Titre : Le Journal
Éditeur : [s.n.] (Paris)
Date d'édition : 1922-08-24
Contributeur : Xau, Fernand (1852-1899). Directeur de publication
Contributeur : Letellier, Henri (1867-1960). Directeur de publication
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34473289x
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Description : 24 août 1922 24 août 1922
Description : 1922/08/24 (N10903). 1922/08/24 (N10903).
Description : Collection numérique : Bibliographie de la presse... Collection numérique : Bibliographie de la presse française politique et d'information générale
Description : Collection numérique : BIPFPIG87 Collection numérique : BIPFPIG87
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Description : Collection numérique : BIPFPIG69 Collection numérique : BIPFPIG69
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k76082461
Source : Bibliothèque nationale de France, département Droit, économie, politique, JOD-220
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 25/04/2014
JtmriOM DE 5 HEURES DU MATIN
LE yûlTEMÂL
Quinze centimes (numéro 10903) Jeudi 24 Août 1922
— Eh ben, soit, Je vous laisse ce gros
gâteau.
—En échange, vous me laisserez disposer de ce petit là:
!VIII!
Un office de la route
On parle beaucoup de la nécessité
d'électrifier les voies les plus importan-
tes de notre réseau ferroviaire. J'aime-
rais assez qu'on ne perdît pas de vue
cette autre nécessité non moins impé-
rieuse d'un réseau routier en bon état
de viabilité. Là, il s'agit d'une transfor-
mation évidemment souhaitable. Ici, et
avant tout, de là restauration de routes
et de r chemins indispensables à la pros-
périté industrielle commerciale et agri-
cole de notre pays. ,
Sur presque tous les points du terri-
toire, nos routes ont été fortement
éprouvées pendant la guerre, tant par
une circulation exceptionnelle ,que par
la suppression presque complète de l'en-
tretien. Elles constituent, ne l'oublions
pas, un capital considérable qu'il ne
faut pas laisser péricliter. Depuis l'ar-
mistice, à la vérité, un effort apprécia-
ble a été accompli, en vue du retour à
une situation plus normale, à la fois,
par l'Etat et par les départements et les
communes. L'état de nos routes s'amé-
liore vraiment chaque jour. Les sacrifi-
ces d'argent consentis sont d'autant plus
méritoires que la situation tinancière de
l'un et des autres est loin d'être bril-
lante. Mais cet effort est malgré tout
insuffisant. La circulation automobile,
et notamment le transport des mar-
ehandises en camions a pris un tel dé-
veloppement que le problème relatif à
l'entretien et à la réfection des routes et
des chemins se présente sous un aspect
nouveau.
M. Le Trocquer, qui est très attentif à
tout ce qui, de près ou de loin, ressortit
à son ministère, s'en est préoccupé, au
bon moment, semble-t-il, puisque, après
avoir créé le « Code de la route », où le
paysan a été quelque peu sacrifié au
touriste, il se propose d'organiser
l' « Ofiflce de la route » pour le plus
grand bien, dit-on, de l'un et de l'autre.
L'idée vaut d'être signalée. Est-elle
pratiquement réalisable ? Il n'est pas
douteux qu'à l'heure actuelle, en rai-
son même de l'intensité du trafic et de
la lourdeur des véhicules qui sillonnent
constamment nos routes nationales ou
départementales et de nombreux che-
mins vicinaux, les anciens procédés de
revêtement des chaussées peuvent pa-
raître ne plus répondre aux conditions
nouvelles de la circulation.
Mais qu'il s'agisse des routes « à
grand trafic » ou de « la traversée » des
villages, l'aménagement d'abord, l'en-
tretien ensuite de ces voies de commu-
nications entraîneront, avec les procé-
dés nouveaux de revêtement, dont l'effi-
cacité, à part le pavage, reste encore
à démontrer, des dépenses d'un tel ordre
de grandeur qu'il n'est pas possible, en
toute logique, de les laisser au compte
des communes et des départements.
Leur réseau routier n'a été construit et
entretenu que pour satisfaire aux be-
soins de la circulation locale. C'est à
l'Etat à supporter la part des dépenses
supplémentaires qu'imposent les exi-
gences du trafic actuel. Le peut-il ?
D'après les prévisions des services du
ministère des travaux publics, l'exécu-
tion d'un programme d'amélioration des
routes « à grand trafic » obligerait à
une dépense totale de 2 milliards, à ré-
partir sur une période de dix années,
soit, par an, 200 millions. Les travaux
id'entretien normal occasionneraient une
dépense annuelle de 50 millions ; en-
semble, 250 millions. Le crédit ouvert
au budget des routes, pour l'exercice
'1922, n'est pas très éloigné de ce chif-
fre. La mesure, au point de vue finan-
cier est réalisable. Elle l'est moins ad-
ministrativement, sous la forme où elle
est proposée à l'agrément des Gham-
bres. -'
L' « Office de la route » constituerait
l'autonomie financière. Les routès se-
raient classées dans l'ordre d'urgence
de la réfection, fonction elle-même de
l'importance du trafic. La nature du re-
vêtement serait, à son tour, déterminée
suivant cette importance. L'Office re-
cueillerait les fonds, contracterait les
emprunts et capitaliserait les fonds li-
bres, en vue de leur emploi ultérieur.
Le classement de telle route dans telle
c3.tégorie, d'après le trafic, ne peut pas
catégorie, d'ob j ections. Pas davantage la
soulever d'obje~tions. Pas davant&ge la
nature du revêtement. On conçoit qu'un
classement ainsi effectué conduise assez
vite à confier à l'Etat la charge d'entre-
tien, suivant le cas, d'une ou de plu- j
sieurs sections de routes départementa-
les ou communales, sous la seule ré-
serve du transfert au budget général
Ides sommes employées, par le départe-
ment ou la commune, à l'entretien de
ces mêmes sections. Mais tout cela peut
être conçu et réalisé sans qu'il soit né-
cessaire de créer de nouveaux rouages
(administratifs.
En France, l'organisme est tout
trouvé : c'est la direction des routes au
ministère des travaux publics. Elle est
puissamment outillée en personnel.
C'est elle qui doit, et elle le peut, sans
l'aide d'aucun service nouveau auto-
nome ou non, procéder au classement
ides routes au moyen des renseigne-
ments dont elle est abondamment pour-
vue. Il lui sera également facile de dres-
ser le programme général de réfection
du réseau français et d'y incorporer s'il
y a lieu les sections de routes départe-
mentales ou communales « à grand
trafic ». Les départements et les com-
munes verseraient dans les caisses de
l'Etat, pour être incorporé au budget
des travaux publics, le montant des
sommes dépensées pour l'entretien de
Cefi routes Quant aux impôts spéciali-
sés qui sont pratiquement distraits, à
tort, de l'objet pour lequel ils sont per-
çus, il suffirait d'en décider le verse-
ment, en totalité, au budget des routes.
En cas d'insuffisance de ressources, des
taxes nouvelles pourraient être prévues
avec affectation spéciale.
De la sorte, le but serait atteint sans
augmentation de fonctionnaires et
l' « Office de la route » agirait bientôt,
à la, grande joie des paysans et des tou-
ristes, et aussi à la satisfaction des dé-
partements et des communes, qui ac-
cueilleraient très volontiers ses conseils
et mieux encore, sa collaboration.
LOUIS PASQUET,
Sénateur des Bouches-du-Rhône.
UN MONUMENT
à la mémoire d'un Alsacien
fusillé par les Allemands
Te 27 août sera iuangÓré, à Guebwiller, i
le monument élevé à la mémoire de David
Bloch, fusillé par les Allemands pendant
la guerre. La cérémonie sera présidée par
M. Poincaré ou son représentant, M. Reibel
probablement. Le maréchal Pétain doit y
assister.
Engagé volontaire et incorporé avec la
classe 1915 au 152* régiment d'infanterie,
Bloch, connaissant parfaitement la langue
DAVID BLOCH
allemande, fut bientôt utilisé par notre
service de renseignements.
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1916, à
2 heures 30 du matin, un avion, piloté par
le sergent Jean Martin, et emportant trois
pigeons voyageurs, franchit les lignès alle-
mandes. Le jeune soldat Bloch devait être
déposé derrière le front allemand, aux en-
virons de son pays natal, Guebwiller. Dix
jours plus tard, Un aviateur devait revenir
chercher notre agent et ses renseigne-
ments. Cette mission, on le conçoit, était
périlleuse entre toutes.
Malheureusement, l'avion, après avoir
survolé Thann, capotait près de Mergheim.
Le sergent incendiait l'appareil, et tous
deux, pilote et passager se séparant, ga-
gnant la forêt voisine, finissaient par être
capturés.
Bloch, étant né en Alsace, passa en
conseil de guerre pour « haute trahison ».
Son avocat, Nordmann, de Mulhouse, osa
assumer sa défense. Il fit valoir que le
jeune homme avait été élevé en France,
où il se trouvait au moment de la décla-
ration de guerre. Ses appels à la clémence
du tribunal furent vains. Devant le conseil
de guerre, Bloch se refusa à donner une
indication sur le service des. renseigne-
ments en France. A l'aube du 1" août 1916,
Bloch fut fusillé.
On voit comment les Allemands trai-
taient les Alsaciens émigrés. Quant à
l'avocat Nordmann, qui avait plaidé pour
plusieurs indigènes suspects aux yeux des
Allemands, et en particulier pour avoir
accepté de défendre le pasteur Kopp, de
Dornath, il fut appelé à la comman-
danture et, malgré son âge et ses infir-
mités, envoyé au front comme soldat. Les
Allemands méprisent la liberté de la dé-
fense.
MON FILM
Très intéressantes, ces expériences de
« vol à voile ». En Allemagne, les hommes-
cerfs-volants tiennent l'air pendant deux
heures ; en France pendant cinq minutes.
Mais cela ne fait rien, nous allons nous
y mettre les uns et les autres et « avant cinq
ans, nous annonce M. René Quinton, les
avions sans moteur traverseront l'Egypte
du nord au sud en une journée ». Quel bon-
heur !
Dans dix ou quinze ans, ce sera mieux
encore.
Car vous pensez bien que le « vol à voile »
fera merveille pendant la guerre de demain
eu d'après.
Le moteur d'un avion coûte très cher : sa
fabrication, son entretien, sa consommation
exigent beaucoup d'argent et un nombreux
personnel. L'avion sans moteur, c'est le rêve !
Et quand il s'abat sur le sol, cela ne fait
qu'un peu de bois et quelques os cassés.
Aussi verroris-nous, lors du deuxième épi-
sode de la grande guerre, des régiments
d'hommes-vol.ants évoluer au-dessus de Pa-
ris, de Berlin, de Londres, de Bruxelles, de
Rome, de Madrid et d'autres villes dont les
habitants, au fond des caves, se diront avec
enthousiasme :
— Nous en avons de la chance de vivre
à une époque aussi féconde en progrès de
toutes sortes ! Est-ce admirable, ces avions
sans moteurs qui, fabriqués en série, re-
viennent à 63 fr. 50 et qui vous arrivent
dessus par milliers, sants faire le moindre
bruit ! C'est autrement avantageux que les
fokkers et les gothas du bon vieux temps !
Ah f oui, monsieur Quinton, ils feront
parler d'eux, les hommes qui volent comme
des condors !
A propos, que devient l' « aviette », vous
savez, la bécane aérienne sur laquelle Pou-
lain a déjà parcouru trois mètres cinquante
à trente centimètres du sol ?
Il ne faut pas laisser tomber l'aviette.
L'aviette, c'est charmant. On pédale et on
s'envole. Ah 1 le tour de France en aviette,
avec Alavoine, Thys et le courageux Chris-
tophe.
Quand ce gentil petit appareil sera au
point, les différentes puissances, sans ou-
blier l'Allemagne, créeront des bataillons
cyclistes volants. Et ce séra un agrément
de plus pour ceux et celles qui, dans quelques
années, prendront part, comme artistes A ou
comme spectateurs, — ce sera la même
chose, 1— à la reprise, avec mise en scène
nouvelle, de l'éternelle tragédie sur le théâ-
tre de la guerre.
Volez donc, mes petits amis, survolez et
véli-volez 1
— Des ailes ! Je veux des ailes ! a dit
l'homme, dans son orgueil.
En voici ! Cela coûte trois fois rien, et
lorsque quelques centaines d'Icares se se-
ront cassé le nez, cela fonctionnera très bien.
Aussi les personnes qui tiennent à dormir
tranquilles feront-elles bien, en prévi-
sion de la prochaine dernière guerre, de
louer quelque chose dans l'ile de Tristan
d'Acunha. Et encore, pas une mansarde. -
CLÉMENT VAUTEL.
EN 48 PAGE:
LA CHRONIQUE MEDICALE
Michael Collins, chef de l'Etat libre irlandais,
est tué dans une embuscade..
par les insurgés, ses pnciens frères d'armes
LONDRES, 23 août, ?-h' L'Irlande est en
deuil. Le premier de ses fils et le plus po-
pulaire, Michael Collins, a été tué, la nuit
dernière, dans une embuscade, et la nou-
velle a produit d'un bout à l'autre du pays
une émotion indescriptible. A Dublin les
drapeaux sont en berne; maisons particu-
lières et magasins ont baissé les stores sur
les fenêtres et les devantures; les cloches
des églises sonnent un glas ininterrompu
et tout le matin les sirènes des navires
ancrés sur la Liffey ont jeté leur hulule-
ment aux quatre coins de l'horizon. Après
Griffith, Collins. Après le penseur, l'homme
d'action. Voici tout l'avenir de l'Irlande
remis en jeu.
Cette balle qui tua le chef du gouverne-
ment provisoire, c'est un peu comme si
elle avait été tirée contre cette liberté
nouvelle dont l'Irlande allait pouvoir
jouir. Car c'est surtout grâce à celui qui
vient d'être assassiné que fut signé le
traité de décembre dernier par lequel
l'Angleterre, renonçant à un joug de sept
siècles, reconnaissait l'indépendance quasi
complète de l'Irlande. J'ai déjà conté la
scène qui se déroula, cette nuit-là, à Dow-
ning street, dans la-salle des réunions du
cabinet. Les négociateurs irlandais décon-
certés par l'attitude hostile de M. de Valera
hésitaient à parapher le texte tout prêt,
sentant bien que ce traité était de l'in-
térêt de leur patrie, mais n'gnorant pas
que le signer c'était comme signer leur
arrêt de mort. J'ai conté comment l'un,
d'eux jeta soudain : « Il s'agit du salut de
mon pays ; quels que puissent être les dan-
gers qui me menacent, je signerai ! » Ce-
lui-là c'était Michael Collins. La mort qu'il
avait alors évoquée sans trembler est
venue hier le toucher du doigt.
L'embuscade fatale
Sur l'engagement au cours duquel fut
tué celui qui était à la fois président au
gouvernement provisoire et général en
chef de l'armée chargée de réduire les
républicains, on n'a encore que peu de dé-
tails. Nous avons indiqué dans ces colonnes
les progrès des troupes régulières qui, en
s'emparant de Cork, il y a une dizaine de
jours, avaient emporté la dernière place
forte des républicains. Mais ceux-ci, refu-
sant une bataille rangée, s'étaient égaillés
dans la campagne et avaient entrepris une
guerre de bandes que leurs propres compa-
triotes qualifient de brigandage.
Dimanche, Michael Collins, dont les dé-
placements étaient tenus secrets et pour
cause — on se souvient que vendredi der-
nier encore sa voiture fut criblée de balles
— dimanche donc « Mick », comme l'ap-
pelait là-bas le peuple, arrivait à Cork en
tournée d'inspection. Reconnu, il fut en
maint endroit l'objet d'ovations sponta-
nées. Lundi et mardi il visita des postes
avancés de l'armée régulière. Accompagné
de plusieurs officiers d'état-major, dont
le général Dalton, qui dirigea les récentes,
opérations de Dublin, il se rendait en
automobile, mardi après-midi, de Bandon
à Macroom, escorté par des motocyclistes
et par une autre voiture où se trouvaient
des soldats en armes. Le pays est accidenté
et les bois nombreux et touffus facilitent
les embuscades. Les Anglais, du reste, en
savent quelque chose. Vers 6 h. 30 le petit
cortège venait de traverser un village situé
à peu près à mi-chemin, quand une salve
nourrie éclata. Sans doute eût-il été plus
sage de passer rapidement, étant donné !e
faible effectif du détachement. Michael
Collins donna l'ordre d'arrêter et ses offi-
ciers, son escorte et lui-même s'abritant.
derrière les voitures, ouvrirent le feu sur
les rebelles qu'on distinguait confusément
entre les arbres. w ^"3
« Pardonnez-leur »
Pendant une demi-heure la fusillade
continua sans grand dommage, semble-t-il,
de part et d'autre. Alors que le feu se
ralentissait et que chacun croyait l'échauf-
fourée terminée, M. Collins, qui avait pris
une part des plus actives à la défense,
tomba brusquement à la renverse. Une
balle venait de lui traverser le crâne. Son
agonie fut brève. A ceux de ses compa-
gnons qui s'empressaient autour de lui,
tandis que les autres continuaient à
tirailler, il fit signe que tout était inutile.
« Pardonnez-leur », dit-il seulement. Puis
il expira.
Bientôt après les assaillants ayant fui,
le détachement reprenait le chemin de
Cork. La nouvelle fut d'abord gardée se-
crète tandis qu'on communiquait à Dublin
avec l'alderman Cosgrave qui faisait l'in-
térim ministériel. Quand on la publia tard
dans la nuit, personne d'abord ne voulut y
croire. Michael Collins tué 1 Allons donc !
Lui qui était sorti indemne de cent enga-
gements, lui dont la tête avait été vaine-
ment mise à prix, lui que desmillierg, de
soldats anglais et d'espions avaient cher-
ché sans succès pendant des mois, toutes
leurs facultés aiguisées par l'appât des
500.000 francs de prime que, vivant ou
mort, valait sa prise, « Mick » tué, et par
ses propres compatriotes, par les républi-
cains de ce de Valera qu'il avait, au péril
de sa vie, fait échapper de la geôle de Lin-
coln 1 La chose était impossible, absurde,
incroyable.
Un roman vécu
r.- La nouvelle était cependant exacte et il
fallut bientôt se rendre à l'évidence. Au
lieu de se terminer comme il aurait pu le
faire en apothéose, avec le héros dirigeant
une Irlande dont la prospérité était son
œuvre, le roman se terminait en drame.
Car ce fut vraiment un roman que la vie
de Michael Collins. Il quitte l'Irlande jeune,
passe en Angleterre où il est petit clerc,
puis employé des postes, puis comptable
chez un agent de change où il étudie les
finances pour lesquelles il a une prédilec-
tion particulière.
Simultanément il fait de la politique
nationaliste et prêche la bonne parole chez
ses compatriotes établis à Londres. La
grande guerre éclate. Il n'y voit lui — et
MICHAEL COLLINS
ce sera pour nous, Français;- un regret —
que l'occasion pour son pays de se libérer
de l'Angleterre. Hypnotisé qu'il est par le
passé de doùleur de l'Irlande, la véritable
nature du péril allemand lui échappe.
Bref, il repart en 1916 pour l'Irlande,
prend part à la rébellion, est fait prison-
nier, puis est relâché. A ce moment, nous
sommes en 1918 et il a vingt-neuf ans. On
le charge à la fois des finances et de la
direction des opérations de l'armée répu-
blicaine qui opère contre les troupes an-
glaises. Il réussit dans les deux postes. Il
trouve, en effet, l'argent nécessaire pour
continuer la luttè et devient, d'autre part,
légendaire en sortant de situations en ap-
parence inextricables et en réussissant a
échapper à ses poursuivants, souvent de
peu, comme cette fois où, tandis qu'on en-
fonçait sa porte, il s'enfuyait par les toits
en chemise de nuit et en caleçon.
Pendant près de deux ans il est comme
le cauchemar des troupes anglaises. On
le signale simultanément à Dublin, à
Cork, à Waterford. Il est partout et nulle
part ; il est insaisissable et doué d'ubiquité.
C'est que tout son pays est avec lui et sa
cause, et que dans chaque Irlandais il
trouve un allié qui risquera la mort plutôt
que d'aider l'ennemi. C'est au cours de ces
randonnées qu'il rencontra celle qui, d'ans
quelques semaines, allait être sa femme,
miss Kitty Kiernan, une brunette souriante
du comté de Longford, qui lui avait sauvé
la vie.
(Lire la s ite en 3" page) '::--
A partir d'aujourd'hui nos lecteurs trou-
veront chaque lundi et jeudi matin, dans
notre courrier théâtral, le programme des
concerts par téléphonie sans fil émis par
le poste militaire de la Tour Eiffel.
— Ah! ah ! Vous êtes venus à la campagne pour avoir de la pluie.
, — Dites donc, mon brave, faudrait pas nous acheter, hem ? On en
, a plus que vous à Paris I (Dessin de J. IIEMABD.)j
UNE CIGARETTE
fait explosion
et blesse deux fumeurs
Où sont les « saboteurs » de la grande
machine publique ?
Telle est la question que doit se poser
amèrement M. Francinel, domicilié 70,
place de la Convention, après l'aventure
peu banale dont il vient d'être la victime.
M. Francinel, avant de prendre le tram-
way de Paris, avait acheté dans un débit
de tabac de Colombes un paquet de ciga-
rettes « Maryland » ; parquet normal, en-
veloppé de papier jaune, aussi peu suspect
que possible puisqu'il portait l'estampille
de la régie.
Pressé par le temps, M. Francinel quitta
Colombes sans s'apercevoir qu'il était dé-
muni d'allumettes. Mais à Paris, en débar-
quant porte de Champerret, il avisa un pas-
sant, fumeur comme lui, M. Deffenez, de-
meurant 28 bis, rue de Plaisance, à No-
gent-sur-Marne, qui portait au coin des
lèvres une cigarette allumée. M. Francinel
s'avança : il eut le geste courtois habituel
qui demande du feu, et son interlocuteur
eut le geste aimable et coutumier aussi qui
acquiesce.
A co moment, une décharge brutale
éclata, comme celle d'un revolver. M. Def-
fenez poussa un cri terrible : il avait le
pouce emporté, cependant que M. Franci-
nel reculait, toute une partie du visage
brûlée.
Tout simplement, la cigarette que ce
dernier venait d'extraire de son paquet
neuf et de présenter, à l'autre avait fait
explosion au contact du feu. On conçoit
l'émotion de ceux qui assistèrent à cette
scène.
M. le commissaire Voinot, du quartier
des Ternes, et son secrétaire, M. Savard,
informés de cet étrange accident, ont aus-
sitôt ouvert une enquête qui sera poussée
jusqu'à la manufacture nationale des ta-
bacs. Le paquet, contenant encore dix-neuf
cigarettes, est envoyé au laboratoire mu-
nicipal, où M. Kling dira de quelle matière
explosible sont composées ces cigarettes,
d'apparence si naturelle et inoffensive. A
moins que seule l'une d'elles ait été char-
gée de poudre et de grenaille de plomb et
qu'un hasayd malheureux ait justement
porté le choix de M. Francinel sur elle.
M. POINCARÉ PRÉSIDERA
ce matin un conseil de cabinet
M. Raymond Poincaré, rentrant de Bar-
le-Due, est arrivé à la gare de l'Est, hier
matin, à il h. 55.
MM. Peyronnet, ministre du travail;
Colrat, sous-secrétaire d'Etat; Grignon,
chef de cabinet, attendaient. sur le quai le
président du conseil. Une foule nombreuse
a fait un accueil enthousiaste à M. Poin-
caré.
Les ministres se réuniront, ce matin, à
10 heures, au quai d'Orsay, en conseil de
cabinet, sous la présidence de M. Raymond
Poincaré.
flotre concours
des 20 étoiles françaises
de Cinéma
VII. — L'ETOILE DE LA CORSE
Mlle Madeleine CERVIONE
Née à Ajaccio, le i2 septembre i899.
Elue sur um sélection de 13 candidatet,
par le jury de la Corse, à Ajaccio.
La promotion violette
comprend 6,800 noms
Le Joumal officiel publie aujourd'hui
environ 6,800 promotions et nominations
d'officiers de l'instruction publique et offi-
ciers d'académie, savoir 1,600 rosettes et
5,000 rubans violets.
Ainsi que l'avions indiqué, - cette -pro-
motion comporte des membres de l'ensei-
gnement prmaire, secondaire, supérieur,
technique, etc. les délégués cantonaux, les
membres des œuvres postscolaires et des
sections des pupilles de la Nation. -,
On relève, notamment, parmi. les pro-
mus, les noms de Mlle Baudry, professeur
au Conservatoire de musique de Nantes,
Mmes Ditte et Fleuret, de la maison de
la Légion dhonneur, M. Crépin, adjoint au
directeur des études à l'école polytechni-
que et plusieurs préfets ou sous-préfets
au titre des œuvres complémentaires de
l'école.
LE Il JOURNAL" CHEZ LES CHLEUS
Une des plus riches régions du Maroc
a fait sa soumission à la France
KASBA-TADLA, août. — « Le groupe
mobile de Tadla est rentré à Kasba-Tadla
après avoir terminé l'organisation du
front Ichkern. Ces brillantes opérations,
conduites par le général Poeymirau, nous
ont donné la possession de tout le pays
Aïd-Ihan, Ichkern et Beni-M'Guild. Nous
tenons depuis sa source tout le cours de
la Moulouya, 1,576 tentes ont fait leur sou-
mission depuis le 12 mai. »
Tel est le dernier communiqué dont le
libellé annonce la fin d'opérations dont le
résultat, pas assez connu, vient de nous
donner une des plus riches régions du
Maroc.
Une simple ligne signale que ces opéra-
tions furent conduités dans un pays diffi-
cile; mais on ne se le figure pas tel qu'il
est, en face de Kasba-Tadla, qui monte
devant lui sa garde vigilante.
Il est là, d'ailleurs; on le croirait à
portée d'une étape; il s'étale, dominé par
le moyen Atlas, dont les monts rouges ou
violets se profilent sur le ciel de feu.
C'est là,- dans sa montagne dont les
à-pics vertigineux dominent des gorges et
des vallées fécondes que les marches et
les combats viennent de se dérouler par
une température d'enfer qui a fait donner
à Kasba-Tadla le surnom de « Four cré-
matoire du Maroc ».
D'ici, le pittoresque panorama étage des
gradins dont, sous le soleil éclatant, chacun
prend une couleur différente; des mame-
lons couverts d'une herbe rase ou de par-
pens (1) calcinés font IG gros dos; des
traits noirs de vallées. s'étirent sur des
croupes ou s'enfoncent dans des massifs
devant lesquels on distingue la blancheur
de quelques postes.
Au tour d'horizon, des noms cités évo-
quent brusquement du drame, de la mort.
Kenifra, loin, dans cette direction à gau-
che ; puis c'est Ksibat, là, derrière ce petit
mamelon. Ksibat, une de nos plus jolies
conquêtes; Ksibat, nid de verdure où toutes
les espèces d'arbres fruitiers se sont donné
rendez-vous, depuis le pommier jusqu'au
pêcher, en passant'par l'olivier et la vigne.
If-er-t'ir, la plume d'oiseau. ce point
tout blanc. On vient de se battre là au-
jourd'hui; on s'y battra un peu plus en
(1) Rocailles.
avant, demain, pour assurer le résultat
dont le communiqué dit l'importance.
On s'est battu; on dit cela négligemment
et on pense à autre chose; on ne se rend
pas compte de ce qui vient d'être ; on n'en
a pas parlé ou on a commis des erreurs
lourdes parce qu'on n'a pas vu, parce
qu'on n'est pas sur place.
On n'a pas assez su la situation au dé-
part, le 30 mars, avec nos postes qui
allaient de Beni-Mellal à Kenifra de si-
nistre mémoire, en. suivant la rive droite
de l'oued er Rbia qu'ils gardaient pour
s'enfoncer vers El Bekrid et descendre
vers la Moulouya et le Haut-Atlas.
On n'a pas assez insisté sur l'importance
de ce territoire dissident formant poche
dans cette région fertile parcourue et dé-
solée par les Chleus, enflammés par l'ar-
dente parole de Moha ou Saïd, l'ancien ad-
versaire du général Mangin, ou de Abdel-
malek ould bailbi, l'agitateur berbère, qui,
passe pour un saint.
Pas assez, en vérité, en soulignant le put
de reporter Ja ligne de ces postes vers le
Sud, dans les vallées facilement défenda-
bles de l'oued el Abid et des sources de Ja
Moulouya ; barrière naturelle, à l'abri de
laquelle les tribus amies pourront Ira-*
vailler et prospérer sans redouter les in-
cursions des Chleus, guerriers et pillardi
impitoyables.
Car tels sont les adversaires que mus
avons en face et qui attendent dans la
montagne, dressée formidable et mysté-
rieuse.
Depuis toujours ils n'ont jamais reconnu
une autorité ; ils vont, ivres d'indépen-
dance, orgueilleux de leur liberté ; pas plue
que les Romains, les grands sultans ne les
ont soumis. Rien ne les a transformés ; s'ils
savent être des agriculteurs merveilleux, ou
a dit d'eux qu'ils sont 'les Kabyles du Ma-
roc ; ils cèdent facilement au désir du pil-
lage et ils rendent impossible tout travail
utile aux tribus qui se trouvent près
d'eux, sur la terre du Roumi détesté. Que-
relleurs, ils cherchent l'aventure. Si une
colonne. veut les réduire, fanatisés par
leurs chef!:!, ils se lancent dévêtus et hur-
lants. tantôt armés du fusil 74, tantôt de
b^«ons ferrés ou de couteaux, franchissant
le3 réseaux et cherchant le corps à corpet à
peine intimidés par l'artillerie dont lia
LE yûlTEMÂL
Quinze centimes (numéro 10903) Jeudi 24 Août 1922
— Eh ben, soit, Je vous laisse ce gros
gâteau.
—En échange, vous me laisserez disposer de ce petit là:
!VIII!
Un office de la route
On parle beaucoup de la nécessité
d'électrifier les voies les plus importan-
tes de notre réseau ferroviaire. J'aime-
rais assez qu'on ne perdît pas de vue
cette autre nécessité non moins impé-
rieuse d'un réseau routier en bon état
de viabilité. Là, il s'agit d'une transfor-
mation évidemment souhaitable. Ici, et
avant tout, de là restauration de routes
et de r chemins indispensables à la pros-
périté industrielle commerciale et agri-
cole de notre pays. ,
Sur presque tous les points du terri-
toire, nos routes ont été fortement
éprouvées pendant la guerre, tant par
une circulation exceptionnelle ,que par
la suppression presque complète de l'en-
tretien. Elles constituent, ne l'oublions
pas, un capital considérable qu'il ne
faut pas laisser péricliter. Depuis l'ar-
mistice, à la vérité, un effort apprécia-
ble a été accompli, en vue du retour à
une situation plus normale, à la fois,
par l'Etat et par les départements et les
communes. L'état de nos routes s'amé-
liore vraiment chaque jour. Les sacrifi-
ces d'argent consentis sont d'autant plus
méritoires que la situation tinancière de
l'un et des autres est loin d'être bril-
lante. Mais cet effort est malgré tout
insuffisant. La circulation automobile,
et notamment le transport des mar-
ehandises en camions a pris un tel dé-
veloppement que le problème relatif à
l'entretien et à la réfection des routes et
des chemins se présente sous un aspect
nouveau.
M. Le Trocquer, qui est très attentif à
tout ce qui, de près ou de loin, ressortit
à son ministère, s'en est préoccupé, au
bon moment, semble-t-il, puisque, après
avoir créé le « Code de la route », où le
paysan a été quelque peu sacrifié au
touriste, il se propose d'organiser
l' « Ofiflce de la route » pour le plus
grand bien, dit-on, de l'un et de l'autre.
L'idée vaut d'être signalée. Est-elle
pratiquement réalisable ? Il n'est pas
douteux qu'à l'heure actuelle, en rai-
son même de l'intensité du trafic et de
la lourdeur des véhicules qui sillonnent
constamment nos routes nationales ou
départementales et de nombreux che-
mins vicinaux, les anciens procédés de
revêtement des chaussées peuvent pa-
raître ne plus répondre aux conditions
nouvelles de la circulation.
Mais qu'il s'agisse des routes « à
grand trafic » ou de « la traversée » des
villages, l'aménagement d'abord, l'en-
tretien ensuite de ces voies de commu-
nications entraîneront, avec les procé-
dés nouveaux de revêtement, dont l'effi-
cacité, à part le pavage, reste encore
à démontrer, des dépenses d'un tel ordre
de grandeur qu'il n'est pas possible, en
toute logique, de les laisser au compte
des communes et des départements.
Leur réseau routier n'a été construit et
entretenu que pour satisfaire aux be-
soins de la circulation locale. C'est à
l'Etat à supporter la part des dépenses
supplémentaires qu'imposent les exi-
gences du trafic actuel. Le peut-il ?
D'après les prévisions des services du
ministère des travaux publics, l'exécu-
tion d'un programme d'amélioration des
routes « à grand trafic » obligerait à
une dépense totale de 2 milliards, à ré-
partir sur une période de dix années,
soit, par an, 200 millions. Les travaux
id'entretien normal occasionneraient une
dépense annuelle de 50 millions ; en-
semble, 250 millions. Le crédit ouvert
au budget des routes, pour l'exercice
'1922, n'est pas très éloigné de ce chif-
fre. La mesure, au point de vue finan-
cier est réalisable. Elle l'est moins ad-
ministrativement, sous la forme où elle
est proposée à l'agrément des Gham-
bres. -'
L' « Office de la route » constituerait
raient classées dans l'ordre d'urgence
de la réfection, fonction elle-même de
l'importance du trafic. La nature du re-
vêtement serait, à son tour, déterminée
suivant cette importance. L'Office re-
cueillerait les fonds, contracterait les
emprunts et capitaliserait les fonds li-
bres, en vue de leur emploi ultérieur.
Le classement de telle route dans telle
c3.tégorie, d'après le trafic, ne peut pas
catégorie, d'ob j ections. Pas davantage la
soulever d'obje~tions. Pas davant&ge la
nature du revêtement. On conçoit qu'un
classement ainsi effectué conduise assez
vite à confier à l'Etat la charge d'entre-
tien, suivant le cas, d'une ou de plu- j
sieurs sections de routes départementa-
les ou communales, sous la seule ré-
serve du transfert au budget général
Ides sommes employées, par le départe-
ment ou la commune, à l'entretien de
ces mêmes sections. Mais tout cela peut
être conçu et réalisé sans qu'il soit né-
cessaire de créer de nouveaux rouages
(administratifs.
En France, l'organisme est tout
trouvé : c'est la direction des routes au
ministère des travaux publics. Elle est
puissamment outillée en personnel.
C'est elle qui doit, et elle le peut, sans
l'aide d'aucun service nouveau auto-
nome ou non, procéder au classement
ides routes au moyen des renseigne-
ments dont elle est abondamment pour-
vue. Il lui sera également facile de dres-
ser le programme général de réfection
du réseau français et d'y incorporer s'il
y a lieu les sections de routes départe-
mentales ou communales « à grand
trafic ». Les départements et les com-
munes verseraient dans les caisses de
l'Etat, pour être incorporé au budget
des travaux publics, le montant des
sommes dépensées pour l'entretien de
Cefi routes Quant aux impôts spéciali-
sés qui sont pratiquement distraits, à
tort, de l'objet pour lequel ils sont per-
çus, il suffirait d'en décider le verse-
ment, en totalité, au budget des routes.
En cas d'insuffisance de ressources, des
taxes nouvelles pourraient être prévues
avec affectation spéciale.
De la sorte, le but serait atteint sans
augmentation de fonctionnaires et
l' « Office de la route » agirait bientôt,
à la, grande joie des paysans et des tou-
ristes, et aussi à la satisfaction des dé-
partements et des communes, qui ac-
cueilleraient très volontiers ses conseils
et mieux encore, sa collaboration.
LOUIS PASQUET,
Sénateur des Bouches-du-Rhône.
UN MONUMENT
à la mémoire d'un Alsacien
fusillé par les Allemands
Te 27 août sera iuangÓré, à Guebwiller, i
le monument élevé à la mémoire de David
Bloch, fusillé par les Allemands pendant
la guerre. La cérémonie sera présidée par
M. Poincaré ou son représentant, M. Reibel
probablement. Le maréchal Pétain doit y
assister.
Engagé volontaire et incorporé avec la
classe 1915 au 152* régiment d'infanterie,
Bloch, connaissant parfaitement la langue
DAVID BLOCH
allemande, fut bientôt utilisé par notre
service de renseignements.
Dans la nuit du 22 au 23 juin 1916, à
2 heures 30 du matin, un avion, piloté par
le sergent Jean Martin, et emportant trois
pigeons voyageurs, franchit les lignès alle-
mandes. Le jeune soldat Bloch devait être
déposé derrière le front allemand, aux en-
virons de son pays natal, Guebwiller. Dix
jours plus tard, Un aviateur devait revenir
chercher notre agent et ses renseigne-
ments. Cette mission, on le conçoit, était
périlleuse entre toutes.
Malheureusement, l'avion, après avoir
survolé Thann, capotait près de Mergheim.
Le sergent incendiait l'appareil, et tous
deux, pilote et passager se séparant, ga-
gnant la forêt voisine, finissaient par être
capturés.
Bloch, étant né en Alsace, passa en
conseil de guerre pour « haute trahison ».
Son avocat, Nordmann, de Mulhouse, osa
assumer sa défense. Il fit valoir que le
jeune homme avait été élevé en France,
où il se trouvait au moment de la décla-
ration de guerre. Ses appels à la clémence
du tribunal furent vains. Devant le conseil
de guerre, Bloch se refusa à donner une
indication sur le service des. renseigne-
ments en France. A l'aube du 1" août 1916,
Bloch fut fusillé.
On voit comment les Allemands trai-
taient les Alsaciens émigrés. Quant à
l'avocat Nordmann, qui avait plaidé pour
plusieurs indigènes suspects aux yeux des
Allemands, et en particulier pour avoir
accepté de défendre le pasteur Kopp, de
Dornath, il fut appelé à la comman-
danture et, malgré son âge et ses infir-
mités, envoyé au front comme soldat. Les
Allemands méprisent la liberté de la dé-
fense.
MON FILM
Très intéressantes, ces expériences de
« vol à voile ». En Allemagne, les hommes-
cerfs-volants tiennent l'air pendant deux
heures ; en France pendant cinq minutes.
Mais cela ne fait rien, nous allons nous
y mettre les uns et les autres et « avant cinq
ans, nous annonce M. René Quinton, les
avions sans moteur traverseront l'Egypte
du nord au sud en une journée ». Quel bon-
heur !
Dans dix ou quinze ans, ce sera mieux
encore.
Car vous pensez bien que le « vol à voile »
fera merveille pendant la guerre de demain
eu d'après.
Le moteur d'un avion coûte très cher : sa
fabrication, son entretien, sa consommation
exigent beaucoup d'argent et un nombreux
personnel. L'avion sans moteur, c'est le rêve !
Et quand il s'abat sur le sol, cela ne fait
qu'un peu de bois et quelques os cassés.
Aussi verroris-nous, lors du deuxième épi-
sode de la grande guerre, des régiments
d'hommes-vol.ants évoluer au-dessus de Pa-
ris, de Berlin, de Londres, de Bruxelles, de
Rome, de Madrid et d'autres villes dont les
habitants, au fond des caves, se diront avec
enthousiasme :
— Nous en avons de la chance de vivre
à une époque aussi féconde en progrès de
toutes sortes ! Est-ce admirable, ces avions
sans moteurs qui, fabriqués en série, re-
viennent à 63 fr. 50 et qui vous arrivent
dessus par milliers, sants faire le moindre
bruit ! C'est autrement avantageux que les
fokkers et les gothas du bon vieux temps !
Ah f oui, monsieur Quinton, ils feront
parler d'eux, les hommes qui volent comme
des condors !
A propos, que devient l' « aviette », vous
savez, la bécane aérienne sur laquelle Pou-
lain a déjà parcouru trois mètres cinquante
à trente centimètres du sol ?
Il ne faut pas laisser tomber l'aviette.
L'aviette, c'est charmant. On pédale et on
s'envole. Ah 1 le tour de France en aviette,
avec Alavoine, Thys et le courageux Chris-
tophe.
Quand ce gentil petit appareil sera au
point, les différentes puissances, sans ou-
blier l'Allemagne, créeront des bataillons
cyclistes volants. Et ce séra un agrément
de plus pour ceux et celles qui, dans quelques
années, prendront part, comme artistes A ou
comme spectateurs, — ce sera la même
chose, 1— à la reprise, avec mise en scène
nouvelle, de l'éternelle tragédie sur le théâ-
tre de la guerre.
Volez donc, mes petits amis, survolez et
véli-volez 1
— Des ailes ! Je veux des ailes ! a dit
l'homme, dans son orgueil.
En voici ! Cela coûte trois fois rien, et
lorsque quelques centaines d'Icares se se-
ront cassé le nez, cela fonctionnera très bien.
Aussi les personnes qui tiennent à dormir
tranquilles feront-elles bien, en prévi-
sion de la prochaine dernière guerre, de
louer quelque chose dans l'ile de Tristan
d'Acunha. Et encore, pas une mansarde. -
CLÉMENT VAUTEL.
EN 48 PAGE:
LA CHRONIQUE MEDICALE
Michael Collins, chef de l'Etat libre irlandais,
est tué dans une embuscade..
par les insurgés, ses pnciens frères d'armes
LONDRES, 23 août, ?-h' L'Irlande est en
deuil. Le premier de ses fils et le plus po-
pulaire, Michael Collins, a été tué, la nuit
dernière, dans une embuscade, et la nou-
velle a produit d'un bout à l'autre du pays
une émotion indescriptible. A Dublin les
drapeaux sont en berne; maisons particu-
lières et magasins ont baissé les stores sur
les fenêtres et les devantures; les cloches
des églises sonnent un glas ininterrompu
et tout le matin les sirènes des navires
ancrés sur la Liffey ont jeté leur hulule-
ment aux quatre coins de l'horizon. Après
Griffith, Collins. Après le penseur, l'homme
d'action. Voici tout l'avenir de l'Irlande
remis en jeu.
Cette balle qui tua le chef du gouverne-
ment provisoire, c'est un peu comme si
elle avait été tirée contre cette liberté
nouvelle dont l'Irlande allait pouvoir
jouir. Car c'est surtout grâce à celui qui
vient d'être assassiné que fut signé le
traité de décembre dernier par lequel
l'Angleterre, renonçant à un joug de sept
siècles, reconnaissait l'indépendance quasi
complète de l'Irlande. J'ai déjà conté la
scène qui se déroula, cette nuit-là, à Dow-
ning street, dans la-salle des réunions du
cabinet. Les négociateurs irlandais décon-
certés par l'attitude hostile de M. de Valera
hésitaient à parapher le texte tout prêt,
sentant bien que ce traité était de l'in-
térêt de leur patrie, mais n'gnorant pas
que le signer c'était comme signer leur
arrêt de mort. J'ai conté comment l'un,
d'eux jeta soudain : « Il s'agit du salut de
mon pays ; quels que puissent être les dan-
gers qui me menacent, je signerai ! » Ce-
lui-là c'était Michael Collins. La mort qu'il
avait alors évoquée sans trembler est
venue hier le toucher du doigt.
L'embuscade fatale
Sur l'engagement au cours duquel fut
tué celui qui était à la fois président au
gouvernement provisoire et général en
chef de l'armée chargée de réduire les
républicains, on n'a encore que peu de dé-
tails. Nous avons indiqué dans ces colonnes
les progrès des troupes régulières qui, en
s'emparant de Cork, il y a une dizaine de
jours, avaient emporté la dernière place
forte des républicains. Mais ceux-ci, refu-
sant une bataille rangée, s'étaient égaillés
dans la campagne et avaient entrepris une
guerre de bandes que leurs propres compa-
triotes qualifient de brigandage.
Dimanche, Michael Collins, dont les dé-
placements étaient tenus secrets et pour
cause — on se souvient que vendredi der-
nier encore sa voiture fut criblée de balles
— dimanche donc « Mick », comme l'ap-
pelait là-bas le peuple, arrivait à Cork en
tournée d'inspection. Reconnu, il fut en
maint endroit l'objet d'ovations sponta-
nées. Lundi et mardi il visita des postes
avancés de l'armée régulière. Accompagné
de plusieurs officiers d'état-major, dont
le général Dalton, qui dirigea les récentes,
opérations de Dublin, il se rendait en
automobile, mardi après-midi, de Bandon
à Macroom, escorté par des motocyclistes
et par une autre voiture où se trouvaient
des soldats en armes. Le pays est accidenté
et les bois nombreux et touffus facilitent
les embuscades. Les Anglais, du reste, en
savent quelque chose. Vers 6 h. 30 le petit
cortège venait de traverser un village situé
à peu près à mi-chemin, quand une salve
nourrie éclata. Sans doute eût-il été plus
sage de passer rapidement, étant donné !e
faible effectif du détachement. Michael
Collins donna l'ordre d'arrêter et ses offi-
ciers, son escorte et lui-même s'abritant.
derrière les voitures, ouvrirent le feu sur
les rebelles qu'on distinguait confusément
entre les arbres. w ^"3
« Pardonnez-leur »
Pendant une demi-heure la fusillade
continua sans grand dommage, semble-t-il,
de part et d'autre. Alors que le feu se
ralentissait et que chacun croyait l'échauf-
fourée terminée, M. Collins, qui avait pris
une part des plus actives à la défense,
tomba brusquement à la renverse. Une
balle venait de lui traverser le crâne. Son
agonie fut brève. A ceux de ses compa-
gnons qui s'empressaient autour de lui,
tandis que les autres continuaient à
tirailler, il fit signe que tout était inutile.
« Pardonnez-leur », dit-il seulement. Puis
il expira.
Bientôt après les assaillants ayant fui,
le détachement reprenait le chemin de
Cork. La nouvelle fut d'abord gardée se-
crète tandis qu'on communiquait à Dublin
avec l'alderman Cosgrave qui faisait l'in-
térim ministériel. Quand on la publia tard
dans la nuit, personne d'abord ne voulut y
croire. Michael Collins tué 1 Allons donc !
Lui qui était sorti indemne de cent enga-
gements, lui dont la tête avait été vaine-
ment mise à prix, lui que desmillierg, de
soldats anglais et d'espions avaient cher-
ché sans succès pendant des mois, toutes
leurs facultés aiguisées par l'appât des
500.000 francs de prime que, vivant ou
mort, valait sa prise, « Mick » tué, et par
ses propres compatriotes, par les républi-
cains de ce de Valera qu'il avait, au péril
de sa vie, fait échapper de la geôle de Lin-
coln 1 La chose était impossible, absurde,
incroyable.
Un roman vécu
r.- La nouvelle était cependant exacte et il
fallut bientôt se rendre à l'évidence. Au
lieu de se terminer comme il aurait pu le
faire en apothéose, avec le héros dirigeant
une Irlande dont la prospérité était son
œuvre, le roman se terminait en drame.
Car ce fut vraiment un roman que la vie
de Michael Collins. Il quitte l'Irlande jeune,
passe en Angleterre où il est petit clerc,
puis employé des postes, puis comptable
chez un agent de change où il étudie les
finances pour lesquelles il a une prédilec-
tion particulière.
Simultanément il fait de la politique
nationaliste et prêche la bonne parole chez
ses compatriotes établis à Londres. La
grande guerre éclate. Il n'y voit lui — et
MICHAEL COLLINS
ce sera pour nous, Français;- un regret —
que l'occasion pour son pays de se libérer
de l'Angleterre. Hypnotisé qu'il est par le
passé de doùleur de l'Irlande, la véritable
nature du péril allemand lui échappe.
Bref, il repart en 1916 pour l'Irlande,
prend part à la rébellion, est fait prison-
nier, puis est relâché. A ce moment, nous
sommes en 1918 et il a vingt-neuf ans. On
le charge à la fois des finances et de la
direction des opérations de l'armée répu-
blicaine qui opère contre les troupes an-
glaises. Il réussit dans les deux postes. Il
trouve, en effet, l'argent nécessaire pour
continuer la luttè et devient, d'autre part,
légendaire en sortant de situations en ap-
parence inextricables et en réussissant a
échapper à ses poursuivants, souvent de
peu, comme cette fois où, tandis qu'on en-
fonçait sa porte, il s'enfuyait par les toits
en chemise de nuit et en caleçon.
Pendant près de deux ans il est comme
le cauchemar des troupes anglaises. On
le signale simultanément à Dublin, à
Cork, à Waterford. Il est partout et nulle
part ; il est insaisissable et doué d'ubiquité.
C'est que tout son pays est avec lui et sa
cause, et que dans chaque Irlandais il
trouve un allié qui risquera la mort plutôt
que d'aider l'ennemi. C'est au cours de ces
randonnées qu'il rencontra celle qui, d'ans
quelques semaines, allait être sa femme,
miss Kitty Kiernan, une brunette souriante
du comté de Longford, qui lui avait sauvé
la vie.
(Lire la s ite en 3" page) '::--
A partir d'aujourd'hui nos lecteurs trou-
veront chaque lundi et jeudi matin, dans
notre courrier théâtral, le programme des
concerts par téléphonie sans fil émis par
le poste militaire de la Tour Eiffel.
— Ah! ah ! Vous êtes venus à la campagne pour avoir de la pluie.
, — Dites donc, mon brave, faudrait pas nous acheter, hem ? On en
, a plus que vous à Paris I (Dessin de J. IIEMABD.)j
UNE CIGARETTE
fait explosion
et blesse deux fumeurs
Où sont les « saboteurs » de la grande
machine publique ?
Telle est la question que doit se poser
amèrement M. Francinel, domicilié 70,
place de la Convention, après l'aventure
peu banale dont il vient d'être la victime.
M. Francinel, avant de prendre le tram-
way de Paris, avait acheté dans un débit
de tabac de Colombes un paquet de ciga-
rettes « Maryland » ; parquet normal, en-
veloppé de papier jaune, aussi peu suspect
que possible puisqu'il portait l'estampille
de la régie.
Pressé par le temps, M. Francinel quitta
Colombes sans s'apercevoir qu'il était dé-
muni d'allumettes. Mais à Paris, en débar-
quant porte de Champerret, il avisa un pas-
sant, fumeur comme lui, M. Deffenez, de-
meurant 28 bis, rue de Plaisance, à No-
gent-sur-Marne, qui portait au coin des
lèvres une cigarette allumée. M. Francinel
s'avança : il eut le geste courtois habituel
qui demande du feu, et son interlocuteur
eut le geste aimable et coutumier aussi qui
acquiesce.
A co moment, une décharge brutale
éclata, comme celle d'un revolver. M. Def-
fenez poussa un cri terrible : il avait le
pouce emporté, cependant que M. Franci-
nel reculait, toute une partie du visage
brûlée.
Tout simplement, la cigarette que ce
dernier venait d'extraire de son paquet
neuf et de présenter, à l'autre avait fait
explosion au contact du feu. On conçoit
l'émotion de ceux qui assistèrent à cette
scène.
M. le commissaire Voinot, du quartier
des Ternes, et son secrétaire, M. Savard,
informés de cet étrange accident, ont aus-
sitôt ouvert une enquête qui sera poussée
jusqu'à la manufacture nationale des ta-
bacs. Le paquet, contenant encore dix-neuf
cigarettes, est envoyé au laboratoire mu-
nicipal, où M. Kling dira de quelle matière
explosible sont composées ces cigarettes,
d'apparence si naturelle et inoffensive. A
moins que seule l'une d'elles ait été char-
gée de poudre et de grenaille de plomb et
qu'un hasayd malheureux ait justement
porté le choix de M. Francinel sur elle.
M. POINCARÉ PRÉSIDERA
ce matin un conseil de cabinet
M. Raymond Poincaré, rentrant de Bar-
le-Due, est arrivé à la gare de l'Est, hier
matin, à il h. 55.
MM. Peyronnet, ministre du travail;
Colrat, sous-secrétaire d'Etat; Grignon,
chef de cabinet, attendaient. sur le quai le
président du conseil. Une foule nombreuse
a fait un accueil enthousiaste à M. Poin-
caré.
Les ministres se réuniront, ce matin, à
10 heures, au quai d'Orsay, en conseil de
cabinet, sous la présidence de M. Raymond
Poincaré.
flotre concours
des 20 étoiles françaises
de Cinéma
VII. — L'ETOILE DE LA CORSE
Mlle Madeleine CERVIONE
Née à Ajaccio, le i2 septembre i899.
Elue sur um sélection de 13 candidatet,
par le jury de la Corse, à Ajaccio.
La promotion violette
comprend 6,800 noms
Le Joumal officiel publie aujourd'hui
environ 6,800 promotions et nominations
d'officiers de l'instruction publique et offi-
ciers d'académie, savoir 1,600 rosettes et
5,000 rubans violets.
Ainsi que l'avions indiqué, - cette -pro-
motion comporte des membres de l'ensei-
gnement prmaire, secondaire, supérieur,
technique, etc. les délégués cantonaux, les
membres des œuvres postscolaires et des
sections des pupilles de la Nation. -,
On relève, notamment, parmi. les pro-
mus, les noms de Mlle Baudry, professeur
au Conservatoire de musique de Nantes,
Mmes Ditte et Fleuret, de la maison de
la Légion dhonneur, M. Crépin, adjoint au
directeur des études à l'école polytechni-
que et plusieurs préfets ou sous-préfets
au titre des œuvres complémentaires de
l'école.
LE Il JOURNAL" CHEZ LES CHLEUS
Une des plus riches régions du Maroc
a fait sa soumission à la France
KASBA-TADLA, août. — « Le groupe
mobile de Tadla est rentré à Kasba-Tadla
après avoir terminé l'organisation du
front Ichkern. Ces brillantes opérations,
conduites par le général Poeymirau, nous
ont donné la possession de tout le pays
Aïd-Ihan, Ichkern et Beni-M'Guild. Nous
tenons depuis sa source tout le cours de
la Moulouya, 1,576 tentes ont fait leur sou-
mission depuis le 12 mai. »
Tel est le dernier communiqué dont le
libellé annonce la fin d'opérations dont le
résultat, pas assez connu, vient de nous
donner une des plus riches régions du
Maroc.
Une simple ligne signale que ces opéra-
tions furent conduités dans un pays diffi-
cile; mais on ne se le figure pas tel qu'il
est, en face de Kasba-Tadla, qui monte
devant lui sa garde vigilante.
Il est là, d'ailleurs; on le croirait à
portée d'une étape; il s'étale, dominé par
le moyen Atlas, dont les monts rouges ou
violets se profilent sur le ciel de feu.
C'est là,- dans sa montagne dont les
à-pics vertigineux dominent des gorges et
des vallées fécondes que les marches et
les combats viennent de se dérouler par
une température d'enfer qui a fait donner
à Kasba-Tadla le surnom de « Four cré-
matoire du Maroc ».
D'ici, le pittoresque panorama étage des
gradins dont, sous le soleil éclatant, chacun
prend une couleur différente; des mame-
lons couverts d'une herbe rase ou de par-
pens (1) calcinés font IG gros dos; des
traits noirs de vallées. s'étirent sur des
croupes ou s'enfoncent dans des massifs
devant lesquels on distingue la blancheur
de quelques postes.
Au tour d'horizon, des noms cités évo-
quent brusquement du drame, de la mort.
Kenifra, loin, dans cette direction à gau-
che ; puis c'est Ksibat, là, derrière ce petit
mamelon. Ksibat, une de nos plus jolies
conquêtes; Ksibat, nid de verdure où toutes
les espèces d'arbres fruitiers se sont donné
rendez-vous, depuis le pommier jusqu'au
pêcher, en passant'par l'olivier et la vigne.
If-er-t'ir, la plume d'oiseau. ce point
tout blanc. On vient de se battre là au-
jourd'hui; on s'y battra un peu plus en
(1) Rocailles.
avant, demain, pour assurer le résultat
dont le communiqué dit l'importance.
On s'est battu; on dit cela négligemment
et on pense à autre chose; on ne se rend
pas compte de ce qui vient d'être ; on n'en
a pas parlé ou on a commis des erreurs
lourdes parce qu'on n'a pas vu, parce
qu'on n'est pas sur place.
On n'a pas assez su la situation au dé-
part, le 30 mars, avec nos postes qui
allaient de Beni-Mellal à Kenifra de si-
nistre mémoire, en. suivant la rive droite
de l'oued er Rbia qu'ils gardaient pour
s'enfoncer vers El Bekrid et descendre
vers la Moulouya et le Haut-Atlas.
On n'a pas assez insisté sur l'importance
de ce territoire dissident formant poche
dans cette région fertile parcourue et dé-
solée par les Chleus, enflammés par l'ar-
dente parole de Moha ou Saïd, l'ancien ad-
versaire du général Mangin, ou de Abdel-
malek ould bailbi, l'agitateur berbère, qui,
passe pour un saint.
Pas assez, en vérité, en soulignant le put
de reporter Ja ligne de ces postes vers le
Sud, dans les vallées facilement défenda-
bles de l'oued el Abid et des sources de Ja
Moulouya ; barrière naturelle, à l'abri de
laquelle les tribus amies pourront Ira-*
vailler et prospérer sans redouter les in-
cursions des Chleus, guerriers et pillardi
impitoyables.
Car tels sont les adversaires que mus
avons en face et qui attendent dans la
montagne, dressée formidable et mysté-
rieuse.
Depuis toujours ils n'ont jamais reconnu
une autorité ; ils vont, ivres d'indépen-
dance, orgueilleux de leur liberté ; pas plue
que les Romains, les grands sultans ne les
ont soumis. Rien ne les a transformés ; s'ils
savent être des agriculteurs merveilleux, ou
a dit d'eux qu'ils sont 'les Kabyles du Ma-
roc ; ils cèdent facilement au désir du pil-
lage et ils rendent impossible tout travail
utile aux tribus qui se trouvent près
d'eux, sur la terre du Roumi détesté. Que-
relleurs, ils cherchent l'aventure. Si une
colonne. veut les réduire, fanatisés par
leurs chef!:!, ils se lancent dévêtus et hur-
lants. tantôt armés du fusil 74, tantôt de
b^«ons ferrés ou de couteaux, franchissant
le3 réseaux et cherchant le corps à corpet à
peine intimidés par l'artillerie dont lia
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