Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-12-08
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 08 décembre 1923 08 décembre 1923
Description : 1923/12/08 (Numéro 341). 1923/12/08 (Numéro 341).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k761791s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
•Seizième Année. — N° 341.
EDITION DU MATIN
Samedi 8 Décembre 1923.
#
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Seine et Seme-ei-Oise. j
20 ce . n ' r :
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Depariemenis, Cotonies.
ABONNEMENTS : f ranee et'Colonies. 48 fr. 25fr„ 13 fr. '
Etranger, . , , , . 82 » 42 » 22»
... ■ .... J
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
H Tout ce qui est national est notre. U
Le Due d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui eu mille ans firent la France*
RÉDACTION & ADMINISTRATION
14. rue de Rome. P ARJS (8')
Adr. têlèflraphi(jue ? ACTtOFRAN-PAHIS
Choque postai : Compte 23.1)00 Paris
Ici. : AdmiiiisLrnlion ; Louvre 20-4!», 2G-50
l'ublic: i 6 : Outrai 7-4-77
Ilôdaction : Ceutral 75-44
Après 10 11. du soir : SctJU r i 1-08
Heffislit) d« Commerce: Soîne 78.582
Fondateur s- IIENRI VALGEOIS —■ Directeurs politiques >• LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef s 3IAURICE PUJO
L e massacre d'Athènes sous le
ministère Briand (i er décembre 1916).
M. de Magallon. -—' Et le sang de nos soldats
massacrés, il crie depuis plus longtemps encore !
(Applaudissements à droite).
M. Moutet. — ...Des protestations indignées
se sont élevées unanimes dans cette Chambre
quand nos marins furent, par traîtrise, massacrés
à Athènes. ( Applaudissments).
■ M. Ybarnégaray. Protestations platoni
ques, car ils n'ont pas été vengés.
(Interruptions et mouvements divers).
SEANCE D'HIER A LA CHAMBRE
LÀ VICT
DE VA
U
8EE
Certitude Comment Philippe Daudet est-il mort?
4 L'affaire est aux mains de la justice ré
gulière. Il se peut que les choses aillent
vite. Il se peut aussi qu'elles aillent lente
ment, quelle que soit la volonté d'aboutir.
Je donnerai l'exemple, moi le père de
l 'innocente victime, en n'étant ni pressé ni
impatient. Le concert criminel a eu lieu
entre trop de personnes pour n'être pas, à
un moment donné, découvert. D'ailleurs,
pour tout observateur impartial, le meurtre
— quelles qu'aient été ses modalités — est
patent.
Le fait est celui-ci : un enfant en état de
fugue, c'est-à-dire de haute impressionna-
bilité et surexcitation nerveuse, est tombé,
le jeudi 22 novembre, à quatre heures et
demie (par un mécanisme encore indéter
miné), entre les mains des hommes du
Libertaire, ennemis déclarés de son père,
cannibales connus. Il est sorti de leurs
mains quarante-huit heures après, le samedi
24 novembre, à quatre heures et demie, le
cerveau traversé d'une balle tirée à bout
portant. "
Les cannibales du Libertaire affirment
que, pendant ces quarante-huit heures, ils
ont ignoré la personnalité de l'enfant. Ils
mentent, manifestement. Leur mensonge
saisi et démontré, le reste ira de soi. Mais
là n'est pas la seule voie par où peut appa
raître la vérité.
Jusqu'à présent, trois personnes ont
paru : le chauffeur Bajot, qui avait dans
son taxi le corps inanimé de Philippe en
arrivant à Lariboisière. L'anarchiste Vidal,
qui a écrit à ma femme, huit jours après
la mort de l'enfant, la lettre que j'ai pu
bliée. M mo Colomer, enfin, qui rapportait
de'Marseille à Paris — en les cachant ou
en feignant de les cacher — quelques-uns
des papiers qui se trouvaient dans les
poches de Philippe avant son arrivée à
l'hôpital, où son portefeuille était vide.
Ainsi mises en avant, ces trois personnes
ne sont vraisemblablement pas les immé
diats acteurs du drame. Mais il serait
invraisemblable qu'elles ne connussent pas
la vérité. Le sieur Colomer est le rédacteur
.en chef du Libertaire, dont le sieur Vidal
est .l'administrateur.
On voit que je ne tire aucune conclusion.
Ma complète bonne foi apparaît en ceci
que je n'ai nullement crié à l'assassin
quand j'ai reconnu, à Lariboisière, le
dimanche soir 25 novembre, le corps de
mon malheureux petit enfant. J'ignorais
alors qu'il fût allé chez les gens du Liber
taire. Connaissant son sentiment de l'hon
neur et sa nature aisément- exaltée, aussi
la cruauté de son mal, je crus, lors du
réveil de sa fugue, à un moment d'aberra
tion désespérée. Je ne réfléchis à rien
d'autre, et j'envoyai même promener mon
beau-frère Jacques Allard, qui, tout de
suite, rejeta l'hypothèse du suicide, à cause
du ' sentiment religieux de Philippe —
attesté par tous ' ses maîtres et camarades
et son menu maigre du vendredi tragique
— et par son inexpérience complète en
matière d'armes à feu. Déjà, à mon insu,
nos amis commençaient les recherches; et
c'est quand ils en sentirent la pointe que les
gens du Libertaire,, effrayés, comprirent la
nécessité de prendre les devants et d'avouer
le séjour de Philippe parmi eux... sans
avouer qu'ils le savaient mon fils. Quand
ma femme reçut, le samedi 1 er décembre,
'à sept heures du soir, la leftre effroyable
du sieur Vidal, ni elle ni moi n'eûmes une
"seconde d'hésitation : l'enfant était allé (ou
avait été mené) chez les cannibales et les
cannibales l'avaient tué.
Les inventions absurdes, contradictoires
et forcenées des gens du Libertaire, depuis
une semaine, ont d'ailleurs ancré cette
conviction chez tous, les esprits raison
nables. L'affolement de la bande l'accuse.
Léon DAUDET
Député de Paris.
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
— Le prix Concourt a été décerné à Hen
ri. Fabre,: pour son roman, Rabevcl ou le
Mal des Ardents.
— Le résultat des élections tmgluises mar
que la défaite des conservateurs.
.Bel escalier majestueux
D'un style que le sot renie,
Un architecte de génie
Te dessina très somptueux. '
Panneaux et coupoles illustres
Marbre blanc, fer forgé et lustres,
Où, dans son calice laitoux, •
La mazda jette mille feux.
* *
Au Lys Royal, 13 rue de la Pépinière (tout près
de l'Action française) gourmets et connaisseurs
trouveront luxueusement présentés dans des boîtes
et coffrets de liaut goût, des chocolats exquis.
• « les baptemes chocolat »
A L'INSTRUCTION
M. Barnaud a consacré la plus grande
partie de son après-midi, hier, à la suite
de l'interrogatoire de Vidal.
Dans ses explications de la veille, Vidal
s'était arrêté au vendredi 23 novembre, au
moment où Philippe, après lui avoir remis
spontanément,' suivant ses dires, la lettre
destinée à Mme Daudet aurait quitté l'anar
chiste en lui donnant rendez-vous pour le
soir au « Grenier de Gringoire ».
Il a été appelé hier à fournir des indi
cations sur l'emploi de son temps dans la
journée de samedi. Dans la soirée, il se
rait allé à 1'Ui.eaux, vers !) heures, pour
assister à une fête anarchiste organisée
par d'Avray.
Rien n'a transpiré de ses déclarations
sur le point de savoir à quel moment il
aurait reçu de d'Avray le billet remis pour
lui par Philippe au chansonnier, dans la
journée du samedi'.
Pressé par le juge, Vidal a déclaré que
le vendredi, après avoir réglé sa dépense
personnelle au restaurant où il avait dé
jeuné avec lui, Philippe aurait tiré de sa
poche « 180 et quelques francs ». C'est
sur cette somme qu'il aurait prélevé les
cent francs confiés à Vidal à titre de dé
pôt, et il aurait remis la différence dans
sa poche « 80 et quelques francs ».
Cette déclaration tardive a évidemment
pour but d'expliquer que Philippe eût en
core en poche, le samedi soir, les 83 fr.
qui ont été trouvés sur lui. Par malheur, il
y a les propres déclarations de Vidal ra
contant' que ce même vendredi Philippe
était s-anc le sou, au point qu'il fut obligé
d'emprunter 5 francs le soir même et
30 francs le lendemain.
L'interrogatoire de Vidal se jîoursuivra
aujourd'hui.
♦ *
Dans la matinée, M. Barnaud avait en
tendu M. Brune, secrétaire du commis
sariat de police du quartier Saint-Vincent
do Paul. La déposition du témoin n'a pas
porté sur les constatations qui'furent fai
tes au moment où Philippe fut transpor
té à Lariboisière ni sur celles qui ont
suivi la mort.
Le juge avait également entendu le
chauffeur Bajot, la "femme de ce dernier
et le garagiste Foucault sur le nettoyage
du taxi. Le chauffeur et sa femme ont
confirmé qu'ils n'avaient pas vu la douille
retrouvée dans le taxi. Ils ont déclaré que
la douille se trouvant coincée dans une
partie immobile du plancher de la voi
ture, au pied de la tige qui porte le stra
pontin, eile avait pu échapper à leur at
tention !
M. Barnaud a commis M. Kolin-Abrest,
directeur . du laboratoire de toxicologie;
pour procéder à l'examen des viscères
prélevées après l'autopsie. D'autre part,
il a désigné M, Beyle, directeur du ser
vice de l'identité judiciaire, et M. Flobert,
expert armurier, pour examiner conjoin
tement, le taxi et le pistolet- Atlas trouvé
dans la voiture.
A propos de l'autopsie, un certain nom
bre de nos confrères ont écrit : « L'autop
sie conclut au suicide. » C'est absolument
faux. Nous savons que les médecins légis
tes, en disant que « rien ne s'oppose à
l'hypothèse d'un suicide », ont déclaré
en même temps que rien n'écarte la pos
sibilité du crime.
On a dit qu'à la réinhumation des res
tes de Philippe, aucun membre de la fa
mille n'était présent! Il y a à cela une
raison, c'est que l'avis de la police rela
tif à l'heure de cette opération, adressé
à Jacques Allard, ne put toucher en temps
utile celui-ci qui était absent de son domi
cile et qui ne put ainsi prévenir Léon
Daudet.
LE SAC DE TOI ju E BISE
Nous posions hier la question de la
« valise ». Nous savons aujourd'hui que
cette valise était un simple sac de toile
bise que Philippe, quittant Paris, le mar
di matin, emporta avec- lui au Havre.
Dans cette ville, le personnel de l'hôtel
Bellevue a constaté l'existence du sac. Le
chauffeur Lefèvre qui, le jeudi matin, con
duisit Philipe à la gare, après l'avoir
promené dans ,1e port, l'a vu également.
Enfin nous croyons savoir que, dans son
interrogatoire de jeudi, l'anarchiste Vi
dal a reconnu que, le jeudi 22 novembre, à
quatre. heures et demie, Philippe portait
ce sac quand il s'est présenté au Liber
taire.
Mais voici qui est curieux. Philippe ne
portait par; ce sac cmand il a quitté, le mar
di matin, la maison paternelle. En effet,
comme chaque jour, sa mère avait veillé
elle-même à la toilette de l'enfant. Elle le
vit partir p.our le lycée portant son par
dessus sur le bras ; puis, réfléchissant qu'il
faisait froid ce matin-là, elle ouvrit la fe
nêtre et, l'appelant dans la rue, lui dit de
mettre son pardessus, ce que Philippe fit
devant elle. Mme Daudet put constater à
ce moment-là qu'il ne portait aucun sac.
Il se procura donc ce sac, — ou on le
lui remit, — dans l'espace très court qui
s'écoula entre son départ de la maison et
le départ du train pour le Havre où l'on
sait qu'il se présenta à l'hôtel Bellevue dès
une heure et demie de l'après-midi. Notons
qu'il l'avait garni, non de brochures anar
chistes, mais des poètes aimés et célébrés à
l'Action française : Ronsard et Malherbe.
Et notre question d'hier reste posée,
mais posée cette fois aux gens du Liber
taire puisque l'on sait que le sac a passé
chez eux : qu'est devenu ce sac- ?
L 'ARGENT DE PHILIPPE
On a pu déterminer exactement la som
me que Philippe a emportée avec lui le
matin de sa fugue. Cette somme, montant
de sa bourse de voyage, s'élevait à 1.700
francs et était composée par dix-sept bil
lets de cent francs.
Le jeudi matin, à la gare du Havre, a'près
sa promenade en taxi, Philippe paye le
chauffeur Lefèvre avec un billet de 50
francs tiré d'une liasse de billets de ban
que. A ce moment-là, Philippe est donc
riche : comme il n'a presque pas quitté
l'hôtel pendant son séjour au Havre, il a
très peu dépensé, et son trésor primitif est
à peine écorné.
Aussitôt arrivé, il se rend au Libertaire.
A partir de ce moment, on ne revoit plus
la liasse de billets. Dés le lendemain, au
dire des anarchistes eux-mêmes, il n'a plus
le sou, au point qu'il est obligé d'emprun
ter 5 francs à d'Avray le vendredi soir, et
30 francs le samedi matin , au point qu'il
a passé la nuit sans gîte, à errer autour des
Halles, au point qu'il est réduit à tenter
de vendre sou pardessus.
Qu'est devenu l'argent de Philippe ? Il
a disparu" pendant qu'il était aux mains
des misérables du Libertaire. Ceux-ci pré
tendent établir leur délicatesse en avouant
qu'ils ont accepté 200 francs d'un enfant
« exaité » de quatorze ans et demi, à qui
ils n'auraient même pas demandé son
nom ! Mais qu'est devenu le reste ? N'est-
il pas évident qu'ils ont dévalisé Philippe
avant de l'assassiner ?
Maurice PUJO
P. S. — Un groupe de ligueurs d'Action
française et d'amis en mission dans la
Ruhr nous prient de publier l'annonce sui
vante :
« Mardi prochain, 11 décembre, à 8
heures, une messe ser,a dite pour le repos
de l'âme de Philippe Daudet, à l'église
française de Dusseldorf, la Marienkirclie,
dans la chapelle du Sacré-Cœur.
« Dans leurs prières, à la mémoire de
Philippe, nos amis jondrout celle de son
(/ranci ami Marius Plateau, victime comme
lui de l'anarchie au service de l'Allema
gne. s»
LES PRIX LITTERAIRES
LE PRIX GONCOURT
Hier, à midi, les membres de l'Académie
Concourt se sont réunis au restaurant
Drouant. Leur nombre se trouve réduit
à neuf par suite de la mort récente de
M. Emile Bergerat. MM. Léon Daudet et
Lucien Descaves, qui n'avaient pu venir,
ont voté par correspondance. Etaient pré
sents : MM. Geffroy (président), Ajalbert,
Elémir Bourges, II. Céard, Hennique, Vic
tor Margueritte, Rosny jeune et Rosny
aîné.
Après un scrutin très rapide le prix
Concourt a été attribué à nôtre ami Lu
cien Fabre pour son Rabevel par 7 voix
contre 1 à M. Eugène Marsan, auteur de
Passantes, et 1 à M. Thierry Sandre.
M. Lucien Fabre, âgé de 34 ans, est
originaire du Tarn. Il s'intéressa très tôt
à la mécanique et entra à l'Ecole Cen
trale. Il est actuellement attaché, comme
ingénieur, à la maison d'avions Laté-
coère.
M. Lucien Fabre a fait la guerre et sa
belle conduite lui a valu la Légion "d'hon
neur.
Il a publié d'abord un volume de vers,
la Connaissance de la Déesse, préfacé par
Paul Valéry, et Vanikoro, une plaquette
de poésie; mystérieuse et subtile. Il a été
le premier à expliquer en France les théo
ries d'Einstein. Son livre à ce sujet reste
pour le savant allemand lui-même le plus
fidèle et le plus intelligent qu'on ait pu
blié ; ce livre a paru dans la Revue uni
verselle.
Rabevel ou le Mal des Ardents est un
long roman en trois volumes. Lorsqu'il
a paru, Orion l'a signalé ainsi aux lec
teurs de l'A. F. :
« Un roman comme il en paraît deux
ou trois par génération, et encore, pas
toujours. Leur apparition marque tout
simplement l'entrée dans les lettres d'un
nouveau maître. »
C'est l'histoire d'un enfant, né en 1865,
d'une famille d'ouvriers ébénistes du fau
bourg Saint-Antoine ; sa première édu
cation est faite par de vieux cépublicains
de 1848, ensuite il passe chez les Frères
qui l'arment pour la vie. Emporté par un
instinct terrible, il se jette dans la finance,
lutte et vainc.
Mais cette même ardeur l'entraîne dans
le vice ; il finit par se trouver mêlé à
un crime et meurt dans son lit,- seul, sans
foi, sans lois, sans remords.
L'auteur a su animer son sujet d'une
manière prodigieusement vivante. Les
personnages qui fourmillent autour de
Rabevel sont saisis, inventés, rendus avec
un relief, une fougue, une force tels
qu'il faut aller chercher les maîtres du
roman pour avoir un juste terme de com
paraison. La critique n'a pas hésité ces
jours-ci à prononcer à ce propos le grand
nom de Balzac,.
Le prix Femina
Le Prix Fémina a été attribué par 12
voix à'Mlle Galzy. Le Songe de Henri de
Montherlant a obtenu 3 voix ; L'Equipage
de Kessel, (5 voix.
Mlle Jeanne Galzy, ancienne élève de
l'Ecole de Sèvres, est maintenant profes
seur au lycée d'Amiens. C'est au cours
d'une maladie pour laquelle elle a été soi
gnée à Berck, qu'elle a recueilli les élé
ments de son roman Les Allongés.
Mme Alphonse Daudet, qui était absen
te, aurait donné sa voix à Mme -Pcrdriel-
Vaissières pour son livre Le Toit sur la
hauteur, ■
LA POLITIQUE
I. Le silence en dit long...
Nulle part, ni dans la pressé, ni dans les
services administratifs, on ne s'est encore
décidé à donner au public une ombre d'ex
plication sur la note aux six adresses et
l'usage partiel (ou partial) qui en a été
fait dans la soirée du 24 novembre. Les
raisons pour lesquelles le chauffeur au
rait été laissé s si libre 'et sa voiture
abandonnée aux fantaisies de l'eau bouil
lante et de la brosse, ces raisons d'ailleurs
vagueà nous ont été données par le
Temps qui s'est gardé de répondre au res
te : pourquoi des six adresses n'a^t-on
voulu connaître qu'une seule, la moins
caractéristique et la moins utile ? J'ai
ijisisté, le Temps a fait le mort. Dans
une impudente et pompeuse énumération
des « mensonges de l'Action française »,
le voleur Dubarry, a même écrit :
« Mensonge, l'affirmation que le suicide
n'a pas été constaté, et que la polick n'a
i>as enquêté aussitot i'ouh rechercher
l/ldextité du désespéré; le soir même,
on est allé chez m. itavard de la mon
tagne, à l'adresse indiquée sur le feuillet
trouvé dans le portefeuille du mort ».
Pourquoi, allant chez Mme Havard,
n'est-on pas venu à l'Action française,
pourquoi n'y a-t-on pas téléphoné, pour
quoi n'est-on pas allé chez Maxime Real
dcl Sarte V Nulle évasion, nulle réticence
ne dispensera de répondre.
—"Mais, dirait-on, la rue Vercingétorix
portée à la suite du nom de Maxime n'est
pas l'adresse de son domicile.
— C'est celle de son atelier. Si on l'y
eût cherchée, on eût connu son domicile
qui est dans tous les annuaires d'ailleurs.
Nous avons rétabli là-dessus une vérité sur
laquelle les rumeurs policières nous
avaient trompé. Celte vérité rétablie for
tifiait toutes nos questions si l'on avait
l'adresse exacte de Maxime, pourquoi n'y
est-on pas allé '? Au lieu de répondre, l'Ere
nouvelle écrit stupidement : « M. Maur-
« ras. reconnaît aussi, après l'avoir nié,
« que- l'atelier de Maxime del Sarte est
« bien installé rue Vercingétorix». Un
peu !... Refrain : s'il s'agissait de savoir
qui' était le jeune moribond ensanglanté
de Lariboisière, s'il y avait sur lui sept
noms, six adresses, ' deux-de ces adres*
ses étant des gens connus, si l'une
appartenait à un journal où il y a toujours
du monde et toujours des informations,
pourquoi, est-on allé éveillé, à dix heures
du soir, dans une maison bourgeoise, une
dame veuve et pourquoi n'est-on pas allé
du tout à ce journal ? Dites-moi que ce
journal était l'Action française, qu'on ne
voulait pas y aller, qu'on craignait d'y
aller, qu'on avait besoin d'un . r->_; de
répit pour se reconnaître ou pour liqui
der de mystérieuses complaisances ou de
ténébreuses complicités, nous scron bien
près de tomber d'accord...
Iï. Une affaire
évidemment politique
Je recopie le document fourni aux
journaux par le Parquet :
« Au recto :
« Maxime Real del Sarle
« rue Vercingétorix, près avenue du
« Maine.
<:< Ligue d'Action française
(Le mot ligue est souligné deux fois.)
« Cour Belzince (sic)
(On croit lire sur la même ligne :
Œuvre de Marseille.)
« Havard de la Montagne
«109, rue de'Grenelle
c Rue George-V, Ambassade d'Espagne.
« Au verso :
« Torrès, Suzanne Lévij. »
Telle est la feuille de papier trouvée
dans la poche de Philippe Daudet, et
que la xiolice a eue entre les mains dès
le samedi soir. Au verso, les noms d'un
avocat et de sa secrétaire, défenseurs ha
bituels de l'anarchie et du communisme.
Au recto, une liste comportant le nom et
le domicile d'une personne étrangère à
la politique, et quatre adresses politiques,
dont trois sises à Paris. Ce sont
ces trois adresses' que l'on néglige, c'est
la première qu'on va rechercher.
La mention de l'ambassade d'Espagne
devait éveiller le regard sur le caractère
non privé de la découverte. Tout criait
qu'il ne s'agissait pas de simples particu
liers, mais d'hommes publics. Ce cri a
été méprisé. Comme le dit M. Martin-
Mamy, il y a, dans les bas-fonds de la
politique, une armée de scélérats « affa
més d'argent, de vanités et de pouvoir »
qui sont capables de tout...
Le silence de la presse démontre qu'elle
tremble, tenue par eux.
III. Un beau déballage
J'ignore si quelque révolution sembla
ble à celle qui s'est accomplie à Moscou
viendra rendre sensible à Paris le lien ab
ject d'une partie importante de cette presse
avec une police renseignée sur les mœurs,
les trafics de ces marchands de plume et
de ces marchands d'influences. En atten
dant, nous avons le déballage de l'Huma
nité. Nous avons dit, dès hier, à la presse
communiste qu'elle avait grand tort de
faire la vertueuse. Quand on partagé les
chèques Zalevski, on n'accuse personne
d'avoir été payé par l'étranger.
En 1914, lors de l'emprunt turc, tous les
journaux parisiens ont été convaincus de
la plus basse vénalité : tous, du premier
au dernier, sans autre exception que l'Hu
manité et nous. Alors, l'Humanité ne
touchait que de Bebel et de. la Sozinldemo-
kratie allemande, ce qui lui" composait un
honneur spécial dont elle se vantait. Cet
avantage lui a été retiré depuis l'apparition
et lés distributions du fameux Abramo-
vitch Zalcwski. L'Humanité crie au faux
et au mensonge. C'est que Zalewski est
loin. Quand il était un peu plus près, elle
envoyait des délégués à la Santé pour
étouffer l'affaire.
Naturellement, nous ne prenons pas à
notre compte ce que l'Humanité publie
sur des confrères dont les uns restent fort
honorables et les autres suffisamment
honorés. Nous avons toujours insisté sur
l'effroyable régime financier auquel est
soumise l'opinion dans ce pays-ci. Les
pronostics, de l'Avenir de l'Intelligence,
qui .sont de 1905, ont été cruellement dé
passés. Mais j'avoue que le distributeur
tsariste est un personnage qui me dégoû
te : juif, mêlé au monde ploutocratie et
libéral français, cjassé même conserva
teur, rédacteur au Journal des Débats et
sauf erreur à la Pcvue des Deux Mondes.
ce Ilaflalovitcli débitait de jour et de nuit
a son ministre des Finances un chape
let d'ignominies sur le compte des journa
listes et des parlementaires français. 11
y en a tant et tant que l'on se demande
si le bon Juif ne les valait pas.
IV. Tiraillements présidentiels
Les mauvaises nouvelles des élections
anglaises permettent maintenant de faire
un retour sur le récent coup de barre qui
nous a épargné une rupture avec M. Bald-
win, niais qui nous a contraint à lâcher
la politique d'action, la politique de sanc
tions pour l'entente avec Londres. On sait
que ce mouvement n'a été exécuté qu'à
regret par le chef du gouvernement. 11
m'avait toujours paru que M. Poincaré ne
cédait pas tout seul.
M. Pierre Bernus, qui est dans les secret
des dieux, écrit au Journal de Genève à
propos du président de la République :
* An moment où un différend
faillit se produire entre les cabinets de
Paris et de Londres au sujet du contrôle
militaire interallié en Allemagne, M. Poin
caré avait clairement indiqué dans son
discours de Neuilly qu'il ne céderait pas
sur la question des sanctions immédiates ;
il était soutenu par M. Maginot et par cer
tains généraux. »
^ M. Bernus assure ici que le maréchal
Foch était opposé à l'extension de l'occu
pation militaire Mais l'action, les sanc
tions pouvaient se prononcer sur un tout
autre plan. Je continue la citation :
« Au conseil des ministres, M. Millcrand
s'opposa avec une réelle énergie à des me
sures qui risquaient d'enlrainer la France,
sans le moindre bénéfice pratique, dans
une sorte d'aventure et qui, de plus, au
rait causé la ruine définitive de l'Enten
te. Il rallia à son point de vue la majorité
des ministres et le président du Conseil
dut s'incliner.
La leçon de Cannes n'aura servi de rien
à Millerandus. 11 est Anglais. Je doute au
surplus qu'il ait l'occasion de s'en féliciter.
Si i nous avions agi au moment
critique, au lieu de nous attacher au fan
tôme d'une entente sans réalité, nous au
rions pu exécuter librement eh Allemagne
une action devant laquelle les Anglais se
seraient inclinés comme toujours devant
le fait accompli. Elle reste à accomplir,
maintenant, car il faudra bien y venir tôt
ou tard, mieux vaudrait tôt que tard, et
devant quelles difficultés ! L'Allemagne
s'arme, l'aviation allemande prend un
essor de plus en plus dangereux et me
naçant. On peut attendre, en toultf passi
vité que la guerre vienne- sur nous, l.a
sagesse serait de l'empêcher de nous at
teindre. M. Milleraiid s'y est opposé.
La moralité est qu'il "ne faut pas con
fondre un gros bon sens parlementaire,
uniquement sensible à l'immédiat, et la vé
ritable sagesse politique. Celle-ci a cou
tume d'y voir un peu plus loin.
Charles MALRRAS
LES. FUNERAILLES
DE MAURICE BARRES
• - ■■■' —
A NOS AMIS
Je prie tous ceux de nos amis, Etudiants
d'Action française, Camelots du Roi, mem
bres de la Ligue qui dispoeront de la mati
née s vouloir bien se joindre à nous pour
les funérailles de Barres. Un témoignage
national aussi étendu que possible doit être
rendu à cet admirable Français.
Il a eu, ces jours-ci, jusque sur son cer
cueil, ce qu'on peut gppeler des injures
d'honneur. Tout ce qui hait la France l'a.
haï fermement. Sachons l'honorer et l'ai
mer avec la même fermeté. — Charles
M aurkas.
L'Action^ française sera officiellement re
présentée aujourd'hui aux funérailles de
Maurice Iîarrès.
Tous les Ligueurs, Commissaires et Came-
lois du Roi, tous nos amis qui pourraient se
rendre libres, sont inviiés.à se grouper dor-
rière Je drapeau, les fanions des sections de
Paris et les comités directeurs do l 'Action
française, ce matin, à 8 heures 30 ,i place de
la Concorde, jjour participer au cortège qui
ira de là à la cérémonie funèbre de iVotre-
Dumc.
Le point de rassemblement est fixé entre
la grille du jardin des Tuileries et le quai.
Les étudiants d'Action française offrent
leur couronne particuliers* à Maurice Barrés,
en !|'ui ils saluent un des maîtres de la pen
sée nationale. Ils sont invités à se trouver
nombreux au rendez-vous fixé plus haul
pour prendre part au cortège .
La défaite
des conservateurs
anglais et la victoire
du libre-échange
Hier, sur les résultats des élections an
glaises, notre franc a baissé, la livre et le
dollar ont monté.
Ce phénomène ne s'expliquerait pas si
la victoire avait été remportée par les tra-
vaiilistes partisans d'un impôt sur le capi
tal. En ce cas, c'est la monnaie anglaise et
non pas la nôtre qui aurait dû souffrir. Si
le billet de la Banque de France a subi une
nouvelle dépréciation par suite de l'échec
de M. Baldwin, c'est pour des raisons qui
n'ont rien de commun avec la politique
intérieure de l'Angleterre, laquelle semble
d'ailleurs devoir être plus compliquée de
main qu'hier.
Les conservateurs anglais ont subi une
défaite évidente. Ils s'y attendaient sans
doute. Et ils n'ont pas, de gaîté de cœur,
couru au-devant du désastre. A "un an
d'élections qui l'avaient maintenu au .pou
voir, le torysme, purifié par le départ' de
M. Llovd George, pouvait attendre. Ses
chefs ont préféré le risque d'une bataille
dont l'objet était économique et non poli
tique. Il importe de savoir pourquoi.
Tout le monde distingue au .premier-coup
d'œil que le gouvernement de M. Baldwin
a été battu nou pas comme conservateur,
mais comme partisan du protectionnisme.
On peut dire que, la-dessus, il est aile se
faire battre parce qu il a soumis précipi
tamment, sans préparation sufhsante. la
question au corps électoral et ce n est pas
une question que la foule puisse trancher
comme on les tranche dans un .cabinet de
travail. Les traditions de près d un siecle,
le spectre de la vie chère : voilà ce qui a
prévalu contre les arguments que nous
résumions hier ici. ~ ~
Il n'y a pas lieu d'être surpris que l'opé-
ration tentée par M. Baldwin ait- échoué.
Mais ou bien elle était d'une témérité folle,
ou bien elle avait un sens secret. C'est pour
le deuxième parti que nous penchons parce
qu'il vaut toujours mieux- croire,--jusqu'à
preuve du contraire, qu'une politique,
quelle qu'elle soit, a ses raisons, • —
Il n'en est qu'une pour justifier l'aven
ture. Il a fallu que M.' Baldwin fût con
vaincu de l'impossibilité pour l'Angleterre
de guérir sa grande plaie, le chômage, au
trement que par l'abandon du libre-
échange. Et qu'impliquait l'abandon du
libre-échange? L'abandon d'une chimère,
celle de la restauration économique de
l'Europe. Tout devient parfaitement clair
et collèrent si l'on prête au gouvernement
britannique le raisonnement que voici ;
« Le libre-échange a rendu l'Angleterre
florissante avant que l'Europe fût désorga
nisée. Il faut donc que l'Europe retourné à
l'Etat où elle était en 1914 ou bien que
l'Angleterre change de système économique.
L'expérience ayant prouvé que l'Europe est
encore malade pour très longtemps et qu'il
n'existe aucun moyen de la guérir, ce chan
gement doit être immédiatement proposé.
Si les électeurs n'en veulent pas, les con
servateurs perdront peut-être le pouvoir.
Ils auront eu l'avantage de montrer d'avance
la solution parce que ce n'est pas avec les
théories de Cobden que l'Angleterre,retrou
vera son ancienne prospérité dans un
monde entièrement différent de celui quel
Cobden avait connu. »
Ce raisonnement, que nous mettons dans
la tête de M. Baldwin et de ses amis, car
ils ne l'ont exprimé nulle part, permet à
la fois d'expliquer des élections précipitées
et, après l'échec des conservateurs, la chute
du franc. Car, si l'Angleterre reste fidèle
au libre-échange elle resterâ également
fidèle au relèvement économique de l'Eu
rope. Et le relèvement économique de l'Eu
rope, par ordre ou par miracle, a beau
être une illusion, cette illusion produira
encore l'effet qu'elle a déjà produit, c'est-
à-dire que. de nouveau, elle rendra diffi
ciles les relations franco-anglaises, la poli
tique de l'Angleterre exigeant, dans la
poursuite d'une chimère, des ménagements
pour l'Allemagne, la politique française
étant fondée sur le paiement des répara
tions et l'exécution du traité.
Telles sont les répercussions que l'on
peut entrevoir sur le premier moment. Il
y en • aura peut-être d'autres. Il convient
d'abord de penser à celles-là. On se deman
dera seulement, pour finir, si de telles osci'
lations du balancier dans un pays comr
l'Angleterre sont bien faites pour rendr
l'Europe le calme et la stabilité.
Jacques BAIXV1LLE
EDITION DU MATIN
Samedi 8 Décembre 1923.
#
r |5 cent. |
Seine et Seme-ei-Oise. j
20 ce . n ' r :
■■ i
Depariemenis, Cotonies.
ABONNEMENTS :
Etranger, . , , , . 82 » 42 » 22»
... ■ .... J
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
H Tout ce qui est national est notre. U
Le Due d'ORLÉANS
héritier des quarante Rois qui eu mille ans firent la France*
RÉDACTION & ADMINISTRATION
14. rue de Rome. P ARJS (8')
Adr. têlèflraphi(jue ? ACTtOFRAN-PAHIS
Choque postai : Compte 23.1)00 Paris
Ici. : AdmiiiisLrnlion ; Louvre 20-4!», 2G-50
l'ublic: i 6 : Outrai 7-4-77
Ilôdaction : Ceutral 75-44
Après 10 11. du soir : SctJU r i 1-08
Heffislit) d« Commerce: Soîne 78.582
Fondateur s- IIENRI VALGEOIS —■ Directeurs politiques >• LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS — Rédacteur en chef s 3IAURICE PUJO
L e massacre d'Athènes sous le
ministère Briand (i er décembre 1916).
M. de Magallon. -—' Et le sang de nos soldats
massacrés, il crie depuis plus longtemps encore !
(Applaudissements à droite).
M. Moutet. — ...Des protestations indignées
se sont élevées unanimes dans cette Chambre
quand nos marins furent, par traîtrise, massacrés
à Athènes. ( Applaudissments).
■ M. Ybarnégaray. Protestations platoni
ques, car ils n'ont pas été vengés.
(Interruptions et mouvements divers).
SEANCE D'HIER A LA CHAMBRE
LÀ VICT
DE VA
U
8EE
Certitude Comment Philippe Daudet est-il mort?
4 L'affaire est aux mains de la justice ré
gulière. Il se peut que les choses aillent
vite. Il se peut aussi qu'elles aillent lente
ment, quelle que soit la volonté d'aboutir.
Je donnerai l'exemple, moi le père de
l 'innocente victime, en n'étant ni pressé ni
impatient. Le concert criminel a eu lieu
entre trop de personnes pour n'être pas, à
un moment donné, découvert. D'ailleurs,
pour tout observateur impartial, le meurtre
— quelles qu'aient été ses modalités — est
patent.
Le fait est celui-ci : un enfant en état de
fugue, c'est-à-dire de haute impressionna-
bilité et surexcitation nerveuse, est tombé,
le jeudi 22 novembre, à quatre heures et
demie (par un mécanisme encore indéter
miné), entre les mains des hommes du
Libertaire, ennemis déclarés de son père,
cannibales connus. Il est sorti de leurs
mains quarante-huit heures après, le samedi
24 novembre, à quatre heures et demie, le
cerveau traversé d'une balle tirée à bout
portant. "
Les cannibales du Libertaire affirment
que, pendant ces quarante-huit heures, ils
ont ignoré la personnalité de l'enfant. Ils
mentent, manifestement. Leur mensonge
saisi et démontré, le reste ira de soi. Mais
là n'est pas la seule voie par où peut appa
raître la vérité.
Jusqu'à présent, trois personnes ont
paru : le chauffeur Bajot, qui avait dans
son taxi le corps inanimé de Philippe en
arrivant à Lariboisière. L'anarchiste Vidal,
qui a écrit à ma femme, huit jours après
la mort de l'enfant, la lettre que j'ai pu
bliée. M mo Colomer, enfin, qui rapportait
de'Marseille à Paris — en les cachant ou
en feignant de les cacher — quelques-uns
des papiers qui se trouvaient dans les
poches de Philippe avant son arrivée à
l'hôpital, où son portefeuille était vide.
Ainsi mises en avant, ces trois personnes
ne sont vraisemblablement pas les immé
diats acteurs du drame. Mais il serait
invraisemblable qu'elles ne connussent pas
la vérité. Le sieur Colomer est le rédacteur
.en chef du Libertaire, dont le sieur Vidal
est .l'administrateur.
On voit que je ne tire aucune conclusion.
Ma complète bonne foi apparaît en ceci
que je n'ai nullement crié à l'assassin
quand j'ai reconnu, à Lariboisière, le
dimanche soir 25 novembre, le corps de
mon malheureux petit enfant. J'ignorais
alors qu'il fût allé chez les gens du Liber
taire. Connaissant son sentiment de l'hon
neur et sa nature aisément- exaltée, aussi
la cruauté de son mal, je crus, lors du
réveil de sa fugue, à un moment d'aberra
tion désespérée. Je ne réfléchis à rien
d'autre, et j'envoyai même promener mon
beau-frère Jacques Allard, qui, tout de
suite, rejeta l'hypothèse du suicide, à cause
du ' sentiment religieux de Philippe —
attesté par tous ' ses maîtres et camarades
et son menu maigre du vendredi tragique
— et par son inexpérience complète en
matière d'armes à feu. Déjà, à mon insu,
nos amis commençaient les recherches; et
c'est quand ils en sentirent la pointe que les
gens du Libertaire,, effrayés, comprirent la
nécessité de prendre les devants et d'avouer
le séjour de Philippe parmi eux... sans
avouer qu'ils le savaient mon fils. Quand
ma femme reçut, le samedi 1 er décembre,
'à sept heures du soir, la leftre effroyable
du sieur Vidal, ni elle ni moi n'eûmes une
"seconde d'hésitation : l'enfant était allé (ou
avait été mené) chez les cannibales et les
cannibales l'avaient tué.
Les inventions absurdes, contradictoires
et forcenées des gens du Libertaire, depuis
une semaine, ont d'ailleurs ancré cette
conviction chez tous, les esprits raison
nables. L'affolement de la bande l'accuse.
Léon DAUDET
Député de Paris.
ECHOS
LES FAITS DU JOUR
— Le prix Concourt a été décerné à Hen
ri. Fabre,: pour son roman, Rabevcl ou le
Mal des Ardents.
— Le résultat des élections tmgluises mar
que la défaite des conservateurs.
.Bel escalier majestueux
D'un style que le sot renie,
Un architecte de génie
Te dessina très somptueux. '
Panneaux et coupoles illustres
Marbre blanc, fer forgé et lustres,
Où, dans son calice laitoux, •
La mazda jette mille feux.
* *
Au Lys Royal, 13 rue de la Pépinière (tout près
de l'Action française) gourmets et connaisseurs
trouveront luxueusement présentés dans des boîtes
et coffrets de liaut goût, des chocolats exquis.
• « les baptemes chocolat »
A L'INSTRUCTION
M. Barnaud a consacré la plus grande
partie de son après-midi, hier, à la suite
de l'interrogatoire de Vidal.
Dans ses explications de la veille, Vidal
s'était arrêté au vendredi 23 novembre, au
moment où Philippe, après lui avoir remis
spontanément,' suivant ses dires, la lettre
destinée à Mme Daudet aurait quitté l'anar
chiste en lui donnant rendez-vous pour le
soir au « Grenier de Gringoire ».
Il a été appelé hier à fournir des indi
cations sur l'emploi de son temps dans la
journée de samedi. Dans la soirée, il se
rait allé à 1'Ui.eaux, vers !) heures, pour
assister à une fête anarchiste organisée
par d'Avray.
Rien n'a transpiré de ses déclarations
sur le point de savoir à quel moment il
aurait reçu de d'Avray le billet remis pour
lui par Philippe au chansonnier, dans la
journée du samedi'.
Pressé par le juge, Vidal a déclaré que
le vendredi, après avoir réglé sa dépense
personnelle au restaurant où il avait dé
jeuné avec lui, Philippe aurait tiré de sa
poche « 180 et quelques francs ». C'est
sur cette somme qu'il aurait prélevé les
cent francs confiés à Vidal à titre de dé
pôt, et il aurait remis la différence dans
sa poche « 80 et quelques francs ».
Cette déclaration tardive a évidemment
pour but d'expliquer que Philippe eût en
core en poche, le samedi soir, les 83 fr.
qui ont été trouvés sur lui. Par malheur, il
y a les propres déclarations de Vidal ra
contant' que ce même vendredi Philippe
était s-anc le sou, au point qu'il fut obligé
d'emprunter 5 francs le soir même et
30 francs le lendemain.
L'interrogatoire de Vidal se jîoursuivra
aujourd'hui.
♦ *
Dans la matinée, M. Barnaud avait en
tendu M. Brune, secrétaire du commis
sariat de police du quartier Saint-Vincent
do Paul. La déposition du témoin n'a pas
porté sur les constatations qui'furent fai
tes au moment où Philippe fut transpor
té à Lariboisière ni sur celles qui ont
suivi la mort.
Le juge avait également entendu le
chauffeur Bajot, la "femme de ce dernier
et le garagiste Foucault sur le nettoyage
du taxi. Le chauffeur et sa femme ont
confirmé qu'ils n'avaient pas vu la douille
retrouvée dans le taxi. Ils ont déclaré que
la douille se trouvant coincée dans une
partie immobile du plancher de la voi
ture, au pied de la tige qui porte le stra
pontin, eile avait pu échapper à leur at
tention !
M. Barnaud a commis M. Kolin-Abrest,
directeur . du laboratoire de toxicologie;
pour procéder à l'examen des viscères
prélevées après l'autopsie. D'autre part,
il a désigné M, Beyle, directeur du ser
vice de l'identité judiciaire, et M. Flobert,
expert armurier, pour examiner conjoin
tement, le taxi et le pistolet- Atlas trouvé
dans la voiture.
A propos de l'autopsie, un certain nom
bre de nos confrères ont écrit : « L'autop
sie conclut au suicide. » C'est absolument
faux. Nous savons que les médecins légis
tes, en disant que « rien ne s'oppose à
l'hypothèse d'un suicide », ont déclaré
en même temps que rien n'écarte la pos
sibilité du crime.
On a dit qu'à la réinhumation des res
tes de Philippe, aucun membre de la fa
mille n'était présent! Il y a à cela une
raison, c'est que l'avis de la police rela
tif à l'heure de cette opération, adressé
à Jacques Allard, ne put toucher en temps
utile celui-ci qui était absent de son domi
cile et qui ne put ainsi prévenir Léon
Daudet.
LE SAC DE TOI ju E BISE
Nous posions hier la question de la
« valise ». Nous savons aujourd'hui que
cette valise était un simple sac de toile
bise que Philippe, quittant Paris, le mar
di matin, emporta avec- lui au Havre.
Dans cette ville, le personnel de l'hôtel
Bellevue a constaté l'existence du sac. Le
chauffeur Lefèvre qui, le jeudi matin, con
duisit Philipe à la gare, après l'avoir
promené dans ,1e port, l'a vu également.
Enfin nous croyons savoir que, dans son
interrogatoire de jeudi, l'anarchiste Vi
dal a reconnu que, le jeudi 22 novembre, à
quatre. heures et demie, Philippe portait
ce sac quand il s'est présenté au Liber
taire.
Mais voici qui est curieux. Philippe ne
portait par; ce sac cmand il a quitté, le mar
di matin, la maison paternelle. En effet,
comme chaque jour, sa mère avait veillé
elle-même à la toilette de l'enfant. Elle le
vit partir p.our le lycée portant son par
dessus sur le bras ; puis, réfléchissant qu'il
faisait froid ce matin-là, elle ouvrit la fe
nêtre et, l'appelant dans la rue, lui dit de
mettre son pardessus, ce que Philippe fit
devant elle. Mme Daudet put constater à
ce moment-là qu'il ne portait aucun sac.
Il se procura donc ce sac, — ou on le
lui remit, — dans l'espace très court qui
s'écoula entre son départ de la maison et
le départ du train pour le Havre où l'on
sait qu'il se présenta à l'hôtel Bellevue dès
une heure et demie de l'après-midi. Notons
qu'il l'avait garni, non de brochures anar
chistes, mais des poètes aimés et célébrés à
l'Action française : Ronsard et Malherbe.
Et notre question d'hier reste posée,
mais posée cette fois aux gens du Liber
taire puisque l'on sait que le sac a passé
chez eux : qu'est devenu ce sac- ?
L 'ARGENT DE PHILIPPE
On a pu déterminer exactement la som
me que Philippe a emportée avec lui le
matin de sa fugue. Cette somme, montant
de sa bourse de voyage, s'élevait à 1.700
francs et était composée par dix-sept bil
lets de cent francs.
Le jeudi matin, à la gare du Havre, a'près
sa promenade en taxi, Philippe paye le
chauffeur Lefèvre avec un billet de 50
francs tiré d'une liasse de billets de ban
que. A ce moment-là, Philippe est donc
riche : comme il n'a presque pas quitté
l'hôtel pendant son séjour au Havre, il a
très peu dépensé, et son trésor primitif est
à peine écorné.
Aussitôt arrivé, il se rend au Libertaire.
A partir de ce moment, on ne revoit plus
la liasse de billets. Dés le lendemain, au
dire des anarchistes eux-mêmes, il n'a plus
le sou, au point qu'il est obligé d'emprun
ter 5 francs à d'Avray le vendredi soir, et
30 francs le samedi matin , au point qu'il
a passé la nuit sans gîte, à errer autour des
Halles, au point qu'il est réduit à tenter
de vendre sou pardessus.
Qu'est devenu l'argent de Philippe ? Il
a disparu" pendant qu'il était aux mains
des misérables du Libertaire. Ceux-ci pré
tendent établir leur délicatesse en avouant
qu'ils ont accepté 200 francs d'un enfant
« exaité » de quatorze ans et demi, à qui
ils n'auraient même pas demandé son
nom ! Mais qu'est devenu le reste ? N'est-
il pas évident qu'ils ont dévalisé Philippe
avant de l'assassiner ?
Maurice PUJO
P. S. — Un groupe de ligueurs d'Action
française et d'amis en mission dans la
Ruhr nous prient de publier l'annonce sui
vante :
« Mardi prochain, 11 décembre, à 8
heures, une messe ser,a dite pour le repos
de l'âme de Philippe Daudet, à l'église
française de Dusseldorf, la Marienkirclie,
dans la chapelle du Sacré-Cœur.
« Dans leurs prières, à la mémoire de
Philippe, nos amis jondrout celle de son
(/ranci ami Marius Plateau, victime comme
lui de l'anarchie au service de l'Allema
gne. s»
LES PRIX LITTERAIRES
LE PRIX GONCOURT
Hier, à midi, les membres de l'Académie
Concourt se sont réunis au restaurant
Drouant. Leur nombre se trouve réduit
à neuf par suite de la mort récente de
M. Emile Bergerat. MM. Léon Daudet et
Lucien Descaves, qui n'avaient pu venir,
ont voté par correspondance. Etaient pré
sents : MM. Geffroy (président), Ajalbert,
Elémir Bourges, II. Céard, Hennique, Vic
tor Margueritte, Rosny jeune et Rosny
aîné.
Après un scrutin très rapide le prix
Concourt a été attribué à nôtre ami Lu
cien Fabre pour son Rabevel par 7 voix
contre 1 à M. Eugène Marsan, auteur de
Passantes, et 1 à M. Thierry Sandre.
M. Lucien Fabre, âgé de 34 ans, est
originaire du Tarn. Il s'intéressa très tôt
à la mécanique et entra à l'Ecole Cen
trale. Il est actuellement attaché, comme
ingénieur, à la maison d'avions Laté-
coère.
M. Lucien Fabre a fait la guerre et sa
belle conduite lui a valu la Légion "d'hon
neur.
Il a publié d'abord un volume de vers,
la Connaissance de la Déesse, préfacé par
Paul Valéry, et Vanikoro, une plaquette
de poésie; mystérieuse et subtile. Il a été
le premier à expliquer en France les théo
ries d'Einstein. Son livre à ce sujet reste
pour le savant allemand lui-même le plus
fidèle et le plus intelligent qu'on ait pu
blié ; ce livre a paru dans la Revue uni
verselle.
Rabevel ou le Mal des Ardents est un
long roman en trois volumes. Lorsqu'il
a paru, Orion l'a signalé ainsi aux lec
teurs de l'A. F. :
« Un roman comme il en paraît deux
ou trois par génération, et encore, pas
toujours. Leur apparition marque tout
simplement l'entrée dans les lettres d'un
nouveau maître. »
C'est l'histoire d'un enfant, né en 1865,
d'une famille d'ouvriers ébénistes du fau
bourg Saint-Antoine ; sa première édu
cation est faite par de vieux cépublicains
de 1848, ensuite il passe chez les Frères
qui l'arment pour la vie. Emporté par un
instinct terrible, il se jette dans la finance,
lutte et vainc.
Mais cette même ardeur l'entraîne dans
le vice ; il finit par se trouver mêlé à
un crime et meurt dans son lit,- seul, sans
foi, sans lois, sans remords.
L'auteur a su animer son sujet d'une
manière prodigieusement vivante. Les
personnages qui fourmillent autour de
Rabevel sont saisis, inventés, rendus avec
un relief, une fougue, une force tels
qu'il faut aller chercher les maîtres du
roman pour avoir un juste terme de com
paraison. La critique n'a pas hésité ces
jours-ci à prononcer à ce propos le grand
nom de Balzac,.
Le prix Femina
Le Prix Fémina a été attribué par 12
voix à'Mlle Galzy. Le Songe de Henri de
Montherlant a obtenu 3 voix ; L'Equipage
de Kessel, (5 voix.
Mlle Jeanne Galzy, ancienne élève de
l'Ecole de Sèvres, est maintenant profes
seur au lycée d'Amiens. C'est au cours
d'une maladie pour laquelle elle a été soi
gnée à Berck, qu'elle a recueilli les élé
ments de son roman Les Allongés.
Mme Alphonse Daudet, qui était absen
te, aurait donné sa voix à Mme -Pcrdriel-
Vaissières pour son livre Le Toit sur la
hauteur, ■
LA POLITIQUE
I. Le silence en dit long...
Nulle part, ni dans la pressé, ni dans les
services administratifs, on ne s'est encore
décidé à donner au public une ombre d'ex
plication sur la note aux six adresses et
l'usage partiel (ou partial) qui en a été
fait dans la soirée du 24 novembre. Les
raisons pour lesquelles le chauffeur au
rait été laissé s si libre 'et sa voiture
abandonnée aux fantaisies de l'eau bouil
lante et de la brosse, ces raisons d'ailleurs
vagueà nous ont été données par le
Temps qui s'est gardé de répondre au res
te : pourquoi des six adresses n'a^t-on
voulu connaître qu'une seule, la moins
caractéristique et la moins utile ? J'ai
ijisisté, le Temps a fait le mort. Dans
une impudente et pompeuse énumération
des « mensonges de l'Action française »,
le voleur Dubarry, a même écrit :
« Mensonge, l'affirmation que le suicide
n'a pas été constaté, et que la polick n'a
i>as enquêté aussitot i'ouh rechercher
l/ldextité du désespéré; le soir même,
on est allé chez m. itavard de la mon
tagne, à l'adresse indiquée sur le feuillet
trouvé dans le portefeuille du mort ».
Pourquoi, allant chez Mme Havard,
n'est-on pas venu à l'Action française,
pourquoi n'y a-t-on pas téléphoné, pour
quoi n'est-on pas allé chez Maxime Real
dcl Sarte V Nulle évasion, nulle réticence
ne dispensera de répondre.
—"Mais, dirait-on, la rue Vercingétorix
portée à la suite du nom de Maxime n'est
pas l'adresse de son domicile.
— C'est celle de son atelier. Si on l'y
eût cherchée, on eût connu son domicile
qui est dans tous les annuaires d'ailleurs.
Nous avons rétabli là-dessus une vérité sur
laquelle les rumeurs policières nous
avaient trompé. Celte vérité rétablie for
tifiait toutes nos questions si l'on avait
l'adresse exacte de Maxime, pourquoi n'y
est-on pas allé '? Au lieu de répondre, l'Ere
nouvelle écrit stupidement : « M. Maur-
« ras. reconnaît aussi, après l'avoir nié,
« que- l'atelier de Maxime del Sarte est
« bien installé rue Vercingétorix». Un
peu !... Refrain : s'il s'agissait de savoir
qui' était le jeune moribond ensanglanté
de Lariboisière, s'il y avait sur lui sept
noms, six adresses, ' deux-de ces adres*
ses étant des gens connus, si l'une
appartenait à un journal où il y a toujours
du monde et toujours des informations,
pourquoi, est-on allé éveillé, à dix heures
du soir, dans une maison bourgeoise, une
dame veuve et pourquoi n'est-on pas allé
du tout à ce journal ? Dites-moi que ce
journal était l'Action française, qu'on ne
voulait pas y aller, qu'on craignait d'y
aller, qu'on avait besoin d'un . r->_; de
répit pour se reconnaître ou pour liqui
der de mystérieuses complaisances ou de
ténébreuses complicités, nous scron bien
près de tomber d'accord...
Iï. Une affaire
évidemment politique
Je recopie le document fourni aux
journaux par le Parquet :
« Au recto :
« Maxime Real del Sarle
« rue Vercingétorix, près avenue du
« Maine.
<:< Ligue d'Action française
(Le mot ligue est souligné deux fois.)
« Cour Belzince (sic)
(On croit lire sur la même ligne :
Œuvre de Marseille.)
« Havard de la Montagne
«109, rue de'Grenelle
c Rue George-V, Ambassade d'Espagne.
« Au verso :
« Torrès, Suzanne Lévij. »
Telle est la feuille de papier trouvée
dans la poche de Philippe Daudet, et
que la xiolice a eue entre les mains dès
le samedi soir. Au verso, les noms d'un
avocat et de sa secrétaire, défenseurs ha
bituels de l'anarchie et du communisme.
Au recto, une liste comportant le nom et
le domicile d'une personne étrangère à
la politique, et quatre adresses politiques,
dont trois sises à Paris. Ce sont
ces trois adresses' que l'on néglige, c'est
la première qu'on va rechercher.
La mention de l'ambassade d'Espagne
devait éveiller le regard sur le caractère
non privé de la découverte. Tout criait
qu'il ne s'agissait pas de simples particu
liers, mais d'hommes publics. Ce cri a
été méprisé. Comme le dit M. Martin-
Mamy, il y a, dans les bas-fonds de la
politique, une armée de scélérats « affa
més d'argent, de vanités et de pouvoir »
qui sont capables de tout...
Le silence de la presse démontre qu'elle
tremble, tenue par eux.
III. Un beau déballage
J'ignore si quelque révolution sembla
ble à celle qui s'est accomplie à Moscou
viendra rendre sensible à Paris le lien ab
ject d'une partie importante de cette presse
avec une police renseignée sur les mœurs,
les trafics de ces marchands de plume et
de ces marchands d'influences. En atten
dant, nous avons le déballage de l'Huma
nité. Nous avons dit, dès hier, à la presse
communiste qu'elle avait grand tort de
faire la vertueuse. Quand on partagé les
chèques Zalevski, on n'accuse personne
d'avoir été payé par l'étranger.
En 1914, lors de l'emprunt turc, tous les
journaux parisiens ont été convaincus de
la plus basse vénalité : tous, du premier
au dernier, sans autre exception que l'Hu
manité et nous. Alors, l'Humanité ne
touchait que de Bebel et de. la Sozinldemo-
kratie allemande, ce qui lui" composait un
honneur spécial dont elle se vantait. Cet
avantage lui a été retiré depuis l'apparition
et lés distributions du fameux Abramo-
vitch Zalcwski. L'Humanité crie au faux
et au mensonge. C'est que Zalewski est
loin. Quand il était un peu plus près, elle
envoyait des délégués à la Santé pour
étouffer l'affaire.
Naturellement, nous ne prenons pas à
notre compte ce que l'Humanité publie
sur des confrères dont les uns restent fort
honorables et les autres suffisamment
honorés. Nous avons toujours insisté sur
l'effroyable régime financier auquel est
soumise l'opinion dans ce pays-ci. Les
pronostics, de l'Avenir de l'Intelligence,
qui .sont de 1905, ont été cruellement dé
passés. Mais j'avoue que le distributeur
tsariste est un personnage qui me dégoû
te : juif, mêlé au monde ploutocratie et
libéral français, cjassé même conserva
teur, rédacteur au Journal des Débats et
sauf erreur à la Pcvue des Deux Mondes.
ce Ilaflalovitcli débitait de jour et de nuit
a son ministre des Finances un chape
let d'ignominies sur le compte des journa
listes et des parlementaires français. 11
y en a tant et tant que l'on se demande
si le bon Juif ne les valait pas.
IV. Tiraillements présidentiels
Les mauvaises nouvelles des élections
anglaises permettent maintenant de faire
un retour sur le récent coup de barre qui
nous a épargné une rupture avec M. Bald-
win, niais qui nous a contraint à lâcher
la politique d'action, la politique de sanc
tions pour l'entente avec Londres. On sait
que ce mouvement n'a été exécuté qu'à
regret par le chef du gouvernement. 11
m'avait toujours paru que M. Poincaré ne
cédait pas tout seul.
M. Pierre Bernus, qui est dans les secret
des dieux, écrit au Journal de Genève à
propos du président de la République :
* An moment où un différend
faillit se produire entre les cabinets de
Paris et de Londres au sujet du contrôle
militaire interallié en Allemagne, M. Poin
caré avait clairement indiqué dans son
discours de Neuilly qu'il ne céderait pas
sur la question des sanctions immédiates ;
il était soutenu par M. Maginot et par cer
tains généraux. »
^ M. Bernus assure ici que le maréchal
Foch était opposé à l'extension de l'occu
pation militaire Mais l'action, les sanc
tions pouvaient se prononcer sur un tout
autre plan. Je continue la citation :
« Au conseil des ministres, M. Millcrand
s'opposa avec une réelle énergie à des me
sures qui risquaient d'enlrainer la France,
sans le moindre bénéfice pratique, dans
une sorte d'aventure et qui, de plus, au
rait causé la ruine définitive de l'Enten
te. Il rallia à son point de vue la majorité
des ministres et le président du Conseil
dut s'incliner.
La leçon de Cannes n'aura servi de rien
à Millerandus. 11 est Anglais. Je doute au
surplus qu'il ait l'occasion de s'en féliciter.
Si i nous avions agi au moment
critique, au lieu de nous attacher au fan
tôme d'une entente sans réalité, nous au
rions pu exécuter librement eh Allemagne
une action devant laquelle les Anglais se
seraient inclinés comme toujours devant
le fait accompli. Elle reste à accomplir,
maintenant, car il faudra bien y venir tôt
ou tard, mieux vaudrait tôt que tard, et
devant quelles difficultés ! L'Allemagne
s'arme, l'aviation allemande prend un
essor de plus en plus dangereux et me
naçant. On peut attendre, en toultf passi
vité que la guerre vienne- sur nous, l.a
sagesse serait de l'empêcher de nous at
teindre. M. Milleraiid s'y est opposé.
La moralité est qu'il "ne faut pas con
fondre un gros bon sens parlementaire,
uniquement sensible à l'immédiat, et la vé
ritable sagesse politique. Celle-ci a cou
tume d'y voir un peu plus loin.
Charles MALRRAS
LES. FUNERAILLES
DE MAURICE BARRES
• - ■■■' —
A NOS AMIS
Je prie tous ceux de nos amis, Etudiants
d'Action française, Camelots du Roi, mem
bres de la Ligue qui dispoeront de la mati
née s vouloir bien se joindre à nous pour
les funérailles de Barres. Un témoignage
national aussi étendu que possible doit être
rendu à cet admirable Français.
Il a eu, ces jours-ci, jusque sur son cer
cueil, ce qu'on peut gppeler des injures
d'honneur. Tout ce qui hait la France l'a.
haï fermement. Sachons l'honorer et l'ai
mer avec la même fermeté. — Charles
M aurkas.
L'Action^ française sera officiellement re
présentée aujourd'hui aux funérailles de
Maurice Iîarrès.
Tous les Ligueurs, Commissaires et Came-
lois du Roi, tous nos amis qui pourraient se
rendre libres, sont inviiés.à se grouper dor-
rière Je drapeau, les fanions des sections de
Paris et les comités directeurs do l 'Action
française, ce matin, à 8 heures 30 ,i place de
la Concorde, jjour participer au cortège qui
ira de là à la cérémonie funèbre de iVotre-
Dumc.
Le point de rassemblement est fixé entre
la grille du jardin des Tuileries et le quai.
Les étudiants d'Action française offrent
leur couronne particuliers* à Maurice Barrés,
en !|'ui ils saluent un des maîtres de la pen
sée nationale. Ils sont invités à se trouver
nombreux au rendez-vous fixé plus haul
pour prendre part au cortège .
La défaite
des conservateurs
anglais et la victoire
du libre-échange
Hier, sur les résultats des élections an
glaises, notre franc a baissé, la livre et le
dollar ont monté.
Ce phénomène ne s'expliquerait pas si
la victoire avait été remportée par les tra-
vaiilistes partisans d'un impôt sur le capi
tal. En ce cas, c'est la monnaie anglaise et
non pas la nôtre qui aurait dû souffrir. Si
le billet de la Banque de France a subi une
nouvelle dépréciation par suite de l'échec
de M. Baldwin, c'est pour des raisons qui
n'ont rien de commun avec la politique
intérieure de l'Angleterre, laquelle semble
d'ailleurs devoir être plus compliquée de
main qu'hier.
Les conservateurs anglais ont subi une
défaite évidente. Ils s'y attendaient sans
doute. Et ils n'ont pas, de gaîté de cœur,
couru au-devant du désastre. A "un an
d'élections qui l'avaient maintenu au .pou
voir, le torysme, purifié par le départ' de
M. Llovd George, pouvait attendre. Ses
chefs ont préféré le risque d'une bataille
dont l'objet était économique et non poli
tique. Il importe de savoir pourquoi.
Tout le monde distingue au .premier-coup
d'œil que le gouvernement de M. Baldwin
a été battu nou pas comme conservateur,
mais comme partisan du protectionnisme.
On peut dire que, la-dessus, il est aile se
faire battre parce qu il a soumis précipi
tamment, sans préparation sufhsante. la
question au corps électoral et ce n est pas
une question que la foule puisse trancher
comme on les tranche dans un .cabinet de
travail. Les traditions de près d un siecle,
le spectre de la vie chère : voilà ce qui a
prévalu contre les arguments que nous
résumions hier ici. ~ ~
Il n'y a pas lieu d'être surpris que l'opé-
ration tentée par M. Baldwin ait- échoué.
Mais ou bien elle était d'une témérité folle,
ou bien elle avait un sens secret. C'est pour
le deuxième parti que nous penchons parce
qu'il vaut toujours mieux- croire,--jusqu'à
preuve du contraire, qu'une politique,
quelle qu'elle soit, a ses raisons, • —
Il n'en est qu'une pour justifier l'aven
ture. Il a fallu que M.' Baldwin fût con
vaincu de l'impossibilité pour l'Angleterre
de guérir sa grande plaie, le chômage, au
trement que par l'abandon du libre-
échange. Et qu'impliquait l'abandon du
libre-échange? L'abandon d'une chimère,
celle de la restauration économique de
l'Europe. Tout devient parfaitement clair
et collèrent si l'on prête au gouvernement
britannique le raisonnement que voici ;
« Le libre-échange a rendu l'Angleterre
florissante avant que l'Europe fût désorga
nisée. Il faut donc que l'Europe retourné à
l'Etat où elle était en 1914 ou bien que
l'Angleterre change de système économique.
L'expérience ayant prouvé que l'Europe est
encore malade pour très longtemps et qu'il
n'existe aucun moyen de la guérir, ce chan
gement doit être immédiatement proposé.
Si les électeurs n'en veulent pas, les con
servateurs perdront peut-être le pouvoir.
Ils auront eu l'avantage de montrer d'avance
la solution parce que ce n'est pas avec les
théories de Cobden que l'Angleterre,retrou
vera son ancienne prospérité dans un
monde entièrement différent de celui quel
Cobden avait connu. »
Ce raisonnement, que nous mettons dans
la tête de M. Baldwin et de ses amis, car
ils ne l'ont exprimé nulle part, permet à
la fois d'expliquer des élections précipitées
et, après l'échec des conservateurs, la chute
du franc. Car, si l'Angleterre reste fidèle
au libre-échange elle resterâ également
fidèle au relèvement économique de l'Eu
rope. Et le relèvement économique de l'Eu
rope, par ordre ou par miracle, a beau
être une illusion, cette illusion produira
encore l'effet qu'elle a déjà produit, c'est-
à-dire que. de nouveau, elle rendra diffi
ciles les relations franco-anglaises, la poli
tique de l'Angleterre exigeant, dans la
poursuite d'une chimère, des ménagements
pour l'Allemagne, la politique française
étant fondée sur le paiement des répara
tions et l'exécution du traité.
Telles sont les répercussions que l'on
peut entrevoir sur le premier moment. Il
y en • aura peut-être d'autres. Il convient
d'abord de penser à celles-là. On se deman
dera seulement, pour finir, si de telles osci'
lations du balancier dans un pays comr
l'Angleterre sont bien faites pour rendr
l'Europe le calme et la stabilité.
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