Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-10-05
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb326819451
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 05 octobre 1923 05 octobre 1923
Description : 1923/10/05 (Numéro 277). 1923/10/05 (Numéro 277).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k761727n
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
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EDITION
SÊIZIEMK XNNEE ^ K» 5T«
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VENDREDI 5 OCTOBRE 192?.
15 centimes
20centîmes1 ^ ORGANE DU NATIONALIS ME INTEGRAL
D épartements ^C olonies
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. •• - »i «otSEv.
Abonnements : Un An Six Mots Trois Mots
fwwtcE C.C0L0NIES.......48* 25» 13 f,
E tranger ..^......'. .82» 42, 22. i
FONDATEUR
Henri VAUGEOlS
ti Tout ce qui est national est nôtre, n
Le Duc d'ORLÉANS
Tif rîtîer des quarante Rois quî en mille ans firent la FranGe.
RÎOACTl ON £7 ADMINISTRATION: M.rve de Borne. PARIS8®
Adresse télégraphique: ACTIOFRAW PARIS
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PUBLICITÉ : Central <7»-77. R ÊOACTI0 N.- Central 75-4»
Iaprès dix heures du soir : Central 5*1-07)
DIRECTEURS POLITIQUES t. LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS «..REDACTEUR EN CHEF MAURICE PUJO |
UN P ROBLÈME VITAL POUR LES kU ÉS :
-f s ^ * , t _ , - ' *- ' " *
«Ta.question se pose de savoir si, om
ou aofl, ifs vont saisir la chance inespérée, la
dernière peut=être, de donner la paix au
monde eu consentant que la Prusse soit
ramenée par les Allemands eux=mêmes à ses
limites naturelles et à son existence mo*
(fesfo S . &àv : r- •• •- ' H;
LE PROVINCIAL du « Temps »;
mmmemtm
LA^ÏSPARfriON D'UN VRAI JOURNALISTE
- ' J - ~ , - '
KL Ëreroy»Fôurnier
La, ïnort d'Herii'y Leroy-Fournier
*- que tous aimaient dans notre mai-
. ion — aura été ressentie cruellement
. pai* ses confrères de la presse tout
; entière et sans distinction d'opinion.
Kotre collaborateur et ami était, en
effet,:.de ceux qui attirent et retien
nent'la sympathie par leur loyauté,
la franchise de leur caractère, leur
conscience professionnelle. Clément
[Vautël, dans une chronique fort juste,
'demandait récemment la fondation
d'uniprix annuel, décerné à un véri-
talîle journaliste ; il partait de là pour
expliquer, en quelques mois, au pu
blic qui l'ignore, ce qu'est cet absor
bant métier de l'article ou filet quo-
tidieBi Ce prix, notre Leroy l'aurait
mérité presque chaque année, et je
connais de nombreux comptes rendus
de lui, offrant le tableau complet
d'une"' 1 séance de la Chambre, ou
'd'une situation politique, qui sont des
modèles accomplis de pénétration et
d'expression.
, J'avais connu Leroy, comme notre
cher secrétaire de rédaction le com
mandant Biot, à la Libre Parole, où
■ iFétaif!' entré peu après la fondation.
Drumont l'aimait et l'estimait gran
dement. Il ne lui ménageait pas ses»
conseils et enseig' ï ements familiers
qu'il'accompagnait d'un «ces gens-
là^ voyez-vous, mon ami », faisant
allusion aux lecteurs qu'il importe de
nourrir de faits précis et non de ca
lembredaines. Il lui recommandait,
comme à tous, de lire Choses vues,
de Victor Hugo, afm «le s'habituer à
"décrire-et à peindre. Sur le coup de
cinq Iîéures et demie, Drumont, que
son.frdèle Jean a ; ;ait amené boule
vard Montmartre, à son journal, dans
auioï étonnante guimbarde de tournée
épiscopale, biivait l'apéritif avec son
monde; et la causerie prepait un tour
cordial' et charmant. On ne prend
pî»s l'apéritif, Dieu merci ! — car
c'est toujours un fameux poison —
mais.la-familiarité subsiste, au moins
■ darrs les journaux politiques. Vous
dirais-je, d'ailleurs, sans vouloir
chagriner nos mastodontes de presse,
•— que je ne crois pas au journal de
grande informatioiiv La « grande in
formation » est un bobard, corres
pondant aux enquêtes d'il y. a dix
ans et aux « interviews » d'il y , a
trente-ans. Il y a ries nouvelles, plus
oit moins déformées, et qui sont dis
tribuées- par les mêmes agences à
tous; les., journaux, I! y a des envoyés
spéciaux — un Edouard Ilelsey, un
André-Tudesq, un colonel Reboul, un
Georges Rémond, etc. —: qui écrivent
des pages pleines de relief et de cou
leur* sur tel ou tel sujet. Mais la
grrrande information n'existe pas.
C'est un mythe et un conte bleu.
Nous riions de ce-> choses, et de
beaucoup d'autres, Leroy et moi,
quand il nous arri vait de tailler une
bavette, au journal, à la Chambre ou,
avant, la guerre, à l'imprimerie. Car
Je suis atteint — ceci en confidence
rr- d'une maladie du sommeil, qui
m'incite à me coucher de très bonne
heure et à délaisser toute besogne à
partir de huit lieures du soir. C'est
gênant pour Trochu, Desgrées du
Porc et autres « mondains » et « stu
péfiants », attelés à rétablissement
de mes dossiers et :i la constatation
de mes stupres. Mais je ne puis tout
de même pas clfav.ger mes habitudes
pour leur plaire. Quand arrivait la
belle saison, Leroy arborait son cha
peau canotier, .dans le même temps
que je revêtais mon « ignoble com
plet marron », et, dès le samedi soir,
courait pêcher à la ligue vers André-
sy, où ii prétendait qu'abonde le pois
son, auprès d'un petit vin fameux
pour la matelote. Celte-hypothétique
matelote constituait, entre nous, un
sujet de plaisanterie facile, que nous
n'avions pas usé en vingt ans. Ma
gastronomie a deivx ti ous : la mate
lote- confectionnée par Leroy, le ca-
tigot'd'anguilles q'ie më proineitâ'ent
jadis annuellement moiv'père et Mis
tral, .grands amateurs-de ce plat fa
meux. Hélas ! je dois en lni^e mon
deuil 4 .
- Nos lecteurs n'oublieront pas de
sitôt los comptes rendus jjarlemen-
t'aires^de Leroy, si pkins de verve et
de bon- sens. Tous nos confrères
(lavent .la difficulté qu'il y a - à dé
crire"", les incidents, comiques ou mo
roses; -d'une grande séance— voire
d'une 1 petite séance — et à discerner
et pèiftdre les jmouvements et les per
sonnes "de l'assemblée. La grande
•force de Leroy était ;dans l'assiduité
et aussi dans son érudition parlemen
taire, àitssi.drue et pittoresque que
son Audition Journalistique, Il était
imbattable quant ail curriciilum vitse
de tel ou tcl ; type obscur de gauche
ou du centré, qu'il surveillait de là-
ïiaut, de-la turbulente tribune des
journalistes, 'depuis vingt âns ét da
vantage. Peu accessible aux bourdes
qui circulent dans la salle des Pas-
Perdus, il les recueillait cependant et
s'efforçait de trier là-dedans quelques,
parcelïes de réalité. C'est un de mes
étonnements que le . peu de commu
nication qui s'établit entre les dépu
tés — j'entends ceux qui mènent le
jeu r-r et les journalistes présents.
On pense bien que je taquinais là-
dessus notre bon Leroy tant que je
pouvais ; à quoi il répliquait, en
riant, que les députés ignorent tout
des besoins et combinaisons des jour
nalistes parlementaires. Quand un
de. ses confrères, dans ces pietites,
boîtes surchauffées, traitait, co mm e
du briand pourri, le réactionnaire et
royaliste que je suis et me criait :
«Veau, vache, cochon, couvée», ain
si que dans la fable, mon Leroy se
fâchait et répliquait de verte langue.
Je voyais, de mon banc, avec atten
drissement, sa bonne figure ronde,
demeurant réjouie et sympathique
jusque dans le mécontentement. Car
la sincérité était son fait, et il ne dé
binait pas en arrière ceux à qui il
faisait bonne mine en avant.
Il possédait, sur le personnel poli--
tique, un fonds d'anecdotes et de ren-î
seignements inépuisable, qu'il plaçait;
avec infiniment d'esprit. Formé par
la Libre Parole et à l'empreinte du
nationalisme antisémitique d'alors, il
s'était mis résolument à l'école de
Maurràs, qui l'aidait à comprendre
comment et pourquoi la Patrie Fran
çaise avait.échoué.
Lorsque vivait encore le comman
dant Biot, nous évoquions ensemble
ces temps décevants, les maladresses
de tactique commises et qui tenaient ■
à la divergence fondamentale des
chefs. Au fond, et quand , on envi
sage ces choses avec le recul néces
saire, il n'y avait guère d'affinités
entre Lemaître et Drumont, ni entre
Lemaître et Rochefort, ni même en
tre Rocliefort et Coppée. Que de fois
ai-je servi de tampon, juste ciel ! en
tre celui-ci et celui-là ! Avec une for
mule d'attaque plus tranchante,
moins vague, précédant une doctrine
définie, on devait vaincre l'horrible
conglomérat (de gauche et de boche)
du waldeckisme et du combisme.
Leroy savait cela comme moi et il
en convenait silencieusement, après
une petite houle~de ses fortes épau
les qui signifiait : « Que voulez-vous !
C'était écrit ». J'avoue que je ne me
sens pas «Arabe» et que je pense
que les choses s'écrivent ici-bas à
mesure, avec de la volonté et de la
continuité. Tout cela se verra au
bout...
Leroy ne sera pas là le jour du suc
cès décisif. Mais, par son talent et
son labeur, il aura contribué à ce
succès,'" et parmi nous, parmi tous ses
amis et camarades, son souvenir ne
passera pas.
fjJSOS DAUDET.
y; , Député de Paris.
ECHOS
La Sociale.
A la 7 e chambre de la Cour d'appel, au
début l'audience,' on appelle les affaires
inscrites au rôle. Le président donne lecture
■du lu lettre d'un avocat, qui demande une
remise, parce qu'il est obligé de s'occuper de
ses propriétés, dans le Midi. Cet avocat est
M' André Bcrthon, député communiste de
Paris.
Qu'en pensent les citoyens Lapoire et Crâ-
liebourré, électeurs de M c Andi-4 Berthon ?
Aimez-vous, lorsque vient l'automne
Et que le soir est bleu de brume.
Voir la vitrine qu'on allume
Jeter un éclair tout à coup ? "
C'est d'abord une, puis beaucoup,
Et bientôt c'est la ville entière
Qui semble vêtue de lumière
Avec des Mazda pour couronne.
. ""i . » i. i « ~ -,
Vti speetaèle
bien agréable
. , ^ ■-*
"Le spectacle que donne l'Allemagne
n'est même plus pitoyable, il est bur
lesque. .
Il est infiniment doux 'pour des.
Français comme il doit être infini
ment amer pour des Allemands de
se souvenir de ce que VAllemagne
étaient encore en 191b lorsqu'on pou
vait la définir a une machine bien
montée ». Ce serait le moment, pour
passer une heure agréable et se faire
line pinte de bon sang, de relire la
fameuse enquête de Jules HureL
Tout marchait dans cet Empire
comme dans une horloge. La défaite
et la révolution ont passé par là.
L'horloge est bien cassée. L'Alle
magne de 1923 ressemble plus à celle
du grand interrègne qu'à celle de
Guillaume II dont l'image reste tra-
cée^par les livres de Jules Huret.
Ces gares géantes, ces postes mo
dèles, 'ces canalisations scientifiques,
cette hygiène parfaite des grandes
villes allemandes, tout ce pompeux
appareil de l' « organisation », les
municipalités n'ont plus l'argent qu'il
faudrait pour d'entretenir. L'Alle
magne a un train de maison infini
ment supérieur à ses ressources, c*e
qui finit toujours très mal. Par sur
croît, ces monuments démesurés, ces
installations excessives et d'un entre
tien trop coûteux pour un pays ou
l'unité monétaire commence au mil
liard ou au trillion, sont les témoins
ou le théâtre de la pire anarchie poli
tique, celle qui agit dans le cadre
d'une civilisation compliquée.
« Rendez le monde sur pour la dé
mocratie », disait le président Wil-
son. Il ne l'est pas partout, parce qu'il
y a déjà eu contre la décomposition
démocratique des réactions assez sé
vères. Mais la démocratie ravage l'Al
lemagne avec une sorte de prédilec
tion parce que cette Allemagne bis-
marcldenne était une construction
plus, artificielle qu'une autre.
L'élément comique lui-même ne
manque pas. La Bavière veut con
quérir l'Allemagne et la ramener aux
bonnes idées. Quand on se rappelle
le rôle qu'ont joué les Bavarois dans
l'histoire allemande, c'est une facé
tie. Il faudrait d'ailleurs qu'on fût
d'accord, à Munich, pour marcher
sur Berlin. Von Kahr travaillé pour
Rupprecht de Wittelsbach, Luden-
dorff et Hitler pour l'héritier des
Hohenzollern. La réaction elle-même
n'est pas «organisée ».
Un tel spectacle nous venge — et
nous instruit. Qu'en pense l'ex-chan
celier prince de Biilow dans sa re
traite ? Voilà pour un journaliste
agile, pour un nouveau Jules Huret,
une opinion à recueillir, un homme
qu'on aimerait entendre parler. Que
pense le prince de Biilow du spec
tacle de dissolution qu'offre son pays,
de « l'Etat de mosaïque disjointe »,
comme il disait autrefois en parlant
de l'Allemagne prébismarckienne, à
laquelle le Reich est en train de re
tourner ? On objecte, il est vrai, doc
tement : « Si le lien politique se re
lâche, le lien économique reste fort.
Il y a le Zollverein par lequel l'unité
allemande a commencé, et l'unité
tiendra tant que durera l'union doua
nière ». Mais le Zollverein lui-même
est-itsi solide dans une Allemagne où
tant dé choses, à commencer par
l'économie nationale, sont minées ?
Nous y verrons peut-être encore des
choses plus surprenantes que celles
que nous avons déjà vues. De plus
agréables même. Mais celles-ci suf
fisent déjà a notre agrément. — J. B.
L'INAUGURATION DU SALON
DE L'AUTOMOBILE
LA PROMOTION PASTEUR
La promotion Pasteur vient de paraître
à, l'Officiel, elle comprend notamment :
Gvaiul officier. — MM. d'Arsonval, Mo li
re u et Leclainehe, membres de l'Institut.
Commandeur. — MM. Lacroix, secré
taire perpétuel de ^Académie des scien
ces î Barrois, Bouvier, Branly, nveniDres
de l'Institut ; de-Fleury, membre de l'Aca-
démie de médecine, etc. r .
. Vient ensuite une longue liste d'offi
ciers et de chevaliers, parmi lesquels, nous
relcvôns les noms de M. Sacha Guitry,, r.u-
teur. de Pasteur, et de nos confrères Chas-
sai"ne et Danzats.
EN QUELQUES LIGNES :
'— Le meutrier du drame qui s'est déroulé
avenue Daumesnil, devant l'hôtel de la Porte
dorée, est arrêté. C'est un nommé Arthur Tri-
bois, que les policiers ont'arrêté à son domi
cile. ,
— Les ministres se sont réunis hier à l'Ely
sée, de dix heures à midi. AI. Poincaié a mis
ses collègues au: courant de la situation exté
rieure. il. Dior a rendu compte de son voyage
■au iSanetnavlt. M. Maginot a soumis ù la signa
ture présidentielle là nomination du général
de. division Boieliut au commandement du
19* corps d'armée, en remplacement du ^giné-
ral Paulinier. ' '
Le 18' Salon de l'Automobile a ouvert
ses portes hier matin. Comme t un conseil
de cabinet retenait tous les ministres à
l'Elysée, la course traditionnelle et offi
cielle autour des slan'ds avait été suppri
mée. Il n'y eut donc pas d'inauguration
proprement dite. L'impression généra
le. qui ressort d'une rapide visite à tra
vers 'es stands est une impression de
?uxCï La petite voiture utilitaire, si modes
te soit-elle, vous a grand air,, quand-on
se rappelle son apparition, il y a deux ans ;
trois au plus. On sent l'effort accompli
pour rendre, cet engin aussi confor
table que pralique.' Nous n'en dirons pas
autant des gresses. voitures. Il semble que
les\çaîTOSsiers aient trop sacrifié du con
fortable pour . obtenir une ligne impecca
ble. .'...'".■■■
•Côté moteurs, on ne constate pas de
différences trop sensibles. Tous les cons
tructeurs se sont contentés, semble-t-il,
d'améliorer rendement de leurs engins
par une augmentation des compressions
< j t une élévation des « régimes, angulaires x>
et cela afin de gagner de la puissance, tout
en ne dépensant pas plus de combustible.
Constatons la généralisation : du frei-'
nage sur les quatre roues, aujourd'hui
LA
I. Un calomnié
Il y avait une certaine rondeur dans
les déclarations de M. Loucheur au conseil
général du Nord ; cela revenait à dire
que, après tout,* la politique Poincaré-
Luno ayant " réussi, la politique Loucheur-
Hathenau ajTant échoué, peut-être valait-
il la peine de tenir l'une, pour la bonne
en desavouant la mauvaise sans abuser
des petits murmures qui sont permis à
l'amour-propre d'auteur,.
Les volte-face de M. Paul Bénazet, pré
sident du conseil général de l'Indre, ne
sont pas moins promptes que celles de
M. Loucheur, mais s'appliquent toujours
à sauver l'amour-propre. 11 importe très,
peu à M. Bénâzét de se couper et de se'
contredire en fait- L'important est pour
lui de maintenir qu'il n'a pas varié,: les
textes les plus nets échappés à sa plu
me, ses déclarations les plus précises
constatées à YOfficiel ne l'embarrassent
pas. Il maintient tout, dit le contraire et
accuse à grands cris ses contradicteurs de
mensonge et de calonmip^-w* ; -
IL Les vanteries d#M. Bénazet
C'est dans ces conditions, c'est avec ces
procédés que M; Bénazet s'est constitué
l'avocat du Parlement républicain en fait
dé préparation militaire. Les accusations
portées contre le Parlement sont étayées de
chiffres et de textes qu'a produits M. Béna
zet lui-même. On les lui cite, à cette place,
depuis plusieurs années. Peine perdue. Un
journal de l'Indre réimprime tranquille
ment le dogme invariable que M. Bénazet
impose à ses lecteurs depuis quatre ou cinq
ans :
a II faut en finir cil particulier avec
cette calomnie qui consiste à représenter
la Ghumbre comme ayant systématique
ment retlisc les crédits néccssaires' à la
fabrication du matériel- de e/iierre...
Cette proposition sera jugée audacieuse
par tous qwand nous -nouveaux lecteurs au
ront appris.ee que leurs anciens connais
sent à fond. Mais je dois tout, d'abord les;
avertir, s'ils rencontrent M. Bénazet et ses
amis, de ne pas laisser dévier le débat.
•M. Bénazet leur racontera des -histoires
dans lesquelles la vérité a une part, la fable
une autre part, sur le rôle des commissions
parlementaires poedant la guerre : il se
rait un peu fort que ces commissions, déli
bérant et agissant sous la pression de l'en
nemi, n'eussent rendu aucun service à la
défense nationale:! Il suffit de savoir que
leurs indiscrétions et leurs fuites failli
rent tout gâter, il suffit de se rappeler que
les deux périodes décisives de la guerre,
le commencement et la fin, appartiennent
aux deux dictatures de Joffre et de Cle
menceau. .
M. Bénazet racontera aussi ce qu'il a
fait, voulu ou prétendu faire avant la
guerre dans l'ombre des commissions, com
menta il y cloua des généraux d'artillerie;
et fit le futur généralissime 'quinaud. Il
en "dirait bien plus si nous avions la bonho
mie de le croire. Tenons-nous aux pièces
publiques, aux archives qui sont à la dis
position de tout le monde, aux collections
de lltfficiel, et notons que les vanteries
do M. Bénazet-remontent à 1913. Lés-alar
mes parlementaires de 1913, à deux ans
de l'alerte d'Agadir ne méritent aucun bre
vet de prévoyance: c'est de.1.900 à 1912 que
se marquèrent de façon tragique l'impuis
sance et l'incapacité des assemblées sur'
lesquelles Al. Paul Bénazet voudrait n'ous.
jeter "de la poudre aux yeux,
III. Le gouvernement parlementaire
et les crédits
Délimitons donc avec clarté le chariip du
débat et ne. permettons pas à M. Bénazet
de tourner profitablement tout autour. Il
ne s'agit pas de savoir si quelques éléments
parlementaires ont fait leur devoir pen
dant le carnage. 11 ne s'agit pas de savoir
non plus si, deux misérables années avmnt
la déclaration de guerre,-le Parlement s'est
enfin résigné à comprendre l'avertissement
que les royalistes ,et les nationalistes ne
cessaient,de donner depuis l'affaire Drey
fus. Ce que M. Bénazet appelle une calom
nie, ce qui est une véi-ité dont nous, n'avons
cessé d apporter la preuve, ce qu'il ne
peut nier, ce qu'il a affirmé et démontré
lui-même en des discours et des rapports
qui subsistent, c'est l'état de faiblesse cri
minelle dans lequel le gouvernement par
lementaire avait laissé tomber toute la
défense du pays, et les conditions de cette
défense, malgré les appels réitérés des ser
vices compétents, des autorités compéten
tes, des bureaux de la Guerre et des géné^
raux.
M.'Paul Bénazet veut nier cette vérité.
Avant de Ja nier, il.l'avait affirmée.
Pendant et après le massacre qui a dé
coulé de tant d'incurie, jl l'a niée pour
épargner à ses collègues le poids de res
ponsabilités homicides.
Il l'avait affirmée quand son esprit
était libre de cette préoccupation, de cet
intérêt de parti.
11 suffit de citer M. Bénazet.
IV. Aveux flagrants
Le 25 septembre 1919, à la tribune de
la Chambre, M. Bénazet s'était permis de
s'exprimer tomme l'autre jour, dans le
Journal du Département de l'Indre. 11 avait
dit :
« Il ne faut pas laisser supposer que le
« Parlement de la République n'a pas fait
« -tout son devoir; Avantla guerre, il a
« prévenu de ses inquiétudes les experts
«.militaires et a voté tout- ce. que les tech-
« niciens lui ont demandé. ( Vifs applau
di dissements à (/anche.) Voilà la vérité 1 »
Nous lui répondions-le: lendemain : voilà
le mensonge, et le lui démontrions sur-
le-champ, sans prendre d'autres témoins
que M. Bénazet lui-même.
Nous avîons - rouvert l'Officiel, à
la date dii 16 juillet 1914. On y lit :
« M. A ndré Lefèvrk. — ,,Jl est assez
surprenant que les ingénieurs n'aient pas
construit, car enfin leur tournure d'esprit
est de construire... La tendance des mili
taires c'-est de s'armer, et s'iis ne Font pas
fait, messieurs, la raison en est très sim
ple : c'est qu'on n'a pas mis à leur dispo
sition les sommes nécessaires pour le faire.
lurette:*...
Lés trois derniers Salons ont vu l'appa-
: ritio'tr de la 10 II P pratique, du cyclecar/
amusant, de la 5 H P utile, cette année,
?e ! 18" Salon sera, croyons-nous l'apothéose
de la petite voiture puissante et conforla-
ble. — J: Le B. ,
Je les ài la. »
« M. B IÎNAZET.; .
EXACT.»
CEST ABSOLUMENT
ont dépense 4.700-millions 'et nous dépen
sions, nous, 2.751 millions dans l'inter
valle.
« IL N'EST PAS PERMIS DE DIRE, IL
N'EST PAS POSSIBLE DE LAISSER DIRE
QUE C'EST LA FAUTE DE QUELQUES.
FONCTIONNAIRES...
« ...La vérité est que le Pays, dans son
ensemble, il faut le dire courageusement,
-n'a-pas depuis quinze ans, parce'qu'il n'a
pas cru à la nécessité de le faire, consenti
un sacrifice nécessaire. » .
Ce « pays », c'est le pays politique, le
pays légal,"le syndicat de ses ayants droit
parlementaires "qui "menaient la France à
la boucherie. ' - ■
: M. Bénazet n'a pas.contredit-ces paroles
non plus que les précédentes. 11 trouvait
« absolument exact » d'exonérer les mili
taires, de reconnaître la responsabilité des
parlementaires.
En effet, comment eût-il contredit cette
thèse..? C'était celle qu'il avait soutenue
la - même année, quelques mois aupara-,
vant,.devant la Chambre précédente. Avant
Lefèvre, il avait soutenu lui-même que
notre faiblesse s'expliquait-du fait qu'on
« n'avait pas mis les sommes nécessaires »
à la disposition des militaires, spécialistes
de la construction et des armements, M.
Bénazet avait apporté à l'appui de cette
opinion, quantité de faits et de chiffres
qu'il faut recueillir. Je copie l'Officiel '.
M. P aul B enazet, rapporteur de ia com."
mission nu budget. — Les dépenses ex
traordinaires réelles de la guerres tom
bent de 137 millions en 1906 à 92 millions
en. 1907, puis à 60 millions en 1908, à 60
millions en 1009.
« Pendant ces-trois années qui auraient
dû être si précieuses, si profitables pour
nous, VAllemagne, loin de nous■ imiter,
dans nos réductions, comme elle l'avaii
fait, jusqu'à un certain point, après avoir,
en 1906^ dépensé à peu prés autant que
nous, 159 millions contre 138 millions, dé
pense, en 1907. 193 millions contre 92 mil
lions, en 1908, 241 .millions contre 60-mil
lions, en 1909. 215 millions contre 66 mil-
liôns. C'est seulement en 1910 que les deux
courbes se rapprochent. Toutefois l'effort
a été suffisant de. l'autre côté dit Rhin.
Dans ces trois années, l'Allemagne em
ploya 431 millions de plus que nous po:ir
accroître son matériel. »
Commentant ce texte,, il y a quatre ans,
nous disions : « D'où vient ce mal. Du
Parlement ? M; Bénazet, l'exonère complè
tement, mais, ccftnmcn on verra, en paroles
et en apparence. Alors, les services techni
ques ? M. Bénazet démontre que la faute
n'est pas à eux. Les gouvernements succès-;
sifs alors ? M. Bénazet, le Bénazet de 1914',
avoue ces . responsabilités des gouverne
ments ; mais, par le plus inévitable des
ricochets, il met en cause le Parlement
dont ils ont été l'expression et l'émanation
très fidèles :
M. piiil B enazet, rapporteur. — Pour
découvrir les causes du regrettable arrêt
que j'ai signalé il est peut-être nécessaire
de faire, année par année, la différence
entre les crédits réclamés par les Services,
ceux qui ont été approuvés par le minis
tre de la Guerre et finalement ceux qui ont
été inscrits au projet de budget après en
tente apec le ministre de la Guerre et le
ministre des Finances, puis votés par le
Parlement. »
(Comprenons bien : les Services deman
dent. le ministre approuve ou repousse,
réussit ou non à faire agréer les deman-,
des par ses collègues).
M. P avi » B enazet, rapporteur. —• Pour
Tannéë 1902, le projet de budget fut dres
sé le 29 mars 11)01, le chiffre demandé par
les Services dépassait 98 millions ; le nou
veau ministre de la Guerre proposait de
réduire cette somme de 38 millions, et, à-
son tour, le ministre des Finances deman
da une nouvelle réduction de 12- millions..
De 1903 à 1905 les sommes demandées par
les services deviennent beaucoup plus fai
lles, parce que les directeurs des services
ont reçu des ordres de réduire au mini
mum leurs prévisions.
M. P aul B enazet, rapporteur. — C'est
ainsi que les propositions des services pour
lés budgets de 1902 et de 1903 tombent
de 98 millions à 51 millions. Pour ceux de
1904 et de 1905, nouvelle chute de 61 à
45 millions. Cependant, enireAes proposi
tions des services et celles du gouverne
ment on constate encore une énorme dif-,
férence. -—;
« M essieurs, c'est donc une légende
que d'affirmer que les services de la
G uerre ne prévoient pas. »
Nous répétons que le rapporteur Paul
Bénazet qui a combattu cette légende en
1914 est le même qui la relance en 1919.
La suite de sou rapport de 1914 permet
de mettre un nom propre sur la figure du
ministre des Finances responsable de
notre impréparation de quinze ans :
« En résumé, en 1902, les services de la
guerre demandaient 98:500.000 francs et
on leur accordait 49 millions ; en 1903, ils
ne demandaient plus que 59 millions et on ;
ne leur accordait que 36 millions ; en 1904, ;
ils demandaient 61 millions, on ne leur ac
cordait qiie 30 millions ; en 1906, ils de
mandaient 44 millions, on ne. leur ac
cordait que 21 millions. De 1905 à 1907,
je l'ai dit, plus de 230 millions sont dépen
sés hors budget et sur l'initiative de M.
Cockery, président de la commission du
budqeti et de M. Klotz, rapporteur. Mais
sur 'le budget de 1908, établi en 1907, une
réduction considérable était de nouveau
imposée. Les services de la guerre récla
ment 88 millions, on ne leur en accorde
que 57. Au mois de mai 1908, pour le bud
get 1909, ils demandent 98 millions, on ne
duits à 86 millions. » "
M. E rnest F laxdin. -— Encore M. Ca.il'
taux. '
M. P aul B enazet, rapporteur. — A à
mois de février 1909, pour U budget de
1910, au lieu de 81 millions demandés, on
n'en accorde 'j>ie £d^ et au mois de juin
1910, les 113 millions demandés sont ré-
duitu « 83 millions.
Assurément, ces aveux de> M. Bénazet
sont incomplets. 11 faut les éclaircir par
ceux dc M;; ^lessimy à la même époque.
Le ministré-îde la GueiTê' dé juillft 1914
ne' se contentait pas d'avouer q.uèpîe gou-
lui-même avait à son tour rogné sur les
chiffres des demandes gouvernementales.
Tous nos lecteurs ont ces chiffres dans la
mémoire.
y. L'aplomb dé M. Bénazet
M. Bénazet, toujours hardi et catégori
que essaya de contester les certitudes qu'il
avait signées -de son nom. II nous écrivit
une première • fois,-pour- protester contre
le rappel de son interruption du 15 juil
let 1914 " " ; ;
« En rentrant aujourd'hui â Paris, je
lis dans l'Action française un article signé
de vous intitulé M". Bénazet ne dit pas
la vérité ».
« La vérité !... En toutes circonstances
je l'ai dite — sans craindre personne !...
Toujours, j'ai eu le souci de la connaître
et de la respecter. Aussi ne puis-je laisser
passer un semblable titre... . . .
« Vous jouez sur les mots. J'ai pronon
cé ou publié nombre de discours et de
rapports, en 1913 et en 1914. Ils avaient
-comme objet de dénoncer l'imminence du
danger de guerre et l'urgence de prendre
les mesures-indispensables pour y faire
face ; ^cependant, vous vous emparez d'une
courte interruption, découverte à l'Offi
ciel, et dontj je le confesse^ je n'ai-gardé
nul . souvenir. - . : ■«•£-
« II s'agit de quatre mots seulement I..."
Mon collègue et ami, André Lefèvre, décla
rait : « Ôn- n'a' pas mis à la disposition
des militaires les sommes nécessaires pour
s'armer ». J'ai répondu : .« C'est absolu
ment exact ».
« Je pensais — à coup sûr =-* à un mi
nistre qui vécut de 1906 à 1910. »
Les citations de son rapport de mars
1914 montre qu'il ne visait pas seulement le
cabinet Cl^nenceau (qu'il fait durer de
1906 à 1910, bien que le ministère du Tigre
-soit tombé à l'été 1909) : il visait tous les
ministères depuis 1903. La lecturé du dis
cours Lefèvre .que M. Bénazet appuie, éta
blit que son interruption ne se bornait à
approuver André Lefevre en termes si var
gues ! Comme dans son rapport M. Bénar
zet y traitait explicitement de « légende »
la thèse intéressée qu'il soutient à présent.
M. Bénazet me récrivait :
« Je prends connaissance avec surprise
(pas possible !) du post-scriptiun de votre
article de ce matin.
« J'ai lu, en ffet, les citations gué vous
avec reproduites d'un de mes rapports
dont je ne retire pas tui mot, car la vé
rité est toujours la vérité.
« Rien de ce que contient ce travail
n'est infirmé par la réponse que je vous ai
adressée avant-hier. ».
M. Bénazet écrit noir; il récrit blanc et
conclut : c'est la même chose. Une fois
de plus, je conseille aux patriotes de l'In->
dre de recueillir précieusement tous Jes>
feuillets de ce débat et de les distribuer
aux bons électeurs. On pourrait y joindre
le texte de l'article publié dans le Matin
du 18 juillet 1914 dans lequel M. Bénazet
écrivait ;
« Aussi, quoi que l'on puisse prétendre,
l'explication de notre insnffsanle prépara
tion matérielle réside évidemment pour
la plus grande part, dans la compression
des crédits consacrés à la défense natio
nale.— « Alors que, depuis 1906, les Alle
mands dépensaient 1.400 millions, pour
leurs armements, disait fort justement l'au
tre jour M. André Lefèvre, nous ne dépen
sions, nous, que 700 millions. Par consé
quent, s'il ya avait une surprise à avoir,
ce ne serait pas que nous ne puissions pas
posséder un huitériel de ■: guerre moins
perfectionné : ce serait que nous fussions
aussi bien munis en ayant dépensé
.moins ! »
...« Rogner sur les crédits de la défense
nationale, pour équilibrer uri budget, ç.st
un expédient facile. Pendant ph'm'enfcî an
nées, il fut constamment adopté de ce-côté-.,
ci) des Vosges, sans se demander si un jour
prochain ne viendrait pas, où il faudrait-
combler en toute hâte, par des emprunts'
ou. autrement, l'.abime: qu'on laissait im
prudemment se creuser.
« Car pendant que nous réduisons nos
dépenses, l'Allemagne augmentait les sien
nes. Pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à
jeter-les yeux sur les graphiques qui font-
éloquemment ressortir, depuis 1900, les ef
forts respectifs des deux nations. Ils sont,
pour ainsi dire, l'expression tangible de,
nôtre erreur. »
Ici un beau graphique dont je ne puis
offrir la reproduction, et pour cause. Nous
l'avons publié le 7 octobre 1919. M. Béna
zet continue :
« Chez nous, deux 'ondes . successives,
deux courbes descendantes, hélas L'une,
qui, brusquement, est interrompue par le;
cqup de théâtre de Tanger.
« Puis, pendant deux ans, c'est une flè
che. Les ministres Berteaux et Etienne
sont obligés, avec l'approbation de la com
mission du budget, de dépenser plus de:
200 millions, hors budget, pour précipi
tamment nous réapprovisionner.
« Cet -.avertisserhent si cruefaurait dû
nous servir ; cependant, de 1906 « 1909,;
c'est de notre part, une nouvelle chute, à
laquelle correspond, du côté allemand, une
forte ondulation en sens contraire.
« Les dépenses extraordinaires réelles
de la guerre tombent chez nous de 137
millions en "1906 « .92 en 1907, puis seule
ment à €0 en 1908 et à 66 en 1909.
.« Ce n'est qu'en 1910 qu'elles se reÙ-
vent: à 95 .'•millions.: Pendant ce temps, pen
dant ces trois années^ l'Allemagne, loin de
nous imiter dans nos réductions, dépensa :
En 190? l ? 1&3 millions, contre 92 de ,j»Dti*(S"côté :
En 190Sfc.24t»._ — — 60 !-». V.'
En 1909 215
—r - 66
« Au total, 431 millions de plus que
nous. Avec cette sohune, nous aurions pu,
tout comme elle et en même, temps qu'elle,
construira un matériel moderne d'artillerie
towdQ : analogue à celui qui établit* sa: su
périorité présente !...
Si l'opposition comprend son rôle dans
la prochaine campagne électorale, elle use
ra largement de ces jaits, de ces piè
ces, de ces aveux, irréfutables au fond
desquels on entend crier le sang de lios
morts. Les responsables, les coupables, doi
vent être mis à genoux et forcés de se
frapper la poitrine.
« On s'a trompé », disait dp son plein
gré le député socialiste de Lille Henri
Ghesquière, mort pendant l'occupation
après: avoir été otage. « Oh s'a trompé s>
sur l'essentiel de la politique nationale et
militaire de la France : le, partit qui « s'a
trompé » dans des. pondions pareilles et
sur un tel sujet mérite'Tl'étre débouté de
toute prétention au gouvernement du pays.
CBABLE9 31J CUBA»
VERS LA DICTATURE ALLEMANDE
LA CRISE GOUVERNEMENTALE
, Lè premier cabinet Stresemann a démis-
sionn-e. Le second cabinet Stresemann se
préparé, L opération aura permis d'éva-
cuer sans fracas les socialistes et d'ouvrir
la porte aux nationaux. M. Stresemann'
reste en selle, mais son lassiettc se désaxe
vers la droite.
Le correspondant du Daihj ChfMîclè
(4 octobre) estime que la crise sera régléfl
. vingt-quatre heures, que le nouveau
cabinet ne sera pas un cabinet de coali
tion, mais un cabinet « d'hommes rompus
aux affaires, nullement assujettis aux nar-
tis ». . 1
' Le correspondant da Daily Chronicté
ajoute :
, " -Vraisemblablement, tin tel gouvernement
n a pas de grande chance de se maintenir long- :
temps au pouvoir dans de telles circonstances,
saut si M., Stresemann adopte à l'égard du
Iloichstag la méthode de Mussolini et atfit en
dictateur, a °
.On apprend justement que M. Stresemann'
vient de déclarer aux chefs de l'ancienne
coalition* que si aucun règlement n'était
interyennJe jeudi 4 octobre au plus tard,
le lieichstag serait dissous et le gouver
nement, assumerait des pouvoirs dictato
riaux jusqu'à la réunion du nouveau Reich-;
stag. -
L'attitude des nationalistes
; Par ,ou . lc l'Allemagne, d'ailleurs, Tes'
reactionnaires et les monarchistes s'aai-
tent.
Le Service parlementaire socialiste con.
firmait, le 3 au soir, que la campagne na
tionaliste était appuyée de préparatifs très
étendus pour un coup d'Etat qui était pn-'
jeté pour un jour prochain, et dont le but
était de' cerner Berlin et d'instituer une
dictature militaire, après avoir renversé
le gouvernement.
Mêriies nouvelles, de Bavière, où Hitler et
von Kahr s'entendent pour « contrecar-
rfiï--»T-soi-disant les ordres de Berlin. Le
représentant du Reich à Munich, en réa
lité, semble de connivence avec le dic 1 *--
teur : il s'est contenté de lui transmettre
l'ordre de. Berlin d'occuper militairement
l'imprimerie du journal de Hitler, inter
dit. Hier, ce journal proclamait que M.
von Kahr lui avait fait savoir qu'il n'exé-,
enterait pas la consigne « antiallemiande )■;
reçue de Berlin* Enfin, le journal officieux
du parti populaire bavarois donne à enten
dre que si Berlin, « sous la pression des
socialistes, veut attenter en quoi que ce
soit aux libertés de la Bavière, I-Iitler et
von Kalir .se réconcilieraient aussitôt ».
Celte réconciliation des frères ennemis
est sans doute chose faite depuis long
temps ; et aussi celle de M. Stresemann,
troisième compère.
En face de cette poussée natiomlisle,
la résistance de gauche et du centre est
inefficace, ou insincère ; quelques fan
faronnades, beaucoup d'inquietudè, et c'est
tout...
Sur le Rhiif
Cependant, dans les territoires ocêtipés,
le travail reprend peu à peu. Les Alle
mands commencent à rallumer les crke-
ries •; de nombreux directeurs de mine ;,
notamment le propre directeur des mines
fiscales de l'Etat prussien, se sont mis
en relation avec les ingénieurs de notre
mission de contrôle, pour préparer la re
prise du travail. La résistance passive
meurt, et l'on en connaît déjà, le bilan :
le Telegrapli Union affirme'qu'elle a coûté
à l'Allemagne 25 milliards de marks-or.
INCOHÉRENCE RÉPUBLICAINE
M. Pams fait l 'éloge de Marty
;; M. roincaré est-il pris dans l'engrenage ?
Après avoir libéré Mart-y. pour en -avoir fi
ni avec le chantage révolutionnaire,' Je
voilà qui ouvre au traître la tribune des
Conseils généraux. Marty a siégé au Con
seil général des Pyrénécs-Oriental-es, sous
la présidence de M. Pams, ancien minis
tre de Clemenceau. Le préfet n'a pu s'op
poser à ce scandale : ordre du gouver
nement...
Voici "boniment Y Humanité raconte cet
te scène pitoyable :
Notre camarade, dit l'organe de Moscou, fit
son entrée entouré des membres de.la sediosi
communiste de Perpignan et c'est au milieu
d'un profond silence qu'il gagna sa place
11 voix sur 17 votants clohnèrcnt la présidence
à M. Pams. André Ma^-ty, comme protestation,
avait voté pour Midol et donné sa voix à
Goldsk'y, Jeanne Morand, Cottin et- Gaston
Rolland, pour le bureau.
Aussitôt après; M. Pams très gêné par la-
présence de notre camarade, prononça son
discours inaugural en s'empetraiit dans les
contradictions'les plus cocasses :
■ Le malaise qui pesait dé.jà lourdement sur
l'assemblée politicienne, . redoubla lorsciuê
s'éleva la voix d'André Marty : « Je demande
la parole » et qu'il se fut dressé, tout droit,
devant les conseillers généraux et le préfet.
Discours outrancier, style Moscou...
Les politiciens. baissant le nez dans leurs
•pupitres n'osaient élever la voix. Enfin;'le pré
fet ayant posé la question préalable, M. Pams
s'empressa de renvoyer ces vœux, pour exa
men, à la commission... '
Nos renseignements nous permettent de
préciser, ; M. Pains, .tineien ministre de
Clemenceau; a multiplié les aménités à-
l'adresse de Marty. Un correspondant nous
éefit
M. ,Pams, président, prononce lin discours
amphibie : « Je suis oiseau, voyez mes ailes ;
je' suis souris, vivent les • rats... » M. P-ams
rappelle less vœux du Conseil général pour
l'amnistie ; il dit sa sympathie pour Marty, à
qui il est. heureux (!)■'.de rappeler de tels sou
venirs puis il se mue en patriote, .il se rap
pelle, après 3 ans d'oubli, qu'il faut ministre
de Clemenceau;.. . • -
Martjr-remercie -lé Conseil général et propose
des vœuxjKSur l'amnistie générale, la sup
pression des: conseils de guerre et la peine
des travaux publics; le rapatriement des corps
des mutins de Sébastopol: D'accord avec les
soviets, il termine eu souhaitant la suppres
sion des biens par les travailleurs de. lj»us
les pays U !j
Dans ces conditions on trouvera plu-'
lot indulgente la note suivante, parue'dans
l'Echo national : .
Que M. Pains, ancien ministre de l'Intérieur
du cabinet Clcinenceuu, n'ait soufflé mot, voilà
qui passe l'imagination ,ét qui donne nue-Aère-
idée-dus courage civique de certains hommes
dits, poli-tiques. v '
•Mi Pams,a donné une belle image de
l'âme radicale d'âprès guerre : contrainte
par -les-'événements à ' a ,vôlér au 1 secours
de là victoire » ~d6- M. Poincaré,. elle: gar--
- de ses sympathies profondes èt durables
aux-traîtres d'hier et d&'jdçntàin,- -
EDITION
SÊIZIEMK XNNEE ^ K» 5T«
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VENDREDI 5 OCTOBRE 192?.
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E tranger ..^......'. .82» 42, 22. i
FONDATEUR
Henri VAUGEOlS
ti Tout ce qui est national est nôtre, n
Le Duc d'ORLÉANS
Tif rîtîer des quarante Rois quî en mille ans firent la FranGe.
RÎOACTl ON £7 ADMINISTRATION: M.rve de Borne. PARIS8®
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Iaprès dix heures du soir : Central 5*1-07)
DIRECTEURS POLITIQUES t. LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS «..REDACTEUR EN CHEF MAURICE PUJO |
UN P ROBLÈME VITAL POUR LES kU ÉS :
-f s ^ * , t _ , - ' *- ' " *
«Ta.question se pose de savoir si, om
ou aofl, ifs vont saisir la chance inespérée, la
dernière peut=être, de donner la paix au
monde eu consentant que la Prusse soit
ramenée par les Allemands eux=mêmes à ses
limites naturelles et à son existence mo*
(fesfo S . &àv : r- •• •- ' H;
LE PROVINCIAL du « Temps »;
mmmemtm
LA^ÏSPARfriON D'UN VRAI JOURNALISTE
- ' J - ~ , - '
KL Ëreroy»Fôurnier
La, ïnort d'Herii'y Leroy-Fournier
*- que tous aimaient dans notre mai-
. ion — aura été ressentie cruellement
. pai* ses confrères de la presse tout
; entière et sans distinction d'opinion.
Kotre collaborateur et ami était, en
effet,:.de ceux qui attirent et retien
nent'la sympathie par leur loyauté,
la franchise de leur caractère, leur
conscience professionnelle. Clément
[Vautël, dans une chronique fort juste,
'demandait récemment la fondation
d'uniprix annuel, décerné à un véri-
talîle journaliste ; il partait de là pour
expliquer, en quelques mois, au pu
blic qui l'ignore, ce qu'est cet absor
bant métier de l'article ou filet quo-
tidieBi Ce prix, notre Leroy l'aurait
mérité presque chaque année, et je
connais de nombreux comptes rendus
de lui, offrant le tableau complet
d'une"' 1 séance de la Chambre, ou
'd'une situation politique, qui sont des
modèles accomplis de pénétration et
d'expression.
, J'avais connu Leroy, comme notre
cher secrétaire de rédaction le com
mandant Biot, à la Libre Parole, où
■ iFétaif!' entré peu après la fondation.
Drumont l'aimait et l'estimait gran
dement. Il ne lui ménageait pas ses»
conseils et enseig' ï ements familiers
qu'il'accompagnait d'un «ces gens-
là^ voyez-vous, mon ami », faisant
allusion aux lecteurs qu'il importe de
nourrir de faits précis et non de ca
lembredaines. Il lui recommandait,
comme à tous, de lire Choses vues,
de Victor Hugo, afm «le s'habituer à
"décrire-et à peindre. Sur le coup de
cinq Iîéures et demie, Drumont, que
son.frdèle Jean a ; ;ait amené boule
vard Montmartre, à son journal, dans
auioï étonnante guimbarde de tournée
épiscopale, biivait l'apéritif avec son
monde; et la causerie prepait un tour
cordial' et charmant. On ne prend
pî»s l'apéritif, Dieu merci ! — car
c'est toujours un fameux poison —
mais.la-familiarité subsiste, au moins
■ darrs les journaux politiques. Vous
dirais-je, d'ailleurs, sans vouloir
chagriner nos mastodontes de presse,
•— que je ne crois pas au journal de
grande informatioiiv La « grande in
formation » est un bobard, corres
pondant aux enquêtes d'il y. a dix
ans et aux « interviews » d'il y , a
trente-ans. Il y a ries nouvelles, plus
oit moins déformées, et qui sont dis
tribuées- par les mêmes agences à
tous; les., journaux, I! y a des envoyés
spéciaux — un Edouard Ilelsey, un
André-Tudesq, un colonel Reboul, un
Georges Rémond, etc. —: qui écrivent
des pages pleines de relief et de cou
leur* sur tel ou tel sujet. Mais la
grrrande information n'existe pas.
C'est un mythe et un conte bleu.
Nous riions de ce-> choses, et de
beaucoup d'autres, Leroy et moi,
quand il nous arri vait de tailler une
bavette, au journal, à la Chambre ou,
avant, la guerre, à l'imprimerie. Car
Je suis atteint — ceci en confidence
rr- d'une maladie du sommeil, qui
m'incite à me coucher de très bonne
heure et à délaisser toute besogne à
partir de huit lieures du soir. C'est
gênant pour Trochu, Desgrées du
Porc et autres « mondains » et « stu
péfiants », attelés à rétablissement
de mes dossiers et :i la constatation
de mes stupres. Mais je ne puis tout
de même pas clfav.ger mes habitudes
pour leur plaire. Quand arrivait la
belle saison, Leroy arborait son cha
peau canotier, .dans le même temps
que je revêtais mon « ignoble com
plet marron », et, dès le samedi soir,
courait pêcher à la ligue vers André-
sy, où ii prétendait qu'abonde le pois
son, auprès d'un petit vin fameux
pour la matelote. Celte-hypothétique
matelote constituait, entre nous, un
sujet de plaisanterie facile, que nous
n'avions pas usé en vingt ans. Ma
gastronomie a deivx ti ous : la mate
lote- confectionnée par Leroy, le ca-
tigot'd'anguilles q'ie më proineitâ'ent
jadis annuellement moiv'père et Mis
tral, .grands amateurs-de ce plat fa
meux. Hélas ! je dois en lni^e mon
deuil 4 .
- Nos lecteurs n'oublieront pas de
sitôt los comptes rendus jjarlemen-
t'aires^de Leroy, si pkins de verve et
de bon- sens. Tous nos confrères
(lavent .la difficulté qu'il y a - à dé
crire"", les incidents, comiques ou mo
roses; -d'une grande séance— voire
d'une 1 petite séance — et à discerner
et pèiftdre les jmouvements et les per
sonnes "de l'assemblée. La grande
•force de Leroy était ;dans l'assiduité
et aussi dans son érudition parlemen
taire, àitssi.drue et pittoresque que
son Audition Journalistique, Il était
imbattable quant ail curriciilum vitse
de tel ou tcl ; type obscur de gauche
ou du centré, qu'il surveillait de là-
ïiaut, de-la turbulente tribune des
journalistes, 'depuis vingt âns ét da
vantage. Peu accessible aux bourdes
qui circulent dans la salle des Pas-
Perdus, il les recueillait cependant et
s'efforçait de trier là-dedans quelques,
parcelïes de réalité. C'est un de mes
étonnements que le . peu de commu
nication qui s'établit entre les dépu
tés — j'entends ceux qui mènent le
jeu r-r et les journalistes présents.
On pense bien que je taquinais là-
dessus notre bon Leroy tant que je
pouvais ; à quoi il répliquait, en
riant, que les députés ignorent tout
des besoins et combinaisons des jour
nalistes parlementaires. Quand un
de. ses confrères, dans ces pietites,
boîtes surchauffées, traitait, co mm e
du briand pourri, le réactionnaire et
royaliste que je suis et me criait :
«Veau, vache, cochon, couvée», ain
si que dans la fable, mon Leroy se
fâchait et répliquait de verte langue.
Je voyais, de mon banc, avec atten
drissement, sa bonne figure ronde,
demeurant réjouie et sympathique
jusque dans le mécontentement. Car
la sincérité était son fait, et il ne dé
binait pas en arrière ceux à qui il
faisait bonne mine en avant.
Il possédait, sur le personnel poli--
tique, un fonds d'anecdotes et de ren-î
seignements inépuisable, qu'il plaçait;
avec infiniment d'esprit. Formé par
la Libre Parole et à l'empreinte du
nationalisme antisémitique d'alors, il
s'était mis résolument à l'école de
Maurràs, qui l'aidait à comprendre
comment et pourquoi la Patrie Fran
çaise avait.échoué.
Lorsque vivait encore le comman
dant Biot, nous évoquions ensemble
ces temps décevants, les maladresses
de tactique commises et qui tenaient ■
à la divergence fondamentale des
chefs. Au fond, et quand , on envi
sage ces choses avec le recul néces
saire, il n'y avait guère d'affinités
entre Lemaître et Drumont, ni entre
Lemaître et Rochefort, ni même en
tre Rocliefort et Coppée. Que de fois
ai-je servi de tampon, juste ciel ! en
tre celui-ci et celui-là ! Avec une for
mule d'attaque plus tranchante,
moins vague, précédant une doctrine
définie, on devait vaincre l'horrible
conglomérat (de gauche et de boche)
du waldeckisme et du combisme.
Leroy savait cela comme moi et il
en convenait silencieusement, après
une petite houle~de ses fortes épau
les qui signifiait : « Que voulez-vous !
C'était écrit ». J'avoue que je ne me
sens pas «Arabe» et que je pense
que les choses s'écrivent ici-bas à
mesure, avec de la volonté et de la
continuité. Tout cela se verra au
bout...
Leroy ne sera pas là le jour du suc
cès décisif. Mais, par son talent et
son labeur, il aura contribué à ce
succès,'" et parmi nous, parmi tous ses
amis et camarades, son souvenir ne
passera pas.
fjJSOS DAUDET.
y; , Député de Paris.
ECHOS
La Sociale.
A la 7 e chambre de la Cour d'appel, au
début l'audience,' on appelle les affaires
inscrites au rôle. Le président donne lecture
■du lu lettre d'un avocat, qui demande une
remise, parce qu'il est obligé de s'occuper de
ses propriétés, dans le Midi. Cet avocat est
M' André Bcrthon, député communiste de
Paris.
Qu'en pensent les citoyens Lapoire et Crâ-
liebourré, électeurs de M c Andi-4 Berthon ?
Aimez-vous, lorsque vient l'automne
Et que le soir est bleu de brume.
Voir la vitrine qu'on allume
Jeter un éclair tout à coup ? "
C'est d'abord une, puis beaucoup,
Et bientôt c'est la ville entière
Qui semble vêtue de lumière
Avec des Mazda pour couronne.
. ""i . » i. i « ~ -,
Vti speetaèle
bien agréable
. , ^ ■-*
"Le spectacle que donne l'Allemagne
n'est même plus pitoyable, il est bur
lesque. .
Il est infiniment doux 'pour des.
Français comme il doit être infini
ment amer pour des Allemands de
se souvenir de ce que VAllemagne
étaient encore en 191b lorsqu'on pou
vait la définir a une machine bien
montée ». Ce serait le moment, pour
passer une heure agréable et se faire
line pinte de bon sang, de relire la
fameuse enquête de Jules HureL
Tout marchait dans cet Empire
comme dans une horloge. La défaite
et la révolution ont passé par là.
L'horloge est bien cassée. L'Alle
magne de 1923 ressemble plus à celle
du grand interrègne qu'à celle de
Guillaume II dont l'image reste tra-
cée^par les livres de Jules Huret.
Ces gares géantes, ces postes mo
dèles, 'ces canalisations scientifiques,
cette hygiène parfaite des grandes
villes allemandes, tout ce pompeux
appareil de l' « organisation », les
municipalités n'ont plus l'argent qu'il
faudrait pour d'entretenir. L'Alle
magne a un train de maison infini
ment supérieur à ses ressources, c*e
qui finit toujours très mal. Par sur
croît, ces monuments démesurés, ces
installations excessives et d'un entre
tien trop coûteux pour un pays ou
l'unité monétaire commence au mil
liard ou au trillion, sont les témoins
ou le théâtre de la pire anarchie poli
tique, celle qui agit dans le cadre
d'une civilisation compliquée.
« Rendez le monde sur pour la dé
mocratie », disait le président Wil-
son. Il ne l'est pas partout, parce qu'il
y a déjà eu contre la décomposition
démocratique des réactions assez sé
vères. Mais la démocratie ravage l'Al
lemagne avec une sorte de prédilec
tion parce que cette Allemagne bis-
marcldenne était une construction
plus, artificielle qu'une autre.
L'élément comique lui-même ne
manque pas. La Bavière veut con
quérir l'Allemagne et la ramener aux
bonnes idées. Quand on se rappelle
le rôle qu'ont joué les Bavarois dans
l'histoire allemande, c'est une facé
tie. Il faudrait d'ailleurs qu'on fût
d'accord, à Munich, pour marcher
sur Berlin. Von Kahr travaillé pour
Rupprecht de Wittelsbach, Luden-
dorff et Hitler pour l'héritier des
Hohenzollern. La réaction elle-même
n'est pas «organisée ».
Un tel spectacle nous venge — et
nous instruit. Qu'en pense l'ex-chan
celier prince de Biilow dans sa re
traite ? Voilà pour un journaliste
agile, pour un nouveau Jules Huret,
une opinion à recueillir, un homme
qu'on aimerait entendre parler. Que
pense le prince de Biilow du spec
tacle de dissolution qu'offre son pays,
de « l'Etat de mosaïque disjointe »,
comme il disait autrefois en parlant
de l'Allemagne prébismarckienne, à
laquelle le Reich est en train de re
tourner ? On objecte, il est vrai, doc
tement : « Si le lien politique se re
lâche, le lien économique reste fort.
Il y a le Zollverein par lequel l'unité
allemande a commencé, et l'unité
tiendra tant que durera l'union doua
nière ». Mais le Zollverein lui-même
est-itsi solide dans une Allemagne où
tant dé choses, à commencer par
l'économie nationale, sont minées ?
Nous y verrons peut-être encore des
choses plus surprenantes que celles
que nous avons déjà vues. De plus
agréables même. Mais celles-ci suf
fisent déjà a notre agrément. — J. B.
L'INAUGURATION DU SALON
DE L'AUTOMOBILE
LA PROMOTION PASTEUR
La promotion Pasteur vient de paraître
à, l'Officiel, elle comprend notamment :
Gvaiul officier. — MM. d'Arsonval, Mo li
re u et Leclainehe, membres de l'Institut.
Commandeur. — MM. Lacroix, secré
taire perpétuel de ^Académie des scien
ces î Barrois, Bouvier, Branly, nveniDres
de l'Institut ; de-Fleury, membre de l'Aca-
démie de médecine, etc. r .
. Vient ensuite une longue liste d'offi
ciers et de chevaliers, parmi lesquels, nous
relcvôns les noms de M. Sacha Guitry,, r.u-
teur. de Pasteur, et de nos confrères Chas-
sai"ne et Danzats.
EN QUELQUES LIGNES :
'— Le meutrier du drame qui s'est déroulé
avenue Daumesnil, devant l'hôtel de la Porte
dorée, est arrêté. C'est un nommé Arthur Tri-
bois, que les policiers ont'arrêté à son domi
cile. ,
— Les ministres se sont réunis hier à l'Ely
sée, de dix heures à midi. AI. Poincaié a mis
ses collègues au: courant de la situation exté
rieure. il. Dior a rendu compte de son voyage
■au iSanetnavlt. M. Maginot a soumis ù la signa
ture présidentielle là nomination du général
de. division Boieliut au commandement du
19* corps d'armée, en remplacement du ^giné-
ral Paulinier. ' '
Le 18' Salon de l'Automobile a ouvert
ses portes hier matin. Comme t un conseil
de cabinet retenait tous les ministres à
l'Elysée, la course traditionnelle et offi
cielle autour des slan'ds avait été suppri
mée. Il n'y eut donc pas d'inauguration
proprement dite. L'impression généra
le. qui ressort d'une rapide visite à tra
vers 'es stands est une impression de
?uxCï La petite voiture utilitaire, si modes
te soit-elle, vous a grand air,, quand-on
se rappelle son apparition, il y a deux ans ;
trois au plus. On sent l'effort accompli
pour rendre, cet engin aussi confor
table que pralique.' Nous n'en dirons pas
autant des gresses. voitures. Il semble que
les\çaîTOSsiers aient trop sacrifié du con
fortable pour . obtenir une ligne impecca
ble. .'...'".■■■
•Côté moteurs, on ne constate pas de
différences trop sensibles. Tous les cons
tructeurs se sont contentés, semble-t-il,
d'améliorer rendement de leurs engins
par une augmentation des compressions
< j t une élévation des « régimes, angulaires x>
et cela afin de gagner de la puissance, tout
en ne dépensant pas plus de combustible.
Constatons la généralisation : du frei-'
nage sur les quatre roues, aujourd'hui
LA
I. Un calomnié
Il y avait une certaine rondeur dans
les déclarations de M. Loucheur au conseil
général du Nord ; cela revenait à dire
que, après tout,* la politique Poincaré-
Luno ayant " réussi, la politique Loucheur-
Hathenau ajTant échoué, peut-être valait-
il la peine de tenir l'une, pour la bonne
en desavouant la mauvaise sans abuser
des petits murmures qui sont permis à
l'amour-propre d'auteur,.
Les volte-face de M. Paul Bénazet, pré
sident du conseil général de l'Indre, ne
sont pas moins promptes que celles de
M. Loucheur, mais s'appliquent toujours
à sauver l'amour-propre. 11 importe très,
peu à M. Bénâzét de se couper et de se'
contredire en fait- L'important est pour
lui de maintenir qu'il n'a pas varié,: les
textes les plus nets échappés à sa plu
me, ses déclarations les plus précises
constatées à YOfficiel ne l'embarrassent
pas. Il maintient tout, dit le contraire et
accuse à grands cris ses contradicteurs de
mensonge et de calonmip^-w* ; -
IL Les vanteries d#M. Bénazet
C'est dans ces conditions, c'est avec ces
procédés que M; Bénazet s'est constitué
l'avocat du Parlement républicain en fait
dé préparation militaire. Les accusations
portées contre le Parlement sont étayées de
chiffres et de textes qu'a produits M. Béna
zet lui-même. On les lui cite, à cette place,
depuis plusieurs années. Peine perdue. Un
journal de l'Indre réimprime tranquille
ment le dogme invariable que M. Bénazet
impose à ses lecteurs depuis quatre ou cinq
ans :
a II faut en finir cil particulier avec
cette calomnie qui consiste à représenter
la Ghumbre comme ayant systématique
ment retlisc les crédits néccssaires' à la
fabrication du matériel- de e/iierre...
Cette proposition sera jugée audacieuse
par tous qwand nous -nouveaux lecteurs au
ront appris.ee que leurs anciens connais
sent à fond. Mais je dois tout, d'abord les;
avertir, s'ils rencontrent M. Bénazet et ses
amis, de ne pas laisser dévier le débat.
•M. Bénazet leur racontera des -histoires
dans lesquelles la vérité a une part, la fable
une autre part, sur le rôle des commissions
parlementaires poedant la guerre : il se
rait un peu fort que ces commissions, déli
bérant et agissant sous la pression de l'en
nemi, n'eussent rendu aucun service à la
défense nationale:! Il suffit de savoir que
leurs indiscrétions et leurs fuites failli
rent tout gâter, il suffit de se rappeler que
les deux périodes décisives de la guerre,
le commencement et la fin, appartiennent
aux deux dictatures de Joffre et de Cle
menceau. .
M. Bénazet racontera aussi ce qu'il a
fait, voulu ou prétendu faire avant la
guerre dans l'ombre des commissions, com
menta il y cloua des généraux d'artillerie;
et fit le futur généralissime 'quinaud. Il
en "dirait bien plus si nous avions la bonho
mie de le croire. Tenons-nous aux pièces
publiques, aux archives qui sont à la dis
position de tout le monde, aux collections
de lltfficiel, et notons que les vanteries
do M. Bénazet-remontent à 1913. Lés-alar
mes parlementaires de 1913, à deux ans
de l'alerte d'Agadir ne méritent aucun bre
vet de prévoyance: c'est de.1.900 à 1912 que
se marquèrent de façon tragique l'impuis
sance et l'incapacité des assemblées sur'
lesquelles Al. Paul Bénazet voudrait n'ous.
jeter "de la poudre aux yeux,
III. Le gouvernement parlementaire
et les crédits
Délimitons donc avec clarté le chariip du
débat et ne. permettons pas à M. Bénazet
de tourner profitablement tout autour. Il
ne s'agit pas de savoir si quelques éléments
parlementaires ont fait leur devoir pen
dant le carnage. 11 ne s'agit pas de savoir
non plus si, deux misérables années avmnt
la déclaration de guerre,-le Parlement s'est
enfin résigné à comprendre l'avertissement
que les royalistes ,et les nationalistes ne
cessaient,de donner depuis l'affaire Drey
fus. Ce que M. Bénazet appelle une calom
nie, ce qui est une véi-ité dont nous, n'avons
cessé d apporter la preuve, ce qu'il ne
peut nier, ce qu'il a affirmé et démontré
lui-même en des discours et des rapports
qui subsistent, c'est l'état de faiblesse cri
minelle dans lequel le gouvernement par
lementaire avait laissé tomber toute la
défense du pays, et les conditions de cette
défense, malgré les appels réitérés des ser
vices compétents, des autorités compéten
tes, des bureaux de la Guerre et des géné^
raux.
M.'Paul Bénazet veut nier cette vérité.
Avant de Ja nier, il.l'avait affirmée.
Pendant et après le massacre qui a dé
coulé de tant d'incurie, jl l'a niée pour
épargner à ses collègues le poids de res
ponsabilités homicides.
Il l'avait affirmée quand son esprit
était libre de cette préoccupation, de cet
intérêt de parti.
11 suffit de citer M. Bénazet.
IV. Aveux flagrants
Le 25 septembre 1919, à la tribune de
la Chambre, M. Bénazet s'était permis de
s'exprimer tomme l'autre jour, dans le
Journal du Département de l'Indre. 11 avait
dit :
« Il ne faut pas laisser supposer que le
« Parlement de la République n'a pas fait
« -tout son devoir; Avantla guerre, il a
« prévenu de ses inquiétudes les experts
«.militaires et a voté tout- ce. que les tech-
« niciens lui ont demandé. ( Vifs applau
di dissements à (/anche.) Voilà la vérité 1 »
Nous lui répondions-le: lendemain : voilà
le mensonge, et le lui démontrions sur-
le-champ, sans prendre d'autres témoins
que M. Bénazet lui-même.
Nous avîons - rouvert l'Officiel, à
la date dii 16 juillet 1914. On y lit :
« M. A ndré Lefèvrk. — ,,Jl est assez
surprenant que les ingénieurs n'aient pas
construit, car enfin leur tournure d'esprit
est de construire... La tendance des mili
taires c'-est de s'armer, et s'iis ne Font pas
fait, messieurs, la raison en est très sim
ple : c'est qu'on n'a pas mis à leur dispo
sition les sommes nécessaires pour le faire.
lurette:*...
Lés trois derniers Salons ont vu l'appa-
: ritio'tr de la 10 II P pratique, du cyclecar/
amusant, de la 5 H P utile, cette année,
?e ! 18" Salon sera, croyons-nous l'apothéose
de la petite voiture puissante et conforla-
ble. — J: Le B. ,
Je les ài la. »
« M. B IÎNAZET.; .
EXACT.»
CEST ABSOLUMENT
ont dépense 4.700-millions 'et nous dépen
sions, nous, 2.751 millions dans l'inter
valle.
« IL N'EST PAS PERMIS DE DIRE, IL
N'EST PAS POSSIBLE DE LAISSER DIRE
QUE C'EST LA FAUTE DE QUELQUES.
FONCTIONNAIRES...
« ...La vérité est que le Pays, dans son
ensemble, il faut le dire courageusement,
-n'a-pas depuis quinze ans, parce'qu'il n'a
pas cru à la nécessité de le faire, consenti
un sacrifice nécessaire. » .
Ce « pays », c'est le pays politique, le
pays légal,"le syndicat de ses ayants droit
parlementaires "qui "menaient la France à
la boucherie. ' - ■
: M. Bénazet n'a pas.contredit-ces paroles
non plus que les précédentes. 11 trouvait
« absolument exact » d'exonérer les mili
taires, de reconnaître la responsabilité des
parlementaires.
En effet, comment eût-il contredit cette
thèse..? C'était celle qu'il avait soutenue
la - même année, quelques mois aupara-,
vant,.devant la Chambre précédente. Avant
Lefèvre, il avait soutenu lui-même que
notre faiblesse s'expliquait-du fait qu'on
« n'avait pas mis les sommes nécessaires »
à la disposition des militaires, spécialistes
de la construction et des armements, M.
Bénazet avait apporté à l'appui de cette
opinion, quantité de faits et de chiffres
qu'il faut recueillir. Je copie l'Officiel '.
M. P aul B enazet, rapporteur de ia com."
mission nu budget. — Les dépenses ex
traordinaires réelles de la guerres tom
bent de 137 millions en 1906 à 92 millions
en. 1907, puis à 60 millions en 1908, à 60
millions en 1009.
« Pendant ces-trois années qui auraient
dû être si précieuses, si profitables pour
nous, VAllemagne, loin de nous■ imiter,
dans nos réductions, comme elle l'avaii
fait, jusqu'à un certain point, après avoir,
en 1906^ dépensé à peu prés autant que
nous, 159 millions contre 138 millions, dé
pense, en 1907. 193 millions contre 92 mil
lions, en 1908, 241 .millions contre 60-mil
lions, en 1909. 215 millions contre 66 mil-
liôns. C'est seulement en 1910 que les deux
courbes se rapprochent. Toutefois l'effort
a été suffisant de. l'autre côté dit Rhin.
Dans ces trois années, l'Allemagne em
ploya 431 millions de plus que nous po:ir
accroître son matériel. »
Commentant ce texte,, il y a quatre ans,
nous disions : « D'où vient ce mal. Du
Parlement ? M; Bénazet, l'exonère complè
tement, mais, ccftnmcn on verra, en paroles
et en apparence. Alors, les services techni
ques ? M. Bénazet démontre que la faute
n'est pas à eux. Les gouvernements succès-;
sifs alors ? M. Bénazet, le Bénazet de 1914',
avoue ces . responsabilités des gouverne
ments ; mais, par le plus inévitable des
ricochets, il met en cause le Parlement
dont ils ont été l'expression et l'émanation
très fidèles :
M. piiil B enazet, rapporteur. — Pour
découvrir les causes du regrettable arrêt
que j'ai signalé il est peut-être nécessaire
de faire, année par année, la différence
entre les crédits réclamés par les Services,
ceux qui ont été approuvés par le minis
tre de la Guerre et finalement ceux qui ont
été inscrits au projet de budget après en
tente apec le ministre de la Guerre et le
ministre des Finances, puis votés par le
Parlement. »
(Comprenons bien : les Services deman
dent. le ministre approuve ou repousse,
réussit ou non à faire agréer les deman-,
des par ses collègues).
M. P avi » B enazet, rapporteur. —• Pour
Tannéë 1902, le projet de budget fut dres
sé le 29 mars 11)01, le chiffre demandé par
les Services dépassait 98 millions ; le nou
veau ministre de la Guerre proposait de
réduire cette somme de 38 millions, et, à-
son tour, le ministre des Finances deman
da une nouvelle réduction de 12- millions..
De 1903 à 1905 les sommes demandées par
les services deviennent beaucoup plus fai
lles, parce que les directeurs des services
ont reçu des ordres de réduire au mini
mum leurs prévisions.
M. P aul B enazet, rapporteur. — C'est
ainsi que les propositions des services pour
lés budgets de 1902 et de 1903 tombent
de 98 millions à 51 millions. Pour ceux de
1904 et de 1905, nouvelle chute de 61 à
45 millions. Cependant, enireAes proposi
tions des services et celles du gouverne
ment on constate encore une énorme dif-,
férence. -—;
« M essieurs, c'est donc une légende
que d'affirmer que les services de la
G uerre ne prévoient pas. »
Nous répétons que le rapporteur Paul
Bénazet qui a combattu cette légende en
1914 est le même qui la relance en 1919.
La suite de sou rapport de 1914 permet
de mettre un nom propre sur la figure du
ministre des Finances responsable de
notre impréparation de quinze ans :
« En résumé, en 1902, les services de la
guerre demandaient 98:500.000 francs et
on leur accordait 49 millions ; en 1903, ils
ne demandaient plus que 59 millions et on ;
ne leur accordait que 36 millions ; en 1904, ;
ils demandaient 61 millions, on ne leur ac
cordait qiie 30 millions ; en 1906, ils de
mandaient 44 millions, on ne. leur ac
cordait que 21 millions. De 1905 à 1907,
je l'ai dit, plus de 230 millions sont dépen
sés hors budget et sur l'initiative de M.
Cockery, président de la commission du
budqeti et de M. Klotz, rapporteur. Mais
sur 'le budget de 1908, établi en 1907, une
réduction considérable était de nouveau
imposée. Les services de la guerre récla
ment 88 millions, on ne leur en accorde
que 57. Au mois de mai 1908, pour le bud
get 1909, ils demandent 98 millions, on ne
duits à 86 millions. » "
M. E rnest F laxdin. -— Encore M. Ca.il'
taux. '
M. P aul B enazet, rapporteur. — A à
mois de février 1909, pour U budget de
1910, au lieu de 81 millions demandés, on
n'en accorde 'j>ie £d^ et au mois de juin
1910, les 113 millions demandés sont ré-
duitu « 83 millions.
Assurément, ces aveux de> M. Bénazet
sont incomplets. 11 faut les éclaircir par
ceux dc M;; ^lessimy à la même époque.
Le ministré-îde la GueiTê' dé juillft 1914
ne' se contentait pas d'avouer q.uèpîe gou-
lui-même avait à son tour rogné sur les
chiffres des demandes gouvernementales.
Tous nos lecteurs ont ces chiffres dans la
mémoire.
y. L'aplomb dé M. Bénazet
M. Bénazet, toujours hardi et catégori
que essaya de contester les certitudes qu'il
avait signées -de son nom. II nous écrivit
une première • fois,-pour- protester contre
le rappel de son interruption du 15 juil
let 1914 " " ; ;
« En rentrant aujourd'hui â Paris, je
lis dans l'Action française un article signé
de vous intitulé M". Bénazet ne dit pas
la vérité ».
« La vérité !... En toutes circonstances
je l'ai dite — sans craindre personne !...
Toujours, j'ai eu le souci de la connaître
et de la respecter. Aussi ne puis-je laisser
passer un semblable titre... . . .
« Vous jouez sur les mots. J'ai pronon
cé ou publié nombre de discours et de
rapports, en 1913 et en 1914. Ils avaient
-comme objet de dénoncer l'imminence du
danger de guerre et l'urgence de prendre
les mesures-indispensables pour y faire
face ; ^cependant, vous vous emparez d'une
courte interruption, découverte à l'Offi
ciel, et dontj je le confesse^ je n'ai-gardé
nul . souvenir. - . : ■«•£-
« II s'agit de quatre mots seulement I..."
Mon collègue et ami, André Lefèvre, décla
rait : « Ôn- n'a' pas mis à la disposition
des militaires les sommes nécessaires pour
s'armer ». J'ai répondu : .« C'est absolu
ment exact ».
« Je pensais — à coup sûr =-* à un mi
nistre qui vécut de 1906 à 1910. »
Les citations de son rapport de mars
1914 montre qu'il ne visait pas seulement le
cabinet Cl^nenceau (qu'il fait durer de
1906 à 1910, bien que le ministère du Tigre
-soit tombé à l'été 1909) : il visait tous les
ministères depuis 1903. La lecturé du dis
cours Lefèvre .que M. Bénazet appuie, éta
blit que son interruption ne se bornait à
approuver André Lefevre en termes si var
gues ! Comme dans son rapport M. Bénar
zet y traitait explicitement de « légende »
la thèse intéressée qu'il soutient à présent.
M. Bénazet me récrivait :
« Je prends connaissance avec surprise
(pas possible !) du post-scriptiun de votre
article de ce matin.
« J'ai lu, en ffet, les citations gué vous
avec reproduites d'un de mes rapports
dont je ne retire pas tui mot, car la vé
rité est toujours la vérité.
« Rien de ce que contient ce travail
n'est infirmé par la réponse que je vous ai
adressée avant-hier. ».
M. Bénazet écrit noir; il récrit blanc et
conclut : c'est la même chose. Une fois
de plus, je conseille aux patriotes de l'In->
dre de recueillir précieusement tous Jes>
feuillets de ce débat et de les distribuer
aux bons électeurs. On pourrait y joindre
le texte de l'article publié dans le Matin
du 18 juillet 1914 dans lequel M. Bénazet
écrivait ;
« Aussi, quoi que l'on puisse prétendre,
l'explication de notre insnffsanle prépara
tion matérielle réside évidemment pour
la plus grande part, dans la compression
des crédits consacrés à la défense natio
nale.— « Alors que, depuis 1906, les Alle
mands dépensaient 1.400 millions, pour
leurs armements, disait fort justement l'au
tre jour M. André Lefèvre, nous ne dépen
sions, nous, que 700 millions. Par consé
quent, s'il ya avait une surprise à avoir,
ce ne serait pas que nous ne puissions pas
posséder un huitériel de ■: guerre moins
perfectionné : ce serait que nous fussions
aussi bien munis en ayant dépensé
.moins ! »
...« Rogner sur les crédits de la défense
nationale, pour équilibrer uri budget, ç.st
un expédient facile. Pendant ph'm'enfcî an
nées, il fut constamment adopté de ce-côté-.,
ci) des Vosges, sans se demander si un jour
prochain ne viendrait pas, où il faudrait-
combler en toute hâte, par des emprunts'
ou. autrement, l'.abime: qu'on laissait im
prudemment se creuser.
« Car pendant que nous réduisons nos
dépenses, l'Allemagne augmentait les sien
nes. Pour s'en rendre compte, il n'y a qu'à
jeter-les yeux sur les graphiques qui font-
éloquemment ressortir, depuis 1900, les ef
forts respectifs des deux nations. Ils sont,
pour ainsi dire, l'expression tangible de,
nôtre erreur. »
Ici un beau graphique dont je ne puis
offrir la reproduction, et pour cause. Nous
l'avons publié le 7 octobre 1919. M. Béna
zet continue :
« Chez nous, deux 'ondes . successives,
deux courbes descendantes, hélas L'une,
qui, brusquement, est interrompue par le;
cqup de théâtre de Tanger.
« Puis, pendant deux ans, c'est une flè
che. Les ministres Berteaux et Etienne
sont obligés, avec l'approbation de la com
mission du budget, de dépenser plus de:
200 millions, hors budget, pour précipi
tamment nous réapprovisionner.
« Cet -.avertisserhent si cruefaurait dû
nous servir ; cependant, de 1906 « 1909,;
c'est de notre part, une nouvelle chute, à
laquelle correspond, du côté allemand, une
forte ondulation en sens contraire.
« Les dépenses extraordinaires réelles
de la guerre tombent chez nous de 137
millions en "1906 « .92 en 1907, puis seule
ment à €0 en 1908 et à 66 en 1909.
.« Ce n'est qu'en 1910 qu'elles se reÙ-
vent: à 95 .'•millions.: Pendant ce temps, pen
dant ces trois années^ l'Allemagne, loin de
nous imiter dans nos réductions, dépensa :
En 190? l ? 1&3 millions, contre 92 de ,j»Dti*(S"côté :
En 190Sfc.24t»._ — — 60 !-». V.'
En 1909 215
—r - 66
« Au total, 431 millions de plus que
nous. Avec cette sohune, nous aurions pu,
tout comme elle et en même, temps qu'elle,
construira un matériel moderne d'artillerie
towdQ : analogue à celui qui établit* sa: su
périorité présente !...
Si l'opposition comprend son rôle dans
la prochaine campagne électorale, elle use
ra largement de ces jaits, de ces piè
ces, de ces aveux, irréfutables au fond
desquels on entend crier le sang de lios
morts. Les responsables, les coupables, doi
vent être mis à genoux et forcés de se
frapper la poitrine.
« On s'a trompé », disait dp son plein
gré le député socialiste de Lille Henri
Ghesquière, mort pendant l'occupation
après: avoir été otage. « Oh s'a trompé s>
sur l'essentiel de la politique nationale et
militaire de la France : le, partit qui « s'a
trompé » dans des. pondions pareilles et
sur un tel sujet mérite'Tl'étre débouté de
toute prétention au gouvernement du pays.
CBABLE9 31J CUBA»
VERS LA DICTATURE ALLEMANDE
LA CRISE GOUVERNEMENTALE
, Lè premier cabinet Stresemann a démis-
sionn-e. Le second cabinet Stresemann se
préparé, L opération aura permis d'éva-
cuer sans fracas les socialistes et d'ouvrir
la porte aux nationaux. M. Stresemann'
reste en selle, mais son lassiettc se désaxe
vers la droite.
Le correspondant du Daihj ChfMîclè
(4 octobre) estime que la crise sera régléfl
. vingt-quatre heures, que le nouveau
cabinet ne sera pas un cabinet de coali
tion, mais un cabinet « d'hommes rompus
aux affaires, nullement assujettis aux nar-
tis ». . 1
' Le correspondant da Daily Chronicté
ajoute :
, " -Vraisemblablement, tin tel gouvernement
n a pas de grande chance de se maintenir long- :
temps au pouvoir dans de telles circonstances,
saut si M., Stresemann adopte à l'égard du
Iloichstag la méthode de Mussolini et atfit en
dictateur, a °
.On apprend justement que M. Stresemann'
vient de déclarer aux chefs de l'ancienne
coalition* que si aucun règlement n'était
interyennJe jeudi 4 octobre au plus tard,
le lieichstag serait dissous et le gouver
nement, assumerait des pouvoirs dictato
riaux jusqu'à la réunion du nouveau Reich-;
stag. -
L'attitude des nationalistes
; Par ,ou . lc l'Allemagne, d'ailleurs, Tes'
reactionnaires et les monarchistes s'aai-
tent.
Le Service parlementaire socialiste con.
firmait, le 3 au soir, que la campagne na
tionaliste était appuyée de préparatifs très
étendus pour un coup d'Etat qui était pn-'
jeté pour un jour prochain, et dont le but
était de' cerner Berlin et d'instituer une
dictature militaire, après avoir renversé
le gouvernement.
Mêriies nouvelles, de Bavière, où Hitler et
von Kahr s'entendent pour « contrecar-
rfiï--»T-soi-disant les ordres de Berlin. Le
représentant du Reich à Munich, en réa
lité, semble de connivence avec le dic 1 *--
teur : il s'est contenté de lui transmettre
l'ordre de. Berlin d'occuper militairement
l'imprimerie du journal de Hitler, inter
dit. Hier, ce journal proclamait que M.
von Kahr lui avait fait savoir qu'il n'exé-,
enterait pas la consigne « antiallemiande )■;
reçue de Berlin* Enfin, le journal officieux
du parti populaire bavarois donne à enten
dre que si Berlin, « sous la pression des
socialistes, veut attenter en quoi que ce
soit aux libertés de la Bavière, I-Iitler et
von Kalir .se réconcilieraient aussitôt ».
Celte réconciliation des frères ennemis
est sans doute chose faite depuis long
temps ; et aussi celle de M. Stresemann,
troisième compère.
En face de cette poussée natiomlisle,
la résistance de gauche et du centre est
inefficace, ou insincère ; quelques fan
faronnades, beaucoup d'inquietudè, et c'est
tout...
Sur le Rhiif
Cependant, dans les territoires ocêtipés,
le travail reprend peu à peu. Les Alle
mands commencent à rallumer les crke-
ries •; de nombreux directeurs de mine ;,
notamment le propre directeur des mines
fiscales de l'Etat prussien, se sont mis
en relation avec les ingénieurs de notre
mission de contrôle, pour préparer la re
prise du travail. La résistance passive
meurt, et l'on en connaît déjà, le bilan :
le Telegrapli Union affirme'qu'elle a coûté
à l'Allemagne 25 milliards de marks-or.
INCOHÉRENCE RÉPUBLICAINE
M. Pams fait l 'éloge de Marty
;; M. roincaré est-il pris dans l'engrenage ?
Après avoir libéré Mart-y. pour en -avoir fi
ni avec le chantage révolutionnaire,' Je
voilà qui ouvre au traître la tribune des
Conseils généraux. Marty a siégé au Con
seil général des Pyrénécs-Oriental-es, sous
la présidence de M. Pams, ancien minis
tre de Clemenceau. Le préfet n'a pu s'op
poser à ce scandale : ordre du gouver
nement...
Voici "boniment Y Humanité raconte cet
te scène pitoyable :
Notre camarade, dit l'organe de Moscou, fit
son entrée entouré des membres de.la sediosi
communiste de Perpignan et c'est au milieu
d'un profond silence qu'il gagna sa place
11 voix sur 17 votants clohnèrcnt la présidence
à M. Pams. André Ma^-ty, comme protestation,
avait voté pour Midol et donné sa voix à
Goldsk'y, Jeanne Morand, Cottin et- Gaston
Rolland, pour le bureau.
Aussitôt après; M. Pams très gêné par la-
présence de notre camarade, prononça son
discours inaugural en s'empetraiit dans les
contradictions'les plus cocasses :
■ Le malaise qui pesait dé.jà lourdement sur
l'assemblée politicienne, . redoubla lorsciuê
s'éleva la voix d'André Marty : « Je demande
la parole » et qu'il se fut dressé, tout droit,
devant les conseillers généraux et le préfet.
Discours outrancier, style Moscou...
Les politiciens. baissant le nez dans leurs
•pupitres n'osaient élever la voix. Enfin;'le pré
fet ayant posé la question préalable, M. Pams
s'empressa de renvoyer ces vœux, pour exa
men, à la commission... '
Nos renseignements nous permettent de
préciser, ; M. Pains, .tineien ministre de
Clemenceau; a multiplié les aménités à-
l'adresse de Marty. Un correspondant nous
éefit
M. ,Pams, président, prononce lin discours
amphibie : « Je suis oiseau, voyez mes ailes ;
je' suis souris, vivent les • rats... » M. P-ams
rappelle less vœux du Conseil général pour
l'amnistie ; il dit sa sympathie pour Marty, à
qui il est. heureux (!)■'.de rappeler de tels sou
venirs puis il se mue en patriote, .il se rap
pelle, après 3 ans d'oubli, qu'il faut ministre
de Clemenceau;.. . • -
Martjr-remercie -lé Conseil général et propose
des vœuxjKSur l'amnistie générale, la sup
pression des: conseils de guerre et la peine
des travaux publics; le rapatriement des corps
des mutins de Sébastopol: D'accord avec les
soviets, il termine eu souhaitant la suppres
sion des biens par les travailleurs de. lj»us
les pays U !j
Dans ces conditions on trouvera plu-'
lot indulgente la note suivante, parue'dans
l'Echo national : .
Que M. Pains, ancien ministre de l'Intérieur
du cabinet Clcinenceuu, n'ait soufflé mot, voilà
qui passe l'imagination ,ét qui donne nue-Aère-
idée-dus courage civique de certains hommes
dits, poli-tiques. v '
•Mi Pams,a donné une belle image de
l'âme radicale d'âprès guerre : contrainte
par -les-'événements à ' a ,vôlér au 1 secours
de là victoire » ~d6- M. Poincaré,. elle: gar--
- de ses sympathies profondes èt durables
aux-traîtres d'hier et d&'jdçntàin,- -
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