlement, l'application du franc-or à
toutes opérations. Elle demande, en outre,
que l'Etat convoque, sinon les Etats géné
raux, au moins les chefs des grandes cor
porations et des grandes associations qui
l'aideraient à appliquer la rude politique
financière qui est nécessaire.
Si les ministres veulent perdre l'Etat et
livrer les Français aux financiers, les
producteurs et les combattants sont réso
lus à sauver l'Etat et à protéger les Fran
çais et ils savent quels moyens doivent
cire employés.
Nous attendons maintenant les décla
rations publiques du ministre des Finan-
CCS •
Georges' VALOIS
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
— A la Chambre, discussion du budget
spécial et dépenses recouvrables.
— Quinze agents de police sont suspen
dus à la suite de la manifestation de mardi.
— Un violent incendie a Issy-les-Mouli
neaux aux usines Voisin.
t'as un bonbon an chocolat ne vaut les Griottes
au kirsch de Fourey-Gallancl. 124 Faubourg Saint-
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haut goût, dos chocolats exquis.,
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Font-Romeu. — Tous les travaux préparatoi
res à la saison d'hiver sont actuellement termi
nés. Patinoire. Pistes do bobsleigh et de Luge,
sont en jparfait étjt. . ' - -
Au 9 décembre, épaisseur de la couche de
neige. 50 centimètres. .
Ouverture de saison d'hiver, 20 décembre. .
Uleg. Comm. Seine N" 46.487.), . ; .
Itainsav Macdonald
' «
et LIojd George
La première surprise des élections étant
passée, les partis anglais s'étant comptés,
la politique de demain s'organise. Rappe
lons la situation à la Chambre des Com
munes. Les conservateurs ont 254 sièges,
les libéraux 158, les travaillistes 192. La
même proportion se retrouve dans le
nombre des suffrages exprimés bien que le
Labour, ayant, en' 1 maintes circonscriptions,
profité des élections^ « triangulaires », dé
tienne plus de mandats qu'il n'aurait dû
en recevoir. Quoi qu'il en soit, ces chiffres
montrent qu'aucun parti n'a la majorité et
qu'une coalition est inévitable.
Sera-t-elle conservatrice-libérale ou tra
vailliste-libérale ? C'est ce que nous sau
rons après le 8 janvier, lorsque M. Bald-
win se sera représenté devant le Parlement.
Dans l'intervalle, des efforts auront certai
nement cté tentés pour nouer une alliance
contre le socialisme. La résistance a déjà
commencé. Si M. Baldwin n'a pas tout de
suite donné sa démission, c'est pour ne pas
mettre le roi dans l'obligation d'appeler
M. Ramsay Macdonald. ,
Il faudra bien qu'on l'appellf si M. Bald
win est -renversé, si l'union libérale-conser
vatrice ne se fait pas. Le chef des travail
listes, contrairement Jj, une opinion assez
répandue, qui le représentait comme peu
désireux de prendre le pouvoir, a.l'air de
s'y préparer,. Et qu'arriverait-il dans ce
cas ? C'çst que M. Ramsay Macdonald
devrait présenter un projet de budget, ce
qui est ia pierre de touche des gouverne
ments.-Dans ce budget, qui peut-être ne
serait pas, à proprement parler, révolution
naire, il introduirait quelques réformes de
caractère socialiste. Il importerait seule
ment (et c'est là qu'on verrait son habileté)
qu'elles fussent assez populaires pour que,
si elles étaient repoussées par le Parlement,
le parti travailliste pût en appeler, aux
électeurs avec des chances de succè;.
On voit très bien ce que ces réformes
pourraient être. Un" impôt sur le capital
figure dans le programme du. Labour. Que
cet impôt soit, par exemple, destiné à-frap
pe? seulement, les très grandes fortunes.
Les conservateurs et les libéraux pourraient
le rejeter à cause du principe. Mais la cam
pagne qui s'engagerait ensuite, ressemble
rait singulièrement à celle de 1910, après
le budget radical-socialiste de M. Lloyd
George. La même démagogie pourrait tout
aussi bien réussir. Il ne serait même pas
certain qu'elle ne retrouvât pas le même
chef, car l'attitude de M. Lloyd George,
depuis sa chute, est fort ambiguë. C'est un
homme qui a une revanche à prendre. Ft
puis, qui a bu boira.
Voilà quelques-unes des appréhensions
qui tourmentent certains'Ànglais. Sont-elJes
justifiées? Nous le verrons après la trêve
dj JNoël. Mais il n'est pas superflu, en ce
moment-ci, "de se rappeler qu'en 1910 M.
Ramsay Macdonald " était l'allié de M,
Lloyd George et soutenait son budget contre
ces « ânes couronnés » qui n'étaient autres
que les nobles Lords. — J. B.
SUR LA TOMBE
de Maurice Barres
Barrés a été suivi jusqu'à sa dernière
demeure par toutes les puissances spiri
tuelles et nationales que de son vivant il
avait approchées, unies et défendues.
L'Eglise, l'Armée et la Poésie, sous leurs
masques de chair, les uniformes et les or
nements noirs escortèrent leur héraut dans
le recueillement de ce matin d'automne
gris, à travers l'humidité et la boue qui
n'empêchaient pas les âmes de s'élever der
rière leur inspirateur terrassé.
La Lorraine a fait à son illustre'.fils des
obsèques d'une intimité touchante ; il v
eût reconnu tous les amis qu'il avait mé
rités, des vieillards et dés jeunes, des
gentilshommes et des hommes du peuple,
une cohorte admirative, respectueuse et
empressée que Metz et Nancy, Epinal et
Strasbourg avaient rassemblés pour le der
nier adieu.
Mais le cercueil de Barrés n'enferme pas
des ccndr«jjF> et l'énergie qu'il semble nous
ravir trompe du même coup l'image de là
mort à laquelle nos yeux se refusent de
croire. .1
Nous cheminons aujourd'hui tristement
devant la maison natale vers la demeure
mortuaire, et c'est, à l'immortalité, à l'im
mortalité véritable que nous conduisons le
maître de notre, jeunesse ; nous lui vou
lons une autre place que la tombe étroite
où le langage sacré et l'imagination popu
laire lui offrent le repos. Nos cœurs et
nos mémoires le raniment, les jouissances
de nos vingt ans lui rendent sa physio
nomie, les événements d'un demi-siècle
tourmenté et tragique, sa vertu, sa force,
l'autorité de son prestige sur "tout un peu
ple et sur ces pages de l'histoire nationale
où brusquement sa main s'est arrêtée d'é
crire.
L'heure d'émotion poignante se prolonge
dès l'instant qui nous porte airpied du ca
tafalque, et cette promenade à travers
Charmes où nos pas d'enfant l'avaient sui
vi, jusqu'à ce mur de cimetière où, hélas !
il faut entrer avec lui, malgré nous.
Barrés, déjà i .
Chacun s'efforce de dire le sentiment
de la collectivité ; mais les discours, mê
me les plus beaux, ne remplissent pas nos
cœurs d'une, musique assez*-haute, et lu
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