Titre : Le Radical
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-24
Contributeur : Maret, Henry (1837-1917). Rédacteur
Contributeur : Simond, Victor. Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32847124t
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 août 1922 24 août 1922
Description : 1922/08/24 (A43). 1922/08/24 (A43).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG33 Collection numérique : BIPFPIG33
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k7612693g
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-210
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 28/05/2014
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JEUDI 24 AOUT 1922
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Au JVIEETItîG DE CLtERPHT-FERRAP
LES EXPÉRIENCES DE VOL A VOILE
Il semble, d'après l'ingénieur général Fortant, què le moteur doive,
de longtemps encore, demeurer pour l'avion l'outil indispensable
9mlanche, 21 août, il a été procédé
à la distribution des prix dotant le
concours des avions sans moteur. Bos-
soutrofc, qui s'est révélé l'as du con-
cours, a gagné ila totalité 'des divers
prix attribués aux épreuves de durée,
de hauteur, de plus faible vitesse do
chute, de précision d'atterrissage, de
vol en palier. Il n'a pas volé ses 25,000
francs.
Y a-î-TT d'ans ces jeux dangereux une
promesse pour l'avenir ? Qu'est, en
somme, le vol à voile ? Quellle leçon
doit-on firer des expériences de Com-
begrasse ?
M. ^ingénieur général Fortaut,. di-
recteur de la section technique de l'aé-
ronautique, a bien voulu répondre à
nos questions et réserver aux lecteurs
du Radical FexpressioOIr de quelques-
une de ses idées en la matière.
Le vol à voile
- Et {l'abord, nous dit M. Fortant,
il convient de définir île vol à voile
c'est l'utilisation des courants trans-
versaux ou ascendants qui brassent
l'air un peu à la façon dont lies cou-
rants marins, les vagues le font de la
mer, non pas dans île seul but de se
soutenir, mais aussi de progresser, de
s'élever, d'évoluer. Cet usage total des
irrégularités atmosphériques constitue
le vol à voiile. Il suppose, pour l'instant,
un appareil très peu chargé au mètre
carré, très léger, une cellule en quel-
que sorIe nue.
— Les - expériences de Combegrasse,
id,éveloppées, confirmées, peuvent-elles
laisser espérer, monsieur l'ingénieur
général, que des appareils voyageront
un jour avec le seul concours des vents
favorables ?
— Non. et c'est là une erreur contre
laquelle il convient de mettre en garde
île public. Le voyage aérien suppose
des conditions de rapidilé et de vitesse
que seul permet Se réaliser le moteur.
Un appareil muni d'un bon moteur ira
TIeaucoup plus vite qu'une cellule con-
duite par un as capable, en vertu d'une
sensibilité particulière, d'utiliser les
courants les plus favorables. Le moteur
permet de trouer l'air, comme un tor-*
pilleur rentre dans la vague. Môme le
courant opposé ne retarde que peu sa
vitesse en raison de son excédent de
puissance.
« Les expériences de Combegrasse
ne sont pas sans portée ; elles permet-
tent d'étudier, sans modifier quant à
présent les conditions essentielles du
vol mécanique, les améliorations pos-
sibles.
Le vol plané
{( Les vols de Combegrasse ont été
surtout des vols planés.
« Tout appareil à moteur fait à un
moment du vol plané — soit que ralen-
tissant son moteur à l'excès le pilote
le bloque, soit qu'à (la suite d'une panne
l'hélice s'arrête net. A ce moment, le
pilote incline son appareil sur l'hori-
zontale pour lui permettre de descen-
dre en s'appuyant sur l'air. Le vol plané
n'est qu'une chute ralentie. A ce mo-
ment seul le planeur compte ; meilleu-
res seront ses qualités de vol, plus ré-
duit sera l'angle de chute, plus prolon-
gée sa descente, plus doux le contact
avec le sol.
« Plus un appareil atterrit douce-
ment, moins il y a de risques d'acci-
dents.
La Jeçoa da meeting d'Auvergne
« Bossoutrot, Douchy, leurs rivaux,
permettent d'étudier dans quelles con-
ditions un plan sustentateur se comporte
dans l'air en dehors de toute action
mécanique, propulsive ou tractive. Ils
font un: app/rentissaige plus direct de
l'air.
« Ils fournissent aux techniciens des
éléments précieux pour la détermina-
tion de3 caractéristiques que devront
présenter des cellules mieux volantes,
dirai-je : courbure, forme, profils des
ailes, etc.
— En somme, Combegrasse fut un
laboratoire agrandi et de plein air ?
— Précisément. Ces expériences, cel-
les analogues qui leur succéderont,
permettront de confirmer ou d'infirmer
les résultats cherchés ici même dans
le tunnel aérodynamique.
— Ont-elles une autre portée, mon-
sieur l'ingénieur général ?
-,..;l Oui, en ce sens qu'elles facilite-
ront aux débutants l'apprentissage de
leur métier de pilote ; actuellement un
jeune pilote se rend mal compte des
réactions de l'air. Happé par son mo-
teur. il passe trop vite pour en discerner
les effets. Ayant fait quelque temps du
planeur, il acquerra l'expérience, la
connaissance de l'air, des nuages et la
sensibilité particulière que, seul, jus-
qu'ici, dans une certaine mesure, don-
nait le ballon libre.
- Ainsi, monsieur l'ingénieur géné-
ral, le vol à voile pur ne détrônera pas
le vol mécanique de sitôt ?
— Non, il reste un moyen intéressant
d'augmenter les qualités de sustenta-
tion. de légèreté de cellules, et de fami-
liariser les débutants avec le milieu dans
lequel ïïs devront plus tard évoluer vite,
utilement.
M. Fortant nous épargne la peine de
conclure, l'ayant fait lui-même en ces
termes précis.
Et si le moteur enlève quelque pdC-
sie aux ailes d'un avion, il n'en est pas
moins le compagnon utile, l'instrument
de longtemps indispensable.
Marcel PEYROUTON,
AVANT VENISE
Sur le fond de la toile
A Venise, où probablement se rencontre-
ront Turcs et Grecs, à l'ombre des alliés,
ceux-ci chercheront vraisemblablement non
seulement à rétablir la paix entre les belli-
gérants, mais encore à fixer la carte de
rOrient.
Il semblait qu'au moment où l'armistice
était signé, il était facÍÏe de déterminer
les frontières des Etats et de les imposer.
Mais de longs mois passèrent et les alliés
Demeurèrent silencieux. Ils paraissaient in-
;apables de décision, trop préoccupés ail-
leurs.
Alors, la Russie entra en action. Elle
seale avait gardé son armée. Elle était à
pied d'œuvre. Elle décida d'appeler il la li-
berté toutes les nations depuis longtemps
sous le joug ; elle soutint ses propagan-
distes par la force et écrasa les petits Etais
qui, méfiants, préféraient se gouverner
eux-mêmes que d'avoir recours aux hommes
et aux méthodes de Moscou : ainsi de la ré-
publique arménienne en 1920 et de la reprit-
blique de Géorgie en 1921. L'Asie devient
pour les hommes de Moscou le théâtre de
prédilection. « Les problèmes asiatiques,
qui jouaient déjà un grand rôle en 1911,
déclare Zinoview au congrès d'Extrême-
Orient, malgré l'acuité du conflit européen,
passent maintenant au premier plan. Vain-
queurs et vaincus se rendent compte que
la querelle- européenne, par rapport à l'é-
chelle mondiale, n'était qu'une tempête
dans un verre d'eau ; la rivalité des impé-
rialistes a pris fin en Occident. »
En revanche, le Moscovite reprend la tra-
dition tsariste et, s'il change ses méthodes
verbales, vise le même but. Le commis-
saire aux nationalités, Staline, mène l'of-
fensive. Elle réussit d'abord. Les répu-
bliques des Tartares, Bachkirs et Kirgbiz,de
iBoukhara, du Turkestan et du Kharezm
apparaissent soudain, puis c'est la répu-
blique de Mongolie, puis celle d'Extrême-
Orient, à l'est du lac Baïkal,
Dans cette œuvre, le gouvernement des
jsoviets reçoit le concours des Turcs. C'est
avec l'aide des Turcs de Kiazim Kara Bekir
que la république d'Arménie est supprimée,
ainsi que la république de Géorgie. Les
Russes accordent au gouvernement d'An-
gora. comme récompense du service rendu,
[Kars et les districts d'Artvin et d'Ardahan.
Même histoire à Bakou pour l'Azerbeid-
jan !
AiUi Turkestan, Enver pacha s'efforce de
créer une base d'action. Il reprend à son
compte les projets allemands. Il est d'abord
l'allié des soviets. Mais dès qu'il sent sa po-
sition affermie, il entend ne pas travailler
à se mettre sous leur joug. Il leur devient
suspect, bientôt hostile, d'où l'annonce de
'sa mort annoncée périodiquement. Il est le
rival de Mustapha Kemal. Il supporte avec
impatience la renommée de celui-ci.
Dons ces conditions, il est logique que
l'Angleterre, oublieuse du rôle d'En ver dans
la guerre de 1914, ne « voit qu'en lui un ad-
versaire des soviets et de Kémal », comme
t'écrit M. Roger Labonne, « susceptible de
débarrasser les Indes de la menace com-
muniste et son empire musulman de la me-
nace pan islamique ».
En attendant, les progrès moscovites ont
été enrayés.
Mais le trouble et l'ébranlement restent
profonds dans toute l'Asie. -
Aussi, derrière les Grecs et les Turcs en
bataille, épisode d'un grand drame qui se
déroule lentement, apparaissent les signes
précurseurs d'un -éveil qui bouleversera pro-
digieusement, s'il se produit, les données
habituelles de la politique européenne en
Orient.
Contre ce péril que les Russes de Moscou
pressentent, les hommes d'Etat des soviets
n'ont trouvé que lé vieux procédé de la bal-
kanisation ; quant à ceux qui lancent la
conférence de Venise, on a l'impression
qu'ils n'ont d'ambition que tîe vivre au jour
le jour.
1le iour. Louis RIPAULT.
LES BÉDOUINS PROTESTENT
Alexandrie, 23 août.
On annonce qu'un certain nombre de
chefs bédouins viennent de se réunir à
Alexandrie en vue d'étudier l'attitude à
prendre vis-à-vis de la. nouvelle constitution
égyptienne. Il est probable que les cheiks
bédouins vont envoyer au roi Fuad Ier une
protestation contre * l'absence dans la nou-
velle constitution de toute clause garantis-
sant les droits traditionnels des tribus bé-
douines et contre les nouveaux projets d'im-
pôts.
On sait que les tribus bédouines qui
vivent en Egypte, en Arabie et en Palestine
ont coutume de camper sous la tenle et sont
soumises à des traditions séculaires qui
leur tiennent lieu de droits et qui ont tou-
jours été plus ou "moins respectées par les
autorités du pays.
Enver pacha n'est pas mort
Bakou, 23 août.
Des renseignements ont été demandés à
Boukara, au sujet du bruit qui a couru à
l'étranger de la mort d'Enver pacha.
La réponse reçue de Boukara dit que le
jour où la nouvelle de sa mort avait été
publié-c, EQver pacha présidait la conféren-
ce qui doit procéder au règlement des
affaires de 'Boukara.
On croit que le bruit inexact qui a été
répandu à ce sujet provient d'une confu-
sion due à là ressemblance physique qui
existait entre Enver pacha et une autre
personne.
LA DEMANDE DE MORA TOIRE
Les négociations
de Berlin
L'Allemagne ne ferait aucune
concession sur le question des
gages productifs
Berlin, 23 août.
On annonce ce matin que les délégués
de la commission des réparations ont pu
donner à leurs entretiens avec les membres
du gouvernement allemand, une première
conclusion partielle positive.
Sir John Bradbury et 'M. Mauclère ont
reçu tous les éclaircissements possibles de
la part des représentants du Reich et, dans
le dernier entretien qu'ils :ont eu en fin
d'après-midi avec le chancelier, ils ont ac-
quis cette conviction que l'Allemagne ne
ferait aucune concession sur la question des
gages productifs.
Suivant le Berliner Tageblall, la premiè-
re phase de la conférence de Berlin est ter-
minée. La date de la prochaine réunion
en-Ire les délégués de la C. D. R. et les
représentants du Reich n'est pas fixée en-
core ,mais on prévoit pour ce matin une
nouvelle conférence des chefs des départe-
ments ministériels avec le chancelier.,
Un autre son de cloche
Berlin, 23 août.
Les pourparlers entre sir John Broobury..
et M. Mauiclère, déiéguiés de la commission
des réparations, et le gouvernement alle-
mand se sont engagés dans une nouvelle
voie.
Ils tendraient à examiner le moyen d'évi-
ter un nioratoriuin en réduisant le chiffre
des versements périodiques de l'Allemagne.
On se rapprocherait ainsi d'un projet préa-
lable du gouvernement français. Ce projet
consistait à subdiviser la créance de 132
milliards, ramenée au chiffre de 120 mil-
liards réellement dus, en deux fractions : la
première, de 50 milliards, exigible en plu-
sieurs versements continus, à commencer
sans délai ; la seconde, de 70 milliards,
payable plus tard. Les acomptes versés sur
la première créance seraient comptés en
déduction de la seconde.
Cette solution, si elle étaii acceptée, au-
rait l'avantage de résoudre le différend exis-
tant, d'une part, entre la France et l'Alle-
magne, d'autre part, entre la France et
l'Angleterre.
Un compte allemand des prestations
Berlin, 23 août.
La Gazette générale de l'Allemagne, en
réponse au discours de M. Poincaré à Bar-
le-Duc, publie le compte des prestations
effectuées jusqu'ici par l'Allemagne.
L'organe de M. Stinnes déclare quie l'Al-
lemagne a payé jusqu'à ce jouir le total de
38 milliards 242.290.000 marks or en presta-
tions en nature, payements comptants, frais
d'occupation, dommages subis par l'Alle-
magne à l'étranger et dans ses colonies,
perte des droits de l'Allemagne chez ses
alliés, liquidation des biens allemands à
l'étranger.
En outre, l'Allemagne a perdu une partie
de sa force productive par la cession de
l'Alsace et de la Lorraine, de ses colonies,
du territoire de la Sarre, du Slesvig, de la
Haute-Silésie, de la Posnanie et de Memel.
Elle a perdu son matériel de guerre, sa
flotte, etc. Ses papiers-valeurs, les actions
de ses usines ,ainsi qu'une part de sa pro-
priété immobilière ont été achetés par des
étrangers, qui lui ravissent également tou-
tes ses marchandises et consomment ses
denrées alimentaires pour peu d'argent,
s'appropriant ainsi eux-mêmes une partie
du montant des r^arations reveïlant à
leurs pays d'origine.
La Gazette générale de l'Allemagne énu-
mère encore un certain nombre d'autres
pertes subies par l'Allemagne et conclut
que ces prestations indirectes représentent
un capital bien (plus important que celui
des prestations en nature et en "espèces,
et elle conclut que la somme de 132 mil-
liards de marks or, fixée par l'état des
payements du 5 mai 1921, est amortie de-
puis longtemps déjà.
UNE CROIX
M. Théodore Hoffmann, directeur de la C. A. M.
est nommé chevalier de la Légion d'honneur
Nous sommes heureux de rélever dans la
dernière promotion du ministère du travail,
le nom de notre ami, M. Théodore Hoff-
mann, nommé chevalier de la Légion
d'honneur.
La haute distinction conférée à l'actif
administrateur directeur général de la
Compagnie d'applications mécaniques est
l'hommage dû aux remarquables qualités
techniques de ce parfait organisateur.
L'ancien collaborateur des usines Char-
l'on, Girardot et Voigl et de l'usine Clé-
ment-Bayard, qu'il dirigea avec une rare
compétence, ainsi que la Société des roues
amovibles R. A. F., fondait, en 1915, la
Compagnie d'applications- mécaniques.
Son zèle d'animateur infatigable, ses con-
naissances commerciales, ses méthodes gé-
nérales de production industrielle allaient
trouver dans cette nouvelle direction un
cbam;p d'activité particulièrement fécond en
résultats.
Nous adressons à ce grand travailleur, à
ce technicien accompli, au self made
man dont toute la vie est un magnifique
exemple d'énergie, nos félicitations leis plus
vives et les plus chaleureuse-s.
M. Poincaré est de retour
1. .—
M. Raymond Poincaré est arrivé à Paris
hier matin à '11 h. 55.
Sur le quai de la gare de l'Est, le prési-
dent du conseil a été salué par MM. Albert-
Peyronnet, ministre du travail ; Colrat,
sous-secrétaire d'ELat de la présidence du
conseil ; 'G rignon, chef de cabinet de la
présidence du conseil. Durand, directeur
de la Sûreté générale ; Liard, secrétaire gé-
néral de la préfecture de police ; le direc-
teur et le haut personnel de la compagnie
de l'Est.
M. Poincaré s'est dirigé aussitôt vers la
sortie. A son passage, les assistants l'ont
chaleureusement acclamé. Le président *du
conseil s'est rendu directement rue Mar-
beau en automobile.
EHCOKE 0|i GRIfflE EN IREiRftDE
M. MICHAËL COLLINS
LCHEF DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE IRLANDAIS
A ÉTÉ ASSASSINÉ
Londres, 23 août.
A 4 heures ce matin, la nouvelle sui-
vante a été transmise à Londres par le
quartier général de l'Etat libre :
Le général Michaël Collins, commandant
en chef de l'armée de l'Etat libre et chef
virtuel du gouvernement provisoire de Du-
blin, a été tué hier dans une embuscade
tendue par les rebelles, dans le voisinage
de Bandon.
Pour le moment, les détails manquent et
la nouvelle n'a été complétée à Londres par
aucune dépêche provenant d'autres sources.
Londres, 23 août.
L'assassinat de M. Collins a été conunis
dans un endroit isolé.
Les communications sont difficiles, on n'a
pas encore reçu de détails sur les circons-
tances du crime.
Une proclamation aux troupes régulières
Duiblin, 23 août.
La nouvelle de l'assassinat de M. Collins
cause en Irlande une grande émotion. Le
général commandant l'armée nationale lan-
ce une proclamation aux troupes régulières,
où il dit, entre autres choses :
« Restez calmes à vos postes. Soyez iné-
branlables dans l'accomplissement de vo-
tre devoir. Ne vous livrez pas à des repré-
sailles qui terniraient votre honneur.
« Toutes les heures sombres vécues par
Michaël Collins depuis 1916 n'avaient fait
que fortifier sa gaie bravoure. Vous êtes
les héritiers de cette force et de cette bra-
voure joyeuse. A chacun de vous incombe
le devoir de terminer la tâche qui reste à
accomplir.
« Peu importent les heures sombres que
nous traversons. Peu importent les pertes
de nos camarades. Ne vous découragez pas,
l'Irlande, servis par son armée, se trou-
vera fortifiée davantage par les tristesses
qui l'accablent. »
Le Dail Eireann convoqué
Londres, 23 août.
On annonce que, à la suite du meurtre
de M. Michaël Collins, président du cou-
vernemcnt de l'Irlande, le Daîl Eireann sera
convoqué sans refard.
Il est probable que la séance du parle-
ment irlandais sera fixée à samedi.
M. de Valera prêchera le calme
Londres. 23 août.
Le correspondant de la « Morning Post «
à Dublin croit savoir que M. de Valera se
prépare à publier un manifeste dans lequel
il admettrait enfin l'impossibilité qu'il y a
à rétablir la république intégrale par le sys-
tème de la violence.
JI conseillerait à ses partisans de mettre
bas les armes et de s'en tenir dorénavant
aux lnoyens constitutionnels dans là pour-
suite de leur idéal.
L'émotion à Londres
Londres, 23 août.
La nouvelle de la mort de M. Collins a paru
seulement dans les dernières éditions des
journaux du matin : mais dans tous les mi-
lieux on accueille la nouvelle avec horreur
et indignation.
On a l'impression que la disparition de
l'homme d'Etat irlandais jette une ombre
plus profonde sur la triste situation en Ir-
lande. Un message de l'état-major de l'ar-
mée indique que d'autres sont résolus à
assumer le fardeau et les dangers d'une di-
rection où ont succombé si soudainement
MM. Griffith et Collins. -.-
Le chagrin de M. Lloyd George
Londres, 23 août.
A la nouvelle de la mort de M. Collins,
le premier ministre a envoyé un message à
M. Cosgrave, président intérimaire du gou-
vernement provisoire d'Irlande, dans lequel
il a exprimé le profond chagrin que lui a
causé cette nouvelle
« L'Etat libre, a-t-il dit, perd un soldat
sans peur, un chef d'une grande énergie,
un homme possédant un charme personnel
remarquable. »
Michaël Collins. président du gouverne.
ment provisoire de l'Etat libre, était êLgé de
35 ans. Ses études terminées, il entra comme
employé dans l'administration des postes à
Londres, où il resta quelques années. Les
événements de la semaine de Pâques 1916
décidèrent sa carrière. On peut dire qu'il
entra en lice pendant ces heures tragiques ;
après la rébellion, il lut arrêté et incarcéré
à la prison de Fraiigoch, d'où il fut libéré
au bout de six mois.
Après les élections de 1918, il fut nommé
ministre des finances dans le cabinet du
Dail. Il conserva ce portefeuille jusqu'à la
signature du traité avec l'Angleterre, en dé-
cumbre dernier. A ce moment, il fut nommé
président du gouvernement provisoire.
Pendant les deux années de guerre qui
précédèrent la signature de ce traité. Mi-
chaël Collins était le véritable héros du peu-
ple. Comme organisateur, il montra uno ca-
pacité remarquable et il était considéré
comme le plus hardi et le plus brave des
chefs de la guerre de libération.
Le gouvernement britannique avait mis sa
tête à prix pour une forte somme, et tous
les efforts imaginables furent tentés inuti-
lement pour le capturer. M. Griffith disait
de lui, à une séance du Dail : « Voilà l'hom-
me qui a gagné la guerre. »
Président du gouvernement provisoire,
quand ses adversaires se révoltèrent contre
son gouvernement, il fut nommé comman-
dant en chef.
Sa mort est une perte irréparable pour
l'Irlande.,
PETITS PAPIERS
A quoi sert un tableau
Tous les Parisiens ne sont pas à la
Potinière. Mais pour ceux que Paris re-
tient, enchaînés à la besogne, le départ
des autres a Vair de leur créer des loi-
sirs. Et voilà pourquoi vous voyez, dans
les journaux et dans les revues, ouvrir
toutes sortes d'enquêtes, plus ou moins
importantes, plus ou moins indiscrètes.
C'est le petit jeu de la saison.
- Voici mon corbillon. Qu'y met-on?
-- Une question.
ALon excellent confrère et ami René
Chavance, voyant fermées les galeries
et les salles où sévissent, tout le lorng
de l'année ouvrable, les mille et une
expositions dont il faut bien que nous
rendions compte au nom de l'art, a eu
une amusante idée. Il publie dans la
Liberté les réponses à une enquête qui,
pour toute simple qu'elle soit, ne laisse
pas d'être embarrassante.
« A quoi sert un tableau ? »
Alains amène, moins courtois, il eût
pu imaginer des questions plus terri-
bles. Celle-ci, par exemple : « A quoi
servent les salons, les galeries, les mar-
chands et les critiques ? »
Avec bien plus d'esprit, il s'est tourné
vers tous ceux qui aiment la peinture,
se flattent de la comprendre et d'avoir
du goût (il y a peu d'exceptions), et il
leur a demandé gentiment, ingénu-
ment presque : « A quoi sert un ta-
bleau ? »
Et le plus fort, c'est que toutes les ré-
ponses qu'il a reçues émanent de gens,
artistes ou amateurs, qui ont vraiment
l'air d'y avoir réfléchi et d'avoir une
opinion.
Que mon ami René Chavance me par.
donne d'être moins osé, et surtout de
ne point aller extraire d'absconses mé-
ditations esthétiques une réponse artili-
cieuse.
Mais qu'il me permette de lui citer
l'exemple d'un brave amateur qui en-
tendait que les tableaux servissent vrai-
ment à quelque chose. Plus heureux que
Chavance et que moi-même. il possé-
dait. en plus de son domicile parisien,
une résidence d'été. Il ne manquait
point de goût et il avait orné ses murs,
à la ville comme à la campagne, de ta-
bleaux de son choix.
— Je veux, me disait-il, que chacun
d'eux m'enrichisse de ce qui me man-
que, et si l'action est sœur du rêve, l'art
doit servir à parer la vie des prestiges
-du songe. Dans ma villa, vous ne trou-
verez que des sujets propres à éveiller
en moi des états d'âme philosophiques.
A Paris, je ne veux que des paysages ou
des évocations de nature, auxquels s'ac-
corde mon Indsrne.
Et maintenant, à m^n tour, de poser
'me toute petite question :
« A quoi sert une enquête ? »
G. REMON.
Les lieutenants de Ionueterie
IF FAUT ÉTENDRE LEURS PRÉROGATIVES
Nos meilleurs chasseurs connaissent
assez peu ces utiles officiers. Ils n'appar-
tiennent pourtant pas à un passé aboli. Ils
existent toujours et font à l'occasion de bon
travail.
Leur institution est d'origine fort ancien-
ne, puisque le premier louvetier dont l'his-
toire fait mention, Pierre Hannequeauj vi-
vait en 1467.
Leur fonction actuelle date du Directoire.
Elle consistait d'abord à défendre l'agricul-
teur et à protéger le gibier contre les ani-
maux nuisibles, en particulier contre les
loups.
Il était prescrit de faire dans les forêts
nationales et les campagnes, tous les trois
mois et plus, des clhasses et battues. géné-
rales ou particulières aux loups, renards,
blaireaux, etc.
Depuis le décret de 1852, les préfets, suc-
cesseurs des anciens grands veneurs, fixent
les circonscriptions de touveterie et en
désignent les titulaires sutr la proposition
des conservateurs des eaux et forêts.
Les officiers de louveterie ne sont pas des
fonctionnaires. Us ne sont pas organisés
hiérarchiquement ; leur chef direct est le
préfet ; leur grade ne correspond à rien.
Une ordonnance de 1814 leur permet cepen-
dant l'uniforme suivant : habit bleu à la
française avec collet et parements de ve-
lours bleu pareil, boutons de métal ornés
d'une tête de loup, chapeau à la française,
culottes chamois, bottes à l'écuy'ère, cou-
teau de chasse.
Mais, maligré ce bel équipement, ils ne
détiennent aucune partie de la puissance
publique. Ils n'ont pas le droit de réqui-
sition et ne prêtent pas serment.
Leurs prérogatives sont trop limitées et
c'est de quoi ils S'e plaignent. Etre direc-
teurs de battues ne leur suffit plus, Des
loups, aujourd'hui, il n'y en a plus guère.
Il en est un, au contraire, dont la race
se multiplie et qu'ils voudraient atteindre
jusque dans son champ, où., quand il est
propriétaii-e, il est presque tout-puissant :
c'est le braconnier.
Le braconnier, les moindres gardes par-
ticuliers ont le droit de l'arrêter. En pra-
tique ils le font rarement pour diverses
raisons.
Les lieutenants de louveterie, au contrai-
re. qui auraient le temps, qui présente-
raient aussi toutes garanties de moralité,
d'indépendance, d'instruction et d'expérien-
ce, sont impuissants.
Qu'on leur permette donc. selon leur
voeu, jie prêter serment devant le tribunal
civil ne leur résidence, qu'on les oualifié
pour constater les délits commis et pour
en dresser procès-verbal. Une jjetite loi
suffirait.
Et ce sera tout profit pour la chasse com-
me pour l'agricuiture.
Jacques DEVILLIERS.
La promotion violette
Le Journal Officiel publie ce matin une
importante promotion d'officiers de l'ins-
truction publique et d'officiers d'Académie,
qui comprend 6.000 noms dont environ
1.800 officiers de l'instruction publique.
LA DÉTRESSE AUTRICHIENNE
Le voyage
du docteur Seipel
Les bruits relatifs au rattachement
de l'Autriche à un Etat étranger
semblent fantaisistes
Berlin, 23 août.
M. Seipel s'est rendu à la légation
d'Autriche, où il a élu domicile .pour la
durée de son séjour à Berlin. Ensuite, il
a rendu visite au président du Reich, à
la Wilihelmsbrasse.
La nouvelle étant arrivée dans la soirée
que M. Schanzer, ministre des affairas
étrangères d'Italie, se rendrait incessam-
ment à Botzen, on pense, en général, que
M. Seipel s'y rendra directement, viâ Mu-
nich, sang passer par Vienne.
La presse tChéco-slovaque consacre de
longs commentaires au voyage du chance-
lier. Elle est unanime à constater que l'Etat
tchécoslovaque est disposé à aider l'An..
triche dans la mesure du possible, à condi*
tion que celle-ci y mette du sien. :
La Tchéco Slovenska Republika se dit ed
mesure d'affirmer que le docteur Benès,
dans ses conversations avec le chancelier,!
aurait désapprouvé nettement l'hypothèse
d'un rattachement à l'Allemagne, en di-
sant que l'Autriche ferait mieux d'àttendre
la décision de la Socité des nations. Le
Cas, l'organe officiel du docteur Benès, dé-
clm" que la Tchêco-Slovaquie n'accordera
pas un nouvel emprunt à l'Autriche, mais
qu'elle lui fournira le reste des crédits pro-
mis. D'après le même journal, les bruits'
relatifs à un soi-disant rattachement dl.'
l'Autriche à un Etat étranger, ou à un par-
tage, entre ses voisins, seraient purement.
fantaisistes.
TERRIBLE COLLISION D'AEROPLANES
Quatre iqorts
Florencë, 23 août.
Quattè avions miJitanres se livraient 3
des exercices à une hauteur d'environ 1.000
mètres au-dessus du champ d'aviation def
Pise. A un moment donné deux de ces
avions entrèrent en collision. Le heurt futl
terrible et les deux avions capotèrent.
Quatre tadavres ont été retirés des dé-
combres. ,,'
UN CRIME AUX ENFANTSrROUGES
-
Un vieillard assassiné
Un commerçant du quartier des Enfants-
Rouges, M. Fournol, plus communément
appelé u père 'Formol ». fabricant dej
chaînes en argent, doublé et nickel, demeu-
rant 14, rue Froissart, a été trouvé hier ma-
tin assassiné dans sa boutique, au pied de
l'escaller conduisant au premier étage. Les
premières constatations ont permis d'établir,
qu'il avait une plaie profonde à la tète, dans
la règion temporale droite, et un bâillon en-
foncé dans la bouche. t)es traces de lutte;
et des empreintes sanglantes ont été reJe-
vées dans la boutique.
Le parquet s'est transporté sur les lieux,
accompagné de M.. Faralicq, commissaire A'
la police judiciaire. D'après les renseigne-
ments recueillis, on sait que M. Fournol
avait reçu une femme, mardi, dans la soi-
rée. La porte de la boutique était restée ou-
verte, ce qui avait donné l'éveil aux voi-
sins.
Le service anthropométrique photograplhià
le cadavre et saisit des verres et de9 mor-
ceaux d'assiettes brisées pour relever les
empreintes digitales. Dans le tiroir-ncaisse
se trouvait encore une somme de 200 francs.
UNE INVASION * PACIFIQUE
,. Cologne, 23 août.
Une véritable invasion d'étrangers s'abat
chaque jour sur les principaux centres ma-
nufacturiers des territoires occupés pour
y acheter tout ce qui tombe sous la main.
Hier lè nombre de ces acheteurs de passage
a été évalué à 200.000.*
Les commerçants ont essayé tout d'abord
de se défendre contre cette invasion inquié-
tante en augmentant leurs marchandises de
50 à 100 Mais ceci n'ayant pas découra-
gé les acheteurs, les organisations d'em-
ployés et les représentants des syndicats
exigent aujourd'hui que des mesures éner-
giques soienc prises afin de mettre un ter-
me à l'envahissement de ces étrangers,
M. Parmerçtier rentre eij France
New-York, 23 août.
M. Parmentier, qui s'était rendu à Wa-
shington pour conférer avec la commission
nommée par ¡le Sénat et la Chambre de a.
représentants, afin. d'examiner la question
du remboursement des dettes interalliées,
s'est .embarqué aujourd'hui sur lett Paris »,
à destination du Havre.
Un Alsacien en conseil de guerre
Originaire de l'Alsace, le jeune soldat
René Sellet, 23 ans, du 22e batailloo d'ou-
vriers d'artillerie, avait servi à contr;e-oœur
sous l'uniforme allemand avant Tarmistice.
Incorporé dans l'armée française, il deman-
da, après quelques mois de service, de bé-
néficier de la latitude accordée aux jeunes
Alsaciens dans son cas et qu'il lui fût tenu
compte du temps passé, malgré lui, 43ous
les drapeaux allemands.
Il aurait dû être régalièrémant démobilisé
le 28 avril dernier, -mais en l'absence de
justifications avait été envoyé en congé.
Le 15 mai, se croyant vraiment libéré, il
.se présenta à son unité en cantonnement
aux (environs de Paris, en civil et légère-
ment éffnéché. Comme on lui Jaisait aes ob-
servations, il se rebiffa, boxa plusieurs gra-
dés, pocha l'ceil à l'un d'entre eux, s'é-
chappa des locaux disciplinaires' et fit un
vrai scandale..
Il comparaissait hier devant le 28 conseil
de guerre, sous l'ipculpation de voies de
fait et outrages it supérieurs en service et
bris de clôture. Après p!aidoirie de Me
Charles Bi/boud. qui n essayé .de faire res-
sortir le cas un peu spécial et la bienveil-
lance toute particulière que l'on- Qr,w.l¡: té-
moigner à Sellet, ne fût-c-p que ,:.ns un
conseil «ne lui a infii" - <;ur. .3 ans de prison
avec l'application de la loi de sursis.
Marc DESLEY.
Quararite-troisièrne année
ABONNEMENTS
1 an 6 mois 3 mois
Parts, Seine-et-Oisa86 » 20 n 10 D
Départements. 40 « 22» 11 »
Etranger. 80 » 45 » 25 *
LftPUBLlCiTEest reçue aux bureaux du Journal
ou à l'Office d'annonces
29, Bout. des Italiens, PARIS (2')
JEUDI 24 AOUT 1922
- i ; |
RÉDACTION, ÀBMffiîSTRÀTOH
? rue des Petlt«..Pères, PARIS
téléphone: GUTËNBERG02-55 -
Aprés20h. : GUTENBERG 43-93
A dresse tétégraphiqud : RA DtCA L -PARIS
Au JVIEETItîG DE CLtERPHT-FERRAP
LES EXPÉRIENCES DE VOL A VOILE
Il semble, d'après l'ingénieur général Fortant, què le moteur doive,
de longtemps encore, demeurer pour l'avion l'outil indispensable
9mlanche, 21 août, il a été procédé
à la distribution des prix dotant le
concours des avions sans moteur. Bos-
soutrofc, qui s'est révélé l'as du con-
cours, a gagné ila totalité 'des divers
prix attribués aux épreuves de durée,
de hauteur, de plus faible vitesse do
chute, de précision d'atterrissage, de
vol en palier. Il n'a pas volé ses 25,000
francs.
Y a-î-TT d'ans ces jeux dangereux une
promesse pour l'avenir ? Qu'est, en
somme, le vol à voile ? Quellle leçon
doit-on firer des expériences de Com-
begrasse ?
M. ^ingénieur général Fortaut,. di-
recteur de la section technique de l'aé-
ronautique, a bien voulu répondre à
nos questions et réserver aux lecteurs
du Radical FexpressioOIr de quelques-
une de ses idées en la matière.
Le vol à voile
- Et {l'abord, nous dit M. Fortant,
il convient de définir île vol à voile
c'est l'utilisation des courants trans-
versaux ou ascendants qui brassent
l'air un peu à la façon dont lies cou-
rants marins, les vagues le font de la
mer, non pas dans île seul but de se
soutenir, mais aussi de progresser, de
s'élever, d'évoluer. Cet usage total des
irrégularités atmosphériques constitue
le vol à voiile. Il suppose, pour l'instant,
un appareil très peu chargé au mètre
carré, très léger, une cellule en quel-
que sorIe nue.
— Les - expériences de Combegrasse,
id,éveloppées, confirmées, peuvent-elles
laisser espérer, monsieur l'ingénieur
général, que des appareils voyageront
un jour avec le seul concours des vents
favorables ?
— Non. et c'est là une erreur contre
laquelle il convient de mettre en garde
île public. Le voyage aérien suppose
des conditions de rapidilé et de vitesse
que seul permet Se réaliser le moteur.
Un appareil muni d'un bon moteur ira
TIeaucoup plus vite qu'une cellule con-
duite par un as capable, en vertu d'une
sensibilité particulière, d'utiliser les
courants les plus favorables. Le moteur
permet de trouer l'air, comme un tor-*
pilleur rentre dans la vague. Môme le
courant opposé ne retarde que peu sa
vitesse en raison de son excédent de
puissance.
« Les expériences de Combegrasse
ne sont pas sans portée ; elles permet-
tent d'étudier, sans modifier quant à
présent les conditions essentielles du
vol mécanique, les améliorations pos-
sibles.
Le vol plané
{( Les vols de Combegrasse ont été
surtout des vols planés.
« Tout appareil à moteur fait à un
moment du vol plané — soit que ralen-
tissant son moteur à l'excès le pilote
le bloque, soit qu'à (la suite d'une panne
l'hélice s'arrête net. A ce moment, le
pilote incline son appareil sur l'hori-
zontale pour lui permettre de descen-
dre en s'appuyant sur l'air. Le vol plané
n'est qu'une chute ralentie. A ce mo-
ment seul le planeur compte ; meilleu-
res seront ses qualités de vol, plus ré-
duit sera l'angle de chute, plus prolon-
gée sa descente, plus doux le contact
avec le sol.
« Plus un appareil atterrit douce-
ment, moins il y a de risques d'acci-
dents.
La Jeçoa da meeting d'Auvergne
« Bossoutrot, Douchy, leurs rivaux,
permettent d'étudier dans quelles con-
ditions un plan sustentateur se comporte
dans l'air en dehors de toute action
mécanique, propulsive ou tractive. Ils
font un: app/rentissaige plus direct de
l'air.
« Ils fournissent aux techniciens des
éléments précieux pour la détermina-
tion de3 caractéristiques que devront
présenter des cellules mieux volantes,
dirai-je : courbure, forme, profils des
ailes, etc.
— En somme, Combegrasse fut un
laboratoire agrandi et de plein air ?
— Précisément. Ces expériences, cel-
les analogues qui leur succéderont,
permettront de confirmer ou d'infirmer
les résultats cherchés ici même dans
le tunnel aérodynamique.
— Ont-elles une autre portée, mon-
sieur l'ingénieur général ?
-,..;l Oui, en ce sens qu'elles facilite-
ront aux débutants l'apprentissage de
leur métier de pilote ; actuellement un
jeune pilote se rend mal compte des
réactions de l'air. Happé par son mo-
teur. il passe trop vite pour en discerner
les effets. Ayant fait quelque temps du
planeur, il acquerra l'expérience, la
connaissance de l'air, des nuages et la
sensibilité particulière que, seul, jus-
qu'ici, dans une certaine mesure, don-
nait le ballon libre.
- Ainsi, monsieur l'ingénieur géné-
ral, le vol à voile pur ne détrônera pas
le vol mécanique de sitôt ?
— Non, il reste un moyen intéressant
d'augmenter les qualités de sustenta-
tion. de légèreté de cellules, et de fami-
liariser les débutants avec le milieu dans
lequel ïïs devront plus tard évoluer vite,
utilement.
M. Fortant nous épargne la peine de
conclure, l'ayant fait lui-même en ces
termes précis.
Et si le moteur enlève quelque pdC-
sie aux ailes d'un avion, il n'en est pas
moins le compagnon utile, l'instrument
de longtemps indispensable.
Marcel PEYROUTON,
AVANT VENISE
Sur le fond de la toile
A Venise, où probablement se rencontre-
ront Turcs et Grecs, à l'ombre des alliés,
ceux-ci chercheront vraisemblablement non
seulement à rétablir la paix entre les belli-
gérants, mais encore à fixer la carte de
rOrient.
Il semblait qu'au moment où l'armistice
était signé, il était facÍÏe de déterminer
les frontières des Etats et de les imposer.
Mais de longs mois passèrent et les alliés
Demeurèrent silencieux. Ils paraissaient in-
;apables de décision, trop préoccupés ail-
leurs.
Alors, la Russie entra en action. Elle
seale avait gardé son armée. Elle était à
pied d'œuvre. Elle décida d'appeler il la li-
berté toutes les nations depuis longtemps
sous le joug ; elle soutint ses propagan-
distes par la force et écrasa les petits Etais
qui, méfiants, préféraient se gouverner
eux-mêmes que d'avoir recours aux hommes
et aux méthodes de Moscou : ainsi de la ré-
publique arménienne en 1920 et de la reprit-
blique de Géorgie en 1921. L'Asie devient
pour les hommes de Moscou le théâtre de
prédilection. « Les problèmes asiatiques,
qui jouaient déjà un grand rôle en 1911,
déclare Zinoview au congrès d'Extrême-
Orient, malgré l'acuité du conflit européen,
passent maintenant au premier plan. Vain-
queurs et vaincus se rendent compte que
la querelle- européenne, par rapport à l'é-
chelle mondiale, n'était qu'une tempête
dans un verre d'eau ; la rivalité des impé-
rialistes a pris fin en Occident. »
En revanche, le Moscovite reprend la tra-
dition tsariste et, s'il change ses méthodes
verbales, vise le même but. Le commis-
saire aux nationalités, Staline, mène l'of-
fensive. Elle réussit d'abord. Les répu-
bliques des Tartares, Bachkirs et Kirgbiz,de
iBoukhara, du Turkestan et du Kharezm
apparaissent soudain, puis c'est la répu-
blique de Mongolie, puis celle d'Extrême-
Orient, à l'est du lac Baïkal,
Dans cette œuvre, le gouvernement des
jsoviets reçoit le concours des Turcs. C'est
avec l'aide des Turcs de Kiazim Kara Bekir
que la république d'Arménie est supprimée,
ainsi que la république de Géorgie. Les
Russes accordent au gouvernement d'An-
gora. comme récompense du service rendu,
[Kars et les districts d'Artvin et d'Ardahan.
Même histoire à Bakou pour l'Azerbeid-
jan !
AiUi Turkestan, Enver pacha s'efforce de
créer une base d'action. Il reprend à son
compte les projets allemands. Il est d'abord
l'allié des soviets. Mais dès qu'il sent sa po-
sition affermie, il entend ne pas travailler
à se mettre sous leur joug. Il leur devient
suspect, bientôt hostile, d'où l'annonce de
'sa mort annoncée périodiquement. Il est le
rival de Mustapha Kemal. Il supporte avec
impatience la renommée de celui-ci.
Dons ces conditions, il est logique que
l'Angleterre, oublieuse du rôle d'En ver dans
la guerre de 1914, ne « voit qu'en lui un ad-
versaire des soviets et de Kémal », comme
t'écrit M. Roger Labonne, « susceptible de
débarrasser les Indes de la menace com-
muniste et son empire musulman de la me-
nace pan islamique ».
En attendant, les progrès moscovites ont
été enrayés.
Mais le trouble et l'ébranlement restent
profonds dans toute l'Asie. -
Aussi, derrière les Grecs et les Turcs en
bataille, épisode d'un grand drame qui se
déroule lentement, apparaissent les signes
précurseurs d'un -éveil qui bouleversera pro-
digieusement, s'il se produit, les données
habituelles de la politique européenne en
Orient.
Contre ce péril que les Russes de Moscou
pressentent, les hommes d'Etat des soviets
n'ont trouvé que lé vieux procédé de la bal-
kanisation ; quant à ceux qui lancent la
conférence de Venise, on a l'impression
qu'ils n'ont d'ambition que tîe vivre au jour
le jour.
1le iour. Louis RIPAULT.
LES BÉDOUINS PROTESTENT
Alexandrie, 23 août.
On annonce qu'un certain nombre de
chefs bédouins viennent de se réunir à
Alexandrie en vue d'étudier l'attitude à
prendre vis-à-vis de la. nouvelle constitution
égyptienne. Il est probable que les cheiks
bédouins vont envoyer au roi Fuad Ier une
protestation contre * l'absence dans la nou-
velle constitution de toute clause garantis-
sant les droits traditionnels des tribus bé-
douines et contre les nouveaux projets d'im-
pôts.
On sait que les tribus bédouines qui
vivent en Egypte, en Arabie et en Palestine
ont coutume de camper sous la tenle et sont
soumises à des traditions séculaires qui
leur tiennent lieu de droits et qui ont tou-
jours été plus ou "moins respectées par les
autorités du pays.
Enver pacha n'est pas mort
Bakou, 23 août.
Des renseignements ont été demandés à
Boukara, au sujet du bruit qui a couru à
l'étranger de la mort d'Enver pacha.
La réponse reçue de Boukara dit que le
jour où la nouvelle de sa mort avait été
publié-c, EQver pacha présidait la conféren-
ce qui doit procéder au règlement des
affaires de 'Boukara.
On croit que le bruit inexact qui a été
répandu à ce sujet provient d'une confu-
sion due à là ressemblance physique qui
existait entre Enver pacha et une autre
personne.
LA DEMANDE DE MORA TOIRE
Les négociations
de Berlin
L'Allemagne ne ferait aucune
concession sur le question des
gages productifs
Berlin, 23 août.
On annonce ce matin que les délégués
de la commission des réparations ont pu
donner à leurs entretiens avec les membres
du gouvernement allemand, une première
conclusion partielle positive.
Sir John Bradbury et 'M. Mauclère ont
reçu tous les éclaircissements possibles de
la part des représentants du Reich et, dans
le dernier entretien qu'ils :ont eu en fin
d'après-midi avec le chancelier, ils ont ac-
quis cette conviction que l'Allemagne ne
ferait aucune concession sur la question des
gages productifs.
Suivant le Berliner Tageblall, la premiè-
re phase de la conférence de Berlin est ter-
minée. La date de la prochaine réunion
en-Ire les délégués de la C. D. R. et les
représentants du Reich n'est pas fixée en-
core ,mais on prévoit pour ce matin une
nouvelle conférence des chefs des départe-
ments ministériels avec le chancelier.,
Un autre son de cloche
Berlin, 23 août.
Les pourparlers entre sir John Broobury..
et M. Mauiclère, déiéguiés de la commission
des réparations, et le gouvernement alle-
mand se sont engagés dans une nouvelle
voie.
Ils tendraient à examiner le moyen d'évi-
ter un nioratoriuin en réduisant le chiffre
des versements périodiques de l'Allemagne.
On se rapprocherait ainsi d'un projet préa-
lable du gouvernement français. Ce projet
consistait à subdiviser la créance de 132
milliards, ramenée au chiffre de 120 mil-
liards réellement dus, en deux fractions : la
première, de 50 milliards, exigible en plu-
sieurs versements continus, à commencer
sans délai ; la seconde, de 70 milliards,
payable plus tard. Les acomptes versés sur
la première créance seraient comptés en
déduction de la seconde.
Cette solution, si elle étaii acceptée, au-
rait l'avantage de résoudre le différend exis-
tant, d'une part, entre la France et l'Alle-
magne, d'autre part, entre la France et
l'Angleterre.
Un compte allemand des prestations
Berlin, 23 août.
La Gazette générale de l'Allemagne, en
réponse au discours de M. Poincaré à Bar-
le-Duc, publie le compte des prestations
effectuées jusqu'ici par l'Allemagne.
L'organe de M. Stinnes déclare quie l'Al-
lemagne a payé jusqu'à ce jouir le total de
38 milliards 242.290.000 marks or en presta-
tions en nature, payements comptants, frais
d'occupation, dommages subis par l'Alle-
magne à l'étranger et dans ses colonies,
perte des droits de l'Allemagne chez ses
alliés, liquidation des biens allemands à
l'étranger.
En outre, l'Allemagne a perdu une partie
de sa force productive par la cession de
l'Alsace et de la Lorraine, de ses colonies,
du territoire de la Sarre, du Slesvig, de la
Haute-Silésie, de la Posnanie et de Memel.
Elle a perdu son matériel de guerre, sa
flotte, etc. Ses papiers-valeurs, les actions
de ses usines ,ainsi qu'une part de sa pro-
priété immobilière ont été achetés par des
étrangers, qui lui ravissent également tou-
tes ses marchandises et consomment ses
denrées alimentaires pour peu d'argent,
s'appropriant ainsi eux-mêmes une partie
du montant des r^arations reveïlant à
leurs pays d'origine.
La Gazette générale de l'Allemagne énu-
mère encore un certain nombre d'autres
pertes subies par l'Allemagne et conclut
que ces prestations indirectes représentent
un capital bien (plus important que celui
des prestations en nature et en "espèces,
et elle conclut que la somme de 132 mil-
liards de marks or, fixée par l'état des
payements du 5 mai 1921, est amortie de-
puis longtemps déjà.
UNE CROIX
M. Théodore Hoffmann, directeur de la C. A. M.
est nommé chevalier de la Légion d'honneur
Nous sommes heureux de rélever dans la
dernière promotion du ministère du travail,
le nom de notre ami, M. Théodore Hoff-
mann, nommé chevalier de la Légion
d'honneur.
La haute distinction conférée à l'actif
administrateur directeur général de la
Compagnie d'applications mécaniques est
l'hommage dû aux remarquables qualités
techniques de ce parfait organisateur.
L'ancien collaborateur des usines Char-
l'on, Girardot et Voigl et de l'usine Clé-
ment-Bayard, qu'il dirigea avec une rare
compétence, ainsi que la Société des roues
amovibles R. A. F., fondait, en 1915, la
Compagnie d'applications- mécaniques.
Son zèle d'animateur infatigable, ses con-
naissances commerciales, ses méthodes gé-
nérales de production industrielle allaient
trouver dans cette nouvelle direction un
cbam;p d'activité particulièrement fécond en
résultats.
Nous adressons à ce grand travailleur, à
ce technicien accompli, au self made
man dont toute la vie est un magnifique
exemple d'énergie, nos félicitations leis plus
vives et les plus chaleureuse-s.
M. Poincaré est de retour
1. .—
M. Raymond Poincaré est arrivé à Paris
hier matin à '11 h. 55.
Sur le quai de la gare de l'Est, le prési-
dent du conseil a été salué par MM. Albert-
Peyronnet, ministre du travail ; Colrat,
sous-secrétaire d'ELat de la présidence du
conseil ; 'G rignon, chef de cabinet de la
présidence du conseil. Durand, directeur
de la Sûreté générale ; Liard, secrétaire gé-
néral de la préfecture de police ; le direc-
teur et le haut personnel de la compagnie
de l'Est.
M. Poincaré s'est dirigé aussitôt vers la
sortie. A son passage, les assistants l'ont
chaleureusement acclamé. Le président *du
conseil s'est rendu directement rue Mar-
beau en automobile.
EHCOKE 0|i GRIfflE EN IREiRftDE
M. MICHAËL COLLINS
LCHEF DU GOUVERNEMENT PROVISOIRE IRLANDAIS
A ÉTÉ ASSASSINÉ
Londres, 23 août.
A 4 heures ce matin, la nouvelle sui-
vante a été transmise à Londres par le
quartier général de l'Etat libre :
Le général Michaël Collins, commandant
en chef de l'armée de l'Etat libre et chef
virtuel du gouvernement provisoire de Du-
blin, a été tué hier dans une embuscade
tendue par les rebelles, dans le voisinage
de Bandon.
Pour le moment, les détails manquent et
la nouvelle n'a été complétée à Londres par
aucune dépêche provenant d'autres sources.
Londres, 23 août.
L'assassinat de M. Collins a été conunis
dans un endroit isolé.
Les communications sont difficiles, on n'a
pas encore reçu de détails sur les circons-
tances du crime.
Une proclamation aux troupes régulières
Duiblin, 23 août.
La nouvelle de l'assassinat de M. Collins
cause en Irlande une grande émotion. Le
général commandant l'armée nationale lan-
ce une proclamation aux troupes régulières,
où il dit, entre autres choses :
« Restez calmes à vos postes. Soyez iné-
branlables dans l'accomplissement de vo-
tre devoir. Ne vous livrez pas à des repré-
sailles qui terniraient votre honneur.
« Toutes les heures sombres vécues par
Michaël Collins depuis 1916 n'avaient fait
que fortifier sa gaie bravoure. Vous êtes
les héritiers de cette force et de cette bra-
voure joyeuse. A chacun de vous incombe
le devoir de terminer la tâche qui reste à
accomplir.
« Peu importent les heures sombres que
nous traversons. Peu importent les pertes
de nos camarades. Ne vous découragez pas,
l'Irlande, servis par son armée, se trou-
vera fortifiée davantage par les tristesses
qui l'accablent. »
Le Dail Eireann convoqué
Londres, 23 août.
On annonce que, à la suite du meurtre
de M. Michaël Collins, président du cou-
vernemcnt de l'Irlande, le Daîl Eireann sera
convoqué sans refard.
Il est probable que la séance du parle-
ment irlandais sera fixée à samedi.
M. de Valera prêchera le calme
Londres. 23 août.
Le correspondant de la « Morning Post «
à Dublin croit savoir que M. de Valera se
prépare à publier un manifeste dans lequel
il admettrait enfin l'impossibilité qu'il y a
à rétablir la république intégrale par le sys-
tème de la violence.
JI conseillerait à ses partisans de mettre
bas les armes et de s'en tenir dorénavant
aux lnoyens constitutionnels dans là pour-
suite de leur idéal.
L'émotion à Londres
Londres, 23 août.
La nouvelle de la mort de M. Collins a paru
seulement dans les dernières éditions des
journaux du matin : mais dans tous les mi-
lieux on accueille la nouvelle avec horreur
et indignation.
On a l'impression que la disparition de
l'homme d'Etat irlandais jette une ombre
plus profonde sur la triste situation en Ir-
lande. Un message de l'état-major de l'ar-
mée indique que d'autres sont résolus à
assumer le fardeau et les dangers d'une di-
rection où ont succombé si soudainement
MM. Griffith et Collins. -.-
Le chagrin de M. Lloyd George
Londres, 23 août.
A la nouvelle de la mort de M. Collins,
le premier ministre a envoyé un message à
M. Cosgrave, président intérimaire du gou-
vernement provisoire d'Irlande, dans lequel
il a exprimé le profond chagrin que lui a
causé cette nouvelle
« L'Etat libre, a-t-il dit, perd un soldat
sans peur, un chef d'une grande énergie,
un homme possédant un charme personnel
remarquable. »
Michaël Collins. président du gouverne.
ment provisoire de l'Etat libre, était êLgé de
35 ans. Ses études terminées, il entra comme
employé dans l'administration des postes à
Londres, où il resta quelques années. Les
événements de la semaine de Pâques 1916
décidèrent sa carrière. On peut dire qu'il
entra en lice pendant ces heures tragiques ;
après la rébellion, il lut arrêté et incarcéré
à la prison de Fraiigoch, d'où il fut libéré
au bout de six mois.
Après les élections de 1918, il fut nommé
ministre des finances dans le cabinet du
Dail. Il conserva ce portefeuille jusqu'à la
signature du traité avec l'Angleterre, en dé-
cumbre dernier. A ce moment, il fut nommé
président du gouvernement provisoire.
Pendant les deux années de guerre qui
précédèrent la signature de ce traité. Mi-
chaël Collins était le véritable héros du peu-
ple. Comme organisateur, il montra uno ca-
pacité remarquable et il était considéré
comme le plus hardi et le plus brave des
chefs de la guerre de libération.
Le gouvernement britannique avait mis sa
tête à prix pour une forte somme, et tous
les efforts imaginables furent tentés inuti-
lement pour le capturer. M. Griffith disait
de lui, à une séance du Dail : « Voilà l'hom-
me qui a gagné la guerre. »
Président du gouvernement provisoire,
quand ses adversaires se révoltèrent contre
son gouvernement, il fut nommé comman-
dant en chef.
Sa mort est une perte irréparable pour
l'Irlande.,
PETITS PAPIERS
A quoi sert un tableau
Tous les Parisiens ne sont pas à la
Potinière. Mais pour ceux que Paris re-
tient, enchaînés à la besogne, le départ
des autres a Vair de leur créer des loi-
sirs. Et voilà pourquoi vous voyez, dans
les journaux et dans les revues, ouvrir
toutes sortes d'enquêtes, plus ou moins
importantes, plus ou moins indiscrètes.
C'est le petit jeu de la saison.
- Voici mon corbillon. Qu'y met-on?
-- Une question.
ALon excellent confrère et ami René
Chavance, voyant fermées les galeries
et les salles où sévissent, tout le lorng
de l'année ouvrable, les mille et une
expositions dont il faut bien que nous
rendions compte au nom de l'art, a eu
une amusante idée. Il publie dans la
Liberté les réponses à une enquête qui,
pour toute simple qu'elle soit, ne laisse
pas d'être embarrassante.
« A quoi sert un tableau ? »
Alains amène, moins courtois, il eût
pu imaginer des questions plus terri-
bles. Celle-ci, par exemple : « A quoi
servent les salons, les galeries, les mar-
chands et les critiques ? »
Avec bien plus d'esprit, il s'est tourné
vers tous ceux qui aiment la peinture,
se flattent de la comprendre et d'avoir
du goût (il y a peu d'exceptions), et il
leur a demandé gentiment, ingénu-
ment presque : « A quoi sert un ta-
bleau ? »
Et le plus fort, c'est que toutes les ré-
ponses qu'il a reçues émanent de gens,
artistes ou amateurs, qui ont vraiment
l'air d'y avoir réfléchi et d'avoir une
opinion.
Que mon ami René Chavance me par.
donne d'être moins osé, et surtout de
ne point aller extraire d'absconses mé-
ditations esthétiques une réponse artili-
cieuse.
Mais qu'il me permette de lui citer
l'exemple d'un brave amateur qui en-
tendait que les tableaux servissent vrai-
ment à quelque chose. Plus heureux que
Chavance et que moi-même. il possé-
dait. en plus de son domicile parisien,
une résidence d'été. Il ne manquait
point de goût et il avait orné ses murs,
à la ville comme à la campagne, de ta-
bleaux de son choix.
— Je veux, me disait-il, que chacun
d'eux m'enrichisse de ce qui me man-
que, et si l'action est sœur du rêve, l'art
doit servir à parer la vie des prestiges
-du songe. Dans ma villa, vous ne trou-
verez que des sujets propres à éveiller
en moi des états d'âme philosophiques.
A Paris, je ne veux que des paysages ou
des évocations de nature, auxquels s'ac-
corde mon Indsrne.
Et maintenant, à m^n tour, de poser
'me toute petite question :
« A quoi sert une enquête ? »
G. REMON.
Les lieutenants de Ionueterie
IF FAUT ÉTENDRE LEURS PRÉROGATIVES
Nos meilleurs chasseurs connaissent
assez peu ces utiles officiers. Ils n'appar-
tiennent pourtant pas à un passé aboli. Ils
existent toujours et font à l'occasion de bon
travail.
Leur institution est d'origine fort ancien-
ne, puisque le premier louvetier dont l'his-
toire fait mention, Pierre Hannequeauj vi-
vait en 1467.
Leur fonction actuelle date du Directoire.
Elle consistait d'abord à défendre l'agricul-
teur et à protéger le gibier contre les ani-
maux nuisibles, en particulier contre les
loups.
Il était prescrit de faire dans les forêts
nationales et les campagnes, tous les trois
mois et plus, des clhasses et battues. géné-
rales ou particulières aux loups, renards,
blaireaux, etc.
Depuis le décret de 1852, les préfets, suc-
cesseurs des anciens grands veneurs, fixent
les circonscriptions de touveterie et en
désignent les titulaires sutr la proposition
des conservateurs des eaux et forêts.
Les officiers de louveterie ne sont pas des
fonctionnaires. Us ne sont pas organisés
hiérarchiquement ; leur chef direct est le
préfet ; leur grade ne correspond à rien.
Une ordonnance de 1814 leur permet cepen-
dant l'uniforme suivant : habit bleu à la
française avec collet et parements de ve-
lours bleu pareil, boutons de métal ornés
d'une tête de loup, chapeau à la française,
culottes chamois, bottes à l'écuy'ère, cou-
teau de chasse.
Mais, maligré ce bel équipement, ils ne
détiennent aucune partie de la puissance
publique. Ils n'ont pas le droit de réqui-
sition et ne prêtent pas serment.
Leurs prérogatives sont trop limitées et
c'est de quoi ils S'e plaignent. Etre direc-
teurs de battues ne leur suffit plus, Des
loups, aujourd'hui, il n'y en a plus guère.
Il en est un, au contraire, dont la race
se multiplie et qu'ils voudraient atteindre
jusque dans son champ, où., quand il est
propriétaii-e, il est presque tout-puissant :
c'est le braconnier.
Le braconnier, les moindres gardes par-
ticuliers ont le droit de l'arrêter. En pra-
tique ils le font rarement pour diverses
raisons.
Les lieutenants de louveterie, au contrai-
re. qui auraient le temps, qui présente-
raient aussi toutes garanties de moralité,
d'indépendance, d'instruction et d'expérien-
ce, sont impuissants.
Qu'on leur permette donc. selon leur
voeu, jie prêter serment devant le tribunal
civil ne leur résidence, qu'on les oualifié
pour constater les délits commis et pour
en dresser procès-verbal. Une jjetite loi
suffirait.
Et ce sera tout profit pour la chasse com-
me pour l'agricuiture.
Jacques DEVILLIERS.
La promotion violette
Le Journal Officiel publie ce matin une
importante promotion d'officiers de l'ins-
truction publique et d'officiers d'Académie,
qui comprend 6.000 noms dont environ
1.800 officiers de l'instruction publique.
LA DÉTRESSE AUTRICHIENNE
Le voyage
du docteur Seipel
Les bruits relatifs au rattachement
de l'Autriche à un Etat étranger
semblent fantaisistes
Berlin, 23 août.
M. Seipel s'est rendu à la légation
d'Autriche, où il a élu domicile .pour la
durée de son séjour à Berlin. Ensuite, il
a rendu visite au président du Reich, à
la Wilihelmsbrasse.
La nouvelle étant arrivée dans la soirée
que M. Schanzer, ministre des affairas
étrangères d'Italie, se rendrait incessam-
ment à Botzen, on pense, en général, que
M. Seipel s'y rendra directement, viâ Mu-
nich, sang passer par Vienne.
La presse tChéco-slovaque consacre de
longs commentaires au voyage du chance-
lier. Elle est unanime à constater que l'Etat
tchécoslovaque est disposé à aider l'An..
triche dans la mesure du possible, à condi*
tion que celle-ci y mette du sien. :
La Tchéco Slovenska Republika se dit ed
mesure d'affirmer que le docteur Benès,
dans ses conversations avec le chancelier,!
aurait désapprouvé nettement l'hypothèse
d'un rattachement à l'Allemagne, en di-
sant que l'Autriche ferait mieux d'àttendre
la décision de la Socité des nations. Le
Cas, l'organe officiel du docteur Benès, dé-
clm" que la Tchêco-Slovaquie n'accordera
pas un nouvel emprunt à l'Autriche, mais
qu'elle lui fournira le reste des crédits pro-
mis. D'après le même journal, les bruits'
relatifs à un soi-disant rattachement dl.'
l'Autriche à un Etat étranger, ou à un par-
tage, entre ses voisins, seraient purement.
fantaisistes.
TERRIBLE COLLISION D'AEROPLANES
Quatre iqorts
Florencë, 23 août.
Quattè avions miJitanres se livraient 3
des exercices à une hauteur d'environ 1.000
mètres au-dessus du champ d'aviation def
Pise. A un moment donné deux de ces
avions entrèrent en collision. Le heurt futl
terrible et les deux avions capotèrent.
Quatre tadavres ont été retirés des dé-
combres. ,,'
UN CRIME AUX ENFANTSrROUGES
-
Un vieillard assassiné
Un commerçant du quartier des Enfants-
Rouges, M. Fournol, plus communément
appelé u père 'Formol ». fabricant dej
chaînes en argent, doublé et nickel, demeu-
rant 14, rue Froissart, a été trouvé hier ma-
tin assassiné dans sa boutique, au pied de
l'escaller conduisant au premier étage. Les
premières constatations ont permis d'établir,
qu'il avait une plaie profonde à la tète, dans
la règion temporale droite, et un bâillon en-
foncé dans la bouche. t)es traces de lutte;
et des empreintes sanglantes ont été reJe-
vées dans la boutique.
Le parquet s'est transporté sur les lieux,
accompagné de M.. Faralicq, commissaire A'
la police judiciaire. D'après les renseigne-
ments recueillis, on sait que M. Fournol
avait reçu une femme, mardi, dans la soi-
rée. La porte de la boutique était restée ou-
verte, ce qui avait donné l'éveil aux voi-
sins.
Le service anthropométrique photograplhià
le cadavre et saisit des verres et de9 mor-
ceaux d'assiettes brisées pour relever les
empreintes digitales. Dans le tiroir-ncaisse
se trouvait encore une somme de 200 francs.
UNE INVASION * PACIFIQUE
,. Cologne, 23 août.
Une véritable invasion d'étrangers s'abat
chaque jour sur les principaux centres ma-
nufacturiers des territoires occupés pour
y acheter tout ce qui tombe sous la main.
Hier lè nombre de ces acheteurs de passage
a été évalué à 200.000.*
Les commerçants ont essayé tout d'abord
de se défendre contre cette invasion inquié-
tante en augmentant leurs marchandises de
50 à 100 Mais ceci n'ayant pas découra-
gé les acheteurs, les organisations d'em-
ployés et les représentants des syndicats
exigent aujourd'hui que des mesures éner-
giques soienc prises afin de mettre un ter-
me à l'envahissement de ces étrangers,
M. Parmerçtier rentre eij France
New-York, 23 août.
M. Parmentier, qui s'était rendu à Wa-
shington pour conférer avec la commission
nommée par ¡le Sénat et la Chambre de a.
représentants, afin. d'examiner la question
du remboursement des dettes interalliées,
s'est .embarqué aujourd'hui sur lett Paris »,
à destination du Havre.
Un Alsacien en conseil de guerre
Originaire de l'Alsace, le jeune soldat
René Sellet, 23 ans, du 22e batailloo d'ou-
vriers d'artillerie, avait servi à contr;e-oœur
sous l'uniforme allemand avant Tarmistice.
Incorporé dans l'armée française, il deman-
da, après quelques mois de service, de bé-
néficier de la latitude accordée aux jeunes
Alsaciens dans son cas et qu'il lui fût tenu
compte du temps passé, malgré lui, 43ous
les drapeaux allemands.
Il aurait dû être régalièrémant démobilisé
le 28 avril dernier, -mais en l'absence de
justifications avait été envoyé en congé.
Le 15 mai, se croyant vraiment libéré, il
.se présenta à son unité en cantonnement
aux (environs de Paris, en civil et légère-
ment éffnéché. Comme on lui Jaisait aes ob-
servations, il se rebiffa, boxa plusieurs gra-
dés, pocha l'ceil à l'un d'entre eux, s'é-
chappa des locaux disciplinaires' et fit un
vrai scandale..
Il comparaissait hier devant le 28 conseil
de guerre, sous l'ipculpation de voies de
fait et outrages it supérieurs en service et
bris de clôture. Après p!aidoirie de Me
Charles Bi/boud. qui n essayé .de faire res-
sortir le cas un peu spécial et la bienveil-
lance toute particulière que l'on- Qr,w.l¡: té-
moigner à Sellet, ne fût-c-p que ,:.ns un
conseil «ne lui a infii" - <;ur. .3 ans de prison
avec l'application de la loi de sursis.
Marc DESLEY.
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