Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-11-12
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 57453 Nombre total de vues : 57453
Description : 12 novembre 1923 12 novembre 1923
Description : 1923/11/12 (Numéro 315). 1923/11/12 (Numéro 315).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7617658
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
<1p nnliticfk "*■' -JP -uis» même sur ce terrain,
llfaatbicn .q ue l'assuransc lui vienne, car
les" circûnst«V c . es réclament - de lui des
décisions. Un- ^°ur vacnt où sa connais-
■snnee des honmn>: s > des moyens, «es possi
bilités est si gra-n;dç, avant de rien
entreprendre c'est, >à lui qu'on. demande
conseil.
A ce momen-l.-là, à .ses .fonctions de se-
erclnire général des Camilols (in ttoi, Ma-
i-'ius' Flaîeau vient d'adjoindre, après la
mort héroïque de Léon de -Monb^squiou,
et sa propre blessure qui ne. Iiû permet
plus de servir "a.ux armées, celles île secré
taire général de la Ligue d'Action fran cui
sse. if v apporte, dans leur pleine perfec
tion, ses qualités de clairvoyance et -d'«u- 1
torilé aui inspiraient à tous, de faaon que
je n'ai Vùt; pour nul autre, la confiance et
la sécurité. J'ajouterai, car cela ; ne l'ex
cluait pas , an contraire, l'amitié-
Pour que la France yive
Ainsi, par une évolution qui est peut-
être celle de tous les vrais chefs, à chaque
étape de sa vie, qui, depuis 1908, sir con
fond avec celle de l'Action française,
c'est pour ainsi dire malgré- lui, à son
corps défendant,' que Marius Plateau, avait-
gravi les degrés du commanderaient et de
l'autorité.
Le corps se défendait mais l'âme mar
chait toujours. Une nécessité simple et
forte, clairement aperçue, s'imposait à elle:
il faut que la France vive, il faut qu'elle
réalise les conditions de son ordre, de sa
(sécurité, de son existence même. Comme
Jeanne d'Ar,c, son héroïne, il ne'tenait pas
à sa mission, il ne l'avait pas cherchée ;
il eût peut-être préféré son repos, mais il
fallait que ce nécessaire fût fait et il le
ferait puisque la providence le lui deiuan- ,
dait.
Lai violence au service de la reîson
Il faut que la France vive, et tout le
£fesle «est subordonné, tout le reste n'a pas
d'importance. Et pour qu'elle vivi\ al iaut
en prendre les moyens, quels qu'ils soient-
J.1 ne compte pour rien les coups afù en
tés dans tant de bagarres, pour r.îpn les
longs' an ois de prison, pour rien la mort
même : il l'a, regardée en face et comptée
parmi les risques naturels de sou iieHun.
Mais lorsque nous allions en Sorhonae dé
juger un insulteur de Jeanne d'Arc, il pou
vait ;être pénible à ce jeune homme de
lxjnnc race -et de vieille tradition, de trou
ver entre cet insulteur et nous 1-e s agents
de l'prdre qu'il eût voulu respecter. 11 fal
lait passer cependant. La raison ici com
mandait la violence et, selon la formule de
son frère d'armes, Lucien I/icouy, Plateau
mettait la violence au service de la rai
son.
La leçon d'une mort Iiéroïque
Que la violence l'ait atteint à son tour.'
qu'elle l'ait couché dans cette ,tom.be, il
n'y a rien là pour le démentir. Méprisons
les gens dont le raisonnement est si court
qu'ils.ne distinguent pas entre le gendar
me et le-malfaiteur, entre le héros et le
crimintil, sbus prétexte que tous deux se
servent d'armes à feu. Il y a la même dis
tance efttre l'action de salut national à la
quelle .se consacrait Plateau et les m-.ui-
vais coups de l'anarchie antip.atriçte,
■qu'entre l'homme dont vous lisez ici -la
.sublime citation.et la fille perdue qu'on
.semble-avoir choisie dans la boue lu plus
.infâme pour être son assassin.
Non,Marius Plateau, ta mort n'a rjeu de-
xnx-'nti. Elle ne nous inclinerai pas à nous
résigner aux offenses et aux blessures tai-
tes à la patrie. Elle ne nous fera pas pa
raître acceptable qu'un insulteur de Jean
ne d'Arc puisse enseigner dans une -chaire
(officielle française, ni qu'un traître con
damné puisse inaugurer un monument
aux morts de la guerre, ses victimes. Elle
»e nous fera pas accepter que justice ne
jsoit pas faite, que les coupables du cra-
jie où tu as succombé, tous les coupables,
demeurent impunis. Ceux qui acceptent
-fcelà «t-sîy résignent, ceux qui se conten
tent de vaines protestations, en laissant
carrière au mal, .à ses ; développements, a
ses catastrophes ; voilà les tous. Le sage,
c'est le Camelot du Roi, ce Camelot du Roi
dont - une légende stupide fait un
écervelé ou un énergumène, ce Camelot
du Roi dont tu fus le type et dont tu res
tes le modèle ; toi le bon sens, toi le
• jugement calme, toi la bonté..' Oui, plus
meine que l'honneur et le courage, voila la
vertu que je veux saluer sur ta tombe de
héros : la sagesse, non la sagesse morte qui
est souvent ,démence inconsciente,.mais la
sagesse vivante qui est hardiesse autant que
discernement et prudence, la sagesse fé
conde dont Maxime Réal del Sarte a sym
bolisé'les fruits par les gerbes d'épis qui
montent le long de ta pierre funéraire.
Il faut que la France vive I Ce mot qui
a été dans ta pensée, devant les mitrail
leuses, au bord du glacis de Port-
Fontenoy, tu l'as redit, cher ami, à
chaque heure de ta vie. Aujourd'hui
que tu n'es plus, tes compagnons et .tes
soldats viennent le jurer sur ta tombe. La
France vivra
■Discours de Maxime Real del Sarte
Madame, Messieurs, mes chers ca
marades,
J'ai le devoir douloureux de prendre
aujourd 'hui la parole au nom de la Fé
dération nationale des Camelots du _ Ko i,
devant le monument élevé à la glorieuse
■et chère mémoire de Marius Plateau, notre
frère" d'armes, assassiné par -haine de la
Frapce, le 22 janvier 1923 ; mais il me
semble que c'est aussi en son nom que je
-remercie tous les Français, quelle-que soit-
leur opinion politique, qui ont tenu a ap
porter leur obole pour eiever cette pierre
qui portera désormais le témoignage sa-
.«ré de -son martyre.
Vos nom? à tous, messieurs, sont gra
vés sur ce'livre d'or. Ils reposeront dé
sormais à ses côtés, symbole permanent
de -votre -piété «reconnaissante. Le chef
qui repose dans cette tombe, est un héros
national .modeste et grand comme son
teuvre ; cette œuvre dont il était l'ani
mateur et qu'il devait féconder de son
sang ; car ils ont frappé trop tard ceux
qui .ont pensé limiter et arrêter peut-être
notre essor en détruisant le chef.
Trop tard ! La moisson a surgi ma
gnifique du sol sanglarjt qui frémit du
besoin d'engendrer la vie !.
Le sang est un levain d'action et de
gloire ; le sang est nécessaire à l'œuvre
vive qu'il consacre et anime.
Le sang de Marius Plateau, recueilli
pieusement par ses frères, est un patri
moine moral de force et de grandeur !
■ .Marius Plateau a versé son sang tom
bant à son poste de vigie, dans sa fonc
tion de chef et de protecteur.
Marius Plateau aimait pourtant pas
sionnément la vie et, comme nous tous,
il était épris de soleil, de liberté, de bon
heur ; mais son âme d'élite, -tourmentée
par la vérité, qu'il avait trouvée, s'était
engagée dans la voie de l'apostolat où
.volontairement on envisage le sacrifice :
Demain sur nos tombeaux,
Les blés seront plus beaux.
Ce refrain glorieux et si vrai de la
chanson des Camelots du Roi, c'est Marius
Plateau qui l'avait réclamé, et ceci en
1909 !
«Quel témoignage, messieurs ! Ce n'est
■donc pas sans avoir envisagé le sacrifice
le plus grand que ceux-là se donnaient
la France -et y consacraient leur vie.
• • .Comprendrez-vous, avec espérance, de-
ivant cette tombe. Français, qu'on ne ■ sau
rait arrêter la ilamme etl'idé.e .qui.o.n,t ,pour s
les répandre de- teis apôtres-;!
Il m'est .doux de rappeler ',en -exemple,
aujouird'hui, qu'avant la guerre, grâce aux
-Camelots du Roi, grâce à "Marius Pla
teau, grâce au sang versé 'alors, .à la pri-,
,son, à l.a lutte acharnée -ntenée contre
ses détracteurs, Jeanse d'Arc lia ;douce
et pure héroïne, notre chère -patronne, :
préside glorieusement aux destinées de
la patrie q.ui lui a consacré .officielle
ment son, jour de gloire ! " '
Jeanne, toi qui-jadis entondads des -voix'
.descendues du- -.ciel; entends aujourd'hui
csîles qui montent vers toi nt qui sur
gissent ole -la -terre de-France !
JOonne ,à ..ceux-là qui iqnt versé tour
san \î pour toi et pour ce ique tu .aimais
le ,p*us an •monde, ta iKitrie, la rançon de
leur sacrifice !
Perxncts à nous tous qui sommes ses
frères d'armes, de ne pas mériter le ap
proche infâme d'avoir permis * sacrifice soit inutile, reproche qui souille
déjà tous «eux qui ayant les directions
de la Frf.\nae ont oublié qu'ils avaient 'la
gérance ttu sang de quinze cent mille
héros !
Nous ne ■ permettrons /pas que la a»ort
de Marius iPiate.au soit -vaine. Nous se
rons à la mi'sure de son sang !
Malheur à. nous si, par aventure, en
passant ici, celui qui se découvre pou
vait se dire que cette tombe a recouvert
un mort !
"Tu es vî.varnt en nos cœurs, ami cher
entre tous, to;n sang, le même .que le;
nôtre, est un Jvéritage qui est .notre ,bien.
Semblable à «ceux-là .que nojus avons vus
mourir à -nos côtés dans -les tranchées
de gloire, te» yeux, ies .grands -yeux
tourmentés 1 et douloureux, tes yeux fulgu
rants semblent dire : « -Vous qui vivez
encore, poursriivez mon «satyre, achevez
ma tâche. Que man sa-ç riij.Qe aie soit -pas
inutile. Utilisez mon sang. -Construisez,
élevez et défendez ! lïelevez .la 'patrie
que rien ne vous arrête,et; ne l jla,iss,ez pjxs
ceux qui ont ,tr tombes éternelles !
Notre génération, messieurs, i .ç&t celle
du sacrifice,. elle «st.marquée du signe du
sang, celui des héro.s q.ui ont .sauvé la
France, ctdui.de Marius .PJateau-qui, ten
tombant, a. perm/s à ceux qui luttent ,et
travaillent pour ; le , pays ; de rjaasser libiie-
ment et d'uccoinplir . Jeur tâehe. Il a réa
lisé deux fols la citation de gloire qui
s'inscrit sur çe monument. -Citation qui
est une des plus .belles pages de l'his
toire de Fi'ance : .Ecoutez-la, messieurs.
« Le servent Marius Plateau, 22° com-
« pagnie du .355° régiment, le 20 jsep-
« tembre 11914, -à Vaux^sous-Fentcnoy,
,« le 6* bataillon du '355" ^commandant
« Mermei) (ïéjà.trés éprouvé (il lui reste
« 4 officiers! et 500 hommes) est -appelé
« à venir à l'aide d'unités-voisines.
« Il faut offrir une cible aux mitrailleu-
« ses ajlem andes -pour détourner leurs
* leatx et p(/rmettre ainsi au -bataillon -de
« franchir «ne zone battue - pour tourner
« la pœitiom ennemie.
« A la tête de ses hommes, qu'il en-
« lève par son commandement énergi-
« que «:t entraînant, qu'il galvanise par
« l'exeu/iple de son ardeur, le Sergent
« Platteau quitte le -fossé d^ijne lisière de
« bois, fait irruption sur un glacis, sa
« chaisne de tirailleurs -en plein champ,
« face à l'ennemi, et attire l'acliarnemçnt
« Frappé d'une , balle à : la • tête, Théroï-
« que .sergent est laissé pour mort spr
« le terrain. Trente de ses hommes sont
« «tués ou blessés. Grûce au sacrifice fie
« ces braves, le bataillon passe.
« Dédilé aux vues de l!eiyiemi, il .se
«i masse pour ' l'assaut.
. « Les Allemands, attaqués à revers, su^
«■ leur flanc droit, sont chassé§ à la
« baïonnette de l'éperon nord de Port
ée .Fontenoy, position tactique de Jiaute
« importance.
« L'ennemi laissant sur. le.terrain 50
« morts. Le bataillon xiamehait 20 .pri-
« sonniers valides, deux mitrailleuses -et
« un important vbutin. »
« Lisez, lisez ces lignes, monsieur
l'ambassadeur », disait un général ;:glo-
rieux à l'ambassadeur d'Amérique, en «se
penc-liajit sur ce monument, et en montrant
la citation de Marius, « lisez-Jes -et .-faites-
les con naître.ii vos compatriotes, c'est ija
citation du chevalier.d'Assas ».
Cette page: de.gloire, elle- est.inseirite «au
fronton de notre Fédération nationale, et
si, bravant tout, je n'hésite pas.à profé
rer devant cette tombe glorieuse, en votre
nom, mes amis, le serment de-yiyre.pour
que son sang soit vengé, c'est que je sais
que la rançon d'un sang si pur, c.'est la
renaissance de la -patrie-
LA SORTIE
Les discours sont terminés. On scelle
dans la pierre le livre d'or contenant les
noms de tous les-souscripteurs -au monu
ment. Puis le drapeau de l'Action fran
çaise, .suivi de tous les fanions, forêt .fré
missante, défile- en s'inelinant devant la
tombe, -suivi de l'équipe de commissaires
qui a fail le service au cimetière.
Une dernière fois, les assistants saluent
Mme Crelin-Plateau et je chanoine , Ri
chard,, et l'on se retire eu silence,'.pro
fondément ému. Au dehors, au moment où
Léon Daudet et Charles Maurras, à une
certaine distance du cimetière, .montent
en voilure, des acclamations passionnées
partent de la foule et se prolongent. C.'est
Ja vie et la lutte qui reprennent leur
cours...
JMÛËHAT10M
LE TEMBS. fUigion parisienne, vents varia
bles nuls à Ouest, -gelee blançhe, beau, bruineux et
adoucissement le jour: n^cme. temps région Nord,
amélioration dans le Sud et le Centre avec refroi
dissement et ,gelce.
Température: ma xi
'empérature: maximum S l> .
LA VILLE. — A 1 li. 30: courses à Kughicn.—•
Au.Grand Palais: le Salon d'automne. — Ouver
ture de la session du eonsejl municipal.
Le . ga{a JVIauriçe 4u Flws
Le gala- poétique .organise- pa k le Cercle de Diane
au profit .du •-poète Maurice- U6£uiiLivemeiit le vendredi 23 k 2 j heu
res, a l'élégant tliéâtr»ï prêté jiar M. Kcy/mond Dan-
can, 34 'rue du Coïi&ée. Le programme sera en-
iiciement consacré aux cheU-d œuvre romane.
On trouvera des cantes, ..à 5 fr.. 8 fr. 10 fr. et
25 fr. au secrétariat du -cercle, 10 Viiia du Roule, a
-Ncuilly : au théâtre, et «liez -les éditeurs Ber-
nou&rd, 73 rue {le» Sajnts-L'ièies ; Stock, place
du Théâtre-Français ; Rcy, # boulevard des ita
liens ; Legouix, 4 r^e Çhauviau-Lagarde.
PETITES NOUVELLES
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Riciotto'
Canudo, qui, né en Italie .et ■ venu à Paris vers
1002, s'était lait un nom dans la jeune littérature,
iranç-aise. !
La Liffiie rnarilimc et coloniale française a at
tribué s.a grande médaille d'or à VAndvarLebon.
Mariage. —- Dans la plus stricte intimité a été
.célébré, samedi, le mariage de Mlle Marcelle Scliiff
avec le docteur Georges SaupUar, assistant de con
sultation a -l'hôpital Saint-l^ouis, cuoix ; de guerre.
Au Palais de. s* !/im>tallntion dans ies
belles salles restaurées xlu Palau, des Papes d'Avi
gnon des magnifiques tentures de tapisseries an
ciennes et des tapis de la Savonnerie prêtés pour
cet hiver par le Mf*bilier national, se
|* jïoursuit aelivemenl. Cette exposilion sera inaygu-
| rée le l^ r décembre prochain.
Hommages au Soldat inconnu
k i'Ârc 4e Triomphe
-lie soleil n'a jpas favorisé de son .-écla-
toîrte '«t ehauâe ^lumioce 3a tsérëmonie, dé
sormais traditionnelle, qui s'est déroulée
:sur la :pla:-.c d.e l'Etoile;, devant la toiuJbe s
thi -Soldat inconnu.; le >ciel est.resté equ-',
vert ^pendant -toute -In njatinée; un froid vif
et :une aîgre bise rcnàaienl le stationne-
>ment .pénible j>«r la \vasie place ; mais ils
n'ont pas empêobé la foule c.e se presser,
en jgxiafss, «err6s- "et en-jnassss compactes,
g»Qur «ssistar à l'émouvant défilé des dra-
^eaïu-x et-sal-uer ide ses vivats le passage
ides troupes.
•A .partir de neuf heures, îes délégations
se succèdent, apportant des couronnes, :
-des gerbes et des palmes, qui " forment
un amoncellement autour de la 'dalle sous
laquelle repose la Hànos inconnu.
Accompagné d'un seul officier d'ordon
nance, -<|«i- ,poarte 'une magnifique cou
ronne de feuillage, rehaussé de ,c'hr-v«s.n-
,thèmes, le général Pershing vient s'incli
ner 'Longuement -devant lai jtombe ; .puis,
prenant .des mains de son .officier -la cou
ronne, il s'agenouille à demi pour la
placer siir la dalle. ~
. ÎA's drapeaux et ïes étendards
Pendant ■ce temps, dans la ;salle ïuren-
ne, -aux invalides, se jjr.essaiéiit les offi-
,fiers , iisspc-iations .d'anciens combattants, jxow
porter les drapeaux .et -éteai,dards des ;ré-
jgimentç 'dissous, (les -régiments -de r.éserv.e
et çle territoriale. -Ces -emblèmes glorieux,
dont la vue emplit le .eœar >d'itne éino-
tipn sainte, leur sont remis par :1e colonel
Payarus-*directeur du Musée de l'ar
mée. -Ils sont au .-nombre de -q-uatre -cent
•Cinquante.
Le .cortège s'-est jformé «veaue >GalIieni.
■Par ;i'.esplanade -des In-v.aJides, ; le pont
AljexancTi«e W, l'avenue Nicolas lil Bt les
Champs-Elysées, il se dirige vers. l'Ar.c .de
Trf.onîplie. Sur t-out le pareo,urg, "les dra
peaux sont escortés par les itnoupes idis- :
ponibles -de la -gar-nksoa de Paris, un ba
taillon de chasseurs, un bataillon de ti
railleurs algériens et un détachement de fusiliers marins :
avec drapeau.
JLes emblèmes, dont beaucoup sont lucé-
rés -et déeiiiqiieiés par -la mitraille, -et
.dont la plupart ont leurs couleurs ternies
et noircies par les -pluies, palpitent et
■frissonnent .avec un grand bruissement
=-.ooU\H-ent ; .on-voit, sur plus d'un. mâle vd-
rsage- .crispé par -l'émotion du souvenir,
:coitler Ses larmes ; des femmes se signent
sïvec vtlévatiion .; «me fierté patriotique
igonfle :tous 'les foeeurs % la -vue ,de ces glo-
riaux. étendards.
Avant d'arriver à l'Etoile, les troupes
Rengagent dans la rue de Tilsjtt ; la tête
-de la colonne -se place avenue Hoche,
itandis .que iles tb'apeaux vont directement
jusquîà la toiplie :du Héros iueonjau,- encadrent ; ils -emplissent l'espace .d'une
rumeur comparable au v.ol d'innombrables
-KSiseaux.'
iLes jîerstmjiageg officiels
A dix heures, -les personnalités «fficiel-
les ..et .les nieinbres -du gouvernement com
mencent à .arriver. On remarque M. sPo.iii-
-car-é «t''ses-ministres, "M. Raoul Péret, pré
sident -.de la GHain-brc, M. JDoumergue, -pré-
.si^lent .du ;S.énat, : lçs présidents ..du Conseil
général .et du Conseil municipal, ainsi que
de nombreux membres de ces assem-
-blées, alliées, -le .corps -diplomatique. a-ti milieu
.iluqued ,-tran.cbe l'ample msmteau -violet du
nonce .ap.ostolique, le personnel des am
bassades, etp., etc. .
W:Oici «encore -le 'maréchal -Foch, tou
jours -sv.elte, ..à -la -démarche alerte -de jeu
ne. officier ; Je •jpaî'éstoal JP.étain, Je maré-
clial J^y.imte«très entouré^ ,c.t ,gui échange
de nombreuses poignées de main. On re
marque également 4a présidée des mem-
ires d.u Conseil «ujiérieu-r de la guerre,
le général JDubail, grand -chancelier de
la ; Légion d'honneui - , Je général Gouraud,
gouverneur m il il air:; de Paris.
-Pui-s, -à-onze i'heures moins le quart, des
commandements retentissent. M. "Miller,m d
arrive ejvautamobile par l'avenue Hoche ;
jl descend de voiture et .est reçu par
MM. Maginot, ministre d.e -la Guerre, et
Ralberti, ministre de la Marine. 'Le pré
sident de -ia République se -dirige -.vers la
tombe du Soldat inconnu, et se place dans
le i cadre formé jpar -les -drapeaux autour
de la tombe glorieuse; aux .côtés de
M. -MilJerand sont 'MM. Maginot et Raiberti
■et, i«nné;diaterae«t derrière, "M.-Poincarc,
les présidents ,du Sénat jet d? la .Chambre.
L'es membres du ^gouvernement, les pré
sidents du Conseil municipal et du .Conseil
général, le préfet • de la "Seine, les maré-
,chaux,'les -ambassadeurs et les ministres
plénipotentiaires .occupent -les emplace
ments réservés, à proximité immédiate
du président (le la .République.
JLa iijiuLiitç de reciK>ilieaieiU
Dès que -M. Millerand s'est arrêté près
de la ioijibe détenant ..sur, l'Arc le signal du commencement d'une minute
de silence et de recueillement ; le mo-
ïneat se prolonge jusqu'à l'instant où la
détonatipp d'un seeond pétard en indique
la fin.
Ce .recueillement .est sans aucun , doute
la manifestation la plus émouvante de cet
te journée- Le -silence est rigoureusement
'Observé et l'immôbilité -aussi. L'immense
foule qjui;couvre la place-de l'Etoile, tête
n.ue, semble ^changée en pierre. Le froisse
ment des .drapeaux, inclinés -sur la tombe,
. cau.se seul un léser murmure sous, les voû
tes de l'Arc, de :ÏU'iomphe.
Le ^éfilé dcs tmupee
Aussiitôt ,^près, .^comiacncc le .défilé -des
tr.ov.pes, .devant :1e président de la Répu
blique, les personnages .officiels, les muti
lés, anciens combattants et pupilles de la
nation- Elles débouchent par l'avenue
Hoeitt', défilant sur la place de l'Etoile
et s'écoulent iiar .l'avenue d'Iénfl.
A leur tête est le général Gguraud, pionté
sur un splendide cheval blanc et suivi
d'un brillant état-major. Le gouverneur
militaire de- Paris se place a l'entrée des
Champs-Elysées, face .à l'Arc de Triomphe,
devant lequel se tient, tête nue, M. Millc-
lerand, entouré de tous les personnages
officiels.
Et les troupes .défilent, -pondant- que la
musique de ;ia Garde républicaine, la meil
leure -musique militaire,du monde, peut-
être, joue face à l'Arc de Triomphe.
Immédiatement après le xiéfilé des trou
pes, qui prend fin u-n peu avant midi. M.
Millerand-s'avance.au devan! -d 1 : "générai ■
Gouraud et lui serre la main. -Puis le pré
sident de la République re-nlrt A-l'£î\si.:o,
et les drapeaux, qu'escortent Un bataillon
d'infanterie, un escadron c'e cavalerie et
une musique militaire, rentrent ans. Inva
lides, par le trajet suivi à l'aller.
Dès que les barrages sont rompus, la
foule des mutilés et des anciens combat
tants se presse autour de la dalle sous
laquelle repose leur frère' .d'armes ; ,et
bientôt la pierre disparaît derrière un.
amoncellement de couronnes.et.de gerbes,
fleuries.
tes cérémonies religieuses
Le 11 novembre est ;à la fois la fête de
■saint Martin' et le '5 e 'anniversaire de l'ar
mistice. Dans toutes les églises de Paris, à
la fin .de la messe paroissiale, les fidèles
fttrt chuinté -.une absoute ut Jbe De Profmuiis
pour les soldats et marin.-., et le soir, après
le salut, le Te Deum d'action de grâces.
A Notre-Dame, à 9 h. :i0, l'office était
présidé par.S. fini. Je cardinal Dubois ; on
a chanté la messe d'Ail-^andre Georges,
avec les 120 Crili-Sîks de 'lourcoing.
. . A la-chapelle .des Invalkies, -à 10 n. 30, a
eu lieu la messe avec le De Profundis de
Gluck et le Psaume C. L. de César Frank,
par la « Cantoria », sous la direction du
■maîtrre J-ules Meunier.
A Saint-Eustache, à 11 heures la messe
■que nous ..av. on s annonces a été chantée
par la maîtrise, les tronchonnes et troni-
pettes de l'Opéra et l'Harmonie du 1°' ar
rondissement le- grand-orgue était tenu-
par l,e maître .Joseph Bonnet.
Il FUSSE DU SOUVENIR
Une cérémonie d'une impressionnante
grandeur .dans sa simiilicité s'est .déroulée,
le soir, à l'Ar.c -de Triomphe. M. Maginot,
ministre de la guerre, a communiqué au
llatnbeau la flamme qui brûlera -désormais
au chovct du -Sôldat incon-n-u. )
Œuvre du maître ferronnier Rrandt, le
flambeau représente : la 'bouche d'un canon,
-.d'où -sort la flamme ; :»u-idesytms_ est fixé:
un bouclier orné :de glaives -réunis çar.ia
poignée. C'est irnc maquette iqui :a été pla
cée sous l'Arc de Ifrioanph.e, à la tête du
caveau 'où repose le -Soldat inconnu. Le
modèle définitif, eou'lé en ; br.om-ze, sera réa
lisé, .d'ici trois ou quatre mois.
De nombreuses délégations, avee dra
peau, étaient massées, bien avant l'heure
fixée, autour de la dalle. .Une -compagnie
du 5*-" d'infanterie, avec drapeim et musi
que, rendait le.s honneurs.
5\I. Maginot est arrivé .quelques «minutes
.avant six heures. -Entouré d'une glorieuse
escorte de mutilés, il s'est immobilisé dans
Aine attitude de recueillement, devant la
tombe, -tandis .q.ue ies .tambours et'les clai
rons ■battaient aux .champa.
Accompagné d.u général Gouraud, il:
•s'est .alors avancé et, à six heures exa^cte-
ment, il ;J1 muait la flamme symbolique.
Petite d'abord, faible coirune près de
s'éteindre, une langue .de ïuu a jailli, livide,
tordue et ployée par le vent,; .de minces
filets rouges courent dans cette lueur ver-
dàLre, (jui parait- surgir d'une bouche A feu
-en action.
Pendant ce temps, îa musique joue un
air funèbre, qui ajoute encore à l'effet sai
sissant produit par cette seèjje. Tous les
assi.'îtants sont découverts. Les .drapeaux
•des délégations s'inclinent. A côté de noms,
plusieurs Alsaciennes se -signent et prient.
"D.e nouveau, tambours et iclairons bat
tent aux .champs. Puis éclatent les accents
de la Marseillaise. ;Le îniniste, -le géné
ral Gouraud .et les personnages officiels se
retirent. La cérémonie est terminée.
Le lieutenant Jacques Périeard nous
communique la liste des associations pa
risiennes (Jui ont adhéré à l'fBuvre de la
« jPlamme sous l'Arc .de Trdomplve » ; elles
sont au nombre de cent .d'i-x et se trouvent
dans l'ordre où les a placées le tirage au
sort : c'est dans cet ordre .qu'elles iront,
■chacune i» son tour ,allumer la Flamme
au jour et' heure qui leur seront indiqués
par le 'Goinité"
Les jjreinièiies .de joos assacsiaii-oas —-
dont nous regrettons de ne pouvoir,, faute
de place,, publier la liste complète — sont:
l'Union ,des Ave.ugles -de' .Guerre, les
Gueules cassées, l'Association des Anciens
Combattants, engagés volontaires étran
gers. Ja.F.édvrsitio.» générale des Pères et
Alér.es des morts pour la Patrie, «te., etc.
Les Vins Saignes
sont, depuis de longues années, Jbus par plus de
•15 mille familles .classées dans tous les range de
"la société: C'est qu'ils font toujours «apstater qu'ils
sont moins coûteux que des.Bordeaux que, cepen
dant, .ils égalent. Il s'agit d'aflfeurs de vins de
;inarque déposée oomme on n'y clestiae que tout
-produit supérieur. On le sait, la Maison Saigne
-fait, depuis 1885, de son négoce de vins de choix
un -véritable principe. Faut-il dise la grande enn-
•fomee que donne; au point de vue jimelfi, un vin
venant de -plusieurs containes.de Ivilcunètees fit gui,
pendant des 10 à 15 jours de voyage se trouve,
dos lors, soumis à la vérification d'agents oifficiels
,chargés -de sévir contre .tout vin anoiFinal. C'est là
line ga.r.an.lie .qui ne saurait «Stce trop appréciée.
Voici les vins : JRougc sl ^ i . kpin , 330 £r. ■ jjmv ® e
255 fr. ; _Blai:c sucuakmet , 380 fr. les 220 lit.
franco ..à domicile .à Paris «seulement,- et «n gape,
po.ur to.ut antre lieu, fût compris. Sept francs «n
plus, pour les départements :du Nurd, Nord-£st,
'Nord-Gucst- Si le fût vide peut être jr-epjm, # jnes-
frais, il sera payé .au .client :23 Irancs. Voir éeluwi-
liUons gratis en double. 11 est iait .crédit, il est
toujours jpris, sur facture, rengagement de res
tituer le coût- dê tout vin, même idéjà payé, Vjl-rfa
pas satisfait. -Cela vaut plus qut les iielies juroiaçs-
ses et que les .tilres de châtelains sans -yjjgnes -et
des vignerons qui, quoi qu'ils attestent «t /ont «at
tester, vendent leurs vins au commerce-et n«8l a«x
consommateurs. Pus de vins nouveaux. S'adresser
M. G. SAIGNES, -2 rue Canal jà NarJjoime.
CHRONIQ UE DRA MATIQUE
Timnu :.\UBpmm€ 4*icbàîni, de M.-Edmond Bourdet. — T héâtre bm - A sts ; La Fille perdma,
' i de M. Claude Anet. ■
A L'ETRANGER
Angleterre
Le U noveiribre ■« Londres
• L'anniversaire de l'arpii^tice ,a élé iOÔlâbtrjé .-à
l'Abbaye de Westminster où -repose le ^Soldat In
connu parmi les granits -hommes de Joute l'histoire
d'Angleterre. Les souverains -ont assisté à la -cé
rémonie. "Le service religieux ^a .été .interrompu par
deux minutes de silence, que l-'op -fit .précéder .de
cette émouvante prière :
« En -souvenir de eeu,x ,qui Qnt fait le gwnâ «a-
.« crifiec, O Seigneur, -fais de nous des liotpjnes «t
« des femmes meilleurs ,çt :donne-nous la paix ^
« notre heure ;>.
A Whitehall, le jwince ,de .Ualles sa idéjposé de
vant le cénotaphe une magnifique couronne.
Parto.ut une foule.énoçme at .reoueiîiis .a (assisté
aux cérémonies du Souvenir.
| mutRêgent
| C ^tyioiem'UJc. su/piges-
X
m
4
M. Edmond, i^ourdet s'est iait connaître, avant
la guerre, par u ne pièce qui eut un vif succès, le
Rubicoa. Voici cîeux saisons, il donna au théâtre
Atitoine une comédie "fort habile, l'Heure du lier-
ger, -que gâtait ijeulenrent un dénouement qui ac
cusait un 1 peu ti»p la complaisance à l'égard du
public. Il vient jde donner à Fémina une pièce
qui devrait noas dispenser de retourner avant
longtemps îl-cte théâtre— ou alors, c'est que le s-uc-
ccs dépend d'éléments qui échappant totalement à
notre compétence. Sarcey passait pojr avoir, en
cette matière^) un flair incomparable. On eût
dit de lui,! conrme de Vauban : piè 'e deiendua par
Sarcey, pîèce {réussie ; pièce condamnée par Sar
cey, pièce ratée. Mais j'ai consulté là-dessus des
compétents, ils m'ont juré aue Sarc.:y se ïi-.,]-:pait
comme un aùtre, et que, lu plupart du iemps,
il enrobait son-diggnpstic dans une savante ié-
serve, quitte, ;si le succès se dessinait, contraire
ment à sa prophétie, à retourner au ilié.iire et
à envelopper de papier doré son amende hono
rable.
La 1 pièce de M. Bourdet semble avoir t .-ut ce
qu'il ! faut pour plaire. Elle est souverainement
habile et elle n'est rien d'autre. On ne peut
•être plus habile. J'ai l'affreux défaut, qri est
Uresqnè une maladie, de voir, sans le chercher,
le défait*, de la jointure. Non que je l'épie, comme
un Peau-.Rwge attend un scalp ; pas du tout.
Mais, sitÀt qu'il paraît, .il me saute aux yeux,
ainsi qu'un chat. Or, la pièce de M. Bourdet, j'ai -
-beau la re\oorner à la manière du chien qui a
trouvé tr<>p beau. Syl y avait quelque chose sous cette
habileté, nous - tiendrions un. chef-d'œuvre. Y a-t-il
qnélque chose sô-uç cette habileté ?
M. Constant Kémy, jeune maître du barreau,
>'est mis à aici'er, autant quo faire se -peut, une-
jeune divorcée, représentée par Mme Marthe Ré
gnier. II nîest pas assez riche pour l'épouser. Un
beau matin, sans jnot dire, il file pour les Amé
riques afin de faire, H-bas, sa fortune. La dé
laissée, (dégoûtée de l'existence, se croyant seule
dans la rie et, déjà trompée par deux hommes,
cède à M. Charles Bqyer, jeune avocat fatal çt
ténêbrcni, qui s'éprertd pour elle d'une folle
pàssixaL. Mais, quand M. Constant Rcmy re-
vjifiBt, enriidii, d'Amérique et offre à Mme Régnier
de répouecr, elle n'hésine pas un instant, elle
épouse; congédie à-tout jiamais M. Charles Boycr
et regrette amèrement de lui ayoir cédé.
■Que défieiit M. Chark» Boyœr ? Il devient très
jaalhj3ur«a*. Il 4evtçnt,' même quelque chose de
pis ; la prpic de Mise Jeanne-Rolly, femme âgée,
collante et pasiSiiomnée.
Comme elle aime depuis longtemps, dans Fom-
bte, Mi Ctarlep fioyiar, couvre ainsi ses restions; coupables avec Mme
'Régnier. Et, sitôt qu'il plsçPche à s'affranchir du
joug, elle le mewieè ^'aller tout dire à M, Cons-
tant Rémy. Pour ne pas détruire le bonheur de
Mme, Régnier, M, Otaries J&oyvi se' résigne à
-tous les sacrifices.
Cette situation dure depuis trois mis, au mo
ment où commence la pièce. M. Charles Boyer,
l'homme enchaîné, ne j>e»t quitter la femme
qu'il n'aime pas pour ne pas blesser la femme
qu'il aime. Pair discrétion, il ne peut même pas
révéler ce Sacrifice surnaturel aux gens qui
is'ântétiesêént' i r>on »ort «t voudraient le soustraire
à j(a féroce Mme /canne Kolly.
Mais voilai qrne celle-ci, sentant venir des ans
l'irréparable outikge, se met en tête de vouloir
se faire épouser. Et non seulement elle menace
M; Charles ^ Boyier 4u chantage ordinaire, mais
«lie vient avertir «a rivale. - Celle-ci, ne sachant
pas pour quelle héroïque raison Vhomme en
chaîné se sacrifie, donnait en effet les -mains à
un projet de mariage qui eût débarrassé M.
Boyer de. Mme Rolly.' Que de complications, Scî-
gactir ! Mme Hégnier epprend ainsi que M. Boyer
faisait tout -ça pour elle. Emue jusques au fond
du cœur, elle n'accepte pas que M. Boyer s'en
chaîne pour là ifie. Au moment be sar ;le second' Mete. «Ile entre dans le bureau
de son mari avec l'intention de tout lui révéler.
Mais quand le ridesu remonte, «lie n'a rien ré
vélé du tout. L'émotion lui a coupé le sifflet, elle
•a eu recoure à 'l'arme des femmes quand la si-
tuaiîo» c$t désespérée : h -syncope. Si' bien que
M. Kémy se trouve s»uî à seul avec M. Boyer,
alerté, mais ne sachant ries ait juste et cherchant
à savoir. Scène à faire. M. Bourdet l'a faîte et l'a
bien faite. 11 n'y a pas à- dire, c'est bien fait.
M. Boyer, savamment cuisiné, mange le mor
ceau -et s'en v,a, délivré de l'obligation d'épouser
Mme Rolly, mais' ne cessant pas d'aimer sans
espoir. M. Rémy a beaucoup de peine et fait un:
scène â sa femme — une scène bien faite, tou
jours. Et comme il ji'y a pas mpyen d'en sortir
autrement, il nous laisse cqîeodre qu'il ne cesse
ra -d'avoir du chagrin, mais qu'il pardonnera.
Je n'ai rien à reprocher à - cette histoire et
je' n'arrive pas à m'y -intéresser. Pourquoi ?
Parce que ces Etres., n'ont pas d'autres raisons
d'être que d'être amourette les - uns des autres.
Us ne - sont -Que des ewlii'-vs. .- Otez ; le sentiment
amoureux, il ne reste que des ombres sans- au
cune caractéristique. Or, l'amour â lui tout -seul
n'est pas un signalement — voilà.ce quelles auUHirs
contemporains oublient, avec insularité. Chaque Se
maine je sais .obligé de vous raconter deux, ci t
six, de ces histoires de pasekm, au, point qu'il y
a des jours où j'envie le rédacteur de la chronique
industrielle (pui, dans sses articles, na pas à paT-
ler d'amour; Tous «es persoraiages aiment de la
même façon, avec les mêmes, -mots, sur le même
ton, au même diapasoiji. -Quand ils jïe disent pas . :
je vous aime et j'en meurs, ils cessent d'exister,
il ne reste' que dés fantfômcs. Le tiKxitfe. en Fran
ce. meurt d'une indigestion d'amour. Je suis inca
pable de vous dite que Mme Rolly exprime, dans
cette pièce, autre chose que son amour pour
M. Boyer, qui exprime ^on amour pour Mme Ré
gnier, qui exprime son amour peur M. Rémy,,
qui exprime son amour pour Mme Régnier. Les.
deux personnages sont .avocats, ils pourraient
aussi bien être sapeurs-pontpiers. En qjuelle année
ça se passc-t-il, pas d'autre signe de l'époque que
cette pauvreté du clavier, et l'emploi d'une langua
qui, à l'audition, paraît très .faible. Je. sais qu'il
faut tenir compte des défaillances toujours, pos
sibles des acteurs, par exempïe quand : nous en
tendons une phrase comme■ ^oelle-ci : Ce s'est
plus un conseil, c'est une prière- que je .t'adresses»-
Ils ont peut-être mangé un membre de, phrase.
Mais un trait semble, hieri appartenir en propre
â M. Bourdet : il supprime délîûérémenft de la
langue française l'imparfait du ' subjoncKif. M.
Bourdet, serait-il possible que vous ignorassiez
l'existence de ce temps-là, et .que vous ne sussiez
point votre langue ? ,, ,
MM. Constant Rcmy et Charles Boyèr sont
fameux. - -
Lucien DKBJSCtl
La Chape de Saint-Martin
Il est intêretsant de remarquer ças le :lï no
vembre 1918 qui -a -clôturé glorieusement la plus -
terrible épreuve gîte la France. ait traversée de
puis plusieurs siècles est le jour choisi par
l'Eglise pour fêter saint'~Mh~rtin, le prodigieux
thaumaturge, le légionnaire romain, le grand évo
que de Tours au IV e siècle, l'élu de Dieu, lui
brisa le paganisme encore résistant, fit la France
chrétienne et devint son premier patron..
Rien ne saurait exprimer le prestige que saint
Martin laissa parmi les Francs. Clovis, le vrai
fondateur de la monarchie française, gui met
tait toutes ses entreprises sous ses auspices,
s'étant approché de son tombeau, après la victoire
de Fouillé, lui offrit en. r emnnâissrwre sait che
val de combat. C'était à cette époque, le plus
grand hommage que pouvait? faire un guerrier*
C'est sous les voûtes de la basilique de Tours,
dédiée à saint Martin, que (ùlovis ceignit le dit/y
dème. et revêtit la pourpre ir.bpiriala envoyée par
l'empereur Anastasc, insigne ,qui, donna le carac
tère de la légitimité à sa jeune royauté* C'est à
Reims, dans une église sous vocablf de saint
Martin, qu'il reçoit le baptême\ et se fait sacrer.
« Un fait trop 'enseveli dansi XOubli, reistis le
R. P. de Pascal, montre d'unet façon satsa&mie
quelle fut ce qu'on peut appt-ier l'action bien
faisante d'outre-tombe de ■■ saint/, > Martin sur ies
destinées de la France. î> "felle q^r-e l'Arche d'Al
liance pour les Hébreux, ou l'éptlp de-saint Mau
rice pour les Bourguignons, la Çlmpe . de saint
Martin était pour les descendants de Clovis, ;*o«r
Charlemagne et ses successeurs, le palladirM
de leurs armées : elle apparaissait sur les champs
de bataille qui décidaient du sort .de la Fruntre.
« La « Capa ». la Chape, autrement dit le man
teau de saint Martin t ajoute l'écriv. bk cité plus
haut, rayonna sur tout ce qui l'entourait ; les
clercs, ses gardiens, s'appelaient Ca^petlani ; le
lieu qui l'abritait Cappella, Chapelle.\ De graves
autorités s'accordaient à. penser que la> Capa don*
na son nom, qui devint un surnom» la troi
sième race de nos rois, les Capétiens. » .En même
temps que Robert le Fort et Hugues Ci'-pet por
taient cette relique de victoire dans tes •combats,
« la Chape, dit Dom Pùra, dans son hi^oire de
saint Léger, abritait comme une tente cetty' écoiv
du Palais, dont Alcuin fut " un des maître,?, qui
plus tard donna naissance à l'Université de Paris j>.
Après une si surprenante énumératiow, de
faits, n'est-il pas singulier de constater qùe le
11 novembre a été la date de l'humiliation, de
l'Allemagne.
L'hutoire dira que ce grand jour fut celui" de
saint Martin. ' • ! -• \
Marquis de VAULSERRK •
EN SOUVENIR DE MARIUS PLATEAU
La figure de Marîus Plateau, combattant magni
fique et glorieux mutilé, tomfcé à .son poste, lâ-
-chement frappé par des balles allemandes et poli
cières, est un digne sujet d'admiration pour les
français Cette vie héroïque, entièrement vouée au culte
de Jeanne d'Arc et au service de la Patrie, de
meurera à jamaSs l'exemple de ceux qui, avant
tout, -placent l'honneur et l'amour du pays.
Ces forces de désordre se liguent aujourd'hui
3>our ruiner, dane l'âme française, les traditions na
tionales. Leur -œuvre est d'aider l'Allemagne dans
la revanche qu'elle désire et qu'elle prépare. Tous
•ceux qui entendent garder pure et vive, au foyer,
la "flamme du - patriotisme; agiront sagement en y
mettant & 3a place d'honneur l'image de Marius
Plateau.
Son souvenir partout présent, fera vivre Je? ver
tus par lesquelles une patrie se perpétue. C'est
ien suivant son héroïque exemple que les généra
tions nouvelles resteront dignes' de celles qui ont
versé lenr sang pour la France,
LE SOUVENIR DE MARIUS PLATEAU
EST NATIONAL
Soucieux de permettre à tous de posséder ce
s»,avenir, sous une forme artistique et durable, les
Cwnelols du Roi, gardiens fidèles de la mémoi
re de leur ami et de leur chef, ont demandé à
Maxime Réal del Sarte, leur président, de tra
duire en une plaquette son effigie.
L'artiste j'est inspiré de «on émouvant monu
ment. La faœ représente Ja tête de Marius Pla
teau auréolée d'une double couronne de lauriers
et d'épines. Le casque vient, jeter sur les grands
yjM»x fermés une ombre funèbre. Le visage est à la
fois douloureux et calme. La paix glorieuse que
soji abnégation lui a gagnée y rayonne. Encadrant
la devise des Camelots du Roi, les blés montent et
se mirent intimement au laurier et » l'épine. Le
symbole de la vie s'unit à ceux de la gloire et du
.sacrifice.
Le revers est omé par la. reproduction stylisée
de la double couronne enlacée et porte gravée la
citation à l'ordre de l'armée que lui valut son.ad
mirable Jbravoure à Port-Fontenoy.
Cette plaquette dont l'exécution a été confiée à
la plu» grande maison d'édition de Paris, constitue
une œuvre d'art, digne vraiment de la mémoire
qu'elle entend glorifier.
Les Camelots du Roi offrent à la piété de ses
amis sont priés de lui adresser leur commande avpc
Marius Plateau, ouvrier de la Renaissance na
tionale, héros de la Grande Guerre, martyr d?
l'Action française.
Le Comité directeur de la Fédération
Nationale des Camelots du Roi. •
LA LIBRAIRIE DE L'ACTION FRANÇAISE
12, rue de Rome, Paris VIU" ; cli, post, 23.900,
a été chargée par le Comité directeur de la Fédé-
ration nationale des Camelots du Roi d'éditer la
plaquette en souvenir de Marius Plateau. Nos
«mis sont priés de lui adresser jeur commande avec
son mentant. La plaquette bronze (6 cm. * 8 cm.)
20 -fr., franco, 1% francs.
Le retour de Wieringen
L'héritier des Hohenzollem
s'est entretenu avec Hîndenbfirg
Le kronprinz est arrive à Hanovre sa-
, niedi soir, â 6 heures, accompagné major von Muelder, de deux, officiers de
la police allemande et de son chauffeur.
Il s'est immédiatement rendu chez le ma
réchal Hindenburg. Après une demi-heure
de conversation avec l'ancien généralis
sime, le kronprinz a pris le train pour
Oels. Il ne s'est arrêté -que quelques ins
tants à la gare de Berlin, ' dans le plus
strict incognito. IJ a été reçu au château
d'Oels par ses anciens domestiques.
Dans les milieux monarchistes, à Ber
lin,. on est d'avis qu'il-ne se passera pas
beaucoup de mois avant qu'il ne fasse
une entrée triojuphaltiuù Jiçjlio.,..
Les partisans .d'Iïitïçr. relèvent la tête
Le Vorwwrts donne les détails suivants
sur Ja situation à Munich:
« A Munich, l'agitation qur nous sigpa-
lions au début, de la soirée durait encore
dimanche soir, vers 2,0 heures, moment
ou la circulatiôïj dans les rues était inter
dite. Les_ partisans,. de Hitler sont fré
quemment acclamés et d'une façon pour
ainsi dire provocante à l'égard des auto
rités établies. Ils répandent partout des
tracts, où on lit en-manchettes énormes:
«C'est Hitler qu'il nous failli Nous-re
poussons von Kahr, le traître-! »
L'immeuble des DemièreH Nouvelles de
Munich, journal qui- -a publié dans la
journée d'hier un article avisez sévère
contre Hitler et ses. partisans,, a dû êtra
gardé par la police. La place de FQdéon,
où se trouve le château, a été déblayée &
plusieurs reprises par la troupe.
D'après les bruits les plus courants,
Hitler et ses partisans seraient complète
ment désemparés. 11 serait cependant
faux de crôire qu'ils ont renoncé complè
tement à leur tentative; il semblerait, au
contraire, que la majorité de la popula»
tion, en Allemagne, a décidément pris
parti pour eux. Von Kahr est presque una
nimement considéré comme un traître, et
le dictateur est parfaitement au courant
de cet état d'esprit,
A Berlin, les nationalistes s'agitent
Les organisations nationalistes feraient
d'importants préparatifs dans les environs
de Berlin- '
Au cours de. la journée de samedi et de
dimanche, un grand nombre d'adhérents
aux associations réactionnaires, -parmi les
quels des fonctionnaires d'Etat, ont reçu
des convocations leur enjoignant' de se
rendre sur tel ou tel point de la. banlieue
berlinoise
llfaatbicn .q ue l'assuransc lui vienne, car
les" circûnst«V c . es réclament - de lui des
décisions. Un- ^°ur vacnt où sa connais-
■snnee des honmn>: s > des moyens, «es possi
bilités est si gra-n;dç, avant de rien
entreprendre c'est, >à lui qu'on. demande
conseil.
A ce momen-l.-là, à .ses .fonctions de se-
erclnire général des Camilols (in ttoi, Ma-
i-'ius' Flaîeau vient d'adjoindre, après la
mort héroïque de Léon de -Monb^squiou,
et sa propre blessure qui ne. Iiû permet
plus de servir "a.ux armées, celles île secré
taire général de la Ligue d'Action fran cui
sse. if v apporte, dans leur pleine perfec
tion, ses qualités de clairvoyance et -d'«u- 1
torilé aui inspiraient à tous, de faaon que
je n'ai Vùt; pour nul autre, la confiance et
la sécurité. J'ajouterai, car cela ; ne l'ex
cluait pas , an contraire, l'amitié-
Pour que la France yive
Ainsi, par une évolution qui est peut-
être celle de tous les vrais chefs, à chaque
étape de sa vie, qui, depuis 1908, sir con
fond avec celle de l'Action française,
c'est pour ainsi dire malgré- lui, à son
corps défendant,' que Marius Plateau, avait-
gravi les degrés du commanderaient et de
l'autorité.
Le corps se défendait mais l'âme mar
chait toujours. Une nécessité simple et
forte, clairement aperçue, s'imposait à elle:
il faut que la France vive, il faut qu'elle
réalise les conditions de son ordre, de sa
(sécurité, de son existence même. Comme
Jeanne d'Ar,c, son héroïne, il ne'tenait pas
à sa mission, il ne l'avait pas cherchée ;
il eût peut-être préféré son repos, mais il
fallait que ce nécessaire fût fait et il le
ferait puisque la providence le lui deiuan- ,
dait.
Lai violence au service de la reîson
Il faut que la France vive, et tout le
£fesle «est subordonné, tout le reste n'a pas
d'importance. Et pour qu'elle vivi\ al iaut
en prendre les moyens, quels qu'ils soient-
J.1 ne compte pour rien les coups afù en
tés dans tant de bagarres, pour r.îpn les
longs' an ois de prison, pour rien la mort
même : il l'a, regardée en face et comptée
parmi les risques naturels de sou iieHun.
Mais lorsque nous allions en Sorhonae dé
juger un insulteur de Jeanne d'Arc, il pou
vait ;être pénible à ce jeune homme de
lxjnnc race -et de vieille tradition, de trou
ver entre cet insulteur et nous 1-e s agents
de l'prdre qu'il eût voulu respecter. 11 fal
lait passer cependant. La raison ici com
mandait la violence et, selon la formule de
son frère d'armes, Lucien I/icouy, Plateau
mettait la violence au service de la rai
son.
La leçon d'une mort Iiéroïque
Que la violence l'ait atteint à son tour.'
qu'elle l'ait couché dans cette ,tom.be, il
n'y a rien là pour le démentir. Méprisons
les gens dont le raisonnement est si court
qu'ils.ne distinguent pas entre le gendar
me et le-malfaiteur, entre le héros et le
crimintil, sbus prétexte que tous deux se
servent d'armes à feu. Il y a la même dis
tance efttre l'action de salut national à la
quelle .se consacrait Plateau et les m-.ui-
vais coups de l'anarchie antip.atriçte,
■qu'entre l'homme dont vous lisez ici -la
.sublime citation.et la fille perdue qu'on
.semble-avoir choisie dans la boue lu plus
.infâme pour être son assassin.
Non,Marius Plateau, ta mort n'a rjeu de-
xnx-'nti. Elle ne nous inclinerai pas à nous
résigner aux offenses et aux blessures tai-
tes à la patrie. Elle ne nous fera pas pa
raître acceptable qu'un insulteur de Jean
ne d'Arc puisse enseigner dans une -chaire
(officielle française, ni qu'un traître con
damné puisse inaugurer un monument
aux morts de la guerre, ses victimes. Elle
»e nous fera pas accepter que justice ne
jsoit pas faite, que les coupables du cra-
jie où tu as succombé, tous les coupables,
demeurent impunis. Ceux qui acceptent
-fcelà «t-sîy résignent, ceux qui se conten
tent de vaines protestations, en laissant
carrière au mal, .à ses ; développements, a
ses catastrophes ; voilà les tous. Le sage,
c'est le Camelot du Roi, ce Camelot du Roi
dont - une légende stupide fait un
écervelé ou un énergumène, ce Camelot
du Roi dont tu fus le type et dont tu res
tes le modèle ; toi le bon sens, toi le
• jugement calme, toi la bonté..' Oui, plus
meine que l'honneur et le courage, voila la
vertu que je veux saluer sur ta tombe de
héros : la sagesse, non la sagesse morte qui
est souvent ,démence inconsciente,.mais la
sagesse vivante qui est hardiesse autant que
discernement et prudence, la sagesse fé
conde dont Maxime Réal del Sarte a sym
bolisé'les fruits par les gerbes d'épis qui
montent le long de ta pierre funéraire.
Il faut que la France vive I Ce mot qui
a été dans ta pensée, devant les mitrail
leuses, au bord du glacis de Port-
Fontenoy, tu l'as redit, cher ami, à
chaque heure de ta vie. Aujourd'hui
que tu n'es plus, tes compagnons et .tes
soldats viennent le jurer sur ta tombe. La
France vivra
■Discours de Maxime Real del Sarte
Madame, Messieurs, mes chers ca
marades,
J'ai le devoir douloureux de prendre
aujourd 'hui la parole au nom de la Fé
dération nationale des Camelots du _ Ko i,
devant le monument élevé à la glorieuse
■et chère mémoire de Marius Plateau, notre
frère" d'armes, assassiné par -haine de la
Frapce, le 22 janvier 1923 ; mais il me
semble que c'est aussi en son nom que je
-remercie tous les Français, quelle-que soit-
leur opinion politique, qui ont tenu a ap
porter leur obole pour eiever cette pierre
qui portera désormais le témoignage sa-
.«ré de -son martyre.
Vos nom? à tous, messieurs, sont gra
vés sur ce'livre d'or. Ils reposeront dé
sormais à ses côtés, symbole permanent
de -votre -piété «reconnaissante. Le chef
qui repose dans cette tombe, est un héros
national .modeste et grand comme son
teuvre ; cette œuvre dont il était l'ani
mateur et qu'il devait féconder de son
sang ; car ils ont frappé trop tard ceux
qui .ont pensé limiter et arrêter peut-être
notre essor en détruisant le chef.
Trop tard ! La moisson a surgi ma
gnifique du sol sanglarjt qui frémit du
besoin d'engendrer la vie !.
Le sang est un levain d'action et de
gloire ; le sang est nécessaire à l'œuvre
vive qu'il consacre et anime.
Le sang de Marius Plateau, recueilli
pieusement par ses frères, est un patri
moine moral de force et de grandeur !
■ .Marius Plateau a versé son sang tom
bant à son poste de vigie, dans sa fonc
tion de chef et de protecteur.
Marius Plateau aimait pourtant pas
sionnément la vie et, comme nous tous,
il était épris de soleil, de liberté, de bon
heur ; mais son âme d'élite, -tourmentée
par la vérité, qu'il avait trouvée, s'était
engagée dans la voie de l'apostolat où
.volontairement on envisage le sacrifice :
Demain sur nos tombeaux,
Les blés seront plus beaux.
Ce refrain glorieux et si vrai de la
chanson des Camelots du Roi, c'est Marius
Plateau qui l'avait réclamé, et ceci en
1909 !
«Quel témoignage, messieurs ! Ce n'est
■donc pas sans avoir envisagé le sacrifice
le plus grand que ceux-là se donnaient
la France -et y consacraient leur vie.
• • .Comprendrez-vous, avec espérance, de-
ivant cette tombe. Français, qu'on ne ■ sau
rait arrêter la ilamme etl'idé.e .qui.o.n,t ,pour s
les répandre de- teis apôtres-;!
Il m'est .doux de rappeler ',en -exemple,
aujouird'hui, qu'avant la guerre, grâce aux
-Camelots du Roi, grâce à "Marius Pla
teau, grâce au sang versé 'alors, .à la pri-,
,son, à l.a lutte acharnée -ntenée contre
ses détracteurs, Jeanse d'Arc lia ;douce
et pure héroïne, notre chère -patronne, :
préside glorieusement aux destinées de
la patrie q.ui lui a consacré .officielle
ment son, jour de gloire ! " '
Jeanne, toi qui-jadis entondads des -voix'
.descendues du- -.ciel; entends aujourd'hui
csîles qui montent vers toi nt qui sur
gissent ole -la -terre de-France !
JOonne ,à ..ceux-là qui iqnt versé tour
san \î pour toi et pour ce ique tu .aimais
le ,p*us an •monde, ta iKitrie, la rançon de
leur sacrifice !
Perxncts à nous tous qui sommes ses
frères d'armes, de ne pas mériter le ap
proche infâme d'avoir permis *
déjà tous «eux qui ayant les directions
de la Frf.\nae ont oublié qu'ils avaient 'la
gérance ttu sang de quinze cent mille
héros !
Nous ne ■ permettrons /pas que la a»ort
de Marius iPiate.au soit -vaine. Nous se
rons à la mi'sure de son sang !
Malheur à. nous si, par aventure, en
passant ici, celui qui se découvre pou
vait se dire que cette tombe a recouvert
un mort !
"Tu es vî.varnt en nos cœurs, ami cher
entre tous, to;n sang, le même .que le;
nôtre, est un Jvéritage qui est .notre ,bien.
Semblable à «ceux-là .que nojus avons vus
mourir à -nos côtés dans -les tranchées
de gloire, te» yeux, ies .grands -yeux
tourmentés 1 et douloureux, tes yeux fulgu
rants semblent dire : « -Vous qui vivez
encore, poursriivez mon «satyre, achevez
ma tâche. Que man sa-ç riij.Qe aie soit -pas
inutile. Utilisez mon sang. -Construisez,
élevez et défendez ! lïelevez .la 'patrie
que rien ne vous arrête,et; ne l jla,iss,ez pjxs
ceux qui ont ,tr
Notre génération, messieurs, i .ç&t celle
du sacrifice,. elle «st.marquée du signe du
sang, celui des héro.s q.ui ont .sauvé la
France, ctdui.de Marius .PJateau-qui, ten
tombant, a. perm/s à ceux qui luttent ,et
travaillent pour ; le , pays ; de rjaasser libiie-
ment et d'uccoinplir . Jeur tâehe. Il a réa
lisé deux fols la citation de gloire qui
s'inscrit sur çe monument. -Citation qui
est une des plus .belles pages de l'his
toire de Fi'ance : .Ecoutez-la, messieurs.
« Le servent Marius Plateau, 22° com-
« pagnie du .355° régiment, le 20 jsep-
« tembre 11914, -à Vaux^sous-Fentcnoy,
,« le 6* bataillon du '355" ^commandant
« Mermei) (ïéjà.trés éprouvé (il lui reste
« 4 officiers! et 500 hommes) est -appelé
« à venir à l'aide d'unités-voisines.
« Il faut offrir une cible aux mitrailleu-
« ses ajlem andes -pour détourner leurs
* leatx et p(/rmettre ainsi au -bataillon -de
« franchir «ne zone battue - pour tourner
« la pœitiom ennemie.
« A la tête de ses hommes, qu'il en-
« lève par son commandement énergi-
« que «:t entraînant, qu'il galvanise par
« l'exeu/iple de son ardeur, le Sergent
« Platteau quitte le -fossé d^ijne lisière de
« bois, fait irruption sur un glacis, sa
« chaisne de tirailleurs -en plein champ,
« face à l'ennemi, et attire l'acliarnemçnt
« que .sergent est laissé pour mort spr
« le terrain. Trente de ses hommes sont
« «tués ou blessés. Grûce au sacrifice fie
« ces braves, le bataillon passe.
« Dédilé aux vues de l!eiyiemi, il .se
«i masse pour ' l'assaut.
. « Les Allemands, attaqués à revers, su^
«■ leur flanc droit, sont chassé§ à la
« baïonnette de l'éperon nord de Port
ée .Fontenoy, position tactique de Jiaute
« importance.
« L'ennemi laissant sur. le.terrain 50
« morts. Le bataillon xiamehait 20 .pri-
« sonniers valides, deux mitrailleuses -et
« un important vbutin. »
« Lisez, lisez ces lignes, monsieur
l'ambassadeur », disait un général ;:glo-
rieux à l'ambassadeur d'Amérique, en «se
penc-liajit sur ce monument, et en montrant
la citation de Marius, « lisez-Jes -et .-faites-
les con naître.ii vos compatriotes, c'est ija
citation du chevalier.d'Assas ».
Cette page: de.gloire, elle- est.inseirite «au
fronton de notre Fédération nationale, et
si, bravant tout, je n'hésite pas.à profé
rer devant cette tombe glorieuse, en votre
nom, mes amis, le serment de-yiyre.pour
que son sang soit vengé, c'est que je sais
que la rançon d'un sang si pur, c.'est la
renaissance de la -patrie-
LA SORTIE
Les discours sont terminés. On scelle
dans la pierre le livre d'or contenant les
noms de tous les-souscripteurs -au monu
ment. Puis le drapeau de l'Action fran
çaise, .suivi de tous les fanions, forêt .fré
missante, défile- en s'inelinant devant la
tombe, -suivi de l'équipe de commissaires
qui a fail le service au cimetière.
Une dernière fois, les assistants saluent
Mme Crelin-Plateau et je chanoine , Ri
chard,, et l'on se retire eu silence,'.pro
fondément ému. Au dehors, au moment où
Léon Daudet et Charles Maurras, à une
certaine distance du cimetière, .montent
en voilure, des acclamations passionnées
partent de la foule et se prolongent. C.'est
Ja vie et la lutte qui reprennent leur
cours...
JMÛËHAT10M
LE TEMBS. fUigion parisienne, vents varia
bles nuls à Ouest, -gelee blançhe, beau, bruineux et
adoucissement le jour: n^cme. temps région Nord,
amélioration dans le Sud et le Centre avec refroi
dissement et ,gelce.
Température: ma xi
'empérature: maximum S l> .
LA VILLE. — A 1 li. 30: courses à Kughicn.—•
Au.Grand Palais: le Salon d'automne. — Ouver
ture de la session du eonsejl municipal.
Le . ga{a JVIauriçe 4u Flws
Le gala- poétique .organise- pa k le Cercle de Diane
au profit .du •-poète Maurice-
res, a l'élégant tliéâtr»ï prêté jiar M. Kcy/mond Dan-
can, 34 'rue du Coïi&ée. Le programme sera en-
iiciement consacré aux cheU-d œuvre
On trouvera des cantes, ..à 5 fr.. 8 fr. 10 fr. et
25 fr. au secrétariat du -cercle, 10 Viiia du Roule, a
-Ncuilly : au théâtre, et «liez -les éditeurs Ber-
nou&rd, 73 rue {le» Sajnts-L'ièies ; Stock, place
du Théâtre-Français ; Rcy, # boulevard des ita
liens ; Legouix, 4 r^e Çhauviau-Lagarde.
PETITES NOUVELLES
Nécrologie. — On annonce la mort de M. Riciotto'
Canudo, qui, né en Italie .et ■ venu à Paris vers
1002, s'était lait un nom dans la jeune littérature,
iranç-aise. !
La Liffiie rnarilimc et coloniale française a at
tribué s.a grande médaille d'or à VAndvarLebon.
Mariage. —- Dans la plus stricte intimité a été
.célébré, samedi, le mariage de Mlle Marcelle Scliiff
avec le docteur Georges SaupUar, assistant de con
sultation a -l'hôpital Saint-l^ouis, cuoix ; de guerre.
Au Palais de. s* !/im>tallntion dans ies
belles salles restaurées xlu Palau, des Papes d'Avi
gnon des magnifiques tentures de tapisseries an
ciennes et des tapis de la Savonnerie prêtés pour
cet hiver par le Mf*bilier national, se
|* jïoursuit aelivemenl. Cette exposilion sera inaygu-
| rée le l^ r décembre prochain.
Hommages au Soldat inconnu
k i'Ârc 4e Triomphe
-lie soleil n'a jpas favorisé de son .-écla-
toîrte '«t ehauâe ^lumioce 3a tsérëmonie, dé
sormais traditionnelle, qui s'est déroulée
:sur la :pla:-.c d.e l'Etoile;, devant la toiuJbe s
thi -Soldat inconnu.; le >ciel est.resté equ-',
vert ^pendant -toute -In njatinée; un froid vif
et :une aîgre bise rcnàaienl le stationne-
>ment .pénible j>«r la \vasie place ; mais ils
n'ont pas empêobé la foule c.e se presser,
en jgxiafss, «err6s- "et en-jnassss compactes,
g»Qur «ssistar à l'émouvant défilé des dra-
^eaïu-x et-sal-uer ide ses vivats le passage
ides troupes.
•A .partir de neuf heures, îes délégations
se succèdent, apportant des couronnes, :
-des gerbes et des palmes, qui " forment
un amoncellement autour de la 'dalle sous
laquelle repose la Hànos inconnu.
Accompagné d'un seul officier d'ordon
nance, -<|«i- ,poarte 'une magnifique cou
ronne de feuillage, rehaussé de ,c'hr-v«s.n-
,thèmes, le général Pershing vient s'incli
ner 'Longuement -devant lai jtombe ; .puis,
prenant .des mains de son .officier -la cou
ronne, il s'agenouille à demi pour la
placer siir la dalle. ~
. ÎA's drapeaux et ïes étendards
Pendant ■ce temps, dans la ;salle ïuren-
ne, -aux invalides, se jjr.essaiéiit les offi-
,fiers ,
porter les drapeaux .et -éteai,dards des ;ré-
jgimentç 'dissous, (les -régiments -de r.éserv.e
et çle territoriale. -Ces -emblèmes glorieux,
dont la vue emplit le .eœar >d'itne éino-
tipn sainte, leur sont remis par :1e colonel
Payar
mée. -Ils sont au .-nombre de -q-uatre -cent
•Cinquante.
Le .cortège s'-est jformé «veaue >GalIieni.
■Par ;i'.esplanade -des In-v.aJides, ; le pont
AljexancTi«e W, l'avenue Nicolas lil Bt les
Champs-Elysées, il se dirige vers. l'Ar.c .de
Trf.onîplie. Sur t-out le pareo,urg, "les dra
peaux sont escortés par les itnoupes idis- :
ponibles -de la -gar-nksoa de Paris, un ba
taillon de chasseurs, un bataillon de ti
railleurs algériens
avec drapeau.
JLes emblèmes, dont beaucoup sont lucé-
rés -et déeiiiqiieiés par -la mitraille, -et
.dont la plupart ont leurs couleurs ternies
et noircies par les -pluies, palpitent et
■frissonnent .avec un grand bruissement
=
rsage- .crispé par -l'émotion du souvenir,
:coitler Ses larmes ; des femmes se signent
sïvec vtlévatiion .; «me fierté patriotique
igonfle :tous 'les foeeurs % la -vue ,de ces glo-
riaux. étendards.
Avant d'arriver à l'Etoile, les troupes
Rengagent dans la rue de Tilsjtt ; la tête
-de la colonne -se place avenue Hoche,
itandis .que iles tb'apeaux vont directement
jusquîà la toiplie :du Héros iueonjau,
rumeur comparable au v.ol d'innombrables
-KSiseaux.'
iLes jîerstmjiageg officiels
A dix heures, -les personnalités «fficiel-
les ..et .les nieinbres -du gouvernement com
mencent à .arriver. On remarque M. sPo.iii-
-car-é «t''ses-ministres, "M. Raoul Péret, pré
sident -.de la GHain-brc, M. JDoumergue, -pré-
.si^lent .du ;S.énat, : lçs présidents ..du Conseil
général .et du Conseil municipal, ainsi que
de nombreux membres de ces assem-
-blées,
.iluqued ,-tran.cbe l'ample msmteau -violet du
nonce .ap.ostolique, le personnel des am
bassades, etp., etc. .
W:Oici «encore -le 'maréchal -Foch, tou
jours -sv.elte, ..à -la -démarche alerte -de jeu
ne. officier ; Je •jpaî'éstoal JP.étain, Je maré-
clial J^y.imte«très entouré^ ,c.t ,gui échange
de nombreuses poignées de main. On re
marque également 4a présidée des mem-
ires d.u Conseil «ujiérieu-r de la guerre,
le général JDubail, grand -chancelier de
la ; Légion d'honneui - , Je général Gouraud,
gouverneur m il il air:; de Paris.
-Pui-s, -à-onze i'heures moins le quart, des
commandements retentissent. M. "Miller,m d
arrive ejvautamobile par l'avenue Hoche ;
jl descend de voiture et .est reçu par
MM. Maginot, ministre d.e -la Guerre, et
Ralberti, ministre de la Marine. 'Le pré
sident de -ia République se -dirige -.vers la
tombe du Soldat inconnu, et se place dans
le i cadre formé jpar -les -drapeaux autour
de la tombe glorieuse; aux .côtés de
M. -MilJerand sont 'MM. Maginot et Raiberti
■et, i«nné;diaterae«t derrière, "M.-Poincarc,
les présidents ,du Sénat jet d? la .Chambre.
L'es membres du ^gouvernement, les pré
sidents du Conseil municipal et du .Conseil
général, le préfet • de la "Seine, les maré-
,chaux,'les -ambassadeurs et les ministres
plénipotentiaires .occupent -les emplace
ments réservés, à proximité immédiate
du président (le la .République.
JLa iijiuLiitç de reciK>ilieaieiU
Dès que -M. Millerand s'est arrêté près
de la ioijibe
de silence et de recueillement ; le mo-
ïneat se prolonge jusqu'à l'instant où la
détonatipp d'un seeond pétard en indique
la fin.
Ce .recueillement .est sans aucun , doute
la manifestation la plus émouvante de cet
te journée- Le -silence est rigoureusement
'Observé et l'immôbilité -aussi. L'immense
foule qjui;couvre la place-de l'Etoile, tête
n.ue, semble ^changée en pierre. Le froisse
ment des .drapeaux, inclinés -sur la tombe,
. cau.se seul un léser murmure sous, les voû
tes de l'Arc, de :ÏU'iomphe.
Le ^éfilé dcs tmupee
Aussiitôt ,^près, .^comiacncc le .défilé -des
tr.ov.pes, .devant :1e président de la Répu
blique, les personnages .officiels, les muti
lés, anciens combattants et pupilles de la
nation- Elles débouchent par l'avenue
Hoeitt', défilant sur la place de l'Etoile
et s'écoulent iiar .l'avenue d'Iénfl.
A leur tête est le général Gguraud, pionté
sur un splendide cheval blanc et suivi
d'un brillant état-major. Le gouverneur
militaire de- Paris se place a l'entrée des
Champs-Elysées, face .à l'Arc de Triomphe,
devant lequel se tient, tête nue, M. Millc-
lerand, entouré de tous les personnages
officiels.
Et les troupes .défilent, -pondant- que la
musique de ;ia Garde républicaine, la meil
leure -musique militaire,du monde, peut-
être, joue face à l'Arc de Triomphe.
Immédiatement après le xiéfilé des trou
pes, qui prend fin u-n peu avant midi. M.
Millerand-s'avance.au devan! -d 1 : "générai ■
Gouraud et lui serre la main. -Puis le pré
sident de la République re-nlrt A-l'£î\si.:o,
et les drapeaux, qu'escortent Un bataillon
d'infanterie, un escadron c'e cavalerie et
une musique militaire, rentrent ans. Inva
lides, par le trajet suivi à l'aller.
Dès que les barrages sont rompus, la
foule des mutilés et des anciens combat
tants se presse autour de la dalle sous
laquelle repose leur frère' .d'armes ; ,et
bientôt la pierre disparaît derrière un.
amoncellement de couronnes.et.de gerbes,
fleuries.
tes cérémonies religieuses
Le 11 novembre est ;à la fois la fête de
■saint Martin' et le '5 e 'anniversaire de l'ar
mistice. Dans toutes les églises de Paris, à
la fin .de la messe paroissiale, les fidèles
fttrt chuinté -.une absoute ut Jbe De Profmuiis
pour les soldats et marin.-., et le soir, après
le salut, le Te Deum d'action de grâces.
A Notre-Dame, à 9 h. :i0, l'office était
présidé par.S. fini. Je cardinal Dubois ; on
a chanté la messe d'Ail-^andre Georges,
avec les 120 Crili-Sîks de 'lourcoing.
. . A la-chapelle .des Invalkies, -à 10 n. 30, a
eu lieu la messe avec le De Profundis de
Gluck et le Psaume C. L. de César Frank,
par la « Cantoria », sous la direction du
■maîtrre J-ules Meunier.
A Saint-Eustache, à 11 heures la messe
■que nous ..av. on s annonces a été chantée
par la maîtrise, les tronchonnes et troni-
pettes de l'Opéra et l'Harmonie du 1°' ar
rondissement le- grand-orgue était tenu-
par l,e maître .Joseph Bonnet.
Il FUSSE DU SOUVENIR
Une cérémonie d'une impressionnante
grandeur .dans sa simiilicité s'est .déroulée,
le soir, à l'Ar.c -de Triomphe. M. Maginot,
ministre de la guerre, a communiqué au
llatnbeau la flamme qui brûlera -désormais
au chovct du -Sôldat incon-n-u. )
Œuvre du maître ferronnier Rrandt, le
flambeau représente : la 'bouche d'un canon,
-.d'où -sort la flamme ; :»u-idesytms_ est fixé:
un bouclier orné :de glaives -réunis çar.ia
poignée. C'est irnc maquette iqui :a été pla
cée sous l'Arc de Ifrioanph.e, à la tête du
caveau 'où repose le -Soldat inconnu. Le
modèle définitif, eou'lé en ; br.om-ze, sera réa
lisé, .d'ici trois ou quatre mois.
De nombreuses délégations, avee dra
peau, étaient massées, bien avant l'heure
fixée, autour de la dalle. .Une -compagnie
du 5*-" d'infanterie, avec drapeim et musi
que, rendait le.s honneurs.
5\I. Maginot est arrivé .quelques «minutes
.avant six heures. -Entouré d'une glorieuse
escorte de mutilés, il s'est immobilisé dans
Aine attitude de recueillement, devant la
tombe, -tandis .q.ue ies .tambours et'les clai
rons ■battaient aux .champa.
Accompagné d.u général Gouraud, il:
•s'est .alors avancé et, à six heures exa^cte-
ment, il ;J1 muait la flamme symbolique.
Petite d'abord, faible coirune près de
s'éteindre, une langue .de ïuu a jailli, livide,
tordue et ployée par le vent,; .de minces
filets rouges courent dans cette lueur ver-
dàLre, (jui parait- surgir d'une bouche A feu
-en action.
Pendant ce temps, îa musique joue un
air funèbre, qui ajoute encore à l'effet sai
sissant produit par cette seèjje. Tous les
assi.'îtants sont découverts. Les .drapeaux
•des délégations s'inclinent. A côté de noms,
plusieurs Alsaciennes se -signent et prient.
"D.e nouveau, tambours et iclairons bat
tent aux .champs. Puis éclatent les accents
de la Marseillaise. ;Le îniniste, -le géné
ral Gouraud .et les personnages officiels se
retirent. La cérémonie est terminée.
Le lieutenant Jacques Périeard nous
communique la liste des associations pa
risiennes (Jui ont adhéré à l'fBuvre de la
« jPlamme sous l'Arc .de Trdomplve » ; elles
sont au nombre de cent .d'i-x et se trouvent
dans l'ordre où les a placées le tirage au
sort : c'est dans cet ordre .qu'elles iront,
■chacune i» son tour ,allumer la Flamme
au jour et' heure qui leur seront indiqués
par le 'Goinité"
Les jjreinièiies .de joos assacsiaii-oas —-
dont nous regrettons de ne pouvoir,, faute
de place,, publier la liste complète — sont:
l'Union ,des Ave.ugles -de' .Guerre, les
Gueules cassées, l'Association des Anciens
Combattants, engagés volontaires étran
gers. Ja.F.édvrsitio.» générale des Pères et
Alér.es des morts pour la Patrie, «te., etc.
Les Vins Saignes
sont, depuis de longues années, Jbus par plus de
•15 mille familles .classées dans tous les range de
"la société: C'est qu'ils font toujours «apstater qu'ils
sont moins coûteux que des.Bordeaux que, cepen
dant, .ils égalent. Il s'agit d'aflfeurs de vins de
;inarque déposée oomme on n'y clestiae que tout
-produit supérieur. On le sait, la Maison Saigne
-fait, depuis 1885, de son négoce de vins de choix
un -véritable principe. Faut-il dise la grande enn-
•fomee que donne; au point de vue jimelfi, un vin
venant de -plusieurs containes.de Ivilcunètees fit gui,
pendant des 10 à 15 jours de voyage se trouve,
dos lors, soumis à la vérification d'agents oifficiels
,chargés -de sévir contre .tout vin anoiFinal. C'est là
line ga.r.an.lie .qui ne saurait «Stce trop appréciée.
Voici les vins : JRougc sl ^ i . kpin , 330 £r. ■ jjmv ® e
255 fr. ; _Blai:c sucuakmet , 380 fr. les 220 lit.
franco ..à domicile .à Paris «seulement,- et «n gape,
po.ur to.ut antre lieu, fût compris. Sept francs «n
plus, pour les départements :du Nurd, Nord-£st,
'Nord-Gucst- Si le fût vide peut être jr-epjm, # jnes-
frais, il sera payé .au .client :23 Irancs. Voir éeluwi-
liUons gratis en double. 11 est iait .crédit, il est
toujours jpris, sur facture, rengagement de res
tituer le coût- dê tout vin, même idéjà payé, Vjl-rfa
pas satisfait. -Cela vaut plus qut les iielies juroiaçs-
ses et que les .tilres de châtelains sans -yjjgnes -et
des vignerons qui, quoi qu'ils attestent «t /ont «at
tester, vendent leurs vins au commerce-et n«8l a«x
consommateurs. Pus de vins nouveaux. S'adresser
M. G. SAIGNES, -2 rue Canal jà NarJjoime.
CHRONIQ UE DRA MATIQUE
Timnu :.\UBpmm€ 4*icbàîni, de M.-Edmond Bourdet. — T héâtre bm - A sts ; La Fille perdma,
' i de M. Claude Anet. ■
A L'ETRANGER
Angleterre
Le U noveiribre ■« Londres
• L'anniversaire de l'arpii^tice ,a élé iOÔlâbtrjé .-à
l'Abbaye de Westminster où -repose le ^Soldat In
connu parmi les granits -hommes de Joute l'histoire
d'Angleterre. Les souverains -ont assisté à la -cé
rémonie. "Le service religieux ^a .été .interrompu par
deux minutes de silence, que l-'op -fit .précéder .de
cette émouvante prière :
« En -souvenir de eeu,x ,qui Qnt fait le gwnâ «a-
.« crifiec, O Seigneur, -fais de nous des liotpjnes «t
« des femmes meilleurs ,çt :donne-nous la paix ^
« notre heure ;>.
A Whitehall, le jwince ,de .Ualles sa idéjposé de
vant le cénotaphe une magnifique couronne.
Parto.ut une foule.énoçme at .reoueiîiis .a (assisté
aux cérémonies du Souvenir.
| mutRêgent
| C ^tyioiem'UJc. su/piges-
X
m
4
M. Edmond, i^ourdet s'est iait connaître, avant
la guerre, par u ne pièce qui eut un vif succès, le
Rubicoa. Voici cîeux saisons, il donna au théâtre
Atitoine une comédie "fort habile, l'Heure du lier-
ger, -que gâtait ijeulenrent un dénouement qui ac
cusait un 1 peu ti»p la complaisance à l'égard du
public. Il vient jde donner à Fémina une pièce
qui devrait noas dispenser de retourner avant
longtemps îl-cte théâtre— ou alors, c'est que le s-uc-
ccs dépend d'éléments qui échappant totalement à
notre compétence. Sarcey passait pojr avoir, en
cette matière^) un flair incomparable. On eût
dit de lui,! conrme de Vauban : piè 'e deiendua par
Sarcey, pîèce {réussie ; pièce condamnée par Sar
cey, pièce ratée. Mais j'ai consulté là-dessus des
compétents, ils m'ont juré aue Sarc.:y se ïi-.,]-:pait
comme un aùtre, et que, lu plupart du iemps,
il enrobait son-diggnpstic dans une savante ié-
serve, quitte, ;si le succès se dessinait, contraire
ment à sa prophétie, à retourner au ilié.iire et
à envelopper de papier doré son amende hono
rable.
La 1 pièce de M. Bourdet semble avoir t .-ut ce
qu'il ! faut pour plaire. Elle est souverainement
habile et elle n'est rien d'autre. On ne peut
•être plus habile. J'ai l'affreux défaut, qri est
Uresqnè une maladie, de voir, sans le chercher,
le défait*, de la jointure. Non que je l'épie, comme
un Peau-.Rwge attend un scalp ; pas du tout.
Mais, sitÀt qu'il paraît, .il me saute aux yeux,
ainsi qu'un chat. Or, la pièce de M. Bourdet, j'ai -
-beau la re\oorner à la manière du chien qui a
trouvé
habileté, nous - tiendrions un. chef-d'œuvre. Y a-t-il
qnélque chose sô-uç cette habileté ?
M. Constant Kémy, jeune maître du barreau,
>'est mis à aici'er, autant quo faire se -peut, une-
jeune divorcée, représentée par Mme Marthe Ré
gnier. II nîest pas assez riche pour l'épouser. Un
beau matin, sans jnot dire, il file pour les Amé
riques afin de faire, H-bas, sa fortune. La dé
laissée, (dégoûtée de l'existence, se croyant seule
dans la rie et, déjà trompée par deux hommes,
cède à M. Charles Bqyer, jeune avocat fatal çt
ténêbrcni, qui s'éprertd pour elle d'une folle
pàssixaL. Mais, quand M. Constant Rcmy re-
vjifiBt, enriidii, d'Amérique et offre à Mme Régnier
de répouecr, elle n'hésine pas un instant, elle
épouse; congédie à-tout jiamais M. Charles Boycr
et regrette amèrement de lui ayoir cédé.
■Que défieiit M. Chark» Boyœr ? Il devient très
jaalhj3ur«a*. Il 4evtçnt,' même quelque chose de
pis ; la prpic de Mise Jeanne-Rolly, femme âgée,
collante et pasiSiiomnée.
Comme elle aime depuis longtemps, dans Fom-
bte, Mi Ctarlep fioyiar,
'Régnier. Et, sitôt qu'il plsçPche à s'affranchir du
joug, elle le mewieè ^'aller tout dire à M, Cons-
tant Rémy. Pour ne pas détruire le bonheur de
Mme, Régnier, M, Otaries J&oyvi se' résigne à
-tous les sacrifices.
Cette situation dure depuis trois mis, au mo
ment où commence la pièce. M. Charles Boyer,
l'homme enchaîné, ne j>e»t quitter la femme
qu'il n'aime pas pour ne pas blesser la femme
qu'il aime. Pair discrétion, il ne peut même pas
révéler ce Sacrifice surnaturel aux gens qui
is'ântétiesêént' i r>on »ort «t voudraient le soustraire
à j(a féroce Mme /canne Kolly.
Mais voilai qrne celle-ci, sentant venir des ans
l'irréparable outikge, se met en tête de vouloir
se faire épouser. Et non seulement elle menace
M; Charles ^ Boyier 4u chantage ordinaire, mais
«lie vient avertir «a rivale. - Celle-ci, ne sachant
pas pour quelle héroïque raison Vhomme en
chaîné se sacrifie, donnait en effet les -mains à
un projet de mariage qui eût débarrassé M.
Boyer de. Mme Rolly.' Que de complications, Scî-
gactir ! Mme Hégnier epprend ainsi que M. Boyer
faisait tout -ça pour elle. Emue jusques au fond
du cœur, elle n'accepte pas que M. Boyer s'en
chaîne pour là ifie. Au moment
de son mari avec l'intention de tout lui révéler.
Mais quand le ridesu remonte, «lie n'a rien ré
vélé du tout. L'émotion lui a coupé le sifflet, elle
•a eu recoure à 'l'arme des femmes quand la si-
tuaiîo» c$t désespérée : h -syncope. Si' bien que
M. Kémy se trouve s»uî à seul avec M. Boyer,
alerté, mais ne sachant ries ait juste et cherchant
à savoir. Scène à faire. M. Bourdet l'a faîte et l'a
bien faite. 11 n'y a pas à- dire, c'est bien fait.
M. Boyer, savamment cuisiné, mange le mor
ceau -et s'en v,a, délivré de l'obligation d'épouser
Mme Rolly, mais' ne cessant pas d'aimer sans
espoir. M. Rémy a beaucoup de peine et fait un:
scène â sa femme — une scène bien faite, tou
jours. Et comme il ji'y a pas mpyen d'en sortir
autrement, il nous laisse cqîeodre qu'il ne cesse
ra -d'avoir du chagrin, mais qu'il pardonnera.
Je n'ai rien à reprocher à - cette histoire et
je' n'arrive pas à m'y -intéresser. Pourquoi ?
Parce que ces Etres., n'ont pas d'autres raisons
d'être que d'être amourette les - uns des autres.
Us ne - sont -Que des ewlii'-vs. .- Otez ; le sentiment
amoureux, il ne reste que des ombres sans- au
cune caractéristique. Or, l'amour â lui tout -seul
n'est pas un signalement — voilà.ce quelles auUHirs
contemporains oublient, avec insularité. Chaque Se
maine je sais .obligé de vous raconter deux, ci t
six, de ces histoires de pasekm, au, point qu'il y
a des jours où j'envie le rédacteur de la chronique
industrielle (pui, dans sses articles, na pas à paT-
ler d'amour; Tous «es persoraiages aiment de la
même façon, avec les mêmes, -mots, sur le même
ton, au même diapasoiji. -Quand ils jïe disent pas . :
je vous aime et j'en meurs, ils cessent d'exister,
il ne reste' que dés fantfômcs. Le tiKxitfe. en Fran
ce. meurt d'une indigestion d'amour. Je suis inca
pable de vous dite que Mme Rolly exprime, dans
cette pièce, autre chose que son amour pour
M. Boyer, qui exprime ^on amour pour Mme Ré
gnier, qui exprime son amour peur M. Rémy,,
qui exprime son amour pour Mme Régnier. Les.
deux personnages sont .avocats, ils pourraient
aussi bien être sapeurs-pontpiers. En qjuelle année
ça se passc-t-il, pas d'autre signe de l'époque que
cette pauvreté du clavier, et l'emploi d'une langua
qui, à l'audition, paraît très .faible. Je. sais qu'il
faut tenir compte des défaillances toujours, pos
sibles des acteurs, par exempïe quand : nous en
tendons une phrase comme■ ^oelle-ci : Ce s'est
plus un conseil, c'est une prière- que je .t'adresses»-
Ils ont peut-être mangé un membre de, phrase.
Mais un trait semble, hieri appartenir en propre
â M. Bourdet : il supprime délîûérémenft de la
langue française l'imparfait du ' subjoncKif. M.
Bourdet, serait-il possible que vous ignorassiez
l'existence de ce temps-là, et .que vous ne sussiez
point votre langue ? ,, ,
MM. Constant Rcmy et Charles Boyèr sont
fameux. - -
Lucien DKBJSCtl
La Chape de Saint-Martin
Il est intêretsant de remarquer ças le :lï no
vembre 1918 qui -a -clôturé glorieusement la plus -
terrible épreuve gîte la France. ait traversée de
puis plusieurs siècles est le jour choisi par
l'Eglise pour fêter saint'~Mh~rtin, le prodigieux
thaumaturge, le légionnaire romain, le grand évo
que de Tours au IV e siècle, l'élu de Dieu, lui
brisa le paganisme encore résistant, fit la France
chrétienne et devint son premier patron..
Rien ne saurait exprimer le prestige que saint
Martin laissa parmi les Francs. Clovis, le vrai
fondateur de la monarchie française, gui met
tait toutes ses entreprises sous ses auspices,
s'étant approché de son tombeau, après la victoire
de Fouillé, lui offrit en. r emnnâissrwre sait che
val de combat. C'était à cette époque, le plus
grand hommage que pouvait? faire un guerrier*
C'est sous les voûtes de la basilique de Tours,
dédiée à saint Martin, que (ùlovis ceignit le dit/y
dème. et revêtit la pourpre ir.bpiriala envoyée par
l'empereur Anastasc, insigne ,qui, donna le carac
tère de la légitimité à sa jeune royauté* C'est à
Reims, dans une église sous vocablf de saint
Martin, qu'il reçoit le baptême\ et se fait sacrer.
« Un fait trop 'enseveli dansi XOubli, reistis le
R. P. de Pascal, montre d'unet façon satsa&mie
quelle fut ce qu'on peut appt-ier l'action bien
faisante d'outre-tombe de ■■ saint/, > Martin sur ies
destinées de la France. î> "felle q^r-e l'Arche d'Al
liance pour les Hébreux, ou l'éptlp de-saint Mau
rice pour les Bourguignons, la Çlmpe . de saint
Martin était pour les descendants de Clovis, ;*o«r
Charlemagne et ses successeurs, le palladirM
de leurs armées : elle apparaissait sur les champs
de bataille qui décidaient du sort .de la Fruntre.
« La « Capa ». la Chape, autrement dit le man
teau de saint Martin t ajoute l'écriv. bk cité plus
haut, rayonna sur tout ce qui l'entourait ; les
clercs, ses gardiens, s'appelaient Ca^petlani ; le
lieu qui l'abritait Cappella, Chapelle.\ De graves
autorités s'accordaient à. penser que la> Capa don*
na son nom, qui devint un surnom» la troi
sième race de nos rois, les Capétiens. » .En même
temps que Robert le Fort et Hugues Ci'-pet por
taient cette relique de victoire dans tes •combats,
« la Chape, dit Dom Pùra, dans son hi^oire de
saint Léger, abritait comme une tente cetty' écoiv
du Palais, dont Alcuin fut " un des maître,?, qui
plus tard donna naissance à l'Université de Paris j>.
Après une si surprenante énumératiow, de
faits, n'est-il pas singulier de constater qùe le
11 novembre a été la date de l'humiliation, de
l'Allemagne.
L'hutoire dira que ce grand jour fut celui" de
saint Martin. ' • ! -• \
Marquis de VAULSERRK •
EN SOUVENIR DE MARIUS PLATEAU
La figure de Marîus Plateau, combattant magni
fique et glorieux mutilé, tomfcé à .son poste, lâ-
-chement frappé par des balles allemandes et poli
cières, est un digne sujet d'admiration pour les
français
de Jeanne d'Arc et au service de la Patrie, de
meurera à jamaSs l'exemple de ceux qui, avant
tout, -placent l'honneur et l'amour du pays.
Ces forces de désordre se liguent aujourd'hui
3>our ruiner, dane l'âme française, les traditions na
tionales. Leur -œuvre est d'aider l'Allemagne dans
la revanche qu'elle désire et qu'elle prépare. Tous
•ceux qui entendent garder pure et vive, au foyer,
la "flamme du - patriotisme; agiront sagement en y
mettant & 3a place d'honneur l'image de Marius
Plateau.
Son souvenir partout présent, fera vivre Je? ver
tus par lesquelles une patrie se perpétue. C'est
ien suivant son héroïque exemple que les généra
tions nouvelles resteront dignes' de celles qui ont
versé lenr sang pour la France,
LE SOUVENIR DE MARIUS PLATEAU
EST NATIONAL
Soucieux de permettre à tous de posséder ce
s»,avenir, sous une forme artistique et durable, les
Cwnelols du Roi, gardiens fidèles de la mémoi
re de leur ami et de leur chef, ont demandé à
Maxime Réal del Sarte, leur président, de tra
duire en une plaquette son effigie.
L'artiste j'est inspiré de «on émouvant monu
ment. La faœ représente Ja tête de Marius Pla
teau auréolée d'une double couronne de lauriers
et d'épines. Le casque vient, jeter sur les grands
yjM»x fermés une ombre funèbre. Le visage est à la
fois douloureux et calme. La paix glorieuse que
soji abnégation lui a gagnée y rayonne. Encadrant
la devise des Camelots du Roi, les blés montent et
se mirent intimement au laurier et » l'épine. Le
symbole de la vie s'unit à ceux de la gloire et du
.sacrifice.
Le revers est omé par la. reproduction stylisée
de la double couronne enlacée et porte gravée la
citation à l'ordre de l'armée que lui valut son.ad
mirable Jbravoure à Port-Fontenoy.
Cette plaquette dont l'exécution a été confiée à
la plu» grande maison d'édition de Paris, constitue
une œuvre d'art, digne vraiment de la mémoire
qu'elle entend glorifier.
Les Camelots du Roi offrent à la piété de ses
amis sont priés de lui adresser leur commande avpc
Marius Plateau, ouvrier de la Renaissance na
tionale, héros de la Grande Guerre, martyr d?
l'Action française.
Le Comité directeur de la Fédération
Nationale des Camelots du Roi. •
LA LIBRAIRIE DE L'ACTION FRANÇAISE
12, rue de Rome, Paris VIU" ; cli, post, 23.900,
a été chargée par le Comité directeur de la Fédé-
ration nationale des Camelots du Roi d'éditer la
plaquette en souvenir de Marius Plateau. Nos
«mis sont priés de lui adresser jeur commande avec
son mentant. La plaquette bronze (6 cm. * 8 cm.)
20 -fr., franco, 1% francs.
Le retour de Wieringen
L'héritier des Hohenzollem
s'est entretenu avec Hîndenbfirg
Le kronprinz est arrive à Hanovre sa-
, niedi soir, â 6 heures, accompagné
la police allemande et de son chauffeur.
Il s'est immédiatement rendu chez le ma
réchal Hindenburg. Après une demi-heure
de conversation avec l'ancien généralis
sime, le kronprinz a pris le train pour
Oels. Il ne s'est arrêté -que quelques ins
tants à la gare de Berlin, ' dans le plus
strict incognito. IJ a été reçu au château
d'Oels par ses anciens domestiques.
Dans les milieux monarchistes, à Ber
lin,. on est d'avis qu'il-ne se passera pas
beaucoup de mois avant qu'il ne fasse
une entrée triojuphaltiuù Jiçjlio.,..
Les partisans .d'Iïitïçr. relèvent la tête
Le Vorwwrts donne les détails suivants
sur Ja situation à Munich:
« A Munich, l'agitation qur nous sigpa-
lions au début, de la soirée durait encore
dimanche soir, vers 2,0 heures, moment
ou la circulatiôïj dans les rues était inter
dite. Les_ partisans,. de Hitler sont fré
quemment acclamés et d'une façon pour
ainsi dire provocante à l'égard des auto
rités établies. Ils répandent partout des
tracts, où on lit en-manchettes énormes:
«C'est Hitler qu'il nous failli Nous-re
poussons von Kahr, le traître-! »
L'immeuble des DemièreH Nouvelles de
Munich, journal qui- -a publié dans la
journée d'hier un article avisez sévère
contre Hitler et ses. partisans,, a dû êtra
gardé par la police. La place de FQdéon,
où se trouve le château, a été déblayée &
plusieurs reprises par la troupe.
D'après les bruits les plus courants,
Hitler et ses partisans seraient complète
ment désemparés. 11 serait cependant
faux de crôire qu'ils ont renoncé complè
tement à leur tentative; il semblerait, au
contraire, que la majorité de la popula»
tion, en Allemagne, a décidément pris
parti pour eux. Von Kahr est presque una
nimement considéré comme un traître, et
le dictateur est parfaitement au courant
de cet état d'esprit,
A Berlin, les nationalistes s'agitent
Les organisations nationalistes feraient
d'importants préparatifs dans les environs
de Berlin- '
Au cours de. la journée de samedi et de
dimanche, un grand nombre d'adhérents
aux associations réactionnaires, -parmi les
quels des fonctionnaires d'Etat, ont reçu
des convocations leur enjoignant' de se
rendre sur tel ou tel point de la. banlieue
berlinoise
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