Titre : L'Action française : organe du nationalisme intégral / directeur politique : Henri Vaugeois ; rédacteur en chef : Léon Daudet
Auteur : Action française. Auteur du texte
Éditeur : Action française (Paris)
Date d'édition : 1923-09-21
Contributeur : Vaugeois, Henri (1864-1916). Directeur de publication
Contributeur : Daudet, Léon (1867-1942). Directeur de publication
Contributeur : Maurras, Charles (1868-1952). Directeur de publication
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Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
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Description : 21 septembre 1923 21 septembre 1923
Description : 1923/09/21 (Numéro 263). 1923/09/21 (Numéro 263).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k761713s
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, GR FOL-LC2-6354
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 18/01/2011
/
DEUXIEME
^-fZIEME ANNEE-. — N° 263
VENDREDI 21 SEPTEMBRE 1923
15 centimes
S eine C-S eine C . O ise
20 centimes
D épartements ^ C olonies
Abonnements: Un An Six Mois ïroisFîois
F rance & C olonies , 4-3' 25' 13'
E tranger . - 82. 42. 22
ORGANE OU NATIONALISME INTEGRAL
fondateur
Henri VAUGEOlS
« Tout ce qui est national est nôtre>»
Le Duc d'ORLÉANS
RÉQACTION n AOMI niSTR ATlOn s I4.nie de Rome.PARIS 8'
Adresse tèlégraphîquè: ACTIOFRAfi PARIS
Chèque postal : Compte 233O0.?PARIS
Te'léph : AOtlimSTRATM : Louvre 26-49 et 28-60
PÙBUCITÉ : Centra! 74-77 .RÉDACTION ^Central 75M
(après dix heures du soir : Central S't-O?î
DIRECTEURS POLITIQUES:
héritier des quarante Rois qui en mille ans ffrent la France.
LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS - Rédacteur en chef MAURICE PUJO
PETIT TABLEAU SYNOPTIQUE
dédié h I. Maunoury, en réponse à son apologie
de la République,
ALSACE-LORRAINE
Acquise à la Francs
par Louis XV
simplement par son
mariage
avsc la Princesse
Marie Leczinska.
Perdue en 1870
par l'Empire issu
de la Révolution
(défaite accueillie
avec joie par les
républicains.)
Reprise sous la
III 0 République au prii
de 1.500.000 morts,
2.009.090 de mutilés,
dix départements
ia ruine de ses
Hymne à Respublique
ou
Maunoury se cramponne
^'excellent papa Maunoury est un
ministre de l'Intérieur qui croit que
la police politique — Renseignements
généraux — dépend du ministère de
la Justice. Il me l'a soutenu, parlant
à ma personne, dans un bureau de
la Ghambre, quelques jours avant la
mort de Joseph Dumas, chef desdits
Renseignements généraux, 'CÏon,t j f
lui démontrai en même temps —
textes en mains et d'après le réquisi-
.loire Mornet, au procès du Bonnet
Rouge — que c'était une parfaité ca
naille et un homme dangereux. Ce
qui n'empêchait pas M. Maunoury,
à quelque temps de là, de célébrer,
avec le préfet de police Naudin —
réédition de l'inénarrable Laurent —
le « patriotisme » de Humas, victime
de la méchanceté des réactionnaires.
Deux semaines se passèrent ; puis
deux députés et un ancien député
probertoniens, ayant été dûment
barbouillés et purgés — afin d'éviter
.des sanctions plus sérieuses — à ti
tre de simple avertissement, l'ami ch%
traître Malvy, Herriot. et le vieux
fourbe Emmanuel Brousse montèrent
à la tribune, et âemandèrent le châ
timent des amis de Plateau. Sur quoi,
M. Maunoury, devenu soudain terri
ble et menaçant, annonça qu'à trois
heures un quart il avait pris connais
sance d'un complot et qu'il allait dé
fendre Respublique par le moyen du
policier Unguibus et du juge Rostro.
Effectivement, le policier Unguibus
faisait évader une fille perdue, amie
de la policière Berton, policière elle-
même, du nom de Marguerite Bary,
et son ami Rùbio, dit « Paradis » —
lesquels projetaient d'assassiner Poin
caré et Millerand — et le juge Rostro,
dit «Mayet », allongeait à Maurras
quatre mois de prison sans sursis.
Dans le même temps, l'anarchiste
Taupin, qui avait préalablement
tenté de tuer Maurras,s'en tirait avec
quinze jours de prison ! Le bon Col-
rat, garde des Sceaux, déclarait que
tout cela était infect, que Maunoury
était un incapable, mais que, person
nellement, il n'y pouvait rien.
La disparition complète du complot
de trois heures un quart — tombé,
par la suite, dans un trou sans fond
— laissa assez désemparés, non seu
lement Herriot, ami et subordonné
du traître Malvy, et le vieux fourbe
Emmanuel Brousse, mais encore le
ministre Maunoury, le policier Un
guibus dit « Ducrocq » et le juge Ros
tro dît « Mayet ». Lorsqu'on apprit
que Ducrocq quittait la police judi
ciaire, où il pratiquait le chantage,
sous le couvert d'Anquetîl, et l'assas
sinat politique, en compagnie de Le
breton, sous le couvert de la Bary et
de Rubio. on en conclut que le papa
Maunoury allait se retirer, et passer
'la main. Ce départ semblait s'impo
ser. En effet, prenant la suite du fils
et petit-fils de Boche Steeg et du Mar-
raud, décorateur de Téry, Maunoury
avait laissé faire les préfets « alle
mands » de Waldeck, de Combes et
de Caillaux, de telle sorte que le Bloc
national était menacé. Vous me di-
ïez que c'était bien aussi un peu la
faute dudit Bloc national, candide
comme il n'est pas possible ; et je
n'en disconviendrai pas. Toujours
est-il que M. Maunoury est toujours
installé place Beauvau,au milieu de
ses préfets « allemands », dont le
nombre ne serait pas inférieur à 47.
Cette incrustation a permis, à la Sû
reté Générale, d'organiser, à Cahors,
une réunion en l'honneur du traître
Malvy, amant des espionnes, réunion
à laquelle ne manquait, et pour cau
se, que le spectre d'Almereyda, com
plice de Malvy, étranglé sur l'ordre
dudit Malvy, lorsque fut découverte,
en août 1917,1a trahison des bandits
du Bonnet rouge. Cette incrustation a
également permis à la police « alle
mande » de Pairis — parallèle aux
préfets « allemands » — d'épargner
le bagne aux trois bandits, et condam
nés du Bonnet rouge, Landau, Gold-.
sky et Marion.
II. est à prévoir que cette incrusta
tion de l'excellent M. Maunoury amè
nera, d'ici peu, une catastrophe, ou
uit nouvel attentat germano-policier.
Car le véritable complot, de trois
heures ,un quart, n'est pas celui que
s'imagina M. Maunoury. Il est dans
les sentines de police politique, de
meurée en relation avec Berlin, ou
furent combinés la campagne dite de
« Poincaré-la-Guerre » et le. meurtre
indirect d'Antonin Dubost.
Tout ministre qui se cramponne
■invoque l'intérêt c* Respublique. Je
ne ferai certes pas l'injure M. Mau
noury. — qui est un parfait galant
homme et (quand il n'éçoute pas Le-,
breton ni son entourage) d'une sen *
sibilité vive et directe — de le com
parer à Briand. Néanmoins, lorsque
Brian^d, diplomate de la bande in
dustrielle de Chine et boulotteur de
fonds secrets, vendait la France à
Lioyd George, il revêtait aussi» le
manteau troué de la République.
Maurras rappelait, l'autre jour, l'ef
froyable responsabilité du régime,
issu de Sedan et de l'entente Gambet-
ta-Bismarck, dans l'hécatombe de
1914-1918 et dans la pinquième inva
sion démocratique. M. Maunoury
prétend, lui, que c'est la suppression
du 2 e bureau de renseignements mi
litaires — 5 septembre 1899— qui a
fait, avec les fiches germano-maçon
niques de délation, la victoire de la
Marne. Libre à lui d'émettre'' une
semblable ânerie, et à son grotesque
thuriféraire du Temps de la monter
en épingle. L'abonné du Temps est
comparable à celui de la Revue des
Deux Mondes : il avale tout, ficelles
et petits boyaux à la façon des ca
nards. Il croit à la solidité du régi
me qui a fait tuer en surcroît, par
centaines de mille, les jeunes Fran
çais... jusqu'au jour où,, ce régime
s'écroulant, il acclamera la royauté
qui le remplacera.
Reste à savoir s'il suffira à un mi
nistre de l'Intérieur de se dire bon
respubliquain, et profondément dé
voué à la gauche — qui nous prépare
une nouvelle guerre — pour demeu
rer à la tête de services qu'il ignore,
et qui demeurent tournés contre le
pays . Nous voici à quelques mois des
élections générales. J'ai dit et je ré
pète que la présence de M. Maunou
ry — si bon et cher homme qu'il soit
— est une véritable calamité, dans un
moment pareil. Il y a beau temps que
la majorité de la Ch am bre l'aurait
renversé, si elle n'avait craint, en le
renversant, d'ébranler le cabinet
Poincaré» dans lequel elle a mis sa
confiance. Ce qui a maintenu M. Mau
noury, c'est l'intrigue maladroite de
M. Tardieu. Mais il est très possible
que l'horreur du suicide volontaire
amène enfin la majorité du Bloc na
tional à faire,auprès du président du
Conseil, les démarches que comman
dent les circonstances et le bien du
pays ; « Vive Respublique » crie M.
Maunoury. A quoi les députés de la
majorité, s'ils sont sages, répondront:
« Vive votre départ, cher M. Mau
noury ! »
LXSON DAUDET.
fiêTwitp H «» /Y t' v
L'entrevue BaIdwin=Fmaré
Le secret sur la conversation qu'ont
eije MM. Baldwin et Poincaré a été bien
gardé. Rien ou presque rien n'a transpiré
de cet entretien qui mérite cependant
d'être marqué d'une boule blanche. 13 y
a bien longtemps, en effet, que nous n'a
vions lu un communiqué comme celui qu'a
publié, mercredi l'ambassade d'Angle
terre et dont nous avons pu donner dès
hier un extrait. Le voici in extenso :
Paris, 19 septembre. — Cet après-midi a
eu lieu une rencontre des premiers mi
nistres de France et de Grande-Bretagne K
dont ils ont profité pour procéder à un
échange de vues sur la situation politique
générale.
On ne peut s'attendre à ce que, au cours
d'une seule entrevue, M. Poincaré et M.
Baldwin aignt pu arrêter des solutions dé
finitives, mais ils ont été heureux d'éta
blir leur commune manière de voir et de
constater que sur aucune question il
n'existe de divergence de principe qui
puisse compromettre la collaboration des
deux pays dont dépend, dans une si lar.
ge mesure, la stabilisation et la paix du
monde.
Peîidant plus d'une heure, les deux Pre
miers ont pu échanger leurs idées, se com
muniquer le-"-s impressions. Pour aboutir
au communiqué qu'on a lu, il faut évi
demment que . le chef du cabinet anglais
estime que 1a France tient le bon bout et
que lord d'Abernon s'est mis le doigt
dans l'œil. S'il en était ainsi, ce serait
de bonne augure pour l'avenir.
LE CONSEIL DES MINISTRES
M. Raymond Poincaré, président du Con
seil et tous les membres du gouvernement
à l'exception de MM. Raiberti et Léon Bé-
rard, sont partis hier matin à 8 h, 40 pour
Rambouillet.
Les ministres sont arrivés à 10 heures
à la gare de Rambouillet où le lieutenant-
colonel Menard, de la maison militaire du
président de la République, les a salués.
MM. Bonnefoy-Sibour,, préfet de Seine-et-
Oise, Bonnereau, sous-préfet de Rambouil
let et Roux, maire de Rambouillet étaient
également présents à la gare.
Les ministres s,e sont rendus dans les
voitures de la présidence de la République
au château de Rambouillet où le Conseil
des ministres s'est immédiatement tenu
sous la présidence de M. Alexandre Mil
lerand.
M. Raymond Poincaré a mis le Conseil
au courant de la situation extérieure et de
la conversation qu'il a eue mercredi avec
M., Baldwin. Puis M. Le Trocquer a rendu
■dompte de sa tournée d'inspection dans la
Ruhr. •
-A une heure moins le quart, la séance
était levéet
M. Baldwin et Lord Curzon
La rencontre de M. Stanley Baïd-
ivin .et de M. Poincaré a donné lieu,
dans certains journaux anglais, à de
si. curieux commentaires que nous
nous en voudrions de ne pas com
mencer par là. Il y a toujours deux
façons de voir les choses et l'on a in
térêt à connaître celle d'autrui. Voici
donc la version d'un milieq. anglais
telle qu'elle a été transmise de Lon
dres par le correspondant du Man
chester Guardia^.
Le premier ministre a quitté Aix-les-
Bains pour Paris où il restera deux jours
avant de retourner à Londres. On s'attend à
ce que, son entrevue avec M. Poincaré porte
sur tout le champ de la diplomatie européen
ne. Les événements surprenants des trois der
nières semaines, — qui comprennent deux
crises adriatiques, une crise de la Ligue des
Nations, une a-évolution en Espagne, les gron
dements du fascisme révolutionnaire en Hon
grie, une nouvelle tentative allemande d'en
tente avec la France, un renouveau de trou
ble en -Orient et une révolution en Trans-
jordane — ont eu pour effet d'attisé» _ les
récriminations des Français, contre l'Anglè-
terre.
On en vient enfin à reconnaître en France
que l'instabilité chronique Jes affaires uro-
péenns menace de ruiner les traités de paix et,
en dépit de l'action séparée dans la Ruhr, la
politique du quai d'Orsay a toujours pour
principe de s'attacher aux traités. Le gouver
nement français est particulièrement embar
rassé par les difficultés croissantes entre
l'Italie et la Petite-Entente. Mais il reste à
savoir si les événements conduiront M. Poin
caré à faire des propositions pratiques quand
il verra M. Baldwin. C'est nécessairement à
lui de faire le premier pas en raison de ce
qui s'est passé depuis ,1e 11 janvier.
Ainsi il y a des Anglais qui pensent
que la politique française est embar
rassée et ils comptent même au nom
bre de ces embarras « une nouvelle
tentative allemande d'entente avec la
France. » C'est nous qui irions de
mander aide et protection et c'est par
conséquent à nous qu'il appartien
drait de faire les premiers pas et pro
bablement d'offrir quelque chose.
Une situation ne peut pas se pein
dre plus différemment selon les es
prits par lesquels elle passe. Nous
voyons, quant à nous, que la résistan
ce passive s'écroule, que le gouverne
ment de Berlin n'a plus les moyens
financiers de la soutenir, s'il n'ose
pas la décommander, que notre occu
pation de la Ruhr n'a pas eu les ter
ribles conséquences qu'annonçaient
les milieux où le Manchester Guar
dian s'informe et qu'elle a tourné fa
vorablement pour nous grâce à no
tre patience et à notre énergie. Sur les
autres points de l'Europe, on n'aper
çoit rien de fâcheux pour la France.
Les crises de l'Adriatique ont été
apaisées grâce à elle dans le sens qu'il
fallait et en évitant les ruptures aux
quelles le sentiment national italien
était résolu et que le Foreign Office
a failli provoquer. La Ligue des Na
tions, dont l'effervescence est calmée,
ne songe plus à parler des répara
tions. En Espagne, le pronunciamien-
to nous a délivrés de M. Garcia Prie-
to et de M.Alba,qui,dans l'affaire de
Tanger, ne se comportaient pas com
me des amis. Enfin, ce n'est pas nous
qui avons installé en Transjordanie
l'émir Abdullah. De quoi nous plain
drions-nous ?
A la vérité, notre position est bon
ne et M. Baldwin qui est un homme
d'affaires s'en aperçoit peut-être
mieux que son ministre des Affaires
étrangères qui est un idéologue. Une
note assez pointue du Daily Tele-
graph, interprète ordinaire de lord
Curzon, semble avertir le Premier
ministre de ne pas aller trop loin
avec M. Poincaré et le menace de la
Coitférence impériale qui doit s'ou
vrir à Londres dans quinze jours. La
politique gui est indiquée là consis
terait pour l'Angleterre à se retirer
du continent au moment où l'Alle
magne, dans la Ruhr, n'a plus qu'à
se rendre, à laisser les Français et
les Belges lui dicter leurs conditions'
ou bien à subir une capitulation en
core plus grave, c'est-à-dire 'à nous
passer la main dans les régioàs oc
cupées.
M. Baldwin parait avoir compris
que ce n'était pas le moment de lais
ser la France toute seule et que l'An
gleterre ne gagnerait rien au splen-
dide isolement. Si nous comprenons
bien sa pensée, il aura été plus sub
til que son ministre des Affaires
étrangères,
JACQUES BAIXVlL&a.
Le marquis de Chaumont=Quitry
commandeur
de la Légion d'honneur
Banni les officiers rayés des cadres
promus récemment au grade de comman
deur de la Légion d'honneur — et dont
la liste a paru au Journal Officiel du mar
di 18 septembre — nous relevons avec
joie et ,fierté) te nom du commandant
maiiquis de ÏCha.Umont-Qu.it'rj t délêc/u )
régional de Monseigneur le duc d'Or-
leàn«m.pour la zone de la Loire (v zone)
et président \à Bourges du comité du
Souvenir Français de cette ville.
L'Action Français-"- rst heureuse de pré
senter à M. de Chdunidnt QuWi/ ses res
pectueuses félicitations.
LA POLITIQUE
I. Du 20 septembre 1914
au 20 septembre 1923
Quelques jours ■ «près l'assassinat de
Plateau, M. le juge d'instruction Devise
on montrant les lettres de Germaine
Berton roulait des yeux clairs qui pétil
laient de clairvoyance pour me dire : —
Elle n'a pas d'amants.
Je ne sais si cette constation de morali
té fera l'objet d'un papier judiciaire
quelconque. On n 'a connu qu'un peu plus
tard les glorieux bulletins de couche-
rie à trois' avec des camarades d'un sexe
ou deux comme dit Verlaine. M. Devise
était le maître de son instruction. S'il lui
plaisait de transformer en vierge et marty
re une fille assassin, nul pouvoir humain
ne l'en empêchait.
En attendant, d?être déclarée sans
amant, voilà Germaine Berton sans com
plice. Cela est officiel depuis mercredi
soir. Le document n'est pas encore en
tre nos mains. Nous saurons bientôt si l'as
sociation de malfaiteurs est dite absolu
ment inexistante ou dissoute par le décès
de ses membres. N'existe-t-elle pas? N'exis-
te-t-elle plus? II y avait Gohary. Il est mort.
Il y avait le policier Dumas. Il est mort.
Résolue à réduire absolument les propor
tions de la sombre affaire qui l'épouvante,
contrainte même de l'étouffer, la Justice
républicaine, toujours égale à elle-même,
juge inutile de presser davantage les sur
vivants qu'un interrogatoire conduit à
fond lui eût permis de désigner. Bien trop
puissants pour elle, il faudrait monter trop
haut pour les châtier.
Le cas est donc simplifié, il ne reste plus
qu'à savoir comment on s'y prendra pour
acquitter la Berton. Mais c'est un jeu d'en
fant. Voyez Cachin. Voyez Judet et voyez
Mme Caillaux.
Mon pauvre Marius Plateau ! il y a pré
cisément neuf années aujourd'hui que, à
la bataille de la "Marne, vous vous lanciez
volontairement sur un glacis découvert,
attiriez le feu des mitrailleuses allemandes
et permettiez ainsi à votre bataillon de se
masser au point d'où il put passer à l'at
taque et conquérir Port-Fontenoy,
20 septembre 1914 !
20 septembre 1923 !
Vous vous sacrifiiez à la communauté na
tionale. La communauté nationale ne se
grouille pas pour vous.
Non : les juges nommés, payés par cette
communauté vous sacrifient à l'anarchie et
aux fonctionnaires politiciens, alliés, et
complices de l'anarchie. Un ministre de
l'Intérieur, ancien combattant, s'est em
pressé de se déclarer contre vous, et'' ses
collègues ont cru honorable et digne de
le couvrir. Gr, en couvrant les camara
des de votre bataillon, vous avez attrapé
une balle dans le rocher. Eux, n'ont attra
pé qu'un peu de répit et de tranquillité du
côté de la Gauche dont ils ont peur. Il a
fallu vous trépaner. Je ne crois pas qu'en
résistant à l'extirpation de M. Maunoury
le ministère Poincaré soit l'objet dans
l'Histoire d'une citation anajogue à celle
qui est lue aux jeunes recrues dans le
Livre d'Or du 355 e de ligne, votre régi
ment :
« Le sergent Plateau Marius, 22® com-
« pagnie du 355" régiment d'infanterie ;
« le 20 septembre 1914, à Vaux-sous-Fon-
« tenog., est appelé à venir à l'aide d'unités
« voisines.
« Il faut offrir line cible aux mitrailleu-
« ses allemandes pour détourner leurs
« feux et permettre ainsi du bataillon de
« franchir une zone battue pour tourner
« la position ennemie.
« A la tête de ses hommes, qu'il enlève
« par son commandement énergique et
« entraînant, qu'il galvanise par l'exemple
« de son ardeur, le sergent Plateau quitte
« le fossé d'une lisière de bois, fait ir
ai ruption sur un glacis, sa chaîne de ti-
« railleurs en plein champ, face à l'enne-
« mi, et attire l'acharnement du feu.
« Frappé d'une balle à la tête, l'héroï-
« que sergent est laissé pour mort sur le
« terrain. Trente de ses hommes sont
« tués ou blessés■ Grâce au sacrifice de
« ces braves, le bataillon passe.
« Défilé aux vues de l'ennemi, il se mas-
« se "pour l'assaut.
« Les Allemands, attaqués à revers et
« sur leur flanc droit, sont chassés à la
« baoïnnette de l'éperon nord de Port-
« Fontenoy, position tactique de haute
« importance.
Mon pauvre Marius Plateau ! ne croyez
pas à l'ingratitude de la patrie, vos amis
sont là, ils vous vengeront.
II. Le fascisme et la marine
i
française
Nous indiquions dimanche Un contre
coup inévitable de la réaction nationale
fasciste qui tend à resserrer l'auto
rité et à fortifier les moyens d'action d'E
tats qui sont nos voisins : nous devions
être obligés' à notre tour de concentrer
l'autorité, de réorganiser notre force, à
moins d'encourir ae hautes pénalités his
toriques dans un avenir très prochain.
11 serait, disions-nous, dangereux pour
la France « d'être à peu près le seul grand
« Etat parlementaire continental au mi-
« lieu de voisins ayant réorganisé leur
« autorité. Mais c'est un argument de plus
« en faveur de l'urgence des réformes (et
a . de la réforme essentielle) dans notre
« pays. Ce qui eût été bon et utile pour
« nous il y a vingt ans, ce qui, dans cette
« longue période, n'a pas cessé de corïes-
« pontlre à des besoins croissants s'impo-
« sera bientôt comme nécessité de défen-
« se extérieure. Mieux eût valu, selon no-
« tre axiome, profiter du moment où tout
« était faible autour de nous pour nous
« fortifier à notre aise. Ce moment est
« passé. Notre programme qui était hier
« de prévoyance et de juste convenance,
« deviendra de plus en plus un progr'am-
« me obligatoire et force. »
Un aspect de cette obligation et (le cette
contrainte quasi matérielle vient d'être in
diqué au Journal des- Débats d'hier par
M. René La Bruyère. L'organe de la tradi
tion libérale en est réduit à souscrire à de
semblables vérités. 11 faut qu'elles soient
dix fois vraies : :
' « Ce double mouvement — en Espagne
et en Italie — provoque un élan d'impéria-
•lisme 'qui se traduira nécessairement, aus
si bien en Espagne qu'en Italie, par un dé
veloppement des flottes italo-espagnoles.
A ce titre, cette politique mérite d'être
suivie de très près par la France, qui .a en
Méditerranée de puissants intérêts à sau
vegarder. » >.
Le mouvement espagnol ne fait que de
commencer, mais on peut juger des ra
pides effets de la renaissance italienne.
L'amiral Thaon de Revel à peine arrivé
au pouvoir élabore un programme naval
qui comporte la nouvelle îçise en chantier
de trois croiseurs, douze contre-torpil
leurs et douze submersibles d'ici 1927.
Or, la flotte italienne est déjà égale à la
nôtre ; « sur un certain point, elle lui est
même supérieure » :
a Le matériel italiefl est un matériel ra
pide et d'une façon générale, plus moder
ne que le nôtre. L'Italie possède 5 unités
cuirassées, un Dante, deux Conte di Ca-
vour et deux Doria, qui ont respectivement
20.500, 22.500 et 24.000 tonnes. Ces bâti
ments ne sont armés que de pièces de 305
millimètres, mais ils en ont 13, au lieu de
12 qui sont à bord de nos trois Courbet. La
France ne possède donc, en regard des
cinq cuirassés italiens et de leurs 65 piè
ces de 305, que 36 pièces de 305 et 30 piè
ces de 340 sur les trois Provence. Depuis
la perte de la France, la marge de supério
rité de notre pays ne se trouve plus que
d'une unité. En outre, les cuirassés ita
liens ont environ deux à trois nœuds de
vitesse de plus tjue les nôtres.
« Ne parlons point des cuirassés anté
rieurs, ni des croiseurs cuirassés, qui sont
dépourvus de valeur, pour ne retenir que
Its croiseurs légers, les conducteurs d'es
cadrille, les torpilleurs et les sous-marins.
L'Italie possédait, avant la guerre, trois
bâtiments de 3.300 à 3.600 tonnes, type
Quarto et Marsala, et un de 4.300 tonnes,
type Libia, filant jusqu'à 28 nœuds, alors
que la France ne possédait aucun tijve
analogue. Cn,'an,e il a été attribué à l'Ita
lie, comme à nom, cinq croiseurs ex-enne
mis, cette nation conserve un avantage de
quatre unités vis-à-vis de la Francèt avec
les neuf croist-urs légers constituant ans
fsc-idrille homuQèue et possédant des qna
lités militaires indéniables, j .
c. La .supériorité de l'escadre italienne
sur l'escadre française s'affirme encore
avec les conducteurs d'escadrille. L'Italie
en a sept de 1.400 à 1.900 tonnes, filant
de 34 à 40 nœuds, alors que la France ne
possède en tout qu'un seul conducteur
d'escadrille ; encore s'agit-il d'un navire
ex-ennemi I L'Italie est encore mieux do
tée que nous sous le rapport des torpil
leurs, avec ses onze unités type Sertori
de 800 tonnes, qui datent de i917-19, et
ses bâtiments type Palestro, qui sont au
nombre de huit en service ôu en achève
ment Quant aux sous-marins italiens, its
sont au nombre de cinquante-sept, contre
cinquante-quatre en France ; •mais, alors
que le plus ancien sous-marin français a
quinze ans de date à compter de là mise
en chantier, le plus ancien sous-marin
d'Italie n'a que huit ans. En définitive,
la flotte italienne se compose de 5 cui
rassés, 8 croiseurs, 64 contre-torpilleurs
et 43 sous-marins modernes. Enfin, le ton-
narte des vapeurs de commerce est de
2.788.000 tonnes brutes, ■ contre 3.265.000
en France.
« Il n'y a pas de doute que le fascisme
ne désire faire une réalité du classement
théorique de la Conférence de Washing
ton, d'après lequel nous serions mis sur
le même pied que l'Italie. »
L'état des choses en Espagne n'est pas
non plus de nature à nous endormir :
« La flotte de l'Espagne est loin de
valoir celle de la nation qui lui fait face.
Elle se compose de deux cuirassés de
15.452 tonnes, Alphonse-XIII et Jaime-I,
armés de huit pièces de 305 millimètres,
et qui ont été lancés en 1913 et 1914, d'un
croiseur rapide de 5-900 tonnes, filant 25
nœuds, de quelques torpilleurs et de qua
tre sous-marins. Le programme naval
adopté en 1915 se poursuit avec vigueur,
et le nouveau gouvernement va lui donner
un nouvel élan. Le Don-Blas-Lezo et le
Mendez-Nunez ont été mis sur cale au Fer-
roi en 1917. Ce dernier a été lancé le
3 mars, et ce port se prépare à commen
cer la construction de deux autres croi
seurs plus puissants, de 7.975 tonnes et de
33 nœuds de vitesse, huit pièces de 15 cm.,
douze tubes lance-torpilles, etc... Les plans
ont été établis par un ingénieur anglais.
En outre, l'Espagne a en construction
trois conducteurs d'escadrille de 1.650
tonnes, filant 36 nœuds, trois destroyers
de 1.145 tonnes de 34 nœuds, quatre sous-
marins du type Holland de 610 tonnes,
et irois canonnières rapides de 1.335
toifnes. Enfin six autres grands navires
seraient commencés cette année.
« Les programmes combinés de l'Italie
et de l'Espagne dénassent le nôtre. Nous
ne devons pas oublier que la route d'Alger
à Marseille se trouve entre les deux pénin
sules■ Il n'entre pas dans notre esprit que
leur alliance puisse un moment fai<-c échec
à la politique de la nation qui détient la
Tunisie à l'Est et le Maroc à l'Ouest. Sou
venez-vous toutefois de l'intérêt vital que
la Méditerranée présenté pour nous, et de
la nécessité où nous sommes de dominer
cette route stratégique par laquelle doit
s'opérer ta mobilisation de nos forces
africaines. »
Tout cela est parfait. Mais n'oublions
pas d'y ajouter notre règle d'or.
III. Notre règle d'or
Une faible marine française en Médi
terranée doit constituer une tentation, ;
j'irais jusqu'à dire, xine provocation à
l'adresse des vieilles nationalités renais
santes qui peuvent concevoir de façon très
simpliste le programme de leur avenir.
Un ôte-toi de là que je m'y mette peut leur
paraître l'instrument naturel et facile de
leur grandeur. Elles peuvent tourner leur
union contre nous : c'est l'hypothèse de
i M. Jean Mélia dans la Lanterne, ces jours-
ci.
Au contraire, une forte puissance na
vale française, une puissance égale à nos
nécessités* africaines, syriennes, extrême-
asiatiques, une puissance qu'il faudrait
hardiment estimer à l'ancien système an
glais « double des deux forces les plus
voisines », cette puissance française crée
rait véritablement l'amitié entre les trois
Etats latins en les fédérant auprès de la
France pour la liberté, de la Méditerranée,
pour la « Méditerranée aux Méditerra
néens » : les grandes ambitions légitimes
se rouvriraient alors aux Latins, à tous
les Latins, et les questions de Gibraltar,
de Malte, d'Egypte, de Chypre pour
raient être examinées de plus près 1 II
y a eu deux cents ans en 1904 qùe Gibral
tar était délatinisé, il y a eu cent ans en
1883 que cette désaffectation du sol es
pagnol n'a plus été contestée pratique
ment, car ou.je me trompe fort oti les
longues guerres de la Révolution et de
l'Empire, qui ont donné lieu à tant de
sièges et de batailles sur terre et sur mer,
n'ont pas livré un seul assaut à la forte
resse de .Gibraltar 1
IV. La marine est royale
Mais n'oublions pas un autre axiome
que M. Raiberti a presque admis cet été:
la marine française est un cas royal._ La
puissance maritime anglaise a pu naître
en Angleterre sous un lord Protecteur. Ce
la ne s'est pas vu chez nous : il a toujours
fallu un Roi. Ce qui ne veut pas
dire qu'il suffise d'avoir un roi pour avoir
des vaisseaux,- des équipages, des ports,
une tradition de marine militaire. -Ce
la veut dire que sans la condition préala
ble du Roi, les autres conditions humai
nes ont été rendus .inutiles, se brisant,
languissant ou se désorganisant en quel-
\ | je.s années). M. W.'îa^.mir d'Onmesson-
rend compte dans la Revue Hebdoma
daire de l'impulsion donnée par Delcassé
à nos flottes : si énergique et si heureu
se* d'abord qu'il croit pouvoir la compa
rer au magnifique élan de Choiseul orga
nisant en quinze années la revanche de
la guerre de Sept ans. L'œuvre de Delcas
sé a été noyée comme un petit chien._ Les
quelques années de guerre auront été fa
vorables à toutes les marines, sauf à la
nôtre. Il manquait à la nôtre cette tradi
tion de Chefs qu'on n'improvise pas : nul
organe approprié n'a su maintenir face
aux nécessites de la guerre continen
tale nos inaliénables forces de Mer ou,
si nous les sacrifiions provisoirement, en
imposer le respect, le rétablissement, la
reconnaissance au lendemain de la paix,
Qu'a-Hl manqué à l'effort napoléonien?
Les admirables cadres militaires détruits
par la Révolution et qu'on ne pouvait pas
improviser non plus. Ceci, cela ou autre
chose, il manque toujours quelque chose
aux tentatives de la démocratie parlemen
taire ou plébiscitaire sur Mer. Le fait po
sant la auestion de la force et de la vie
de la France, pose aussi la question
constitutionnelle. Ici, l'autorité exercée dix-
huit mois ne suffit pas. Il la faut à long
terme. Et cette autorité durable ne doit
pas se sentir à tout instant menacée par
des électeurs dont elle dépende, par un
plongeon dans un milieux électoral capa
ble de la ruiner. Il la faut donc indépen
dante. Il faut donc que ce gouvernement
soit engendré d'autre chose, que des vo
lontés fluctuantes de ceux qu'il doit
gouverner au nom du salut général.
L'élection exclue comme elle doit l'ê
tre, il faut bien s'en remettre à l'hérédité
qui incarne et résume les réussites du
passé.
Il ne me déplaît pas d'entendre enco
re traiter ces idées générales de théories
en l'air car on le criait bien plus fort,
il y a vingt ans, lorsqu'elles reparaissaient
après un long oubli. Le temps qui a
coulé, les essais qui ont été faits, les
échecs que l'on a subis, les clartés dans
lesquelles ils se produisirent font réfléchir
les Français sérieux et les Français indé
pendants. Ils se demandent si tant de
coïncidences ne comportent pas plus de
raison et de nécessité que ne le voudraient
supposer les politiciens syndiqués',
agents conscients ou inconscients de l'en
nemi ou de l'étranger parmi nous.
Le roi de France eut fait fusiller Bçiand
retour de Washington. Un huit ou neuf
centième de Roi, M. Archimbauld, dépu
té de la Drôme, au cours d'un très intéres
sant et très sévère ouvrage, compte, si
gnale, reconnaît quelques-unes des plus
grandes fautes criminelles dudit Briand
à ladite conférence de Washington : il
ne conclut pas.
J'ai bien l'honneur, cher monsieur Ed
mond du Mesnil, de vous présenter ce
Robespierrot à la manque. C'est d'ailleurs
un de vos plus distingués collaborateurs.
V. La République de Jaurès
et celle de Jonnart
Noire ami Robert Havard de la Monta
gne aimait à citer un beau texte de Jau
rès, qui reparait dans l'Ere Nouvelle ;
faisons lui du moins les honneurs de l'.-lc-
tion française ; il importe de ne pas lais
ser passer l'occasion d'éclairer les pa
triotes attentifs à l'esprit général des
institutions :
Le 21 novembre 1893, le député de Car-
maux, dans sa réponse à la déclaration du
ministère Dupui], définissait et le socia
lisme et la République, montrait qu'ils
étaient intimement liés l'un à l'autre. Je
mets sous vos yeux ce passage de ce dis
cours ; il en vaut la peine :
« C'est parce que le socialisme pro-
« clame que la République politique doit
« aboutir à la République sociale ; c'est
« parce qu'il veut que la République soit
« affirmée dans l'atelier comme elle est
a affirmée ici ; c'est parce qu'il veut que
« la nation soit souveraine dans l'ordre
« économique pour briser les privilèges
« du capitalisme oisif, comme elle est
« souveraine dans l'ordre politique-; c'est
« pour cela que le socialisme sort du mou-
« vement républicain. C 'est la R epublt-
« que qui est le miand excitateur,
« c'est la republique qui est le grand
« mexeun... »
Et le grand orateur jetait à Charles Du-
puy et à ses ministres réactionnaires :
« — Traduisez-la donc devant vos gen-
« darmes !
A la bonne heure. L'excitation socialis
te fait corps avec l'idée républicaine. C'est
ce qui inquiétait Renan vers 1871. Il y
voyait un « développement démocratique
malsain ».
Mais Jaurès ne disait que la moitié de
l'idée directrice du régime. L'excitation
systématique développe l'atonie et l'iner
tie au pôle opposé. Le vain bruit des
affaires publiques traitées par les politi
ciens en détourne puis en dégoûte.les élé
ments les plus actifs et les plus travail
leurs du pays. En dehors de ces spécia
listes bruyants, hâbleurs, pillards, il se
forme un banc épais d'indiffé'ence auquel
s'agrègent de plus en plus les véritable»
majorités. Tout çe qui échappé à l'excita
tion révolutionnaire est asservi, happe et
capté par les fondés de pouvoir de la Plou
tocratie. La nation, française est donc gru
gée par les deux bouts.
C'est la République .âu complet.
CHAULES StACtttlAS
LES PAYSANS SE SOULÈVENT
en Bulgarie
Plus d 'une Centaine de tués
Une fois de plus, voici la révolte ins
tallée en Bulgarie. Le partage des terres,
et toutes les expériences bolchevistes aux
quelles les gouvernements bulgares se
sont prêtés, portent leurs fruits. Le 10
juin _ dernier, M. Stambouliski était ren
versé et tué quelques jours après. M. Isan-
koff qui, à la tête de la Ligue des offi
ciers de réserve, avait pris le pouvoir.,
ne crut pas bon de revenir sur les mesu
res agraires qui avaient été prises. Au
jourd'hui, voici que les paysans se ré
voltent et cpie, de part et d'autre, on si
gnale de violentes rencontres avec les
troupes et la gendarmerie.
Sanglantes rencontres au sud-ouest
de Sofia
A Sofia, le gouvernement juirait siTi
fisamment fort pour maîtriser ses adver
saires. Mais on signale qu'au sud-ouest de
la capitale, à Radomir, les insurgés ont in
fligé une sérieuse défaite aux gendar
mes et aux soldats.
Sur ce seul point, on compte déjà plu
sieurs centaines de tués de part et d'autre.
Un gouvernement révolutionnaire pro
visoire a été établi â Radomir. Les insur
gés ont démoli toutes les routes et voies
ferrées aux abords de cette ville, pour
contenir l'avance des troupes gouverne
mentales.
On signale d'autres batailles sanglantes
à Karlovo, Dubnitza et à Salkovo, où les
éléments communistes et agrariens, réunis
en forces supérieures, ont battu les trou
pes gouvernementales et capturé de gran
des .quantités d'armes et de munitions.
Le gouvernement de Sofia résiste en
core avec énergie. Il a fait procéder à
des arrestations en masse à Sofia, Phili-
popoli et Kustendil.
Le président de la Chambre de commer
ce et le rédacteur en chef du journal com
muniste ont été incarcérés.
D'autre part, le gouvernement a envoyé
des détachements de gendarmes dans tou
tes les directions, avec des mitrailleuses
et des chars blindés.
Néanmoins, l'issue de la lutte est dou
teuse.
APRES L'ASSASSINAT DE JANINA
LES EXCUSES DE LA GRECE
à l'Halle
L'escadre italienne suivie du croiseur
anglais Cardiff et du croiseur français
Mulhouse, a mouillé dans la rade de Pha-
lère où était rangée l'escadre hellénique.
L'escadre hellénique a rendu les hon
neurs aux navires italiens en tirant une
salve de 21 coups de canon et en hissant
le drapeau italien sur ses navires. Une
foule nombreuse assistait à cette cérémo
nie.
Après que les honneurs eurent été ren
dus aux navires italiens, l'escadre hellé
nique a arboré les drapeaux anglais et
français qui ont été salués par les 21 coups
de canon réglementaires.
Un service religieux à la mémoire des
victimes de Janina a été célébré à bord
du Conte di Cavour, sous la présidence de
Mgr Calluci, premier chapelain de l'ar
mée.
Aussitôt qu'a été parvenue la nouvelle
de la fin de La cérémonie funèbre, qui s'é
tait déroulée en même temps à Athènes,
les navires alliés ont rendu son -salut à
l'escadre hellénique et ont levé l'ancre
pour leur voyage de retour.
Un grand enthousiasme régnait à bord
de l'escadre italienne.
L'embarquement des corps
des victimes
Pendant que ces cérémonies se dérou
laient à Athènes et à Phalère, les dépouil
les des officiers italiens ont été embar
quées à Prevesa, à bord d'un torpilleur
italien pendant que le navire hellénique
Tonini tirait une salve. Le corps lie 1 in
terprète Cravcri, originaire d'Albanie, se
ra dirigé, par voie de terre, sur l'Albanie.
Parmi les nombreuses couronnes, por
tées à bras par des soldats, on remarquait
notammentcelle du roi Georges de Grèce.
Les cordons étaient tenus par les offi
ciers grecs.
Avant rembarquement des corps, un
colonel français, appartenant à la Com
mission de délimitation, et le lieutenant-
colonel qui commandait les troupes hel
léniques ont pris la parole pour flétrir
!e meurtre des ollic-iers italiens. Après une
courte réponse de l'amiral italien hlloro,
es corps ont été transportés a b„ord du
cuirassé San-Marco.
LA QUESTION DE FIUME
ROME ET BELGRADE NEGOCIENT
On mande de Belgrade que d'impor
tantes négociations sont engagées entre ;
l'Italie et "la Yougo-Siavie ^ pour régler la
question de l'Adriatique. Un certain noiii-
1)re de noies aurait déjà ete échangé. Le
traité qui s'élabore ainsi serait conclu aux
conditions suivantes :
1° Annexion de Fiume et de ses abords
à l'Italie. En retour, l'TMli" reconnaît la,
souveraineté yougo-slave sur Je pt-lil port
de Baros et sur le Delta ;
2° Une correction de la frontière ;!a-
lo-yougo-slave en Slovénie en faveur de
la Yougo-Slavie et une zone franche pour
la Yougo-Slavie dans le port de Fiume :
3° La conclusion prompte d'un traité
de commerce qui établira les relations
étronomiques et commerciales l'es p'lu,sj
intimes ■ entre l'Italie et la Yougo-Slavie ;
4° La conclusion d'un traité politique
et militaire qui instituerait la coopéra
tion intime de la Yougo-Slavie ct cle 11-
talie dans les Balkans et dans 1 Eurdpe
centrale.
Enfin, il serait stipulé que la Yougo
slavie ne pourra' pas créer une flotte ne
guerre dans l'Adriatique.
EN QUELQUES LIGNESj
loMWti '*** *
— La délégation â la Société des; Nations
émettrait des doutes sérieux sur 1 authenticité
des dépêches qui relatent le mouvement jnsur-
r ; rectionnel en Bulgarie, lit pourtant .
" -«• Suivant la Chicago Tribune, M. Woodrov,
I Wilson serait candidat déîliocratc a la.
dence des États-Unis en ^
DEUXIEME
^-fZIEME ANNEE-. — N° 263
VENDREDI 21 SEPTEMBRE 1923
15 centimes
S eine C-S eine C . O ise
20 centimes
D épartements ^ C olonies
Abonnements: Un An Six Mois ïroisFîois
F rance & C olonies , 4-3' 25' 13'
E tranger . - 82. 42. 22
ORGANE OU NATIONALISME INTEGRAL
fondateur
Henri VAUGEOlS
« Tout ce qui est national est nôtre>»
Le Duc d'ORLÉANS
RÉQACTION n AOMI niSTR ATlOn s I4.nie de Rome.PARIS 8'
Adresse tèlégraphîquè: ACTIOFRAfi PARIS
Chèque postal : Compte 233O0.?PARIS
Te'léph : AOtlimSTRATM : Louvre 26-49 et 28-60
PÙBUCITÉ : Centra! 74-77 .RÉDACTION ^Central 75M
(après dix heures du soir : Central S't-O?î
DIRECTEURS POLITIQUES:
héritier des quarante Rois qui en mille ans ffrent la France.
LÉON DAUDET et CHARLES MAURRAS - Rédacteur en chef MAURICE PUJO
PETIT TABLEAU SYNOPTIQUE
dédié h I. Maunoury, en réponse à son apologie
de la République,
ALSACE-LORRAINE
Acquise à la Francs
par Louis XV
simplement par son
mariage
avsc la Princesse
Marie Leczinska.
Perdue en 1870
par l'Empire issu
de la Révolution
(défaite accueillie
avec joie par les
républicains.)
Reprise sous la
III 0 République au prii
de 1.500.000 morts,
2.009.090 de mutilés,
dix départements
ia ruine de ses
Hymne à Respublique
ou
Maunoury se cramponne
^'excellent papa Maunoury est un
ministre de l'Intérieur qui croit que
la police politique — Renseignements
généraux — dépend du ministère de
la Justice. Il me l'a soutenu, parlant
à ma personne, dans un bureau de
la Ghambre, quelques jours avant la
mort de Joseph Dumas, chef desdits
Renseignements généraux, 'CÏon,t j f
lui démontrai en même temps —
textes en mains et d'après le réquisi-
.loire Mornet, au procès du Bonnet
Rouge — que c'était une parfaité ca
naille et un homme dangereux. Ce
qui n'empêchait pas M. Maunoury,
à quelque temps de là, de célébrer,
avec le préfet de police Naudin —
réédition de l'inénarrable Laurent —
le « patriotisme » de Humas, victime
de la méchanceté des réactionnaires.
Deux semaines se passèrent ; puis
deux députés et un ancien député
probertoniens, ayant été dûment
barbouillés et purgés — afin d'éviter
.des sanctions plus sérieuses — à ti
tre de simple avertissement, l'ami ch%
traître Malvy, Herriot. et le vieux
fourbe Emmanuel Brousse montèrent
à la tribune, et âemandèrent le châ
timent des amis de Plateau. Sur quoi,
M. Maunoury, devenu soudain terri
ble et menaçant, annonça qu'à trois
heures un quart il avait pris connais
sance d'un complot et qu'il allait dé
fendre Respublique par le moyen du
policier Unguibus et du juge Rostro.
Effectivement, le policier Unguibus
faisait évader une fille perdue, amie
de la policière Berton, policière elle-
même, du nom de Marguerite Bary,
et son ami Rùbio, dit « Paradis » —
lesquels projetaient d'assassiner Poin
caré et Millerand — et le juge Rostro,
dit «Mayet », allongeait à Maurras
quatre mois de prison sans sursis.
Dans le même temps, l'anarchiste
Taupin, qui avait préalablement
tenté de tuer Maurras,s'en tirait avec
quinze jours de prison ! Le bon Col-
rat, garde des Sceaux, déclarait que
tout cela était infect, que Maunoury
était un incapable, mais que, person
nellement, il n'y pouvait rien.
La disparition complète du complot
de trois heures un quart — tombé,
par la suite, dans un trou sans fond
— laissa assez désemparés, non seu
lement Herriot, ami et subordonné
du traître Malvy, et le vieux fourbe
Emmanuel Brousse, mais encore le
ministre Maunoury, le policier Un
guibus dit « Ducrocq » et le juge Ros
tro dît « Mayet ». Lorsqu'on apprit
que Ducrocq quittait la police judi
ciaire, où il pratiquait le chantage,
sous le couvert d'Anquetîl, et l'assas
sinat politique, en compagnie de Le
breton, sous le couvert de la Bary et
de Rubio. on en conclut que le papa
Maunoury allait se retirer, et passer
'la main. Ce départ semblait s'impo
ser. En effet, prenant la suite du fils
et petit-fils de Boche Steeg et du Mar-
raud, décorateur de Téry, Maunoury
avait laissé faire les préfets « alle
mands » de Waldeck, de Combes et
de Caillaux, de telle sorte que le Bloc
national était menacé. Vous me di-
ïez que c'était bien aussi un peu la
faute dudit Bloc national, candide
comme il n'est pas possible ; et je
n'en disconviendrai pas. Toujours
est-il que M. Maunoury est toujours
installé place Beauvau,au milieu de
ses préfets « allemands », dont le
nombre ne serait pas inférieur à 47.
Cette incrustation a permis, à la Sû
reté Générale, d'organiser, à Cahors,
une réunion en l'honneur du traître
Malvy, amant des espionnes, réunion
à laquelle ne manquait, et pour cau
se, que le spectre d'Almereyda, com
plice de Malvy, étranglé sur l'ordre
dudit Malvy, lorsque fut découverte,
en août 1917,1a trahison des bandits
du Bonnet rouge. Cette incrustation a
également permis à la police « alle
mande » de Pairis — parallèle aux
préfets « allemands » — d'épargner
le bagne aux trois bandits, et condam
nés du Bonnet rouge, Landau, Gold-.
sky et Marion.
II. est à prévoir que cette incrusta
tion de l'excellent M. Maunoury amè
nera, d'ici peu, une catastrophe, ou
uit nouvel attentat germano-policier.
Car le véritable complot, de trois
heures ,un quart, n'est pas celui que
s'imagina M. Maunoury. Il est dans
les sentines de police politique, de
meurée en relation avec Berlin, ou
furent combinés la campagne dite de
« Poincaré-la-Guerre » et le. meurtre
indirect d'Antonin Dubost.
Tout ministre qui se cramponne
■invoque l'intérêt c* Respublique. Je
ne ferai certes pas l'injure M. Mau
noury. — qui est un parfait galant
homme et (quand il n'éçoute pas Le-,
breton ni son entourage) d'une sen *
sibilité vive et directe — de le com
parer à Briand. Néanmoins, lorsque
Brian^d, diplomate de la bande in
dustrielle de Chine et boulotteur de
fonds secrets, vendait la France à
Lioyd George, il revêtait aussi» le
manteau troué de la République.
Maurras rappelait, l'autre jour, l'ef
froyable responsabilité du régime,
issu de Sedan et de l'entente Gambet-
ta-Bismarck, dans l'hécatombe de
1914-1918 et dans la pinquième inva
sion démocratique. M. Maunoury
prétend, lui, que c'est la suppression
du 2 e bureau de renseignements mi
litaires — 5 septembre 1899— qui a
fait, avec les fiches germano-maçon
niques de délation, la victoire de la
Marne. Libre à lui d'émettre'' une
semblable ânerie, et à son grotesque
thuriféraire du Temps de la monter
en épingle. L'abonné du Temps est
comparable à celui de la Revue des
Deux Mondes : il avale tout, ficelles
et petits boyaux à la façon des ca
nards. Il croit à la solidité du régi
me qui a fait tuer en surcroît, par
centaines de mille, les jeunes Fran
çais... jusqu'au jour où,, ce régime
s'écroulant, il acclamera la royauté
qui le remplacera.
Reste à savoir s'il suffira à un mi
nistre de l'Intérieur de se dire bon
respubliquain, et profondément dé
voué à la gauche — qui nous prépare
une nouvelle guerre — pour demeu
rer à la tête de services qu'il ignore,
et qui demeurent tournés contre le
pays . Nous voici à quelques mois des
élections générales. J'ai dit et je ré
pète que la présence de M. Maunou
ry — si bon et cher homme qu'il soit
— est une véritable calamité, dans un
moment pareil. Il y a beau temps que
la majorité de la Ch am bre l'aurait
renversé, si elle n'avait craint, en le
renversant, d'ébranler le cabinet
Poincaré» dans lequel elle a mis sa
confiance. Ce qui a maintenu M. Mau
noury, c'est l'intrigue maladroite de
M. Tardieu. Mais il est très possible
que l'horreur du suicide volontaire
amène enfin la majorité du Bloc na
tional à faire,auprès du président du
Conseil, les démarches que comman
dent les circonstances et le bien du
pays ; « Vive Respublique » crie M.
Maunoury. A quoi les députés de la
majorité, s'ils sont sages, répondront:
« Vive votre départ, cher M. Mau
noury ! »
LXSON DAUDET.
fiêTwitp H «» /Y t' v
L'entrevue BaIdwin=Fmaré
Le secret sur la conversation qu'ont
eije MM. Baldwin et Poincaré a été bien
gardé. Rien ou presque rien n'a transpiré
de cet entretien qui mérite cependant
d'être marqué d'une boule blanche. 13 y
a bien longtemps, en effet, que nous n'a
vions lu un communiqué comme celui qu'a
publié, mercredi l'ambassade d'Angle
terre et dont nous avons pu donner dès
hier un extrait. Le voici in extenso :
Paris, 19 septembre. — Cet après-midi a
eu lieu une rencontre des premiers mi
nistres de France et de Grande-Bretagne K
dont ils ont profité pour procéder à un
échange de vues sur la situation politique
générale.
On ne peut s'attendre à ce que, au cours
d'une seule entrevue, M. Poincaré et M.
Baldwin aignt pu arrêter des solutions dé
finitives, mais ils ont été heureux d'éta
blir leur commune manière de voir et de
constater que sur aucune question il
n'existe de divergence de principe qui
puisse compromettre la collaboration des
deux pays dont dépend, dans une si lar.
ge mesure, la stabilisation et la paix du
monde.
Peîidant plus d'une heure, les deux Pre
miers ont pu échanger leurs idées, se com
muniquer le-"-s impressions. Pour aboutir
au communiqué qu'on a lu, il faut évi
demment que . le chef du cabinet anglais
estime que 1a France tient le bon bout et
que lord d'Abernon s'est mis le doigt
dans l'œil. S'il en était ainsi, ce serait
de bonne augure pour l'avenir.
LE CONSEIL DES MINISTRES
M. Raymond Poincaré, président du Con
seil et tous les membres du gouvernement
à l'exception de MM. Raiberti et Léon Bé-
rard, sont partis hier matin à 8 h, 40 pour
Rambouillet.
Les ministres sont arrivés à 10 heures
à la gare de Rambouillet où le lieutenant-
colonel Menard, de la maison militaire du
président de la République, les a salués.
MM. Bonnefoy-Sibour,, préfet de Seine-et-
Oise, Bonnereau, sous-préfet de Rambouil
let et Roux, maire de Rambouillet étaient
également présents à la gare.
Les ministres s,e sont rendus dans les
voitures de la présidence de la République
au château de Rambouillet où le Conseil
des ministres s'est immédiatement tenu
sous la présidence de M. Alexandre Mil
lerand.
M. Raymond Poincaré a mis le Conseil
au courant de la situation extérieure et de
la conversation qu'il a eue mercredi avec
M., Baldwin. Puis M. Le Trocquer a rendu
■dompte de sa tournée d'inspection dans la
Ruhr. •
-A une heure moins le quart, la séance
était levéet
M. Baldwin et Lord Curzon
La rencontre de M. Stanley Baïd-
ivin .et de M. Poincaré a donné lieu,
dans certains journaux anglais, à de
si. curieux commentaires que nous
nous en voudrions de ne pas com
mencer par là. Il y a toujours deux
façons de voir les choses et l'on a in
térêt à connaître celle d'autrui. Voici
donc la version d'un milieq. anglais
telle qu'elle a été transmise de Lon
dres par le correspondant du Man
chester Guardia^.
Le premier ministre a quitté Aix-les-
Bains pour Paris où il restera deux jours
avant de retourner à Londres. On s'attend à
ce que, son entrevue avec M. Poincaré porte
sur tout le champ de la diplomatie européen
ne. Les événements surprenants des trois der
nières semaines, — qui comprennent deux
crises adriatiques, une crise de la Ligue des
Nations, une a-évolution en Espagne, les gron
dements du fascisme révolutionnaire en Hon
grie, une nouvelle tentative allemande d'en
tente avec la France, un renouveau de trou
ble en -Orient et une révolution en Trans-
jordane — ont eu pour effet d'attisé» _ les
récriminations des Français, contre l'Anglè-
terre.
On en vient enfin à reconnaître en France
que l'instabilité chronique Jes affaires uro-
péenns menace de ruiner les traités de paix et,
en dépit de l'action séparée dans la Ruhr, la
politique du quai d'Orsay a toujours pour
principe de s'attacher aux traités. Le gouver
nement français est particulièrement embar
rassé par les difficultés croissantes entre
l'Italie et la Petite-Entente. Mais il reste à
savoir si les événements conduiront M. Poin
caré à faire des propositions pratiques quand
il verra M. Baldwin. C'est nécessairement à
lui de faire le premier pas en raison de ce
qui s'est passé depuis ,1e 11 janvier.
Ainsi il y a des Anglais qui pensent
que la politique française est embar
rassée et ils comptent même au nom
bre de ces embarras « une nouvelle
tentative allemande d'entente avec la
France. » C'est nous qui irions de
mander aide et protection et c'est par
conséquent à nous qu'il appartien
drait de faire les premiers pas et pro
bablement d'offrir quelque chose.
Une situation ne peut pas se pein
dre plus différemment selon les es
prits par lesquels elle passe. Nous
voyons, quant à nous, que la résistan
ce passive s'écroule, que le gouverne
ment de Berlin n'a plus les moyens
financiers de la soutenir, s'il n'ose
pas la décommander, que notre occu
pation de la Ruhr n'a pas eu les ter
ribles conséquences qu'annonçaient
les milieux où le Manchester Guar
dian s'informe et qu'elle a tourné fa
vorablement pour nous grâce à no
tre patience et à notre énergie. Sur les
autres points de l'Europe, on n'aper
çoit rien de fâcheux pour la France.
Les crises de l'Adriatique ont été
apaisées grâce à elle dans le sens qu'il
fallait et en évitant les ruptures aux
quelles le sentiment national italien
était résolu et que le Foreign Office
a failli provoquer. La Ligue des Na
tions, dont l'effervescence est calmée,
ne songe plus à parler des répara
tions. En Espagne, le pronunciamien-
to nous a délivrés de M. Garcia Prie-
to et de M.Alba,qui,dans l'affaire de
Tanger, ne se comportaient pas com
me des amis. Enfin, ce n'est pas nous
qui avons installé en Transjordanie
l'émir Abdullah. De quoi nous plain
drions-nous ?
A la vérité, notre position est bon
ne et M. Baldwin qui est un homme
d'affaires s'en aperçoit peut-être
mieux que son ministre des Affaires
étrangères qui est un idéologue. Une
note assez pointue du Daily Tele-
graph, interprète ordinaire de lord
Curzon, semble avertir le Premier
ministre de ne pas aller trop loin
avec M. Poincaré et le menace de la
Coitférence impériale qui doit s'ou
vrir à Londres dans quinze jours. La
politique gui est indiquée là consis
terait pour l'Angleterre à se retirer
du continent au moment où l'Alle
magne, dans la Ruhr, n'a plus qu'à
se rendre, à laisser les Français et
les Belges lui dicter leurs conditions'
ou bien à subir une capitulation en
core plus grave, c'est-à-dire 'à nous
passer la main dans les régioàs oc
cupées.
M. Baldwin parait avoir compris
que ce n'était pas le moment de lais
ser la France toute seule et que l'An
gleterre ne gagnerait rien au splen-
dide isolement. Si nous comprenons
bien sa pensée, il aura été plus sub
til que son ministre des Affaires
étrangères,
JACQUES BAIXVlL&a.
Le marquis de Chaumont=Quitry
commandeur
de la Légion d'honneur
Banni les officiers rayés des cadres
promus récemment au grade de comman
deur de la Légion d'honneur — et dont
la liste a paru au Journal Officiel du mar
di 18 septembre — nous relevons avec
joie et ,fierté) te nom du commandant
maiiquis de ÏCha.Umont-Qu.it'rj t délêc/u )
régional de Monseigneur le duc d'Or-
leàn«m.pour la zone de la Loire (v zone)
et président \à Bourges du comité du
Souvenir Français de cette ville.
L'Action Français-"- rst heureuse de pré
senter à M. de Chdunidnt QuWi/ ses res
pectueuses félicitations.
LA POLITIQUE
I. Du 20 septembre 1914
au 20 septembre 1923
Quelques jours ■ «près l'assassinat de
Plateau, M. le juge d'instruction Devise
on montrant les lettres de Germaine
Berton roulait des yeux clairs qui pétil
laient de clairvoyance pour me dire : —
Elle n'a pas d'amants.
Je ne sais si cette constation de morali
té fera l'objet d'un papier judiciaire
quelconque. On n 'a connu qu'un peu plus
tard les glorieux bulletins de couche-
rie à trois' avec des camarades d'un sexe
ou deux comme dit Verlaine. M. Devise
était le maître de son instruction. S'il lui
plaisait de transformer en vierge et marty
re une fille assassin, nul pouvoir humain
ne l'en empêchait.
En attendant, d?être déclarée sans
amant, voilà Germaine Berton sans com
plice. Cela est officiel depuis mercredi
soir. Le document n'est pas encore en
tre nos mains. Nous saurons bientôt si l'as
sociation de malfaiteurs est dite absolu
ment inexistante ou dissoute par le décès
de ses membres. N'existe-t-elle pas? N'exis-
te-t-elle plus? II y avait Gohary. Il est mort.
Il y avait le policier Dumas. Il est mort.
Résolue à réduire absolument les propor
tions de la sombre affaire qui l'épouvante,
contrainte même de l'étouffer, la Justice
républicaine, toujours égale à elle-même,
juge inutile de presser davantage les sur
vivants qu'un interrogatoire conduit à
fond lui eût permis de désigner. Bien trop
puissants pour elle, il faudrait monter trop
haut pour les châtier.
Le cas est donc simplifié, il ne reste plus
qu'à savoir comment on s'y prendra pour
acquitter la Berton. Mais c'est un jeu d'en
fant. Voyez Cachin. Voyez Judet et voyez
Mme Caillaux.
Mon pauvre Marius Plateau ! il y a pré
cisément neuf années aujourd'hui que, à
la bataille de la "Marne, vous vous lanciez
volontairement sur un glacis découvert,
attiriez le feu des mitrailleuses allemandes
et permettiez ainsi à votre bataillon de se
masser au point d'où il put passer à l'at
taque et conquérir Port-Fontenoy,
20 septembre 1914 !
20 septembre 1923 !
Vous vous sacrifiiez à la communauté na
tionale. La communauté nationale ne se
grouille pas pour vous.
Non : les juges nommés, payés par cette
communauté vous sacrifient à l'anarchie et
aux fonctionnaires politiciens, alliés, et
complices de l'anarchie. Un ministre de
l'Intérieur, ancien combattant, s'est em
pressé de se déclarer contre vous, et'' ses
collègues ont cru honorable et digne de
le couvrir. Gr, en couvrant les camara
des de votre bataillon, vous avez attrapé
une balle dans le rocher. Eux, n'ont attra
pé qu'un peu de répit et de tranquillité du
côté de la Gauche dont ils ont peur. Il a
fallu vous trépaner. Je ne crois pas qu'en
résistant à l'extirpation de M. Maunoury
le ministère Poincaré soit l'objet dans
l'Histoire d'une citation anajogue à celle
qui est lue aux jeunes recrues dans le
Livre d'Or du 355 e de ligne, votre régi
ment :
« Le sergent Plateau Marius, 22® com-
« pagnie du 355" régiment d'infanterie ;
« le 20 septembre 1914, à Vaux-sous-Fon-
« tenog., est appelé à venir à l'aide d'unités
« voisines.
« Il faut offrir line cible aux mitrailleu-
« ses allemandes pour détourner leurs
« feux et permettre ainsi du bataillon de
« franchir une zone battue pour tourner
« la position ennemie.
« A la tête de ses hommes, qu'il enlève
« par son commandement énergique et
« entraînant, qu'il galvanise par l'exemple
« de son ardeur, le sergent Plateau quitte
« le fossé d'une lisière de bois, fait ir
ai ruption sur un glacis, sa chaîne de ti-
« railleurs en plein champ, face à l'enne-
« mi, et attire l'acharnement du feu.
« Frappé d'une balle à la tête, l'héroï-
« que sergent est laissé pour mort sur le
« terrain. Trente de ses hommes sont
« tués ou blessés■ Grâce au sacrifice de
« ces braves, le bataillon passe.
« Défilé aux vues de l'ennemi, il se mas-
« se "pour l'assaut.
« Les Allemands, attaqués à revers et
« sur leur flanc droit, sont chassés à la
« baoïnnette de l'éperon nord de Port-
« Fontenoy, position tactique de haute
« importance.
Mon pauvre Marius Plateau ! ne croyez
pas à l'ingratitude de la patrie, vos amis
sont là, ils vous vengeront.
II. Le fascisme et la marine
i
française
Nous indiquions dimanche Un contre
coup inévitable de la réaction nationale
fasciste qui tend à resserrer l'auto
rité et à fortifier les moyens d'action d'E
tats qui sont nos voisins : nous devions
être obligés' à notre tour de concentrer
l'autorité, de réorganiser notre force, à
moins d'encourir ae hautes pénalités his
toriques dans un avenir très prochain.
11 serait, disions-nous, dangereux pour
la France « d'être à peu près le seul grand
« Etat parlementaire continental au mi-
« lieu de voisins ayant réorganisé leur
« autorité. Mais c'est un argument de plus
« en faveur de l'urgence des réformes (et
a . de la réforme essentielle) dans notre
« pays. Ce qui eût été bon et utile pour
« nous il y a vingt ans, ce qui, dans cette
« longue période, n'a pas cessé de corïes-
« pontlre à des besoins croissants s'impo-
« sera bientôt comme nécessité de défen-
« se extérieure. Mieux eût valu, selon no-
« tre axiome, profiter du moment où tout
« était faible autour de nous pour nous
« fortifier à notre aise. Ce moment est
« passé. Notre programme qui était hier
« de prévoyance et de juste convenance,
« deviendra de plus en plus un progr'am-
« me obligatoire et force. »
Un aspect de cette obligation et (le cette
contrainte quasi matérielle vient d'être in
diqué au Journal des- Débats d'hier par
M. René La Bruyère. L'organe de la tradi
tion libérale en est réduit à souscrire à de
semblables vérités. 11 faut qu'elles soient
dix fois vraies : :
' « Ce double mouvement — en Espagne
et en Italie — provoque un élan d'impéria-
•lisme 'qui se traduira nécessairement, aus
si bien en Espagne qu'en Italie, par un dé
veloppement des flottes italo-espagnoles.
A ce titre, cette politique mérite d'être
suivie de très près par la France, qui .a en
Méditerranée de puissants intérêts à sau
vegarder. » >.
Le mouvement espagnol ne fait que de
commencer, mais on peut juger des ra
pides effets de la renaissance italienne.
L'amiral Thaon de Revel à peine arrivé
au pouvoir élabore un programme naval
qui comporte la nouvelle îçise en chantier
de trois croiseurs, douze contre-torpil
leurs et douze submersibles d'ici 1927.
Or, la flotte italienne est déjà égale à la
nôtre ; « sur un certain point, elle lui est
même supérieure » :
a Le matériel italiefl est un matériel ra
pide et d'une façon générale, plus moder
ne que le nôtre. L'Italie possède 5 unités
cuirassées, un Dante, deux Conte di Ca-
vour et deux Doria, qui ont respectivement
20.500, 22.500 et 24.000 tonnes. Ces bâti
ments ne sont armés que de pièces de 305
millimètres, mais ils en ont 13, au lieu de
12 qui sont à bord de nos trois Courbet. La
France ne possède donc, en regard des
cinq cuirassés italiens et de leurs 65 piè
ces de 305, que 36 pièces de 305 et 30 piè
ces de 340 sur les trois Provence. Depuis
la perte de la France, la marge de supério
rité de notre pays ne se trouve plus que
d'une unité. En outre, les cuirassés ita
liens ont environ deux à trois nœuds de
vitesse de plus tjue les nôtres.
« Ne parlons point des cuirassés anté
rieurs, ni des croiseurs cuirassés, qui sont
dépourvus de valeur, pour ne retenir que
Its croiseurs légers, les conducteurs d'es
cadrille, les torpilleurs et les sous-marins.
L'Italie possédait, avant la guerre, trois
bâtiments de 3.300 à 3.600 tonnes, type
Quarto et Marsala, et un de 4.300 tonnes,
type Libia, filant jusqu'à 28 nœuds, alors
que la France ne possédait aucun tijve
analogue. Cn,'an,e il a été attribué à l'Ita
lie, comme à nom, cinq croiseurs ex-enne
mis, cette nation conserve un avantage de
quatre unités vis-à-vis de la Francèt avec
les neuf croist-urs légers constituant ans
fsc-idrille homuQèue et possédant des qna
lités militaires indéniables, j .
c. La .supériorité de l'escadre italienne
sur l'escadre française s'affirme encore
avec les conducteurs d'escadrille. L'Italie
en a sept de 1.400 à 1.900 tonnes, filant
de 34 à 40 nœuds, alors que la France ne
possède en tout qu'un seul conducteur
d'escadrille ; encore s'agit-il d'un navire
ex-ennemi I L'Italie est encore mieux do
tée que nous sous le rapport des torpil
leurs, avec ses onze unités type Sertori
de 800 tonnes, qui datent de i917-19, et
ses bâtiments type Palestro, qui sont au
nombre de huit en service ôu en achève
ment Quant aux sous-marins italiens, its
sont au nombre de cinquante-sept, contre
cinquante-quatre en France ; •mais, alors
que le plus ancien sous-marin français a
quinze ans de date à compter de là mise
en chantier, le plus ancien sous-marin
d'Italie n'a que huit ans. En définitive,
la flotte italienne se compose de 5 cui
rassés, 8 croiseurs, 64 contre-torpilleurs
et 43 sous-marins modernes. Enfin, le ton-
narte des vapeurs de commerce est de
2.788.000 tonnes brutes, ■ contre 3.265.000
en France.
« Il n'y a pas de doute que le fascisme
ne désire faire une réalité du classement
théorique de la Conférence de Washing
ton, d'après lequel nous serions mis sur
le même pied que l'Italie. »
L'état des choses en Espagne n'est pas
non plus de nature à nous endormir :
« La flotte de l'Espagne est loin de
valoir celle de la nation qui lui fait face.
Elle se compose de deux cuirassés de
15.452 tonnes, Alphonse-XIII et Jaime-I,
armés de huit pièces de 305 millimètres,
et qui ont été lancés en 1913 et 1914, d'un
croiseur rapide de 5-900 tonnes, filant 25
nœuds, de quelques torpilleurs et de qua
tre sous-marins. Le programme naval
adopté en 1915 se poursuit avec vigueur,
et le nouveau gouvernement va lui donner
un nouvel élan. Le Don-Blas-Lezo et le
Mendez-Nunez ont été mis sur cale au Fer-
roi en 1917. Ce dernier a été lancé le
3 mars, et ce port se prépare à commen
cer la construction de deux autres croi
seurs plus puissants, de 7.975 tonnes et de
33 nœuds de vitesse, huit pièces de 15 cm.,
douze tubes lance-torpilles, etc... Les plans
ont été établis par un ingénieur anglais.
En outre, l'Espagne a en construction
trois conducteurs d'escadrille de 1.650
tonnes, filant 36 nœuds, trois destroyers
de 1.145 tonnes de 34 nœuds, quatre sous-
marins du type Holland de 610 tonnes,
et irois canonnières rapides de 1.335
toifnes. Enfin six autres grands navires
seraient commencés cette année.
« Les programmes combinés de l'Italie
et de l'Espagne dénassent le nôtre. Nous
ne devons pas oublier que la route d'Alger
à Marseille se trouve entre les deux pénin
sules■ Il n'entre pas dans notre esprit que
leur alliance puisse un moment fai<-c échec
à la politique de la nation qui détient la
Tunisie à l'Est et le Maroc à l'Ouest. Sou
venez-vous toutefois de l'intérêt vital que
la Méditerranée présenté pour nous, et de
la nécessité où nous sommes de dominer
cette route stratégique par laquelle doit
s'opérer ta mobilisation de nos forces
africaines. »
Tout cela est parfait. Mais n'oublions
pas d'y ajouter notre règle d'or.
III. Notre règle d'or
Une faible marine française en Médi
terranée doit constituer une tentation, ;
j'irais jusqu'à dire, xine provocation à
l'adresse des vieilles nationalités renais
santes qui peuvent concevoir de façon très
simpliste le programme de leur avenir.
Un ôte-toi de là que je m'y mette peut leur
paraître l'instrument naturel et facile de
leur grandeur. Elles peuvent tourner leur
union contre nous : c'est l'hypothèse de
i M. Jean Mélia dans la Lanterne, ces jours-
ci.
Au contraire, une forte puissance na
vale française, une puissance égale à nos
nécessités* africaines, syriennes, extrême-
asiatiques, une puissance qu'il faudrait
hardiment estimer à l'ancien système an
glais « double des deux forces les plus
voisines », cette puissance française crée
rait véritablement l'amitié entre les trois
Etats latins en les fédérant auprès de la
France pour la liberté, de la Méditerranée,
pour la « Méditerranée aux Méditerra
néens » : les grandes ambitions légitimes
se rouvriraient alors aux Latins, à tous
les Latins, et les questions de Gibraltar,
de Malte, d'Egypte, de Chypre pour
raient être examinées de plus près 1 II
y a eu deux cents ans en 1904 qùe Gibral
tar était délatinisé, il y a eu cent ans en
1883 que cette désaffectation du sol es
pagnol n'a plus été contestée pratique
ment, car ou.je me trompe fort oti les
longues guerres de la Révolution et de
l'Empire, qui ont donné lieu à tant de
sièges et de batailles sur terre et sur mer,
n'ont pas livré un seul assaut à la forte
resse de .Gibraltar 1
IV. La marine est royale
Mais n'oublions pas un autre axiome
que M. Raiberti a presque admis cet été:
la marine française est un cas royal._ La
puissance maritime anglaise a pu naître
en Angleterre sous un lord Protecteur. Ce
la ne s'est pas vu chez nous : il a toujours
fallu un Roi. Ce qui ne veut pas
dire qu'il suffise d'avoir un roi pour avoir
des vaisseaux,- des équipages, des ports,
une tradition de marine militaire. -Ce
la veut dire que sans la condition préala
ble du Roi, les autres conditions humai
nes ont été rendus .inutiles, se brisant,
languissant ou se désorganisant en quel-
\ | je.s années). M. W.'îa^.mir d'Onmesson-
rend compte dans la Revue Hebdoma
daire de l'impulsion donnée par Delcassé
à nos flottes : si énergique et si heureu
se* d'abord qu'il croit pouvoir la compa
rer au magnifique élan de Choiseul orga
nisant en quinze années la revanche de
la guerre de Sept ans. L'œuvre de Delcas
sé a été noyée comme un petit chien._ Les
quelques années de guerre auront été fa
vorables à toutes les marines, sauf à la
nôtre. Il manquait à la nôtre cette tradi
tion de Chefs qu'on n'improvise pas : nul
organe approprié n'a su maintenir face
aux nécessites de la guerre continen
tale nos inaliénables forces de Mer ou,
si nous les sacrifiions provisoirement, en
imposer le respect, le rétablissement, la
reconnaissance au lendemain de la paix,
Qu'a-Hl manqué à l'effort napoléonien?
Les admirables cadres militaires détruits
par la Révolution et qu'on ne pouvait pas
improviser non plus. Ceci, cela ou autre
chose, il manque toujours quelque chose
aux tentatives de la démocratie parlemen
taire ou plébiscitaire sur Mer. Le fait po
sant la auestion de la force et de la vie
de la France, pose aussi la question
constitutionnelle. Ici, l'autorité exercée dix-
huit mois ne suffit pas. Il la faut à long
terme. Et cette autorité durable ne doit
pas se sentir à tout instant menacée par
des électeurs dont elle dépende, par un
plongeon dans un milieux électoral capa
ble de la ruiner. Il la faut donc indépen
dante. Il faut donc que ce gouvernement
soit engendré d'autre chose, que des vo
lontés fluctuantes de ceux qu'il doit
gouverner au nom du salut général.
L'élection exclue comme elle doit l'ê
tre, il faut bien s'en remettre à l'hérédité
qui incarne et résume les réussites du
passé.
Il ne me déplaît pas d'entendre enco
re traiter ces idées générales de théories
en l'air car on le criait bien plus fort,
il y a vingt ans, lorsqu'elles reparaissaient
après un long oubli. Le temps qui a
coulé, les essais qui ont été faits, les
échecs que l'on a subis, les clartés dans
lesquelles ils se produisirent font réfléchir
les Français sérieux et les Français indé
pendants. Ils se demandent si tant de
coïncidences ne comportent pas plus de
raison et de nécessité que ne le voudraient
supposer les politiciens syndiqués',
agents conscients ou inconscients de l'en
nemi ou de l'étranger parmi nous.
Le roi de France eut fait fusiller Bçiand
retour de Washington. Un huit ou neuf
centième de Roi, M. Archimbauld, dépu
té de la Drôme, au cours d'un très intéres
sant et très sévère ouvrage, compte, si
gnale, reconnaît quelques-unes des plus
grandes fautes criminelles dudit Briand
à ladite conférence de Washington : il
ne conclut pas.
J'ai bien l'honneur, cher monsieur Ed
mond du Mesnil, de vous présenter ce
Robespierrot à la manque. C'est d'ailleurs
un de vos plus distingués collaborateurs.
V. La République de Jaurès
et celle de Jonnart
Noire ami Robert Havard de la Monta
gne aimait à citer un beau texte de Jau
rès, qui reparait dans l'Ere Nouvelle ;
faisons lui du moins les honneurs de l'.-lc-
tion française ; il importe de ne pas lais
ser passer l'occasion d'éclairer les pa
triotes attentifs à l'esprit général des
institutions :
Le 21 novembre 1893, le député de Car-
maux, dans sa réponse à la déclaration du
ministère Dupui], définissait et le socia
lisme et la République, montrait qu'ils
étaient intimement liés l'un à l'autre. Je
mets sous vos yeux ce passage de ce dis
cours ; il en vaut la peine :
« C'est parce que le socialisme pro-
« clame que la République politique doit
« aboutir à la République sociale ; c'est
« parce qu'il veut que la République soit
« affirmée dans l'atelier comme elle est
a affirmée ici ; c'est parce qu'il veut que
« la nation soit souveraine dans l'ordre
« économique pour briser les privilèges
« du capitalisme oisif, comme elle est
« souveraine dans l'ordre politique-; c'est
« pour cela que le socialisme sort du mou-
« vement républicain. C 'est la R epublt-
« que qui est le miand excitateur,
« c'est la republique qui est le grand
« mexeun... »
Et le grand orateur jetait à Charles Du-
puy et à ses ministres réactionnaires :
« — Traduisez-la donc devant vos gen-
« darmes !
A la bonne heure. L'excitation socialis
te fait corps avec l'idée républicaine. C'est
ce qui inquiétait Renan vers 1871. Il y
voyait un « développement démocratique
malsain ».
Mais Jaurès ne disait que la moitié de
l'idée directrice du régime. L'excitation
systématique développe l'atonie et l'iner
tie au pôle opposé. Le vain bruit des
affaires publiques traitées par les politi
ciens en détourne puis en dégoûte.les élé
ments les plus actifs et les plus travail
leurs du pays. En dehors de ces spécia
listes bruyants, hâbleurs, pillards, il se
forme un banc épais d'indiffé'ence auquel
s'agrègent de plus en plus les véritable»
majorités. Tout çe qui échappé à l'excita
tion révolutionnaire est asservi, happe et
capté par les fondés de pouvoir de la Plou
tocratie. La nation, française est donc gru
gée par les deux bouts.
C'est la République .âu complet.
CHAULES StACtttlAS
LES PAYSANS SE SOULÈVENT
en Bulgarie
Plus d 'une Centaine de tués
Une fois de plus, voici la révolte ins
tallée en Bulgarie. Le partage des terres,
et toutes les expériences bolchevistes aux
quelles les gouvernements bulgares se
sont prêtés, portent leurs fruits. Le 10
juin _ dernier, M. Stambouliski était ren
versé et tué quelques jours après. M. Isan-
koff qui, à la tête de la Ligue des offi
ciers de réserve, avait pris le pouvoir.,
ne crut pas bon de revenir sur les mesu
res agraires qui avaient été prises. Au
jourd'hui, voici que les paysans se ré
voltent et cpie, de part et d'autre, on si
gnale de violentes rencontres avec les
troupes et la gendarmerie.
Sanglantes rencontres au sud-ouest
de Sofia
A Sofia, le gouvernement juirait siTi
fisamment fort pour maîtriser ses adver
saires. Mais on signale qu'au sud-ouest de
la capitale, à Radomir, les insurgés ont in
fligé une sérieuse défaite aux gendar
mes et aux soldats.
Sur ce seul point, on compte déjà plu
sieurs centaines de tués de part et d'autre.
Un gouvernement révolutionnaire pro
visoire a été établi â Radomir. Les insur
gés ont démoli toutes les routes et voies
ferrées aux abords de cette ville, pour
contenir l'avance des troupes gouverne
mentales.
On signale d'autres batailles sanglantes
à Karlovo, Dubnitza et à Salkovo, où les
éléments communistes et agrariens, réunis
en forces supérieures, ont battu les trou
pes gouvernementales et capturé de gran
des .quantités d'armes et de munitions.
Le gouvernement de Sofia résiste en
core avec énergie. Il a fait procéder à
des arrestations en masse à Sofia, Phili-
popoli et Kustendil.
Le président de la Chambre de commer
ce et le rédacteur en chef du journal com
muniste ont été incarcérés.
D'autre part, le gouvernement a envoyé
des détachements de gendarmes dans tou
tes les directions, avec des mitrailleuses
et des chars blindés.
Néanmoins, l'issue de la lutte est dou
teuse.
APRES L'ASSASSINAT DE JANINA
LES EXCUSES DE LA GRECE
à l'Halle
L'escadre italienne suivie du croiseur
anglais Cardiff et du croiseur français
Mulhouse, a mouillé dans la rade de Pha-
lère où était rangée l'escadre hellénique.
L'escadre hellénique a rendu les hon
neurs aux navires italiens en tirant une
salve de 21 coups de canon et en hissant
le drapeau italien sur ses navires. Une
foule nombreuse assistait à cette cérémo
nie.
Après que les honneurs eurent été ren
dus aux navires italiens, l'escadre hellé
nique a arboré les drapeaux anglais et
français qui ont été salués par les 21 coups
de canon réglementaires.
Un service religieux à la mémoire des
victimes de Janina a été célébré à bord
du Conte di Cavour, sous la présidence de
Mgr Calluci, premier chapelain de l'ar
mée.
Aussitôt qu'a été parvenue la nouvelle
de la fin de La cérémonie funèbre, qui s'é
tait déroulée en même temps à Athènes,
les navires alliés ont rendu son -salut à
l'escadre hellénique et ont levé l'ancre
pour leur voyage de retour.
Un grand enthousiasme régnait à bord
de l'escadre italienne.
L'embarquement des corps
des victimes
Pendant que ces cérémonies se dérou
laient à Athènes et à Phalère, les dépouil
les des officiers italiens ont été embar
quées à Prevesa, à bord d'un torpilleur
italien pendant que le navire hellénique
Tonini tirait une salve. Le corps lie 1 in
terprète Cravcri, originaire d'Albanie, se
ra dirigé, par voie de terre, sur l'Albanie.
Parmi les nombreuses couronnes, por
tées à bras par des soldats, on remarquait
notammentcelle du roi Georges de Grèce.
Les cordons étaient tenus par les offi
ciers grecs.
Avant rembarquement des corps, un
colonel français, appartenant à la Com
mission de délimitation, et le lieutenant-
colonel qui commandait les troupes hel
léniques ont pris la parole pour flétrir
!e meurtre des ollic-iers italiens. Après une
courte réponse de l'amiral italien hlloro,
es corps ont été transportés a b„ord du
cuirassé San-Marco.
LA QUESTION DE FIUME
ROME ET BELGRADE NEGOCIENT
On mande de Belgrade que d'impor
tantes négociations sont engagées entre ;
l'Italie et "la Yougo-Siavie ^ pour régler la
question de l'Adriatique. Un certain noiii-
1)re de noies aurait déjà ete échangé. Le
traité qui s'élabore ainsi serait conclu aux
conditions suivantes :
1° Annexion de Fiume et de ses abords
à l'Italie. En retour, l'TMli" reconnaît la,
souveraineté yougo-slave sur Je pt-lil port
de Baros et sur le Delta ;
2° Une correction de la frontière ;!a-
lo-yougo-slave en Slovénie en faveur de
la Yougo-Slavie et une zone franche pour
la Yougo-Slavie dans le port de Fiume :
3° La conclusion prompte d'un traité
de commerce qui établira les relations
étronomiques et commerciales l'es p'lu,sj
intimes ■ entre l'Italie et la Yougo-Slavie ;
4° La conclusion d'un traité politique
et militaire qui instituerait la coopéra
tion intime de la Yougo-Slavie ct cle 11-
talie dans les Balkans et dans 1 Eurdpe
centrale.
Enfin, il serait stipulé que la Yougo
slavie ne pourra' pas créer une flotte ne
guerre dans l'Adriatique.
EN QUELQUES LIGNESj
loMWti '*** *
— La délégation â la Société des; Nations
émettrait des doutes sérieux sur 1 authenticité
des dépêches qui relatent le mouvement jnsur-
r ; rectionnel en Bulgarie, lit pourtant .
" -«• Suivant la Chicago Tribune, M. Woodrov,
I Wilson serait candidat déîliocratc a la.
dence des États-Unis en ^
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