Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-11-28
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 28 novembre 1923 28 novembre 1923
Description : 1923/11/28 (Numéro 331). 1923/11/28 (Numéro 331).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
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Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
Seizième Année. — N 4 331
EDITION DU MATIN
Mercredi 28 Novembre 1923
15 ^
Sa m ut Seiae-et-Otse.
20 cent.
DépartemenU. Coionits,
ABOî«NEMENTS: enii !
France et Colonies. 48 fr. 25 fr. 13fr. j
Etranger. .. ... 82 » 42 » 22» |
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier dos quarante Rois qui en mille ans firent la France.
... . _#"•••
REDACTION & ADMINISTRATION
14, rno d e Rome, P ARIS, (g*)
Adr. télégraphique' ; ACTIOFRAN-PARIS
. . Chèque poste! : Compte 23.900 Paris
Toi. : Administration : Louvre 20-41). 26-50
Public, .ê : Central 71-77
Rédaction : Central 75-44
Après 30 h. du soir : S c jj UI" H -ftS
Registre de Commerce : Sein* ?■) £»82
Fondateur ; HENRI VAUGEOIS — Directeurs nolitiques ,• LÉON DAUDET et CHARLES RÏAURRAS —— Rédacteur en chef ? MAURICE PUJO
Ceci tuera-t-il cela ?
M. Forgeot. — Il . faut aujour
d'hui, pour être républicain 9
tenir autant à la République
qu'à la France.
Eugène Magne. — La France
est au-dessus de la République !
Séance d'hier à la Chambre des Députés
Que nous veut-on ?
Que voulons-nous?
Lei dialogue intermittent qui a lieu entre
Paria et Londres ne varie guère : quand
nous considérons les affaires allemandes
au point de vue politique, on nous re
proche de négliger le point de vue écono
mique qui est alors le seul digne d'inté
rêt; et quand nous obtenons un résultat
économique, comme il vient d'arriver par
l'accord avec les industriels de la Ruhr, on
fronae les sourcils à Londres et c'est l'équi-
Jibre politique que l'on nous accuse d'avoir
rompiu.
L'article du Times que nous avons cité
et commenté l'autre jour attestait déjà ces
préoccupations. Le conseil qui s'est tenu
hier au Foreign Office en présence de sir
John Bradbury est un autre signe. Si l'on
voulait avant tout, en Angleterre, régler
le problème des réparations, on ne se
pendrait pas de la combinaison que les
Allemands appellent « Dégoutté, Stinnes et
Cie;», et qui a le mérite d'apporter une
Bolafion, partielle peut-être, mais une solu
tion. Si l'on voulait sincèrement le relève
ment économique de l'Allemagne, on ne
regretterait pas de vendre moins de char
bon anglais à l'industrie allemande ou bien
l 'on ne penserait pas à-des projets aussi
propres à détruire toute vie économique
.chez les Allemands que celui d'ouvrir le
Reich tout grand aux marchandises an
glaises.
Mais c'est la dissolution politique du
Re&h. et la tranquillité, les garanties, les
commodités qu'y peuvent trouver les mal
heureux pays affligés du voisinage de la
race germanique, c'est cela qui préoccupe
le Foreign Office. Ajouterons-nous qu'il n'y
pourra rien, qu'il n'empêchera rien ? Si
l'Allemagne se dissout, si les magnats
traitent avec la France comme de vrais
grands féodaux, c'est par le jeu de forces
intefnès et de causé» naturelles que l'on
^t'arrêtera pas aisément.
La persistance du gâchis politique n'est
pas de nature à retenir le mouvement de
dissociation. Le piteux Albert vient
d'échouer. Son échec est moins grave que
celui de Stresemann, qui paraissait au
moins avoir quelques idées générales. Le
eeul gouvernement qui existe et qui semble
pouvoir exister en Allemagne en ce mo
ment-ci, c'est celui des militaires. Et, s'il
ne fait pas la guerre, quelle justification,
«pelle raison d'être ce gouvernement aura-
t-il ? Stinnes et Thyssen penseront toujours
qu'il n'est pas de leur intérêt de laisser
noyer leurs mines, et les ouvriers de la
Ruhr qu'il vaut mieux travailler avec les
I* rançais que de mourir de faim.
Ces nécessités vitales déterminent un état
d'esprit qui tend à se traduire par des faits
de nature politique. On remarque donc
une poussée nouvelle de l'idée d'autonomie
ou de séparatisme dans les pays rhéno-
westphaliens. M. Jean Herbette enregistrait
hier soir quelques-unes de ces manifesta
tions et se hâtait d'ajouter, pour demeurer
d'accord avec lui-même, qu'il reste une
« vie commune » en Allemagne, qu'il ne
faut pas conclure que l'unité allemande se
meurt ni rêver de revenir au traité de
Westphalie.
On doit déduire de là que, pour M. Her
bette, le traité de Westphalie avait dé
truit toute « vie commune » en Allemagne.
Nous lui rappellerons seulement l'exis
tence de la Diète de Ratisbonne et l'élec
tion des empereurs au Rœmer de Franc
fort. Le nom de corps germanique appliqué
à l'ensemble des pays allemands montre
encore que la France d'autrefois n'ignorait
pas la « vie commune » des Allemagnes.
Nous n'ignorons pas non plus la vie com
mune de l'Europe, ni ' celle des deux
hémisphères, ni même celle des planètes
à travers l'espace fini où infini, ce qui laisse
pourtant aux différences locales un assez
libre développement. Nous remarquons que
nos confrères n'ont pas plus de chance
quand ils parlent du traité de Vienne que
quand ils parlent du traité de Westphalie
dont le système, la structure et même le
maniement étaient moins simples qu'ils ne
croient.
Jacques BAINVILLE
P.-S. —- La question de Tanger vient de
se résoudre par une transaction honorable.
Nous remarquons simplement qu'une af
faire interminable et qui s'envenimait a été
rapidement conclue après l'arrivée du
général Primo de Rivera au pouvoir. Ce
post hoc est aussi un propter hoc. Le carac
tère des négociations avait changé depuis
le ptohunciamiento. C'est dire que nous ne
devons pas, à moins de raisons très sé
rieuses, soupçonner d'hostilité de principe
à notre égard le gouvernement autoritaire
qui s'est formé en Espagne. — J. B.
ECJEOS
LES FAITS DU JOUR
_ 'A la Chambre, suite du débat sur la
reforme électorale ; grand discours de
JU. Forgeot.
— Af. Albert renonce à former le cabinet
— A Londres, les experts britanniques
'délibèrent sur les frais d'occupation de la
JZ mAT.
—— Le : € Times » publie des renseigne
ments sur Vaccord franco-anglais au sujet du
fumvemt statut de Tanger.
Passy compte de nouveaux habitants depuis la
guerre. Si la rue Cortambert est déshonorée par
Maley, la rue Duban est glorifiée par l'abbé' Gillct.
L'abbé Gillet était avant la tourmente curé près
'de Verdun. . Il a laissé ses deux bras à la guerre,
riaip im hôpital bombardé par les .Boches. Le gau
che est coupé, le droit pend inerte le long du corps.
Mois l'abbé a toujours le sourire ; s'il ne peut
|>lus dire la messe, il prêche, il confesse, il dirige
Ha patronage, il est aumônier d'école libre : c'est
im des prêtres les plus aimés à Saint-Honoré d'Ey.
lao. Et quand il traverse Passy pour gagner son
église, la poitrine barrée par la Légion d'honneur,
la Médaille militaire, la croix de guerre, la mé
daille des épidémies et bien d'autres décorations,
les braves gens de Passy, où il est bien vite devenu
populaire, le saluent très bas. C'est que ses ci
tations ne ressemblent pas à celle de Malvy !
. *
Peut-être se souvient-on d'un Prix Stendhal fon-
Aa avant la guerre par La Revue Critique. Quel en
fut le lauréat ? Son nom fut emporté par la tour-
(aente. -Mais les manuscrits des concurrents, empi
lés dans un placard, attendirent cinq ans leur dé
livrance.. La paix revenue, on ouvrit l'armoire et
f'on passa en revue les oubliés.
Alors, enfoui parmi les liasses poussiéreuses, l'on
découvrit un cahier : il portait le nom de Louis
Hémon. Ca n'était rien de moins qu'un inédit de
J'autenr de Maria Cluzpdelaine.
La Revue Universelle, qui a déjà eu la bonne
fortune d'offrir à ses lecteurs le grand prix du
Roman, La Brière, commencera le 15 décembre la
publication de ce roman qui a pour titre Collin
Maillard.
* ♦
Une bonne brochure de propagande.
Nous ne saurions trop recommander à nos prési
dents départementaux, présidents de section, pré
sidantes de groupe de Dames ou-de Jeunes Filles
royalistes et à tous nos amis, de répandre abondam
ment, dans les milieux catholiques hostiles ou in
différents -à l'Action française, la brochure qu'un
de nps amis de la première heure, le commandant
Dublaix, vient de publier, à la librairie de l'Ac
tion française, sous ce titre : Un apologiste du Ca
tholicisme, Charles Maurras. ■
Cette petite brochure montre bien l'antinomie
profonde qui dresse, en France, la République con
tre le Catholicisme ; elle retrace les étapes de la
persécution anticatholique dans notre pays et dé
molit les absurdes et mensongères accusations des
libéraux, sillonistes et abbés démocrates
C'est, pour nos omis, une mine précieuse d'argu
ments et de document?
LA MORT
de Philippe Daudet
L'affreux malheur qui atteint Léon
Daudet et sa femme, notre chère collabo
ratrice Pampille, en la personne de leur
fils aîné, a soulevé partout, parmi nos
amis et parmi les bons Français de toutes
opinions admirateurs du grand polémiste
patriote, la plus profonde émotion.
Monseigneur le Duc d'Orléans a envoyé
à Léon Daudet la dépêche suivante :
Profondément ému et attristé par la
perte si cruelle qui vous frappe, de tout
cœur j'adresse à vous, à madame Daudet
et à tous les vôtres, l'assurance de ma très
douloureuse sympathie et de toute la part
que je prends à votre douleur.
Votre bien affectionné,
Philippe.
De son côté, S. M. là Reine Amélie de
Portugal a télégraphié :
Sans paroles devant votre inexprimable
* douleur,, tout mon cœur est près de vous,
demandant à Dieu le courage et les conso
lations que seul II peut donner.
Amélie.
Nous ne pouvons citer ni jnême énu-
mérer tous les télégrammes reçus. Men
tionnons seulement les groupes des pro
vinces :
/ Sections d'Action française d'Alger, Nî
mes, Grenoble et l'Isère, section arden-
naise, Toulouse, Vierzon, Toulon, Moissac,
Nice, Castelsarrazin, Reims, le groupe pi
card, la Mayenne, Castres, Saint-Etienne,
Biarritz, Carcassonne, Lille ; les Etudiants
d'A. F. d'Angers, les Camelots du Roi de
Bordeaux ; M. Gaston Guèze et la rédaction
de l'Express du Midi ; Maurice Dupont,
secrétaire régional du Nord ; Charles Ebe--
lot, etc... etc...
LES OBSEQUEC
Les obsèques de Philippe Daudet auront
lieu aujourd'hui, mercredi, à 10 heures, en
l'église Saint-Thomas-d'Aquin où Pon se réu
nira. L'inhumation aura lieu au cimetière
du Pèrc-Lachaise.
COMMISSAIRES ET CAMELOTS DU ROI
Tous les Commissaires et Camelots du Roi
qui pourront se trouver libres, devront se
trouver aujourd'hui, mercredi, à 9 h. 45, à
l'angle de la rue de Grenelle et de la rue
Saint-Guillaume, pour prendre part aux ob
sèques de leur camarade Philippe Daudet.
ETUDIANTS D'ACTION FRANÇAISE
Tous les étudiants, lycéens et collégiens
d'A. F. sont priés de bien vouloir se trouver
eii face du 27, rue Saint-Guillaume, aujour
d'hui, mercredi, à 9 h. 45, pour les obsè
ques de leur camarade Philippe Daudet.
LA : POLITIQUE
I. L'idéal républicain
de M. Forgeot
L'intervention de M. Forgeot .dans le
débat sur la proportionnelle, ou à propos
de ce débat, était intéressante parce que
l'orateur se plaçait à un point de vue de
politique générale, de politique supé
rieure. Pour un républicain national, le
problème est, en effet, de saisir l'électeur
souverain de façon qu'il n'y ait pas discon
tinuité trop évidente dans la politique fran
çaise en mai 1924. M. Forgeot paraît vou
loir maintenir l'œuvre de M. Poincaré,
l'œuvre de la Ruhr. Que deviendra-t-êlle
si le Bloc des gauches l'emporte ? L'ora
teur n'aime pas le Bloc des droites sus
pect de fomenter la Proportionnelle sco
laire et, par là, les horreurs de la guerre
civile. Mais, enfin, c'est la politique^ des
Cachin et des Longuet qui lui paraît la
plus dangereuse pour le pays. Il essaie
donc de tracer entre la droite du Bloc
des gauches et la gauche du Bloc cLes
droite une espèce de zone où l'on sui
vrait la politique Poincaré en même temps
que l'on serait ardemment féru de laïcité,
attaché à l'impôt sur le revenu, mais op
posé à la lutte des classes, à la révolution
sociale, au refus de voter le budget, aux
atteintes à la propriété individuelle.
M. Forgeot est éloquent. On le dit aussi
intelligent et instruit. Comment ne voit-il
pas que sa définition de l'idéal républi
cain définit un corps mort 1 Les es
prits vivent, et la vie de l'esprit, comme
toute-vie, même animale, c'est un mou
vement qui choisit, qui préfère, qui élève
ses édifices organiques en adoptant cer
tains éléments, en en excluant d'autres.
Dès lors, si, selon sa propre définition,
« il faut aujourd'hui, pour être_ républi-
« cain, tenir autant à la République qu'à
« la France », cette promotion accordée
à la République ne peut s'arrêter là :
si dés préférences de parti sont égalées
au devoir patriotique, si la France qui
est née sans la République, avant la Ré
publique, et que la République a affaiblie
politiquement, socialement, démotique-
ment, diplomatiquement, militairement,
navalement, de toutes manières, si cette
France est néanmoins placée sur le même
plan que la République, celle-ci, bénéfi
ciant d'un tel traitement de faveur, sera
naturellement considérée comme plus im
portante que la patrie : toutes les occa
sions de choisir entre elles deux, tous les
cas si nombreux où un intérêt national et
un intérêt de parti seront en conflit,, se ré
soudront, par la force des choses et le
cours naturel des idées, au détriment de
la patrie, au profit des partis. Les répu-
blioains idéaux de M. Forgeot ne se tien
dront jamais à ce point d'équilibre insta
ble dont il offre la formule. La logique
vitale de leur position les conduira a sa
crifier la politique de la Ruhr, comme
l'union des classes, le ministère Poincaré
comme la paix sociale, presque aussi sou-,
vent que la question se trouvera posée.
C'est, d'ailleurs, ce qui arriva en fait. Le
gros bataillon des chefs répuhlicains est
animé d'un esprit antinational, fis sup
portent la politique de la Rub»r Ils ne
l'ont pas plus demandée que M. Forgeot. Ils
ne l'aiment pas. Ils ne la soutiendront
que le moins possible, et jusqu'au point
où ils pourront la lâcher. Pareillement,
comment seraient-ils opposés à la lutte des
classes et au mouvement rév >.u inimnirc
qui sont à la base de leurs traditions et
souvent de leurs intérêts, électoraux ou
aii'r '.A
M. Forgeot se réclame de M. Bonnevay et
de M. Edouard Ilerriot. Ce n'est pas par
hasard que le premier a voté l'aimnis-
tie de Marty et que le second a fait voter,
plus ou moins publiquemnt, pour Midol.
Il y a là de vieilles et fortes con
nexions d'idées et de faits. M. Forgeot
peut tracer, dans l'hémicycle de la Cham
bre ou sur la carte du pays, ses brillantes
circonscriptions morales fondées sur un
certain nombre d'habiles formules. Cela
reste artificiel et gratuit. La pratique est
autre. C'est parce qu'ils mettent la France
au-dessus de tout que les royalistes ont
été les véritables promoteurs de la poli
tique nationale que suit le gouvernement,
mais dans laquelle ils l'ont précédé (prio
rité qui expliquera à'M. Forgeot que nous
n'avons-pas à nous montrer « discrets »)
C'est parce qu'ils sont d'abord hommes
de parti que les républicains, en immense
majorité, ont été, de 1919 à 1922, si ti
mides et si hésitants que les prophéties
d'André Lefèvre ne parvenaient même
pas à les émouvoir : hélas ! pensait cha
cun, que dira l'électeur ? . Élection d'a
bord, et parti d'abord, voilà un tour d'es
prit. Un autre tour d'esprit, c'est : France
d'abord.
Je ne puis quitter le sujet sans me de
mander'de nouveau comment un homme
de l'âge et de la vivacité d'esprit de M.
Forgeot péut traiter de questions pareil
les sur un ensemble de signes algébriques,
tels que les articles d'un programme, et
sans nul égard aux rapports moraux des
idées et à leur marche naturelle dans
l'esprit des hommes ! Comment peui : il
s'occuper de l'idéal républicain sans
éprouver le besoin d'en suivre les mou
vements, les développements, les appli
cations, les options normales et fatales • ?
IL Briancï arrondisse.mentier ?
Veut-il jouer les Coiçstans ?
M. Forgeot venait de parler du scrutin
d'arrondissement comme d'un scrutin de
petite mare. Ce terme abject yui insulte
à la géographie de la France, esîf, on s'en
souvient, de Briand., >
Le voyou s'est levé pour désavouer le
mot comme un simple pacte cannois. Ce
qu'il a dit revient en effet à un désaveu ;
oh ! pas en clair ! Ce serait trop beau. Mais
citons d'après l'Analytique, ces toursv obli
ques e.t ces détours insidieux.
« M. Aristide Briand. — Le meilleur
scrutin est celui qui défend le mieux la
République que vous confondiez avec rai
son tout à l'heure avec la patrie. (Applau
dissements à gauche.) »
[ «Avec raison» le beau brevet que vient
de recevoir là M. Forgeot. Et de quel juge\
du vrai et du faux 1 j
« M. Forgeot. — Je prends acte de la
déclaration de M. Briand qui — je le vois
— est à nouveau un partisan déterminé de
la représentation proportionnelle. (Mouve
ments divers.)
Oui, attendons !
•« M. Aristide Briand. — J'ai déjà dit
souvent que le mode de scrutin n'a jamais
été pour moi une question de principe-
c Si une question de circonstances et de
loyauté [car la loyauté n'est pas principe
pour Briand] ne s'était pas posée, alors, je
n'aurvis certes pas posé la question de con
fiance à ce sujet devant le Sénat. Pour
moi la seule question posée est une ques
tion d"opportimité.
« Je conviens que l'idée proportionna-
liste m'st paru la plus conforme à la jus
tice, à condition qu'elle joue dans des cir
conscriptions qui permettent d'aboutir à
la justice et non à l'injustice.
« Ce qae chacun examine en ce mo
ment, c'est le meilleur moyen pour son
parti de pi.vvenir à la majorité ; je pense
que vous étiez vous aussi préoccupé par
ce résultat tjue vous considérez comme le
plus grand hien pour la patrie et pour la
République. Dans toutes les hypothèses
que vous avez 1 présentées, il est difficile de
retrouver sa r.outc et je pense que le mieux
pour un parti est de se déterminer en fa
veur du scrutin qui paraît avoir le plus de
clu nces de faire triompher son program
me- SApplandifseincnts et rires sur divers
bancs. — Mouvements divers.)
« Soyez sûr que, — quelle que soit la
formule élégante, éloquente et impression
nante dont vous envelopperez l'idée, — le
collège électoral ne s'y trompera pas.
« Le suffrage universel, voilà le princi
pe. Le meilleur moipen de lui permettre de
s'exprimer, le meilleur scrutin dans les
circonstances présentes est celui qui per-.
mettra de dégager là plus forte majorité
républicaine pour maintenir le' régime.
(Applaudissements à fauche, à l'extrême
gauche et sur divers bancs. — Mouve
ments divers.) »
Si donc le scrutin d'arrondissement est
jugé digne de rendre le même service
qu'en 1889, contre le bouiangisme et la
droite, va pour le scrutin d'arrondis
sement. Rien de plus clair.
Mais M. Forgeot a. voulu feindre de s'y
tromper:
« M. Forgeot. — J'interprète la délicieu
se et savoureuse intervention de M. Briand
comme uiie adhésion implicite au princi
pe de la R. P., car je ne pense pas que M.
Briand ait un autre sentiment qu'autrefois.
(Très biewl très bien !) »
•
Non, ne supposons rien. Très bien, très
bien, comme dit la Chambre. Mais
f l'adhésion implicite » vous a une si fu
rieuse odeur de lâchage que M. Forgeot
s'est tourné, incontinent, vers « monsieur
le président du Conseil», à qui il a fait
hommage de sa péroraison. Ce dégoût de
Briand est sans doute le commencement
de la sagesse.
De toutes façons, il faut s'attendre à
voir le véritable chef du bloc des gau
ches désavouant, un de ces jours, son an
cienne collaboration avec Charles Be-
noist et Jean Jaurès, tenter de faire réta
blir le scrutin d'arrondissement.
Nous assistons à ce genre de luttes
avec une curiosité désintéressée. Nous
étions, en 1919, arrondissementiers : 1*
par haine de la ploutocratie, sûre maî
tresse des grands collèges que l'on vou
lait instituer ; 2° parce qu'il nous sem
blait Juste et moral que les députés 1906-
1910-1914, responsables de la non-prépa
ration à la guerre, reparussent en per
sonne devant le petit groupe électoral qui
les avait nommés et qu'il avaient trompé.
Si le collège régional cher à Briand était
institué, nous qualifierions comme elle
mérite cette avance énorme accordée à la
Fortune anonyme et vagabonde, cette pri
me électorale à la Finance internationale.
Si Briand obtenait le retour au scrutin
d'arrondissement, nous aurions le droit de
dire que le vote de la Représentation pro
portionnelle eut pour unique objet d'es
camoter les responsabilités de la guerre
et d'arracher les coupables au jugement
direct de leurs commettants.
III. Briand, Loucheur
et compagnie
De toutes façons, évitons de perdre
de vue ni Briand ni le briandisme. Il
n'y a pas de pire espèce de mauvais Fran
çais.
Nous ne croyons pas Briand plus répu
blicain que M.' Poincaré. Nous savons
fort bien qu'en 1910 il s'entendait avec
les royalistes ennemis de l'Action fran
çaise et leur promettait toutes les lunes
oue voulaient ces messieurs du Gaulois.
Ce que M. Briand exècre n'est pas la mo
narchie, ni le parti monarchiste, mais
le ferme attachement à l'honneur natio
nal et aux intérêts nationaux, c'est la doc
trine et la méthode qui interdisent une-
lâche résignation aux massacres d'Athè
nes, une négociation comme celle des
accords de New-York, ou encore l'admis
sion des fausses garanties à la mode de
Cannes. M. Briand trouve horriblement
gênantes, pour son laissez faire et son
laissez mourir, ' les sévérités de la disci
pline patriotique, et quand il déclare vou
loir défendre à tout prix le régime, il
ne songe qu'à son parti pris permanent
de concessions et de trahison.
Une telle politique ne peut ni se main
tenir ni s'avancer que par le mensonge à
jet continu. Le briandisme excelle à je
ter la poudre aux yeux des assemblées,
qu'elles soient d'électeurs ou d'élus. Un
briandiste considérable, M. Loucheur,
étant allé tenir, samedi dernier 24, une
réunion politique à Roubaix, y a parlé
des accords de Cannes en des termes que
ses journaux n'ont pas reproduits ou ont
reproduits incomplètement, et pour cau-
se.Heureusement, un de nos amis, qui était
là, n'en a pas perdu un mot. Voici l'es
sentiel de ses notes :
« Après une vigoureuse charge contre
le Bloc national, à qui il reproche : 1° le
vote de 200 députés de l'Entente républi
caine en faveur de la R. P. scolaire dont
il se dit l'adversaire déterminé [à moi,
Forgeot !] ; 2° l'hostilité qu'il lui prête
à toutes les lois sociales de la Républi
que, M. Loucheur, qui se dit « non pas
« radical, mais (avec son petit air de n'y
« pas toucher) bien près de l'être », af
firme, du ton d'un premier commimiant
qui renouvelle sa renonciation à Satan,
qu'il se garde bien, lui, de critiquer les
actes du gouvernement car il connaît trop
les difficultés et les responsabilités du
pouvoir.
« Mais il entreprend la défense et l'apo
logie du ministère Briand passé et... fu
tur et une manœuvre sournoise contre M.
Poincaré et même contre Millerand. Voici
ce qu'il dit, relativement è Cannes :
« Cette conférence de Cannes, dont on
« a dit tant de mal et dont on dira bien-
« tôt tant de bien (Appl.) allait nous
« donner les garanties de sécurité dont
€ nous avons besoin.
« A h moment où elle fut interrompue,
« M. Lloyd George, indiquant, sur la de-
« mande de M. Briand, les conditions du
« Pacte de garantie qui était en projet,
« venait de déclarer [pas d'ecrire !] à
« M. Briand, et à moi-même qu'en cas
« d'attaque [unprovoked] de la France
« par l'Allemagne, l'Angleterre — et cela,
* les plus grands personnages de la Ré-
« publique ont oublié hier à la Chambre
« de le dire — l'Angleterre se mettrait
« aussitôt à nos côtés avec toutes ses for-
« ces militaires, aériennes et navales
« (Appl.).
[M. Loucheur se trompe. Ces magnifi
cences confuses. sont à l'Officiel de sa
medi.]
« Il est vrai que cela manquait de pre-
« cisions [un peu].
« Il est vrai encore que M. Poincaré
« demanda ces précisions à M. Lloyd
« George et je dois reconnaître loyale-
« ment, sans en connaître la raison, que
« M. Lloyd George n'a pas donné alors
« à M. Poincaré les mêmes assurances
« qu'à nous. »
La loyauté de M. Loucheur consiste ici
à dire que« nous, Loucheur, nous ? Briand,
étions personse gratissimm auprès de M.
Lloyd George. Nous étions ses chouchoux.
A nous il accordait les « précisions » né
cessaires, et il ne le» accordait pas à d'au
tres. Nous les aurions obtenues si Mille
rand nous eût gardés.
Les yeux de M. Loucheur sont beaux
et gros, ceux de M. Briand sojit voilés,
doux, un peu sales, et toujours beaux. Per
sonne ne croira que les diverses beautés
de ces quatre-z-yeux auraient suffi à ob
tenir la convention.'. .militaire que M.
Lloyd George refusait dàs le premier
mot à M. Poincaré. Non : M. Poincaré te
nait à des engagements formels. M. Briand
s'était contenté de vagues fumées. Il est
clair que ce type de négociateurs devait
être le préféré de M. Lloyd George et de
tous les Anglais. Ceux-ci le regrettent en
core^ Ferions-nous pas comme eux si nous
n'étions Français ?
M. Briand et M. Loucheur sont-ils Fran
çais ?
La biographie anarchiste de Briand n'est
pas à rappeler. Pour Loucheur, il faut
se souvenir qu'il y a deux ans environ il
s'est séparé d'un journaliste patriote, di
recteur d'un de ses journaux, pour l'unique
raison que M. Martin-Mamy refusait de
transiger sur les intérêts de la France.
On ne saurait trop le redire au pays :
il y a le parti des petits Français.
Et ce parti existe, fonctionne, s'orga
nise et s'arme à l'heure où le plus grand
journal de la République écrit, en tête
de sa correspondance d'Allemagne, le
terme de Kriegsgefahrzustand, ou de dan
ger de guerre, celui-là même auquel Jau
rès cherchait une traduction optimiste
et tranquilisante dans la tragique après-
midi du 31 juillet 1914.
Nous en reparlerons demain.
Charles MAURRAS
Querelles d'amoureux
Le kronprinz est rentré en Aïïemagn®
il y a dix jours. Avant-hier les « capi
talistes » de la Ruhr ont capitulé devant
la France.
Voilà qui devrait pourtant troubler le
ménage à trois où vivent depuis cinq ans
l'Allemagne récalcitrante, l'Internationale
démocratique et l'Internationale commu
niste. Et, pn effet, il y a bien quelques
petits grincements de "dents. M. Herriot
laisse entendre qu'il eût admis des « sanc
tions » après -le retour du kronprinz
et fait grief à l'Angleterre de s'y être op
posée. De son côté, Léçn Trotsky, saluant
dans l'Humanité la « septième année de-
Euis octobre », n'est pas tendre pour les
urgraves bourgeois :
« ...Les capitalistes allemands morcel
lent leur pays et, à l'aide de l'or et des
baïonnettes de la France, créent de pe
tits Etats : bavarois, rhénan et autres, à
seule fin de conserver pour eux ce qui
subsiste de leurs richesses... s>
Mais ne nous y trompons pas : nos ré
publicains roses et rouges n'ont pas cessé
de croire à l'avènement possible d'une
vraie démocratie allemande ; les Mosco
vites de Moscou et de Paris persistent
à voir dans les chefs industriels et mili
taires du Reich « les représentants d'une
classe condamnée qui ne veut pas mou
rir » ; ainsi s'exprime encore Léon
Trotsky. En d'autres termes, pour les uns
comme pour les autres, il y a toujours une
« bonne Allemagne », qui n'est pas la
même dans les deux cas, mais qu'il faut
d'autant plus encourager, ménager, sau
ver, qu'elle est moins visible et plus
idéale. C'est une fatalité de leur nature :
après l 'alerte du kronprinz ou de Stinnes,
démocrates et communistes redeviennent
ce qu'ils sont mystiquement, religieuse
ment : amis de "la Germanie et de la
Prusse ; toujours prêts à crier en France
qu'on révoque un nouvel édit de Nantes,
ils. font toujours de Berlin leur refuge
intellectuel ; la leçon des dix dernières
années les empêche peut-être de chérir
Guillaume II ou Guillaume III comme
leurs ancêtres chérissaient Frédéric II.
Mais, comme dit M. Aimel, « l'espérance
est démocratique » : à l'intérieur comme
à l 'extérieur Us croient à la-Terre pro
mise ; il leur semble impossible que le
pays de la Réforme, de Kant, de Karl
Marx démente les Vérités qu'il a révélées.
Ils entretiennênt entre eux un messianis
me qui leur permet de négliger ou d'ou
blier ces pauvres petites réalités contin
gentes : hier les crimes, aujourd'hui les
armements de toute l'Allemagne.
GRANDE REUNION
PATRIOTIQUE
Salle Wagram (39, aven, de Wagram)
Le vendredi 30 novembre, à 9 heures du soir
(Ouverture des portes à 8 h. 1 /2)
L'Allemagne prépare
la guerre
Elle prépare aussi nos élections
Orateurs : Bernard de Vesins, Georges
Valois, Marie de Roux, Paul Robain,
On trouve des cartes à l'Action française, 14, ruo
de Rome; à la Librairie d'Action française, 12, rue
do l'Isly; à l'Institut d'Action française, 33, rue
Saint-André-des-Arts; à la permanence du VIL'
arrondissement, 116, rue du Bac; à la permanence
d'A. F. du XI e , 16, rue Petion. à la permanence
d'A. F. du XV 5 , 97, rue Blomet; à la permanence
du XVÎ*, 13 bis, rue de l'Annonciation; à la perma
nence du XVII", 21, -ae' Lamandé.
LA LOI ELECTORALE A LA CHAMBRE
Comment fabriquer une majorité ?
Un discours de M. Forgeot contre la prime à la majorité
absolue. — Ni Bloc des gauches, ni Bloc de droite.
' La séance consacrée hier après-midi à
la réforme de la loi électorale a été do
minée par un discours de M. Pierre For
geot, député de la Marne. L'orateur s'est
efforcé de faire une double opération po
litique, qui aurait pour but d'alléger le
Bloc national des hommes de droite dont
la présence offusque le républicanisme de
M. Forgeot, et ae dissocier le Bloc des
gauches, en rejetant de la majorité répu
blicaine, les radicaux socialistes, les so
cialistes et les communistes.
L'idéal pour le député de la Marne se
rait la constitution d'un bloc républicain,
nuance Chaumet, en faveur duquel il ad
jure M. Poincaré d'intervenir dans la ba
taille électorale prochaine. Cependant
à travers les périodes éloquentes de M.
Forgeot, semblait percer une certaine
préoccupation personnelle.
La malignité publique, en effet, prétend
que la situation de l'orateur est assez
délicate dans son département.
N'étant pas assuré de figurer sur une
liste du Bloc national, on affirme qu'il
travaille à la création d'un parti nouveau
qui lui réserverait une petite place.
D'autres personnalités politiques bien
informées prétendaient que le discours
de M. Forgeot portait l'empreinte du pré
sident du Conseil, dont on connaît les
tendresses pour la politique de M. Chau
met et de ses amis.
A M. Poincaré de répondre. M. For
geot lui a demandé de le faire en toute
franchise. C'est assurément une impru
dence, car il serait difficile au président
du Conseil de prendre d'ores et déjà po
sition contre la majorité qui le soutient.
A l'ouverture de la séance, la Chambre
adopte un projet de loi autorisant le
commissariat de la République au Ca
meroun à contracter un emprunt de 25
millions applicables au prolongement du
chemin de fer du Centre jusqu'à Yaoundé
et à l'aménagement du fort de Danala.
L'ordre du jour appelle la suite de la
discussion de la proposition de loi de M
Marc Sangnier, tendant à modifier l'ar
ticle 10 et à supprimer l'article 11 de la
loi du 12 juillet 1919 sur l'élection des
députés.
M. Israël, député radical-socialiste, vienl
combattre la suppression de la prime à
la majorité. Puisqu'on s'accommode, dit-
il, d'une proportionnelle faussée, il faut
qu'on y admette au moins quelques tem
péraments.
DISCOURS DE M. FORGEOT
M. Pierre Forgeot, qui lui succède à la
tribune, intervient en faveur du texte de
la commission. Il dit que l'expérience de
1919 a mis en lumière la profonde injus
tice du système électoral actuel, et son
maintien risquerait de fausser gravement,
après les prochaines élections, notre po
litique extérieure.
Aussi prie-t-il M. Poincaré de prendr«
en mains la réforme électorale et de la
faire aboutir, devant les deux Chambres.
Au grand étonnement de rassemblée
qui ne s'attendait pas à une pareille dé
claration, M. Forgeot proclame que notre
politique extérieure et notre politique in
térieure ne doivent être ni celles du bloc
des gauches, ni celles du bloc national.
Or, le maintien de la prime à la ma
jorité et de la plus forte moyenne tend
à opposer ces deux blocs l'un à l'autre ;
et que l'un ou l'autre de ces deux blocs
l'emporto — il est d'ailleurs probable que
EDITION DU MATIN
Mercredi 28 Novembre 1923
15 ^
Sa m ut Seiae-et-Otse.
20 cent.
DépartemenU. Coionits,
ABOî«NEMENTS: enii !
France et Colonies. 48 fr. 25 fr. 13fr. j
Etranger. .. ... 82 » 42 » 22» |
ORGANE DU NATIONALISME INTÉGRAL
« Tout ce qui est national est notre. »
Le Duc d'ORLÉANS
héritier dos quarante Rois qui en mille ans firent la France.
... . _#"•••
REDACTION & ADMINISTRATION
14, rno d e Rome, P ARIS, (g*)
Adr. télégraphique' ; ACTIOFRAN-PARIS
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Rédaction : Central 75-44
Après 30 h. du soir : S c jj UI" H -ftS
Registre de Commerce : Sein* ?■) £»82
Fondateur ; HENRI VAUGEOIS — Directeurs nolitiques ,• LÉON DAUDET et CHARLES RÏAURRAS —— Rédacteur en chef ? MAURICE PUJO
Ceci tuera-t-il cela ?
M. Forgeot. — Il . faut aujour
d'hui, pour être républicain 9
tenir autant à la République
qu'à la France.
Eugène Magne. — La France
est au-dessus de la République !
Séance d'hier à la Chambre des Députés
Que nous veut-on ?
Que voulons-nous?
Lei dialogue intermittent qui a lieu entre
Paria et Londres ne varie guère : quand
nous considérons les affaires allemandes
au point de vue politique, on nous re
proche de négliger le point de vue écono
mique qui est alors le seul digne d'inté
rêt; et quand nous obtenons un résultat
économique, comme il vient d'arriver par
l'accord avec les industriels de la Ruhr, on
fronae les sourcils à Londres et c'est l'équi-
Jibre politique que l'on nous accuse d'avoir
rompiu.
L'article du Times que nous avons cité
et commenté l'autre jour attestait déjà ces
préoccupations. Le conseil qui s'est tenu
hier au Foreign Office en présence de sir
John Bradbury est un autre signe. Si l'on
voulait avant tout, en Angleterre, régler
le problème des réparations, on ne se
pendrait pas de la combinaison que les
Allemands appellent « Dégoutté, Stinnes et
Cie;», et qui a le mérite d'apporter une
Bolafion, partielle peut-être, mais une solu
tion. Si l'on voulait sincèrement le relève
ment économique de l'Allemagne, on ne
regretterait pas de vendre moins de char
bon anglais à l'industrie allemande ou bien
l 'on ne penserait pas à-des projets aussi
propres à détruire toute vie économique
.chez les Allemands que celui d'ouvrir le
Reich tout grand aux marchandises an
glaises.
Mais c'est la dissolution politique du
Re&h. et la tranquillité, les garanties, les
commodités qu'y peuvent trouver les mal
heureux pays affligés du voisinage de la
race germanique, c'est cela qui préoccupe
le Foreign Office. Ajouterons-nous qu'il n'y
pourra rien, qu'il n'empêchera rien ? Si
l'Allemagne se dissout, si les magnats
traitent avec la France comme de vrais
grands féodaux, c'est par le jeu de forces
intefnès et de causé» naturelles que l'on
^t'arrêtera pas aisément.
La persistance du gâchis politique n'est
pas de nature à retenir le mouvement de
dissociation. Le piteux Albert vient
d'échouer. Son échec est moins grave que
celui de Stresemann, qui paraissait au
moins avoir quelques idées générales. Le
eeul gouvernement qui existe et qui semble
pouvoir exister en Allemagne en ce mo
ment-ci, c'est celui des militaires. Et, s'il
ne fait pas la guerre, quelle justification,
«pelle raison d'être ce gouvernement aura-
t-il ? Stinnes et Thyssen penseront toujours
qu'il n'est pas de leur intérêt de laisser
noyer leurs mines, et les ouvriers de la
Ruhr qu'il vaut mieux travailler avec les
I* rançais que de mourir de faim.
Ces nécessités vitales déterminent un état
d'esprit qui tend à se traduire par des faits
de nature politique. On remarque donc
une poussée nouvelle de l'idée d'autonomie
ou de séparatisme dans les pays rhéno-
westphaliens. M. Jean Herbette enregistrait
hier soir quelques-unes de ces manifesta
tions et se hâtait d'ajouter, pour demeurer
d'accord avec lui-même, qu'il reste une
« vie commune » en Allemagne, qu'il ne
faut pas conclure que l'unité allemande se
meurt ni rêver de revenir au traité de
Westphalie.
On doit déduire de là que, pour M. Her
bette, le traité de Westphalie avait dé
truit toute « vie commune » en Allemagne.
Nous lui rappellerons seulement l'exis
tence de la Diète de Ratisbonne et l'élec
tion des empereurs au Rœmer de Franc
fort. Le nom de corps germanique appliqué
à l'ensemble des pays allemands montre
encore que la France d'autrefois n'ignorait
pas la « vie commune » des Allemagnes.
Nous n'ignorons pas non plus la vie com
mune de l'Europe, ni ' celle des deux
hémisphères, ni même celle des planètes
à travers l'espace fini où infini, ce qui laisse
pourtant aux différences locales un assez
libre développement. Nous remarquons que
nos confrères n'ont pas plus de chance
quand ils parlent du traité de Vienne que
quand ils parlent du traité de Westphalie
dont le système, la structure et même le
maniement étaient moins simples qu'ils ne
croient.
Jacques BAINVILLE
P.-S. —- La question de Tanger vient de
se résoudre par une transaction honorable.
Nous remarquons simplement qu'une af
faire interminable et qui s'envenimait a été
rapidement conclue après l'arrivée du
général Primo de Rivera au pouvoir. Ce
post hoc est aussi un propter hoc. Le carac
tère des négociations avait changé depuis
le ptohunciamiento. C'est dire que nous ne
devons pas, à moins de raisons très sé
rieuses, soupçonner d'hostilité de principe
à notre égard le gouvernement autoritaire
qui s'est formé en Espagne. — J. B.
ECJEOS
LES FAITS DU JOUR
_ 'A la Chambre, suite du débat sur la
reforme électorale ; grand discours de
JU. Forgeot.
— Af. Albert renonce à former le cabinet
— A Londres, les experts britanniques
'délibèrent sur les frais d'occupation de la
JZ mAT.
—— Le : € Times » publie des renseigne
ments sur Vaccord franco-anglais au sujet du
fumvemt statut de Tanger.
Passy compte de nouveaux habitants depuis la
guerre. Si la rue Cortambert est déshonorée par
Maley, la rue Duban est glorifiée par l'abbé' Gillct.
L'abbé Gillet était avant la tourmente curé près
'de Verdun. . Il a laissé ses deux bras à la guerre,
riaip im hôpital bombardé par les .Boches. Le gau
che est coupé, le droit pend inerte le long du corps.
Mois l'abbé a toujours le sourire ; s'il ne peut
|>lus dire la messe, il prêche, il confesse, il dirige
Ha patronage, il est aumônier d'école libre : c'est
im des prêtres les plus aimés à Saint-Honoré d'Ey.
lao. Et quand il traverse Passy pour gagner son
église, la poitrine barrée par la Légion d'honneur,
la Médaille militaire, la croix de guerre, la mé
daille des épidémies et bien d'autres décorations,
les braves gens de Passy, où il est bien vite devenu
populaire, le saluent très bas. C'est que ses ci
tations ne ressemblent pas à celle de Malvy !
. *
Peut-être se souvient-on d'un Prix Stendhal fon-
Aa avant la guerre par La Revue Critique. Quel en
fut le lauréat ? Son nom fut emporté par la tour-
(aente. -Mais les manuscrits des concurrents, empi
lés dans un placard, attendirent cinq ans leur dé
livrance.. La paix revenue, on ouvrit l'armoire et
f'on passa en revue les oubliés.
Alors, enfoui parmi les liasses poussiéreuses, l'on
découvrit un cahier : il portait le nom de Louis
Hémon. Ca n'était rien de moins qu'un inédit de
J'autenr de Maria Cluzpdelaine.
La Revue Universelle, qui a déjà eu la bonne
fortune d'offrir à ses lecteurs le grand prix du
Roman, La Brière, commencera le 15 décembre la
publication de ce roman qui a pour titre Collin
Maillard.
* ♦
Une bonne brochure de propagande.
Nous ne saurions trop recommander à nos prési
dents départementaux, présidents de section, pré
sidantes de groupe de Dames ou-de Jeunes Filles
royalistes et à tous nos amis, de répandre abondam
ment, dans les milieux catholiques hostiles ou in
différents -à l'Action française, la brochure qu'un
de nps amis de la première heure, le commandant
Dublaix, vient de publier, à la librairie de l'Ac
tion française, sous ce titre : Un apologiste du Ca
tholicisme, Charles Maurras. ■
Cette petite brochure montre bien l'antinomie
profonde qui dresse, en France, la République con
tre le Catholicisme ; elle retrace les étapes de la
persécution anticatholique dans notre pays et dé
molit les absurdes et mensongères accusations des
libéraux, sillonistes et abbés démocrates
C'est, pour nos omis, une mine précieuse d'argu
ments et de document?
LA MORT
de Philippe Daudet
L'affreux malheur qui atteint Léon
Daudet et sa femme, notre chère collabo
ratrice Pampille, en la personne de leur
fils aîné, a soulevé partout, parmi nos
amis et parmi les bons Français de toutes
opinions admirateurs du grand polémiste
patriote, la plus profonde émotion.
Monseigneur le Duc d'Orléans a envoyé
à Léon Daudet la dépêche suivante :
Profondément ému et attristé par la
perte si cruelle qui vous frappe, de tout
cœur j'adresse à vous, à madame Daudet
et à tous les vôtres, l'assurance de ma très
douloureuse sympathie et de toute la part
que je prends à votre douleur.
Votre bien affectionné,
Philippe.
De son côté, S. M. là Reine Amélie de
Portugal a télégraphié :
Sans paroles devant votre inexprimable
* douleur,, tout mon cœur est près de vous,
demandant à Dieu le courage et les conso
lations que seul II peut donner.
Amélie.
Nous ne pouvons citer ni jnême énu-
mérer tous les télégrammes reçus. Men
tionnons seulement les groupes des pro
vinces :
/ Sections d'Action française d'Alger, Nî
mes, Grenoble et l'Isère, section arden-
naise, Toulouse, Vierzon, Toulon, Moissac,
Nice, Castelsarrazin, Reims, le groupe pi
card, la Mayenne, Castres, Saint-Etienne,
Biarritz, Carcassonne, Lille ; les Etudiants
d'A. F. d'Angers, les Camelots du Roi de
Bordeaux ; M. Gaston Guèze et la rédaction
de l'Express du Midi ; Maurice Dupont,
secrétaire régional du Nord ; Charles Ebe--
lot, etc... etc...
LES OBSEQUEC
Les obsèques de Philippe Daudet auront
lieu aujourd'hui, mercredi, à 10 heures, en
l'église Saint-Thomas-d'Aquin où Pon se réu
nira. L'inhumation aura lieu au cimetière
du Pèrc-Lachaise.
COMMISSAIRES ET CAMELOTS DU ROI
Tous les Commissaires et Camelots du Roi
qui pourront se trouver libres, devront se
trouver aujourd'hui, mercredi, à 9 h. 45, à
l'angle de la rue de Grenelle et de la rue
Saint-Guillaume, pour prendre part aux ob
sèques de leur camarade Philippe Daudet.
ETUDIANTS D'ACTION FRANÇAISE
Tous les étudiants, lycéens et collégiens
d'A. F. sont priés de bien vouloir se trouver
eii face du 27, rue Saint-Guillaume, aujour
d'hui, mercredi, à 9 h. 45, pour les obsè
ques de leur camarade Philippe Daudet.
LA : POLITIQUE
I. L'idéal républicain
de M. Forgeot
L'intervention de M. Forgeot .dans le
débat sur la proportionnelle, ou à propos
de ce débat, était intéressante parce que
l'orateur se plaçait à un point de vue de
politique générale, de politique supé
rieure. Pour un républicain national, le
problème est, en effet, de saisir l'électeur
souverain de façon qu'il n'y ait pas discon
tinuité trop évidente dans la politique fran
çaise en mai 1924. M. Forgeot paraît vou
loir maintenir l'œuvre de M. Poincaré,
l'œuvre de la Ruhr. Que deviendra-t-êlle
si le Bloc des gauches l'emporte ? L'ora
teur n'aime pas le Bloc des droites sus
pect de fomenter la Proportionnelle sco
laire et, par là, les horreurs de la guerre
civile. Mais, enfin, c'est la politique^ des
Cachin et des Longuet qui lui paraît la
plus dangereuse pour le pays. Il essaie
donc de tracer entre la droite du Bloc
des gauches et la gauche du Bloc cLes
droite une espèce de zone où l'on sui
vrait la politique Poincaré en même temps
que l'on serait ardemment féru de laïcité,
attaché à l'impôt sur le revenu, mais op
posé à la lutte des classes, à la révolution
sociale, au refus de voter le budget, aux
atteintes à la propriété individuelle.
M. Forgeot est éloquent. On le dit aussi
intelligent et instruit. Comment ne voit-il
pas que sa définition de l'idéal républi
cain définit un corps mort 1 Les es
prits vivent, et la vie de l'esprit, comme
toute-vie, même animale, c'est un mou
vement qui choisit, qui préfère, qui élève
ses édifices organiques en adoptant cer
tains éléments, en en excluant d'autres.
Dès lors, si, selon sa propre définition,
« il faut aujourd'hui, pour être_ républi-
« cain, tenir autant à la République qu'à
« la France », cette promotion accordée
à la République ne peut s'arrêter là :
si dés préférences de parti sont égalées
au devoir patriotique, si la France qui
est née sans la République, avant la Ré
publique, et que la République a affaiblie
politiquement, socialement, démotique-
ment, diplomatiquement, militairement,
navalement, de toutes manières, si cette
France est néanmoins placée sur le même
plan que la République, celle-ci, bénéfi
ciant d'un tel traitement de faveur, sera
naturellement considérée comme plus im
portante que la patrie : toutes les occa
sions de choisir entre elles deux, tous les
cas si nombreux où un intérêt national et
un intérêt de parti seront en conflit,, se ré
soudront, par la force des choses et le
cours naturel des idées, au détriment de
la patrie, au profit des partis. Les répu-
blioains idéaux de M. Forgeot ne se tien
dront jamais à ce point d'équilibre insta
ble dont il offre la formule. La logique
vitale de leur position les conduira a sa
crifier la politique de la Ruhr, comme
l'union des classes, le ministère Poincaré
comme la paix sociale, presque aussi sou-,
vent que la question se trouvera posée.
C'est, d'ailleurs, ce qui arriva en fait. Le
gros bataillon des chefs répuhlicains est
animé d'un esprit antinational, fis sup
portent la politique de la Rub»r Ils ne
l'ont pas plus demandée que M. Forgeot. Ils
ne l'aiment pas. Ils ne la soutiendront
que le moins possible, et jusqu'au point
où ils pourront la lâcher. Pareillement,
comment seraient-ils opposés à la lutte des
classes et au mouvement rév >.u inimnirc
qui sont à la base de leurs traditions et
souvent de leurs intérêts, électoraux ou
aii'r '.A
M. Forgeot se réclame de M. Bonnevay et
de M. Edouard Ilerriot. Ce n'est pas par
hasard que le premier a voté l'aimnis-
tie de Marty et que le second a fait voter,
plus ou moins publiquemnt, pour Midol.
Il y a là de vieilles et fortes con
nexions d'idées et de faits. M. Forgeot
peut tracer, dans l'hémicycle de la Cham
bre ou sur la carte du pays, ses brillantes
circonscriptions morales fondées sur un
certain nombre d'habiles formules. Cela
reste artificiel et gratuit. La pratique est
autre. C'est parce qu'ils mettent la France
au-dessus de tout que les royalistes ont
été les véritables promoteurs de la poli
tique nationale que suit le gouvernement,
mais dans laquelle ils l'ont précédé (prio
rité qui expliquera à'M. Forgeot que nous
n'avons-pas à nous montrer « discrets »)
C'est parce qu'ils sont d'abord hommes
de parti que les républicains, en immense
majorité, ont été, de 1919 à 1922, si ti
mides et si hésitants que les prophéties
d'André Lefèvre ne parvenaient même
pas à les émouvoir : hélas ! pensait cha
cun, que dira l'électeur ? . Élection d'a
bord, et parti d'abord, voilà un tour d'es
prit. Un autre tour d'esprit, c'est : France
d'abord.
Je ne puis quitter le sujet sans me de
mander'de nouveau comment un homme
de l'âge et de la vivacité d'esprit de M.
Forgeot péut traiter de questions pareil
les sur un ensemble de signes algébriques,
tels que les articles d'un programme, et
sans nul égard aux rapports moraux des
idées et à leur marche naturelle dans
l'esprit des hommes ! Comment peui : il
s'occuper de l'idéal républicain sans
éprouver le besoin d'en suivre les mou
vements, les développements, les appli
cations, les options normales et fatales • ?
IL Briancï arrondisse.mentier ?
Veut-il jouer les Coiçstans ?
M. Forgeot venait de parler du scrutin
d'arrondissement comme d'un scrutin de
petite mare. Ce terme abject yui insulte
à la géographie de la France, esîf, on s'en
souvient, de Briand., >
Le voyou s'est levé pour désavouer le
mot comme un simple pacte cannois. Ce
qu'il a dit revient en effet à un désaveu ;
oh ! pas en clair ! Ce serait trop beau. Mais
citons d'après l'Analytique, ces toursv obli
ques e.t ces détours insidieux.
« M. Aristide Briand. — Le meilleur
scrutin est celui qui défend le mieux la
République que vous confondiez avec rai
son tout à l'heure avec la patrie. (Applau
dissements à gauche.) »
[ «Avec raison» le beau brevet que vient
de recevoir là M. Forgeot. Et de quel juge\
du vrai et du faux 1 j
« M. Forgeot. — Je prends acte de la
déclaration de M. Briand qui — je le vois
— est à nouveau un partisan déterminé de
la représentation proportionnelle. (Mouve
ments divers.)
Oui, attendons !
•« M. Aristide Briand. — J'ai déjà dit
souvent que le mode de scrutin n'a jamais
été pour moi une question de principe-
c Si une question de circonstances et de
loyauté [car la loyauté n'est pas principe
pour Briand] ne s'était pas posée, alors, je
n'aurvis certes pas posé la question de con
fiance à ce sujet devant le Sénat. Pour
moi la seule question posée est une ques
tion d"opportimité.
« Je conviens que l'idée proportionna-
liste m'st paru la plus conforme à la jus
tice, à condition qu'elle joue dans des cir
conscriptions qui permettent d'aboutir à
la justice et non à l'injustice.
« Ce qae chacun examine en ce mo
ment, c'est le meilleur moyen pour son
parti de pi.vvenir à la majorité ; je pense
que vous étiez vous aussi préoccupé par
ce résultat tjue vous considérez comme le
plus grand hien pour la patrie et pour la
République. Dans toutes les hypothèses
que vous avez 1 présentées, il est difficile de
retrouver sa r.outc et je pense que le mieux
pour un parti est de se déterminer en fa
veur du scrutin qui paraît avoir le plus de
clu nces de faire triompher son program
me- SApplandifseincnts et rires sur divers
bancs. — Mouvements divers.)
« Soyez sûr que, — quelle que soit la
formule élégante, éloquente et impression
nante dont vous envelopperez l'idée, — le
collège électoral ne s'y trompera pas.
« Le suffrage universel, voilà le princi
pe. Le meilleur moipen de lui permettre de
s'exprimer, le meilleur scrutin dans les
circonstances présentes est celui qui per-.
mettra de dégager là plus forte majorité
républicaine pour maintenir le' régime.
(Applaudissements à fauche, à l'extrême
gauche et sur divers bancs. — Mouve
ments divers.) »
Si donc le scrutin d'arrondissement est
jugé digne de rendre le même service
qu'en 1889, contre le bouiangisme et la
droite, va pour le scrutin d'arrondis
sement. Rien de plus clair.
Mais M. Forgeot a. voulu feindre de s'y
tromper:
« M. Forgeot. — J'interprète la délicieu
se et savoureuse intervention de M. Briand
comme uiie adhésion implicite au princi
pe de la R. P., car je ne pense pas que M.
Briand ait un autre sentiment qu'autrefois.
(Très biewl très bien !) »
•
Non, ne supposons rien. Très bien, très
bien, comme dit la Chambre. Mais
f l'adhésion implicite » vous a une si fu
rieuse odeur de lâchage que M. Forgeot
s'est tourné, incontinent, vers « monsieur
le président du Conseil», à qui il a fait
hommage de sa péroraison. Ce dégoût de
Briand est sans doute le commencement
de la sagesse.
De toutes façons, il faut s'attendre à
voir le véritable chef du bloc des gau
ches désavouant, un de ces jours, son an
cienne collaboration avec Charles Be-
noist et Jean Jaurès, tenter de faire réta
blir le scrutin d'arrondissement.
Nous assistons à ce genre de luttes
avec une curiosité désintéressée. Nous
étions, en 1919, arrondissementiers : 1*
par haine de la ploutocratie, sûre maî
tresse des grands collèges que l'on vou
lait instituer ; 2° parce qu'il nous sem
blait Juste et moral que les députés 1906-
1910-1914, responsables de la non-prépa
ration à la guerre, reparussent en per
sonne devant le petit groupe électoral qui
les avait nommés et qu'il avaient trompé.
Si le collège régional cher à Briand était
institué, nous qualifierions comme elle
mérite cette avance énorme accordée à la
Fortune anonyme et vagabonde, cette pri
me électorale à la Finance internationale.
Si Briand obtenait le retour au scrutin
d'arrondissement, nous aurions le droit de
dire que le vote de la Représentation pro
portionnelle eut pour unique objet d'es
camoter les responsabilités de la guerre
et d'arracher les coupables au jugement
direct de leurs commettants.
III. Briand, Loucheur
et compagnie
De toutes façons, évitons de perdre
de vue ni Briand ni le briandisme. Il
n'y a pas de pire espèce de mauvais Fran
çais.
Nous ne croyons pas Briand plus répu
blicain que M.' Poincaré. Nous savons
fort bien qu'en 1910 il s'entendait avec
les royalistes ennemis de l'Action fran
çaise et leur promettait toutes les lunes
oue voulaient ces messieurs du Gaulois.
Ce que M. Briand exècre n'est pas la mo
narchie, ni le parti monarchiste, mais
le ferme attachement à l'honneur natio
nal et aux intérêts nationaux, c'est la doc
trine et la méthode qui interdisent une-
lâche résignation aux massacres d'Athè
nes, une négociation comme celle des
accords de New-York, ou encore l'admis
sion des fausses garanties à la mode de
Cannes. M. Briand trouve horriblement
gênantes, pour son laissez faire et son
laissez mourir, ' les sévérités de la disci
pline patriotique, et quand il déclare vou
loir défendre à tout prix le régime, il
ne songe qu'à son parti pris permanent
de concessions et de trahison.
Une telle politique ne peut ni se main
tenir ni s'avancer que par le mensonge à
jet continu. Le briandisme excelle à je
ter la poudre aux yeux des assemblées,
qu'elles soient d'électeurs ou d'élus. Un
briandiste considérable, M. Loucheur,
étant allé tenir, samedi dernier 24, une
réunion politique à Roubaix, y a parlé
des accords de Cannes en des termes que
ses journaux n'ont pas reproduits ou ont
reproduits incomplètement, et pour cau-
se.Heureusement, un de nos amis, qui était
là, n'en a pas perdu un mot. Voici l'es
sentiel de ses notes :
« Après une vigoureuse charge contre
le Bloc national, à qui il reproche : 1° le
vote de 200 députés de l'Entente républi
caine en faveur de la R. P. scolaire dont
il se dit l'adversaire déterminé [à moi,
Forgeot !] ; 2° l'hostilité qu'il lui prête
à toutes les lois sociales de la Républi
que, M. Loucheur, qui se dit « non pas
« radical, mais (avec son petit air de n'y
« pas toucher) bien près de l'être », af
firme, du ton d'un premier commimiant
qui renouvelle sa renonciation à Satan,
qu'il se garde bien, lui, de critiquer les
actes du gouvernement car il connaît trop
les difficultés et les responsabilités du
pouvoir.
« Mais il entreprend la défense et l'apo
logie du ministère Briand passé et... fu
tur et une manœuvre sournoise contre M.
Poincaré et même contre Millerand. Voici
ce qu'il dit, relativement è Cannes :
« Cette conférence de Cannes, dont on
« a dit tant de mal et dont on dira bien-
« tôt tant de bien (Appl.) allait nous
« donner les garanties de sécurité dont
€ nous avons besoin.
« A h moment où elle fut interrompue,
« M. Lloyd George, indiquant, sur la de-
« mande de M. Briand, les conditions du
« Pacte de garantie qui était en projet,
« venait de déclarer [pas d'ecrire !] à
« M. Briand, et à moi-même qu'en cas
« d'attaque [unprovoked] de la France
« par l'Allemagne, l'Angleterre — et cela,
* les plus grands personnages de la Ré-
« publique ont oublié hier à la Chambre
« de le dire — l'Angleterre se mettrait
« aussitôt à nos côtés avec toutes ses for-
« ces militaires, aériennes et navales
« (Appl.).
[M. Loucheur se trompe. Ces magnifi
cences confuses. sont à l'Officiel de sa
medi.]
« Il est vrai que cela manquait de pre-
« cisions [un peu].
« Il est vrai encore que M. Poincaré
« demanda ces précisions à M. Lloyd
« George et je dois reconnaître loyale-
« ment, sans en connaître la raison, que
« M. Lloyd George n'a pas donné alors
« à M. Poincaré les mêmes assurances
« qu'à nous. »
La loyauté de M. Loucheur consiste ici
à dire que« nous, Loucheur, nous ? Briand,
étions personse gratissimm auprès de M.
Lloyd George. Nous étions ses chouchoux.
A nous il accordait les « précisions » né
cessaires, et il ne le» accordait pas à d'au
tres. Nous les aurions obtenues si Mille
rand nous eût gardés.
Les yeux de M. Loucheur sont beaux
et gros, ceux de M. Briand sojit voilés,
doux, un peu sales, et toujours beaux. Per
sonne ne croira que les diverses beautés
de ces quatre-z-yeux auraient suffi à ob
tenir la convention.'. .militaire que M.
Lloyd George refusait dàs le premier
mot à M. Poincaré. Non : M. Poincaré te
nait à des engagements formels. M. Briand
s'était contenté de vagues fumées. Il est
clair que ce type de négociateurs devait
être le préféré de M. Lloyd George et de
tous les Anglais. Ceux-ci le regrettent en
core^ Ferions-nous pas comme eux si nous
n'étions Français ?
M. Briand et M. Loucheur sont-ils Fran
çais ?
La biographie anarchiste de Briand n'est
pas à rappeler. Pour Loucheur, il faut
se souvenir qu'il y a deux ans environ il
s'est séparé d'un journaliste patriote, di
recteur d'un de ses journaux, pour l'unique
raison que M. Martin-Mamy refusait de
transiger sur les intérêts de la France.
On ne saurait trop le redire au pays :
il y a le parti des petits Français.
Et ce parti existe, fonctionne, s'orga
nise et s'arme à l'heure où le plus grand
journal de la République écrit, en tête
de sa correspondance d'Allemagne, le
terme de Kriegsgefahrzustand, ou de dan
ger de guerre, celui-là même auquel Jau
rès cherchait une traduction optimiste
et tranquilisante dans la tragique après-
midi du 31 juillet 1914.
Nous en reparlerons demain.
Charles MAURRAS
Querelles d'amoureux
Le kronprinz est rentré en Aïïemagn®
il y a dix jours. Avant-hier les « capi
talistes » de la Ruhr ont capitulé devant
la France.
Voilà qui devrait pourtant troubler le
ménage à trois où vivent depuis cinq ans
l'Allemagne récalcitrante, l'Internationale
démocratique et l'Internationale commu
niste. Et, pn effet, il y a bien quelques
petits grincements de "dents. M. Herriot
laisse entendre qu'il eût admis des « sanc
tions » après -le retour du kronprinz
et fait grief à l'Angleterre de s'y être op
posée. De son côté, Léçn Trotsky, saluant
dans l'Humanité la « septième année de-
Euis octobre », n'est pas tendre pour les
urgraves bourgeois :
« ...Les capitalistes allemands morcel
lent leur pays et, à l'aide de l'or et des
baïonnettes de la France, créent de pe
tits Etats : bavarois, rhénan et autres, à
seule fin de conserver pour eux ce qui
subsiste de leurs richesses... s>
Mais ne nous y trompons pas : nos ré
publicains roses et rouges n'ont pas cessé
de croire à l'avènement possible d'une
vraie démocratie allemande ; les Mosco
vites de Moscou et de Paris persistent
à voir dans les chefs industriels et mili
taires du Reich « les représentants d'une
classe condamnée qui ne veut pas mou
rir » ; ainsi s'exprime encore Léon
Trotsky. En d'autres termes, pour les uns
comme pour les autres, il y a toujours une
« bonne Allemagne », qui n'est pas la
même dans les deux cas, mais qu'il faut
d'autant plus encourager, ménager, sau
ver, qu'elle est moins visible et plus
idéale. C'est une fatalité de leur nature :
après l 'alerte du kronprinz ou de Stinnes,
démocrates et communistes redeviennent
ce qu'ils sont mystiquement, religieuse
ment : amis de "la Germanie et de la
Prusse ; toujours prêts à crier en France
qu'on révoque un nouvel édit de Nantes,
ils. font toujours de Berlin leur refuge
intellectuel ; la leçon des dix dernières
années les empêche peut-être de chérir
Guillaume II ou Guillaume III comme
leurs ancêtres chérissaient Frédéric II.
Mais, comme dit M. Aimel, « l'espérance
est démocratique » : à l'intérieur comme
à l 'extérieur Us croient à la-Terre pro
mise ; il leur semble impossible que le
pays de la Réforme, de Kant, de Karl
Marx démente les Vérités qu'il a révélées.
Ils entretiennênt entre eux un messianis
me qui leur permet de négliger ou d'ou
blier ces pauvres petites réalités contin
gentes : hier les crimes, aujourd'hui les
armements de toute l'Allemagne.
GRANDE REUNION
PATRIOTIQUE
Salle Wagram (39, aven, de Wagram)
Le vendredi 30 novembre, à 9 heures du soir
(Ouverture des portes à 8 h. 1 /2)
L'Allemagne prépare
la guerre
Elle prépare aussi nos élections
Orateurs : Bernard de Vesins, Georges
Valois, Marie de Roux, Paul Robain,
On trouve des cartes à l'Action française, 14, ruo
de Rome; à la Librairie d'Action française, 12, rue
do l'Isly; à l'Institut d'Action française, 33, rue
Saint-André-des-Arts; à la permanence du VIL'
arrondissement, 116, rue du Bac; à la permanence
d'A. F. du XI e , 16, rue Petion. à la permanence
d'A. F. du XV 5 , 97, rue Blomet; à la permanence
du XVÎ*, 13 bis, rue de l'Annonciation; à la perma
nence du XVII", 21, -ae' Lamandé.
LA LOI ELECTORALE A LA CHAMBRE
Comment fabriquer une majorité ?
Un discours de M. Forgeot contre la prime à la majorité
absolue. — Ni Bloc des gauches, ni Bloc de droite.
' La séance consacrée hier après-midi à
la réforme de la loi électorale a été do
minée par un discours de M. Pierre For
geot, député de la Marne. L'orateur s'est
efforcé de faire une double opération po
litique, qui aurait pour but d'alléger le
Bloc national des hommes de droite dont
la présence offusque le républicanisme de
M. Forgeot, et ae dissocier le Bloc des
gauches, en rejetant de la majorité répu
blicaine, les radicaux socialistes, les so
cialistes et les communistes.
L'idéal pour le député de la Marne se
rait la constitution d'un bloc républicain,
nuance Chaumet, en faveur duquel il ad
jure M. Poincaré d'intervenir dans la ba
taille électorale prochaine. Cependant
à travers les périodes éloquentes de M.
Forgeot, semblait percer une certaine
préoccupation personnelle.
La malignité publique, en effet, prétend
que la situation de l'orateur est assez
délicate dans son département.
N'étant pas assuré de figurer sur une
liste du Bloc national, on affirme qu'il
travaille à la création d'un parti nouveau
qui lui réserverait une petite place.
D'autres personnalités politiques bien
informées prétendaient que le discours
de M. Forgeot portait l'empreinte du pré
sident du Conseil, dont on connaît les
tendresses pour la politique de M. Chau
met et de ses amis.
A M. Poincaré de répondre. M. For
geot lui a demandé de le faire en toute
franchise. C'est assurément une impru
dence, car il serait difficile au président
du Conseil de prendre d'ores et déjà po
sition contre la majorité qui le soutient.
A l'ouverture de la séance, la Chambre
adopte un projet de loi autorisant le
commissariat de la République au Ca
meroun à contracter un emprunt de 25
millions applicables au prolongement du
chemin de fer du Centre jusqu'à Yaoundé
et à l'aménagement du fort de Danala.
L'ordre du jour appelle la suite de la
discussion de la proposition de loi de M
Marc Sangnier, tendant à modifier l'ar
ticle 10 et à supprimer l'article 11 de la
loi du 12 juillet 1919 sur l'élection des
députés.
M. Israël, député radical-socialiste, vienl
combattre la suppression de la prime à
la majorité. Puisqu'on s'accommode, dit-
il, d'une proportionnelle faussée, il faut
qu'on y admette au moins quelques tem
péraments.
DISCOURS DE M. FORGEOT
M. Pierre Forgeot, qui lui succède à la
tribune, intervient en faveur du texte de
la commission. Il dit que l'expérience de
1919 a mis en lumière la profonde injus
tice du système électoral actuel, et son
maintien risquerait de fausser gravement,
après les prochaines élections, notre po
litique extérieure.
Aussi prie-t-il M. Poincaré de prendr«
en mains la réforme électorale et de la
faire aboutir, devant les deux Chambres.
Au grand étonnement de rassemblée
qui ne s'attendait pas à une pareille dé
claration, M. Forgeot proclame que notre
politique extérieure et notre politique in
térieure ne doivent être ni celles du bloc
des gauches, ni celles du bloc national.
Or, le maintien de la prime à la ma
jorité et de la plus forte moyenne tend
à opposer ces deux blocs l'un à l'autre ;
et que l'un ou l'autre de ces deux blocs
l'emporto — il est d'ailleurs probable que
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