Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1892-09-30
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 30 septembre 1892 30 septembre 1892
Description : 1892/09/30 (A1,N3). 1892/09/30 (A1,N3).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7614854p
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 29/06/2014
PREMIERE ANNE& — NUMERO 3. Cîixxcr Centimes - Paris et Départements — Qlnq Centimes VENDREDI au SEPTEMBRE 1888.
Quotidien, Littéraire, Artistique et Politique
FERNAND XAU
Directeur
RÉDAOTIOH
106. RUE RICHELIEU, PARIS
Prix des Abonnements
Un Àa Six Mois Trois Mois Ca Mois
PARIS 30. » 10.50 5.50 2. »
DÉPARTEMENTS ET ALGÉRIE 25. » 13. » 7. » 2.50
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LE JOURNAL D'AUJOURD'HUI
Le Graham-Club MAURICE BARRÊS,
La Vie Parisienne PUYMIRAIL.
La Tueuse PAUL BONNETAIN.
Le Duel PIERRE WOLFF.
Les casseuses de sucre.. SÉVERINE.
L'Amour pardonne PAUL ALEXIS.
ME GRAHAM-CLUB
- Il y a des esprits passionnés pour
s'analyser. Ce n'est pas seulement qu'ils
veuillent voir çlair en eux-mêmes ; une
fièvre singulière les excite à s'amoindrir
et à dépouiller de tout prestige leurs
propres sentiments. Humilité, semble-
t-il, mais bien plutôt fureur d'orgueil
analogue a celle des Skopsis, qui se mu-
.tilent dans leur impatience de n'être
point parfaits.
Cette méthode peut être mauvaise,
mais enfin, à toutes les époques et dans
tous les pays, elle fut cultivée par des
hommes bien doués et qui ne trouvaient
pas hors d'eux-mêmes un suffisant em-
ploi à leurs facultés. Ils s'occupent à se
détruire.
Comme j'étais à Pétersbourg, il y a
peu, un ami m'invita à passer la soirée
au club Graham.,
— C'est, me dit-il, un club très fermé,
presque secret, un cercle d'études où
des hommes que les passions amou-
reuses ont blessés cherchent à saisir le
rapport qu'il y a entre les gestes, les
belles formes, les sourires et ces an-
goisses, ces jalousies, ces souffrances si
souvent éveillées en nous par la beauté.
Enfin, nous étudions la un des rapports
les PIÙs mystérieux du physique et du
moral.
Graham! Graham! me répétais-je, et
sans que je pus,se préciser mon souve-
nir, ces deux syllabes évoquaient tout
au fond de moi cinq ou six sensations,
indéfinissables mais familières a tous
les nerveux, où la beauté et la tristesse
se confondent d'une manière assez équi-
voque.
Mon ami aida ma mémoire :
- Graliam, me dit-il, c'est le fameux
docteur chez qui débuta lady Hamilton.
Et je me rappelai qu'en effet à Lon-
dres, sur la fin du dix-huitième siècle,
un certain Graham fut célèbre par ses
r fudes sur la beauté. Espèce de charla-
tan voluptueux et mystique, nous dit son
biographe, il professait devant la jeu-
nesse matérialiste de Londres, une sorte
d'idolâtrie savante des perfections de la
nature humaine. Il s'était fait ainsi une
bizarre et suspecte renommée.
Dans son amphithéâtre, il produisit la
plus fameuse courtisane moderne, la fille
qui, des bouges de Londres, passa dans
l'amitié passionnée de lareine Caroline,
la royaliste forcenée qui ensanglanta la
côte napolitaine, l'amante de qui Nelson
fut éperdu et qu'il légua à l'Angleterre
dans un testament aussi beau d'ardeur
contenue que la lettre posthume d'Es-
ther Gobseck a Lucien de Rubempré,
ladv Hamilton, enfin ! — qui, à cette epo-
que, n'était encore qu'Emma, sans plus,
:nais venait d'atteindre sa dix-neuvième
année et déjà possédait les beautés dont
elle devait acheter tous les honneurs de
2e monde.
Elle parut, à peine vêtue de quel-
ques voiles, et les jeunes gens d'a-
lors, tous disciples du baron d'Holbach
et grands admirateurs de Y Homme-
Machine, s'agenouillèrent devant cette
jeune idole où éclataient les seules
oerfections qu'ils admissent : la santé
tlorissante, les formes pures, les atti-
tudes toujours significatives, en un mot
ia perfection de la vie.
Que nul ne se trompe sur le caractère
le telles scènes. Elles étaient purement
philosophiques.
En acclamant cette divine beauté,
:es jeunes gens satisfaisaient, tant
men que mal, leur sentiment reli-
gieux, alors sans objet. Et de cette
ieune femme, d'autre part, que blâmer:
les formes si accomplies ne nécessi-
tent-elles pas une vertu particulière?
Et la véritable impudeur pour celle
qui possédait de si bienfaisants trésors
l'eût-elle pas été de se conformer à la
pudeur?
Mais au Graham-Club de Pétersbourg,
moins encore que chez le fameux doc-
teur dont ce cercle emprunte le nom, on
ne trouverait de préoccupations basses :
c'est, pour le définir exactement, un la-
boratoire de psychologie.
Le jour où j'y fus admis, tous les
membres du cercle étaient présents;
une vingtaine, sans plus, artistes, phi-
losophes, des viveurs aussi, de qui
mon ami me racontait l'histoire.
En outre et à titre d'invitées, trois ou
quatre femmes les plus a la mode parmi
ces rassasiées de plaisir et ces beautés
aventureuses plus nombreuses a Péters-
bourg que dans aucune ville.
Au Graham, comme a ce fameux Flir-
ting-Club, de Piccadilly, découvert en
1880 par Paul Bourget, toute femme,
pour être admise, doit passer un examen
de beauté, de toilette et de luxe. En ou-
tre, chacun des hommes accepte comme
première condition de n'être jamais l'a-
ornant d'aucune des femmes reçues dans
ce salon, et chacune des femmes s'en-
gage a ne jamais être la maîtresse d'au-
cun des hommes qui font partie du
club.
Mais l'analogie s'arrête au règlement.
Au club anglais, qui est, selon son éti-
quette, un lieu de flirtage, on pratique
une methode de volupté, un delicat di-
lettantisme où se complaisent des vi-
veurs assez fins pour jouir du parfum
de l'amour sans. eTt risquer les réalités.
"i C'est un rendez-vous où les mille jeux
de la coquetterie sont plus poussés et
mieux faciès qu'en aucun coin d'An-
gleterre, mais, en somme, c'est tou-
jours, sans plus, le plaisir du frôlement,
dont aucun nomme ni femme n'ignore
les éléments.
Au Graham-Club, la préoccupation
est d'ordre plus rare. On y trouve moins
de frivolité que de pédantisme.
Oui, pédantisme ces analyses de la
beauté, ces discours abstraits, ces li-
bertés de clinicien traitant de l'amour
comme d'une crise quelconque et des
plus gracieuses beautés d'une femme
comme d'un simple objet de muséum!
et, pourtant ! qui aurait pu demeurer
insensible à la voluptueuse et lourde
atmosphère qui pesait sur ces hommes
graves et sur ces jeunes femmes le jour
où j'eus l'honneur d'être leur hôte?
C'est bien une conférence que j'y en-
tendis et faite par un illustre professeur
de la-bas, quelque chose comme notre
Ribot ou notre Jules Soury.
De fois a autre, il s'interrompait pour
indiquer sur une jeune femme, qui n'en
paraissait nullement intimidée, tel dé-
tail qu'il commentait, et tout cela de
l'air impassible d'un praticien dans sa
clinique.
— Un grand nombre des membres de ce
cercle, disait-il, m'ont signalé que tout
leur être était bouleversé par les dé-
marches, les gestes, les formes et la
manière même de se vêtir de Madame.
Ils se sont mis d'accord sur ce point que
nulle créature ne les réunit comme
celle-là, eux tous si différents dans un
même désir. Et ils ont bien voulu me
demander mon opinion à ce sujet. Excel-
lent problème! Une fois encore, es-
sayons donc, à l'aide de vos observations
personnelles et par l'examen de l'objet,
de saisir le secret de ce sentiment mys-
térieux qu'on nomme de mille noms et
qui-est le désir.
Et tandis qu'il débutait ainsi, j'exa-
minais avec une légère stupeur, si pré-
venu que je fusse sur la nature du cer-
cle, ce rare auditoire.
Tous contemplaient avec intelligence
la jeune beauté qu'on leur démontrait;
avec intelligence, mais sans cette joie
sensuelle, cette sympathie qu'eussent
montrée des artistes pour un si parfait
modèle.
Sur leurs visages creusés, affinés,
tourmentéSj il ne me semblait voir
que le plaisir de raisonner et peut-être
aussi une légère nuance de souffrance.
Le conférencier commença par un vé-
ritable cours 'sur les rapports de l'hy-
giène et de la beauté, puis ce furent des
observations empruntées à l'art de la
danse, du gymnaste.
Il louait chez cette jeune femme le
réseau des muscles mouvants et cou-
rants sous la peau douce et ferme, l'ar-
rière-bras fort et assoupli, la vigueur
des hanches supportant bien d'aplomb
le corps flexible. Il la pria ensuite de se
lever, se pencher, s'appuyer d'une épaule
au mur.
Ah ! qu'elle avait, en effet, un corps
charmant et une rare compréhension
de la provocation sensuelle. C'était, me
dit-on, une jeune femme bien née, et
qui avait épousé un riche marchand de
Moscou.
— La plupart d'entre vous sont trou-
blés, conclut le démonstrateur, parce
que Madame a presque réalisé la perfec-
tion de la vie. Elle ne saurait pas seule-
ment embellir votre race, elle représente
aussi à votre imagination la santé. Et
ce n'est pas une erreur : dans ses bras,
vous trouveriez, avec le plaisir, non pas
l'épuisement, mais la force.
Alors, quelqu'un dit :
— Moi, ce ne sont ni les formes'de son
corps, ni le ton de sa peau, ni la sou-
plesse de ses membres que j'aime, mais
elle a près de la bouche une petite ligne
de fatigue qu'elle essaie de cacher. Et
c'est quand j'y pense, parfois, que mon
amour grossit jusqu'à m'arracher des
pleurs.
Le professeur médita un peu, puis il
répondit :
— Ces petits sillons de fatigue qu'elle
a au coin de la bouche, c'est une pro-
messe de mort. En les aimant, ce sont
encore les lois de la nature que vous ai-
mez. Vous la reconnaissez conforme aux
conditions de la vie générale dont vous
êtes une parcelle.
Alors, quelqu'un reprit :
— Ce qui m'attire vers elle, ce n'est
point sa santé parfaite, non plus les
traits par où elle révèle les lois qui nous
astreignent tous. Je l'aime seulement
quand les sanglots gonflent sa poitrine,
que ses traits s'abîment et qu'elle éclate
en pleurs dont elle est tout enlaidie.
— Monsieur, dit le professeur après
un silence de quelques minutes, il 'faut
vous féliciter de ce que vos curiosités
ne peuvent être satisfaites, car votre
club perdrait dès lors sa raison d'être,
et vraiment il serait fâcheux que fût
dispersée une collection aussi precieuse
pour le psychologue.
MAURICE BARRÉS.
Le Journal a eu cette rare bonne fortune
d'être servi, au delà de ses espérances] par
les manœuvres de ceux qui le redoutaient.
Cette crainte n'a pas peu contribué à son
succès.
Comme il fallait chercher autre chose
que ce qu'on a fait jusqu'ici, voici ce
qu'on a trouvé :
Une personne, dont il ne nous convient
pas de rappeler le nom et les attaches, est
venue nous trouver un peu avant la publi-
cation du Journal. Cette personne nous a
demandé une misère — cent mille francs,
plus quelques avantages personnels — afin
de nous assurer le droit de conserver le
titre du Journal auquel, disait-elle, un
dépôt annuel de quelques numéros au
Parquet lui donnait un droit'incontestable.
Nous-avons de plus fortes raisons pour
croire que ce titre nous est acquis, et
nous ne nous sommes pas rendus à cette
invitation.
Généralement, en matière de procédure,
c'est par les sommations qu'on commence
et c'est par les affiches qu'on finit. Pour
nous, ç'a été le eontraire.
L'impuissance constatée de co côté, et
comme il s'agit d'arrêter le ilot montant
du succès du Journal, on va chercher, pa-
raît-il, pour jeter la confusion dans le pu-
blic, à répandre un organe portant le
même titre que le nôtre.
Si cela était, nos lecteurs ne s'y trompe-
raient pas. Ils se diraient qu'il n'y a plus
une tentative à commettre et, faisant jus-
tice de pareils procédés, ils sauraient, avec
leur esprit habituel, faire à la contrefaçon
l'accueil qu'ils ont fait aux procédés usités
contre nous.
Le reste serait affaire à nous et concer-
nerait les tribunaux.
NOS ÉCHOS
Aujourd'hui, à 2 h. 15, courses à Maisons-
Laffitte (réunion internationale).
NOS PRONOSTICS
Prix du Mançanarès. — Softwing, Willis.
Prix de l'Escaut. — Séraphine II, Dardi-
nello.
Prix de la Meuse. — Mobilisé, Valencia.
Critérium de Maisons. — Commandeur,
Eglantine III.
Prix du Tage. — Le Cordouan, Brocatelle.
L
e comte de Flandres, accompagné du
commandant Burnell, son aide de camp,
arrivera, ce matin, à Paris, où il s'arrêtera
quelques jours.
u
n membre très en vue de la haute so-
ciété parisienne, arbitre de toutes les
élégances, est sur le point de donner aux
ménages désunis un bel exemple de correc-
tion mondaine.
Il va, dit-on, se réconcilier avec sa femme
et reprendre la vie commune qu'il avait
abandonnée pour des motifs graves.
Certes, il doit lui en coûter de quitter
l'existence de garçon, si aisée, si facile, qu'il
a menée jusqu'ici, mais il est surtout guidé
dans cette détermination par son tact su-
prême et par les plus louables sentiments de
dignité personnelle et familiale.
Il n'est point, d'ailleurs, de ces maris ja-
loux qui se couvrent de ridicule par leur i
brutalité ; il a toujours su garder, même dans
les circonstances les plus délicates, les al-
lures d'un véritable gentilhomme, et, lors-
qu'il rompit avec sa femme, il le fit avec
tant de bonne grâce que tous les rieurs fu-
rent de son côté :
Rentrant chez lui à l'improviste, il trouva
dans le cabinet de toilette un étranger en
train de procéder à ses ablutions.
Sans s'émouvoir, il repiqua à sa bouton-
nière le gardénia qu'il venait d'en retirer,
puis désignant à l'inconnu une serviette :
"- Pas celle-ci, elle est pour la figure.
Là-dessus, il salua, sortit et s'en fut cou-
cher au cercle. ,'>
N
ous pouvons rassurer les nombreux amis
de Charles Jacque, dont l'état de santé
n est pas aussi inquiétant que 1 on avait dit
tout d'abord.
Le célèbre peindre paysagiste, qui est dans
sa soixante-dix-neti ne année, souffre de
rhumatismes. Dès que son médecin lui per-
mettra le voyage, il quittera sa maison de
Colombes pour allér chercher dans le Midi
un climat plus favorable.
LA BONNE AVENTURE
MADAME MARIE HUOT
PASSÉ. — Secrétaire de la Ligue popu-
laire contre la vivisection. A enrichi la
langue de cette locution usitée parmi les
savants et les vétérinaires : tirer à dia et à
Huot. Auteur d'une douloureuse parodie de
la Levrette en pal'tot, d'Auguste de Chatil-
lon : la Levrette en pal - iout court. M. Lozè
n'en a pas accepté la dédicace.
1
PRÉSENT. — Dans une conférence gra-
tuite à la Société de géographie, traitera,
dimanche, des doctrines malthusiennes ap-
pliquées à la suppression de la misère.
Indique l'extinction de l'espèce, comme
moyen radical d'arriver à l'extinction du
paupérisme. Les dames d'une stérilité no-
toire auront droit à une place réservée
hors de l'enceinte commune.
Il y aura une partie de concert. Mmes Ju-
zeur et Valérie, de Pot-Bouille, exécute-
ront de brillantes variations sur l'air fa-
vori : Tout.ce que vous voudrez. mais pas
ça ! (Arrangement à 4 mains.)
AVENIR. — Demandera la journée de
8 heures pour les chevaux de fiacre et que
l'on convertisse la Fourrière en maison de
retraite pour les bêtes infirmes et âgées.
N'obtiendra pas qu'on substitue à l'enseigne
surannée des sages-femmes : un chou, cet
autre légume : des navets.
Réfutera Jules Simon qui, dans sa bro-
chure symbolique : Après vous, messieurs
les Anglais, a mis le doigt sur les causes
de la dépopulatiolz en France, depuis Fon-
tenoy. — LE DISEUR.
A
u palais Mazarin : Les Quarante — ils
.n'étaient que dix, hier, mais ayant de
l'esprit comme quatre — ont procédé à la
nomination de leur bureau pour le dernier
trimestre de l'année courante. C'est M. Gas-
ton Boissier qui remplira les fonctions de
directeur et M. le comte d'Haussonville
celles de chancelier.
D
ecroza, la jolie Francine Decroza, est
l'un des partisans de l'alliance russe les
plus convaincus. S'il en était autrement, elle
serait bien ingrate : Francine nous revient,
en effet, du pays des roubles avec la très
forte somme.
C'est que Decroza a eu, à Saint-Péters-
bourg, un énorme succès comme femme et
ccmme artiste. Elle ne s'est pas contentée de
jouer la Grande-Duchesse à la scène, elle a
joué aussi, et très bien, les grandes-duches-
ses à la ville, pour le plus grand bonheur d'un
proche parent du tsar. L'empereur, le soir
dé ses adieux, lui a fait, paraît-il, un su-
perbe cadeau et l'impératrice lui a envoyé le
bouquet qu'elle portait à son corsage pen-
dant la représentation.
On comprendra sans peine que Decroza
n'ait qu'un désir : retourner en Russie, sa
patrie d'adoption désormais, pour y retrou-
ver dé pareils triomphes. Après quelques
jours passés à î*afls; dans le petit hôtel de
la rue Ampère, et, à Vichy, où un grand-duc
est attendu également, Francine regagnera
les bords de la Néva, et elle aura raison,
car, décidément, Saint-Pétersbourg lui réus-
sit mieux que Berlin.
u
n aristocratique mariage en Bourbon-
nais:
Le comte Jehan de Duras épouse Mlle du
Bouys du Pravier.
La mère et la tante du fiancé, Mm" la ba-
ronne de Massy, veuve du préfet de l'Em-
pire, sont les dernières descendantes de la
famille de Vazeilhes, connue en Auvergne
dès le XIVe siècle, et issue d'une fille du
roi Louis VII le Jeune.
Le comte de Duras est petit-fils du marquis
de Mondragon, chambellan de Louis XVIII,
et du comte de Duras, colonel des mousque-
taires de Charles X, de la comtesse de
Duras, dame de compagnie de la duchesse
d'Angoulême; son oncle, abbé mitré de
Sept-Font, était l'avant-dernier général de
l'ordre des Trappistes.
I
1 paraît que le parquet enquête au sujet
des faits qui se sont passés, il y a quelques
jours, au restaurant Lemardelay. Deux cents
femmes, habituées des bals publics, avaient
reçu chacune une carte d'invitation à dîner,
envoyée par un M. Armand G., qui, pour
la circonstance, avait, bien entendu, pris un
pseudonyme.
Les deux cents hétaïres firent un repas qui
leur parut d'autant meilleur qu'elles étaient
de petite marque et peu habituées à des or-
gies semblables. Mais dans ce troupeau de
brebis, il s'en était glissé de galeuses qui,
entre la poire et le fromage, dévalisèrent
leurs voisines.
Celles-ci, le lendemain matin, l'ivresse
dissipée, s'en aperçurent. D'où l'enquête.
M
me de Clarinval, l'héroïne d'un joyeux
procès en adultère, dans lequel certain
instrument de toilette très intime figurait
parmi les pièces à conviction, s'est depuis
son divorce, adonnée à l'équitation.
Elle achève en ce moment le dressage de
ses deux chevaux d'école, Capitain et Téné-
breuse, et celui de Saint-Cyrien, un joli che-
val arabe à robe grise, qui travaille en
liberté.
Elle débutera avant peu dans un cirque
parisien.
D'ailleurs, nos aimables demi-mondaines
sont loin d'avoir abandonné le noble art du
cheval pour la bicyclette. Quelques-unes, il
est vrai, comme la toute mignonne Marci-
gny et la célébrissime Emilienne d'Alençon,
cultivent simultanément les deux sports ;
même Emilienne, pour éviter un changement
dans ses habitudes, enfourche son cheval
comme un homme, position qui cadre mieux,
dit-on, avec ses goûts et son genre de
beauté.
Adèle Richer travaille avec acharnement
et sera avant peu, grâce à son admirable
taille, une des plus gracieuses amazones du
Bois ; la blonde Marguerite Villeroy, qui a
l'assiette opulente, fait tous les jours de
longues chevauchées et pousse parfois d'une
seule traite jusqu'à Saint-Germain.
Enfin, la haute école n'a plus de secrets
pour Mm" de Mansy, une blonde exquise et
capiteuse.
u
n tel, renommé pour sa longue patience
dans les discussions, vient de recevoir
le Christ du Portugal. Comme l'on cherche
ce qui a pu lui valoir cette distinction flat-
teuse :
— C'est sans doute parce qu'on a l'habi-
tude de lui laver la tête, explique Mlle An-
gèle Delys, des Variétés.
NOUVELLES A LA MAIN
A
dîner. La comtesse vient de heurter,
bien innocemment, un pied- sous la
table.
— Ce n'est pas le vôtre, monsieur Boi-
reau ? interroge-t-elle pour s'excuser.
— Pouvez-vous, chère dame, me deman-
der cela, répond l'éternel gaffeur. Mais si
ç'avait été mon pied, il y a longtemps que
je vous aurais répondu.
L
e conseiller municipal d'une petite ville
du centre, voulant être décoré, s'efforce
d'être aimable envers le préfet du départe-
ment. Il va lui porter un toast. Mais, tout
d'un coup, le représentant du gouvernement
se lève et quitte la salle du banquet.
L'embarras du conseiller municipal ne
dure qu'une seconde : il lève son verre et
crie ; « Au bon départ de M. le préfet ! »
UN DOMINO ROSE.
UNE LETTRE D'ARMAND sinisa
Notre excellent ami et collaborateur Armand
Silvestre nous écrit la lettre suivante :
Paris, le 29 septembre 1892.
A Monsieur Fernand Xau, Directeur
du Journal.
Mon cher ami,
Les nouvelles fonctions auxquelles je
vais être appelé ne me permettront pas
de vous donner la collaboration artis-
tique et théâtrale dont nous étions
convenus pour le Journal.
Mon regretté prédécesseur dans les
fonctions de commissaire du gouverne-
ment auprès des théâtres subvention-
nés, s'était interdit de signer aucun
article de cette nature et je ne puis que
Suivre sa tradition.
Par contre vous pouvez toujours
compter sur le roman que je vous ai
promis.
A vous, mon cher Xau, de tout cœur
et de vieille amitié.
ARMAND SILVESTRE.
Çette lettre met fin à des bruits simplement
ridicules et que nous avions dédaignés.
On sarigue c'est M. JËiiiile Bergerat qui est
chargé di, la critique théâtrale au Journal.
Quant eZu roman d'Armand Silvestre, il
paraîtrasians nos colonnes le 1er mai orochain,
sous ce titre : La OosaQue.
LA VIE PARISIENNE
Peut-être une qui a le cerveau fêlé,
ainsi que tant d'autres de notre monde,
qui n'y est plus et que ses enfants
un jour mettront en interdit, confie-
ront au père Blanche, ancreront en
quelque retraite ignorée, comme une
barque détraquée qui ne peut plus
tenir la mer, qui menace de sombrer
au premier coup de vent. Peut-être
quelque pauvre âme brisée comme
le vase de cristal dont parle le poète,
quelque victime douloureuse d'un de
ces mariages de raison, pires aux ten-
dres cœurs romanesques que le bagne a
perpétuité, qui s'affola, se satura de fiel
jusqu'aux moelles à subir l'odieux con-
tact de l'homme auquel on l'avait léga-
lement donnée en toute possession, qui
ne parvenait pas à se résigner et aima
mieux souffrir que d'aventurer ses fier-
tés, ses pudeurs, ses chimères en un
adultère, que de chercher dans l'amour
la force de porter le joug, l'oubli des
amertumes et des vaines révoltes.
Quoi qu'il en fût, Mme Lamaloux affi-
chait une telle aversion, un tel dégoût
pour son mari, qu'en les voyant on au-
rait cru assister à un de ces drames inti-
mes où il y a, comme on dit, un « cada-
vre ». Lui, commun, solide, le teint co-
loré, l'aplomb du brasseur d'affaires qui
peut tenir en échec le marché, qui a
la toute-puissance de l'argent et las de
ses chiffres, de ses rapports, donnerait
n'importe quoi pour s'étirer chez lui,
pour rire et entendre rire, pour s'épan-
cher, raconter ses projets, trouver dans
son intérieur l'absolue quiétude, le re-
pos des excès et de l'esprit, des ten-
dresses vraies et du bonheur. Elle, les
cheveux d'un blond discret, les yeux
attirants comme perdus en de lointains
exils, encore belle,- mais ainsi que ces
mélancoliques journées d'automne où
l'on sent que tout agonise, le doux so-
leil, les dernières feuilles et les der-
nières roses, et étrangement indiffé-
rente, n'ayant aucune coquetterie, se
soignant à peine, s'entêtant à n'épandre
autour de soi que de l'Ennui.
Il se heurtait à ce mutisme farouche
comme à un mur de prison, s'y meur-
trissait, s'y écrasait, y émoussait ses co-
lères et ses rancunes. Elle ne lui adres-
sait pas une parole depuis des années,
ne consentait à l'approcher qu'aux
heures brèves des repas, ainsi qu'à un
buffet de chemin de fer où l'on s'asseoit
à côté d'on ne sait qui. Elle dédaignait
autant ses avances que les accès de dé-
pit rabide dont par instants, malgré
toute sa force de caractère, le malheu-
reux ne pouvait se défendre. Elle affec-
tait des airs de parente pauvre, recueil-
lie par charité, qui ne touche qu'à demi
aux plats, qui se sent mal à l'aise dans
le luxe des autres, qui fièrement s'en
éloigne, s'efface, se dérobe, semble im-
patiente de regagner son coin d'ombre,
sa chambre mansardée. Et ces prunelles
de haine, cette bouche de silence, ces
doigts sans bagues, ces robes de trente
francs achetées toutes faites en quelque
magasin de confections, alors qu'il
l'avait faite aussi millionnaire qu'une
Rothschild, qu'il ne lui refusait rien,
l'énervaient, l'aiguillonnaient à un tel
point que, pour avoir le droit de la
broyer sous ses poings crispés, de l'in-
jurier, il eût presque souhaité qu'elle le
trompât, qu'elle ne fût plus une impec-
cable femme.
Et parce que ses enfants aimaient
leur père autant qu'elle, la désavouaient,
Mme Lamaloux s'en détacha, les repoussa,
les traita en intrus, répétant à qui vou-
lait l'entendre qu'ils étaient des « er-
reurs » dans sa vie.
Enfin, lasse même de voir deux fois
par jour l'homme qu'elle abhorrait, de
partager en apparence sa vie somp-
tueuse, elle alla se terrer dans la ban-
lieue avec quelques meubles et une
bonne à tout faire. Un logement de
huit cent francs par an au troisième en
une maison d'Asnières. Elle y vivotait
sous un faux nom, passait inaperçue, ne
recevait personne, réduisait ses dépen-
ses au strict nécessaire, était prise par
ses voisins pour une veuve d'officier,
quand, un soir, elle eut l'effarement,
malgré la consigne sévère qu'avait la
vieille servante, de trouver l'un de ses
fils installé en maître dans la chambre
qui servait et de salon et de salle à
manger. En deuil, la figure bouleversée,
anxieuse, la voix chargée de sanglots,
il saisit les mains de Mme Lamaloux,
s'écria :
— Je viens vous annoncer un grand
malheur, ma chère maman : notre pauvre
père a succombé ce matin à onze heures
sans que rien pût nous faire prévoir
cette brusque fin. Vous étiez séparés,
mais je ne doute pas que pour nous,
pour le monde, vous ne teniez à oublier
le passé et à reprendre dès maintenant
votre place au milieu de vos enfants !
Elle était devenue toute pâle, dévisa-
geait son fils d'un mauvais regard et, le
geste impérieux, lui désigna la porte
qui était encore ouverte, répondit :
— Vous voyez cet appartement, mon-
sieur; eh! bien, souvenez-vous que dé-
sormais vous ne devez plus en franchir
le seuil !
Et par ministère d'huissier, elle exigea
qu'on ne mît pas son nom sur les faire-
part qui annonçaient le décès de
M. Lamaloux. Aujourd'hui. comme elle
s'était mariée sous le régime de la com-
munauté et que les acquets lui sont dus,
la veuve de l'industriel qui naguère, en
la dernière bataille où tant de braves
gens se ruinèrent pour arracher l'é-
pargne française aux accapareurs d'ar-
gent, pouvait sauver la situation et pré-
féra passer à l'ennemi, possède au moins
sept cents millions. Cependant, elle'
n'a pas modifié son train de vie, aug-
menté ses dépenses journalières, quitté?
le petit appartement où elle végète et
se cristallise comme quelque extatique
qui aurait fait vœu de pauvreté, qui ne
songerait qu'au Paradis, à l'éternel au-
Delà. Et qui sait, bien qu'elle ne soit ni
dévote, ni croyante,-ni charitable, que
nul n'ait jamais surpris le secret mysté-
rieux, l'énigme ténébreuse scellés
comme en un reliquaire au fond, de son
être, si pour l'unique plaisir de jouer un
mauvais tour à ses enfants, de les déshé-
riter de cette part du gâteau paternel,
elle ne lèguera pas à quelque couvent
ou à quelque hôpital ce trésor fabuleux
de nabab qui s'accumule de mois en
mois et dont le compte exact lui importe
moins que le prix du lait, à Asnières?
Ne doit-on pas s'attendre à tout, ell-
effet, de la part de cette implacable qui
murmura désolément, le jour .où on lui
avait rapporté son mari inanimé, ter-
rassé par une attaque violente et où les
médecins parvinrent néanmoins à le
ressusciter :
- Il serait mort si je l'avais aimé !
"i. PUYMIRAIL.
LE DUEL
M. LARDI (appelant). - Jean.? Jean.?
JEAN. - Monsieur?.
M. LARDI. — Quelle heure est-il ?
JEAN. — Six heures, monsieur.
M. LARDI. — Bon. Mes témoins ne vont
pas tarder. Donnez-moi mes épées.
JEAN. — Dire que monsieur va se battre,
tout de même !
M. LARDI.- Mon Dieu, oui. (On sonne.) Les
voilà. allez ouvrir.
M. MILIEU (entrant). — Bonjour mon pau-
vre vieux !
M. LARDI. - Où donc est Gustave ?
M. MILIEU. — En bas, dans la voiture ?.
Comment te sens-tu ? es-tu à ton aise ?
M. LARDI. — Très à mon aise. je ris de-
puis cinq heures du matin.
M. MILIEU. — Hier, tu avais si peur, pour-
tant !. En somme, tu vas croiser le fer avec un
homme de première for,eL..
M. LARDI. — Bah?.
M. MILIEU. — Et toi, tu n'y connais rien !
c'est ta«vie qui est en jeu. et puis tu n'as ja-
mais tenu un fleuret, seulement !. Tiens! j en
suis maladerquanà j'y pense !
M. 'LARDI. — Va, sois sans crainte, je le
blesserai si je veux.
M. MILIEU. -' Hier, tu tremblais — et je
comprenais cela; — aujourd'hui, tu parlescomme
quelqu'un qui s'est battu dix fois!. Tu m'ef.
frayes.
M. LARDI. — N'aie donc pas peur.
M. MILIEU. — Tu n'ignores p&s que je
t'aime énormément. Eh! bien, je t'en supplie,
recule si c'est nécessaire.
M. LARDI. — Dors tranquille, camarade, 1?
pointe de son épée ne touchera même pas ma
chemise. J'ai une botte extraordinaire.
M. MILIEU. — Qui te la fait voir?
M. LARDI. — Personne. Je l'ai trouvée
cette nuit en écrivant - mon testament!. Du
reste, elle est tellement sûre que j'ai déchiré
mes dernières volontés. Eh! Eh! Je t'avais
laissé quelque chose.
M. MILIEU (embêté). — Ah!. et tu l'as
déchiré !.
M. LARDI. — Je te demande pardon, je passe
une seconde dans mon cabinet de toilette et je
suis à toi.
(Lardi s1 installe dans la voiture avec ses
deux témoins. Pendant tout le trajet, il est
d'une gaieté folle et chante les Gardes mu-
nicipaux.)
M. MILIEU (bas à l'autre témoin). — Lui, si
capon!. si lâche!. Je n'y suis plus du tout!
L'AUTRE TÉMOIN. — Moi non plus..
M. LARDI (devenant subitement sériera).
— J'ai envie de le blesser au ventre!
M. MILIEU. — Es-tu sûr de ton coup?
M. LARDI (très calme). — Je le toucherai où
bon me semblera. v
M. MILIEU. — Phénoménal!
L'AUTRE TÉMOIN. — Epatant !
(La voiture s'arrête. On est arrivé, Salu-
tations de droite et de gùuche. Les devr,
adversaires enlèvent leur redingote et leur
gilet.)
M. MILIEU (bas à Lardi). — Sacrédié ! tu
t'es rudement bien coiffé pour la circonstance!
on dirait même que tu as plus de cheveux
qu'à l'ordinaire. (saisissant un fil qui traîne
sur son épaule). Tiens. qu'est-ce que c'est
que ça?
M. LARDI.- Touche pas, sapristi !. et tais-
toi.
M. MILIEU. — Vous y êtes, messieurs?
M. LARDI. — Oui. oui.
M. MILIEU. — Partez.
(L'adversaire de M. Lardi, l'œil en feu, les
dents serrées, va pO'lw.se fendre/lorsque
tout à coup il s'arrête et regards, effrayé,
les cheveux de Lardi qui s'agitent, se sou-
lèvent, retombent, et se réleveiTt encore
avec line vitesse incroyable. Lardi en pro-
file ettouche, par un coup dwit, son ad.
versaire au ventre.)
M. MILIEU.— Qu'est-ce que tu as eu? tes che-
veux!. as-tu senti?.
M. LARDY. — C'est ma botte, mon vieux!.
c'est une perruque que j'ai. J'ai tiré le fil, le •
tout a marché, il a été stupéfait et je l'ai
blessé : voilà.
PIERRE WOLFF.
LA' TUEUSE
— Une petite femme si gentille ! s;
mignonne ! -
Ma mère n en revenait pas, moi non
plus, ni personne dans notre petite ville
révolutionnée. Cependant, je ne la con-
naissais que de vue, cette Mme De-
lorme, pour l'avoir rencontrée sur le
Cours, de temps à autre, à l'heure de la
musique, ou a la sortie de ia messe
quand j'y allais attendre maman; mais
le vague soutenir qui me restait d'elle
me soufflait un peu de la stupeur g,,¿.né.
raie; et ne pouvant e la re résentél"
meur tr j ?
la rev-
Quotidien, Littéraire, Artistique et Politique
FERNAND XAU
Directeur
RÉDAOTIOH
106. RUE RICHELIEU, PARIS
Prix des Abonnements
Un Àa Six Mois Trois Mois Ca Mois
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LE JOURNAL D'AUJOURD'HUI
Le Graham-Club MAURICE BARRÊS,
La Vie Parisienne PUYMIRAIL.
La Tueuse PAUL BONNETAIN.
Le Duel PIERRE WOLFF.
Les casseuses de sucre.. SÉVERINE.
L'Amour pardonne PAUL ALEXIS.
ME GRAHAM-CLUB
- Il y a des esprits passionnés pour
s'analyser. Ce n'est pas seulement qu'ils
veuillent voir çlair en eux-mêmes ; une
fièvre singulière les excite à s'amoindrir
et à dépouiller de tout prestige leurs
propres sentiments. Humilité, semble-
t-il, mais bien plutôt fureur d'orgueil
analogue a celle des Skopsis, qui se mu-
.tilent dans leur impatience de n'être
point parfaits.
Cette méthode peut être mauvaise,
mais enfin, à toutes les époques et dans
tous les pays, elle fut cultivée par des
hommes bien doués et qui ne trouvaient
pas hors d'eux-mêmes un suffisant em-
ploi à leurs facultés. Ils s'occupent à se
détruire.
Comme j'étais à Pétersbourg, il y a
peu, un ami m'invita à passer la soirée
au club Graham.,
— C'est, me dit-il, un club très fermé,
presque secret, un cercle d'études où
des hommes que les passions amou-
reuses ont blessés cherchent à saisir le
rapport qu'il y a entre les gestes, les
belles formes, les sourires et ces an-
goisses, ces jalousies, ces souffrances si
souvent éveillées en nous par la beauté.
Enfin, nous étudions la un des rapports
les PIÙs mystérieux du physique et du
moral.
Graham! Graham! me répétais-je, et
sans que je pus,se préciser mon souve-
nir, ces deux syllabes évoquaient tout
au fond de moi cinq ou six sensations,
indéfinissables mais familières a tous
les nerveux, où la beauté et la tristesse
se confondent d'une manière assez équi-
voque.
Mon ami aida ma mémoire :
- Graliam, me dit-il, c'est le fameux
docteur chez qui débuta lady Hamilton.
Et je me rappelai qu'en effet à Lon-
dres, sur la fin du dix-huitième siècle,
un certain Graham fut célèbre par ses
r fudes sur la beauté. Espèce de charla-
tan voluptueux et mystique, nous dit son
biographe, il professait devant la jeu-
nesse matérialiste de Londres, une sorte
d'idolâtrie savante des perfections de la
nature humaine. Il s'était fait ainsi une
bizarre et suspecte renommée.
Dans son amphithéâtre, il produisit la
plus fameuse courtisane moderne, la fille
qui, des bouges de Londres, passa dans
l'amitié passionnée de lareine Caroline,
la royaliste forcenée qui ensanglanta la
côte napolitaine, l'amante de qui Nelson
fut éperdu et qu'il légua à l'Angleterre
dans un testament aussi beau d'ardeur
contenue que la lettre posthume d'Es-
ther Gobseck a Lucien de Rubempré,
ladv Hamilton, enfin ! — qui, à cette epo-
que, n'était encore qu'Emma, sans plus,
:nais venait d'atteindre sa dix-neuvième
année et déjà possédait les beautés dont
elle devait acheter tous les honneurs de
2e monde.
Elle parut, à peine vêtue de quel-
ques voiles, et les jeunes gens d'a-
lors, tous disciples du baron d'Holbach
et grands admirateurs de Y Homme-
Machine, s'agenouillèrent devant cette
jeune idole où éclataient les seules
oerfections qu'ils admissent : la santé
tlorissante, les formes pures, les atti-
tudes toujours significatives, en un mot
ia perfection de la vie.
Que nul ne se trompe sur le caractère
le telles scènes. Elles étaient purement
philosophiques.
En acclamant cette divine beauté,
:es jeunes gens satisfaisaient, tant
men que mal, leur sentiment reli-
gieux, alors sans objet. Et de cette
ieune femme, d'autre part, que blâmer:
les formes si accomplies ne nécessi-
tent-elles pas une vertu particulière?
Et la véritable impudeur pour celle
qui possédait de si bienfaisants trésors
l'eût-elle pas été de se conformer à la
pudeur?
Mais au Graham-Club de Pétersbourg,
moins encore que chez le fameux doc-
teur dont ce cercle emprunte le nom, on
ne trouverait de préoccupations basses :
c'est, pour le définir exactement, un la-
boratoire de psychologie.
Le jour où j'y fus admis, tous les
membres du cercle étaient présents;
une vingtaine, sans plus, artistes, phi-
losophes, des viveurs aussi, de qui
mon ami me racontait l'histoire.
En outre et à titre d'invitées, trois ou
quatre femmes les plus a la mode parmi
ces rassasiées de plaisir et ces beautés
aventureuses plus nombreuses a Péters-
bourg que dans aucune ville.
Au Graham, comme a ce fameux Flir-
ting-Club, de Piccadilly, découvert en
1880 par Paul Bourget, toute femme,
pour être admise, doit passer un examen
de beauté, de toilette et de luxe. En ou-
tre, chacun des hommes accepte comme
première condition de n'être jamais l'a-
ornant d'aucune des femmes reçues dans
ce salon, et chacune des femmes s'en-
gage a ne jamais être la maîtresse d'au-
cun des hommes qui font partie du
club.
Mais l'analogie s'arrête au règlement.
Au club anglais, qui est, selon son éti-
quette, un lieu de flirtage, on pratique
une methode de volupté, un delicat di-
lettantisme où se complaisent des vi-
veurs assez fins pour jouir du parfum
de l'amour sans. eTt risquer les réalités.
"i C'est un rendez-vous où les mille jeux
de la coquetterie sont plus poussés et
mieux faciès qu'en aucun coin d'An-
gleterre, mais, en somme, c'est tou-
jours, sans plus, le plaisir du frôlement,
dont aucun nomme ni femme n'ignore
les éléments.
Au Graham-Club, la préoccupation
est d'ordre plus rare. On y trouve moins
de frivolité que de pédantisme.
Oui, pédantisme ces analyses de la
beauté, ces discours abstraits, ces li-
bertés de clinicien traitant de l'amour
comme d'une crise quelconque et des
plus gracieuses beautés d'une femme
comme d'un simple objet de muséum!
et, pourtant ! qui aurait pu demeurer
insensible à la voluptueuse et lourde
atmosphère qui pesait sur ces hommes
graves et sur ces jeunes femmes le jour
où j'eus l'honneur d'être leur hôte?
C'est bien une conférence que j'y en-
tendis et faite par un illustre professeur
de la-bas, quelque chose comme notre
Ribot ou notre Jules Soury.
De fois a autre, il s'interrompait pour
indiquer sur une jeune femme, qui n'en
paraissait nullement intimidée, tel dé-
tail qu'il commentait, et tout cela de
l'air impassible d'un praticien dans sa
clinique.
— Un grand nombre des membres de ce
cercle, disait-il, m'ont signalé que tout
leur être était bouleversé par les dé-
marches, les gestes, les formes et la
manière même de se vêtir de Madame.
Ils se sont mis d'accord sur ce point que
nulle créature ne les réunit comme
celle-là, eux tous si différents dans un
même désir. Et ils ont bien voulu me
demander mon opinion à ce sujet. Excel-
lent problème! Une fois encore, es-
sayons donc, à l'aide de vos observations
personnelles et par l'examen de l'objet,
de saisir le secret de ce sentiment mys-
térieux qu'on nomme de mille noms et
qui-est le désir.
Et tandis qu'il débutait ainsi, j'exa-
minais avec une légère stupeur, si pré-
venu que je fusse sur la nature du cer-
cle, ce rare auditoire.
Tous contemplaient avec intelligence
la jeune beauté qu'on leur démontrait;
avec intelligence, mais sans cette joie
sensuelle, cette sympathie qu'eussent
montrée des artistes pour un si parfait
modèle.
Sur leurs visages creusés, affinés,
tourmentéSj il ne me semblait voir
que le plaisir de raisonner et peut-être
aussi une légère nuance de souffrance.
Le conférencier commença par un vé-
ritable cours 'sur les rapports de l'hy-
giène et de la beauté, puis ce furent des
observations empruntées à l'art de la
danse, du gymnaste.
Il louait chez cette jeune femme le
réseau des muscles mouvants et cou-
rants sous la peau douce et ferme, l'ar-
rière-bras fort et assoupli, la vigueur
des hanches supportant bien d'aplomb
le corps flexible. Il la pria ensuite de se
lever, se pencher, s'appuyer d'une épaule
au mur.
Ah ! qu'elle avait, en effet, un corps
charmant et une rare compréhension
de la provocation sensuelle. C'était, me
dit-on, une jeune femme bien née, et
qui avait épousé un riche marchand de
Moscou.
— La plupart d'entre vous sont trou-
blés, conclut le démonstrateur, parce
que Madame a presque réalisé la perfec-
tion de la vie. Elle ne saurait pas seule-
ment embellir votre race, elle représente
aussi à votre imagination la santé. Et
ce n'est pas une erreur : dans ses bras,
vous trouveriez, avec le plaisir, non pas
l'épuisement, mais la force.
Alors, quelqu'un dit :
— Moi, ce ne sont ni les formes'de son
corps, ni le ton de sa peau, ni la sou-
plesse de ses membres que j'aime, mais
elle a près de la bouche une petite ligne
de fatigue qu'elle essaie de cacher. Et
c'est quand j'y pense, parfois, que mon
amour grossit jusqu'à m'arracher des
pleurs.
Le professeur médita un peu, puis il
répondit :
— Ces petits sillons de fatigue qu'elle
a au coin de la bouche, c'est une pro-
messe de mort. En les aimant, ce sont
encore les lois de la nature que vous ai-
mez. Vous la reconnaissez conforme aux
conditions de la vie générale dont vous
êtes une parcelle.
Alors, quelqu'un reprit :
— Ce qui m'attire vers elle, ce n'est
point sa santé parfaite, non plus les
traits par où elle révèle les lois qui nous
astreignent tous. Je l'aime seulement
quand les sanglots gonflent sa poitrine,
que ses traits s'abîment et qu'elle éclate
en pleurs dont elle est tout enlaidie.
— Monsieur, dit le professeur après
un silence de quelques minutes, il 'faut
vous féliciter de ce que vos curiosités
ne peuvent être satisfaites, car votre
club perdrait dès lors sa raison d'être,
et vraiment il serait fâcheux que fût
dispersée une collection aussi precieuse
pour le psychologue.
MAURICE BARRÉS.
Le Journal a eu cette rare bonne fortune
d'être servi, au delà de ses espérances] par
les manœuvres de ceux qui le redoutaient.
Cette crainte n'a pas peu contribué à son
succès.
Comme il fallait chercher autre chose
que ce qu'on a fait jusqu'ici, voici ce
qu'on a trouvé :
Une personne, dont il ne nous convient
pas de rappeler le nom et les attaches, est
venue nous trouver un peu avant la publi-
cation du Journal. Cette personne nous a
demandé une misère — cent mille francs,
plus quelques avantages personnels — afin
de nous assurer le droit de conserver le
titre du Journal auquel, disait-elle, un
dépôt annuel de quelques numéros au
Parquet lui donnait un droit'incontestable.
Nous-avons de plus fortes raisons pour
croire que ce titre nous est acquis, et
nous ne nous sommes pas rendus à cette
invitation.
Généralement, en matière de procédure,
c'est par les sommations qu'on commence
et c'est par les affiches qu'on finit. Pour
nous, ç'a été le eontraire.
L'impuissance constatée de co côté, et
comme il s'agit d'arrêter le ilot montant
du succès du Journal, on va chercher, pa-
raît-il, pour jeter la confusion dans le pu-
blic, à répandre un organe portant le
même titre que le nôtre.
Si cela était, nos lecteurs ne s'y trompe-
raient pas. Ils se diraient qu'il n'y a plus
une tentative à commettre et, faisant jus-
tice de pareils procédés, ils sauraient, avec
leur esprit habituel, faire à la contrefaçon
l'accueil qu'ils ont fait aux procédés usités
contre nous.
Le reste serait affaire à nous et concer-
nerait les tribunaux.
NOS ÉCHOS
Aujourd'hui, à 2 h. 15, courses à Maisons-
Laffitte (réunion internationale).
NOS PRONOSTICS
Prix du Mançanarès. — Softwing, Willis.
Prix de l'Escaut. — Séraphine II, Dardi-
nello.
Prix de la Meuse. — Mobilisé, Valencia.
Critérium de Maisons. — Commandeur,
Eglantine III.
Prix du Tage. — Le Cordouan, Brocatelle.
L
e comte de Flandres, accompagné du
commandant Burnell, son aide de camp,
arrivera, ce matin, à Paris, où il s'arrêtera
quelques jours.
u
n membre très en vue de la haute so-
ciété parisienne, arbitre de toutes les
élégances, est sur le point de donner aux
ménages désunis un bel exemple de correc-
tion mondaine.
Il va, dit-on, se réconcilier avec sa femme
et reprendre la vie commune qu'il avait
abandonnée pour des motifs graves.
Certes, il doit lui en coûter de quitter
l'existence de garçon, si aisée, si facile, qu'il
a menée jusqu'ici, mais il est surtout guidé
dans cette détermination par son tact su-
prême et par les plus louables sentiments de
dignité personnelle et familiale.
Il n'est point, d'ailleurs, de ces maris ja-
loux qui se couvrent de ridicule par leur i
brutalité ; il a toujours su garder, même dans
les circonstances les plus délicates, les al-
lures d'un véritable gentilhomme, et, lors-
qu'il rompit avec sa femme, il le fit avec
tant de bonne grâce que tous les rieurs fu-
rent de son côté :
Rentrant chez lui à l'improviste, il trouva
dans le cabinet de toilette un étranger en
train de procéder à ses ablutions.
Sans s'émouvoir, il repiqua à sa bouton-
nière le gardénia qu'il venait d'en retirer,
puis désignant à l'inconnu une serviette :
"- Pas celle-ci, elle est pour la figure.
Là-dessus, il salua, sortit et s'en fut cou-
cher au cercle. ,'>
N
ous pouvons rassurer les nombreux amis
de Charles Jacque, dont l'état de santé
n est pas aussi inquiétant que 1 on avait dit
tout d'abord.
Le célèbre peindre paysagiste, qui est dans
sa soixante-dix-neti ne année, souffre de
rhumatismes. Dès que son médecin lui per-
mettra le voyage, il quittera sa maison de
Colombes pour allér chercher dans le Midi
un climat plus favorable.
LA BONNE AVENTURE
MADAME MARIE HUOT
PASSÉ. — Secrétaire de la Ligue popu-
laire contre la vivisection. A enrichi la
langue de cette locution usitée parmi les
savants et les vétérinaires : tirer à dia et à
Huot. Auteur d'une douloureuse parodie de
la Levrette en pal'tot, d'Auguste de Chatil-
lon : la Levrette en pal - iout court. M. Lozè
n'en a pas accepté la dédicace.
1
PRÉSENT. — Dans une conférence gra-
tuite à la Société de géographie, traitera,
dimanche, des doctrines malthusiennes ap-
pliquées à la suppression de la misère.
Indique l'extinction de l'espèce, comme
moyen radical d'arriver à l'extinction du
paupérisme. Les dames d'une stérilité no-
toire auront droit à une place réservée
hors de l'enceinte commune.
Il y aura une partie de concert. Mmes Ju-
zeur et Valérie, de Pot-Bouille, exécute-
ront de brillantes variations sur l'air fa-
vori : Tout.ce que vous voudrez. mais pas
ça ! (Arrangement à 4 mains.)
AVENIR. — Demandera la journée de
8 heures pour les chevaux de fiacre et que
l'on convertisse la Fourrière en maison de
retraite pour les bêtes infirmes et âgées.
N'obtiendra pas qu'on substitue à l'enseigne
surannée des sages-femmes : un chou, cet
autre légume : des navets.
Réfutera Jules Simon qui, dans sa bro-
chure symbolique : Après vous, messieurs
les Anglais, a mis le doigt sur les causes
de la dépopulatiolz en France, depuis Fon-
tenoy. — LE DISEUR.
A
u palais Mazarin : Les Quarante — ils
.n'étaient que dix, hier, mais ayant de
l'esprit comme quatre — ont procédé à la
nomination de leur bureau pour le dernier
trimestre de l'année courante. C'est M. Gas-
ton Boissier qui remplira les fonctions de
directeur et M. le comte d'Haussonville
celles de chancelier.
D
ecroza, la jolie Francine Decroza, est
l'un des partisans de l'alliance russe les
plus convaincus. S'il en était autrement, elle
serait bien ingrate : Francine nous revient,
en effet, du pays des roubles avec la très
forte somme.
C'est que Decroza a eu, à Saint-Péters-
bourg, un énorme succès comme femme et
ccmme artiste. Elle ne s'est pas contentée de
jouer la Grande-Duchesse à la scène, elle a
joué aussi, et très bien, les grandes-duches-
ses à la ville, pour le plus grand bonheur d'un
proche parent du tsar. L'empereur, le soir
dé ses adieux, lui a fait, paraît-il, un su-
perbe cadeau et l'impératrice lui a envoyé le
bouquet qu'elle portait à son corsage pen-
dant la représentation.
On comprendra sans peine que Decroza
n'ait qu'un désir : retourner en Russie, sa
patrie d'adoption désormais, pour y retrou-
ver dé pareils triomphes. Après quelques
jours passés à î*afls; dans le petit hôtel de
la rue Ampère, et, à Vichy, où un grand-duc
est attendu également, Francine regagnera
les bords de la Néva, et elle aura raison,
car, décidément, Saint-Pétersbourg lui réus-
sit mieux que Berlin.
u
n aristocratique mariage en Bourbon-
nais:
Le comte Jehan de Duras épouse Mlle du
Bouys du Pravier.
La mère et la tante du fiancé, Mm" la ba-
ronne de Massy, veuve du préfet de l'Em-
pire, sont les dernières descendantes de la
famille de Vazeilhes, connue en Auvergne
dès le XIVe siècle, et issue d'une fille du
roi Louis VII le Jeune.
Le comte de Duras est petit-fils du marquis
de Mondragon, chambellan de Louis XVIII,
et du comte de Duras, colonel des mousque-
taires de Charles X, de la comtesse de
Duras, dame de compagnie de la duchesse
d'Angoulême; son oncle, abbé mitré de
Sept-Font, était l'avant-dernier général de
l'ordre des Trappistes.
I
1 paraît que le parquet enquête au sujet
des faits qui se sont passés, il y a quelques
jours, au restaurant Lemardelay. Deux cents
femmes, habituées des bals publics, avaient
reçu chacune une carte d'invitation à dîner,
envoyée par un M. Armand G., qui, pour
la circonstance, avait, bien entendu, pris un
pseudonyme.
Les deux cents hétaïres firent un repas qui
leur parut d'autant meilleur qu'elles étaient
de petite marque et peu habituées à des or-
gies semblables. Mais dans ce troupeau de
brebis, il s'en était glissé de galeuses qui,
entre la poire et le fromage, dévalisèrent
leurs voisines.
Celles-ci, le lendemain matin, l'ivresse
dissipée, s'en aperçurent. D'où l'enquête.
M
me de Clarinval, l'héroïne d'un joyeux
procès en adultère, dans lequel certain
instrument de toilette très intime figurait
parmi les pièces à conviction, s'est depuis
son divorce, adonnée à l'équitation.
Elle achève en ce moment le dressage de
ses deux chevaux d'école, Capitain et Téné-
breuse, et celui de Saint-Cyrien, un joli che-
val arabe à robe grise, qui travaille en
liberté.
Elle débutera avant peu dans un cirque
parisien.
D'ailleurs, nos aimables demi-mondaines
sont loin d'avoir abandonné le noble art du
cheval pour la bicyclette. Quelques-unes, il
est vrai, comme la toute mignonne Marci-
gny et la célébrissime Emilienne d'Alençon,
cultivent simultanément les deux sports ;
même Emilienne, pour éviter un changement
dans ses habitudes, enfourche son cheval
comme un homme, position qui cadre mieux,
dit-on, avec ses goûts et son genre de
beauté.
Adèle Richer travaille avec acharnement
et sera avant peu, grâce à son admirable
taille, une des plus gracieuses amazones du
Bois ; la blonde Marguerite Villeroy, qui a
l'assiette opulente, fait tous les jours de
longues chevauchées et pousse parfois d'une
seule traite jusqu'à Saint-Germain.
Enfin, la haute école n'a plus de secrets
pour Mm" de Mansy, une blonde exquise et
capiteuse.
u
n tel, renommé pour sa longue patience
dans les discussions, vient de recevoir
le Christ du Portugal. Comme l'on cherche
ce qui a pu lui valoir cette distinction flat-
teuse :
— C'est sans doute parce qu'on a l'habi-
tude de lui laver la tête, explique Mlle An-
gèle Delys, des Variétés.
NOUVELLES A LA MAIN
A
dîner. La comtesse vient de heurter,
bien innocemment, un pied- sous la
table.
— Ce n'est pas le vôtre, monsieur Boi-
reau ? interroge-t-elle pour s'excuser.
— Pouvez-vous, chère dame, me deman-
der cela, répond l'éternel gaffeur. Mais si
ç'avait été mon pied, il y a longtemps que
je vous aurais répondu.
L
e conseiller municipal d'une petite ville
du centre, voulant être décoré, s'efforce
d'être aimable envers le préfet du départe-
ment. Il va lui porter un toast. Mais, tout
d'un coup, le représentant du gouvernement
se lève et quitte la salle du banquet.
L'embarras du conseiller municipal ne
dure qu'une seconde : il lève son verre et
crie ; « Au bon départ de M. le préfet ! »
UN DOMINO ROSE.
UNE LETTRE D'ARMAND sinisa
Notre excellent ami et collaborateur Armand
Silvestre nous écrit la lettre suivante :
Paris, le 29 septembre 1892.
A Monsieur Fernand Xau, Directeur
du Journal.
Mon cher ami,
Les nouvelles fonctions auxquelles je
vais être appelé ne me permettront pas
de vous donner la collaboration artis-
tique et théâtrale dont nous étions
convenus pour le Journal.
Mon regretté prédécesseur dans les
fonctions de commissaire du gouverne-
ment auprès des théâtres subvention-
nés, s'était interdit de signer aucun
article de cette nature et je ne puis que
Suivre sa tradition.
Par contre vous pouvez toujours
compter sur le roman que je vous ai
promis.
A vous, mon cher Xau, de tout cœur
et de vieille amitié.
ARMAND SILVESTRE.
Çette lettre met fin à des bruits simplement
ridicules et que nous avions dédaignés.
On sarigue c'est M. JËiiiile Bergerat qui est
chargé di, la critique théâtrale au Journal.
Quant eZu roman d'Armand Silvestre, il
paraîtrasians nos colonnes le 1er mai orochain,
sous ce titre : La OosaQue.
LA VIE PARISIENNE
Peut-être une qui a le cerveau fêlé,
ainsi que tant d'autres de notre monde,
qui n'y est plus et que ses enfants
un jour mettront en interdit, confie-
ront au père Blanche, ancreront en
quelque retraite ignorée, comme une
barque détraquée qui ne peut plus
tenir la mer, qui menace de sombrer
au premier coup de vent. Peut-être
quelque pauvre âme brisée comme
le vase de cristal dont parle le poète,
quelque victime douloureuse d'un de
ces mariages de raison, pires aux ten-
dres cœurs romanesques que le bagne a
perpétuité, qui s'affola, se satura de fiel
jusqu'aux moelles à subir l'odieux con-
tact de l'homme auquel on l'avait léga-
lement donnée en toute possession, qui
ne parvenait pas à se résigner et aima
mieux souffrir que d'aventurer ses fier-
tés, ses pudeurs, ses chimères en un
adultère, que de chercher dans l'amour
la force de porter le joug, l'oubli des
amertumes et des vaines révoltes.
Quoi qu'il en fût, Mme Lamaloux affi-
chait une telle aversion, un tel dégoût
pour son mari, qu'en les voyant on au-
rait cru assister à un de ces drames inti-
mes où il y a, comme on dit, un « cada-
vre ». Lui, commun, solide, le teint co-
loré, l'aplomb du brasseur d'affaires qui
peut tenir en échec le marché, qui a
la toute-puissance de l'argent et las de
ses chiffres, de ses rapports, donnerait
n'importe quoi pour s'étirer chez lui,
pour rire et entendre rire, pour s'épan-
cher, raconter ses projets, trouver dans
son intérieur l'absolue quiétude, le re-
pos des excès et de l'esprit, des ten-
dresses vraies et du bonheur. Elle, les
cheveux d'un blond discret, les yeux
attirants comme perdus en de lointains
exils, encore belle,- mais ainsi que ces
mélancoliques journées d'automne où
l'on sent que tout agonise, le doux so-
leil, les dernières feuilles et les der-
nières roses, et étrangement indiffé-
rente, n'ayant aucune coquetterie, se
soignant à peine, s'entêtant à n'épandre
autour de soi que de l'Ennui.
Il se heurtait à ce mutisme farouche
comme à un mur de prison, s'y meur-
trissait, s'y écrasait, y émoussait ses co-
lères et ses rancunes. Elle ne lui adres-
sait pas une parole depuis des années,
ne consentait à l'approcher qu'aux
heures brèves des repas, ainsi qu'à un
buffet de chemin de fer où l'on s'asseoit
à côté d'on ne sait qui. Elle dédaignait
autant ses avances que les accès de dé-
pit rabide dont par instants, malgré
toute sa force de caractère, le malheu-
reux ne pouvait se défendre. Elle affec-
tait des airs de parente pauvre, recueil-
lie par charité, qui ne touche qu'à demi
aux plats, qui se sent mal à l'aise dans
le luxe des autres, qui fièrement s'en
éloigne, s'efface, se dérobe, semble im-
patiente de regagner son coin d'ombre,
sa chambre mansardée. Et ces prunelles
de haine, cette bouche de silence, ces
doigts sans bagues, ces robes de trente
francs achetées toutes faites en quelque
magasin de confections, alors qu'il
l'avait faite aussi millionnaire qu'une
Rothschild, qu'il ne lui refusait rien,
l'énervaient, l'aiguillonnaient à un tel
point que, pour avoir le droit de la
broyer sous ses poings crispés, de l'in-
jurier, il eût presque souhaité qu'elle le
trompât, qu'elle ne fût plus une impec-
cable femme.
Et parce que ses enfants aimaient
leur père autant qu'elle, la désavouaient,
Mme Lamaloux s'en détacha, les repoussa,
les traita en intrus, répétant à qui vou-
lait l'entendre qu'ils étaient des « er-
reurs » dans sa vie.
Enfin, lasse même de voir deux fois
par jour l'homme qu'elle abhorrait, de
partager en apparence sa vie somp-
tueuse, elle alla se terrer dans la ban-
lieue avec quelques meubles et une
bonne à tout faire. Un logement de
huit cent francs par an au troisième en
une maison d'Asnières. Elle y vivotait
sous un faux nom, passait inaperçue, ne
recevait personne, réduisait ses dépen-
ses au strict nécessaire, était prise par
ses voisins pour une veuve d'officier,
quand, un soir, elle eut l'effarement,
malgré la consigne sévère qu'avait la
vieille servante, de trouver l'un de ses
fils installé en maître dans la chambre
qui servait et de salon et de salle à
manger. En deuil, la figure bouleversée,
anxieuse, la voix chargée de sanglots,
il saisit les mains de Mme Lamaloux,
s'écria :
— Je viens vous annoncer un grand
malheur, ma chère maman : notre pauvre
père a succombé ce matin à onze heures
sans que rien pût nous faire prévoir
cette brusque fin. Vous étiez séparés,
mais je ne doute pas que pour nous,
pour le monde, vous ne teniez à oublier
le passé et à reprendre dès maintenant
votre place au milieu de vos enfants !
Elle était devenue toute pâle, dévisa-
geait son fils d'un mauvais regard et, le
geste impérieux, lui désigna la porte
qui était encore ouverte, répondit :
— Vous voyez cet appartement, mon-
sieur; eh! bien, souvenez-vous que dé-
sormais vous ne devez plus en franchir
le seuil !
Et par ministère d'huissier, elle exigea
qu'on ne mît pas son nom sur les faire-
part qui annonçaient le décès de
M. Lamaloux. Aujourd'hui. comme elle
s'était mariée sous le régime de la com-
munauté et que les acquets lui sont dus,
la veuve de l'industriel qui naguère, en
la dernière bataille où tant de braves
gens se ruinèrent pour arracher l'é-
pargne française aux accapareurs d'ar-
gent, pouvait sauver la situation et pré-
féra passer à l'ennemi, possède au moins
sept cents millions. Cependant, elle'
n'a pas modifié son train de vie, aug-
menté ses dépenses journalières, quitté?
le petit appartement où elle végète et
se cristallise comme quelque extatique
qui aurait fait vœu de pauvreté, qui ne
songerait qu'au Paradis, à l'éternel au-
Delà. Et qui sait, bien qu'elle ne soit ni
dévote, ni croyante,-ni charitable, que
nul n'ait jamais surpris le secret mysté-
rieux, l'énigme ténébreuse scellés
comme en un reliquaire au fond, de son
être, si pour l'unique plaisir de jouer un
mauvais tour à ses enfants, de les déshé-
riter de cette part du gâteau paternel,
elle ne lèguera pas à quelque couvent
ou à quelque hôpital ce trésor fabuleux
de nabab qui s'accumule de mois en
mois et dont le compte exact lui importe
moins que le prix du lait, à Asnières?
Ne doit-on pas s'attendre à tout, ell-
effet, de la part de cette implacable qui
murmura désolément, le jour .où on lui
avait rapporté son mari inanimé, ter-
rassé par une attaque violente et où les
médecins parvinrent néanmoins à le
ressusciter :
- Il serait mort si je l'avais aimé !
"i. PUYMIRAIL.
LE DUEL
M. LARDI (appelant). - Jean.? Jean.?
JEAN. - Monsieur?.
M. LARDI. — Quelle heure est-il ?
JEAN. — Six heures, monsieur.
M. LARDI. — Bon. Mes témoins ne vont
pas tarder. Donnez-moi mes épées.
JEAN. — Dire que monsieur va se battre,
tout de même !
M. LARDI.- Mon Dieu, oui. (On sonne.) Les
voilà. allez ouvrir.
M. MILIEU (entrant). — Bonjour mon pau-
vre vieux !
M. LARDI. - Où donc est Gustave ?
M. MILIEU. — En bas, dans la voiture ?.
Comment te sens-tu ? es-tu à ton aise ?
M. LARDI. — Très à mon aise. je ris de-
puis cinq heures du matin.
M. MILIEU. — Hier, tu avais si peur, pour-
tant !. En somme, tu vas croiser le fer avec un
homme de première for,eL..
M. LARDI. — Bah?.
M. MILIEU. — Et toi, tu n'y connais rien !
c'est ta«vie qui est en jeu. et puis tu n'as ja-
mais tenu un fleuret, seulement !. Tiens! j en
suis maladerquanà j'y pense !
M. 'LARDI. — Va, sois sans crainte, je le
blesserai si je veux.
M. MILIEU. -' Hier, tu tremblais — et je
comprenais cela; — aujourd'hui, tu parlescomme
quelqu'un qui s'est battu dix fois!. Tu m'ef.
frayes.
M. LARDI. — N'aie donc pas peur.
M. MILIEU. — Tu n'ignores p&s que je
t'aime énormément. Eh! bien, je t'en supplie,
recule si c'est nécessaire.
M. LARDI. — Dors tranquille, camarade, 1?
pointe de son épée ne touchera même pas ma
chemise. J'ai une botte extraordinaire.
M. MILIEU. — Qui te la fait voir?
M. LARDI. — Personne. Je l'ai trouvée
cette nuit en écrivant - mon testament!. Du
reste, elle est tellement sûre que j'ai déchiré
mes dernières volontés. Eh! Eh! Je t'avais
laissé quelque chose.
M. MILIEU (embêté). — Ah!. et tu l'as
déchiré !.
M. LARDI. — Je te demande pardon, je passe
une seconde dans mon cabinet de toilette et je
suis à toi.
(Lardi s1 installe dans la voiture avec ses
deux témoins. Pendant tout le trajet, il est
d'une gaieté folle et chante les Gardes mu-
nicipaux.)
M. MILIEU (bas à l'autre témoin). — Lui, si
capon!. si lâche!. Je n'y suis plus du tout!
L'AUTRE TÉMOIN. — Moi non plus..
M. LARDI (devenant subitement sériera).
— J'ai envie de le blesser au ventre!
M. MILIEU. — Es-tu sûr de ton coup?
M. LARDI (très calme). — Je le toucherai où
bon me semblera. v
M. MILIEU. — Phénoménal!
L'AUTRE TÉMOIN. — Epatant !
(La voiture s'arrête. On est arrivé, Salu-
tations de droite et de gùuche. Les devr,
adversaires enlèvent leur redingote et leur
gilet.)
M. MILIEU (bas à Lardi). — Sacrédié ! tu
t'es rudement bien coiffé pour la circonstance!
on dirait même que tu as plus de cheveux
qu'à l'ordinaire. (saisissant un fil qui traîne
sur son épaule). Tiens. qu'est-ce que c'est
que ça?
M. LARDI.- Touche pas, sapristi !. et tais-
toi.
M. MILIEU. — Vous y êtes, messieurs?
M. LARDI. — Oui. oui.
M. MILIEU. — Partez.
(L'adversaire de M. Lardi, l'œil en feu, les
dents serrées, va pO'lw.se fendre/lorsque
tout à coup il s'arrête et regards, effrayé,
les cheveux de Lardi qui s'agitent, se sou-
lèvent, retombent, et se réleveiTt encore
avec line vitesse incroyable. Lardi en pro-
file ettouche, par un coup dwit, son ad.
versaire au ventre.)
M. MILIEU.— Qu'est-ce que tu as eu? tes che-
veux!. as-tu senti?.
M. LARDY. — C'est ma botte, mon vieux!.
c'est une perruque que j'ai. J'ai tiré le fil, le •
tout a marché, il a été stupéfait et je l'ai
blessé : voilà.
PIERRE WOLFF.
LA' TUEUSE
— Une petite femme si gentille ! s;
mignonne ! -
Ma mère n en revenait pas, moi non
plus, ni personne dans notre petite ville
révolutionnée. Cependant, je ne la con-
naissais que de vue, cette Mme De-
lorme, pour l'avoir rencontrée sur le
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musique, ou a la sortie de ia messe
quand j'y allais attendre maman; mais
le vague soutenir qui me restait d'elle
me soufflait un peu de la stupeur g,,¿.né.
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